Après la prédication de saint Jean, l’action (si action il y a) commence. […] Là est le nœud, là est l’action, là dans la composition se manifeste le génie du maître.
Ainsi finit cette scène à Pau, mais elle eut du retentissement à la Cour ; car l’ayant mandé à M. le chancelier, il en fit rire le roi ; mais en même temps il y eut un ordre expédié, portant que M. de Cazaux viendrait rendre compte.au roi de ses actions. » Nous ne pouvons que faire comme Louis XIV, et, tout en blâmant le sieur de Gazaux, rire aussi de sa facétie gasconne et de cette riposte à brûle-pourpoint au coup de pistolet à bout portant de l’évêque. […] Foucault nous en a donné la meilleure définition en action, dans un récit qu’il a fait d’une expédition ou pointe du maréchal de Bellefonds jusqu’à Roncevaux. […] Cette action fut d’une grande édification. » Enfin tout le monde y passe : Foucault, triomphe ; il en a appelé au près du roi en personne du mauvais vouloir de Le Tellier et de Louvois : « Le 1er juillet 1685, le Père de La Chaise m’a demandé que le roi prenait plaisir à lire mes Relations et mes lettres concernant les conversions du Béarn, et même que Sa Majesté les gardait. » Voilà le fin mot de tant de zèle.
L’action, l’arrangement dramatique, les caractères, les mœurs, la langue, tout enfin, les vers même offrent les défauts les plus graves ; et la barbarie d’un art qui commence à peine à se former ne suffit pas, il s’en faut, à les excuser. Car ce n’est pas seulement le mauvais goût (défaut si fréquent dans les œuvres où il y a le plus de génie, quand ces œuvres appartiennent à des époques encore incultes), ce n’est pas, dis-je, le mauvais goût seulement qui nous choque ici, c’est la pauvreté dans l’invention, la maigreur et la sécheresse dans le développement des caractères, la froideur dans les passions, la lenteur et la gaucherie de l’action, et enfin l’absence presque totale d’intérêt. […] Sous ce rapport, peut-être, la France doit à Corneille une partie de ses belles actions.
Le stoïcien Brutus, dont la farouche vertu n’avait rien épargné, laissant voir un sentiment si tendre dans ces moments qui précèdent et ses derniers efforts et ses derniers jours, surprend le cœur par une émotion inattendue ; l’action terrible et la funeste destinée de ce dernier des Romains, entourent son image d’idées sombres qui jettent sur Porcie l’intérêt le plus douloureux24. […] Dans les classes même du peuple une certaine gravité distinguait toutes les actions. […] Les Athéniens croyaient aux mêmes dogmes, défendaient aussi leur patrie, aimaient aussi la liberté ; mais ce respect qui agit sur la pensée, qui écarte de l’imagination jusqu’à la possibilité des actions interdites, ce respect qui tient à quelques égards de la superstition de l’amour, les Romains seuls l’éprouvaient pour les objets de leur culte.
On comprendrait mal le caractère de l’action qu’exercèrent les doctrines de Boileau après sa mort, si l’on n’examinait quel succès elles eurent auprès de ses contemporains. […] Eh bien, c’est précisément au xviiie siècle, quand Voltaire ne veut pas que personne (sauf lui médise de Nicolas Boileau, que vraiment celui-ci n’a pas d’action directe et personnelle sur la littérature. […] Nous ne regardons pas bien haut ni bien loin : nous sommes plus positivistes que mystiques et métaphysiciens ; nos pensées ne quittent pas la terre, et vont à l’action, aux effets réels, sensibles, et que l’analyse atteint.
Les écrivains qui se sont senti le don de l’observation morale ont émigré en masse vers le roman et le théâtre, pour mettre en action et en drame leur expérience. […] Faire de la vérité le but de la pensée, du bien la fin de l’action, le vrai étant l’exclusion du miracle, et le bien l’exclusion de l’égoïsme : on peut juger comme on voudra cette philosophie, on n’a pas le droit d’y voir un jeu de dilettante indifférent. […] Et son esprit qui lui survit prouve par l’excellence de son action la bonté de sa doctrine.
Marc Monnier a signalé — après les avoir résolues — les difficultés d’un enseignement aussi vaste que celui de la littérature comparée : « Mener toutes les littératures de front, a-t-il dit ; montrer à chaque pas l’action des unes sur les autres ; suivre ainsi, non plus seulement en deçà ou au-delà de telle frontière, mais partout à la fois, les mouvements de la pensée et de l’art, cela paraît ambitieux et difficile... » Il a pu ajouter : « On y arrive cependant, à force de vivre dans son sujet qui petit à petit se débrouille, s’allège, s’égaie... » Mais ce qu’il n’a pas dit, ce sont les rares qualités d’esprit qui lui ont permis d’accomplir un tel travail et de le perfectionner d’année en année : une érudition qui s’élargissait sans cesse ; un sens critique habile à choisir entre la masse des documents les plus propres à marquer la physionomie d’un homme ou d’une époque, ou à dégager les caractères essentiels d’une œuvre ; une intelligence si enjouée qu’elle a pu, pour conserver son expression, « égayer » cette grave étude de l’histoire littéraire, si alerte, que d’heureuses échappées dans tous les domaines, elle a su rapporter des œuvres également distinguées. […] il le compare à ses contemporains, à ceux sur lesquels il a exercé une action, à ceux qui s’y sont soustraits, à ceux qui ont suivi le même courant, à ceux qui l’ont remonté. […] Cet homme, sur lequel les documents historiques nous ont renseigné, n’est pas un être isolé : ses actions, ses sentiments et ses pensées ont des causes en dehors de lui, qui sont « certaines façons générales de penser et de sentir ».
Droz sur l’application de la morale à la politique, et sur l’économie politique elle-même conçue au point de vue philanthropique, je ne ferai plus qu’une remarque, qui répond à une objection que j’ai souvent entendu adresser à ces sortes d’ouvrages : les hommes d’action, les hommes du métier, sont en général tentés de les considérer comme inutiles, et comme n’étant propres à persuader que ceux qui sont déjà convaincus. […] Le fait est que, grâce à ce concours d’écrivains occupés à répandre de saines idées économiques et morales, des idées pacifiques, l’action des écrivains hostiles est tenue en échec ; le niveau de la morale publique se maintient. […] Droz contribuent à séculariser le christianisme, et, en ce sens, leur action n’est pas perdue, leur influence se fait sentir à la longue.
Doué des avantages physiques, d’un esprit inventif, plein de hardiesse et de gaieté, il avait dans ses actions et dans toute sa personne quelque chose qui prévenait en sa faveur ; et il était lui-même le premier prévenu. […] Selon cette théorie d’un faux bon sens ennemi du grand goût, il suffirait de transporter purement et simplement toute action émouvante et attendrissante de la vie bourgeoise sur le théâtre pour avoir atteint le plus haut point de l’art : Si quelqu’un est assez barbare, assez classique (il est piquant de voir ces deux mots accolés par Beaumarchais et pris comme synonymes), pour oser soutenir la négative, il faut lui demander si ce qu’il entend par le mot drame ou pièce de théâtre n’est pas le tableau fidèle des actions des hommes.
La transition d’un degré de différence à un autre plus élevé peut être attribuée simplement, en quelques cas, à l’action longtemps continuée des conditions physiques en deux différentes régions ; mais je n’ai pas une grande confiance en l’action de tels agents ; et j’attribue plutôt les modifications successives d’une variété, qui passe d’un état très peu différent de celui de l’espèce mère à une forme qui en diffère davantage, à la sélection naturelle agissant de manière à accumuler dans une direction donnée des différences d’organisation presque insensibles, ainsi que je l’expliquerai bientôt plus longuement. […] Ces faits ont une haute signification, s’il est vrai que les espèces ne soient que des variétés permanentes et bien tranchées : car, partout où de nombreuses espèces du même genre ont été formées, c’est-à-dire partout où les causes de leur formation ont eu une grande activité, nous devons généralement nous attendre à les trouver encore en action, d’autant plus que nous avons toute raison pour croire que le procédé de formation des espèces nouvelles est extrêmement lent.
Je me résume plus brièvement, en remarquant que les extrêmes se touchent : le lyrisme, c’est la foi et aussi le désespoir ; l’épopée, c’est l’action et aussi la passion, quand elle crée ; le drame, c’est la crise, tendant à la sérénité (Katharsis). […] Nous englobons, sous le nom de « comédies », des œuvres très dissemblables ; par exemple, des tableaux de mœurs, des revues, qui n’ont de dramatique que la forme dialoguée, mais qui sont sans action et sans caractères. […] Un problème du même genre se pose à propos de la nouvelle, que sa forme extérieure fait considérer comme un petit roman, alors qu’elle est le plus souvent un drame de par la conception de l’action et du conflit psychologique.
Cette idée consiste à prendre l’antithèse pour pivot de l’action dramatique. […] Sandeau, Madame de Somerville, se recommande par des qualités précieuses, par la simplicité de l’action, par la vérité des épisodes, par la grâce et la sobriété du style. […] Le mensonge imaginé par Noëmi pour sauver l’honneur de Marianna complique complique action sans la ralentir. […] L’action réciproque de l’âme sur la nature et de la nature sur l’âme, a fourni à M. […] La foule attentive, n’ayant pas à se préoccuper de la marche de l’action, puisqu’elle la prévoyait, se laissait aller au plaisir d’entendre des vers généralement bien faits.
On ne se dit pas seulement : « Cela est bon, cela est mauvais ; je suis amusé ou ennuyé ; » on refait, on converse en soi-même ; on revoit en action les caractères, non pas au point de vue de la scène, mais selon le détail de la réalité ; Tartufe suggère Onuphre. […] Elle déploya à ce soin, durant des années, une faculté remarquable d’action et d’entente des affaires, qu’elle contint du reste, en tout temps, à son intérieur. […] Dans ces sortes d’actions réciproques, chacun même tour à tour semble avoir triomphé, selon qu’on examine l’autre. […] Avant d’être mère, elle travaillait, elle écrivait pour soutenir sa mère, mais c’était tout ; elle pouvait douter de l’action de la vérité et de la raison parmi le monde ; elle voyait le mal, le ridicule, la sottise, et n’espérait guére : une fois mère, elle conçut le besoin de croire à l’avenir meilleur, à l’homme perfectible, aux vertus des générations contemporaines de son enfant. […] On l’y pouvait trouver un peu rude d’abord ; sa raison inquisitive, comme elle dit quelque part, cherchait le fond des sujets ; mais l’intérêt y gagnait, les idées naissaient en abondance, et, sans y viser, elle exerçait grande action autour d’elle.
Jusqu’alors, dans le gouvernement des actions et des opinions humaines, la raison n’avait eu qu’une part subordonnée et petite. […] Pour entrer dans la pratique, pour prendre le gouvernement des âmes, pour se transformer en un ressort d’action, il faut qu’elle se dépose dans les esprits à l’état de croyance faite, d’habitude prise, d’inclination établie, de tradition domestique, et que, des hauteurs agitées de l’intelligence, elle descende et s’incruste dans les bas-fonds immobiles de la volonté ; alors seulement elle fait partie du caractère et devient une force sociale. […] Il ne leur faut qu’un seul mobile, le plus simple et le plus palpable, tout grossier, presque mécanique, tout physiologique, l’inclination naturelle qui porte l’animal à fuir la douleur et à chercher le plaisir. « La douleur et le plaisir, dit Helvétius, sont les seuls ressorts de l’univers moral, et le sentiment de l’amour de soi est la seule base sur laquelle on puisse jeter les fondements d’une morale utile… Quel autre motif que l’intérêt personnel pourrait déterminer un homme à des actions généreuses ? […] » L’homme est libre, capable de choisir entre deux actions, partant créateur de ses actes ; il est donc une cause originale et première, « une substance immatérielle », distincte du corps, une âme que le corps gêne et qui peut survivre au corps Cette âme immortelle engagée dans la chair a pour voix la conscience. « Conscience ! […] La tragédie, qu’on dit morale, dépense en effusions fausses le peu de vertu qui nous reste encore. « Quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables, qu’a-t-on encore à exiger de lui ?
Certes, M. de Presles est inexcusable d’avoir fait un pareil trou à sa lune de miel, après trois mois de mariage à peine écoulés ; mais le Poirier abuse si cruellement de sa faute, mais il commet une action si vile en brisant ce sceau d’une lettre aussi inviolable à tout homme d’honneur que la serrure d’un coffre-fort, qu’aux yeux du public, c’est encore lui qui encourt toute l’indignation et tout le mépris de cette scène. […] Vous le voyez, ce qui manque à cette comédie, c’est la fermeté de l’idée, la logique de l’action, le parti pris de sa morale. […] Des actions véreuses, des valeurs de pacotille, des paperasses illisibles de procès suspects ne suffisent pas, au théâtre, pour diffamer un caractère à ce point. […] Au troisième acte, l’action s’embrouille et se brusque : Olympe a pris son parti, elle veut de l’argent et sa liberté. […] Si quelque chose pouvait couvrir les lacunes et les indigences de l’action, ce serait cette profusion de mots fins, nets, ciselés, sonores, d’excellent aloi pour la plupart, et marqués au coin de l’élégance attique.
Ce mot qui vient du latin, signifie proprement l’action de glaner, glanage.
PRIVAT DE FONTANILLES, né à Tarascon, publia, en 1750, un Poëme Epique en dix Chants, sous le nom de Malthe ou l’Isle Adam, dont la Religion est l’action principale.