Pourrez-vous me dire ce qui se passe dans la tête imbécile d’un artiste, lorsque ayant à caractériser une Calipso, il n’imagine rien de mieux que de lui faire faire les honneurs de la table [?]
Comment ne pas nommer en tête celui qui, par son talent, par sa verve, par la curiosité infinie de ses recherches, et par je ne sais quelle flamme qu’il a l’art de communiquer à ce qui en d’autres mains ne serait resté que des papiers, a forcé le public, je ne parle plus du public érudit et lettré, mais le public des salons et qui décide des modes, à s’occuper de ces belles du temps jadis et à en disserter d’après lui ? […] Il n’y rencontra point le même genre de difficulté qu’en Prusse, ou l’on n’avait à traiter qu’avec une seule tête, ferme, compliquée et peu pénétrable ; mais la difficulté, pour être inverse, n’était pas moindre : il fallait traiter avec plusieurs, et, peu s’en faut, avec tous. […] Tous crient contre la paix, mais sans la haïr également : À la tête du parti qui crie contre la paix et qui veut la guerre, est M. […] À la tête du parti qui n’aime pas la guerre, et qui travaille pourtant contre la paix, est le duc de Newcastle, qui passe pour regretter sa place, et qui n’y peut revenir que par le bouleversement du ministère. […] Il baissa la tête sous la tourmente ; il ne paraît pas avoir eu la pensée d’émigrer.
Où donc la tête ? […] Le froid me saisit à la nuque… Là ma mère est assise sur une pierre et branle la tête ; elle ne hoche plus, elle ne cligne plus ; la tête lui est lourde ; elle a dormi si longtemps ! […] Sa figure ovale porte l’empreinte de la paix, de son âme et de la franchise de son caractère ; ses longs cheveux se reploient sur ses tempes en nattes épaisses, retenues au sommet de sa tête par de grosses épingles d’argent ; à son corset est suspendue une robe bleue qui, dans ses plis multipliés, enserre son beau corps. […] La lumière dans laquelle plongeaient les têtes culminantes comme la sienne ne descendait pas jusqu’aux masses populaires, capables de croire, incapables de raisonner leur croyance.
Son mari avait aussi peu de tête que possible, et le peu qu’il en avait, il le perdait tous les soirs dans les pots de cidre. […] Leur tête était ce que serait un bonnet chinois sans clochettes ; on aurait beau le secouer, il ne tinterait pas. […] III Oui, un lama bouddhiste ou un fakir musulman, transporté en un clin d’œil d’Asie en plein boulevard, serait moins surpris que je ne le fus en tombant subitement dans un milieu aussi différent de celui de mes vieux prêtres de Bretagne, têtes vénérables, totalement devenues de bois ou de granit, sortes de colosses osiriens semblables à ceux que je devais admirer plus tard en Égypte, se développant en longues allées, grandioses en leur béatitude. […] Les nuits, après cela, je ne dormais pas : Hugo et Lamartine me remplissaient la tête. […] Nous y laisserions presque toujours notre tête ou nos ailes.
quand donc viendra-t-il, ce jour que je rêvais, Tardif réparateur de tant de jour mauvais, Ce niveau qui, selon les écrivains prophètes, Léger et caressant, passera sur les têtes ? […] Après le règne de Louis XIV, on s’avise que de grands écrivains font autant pour la gloire d’un peuple que de grands capitaines ou de grands diplomates ; on s’aperçoit que les Corneille, les Molière, les Racine ont opéré des conquêtes plus durables que celles du grand roi, et si Voltaire peut traiter presque d’égal à égal avec des têtes couronnées, en sa qualité de roi de l’opinion publique, s’il a des correspondants et des flatteurs parmi les souverains d’Europe, il doit en partie ce prestige au souvenir de ses illustres devanciers, à l’admiration qu’ils ont inspirée, à la haute idée qu’ils ont donnée des droits sacrés du génie. […] Les titulaires des charges lucratives que l’Eglise laisse s’égarer sur la tête de mondains plus recommandés que recommandables croient devoir, tout au moins sur la fin de leur vie, rimer une paraphrase des psaumes, et de là ces milliers de vers dévots qui ont trop souvent l’air d’avoir été composés pour la pénitence des lecteurs autant que des auteurs. […] Comment les écrivains, qui ont toute leur fortune dans leur tête, n’auraient-ils pas bénéficié de l’expansion des idées démocratiques ? […] Le journaliste n’a que le choix entre deux partis : Ou bien obéir, courber la tête, suivre docilement ces variations, se résigner au rôle nourrissant et modeste de machine à écrire ; ou bien s’en aller chercher dans une autre feuille un gagne-pain qui sera aussi précaire, à moins qu’il ne se dégoûte pour jamais d’une profession où la pensée est sous le faix d’un pareil joug.
Les enfants pour fêter ton culte renaissant Répandaient des parfums, se couronnaient de branches Et la tête des rois tomba, sans que leur sang Tâcha ta robe blanche. […] Va et dis à ces morts pensifs À qui mes jeux auraient su plaire Que je rêve d’eux sous les ifs Où je passe petite et claire… Tu leur diras que je m’endors Mes bras nus pliés sous ma tête, Que ma chair est comme de l’or Autour des veines violettes. […] Ma chèvre, je tiendrai dans mes mains, si je peux Ta tête brusque et familière, Pour regarder changer de tout près dans tes yeux Cette pupille de sorcière. […] Et, parmi le soleil où, toi blanche et moi nue Nous irons nous heurtant du front Ma tête bien nattée et ta tête cornue L’une à l’autre se sculpteront.
Le grand nombre d’Ouvrages qu’il a déterrés & mis en lumiere, dans le Recueil intitulé Spicilege *, lui ont mérité une place parmi les Savans du siecle dernier ; les excellentes Préfaces qu’il a mises à la tête de chaque édition, prouvent qu’il auroit pu ne pas se borner à la simple qualité d’Editeur.
Cet Ouvrage, dont le style a vieilli, annonce un Critique consommé dans l’étude des Auteurs Grecs & Latins, & donne à l’Auteur le droit de figurer à la tête de tous les Mythologues qu’a produits notre Nation, sans en excepter le savant Abbé Bannier.
En France, une théorie paraît, éloquente, bien liée et généreuse ; les jeunes gens s’en éprennent, portent un chapeau et chantent des chansons en son honneur ; le soir, en digérant, les bourgeois la lisent et s’y complaisent ; plusieurs, ayant la tête chaude, l’acceptent et se prouvent à eux-mêmes leur force d’esprit en se moquant des rétrogrades. […] Il a gardé un souvenir confus des termes depuis qu’il a quitté l’université, mais il a perdu la moitié de leur sens, et les met ensemble sans autre motif que leur cadence, comme ce domestique qui clouait des cartes de géographie dans le cabinet d’un gentleman, quelques-unes en travers, d’autres la tête en bas, pour mieux les ajuster aux panneaux974. » Quand il juge, il est pire que quand il prouve ; témoin son court portrait de lord Wharton. […] Le hêtre a sur la tête une très-galante perruque, et il n’y a pas de plus joli justaucorps blanc que celui du bouleau. » De même pour les qualités de l’âme : « la religion n’est-elle pas un manteau, et la conscience une culotte, qui, quoique employée à couvrir la saleté et l’impudicité, se met bas très-aisément pour le service de l’une et de l’autre ? […] Les femelles avaient de longs cheveux plats sur la tête, mais non sur la figure, ni rien sur tout le reste du corps qu’une sorte de duvet. […] Philosophe contre toute philosophie, il a créé l’épopée réaliste, parodie grave, déduite comme une géométrie, absurde comme un rêve, croyable comme un procès-verbal, attrayante comme un conte, avilissante comme un torchon posé en guise de couronne sur la tête d’un dieu.
Il ne fut pas peu surpris de le retrouver là, mollement couché sur une planche et la tête posée sur la selle qu’il venait réclamer. […] Cette nouvelle pensa tourner la tête de notre philosophe. […] Ces deux têtes charmantes, renfermées sous ce jupon bouffant, me rappelèrent les enfants de Léda enclos dans la même coquille. […] Il ne voyait cependant qu’une petite fille qui accourait à lui, la tête couverte de son jupon, qu’elle avait relevé par dernière. Mais bientôt il s’aperçut que ce jupon servait d’abri à deux têtes charmantes animées par la course et par la joie.
La première édition de ce volume, qui parut d’abord en décembre 1851, avait en tête cet avertissement : « Ce volume, que j’intitule Derniers Portraits, non parce que j’ai décidé de n’en plus faire, mais parce qu’il se compose des dernières études de ce genre auxquelles j’ai pris plaisir avant Février 1848, sert de complément aux six volumes de Portraits déjà publiés chez M.
Il a mis à la tête de plusieurs de ses Consultations imprimées : Moi, qui ne cede à personne, & à qui personne ne peut rien apprendre.
Mais comme heureusement pour vous, il n’y a là ni le Saint Victor, ni le Saint André, ni le Saint Benoît de Deshays, ces têtes coupées qui ensanglantent la terre, nous paraissent fortes et bien.
C’était assez pour échauffer une tête vive, où, comme la rime chez les poètes, les mots suscitaient les idées ; c’était trop peu pour opérer des conversions politiques. […] Mais je l’ai écouté d’abord par devoir, puis pour apprendre quelque chose des dispositions du public auquel il a parlé par-dessus nos têtes, enfin parce qu’il y a toujours du bon à prendre dans les critiques d’un adversaire. […] Il faisait tête aux faits et aux lois, et parfois, sous les formes les plus courtoises, l’élève traitait le maître en simple contradicteur. […] Parmi les noms dont s’honorent, dans cet ordre de travaux, la France et l’Angleterre du xixe siècle, à côté des noms anglais, en tête des noms français, elle placera celui de M. […] Jamais catastrophe plus tragique n’inspira de sentiments plus passionnés à un homme courageux, hardi, compatissant aux faibles, n’ayant pas peur des forts, gardant aux plus durs moments une tête froide et la complète liberté du bien.
C’est de là qu’il écrit : « Novembre me revient en tête. […] Il s’agit surtout de celles des Français qui n’ont pas la tête épique. […] La « facilité » en politique se confond avec le gouvernement à plusieurs têtes, avec la multiplication indéfinie de ces têtes. […] Elle est venue pour mettre le pied sur la tête du serpent. […] Des cheveux blancs couvrent sa tête prodigieusement grosse ».
Elle rougit, baissa la tête et murmura quelques paroles que le sage n’entendit point. […] Petite tête et grand cœur, enfin c’est « un caractère ». […] Il relève la tête, et voit un Arabe qui venait de le manquer et rechargeait son arme. […] Mais il s’honora en tenant tête aux réclamants armés. […] De fait, il portait sur son dos plus de savoir que je n’en porte dans ma tête.
« Le nain leur semble un Briarée « Centuplant sa tête et ses bras, « Et des chefs de ses fiers soldats « L’audace même est effarée. […] Il représente les Grecs, et Pyrrhus à leur tête, n’épargnant rien, et n’assouvissant qu’avec peine leur soif du sang excitée par la seule attente d’un triomphe complet. […] « Mais vois l’arche souillée et vois cesser tes fêtes : « Israël qu’on divise est un monstre à deux têtes. […] Il ne saura pas, alors que Nisus se livre à Volscens pour sauver la tête de son ami qu’on veut immoler par vengeance, il ne saura pas lui faire jeter ce cri si bien rendu par Lebrun. […] Ne vous fait-il pas voir son front surmonté d’une vaste chevelure ondoyante autour de sa tête, et son noir sourcil qu’il ne remue qu’en ébranlant le ciel et la terre ensemble ?
Aphrodite aux cheveux d’or répandrait sur sa tête la grâce et la volupté… ; et le messager Hermès mettrait en elle l’esprit d’impudence et de mensonge. […] Le soir, on le voyait tomber dans un brusque sommeil, la tête près du feu, et se réveiller les yeux et l’esprit chargés de rêve. […] Elle ne pouvait aimer ce gros homme, sa grosse tête, son gros nez, son air toujours endormi ; mais elle partagea la vénération qu’il inspirait. […] Mit-on sa tête à prix ? […] Millerand l’avait mis à la tête de l’École d’application où se forment les ingénieurs des Postes et des Télégraphes et les membres du haut personnel.
Ce que je vois entre dans ma tête, descend dans ma plume, et devient ce que j’ai vu. […] Combien de gens se laissent prendre à des mannequins qui ont une toque sur la tête et une dague au côté ! […] qu’on met dans la bouche du peintre ; il est surprenant qu’on ose ramasser de pareilles niaiseries, qui furent jetées, il y a déjà trente ans, à la tête de M. […] Il servira beaucoup mieux que les conseils et les leçons à ramener ceux de nos jeunes artistes qui, sans lui, pourraient donner tête baissée dans les mêmes erreurs. […] Champfleury regarderait, j’en suis sûr, comme une injure la qualification de poète ; en tout cas, ce n’est pas moi qui la lui jetterai à la tête.
Excellent homme, empressé, exalté, un de ceux que la Révolution saisit du premier coup et enleva dans les airs comme des cerfs-volants, jusque-là d’une grande utilité domestique, l’idéal du famulus, il voulut plus tard agir et penser par lui-même et perdit la tête dans la mêlée, — c’est l’esprit que je veux dire ; car Marat, pour comble d’injure, Marat, son ex-confrère en médecine et qui l’avait apprécié sans haine, le fit rayer de la liste fatale, comme simple d’esprit81. […] Mme Roland et ses amis, à partir de ces jours funèbres, se rangent ouvertement, et tête levée, du côté de la résistance. […] Un préjugé public a nommé Barbaroux, parce qu’elle l’a loué dans un admirable portrait pour sa tête d’Antinoüs ; mais rien ne prouve que ce fût lui. […] On ne la voit pas prendre feu par la tête, à quinze ans, pour un M. de Guibert, et M. de Boismorel, dont le rôle près d’elle semble analogue, ne fut qu’une figure très-régulière et très-calme à ses yeux.
Mais ce que Balzac appelle Discours, et qu’il adresse à un personnage imaginaire du nom pompeux de Ménandre, par-dessus la tête du général des feuillants et de tout son ordre, Pascal l’appellera Petites lettres, et les adressera, comme autant de flèches mortelles, droit au cœur de la Société de Jésus. […] En tête de l’apologie de Balzac, par Ogier. […] Ces vers sont en tête du Prince : Tulis eat, summo si delabatur Olympo, Aut factura Deos, a ut damnatura nocentes, Ipso remi gaudens Facuudia vultu. […] En. tête de l’Apologie, en réponse aux Lettres de Phyllarque.
Si la pécheresse, au bord de la tombe, demande sa consolation et sa force au plus mystérieux sacrement de la religion catholique, la peinture de cette scène a juste autant de valeur dans l’ensemble du roman que la description d’une casquette ridicule sur la tête d’un collégien de province. […] Naravase s’était présenté au camp d’Hamilcar avec une centaine de cavaliers ; comme les sentinelles, redoutant quelque ruse, hésitaient à les conduire auprès du chef, le Numide s’élança de son cheval, déposa ses armes, et seul, sans crainte, la tête haute, alla trouver le héros de Carthage au milieu de son armée. […] Flaubert a vu sur quelque médaille un personnage dont les épaules se soulèvent ; sans se demander si ce n’est pas une imperfection de dessin ou bien une allusion à un fait passager, il découvre là une attitude carthaginoise, et croit faire preuve de précision en l’imposant à tous ses personnages : Salammbô s’enfonce la tête dans les épaules, Hamilcar aussi, et Spendius, et Mâtho. Il a remarqué en Afrique les fils des Numides étendus à terre tout de leur long : presque tous les acteurs de son récit se vautrent sur le sol ; ils mangent à plat ventre, ils boivent à plat ventre, à moins que, pour se désaltérer plus à l’aise, et sans craindre l’asphyxie, ils ne plongent la tête tout entière dans des jarres d’eau miellée.
Peut-être parce que le tout petit oiseau porte sur la tête une huppe qui semble l’ironie d’une couronne. […] Quelques-uns de ces phénomènes linguistiques sont moins obscurs ; c’est quand l’objet nommé ou surnommé est très caractéristique de forme ou de couleur : ainsi l’able ou ablette (albula) est dite poisson blanc par les Hollandais, les Anglais, les Polonais : witfisch, white hait, bialoryb ; ainsi le choucabus (à tête ; caput, chabot142, caboche) est aussi pour les Allemands, kopfkohl, et pour les Italiens, capuccio ; ainsi le phénicoptère des Grecs, l’oiseau aux ailes de flamme, est pour nous le flamant. […] Que la fauvette à tête noire ait été nommée en grec [mot en caractères grecs]153, en latin atracapilla ; qu’elle soit, en italien, la capinera, et en portugais toutinegra (chignon noir) cela n’a rien que de fort logique ; on ne sera pas surpris davantage que des petits oiseaux aient été comparés à des mouches : notre moineau est littéralement l’oiseau mouche (muscionem, de musca) et la fauvette, alors désignée d’après sa petitesse et sa légèreté, devient la mouche d’herbe (all. : grasmuch ; flam. […] Chabot, poisson à grosse tête, en grec, [mot en caractères grecs] ; en latin capito ; en latin mérovingien, cabo.
il l’est si bien devenu, que nous n’en apercevons plus les inconvénients et les dangers, et que nous trouvons charmante cette tête de Méduse et en caressons les serpents. […] IX En effet, il faut réhabiliter Mme Du Barry de la tête aux pieds, avec une autorité souveraine, — faire resplendir ce qu’elle fut, c’est-à-dire le contraire de ce que croient les hommes et de ce que dit l’histoire, — préciser avec une rigueur qui rende toute contestation impossible l’action qu’elle eut, si elle en eut jamais de profitable à la monarchie, ou ne pas s’en mêler du tout et la laisser oubliée, — si tant est qu’on puisse l’oublier — dans ce tas de chiffons souillés qui finissent par devenir sanglants et qui furent le dix-huitième siècle. […] On ne l’y voit pas toujours, mais, regardez-y, elle y est. » Et c’est la vérité ; mais Mme Du Barry et ses pareilles ne sont pas seulement de ces influences ou de ces instruments nécessaires dont les têtes politiques les plus pures sont parfois obligées de jouer : elles sont plus que cela, elles ! […] XI Elle y était peut-être, mais passive et secondaire, instrument du règne en des mains plus fortes que sa tête, à elle, ployée par ces mains dans des intérêts plus grands que les siens.
À peine sur la côte, Lantenac apprend que sa tête est mise à prix. […] Le Gascon qui est en lui dit sans doute : têtes fermées et cerveaux étroits ! […] Regarde-moi bien et modèle ta tête sur la mienne, et alors tu existeras tout à fait. […] Qu’ils soient les bienvenus, tous ceux qui ont quelque chose dans la tête et dans le cœur ! […] Taine, qui se portent très bien ; il palpe, il ausculte et, hochant la tête : Voilà qui est grave !
Trufaldin verse un vase de nuit sur la tête de Léandre, en lui disant que Célie lui fait présent de cette cassolette ; Léandre s’écrie : Fi ! […] le Docteur accorde le pas à la matière, Arlequin soutient le contraire, et le prouve en racontant qu’un cordonnier lui ayant cassé la tête d’un coup de forme, la matière ne vint que longtemps après. […] peut-il entrer dans la tête d’un acteur versé dans son art, que la situation d’Alceste lui permette de plaisanter ? […] L’autre Alcmène avait la simplicité de n’entendre finesse à rien, et bien pénétrée de l’esprit de son rôle, elle disait tout naturellement, comme une honnête femme qui parle à son mari, Tête à tête ensemble nous soupâmes, Et le soupé fini, nous fûmes nous coucher ; aussi ne fut-elle point applaudie. […] L’Avare, la tête pleine du larcin qu’on lui a fait, croit que Lyconide est le voleur de son trésor, et qu’il le prie de lui en faire un dom ; d’un autre côté, Lyconide pense que l’affront fait à Phédrie est la cause du désespoir de son père.
Il était pris d’une espèce de frisson qui hérissait ses cheveux sur sa tête. […] De littérateurs, ayant la tête pleine de vagues projets de réformes. […] Mais à chaque nom il secouait la tête. — “Non, murmurait-il, je ne me rappelle pas !” […] Il proclame l’état de siège, fait arrêter les meneurs de la révolte, tient tête, dans son palais, à la meute furieuse. […] Il prend goût à l’action : de nouveaux rêves, de nouvelles chimères lui reviennent en tête.
II, p. 233) : « Dandolo, homme d’un caractère vif, chaud, enthousiaste pour la liberté, fort honnête homme, avocat des plus distingués, se mit à la tête de toutes les affaires de la ville… » Son fils, le comte Tullio Dandolo, lui-même écrivain très connu, possède des lettres de Bonaparte, dans lesquelles le premier Consul parle à son père d’« affection » et de l’« estime la plus vraie ».
Mais en matière d’ajustement des têtes, la fantaisie exerce d’autant plus librement son caprice. […] On a l’impression d’être à une mascarade où chacun est venu dans un déguisement et en tête. […] Elle ne voyait dans le monde que des formules logiques sur deux jambes et des équations mathématiques à tête poudrée et à habits brodés. […] Dans la main de la « damozel » Rossetti met trois lis, autour de sa tête il entrelace sept étoiles. […] Jules Huret décrit ainsi son extérieur : « Sa tête de mauvais ange vieilli, à la barbe inculte et clairsemée, au nez brusque (?)
En vain l’on dirait encore qu’elle se montra humaine, même dans les caprices et les revirements de ses passions ; qu’elle ne traita jamais ses amants, quand elle rompait avec eux, comme fit une Christine de Suède ou une Élisabeth d’Angleterre : elle ne les tuait pas, en effet, mais, en les répudiant, elle les comblait de milliers de roubles, de vastes terres en cadeau, et de têtes de paysans. […] c’est la postérité, et non pas nous… » Quand la flotte russe qui est entrée dans la Méditerranée par le détroit de Gibraltar va tenter la Grèce et fait des siennes dans l’Archipel et dans les mers d’Asie, Voltaire voudrait plus encore ; il voudrait voir l’Impératrice se promener en bateau sur le Scamandre, et il avait bien compté, « lui dit-il, qu’elle rebâtirait l’antique Troie » ; à cela elle répond qu’elle préfère, sauf meilleur avis, la belle Néva au Scamandre : « Je renonce aussi à la réédification de Troie ; j’ai à rebâtir ici tout un faubourg qu’un incendie a ruiné ce printemps. » Dans les lettres de Voltaire à l’Impératrice, il fait un peu trop le poëte, le fou d’admiration, la tête montée — il y a trop de lazzis et de turlupinades ; il abuse du Moustapha.
Chaque auteur, si jeune, si plein d’avenir qu’il soit, du moment qu’il a levé la tête et que son nom a été prononcé dans la cohue, est comme un ambitieux qui, se sentant miné d’une fièvre lente et voulant arriver au ministère, fait œuvre, sur l’heure, de toutes ses ressources, accumule et jette aux yeux tous ses expédients, et blanchit en deux ou trois chétives saisons plus qu’autrefois Sully en quarante ans. […] Bénédict n’est pas amoureux de Mlle Louise, bien qu’il se soit mis cela dans la tête depuis deux ou trois jours, et qu’il ait déjà essayé de le lui faire entendre. — Mais ce n’est pas un récit que je veux faire.
Les yeux lui roulaient étrangement dans la tête ; il ne connaissait personne, et ne disait mot. […] Rien ne semble trop cher, dentelle ni guipure, Pour encadrer de blanc cette tête si pure, Dans le lit qu’on apprête à son calme sommeil.
Cette ville, soit comme tête de route très importante, soit à cause de ses jardins de parfums et de ses riches cultures 1007, avait un poste de douane assez considérable. […] Jésus (toujours dans l’hypothèse ci-dessus énoncée) désira voir encore une fois celui qu’il avait aimé, et, la pierre ayant été écartée, Lazare sortit avec ses bandelettes et la tête entourée d’un suaire.
On lui a persuadé dès son enfance, et depuis il n’en a pas douté, qu’un fils ne peut jamais s’acquitter de tout ce qu’il doit à une mère, voire à une mauvaise mère qui est devenue sa marâtre, et qu’un citoyen est toujours obligé à sa patrie, voire à son ingrate patrie et qui l’a traité en ennemi. » Plus loin, il montre le consul romain à la tête de l’armée. […] Un signe de sa tête tient tout le monde en devoir.
Une autre fois il fit enterrer vifs douze jeunes nobles, la tête en dehors du sol, sans prétexte aucun, sans colère, parce que telle était sa fantaisie du moment. — Un jour, il ordonne de faire mourir Crésus qui, depuis la conquête de son royaume par Cyrus, vieillissait honorablement à la cour de Perse. […] Ils se jettent du pont dans la mer, le navire allégé atteint le rivage, Xerxès, parce que le pilote a sauvé la vie du roi, lui fait présent d’une couronne d’or ; et il lui fait trancher la tête, parce que son conseil a causé la mort de beaucoup de Perses.
Mme de Staël, cette flamme de Mme de Staël, cette flamme dans l’orage perpétuel, cette tête de femme à idées, cet être, qui était la vie, a pu écrire des lettres bêtes comme des révérences et vides de tout, excepté des chinoiseries de politesse officielle et de bienveillance banale dont le monde se paye, sans se tromper ! […] Guizot, dont la grandeur doit emplir rasibus toute la tête de Mme Le Normand, M.
Jolies têtes d’épingle noire, d’or ou d’ambre ; fines pointes d’aiguille, mailles d’un tricot perdues et rattrapées, Dieu sait avec quel mouvement languissant ou rapide, toutes ces observations sont femmes. […] … Il y avait naturellement, en Mme Swetchine, bien avant que le Catholicisme la prît pour lui baptiser le cerveau dans sa nappe de lumière, il y avait dans cette tête, au visage un peu kalmouck, une régularité de raison qui démentait l’angle facial, et dans l’imagination de cette Russe, quelque chose de doux et de savoureusement sage que n’ont pas d’ordinaire ses compatriotes, l’opposé de leurs neiges, dont J. de Maistre nous a dit : « Qu’ils feraient sauter en l’air les citadelles, si on les bâtissait sur leurs désirs !
Mais qu’à deux siècles de distance un homme qui n’a pas le génie absolu qui devine, là où les autres sont obligés de chercher, puisse nous donner le dessous de cartes d’une négociation qu’il ne connaît que par une correspondance officielle, franchement, je ne crois pas à un tel homme… et, dans tous les cas, ce ne serait pas Valfrey, écrivain exsangue, tête sans aperçu, et qui ne conçoit l’histoire de la diplomatie que comme le vil dépouillement d’un carton… IV Elle est autre chose, cependant. […] Histoire écrite sans pénétration, sans pincement des faits pour en exprimer l’intime essence, sans clarté profonde et à l’aveuglette, par un tâtonneur qui a mis la main sur un carton et qui nous le vide, par pièces et morceaux, sur la tête !
Il se jouait de Dieu et des hommes dans une éloquence pleine d’eux qui allait au cœur… Tête vertigineuse, mobile et tenace, trait juste que Léouzon-Leduc a rencontré, je ne sais comment, suffisant sans scrupule, élégamment cynique, on le vit donner des spectacles presque comiques dans leur abaissement. […] Mais c’est précisément la main puissante, comme la tête puissante, comme le cœur puissant, qui manquent à Léouzon-Leduc en histoire ; il n’y est qu’un ramasseur de faits et un chroniqueur.
on en intitulait une, entre toutes, L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution, la tête qui la pensait, cette histoire, et qui, du propre aveu de son titre, se préoccupait plus de l’esprit révolutionnaire que de la Révolution elle-même, devait le chercher et le prendre partout où il fut. Il était à croire que cette tête remonterait le vulgaire courant que tout le monde a descendu.
Collé n’est pas un si fort chansonnier qu’on l’a dit, et sa réputation, comme chansonnier, ne me tape point sur la tête. […] Donnez une chiquenaude à cette vieille couronne de roses et de lierre qui a tant usé de chapeaux de Roger-Bontemps, et vous verrez apparaître de là-dessous un front ferme et froid, une tête solide qui n’a pas une illusion, pas une griserie sur les choses qui grisaient le plus les gens de son temps et même encore beaucoup de ceux du nôtre, sans qu’il soit besoin de boire pour cela au cabaret.
On lui jetterait, à cet insecte, une prise de bon tabac d’académicien sur la tête, et tout serait dit ! […] L’idée que M. l’abbé Gorini était si apte à établir dans la majorité des têtes par un livre autrement tricoté que le sien, l’idée que l’Histoire a été faussée tant de fois et sur tant de questions, par les mains révérées de ceux qui l’ont maniée avec le plus de puissance, parerait au mal actuel de son enseignement… Et je dis actuel, car plus tard, il n’y a point à en douter, la critique de M. l’abbé Gorini portera ses fruits contre ceux qui l’ont suscitée.
La Science probablement trempe la tête dans un Styx, comme le corps d’Achille, afin de faire à ses enfants un sentiment moral invulnérable, et (le croiront-ils, ceux-là qui ne sont pas médecins ?) […] On a eu de fort grands critiques pour la critique elle-même, et qui, comme Bayle, appuyaient leurs têtes d’or sur l’argile d’un scepticisme, toujours près de s’écrouler, mais M.
Sous la Mère Régence, on avait fait tout, excepté pénitence ; mais sous Louis XV, on faisait pis que tout… On avait roulé, la tête en bas, le reste en haut, d’Aspasie-Pompadour à Phryné-Du Barry. […] Ce vagabond sublime, dont les pieds saignaient sur les cailloux et dans la boue des chemins, marchait la tête dans la lumière, voyant Dieu nettement dans le bleu du ciel, et répandant de ses lèvres infatigables des torrents de prières.
Elle a, dans les doctrines d’application et d’exécution de ce socialisme, le dernier enfant de ses entrailles, introduit avec une satanique profondeur de dessein une fausse figure historique du Sauveur des hommes, croyant sans doute qu’il resterait assez d’irrésistibles séductions dans la tête divine — défigurée par elle — pour fasciner les âmes et les entraîner à ses fins. […] Aussi, faut-il le reconnaître, dans les circonstances qui nous entourent, en face des monstrueuses comparaisons qu’on se permet, essayer de rendre plus populaire et plus facile cette étude de l’Évangile qui nous élèverait la tête et nous ouvrirait le cœur si nous savions y revenir, c’est là une tentative d’esprit pénétrant qui voit les maux de ce temps et leur remède, c’est une noble et touchante entreprise d’intelligence et de charité.
En vain : on leur montre un jour ces deux têtes de Gorgone ; en vain on leur casse le museau contre les cercueils où les êtres qu’ils ont le plus aimés se sont peut-être tordus dans d’inexprimables agonies, que le lendemain, brutes légères, ils n’y pensent plus, et, souriants et tranquilles, se tournent d’un autre côté. […] Eux comme lui, lui comme eux, n’ont résolu complètement, péremptoirement, une fois pour toutes, cette question des inhumations précipitées qui pend comme un poids étouffant sur nos têtes et sur nos poitrines, et qui devrait être l’anxiété, la transe universelle, puisqu’elle embrasse également et notre avenir, à nous vivants, et le passé des êtres aimés que nous avons perdus !
Et voilà comment les sottises des hommes de talent ne tombent jamais par terre et peuvent toujours germer dans les têtes qui viennent après eux ! […] Sous cette rubrique, qui est une déchirure, l’auréole d’emprunt, il montre ce que fut la tête auréolée.
Oui, vous trouverez que, dans Les Hommes de Lettres, rien n’est imitation positive, mais que tout y est réminiscence fatale, jusqu’à la folie idiote du héros, qui vous rappellera, mais en les faisant grimacer, ces grands fous, ces Titans dégradés de Balzac, le colonel Chabert avec son mouvement de canne au-dessus de sa tête chauve et vide, et le terrible Ferragus regardant « jouer au cochonnet. » III Et il n’y a rien de plus dans le roman de MM. de Goncourt que ce que je viens d’indiquer. On a bientôt fait cette analyse : un moraliste, un romancier, une tête d’observateur, qui épouse une actrice comme un Jocrisse amoureux, et qui, fou d’ennui, le devient positivement et physiologiquement, parce qu’un de ses amis en journalisme, traître et voleur, fait autographier les lettres confidentielles qu’il écrivait à sa femme avant de l’épouser, et dans lesquelles il se lâchait de plaisanteries contre les hommes qu’il estimait le plus et pressait le plus sur son cœur, — c’est là tout le roman, étreint en quelques mots, de ces Hommes de Lettres, qu’il vaudrait mieux appeler Les Intimes littéraires.
Baudelaire, d’une tête qui a parfois la froide lucidité de Poe, attendu une thèse plus virile. Il pouvait être le frère de charité, l’ensevelisseur des restes d’un homme de génie, sans les jeter à la tête de tout un pays qui, en définitive, ne l’a point volontairement assassiné.
qu’on aime, mais dans une mesure prudente, dans une dose surveillée… Ici, la dose est tellement dépassée que les têtes les plus solidement construites avec ce moellon qui résiste à l’ennui ne pourraient résister à celui de ce livre-là. […] La thèse de l’auteur, ou des auteurs du Maudit, — car des critiques plus aigus ou plus fins que moi, malgré l’unité de platitude qui règne dans ce livre de l’un à l’autre bout, ont prétendu qu’il y avait plusieurs astres en conjonction sous les trois étoiles de l’occulte abbé, qui ne serait pas un si pauvre diable alors et pourrait s’appeler Légion, — la thèse donc du Maudit, qu’on a voulu traduire en récit romanesque, sans doute pour plus vite la vulgariser, est la malédiction jetée par l’Église sur la tête du prêtre qui comprend que le vieux sacerdoce du passé croule de toutes parts, pour faire place au sacerdoce de l’avenir !
C’est lui à qui on vint annoncer au milieu d’un sacrifice que son fils venait de mourir : il avait une couronne de fleurs sur la tête, et il l’ôta. On lui dit qu’il était mort dans une bataille en combattant avec courage ; il remit la couronne sur sa tête, et continua d’offrir de l’encens aux dieux.
On sait qu’en général Mazarin était timide et faible ; il caressait les ennemis dont Richelieu eût abattu les têtes. […] À la tête de sa tragédie de Pompée, il loue ce cardinal comme on loue un homme qui peut tout.
On doit rendre justice à chacune des Préfaces qu’il a mises à la tête de ces éditions.
Ce Médecin, que ses malades n’occupoient pas beaucoup, s’avisa de composer, dans un moment d’ennui, des Vers plus Provençaux que François, où il inséra toutes les rêveries qui lui passerent par la tête.
Il s’est mis à la tête des peintres négligés, après avoir fait un grand nombre de morceaux qui lui ont mérité une place distinguée parmi les artistes de la première classe.
C’est plutôt le contraire qui est vrai : scinder l’homme en deux, c’est le diminuer de moitié, c’est vouloir des têtes sans bras ou des bras sans tête. […] Il ne perdit pas une heure dans toute sa vie, pas même l’heure de sa mort ; il écrivait encore on ne sait quoi sur ses tablettes dans sa litière, au moment où, arrêté par les sicaires d’Antoine, il leur tendit sa tête pour mourir. […] La tête sanglante de cet homme à qui tant de citoyens devaient leur salut, fut attachée à cette même tribune où, pendant son consulat, il avait défendu la république avec tant de fermeté, et que, pendant sa censure, il avait ornée des dépouilles de nos ennemis. Avec cette tête tomba celle de Caïus César, trahi par son hôte, et celle de son frère Lucius ; en sorte que celui qui n’a pas été témoin de ces horreurs semble avoir vécu et être mort avec la république. […] Notre ami garde un silence plus long qu’à l’ordinaire avec le public, et pourtant je crois qu’il n’a pas cessé d’écrire, mais il nous cache ce qu’il compose. — Point du tout, dit Varron ; ce serait, selon moi, une folie que de faire des livres pour les cacher, mais j’ai un grand ouvrage sur le métier ; il y a déjà longtemps que j’ai mis le nom de cet ami (c’était de moi qu’il parlait) en tête d’un travail assez volumineux et que je tiens à exécuter avec le plus grand soin.
Le Prêtre, tenant toujours l’hostie de la même manière, appui décemment les coudes sur le devant de l’autel, incline la tête, et prononce tout bas sur l’hostie, sans effort de tête ni de bouche, sans aucune élévation de voix et sans aspiration forcée, les paroles de la consécration. […] Au mot Jesu Christi, il incline la tête, pais, portant de la main gauche la patène au-dessous du calice, il prend révérencieusomont tout le précieux sang avec la particule en une fois ou trois fois au plus, et sans retirer le calice de sa bouche. […] Tête d’oiseau, cervelle toujours en mouvement, avec les caprices les plus baroques. […] Nous la raillons, l’infaillibilité du pape, et il y a, dans les lettres, dans les arts, un certain nombre de vaniteux qui se posent à eux-mêmes la tiare sur la tête et ne souffrent pas qu’on les discute. […] Zola est le chef d’une école que je crains bien de voir grandir outre mesure : L’École de la suffisance et de l’ignorance. » Comparez donc la critique qu’on accuse de brutalité, et celle qui se pose sur la tête la tiare de l’affabilité, du bon ton, de la courtoisie.
Ainsi nul œil, Ulric, n’a pénétré les ondes De tes douleurs sans borne, ange du ciel tombé ; Tu portes dans ta tête et dans ton cœur deux mondes, Quand le soir, près de moi, tu viens triste et courbé.
Vous rappelez-vous, mon ami, la Résurrection du Rembrant ; ces disciples écartés ; ce Christ en prière ; cette tête enveloppée du linceul, dont on ne voit que le sommet, et ces deux bras effrayants qui sortent du tombeau.
Une tête féconde et hardie aurait ouvert le gouffre de feu au bas de son tableau.
Vassé Cette Femme couchée sur un socle, et la tête penchée sur une urne qu’elle couvre de sa draperie, et qu’elle arrose de ses pleurs est une belle chose.
Comme une femme qui met ses diamants dans ses cheveux, j’ai toujours mis le nom d’un de mes amis à la tête de chaque volume des Œuvres et des Hommes.
Préface1 Il faudrait peut-être rappeler ici que nous avons mis le nom du xixe siècle à la tête du livre intitulé : « Les Œuvres et les Hommes ».
Pourquoi me jetez-vous des pierres à la tête, vous qui avez des têtes de verre ? […] Aussi, me vois-je à la tête d’un millier d’amis. — Hélas ! […] Mais ce sont là, paraît-il, des préjugés d’un autre âge et la gloire de nos jeunes arrivistes se mesure maintenant au nombre de scalps ravis aux têtes de leurs aînés ; au moins faudrait-il respecter les morts, selon les usages des Peaux-rouges à qui nous devons ce sport d’un nouveau genre, et M. […] D’autres encore se vouent à un didactisme ingénu dont ils ne soupçonnent pas le ridicule, comme ce jeune homme qui écrivait récemment un poème entier sur les champignons, où il est dit sentencieusement : Pour s’abriter par tous les temps, Les petits champignons bas Ont un chapeau sur pas de tête, Ou la tête, contrairement, Semblable à un grand chapeau plat ……………………………………… Et qui se protège elle-même. […] Il a lâché sa main, il l’enlace, il la presse ; la tête en arrière penchée, elle tend ses lèvres et sa vie vers sa bouche, elle frémit ; alors leurs bouches s’unissent, ils pleurent, leurs cœurs gonflés ensemble s’éperdent et meurent.
L’œuvre paraissait enfin, ayant en tête une préface où Chapelain louait « la floridité » et l’élégance du style, et déclarait le poème « tissu dans la nouveauté selon les règles de l’épopée, et le meilleur en son genre qui sortira jamais en public81 ! […] Il n’était si petit auteur qui ne pût faire imprimer en tête de ses productions, en manière de certificats, des pièces de vers à sa louange, signées des poètes les plus à la mode. […] L’anecdote regarde Chapelain, pourtant la plus haute tête d’alors. […] Mais si l’on imagine Boileau le récitant devant des personnes dont la tête était pleine de toutes ces belles passions, et donnant à chaque personnage le ton et le geste qui lui convenaient, on comprend qu’il y fût très applaudi. […] En tête de cet écrit est une gravure représentant Mercure fouettant un satyre, en présence d’un personnage appuyé contre un arbre, le doigt levé, et qui paraît régler la correction.
Sur une encolure puissante et un peu courte, sa tête s’implantait solidement. […] Mais oui, c’est très beau, très beau. » Pendant que Heredia parle, le petit monsieur hoche la tête et fait le geste de quelqu’un qui ne veut rien promettre. […] Grand, fort, ample, sur un corps déjà alourdi se dressait une tête énergique, aux yeux noirs et vifs, à la drue chevelure blanchie. […] Il se tenait, le corps penché en avant, les jambes bizarrement croisées, tout recroquevillé sur lui-même, la tête baissée et qu’il relevait brusquement. […] Il endosse sa robe de moine, pose une calotte ronde au sommet de sa tête.
Il assure, au surplus, que Lesage n’était pas homme à vivre pendant vingt années en tête à tête avec un fripon. […] Joseph ne trouve en lui l’égal du marquis « ni en élévation de tête ni en chaleur d’entrailles ». […] Il est, qu’on le sache, de ceux qui risquent leur tête. […] Amour de tête, mais encore de l’amour. […] Reproduit à l’héliogravure, en tête du tome II de l’ouvrage.
Le contester, ce serait vouloir enfoncer un gros mur à coups de tête. […] Un murmure de joie court dans tout l’auditoire ; on voit se redresser toutes les têtes. […] Pourquoi sort-elle de sa chambre, reconduisant Jupiter, avec une couronne de fleurs sur la tête ? […] Elle a tenu tête à Orgon, qui est infatué de son Tartuffe. […] Mais point du tout : c’est une imagination fantasque qui lui passe par la tête.
La Gorgone a la tête aussi large que les épaules, Tuculcha ouvre un bec d’oiseau de proie. […] Apparaît en tête des romanciers Flaubert. […] Les anciens ont des bâtons en corne de narval et des diadèmes, et, quand ils s’asseyent au conseil, ils mettent « par-dessus leur tête la queue de leur robe ». […] C’est par exemple une attitude : Pierre Bésoukhow parle « la tête penchée et ses grands pieds solidement rivés au parquet ». […] Ce sont trop souvent des « agités », qui donnent de la tête dans tous les sens M.
Sous un vaste chapeau à la va-te-faire-lanlaire, la tête, belle et douce, d’un chouan résolu.
Alphonse Lemerre Jules Truffier est né à Paris, le 25 février 1856 ; le poète Léon Valade nous apprend en quel endroit : Si tu n’es pas bourré de prose Et de raison comme un greffier, Tête d’un rayon bleu férue, C’est pour être né dans la rue De la Lune, ô pâle Truffier !
Mais quand on saura que les talens agréables n’ont été, dans cet illustre Auteur, que le germe & le prélude des plus hautes qualités ; quand les siecles futurs seront dans le cas d’admirer, comme notre siecle, un génie formé pour les plus grandes affaires, une ame nourrie des plus beaux sentimens, un cœur, le siége des plus rares vertus ; quand la postérité de toute l’Europe enfin reconnoîtra dans lui le vrai grand homme consacré par le suffrage de toutes les Nations ; alors les couronnes dues à ses talens littéraires ne seront que de foibles guirlandes de fleurs que les Muses auront déposées aux pieds de sa Statue ; & celles qui sont dues à ses succès dans les négociations les plus importantes, à l’administration la plus éclairée & la plus sage dans les fonctions de l’Episcopat, aux monumens multipliés de son zele & de sa générosité, iront d’elles-mêmes se reposer sur sa tête.
Ce nom est destiné sans doute à figurer à la tête de tout ce qui s’appelle Dictionnaire ou Compilation.
Ne quittez jamais le plus beau des métiers… Il se présente souvent des occasions où la Cour se rappelle d’avoir oublié, négligé ou mal jugé le mérite, et où un bon bras, dirigé par une bonne tête, est recherché pour rendre encore service à son maître. […] Il fait ses premiers prisonniers ; c’étaient quinze ou seize hommes et un capitaine qui, se trouvant coupés, se rendirent : « Et je les fis passer derrière les rangs avec un plaisir qui tenait de l’enfance. » L’affaire faite, il a perdu plus de la moitié de son bataillon, et ces débris victorieux continuent de rester encore exposés au canon fort mal à propos : « Il n’était venu en tête à personne de nous mettre à l’abri ; cependant tout était fini, et notre artillerie répondait fort mal à celle des Prussiens. […] Mais, à côté de cet idéal noble et fortifiant, il en avait un autre d’un tout autre genre et qui tenait d’une imagination un peu atteinte et gâtée en naissant de l’air du siècle : Qui est-ce qui sait, dit-il, que Bussy se battait à la tête de la cavalerie légère de France à la bataille des Dunes ?
« Circé, est-il dit d’Ulysse dans Homère, retient ce héros malheureux et gémissant, et sans cesse par de douces et trompeuses paroles elle le flatte, pour lui faire oublier Ithaque : mais Ulysse, dont l’unique désir est au moins de voir la fumée s’élever de sa terre natale, voudrait mourir. » — Citant ce passage de Joinville, qui m’a rappelé celui d’Homère, Chateaubriand, au début de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, où il a la prétention d’aller en pèlerin aussi et presque comme le dernier des croisés, tandis qu’il n’y va que comme le premier des touristes, a dit : « En quittant de nouveau ma patrie, le 13 juillet 1806, je ne craignis point de tourner la tête, comme le sénéchal de Champagne : presque étranger dans mon pays, je n’abandonnais après moi ni château, ni chaumière. » Ici l’illustre auteur avec son raisonnement me touche moins qu’il ne voudrait : il est bien vrai que, de posséder ou château ou simple maison et chaumière, cela dispose, au départ, à pleurer : mais, même en ne possédant rien sur la terre natale, il est des lieux dont la vue touche et pénètre au moment où l’on s’en sépare et dans le regard d’adieu. […] Qui ne se rappelle en ce moment cette autre entreprise conduite par un jeune général partout victorieux, cette flotte française, si française toujours, mais si différente dans l’inspiration et le but, portant avec elle la science, l’Institut d’Égypte, les instructions d’un Volney, la tête méditative de Monge, le génie de Bonaparte ? […] Et dès qu’on lui dit que l’enseigne de saint Denis avait touché le rivage, il ne se put retenir, et sans attendre, sans souci du légat qui était avec lui, « il saillit en la mer, dont il fut dans l’eau jusqu’aux aisselles, l’écu au col, le heaume en tête, le glaive (la lance) en main », et fut des premiers à terrer.
Il tint de cette mère estimable et de vieille roche plusieurs des qualités qu’il mit en œuvre : Elle réunissait, dit-il, des qualités qui vont rarement ensemble ; avec un caractère singulièrement vif, une imagination brillante et gaie, elle avait un jugement prompt, juste et ferme : voilà déjà une femme assez rare, mais ce qui est peut-être sans exemple, elle a eu, à cent ans passés, la tête qu’elle avait à quarante. […] Enfant, il était au collège d’Harcourt quand le système de Law vint bouleverser les têtes et bientôt les fortunes ; et, à ce propos, Duclos fait la théorie des crises ou révolutions fréquentes auxquelles est assujetti notre pays. […] Le cou fort et solide soutient une tête un peu roide, et l’attitude s’annonce comme résolue.
J’ai supporté avec le courage d’un stoïcien la captivité pendant les six mois brumeux, neigeux et pluvieux, qui ont passé sur ma tête en prison : ce même courage ne m’a point abandonné, mais à mon insu, et malgré moi, ma pensée me quitte à tout moment ; et, quand je la retrouve, c’est au milieu des jardins et des campagnes dont je ne jouis pas, moi qui m’étais tant promis d’en jouir ; et, pour m’entretenir encore dans cette disposition d’âme, moitié pénible, moitié agréable, le hasard a fait que ce moment de l’année se rencontre avec la traduction de cette partie de L’Été où Thomson, avec un charme inexprimable, une mélancolie philosophique, peint les délices de la promenade… Il traduisait donc Thomson sous les verrous ; il regrettait de ne pouvoir suivre le cours de botanique et les herborisations de Desfontaines ; il donnait à sa fille, âgée de dix-huit ans, distinguée par l’esprit et le savoir, de bons conseils de tout genre. […] Les habitudes d’attention forte, les têtes qui pensent deviennent plus rares à mesure que la dissipation se répand, jusqu’à ce que les auteurs entendent autour d’eux ce cri général : Amuse-nous, amuse-nous à tout prix, ou nous mourons ! […] [NdA] Saint-Lambert, à la fin de sa vie, affaibli de tête, avait la manie, en prenant les mains de M. d’Houdetot, de lui dire à tout instant : « Mon ami, j’ai eu bien des torts envers vous… » On était obligé de couper court aux confidences.
L’ondée abondante chargeait la fleur et faisait pencher sa tête si belle. […] Tandis qu’il court portant bas sa tête inondée de sueur, les deux cruchons derrière son dos sont fracassés d’un choc. […] L’auteur indique l’origine du poème, si humble par son objet, si grand et auguste par l’occasion, « car c’est la Beauté qui l’a commandé. » Il rappelle le temps où les rudes ancêtres des Anglais, les Pictes et les Bretons, reposaient sur la dure, au bord des torrents, et la tête appuyée sur le rocher.
Je viens de m’arracher de mon lit pour achever une frisure commencée d’hier ; quatre pesantes mains accablent ma pauvre tête. […] Mme du Deffand, au reste, était tout à fait de cet avis ; depuis surtout que Mlle de Lespinasse avait fait défection et s’était retirée d’auprès d’elle, emmenant à sa suite quelques-uns des coryphées de l’école encyclopédiste, elle était très opposée à tout ce qui ressemblait à des intérêts de parti philosophique ou littéraire : et comme Voltaire, dont c’était le malin plaisir, essayait de provoquer Walpole, de l’amener, par pique et par agacerie, à une discussion en règle sur le mérite de Racine et de Shakespeare, comme de plus il paraissait d’humeur à chicaner les deux dames au sujet de La Bletterie qu’elles protégeaient et qu’il n’aimait pas, Mme de Choiseul écrivait encore à sa vieille amie : Je crois que nous ferons bien de le laisser tranquille ; car, pour moi, je ne veux pas entrer dans une dispute littéraire : je ne me sens pas en état de tenir tête à Voltaire. […] M. de Choiseul le sent bien, et pour moi, il faut vous l’avouer, j’en ai la tête tournée… Ainsi la voyons-nous s’exalter héroïquement pour son seigneur et maître ; tous ses intérêts sont les siens ; elle les embrasse sans calcul, sans réserve ; elle s’exagère sa gloire ; elle la voit pure et sans tache : si on hésite, si on n’accorde pas tout, si on a l’air de transiger avec les puissances ennemies, elle se courrouce dans son âme généreuse, elle est comme un lion. — Elle est femme surtout et avant tout, redevenue honnêtement coquette, tendre, empressée, se montrant éprise, comme au premier jour, de l’homme qui jusque-là ne l’avait pas gâtée, et à qui plus que jamais elle se consacre : (Chanteloup, janvier 1771.
Une jolie aventure qui arrive au Lucius-Apulée avant sa métamorphose, c’est celle qui termine le joyeux souper qu’il est allé faire chez Byrrhène : rentrant de nuit et la tête troublée de vin, il s’imagine voir devant la porte de son hôte trois terribles brigands contre lesquels il dégaine et qu’il transperce à coups d’épée. […] Mais, au lieu de rire et de secouer gaiement sa grossière enveloppe, il est pris dans un autre réseau plus subtil ; il se laisse conduire à des initiations redoutables, à la suite desquelles il est admis dans le collège des Pastophores, se faisant gloire désormais de montrer à tous sa tête rasée à large tonsure : circonstance curieuse à titre de témoignage : mais ce n’est plus là l’Apulée qu’il nous faut. […] Zevort, dans l’introduction qu’il a mise en tête d’un choix, d’ailleurs fort soigné, de romans grecs traduits en français (Édition Charpentier).
Charles-Quint sans doute était guerrier et capitaine, et il le prouva en plus d’une rencontre à la tête de ses vieilles bandes ; il s’était montré de bonne heure passionné pour les exercices corporels, habile aux armes, le meilleur cavalier de son temps. […] Il y eut, en effet, un cas prévu où Charles-Quint, tout frère Charles qu’il était, avait à peu près promis de se remettre à la tête d’une armée d’invasion contre la France. […] Cette dernière promesse de Charles-Quint de reparaître à la tête d’une armée n’était-elle qu’une de ces clauses éventuelles dont on compte bien qu’on n’aura jamais à s’acquitter ; et Charles, prié et mis en demeure d’exécuter son engagement, se serait-il excusé sur sa santé ?
Ducis est sur le point de lire son OEdipe aux comédiens (février 1775) et il n’attend pour cela que le Carême : « Me voilà toujours ici, en attendant que la cendre du saint mercredi qui s’approche fasse tomber toute cette fureur de fêtes et de danses qui tournent les têtes : on ne pourrait pas entendre mon Œdipe avec des oreilles pleines du bruit des orchestres et du tumulte des bals. » Cependant, déjà revenu de la Grèce à ses dieux du Nord et à Shakespeare, il a choisi Macbeth pour sujet de pièce nouvelle : « Tout le monde me gronde ici, mon cher ami, écrit-il de Versailles à Delevre, à cause du genre terrible que j’ai adopté. […] Songez qu’il n’y a jamais eu de temps en France où le trône ait été entouré de plus d’honnêtes gens : voilà d’abord un bon oreiller pour votre tête. […] Le cœur jouit, la tête se repose ; on ne définit plus, on goûte. » Ce mot nous rappelle involontairement celui de La Bruyère sur l’amitié : « Être avec les gens qu’on aime, cela suffit : rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. » L’un et l’autre mot sont aussi beaux que du La Fontaine.
Rien qu’à le voir et à l’entendre, il était né visiblement pour être l’ornement d’une assemblée ; elle devait être fière et flattée de l’avoir à sa tête. […] Ils vinrent donc, Le Tellier en tête, lui dire avec toutes sortes de compliments et de cajoleries que l’occasion n’avait jamais été si belle pour lui, docte et éloquent comme il était, d’ajouter encore à sa réputation, et qu’il lui fallait absolument prendre la place et l’office du prédicateur en défaut. […] Au sacre de Reims, en ce jour solennel, c’était lui qui avait été choisi pour mettre la couronne sur la tête du roi.
Aussi, Eugénie de Guérin et elle, quand elles sont tristes, elles n’ont pas la tristesse elle-même semblable : l’une, tout heureuse qu’elle est, a la tristesse plus rude, poignante, froissante, violente, qui se proclame sur les toits, — qui crie « comme une aigle », — une tristesse ardente, de cœur et d’âme, je le veux, mais aussi de tête, tout d’un coup relevée de joies puissantes et vigoureuses : l’autre, plus atteinte au cœur, a la tristesse plus vraie, plus douce et résignée, continue, non intermittente, calme, profonde et intérieure ; elle est plus une colombe blessée. […] » La religieuse secoue la tête : « Abandonnez-vous à Dieu. » Cette fois nos mains passent comme elles peuvent au travers des barreaux ; elles vont chercher, elles vont presser les mains des dominicaines. […] Ce sont des femmes d’abord qui cheminent avec leur cruche sur la tête vers un but où elles doivent arriver sans les casser.
vous avez répandu sur nos têtes l’inspiration que les Muses d’un autre temps ne peuvent plus nous donner… » Le spectacle de la nuit, ainsi conçu, est entièrement transfiguré. […] Pourquoi aller donner de la tête contre les mondes ? […] Jeunes, la poésie nous ravit ; les Étoiles de Lamartine, ces fleurs du ciel dont le lis est jaloux , suffisent à peine à symboliser nos imaginations, nos visions d’amour et de tendresse : à l’âge où le sang se refroidit dans les veines, il est doux, d’une douceur sévère, de connaître par leurs noms, d’épeler quelques-uns des astres qui roulent sur nos têtes, de distinguer ceux qui errent véritablement de ceux qui sont fixes par rapport à nous, de s’orienter, de se démêler à travers les cercles brillants ou les traînées lumineuses, de soupçonner dans ces abîmes d’en haut, dans ces profondeurs étincelantes où nous sommes plongés, tout ce qui peut se produire à l’infini d’étranger à nous, de différent de nous ; de ramener nos passions, nos désirs, nos gloires à ce qu’elles sont, de se dire le peu qu’on est, mais de sentir aussi que ce peu a réfléchi un moment, la puissance créatrice universelle, éternelle, — l’infini presque ou du moins l’incommensurable et l’immense24.
À la mort de Louis XIV, le Régent le mit de fait à la tête du Conseil des finances : il eut d’abord la haute main, recourut tant bien que mal à des expédients ou à des palliatifs, eut le mérite de repousser l’idée de banqueroute, mais ne voulut point des États généraux dans le principe et n’en voulut ensuite que lorsqu’il était trop tard, visa sans cesse à être premier ministre, vit tourner la roue et se retira devant la faveur de Law, à la veille des entreprises aventureuses. […] « Il avait une si grande vivacité d’esprit que ceux qui ne l’aimaient pas la faisaient passer pour inconstance ou même pour folie. » Il multipliait sur tous sujets les écritures, les mémoires, et les refondait sans cesse : il faisait tourner la tête à ses secrétaires. […] Il soutenait avec un rare talent des idées qu’il abandonnait un instant après, tant sa tête était mobile, sans arrêt, sans justesse, et refaisant toujours ce qu’elle n’achevait jamais.
Fournier trouve aujourd’hui que c’était invraisemblable : peu s’en faut qu’il ne trouve la chose impossible ; il n’a pas assez de railleries pour les pauvres auteurs de notices qui ont mentionné ce village voisin de Dourdan : « Peu importait, dit-il, qu’en maint endroit de son livre l’auteur des Caractères se révélât Parisien de la tête aux pieds ; Parisien de naissance et d’habitude, Parisien de cœur et d’esprit ! […] Il est le premier nom en tête de la liste des nouveaux venus, des plus modernes et des plus hardis, de ceux qui prétendent bouleverser les rangs et changer les choses. […] Il s’était bien assez creusé la tête pour mourir un matin d’apoplexie : sans compter qu’à cinquante ans il n’avait peut-être pas encore enrayé sur le chapitre du cœur.
Un jour, y considérant avec surprise une tête de mort et deux os en croix, elle se dit : Est-ce sérieux, n’est-ce qu’un jeu ? […] Des larmes d’impuissance, de jalousie, d’humiliation et de honte, brûlent ses joues, et, versées au dedans de son âme, y dévastent partout la vie, l’espérance, la fraîcheur des bosquets du ouvenir. — S’il entre pourtant, s’il a paru au seuil, en ce moment même, avec sa simple question habituelle, tête découverte et strictement poli, la voilà touchée ; tout cet assaut de fierté s’amollit en humble douleur, et le reste n’est plus. […] Elle apporta le paquet entier des lettres restantes sur la petite tablette en dedans de la grille, et là tous deux penchés, dans leur inquiétude si diverse, suivaient une à une les adresses ; leurs têtes s’effleuraient presque à travers les barreaux ; mais, même ce jour-là, il n’eut pas l’idée de franchir la porte tout à côté pour chercher plus près d’elle, avec elle.
C’est que la nature capricieuse n’a pas donné à tout le monde de noirs cheveux bouclés, un nez d’une fine courbure, de longs yeux, une tête charmante et toujours jeune de roi sarrasin Il y en a qui sont infirmes et cacochymes ? […] A côté d’elle, Paul Astier, Monsieur le comte, souriant et froid, toujours joli… On se regarde, personne ne trouve un mot, excepté l’employé, qui, après avoir dévisagé les deux vieilles dames, éprouve le besoin de dire en s’inclinant, la mine gracieuse : — Nous n’attendons plus que la mariée… — Elle est là, la mariée, répond la duchesse s’avançant la tête haute. […] Ces dessous ne sont pas exprimés, c’est vrai, mais la pantomime de ces véridiques et vivantes marionnettes est si juste que chacun de leurs gestes ou de leurs airs de tête nous révèle leur âme et tout leur passé ; et je ne croirai jamais qu’un romancier qui, rien qu’en notant des mouvements extérieurs et de brefs discours, a pu suggérer à M.
Quand elle entre dans le bal où elle va chercher son ennemi, les hommes chuchotent, les femmes se voilent de leurs éventails : l’entrée de la grande Courtisane de l’Apocalypse, montée sur son dragon à sept têtes, ne produirait pas un effet pareil. […] Quel spectacle que celui des hommes de lettres s’injuriant du livre au théâtre, du roman à la comédie, et se jetant, devant le public, leurs encriers à la tête ! […] Fernande a assisté, en silence, à ce pénible débat ; elle entend Maxime témoigner loyalement contre lui-même en confessant sa naissance ; elle apprécie le généreux sacrifice qu’il va faire de son amour à son père Au moment où Maxime, qui croit tout perdu, pleure et sanglote, la tête dans ses mains, la jeune fille s’approche de lui et pose sur son front un chaste baiser.
Puis on a Mme de Maintenon, esprit juste, tête saine, parole agréable et parfaite dans un cercle tracé. […] On sait l’histoire : la jeune demoiselle de compagnie, après quelques années, se brouilla avec sa patronne, et lui enleva toute une partie de sa société, d’Alembert en tête. […] Je ris, je dis ce qui me passe par la tête, et je les force de m’écouter.
Ce début primitif, beaucoup moins emphatique et moins fastueux que celui qu’on lit en tête des Confessions, ne nous fait point entendre le coup de trompette du Jugement dernier, et ne finit point par la fameuse apostrophe à l’Être éternel. […] Je mets Montaigne à la tête de ces faux sincères qui veulent tromper en disant vrai. […] Qu’on se rappelle cette nuit qu’il passe à la belle étoile au bord du Rhône ou de la Saône, dans un chemin creux près de Lyon : Je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi, je m’endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage.
Son col est élevé et sa tête fort détachée ; l’union de ces deux parties est, surtout dans le profil, d’une beauté remarquable ; et, dans les mouvements de sa tête, elle a quelque soin de développer cette beauté. […] Ce dernier, traducteur de Juvénal, homme enthousiaste, expansif, nourri de toute la sentimentalité du siècle, s’était fort jeté à la tête de Jean-Jacques, qui l’avait d’abord pris en gré et l’avait, par exception, admis dans son intimité.
Mesdames, s’écria la duchesse de Bourgogne qui était présente, si le roi avait demandé nos têtes, M. d’Antin les aurait fait tomber de même. » Je n’oserais affirmer qu’un peu de légende ne se soit pas glissé dans ces deux histoires qui se répètent un peu, en renchérissant l’une sur l’autre. […] Ceux qui n’avaient point encore découvert leur attachement pour lui commençaient à lever la tête ; on allait, on venait, on s’assemblait ; on réglait tout, on partageait tout. […] Placé d’abord à la tête d’un des Conseils institués par le Régent, membre du Conseil de régence, d’Antin ne cessa point d’avoir la direction des Bâtiments ; il y portait de la magnificence et du goût.
Elle continua d’acquérir tant qu’elle vécut ; elle protégea de tout son cœur et de tout son crédit les savants et les hommes de lettres de tout ordre et de tout genre, profitant d’eux et de leur commerce pour son propre usage, femme à tenir tête à Marot dans le jeu des vers comme à répondre à Érasme sur les plus nobles études. […] Le portrait qui est en tête du présent volume rabattra de l’idée exagérée qu’on s’en pourrait faire si l’on prenait à la lettre les éloges du temps. […] Sa mise est simple : sa cotte ou robe monte assez haut, à plat, sans rien de galant, et s’accompagne de fourrures ; sa cornette, basse sur sa tête, encadre le front et le haut du visage, et laisse à peine passer quelques cheveux.
Et comme je lui dis que ces colloques doivent l’ennuyer il me répond que non, et que c’est très curieux, ce que l’on tire parfois de ces gens sans instruction, et dont la tête sans cesse travaille dans la solitude et le recueillement. […] L’examen fini, la juive s’est laissée tomber sur une chaise longue, et la tête penchée de côté, et montrant au sommet un enroulement de cheveux, qui ressemblait à un nœud de couleuvres, elle s’est indolemment plainte, avec toutes sortes d’interrogations amusantes de la mine et du bout du nez, de cette exigence des moralistes et des romanciers, demandant aux femmes qu’elles ne fussent pas des créatures humaines, et qu’elles n’eussent pas dans l’amour les mêmes lassitudes et les mêmes dégoûts que les hommes. […] Maupassant vient nous chercher, en voiture, à la gare de Rouen, et nous voici reçus par Flaubert, en chapeau calabrais, en veste ronde, avec son gros derrière dans son pantalon à plis, et sa bonne tête affectueuse.
S’il y avait une ordonnance, des incidents, une figure, une tête, un caractère, une expression empruntée des Carraches, du Titien ou d’un autre, je reconnoitrois le plagiat, et je vous le dénoncerois. […] Convenez du moins que sur cette multitude de têtes dont les allées de nos jardins fourmillent un beau jour, vous n’en trouverez pas une dont un des profils ressemble à l’autre profil, pas une dont un des côtés de la bouche ne diffère sensiblement de l’autre côté, pas une qui vue dans un miroir concave ait un seul point pareil à un autre point. […] Avec le tems, par une marche lente et pusillanime, par un long et pénible tâtonnement, par une notion sourde, secrette, d’analogie, acquise par une infinité d’observations successives dont la mémoire s’éteint et dont l’effet reste, la réforme s’est étendue à de moindres parties, de celles-cy à de moindres encore, et de ces dernières aux plus petites, à l’ongle, à la paupière, aux cils, aux cheveux, effaçant sans relâche et avec une circonspection étonante les altérations et difformités de nature viciée, ou dans son origine, ou par les nécessités de sa condition, s’éloignant sans cesse du portrait, de la ligne fausse, pour s’élever au vrai modèle idéal de la beauté, à la ligne vraie ; ligne vraie, modèle idéal de beauté qui n’exista nulle part que dans la tête des Agasias, des Raphaëls, des poussins, des Pugets, des Pigals, des Falconnets ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont les artistes subalternes ne puisent que des notions incorrectes, plus ou moins approchées que dans l’antique ou dans leurs ouvrages ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie que ces grands maîtres ne peuvent inspirer à leurs élèves aussi rigoureusement qu’ils la conçoivent ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie au-dessus de laquelle ils peuvent s’élancer en se jouant, pour produire le chimérique, le sphinx, le centaure, l’hippogriphe, le faune, et toutes les natures mêlées ; au-dessous de laquelle ils peuvent descendre pour produire les différents portraits de la vie, la charge, le monstre, le grotesque, selon la dose de mensonge qu’exige leur composition et l’effet qu’ils ont à produire, en sorte que c’est presque une question vuide de sens que de chercher jusqu’où il faut se tenir approché ou éloigné du modèle idéal de la beauté, de la ligne vraie ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie non traditionelle qui s’évanouit presque avec l’homme de génie, qui forme pendant un tems l’esprit, le caractère, le goût des ouvrages d’un peuple, d’un siècle, d’une école ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont l’homme de génie aura la notion la plus correcte selon le climat, le gouvernement, les loix, les circonstances qui l’auront vu naître ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie qui se corrompt, qui se perd et qui ne se retrouveroit peut-être parfaitement chez un peuple que par le retour à l’état de Barbarie ; car c’est la seule condition où les hommes convaincus de leur ignorance puissent se résoudre à la lenteur du tâtonnement ; les autres restent médiocres précisément parce qu’ils naissent, pour ainsi dire, scavants.
Déjà, dès cette époque, l’idée de l’émancipation commençait à sourdre dans la tête d’Alexandre, ce jeune Louis XVI russe, à la beauté de Louis XIV, et dont le peuple, plus docile et plus facile à mener que celui de Louis XIV, l’eût sauvé de la ressemblance de destinée avec l’autre émancipateur s’il avait poussé un peu plus loin ses velléités généreuses. […] J. de Maistre cédant au temps comme Talleyrand lui-même, mais pour des raisons que n’avait pas Talleyrand, dans cette tête où l’athéisme en toute chose avait fait un vide silencieux ; de Maistre se pliant à la circonstance au lieu de se faire misérablement briser par elle, ce qui serait le suicide politique, aussi criminel que l’autre aux yeux de Dieu ! […] Les quelques pages sur la Russie, rapprochées de plusieurs autres pages de la Correspondance diplomatique, vont faire de cette tête de bronze un esprit immortellement vivant, qui ne s’est pas mis lui-même en dehors du mouvement de l’Histoire dans ces ténèbres de l’abstraction qui sont parfois éblouissantes.
— Il est vrai que le pouvoir du tsar est unique et absolu, qu’il ne rencontre aucun corps constitué capable de lui tenir tête : pas de corporations, pas de noblesse, pas de provinces. […] Ils font profession de tenir tête aux forts et de protéger les faibles. […] Flach, l’individualité n’existe pas ; l’individu humain est absorbé par le groupe221. » Dans l’absence de pouvoir central, l’homme est obligé de s’inféoder à une collectivité dans l’unité de laquelle se fondent en quelque sorte ses droits propres : c’est seulement dans les États constitués que l’homme isolé peut lever la tête.
Les jolies têtes des bouleaux se lèvent là-bas frissonnant, et leur bouquet de molle verdure se détache sur le bleu tendre du ciel, entre les flocons de nuages moites qui traînent en s’évaporant sur la forêt. […] Je vois entre les tas de feuilles mortes des primevères, des violettes, des pervenches bleues comme des yeux de jeune fille ; il y a aussi des euphorbes déjà pleins de lait, si gonflés de sève, que leur pyramide verte fléchit sous le faix de leur tête. […] Vous apercevez des pans de ciel lointain au bout des allées, des têtes de biches peureuses, des volées d’oiseaux effarés ; vous entendez des bourdonnements d’insectes, des bruissements de feuilles, les chuchotements du vent arrêté entre les branches.
Celles qui me plaisent, je les garde dans ma tête et je les fredonne, à ce que du moins m’ont dit les autres. […] Tout est déjà parfaitement arrêté et il est rare que ma partition diffère beaucoup de ce que j’avais auparavant dans ma tête. […] Ici, ce sont des corps multiples à tête unique ; là, plusieurs têtes sur un seul corps. C’est un quadrupède ayant une queue de serpent, ou un poisson portant une tête de quadrupède. […] Quel poète et qui donc serait content de la seule couronne qu’il se poserait lui-même sur la tête, comme Charles-Quint ?
Quelques Poésies fugitives, pleines d’esprit, de délicatesse & de sentiment, à la tête desquelles il faut placer le Rajeunissement inutile, ont établi sa réputation pendant qu’il vivoit, & pourront même la soutenir encore après sa mort.
Il a principalement un Discours à la tête de son Recueil, dont les Gens éclairés doivent faire cas.
Avant-propos Aujourd’hui que l’Œuvre des deux frères est terminé — l’un étant mort depuis des années, l’autre se trouvant trop vieux pour entreprendre à nouveau un travail d’imagination ou même un travail d’histoire de longue haleine, — il a paru intéressant au survivant de réunir, dans un volume, les préfaces et les manifestes littéraires, jetés en tête des diverses éditions de leurs livres.
L’effet fut grand, et La Harpe, qui tenait en ce moment la tête de la critique, envoya sur-le-champ chercher l’auteur : « Voici de la critique, s’écriait-il, voici de la littérature. […] On compterait, dans ce temps, les têtes levées, les hommes demeurés debout, selon le mot de M. deLa Fayette, soit dans le camp du philosophisme, soit dans le camp opposé. […] Comme le ministre de la police persistait à maintenir l’interdiction, le ministre des cultes en référa à l’empereur, qui était alors à la tête de ses armées. […] Mon épître d’envoi, je me la rappelle encore, digne d’une jeune tête toute républicaine, portait l’empreinte de l’orgueil blessé par le besoin de recourir à un protecteur. […] Les livres saints ont dit de l’homme « qu’il portait dans sa tête deux armées rangées en bataille. » Ces deux armées se livrent d’incessants combats dans les premières poésies de M. de Lamartine.
« Voici un pigeon qui a les lobes cérébraux parfaitement enlevés, mais qui a gardé les tubercules bijumeaux ; lorsque j’approche brusquement le poing, il fait un léger mouvement de tête comme pour éviter le danger qui le menace. […] Mais les vivisections et l’histoire des plaies de la tête apportent ici un nouveau document qui, joint aux précédents, nous permet de jeter sur les fonctions du cerveau une vue d’ensemble. […] En tout cas, elle va vers un but, « même lorsque l’animal est privé de son encéphale », et cela si parfaitement, que divers physiologistes ont admis une âme, ou du moins « un centre perceptif et psychique » dans le tronçon de moelle ainsi séparé. — « Chez ce triton, on a, par une section transversale, enlevé la tête et la partie antérieure du corps avec les deux membres correspondants. […] Dans une expérience faite à Strasbourg151, Kuss, ayant amputé la tête d’un lapin avec des ciseaux mal affilés qui hachèrent les parties molles de façon à prévenir l’hémorragie, vit l’animal, réduit à sa moelle épinière, « s’élancer de la table et parcourir toute la salle avec un mouvement de locomotion parfaitement régulier ». […] On a réuni plusieurs observations d’hommes qui, à la suite de profondes blessures latérales de la tête, suivies de pertes de substance cérébrale, n’ont éprouvé aucune diminution de leurs facultés, mais s’épuisaient rapidement et étaient forcés, après un court travail intellectuel, de s’arrêter et de se livrer au repos complet ou même au sommeil. » 139.
Elle a paru pleine de grâce, de vénusté, comme toujours ; dans ses airs de tête et dans sa coiffure, avec deux ou trois boucles modestes qui s’échappaient de chaque côté de dessous son diadème, on aurait dit d’un camée antique.
par les amis et admirateurs d’Eugène Pottier, à la tête desquels Gustave Nadaud… Ce qu’il chantait en 48, il le chantait encore trente ans plus tard, et son dernier soupir, comme ses premiers cris, fut d’apitoiement sur ceux qui souffrent, dans les bagnes du travail.
A la tête de ses Œuvres, qui n’ont paru qu’après sa mort, est un Mémoire sur sa vie & ses Ouvrages, composé par lui-même, où il ne s’épargne pas les louanges ; ce qui suffiroit pour dispenser le Public de lui en accorder.
Desmahis, à laquelle il nous paroît avoir encore ajouté, par l’Eloge historique qu’il a mis à la tête de la Collection des Œuvres de ce Poëte, trop tôt enlevé aux Gens de goût & de bonne Compagnie.
si la France venait à être retranchée de la carte, l’univers n’aurait plus ni cœur ni tête ; ce petit recoin pense et agit pour tout le monde. […] « Agréez, monsieur, et faites agréer à monsieur votre père l’assurance que je sens aussi vivement que vous la perte d’une tête aussi chère, d’une âme aussi aimante et d’un talent bien rare, car il avait son siège dans le cœur.
Quelques années avant la Révolution788, « on parlait déjà » dans l’armée, « on raisonnait, on se plaignait, et, les idées nouvelles fermentant dans les têtes, une correspondance s’établit entre deux régiments. […] Les affidés mettaient, au moment du scrutin, des billets tout écrits dans la main des votants, et leur avaient fait trouver, à leur arrivée aux auberges, tous les écrits et avis propres à exalter leurs têtes et à déterminer leur choix pour des gens du palais. » — « Dans la sénéchaussée de Lectoure, une quantité de paroisses et de communautés n’ont point été assignées ni averties pour envoyer leurs cahiers et leurs députés à l’assemblée de la sénéchaussée.
C’est en parlant des satires de Boileau contre eux, que Montausier mécontent avait prononcé ce jugement mis en vers par Boileau lui-même : Tout n’en irait que mieux, Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière. […] Je connais des princes du sang38, des princes étrangers39, de grands seigneurs façon de prince, de grands capitaines40, des gentilshommes, des ministres d’état41, des magistrats et des philosophes qui fileraient pour vous, si vous les laissiez faire. » Quelles devaient être les lettres de madame de Sévigné au surintendant Fouquet, lorsqu’en 1654, il se mit en tête de la séduire !
Bientôt il les développa dans une préface à la tête de ce même quatrième livre. […] Le critique accompagne néanmoins ses observations de ménagement & de beaucoup de politesses ; mais il mit, dans la suite, plus de chaleur & de méthode dans un discours, sur la traduction des poëtes, placé à la tête de celle de Virgile.
Nous avons vû, dit-il, introduire sur la scéne, à la place de la musique simple et grave, des pieces de Noevius et de Livius Andronicus une musique si pétulante, que les acteurs, pour suivre la mesure, sont obligez de s’agiter, de faire des roulemens d’yeux et des contorsions de tête, en un mot, de se démener comme des forcenez. […] C’est sur le rapport que des airs peuvent avoir avec cette idée, laquelle bien qu’elle soit une idée vague est néanmoins à peu près la même dans toutes les têtes, que nous jugeons de la convenance de ces mêmes airs.
La connaissance des premières têtes suffira dès lors pour connaître le troupeau, la connaissance de la tête pour connaître l’individu.
On entend parfois dans ses historiettes les petits éclats de ce rire sec dont Joubert disait, avec son appréciation ferme et exquise : « Tout ricanement déplacé vient d’une petitesse de tête », et, malgré la gaucherie des formes qui révèlent le cuistre, il y a parfois, çà et là, de ces légèretés d’assassin qui font pressentir Voltaire, cet autre bourgeois, mais étincelant de génie, et qui, frotté aux grands seigneurs, avait contracté la grâce pestiférée de leurs vices. […] Grâce à cet homme, qui pêche des anecdotes comme on pêche des anguilles, jusque dans la vase, un esprit politique n’aurait-il pas, au moins, indiqué le mal de ce temps qu’on prend pour une époque de force et de virilité, et qui n’offre aux yeux fascinés que la ruine suspendue d’une société dont la tête va tout à l’heure porter contre le fond de l’abîme, mais qui, jusque-là, trouve doux de tomber ?
Il faisait lui-même, par semaine et par mois, le compte de tout ce qu’il avait abattu, et ce compte s’élève pour une année à huit mille quatre cents têtes de gibier. […] Et après la reine il y a Monsieur, le comte d’Artois, le duc d’Orléans, les dames de Polignac, et puis Maurepas, Turgot, Necker, Saint-Germain, Vergennes, Galonné, Malesherbes, Franklin, Mirabeau, désanimalisé pour cette fois, qui c’est plus le lion et le tigre poncifs qu’on a faits de lui, depuis Victor Hugo, mais un grand esprit sain et corrompu tout à la fois, espèce de demi-dieu par la tête et par la poitrine, mais gangrené jusqu’à la ceinture.
À la page 165 de son livre, Semichon parle de l’impuissance du roi dans cette question de trêve de Dieu et d’association pour la paix, et à la tête de toutes ces coalitions pacifiques de communes ou de confréries, nous trouvons (et même dans l’histoire de Semichon) de grands féodaux, sujets du roi, portant sa bannière, délégués par lui. […] Saint Yves de Chartres est une de ces grandes têtes à qui il ne reste guères aujourd’hui que le nimbe du saint à moitié rongé dans quelque enluminure de missel, et auprès de laquelle pourtant celle du cardinal de Richelieu, sous sa calotte pourprée, paraît petite.
Le fantastique, qui n’est pas uniquement la sphère de la fantaisie et qu’on n’a jamais nettement défini, Hoffmann l’aborda sous la pression de Goethe, mais il l’aborda comme un être faible dont la tête tournait dans l’émotion, et qui n’avait ni la foi profonde au monde surnaturel que n’aurait pas manqué d’avoir un véritable homme de génie, ni la combinaison froide et comédienne qui produit la terreur, quitte à la déshonorer dans notre âme en montrant par quels moyens on peut la produire. […] Champfleury s’en récrie au point d’accuser de légèreté la vaste tête, calme et rassise du grand écossais.
Les critiques à classification et à catégories, les nomenclateurs qui croient aux familles d’esprits, ont été complètement déroutés par ce grand Singulier, sceptique et dévot, géomètre et poëte, l’ordre et le désordre, qui se bat contre sa tête avec son cœur. […] avec la tête de mort que les solitaires mettent auprès de leur crucifix, et qui, s’il se rejette, comme l’autre Hamlet, en arrière devant le trou de la tombe, c’est qu’au fond il voit l’enfer, que l’autre Hamlet n’y voyait, pas !
Mais où commence la différence entre ces deux inconnus faits pour ne pas l’être, le voici : L’auteur des Ruines de la Monarchie française est mort dédaigneux de la publication de son livre, qu’il savait, de conception et de sujet, impopulaire, l’ayant gardé fermé sous son coude après l’avoir écrit, et achevé ainsi de vivre, la tête qui l’avait pensé dans sa main, ne demandant rien à son siècle… L’auteur des Philosophes et la Philosophie n’a pas eu, lui, cette indifférence, qui est une impertinence sublime ! […] Réellement, dans cette phalange d’esprits — peu macédonienne — je ne vois pas une seule tête philosophique de valeur transcendante et qu’on puisse objecter à leurs doctrines, pour ne pas trop les mépriser… III Remercions le Matérialisme.
Jean Richepin a déjà de la célébrité sur la tête. […] L’auteur de La Chanson des gueux, qui se chauffe avec les ossements des tombes et des têtes de morts tant il est affamé de flamme et de tableaux d’un tragique effréné, l’écrivain moins puissant, mais non moins ardemment épris de choses physiques, qui a écrit Les Morts bizarres et Les Caresses, et qui couve, en ce moment, comme le Chaos et la Nuit couvèrent l’Amour dans une terrible mythologie, l’œuf monstrueux de ses Blasphèmes, vient de nous faire, en Madame André, le livre le plus retenu, le plus contenu, le plus rassis, le plus didactique, le plus sage de la sagesse humaine, et le plus en dissonance et en contraste avec ce qu’il nous avait donné le droit de croire ses incoercibles instincts.
C’est une femme qui a la force musculaire du maréchal de Saxe, une beauté plus infrangible que celle de Ninon, qui n’alla modestement qu’à quatre-vingts ans en restant belle, la science occulte d’un Ruggieri, et la férocité voluptueuse d’un Héliogabale, avec une mysticité qui fait plus horreur que cette férocité voluptueuse, car les crimes spirituels sont les plus grands, l’Esprit devant être toujours à la tête de toutes les hiérarchies ! […] Évidemment, au dix-neuvième siècle, avec l’influence physiologique qui pleut sur nos têtes, avec l’empoignement de l’Imagination publique par ces questions de magnétisme contre lesquelles les plus forts d’entre nous vont à chaque instant se cogner, évidemment les romanciers et les poëtes (dramatiques ou non dramatiques) devaient avoir une autre manière de toucher à cette corde mystérieuse du système nerveux humain, dont le génie de Shakespeare a tiré une vibration si déchirante, rien que pour l’avoir effleurée !
Quand l’unité factice, qui s’est formée à nos côtés il y a quarante-quatre ans, sera dissoute… la France, à la tête du progrès et de la liberté, comme toujours, travaillera efficacement pour la paix du monde… De cette guerre résulteront de grandes choses pour notre patrie, pour l’œuvre qui doit s’accomplir en elle et par elle. […] Maurice Rozier, aspirant d’infanterie, écrit : « Dimanche, mai 1915. — Tous trois, mon capitaine, l’aumônier et moi, nous avons eu un culte sur la falaise qui domine la vallée riante de l’Aisne, tandis que les Allemands bombardaient un aéro sur nos têtes. « Ma grâce te suffit, Saint Paul, dans ses dangers épouvantables, trouve la paix dans la grâce de Dieu », tel fut le thème simple de la méditation… » Rien de plus.
La tête tourne de songer ce que deviendrait ce pays, travaillé par nos machines, et sous les eaux et les feux dont nous disposons. […] Mais, dans le génie comme dans la foi, il y a toujours des élus de Dieu : et tant que l’enthousiasme du beau moral ne sera pas banni de tous les cœurs, tant qu’il aura pour soutiens toutes les passions honnêtes de l’âme, il suscitera par moments l’éclair de la pensée poétique ; il éveillera ce qu’avaient senti les prophètes hébreux aux jours de l’oppression ou de la délivrance, ce que sentait ce roi de Sparte, lorsqu’à la veille d’une mort cherchée pour la patrie, il offrait, la tête couronnée de fleurs, un sacrifice aux Muses.
Le dessous des gradins forme d’interminables galeries tournantes, où il est amusant de se promener, avec le piétinement de la foule sur sa tête. […] C’est comme qui dirait une « tête de Turc » scientifique. […] Elles ont, en dansant, des clignements d’yeux vers la salle, et des sourires et des airs de tête d’une gaminerie déjà montmartroise. […] Mais chez nos grands hommes, c’est la tête seule qui est intéressante et expressive. […] … Ne dites point qu’il y aurait alors autant d’opinions que de têtes.
Minos, Eaque et Rhadamante, en rouge, vautrés sur leurs coudes, le procureur la tête dans ses mains marquaient déjà sinistrement, mais l’horreur c’était le tas de têtes incompétentes du jury. […] Vérola qu’il s’agit — je n’ai juste qu’à confirmer sur sa tête ce que je viens de dire et je crois que nous aurons toute la notalité de ce volume qui nous occupe. […] J’entrevoyais pourtant le docteur en chef hochant la tête et regardant son interne d’un drôle d’œil. […] N’importe, la tête est revenue. […] Le lendemain matin, nous errions à travers la ville ; le soleil brillait au-dessus de nos têtes.
Mais un souffle inconnu rassemblait les tempêtes : D’Arvel et de Jaman l’éclair rasa les crêtes, Les lauriers tristement inclinèrent leurs têtes, Et le beau lac pleura sur eux108. […] De retour à Genève, sous-maître dans un pensionnat d’abord, puis à la tête d’un pensionnat de sa propre création, père de famille, finalement appelé à occuper la chaire de Belles-Lettres dans l’Académie, c’est du sein d’une vie heureuse et comblée, et comme unie en calme à son Léman, que se sont échappés successivement et sans prétention les écrits divers, tous anonymes, dont plus d’un nous a charmés. […] Chaque année, à la belle saison, se mettant à la tête de la jeune bande, il employait les vacances à les guider, le sac sur le dos, dans de longues et vigoureuses excursions pédestres à travers les divers cantons, par les hautes montagnes et jusque sur le revers italien des Alpes. […] Topffer, que j’ai sous les yeux112, les deux plus récentes courses qu’il ait faites en tête de sa joyeuse caravane, l’une de 1839, jusqu’à Milan et au lac de Côme, l’autre de 1840, à la Gemmi et dans l’Oberland. […] Sur les limites du procédé et de l’art ; qu’il est bon que pour chaque homme l’art soit à recommencer ; sur la différence fondamentale de la peinture antique et moderne ; sur le clair-obscur et Rembrandt ; qu’en face de la nature les plus serviles ont été les plus grands, et que c’est bien ici que ceux qui s’abaissent seront élevés ; que la peinture pourtant est un mode, non pas d’imitation, mais d’expression ; il y a là-dessus une suite d’instructifs et délicieux chapitres, où la pensée et le technique se balancent et s’appuient heureusement, où le goût pour la réalité et pour les Flamands ne fait tort en rien au sentiment de l’idéal, où Karel Du Jardin tient tête sans crânerie à Raphaël.
V Il avait environ vingt ans ; ses cheveux, secoués sur son front comme par un coup de vent perpétuel, formaient d’un côté de la tête une masse ondoyante et ruisselante le long de sa joue ; la ligne de ce front était longue, droite, renflée seulement par les deux lobes de la pensée. […] (En disant ces mots, le lépreux se couvrit la tête d’un large feutre dont les bords rabattus lui cachaient le visage.) […] Tout à coup je les vis s’arrêter : la jeune femme pencha la tête sur le sein de son époux, qui la serra dans ses bras avec transport. […] Comme je me rapprochais du bosquet, elle me demanda de l’eau : j’en apportai dans sa coupe ; elle y trempa ses lèvres, mais elle ne put boire. « Je sens ma fin, me dit-elle en détournant la tête ; ma soif sera bientôt étanchée pour toujours. […] J’appuyai sa tête contre mon sein ; je récitai la prière des agonisants : « Passe à l’éternité !
Nous nous inclinons devant nos maîtres, devant les maîtres de l’Odéon devenus les maîtres du Théâtre-Français et que nous espérons bien voir demain les maîtres de toutes les scènes, y décidant la chute de ce qui leur déplaira, empêchant les avenirs dont ils ne voudront pas, et tuant, du haut des cintres, toute pensée qu’ils voudront tuer, par-dessus la tête du public et la plume de la critique23 ! […] Nous ne faisons que porter le nom de notre grand-père, un avocat, membre de la Constituante de 89 ; le nom de notre père, un des plus jeunes officiers supérieurs de la Grande Armée, mort à quarante-quatre ans des suites de ses fatigues et de ses blessures, des sept coups de sabre sur la tête d’une action d’éclat en Italie, de la campagne de Russie faite tout du long avec l’épaule droite cassée, le lendemain de la Moskowa. […] Nous lui demandions s’il était content des explications données par nous en tête de la pièce, que nous lui avions dédiée. […] Préface de la seconde édition (1883) Aujourd’hui que la reprise d’Henriette Maréchal a réussi, que la pièce est écoutée, est applaudie, applaudie « avec un parti pris d’applaudir », impriment ceux qui eussent désiré qu’elle fût ressifflée, je demande au public la permission de compléter la préface en tête de notre Théâtre par quelques observations, quelques anecdotes, et quelques idées sur l’art théâtral de l’heure présente. […] Quand même le romantisme ne posséderait pas à sa tête l’homme unique qui a doté l’art dramatique de la plus sonore langue poétique qui fût jamais, le romantisme aurait un théâtre ; et, ce théâtre, il le devrait à son côté faible, à son humanité tant soit peu sublunaire fabriquée de faux et de sublime, à cette humanité de convention qui s’accorde merveilleusement avec la convention du théâtre.
Là où vous apercevez ce pieux solitaire, fixant, dans une immobilité parfaite, le disque radieux du soleil ; le corps déjà à moitié plongé dans un monticule de sable, que les termites amoncellent sans crainte autour de lui ; portant, au lieu du cordon brahmanique, la peau hideuse d’un énorme serpent : pour collier, les branches entrelacées d’arbrisseaux épineux, dont il ne ressent pas même les blessures, et recélant, parmi ses cheveux relevés en partie en un énorme faisceau sur le sommet de sa tête et flottant en partie sur ses larges épaules, une foule d’oiseaux qui, pleins de confiance, y ont construit leurs nids comme dans un arbre touffu. […] Vois l’aveugle rejeter, plein de terreur, loin de lui la couronne de fleurs dont une main amie vient de parer sa tête, et que, dans son erreur, il prend pour un odieux serpent. […] Fille adorable du roi de Vidéha, pour la dernière, oui, pour la dernière fois, que tes pieds charmants servent d’oreiller à la tête de Rama ! […] Comme il arrache les larges feuilles de la plante humide, et l’élève au-dessus de sa tête pour la garantir des ardeurs du soleil ! […] On se presse sur lui ; la fureur, la crainte agitent toutes les têtes qui se rapprochent.
Quand on veut ne prêcher que l’Evangile, ou prêcher avec fruit, toucher, persuader, il faut plus d’entrailles que de tête. […] On y trouve à la tête un avertissement qui fait honneur à son esprit & à sa modestie. […] Je mets à leur tête Saurin, dont les Sermons ont été imprimés plusieurs fois. […] Ce n’étoit point un Orateur du commun, & on le met à la tête des Prédicateurs anglois ; mais il paroît qu’il ne seroit pas le premier des Orateurs françois. […] Mais il faut avoir une Bibliothèque dans la tête & j’ai de l’ignorance à fond.
Quand on a suffisamment vu la tête de ce comparse, en général stupide et gras, on le change, après des palabres hurlantes. […] Et les Accroupis, tassés en extase autour de lui, disent non d’un branle de tête languide. […] Mallarmé a passé sur sa tête. […] Mais qu’importe : levons la tête ; le soleil de la Beauté future se lève : allons à lui sans crainte, sans défaillances et sans regrets. […] Ils branlaient la tête, marmottaient des épiphonèmes réprobatifs et crachaient tous les trois pas.
On voit la tête d'une Coquette sur les épaules d'une Paysanne, comme le dit fort bien un Auteur* peu connu.
Ces deux pastels représentent l’Innocence sous la figure d’une jeune fille qui caresse un agneau, et le Plaisir sous la figure d’un jeune garçon enlacé de soie, couronné de fleurs et la tête entourée de l’arc-en-ciel.
Voilà un homme bien inspiré ; il attire sur sa tête un déluge de lettres très prétentieuses, très diplomatiques, très verbeuses. […] La contrebande qu’il fait entrer avec lui, elle est toute dans sa tête. […] Sa tête était couverte d’un bonnet dont la mousseline empesée imitait une couronne murale garnie de tours et de créneaux. […] Mais là, il se sent un peu affaibli ; sa tête remuée par les fumées du vin du Rhin, avait déjà commencé à compromettre le calme de son estomac. […] vous dit-il dès la première ligne et le voilà parti de nouveau enfourchant la première idée qui lui passe par la tête et vous menant grand train aussi loin que possible de son sujet.
Il fallait lever au ciel des bras désespérés, avoir la tête renversée en arrière ; les cheveux hérissés ; une bouche ouverte qui poussât de longs cris ; des yeux égarés ; et puis une petite Medée, courte, roide, engoncée, surchargée d’étoffes ; une Medée de coulisse ; pas une goutte de sang qui tombe de la pointe de son poignard ou qui coule sur ses bras ; point de désordre ; point de terreur.
Théodore Burette avait écrit à Eugène Sue une lettre, reproduire en tête de la seconde édition des Mystères de Paris, dans laquelle il disait : « Toutes ces atrocités, toutes ces misères, dont vous vous êtes fait l’historien-poëte, ont frappé nos législateurs ; et si Jean-Jacques Rousseau a mis en baisse le lait des nourrices, vous mettrez en hausse les lois les plus simples de la justice et de l’humanité… Si l’on crée des charges d’avocat du pauvre, à bon droit vous devez être bâtonnier. » — La Démocratie pacifique ajoutait à cette lettre en la reproduisant : « Nous voyons avec plaisir un professeur de l’Université prendre honorablement la défense du livre de M.
Au lieu d’envier le sort et de flatter par ses désirs la molle existence des oisifs, ne serait-il pas temps pour le poète de tourner la tête vers l’avenir, et de regarder, au sein de l’ardeur et des mouvements du siècle, l’enfantement merveilleux de ce qui va devenir l’espérance, la foi et l’amour du monde ?
un monsieur en habit noir, très correct, qui avait la figure tatouée, et, sur la tête, des plumes de perroquet. […] Mon interlocuteur hoche la tête en souriant du bout des lèvres, mais sans répondre. […] Mais je ne vois pas encore les chefs, les têtes de colonne de ce mouvement. […] Sa fine tête de Pierrot distingué le destinait à les jouer, et il en joua, avec beaucoup de succès, au Théâtre-Libre. […] Il a aujourd’hui sur la tête une calotte de velours rouge vénitienne, qui s’érige en tiare.
Mais, à dire vrai, tout se passe dans sa tête : il n’aime ni ne souffre autant qu’il le dit, il est dupe d’une illusion de poète. […] Il a porté dans sa tête et dans son cœur les plus belles pensées, les plus vastes imaginations, les conceptions les plus grandioses. […] De quel air suppliant il retourne la tête ! […] On sous-entend peut-être que, transportés à Athènes, nous y prendrions le cœur et la tête d’un Athénien : alors ce ne serait plus nous. […] Il est gros, court, gras, rose ; de grands traits, de longs cheveux gris, un gros nez, une bouche fine ; d’ailleurs tout rond, se mouvant tout d’une pièce, sa large tête dans les épaules.
En tête d’un cahier contenant le texte correct de la Vie de Plotin, par Porphyre, avec traduction latine et commentaire, on lit cette attestation de la main du père de Leopardi : « Oggi 31 agosto 1814, questo suo lavoro mi donò Giacomo mio primogenito figlio, che non ha avuto maestro di lingua greca, ed è in età di anni 16, mesi due, giorni due. […] En tête d’un fragment traduit de la Théogonie d’Hésiode (la bataille des Dieux et des Titans) il se livre à des réflexions approfondies et vives sur le mérite propre de cette poésie d’Hésiode, surtout dans les Travaux et les Jours ; il la met presque au-dessus de celle d’Homère pour une certaine sincérité et ingénuité incomparable (schiettezza), il incline fort à la croire du moins supérieure en âge, et à ce propos il s’étend sur les conditions diverses qu’exige la traduction des poëtes anciens. […] Serait-ce par hasard la visite du czar151 qui vous aurait monté la tête, et croyez-vous n’être plus soumis aux mêmes lois qu’auparavant ? […] Voici le portrait, un peu plus doux et presque tendre, qu’a tracé de lui Ranieri dans la notice de l’édition de Florence (1845) : « Il était d’une taille moyenne, courbée et frêle ; il avait le teint blanc tournant au pâle, la tête grosse, le front large et carré, les yeux d’un beau bleu et pleins de langueur, le nez fin, les traits extrêmements délicats, la prononciation modeste et un peu voilée, le sourire ineffable et comme céleste. » 142. […] Il n’était point d’inimitié de parti, point d’accusation capitale que le plus menacé des hommes ne pût conjurer à temps en s’exilant lui-même ; et tel était leur amour pour ce qu’ils appelaient leur dignité, qu’ils ressentaient un voluptueux exil comme un cruel déshonneur, et que, dans une guerre civile, le vaincu, qui pouvait aisément sauver sa tête, aimait mieux, sans effort et sans bruit, se faire égorger noblement par un esclave.
Ce vieux guerrier, hésitant dans le conseil, jamais au feu, veut se mettre lui-même à la tête des grenadiers prussiens et les conduire à l’assaut de Hassenhausen, en suivant un pli de terrain qui se trouve à côté de la chaussée, et par lequel on peut parvenir plus sûrement au village. […] Ce brave officier, renversé sous son cheval, se relève, se met à la tête de sa seconde brigade, et réussit à disperser les groupes de cavaliers qui précédaient l’infanterie russe. […] Tout autre général que celui qui n’avait pas de juge y aurait laissé sa réputation et compromis sa tête. […] Le cœur humain ne perd jamais ses droits dans l’histoire : quand l’intérêt descend de la tête dans le cœur, l’historien mêle heureusement quelques larmes de femmes à tout ce sang qui n’excite qu’une pitié abstraite dans l’âme des lecteurs. […] Napoléon marchait vers l’intérieur de la Russie à la tête de quatre cent mille soldats, suivis de deux cent mille autres.
Voltaire a dit : « Les Français n’ont pas la tête épique. » Il nous semble plus juste de dire : Les âges où nous vivons ne sont pas épiques. […] « Pleins de colère, la honte sur le front, épuisés de lassitude, ils reviennent à leur poste : tels, après une chasse longue et pénible, des chiens qui ont perdu dans les bois la trace de la bête qu’ils poursuivaient, reviennent haletants, l’œil morne et la tête baissée : cependant la princesse fuit toujours ; craintive, éperdue, elle n’ose regarder en arrière si on la suit encore. […] « Peut-être le ciel propice veille sur l’humble innocence et la protége ; peut-être que, semblable à la foudre qui épargne les vallons et ne frappe que la cime des montagnes, la fureur de ces étrangers n’écrase que la tête altière des rois. […] « Hier », écrivit le Tasse à son ami Constantin, « le chef de brigands Sciarra a pillé et tué sur la route plusieurs voyageurs ; toute la contrée retentit des cris de terreur et des gémissements des femmes ; j’ai voulu seul aujourd’hui marcher en avant, et essayer de teindre de sang l’épée que vous m’avez donnée. » Il sortit en effet à la tête de quelques braves chevaliers de Mola di Gaëta, pour éclairer intrépidement la route ; son caractère héroïque et chevaleresque abordait avec audace les plus grands périls. […] repris-je… Il sourit et détourna la tête pour me donner à entendre, je crois, que la première lui appartenait.
— Ou bien, dit Goethe en riant, comme un cheval qui passe sa tête par le fenêtre de l’écurie et voit devant lui d’autres chevaux gambader sans entraves, dans un beau pâturage. […] Ce n’est plus qu’à ses pieds que gronde la tempête ; Il faudrait, pour frapper sa tête, Que la foudre pût remonter ! […] Tous ces oiseaux avec leurs petits de la première couvée muent chez nous en août ; aussi on prend ici, à la fin d’août, de jeunes moines qui ont déjà leur petite tête noire. Mais les enfants de la dernière couvée partent avec leur premier plumage et ne muent que plus tard, dans les contrées méridionales ; aussi, au commencement de septembre, on peut ici prendre des moines mâles qui ont encore leur petite tête rouge comme leur mère. […] Hardi comme je pouvais l’être, je passai mes mains dans le chevelure de ces deux princes, en leur disant : « Eh bien, têtes à filasse, comment nous portons-nous ?
La noblesse ambitieuse et turbulente qui se mit à leur tête, avide de puissance et mue par le seul espoir d’une revanche contre l’État qui lui enlevait une à une ses prérogatives, ne convenait en rien69. […] La vérité est celle-ci : 1° L’épiscopat français, Bossuet en tête, a préparé, organisé, dirigé la persécution religieuse qui remplit la troisième partie du dix-septième siècle français. […] Quelqu’étrange qu’il paraisse à première vue, le fait est là, sous nos yeux, indéniable et clair : Bossuet, à la tête de l’épiscopat français, fait chasser de France l’élite de la France, cinq cent mille de ses meilleurs citoyens. […] Vous y lirez qu’il y eut au xviie siècle un prélat nommé Bossuet qui, à la tête de l’épiscopat français, contraignit le pouvoir à expulser de France cinq cent mille Français, les plus loyaux, les plus énergiques, les plus industrieux, les plus intelligents. […] Les noms des hommes qui assumèrent sur leurs têtes les conséquences d’une telle décision sont restés inconnus, sans doute le confesseur La Chaise fut l’un des théologiens ; quel fut l’autre ?
Un honorable chanoine de l’église de Paris, compatriote de la famille Désaugiers, écrivant à l’un des frères du célèbre chansonnier sur la nouvelle de sa mort (août 1827), lui rendait ce gracieux témoignage : « Je n’oublierai jamais l’homme aimable que j’ai vu dans sa première enfance, et dont feu l’abbé Arnaud avait tiré l’horoscope qu’il a si bien justifié : « Voilà, disait-il du jeune Tonin 19, voilà une tête grecque. » Il aurait pu dire aussi : « Voilà une tête romaine, et y découvrir des traits de ressemblance avec le bon, l’aimable Horace, que votre ingénieux chansonnier rappelait si souvent. […] On aura remarqué cette expression de tête grecque appliquée à l’enfant ; n’oublions pas que sur ces plages favorisées de la Provence étaient déposés de toute antiquité des germes apportés d’Ionie. […] Merle, en tête des œuvres28, et dans celle de M.
Tête nue, ou tout au plus couverte d’un chapeau de paille qu’elle jetait volontiers, cheveux toujours blonds, séparés et pendant sur les épaules, avec une boucle quelquefois qu’elle ramenait et rattachait au milieu du front, en robe sombre, à taille longue, élégante encore par la manière dont elle la portait, et nouée d’un simple cordon, telle à cette époque on la voyait, telle, dans cette plaine, elle arriva dès l’aurore, telle debout, au moment de la prière, elle parut comme un Pierre l’Ermite au front des troupes prosternées. […] Michaud, qui avait alors la tête très-montée pour Mme de Krüdner. […] Voici la pièce de Hadloub, traduite en vers, avec cette dernière idée de plus, et dans un style légèrement rajeuni du seizième siècle, où l’on peut supposer que quelque Clotilde de Surville, voisine de Ronsard et de Baïf, ou mieux quelque Marie Stuart la rima : Vite me quittant pour Elle, Le jeune enfant qu’elle appelle Proche son sein se plaça : Elle prit sa tête blonde, Serra sa bouchette ronde, O malheur ! […] Aujourd’hui qu’elle s’est jetée dans la dévotion mystique, elle fait des prophéties, c’est encore du roman, mais d’un genre tout opposé… » Il finissait et concluait du même ton : « L’Évangile en main, j’oserai lui dire que nous aurons toujours des pauvres au milieu de nous, ne fût-ce que de pauvres têtes. » L’anonyme du Journal de Paris se permit de trouver ce jeu de mots final plus digne de Potier ou de Brunet, que d’un chrétien sérieusement pénétré de l’Évangile.
La tête, chez lui, sollicitait le cœur ; et il se portait en secret un défi, il se faisait une gageure d’aimer. […] Elle retomba sur le divan, à demi assise, à demi couchée, appuyant sa tête sur une main, tandis que l’autre était fort occupée à ramener les plis de sa robe […] Elle leva la main et l’abaissa vers son visage ; puis sa tête s’abaissa elle-même avec sa main : elle sourit doucement en le voyant ainsi penché sans être vue de lui. […] C’est pour cela qu’aujourd’hui il nous faut faire tête au premier rang des Lyciens, et nous lancer au feu de la mêlée, afin qu’au moins chacun des nôtres dise, etc., etc… » Pour Farcy les avantages à conquérir avaient certes moins de splendeur, et le grand domaine, c’eût été une chaire.
» Je vais mettre en scène ce dialogue du mort avec les vivants, et faire parler cet oracle du fond de son sépulcre, autant du moins que ma faible intelligence et ma sagesse bornée peuvent interpréter les pensées présumées de cette forte tête et de cette grande vue sur les affaires humaines. […] Tantôt on poussait la diplomatie de Louis-Philippe à la restauration chimérique de la Pologne, restauration que Napoléon lui-même, à la tête de sept cent mille hommes et campé à Varsovie, n’avait pas osé tenter. […] Il en fut de même à Dublin, quand les fauteurs de l’insurrection irlandaise vinrent, par l’organe de leur chef, me sommer publiquement à l’hôtel de ville, à la tête d’un rassemblement populaire, d’appuyer l’insurrection de l’Irlande contre l’Angleterre. […] XV Il en fut de même, enfin, pour la Pologne, quand, à la tête d’une émeute de trente mille vociférateurs recrutés dans les rues de Paris, les Polonais voulurent nous imposer la folie d’une déclaration de guerre au continent tout entier pour la cause malheureusement trois fois jugée de la Pologne.
Laissez-moi vous en parler à mon aise pendant cette matinée d’été, à l’ombre, où l’on n’a rien de mieux à faire qu’à causer en ouvrant nonchalamment son âme à toutes les brises qui traversent capricieusement le ciel, et qui font frissonner et miroiter les feuilles au-dessus de nos têtes. […] Quoique encore dans l’âge où rien ne décline dans l’homme, sa tête intelligente a déjà perdu quelques-uns de ces fins cheveux blonds qui, comme des feuilles inutiles, se dispersent avant l’été pour mieux laisser mûrir dans le front découvert ce fruit précoce, la pensée, dans les hommes qui le portent. […] Il suffit de l’avoir vu à pied dans les steppes, la bride de son cheval passée autour du bras, promener pendant des journées entières le regard de ses larges yeux bleus sur l’horizon des monts Crapacks tacheté de pins noirs et de neiges roses, pour reconnaître à la charpente haute et solide du corps, à la dimension du front, au vague pensif du regard, à l’ovale effilé de la tête, à la gravité des lèvres, à l’attitude à la fois virile et un peu inclinée par la féodalité des membres, la consanguinité évidente des Huns et des Francs-Comtois : Deux races nobles, deux filiations du Caucase, deux peuples à héros dans les ancêtres, deux civilisations disciplinées où la fierté et l’obéissance s’accordent sur un visage pastoral, guerrier et poétique. […] Elle a apporté, dans ce Midi presque espagnol, cette limpidité sereine du caractère du Nord, beauté des étoiles dans nos nuits d’hiver ; ses yeux couleur d’eau du lac d’Antre sur le plus haut sommet de Saint-Lupicin, et ses cheveux blonds, soyeux et touffus comme une poignée de lin du Jura, rappellent aux climats méridionaux qu’elle habite l’image d’une Velléda des Gaules, les pieds nus dans les neiges, la tête dans l’auréole de l’inspiration grecque ou romaine.
Non, je n’essayerai pas de vous la décrire ; il n’y a pas de pinceaux, même ceux du divin Raphaël, pour une pareille tête. […] — Ne fuyez pas, lui dis-je avec respect, c’est à moi de m’éloigner, puisque ma présence inattendue dans ce lieu trouble vos yeux et aussi ceux de ce bel enfant à qui ma vue fait détourner la tête vers votre épaule. […] LXIII Fior d’Aliza rougit, détourna la tête et regarda, appendue à la muraille, la zampogna de son cousin absent. […] Le père soupira ; la jeune sposa ne dit rien, mais elle se leva de table et inclina involontairement la tête hors de la porte, comme si elle avait pu reconnaître, de l’oreille, les pas de son amant dans la nuit ; puis elle rentra tristement, sourit à son enfant, lui fit couler deux ou trois gouttes de lait sur les lèvres, et revint s’asseoir à côté de la vieille aïeule.
Goethe cependant l’avait précédé de bien des années ; mais Goethe, dans une vie plus calme, se fit une religion de l’art, et l’auteur de Werther et de Faust, devenu un demi-dieu pour l’Allemagne, honoré des faveurs des princes, visité par les philosophes, encensé par les poètes, par les musiciens, par les peintres, par tout le monde, disparut pour laisser voir un grand artiste qui paraissait heureux, et qui, dans toute la plénitude de sa vie, au lieu de reproduire la pensée de son siècle, s’amusait à chercher curieusement l’inspiration des âges écoulés ; tandis que Byron, aux prises avec les ardentes passions de son cœur et les doutes effrayants de son esprit, en butte à la morale pédante de l’aristocratie et du protestantisme de son pays, blessé dans ses affections les plus intimes, exilé de son île, parce que son île antilibérale, antiphilosophique, antipoétique, ne pouvait ni l’estimer comme homme, ni le comprendre comme poète, menant sa vie errante de grève en grève, cherchant le souvenir des ruines, voulant vivre de lumière, et se rejetant dans la nature, comme autrefois Rousseau, fut franchement philosophe toute sa vie, ennemi des prêtres, censeur des aristocrates, admirateur de Voltaire et de Napoléon, toujours actif, toujours en tête de son siècle, mais toujours malheureux, agité comme d’une tempête perpétuelle ; en sorte qu’en lui l’homme et le poète se confondent, que sa vie intime répond à ses ouvrages ; ce qui fait de lui le type de la poésie de notre âge. » Ainsi ce que madame de Staël, qui n’avait devant les yeux que Goethe, déplorait comme étant une maladie et n’étant qu’une maladie, nous, en contemplant Byron, chez qui cette maladie est au comble, nous ne le déplorions pas moins, mais nous le regardions comme un mal nécessaire, produit d’une époque de crise et de renouvellement. […] Il faut pour cela avoir le cœur libre, la tête pas trop ardente ; il faut n’avoir pas la tradition et l’héritage de la partie la plus vivante de l’Humanité. […] « J’ai vu les mœurs de mon temps, et j’ai publié ce livre », écrivait Rousseau en tête de sa Nouvelle Héloïse. […] La raison en est simple : la France seule s’était faite initiatrice ; l’Allemagne, au contraire, prétendait à l’immobilité, à la conservation, à la durée ; elle ne permettait à l’idéalisme naissant que d’agiter le cœur et la tête de ses enfants sans leur laisser croire à l’effet des idées, à l’activité possible, à la réalisation de l’idéal.
Cette position unique vis-à-vis de tout le monde, cette grande estime des arriérés et des novateurs qui se réunissait sur sa tête, Villemain ne la compromit point. […] Homme de mots, qui vit par les mots et pour eux, a-t-il jamais senti la nécessité de ces notions premières, qu’il écrit aujourd’hui à la tête d’un nouvel ouvrage — comme il écrit tout — pour obtenir un effet de phrase ou un effet de lecture ? […] À voir seulement les têtes de chapitre, on dirait une savante, immense et majestueuse histoire ; mais en pénétrant dans chaque biographie qui en est l’objet, on se démontre facilement à soi-même combien ces notules, ramassées au courant d’une lecture de dilettante, sont superficielles et vulgaires, et on se dit que l’histoire littéraire ne s’écrit pas à si bon marché. […] Ce ne sont pas ceux qui devraient être à la tête de ce Livre d’or de la tribune.
Assez intelligent, à ce qu’il semble, pour dépasser, comme les moins grands d’entre nous, les doctrines méprisées présentement du Contrat social, il n’est pas fait pour retourner tête basse à cette doctrine de marcassin et de glands tombés, qu’on appelle le naturalisme, pour appeler d’un nom propre des choses qui ne le sont pas. […] Gustave Flaubert, et qui a voulu cette fois-ci lui passer par-dessus la tête, mais en vain. […] Les autres figures du roman ne sont que des comparses, de plats repoussoirs sur lesquels la tête de Daniel puisse bomber. […] Feydeau avait dix romans dans la tête.
Il n’a jamais pris pour lui le mot insolent et cruel, trop accepté, comme tant de mots : « Les Français n’ont pas la tête épique ».
Les mêmes sentimens l'ont porté à s'élever contre les Philosophes modernes dans des Epîtres moins mauvaises que ses Odes, mais toujours foibles, & dans les Discours préliminaires placés à la tête de ses divers Ouvrages de Poésie.
La tête, qu’on avait interrogée la première, déclara ne pas vouloir entendre parler de cette corvée-là « C’était toujours la bouche qui se plaignait d’être fatiguée quand, moi seule, je portais les fardeaux !
Daru en 1814, il commença sa vie d’homme d’esprit et de cosmopolite, ou plutôt d’homme du Midi qui revient à Paris de temps en temps : « À la chute de Napoléon, dit Beyle en tête de sa Vie de Rossini, l’écrivain des pages suivantes, qui trouvait de la duperie à passer sa jeunesse dans les haines politiques, se mit à courir le monde. » Malgré le soin qu’il prit quelquefois pour le dissimuler, ses quatorze ans de vie sous le Consulat et sous l’Empire avaient donné à Beyle une empreinte ; il resta marqué au coin de cette grande époque, et c’est en quoi il se distingue de la génération des novateurs avec lesquels il allait se mêler en les devançant pour la plupart. […] L’armée romantique, qui avait à sa tête la Revue d’Édimbourg et qui se composait de tous les auteurs anglais, de tous les auteurs espagnols, de tous les auteurs allemands, et des romantiques italiens (quatre corps d’armée), sans compter Mme de Staël pour auxiliaire, était campée sur la rive gauche d’un fleuve qu’il s’agissait de passer (le fleuve de l’Admiration publique), et dont l’armée classique occupait la rive droite ; mais je ne veux pas entrer dans un détail très ingénieux, qui ne s’expliquerait bien que pièce en main, et qui de loin rappelle trop la carte de Tendre. […] Ce qui est plus curieux, c’est une note qui se trouve à la page 275, où il est dit : « L’auteur a fait ce qu’il a pu pour ôter les répétitions qui étaient sans nombre dans les Lettres originales. » Il paraît que Beyle a voulu se ménager une excuse contre le reproche de plagiat ; mais alors pourquoi n’a-t-il pas donné cette indication en tête du livre, dans quelques mots servant de préface ?
Dès la première guerre de 1621, Rohan, ne voulant point s’enfermer dans sa ville de Saint-Jean-d’Angely, y avait laissé Soubise qui tint bon devant l’armée du roi, reçut chapeau en tête la sommation royale, et n’y répondit que par ce mot d’écrit dont on a conservé les termes : « Je suis très humble serviteur du Roi, mais l’exécution de ses commandements n’est pas en mon pouvoir. […] On a accusé Rohan, aussi bien que son frère Soubise, de s’être ménagé dans les entreprises et les engagements militaires, de n’avoir pas toujours été en tête et au plus fort des mêlées, l’épée à la main. […] Cependant on ne saurait leur faire à l’un ni à l’autre l’injure de poser cette question, s’ils étaient braves et très braves en effet : mais ils étaient les têtes du parti, et ils avaient à se réserver pour leur cause ; et de plus, comme on l’a très judicieusement observé, ils devaient craindre, non pas de périr les armes à la main de la mort du soldat, mais d’être pris et d’aller finir sur un échafaud en rebelles.
à combattre encore, à se contredire, à se lancer ce nom à la tête comme une arme de guerre, à s’en faire un signal de ralliement ou une pierre de scandale. […] On voit que dans les affaires comme dans la littérature, comme dans le monde, et partout, il entre la tête haute, sûr qu’il est de son fait, remettant les gens à leur place et prenant la sienne hardiment, en grand seigneur de l’esprit. […] Je crois bien que sa tête est pour eux une maison de force, et non pas le lieu de leur naissance : c’est le cas de veiller soigneusement à leur garde. » Cela n’a l’air que d’une méchanceté ; mais voici la preuve.
Ainsi, il fera dire à Bossuet qu’il pressait de publier son ouvrage contre Richard Simon : « Avant toute chose, il ne se faut pas mettre la tête en quatre. » Il lui fait dire au sujet des lenteurs et des difficultés qu’éprouve cette publication : « Si nous obtenons ce que nous demandons, il y a de quoi faire bien enrager M. le chancelier ; mais aussi, si nous sommes tondus, nous enragerons bien. » Bossuet tondu et Bossuet enrageant, ce n’est pas là ce que j’appelle, en bonne peinture de portrait, de la ressemblance. […] Les dames que j’y ai vues, entre autres Mme la princesse de Soubise, étaient toutes vêtues de noir, des coiffes sur leurs têtes et la gorge couverte jusqu’au menton. […] Il était en vraie conversation inutile avec deux dames, leur parlant fort négligemment et toujours la tête allant de côté et d’autre de la chambre, sans jamais finir.
Mirabeau est dès l’abord plus ouvert, disant tout, contant ses idées comme ses amours, cœur chaud et brusque, tête ardente, féconde, incohérente, — un brûlot, comme il dit, un vrai volcan : il jette feu et flammes, parfois de beaux jets, souvent de la fumée, des scories, de la cendre et des cailloux. […] Il était bien le fils de l’homme qui, revenant à la tête de sa compagnie le jour de l’inauguration de la statue érigée à Louis XIV par le duc de La Feuillade sur la place des Victoires, s’arrêta au Pont-Neuf devant la statue de Henri IV, et dit en se retournant vers sa troupe : « Mes amis, saluons celui-ci ; il en vaut bien un autre ! […] Mirabeau toujours préoccupé de l’idée que Vauvenargues n’est pas ambitieux, qu’il est philosophe par tempérament et par choix (il le juge trop sur la mine, et par le dehors), qu’il est porté à l’inaction et au rêve, le presse souvent et dans les termes d’une cordiale amitié de se proposer un plan de vie, un but, de ne plus vivre au jour la journée : « Nous avons besoin de nous joindre, mon cher ami ; vous appuieriez sur la raison, et je vous fournirais des idées. » Vauvenargues décline ce titre de philosophe auquel, dit-il, il n’a pas droit : Vous me faites trop d’honneur en cherchant à me soutenir par le nom de philosophe dont vous couvrez mes singularités ; c’est un nom que je n’ai pas pris ; on me l’a jeté à la tête, je ne le mérite point ; je l’ai reçu sans en prendre les charges ; le poids en est trop fort pour moi.
Celui-ci, très sincère dans ses réponses, aussi libre de préjugés que de passions, essaye pourtant de le séduire par un endroit : il voudrait le décider à se faire moine, et se met en tête de lui procurer sa charge. […] Une fois, sortant de l’église au petit jour, à la file des chartreux, avec dom Ignace qui reconduisait chez moi sans mot dire, je remarquai que le mur en pierre de taille sur lequel s’ouvraient les cellules était usé d’une manière sensible à la hauteur des bras, et que les dalles du pavé étaient creusées uniformément comme les chemins battus par les bœufs ; j’arrêtai dom Ignace et lui demandai si ces traces n’étaient pas l’effet du passage quotidien des religieux : par un simple mouvement de tête, il me répondit affirmativement. […] C’eût été dommage, en vérité, que celui qui avait la taille, la vigueur, l’audace, le regard et le port de tête de Damp Abbé et de frère Jean, avec le cœur en plus du patriote et du citoyen, ne vécût point à cette date de l’abbé Sieyès et n’assistât point, en y prenant sa bonne part, à l’émancipation des classes, gage et signal de l’ennoblissement des cœurs.
D’ailleurs, apprenant ce que j’avais ignoré, il aurait fallu que la tête m’eût tout à fait tourné, pour porter si haut mes concurrences. […] Si cela est, et qu’elle ne m’ait pas pardonné cette curiosité frustrée, il faut avouer que j’étais bien né pour être victime de mes faiblesses, puisque, si l’amour vainqueur me fut si funeste, l’amour vaincu me le fut encore plus. » Et là-dessus, sa tête travaillant, il va attribuer à Mme de Boufflers, déçue dans son désir, un mauvais vouloir persistant qui aboutira en projet formel de le livrer à ses ennemis. […] Concevez tous les motifs que j’avais de croire l’histoire fabuleuse ; combien ma surprise et mon ignorance que j’exprimais naïvement dans mes lettres (elle était à Pougues) contribuaient à la faire regarder comme telle par les personnes qui concluaient, ainsi que moi, que le baron d’Holbach n’eût pas dû être votre premier confident ; enfin, le déplaisir que vous m’avez causé par une conduite qui déroge un peu, ce me semble, à l’amitié que vous m’avez promise. » Puis, en venant au fond, elle estime que son ami le philosophe s’est laissé bien vivement emporter au sujet d’une injustice cruelle dont il a été l’objet, et dont une pauvre tête égarée a pu seule se rendre coupable : « Mais vous, au lieu de vous irriter contre un malheureux qui ne peut vous nuire, et qui se ruine entièrement lui-même, que n’avez-vous laissé agir cette pitié généreuse, dont vous êtes si susceptible ?
Bailly de Monthyon, qui sans doute, pensait-il, lui réservait l’honneur de commander quelque dépôt d’écloppés, ou de faire dans sa chancellerie des liasses d’ordres du jour. » Sa tête fermenta ; il n’y put tenir ; il roula dans son esprit une grande résolution : il était Suisse de nationalité et libre ; l’empereur Alexandre était l’intime allié de Napoléon. […] Après quelques démarches tentées encore par Jomini (et sans y réussir) pour se concilier le prince de Neuchâtel, — comme de lui offrir la dédicace d’une seconde édition qu’il fit faire exprès de son Traité des grandes Opérations militaires, — de lui témoigner le désir d’être mis à la tête d’une des brigades suisses qui allaient être levées, et dont le commandement lui était spécialement réservé en sa qualité de colonel général des Suisses, — après n’avoir éprouvé de sa part que rebuffade et mauvaise grâce, après s’être entendu dire un jour qu’il se plaignait : « Eh bien, si vous vous croyez lèse, donnez votre démission ; j’en référerai a Sa Majesté », Jomini n’hésita plus et se tourna vers la Russie. […] et jamais, non jamais, je ne me sentirai la force de ployer la tête sous le joug qu’on veut m’imposer.
Ce beau chef-d’œuvre terminé, ces messieurs se félicitent et s’applaudissent : je me sauve au jardin, j’y cueille la rose ou le persil ; je tourne dans la basse-cour où les couveuses m’intéressent et les poussins m’amusent ; je ramasse dans ma tête tout ce qui peut se dire en nouvelles, en histoires, pour ravigoter les imaginations engourdies, et détourner les conversations de chapitre qui m’endorment parfois : voilà ma vie. » Et un peu plus loin : « J’aime cette tranquillité qui n’est interrompue que par le chant des coqs ; il me semble que je palpe mon existence ; je sens un bien-être analogue à celui d’un arbre tiré de sa caisse et replanté en plein champ. » Dans tout ceci le style est autre, ou mieux il n’est plus question de style, il n’y a plus d’écolière ; elle cause : sa leçon de rhétorique est finie. […] Je barbouille du papier à force, quand la tête me fait mal ; j’écris tout ce qui me vient en idée : cela me purge le cerveau… Adieu, j’attends une cousine qui doit nous emmener à la promenade ; mon imagination galope, ma plume trotte, mes sens sont agités, les pieds me brûlent. — Mon cœur est tout à toi. » Si calme, si saine qu’on soit au fond par nature, il semble difficile qu’en ce jeune train d’émotions et de pensées, on reste longtemps à l’entière froideur, avec tant de sollicitations d’être touchée. […] si je raisonnais un peu moins, et si les circonstances m’étaient un peu plus favorables, tête bleue !
Aloïsius Bertrand163 Il doit être démontré maintenant par assez d’exemples que le mouvement poétique de 1824-1828 n’a pas été un simple engouement de coterie, le complot de quatre ou cinq têtes, mais l’expression d’un sentiment précoce, rapide, aisément contagieux, qui sut vite rallier, autour des noms principaux, une grande quantité d’autres, secondaires, mais encore notables et distingués. […] Bertrand lui a, depuis, avoué l’avoir reconnu de son lit ; mais il s’était couvert la tête de son drap, en rougissant. […] Les voici donc, et avec leurs épigraphes, pompon en tête ; quand on cite le minutieux auteur, il y aurait conscience de rien oublier.