Telle fut l’apparition du chantre de la Thrace aux enfers, au moment où ses accents rompirent le silence éternel, et percèrent la nuit du Tartare.
Modernes envieux de vos contemporains, jusqu’à quand vous acharnerez-vous à les rabaisser par vos éternelles comparaisons avec les Anciens ?
— Tu vois bien… nous ne savons rien, nous autres… Nous sommes voués à l’éternelle ignorance… Ici, c’est le royaume des ténèbres. […] C’est l’histoire éternelle. […] Et l’on a bien vite fait de revenir aux alcôves adultères, où l’amour bêle sa complainte éternelle. […] C’est parce qu’il est un des meilleurs agents de la gouvernable ignorance, un des moyens les plus sûrs de retenir un peuple dans l’abrutissement éternel. […] Et elle va, sans cesse, des ténèbres à la lumière, de la clarté qui la tue à l’ombre où elle s’affole, dans un vol éternel de douleur.
La vie des autres personnages doit plus aux circonstances du drame qu’à leur propre fonds ou à l’éternel fonds humain. […] Mais ce conflit est éternel et les conditions dans lesquelles il s’engage varient infiniment. […] Croyez-bien que, tandis qu’il s’évertue à mettre en beau langage les visions que suscite en lui l’idée de la rencontre toujours recommençante de l’Ève éternelle et de l’éternel Adam, il devient pur comme un ange et ne pense plus à mal. […] Est-ce pour « aimer Dieu, le servir et par là mériter la vie éternelle » ? […] Il y est question de « fiers sommets » et de « neiges éternelles ».
Il y a de l’éternelle jeunesse dans Horace comme il y a de l’éternelle enfance dans La Fontaine ; seulement j’aime mieux l’éternelle jeunesse de l’un que l’éternelle enfance de l’autre.
» Zerbin succombe sous un coup plus mortel ; couché sur l’herbe dans son sang, ses derniers adieux à Isabelle, et ses derniers soupirs recueillis par les lèvres de cette amante sont des sanglots écrits pour l’éternelle consonance des cœurs aimants séparés par la mort. […] « Volez heureuse dans l’éternel séjour, âme fidèle et tendre, s’écrie en finissant l’Arioste ; puissent mes faibles chants immortaliser en vous le modèle des chastes amants ! […] Il a chanté pendant vingt ans le Roland furieux, et, si l’homme était éternel, on voit qu’il chanterait avec la même verve pendant l’éternité. […] Puisse cet adieu n’être pas éternel !
Ne voyait-il pas écrit devant lui, en l’œuvre de Bach, le mot expliquant l’énigme de son Rêve intérieur ; ce mot que, jadis, le pauvre Cantor de Leipzig avait tracé, comme le symbole éternel d’un Univers inconnu et nouveau ? […] L’Adagio initial, très lent, — et, certes, le plus douloureux qu’aient « jamais » exprimé les sons, — me paraît pouvoir indiquer le Réveil, au matin du jour, « de ce jour qui, dans sa longue course, ne doit pas réaliser un seul de nos désirs, pas un seul. » Et c’est, aussi, une prière de repentir, une conférence avec Dieu, dans la foi au bien éternel. […] La force revécue de ce charme, à lui propre, il l’exerce, à présent, (Andante 5/4) sous une forme adorablement douce ; il y retrouve, ravi, le signe divin de l’Innocence intérieure, et il poursuit, sans cesse, cette mélodie, avec des variations toujours nouvelles et inouïes, laissant tomber sur elle, sans arrêt, les rayons de l’Eternelle Lumière. […] Mais dans quelle sphère la pouvait-on emprunter, cette Mélodie de la Nature, qui devait porter un caractère noble, universel, éternel ?
Mais le chef-d’œuvre en tout genre n’est-il pas la plus merveilleuse des nouveautés, la nouveauté éternelle et suprême du beau, celle de Phidias, celle de Raphaël, celle de Racine ? […] Versailles et l’immortalité de son nom, ses monuments et sa renommée ne lui paraissaient jamais trop chers ; il voulait, comme Alexandre, des témoins des exploits de son règne, et il choisissait ses témoins parmi les poètes, ces échos éternels du temps. […] Du séjour bienheureux de la Divinité Je descends dans ce lieu par la Grâce habité ; L’Innocence s’y plaît, ma compagne éternelle, Et n’a point sous les cieux d’asile plus fidèle. […] Dans un lieu séparé de profanes témoins Je mets à les former mon étude et mes soins ; Et c’est là que, fuyant l’orgueil du diadème, Lasse de vains honneurs et me cherchant moi-même, Aux pieds de l’Éternel je viens m’humilier, Et goûter le plaisir de me faire oublier.
» lui dit Talma d’une voix creuse. « J’aurais dû le deviner à ton coup de sonnette : tu entres comme un ouragan, et tu sors souvent comme une pluie », ajouta-t-il en riant, en faisant allusion à l’éternelle pleurnicherie de sa camarade sur la scène. […] Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel ; Je viens, selon l’usage antique et solennel, Célébrer avec vous la fameuse journée Où sur le mont Sina la loi nous fut donnée. […] Voilà donc quels vengeurs s’arment pour ta querelle : Des prêtres, des enfants, ô Sagesse éternelle ! […] L’un regarde en bas, l’autre en haut ; mais en bas sont les ténèbres, en haut la lumière, fille et splendeur de l’Éternel.
Dans quelques-unes, on doit reconnaître le ton sauvage qu’inspire la vue des Alpes et de l’Apennin ; longtemps réfugié au sein de leurs glaces éternelles, je ne sais si je suis de mise au milieu d’une grande ville, et c’est avec quelque méfiance que je viens y porter un ton et des mœurs étrangères. […] Dégage-toi d’un sein rebelle, Franchis ta barrière mortelle ; Vole, ô mon âme, à la voûte éternelle, Holocauste échappé des flammes de l’amour !
Adolphe Dumas : Quand on s’est mis en tête une idée éternelle, Qu’on y tient, à son flanc, comme on tient à son aile, Cela n’est plus possible ! […] Antiquaire par son érudition allemande, poëte et philosophe par ses vues profondes et intimes sur l’histoire de l’humanité, familier avec les idées des Niebühr et des Gœrres, épris de l’imagination pittoresque de l’auteur de l’Itinéraire, il aborde la Grèce et l’interroge par tous les points, sur son antiquité, sur ses races, sur la nature de ses ruines, sur les vicissitudes de ses États, sur ses formes de végétation éternelle ; il saisit, il entend, il compose tous ces objets épars ; il les enchaîne et les anime dans un récit vivant, fidèle, expressif, philosophique ou lyrique par moments, selon qu’il s’élève aux plus hautes considérations de l’histoire des peuples, ou selon qu’il retombe sur lui-même et sur ses propres émotions ; c’est une œuvre d’art que ce récit de voyage : le sens historique et le sens des lieux y respirent et s’y aident d’un l’autre ; l’harmonie y règne ; le souffle du dieu Pan y domine ; l’interprétation du passé, depuis les époques cyclopéennes et homériques jusqu’à la féodalité latine, y est d’un merveilleux sentiment, et elle pénètre de toutes parts dans l’âme du lecteur, sinon toujours par voie claire et directe, du moins à la longue par mille sensations réelles et continues, comme il arriverait à la vue des ruines mêmes et sous l’influence du génie des lieux.
Et d’abord, pourquoi ce nom éternel de Messéniennes là où il ne s’agit plus de déplorer une invasion étrangère ? […] Puis tout à coup lui apparaît l’ombre du vieux Corneille, et il se console de quitter la Ville éternelle, en pensant qu’il la retrouvera tout entière dans les œuvres de notre grand tragique.
La Providence éternelle prodigue les siècles à l’accomplissement de ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe, et la religion chrétienne y a puissamment contribué. […] Toute institution bonne relativement à tel danger du moment, et non à la raison éternelle, devient un abus insupportable, après avoir corrigé des abus plus grands.
Ce que j’ai dit ailleurs des convenances éternelles, qui font naître tout exprès pour chaque genre l’écrivain qui doit en donner le modèle, n’est vrai d’aucun écrivain autant que de La Rochefoucauld, et plus tard de La Bruyère. […] Celles-ci sont au moins des problèmes posés avec la dernière précision, et dont la solution, toujours douteuse, sera d’un intérêt éternel.
Raymond de la Tailhède, tout en hochant la tête, par intervalles, en signe de courtoisie pour les orateurs dont il semblait suivre les disputes, s’absorbait en réalité dans une sorte de contemplation muette et ne se départait pas d’ourdir, au milieu du bruit, la trame de son éternel songe éveillé. […] Qu’est-ce que la mort d’une vague individualité si elle sert à l’éclosion d’une œuvre immortelle et à créer, selon l’expression de Keats, une source éternelle de ravissement ?
Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque, ou ressaisi quelque passion éternelle dans ce cœur où tout semblait connu et exploré ; qui a rendu sa pensée, son observation ou son invention, sous une forme n’importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi ; qui a parlé à tous dans un style à lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges. […] Qu’on en ouvre la première édition, celle de 1681, avant la division par chapitres qui a été introduite depuis, et qui a passé de la marge dans le texte en le coupant : tout s’y déroule d’une seule suite et presque d’une haleine, et l’on dirait que l’orateur a fait ici comme la nature dont parle Buffon, qu’il a travaillé sur un plan éternel, dont il ne s’est nulle part écarté, tant il semble être entré avant dans les familiarités et dans les conseils de la Providence.
C’est la loi, la loi éternelle ! […] (l’horizon, cette place du ciel dont raffolent les bourgeois et où ils voient tout, même des règnes), du volcan, de l’éternel volcan qui vomit par ses mille cratères de la lave et de la fange, et enfin du bouclier (en parlant à une femme qui n’est pas Clorinde, pour dire le sentiment qui défend son cœur !).