A travers le chimérique de l’action, le vague et l’exalté des caractères, on y peut relever quelques tableaux de nature qui rappelaient alors les touches encore récentes de Bernardin de Saint-Pierre, et qui supposaient le voisinage prochain de Chateaubriand et d’Oberman.
Songez que les pyramides d’Égypte, rigoureusement orientées, précèdent toutes les époques certaines de l’histoire ; que les arts sont des frères qui ne peuvent vivre et briller qu’ensemble ; que la nation qui a pu créer des couleurs capables de résister à l’action libre de l’air pendant trente siècles, soulever à une hauteur de six cents pieds des masses qui braveraient toute notre mécanique, sculpter sur le granit des oiseaux dont un voyageur moderne a pu reconnaître toutes les espèces ; que cette nation, dis-je, était nécessairement tout aussi éminente dans les autres arts, et savait même nécessairement une foule de choses que nous ne savons pas.
Dans une société républicaine par accident, monarchique par nature, entourée d’ennemis, dès lors militaire, ne pouvant se gouverner et se défendre sans unité d’action, le général Bonaparte avait raison d’aspirer au pouvoir suprême, n’importe sous quel titre.
Mon père fit plus, il fut pour moi un gouverneur vigilant, incorruptible ; il ne me perdait point de vue, m’accompagnait chez mes professeurs, et non seulement il sut me garantir de toute action capable de flétrir en moi la première fleur de la vertu, mais le soupçon même du vice n’approcha jamais de moi.
Pas une goutte de sang, pas un crime contre la propriété, pas une ruine dans nos colonies n’attrista cette belle action de la patrie.
La situation complexe de la cour de Naples, les conseils secrets où nous fûmes appelés et les négociations confidentielles avec les chefs de partis et avec les membres les plus influents du parlement, rendaient notre action très intéressante, quelquefois périlleuse et dramatique.
Oui, c’est ainsi que le critique parle de ce livre, la meilleure et la plus courageuse action de notre vie, ce livre qui ne fait si bas le bas des lettres que pour en faire le haut, plus haut et plus digne de respect.
Il a, sans doute, donné au père de Calendal les traits de ce digne vieillard, qui, « fidèle aux anciens usages, célébrait avec pompe la fête de Noël, et lorsqu’il avait pieusement béni la bûche, nous parlait des ancêtres, louait leurs actions et priait pour eux15. » Voici cette belle scène : « Quand les rafales de l’équinoxe bouleversent l’onde salée, que les ais des nacelles, retirées sur la plage, se disjoignent, et qu’il ne reste qu’à s’enfermer chez soi, jusqu’à ce que le beau temps se relève, jeunes et vieux, autour du foyer scintillant, nous tenions la veillée : ma mère, avec un fil travaillé de sa main, rentrayait les déchirures des voiles et des rets, des rets qui par un clou pendaient au mur, nous, les enfants, dessus, dessous, tirant, poussant l’aiguille, nous raccommodions les mailles rompues. […] Nous respirions à pleine poitrine ces arômes silvestres, ce grand air embaumé par les sapins et les chênes, qui circulait par tout le livre, nous perdions un peu de temps à cueillir des fleurettes champêtres et de sauvages coquelicots, ou du moins, nous ne le perdions pas, car, cependant, l’action marchait toute seule ; et le décor, envahissant le premier plan, ne gênait point le mouvement des personnages de cette idylle, qui nous charmait et nous ensorcelait, comme les yeux verts d’une ondine. […] II Le premier de ces charmes secondaires qui n’est pas l’action, tout en s’y rattachant aussi intimement qu’il est possible, c’est le style. […] Sa tentation vous assiège sans vous damner ; vous maudissez l’action criminelle par l’évocation même du forfait-cauchemar et vous allez dans le rendu de vos idées jusqu’à faire grincer la corde !
France croit tout simplement que ce fut « une sainte », que toute son action fut morale, que son seul art fut de réveiller les courages ou de les confirmer par la confiance et par la foi, et que du reste, de science stratégique, intuitive ou acquise, elle n’en avait, quoi qu’on en ait dit, aucune. […] Ce qui est tout à l’honneur de Michelet, c’est que celui-ci fut beaucoup plus dévoué à Quinet dans l’action que dans l’admiration. […] Le « Gascon », et je n’ai pas besoin de dire que ce mot est une désignation psychologique et non géographique, qu’il y a des Gascons qui sont du Nord et des Gascons qui sont du Midi ; le Gascon n’est pas un menteur : c’est un homme d’action qui n’a pas eu l’occasion d’agir et qui vous dit, comme l’ayant fait, tout ce qu’il était capable de faire, et tout ce qu’il a fait vraiment, puisqu’il pouvait le faire. […] Elle est la même en son fond ; elle est une histoire qui aurait pu arriver, et une action dont le narrateur était capable. […] Elle méprisait la peinture de genre ; et sans aller, comme ce furibond de Wicar, jusqu’à demander pour eux la guillotine, elle répondait aux peintres de genre et aux peintres de fleurs qui sollicitaient leur part des travaux commandés par la Convention, « qu’ils étaient des artistes de pure fantaisie et que les encouragements de la nation ne devaient être réservés qu’à ceux qui, par leur crayon et les sujets qu’ils représentent, peuvent affirmer notre Révolution en propageant les belles actions et les vertus ».
mais, avant d’écrire, où ont-ils trouvé, en pleine action, le loisir et la tranquillité de regarder, de savoir ce qu’ils avaient vu et de transformer en tableaux les divers aspects de la menace et de la mort ? […] Il y a, loin du champ de bataille, une torture morale que ne connaissent pas ceux qui ont l’âpre soutien de l’action… » 28 septembre : « Puisqu’il faut attendre encore et endurer le tourment de l’interminable bataille… » 30 septembre : « Je voudrais parler de la bataille. […] De sorte que la science et les principes de la science nous engagent à ne point isoler de « l’action » la vérité. […] Mais ni Chateaubriand ni Montaigne ne sont des hommes d’action. L’homme d’action préfère à lui-même son acte.
Là, des événements soutiennent l’action : successivement frappent à la porte l’homme avec l’eau, l’homme avec le linge, l’homme avec le cercueil ; ici, rien ne se passe : à côté de la chambre où la mère agonise, les enfants et le père échangent des propos d’une parfaite banalité et l’atmosphère si impressionnante doit infiniment moins à la forme plastique du drame qu’à la vie intérieure des personnages. […] Aussi bien se rapprochent-elles de la tradition française, Monna Vanna surtout, par le développement plus limpide de l’action, par la forme plus classique. […] Dans Étude de jeune fille, Les Racines, L’Eau et le Vin, point de personnages agités, point d’actions orageuses, mais des atmosphères qui enveloppent et laissent rêveurs.
Il faut se dire, pour s’expliquer ce peu de succès personnel, à une époque déjà si raffinée de la société, que Racine était sans doute, de sa personne, bien bourgeois, bien auteur, bien rangé dans sa classe par ses habitudes, bien peu en rapport avec les tendresses touchantes que son talent mettait en action sur la scène.
Mais le dictateur et ses quelques séides veulent ainsi se constituer une influence, exercer une action, se faire solliciter par les éditeurs et les auteurs, dont certains sont puissants, bref se pousser dans le monde, eux écrivains de profession, ou soi-disant tels, sans se donner le mal d’écrire une page.
Cette disposition somnolente et rêveuse de l’Allemagne la rend prompte à l’idée, lente à l’action ; penser lui suffit, peu lui importe de conclure, encore moins d’agir ; aussi la lenteur un peu lourde de l’Allemagne est-elle passée en proverbe.
L’esprit français ne s’accommode pas de cette suspension d’une action qui s’arrête à un soleil et reprend à l’autre.
« Ce qu’il y a de plus admirable dans l’ordre universel des choses, c’est l’action libre des êtres libres sous la main divine.
Je conçus et jetai sur le papier le plan de six comédies à la fois. » XVI À quarante-neuf ans il semble revenir à une seconde enfance, se sentant vieilli à l’époque où les hommes d’action se sentent jeunes.