Je vois bien là, au compte de cette année, le volume d’histoire de Michelet qu’il a intitulé Régence, et qui flamboie des qualités inextinguibles de cet écrivain de jeunesse éternelle ; mais, hélas !
Voilà une atmosphère où le goût de l’éternel est si vigoureux que nul sentiment médiocre, je veux dire de considération pour les choses passagères, ne saurait y être viable.
« Je me souviens du long silence où nous tombions lorsque, lieue après lieue, nous retrouvions toujours les têtes rondes des chênes, les files d’arbres étagées et la senteur de l’éternelle verdure. » Cependant, il suivait les cours d’une petite école dirigée par un M.
Moi-même, quand j’exhorterai ton épouse et ta fille à honorer ta mémoire, je leur dirai de se rappeler sans cesse et tes actions et tes discours, d’embrasser ta renommée, et, pour ainsi dire, ton âme, plutôt que de vaines statues ; non que je veuille défendre de reproduire sur le marbre ou l’airain les traits des grands hommes ; mais ces images sont mortelles, comme ce qu’elles représentent, au lieu que l’empreinte de l’âme est éternelle.
En effet c’est une loi éternelle que lorsque les hommes ne voient point la raison dans les choses humaines, ou que même ils les voient contraires à la raison, ils se reposent sur les conseils impénétrables de la Providence.
Bernardin de Saint-Pierre Le sentiment qu’on a de la nature physique extérieure et de tout le spectacle de la création appartient sans doute à une certaine organisation particulière et à une sensibilité individuelle ; mais il dépend aussi beaucoup de la manière générale d’envisager la nature et la création elle-même, de l’envisager comme création ou comme forme variable d’un fonds éternel ; d’apprécier sa condition par rapport au bien et au mal ; si elle est pleine de pièges pour l’homme, ou si elle n’est animée que d’attraits bienfaisants ; si elle est, sous la main d’une Providence vigilante, un voile transparent que l’esprit soulève, ou si elle est un abîme infini d’où nous sortons et où nous rentrerons. […] Grimm, le spirituel chargé d’affaires littéraires de huit souverains du Nord, avait beau écrire à ses patrons que l’ouvrage n’était qu’un long recueil d’églogues, d’hymnes et de madrigaux en l’honneur de la Providence, la vogue en cela se retrouvait d’accord avec la morale éternelle. […] Ce moment, s’il avait pu se prolonger, était particulièrement propice au déisme philosophique, aux vues et aux vœux politiques du solitaire : Louis XVI pour roi, Bailly pour maire, Bernardin de Saint-Pierre pour moraliste du fond de son Jardin-des-Plantes ; et Rabaut-Saint-Étienne pour historien, qui proclamait, comme on sait, la Révolution close et cette constitution de 91 éternelle.
À certains moments critiques de l’histoire, des hommes, sortant de leur petite vie étroite et routinière, ont saisi par une vue d’ensemble l’univers infini ; la face auguste de la nature éternelle s’est dévoilée tout d’un coup ; dans leur émotion sublime, il leur a semblé qu’ils apercevaient son principe ; du moins ils en ont aperçu quelques traits. […] Voltaire veut que ce rêve soit vrai, parce qu’autrement il ne peut expliquer le bel arrangement du monde et qu’une horloge suppose un horloger ; il faudrait d’abord prouver que le monde est une horloge et chercher si l’arrangement, tel quel, incomplet, qu’on y observe ne s’explique pas mieux par une supposition plus simple et plus conforme à l’expérience, celle d’une matière éternelle en qui le mouvement est éternel.
VI En quoi l’erreur, du le crime, ou la législation de la France sous Louis XV ou sous ses prédécesseurs, quand la QUESTION était un article stupide du code criminel du pays ; en quoi les immanités atroces de l’inquisition ; en quoi les crimes des rois, des prêtres, des sectes religieuses ; en quoi les souffrances du peuple de ces temps néfastes, ces souffrances aussi éternelles que la misère humaine, légitiment-elles les sévices que les prétendus vengeurs du peuple, en 1793, exercèrent contre d’autres classes de la société ? […] Les souffrances iniques qu’il fait subir à ses victimes les plus pures seront donc l’éternelle récrimination des classes l’une contre l’autre ? […] La société terroriste, toujours et partout, ne serait donc qu’une éternelle et réciproque extermination ?
Mais le duo parut devenir un trio, jusqu’à ce qu’il redevînt un duo par l’absence éternelle d’un des acteurs. […] Les sonnets sont vides d’amour, le lyrisme ou l’inspiration manquent totalement à cet homme, on n’en retiendra pas un vers ; c’est du pédantisme glacé, l’éternel hiver du cœur dont l’imagination de l’Italie ne fond pas même les neiges. […] J’avais plus qu’un autre cette curiosité ; vous devez l’avoir : voici son portrait à cinquante-cinq ans : Était-elle encore belle de cette beauté que les Laure de Pétrarque, les Léonora du Tasse, les Vittoria-Colonna de Michel-Ange, les Béatrice de Dante, les Fornarina de Raphaël, les Récamier de Chateaubriand, ont laissée dans l’éternel souvenir de la postérité ?
Viens ; mais conduis-moi dans la demeure éternelle : je ne puis aller que là. […] Oui, bientôt il fera jour ; mon dernier jour pénètre dans ce cachot ; il vient pour célébrer mes noces éternelles ; ne dis à personne que tu as vu Marguerite cette nuit. […] L’enthousiasme et la reconnaissance avaient rajeuni et embelli de l’éternelle beauté madame de Staël aux yeux de son amant.
Prenons courage : nos peines, nos douleurs ne sont que pour un temps limité par sa providence, et la récompense sera éternelle. […] Ma vie est comme une messe sur laquelle pèse un sort, un éternel Introibo ad altare Dei, et personne pour répondre : Ad Deum qui laetificat juventutem meam. […] Il s’agissait du problème éternel qui fait le fond du christianisme l’élection divine ; le tremblement où toute âme doit rester jusqu’à la dernière heure en ce qui regarde le salut.
L’érudition était pour lui une façon particulière de regarder l’éternelle vie jusque dans la réalité morte. […] Son jeune esprit s’initiait, en jouant, aux mystères d’une vérité qui serait insupportable, si sa laideur n’était masquée par le décor éternel des arbres et des fleurs. […] Par endroits, la paroi lisse et nue reçoit le soleil sur son miroir aveuglant ; mais ailleurs les pins, tordus par le vent du large, descendent jusqu’à la vague, qui mêle son inquiétude éternelle à leur éternel frisson. […] Ils l’enchantaient vraiment, « ces hommes empanachés, barbus comme le Père éternel, avec leur bicorne posé sur l’oreille et leur épée battant la rondeur du mollet. […] Il a pitié de l’éternelle détresse des navigateurs.
J’ai lu Melancholia, c’est la diatribe de tous les poètes, l’éternelle satire du dix-huitième siècle renouvelée avec le vocabulaire actuel. […] Balzac aura des continuateurs qui feront ce qu’il n’a pu faire, qui iront plus loin que lui et suivront en cela les lois éternelles du développement indéfini de la pensée humaine. […] Le vrai réaliste se soumet sans doute à la nature et à la nécessité, mais à la nature en tant que Tout, mais à la nécessité éternelle et absolue, et non à ses contraintes aveugles et momentanées. […] Ses éternelles limites le protègent, ses inépuisables ressources le sauvent dès qu’il fait abstraction complète de sa liberté. […] L’éternelle glorification du style et de l’idéal, mais qui devient ici une affaire de bonne compagnie ; M. de Laborde transportant dans l’appréciation des tableaux son mépris et ses répugnances d’homme du monde envers les petites gens, les gens communs.
Il dit, pour la première fois, le mot sur lequel reposera l’édifice de la religion éternelle. […] Et ce sera la lutte éternelle entre le rêve et la réalité, entre l’humanité qui veut conquérir l’infini et celle qui veut organiser la terre, entre la beauté des idées et la tyrannie des faits. […] Nous réfléchissons le temps et l’espace, et c’est précisément l’éternelle incertitude dont nous sommes enveloppés qui, à la fin, nous donne une consistance. […] Le devoir n’est rien s’il n’est sublime, et la vie devient une chose frivole si elle n’implique des relations éternelles ! […] Surtout, il développe un défaut déplorable, le défaut qui est par excellence celui des écrivains, comme il est l’éternel écueil des plus belles intelligences : l’orgueil.
Parfois je m’irrite, et parfois je sens une joie étrange d’être l’éternel débutant. […] Mais de Han Ryner… Par chance, ce familier des choses éternelles a l’éternité devant lui. […] Il plante ses souvenirs, le boulevard Voltaire, ses douces mortifications, et Léonie, et le triste pèlerin qui va, le dos courbé, le long des ruisseaux de Paris, pouir s’ébattre au milieu des êtres éternels et des soleils. […] Ils sont nés de l’effort de sa vie éternelle et sans repos. […] Il écrit des hymnes enthousiastes à Lénine, aux camarades de tous les pays, tels qu’en témoignent ses nouveaux recueils qui s’intitulent : A Tous, L’Eternelle Révolte.
L’éternelle question des races n’est même pas posée. […] cette vie est trop longue et le temps est ennuyeux, et le moment seul est éternel qui n’a aucune durée ! […] La fleur est trop cruelle, si elle est égoïste : c’est votre éternelle plainte. […] Il adore Pascal, ou l’homme en quête de la vie éternelle, l’âme à qui il faut un Dieu. […] Donnez à ma peine cruelle La pleine vision de la vie éternelle !
Plus « lettré », comme il dit, sans peut-être trouver davantage, il eût porté ses regards plus loin et se fût demandé si cet état des choses qui est celui de son temps, a bien ce caractère de loi éternelle et cette marque comme providentielle qu’il semble lui donner. […] C’est merveille comme, il ne faut pas dire dès sa seconde manière (on l’a dit), mais dès sa seconde pièce, il rompt avec les éternelles allégories et abstractions personnifiées du moyen âge. […] Rien donc qui doive étonner dans l’immense succès de Rabelais, et la dévotion si longue, peut-être éternelle des Français à son endroit. […] Est-ce là que se réfugiera voire éternelle illusion de vous croire capables de quelque chose ? […] Cela rappelle à l’humilité, que vous avez connue, que vous avez estimée, dont vous avez fait, le plus grand cas, et dont vous avez eu l’éternel souci, surtout s’il faut tout dire, pour la recommander aux autres.