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636. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Il en est d’autres encore, tels que celui des écrivains mercantiles, des auteurs de contes pour les enfants, des feuilletonistes écrivant pour une classe définie de la société, des peintres et des musiciens soucieux de plaire au public plus qu’à eux-mêmes, en un mot des artistes qui emploient certains moyens ou certains effets, non pas d’instinct, mais volontairement, et dans un but étranger à l’art ; il sera facile de se tirer d’affaire pour les œuvres de cette sorte, en considérant qu’elles n’intéressent que par la personnalité qu’elles affectent de manifester et qu’il sera toujours facile de distinguer. […] La réponse à ce problème donnera, avec une vraisemblance considérable, une notion exacte, complète et définie de l’âme de l’artiste que l’on veut connaître, prise en pleine existence, en pleine activité, dans l’exercice même de ses facultés, saisie eu son ensemble avec tout ce qu’y auront déposé l’hérédité, l’éducation, le milieu, les hasards de la carrière, l’imitation, figurée en un mot, non pas comme une abstraction factice et après soustraction de certains éléments qu’on aurait tort de prétendre étrangers, mais en sa vie propre et dans l’ensemble des conditions qui l’ont constituée.

637. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Dostoïewski11 Depuis Poe, aucune œuvre étrangère n’a été accueillie en France, comme les romans de Dostoïewski, d’un étonnement admiratif. […] L’ivrognerie et le crime happent les affamés ; et Marmeladoff ayant, dans sa faiblesse, ruiné les siens et prostitué sa fille, a l’horrible et inconscient cynisme de parler, quand il implore la pitié d’étrangers, de la « propreté » qui est nécessaire à Sonia dans son métier : et c’est obsédé par la pauvreté, craignant pour sa sœur et l’âme blessée de l’amer orgueil des privations, que Raskolnikoff conçoit et résout un misérable crime.

638. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Et si cet homme ne fait que traverser la forêt, mais surtout s’il apporte avec lui une émotion étrangère qui partage son attention, son regard en sera changé et sa vision ne sera plus la même. […] Que les autres, ceux qui sont jeunes, attendent la leçon commune ; qu’ils vivent d’abord, qu’ils laissent de côté le roman comme une œuvre pour eux vide de sens, écrite dans une langue étrangère.

639. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Longchamp et Wagnière mêlant leurs impertinentes affaires à celles de leur maître, l’un regrettant les bals, la bonne chère, et ce qu’il appelle l’aurore de sa vie, l’autre sollicitant votre indignation contre les héritiers de Voltaire, qui pourtant lui sont, dit-il, aussi étrangers que le grand Turc , et tous deux vous initiant, bon gré, mal gré, aux tracasseries subalternes et au commérage ignoble de madame Denis.

640. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Il faut vaincre le découragement que font éprouver de certaines époques de l’esprit public, dans lesquelles on ne juge plus rien que par des craintes ou par des calculs entièrement étrangers à l’immuable nature des idées philosophiques.

641. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Si j’ai bien compris l’auteur de Marfa, il voudrait qu’après la psychologie des personnes on tentât l’étude de ce qu’il y a en nous d’étranger et de supérieur à nous, des influences fatales dont nous n’avons pas clairement conscience et qui ne deviennent intelligibles qu’à la condition de les observer, non plus dans des individus isolés, mais dans des successions ou des groupes d’êtres humains.

642. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Sa philosophie, c’est-à-dire sa manière de concevoir la vie et d’expliquer ce monde, ne doit rien non plus aux étrangers.

643. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre III. Des moyens de trouver la formule générale d’une époque » pp. 121-124

Mais je crois qu’il est inutile et dangereux de porter dans cette étude des préoccupations étrangères à son objet propre ; je crois que les phénomènes littéraires sont assez intéressants et assez complexes en eux-mêmes pour que l’historien emploie et borne tous ses efforts à les débrouiller.

644. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Il retient prisonnière à Compiègne la reine-mère, et la force peu après à chercher un asile en terre, étrangère ; il exile ou fait arrêter les amis et les domestiques de cette reine proscrite et met Bassompierre à la Bastille, Il fait décapiter Henri de Montmorency.

645. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

Il lisoit les anciens Auteurs, mais c’étoit dans des Extraits infideles, qu’on lui avoit fournis des pays étrangers.

646. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Si l’on retranche cette joie, comme étrangère à l’acte même de la connaissance, voici le pur contemplatif privé de toute communication avec les objets de sa contemplation ; le voici supprimé lui-même comme sujet par cet effort suprême où il tente de convertir en objet de contemplation cette dernière passion qui l’animait encore en tant que sujet.

647. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

L’esthétique, où viennent se résumer les idées et les sentiments d’une époque, ne saurait demeurer étrangère à cette transformation des sciences et à cette prédominance croissante de l’idée sociale.

648. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Mon cœur frémissait de crainte qu’un étranger ne vînt surprendre ma foi par des paroles trompeuses…… Mais à présent j’ai une preuve manifeste de toi-même, par ce que tu viens de dire de notre couche : aucun autre homme que toi ne l’a visitée : elle n’est connue que de nous deux et d’une seule esclave, Actoris, que mon père me donna lorsque je vins en Ithaque, et qui garde les portes de notre chambre nuptiale.

649. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

Ici, c’est un tombeau, là, une aventure attendrissante, qui déterminent la limite d’un pays ; une ville nouvelle porte une appellation antique ; un ruisseau étranger prend le nom d’un fleuve de la patrie.

650. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IV. Les ailes dérobées »

» Ce vieillard était un yébem140 qui ne venait au marché que pour duper quelque étranger afin de l’emmener chez lui et de le manger.

651. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Littérature étrangère.

652. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

S’il fait cette comparaison, il ne verra certainement dans ce qu’on a écrit sur ces matières que des souvenirs confus, que les rêves d’une imagination déréglée ; la réflexion y est restée étrangère, par l’effet des deux vanités dont nous avons parlé (axiome 3).

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