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1763. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Janin vienne tous les lundis vous parler de la pluie, du beau temps, de la verte jeunesse et des jets de diamants, sujets éternels des travaux de son style, s’il n’a pas pour prétexte l’histoire théâtrale de la semaine ?

1764. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

le bel adieu au mort qu’a inventé la religion catholique, et la merveilleuse combinaison de musiques douloureuses, de paroles graves, de lentes promenades de vieillards, d’évocations de paix éternelle, et de tentures noires, et de lumières brûlant dans le jour, et de parfums d’encens et de senteurs de fleurs.

1765. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Jeudi 3 mai Aujourd’hui, dans le brisement du corps, qu’a amené chez moi la crise d’avant-hier, et où je me suis couché dans la journée, j’ai mon éternel cauchemar, mais dans une apparence de réalité, qu’on pourrait qualifier de douloureusement lancinante.

1766. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Si tu avais en horreur les regrets de notre douleur, si tu méprisais ces gouttes d’eau que la nature avait laissé couler de nos yeux, une sublime idée t’inspira de faire pleurer à jamais le grand Neptune sur ta tombe. » C’est ainsi que Timon fait des vents l’hymne de ses funérailles ; que le murmure de l’Océan est une voix de douleur sur ses dépouilles mortelles, et qu’il cherche enfin dans les éternelles solennités de la nature l’oubli de la splendeur passagère de la vie. […] Macbeth, entraîné de la vertu dans le crime, offre à notre imagination l’image effrayante de la puissance de l’ennemi de l’homme, puissance soumise cependant au maître éternel et suprême qui, du même coup dont il décide la chute, prépare la punition.

1767. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Nous verrons Constantin, adorer la pierre prédite par Daniel, lui soumettre sa personne & son empire ; donner la croix pour enseigne victorieuse aux armées Romaines, vainqueur de tous ses conquérans ; vaincu lui-même, sans le secours des armes, par le Dieu-homme fondateur d’un empire éternel. […] Les députés avoient deux objets : le premier étoit de sauver la condamnation du Traité des périls des derniers temps ; & le second, de solliciter vivement celle du livre de l’Evangile éternel, par Jean de Parme, alors général des frères mineurs, livre rempli de visions extravagantes, & moins digne de censure que de mépris.

1768. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

ce n’est pas ainsi qu’on écrit la grande et sérieuse histoire, celle qui est, comme dit Thucydide, une œuvre éternelle et à toujours, « ϰτῆμα ἐς ἀεί ».

1769. (1925) Dissociations

Cela va confirmer le populaire dans sa traditionnelle croyance que, malgré l’adage également traditionnel, c’est l’argent qui fait le bonheur et qu’on ne saurait en posséder trop, et qu’il faut tout sacrifier à sa possession, exactement comme un chrétien devrait sacrifier tout à la conquête de la bienheureuse vie éternelle.

1770. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il sait bien que la déesse ne laissa tomber sa lance que pour rayonner d’une sagesse et d’une beauté éternelles. […] Cette forme d’expression pour l’imagination et pour le sentiment, lorsqu’on la possède à un haut degré, est tellement supérieure, d’une supériorité absolue, à l’autre forme, à la prose ; elle est si capable d’immortaliser avec simplicité ce qu’elle enferme, de fixer en quelque sorte l’élancement de l’âme dans une altitude éternelle, qu’à chaque retour d’un grand et vrai talent poétique vers cet idiome natal, il y a lieu à une attente empressée de toutes les âmes musicales et harmonieuses, à un joyeux éveil de la critique qui sent l’art, et peut-être, disons-le aussi, au petit dépit mal caché des gens d’esprit qui ne sont que cela », Après ce salut à Polymnie, Sainte-Beuve entreprend Victor Hugo sans se gêner.

1771. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Sur le seuil des chaumières, apparaît le bonheur bucolique ; près des rives ombragées, les amants récitent l’éternel dialogue. […] Ils éprouvent tant de haine contre la traditionnelle beauté qu’ils semblent hostiles à toute beauté ; ils oublient que le propre de la sculpture est de donner à des idées une forme éternelle, et ils tombent dans un fâcheux réalisme ou bien dans la saugrenuité.

1772. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Car la race est, par nature, capable d’émotions profondes, disposée, par la véhémence de son imagination, à comprendre le grandiose et le tragique, et cette Bible, qui est à leurs yeux la propre parole du Dieu éternel, leur en fournit.

1773. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Les auteurs sacrés ont employé la narration simple : ils mêlent indifféremment dans les faits les petites et les grandes circonstances, quelquefois même les plus éloignées, comme les plus prochaines ; et quoi qu’elles eussent toutes leur utilité dans les vues de la sagesse éternelle qui inspiroit ces historiens, je crois qu’ils ne se mettoient pas eux-mêmes fort en peine ni des tours, ni de l’arrangement, ni du choix.

1774. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

L’histoire de la philosophie est là cependant, qui nous montre l’éternel conflit des systèmes, l’impossibilité de faire entrer définitivement le réel dans ces vêtements de confection que sont nos concepts tout faits, la nécessité de travailler sur mesure.

1775. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

C’est une note aiguë qui pénètre dans les oreilles que commençaient à assourdir les éternels boum boum. […] La fille profite de cet intervalle pour s’approcher de Claude et lui déclarer qu’elle l’aime, qu’elle eût été heureuse de lui donner des enfants : mais du moins leurs âmes sont mariées, elles se retrouveront plus tard dans un monde meilleur, confondues dans un hymne éternel et baignées d’une pure lumière. — Ces deux intermèdes et ces deux personnages ne servant qu’à ralentir l’action, MM. les directeurs de province sont prévenus qu’ils peuvent les supprimer si leur ingénue n’a pas un visage suffisamment séraphique.

1776. (1802) Études sur Molière pp. -355

…………………… Il vient, le nez au vent, Les pieds en parenthèse, et l’épaule en avant, Sa perruque qui suit le côté qu’il avance, Plus pleine de lauriers qu’un jambon de Mayence, Les mains sur les côtés, d’un air peu négligé, La tête sur le dos, comme un mulet chargé, Les yeux fort égarés, puis débitant ses rôles, D’un hoquet éternel, sépare ses paroles.

1777. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Mais c’est l’élément tragique de notre destinée, que de telles vérités il n’y en ait pas ; notre tête et notre cœur sont désormais trop imprégnés du désir de la vérité pour croire à la religion et à la métaphysique, et d’autre part notre désir de vérité ne sert, qu’à tarir en nous toutes les sources de satisfaction. » La foi religieuse, au surplus, n’a jamais existé : « Si l’humanité avait cru un seul jour aux dogmes religieux, à la justice de Dieu, au péché, à la possibilité d’une damnation éternelle, tous les hommes seraient aussitôt devenus prêtres, apôtres, ou ermites… Le christianisme a voulu empêcher les hommes de se mépriser les uns les autres en leur enseignant que tous étaient également pleins de péché ; mais chaque homme en a simplement tiré la conclusion qu’il n’était pas plus pécheur que les autres. » Et voici où nous en sommes de la question religieuse : « Un matin les prisonniers entrèrent dans le préau ou on les faisait travailler ; le gardien n’y était pas. […] Il y apprit que tout s’écoulait, qu’il ne fallait pas s’attacher aux vaines apparences, mais qu’il y avait derrière elle un feu permanent, une éternelle énergie vivante.

1778. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

—  Ou si l’Éternel n’avait pas établi — son décret contre le meurtre de soi-même !

1779. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ; Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ; Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre Brillait à l’occident, et Ruth se demandait, Mobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles, Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été Avait, en s’en allant, négligemment jeté Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.

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