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229. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

L’incurie politique, l’impiété religieuse, l’amour léger, la plaisanterie badine, la licence, la grâce, la poésie, la table, étaient les délices et les célébrités des deux époques ; il y avait plus de talent dans cette société du Temple de Rome, plus de débauche dans celle de Paris ; Horace et Virgile naissaient dans la première, Voltaire dans la seconde ; d’Horace à La Fare, de Virgile à Voltaire, on peut mesurer la distance, mais dans les mœurs et dans les plaisirs parfaite analogie. […] Les discours en vers de Voltaire sont ce qui ressemble le plus, dans nos littératures modernes, aux épîtres du poète latin : une morale prodigue de préceptes merveilleusement alignés dans ces vers faciles, et des retours personnels sur sa propre vie privée qui font le charme des confidences poétiques. […] Souvenez-vous de Voltaire saluant le lac Léman du haut de la terrasse de Ferney : vous retrouverez dans ce salut poétique la belle description d’Horace à Quinctius. […] » XXI Cette épître d’Horace est un poème à propos de tout, mille fois supérieur aux épîtres de Boileau à Louis XIV ou aux épîtres de Voltaire à Frédéric. […] Les soupers de Frédéric avec Voltaire et ses amis à Sans-Souci, ce Tibur soldatesque de la Prusse, donnaient une idée assez exacte des soupers d’Auguste, où Mécène, Pollion, Virgile et Tibulle soupaient avec le maître du monde.

230. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Quand il arrive à Voltaire, « auquel l’histoire de l’ironie s’arrête, car on a atteint le sommet », vous jugez s’il énumère de nouveaux meurtres. Il parle de Jeanne d’Arc, de la Pucelle, un tort de Voltaire assurément, mais qu’à la fin on exagère avec trop d’enflure. […] Le plus clair, en définitive, c’est que M. de Laprade a peur qu’on ne rie, qu’on ne plaisante, qu’on ne crée de nouveaux fils à Voltaire. […] Il ne faut, en tout cas, chercher dans ce fade volume aucune trace d’enjouement ni de sel ; il n’y a pas le plus petit mot pour rire, pas le plus petit grain de Voltaire.

231. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Les détails dans lesquels veut bien entrer Votre Altesse Sérénissime ne laissent rien à désirer du côté de leur justesse, et de la netteté avec laquelle ils sont rendus… » Le roi, nous dit Voltaire, voulait la bataille. […] Voltaire, pressé par la duchesse du Maine qui y avait ses fils et qui lui demandait de célébrer Lawfeld comme il avait chanté Fontenoy, ne le fit pourtant qu’à son corps défendant et dans une mince Épître : il prétexta la dureté des noms, les deux Nèthes, Ilelderen ou Herderen, Rosmal ou Rosmaer : La gloire parle, et Louis me réveille : Le nom du roi charme toujours l’oreille ; Mais que Lawfeld est rude à prononcer ! […] Un beau mouvement toutefois, et digne de Voltaire quand il est éloquent, y salue ces nobles blessés, le comte de Lautrec, le marquis de Ségur, mutilé d’un bras : Anges des cieux, Puissances immortelles Qui présidez à nos jours passagers, Sauvez Lautrec au milieu des dangers ; Mettez Ségur à l’ombre de vos ailes. Déjà Raucoux vit déchirer son flanc… Quant au comte de Clermont, qui n’est désigné qu’en courant par Voltaire, il le prenait sur un ton plus prosaïque, bien qu’avec son genre de verve, à lui.

232. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Mais indépendamment des circonstances particulières qui favorisèrent le premier succès, et sur lesquelles nous reviendrons, il faut reconnaître que Racine a su tirer d’un sujet si simple une pièce d’un intérêt durable, puisque toutes les fois, dit Voltaire, qu’il s’est rencontré un acteur et une actrice dignes de ces rôles de Titus et de Bérénice, le public a retrouvé les applaudissements et les larmes. Du moins cela se passa ainsi jusqu’aux années de Voltaire. […] Le prestige dont parle Voltaire avait cessé, et Geoffroy, qui a le langage un peu cru, nous dit : « Il est constant que Bérénice n’a point fait pleurer à cette représentation, mais qu’elle a fait bâiller ; toutes les dissertations littéraires ne sauraient détruire un fait aussi notoire. » Talma pourtant goûtait ce rôle d’Antiochus ou celui de Titus, tel qu’il le concevait, et il en disait, ainsi que de Nicomède, que c’étaient de ces rôles à jouer deux fois par an, donnant à entendre par là que ce ton modéré, et assez loin du haut tragique, détend et repose32. […] Voltaire, avec son tact rapide, a très-bien indiqué la plus essentielle et la plus voisine de l’inspiration première

233. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

On sait assez que le théâtre devint pour Voltaire une [tribune publique du haut de laquelle il attaquait ses adversaires et prêchait des idées neuves. […] Le roman à thèse a été une arme des plus redoutables entre les mains de Voltaire ou de George Sand. […] Voltaire s’écrie quelque part : « Qu’est-ce qu’une pièce qui ne fait pas pleurer ?  […] Lisez encore ces romans où l’auteur nous transporte dans une société qui n’a jamais existé, comme a fait Voltaire en nous décrivant le merveilleux pays d’Eldorado, ou comme font de nos jours les frères Rosny en nous introduisant dans les profondeurs de la terre7, dans la région des cavernes mystérieuses, des pâturages blancs, des grandes chauves-souris aux ailes de neige.

234. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Au xviiie  siècle, Voltaire et Condorcet s’emparèrent de quelques-unes de ces Pensées de Pascal comme, à la guerre, on tâche de profiter de quelques mouvements trop avancés d’un général ennemi audacieux et téméraire. […] Havet, sur un seul point, et montrer comment, malgré tous les changements survenus dans le monde et dans les idées, malgré la répugnance que causent de plus en plus certaines vues particulières à l’auteur des Pensées, nous sommes aujourd’hui dans une meilleure position pour sympathiser avec Pascal qu’on ne l’était du temps de Voltaire ; comment ce qui scandalisait Voltaire dans Pascal nous scandalise moins que les belles et cordiales parties, qui sont tout à côté, ne nous touchent et ne nous ravissent. […] On peut rester incrédule après avoir lu Pascal, mais il n’est plus permis de railler ni de blasphémer ; et, en ce sens, il reste vrai qu’il a vaincu par un côté l’esprit du xviiie  siècle et de Voltaire.

235. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Alors, dans la vaste unité de la prose française, se distinguent sans confusion possible le style de Montesquieu, le style de Voltaire, les styles de Buffon, de Diderot, de Jean Jacques, de Condorcet, aussi dissemblables entre eux que des arbres d’espèce diverse dans une même forêt. […] Bersot : « Notre langue est bien française… elle mérite bien qu’on la recommande à ceux qui la parlent pour qu’ils l’aiment, la respectent et en soient fiers devant l’étranger… Elle est ce que l’écrivain la fait, ou plutôt elle est ce qu’il est, s’empreint de son génie et de sa passion ; elle est à la fois langue de Racine et de Corneille, de La Rochefoucauld et de La Fontaine, de Voltaire, de Rousseau, de Sévigné, de Fénelon, de Pascal, de Bossuet, ne résistant qu’à ceux qui risquent d’altérer sa clarté ou qui prétendent forcer son incomparable justesse. […] Il n’est pas de moment plus captivant pour l’historien et le penseur que ces années d’étincelante polémique et de propagande au grand jour, où la reconnaissance du genre humain saluait avec une ferveur enthousiaste ceux qui faisaient ainsi resplendir la France sur l’univers, Montesquieu, cette clarté, Rousseau, cet orage, Diderot, cette flamme, Voltaire, cette lumière ! Actuellement la France de Rabelais et de Pascal, de Molière et de Montesquieu, de Bossuet et de Voltaire, n’est pas descendue de ce piédestal où pendant trois siècles toutes les nations l’ont honorée comme la grande statue exemplaire !

236. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béranger, Pierre-Jean de (1780-1857) »

Proudhon Béranger appartient à la Révolution, sans nul doute ; il vit de sa vie ; ses chansons, comme les fables de La Fontaine, les comédies de Molière et les contes de Voltaire, ont conquis, parmi le peuple et les hautes classes, une égale célébrité. […] Loin de là ; son génie tenait trop de l’humeur de Franklin et de la verve courante de Voltaire pour être essentiellement un génie poétique.

237. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Quant à Voltaire, meneur infatigable, d’une aptitude d’action si merveilleuse, et philosophe pratique en ce sens, il s’inquiéta peu de construire ou même d’embrasser toute la théorie métaphysique d’alors ; il se tenait au plus clair, il courait au plus pressé, il visait au plus droit, ne perdant aucun de ses coups, harcelant de loin les hommes et les dieux, comme un Parthe, sous ses flèches sifflantes. […] La faculté philosophique du siècle avait donc besoin, pour s’individualiser en un génie, d’une tête à conception plus patiente et plus sérieuse que Voltaire, d’un cerveau moins étroit et moins effilé que Condillac ; il lui fallait plus d’abondance, de source vive et d’élévation solide que dans Buffon, plus d’ampleur et de décision fervente que chez d’Alembert, une sympathie enthousiaste pour les sciences, l’industrie et les arts, que Rousseau n’avait pas. […] Entre Voltaire, Buffon, Rousseau et d’Holbach, entre les chimistes et les beaux-esprits, entre les géomètres, les mécaniciens et les littérateurs, entre ces derniers et les artistes, sculpteurs ou peintres, entre les défenseurs du goût ancien et les novateurs comme Sedaine, Diderot fut un lien. […] Montesquieu par l’Esprit des Lois, Rousseau par l’Émile et la Contrat social, Buffon par l’Histoire naturelle, Voltaire par tout l’ensemble de ses travaux, ont rendu témoignage à cette loi sainte du génie, en vertu de laquelle il se consacre à l’avancement des hommes ; Diderot, quoi qu’on en ait dit légèrement, n’y a pas non plus manqué88. […] Voltaire seul comprit ce qui était et ce qui convenait, voulut tout ce qu’il fit et fit tout ce qu’il voulut.

238. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Lorsque vous verrez un homme, ou comme Bossuet, ou comme Voltaire, lorsque vous verrez un homme multiplier les écrits, multiplier les travaux, multiplier les ouvrages, soyez sûrs que c’est parce que chacun de ses ouvrages est un acte et parce que lui est avant tout un homme d’action. […] Mais comparez à Voltaire, à Bossuet, à Fénelon ! […] Ce n’est ni le labeur d’un Bossuet, ni celui d’un Voltaire, il s’en faut de quelque chose. […] C’est un faiseur de madrigaux exquis, que je placerai, à cet égard, entre le délicieux Benserade, que l’on ne connaît pas assez, et Voltaire (Voltaire, à ce point de vue). […] Or, ni Benserade, ni Voltaire, ne sont, comme vous le savez, des hommes profondément amoureux ni qui puissent jamais l’être.

239. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

vous pouvez prendre les plus spirituels parmi les plus spirituels quand l’esprit est aimable, vous pouvez prendre Hamilton, Rivarol et Voltaire lui-même, et vous n’aurez jamais rien de plus aimable que ce de Maistre qui parle si délicieusement des torts qu’on a envers lui avec ceux-là mêmes qui les ont ! […] Voltaire, Rivarol, Hamilton, ces vauriens brillants, auraient succombé, ils auraient emporté la nuance. […] L’auteur du fameux passage sur Voltaire et sur le bourreau !

240. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Pour mon compte, je ne la trouve intéressante, cette Correspondance, que parce qu’elle dépoétise et déshonore Sophie Arnould, le Voltaire femelle, pour l’esprit sur place, dont les de Goncourt font l’histoire comme si elle ne vivait pas assez dans les mots qu’elle a laissés derrière elle, puisqu’elle avait le don de ces étincelles qui ne s’éteignent pas, et qu’il fallût la chercher dans le détail, les misères et les turpitudes de sa vie ! […] Je n’y retrouve qu’épuisée, ramollie, finie, cette formidable Sophie Arnould qui faisait tout trembler devant son esprit, devant cette furie de mots coupants et vibrants que personne n’eut au même degré qu’elle, dans un temps où l’esprit dominait le génie et où les hommes de génie étaient encore plus des hommes d’esprit, comme Voltaire et Montesquieu… Allez ! […] De cela seul qu’ils étaient hommes de lettres, Voltaire, le prince de Ligne, Rivarol et Chamfort, ont pu sauvegarder beaucoup de leur esprit, puissancialisé par la causerie et qu’ils ont jeté dans leurs livres.

241. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Il résiste à la séduction de Voltaire. Bossuet, Voltaire, Cousin, dit-il en d’autres termes, ont accommodé le xviie  siècle, et lui ont frisé, l’un après l’autre, cette majestueuse perruque par laquelle il fait illusion ; mais ils n’ont pas empêché qu’il soit, en bien des parties, « une des plus déplorables, une des plus calamiteuses périodes de notre histoire ». […] Les mœurs adoucies, restées longtemps féroces et insolentes (voir l’histoire de Vardes et de Bussy, pages 61 et 69), l’état moral, la corruption de la justice et celle des femmes, — qui n’ont rien d’ailleurs de commun avec la justice, — la désorganisation du clergé, telle que la plupart des prêtres ne savaient plus la formule de l’absolution et que saint Vincent de Paul raconte que, seulement à Saint-Germain, il a vu huit prêtres dire la messe de huit façons différentes, tous ces honteux et dégradants côtés du xviie  siècle sont arrachés ici aux solennelles draperies dont Bossuet, Voltaire et Cousin ont couvert successivement une époque qui n’a eu — ainsi que je l’ai dit plus haut — toute sa force et toute sa beauté que sous la toute-puissante compression de la main de Louis XIV, — de ce Louis XIV qui pouvait également dire : « L’État, c’est moi !

242. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Un autre jour, Voltaire, qui fut bien tout le temps qu’il vécut le diable de la vanité en tournée sur la terre, écrivit son Commentaire sur la Henriade, et le fourra sous le nom de son secrétaire Wagnière, parce qu’il s’y disait des choses très agréablement fortes, et que, selon Bridoison, on ne s’en dit pas à… à… à… soi-même ! Mais Victor Hugo, supérieur à Voltaire et à Sully, a trouvé mieux que Sully et Voltaire pour se dire à soi-même les choses qu’on ne se dit pas.

243. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Par exemple, dénier que Voltaire et Montesquieu aient donné le ton à leur siècle, c’est une absurdité ; cependant, au total, il me paraît qu’il (le journaliste) vous loue honnêtement, et dans le second extrait il dit qu’il ne connaît pas de meilleur livre depuis La Bruyère. […] Il poursuit ses raisonnements au sujet de la perte de sa bibliothèque, et démontre par des applications sa pensée : « À mesure que l’esprit humain avance, une multitude d’ouvrages disparaît. » Le président estime que nous n’avions pas en France, à sa date, de bons historiens : Un historien ne peut avoir de gloire durable que lorsqu’il approfondit la moralité de l’homme, et développe avec sagacité et impartialité les modifications que lui ont fait subir les institutions civiles et religieuses : alors il devient intéressant pour toutes les nations et pour tous les siècles… Ce n’est pas dans nos histoires qu’on apprend à connaître les Français, mais dans un petit nombre de mémoires particuliers, et je maintiens que l’homme qui a lu attentivement Mme de Sévigné est plus instruit des mœurs du siècle de Louis XIV et de la Cour de ce monarque, que celui qui a lu cent volumes d’histoire de ce temps, et même le célèbre ouvrage de Voltaire. […] Il prédit, il dessine à l’avance un futur rival romantique de Racine et de Corneille ; nous aussi nous le croyons possible, mais nous l’attendons toujours : Les tragédies de Corneille, de Racine, de Voltaire (en nommant Voltaire à côté des précédents, il paie tribut au siècle) semblent devoir durer éternellement ; mais si un homme de génie donnait plus de mouvement à ses drames, s’il agrandissait la scène, mettait en action la plupart des choses qui ne sont qu’en récit, s’il cessait de s’assujettir à l’unité de lieu, ce qui ne serait pas aussi choquant que cela paraît devoir l’être, ces hommes auraient un jour dans cet auteur un rival dangereux pour leur gloire. […] Il en doit être un jour des honneurs et de la gloire, comme de la demande des auteurs à la fin d’une pièce ; le flatteur empressement avait enivré Voltaire, et les Poinsinet y devinrent insensibles.

244. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Elle l’avait pour amant déjà, depuis quelques années, et n’en faisait point mystère : on a des couplets d’elle, où elle s’en vante à la face de la première duchesse de Luxembourg, laquelle avait pour ami de son côté Pont-de-Veyle, de même que Mme du Châtelet avait Voltaire. […] Un jour qu’elle avait écrit à Voltaire une longue lettre à l’occasion de sa tragédie d’Oreste, il paraît qu’elle avait écrit Èlectre avec deux t, et Voltaire, pour toutes raisons, lui aurait répondu : « Madame la duchesse, Èlectre ne s’écrit pas par deux t. » On a raconté diversement l’historiette, et selon d’autres, c’était le nom d’Oreste qui aurait été mal orthographié, et Voltaire aurait répondu : « Madame la duchesse, on n’écrit pas Oreste par un h. […] Dans le temps où Rousseau aigri accusait tout bas Mme de Luxembourg d’avoir changé à son égard, elle recevait de Voltaire, offensé de la protection qu’elle continuait d’accorder à son rival, une lettre jalouse.

245. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Tout ceci nous mène à expliquer et à excuser dans notre illustre poëte ces singulières dédicaces à Richelieu, à Montauron, à Mazarin, à Fouquet, qui ont si mal à propos scandalisé Voltaire, et que M.  […] Voltaire, dans son commentaire, a montré sur ce point comme sur d’autres une souveraine injustice et une assez grande ignorance des vraies origines de notre langue. […] Voltaire a osé dire de cette belle épître : « Elle paraît écrite entièrement dans le style de Régnier, sans grâce, sans finesse, sans élégance, sans imagination ; mais on y voit de la facilité et de la naïveté. » Prusias, en parlant de son fils Nicomède que les victoires ont exalté, s’écrie : Il ne veut plus dépendre, et croit que ses conquêtes Au-dessus de son bras ne laissent point de têtes. Voltaire met en note : « Des têtes au-dessus des bras, il n’était plus permis d’écrire ainsi en 1657. » Il serait certes piquant de lire quelques pages de Saint-Simon qu’aurait commentées Voltaire.

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