Ce qui reste fondamental et essentiel chez Béranger à travers toutes ses petites combinaisons que nous, nous n’avons fait qu’entrevoir autrefois, c’est la haute probité, la hauteur de l’âme, le caractère plébéien indélébile ; voilà ce qui rachèterait au besoin bien des petitesses et des raffinements.
Et l’on sent à travers tout le volume, malgré, certaines fois, de la monotonie et trop peu de liberté, une imagination délicate, un goût très sûr, un talent souple, qui vous font aimer le poète discret et tendre qu’est M.
Il casse avec plaisir les ailes du vieil alexandrin, et il savoure je ne sais quelle volupté néronienne à voir sa victime panteler au ras du sol comme un oiseau blessé : Des voix confuses passent à travers la brume… ……………………………………………………… Ce pendant qu’au ciel tranquille un soleil pâlot Sommeillait, qui parfois laissait errer sa bouche À la cime fuyante et sonore du flot.
Car rien ne nous touche d’absolument étranger, rien ne possède pour nous d’éloquence s’il ne trouve en nous-même son écho véridique ; et, ainsi que pour la physique supérieure tous les phénomènes ne sont peut-être que des modalités de l’unique Énergie, l’objectif serait un mode ignoré de notre âme, tout le possible encore obscur qu’elle contient et où elle se découvre par sa trace, comme le rythme dans l’harmonie, comme le temps à travers sa mesure d’espace.
Lorsque j’ai vu passer, à travers les récits de M. […] Et il déserte, par monts et par vaux, éperdument, à travers les coups de fusil des douaniers et des gendarmes. […] Il a promené, à travers le monde, l’esprit exact, pratique et raisonneur de l’École libre des sciences politiques. […] La bande joyeuse s’égaille à travers les rizières. […] Mais il y a des réalités qui associent, à travers les océans, toutes les portions de l’humanité vivante : ce sont les larmes des femmes, la plainte ingénue des enfants, toute la douleur éparse, à travers l’infini, dans l’innombrable diversité des cœurs unis par la souffrance.
Cependant, à travers tant de tentatives infructueuses, dans la longue impuissance de la littérature normande qui se contentait de copier et de la littérature saxonne qui ne pouvait aboutir, la langue définitive s’était faite, et il y avait place pour un grand écrivain. […] » Il va à l’endroit où il l’a vue pour la première fois, puis à un autre où il l’a entendue chanter ; « il n’y a point d’heure du jour ou de la nuit où il ne pense à elle. » Personne n’a depuis trouvé des paroles plus vraies et plus tendres ; voilà les charmantes « branches poétiques » qui avaient poussé à travers l’ignorance grossière et les parades pompeuses ; l’esprit humain au moyen âge avait fleuri du côté où il apercevait le jour. […] Non-seulement il est gai, mais il est moqueur d’un bout à l’autre du récit ; il voit clair à travers les subterfuges de la pudeur féminine ; il en rit malicieusement et sait bien ce qu’il y a derrière ; il a l’air de nous dire, un doigt sur les lèvres ; « Chut ! […] Lève ta queue, Satan, dit l’ange, afin que le moine voie où est le nid des moines. — Et sur une largeur de plus d’un arpent on vit sortir, comme des abeilles de leur ruche, plus de vingt mille moines ; ils s’éparpillèrent à travers l’enfer et revinrent aussi vite qu’ils purent se glisser jusqu’au dernier dans l’endroit d’où ils étaient sortis. […] On a le droit et le pouvoir, comme ici Chaucer, de copier et de traduire, parce qu’à force de retoucher on imprime dans ses traductions et dans ses copies son empreinte originale, parce qu’alors on refait ce qu’on imite, parce qu’à travers ou à côté des fantaisies usées et des contes monotones on peut rendre visibles, comme ici Chaucer, les charmantes rêveries d’une âme aimable et flexible, les trente figures maîtresses du quatorzième siècle, la magnifique fraîcheur du paysage humide et du printemps anglais.
tout ce que l’on peut faire à la campagne, en famille, à travers la causerie, durant les longues veillées de l’automne et de l’hiver. […] Toute vision de poète emporté dans l’extase est une vérité pour qui sait lire à travers le symbole. […] Pour moi, une pensée, jetée à travers ce livre, exprime admirablement le livre et l’auteur lui-même. […] Il faut qu’il aime, qu’il souffre, qu’il cherche la vérité à travers le travail et l’angoisse. […] Il interrogeait ces chemins avec une certaine anxiété, à travers la bonne humeur de sa résignation personnelle.
Le jour filtrait à travers l’escalier, les plafonds faisaient ventre.
La vie, en filtrant goutte à goutte à travers les événements et les souffrances, l’a déposé dans son cœur.
Il s’allonge à nos yeux avec certitude, comme un fil continu, en arrière, à travers vingt, trente, quarante années, jusqu’aux plus éloignés de nos souvenirs, au-delà encore, jusqu’au début de notre vie, et il s’allonge aussi en avant, par conjecture, dans d’autres lointains indéterminés et obscurs. […] Rien d’étonnant si ce long trouble, qui part d’une idée et dure à travers une série d’idées, nous semble interne comme les idées, si les désirs et les volitions qui en dérivent sont rapportés de la même façon au-dedans, si les suites et les caractères des idées s’opposent, comme les idées, au-dehors et ne peuvent être logés en aucun lieu. […] La plupart des légendes, surtout les légendes religieuses, se forment de la sorte. — Un paysan dont la sœur était morte hors du pays m’assura qu’il avait vu son âme, le soir même de cette mort ; examen fait, cette âme était une phosphorescence qui s’était produite dans un coin, sur une vieille commode où était une bouteille d’esprit-de-vin. — Le guide d’un de mes amis à Smyrne disait avoir vu une jeune fille apportée en plein jour à travers le ciel par la force d’un enchantement ; toute la ville avait été témoin du miracle ; après quinze heures de questions ménagées, il fut évident que le guide se souvenait seulement d’avoir vu ce jour-là un petit nuage dans le ciel. — En effet, ce qui constitue le souvenir, c’est le recul spontané d’une représentation qui va s’emboîter exactement entre tel et tel anneau dans la série des événements qui sont notre vie. […] Morale ou physique, la forme que nous appelons régulière a beau être la plus fréquente, c’est à travers une infinité de déformations possibles qu’elle se produit. — On peut comparer la sourde élaboration dont l’effet ordinaire est la conscience à la marche de cet esclave qui, après les jeux du cirque, traversait toute l’arène un œuf à la main, parmi les lions lassés et les tigres repus ; s’il arrivait, il recevait la liberté. Ainsi s’avance l’esprit à travers le pêle-mêle des délires monstrueux et des folies hurlantes, presque toujours impunément, pour s’asseoir dans la conscience véridique et dans le souvenir exact77.
Une exhalaison s’échappait de ce grand amour embaumé et qui, passant à travers tout, parfumait de tendresse l’atmosphère d’immaculation où elle voulait vivre. » Puis des récits d’imagination1, aussi nombreux chez Flaubert que les récits de débats intérieurs chez Stendhal, complètent ces comparaisons, dévoilent en Mme Bovary l’ardente montée de ses désirs, l’existence idéale qui ternit et trouble son existence réelle. […] Puis ces caractères jetés dans l’existence, soumis à ses heurts et consommant leurs récréations, évoluent au gré des événements et de leur nature, avec toute l’unité et les inconséquences de la vie véritable, tantôt nobles, déçus et victimes comme Mme Bovary, tantôt perpétuant à travers des fortunes diverses leur permanente impuissance comme Frédéric Moreau, tantôt sages et victorieux comme Mme Arnoux. […] Et combien est nouvelle celle qui se livre avec une grâce presque mûre à son aimé, et comme on la sent, à travers ses cris de jeune maîtresse, la femme de maison, être déjà responsable et dénué d’enfantillages. […] L’ascète est l’homme privé et assiégé de satisfactions charnelles ; les amorosités faciles de la reine de Saba le sollicitent ; la magie, de celle des brahmanes à celle des Alexandrins tentent sa soif de pouvoir ; il passe, n’adhérant définitivement à aucune, par toutes les religions et les hérésies ; la méthaphysique lui propose ses antinomies irrésolues, et il hésite de désespoir, à s’abîmer dans la luxure ou à s’anéantir dans la mort ; mais sa curiosité le fait encore balancer entre le mystère du sphinx et les fables de la chimère qui l’entraîne à travers les mythes et les ébauches de la création, à l’intuition de ces germes de vie qui la contiennent toute ; il l’adore pour se relever et se remettre par la prière dans le cycle des cultes, quand le soleil le rappelle de la spéculation nocturne à l’action diurne. […] Si l’on note le caractère commun de « l’écriture artiste » chez des gens aussi dissemblables que les de Goncourt, Baudelaire, Leconte de l’Isle, Th. de Banville, Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam, Cladel, on remarquera que tous affectionnent une forme de phrase et une série de mots qui demeurent identiques à travers les sujets divers qu’ils traitent ; en d’autres termes, tous poursuivent deux buts, et non un seul en écrivant : exprimer leur idée construire des phrases d’un certain type ; en d’autres termes encore tous sont doués d’un certain nombre de formes verbales et syntactiques, dans lesquelles ils s’emploient avec une extraordinaire adresse à rendre les idées qui s’associent ou qui pénètrent dans leur esprit.
Un murmure lointain, arrivant à travers les siècles, éveillait en lui de charmants souvenirs, bien faits pour le distraire des ennuis du présent. […] Ce savant d’outre-Rhin a très bien vu, à travers ses lunettes, la bizarre figure des hommes et des choses de notre temps. […] Il ouvre Vidal-Lablache ou Schrader, et son imagination s’élance à travers les montagnes et les vallées. […] » Et l’on se mit en route, à travers les rues étroites, parmi le populaire qui regardait. […] Alors il distribue à tort et à travers les charges et bénéfices dont il dispose.
Sous les formes parlementaires, à travers l’équilibre assez peu compliqué des pouvoirs et le jeu suffisamment modéré de l’élection, il y a une administration qui fonctionne de mieux en mieux et se perfectionne. […] Cette portion du livre est très-intéressante et neuve, d’une lecture plus continue et plus coulante que l’intervalle, d’ailleurs plus connu, de 89 à 92, dans lequel on ne marche qu’à travers les justifications, rectifications […] Il était une nature trop individuelle, trop chevaleresque pour cela ; occupé sans doute de la chose publique, mais aussi de sa ligne, à lui, à travers cette chose. […] On n’a pour opposer véritablement à cette triste vue que le nom de Washington, qui va rejoindre à travers les siècles ces noms presque fabuleux des Épaminondas et des héros de la Grèce. […] Or, le caractère d’une nation, modifiable très-lentement à travers les siècles, toujours très-particulier, est moins changeable encore que celui d’un individu, lequel lui-même ne se change guère.
tel qu’il nous apparaît à travers même d’excessives admirations, il n’est qu’une plus exquise adaptation de l’esprit grec à notre race ! […] En parlant ainsi, je ne crois pas me laisser décevoir par l’illusion d’une amitié née en des rêves communs, fortifiée en des luttes communes, et demeurée fervente à travers le longtemps. […] Voici, vus à travers des éblouissements de vitrail, les ateliers des ciseleurs d’estoc, et la traîne des dogaresses, et les conquistadors qui partent comme un vol de gerfauts. […] Le mot est un oiseau au vol démesuré, mais qui s’envole d’une branche, qui ne plane qu’après s’être posé ; et les hirondelles, si elles ne rencontrent pas de mât de navire, se fatiguent à travers l’océan. […] C’est à travers ses aînés immédiats que M.
Oui, en dépit du terme familier, du vocable marin, du juron trivial, c’est un souffle d’épopée qui circule à travers les larges pièces réunies sous ce titre : Les Gas. […] Dans une excursion pédagogique, faite en 1895, à travers nos établissements d’enseignement secondaire, M. […] Il débuta par la eune Amérique, journal de route, recueil de sensations éprouvées et notées à travers les villes, les vastes cultures, les exploitations minières du Chili et de la Bolivie. […] Bellessort fait ici en mettant à profit la vision d’un autre, il le fait bien souvent, à travers tout son livre, en n’empruntant de témoignage qu’à lui-même, en nous exprimant seulement ce qui s’est fixé dans ses yeux. […] La silhouette un peu farouche du répétiteur de l’institution Lelarge, impatient de renommée et de pouvoir, telle que je la retrouve à travers les vieux souvenirs d’une conversation avec Jean Richepin, mériterait d’être fixée.
Bourget aurait pu ajouter que la note bretonne de Le Goffic est moins purement individuelle que la note bressane de Vicaire ; ses deuils s’agrandissent de tous les deuils de sa race, et c’est l’amour de tout un peuple qui soupire et gémit dans ses amours, un long chœur de Bretonnes et de Bretons accompagnant son sanglot des leurs, alentis à travers l’Océan immense : Les Bretonnes au cœur tendre Pleurent au bord de la mer, Les Bretons au cœur amer Sont trop loin pour les entendre.
Dans le mythe, au contraire, de grands types se dessinent en traits plastiques, leurs actions glorifient l’essence de l’humanité, et les vérités profondes reluisent à travers le merveilleux comme sous un voile étincelant de lumière. » Pour extraire de l’histoire le même diamant que de la légende, pour en dégager « l’essence de l’humanité », il faut donc des alambics plus puissants, un foyer plus concentré, une transmutation plus énergique… Il n’y a donc pas lien de confondre le symbolisme historique du Théâtre de l’âme avec le symbolisme légendaire du drame wagnérien.