La rentrée dans l’ordre Lorsqu’une plante, dont une lourde pierre foulait la tige, se trouve délivrée de son fardeau, nous assistons au plus touchant des spectacles : peu à peu l’humble tige, qui semblait pour toujours perdue, se redresse, reprend de la vigueur et de la couleur, s’élève peu à peu, grâce à l’air libre, jusqu’à la vie normale. […] Quelques convulsions dernières le secouent furieusement avant que le grand air de la liberté ne vienne le frapper au visage ; parvenu au bord de la vie, il a peur de se jeter dans ses eaux
Conduit à Caracas, où son père devenait président de l’audience royale, respirant l’air de la première république proclamée à Venezuela, il ne rêva plus que le rôle de Tyrtée du nouveau monde. […] Les ondes, éparses en rosée légère sous la violence du coup, remontaient pressées en colonnes qui parfois s’étendaient à toute la largeur de l’abîme et cachaient une part de l’horizon… « Ce qui m’étonna le plus, c’est qu’à l’abord du précipice, les vagues résistent en sens contraire et s’entrechoquent comme pour échapper ‘à l’impulsion qui les précipite, jusqu’au moment où, vaincues, elles s’abattent dans l’abîme avec un tonnerre souterrain, et font jaillir dans les airs d’immenses colonnes de nuées sur lesquelles l’arc d’Iris réfléchit ses plus éblouissantes couleurs. » C’est l’esquisse du voyageur, de l’émigré des Andes accoutumé à la puissante nature du monde américain, et la trouvant dépassée dans ce désert.
Mais j’y cherche en vain l’air de famille ou le trait caractéristique qui permettrait de dire : celui-là est un artiste. […] Quelques-uns même ont bien l’air de vivre dans un rêve. […] Il n’est pas bien commode de peindre en plein air et sur nature le froid intense, la brume, l’orage, la pluie que le vent emporte en cinglantes rafales. […] Voyez de quel air d’extase cet enfant contemple une belle image dans son livre ! […] Dans les airs plane un Satan déchaîné qui brandit des flammes.
Les personnages qui s’y meuvent ne sont pas de notre humanité : ils ne sont pas pétris de la même substance que nous, ils ne vivraient pas dans notre air. […] Il lui a conservé ses dehors séduisants et son grand air. […] Tous aussi bien en pourraient dire autant : c’est chez eux l’air de famille, et on devine aisément d’où ils le tiennent. […] Non, en vérité, elles ne pourraient marcher parmi nous et respirer le même air que nous. […] Elle a respiré la foi dans l’air ambiant.
On sent ici chez le critique (et je n’ai pas à en rougir) quelque chose des doctrines qui circulaient dans l’air à ce lendemain de juillet 1830, comme un souffle ému de saint-simonisme, de socialisme, de sainte-alliance des peuples.
Dès les premiers instants de la Restauration et du sein même de ses souvenirs naquit en France une poésie qui frappa, quelque temps, par son air de nouveauté, ses promesses brillantes de talent et une sorte d’audace.
Il fallait qu’ils conservassent, dans leurs rapports avec leur maître, une sorte d’esprit de chevalerie, qu’ils écrivissent sur leur bouclier pour ma dame et pour mon roi, afin de se donner l’air de choisir le joug qu’ils portaient ; et mêlant ainsi l’honneur avec la servitude, ils essayaient de se courber sans s’avilir.
On pense que ce négligé volontaire donnera l’air naturel au style.
Je ne nommerai que Gresset, chez qui point déjà un air de rêverie mélancolique étouffé sous la volonté de rire, et Piron, l’intarissable, gaillard et drolatique Piron, qui n’a jamais rien dit de plus plaisant que les mots de bonne foi où il se mettait sans rire au-dessus de Voltaire.
Description brève de ce lieu de plaisir : le jardin éclairé par des verres de couleur, les bosquets, qu’on dirait en zinc découpé, la cascade et la grotte en carton sous laquelle on passe… Il remarque, parmi les promeneuses, une fille d’allure effarouchée, l’air minable, vêtue d’une méchante robe et coiffée d’un énorme chapeau, très voyant, qui fait que les hommes se retournent sur son passage avec des rires et des plaisanteries.
Ces censeurs, disoient-ils, ne frondent que par air, par singularité, par envie de se donner la réputation de connoisseurs, & de partager celle du grand Socrate.
Dans celui-ci, il a placé à côté du garçon qui apporte à boire à son père infirme, une grosse chienne debout qui a le nez en l’air, et que ses petits tètent toute droite ; sans parler de ce drap qu’il a étendu sur une corde, et qui fait le fond de son tableau.
Il me semble (il étend les mains) que je palpe déjà des billets de cent, des billets de mille… (Ses mains étendues rencontrent les notes élevées en l’air par Bidault, Nichot, Cascaret, Poupardot.)
de faire claquer leurs fouets et de se donner des airs de Jolicœurs dans leurs grosses bottes ; les postillons l’auraient peut-être emporté sur les voyageurs qu’ils menaient, dans ce genre de littérature.
C’est un scythe de Genève, comme il dit quelque part, en poétisant beaucoup Genève, qui ne mérite pas ce grand air barbare qu’il lui donne.
On sent tout de suite, en l’ouvrant, à la nouveauté de la couleur, à l’exactitude de certains détails de costumes et de mœurs, et presque à l’air qu’on y respire, que cette traduction doit être fidèle autant que peut l’être cette chose impossible : une traduction en vers !
Mais, quand on y regarde attentivement, est-il bien taillé en orateur, et quand il demande qu’on ouvre la fenêtre, est-ce un cri de Mirabeau comprimé que cet humble désir d’un peu d’air ?