Chacun appelait alors Dagobert le vieux général : il l’était de services et d’aspect ; il avait de longs cheveux blancs et semblait un vieillard très avancé en âge, au point qu’on lui a généralement donné soixante-quinze ans. […] Mais ce député, Cassanyes, homme droit et sensé, contraria peu Dagobert, qu’il se plaisait à appeler mon général, supporta ses humeurs et ses paroles parfois un peu vertes, et lui voua une amitié respectueuse qui ne se démentit jamais. […] À peine arrivé à cette armée de Perpignan, Dagobert se trouve en désaccord avec ceux mêmes qui l’ont appelé ; sa montre n’est plus à l’heure, il y a du retard ; ce manque de bonne entente et d’ensemble amène la défaite sanglante de Trouillas (22 septembre). […] Voilà ce qui s’appelle connaître les hommes et les prédire. […] Guerre, art, poésie, philosophie, imagination ou réalité, heureux qui trouve à quoi se prendre une dernière fois dans sa vie, entre les belles causes qui demandent et appellent l’étincelle sacrée !
Enfin, dans le domaine de la sensibilité, l’idée du moi tend à se réaliser elle-même en réalisant ce qu’on appelle la satisfaction de soi. […] II — Outre notre idée du moi individuel, nous ayons, en second lieu, ce qu’on peut appeler un moi social. […] Si, après tout, le moi individuel de demain, si le moi incertain de l’avenir est lui-même une « conception symbolique », un prolongement idéal de ma personne dans le temps, et si cependant il mérite bien d’être appelé moi en vertu de son lien avec le moi actuel, je puis aussi appeler moi la conception symbolique de ma personne en tant que prolongée dans autrui et fondue avec un ensemble de volontés qui poursuivent la même fin. Toute solidarité, non plus abstraitement conçue, mais réellement sentie et, par cela même agissante en nous, devient unité immédiate pour la conscience et « s’intégre » avec le tout appelé moi. […] Quand se sont produits successivement des ensembles de sensations concordantes, puis d’autres de mêmes sensations discordantes et mal concentrées, quelque chose se dégage dans la conscience qui est le contraste de l’accord avec le désaccord, et qu’on peut appeler un sentiment concret, immédiat, d’harmonie vitale, sensitive et appétitive.
Une politique, que je ne suis point appelé à retracer, avait abattu les courages. […] Il appartient au xviiie siècle, et en même temps il ouvre un autre siècle, appelé à une tout autre destinée en philosophie comme en politique. […] Kant appelle connaissances empiriques ou à posteriori (Erkenntnisse empirischen, à posteriori) celles qui non-seulement présupposent l’expérience, mais en dérivent, et il appelle connaissances à priori (Erkenntnisse à priori) celles qui, bien qu’elles ne puissent naître sans l’expérience (Erfahrung), n’en dérivent pas et nous sont données par la seule puissance de l’esprit. […] Comme les jugemens analytiques ne font que développer, expliquer, éclaircir une connaissance que nous avions déjà, sans y rien ajouter réellement, il les appelle jugemens explicatifs. […] La vérité des uns repose sur l’expérience, et Kant les appelle jugemens synthétiques à posteriori ; la vérité des autres ne repose pas sur l’expérience, mais sur la raison seule, et Kant les appelle jugemens synthétiques à priori.
On ne voit pas trace que Sénecé ait jamais ce qu’on appelle travaillé. […] De l’autre côté, sur la montagne la moins élevée, on voit une autre ville qui s’appelle Imitation, et qui paraîtrait aussi fort belle si elle n’était effacée par sa voisine que l’on reconnaît pour l’original, et à laquelle cette dernière ressemble beaucoup. Les deux montagnes ne sont séparées que par un vallon fort étroit dont l’ouverture est entièrement occupée par un grand fleuve qu’on appelle Imagination. […] Il était depuis quelques années, et par suite de la mort de la reine, sous le coup de ce qu’il appelait sa disgrâce et son exil. […] Dans les langues modernes, où le tour est moins marqué, où la langue en elle-même n’a pas à peu de frais, comme chez les anciens, sa grâce, sa cadence, et où les mots ont moins d’énergie et de jeu, il faut, en terminant, ce qu’on appelle le trait et la pointe.
Voltaire, que l’auteur de la nouvelle Vie de Marie Leckzinska appelle léger, et qui est moins grave en effet que l’abbé Proyart, était à Fontainebleau à l’arrivée de la reine (5 septembre 1725), et il nous a peint à ravir ces premiers instants. […] La première chose qu’elle a faite a été de distribuer aux princesses et aux dames du palais toutes les bagatelles magnifiques qu’on appelle sa corbeille : cela consistait en bijoux de toute espèce, hors des diamants. […] Elle a pleuré à Marianne ; elle a ri à l’Indiscret ; elle me parle souvent, elle m’appelle mon pauvre Voltaire. […] Le malheur de la reine (qu’on hésite à appeler la jeune reine, puisqu’elle avait six ou sept ans de plus que le roi), ce fut de voir tomber, presque en arrivant, le prince ministre qui l’avait appelée, à qui elle devait reconnaissance, et de voir succéder celui qui la craignait avec une jalousie de vieillard et qui devait tout faire pour établir une glace entre les époux. […] Je lui répondis : « Je crois, Madame, le cœur du roi bien éloigné de ce qu’on appelle amour : vous n’êtes pas de même à son égard ; mais, croyez-moi, ne laissez pas trop éclater votre passion : qu’on ne s’aperçoive pas que vous craignez de la diminution dans ses sentiments, de peur que tant de beaux yeux qui le lorgnent continuellement ne mettent tout en jeu pour profiter de son changement.
Frayssinous, l’archevêque de Paris lui-même à qui il cite De Maistre ; il met en groupe tous ceux qu’il appelle les hommes d’entre-deux et qu’il a depuis enjambés. […] En attendant, il y avait émotion, et pour moi complicité irrésistible, je l’avoue, à suivre jusque dans ses infractions partielles ce Savonarole de nos jours, ainsi que l’a appelé M. d’Eckstein, à écouter ses menaces pleines de prières et ses invectives mêlées d’un zèle tendre. […] » Il faut convenir qu’il y a des hommes par le monde qui ont le droit d’être fiers de ce qu’on appelle intelligence humaine et raison. […] Ce qu’on appelait bien, on l’appelle mal, et réciproquement. […] Je trouve aux dernières pages du présent volume deux phrases sévères, l’une contre le Protestantisme appelé système bâtard, etc., l’autre contre ces tentatives non moins vaines qu’ardentes, etc. ; c’est du Saint-Simonisme qu’il s’agit.
Il ne reste pas dans leur système la plus petite place, ni pour la liberté, ni pour un facteur évolutif proprement dit, ni pour n’importe quoi qu’on puisse appeler contingence. […] Les lois expérimentales ne sont qu’approchées, et si quelques-unes nous apparaissent comme exactes, c’est que nous les avons artificiellement transformées en ce que j’ai appelé plus haut un principe. […] Nous pourrions envisager ce que l’on pourrait appeler les séquences, je veux dire des relations entre antécédent et conséquent. […] La sensation que j’appelle rouge est-elle la même que celle que mon voisin appelle rouge, nous n’avons aucun moyen de le vérifier. […] Il est clair que nous n’en saurons jamais rien ; puisque j’appellerai rouge la sensation A et vert la sensation B, tandis que lui appellera la première vert et la seconde rouge.
Hippocrate déjà, barbe peu galante, les avait appelées des animaux malades, mais Michelet a déterminé la maladie. […] De leur temps déjà, les anciens, ces ignorants d’infini, appelaient l’océan Père des choses ! […] En France, cette imagination-là est une femme, et ce que les femmes préfèrent à tout, c’est le joli et le petit, qu’elles appellent « le gentil », avec des passions dans la voix. […] Si au lieu de l’appeler l’Oiseau, Michelet avait appelé son livre « l’Air », eût-il eu un succès égal ? […] Il devrait s’appeler la Mer civilisée, car c’est particulièrement de cette mer-là qu’il s’y agit.
A cela il faut ajouter le sentiment que les phrénologistes ont appelé amour de l’approbation. […] De plus, leur ressemblance est la plus haute possible : c’est celle qu’on appelle égalité ou identité. […] Mill a appelé le raisonnement du particulier au particulier », qui est propre aux enfants et aux animaux supérieurs. […] Herbert Spencer appelle l’agrégat vif (le monde extérieur) et l’agrégat faible (notre conscience purement subjective). […] — Nullement ; c’est ce que l’auteur appelle le réalisme transfiguré.
Par deux côtés, donc, elle appelait un contrepoids. […] Elle s’arrête, comme si elle écoutait une voix qui l’appelle. […] Du point de vue où nous nous plaçons, et d’où apparaît la divinité de tous les hommes, il importe peu que le Christ s’appelle ou ne s’appelle pas un homme. Il n’importe même pas qu’il s’appelle le Christ. […] Voilà pour ce que nous appellerions l’expérience d’en bas.
Hugo, qui étaient fous quand ils s’appelaient Ruy Blas et ennuyeux quand ils s’appelaient les Burgraves. […] Je voyais avec peine un jeune poète, dont je pressentais le magnifique avenir, entrer dans cette voie où la première place était prise, et je me disais tout bas qu’il serait dur de ne s’appeler que Thomas Ponsard. […] Autran est, en poésie, ce qu’on pourrait appeler un rude travailleur, et, s’il ne l’est pas, si, en fait, nous nous trompons, il en a l’air, et c’est la même chose.
Cette pauvre petite comédienne de Lyon… comment l’appelez-vous ? […] Raspail, celui qu’elle appelait « bon Socrate », — « bon et sublime prisonnier », — « charmant stoïque », celui à qui elle dédiait la pièce miséricordieuse, les Prisons et les Prières, du dernier recueil. […] Chantez, ma muse, cette admirable France, héroïque, spirituelle, bonne et affectueuse, économe et libérale, un peu coquette et essentiellement aimante, un peu narquoise, mais toujours juste et impartiale, grande maîtresse du progrès indéfini qui entraîne dans son tourbillon jusqu’aux Cosaques et aux Hurons ; chantez cette mère, vous sa fille adoptive106, qui la comprenez si bien ; et permettez-moi de vous appeler ma muse, puisque mon prosaïque lot ne me donne aucun droit de vous appeler ma sœur ; et soyez sûre qu’en vous admirant, je vous aime. » Et maintenant on comprendra que quand Mme Valmore disparut, M. […] « Vous avez été bercé par la poésie, vous avez été élevé par une muse que j’appelais la dixième, la muse de la vertu. […] Alfred de Vigny disait d’elle qu’elle était « le plus grand esprit féminin de notre temps. » Je me contenterais de l’appeler « l’âme féminine la plus pleine de courage, de tendresse et de miséricorde. » — Béranger lui écrivait : « Une sensibilité exquise distingue vos productions et se révèle dans toutes vos paroles. » — Brizeux l’a appelée : « Belle âme au timbre d’or. » — Victor Hugo, enfin, lui a écrit, et cette fois sans que la parole sous sa plume dépasse en rien l’idée : « Vous êtes la femme même, vous êtes la poésie même. — Vous êtes un talent charmant, le talent de femme le plus pénétrant que je connaisse. » Et un seul mot en finissant pour ceux et celles qui trouveraient que j’ai parlé bien longuement des douleurs de Mme Valmore, et qui, se reportant à leurs propres peines, seraient tentés de dire : « Et moi donc, suis-je sur des roses ?
Saint Ambroise ne fit entrer dans le chant qu’on nomme encore aujourd’hui le chant ambroisien, que quatre modes, qu’on appelle les autentiques. […] Saint Grégoire qui regla le chant qu’on appelle gregorien, environ cinquante ans, après que les théatres eurent été fermez, y emploïa huit modes, en ajoutant aux quatre dont S. […] Voilà ce que Ciceron appelle une nouvelle mode venuë d’ailleurs. […] Il l’appelle, (…). […] On appelle communément des airs caracterisez ceux dont le chant et le rithme imitent le goût d’une musique particuliere, et qu’on imagine avoir été propre à certains peuples, et même à de certains personnages fabuleux de l’antiquité, qui peut-être n’existerent jamais.
On appelle aussi Abécédaires les personnes qui montrent à lire. […] Varron l’appelle cas latin, parce qu’il est propre à la Langue Latine. […] On l’appelle aussi τόνος, ton. […] ) l’appelle spineam coronam, & S. […] Ce sont ces trois sortes de vûes de l’esprit que les Logiciens appellent l’étendue de la préposition.
L’Hindou devait procurer aux mânes le repas qu’on appelait sraddha . […] De ce que les Romains appelaient agnation. […] Le céder, c’était ce qu’on appelait vendre le fils. […] On s’appelait, par exemple, Publius Cornélius Scipio. […] Les jurisconsultes romains l’appelaient une peine capitale.
Horace est plus Gaulois que Romain ; mais cette prédilection des Français pour Horace, comme pour l’ingénieux corrupteur de la morale et de l’âme qu’ils appellent le bon La Fontaine, m’a toujours fait une certaine peine au cœur. […] Il s’attacha successivement et tour à tour à cette classe équivoque des femmes romaines qu’on appelait les courtisanes. Ces femmes n’avaient aucune analogie avec les victimes du libertinage qu’on appelle ainsi de nos jours. […] C’est ce mont qu’Horace appelait aussi Lucrétile. […] On l’appelait la Fontaine d’Horace dans le moyen âge, maintenant Fonte bella.
On l’appelle nouvelle : en avez-vous ou non Ouï parler ? […] J’arrive aux fables que j’ai appelées « les fables naturistes ». […] C’est ce que j’appelle une narration, et non pas une description de la nature. […] Le Héron est tout à fait une des fables que j’appelle naturistes. […] Si ce défaut de la réalité, le poète, l’écrivain l’exagère encore, il est exagéreur dans un sens, comme le romantique l’est dans un autre Le classique sera donc l’homme qui, doué de toutes les qualités littéraires, aussi bien de celles qu’on a appelées romantiques que de celles qu’on a appelées réalistes, a, de plus, le sentiment de la vérité, le sentiment de la mesure ; et le sentiment de la vérité, c’est-à-dire de la mesure, c’est ce que l’on a appelé le goût.