Arrivé à cet âge de la vie qui n’est, certes ! pas la baisse du talent, mais sa hausse plutôt, car cet âge apporte au talent un sentiment qui s’y ajoute et l’achève en lui donnant ce coup de pouce du Temps qui fait tourner mieux l’éclatant relief par l’ombre d’une mélancolie, M. […] Il a été un autre que lui-même à un âge où l’on n’est plus que soi.
Dans le même temps parut aussi à l’hôtel de Rambouillet mademoiselle de Coligni, qui fut depuis la comtesse de la Suze, du même âge que mademoiselle de Bourbon-Condé, dix-sept ans. […] Mais elle n’avait encore rien publié alors ; ses premiers écrits n’ont paru qu’après le mariage de mademoiselle de Rambouillet et la mort de Louis XIII, en 1643 : elle fut jusque-là accueillie à l’hôtel de Rambouillet, non comme auteur, mais comme fille d’esprit, convenablement élevée, sœur d’un homme de lettres fort répandu, et aussi comme une personne peu favorisée de la fortune, dont la société, agréable à Julie qui était du même âge, n’était pas sans quelque avantage pour elle-même33.
Elle couvait un profond orage intérieur, et à cet âge de dix-huit ans, sous un extérieur calme, elle agitait les pensées les plus contradictoires. […] Ce dernier rejeton de la maison Mancini naquit à Paris, le 16 décembre 1716 ; très délicat, très frêle de constitution, il sut, malgré des excès de jeunesse qui l’exténuèrent encore, mener son fil très délié jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans, et mourut sur la fin du Directoire. […] Pendant son absence, et tandis qu’il était encore sous les drapeaux, l’Académie française l’avait nommé à l’âge de vingt-sept ans pour remplacer le grand orateur Massillon. […] Qu’avait fait à cet âge M. de Nivernais pour être choisi par l’Académie française avec cette sorte de concert et d’acclamation ? […] Puis il se mit à publier une édition de ses Œuvres : « J’ai longtemps résisté, disait-il dans sa préface, aux sollicitations d’amis trop prévenus en ma faveur, qui me pressaient de faire imprimer ces mélanges ; mais à mon âge de quatre-vingts ans, on perd la force de résistance comme toutes les autres, et je me suis laissé persuader. » On put mieux juger de ses Fables, lorsqu’on les lut enfin recueillies.
Ceux qui ont commencé par l’enthousiasme confiant et innocent ont appris, à force de mécomptes, à connaître le mal, et souvent, en cet âge de l’expérience chagrine, ils deviennent enclins à lui faire une bien grande part. […] » Et de ce ton de douairière du Marais qu’elle affectionne : « La manie de votre âge, dit-elle en terminant, est de vouloir faire entendre la raison aux hommes : l’expérience du mien enseigne qu’il est plus sûr de les y laisser revenir ; que le temps les ramène d’ordinaire à la raison et à la vérité ; mais que la raison et la vérité n’ont presque jamais convaincu personne. » Cet esprit si expérimenté et si sûr, qui débute par où d’autres sages finissent, patience ! […] Cette circonstance singulière lia bientôt ces deux esprits éminents, beaucoup plus que le rapport assez inégal des âges et même le désaccord des opinions ne l’eussent probablement permis sans cela. […] Au reste, la raison de Mme Guizot, qui a pied dans le fait même, admet, pressent les cas d’insuffisance et en avertit : « Je le vois plus clairement chaque jour, dit Mme d’Attilly, la jeunesse est de tous les âges de la vie celui que l’enfance nous révèle le moins ; une influence indépendante du caractère la domine avec un empire contre lequel on peut d’avance lui donner des forces, mais sans prévoir de quelle manière elle aura à s’en servir. » Mme Guizot relève en un endroit une assertion de mistress Hannah More sur la nature déjà corrompue des enfants, et elle la combat. […] Sa santé altérée ; au milieu de tant d’accords profonds et vertueux, le désaccord enfin prononcé des âges ; ses vœux secrets (une fois sa fin entrevue) pour le bonheur du fils et de l’époux avec une autre qu’elle, avec une autre elle-même ; il y eut là sans doute de quoi attendrir et passionner sa situation dernière plus qu’elle ne l’aurait osé concevoir autrefois pour les années de sa jeunesse.
J’apprendrais avec plaisir ce que tu en penses, car tu arrives à l’âge que les poètes appellent le seuil de la vieillesse. […] « Nous nous réunissons souvent un certain nombre de gens du même âge, selon l’ancien proverbe. […] « Pour moi, Socrate, je crois qu’ils ne connaissent pas la vraie cause de ces maux ; car, si c’était la vieillesse, elle produirait les mêmes effets sur moi et sur tous ceux qui arrivent à mon âge ; or j’ai trouvé des vieillards dans une disposition d’esprit bien différente. « Je me souviens qu’étant un jour avec le poète Sophocle, quelqu’un lui dit en ma présence : — Sophocle, l’âge te permet-il encore de te livrer aux plaisirs de l’amour ? […] « Il n’y aura non plus aucun procès pour sévices et violences : car nous dirons qu’il est juste et honnête que les personnes du même âge se défendent les unes les autres, déclarant inviolable la sûreté individuelle. » Nous sommes étonnés, en lisant de pareilles naïvetés, soi-disant philosophiques, que quelqu’un ne propose pas aussi de supprimer le corps pour supprimer l’ombre !
Il mourut le 26 octobre 1722, à l’âge d’environ soixante-quinze ans. […] Elle approchait de l’âge de quarante ans90. […] » Cependant, l’âge venant, pour ne plus quitter sa fille, il dit adieu à Paris et se fixa au château de Mayac, chez sa sœur la marquise d’Abzac. […] Elle contait à ravir, et sa conversation était si attrayante, son esprit si charmant, que je quittais tous les jeux de mon âge pour l’aller entendre quand elle venait chez ma mère. […] Il n’en est plus comme le sien Depuis l’Age d’or ou l’Astrée.
Son âge même était gravé dans toutes les mémoires, et la date, lorsque l’on s’interrogeait ces jours derniers, revenait voltiger en chanson : Dans ce Paris plein d’or et de misère, En l’an du Christ mil sept cent quatre-vingts, Chez un tailleur, mon pauvre et vieux grand-père, Moi nouveau-né, sachez ce qui m’advint… Sa vie fut simple ; par son bon sens, par sa probité, par la modération de ses mœurs et de ses goûts, il sut la rendre constante et digne. Jeune, au sein de la pauvreté, à travers les entraînements de l’âge, il ne cessa, par un travail secret, opiniâtre, de se préparer un talent supérieur aux choses légères et déjà charmantes auxquelles il s’essayait.
Dans l’âge des passions, & favorablement accueilli du Parterre, ce Poëte eut le courage de penser que le talent d’amuser ne dispensoit point de celui d’être utile ; que les Muses pouvoient délasser, mais non occuper l’homme sociable, & que, si son penchant l’entraînoit à faire des Vers, sa probité lui ordonnoit d’avoir un état. […] Quinault, dont on a quinze ou seize tant Tragédies que Comédies, & treize Opéra, continua jusqu’à sa mort, avec une régularité scrupuleuse & un courage inoui, les fonctions monotones de sa Charge d’Auditeur des Comptes, comme s’il n’eût jamais connu d’occupation plus intéressante pour son esprit & pour son cœur ; effet admirable & cependant naturel de cet amour du devoir, la base de toute société, l’idole de nos bons aïeux, & que, pour le malheur de notre âge, a éteint dans presque tou les cœurs l’esprit de systême & d’égoïsme, digne fruit des tristes lumieres de la moderne Philosophie.
Dans la republique dont je parle, on fait apprendre à lire aux enfans dans des livres dont l’éloquence est à la portée de cet âge et remplis encore d’images qui répresentent des évenemens arrivez dans leur propre patrie, lesquels sont propres à leur inspirer de l’aversion contre la puissance de l’Europe qui dans le tems est la plus suspecte à la republique. […] L’amour de soi-même qui se change presque toujours en amour propre immoderé à mesure que les hommes avancent en âge, les rend trop attachez à leurs interêts presens et à venir, et trop durs envers les autres, lorsqu’ils prennent leur resolution de sens rassis.
Je ne nie pas mon incompétence pour un jugement ; je ne prends pas ma taille pour mesure du génie dramatique ; je ne dis pas : « Ce qui est plus haut que moi n’existe pas. » VI Quoi qu’il en soit, c’est l’âge qui fait les idées, c’est la jeunesse qui fait les amitiés. J’aime Hugo, parce que je l’ai connu et aimé dans l’âge où le cœur se forme et grandit encore dans la poitrine ; dans l’âge où les racines de notre vie, pleines encore de sève et de souplesse, s’attachent par leurs filaments les plus tendres à ce qui pousse, végète ou se rencontre seulement dans le même sol, et où, si ces racines viennent à se tordre, à se replier et à se nouer autour d’un caillou ou d’un bloc de granit, elles l’enserrent dans leurs nœuds, l’emportent en grandissant et le font pour ainsi dire végéter et vivre avec elles de leur propre substance, comme si l’arbre et la pierre n’étaient qu’une seule vie ! […] Un rayon oblique de soleil pénétrait dans la ruche ; une mère, grave, triste, affairée, y faisait réciter des devoirs à des enfants de différents âges : c’étaient ses fils. […] Vous ne voulez pas que le père et la mère malades, chargés de trop d’enfants en bas âge, et retenus par la maladie dans leur grenier, voient périr sans soins, sans lait, sans pain, sans feu, sans asile, les fruits de leur union abandonnés au hasard. […] XX Un jeune paysan est élevé, dans un hameau isolé des hautes montagnes, par un père vertueux et par une tante pieuse, avec une cousine du même âge, fille de sa tante.
Sa taille, naturellement élevée, mais légèrement inclinée par la modestie, cette convenance de son âge, était mince et élégante ; ses yeux sincères, son front délicat, sa bouche accentuée d’une grâce sévère. […] On peut dire qu’il était resté jeune jusqu’à soixante-sept ans, âge où un chagrin de son cœur fut plus fort que la fermeté de son esprit, et où la mort de son ami le tua. […] L’âge des sens change avec les années, l’âge de la physionomie ne change pas ; c’est l’âge de l’âme. […] Elle était déjà d’un certain âge, et l’on voyait dans toute sa personne, aussi délicate que majestueuse, les traces plutôt que l’éclat de sa grande beauté.
pour dédaigner une langue qu’ont chantée le Dante, Pétrarque et le Tasse ; une terre où, dans les temps modernes, toute civilisation et toute littérature ont pris naissance et ont produit la splendeur de Rome sous les Léon X, la culture et l’éclat de Florence sous les Médicis, la puissance merveilleuse de Venise et les plus imposants chefs-d’œuvre que nos âges puissent opposer au siècle de Périclès ? […] Dès l’âge de dix à douze ans, elle avait compris d’elle-même qu’il y avait un langage souverainement expressif dans les poses et dans les attitudes du corps, comme il y en a un dans les sons. […] Les âges, Inégaux pour tes ouvrages, Sont tous égaux sous ta main ; Et jamais ta voix ne nomme, Hélas ! […] Jamais beauté si pure et si rayonnante n’avait fasciné mes yeux : une apparition du ciel à travers le cristal de l’air des montagnes, la fraîcheur du matin, un fruit d’été sur une branche, une joie céleste à travers une larme, une larme d’enfant devenue perle en tombant des cils ; puis ces quatre âges de la vie sous un même arbre : l’aïeule, le père, la jeune épouse, l’enfant à la mamelle ; ces pauvres animaux domestiques : le chien, les chèvres, les colombes, les poussins sous l’aile de la poule, les lézards courant avec un léger bruit sous les feuilles sèches du toit. […] Il n’y avait pas six mois d’âge entre eux deux, Hyeronimo étant né la même année que Fior d’Aliza avait vu le jour.
Il avait alors trente-cinq ans, et l’on n’est jamais plus soi-même tout entier qu’à cet âge. […] Ajoutez à cela quelques manies de grand seigneur, l’amour de ce qui est cher, le dédain de l’épargne, l’inattention à ses dépenses, l’indifférence aux maux qu’elles peuvent causer, même aux malheureux ; l’impuissance de résister à ses fantaisies, fortifiée par l’insouciance des suites qu’elles peuvent avoir ; en un mot, l’inconduite des jeunes gens très généreux, dans un âge où elle n’est plus pardonnable, et avec un caractère qui ne l’excuse pas assez ; car, né prodigue, il n’est point du tout né généreux. […] J’ai une grande confiance en vos jugements ; elle est, naturellement indulgente, et vous naturellement, un peu austère (comme il est beau, comme il est bon, comme il est nécessaire et même indispensable de l’être à votre âge, ne fût-ce que pour s’accoutumera ne pas se faire bon marché à soi-même de sa propre approbation) ; mais vous êtes tous deux justes, et vous n’allez jamais chercher dans votre humeur les règles qu’il faut prendre dans sa raison.
La différence, c’est que nos poètes classiques l’ont évidemment emporté sur ceux de l’âge précédent, au lieu que l’on peut douter encore que les poètes issus du romantisme aient égalé les trois grands initiateurs, Lamartine, Hugo et Musset. […] Aussi, voyant mon âge incliner vers le soir, Je veux, ainsi que fit Fray Juan de Ségovie, Mourir en ciselant dans l’or un ostensoir. […] Poésie tout proche des sonnets mythologiques, car elle célèbre l’œuvre la plus extraordinaire qu’aient accomplie les hommes à travers les âges, une aventure où ils se sont vraiment montrés « pareils à des dieux », puisqu’ils ont agrandi une planète et créé en quelque sorte un autre monde.
Toute l’antiquité indo-européenne avait placé le paradis à l’origine ; tous ses poëtes avaient pleuré un âge d’or évanoui. Israël mettait l’âge d’or dans l’avenir. […] Le Messie ne fut plus un roi à la façon de David et de Salomon, un Cyrus théocrate et mosaïste ; ce fut un « fils de l’homme » apparaissant dans la nue 94, un être surnaturel, revêtu de l’apparence humaine, chargé de juger le monde et de présider à l’âge d’or.
A la vue des merveilleuses créations des âges de foi, deux impressions également funestes à la bonne critique historique s’élèvent dans l’esprit. […] Elles nous apparaissent comme les géants d’un âge héroïque qui n’aurait pas eu de réalité. […] La grande originalité renaîtra-t-elle, ou le monde se contentera-t-il désormais de suivre les voies ouvertes par les hardis créateurs des vieux âges ?
. — Sacrifices humains des âges primitifs. — La Grèce les déteste et les abolit. — Leurs rares récidives. — La cavale du champ de bataille de Leuctres, C’est l’histoire finale de la famille des Pélopides et des Atrides que l’Orestie met en scène. […] Cette légende de Tanlale tuant son fils pour l’offrir à la faim des dieux est sans doute une réminiscence des sacrifices humains usités dans les âges barbares de la Grèce. […] La religion funéraire et le salut public, à ces âges de fer de la Grèce, réclamaient aussi quelquefois des victimes humaines.