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661. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le théâtre annamite »

» Oui, je sais, il y a comme cela des gens qui se sont donné pour tâche d’expliquer, et, par suite, d’aimer toutes les manifestations, quelles qu’elles soient, de la vie et de l’art humain à travers les pays et les âges.

662. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Brunetière est incapable, ce semble, de considérer une œuvre, quelle qu’elle soit, grande ou petite, sinon dans ses rapports avec un groupe d’autres œuvres, dont la relation avec d’autres groupes, à travers le temps et l’espace, lui apparaît immédiatement ; et ainsi de suite.

663. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Elle tend à préserver de la destruction les organismes collectifs comme les organismes individuels, mais à travers quelles secousses et quelles épreuves ! […] Nous ne recevons ces disciplines qu’à travers lui. […] L’une, celle de Biran, est en marche vers la foi, mais n’y arrive que sur le soir de sa vie, à travers quel long et douloureux chemin ! […] Regardons-le maintenant à travers les souvenirs du prince de Bülow. […] Bismarck les corrige à travers des luttes intérieures auxquelles mirent fin — toujours le mot de Mirabeau — des guerres heureuses.

664. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Au contraire, n’ayez qu’un souci, celui d’être exact ; étudiez bien un temps, les personnages qui le remplissent, leurs qualités, leurs vices, leurs altercations, les causes qui les divisent, et puis appliquez-vous à les rendre simplement… Si, pour systématiser vos récits, vous n’avez pas cherché à les grouper arbitrairement, si vous avez bien saisi leur enchaînement naturel, ils auront un entraînement irrésistible, celui d’un fleuve qui coule à travers les campagnes. […] On vient tout récemment d’exposer aux yeux émerveillés du public, parmi les chefs-d’œuvre de l’industrie du siècle, des glaces d’une dimension et d’une pureté extraordinaires, devant lesquelles les Vénitiens du quinzième siècle resteraient confondus, et à travers lesquelles on aperçoit, sans la moindre atténuation de contour ou de couleur, les innombrables objets que renferme le palais de l’Exposition universelle. […] Thiers, c’est l’excès de nationalisme ; c’est une espèce de patriotisme littéraire qui compte la patrie pour tout et le monde pour peu ; c’est, en conséquence, un engouement irréfléchi de militarisme empanaché, qui, voyant toujours le droit où est la patrie, et la patrie à travers la fumée de tous les champs de bataille, à quelque distance qu’ils soient de nos frontières, s’enivre non comme un historien, mais comme un combattant, de poudre et de gloire, ne voit plus dans la nation qu’une armée, et dans le chef d’armée qu’un maître du monde par droit de discipline et de victoire. […] Il n’y a pas un coup de fusil sur les remparts de Gênes qu’on n’entende retentir à travers ce demi-siècle. […] L’historien, et c’est un des éloges qu’on lui doit, court à travers le siècle avec la rapidité des événements.

665. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

À travers les charmants et bien mérités éloges auxquels prêtait ce genre de réponse toute personnelle, j’ai regretté, je l’avoue, de rencontrer deux ou trois traits piquants qui visaient au-delà, qui semblaient s’adresser à de grands talents placés hors de la sphère et de la portée académique60.

666. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Jeune, au sein de la pauvreté, à travers les entraînements de l’âge, il ne cessa, par un travail secret, opiniâtre, de se préparer un talent supérieur aux choses légères et déjà charmantes auxquelles il s’essayait.

667. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Le chevalier de Bernis, son neveu, la guidait dans ses promenades nocturnes à travers les ruines du Colisée ; mais il avait au moins cinquante ans.

668. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Lucien, Milton, disjecti membra poetæ, à travers le fatras d’un parodiste de Chapelain.

669. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Mais il est peut-être d’autres lecteurs qui n’ont pas trouvé inutile d’étudier la pensée d’esthétique et de philosophie cachée dans ce livre, qui ont bien voulu, en lisant Notre-Dame de Paris, se plaire à démêler sous le roman autre chose que le roman, et à suivre, qu’on nous passe ces expressions un peu ambitieuses, le système de l’historien et le but de l’artiste à travers la création telle quelle du poëte.

670. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Il y rencontre la malheureuse Didon ; il l’aperçoit dans les ombres d’une forêt, comme on voit, ou comme on croit voir la lune nouvelle se lever à travers les nuages .

671. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Il a décomposé la phrase de Rousseau et de Buffon, il en a mesuré les nombres ; il rémonte par eux à Bossuet ; il remonte à travers Condillac à Fénelon. Pareillement pour les anciens ; comme Marie-Joseph Chénier, son maître, c’est à travers l’antiquité latine qu’il atteint la Grèce. […] Decazes ce que le grand usage du monde avait commencé de lui donner, cette merveilleuse faculté de garder, au milieu des distractions et des emplois divers, et à travers mille occupations graves ou épineuses, un esprit vif, alerte, détaché, toujours présent, jamais obscurci, tout au plus capricieux par moments et fugitif ; c’est, à lui, sa seule manière d’être préoccupé et appesanti.

672. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Elle y revint après plusieurs voyages à travers l’Europe, en 1801, à ce moment de paix et de renaissance brillante de la société et des lettres. […] Mais on sent ici, à travers le déguisement et l’idéal, une réalité particulière qui donne au récit une vie non empruntée. […] Le portrait de Valérie elle-même revient, repasse sans cesse à travers cela, dans toutes les situations, dans toutes les poses, souriant, attristé, mobile, et comme amoureusement répété par mille glaces fidèles.

673. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Puis il se hâta d’atteler les quatre taureaux à une charrue neuve, et il laboura tout le jour une longue pièce de terre, derrière les jardins, d’où l’on apercevait, sur la colline opposée, à travers les bois, le village d’Arcey et la fumée du toit de la maison de la Jumelle. […] J’avais suivi à pied le cercueil porté à bras, par quatre paysans de nos amis, à travers les sentiers escarpés d’une chaîne de montagnes, creusés dans un océan de neige. […] Je voyais ainsi, à travers les ogives du clocher, le branle alternatif de la cloche.

674. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Jamais je n’ai vu de plus bel effet de lumière sur le papier, à travers des arbres en peinture. […] C’est tantôt ici, tantôt là, à Paris, à Alby où est Mimi, aux montagnes, au ciel quelquefois, ou dans une église, enfin où je veux ; car je suis libre parmi mes entraves et je sens la vérité de ce que dit l’Imitation, qu’on peut passer comme sans soins à travers les soins de la vie. […] Ses mains jointes sont tellement éloquentes par la pression des doigts contre les doigts et par les veines à travers lesquelles on voit circuler le sang brûlant de se répandre pour l’homme, son frère, que, lors même qu’on ne verrait ni le corps, ni les jambes, ni le buste, ni la tête divine, mais que ces mains seules sortiraient de l’ombre, le tableau aurait suffisamment parlé au cœur ; on aurait pleuré, on aurait compris que ces deux mains tendues par l’enthousiasme de l’agonie triomphante étaient assez fortes pour arracher l’aiguillon à la mort et le salut de l’humanité au ciel. — La passion de ces mains est égale à l’objet.

675. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

La nuit, par un ciel couvert, lorsque toutes les autres étoiles étaient voilées, l’étoile nouvelle est restée plusieurs fois visible à travers des nuages assez épais. […] X Quant à moi, — si j’avais, non pas le génie des découvertes que M. de Humboldt n’avait évidemment pas reçu du ciel, mais l’aptitude patiente et infatigable aux études physiques que cet homme, remarquable par sa volonté, a manifestée pendant quatre-vingt-douze ans d’existence ; Et si je possédais, comme lui, la notion exacte et complète de tous les phénomènes dont l’univers est composé, de manière à me faire à moi-même et à reproduire pour les autres le tableau de l’universelle création, je commencerais par une humble invocation à genoux à l’auteur caché de ce Cosmos à travers lequel il me permet, sinon de l’entrevoir, du moins de le conclure ; et une belle nuit d’été, soit sur les vagues illuminées de l’Océan qui me porte aux extrémités de l’univers, soit sur un sommet neigeux du Chimboraço, soit sur un rocher culminant des Alpes, je tomberais à ses pieds ; je laisserais sa grandeur, sa puissance, sa bonté, me pénétrer, m’échauffer, m’embraser, comme le charbon de feu qui ouvrit les lèvres du prophète, et je lui dirais en face de ses soleils, de ses étoiles, de ses nébuleuses et de ses comètes : « Toi qui es ! […] De grands cours d’eau navigables ouvrent des routes naturelles à travers les bois.

676. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Ne trouverons-nous pas une boussole pour nous guider à travers les mers orageuses de l’imagination et du caprice ? […] Nous nous ferons les concitoyens, les contemporains de ces puissants génies qui ont éclairé le monde, afin de les mieux comprendre, et de les voir de plus près qu’à travers les siècles. […] Lorsqu’à grand-peine on était parvenu à se placer sur les bancs, sur les chaises et jusque sur les marches de l’estrade du professeur, on voyait se glisser à travers la foule un petit homme, déjà vieux, dont les traits étaient empreints de cette laideur spirituelle qui, chez les hommes, est souvent préférable à la beauté.

677. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

      C’est lorsqu’en sa douleur profonde,       Pour fermer le convoi du monde, Il scelle le cercueil de l’empire romain, Et qu’il élève alors ses accents prophétiques       À travers les débris antiques       Et la poudre du genre humain ! […] L’Imagination, à ces murs dévastés, Rend leur encens, leur culte et leurs solennités, À travers tout un siècle écoute les cantiques Que la Religion chantoit sous ces portiques. […] Là, d’antiques forêts, un vallon solitaire, Où le daim vagabond paît l’herbe des tombeaux, Quelques sapins épars, un torrent dont les eaux Roulent avec fracas à travers la bruyère ; Le tonnerre grondant sous un ciel nébuleux, Et des vents et des flots le sauvage murmure ; Aux gothiques débris d’un cloître ténébreux La fougère mêlant sa funèbre parure, Tout enchante mes sens, tout en ces sombres lieux D’une sublime horreur épouvante mes yeux.

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