Pour ne pas voir toute la vérité, ce que nous en voyons cesse-t-il d’être évident ? […] Quelques-uns même crurent qu’il n’avait cessé de vivre que pour n’avoir pas voulu résister à la mort. […] Sitôt qu’elle est apparue à un esprit supérieur, elle cesse de lui appartenir ; il faut qu’il la rende incontinent au public, appropriée à l’intelligence de tous, et à peine signée, en un coin, du nom de l’inventeur. […] De quel homme, au contraire, dit-on qu’il est naturel, sinon de celui qui ne suit l’opinion commune que jusqu’où elle cesse d’être raisonnable, qui au-delà résiste, et qui, loin de tourner son rôle à son avantage sur les autres et de s’enticher même de sa raison, ne prend pas moins garde de se trop distinguer de la foule que de l’imiter. […] La méthode cartésienne ne cessera pas d’être l’une de nos facultés : instrument admirable, qui, faute de mains assez robustes pour le manier, pourrait bien être délaissé, mais qui ne sera jamais remplacé par un meilleur.
Quels Amis que ceux qui osent vous tyranniser ainsi, & vous engager à un procédé si propre à vous faire partager la honte dont ils ne cessent de se couvrir ! […] C'est ce souvenir qui ne cessera de m'inspirer des égards pour vos sentimens, & des procédés conformes à ma reconnoissance. […] Ses ennemis diront qu'il n'eût pas dû raisonner sur ce qu'il ne connoissoit pas à fond, ou du moins qu'il eût dû mieux choisir ses Faiseurs d'extraits ; mais je leur répondrai que Jupiter a eu ses foiblesses, & que si, pour s’être fait Taureau, il n’a point cessé d’être le Maître des Dieux, M. de Voltaire, pour s’être quelquefois oublié, n'a point cessé d’être Voltaire, c’est-à-dire, le Maître des Beaux-Esprits, des Savans, des Philosophes, des Poëtes, des Historiens, & des Littérateurs de toutes les especes. […] On en a publié de toutes les especes & sous toutes sortes de noms : mais comme les Philosophes n’ont, pour décrier leurs adversaires, qu’une somme bornée d’inventions & de mensonges qu'ils répetent sans cesse, en mille manieres différentes, tous ces Libelles renferment les mêmes injures, les mêmes calomnies, les mêmes absurdités. […] Ajoutez qu’en frondant les opinions générales, qu’en parlant sans cesse d’égalité, de liberté de superstition, de loi naturelle, il n’a pas été difficile aux Philosophes d’intéresser à leur gloire l’indocilité, la misanthropie, le libertinage, & de grossir, par d’autres manéges, le nombre de leurs Admirateurs.
En un mot, notre présent tombe dans le passé quand nous cessons de lui attribuer un intérêt actuel. […] Elle périrait et renaîtrait donc sans cesse. […] Parler ainsi serait revenir à l’erreur que nous n’avons cessé de signaler depuis le commencement de cette étude. […] Mais, à côté d’Aristote, une autre influence n’a cessé de s’exercer sur M. […] Ravaisson cessa-t-il de philosopher ?
Les monts cessèrent d’être uniquement « sourcilleux », les ruisseaux « limpides » et les vallons « riants ». […] Mais il revient sans cesse à Racine pour son bien, à Voltaire pour son mal. […] Béranger le comprit ; car il n’a cessé de traiter les novateurs en alliés et en amis. […] À partir de ce moment, Victor de Laprade ne cessa de parler en citoyen, suivant ses inclinations, et il n’a pas cessé non plus de parler en poète de premier ordre. […] De 1831 à 1842, il ne cessa d’apprendre l’Allemagne à la France.
Il n’a pas cessé un seul jour, à ce qu’il semble, d’être dans son ordre et dans sa voie. […] Bossuet, à la différence de Bourdaloue ou de Massillon, n’a donc jamais répété ni le même carême ni le même Avent ; il se renouvelait sans cesse, il s’appropriait sans relâche ; il était incapable de monotonie, d’uniformité, même en parlant de ce qui ne varie pas ; il voulait dans ses instructions les plus régulières une fraîcheur de vie toujours présente, toujours sensibleaa ; rien du métier ; il voulait l’action, l’émotion toute sincère ; il fallait que toute son âme, son imagination, émues de l’Esprit d’en haut, y trouvassent leur place et à se répandre chaque fois ; il ne pouvait souffrir dans l’orateur sacré que toutes ses paroles et ses mouvements fussent à l’avance réglés et fixés ; ce n’était plus verser la source d’eau vive. […] Il n’écrit pas pour écrire, il n’a nulle démangeaison d’être imprimé ; il n’écrit généralement que forcé par quelque motif d’utilité publique, pour instruire ou pour réfuter, et si le motif cesse, il supprime ou du moins il met dans le tiroir son écrit. « Il n’y avait de grand à ses yeux que la défense de l’Église et de la religion. » Tel il nous apparaît de plus en plus dans le tableau de l’abbé Le Dieu, et tel il sera jusqu’à sa mort.
Car il aime la lecture pour elle-même, il relit sans cesse ; c’est un mot qu’on redit volontiers depuis quelque temps, depuis que M. […] Aussi en parle-t-il sans cesse avec effusion, plénitude, avec une chaleur et une bonhomie d’admiration qui a sa grâce : il a l’honnêteté écrite dans le style. […] voilà celui sur lequel M. de Sacy ne tarit pas, dont il sent tous les mérites, et qu’il embrasse sans cesse.
Il aurait su, comme l’a dit l’un des plus enchanteurs, le Tasse, après Lucrèce, que le monde court avant tout là où la muse de la persuasion a versé le plus de ses douceurs, que la vérité en soi est souvent un remède amer, et qu’à l’enfant malade, c’est-à-dire à l’homme, il faut emmieller tant soit peu le bord du vase où il boira la guérison et la vie : Cosi all’ egro fanciul… Cela, je le sais, est un peu moins vrai qu’autrefois, mais cela n’a pas tout à fait cessé de l’être. […] L’abbé de Saint-Pierre avait bien quelque vague soupçon qu’il pouvait ennuyer parfois, — qu’il avait pu autrefois ennuyer ; mais il ne s’en rendait point parfaitement compte, et il se flattait de s’en être assez bien corrigé « Quand j’arrivai à Paris, disait-il, je disputais avec tout le monde ; enfin, m’étant aperçu que la raison ne ramenait personne, j’ai cessé de disputer ». Il ne disputait plus, il est vrai, mais il ne cessait de raisonner et de démontrer toujours.
L’esprit humain se comporte-t-il donc comme ces enfants qui, dès qu’ils ont un beau jouet, n’ont de cesse qu’ils ne l’aient démonté et mis en pièces ? […] Achille n’a pas cessé d’être présent à la pensée jusqu’au moment où il se retrouve en personne, gémissant et terrible, remplissant d’un bond l’arène pour ne plus la quitter. […] Ces combats sans cesse décrits, et qui occupent tant de chants, ont d’un bout à l’autre (remarquons-le) une vivacité précise, une gradation, et surtout une réalité que jamais description poétique de combats n’a offerte à ce degré.
Pour Topffer, l’expérience ressemblait plutôt à une source courante et sans cesse variée sous le soleil. […] Que si, par un bienfait de Dieu, cette infirmité de vue n’est que passagère, alors, belles montagnes, fraîches vallées, bois ombreux, alors, rempli d’enchantement et de gratitude, jusqu’aux confins de l’arrière-vieillesse il ira vous redemander cet annuel tribut de vive et sûre jouissance que, depuis tantôt vingt ans268, vous n’avez pas cessé une seule fois de lui payer ! […] Mais bientôt cette dernière diversion cessa ; et dès lors, durant les mois et les semaines du rapide déclin, il n’y aurait plus à noter que les délicatesses de son âme toujours ouverte et sensible à tout, les soins tendrement ingénieux d’une admirable épouse, la sollicitude unanime de tout ce qui l’approchait, jusqu’à ce qu’enfin à son tour, accompagné de la cité tout entière qui lui faisait cortége, ce qui restait de lui sur la terre s’achemina, le 11 juin, vers cette dernière allée de grands hêtres qui mènent au Champ du repos .
Pascal, La Bruyère, Fénelon sont de meilleurs maîtres de style et en donnent mieux la théorie que Buffon et Marmontel, où l’on vous ramène sans cesse. […] Si l’on appelait ses lectures à l’aide de ses sentiments, si l’on se provoquait ainsi à la réflexion, si l’on essayait de dégager ses émotions de l’inconscience, de les accrocher pour ainsi dire à ses idées, les unes et les autres, enseignements du livre et leçons de la vie, subsisteraient longuement en nous et ne s’écouleraient pas sans cesse comme un monceau de sable ou comme l’eau d’un vase fendu. […] Quand on lira comme il faut, c’est-à-dire sans tenir les yeux collés au livre, mais en cherchant sans cesse en soi et autour de soi la vérité de ce qu’il contient, on amassera un riche fonds de connaissances morales, et l’on aura acquis pour le reste de ses jours le don si rare de voir les faits moraux.
La complaisance qu’on a pour ses idées, la peine qu’on éprouve à se retrancher, à repousser un trait d’esprit ou une pensée originale, font qu’on manque sans cesse aux lois de la proportion, qu’on développe les parties au gré de sa fantaisie et de son plaisir, non pas selon leur importance, et qu’on produit des œuvres boiteuses, bossues, des monstres difformes qui ne se tiennent pas debout et qui ne sauraient vivre. […] Au contraire, on sent vite quand l’esprit et la science de l’écrivain débordent son œuvre, et l’on est soi-même sollicité sans cesse en la lisant d’aller au-delà du texte. […] De là vient aussi la prolixité stérile des écrivains qui s’abandonnent à leur facilité naturelle : ils reçoivent dans leurs ouvrages tout ce que leur présente leur fantaisie agitée, mais ils ne remarquent pas qu’elle leur envoie toujours les mêmes idées diversement habillées, comme au théâtre on fait passer et repasser sans cesse les mêmes figurants sur la scène pour donner l’illusion des grandes armées.
Il y avait deux ans que le bruit de cette liaison avait cessé, quand on proposa les deux enfants de madame de Montespan à madame Scarron, et l’un de ces enfants n’était pas encore né. […] Elle avait fait connaissance avec madame de Montespan chez la maréchale d’Albret, et n’avait pas cessé d’avoir quelque relation avec elle. […] Son mari lui avait fait connaître mademoiselle de Lenclos, quand celle-ci était encore répandue dans la bonne compagnie ; elle n’avait pas cessé d’avoir des relations de société avec elle ; elle en avait d’habituelles avec mesdames d’Heudicourt, de Saint-Géran.
C’est ainsi qu’il leur arrive sans cesse de mettre sur le même plan les observations confuses et rapidement faites des voyageurs et les textes précis de l’histoire. […] La sociologie comparée n’est pas une branche particulière de la sociologie ; c’est la sociologie même, en tant qu’elle cesse d’être purement descriptive et aspire à rendre compte des faits. […] En procédant ainsi, on a cru pouvoir dire, par exemple, que l’affaiblissement des croyances religieuses et de tout traditionalisme ne pouvait jamais être qu’un phénomène passager de la vie des peuples, parce qu’il n’apparaît que pendant la dernière période de leur existence pour cesser dès qu’une évolution nouvelle recommence.
J’ai vécu pendant quelques années dans une société d’hommes très intelligents, très lettrés, de beaucoup de goût, très décisionnaires aussi, qui parlaient sans cesse des ouvrages nouveaux. […] Au bout d’un certain temps, à la vérité, ils cessèrent de m’être utiles, parce que je m’aperçus que de tous les livres dont ils parlaient, ils n’avaient jamais lu une page, ce qui m’expliqua la netteté de leurs décisions et l’originalité de leurs aperçus. […] Il cessera.
Descartes a donc fourni à la physique moderne son cadre, le plan sur lequel elle n’a jamais cessé de travailler, en même temps qu’il a apporté le type de toute conception mécanistique de l’univers. […] Préparée par les aliénistes français de la première moitié du XIXe siècle, elle s’est constituée d’une manière définitive avec Moreau de Tours, et elle n’a pas cessé, depuis, d’être représentée en France par des maîtres, soit qu’ils fussent venus de la pathologie à la psychologie, soit que ce fussent des psychologues attirés vers la pathologie mentale. […] Comme la science, elle pourra progresser sans cesse en ajoutant les uns aux autres des résultats une fois acquis.
Ce fut ce moyen âge dont les Huysmans ne cessent de nous vanter les ordures. […] Mais une foi robuste le soutenait, et il ne cessa pas d’espérer que, tôt ou tard, l’esprit de liberté créerait un nouveau monde. […] Qu’on y prenne garde, en effet : les années où ma vitalité descendit à son minimum furent celles où je cessai d’être pessimiste. […] Et il en résulte le malaise universel dont nous n’avons cessé de souffrir à travers cent systèmes différents. […] Cependant c’est d’une telle recherche que dépend cette transfiguration de l’espèce dont nous ne cessons pas de rêver.
A la prendre sous ce point de vue, l’existence de Mme de Staël est dans son entier comme un grand empire qu’elle est sans cesse occupée, non moins que cet autre conquérant, son contemporain et son oppresseur, à compléter et à augmenter. […] Ceux qui l’écoutent ne cessent de l’applaudir ; je ne l’entendais point quand je l’ai critiquée… » Longtemps, en effet, les écrits de Mme de Staël se ressentirent des habitudes de sa conversation. […] Corinne elle-même, au cap Misène, n’a-t-elle pas repris cette haute inspiration : « O Terre toute baignée de sang et de larmes, tu n’as jamais cessé de produire et des fruits et des fleurs ! […] Mme de Staël était revenue à Paris dès l’année 95, et elle ne cessa, jusqu’à son exil, d’y faire de fréquents et longs séjours. […] Ce trop long désaccord a cessé.