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863. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Elle me plut beaucoup, et la vérité est que je ne lui plus guère, soit qu’elle n’eût pas d’inclination pour moi, soit que la défiance que sa mère et son beau-père lui avoient donnée dès Paris même, avec application, de mes inconstances et de mes différentes amours, la missent en garde contre moi. […] Ils rencontrent à l’improviste sur le bord de la mer des princesses infortunées, étendues et comme sans vie, qui sortent du naufrage en habits magnifiques, et qui ne rouvrent languissamment les yeux que pour leur donner de l’amour. […] Cette rougeur familière à Mme de Clèves, et qui d’abord est presque son seul langage, marque bien la pensée de l’auteur, qui est de peindre l’amour dans tout ce qu’il a de plus frais et de plus pudique, de plus adorable et de plus troublant, de plus indécis et de plus irrésistible, de plus lui-même en un mot. […] Le désabusement de toutes choses se montre dans cette crainte qu’elle prête à Mme de Clèves, que le mariage ne soit le tombeau de l’amour du prince, et n’ouvre la porte aux jalousies : cette crainte, en effet, autant que le scrupule du devoir, s’oppose dans l’esprit de Mme de Clèves au mariage avec l’amant. […] Après l’amour, après l’amitié absolue, sans arrière-pensée ni retour ailleurs, tout entière occupée et pénétrée, et la même que nous, il n’y a que la mort ou Dieu.

864. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Neufs et inhabiles à l’observation d’eux-mêmes, ils voudraient bien, mais ils ne savent pas, en célébrant leur « dame » ou leur « martyre d’amour », noter le trait caractéristique, donner la touche qui distingue et qui précise, traduire enfin leurs sentiments d’une manière qui n’appartienne qu’à eux. […] B. — Caractère artificiel de la poésie provençale ; — et qu’elle n’est qu’un jeu d’esprit ; — dont le thème invariable est l’amour « courtois » ; — mais dont la valeur d’art n’est pas moins grande pour cela : Materiam superavit opus [Cf. dans la littérature grecque les poètes de l’époque alexandrine] ; — et dont les défauts autant que les qualités expliquent la fortune aristocratique. […] D. — Si les uns ou les autres ont ajouté quelque chose à leurs modèles provençaux, — et qu’il semble qu’ils aient pris l’amour plus au sérieux. — Mais peut-être cela ne tient-il qu’au caractère de la langue ; — moins formée, et par conséquent d’apparence plus naïve que la langue d’oc. — Ils ont toutefois exprimé quelques sentiments qu’on n’avait pas exprimés avant eux ; — et, sous le rapport de la forme, quelques-unes de ces Chansons courtoises sont peut-être ce que la littérature du Moyen Âge nous a laissé de plus achevé. […] Ce sont des contes d’animaux moralises ; — ci d’où l’on tire tantôt, comme Philippe de Thaon, des enseignements chrétiens — ou, comme Richard de Fournival, des enseignements d’amour ; C. — Les Dits et surtout, les Débats — comme la Bataille de Carême et de Chantage ; — dont Rabelais a repris le thème dans son récit épique de la lutte de la Reine des Andouilles et de Quaresme prenant ; — ou comme la Bataille des Sept Arts d’Henri d’Andeli ; D. — Les Arts d’Amour, parmi lesquels on cite le De arte honeste amandi, d’André le Chapelain, traduit en français par Drouart la Vache ; — La Clef d’Amours, de Jacques d’Amiens ; — Le Conseil d’Amour, de Richard de Fournival ; — et par l’intermédiaire desquels la poésie courtoise s’insinue dans le Roman de la Rose. […] Rapports de « l’épopée psychologique » (Gaston Paris) de Guillaume de Lorris avec l’« épopée animale » du Roman de Renart. — Comme les auteurs de Renart ont personnifié dans leurs animaux les vices de l’humanité, ainsi fait Guillaume de Lorris, en son Art d’aimer, des nuances de l’amour. — Sa conception de l’amour ; — et ses rapports avec celle de la « poésie courtoise ». — Son habileté dans le maniement de l’allégorie ; — et qu’elle ne doit pas avoir été la moindre raison du succès du Roman de la Rose. — Pour toutes ces raisons le Roman de la Rose peut être considéré comme l’expression idéale des sentiments de la même société dont le Roman de Renart est la peinture satirique.

865. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

La signora Leonora, ni plus ni moins qu’une princesse, une ancienne maîtresse à lui et qui assiste à cette première représentation du chef-d’œuvre musical, est le démon qu’il évoque et qu’il a l’art d’opposer soudainement au triomphe du pur et vertueux amour. Leonora, belle, éblouissante, avide de sensations, ardente dans ses fantaisies, froide de cœur, n’a pas de peine à enlever le jeune et fragile artiste : ce n’est rien de lui avoir jeté son bouquet sur la scène, et son mouchoir par mé-garde avec le bouquet, comme dans un vrai délire d’enthousiasme, il faut voir comme ensuite, dans la visite qu’il lui fait, elle le pique au jeu, lui bat froid, le mortifie, lui tient la dragée haute, le tourne et le retourne à plaisir, comme elle fait tout, en un mot, pour le chauffer, l’enflammer ; elle lui met au cœur un de ces amours furieux, dévorants, à la Musset, qui vous tuent sur place, ou qui vous laissent, pour le restant de vos jours, n’en valant guère mieux. […] La lutte des deux amours, de l’amour-fléau et du pur et placide amour domestique, est très-bien touchée, indiquée, sans déclamation. […] Tout à la fin, et lorsqu’elle est revenue à l’amour de Raoul, Sibylle se livre à une grande excentricité d’amour-propre et d’orgueil déguisé en esprit de sacrifice, lorsqu’elle dit : « Il me semble quelquefois que, si je mourais, il croirait ! 

866. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

L’âge de l’innocence est partout l’âge du bonheur, même en amour. » Cependant Bonstetten dut quitter Rome ; il en emporta un sentiment aimable et léger comme lui ; il écrivait quelquefois à la belle reine, qui lui répondait sur le ton de l’amitié ; il ne la revit que plus de trente ans après : ah ! […] Taillandier oublie trop, et dont M. de Lamartine nous disait, hier encore, avec le charme qui s’attache même à ses dernières paroles : « L’amour en Italie, comme on peut le voir par la Béatrice de Dante et par la Laure de Pétrarque, est le plus avoué et en même temps le plus sérieux des sentiments de l’homme. La femme elle-même, souvent si légère ailleurs, y est dépourvue de toute coquetterie, ce vain masque d’amour et de toute inconstance… Les liaisons sont des serments tacites que la morale peut désapprouver, mais que l’usage excuse et que la fidélité justifie. » Stendhal, de même, qui savait si bien sa Rome et sa Florence, n’a cessé de nous montrer l’amour italien, exempt de toute coquetterie et de toute lutte maniérée et vaniteuse. […] Mme d’Albany, bien italienne en cela, n’eut point d’autre pensée, elle n’y mit pas plus d’art et de façon, dès qu’elle eut remarqué le poète et compris son amour.

867. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Je ne fus pas si lent touchant le beau fruit de sa force, son admirable Epître sur l’Amour de Dieu. […] C’est un bon cœur d’homme, plein de candeur, de sincérité, d’amour du vrai, de haine du faux. […] Le Peletier aussi louable que je dois être honteux de n’avoir pas, à mon âge, le courage de l’imiter. » Racine était de cette famille d’esprits distingués et de cœurs tendres, que se disputaient, on l’a dit, l’amour du roi et l’amour de Dieu ; il se le reprochait lui-même. Boileau n’avait pas de ces doubles amours ; il allait tout droit.

868. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

La gravure qui est en tête et qui représente le poète mourant couché dans un lit à longs rideaux, entouré de ses amis vêtus encore à la mode de 1811, et lui-même, dans cette chambre à coucher d’un ameublement moderne, tenant à la main sa lyre, — une vraie lyre (barbiton) ; — la vignette du titre où une femme, une muse en costume d’Empire, apprend l’art de pincer du luth à un petit Amour à la Prudhon ; les bouts-rimés et les quatrains qui s’entremêlent dans le volume aux pièces sérieuses, tout cela retarde et montre que le nouveau goût qui va naître et qui signalera proprement l’ère de la Restauration n’en est encore qu’à de vagues et craintifs essais. […] L’auteur avait d’abord écrit ainsi cette phrase : « Les rois de France, Sire, ont toujours regardé l’amour des Français comme d’un prix égal à leurs plus grands bienfaits. » Cette Dédicace, avant d’être imprimée, fut soumise à Louis XVIII qui la lut et qui se donna le plaisir de faire remarquer que le mot de bienfaits, trop rapproché, rimait avec Français, et que de plus ce membre de phrase : comme d’un prix égal à leurs plus grands bienfaits, faisait un vers alexandrin dans une phrase de prose, ce qui est réputé un défaut. […] Pourquoi me rapprocher de ces têtes chéries, Objet de tant d’amour et de tant de regrets ? […] S’ombrageraient encor de leur touffe d’ébène Aussi purs que la vague où le cygne a passé : L’amour ranimerait l’éclat de ces prunelles. […] … D’une part l’amour des champs, le rêve à la Tibulle, le vœu d’Horace ; de l’autre, la guerre aux brouillons, aux charlatans, aux faux esprits, aux exagérés et aux violents.

869. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

disait-elle, il est mort ce soir à six heures ; sans cela, vous ne me verriez pas ici. » Sous ce régime continu de distractions et d’amusements, il n’y a plus de sentiments profonds ; on n’en a que d’épiderme ; l’amour lui-même se réduit à « l’échange de deux fantaisies »  Et, comme on tombe toujours du côté où l’on penche, la légèreté devient une élégance et un parti pris301. […] On se pique de jouer avec l’amour, de traiter une femme comme une poupée mécanique, de toucher en elle un ressort, puis l’autre, pour en faire sortir à volonté l’attendrissement ou la colère. […] À la reprise du Père de famille, l’on compte autant de mouchoirs que de spectateurs, et des femmes s’évanouissent. « Il est d’usage, surtout pour les jeunes femmes, de s’émouvoir, de pâlir, de s’attendrir, et même en général de se trouver mal en apercevant M. de Voltaire ; on se précipite dans ses bras, on balbutie, on pleure, on est dans un trouble qui ressemble à l’amour le plus passionné308. » — Quand un auteur de société vient lire sa pièce dans un salon, la mode veut qu’on s’exclame, qu’on sanglote, et qu’il y ait quelque belle évanouie à délacer. […] On interprète « les harmonies de la Nature » comme des attentions délicates de la Providence ; en instituant l’amour filial, le Créateur a « daigné nous choisir pour première vertu notre plus doux plaisir314 »  À l’idylle qu’on imagine au ciel, correspond l’idylle qu’on pratique sur la terre. […] Numéro d’août 1792 : « les Rivaux d’eux-mêmes »  Autres pièces insérées vers le même temps dans le Mercure : « Pacte fédératif entre l’hymen et l’amour, le Jaloux, Romance pastorale, Ode anacréontique à Mlle S.

870. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

A Lyon, où il fait souvent l’école buissonnière et passe des journées dans les bois ou le long de l’eau ; au collège de Sarlande, où il invente des histoires pour les « petits », à Paris même, où, fraîchement débarqué, de ses yeux de myope encore tout pleins de songerie, il s’essaye à regarder ce monde nouveau qu’il peindra si bien, le petit Chose, délicat et joli comme une fille, timide, fier, impressionnable, distrait, continue de rêver effrontément, fait des vers sur des cerises, des bottines et des prunes, chante le rouge-gorge et l’oiseau bleu, soupire le Miserere de l’amour, et adresse à Clairette et à Célimène des stances cavalières qui semblent d’un Musset mignard et où l’ironie, comme il convient, se mouille d’une petite larme. […] Une femme est morte en se confessant au prêtre et en reniant un amour criminel. […] Déjà le futur bourreau du petit Jack montre, dans le Credo de l’Amour, sa grosse moustache, son œil bleu et dur et sa face de mousquetaire malade. […] » — Et un Ménage de chanteurs, le mari devenant jaloux de sa femme (qu’il a épousée par amour) et finissant par la faire siffler ! […] Relisez, s’il vous plaît, la Pendule de Bougival 91, la Défense de Tarascon 92, la Mule du Pape 93, le Credo de l’amour 94, la Veuve d’un grand homme 95 et, pour abréger l’énumération, les Aventures de Tartarin !

871. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et sans doute, dans son tête-à-tête avec Elmire, il débute assez lourdement par l’emploi du « jargon de la dévotion » ; mais, insensiblement, il sait tourner ce jargon en caresse, et le rapproche enfin de la langue vaguement idéaliste que l’amour devait parler, cent cinquante ans après Molière, dans des poésies et romans romanesques et qui a plu si longtemps aux femmes… Mais, en outre, il a de la finesse et de l’esprit, et des ironies, et des airs détachés qui sentent leur homme supérieur et qui sont d’un véritable artiste en corruption. […] Ces jouissances sont beaucoup plus assurées et beaucoup moins rapides que celles de l’amour ; par un bienfait de Dieu, elles sont presque aussi vives, et tout aussi matérielles, et tout aussi grossières ; et elles sont permises ! […] Heureusement le jargon de la dévotion a plus d’un rapport avec celui de l’amour humain. Les locutions par lesquelles les mystiques traduisent leur amour de Dieu, il n’aura pas à les torturer beaucoup pour leur faire exprimer l’adoration d’une femme. […] Et, par cela seul qu’il applique à une passion profane le vocabulaire et les images de la « mystique » chrétienne, il se trouve presque composer, sans le savoir, une sorte d’élégie idéaliste aux airs déjà vaguement lamartiniens : Ses attraits réfléchis brillent dans vos pareilles… Il a sur votre face épanché des beautés Dont les yeux sont surpris et les cœurs transportés ; Et je n’ai pu vous voir, parfaite créature, Sans admirer en vous l’auteur de la nature, Et d’une ardente amour sentir mon cœur atteint, Au plus beau des portraits où lui-même il s’est peint.

872. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Il pourra nous consoler un jour de la perte d’un grand peintre, à moins que l’ennui du malaise et l’amour du gain ne le prennent. L’amour du gain hâte le pinceau et compte les heures ; l’amour de la gloire arrête la main et fait oublier les semaines. […] Mais je prétends que celui qui se jette dans l’allégorie s’impose la nécessité de trouver des idées si fortes, si neuves, si frappantes, si sublimes, que sans cette ressource, avec Pallas, Minerve, les grâces, l’amour, la discorde, les furies, tournés et retournés en cent façons diverses, on est froid, obscur, plat et commun. […] Mais ces chants terribles ou voluptueux qui au moment même qu’ils étonnent ou charment mon oreille portent au fond de mon cœur l’amour ou la terreur, dissolvent mes sens ou secouent mes entrailles, les savez-vous trouver ?

873. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Soit, en effet, qu’il eût compris qu’il faut plus d’art peut-être pour construire un drame ou un récit dans les proportions de Madame Firmiani ou de la Grande Bretèche que dans celle des Mystères de Paris ou de Monte-Cristo, soit qu’il ne se sentit dans l’esprit, pour chacune de ses conceptions, que le cadre étroit d’une nouvelle et qu’il ne voulût pas trop embrasser pour mal étreindre, il n’en a pas moins donné à la Critique le spectacle de deux choses l’une, auxquelles elle est peu accoutumée : — l’amour désintéressé de ce qui est difficile, et l’exacte conscience de soi. […] Les six nouvelles qui forment les Païens innocents s’appellent : la Gloriette, — le Curé de Minerve, — le Dernier Flagellant, — l’Hercule chrétien, Jean de l’Ours, — l’Histoire de Pierre Azam, — et la Chambre des Belles Saintes, et elles sont, à notre avis, de petits chefs-d’œuvre d’expression, comme doit l’être, de rigueur, cette simple création d’une nouvelle, intaille ou relief d’une seule idée, travaillée avec les caresses de l’Amour. […] Et toujours nerveux, toujours voltairien, toujours haine ou amour, créature de sympathie ou d’antipathie, l’auteur des Lettres satiriques, de ce livre qui ne sera que la moitié de ce qu’il veut être, peut-il, en définitive, être considéré dans ces lettres autrement que comme l’éblouissante et harmonieuse girouette de ses élégantes haines ou de ses indulgentes affections ? […] Cette sensibilité ondoyante, dont parfois les impressions sont justes et vraies, et d’autres fois injustes et fausses, cette sensibilité qui, dans les Lettres satiriques, tourne si brusquement de la haine à l’amour et de l’amour à la haine, tient évidemment trop la place de l’étude attentive d’une conscience sévère, et Babou en a donné une preuve particulièrement malheureuse, et que je me permettrai de citer, parce que je le dois.

874. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Ce prostitué à toute idée, ce libertin d’esprit qui prenait feu à tous les sujets et à qui Fourier aurait reconnu la papillonne intellectuelle, s’était enflammé d’un amour violent pour le théâtre ; mais ce fut, en définitive, l’amour de l’eunuque pour l’odalisque, dont parle Montesquieu dans ses Lettres persanes. […] C’était là du matérialisme appliqué… Son amour, ou, pour mieux dire, son culte du théâtre, allait jusqu’au cabotinisme le plus insensé. […] A cent pages de ses Salons en a-t-il parlé avec amour ! […] Elles ne sont pas exclusivement des lettres d’amour. […] Mais un bourgeois qui n’a plus que l’amour bêta, plaintif et entêté d’un vieux élégiaque qui ne veut pas absolument renoncer.à l’amour encore… Prudhomme anticipé, réduit à Platon.

875. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Une sensation de tendresse flottante, d’amour bestial épandu, alourdissait l’air, le rendait plus étouffant. […] Un crime d’amour. — 1886. […] Si « déesse » que, fou d’amour pour elle, il donne sa démission. […] Il avait parlé du rôle de l’âme dans l’amour ! […] Ce n’est pas encore l’amour, mais c’est déjà l’aspiration.

876. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Ce n’est pas avec le même amour que M.  […] Qu’y a-t-il de plus éternel que l’amour ? […] Léon et ses amours ? […] Que Frédéric, éperdu d’amour, séduise expressément à bail, la Bernerette de M.  […] Il étudia le maître moins par raison que par inclination, moins par amour de l’étude que par amour pour le maître lui-même.

877. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Qui a lu les amours d’Haydée, et a eu d’autre pensée que de l’envier et de la plaindre ? […] … —  (Pour l’amour de Dieu, apportez-moi un verre de rhum ! —  Pedro, Baptista, aidez-moi à descendre.) — Julia, mon amour ! […] Au moment le plus touchant des amours d’Haydée, il lâche une pantalonnade. […] L’ange des saintes amours, l’ange de l’Océan, les chœurs des esprits bienheureux.

878. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Oh l’amour toqué, retoqué Grâce à la culotte inféconde ! […] Et puis, vis-à-vis des maîtres, il me semble qu’il n’y a que deux sentiments possibles à éprouver : l’admiration et l’amour. Je puis admirer Hugo, Musset, Gautier, Leconte de Lisle, sans les aimer ; en revanche, mon amour ira profond à un Ronsard, à un Vigny, à un Baudelaire, à un Verlaine. […] Mais sans amour… Si je déclame, c’est la réclame ! […] Il n’y a guère qu’un point de repère : c’est le sentiment de la vie, ou, en d’autres termes, l’amour d’un Idéal Humain, harmonique avec notre époque et point trop sacrifié à elle, pourtant.

879. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Chez les femmes, la haine n’est jamais, ne peut jamais être qu’un effet de l’amour, ou, pour mieux dire, qu’une forme de l’amour, parce que les femmes sont amour des pieds à la tête. […] C’est l’amour plus fort que la mort. […] Amour tyran des hommes, des dieux et des araignées ! […] Et ils l’ont contemplée avec amour et avec délices. […] J’ai obtenu ton amour.

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