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492. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Il y apparaissait comme il avait lui-même appelé un personnage de Renée Mauperin : un « mélancolique tintamaresque ».

493. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

De ceux là Henri de Régnier Est un écrivain plein de distinction, bien que son vers un peu monotone ne soit pas encore complètement dégagé et n’apparaisse pas encore dans sa phrase définitive.

494. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

On comprend alors, dès qu’il apparaît, dès qu’il parle, dès qu’il agit, ses premiers mots et ses moindres actes ; on a le pressentiment de sa présence et de son importance dans le drame, on le regarde, on le reconnaît, on s’incorpore, pour ainsi dire, d’avance avec lui. […] Elle commence par nous montrer la place où cet événement va se passer, un site, un paysage, une ville, une maison, un palais, un temple, un champ de bataille, une assemblée publique, un peuple en ébullition ou en silence, mêlé ou attentif à un événement : puis elle nous montre un personnage qui arrive sur cette scène pour y figurer au premier plan, son visage, son attitude, sa démarche, sa physionomie calme ou convulsive, son costume même et jusqu’à l’ombre que son corps projette à côté ou derrière lui sur la place ou sur la foule au milieu de laquelle il apparaît. […] Elle ne se souvenait pas du jeune royaliste inconnu de 1815 qui gardait la porte de son palais ou qui escortait à cheval la fuite nocturne de son oncle sur la route de la Belgique ; mais elle lisait dans les Girondins le 10 août, la tour du Temple, le 21 janvier, le cachot de la Conciergerie, le martyre royal de sa mère disculpée et sanctifiée par les larmes de l’Europe, et le peintre qui avait déversé tant d’horreur sur ces supplices, tant de pitié sur ces victimes, ne lui apparaissait pas comme un sacrilége, mais comme un vengeur.

495. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

II Les Arabes apparaissent enfin comme des précurseurs de la race chinoise ; ils répandent, sous les califes, l’unité de Dieu, la médecine, les mathématiques, le commerce, la géographie, la chimie, l’algèbre, et disparaissent après avoir annoncé ces grandes découvertes. […] Pour me convaincre qu’il n’y avait point d’illusion, et pour recueillir le témoignage d’autres personnes, je fis sortir les ouvriers occupés dans mon laboratoire, et je leur demandai, ainsi qu’à tous les passants, s’ils voyaient, comme moi, l’étoile qui venait d’apparaître tout à coup. […] Grands arbres et parasites confondent leur feuillage, qui n’apparaît que très loin du sol.

496. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Toutefois, malgré sa volonté et son courage, le changement qui se faisait en sa personne, apparaissait à tous les yeux, et le bruit se répandait qu’il avait un cancer. […] Les souvenirs affluent plus nombreux chez mon ami, Nittis se revoit tel qu’il s’est apparu, la première fois, qu’il s’est regardé dans une glace : une petite figure toute pâle, dit-il, de grands cheveux filasse, — lui maintenant si brun ; — une petite blouse noire à pois blancs. […] Samedi 27 octobre Les attentes, dans les petites gares de chemins de fer, aux heures entre chien et loup, après une journée de courses au grand air : ce sont des heures de la vie, comme passées dans un morne rêve, où s’entendrait un monotone tic-tac d’horloge, et où derrière un grillage rougeoyant apparaîtrait une silhouette fantastique de buraliste, à l’état d’ombre chinoise.

497. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

La création de la femme lui apparaît comme le travail d’un potier, celle d’une sauterelle comme l’œuvre d’un forgeron. […] Tout ce passage est à lire jusqu’aux vers : Ainsi tous les souffrants m’ont apparu splendides Satisfaits, radieux, doux, souverains, caadides. […] Hugo apparaîtra comme le poète des choses sombres, en qui se répercute et se magnifie tout ce que les hommes appréhendent et redoutent.

498. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Mais ce sont des traits plus proprement nationalistes que je veux signaler et ils apparaissent avec une certaine roideur d’adolescent et de Lorrain, durant le temps qu’il passa dans un hôpital du Midi. […] Sur l’horizon lointain apparaissait Notre-Dame de Sion, les bras ouverts… » (Souvenir de Louis Colin).‌ […] En vain l’aube spirituelle qu’ils avaient appelée apparaît-elle sur l’horizon.

499. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Mais voici où il apparaît surtout original. […] Oui, j’ai beau faire, l’idée de Peer Gynt m’apparaît aussi humble, aussi « bonne femme » que celle de la fable des Deux Pigeons. […] Jean Richepin est un admirable discoureur de lieux communs ; et par là encore il m’apparaît classique. […] Dupont, cherche une femme pour son fils Antonin, C’est ici que le mariage bourgeois apparaît dans toute sa beauté. […] Sa fille aînée, qui avait fait des sottises, n’apparaît plus si coupable à son mari, et le ménage va pouvoir se raccommoder.

500. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

À son seul nom, les voilà qui apparaissent en foule ; qui ne les voit sortir de tous les coins de sa mémoire ? […] Ils sont à cent lieues de la grande imagination qui crée ou transforme, telle qu’elle apparut à la Renaissance ou au dix-septième siècle, dans les âges héroïques ou nobles. […] De près ou de loin, comme une grande montagne dans un paysage, sa philosophie apparaîtra derrière toutes ses idées et toutes ses images. Elle lui apparaîtra parmi des tempêtes et des éclairs, s’il est inquiet, passionné et malade de scrupules, comme les vrais puritains, comme Pascal, Cowper, Carlyle. Elle lui apparaîtra dans un demi-brouillard grisâtre, imposant et calme, s’il jouit comme celui-ci d’une âme reposée et d’une vie douce.

501. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Nul n’a contemplé avec une terreur plus religieuse l’obscurité infinie où notre pauvre pensée apparaît un instant comme une lueur, et tout à côté de nous le morne abîme où « la chaude frénésie de la vie » va s’éteindre. […] L’indécence saugrenue apparaît brusquement. […] Il apparaît comme eux dans tous les pays civilisés. […] » Ôte les écailles de tes yeux, et regarde. « Tu verras que ce sublime univers, dans la moindre de ses provinces, est, à la lettre, la cité étoilée de Dieu ; qu’à travers chaque étoile, à travers vers chaque brin de gazon, surtout à travers chaque âme vivante rayonne la gloire d’un Dieu présent. —  Génération après génération, l’humanité prend la forme d’un corps, et, s’élançant de la nuit cimmérienne, apparaît avec une mission du ciel. […] « La destruction accomplie, restèrent les cinq sens inassouvis, et le sixième sens insatiable, la vanité ; toute la nature démoniaque de l’homme apparut », et avec elle le cannibalisme1465. » — Ajoutez donc le bien à côté du mal, et marquez les vertus à côté des vices !

502. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

X Dans une profondeur d’antiquité dont nous n’essayerons pas de calculer les siècles, le peuple chinois apparaît non pas comme un peuple jeune et naissant à la civilisation, aux lois, aux arts, à la littérature, mais comme un peuple déjà vieux ou plutôt comme le débris d’un peuple primitif, déjà consommé en expérience et en sagesse, peuple échappé en partie à quelque grande catastrophe du globe. […] Soit que la prodigieuse élévation des plateaux de l’Himalaya et du Thibet, qui dépasse de tant de milliers de coudées les cimes mêmes des Alpes, eût sauvé, comme quelques auteurs l’ont pensé, de l’inondation quelque peuple de la haute Asie, peuple redescendu après l’écoulement des eaux dans la Chine ; soit que quelque grand sauvetage de l’humanité, dont l’arche de Noé flottant et abordant sur les montagnes de l’Arménie est l’explication biblique, se fût opéré pour les peuples voisins de la grande Tartarie, les Chinois n’apparaissaient en Chine que comme des naufragés du globe qui viennent s’essuyer et essuyer le sol tout trempé de l’inondation à de nouveaux soleils. […] Les premiers chefs et les premiers sages chinois, pendant qu’ils sont occupés à faire écouler les eaux de leur déluge des basses terres de leur empire, apparaissent dès le premier jour des livres à la main. […] À trente ans, il déclara à ses parents et à ses amis qu’il se sentait dans toute la plénitude de forces que le ciel accorde aux hommes, et que « l’horizon de toutes les choses divines et humaines (la vérité) lui apparaissait enfin comme d’un point culminant d’où l’on voit l’univers ».

503. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Pour moi, si j’entreprenais jamais ce grand travail, je commencerais par un catalogue exact des sources, c’est-à-dire de tout ce qui a été écrit en Orient depuis l’époque de la captivité des juifs à Babylone jusqu’au moment où le christianisme apparaît définitivement constitué, sans oublier le secours si important des monuments, pierres gravées, etc. […] Il est certain aussi que l’Orient nous apparaît comme le sol des grandes religions organisées. […] Au plus bas degré apparaîtrait le fétichisme, c’est-à-dire les mythologies individuelles ou de familles, les fables rêvées et affirmées avec l’arbitraire le plus complet, sans aucun antécédent traditionnel, sans que l’idée de leur vérité se présente un instant à l’esprit, pas plus que dans le rêve, la fable pour la fable. […] En général, on peut être assuré que, quand une œuvre de l’esprit humain apparaît comme trop absurde ou trop bizarre, c’est qu’on ne la comprend pas ou qu’on la prend à faux.

504. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

. — L’architecture et la littérature, pour peu qu’on compare leur histoire, apparaissent liées dans leur développement par des rapports étroits et constants. […] Son œuvre apparaît comme un cabinet de gemmes, quand ce n’est pas comme une galerie de tableaux. […] Pendant que la mère s’étale avec éclat et fracas, la fille, malgré des succès qui la désignent aux regards, apparaît modeste, vêtue de blanc, le front grave, l’air inspiré, tenant le milieu entre l’ange et la muse. […] Elle sera coquette, sémillante, et les femmes à la même époque apparaissent vêtues de couleurs vives, d’étoffes légères et brillantes, toutes pimpantes dans les dentelles, les broderies, les guipures, le frou-frou de la soie ; elles ont de petits souliers à hauts talons ; elles se piquent au visage et sur la gorge des mouches qui font valoir la blancheur de leur teint.

505. (1909) De la poésie scientifique

Raisons cependant, dont la logique n’apparut pauvre aux Doumic, Faguet, Ernest-Charles, Brisson, et tant d’autres des Revues de médiocratie pensante, et aux poètes nouveaux-venus ou retardataires appâtés de louanges et de prix, par eux étiquetés, néo-romantiques, néo-Parnassiens et Bucoliques. […] Or, deux nouveaux poètes étaient apparus, aux côtés de Mallarmé. […] Ainsi, les mots apparaissent les éléments multiplement souples et modifiables à composer une nombreuse Symphonie-verbale, sous la domination évoluante de l’Idée émue. […] (Dans le domaine scientifique même, alors que cette partie était étudiée à titre exceptionnel, n’est-ce point de l’apport de « l’Instrumentation verbale » que date une étude multipliée, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, du phénomène de « l’audition colorée », qui désormais apparaît normal ?

506. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

On voyait, blanches d’une blancheur électrique, les deux piles du pont, on voyait les Tuileries de la couleur d’une eau jaune ensoleillée, et tout au fond, dans une nuée qui semblait la fumée rougeoyante d’un incendie, la masse de vieille pierre de Notre-Dame apparaissait violette, avec des transparences d’améthyste. […] De temps en temps, la tête de diable du vieux Giraud apparaît derrière l’épaule ou le gant de Suède de la princesse, et jette « le nez d’un dessin plus fin… le collet n’a pas d’épaisseur ». […] C’est gentil un jeune ménage, dans un appartement qui n’est pas complètement meublé, dans un intérieur où le tapissier n’a pas posé le dernier clou, et où le premier enfant apparaît à l’état de ronde bosse. […] Puis viennent les premières feuilles, où ma pensée est dans le cadre d’une page, mais encore dansante, et toute pleine de maculatures et de grosses fautes bêtes, puis enfin se succèdent les secondes, les troisièmes feuilles, où peu à peu, dans le nettoyage spirituel et matériel, m’apparaît le livre qui sera mon livre.

507. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Il connaît dans la description prosaïque d’objets et d’âmes fictifs, imaginés tels qu’ils soient par eux-mêmes saisissants, le prix du détaillement minutieux qui eu fait apparaître l’image dans l’intelligence par le procédé même de la vision la valeur d’une composition déduite et cohérente qui ne laisse aucun échappatoire au doute, la brièveté qu’il convient de donner à une œuvre pour qu’elle ait tout son effet, les inventions originales dont il faut l’historier pour mieux piquer la curiosité, l’avantage qu’il y a à faire sourdre dans l’âme du lecteur de puissantes émotions, sans l’y solliciter expressément, mais en lui laissant la surprise de les sentir jaillir d’un récit impassible. […] Or, l’exercice de la spéculation intellectuelle, quand elle n’est pas bornée à un champ restreint des sciences, et s’exerce librement dans le pur domaine du rationnel, conduit à deux résultats antagonistes : d’une part elle renseigne sur l’univers : de généralisation en généralisation, celui qu’enthousiasme la passion des causes, est emporté hors de sa ville, de sa nation, de ses semblables, du globe, du temps et de l’espace, tournoie à une absolue hauteur, de laquelle l’humanité semble l’imperceptible grouillement d’un peu de moisissure apparue un instant au cours de l’évolution d’une particule de nébuleuse. […] À mesure que l’histoire s’est faite plus artistique, qu’écrite par des voyants, elle a puisé davantage chez les poètes, les dramaturges, les romanciers, les mémorialistes, les époques passées nous sont apparues. […] Elles ont recueilli le suffrage du principal organe des classes aisées en France, de la Revue des deux Mondes ; elles sont souvent citées dans les journaux des boulevards ; le nom de Heine apparaît parfois dans des conversations de gens étrangers aux lettres.

508. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Jupiter est dans Homère, Jéhovah est dans Job ; dans Lucrèce, Pan apparaît. […] Sa grâce, tout indépendante, et figure vraie de la liberté, a des griffes ; elle apparaît tout à coup, égayant par on ne sait quelles souples et fières ondulations la majesté rectiligne de son hexamètre ; on croit voir le chat de Corinthe rôder sur le fronton du Parthénon. […] Il est celui auquel l’avenir est apparu. […] Dante incarne tout le surnaturalisme, Shakespeare incarne toute la nature ; et comme ces deux régions, nature et surnaturalisme, qui nous apparaissent si diverses, sont dans l’absolu la même unité, Dante et Shakespeare, si dissemblables pourtant, se mêlent par les bords et adhèrent par le fond ; il y a de l’homme dans Alighieri, et du fantôme dans Shakespeare.

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