Il y a tant d’autres états dans la société où la médiocrité même est utile.
Il n’a pas eu tort de citer lui-même, et à sa propre occasion, le nom de Bonald, qui, dans le premier chapitre de sa Législation primitive, a écrit du Décalogue : « Cette loi paraît, dans son énoncé, plutôt relative à l’état domestique qu’à l’état public de société, parce qu’elle a été donnée à un peuple naissant, et qui sortait de l’état domestique. […] Une même loi semble gouverner ces deux états : tout ce qui diminue leur demi-inconscience, les diminue par contrecoup. […] L’abondance des théories dont foisonnent ces premiers romans atteste le besoin, chez elle, d’amener ses sentiments à l’état d’idées. […] Le poète n’a pu arriver à l’état lyrique. […] Il n’y a donc pas de faculté plus contraire à l’état lyrique et, par suite, à la poésie que l’esprit d’analyse.
Maeterlinck, si délicieusement irréels, sont profondément vivants et vrais ; ses personnages, qui ont l’air de fantômes, sont gonflés de vie, comme ces boules qui semblent inertes et qui, chargées d’électricité, vont fulgurer au contact d’une pointe ; ils ne sont pas des abstractions, mais des synthèses ; ils sont des états d’âme ou, plus encore, des états d’humanité, des moments, des minutes qui seraient éternelles : en somme ils sont réels, à force d’irréalité. […] Un autre nom a été donné, historiquement, à un tel état de vie : quiétisme ; cette phrase de M. […] Ses personnages sont créés avec des parcelles de son âme, élevées, ainsi que selon un mystère, à l’état d’âmes authentiques et totales. […] Tel de ses vers est demeuré vivant à l’état presque de locution usuelle : Avec l’assentiment des grands héliotropes. […] Le vers verlainien à rejets, à incidences, à parenthèses, devait naturellement devenir le vers libre ; en devenant « libre » il n’a fait que régulariser un état.
Ceux qui ignorent tout de lui savent au moins qu’il a dit qu’un paysage est un état de l’âme. […] Ritter fait des réserves, ne pensant pas qu’on puisse être heureux hors de l’état de mariage. […] La liberté intérieure n’est donc pas un état continu, elle n’est pas une propriété indéfectible et toujours la même. […] Scrupules de son état, et imposés par la division du travail. […] Teste figure à l’état de tension un style humain qu’Amiel et Bergeret épousent dans sa détente.
Et en même temps, noblesse et tiers état ne perdaient guère une occasion d’accuser leurs rivalités. […] De tendresse pour les brigades centrales pas plus trace en Séverine que d’inclination pour le tiers état. […] Ils ont défini l’état particulier de la matière animée, la synthèse moléculaire qui compose la cellule et le tissu. […] Aucun de ceux dont il désigne les pires états de l’âme ne correspond exactement à notre significatif terme de péché. […] Un carême, il a traité des devoirs présents des catholiques ; un autre, de l’état présent de la famille.
En vérité, on pourrait dire que l’âme humaine passe la moitié de son séjour sur la terre à l’état de mutisme, et l’autre moitié à l’état de surdité. […] Ses désirs, ses passions, doivent rester chez elle à l’état latent. […] On peut y découvrir cent opinions qui sont restées chez Goethe à l’état d’intention ou à l’état de nuance : aussi est-ce un des livres qui se prêtent le mieux à une interprétation fausse ou calomnieuse de l’esprit de l’auteur. […] Comme cet état est excessif, il est nécessairement poétique ; le harpiste ne vit donc que de poésie. […] Cette antithèse pleine de périls, Goethe sut l’abolir, ou plutôt il sut changer en un noble état de paix l’état de guerre intérieur et d’anarchie passionnée dont elle le menaçait.
au lendemain du saint-simonisme Un des traits les plus caractéristiques de l’état social en France, depuis la chute de la Restauration, c’est assurément la quantité de systèmes généraux et de plans de réforme universelle qui apparaissent de toutes parts et qui promettent chacun leur remède aux souffrances évidentes de l’humanité.
Elle est un fidèle miroir de l’état intellectuel et moral d’un homme de haute et délicate culture à notre époque en France.
Rien de plus honorable pour les Lettres que de les voir s’enrichir tous les jours des hommages que s’empressent de leur rendre des hommes qui, dans un autre siecle, auroient été forcés, par état ou par ton, de paroître les dédaigner, & qui auroient cru s’honorer davantage par une ignorance orgueilleuse & grossiere, que par une culture qui ne fait que relever l’éclat de la naissance & des dignités.
Le naturel & le tour aisé qu’il donnoit aux paroles de ses Chansons, qu’il mettoit sur les airs les plus connus & les plus faciles, a fait que plusieurs personnes les ont retenues, & qu’on a été en état d’en donner un Recueil au Public.
Passemant, Ingénieur du Roi, une Lettre critique sur l'état de la Médecine, des Essais historiques, littéraires & critiques sur l'Art des Accouchemens chez les Anciens, une Lettre sur les Hôpitaux militaires, adressée à un Militaire* Littérateur ; tel est encore son Ouvrage qui a pour titre, Singularités historiques, littéraires & critiques en Médecine, Chirurgie & Pharmacie, disposées par ordre alphabétique, avec des Anecdotes sur plusieurs Médecins, Chirurgiens & Chimistes, tant anciens que modernes.
Je vois bien la fournaise, mais elle est froide ; les métaux, mais ils sont à l’état de minerai. […] Ce sont des documents et des chroniques dialoguées qui nous font apercevoir l’état du goût public, la situation morale des esprits, le mouvement des mœurs. […] Si vous doutez que le théâtre traverse en ce moment un état de transition, lisez attentivement les comédies de M. […] Il n’a point renoncé cependant à ces qualités, seulement il les a détournées de leur fin et les a réduites à l’état de moyens. […] Le mouvement industriel de 1850 avait eu pour résultat de bouleverser brusquement les habitudes économiques de la société par un renchérissement subit de la vie matérielle, qui avait fait du soir au lendemain passer les riches de la veille à l’état de gens aisés, et les gens aisés presque à l’état de nécessiteux.
C’est ainsi encore que le plus ou moins de goût que l’historien peut avoir pour les édits du chancelier de L’Hôpital ne l’empêche pas de nous rendre fidèlement l’état des esprits à cette époque critique où le parti des protestants faillit prendre le dessus dans le royaume. […] Il avait demandé à ce ministre de quoi subvenir aux frais de réimpression de son Histoire ou de l’Abrégé qu’il en voulait faire ; Mazarin le lui avait promis, et de plus l’avait fait porter sur l’état de la maison du roi pour une pension de douze cents livres. […] Elle n’a d’autre intérêt que de bien fixer l’état de Mézeray sous Mazarin : il n’avait pas alors cette pension de 4 000 livres qu’il eut et qu’il perdit plus tard, et que, par une confusion intéressée, dans le but de la rendre plus inviolable, il aimait à faire remonter jusqu’au temps de Mazarin.
Ne dites point que vous avez du goût pour notre état : embrassez-en un autre, si cette expression froide vous suffit. […] Quel est l’état, malgré ses inconvénients et les caprices de la fortune, où l’on est plus respecté ? […] Quant au grand Frédéric, le prince de Ligne nous fait bien sentir aussi l’esprit de sa tactique durant cette guerre pénible où il lui suffit le plus souvent de n’être point écrasé, « ni vainqueur, ni vaincu, et content même de cet état d’indécision ».
La mère de Duclos, sans le savoir avec précision, sent bien qu’il se dissipe à Paris et qu’il n’y suit pas son cours de droit en jeune homme studieux ; elle le rappelle à Dinan et le presse sur le choix d’un état. […] Sa mère s’y oppose ; elle veut que chacun reste sinon dans son état, du moins dans son ordre. […] M. de Forcalquier remarque très bien chez Duclos ce qui le distinguera de plus d’un bel esprit et d’un philosophe du temps, c’est qu’en tenant à être compté pour ce qu’il vaut, et en mordant par habitude à droite et à gauche sans trop épargner personne, « il pardonne au roi de ne pas le faire ministre, aux seigneurs d’être plus grands que lui, aux gens de son état d’être plus riches.
Mais je puis bien vous dire encore, en général, qu’il n’y a ni proportion, ni convenance, entre mes forces et mes désirs, entre ma raison et mon cœur, entre mon cœur et mon état, sans qu’il y ait plus de ma faute que de celle d’un malade qui ne peut rien savourer de tout ce qu’on lui présente, et qui n’a pas en lui la force de changer la disposition de ses organes et de ses sens, ou de trouver des objets qui leur puissent convenir. […] » Ici nous retrouvons quelques-unes des idées particulières et, si l’on veut, des préventions de Vauvenargues, un reste de gentilhomme, ou plutôt un commencement de grand homme ambitieux, qui aimerait mieux franchement être Richelieu que Raphaël, avoir des poètes pour le célébrer que d’être lui-même un poète ; qui aimerait mieux être Achille qu’Homère : « Quant aux livres d’agrément, ose-t-il dire, ils ne devraient point sortir d’une plume un peu orgueilleuse, quelque génie qu’ils demandent ou qu’ils prouvent. » Il ne permet tout au plus la poésie à un homme de condition et de ce qu’il appelle vertu, que « parce que ce génie suppose nécessairement une imagination très vive, ou, en d’autres termes, une extrême fécondité, qui met l’âme et la vie dans l’expression, et qui donne à nos paroles cette éloquence naturelle qui est peut-être le seul talent utile à tous les états, à toutes les affaires, et presque à tous les plaisirs ; le seul talent qui soit senti de tous les hommes en général, quoique avec différents degrés ; le talent, par conséquent, qu’on doit le plus cultiver, pour, plaire et pour réussir. » Ainsi la poésie, il ne l’avoue et ne la pardonne qu’à titre de cousine germaine de l’éloquence, et qu’autant qu’elle le ramène encore à une de ces grandes arènes qui lui plaisent, à l’antique Agora ou au Forum, ou à un congrès de Munster, en un mot à une action directe sur les hommes. […] Mirabeau craint que Vauvenargues ne combatte en son frère la force et la fermeté ; Vauvenargues s’attache à distinguer ces qualités de la sécheresse et de la rudesse, de la roideur de l’esprit : Il me semble que la dureté et la sévérité ne sauraient convenir aux hommes, en quelque état qu’ils se trouvent.
J’étais là sous l’impression de la présence de Dieu et dans cet état de l’âme où l’on n’a plus conscience que de Dieu et de soi-même, lorsqu’une voix s’est élevée. […] La pure amitié de la chaste épouse et le bonheur dont il était témoin, sans effacer ni abolir l’autre image, la firent passer à l’état d’ombre légère. […] Il arrive aussi que l’âme est pénétrée insensiblement d’une langueur qui assoupit toute la vivacité des facultés intellectuelles et l’endort dans un demi-sommeil vide de toute pensée, dans lequel néanmoins elle se sent la puissance de rêver les plus belles choses… Rien ne peut figurer plus fidèlement cet état de l’âme que le soir qui tombe en ce moment.