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1634. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Et puis, faisant ensuite sur nous la même opération que sur le sujet étudié, afin de bien nous convaincre qu’il n’était pas une exception, un phénomène, ou encore un écorché d’Auzoux enrichi de fibres artificielles pour les besoins du roman, nous voici soumis à une assez redoutable épreuve. […] Bourget n’a pas étudié ici un cas exceptionnel, unique, comme dans Crime d’amour, vous devez bien penser qu’il a choisi un cas tout au moins rare. […] Pour avoir gravi, afin d’étudier le demi-monde, les modestes hauteurs du quartier Bréda, qu’il ne se croie pas de force à escalader le Sinaï afin d’y converser de plain-pied avec Moïse ! […] que n’ai-je étudié, et la belle chose que de savoir toutes ces choses ! 

1635. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Mais, si on nous demande ce qui restera des arts, de la musique, de la peinture, et particulièrement de cet art qui réunit en lui tous les autres et qui mérite d’être étudié à part, la poésie, nous croyons qu’on peut répondre hardiment : — tout, — du moins tout ce qu’il y a de meilleur, de profond et, encore une fois, de sérieux. […] Nous avons étudié isolément cet organisme délicat ; il nous reste pour ainsi dire à l’étudier en société avec d’autres organismes semblables. […] Quant à La Fontaine, par une étrange rencontre, c’est M. de Banville qui a le mieux caractérisé un jour ses rimes prétendues négligées en disant : « Il a fait de la rime, non pas un grelot sonore et toujours le même, mais une note variée à l’infini, dont le chant augmente d’éclat et d’intensité selon ce qu’elle doit peindre et selon l’effet qu’elle doit produire62. » La préoccupation exclusive de la rime sonore, érigée en principe par tous les disciples du romantisme, a sur le poète une influence psychologique qu’il est curieux d’étudier ; elle produit sur son esprit plusieurs effets distincts, que nous analyserons successivement.

1636. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

C’est bien Alfred de Vigny dans un salon, à vingt-cinq ans ; le poète s’adresse en idée aux belles danseuses : Dansez, et couronnez de fleurs vos fronts d’albâtre Liez au blanc muguet l’hyacinthe bleuâtre, Et que vos pas moelleux, délices de l’amant, Sur le chêne poli glissent légèrement ; Dansez, car dès demain vos mères exigeantes A vos jeunes travaux vous diront négligentes ; L’aiguille détestée aura fui de vos doigts, Ou, de la mélodie interrompant les lois, Sur l’instrument mobile, harmonieux ivoire, Vos mains auront perdu la touche blanche et noire ; Demain, sous l’humble habit du jour laborieux, Un livre, sans plaisir, fatiguera vos yeux… Que ceux qui tiennent à étudier les nuances poétiques et les progressions fugitives du goût relisent tout le morceau ; ils y verront, dans le plus gracieux exemple, cette poésie choisie, élégante, mais de transition, qui cherchait à s’insinuer dans la vie, dans les sentiments et les mœurs du jour, en évitant toutefois le mot propre : poésie des Soumet, des Pichald, des Guiraud, de ceux qui louvoyaient encore.

1637. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Jules Levallois, ce critique consciencieux et élevé, qui a de plus enrichi les volumes d’une Introduction d’une cinquantaine de pages, écrite d’un style ferme et pleine de vues étudiées et originales.

1638. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Un homme de goût, qui dans sa jeunesse put étudier de près ce que de loin on confond, me fait remarquer que chez Saint-Lambert, au milieu de la roideur et de la monotonie qui nous choquent aujourd’hui, on saisirait un amour des champs, un sentiment de la nature tout autrement vrai que chez Delille.

1639. (1929) Dialogues critiques

Paul Je vous avoue que je n’en sais rien, et que je n’ai guère étudié la question.

1640. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Elle doute, elle se demande si elle a suffisamment cultivé son goût par l’étude et la comparaison des beautés de l’espèce dont il s’agit312 ; puis elle étudie, elle compare, et attend d’avoir mieux compris.

1641. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

À l’âge de dix ans, son père le mena à Vaucluse ; ces rochers, ces abîmes, ces eaux, cette solitude, frappèrent son imagination d’un tel charme, que son âme s’attacha du premier regard à ces lieux, avec lesquels il a associé son nom, et que Vaucluse devint le rêve de son enfance ; il étudia tour à tour à Montpellier, à Bologne, sous les maîtres toscans ; il négligea bientôt toutes ses études pour la poésie qui était née avec lui de l’amitié de son père avec Dante.

1642. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

On le força à étudier la médecine, pour l’exercer à la pratiquer ensuite, à l’exemple de son père, dans quelque régiment du prince de Wurtemberg ; mais sa nature, quoique souple, échappait par l’imagination à cette tyrannie de l’école.

1643. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Mathieu de Montmorency et le duc de Laval dorment dans une terre jonchée des débris du trône qu’ils ont tant aimé ; le sauvage Sainte-Beuve écrit, dans une retraite de faubourg qu’il a refermée jeune sur lui, des critiques quelquefois amères d’humeur, toujours étincelantes de bile, splendida bilis (Horace) ; il étudie l’envers des événements et des hommes, en se moquant souvent de l’endroit, et il n’a pas toujours tort, car dans la vie humaine l’endroit est le côté des hommes, l’envers est le côté de Dieu.

1644. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

C’est un phénomène qu’on n’a pas assez étudié, et qui ne s’explique, selon nous, que par deux causes : d’abord la prodigieuse fécondité morale de la race italienne ; ensuite la sève nouvelle, vigoureuse, étrange, que les lettres grecques et latines, renaissantes et greffées sur la chevalerie chrétienne, donnèrent à cette époque à l’esprit humain en Italie.

1645. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

III Mais, d’abord, étudions la scène où cette âme d’élite fut jetée en naissant, et le site obscur qui servit de cadre à sa courte vie.

1646. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

« En attendant, je vivais en tout et partout inconnu à moi-même, ne me croyant aucune capacité pour quoi que ce fût au monde, ne me sentant de vocation décidée que pour cette mélancolie continuelle, ne goûtant ni paix ni repos, et ne sachant jamais bien ce que je désirais : j’obéissais aveuglément à ma nature sans la connaître ni l’étudier en rien.

1647. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Le roi de Suède, Gustave III, visitait alors l’Italie, et, bien qu’il voyageât sous le nom du comte de Haga, c’est-à-dire incognito, sans pompe, sans bruit, occupé seulement d’étudier les monuments et les musées, il se mêla cependant, comme tout le monde, des affaires de la comtesse d’Albany.

1648. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

C’est dans ce lieu que, pour la première fois, je vis, sous son vrai jour, toute la force de la tendresse paternelle chez les oiseaux ; c’est là que j’étudiai les mœurs du pewee ; c’est là que j’appris, de manière à ne plus l’oublier, que détruire le nid d’un oiseau ou lui arracher ses œufs et ses petits, c’est un acte d’une grande cruauté.

1649. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Pour moi, qui ai passé ma vie à étudier cette époque de notre littérature, je pense que cette campagne contre le début de notre xixe  siècle est mal fondée, et dangereuse.

1650. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ce qu’on étudie avec cette persévérance et cette suite, ce ne sont ni les mœurs d’une époque ni l’homme d’un jour, c’est le cœur humain.

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