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285. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

On t’eût admise à cause de moi qui suis la pureté même ; car j’ai été pur dans un temps où tout était embrené !  […] Du moment qu’on admet la branche aînée régnante, le duc de Bordeaux naissant comme par miracle pour la continuer, et l’immense joie qui dut s’en répandre parmi ce qui restait de sujets fidèles, il est tout simple qu’il se soit rencontré quelqu’un, ou fidèle ou zélé, pour avoir l’idée de cette souscription de Chambord ; mais Courier ne croit point à la branche aînée ; il a déjà la branche cadette en vue comme plus à sa portée et à son usage ; il n’aime point les vieux châteaux, soit gothiques, soit de Renaissance ; et lui qui s’affligeait à Rome pour une Vénus ou un Cupidon brisés, il ferait bon marché en France de l’œuvre du Primatice. […] Cette dernière partie de la déposition de Frémont, devenu à son tour accusateur, ne fut point admise, et celui des frères Dubois qui survivait fut acquitté par le jury à égalité de voix (14 juin 1830).

286. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Si on admet celle hypothèse, le reste est fort simple. […] On pourra prétendre que l’analyste devant constater les effets émotionnels de l’œuvre qu’il examine, et ces effets étant extrêmement variables selon les goûts, il sera obligé, sinon de porter positivement un jugement littéraire, du moins d’introduire dans ses constatations un élément personnel, par le fait même qu’il admettra que telle ou telle œuvre a produit tel ou tel effet. […] (NdE)] (Esthétique) admet ce fait et l’explique eu disant que l’admiration pour le génie de l’artiste fait passer par-dessus la répulsion causée par les objets représentés.

287. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

C’est l’examen : « Ne rien admettre pour vraique ce qui me paraîtra évidemment être tel. » Quelle est la première application de cette méthode ? […] Cette théorie une fois admise, on accordait que Racine et surtout Corneille ne manquaient pas de génie, mais que ce génie avait été enchaîné et gâté par un faux système. […] Que Louis XIV et sa cour aient pu avoir quelque action heureuse sur le goût, je ne me refuse pas à l’admettre.

288. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Il nous importe fort peu qu’une multitude de formes douteuses reçoivent les noms d’espèces, sous-espèces ou variétés, et quel rang, par exemple, les deux ou trois cents espèces douteuses de plantes anglaises doivent tenir, si l’existence de variétés bien tranchées est une fois admise. […] Rien n’est plus aisé que d’admettre en théorie la vérité de la concurrence vitale universelle ; mais rien n’est plus difficile, du moins l’ai-je ainsi trouvé à l’expérience, que de garder constamment cette loi présente à l’esprit. […] La seule explication satisfaisante de ce fait, c’est d’admettre que les conditions de vie leur ont été extrêmement favorables, qu’il y a eu conséquemment une moindre destruction des individus vieux ou jeunes, et que presque tous ces derniers ont pu se reproduire à leur tour.

289. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

En vue de simplifier l’exposition, nous admettrons que la direction SA du rayon lumineux a été choisie de manière à être celle même du mouvement de la Terre à travers l’éther. […] Il faudra donc admettre qu’un corps quelconque se mouvant avec une vitesse quelconque v subit, dans le sens de son mouvement, une contraction telle que sa nouvelle dimension soit à l’ancienne dans le rapport de équation à l’unité. […] Dans l’hypothèse, toujours admise jusqu’à présent, d’un Temps unique et d’un Espace indépendant du Temps, il est évident que si S′ se meut par rapport à S avec la vitesse constante v, si x′, y′, z′ sont les distances d’un point M′ du système S′ aux trois plans déterminés par les trois axes rectangulaires, pris deux à deux, O′ X′, O′ Y′, O′ Z′, et si enfin x, y, z sont les distances de ce même point aux trois plans rectangulaires fixes avec lesquels les trois plans mobiles se confondaient d’abord, on a : x = x′+vt′ y = y′ z = z′.

290. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Quoique sa sympathie pour tous les dédaignés de l’orthodoxie le portât à admettre les païens dans le royaume de Dieu, quoiqu’il ait plus d’une fois résidé en terre païenne, et qu’une ou deux fois on le surprenne en rapports bienveillants avec des infidèles 1232, on peut dire que sa vie s’écoula tout entière dans le petit monde, très fermé, où il était né. […] La grande originalité du fondateur reste donc entière ; sa gloire n’admet aucun légitime partageant.

291. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Lorsqu’un bras séparé du corps est disséqué par l’anatomiste, si on voyait les doigts saisir le scalpel, le repousser, ou le pouce essuyer l’acide irritant, pourquoi demande Lewes, refuserait-on d’admettre que les centres du bras sentent, quoique ie cerveau et l’homme ne sentent pas ? […] Sans aller jusqu’à admettre cette « dualité cérébrale », on comprend très bien qu’un des hémisphères soit généralement plus actif, par cela même plus facile à fatiguer, et que des déplacements de travail puissent s’opérer entre les deux hémisphères.

292. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Sans vouloir discuter cette esthétique très-répandue, je me contente de faire observer que même admit-on le principe que je viens de dire, à savoir le principe du plaisir, encore faudrait-il distinguer entre les différents genres de plaisir que les écrits peuvent nous procurer : par exemple, entre le plaisir des sens et le plaisir de l’esprit, le plaisir de l’imagination et le plaisir du cœur, le plaisir de quelques-uns et le plaisir de tous, le plaisir des ignorants et des grossiers et le plaisir des esprits éclairés, enfin entre le plaisir d’un jour et le plaisir de plusieurs siècles. […] Nisard avec sévérité et autorité se marie naturellement avec la philosophie spiritualiste ; mais cette même philosophie admet dans l’homme un principe d’action, d’invention et de développement qui est la liberté, la personnalité.

293. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Admis, sous le nom de Nicolas, au collège des Grassins, en qualité de boursier, ses premières années n’y eurent rien de remarquable ; il ne commença à se distinguer qu’en Troisième, et termina sa Rhétorique par les plus brillants succès ; il obtint tous les prix. […] Admis à l’Académie française, à la place de Sainte-Palaye, il prononça un discours de réception, qui est resté un des morceaux les plus remarquables de ce genre.

294. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Quoique l’Évangile soit une loi indépendante de toute institution politique, une loi qui admette toute espèce de gouvernement, néanmoins on peut dire que nous n’avons point eu de législateur depuis Jésus-Christ, et que les empires chrétiens ne peuvent point en avoir d’autre. […] Un tel fait est beaucoup trop démenti pour qu’il soit possible de l’admettre : consentons toutefois à le recevoir sans examen, et, pour parler le langage de la jurisprudence, en force de chose jugée.

295. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

La préparer, c’est différent ; en faire le ménage, en balayer les étagères, en ramasser les épingles, y tenir les comptes courants ; être des statisticiennes, des antiquaires, des archéologues, des érudites, des chercheuses ou des trouveuses de détails heureux ou utiles, je l’admets ; mais écrire l’histoire, mais juger de haut les choses et les hommes ; mais Voir, — cette intuition virile et qu’ont si peu d’hommes, tout hommes qu’ils soient, je ne l’admets pas pour les femmes.

296. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

« C’était un sceptique qui admettait des dieux pour être tranquille. » Je ne vous demandais pas le motif, monsieur ! […] Du moins, l’Horace de Passy, dont la gloire est déjà baissée, sentait la patrie et pleura Sainte-Hélène… Et quant à l’autre Horace français dont Louis XIV fut l’Auguste, ce Boileau qui n’admettait pas Dieu pour être tranquille, cette âme droite, sérieuse, austère, qui tira toute sa poésie de la raison, cette maîtresse faculté de l’homme, l’Horace latin ne sert qu’à montrer combien il est grand, malgré l’imagination qui lui manque.

297. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Il est douteux aussi — du moins, nous le croyons, — qu’ils admettent sans un modeste embarras la conclusion, logiquement très bonne, mais historiquement suspecte, que Bellegarrigue sait tirer de cette absence de la famille aux États-Unis : « L’autorité paternelle — dit-il — ayant abdiqué en Amérique, sinon en totalité, du moins en grande partie, il est arrivé que la famille n’y existe pas… et que l’extrême civilisation autorise les mœurs à ressaisir la simplicité de l’état sauvage. » Mais cet éloge, une fois jeté en passant, des Américains, qui ne sont pas l’objet spécial du livre, l’auteur revient aux femmes d’Amérique ; car sans la femme, nous dit-il avec une galanterie vraiment philosophique, la masculinité ne serait pas ! […] Il a suffi de prendre le contrepied de tout ce qui est admis et salué comme la vérité dans le monde, depuis qu’il existe, et le tour qu’on voulait faire a été fait.

298. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Je n’ai jamais admis non plus sa grandeur humaine. […] Mais j’admettais très largement qu’il avait de hautes facultés critiques et qu’il savait pénétrer profondément dans la pensée, la vie et les hommes.

299. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Cette double notion de la terre et du ciel, la seule que puissent admettre également l’intelligence des penseurs et l’imagination des poëtes, M.  […] Jean Reynaud exige la pluralité des mondes ou il n’admet pas Dieu, parce que (ajoute-t-il avec un sérieux qui rend la chose plus comique encore), sans la pluralité des mondes, Dieu est évidemment « lésé dans son caractère de créateur ».

300. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

C’est un escamotage au profit des sciences physiques, les seules au fond qu’admette M.  […] … Nulle réponse que le besoin qu’on a de faire admettre le principe de l’invariabilité des lois naturelles (page 81).

301. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Byron, accusé d’être immoral par tous les Tartuffes de l’Angleterre, n’admettait pas les esthétiques athées que nous admettons très bien maintenant, et qui, moins polis que Platon, jettent, sans couronne, la morale à la porte de la poésie.

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