: pourquoi la poésie, au déclin des civilisations poussées à l’excès, n’irait-elle pas chercher un rajeunissement aux sources premières ? […] Mais nous disons qu’il faut chanter la vie agricole et la guerre, parce que ces choses sont grandes, magnifiques, éternelles, et qu’en multipliant les formes sous lesquelles elles se traduisent aux yeux des hommes, elles n’ont pris ni un jour, ni une heure, aussi belles et plus belles peut-être qu’aux premiers moments de la création. […] L’honnête citoyen qui prend si tranquillement sa canne et son chapeau pour aller se rafraîchir aux sources premières, — à ces citernes qui s’appellent Ruth, Tobie, Josué, les Machabées, — n’est pas digne de ce nom de poète, et encore s’il y allait !
Ronsardistes de la queue et de la dernière heure, qui n’ont gardé de l’influence première et créatrice qu’un matérialisme puéril ou morbide dans la forme, et dans le fond qu’un misérable paganisme sans sincérité. […] C’est celle-là, qui n’est même ressuscitée que parce qu’elle était immortellement humaine ; que parce que nous étions las et dégoûtés des veines saignées à blanc, des cadavres exsangues et des poussières faites par les xviie et xviiie siècles ; que parce que nous avions soif de la vie, et que nous l’avons reconnue, la vie, au premier soupir qu’elle a poussé et à la première pierre qu’on a dérangée à ce vieux tombeau de Ronsard ! […] Aussi, le caractère suprême de Ronsard est-il justement le caractère que nous ne pouvons pas ne point supposer au premier homme.
L’irrésistibilité de la vocation du génie est toujours en raison directe de son originalité… La vocation poétique de Milton fut révélée par ses premières œuvres de jeunesse, mais elle fut arrêtée et suspendue par toute une vie de travaux et de préoccupations contraires. […] L’éducation, — excellente pour les gens médiocres, mais inutile et même funeste aux hommes supérieurs, qui, plus tard, sont obligés de faire la table rase de Descartes, — l’éducation prodigieusement forte de Milton fut un des premiers boulets de plomb qu’on mît sur l’aile de son génie. […] Marié trois fois successivement, il fut malheureux par sa première femme qui l’abandonna, et les deux autres ne lui constituèrent que le vulgaire bonheur du pot au feu et des chemises reprisées.
Angélique, au premier acte, se contente de protester avec un douloureux étonnement contre les accusations de son mari. […] Vous verrez cela tout à l’heure, au premier acte de Boquillon à la recherche d’un père. […] Au premier tableau, nous sommes à Nazareth, dans le jardin de la Vierge. […] A cet instant passe sur le palier, regagnant son domicile, le vieux monsieur du premier acte. […] Premier couplet : c’est, je le suppose du moins, une dame très bien, que chatouille un homme du meilleur monde.
— qu’est-elle donc, sinon l’inspiration, à laquelle il a appris à lui obéir au premier mot ? […] Dans un de ses premiers livres, le Bilatéral, il a donné ce qu’il y avait de meilleur en lui. […] L’action peut-être n’existe pas dans le livre : mais au premier abord il y a de l’action entre le livre et moi. […] À l’ouverture de notre première réunion il y eut nécessairement quelque froid dans l’assemblée. […] Et pourtant la science n’a étudié exactement ce problème que depuis la publication des premiers livres de Zola.
Quelles que fussent, pour demeurer toujours telles, mon admiration du premier et mon estime (esthétique) de l’autre, il ne m’a bientôt plus convenu de faire du Victor Hugo ou du M. […] Notre hôte fit honneur surtout à la soupe et, pendant le repas resté plutôt taciturne, ne répondant que peu à Cros, qui peut-être ce premier soir-là se montrait un peu bien interrogeant, aussi ! […] En première ligne vient… M. […] Shakespeare, à première vue de gens de vue courte, l’antithèse de Racine, ce Shakespeare tant vilipendé de Voltaire, qui l’avait nommé de tous les noms, « sauvage ivre », « ignorant », etc. […] Évidemment, Shakespeare et Racine eurent là, dans ce genre de Christianisme-là, leur première conjonction, dont les qualités pittoresques et linguistiques de Victor Hugo firent un tel profit admirable.
Ces périls, qui ne les pressent, qui ne les aperçoit du premier coup d’œil ? […] Cette fois, c’est la couleur fauve qui rayonne du premier au dernier vers. […] Il lui manquait pour cela ce don de la verve jaillissante, qui trouve du premier coup sa forme. […] D’Aristophane à Béranger tout diffère, l’inspiration première comme le talent. […] Elle se donne au premier venu, à je ne sais quel fat grossier qui l’importune.
« Le même jour qui met un homme libre aux fers, « Lui ravit la moitié de sa vertu première. […] Tel fut mon premier principe fondamental. […] C’est en cela que le fait ou la fable en est la règle première. […] Continuation sur les deux premières espèces de merveilleux ; définition et développement du merveilleux chimérique. […] Principium et fons, voilà notre matière première.
Pour tout le reste, mœurs et institutions, ils ne firent que modifier la forme sans altérer en rien la substance première. […] Son premier acte fut de reprendre le pas sur l’ambassadeur d’Espagne, le marquis de Mirabel. […] Si Roméo est capable de ressentir les effets du coup de foudre, c’est que Juliette n’est pas son premier amour. […] Ils se sont livrés au lecteur aussi complètement dès leurs premiers mots qu’ils se sont livrés l’un à l’autre. […] Le perce-neige et la primevère, ces premiers et bienvenus visiteurs, jaillissent sous tes pieds.
Elle apparaît déjà dans ses premiers écrits. […] Dès ses premières années, Chateaubriand aime la solitude. […] Mais l’union si douce des premières années se relâcha bientôt. […] Émile Roulland en est resté au premier de ces deux degrés. […] Comme ses premiers vers étincellent de verve et de jeunesse !
Arnauld d’Andilly avait fait voir à M. le duc de Longueville les deux premiers livres de la Pucelle. […] Racine avait fait la Thébaïde ; La Fontaine, le premier livre de ses Contes ; Chapelle, son Voyage ; Boileau, ses premières satires. […] Il semble que l’œuvre imprimée lui eût donné des scrupules, et qu’il fût inquiet sur son premier jugement. […] La Nuit, la Mollesse, dans les quatre premiers chants ; la Piété, Thémis, l’Espérance, dans les deux derniers. […] Les quatre premiers chants du Lutrin ont été écrits de 1672 à 1674, et les deux derniers de 1681 à 1683, quand l’auteur touchait à cinquante ans.
Ce premier projet de loi porté au Tribunat y excita de l’opposition. […] Il connaissait de plus le caractère et la manière de sentir du premier consul, que des attaques et des chicanes de ce genre allaient à l’instant porter au-delà du premier but. […] Ce que le système offre, à première vue, de trop mince et de trop étendu en surface, aurait pu se corriger dans la pratique. […] Je n’ai pas à développer tous les mérites et les perfections que Roederer reconnaît en Louis XII ; il en fait je ne sais quel type accompli, il semble, en vérité, que du moment que Bonaparte, premier consul, ne s’était point tenu dans sa forme première et avait brisé le cadre où il s’était plu d’abord à l’enfermer, Roederer s’était, de regret, rejeté en arrière, et qu’il avait cherché loin des régions historiques brillantes, loin de la sphère de l’admiration et de la gloire, et, comme il dit, « dans l’obscure profondeur d’un gouvernement utile », un héros d’un nouveau genre, pour se consoler et se dédommager de celui qu’il n’avait pu fixer. […] (Elles ont été publiées depuis dans les Œuvres de Roederer données par son fils ; on a dû y supprimer quelques mots un peu trop crus.) — Il est question de Roederer à la cour de Naples, en plusieurs endroits des Souvenirs de Stanislas Girardin, qui était alors attaché au roi Joseph comme premier écuyer, et toujours il est parlé de lui dans les meilleurs termes (t.
Il lisait toutes sortes de livres anciens et nouveaux : c’était une nourriture qui lui était nécessaire. « Les jeunes gens surtout, disaii-il, devraient se mettre en tête cette maxime bien véritable, que plus on lit plus on a d’esprit… Celui qui a lu aurait encore plus d’esprit s’il avait lu davantage. » Il lisait toutes les nouveautés, et notait l’impression qu’il en recevait ; il n’était pas de ces dédaîgneurs (comme il les appelle) qui déclaraient d’un livre à première vue que cela ne valait rien ; il lisait jusqu’au bout le livre une fois commencé, biographies, mélanges, anecdotes, même les ana, même les contes de fées ; il les prenait par leur bon côté et y trouvait presque toujours sujet à quelque réflexion, à quelque plaisir : « Je dis à nos amis ordinaires : Que je vous plains de toujours critiquer ! […] Auparavant ses conclusions allaient à n’admettre nul goût et nui génie, ni presque ressources d’aucun genre, et il y avait des moments ou l’on se sentait avec lui à la fin des temps et comme au bout du monde : il se relève à partir d’une certaine heure, et s’aperçoit qu’un souffle nouveau passe dans l’air, et pour ainsi dire que la brise fraîchit ; il la signale des premiers et la salue. […] Du premier coup d’œil on les rejette, et, en les approfondissant, on voit qu’il n’y en a aucun qui ne soit sûr et fondé sur les principes les seuls vrais. » Telle est, à l’offrir sans déguisement, la véritable pensée du marquis d’Argenson. […] En parlant des premiers écrits de Rousseau, sa sympathie aussitôt se déclare ; il lui reconnaît, à travers ses exagérations, noblesse, élévation, éloquence, et, qui plus est, d’être un bon politique. […] La figure du premier est triste, un peu sévère, réfléchie, la lèvre plus fermée qu’on ne croirait ; l’idée de bonté qu’il avait n’y paraît pas.
Cette mésaventure de son premier discours politique dans la bouche de Louvet l’amusait plus tard à raconter. […] Il a tracé de ce salon célèbre et de sa confusion première un piquant tableau : « Le salon de Mme de Staël se trouvait alors peuplé, disait-il, de quatre à cinq tribus différentes : des membres du gouvernement présent, dont elle cherchait à conquérir la confiance ; de quelques échappés du gouvernement passé, dont l’aspect déplaisait à leurs successeurs ; de tous les nobles rentrés, qu’elle était à la fois flattée et fâchée de recevoir ; des écrivains qui, depuis le 9 thermidor, avaient repris de l’influence, et du Corps diplomatique, qui était aux pieds du Comité de Salut public en conspirant contre lui. » « Au milieu des conversations, des actes, des intrigues de ces différentes peuplades, ma naïveté républicaine se trouvait fort embarrassée. […] Benjamin Constant est un homme à peu près de votre âge, passionné pour la liberté, d’un esprit et d’un talent en première ligne ; il a marqué par un petit nombre d’ouvrages écrits d’un style énergique et brillant, pleins d’observations fines et profondes ; son caractère est ferme et modéré ; républicain inébranlable et libéral. […] Il en était loin au début, et il suffit de parcourir ses premières brochures, pour voir de quel point il est parti. […] Tous deux politiques incomplets, et malgré les spécieuses constructions de leur libéralisme ou de leur monarchisme selon la Charte, ils ont (regardez-y bien au fond et par-dessous) une couche première essentielle de scepticisme.
Ainsi Amour inconstamment me mène, Et quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine : Puis quand je crois ma joie être certaine, Et être au haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur. […] La Boétie, dans sa première et sa plus verte jeunesse, tout échauffé d’une belle et noble ardeur, et voulant avertir celui qui le lira qu’il n’emprunte à personne, ni à Pétrarque, ni à Properce ni à d’autres, l’expression de ses soupirs, s’écriait de la sorte, avec plus de vigueur et d’âme que d’harmonie : Toi qui oys mes soupirs, ne me sois rigoureux Si mes larmes à part toutes miennes je verse, Si mon amour ne suit en sa douleur diverse Du Florentin transi les regrets langoureux, Ni de Catulle aussi, le folâtre amoureux, Qui le cœur de sa dame en chatouillant lui perce, Ni le savant amour du migrégeois64 Properce : Ils n’aiment pas pour moi, je n’aime pas pour eux. […] Honneur donc et place à part entre les poètes du xvie siècle à la belle Cordière, à cette « Nymphe ardente du Rhône », comme on l’a appelée, dont les vers, paraissant dans le temps du premier lever de la Pléiade, n’en dépendent pas, n’en relèvent pas, et ne connaissent d’autre astre que l’Étoile de Vénus ! […] Nous le savons, tu peux donner encor des ailes Aux âmes qui ployaient sous un fardeau trop lourd : Tu peux, lorsqu’il le plaît,, loin des sphères mortelles Les élever à toi dans la Grâce et l’Amour ; Tu peux parmi les chœurs qui chantent tes louanges A tes pieds, sous tes yeux nous mettre au premier rang, Nous faire couronner par la main de tes Anges, Nous revêtir de gloire en nous transfigurant ; Tu peux nous pénétrer d’une vigueur nouvelle, Nous rendre le désir que nous avions perdu ; Oui, mais le Souvenir, cette ronce immortelle Attachée à nos cœurs, l’en arracheras-tu ? […] Yemeniz, ce riche et libéral amateur qui, dans sa cité de Lyon, a gardé une étincelle de la Grèce, sa première patrie : le volume imprimé par Perrin (1857), orné d’images et d’emblèmes, distribué petit, nombre et non mis en vente, consacre désormais le nom du trop heureux Papon, au rang de ces curiosités de bibliothèque qu’on enchâsse et qu’on ne lit pas.
On lui donna une noble et affectionnée gouvernante ; il passa sa première enfance sous la surveillance de ses tantes, les princesses doña Maria et doña Juana. […] Cet honnête homme eut la loyauté d’avertir le roi du peu de progrès que faisait son fils et du peu de fruit qu’il tirait des leçons les plus assidues : Philippe II, dans sa patience, ne désespérait pourtant pas encore, et son affection paternelle ne semble avoir reçu aucune atteinte de ces premières impressions défavorables. […] A peine debout et convalescent, un de ses premiers soins fut de se peser, « afin d’accomplir le vœu qu’il avait fait, au plus fort de sa maladie, d’offrir en cas de guérison quatre fois son poids en or et sept fois son poids en argent à plusieurs maisons religieuses. » La vue du prince qui leur était rendu fit éclater parmi les grands et parmi le peuple une allégresse universelle. […] Don Carlos ayant été choisi pour être parrain de ce premier enfant, une fille, il se trouvait tellement débile qu’il ne put tenir lui-même l’infante sur les fonts et la rapporter de la chapelle du château dans la chambre de la reine : il fallut que don Juan lui rendît ce service. […] Les cortès, dès leurs premières conférences, avaient agité la question du gouvernement que le roi laisserait en Espagne, dans la supposition du voyage à Bruxelles, et la majorité avait été d’avis que si le monarque partait, l’héritier du trône au moins demeurât.
Présenté au premier Consul, il lui agréa aussitôt : sa captivité, les souvenirs de ses services militaires et maritimes parlaient pour lui et lui créaient des titres ; sa personne les justifia, et le 20 décembre 1801 il fut nommé commissaire général dans les quatre départements de la rive gauche du Rhin. […] Si je pouvais, à l’égard d’un homme si peu mystique et qui, même sous sa forme religieuse première, acceptait si peu la chose, si j’osais pourtant employer le terme qui s’offre le plus naturellement, je dirais qu’il avait fait là son purgatoire. […] Pour cela il fit diligence ; il fallait tailler en partie la route dans le roc : le commissaire général ordonna les travaux, mit lui-même le feu à la première mine, amorça la route et ne prévint qu’alors le ministre, qui fut deux jours sans oser en parler au premier Consul. […] Une lettre de Jean-Bon au ministre de l’intérieur exprime au vrai sa situation de premier magistrat civil en présence de tant de difficultés accumulées et d’embarras insurmontables. […] Il disait en juin 1795, désavouant en partie la rigueur de ses premières opinions : « Je voyais alors la France sous un point de vue différent de celui où je la vois aujourd’hui. » 34.
En me remettant à la lecture de Du Bellay et en reprenant de lui ce premier écrit par lequel il a ouvert, pour ainsi dire, l’ère de la Renaissance française, je me suis senti saisi d’un regret, et j’ai comme embrassé d’un seul regard la période tout entière, le stade littéraire où il entrait en courant, le flambeau à la main, stade glorieux, et qui, coupé, continué, accidenté et finalement développé pendant près de deux siècles et s’y déroulant avec bien de la variété et de la grandeur, n’a été véritablement clos et fermé que de nos jours. […] Ce qu’il en est sorti de productions nouvelles, marquées au coin d’un nouveau grand siècle, et dignes de prendre rang dans le trésor humain à la suite et à côté des premières reliques de l’antique héritage, je n’ai pas à le rappeler, les œuvres parlent : cette tradition-là est d’hier, et la mémoire en est vivante. Mais ce qu’on ne saurait assez dire, parce que le souvenir plus fugitif est bien près d’en être effacé, c’est la douceur qu’il y avait pour l’homme instruit et lettré, pour l’homme de goût, à ce mode et à cette habitude de culture, tant qu’elle fut en vigueur, à son bon moment, avant la routine, après le labeur passé des premiers et des seconds défrichements. […] Et, en effet, ces premiers savants de la Renaissance, ces grands preux de l’érudition, ces pionniers héroïques et généreux, dont Casaubon a comme fermé la liste parmi nous, s’étaient empressés, avec les manuscrits qu’ils avaient en main, d’établir, même aux endroits douteux ou désespérés, des sens spécieux, probables, satisfaisants ; les plus modernes éditeurs avaient de plus en plus aplani les difficultés dans la même voie. […] Ici l’on sent plus d’ardeur première et un esprit de progrès, de renouvellement.
Son récit entame et suit l’histoire de l’idée d’empire, de royauté et de dynastie, à partir d’Auguste : ses Prolégomènes remontent beaucoup plus haut et nous transportent du premier pas aux plateaux les plus reculés de la mystérieuse Asie. […] Posée en ces termes, la question, au premier abord, n’a rien que de plausible et redevient au moins douteuse ; c’est affaire de textes. […] L’Austrasie aurait plutôt gardé un caractère romain prédominant dû à ces premières fondations de Cologne, de Mayence, de Trèves et de Metz. […] Pepin, premier roi de sa race, recueillit le prix de cette politique ; élu roi à Soissons, il fonde l’ère des royautés nouvelles. […] De tels travaux, si lointains et si purement historiques qu’on les fasse, ont presque toujours leur point d’appui, leur point de départ dans les questions modernes, et leur inspiration première, leur verve, si j’ose dire, vient de là.
Toutes deux étaient arrivées en quelques mois, par des routes différentes, au même souterrain, pour marcher de là au même échafaud : l’une, tombée du trône sous l’effort de l’autre ; l’autre, montée aux premiers honneurs de la république, et précipitée, à son tour, à côté de sa propre victime. […] Il s’approcha de l’instrument de mort, regarda froidement le couteau ruisselant du sang de son ami ; puis, se tournant vers le peuple et levant les yeux au ciel : “Voilà donc, s’écria-t-il, la fin du premier apôtre de la liberté ! […] Au tableau vrai de sa première république. […] XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition. […] Il tombe enfin dans sa première lutte contre la terreur, parce qu’il n’a pas conquis, en lui résistant dès le commencement, le droit et la force de la dompter.
Quel ascendant un pareil livre ne devait-il pas prendre au premier pas sur un monde renversé, bouleversé, dépouillé, égorgé, qui ne savait plus que croire, que sentir, que dire, et qui attendait une voix d’en haut pour reprendre haleine ? […] À peine eut-il terminé ce livre, qu’il l’apporta à Paris et le communiqua à quelques amis de son premier temps, les uns mûris par les vicissitudes de la Révolution ; les autres restés jeunes parmi tant de tombeaux. […] Telle fut sa première entrevue. […] Mais il n’était pas de la générosité de M. de Chateaubriand de mettre la main en cette affaire et de se tourner du premier jour contre celle que la célébrité n’allait pas garantir de la persécution. […] Il l’aura mis partout, parce qu’il a tout manié. » C’était vrai : l’amour avait tout consacré dans ce premier livre de Chateaubriand.
(En attendant, je vous dédie ces premiers essais de ma rhétorique. […] D’abord elle est dirigée tout entière en vue du premier rôle qu’il doit jouer, et cette idée lui a toujours été présente, en sorte que sa fierté même a pu être intéressée à se plier aux rudes programmes qu’on lui imposait. […] Cela est unique, car Alexandre et Napoléon avaient du moins quelque vingt-cinq ans quand ils gagnaient leurs premières batailles. […] Exigeant beaucoup des troupes, toujours au premier rang, souvent blessé, indulgent aux pillards et terrible « dégâtier », comme on disait alors, il était adoré de ses soldats. […] Qu’à vingt ans et à sa première action il ait commis quelques fautes, quoi de surprenant ?
Rousseau se vante que l’amour du vrai l’a fait auteur et que la vertu fut « son premier docteur. » Il dit avoir compris tout d’abord qu’aux œuvres du génie L’âme toujours a la première part, Et que le cœur ne parle point par art. […] Il a pu préférer le vrai au faux, soit souvenir de Boileau, soit éclair de justesse ; il ne l’a pas aimé d’affection, et la vertu qui lui a servi de « premier docteur » est la vertu du lieu commun. […] Il s’ajoutait à cette première illusion un esprit de patriotisme respectable. […] C’est comme une sorte de poésie du premier degré ; elle ne prépare pas mal à la grande. […] Il la fallait bien ferme, dans ces premiers jours de la révolution française, pour applaudir aux grandes réformes de 1789, et, ces réformes accomplies, s’arrêter, prévoir où les girondins poussaient la révolution, et, quoiqu’il eût un frère parmi eux, les désavouer et les combattre.
Histoire croyable, si l’on tient compte des premiers effets du drame sur la race la plus sensible qui ait jamais existé. « Les Rhapsodes, disait Platon, avaient bien de la peine à réciter Homère sans tomber dans des convulsions », — Une autre fois, Eschyle eut un théâtre tué sous lui. […] Le dialogue date de ce second personnage posé en face du premier ; car parler et répliquer à un Chœur impersonnel et confus, c’était converser avec un écho. […] Aux oripeaux bigarrés des premiers tréteaux, il substitua des robes si grandioses et si majestueuses qu’elles furent adoptées par les hiérophantes des Mystères et les porteurs de flambeaux sacrés. […] Il semble même les préférer aux nouveaux parce qu’ils sont plus près des forces premières et que la majesté des choses éternelles transparaît mieux à travers leur obscurité. […] Il déchire hardiment le voile corporel qui recouvre leur essence première, et les montre, comme à leur naissance, indivisibles des éléments, qu’ils personnifient. — « Le Ciel pur », disait Aphrodite dans ses Danaïdes, « aime à pénétrer la Terre, et l’Amour la prend pour épouse.
Son enfance, d’ailleurs, et sa première jeunesse se passèrent dans les frivolités, dans une vie toute de cérémonial et de divertissement, dans les bals, les comédies, les collations, sans que personne fût là pour l’avertir qu’il y avait au monde quelque chose de plus sérieux. […] Elle avait de seize ans à vingt, et brillait au premier rang de la Cour, dans tout l’orgueil des espérances. […] Cette beauté à laquelle elle est la première à rendre une si haute justice était réelle, en effet, à cet âge de première jeunesse. […] Ces premiers jours furent les plus beaux. […] « Le roi a toujours été et est encore ma première passion, M. de Lauzun la seconde », disait Mademoiselle ; et M. de Lauzun, de son côté, ne se flattait d’avoir plu en définitive à Mademoiselle et de l’avoir touchée, qu’en raison du respect et de la véritable tendresse qu’il avait pour la personne du roi.
Mais il se mêlait dans ces premiers essais d’une société sérieuse et polie une grande inexpérience. […] En effet, toutes ces grandes réprimandes qu’on leur fait dans leur première jeunesse, de n’être pas assez propres, de ne s’habiller point d’assez bon air et de n’étudier pas assez les leçons que leurs maîtres à danser et à chanter leur donnent, ne prouvent-elles pas ce que je dis ? […] Ce qui nous frappe chez elle à première vue, c’est qu’elle prend tous les personnages de sa connaissance et de sa société, les travestit en Romains, en Grecs, en Persans, en Carthaginois, et leur fait jouer quant aux principaux événements le même rôle à peu près qui leur est assigné dans l’histoire, tout en les faisant causer et penser comme elle les voyait au Marais. […] Un des premiers sujets qu’elle y traite est celui de la Conversation même : Comme la conversation est le lien de la société de tous les hommes, le plus grand plaisir des honnêtes gens et le moyen le plus ordinaire d’introduire non seulement la politesse dans le monde, mais encore la morale la plus pure et l’amour de la gloire et de la vertu, il me paraît que la compagnie ne peut s’entretenir plus agréablement ni plus utilement, dit Cilénie (un de ces personnages qu’elle aime), que d’examiner ce que c’est qu’on appelle conversation. […] Mlle de Scudéry approchait de la soixantaine lorsque Boileau parut et vint, dès ses premières Satires (1665), railler les grands romans et reléguer le Cyrus au nombre de ces admirations qui n’étaient plus permises qu’aux gentilshommes campagnards.
Enfin, quelle que soit la place qu’on occupe soi-même dans la grande bagarre humaine dont nous faisons tous partie, on ne peut plus méconnaître en lui un philosophe politique du premier ordre, un de ceux qui, en nous éclairant sur l’esprit d’organisation des anciennes sociétés, donnent le plus à penser sur les destinées et la direction future des sociétés modernes. […] Je vois ma mère qui se promène dans ma chambre avec sa figure sainte, et, en t’écrivant ceci, je pleure comme un enfant. » Cette première éducation pure, étroite et forte, acheva de déterminer la nature déjà énergique du jeune de Maistre ; il fut comme ces chênes qui prennent pied dans une terre un peu âpre et qui s’enracinent plus fermement entre les rochers. […] La France a toujours tenu et tiendra longtemps, suivant les apparences, un des premiers rangs dans la société des nations. […] Il le montre comprenant l’Italie en première ligne dans ses vastes projets : « et le Piémont, qui est la clef de ce beau pays, est aussi la province qu’il a serrée le plus fortement dans ses bras de fer ». […] C’est toujours le même homme d’esprit, le même gentilhomme chrétien que nous connaissons, avec son timbre vibrant, sa parole aiguë qui part, qui éclate, qui du premier jet va plus loin qu’il ne semblerait nécessaire à la froide raison, mais qu’on serait fâché de trouver plus retenue et plus circonspecte ; car elle porte avec elle bien des vérités, et s’il semble qu’il y ait souvent colère en elle, lors même qu’il s’agit des amis, écoutez et sachez bien distinguer : c’est la colère de l’amour.
Pour bien apprécier Mme Necker, qui ne fut jamais à Paris qu’une fleur transplantée, il convient de la voir en sa fraîcheur première et dans sa terre natale. […] Je la trouvai savante sans pédanterie, animée dans la conversation, pure dans les sentiments, et élégante dans les manières ; et cette première émotion soudaine ne fit que se fortifier par l’habitude et l’observation d’une connaissance plus familière. […] C’est dans ce monde que Mme Necker, encore jeune fille, acheva de se former en sa fleur première et qu’elle brilla. […] Suard lui fait sa cour, etc., etc. » C’était cette foule de beaux esprits plus ou moins galants et mécréants ; c’était l’abbé Arnaud, l’abbé Raynal, c’était l’abbé Morellet à qui elle s’adressait, l’un des premiers, pour fonder son salon : La conversation y était bonne, nous dit Morellet, quoiqu’un peu contrainte par la sévérité de Mme Necker, auprès de laquelle beaucoup de sujets ne pouvaient être touchés, et qui souffrait surtout de la liberté des opinions religieuses. […] Mme Necker, avec des défauts qui choquent à première vue, et dont il est aisé de faire sourire, a eu une inspiration à elle, un caractère.
La Harpe, qui n’est pas à beaucoup près au premier rang de ce groupe de critiques-poètes, mais qui y appartient à quelque degré, a partagé cet honneur et cet inconvénient. […] Il se fit à l’instant toute une suite d’historiettes et comme une légende sur ses premières années. […] La Harpe ne s’en tint pas à cette première épreuve ; il se remaria à l’âge de cinquante-huit ans (9 août 1797) avec une jeune et jolie personne de vingt-trois ans ; mais, cette fois, ce fut cette jeune personne qui demanda le divorce, et qui se retira après trois semaines d’essai conjugal ou même, dit-on, de résistance. […] Certes, à tout prendre, et surtout pour les contemporains, c’était quelqu’un que M. de La Harpe, et je crois l’avoir assez fait sentir dans mon premier jugement. […] J’en dirai ce que j’ai dit des vers de Gilbert et de Le Brun contre La Harpe : il est fâcheux à lui d’y avoir prêté, et jamais un grand critique ni un esprit judicieux du premier ordre ne s’arrangera de telle sorte d’avoir ainsi les rieurs, gens d’esprit, contre soi.
Ces premières années de séjour en Suisse sont marquées par beaucoup de joie, de gaieté ; Voltaire sent qu’il est redevenu libre ; il se mêle à la vie du pays, et y fait accepter la sienne ; il fait jouer chez lui la comédie, la tragédie, et trouve sous sa main des acteurs de société, et point du tout mauvais, pour les principaux rôles de ses pièces. […] Le président répond à ses propositions point par point, avec exactitude et précision, en homme d’affaires et en y mêlant de l’homme d’esprit ; il touche très bien l’endroit délicat, et qui fait désirer à Voltaire de n’être pas tout entier à la merci de Genève : « Il faut être chez soi… Il ne faut pas être chez les autres… Vous ne sauriez croire combien cette république me fait aimer les monarchies. » À la réponse précise et catégorique du président, Voltaire semble oublier ce qu’il a proposé lui-même ; il recule, il hésite, et substitue comme par négligence d’autres propositions aux premières. […] Et après un exposé de l’état vrai de leurs relations premières : Il faut être prophète pour savoir si un marché à vie est bon ou mauvais : ceci dépend de l’événement. […] — Que les philosophes véritables fassent une confrérie comme les francs-maçons, qu’ils s’assemblent, qu’ils se soutiennent, qu’ils soient fidèles à la confrérie, et alors je me fais brûler pour eux. — Non, mais je ferai brûler ou du moins exclure qui je voudrai. » — Au premier vent qu’eut Voltaire de la candidature du président de Brosses, il écrivit à d’Alembert (10 décembre 1770) : On dit que le président de Brosses se présente. […] Notez que ces calomnies secrètes et dites à l’oreille de tant de gens n’empêchèrent pas, cinq ans après, Voltaire renouant avec M. de Brosses, devenu alors premier président du parlement de Bourgogne, de lui écrire au sujet de quelque affaire qu’il lui recommandait (novembre 1776) : « Pour moi, à l’âge où je suis, je n’ai d’autre intérêt que celui de mourir dans vos bonnes grâces. » Littérairement, de Brosses eut une fois à juger Voltaire ; c’est à la fin de sa Vie de Salluste, et il le fit avec équité, sans qu’on y puisse découvrir trace de ressentiment.
D’ailleurs, il n’a aucun goût sensible pour les écrivains éloquents ou les poètes ; il cite une fois, sur « la crainte qui serait la cause première des religions (Primus in orbe Deos, etc.) », un mot de Pétrone ou de Stace, qu’il attribue par mégarde à Lucrèce : jamais il ne lui arrive de citer Virgile, Horace, un vers d’Homère, ce qui fait la douceur habituelle de ceux qui ont pratiqué ces sentiers de l’Antiquité ; il ne fleurit jamais son chemin d’un souvenir : avec des connaissances si approfondies et si particulières, il n’a pas plus la religion de la Grèce que celle de Sion. […] Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur. […] À l’époque où Volney publia cette première partie, restée la seule, il était malade, découragé, et il aurait eu peu de liberté pour discuter les questions politiques qui devaient fournir la seconde partie du tableau. […] Pour suivre le procédé que j’ai déjà appliqué au premier Voyage de Volney, j’extrairai de son Voyage aux États-Unis une page, la plus marquante à mon gré, et qui rend bien le genre de mérite que j’ai précédemment signalé en lui, la rectitude et la perfection du dessin physique. […] Son premier Voyage en Égypte a commencé sa réputation ; il a eu un succès brillant et soutenu ; ce qui est bien plus rare, ce succès a augmenté depuis l’expédition d’Égypte : tous ceux qui en firent partie ont reconnu que l’auteur avait constamment dit la vérité.
Premier acte, froid. […] Il s’excuse, avec une certaine vivacité, de s’être laissé aller à faire cet article, par un entraînement du premier moment, qu’il ne comprend plus, disant que dans ce livre, tout est blague, mensonge, ajoutant qu’il n’y a aucune étude de l’humanité, et répétant deux ou trois fois, avec une espèce, de colère comique. « Pour moi, Vallès n’est pas plus qu’un grain de chènevis… Oui là, pas plus qu’un grain de chènevis ». […] Got, aujourd’hui, ne voulait-il pas me persuader, que l’intonation d’un vers, d’une phrase, un comédien ne la cherchait pas avec le bruit de sa bouche, que c’était une opération cérébrale, et que du premier coup l’acteur y arrivait, quand il l’avait cherchée avec sa cervelle. […] Jeudi 13 octobre Visite de l’administrateur du journal Le Voltaire, m’annonçant qu’il va couvrir Paris d’affiches, et le jour de l’apparition du premier feuilleton de La Faustin, faire délivrer dans les rues de Paris, une chromolithographie de la Faustin, tirée à cent mille exemplaires. […] * * * — Cette première scène de La Faustin, sait-on ce qui m’en a donné l’idée ?
Chapitre premier La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe I. […] Nous pouvons par là comprendre pourquoi, comme le remarque Bain, le toucher est toujours sous-entendu dans toutes les émotions tendres, pourquoi chaque créature est disposée à « donner quelque chose » pour le plaisir premier de l’embrassement, même lorsqu’il n’est que paternel ; pourquoi enfin ce plaisir de l’embrassement se retrouve au fond de toutes les affections bienveillantes, familiales ou sociales. […] C’est que le caractère agréable ou pénible d’une émotion provient, non du premier état mental qui lui sert de prélude, mais de l’activité de la réaction intérieure consécutive. Cette réaction peut être très forte, beaucoup plus forte que le trouble premier ; elle a alors pour résultat une excitation du système nerveux, non une dépression ou une altération, et ce qui eût été une souffrance s’épanouit en joie. […] L’industrie, après avoir été ainsi l’art primitif des hommes, s’est subtilisée toujours davantage : elle a travaillé sur des matériaux de moins en moins grossiers, depuis le bois et le silex, façonnés par l’artisan des premiers âges, jusqu’aux couleurs mêlées de nos jours sur la palette du peintre ou aux phrases arrangées par le poète et l’écrivain.
Et l’on aura compris que ces procédés de synthèse, l’agrégation qu’ils opèrent entre le grand artiste et ses admirateurs, le but auquel ils tendent de décrire les périodes et les nations par l’assemblage de groupes caractérisés en leur premier auteur, conduisent à imaginer en général pour l’histoire entière, politique, religieuse et militaire, une théorie nouvelle et moyenne entre celles qui ont cours dans ce siècle. […] Les chroniqueurs et les historiens, jusqu’au commencement de ce siècle, jugeant les faits à première vue et les expliquant par une doctrine superficielle mais relativement juste, en étaient venus à concentrer tout l’intérêt et le mérite de chaque entreprise dans les individus, rois, ministres, généraux dont le nom lui était resté attaché. […] Augustin Thierryef l’un des premiers, parti de l’idée confuse que les événements comprennent dans leurs causes d’autres facteurs que leur auteur principal, et exagérant l’effet de ces facteurs secondaires, a attribué une importance excessive à l’influence des masses dans les faits historiques. […] C’est, en dernière analyse, séparer une force de sa direction, une volonté de son image-but, une variété animale de son premier type, que de distinguer une armée de son général, une masse d’adhérents h une entreprise de celui qui la conçut, un peuple de ses chefs, une classe de ses membres énergiques. Dans chacun de ces couples, les deux éléments sont importants, nécessaires absolument tous deux à accomplissement ; ils sont unis et indissolubles en vertu d’un lien qui va du premier au second et qui constitue l’énergie même de ce couple dont les éléments séparés resteraient impuissants, dont le premier seul a une existence autonome mais inactive.
L’usage des plus simples actions lui cause une perpétuelle horreur, qui se manifeste tantôt par un trouble éperdu et sans cesse croissant, tantôt par de stupéfiantes maladresses, qui provoqueraient l’hilarité du plus petit portefaix dans la rue ; soit par des accidents bizarres que le manque d’audace de la victime empêche seul d’être funestes ; soit encore par un balbutiement qui appelle à son secours les plus précieuses et les plus subtiles finesses du dialogue esthétique, mais qui ne parvient pas à trouver les plus simples mots du langage de tous ; soit enfin par une ignorance, aristocratique mais absolue, des diverses et primaires méthodes par lesquelles un animal des premiers degrés de la création ose instinctivement jouir de la vie. […] Je ne crois pas qu’il existe dans le monde entier une seule œuvre d’art, de premier ordre et d’incontestable grandeur, qui soit sortie de l’un des exemplaires de cette race inféconde. […] » Il nous faut ici faire une remarque : que le jeune garçon, à l’âge de la croissance physique et du développement cérébral, soit momentanément plus « intellectuel » que le jeune homme qui fait ses premières armes sur le terrain de l’amour, cela, je ne le nie pas. […] La « profondeur intellectuelle » du premier me paraît être plutôt une rêverie qu’une pensée véritable s’exerçant sur les choses ; une rêverie sur la vie, tandis que le second, avec moins de profondeur peut-être, mais plus de réalité que le premier, possède une pensée qui s’est affermie au contact du monde, dont la pratique sexuelle modifie profondément la conception. […] Dans ma première étude, ce qui m’a détourné de remarques et d’incidentes telles que celles qui précèdent, c’est que je les croyais d’une vérité tellement commune et indiscutée, que les réaffirmer après tant d’autres, me semblait inutile.
Au premier aspect, l’invasion française de 1796 était pour l’Italie, non pas un joug étranger de plus, mais une renaissance nationale et politique. Bientôt le chef nouveau de l’invasion dut paraître un vengeur indigène ramené par la fortune des révolutions dans sa première patrie. […] Qu’il ait trop multiplié peut-être, ou laissé parfois tomber avec négligence les accents de sa voix musicale ; qu’il ait porté depuis sur trop de sujets les plus divers sa seconde vue trop rapide ou trop distraite, il n’importe : la langue et l’esprit français n’oublieront jamais quelques-uns des premiers et des grands dons que cet heureux génie leur a faits. […] La riche variété des tons lyriques élancés de cette jeune âme se rapportait cependant à quelques sources principales : les souvenirs d’enfance et de premier séjour, la passion du soleil, du bruit et de la renommée, bientôt l’amour paternel et ses vives tendresses, partout l’éblouissement prolongé de l’Empire et de l’Empereur. […] Aux premières cortès de Cadix, en 1809, parmi les incohérences d’une constitution délibérée entre l’admiration aveugle de 1789 et les feux des batteries françaises, il se dit des choses admirables de sagesse comme de grandeur, il s’éleva des caractères dignes des jours les plus glorieux, luttant contre l’anarchie du même cœur dont l’Espagne résistait à l’occupation étrangère.
Letronne qui les avait laissés se réjouir et triompher revint lentement à la charge, et n’eut pas de peine à les battre tous en confirmant toutes les conclusions de son premier Rapport. […] « On le voit, dit-il à propos de son premier adversaire (M.
C’est en marquant leur place sur ce premier plan qu’un sujet sera circonscrit et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir… « C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire. […] « Pour bien écrire, il faut donc posséder pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l’ordre de ses pensées, et en former une suite, une chaîne continue, dont chaque point représente une idée ; et lorsqu’on aura pris la plume, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de s’en écarter, sans l’appuyer trop inégalement, sans lui donner d’autre mouvement que celui qui sera déterminé par l’espace qu’elle doit parcourir5. » Voilà bien comme il faut procéder.
Chapitre premier. […] Au premier jet, ils sont sortis du contact des objets ; ils les ont imités par la grimace de la bouche ou du nez qui accompagnait leur son, par l’âpreté, la douceur, la longueur ou la brièveté de ce son, par le râle ou le sifflement du gosier, par le gonflement ou la contraction de la poitrine.
En hommes, nous retrouvons les mêmes personnages des deux premières périodes : Malherbe, âgé de 65 ans. […] Ne voulant pas souscrire au jugement porté sur Voiture par une multitude d’écrivains qui ne l’ont pas lu, j’ai courageusement entrepris de le lire, et voici ce que j’ai recueilli de ma lecture : Voiture, dans sa première jeunesse, écrivit à la manière du temps, avec recherche et affectation.
Là c’est Ruth, là Séphora, ici Éden et nos premiers pères : ces sacrées réminiscences vieillissent pour ainsi dire les mœurs du tableau, en y mêlant les mœurs de l’antique Orient. […] Il y a plus ; c’est en effet la religion qui détermine la catastrophe : Virginie meurt pour conserver une des premières vertus recommandées par l’Évangile.
Ernest Charles prétend que mon premier livre « donne en peu de préceptes le moyen d’avoir du génie ou d’y suppléer avantageusement ». […] Mais, la part faite à l’objection, le principe demeure, et rien au monde ne peut le détruire, pas même cette autre objection plus grave, que nous indiquons aussi dans notre premier chapitre : à savoir qu’il y a eu d’excellents improvisateurs.
L’essence des choses premières de la nature n’a pas besoin de justification, surtout par nous. […] Dira-ton que la simple cellule de protoplasma jouit originellement de la conscience des causes premières. […] Les raisons qu’on aperçoit du premier coup d’œil, même justes, ne sont jamais suffisantes. […] La tâche première que s’impose la littérature ne la dénature donc pas. […] Qu’on aille voir maintenant, après l’allégresse première, les nouveaux admis.
Ils n’ont point trouvé leur voie du premier coup. […] « Au premier feuillet, dit M. […] Paul Alexis qui raconte que dans sa toute première enfance, M. […] Suivi de quelques autres groupés sous le titre du premier. […] En vers, c’est notre premier poète rustique.
Et les plaisirs d’un La Fontaine, malgré les apparences, ne ressemblent pas à ceux du premier venu. […] Descartes la plaçait au premier rang, mais pour lui le sentiment en était une forme et une portion intégrante. […] Je ne les soupçonnais pas lors de ma première ferveur tainienne, et Hugo a pu les ignorer. […] Mais ces trois volumes restent certainement en tous points inférieurs au premier. […] Dans mon vieux Baedeker de 1908 (voilà donc près de vingt ans que j’ai fait mon premier séjour à Venise !)
Corneille, petit jeune homme brun et maigre, fort amoureux, mêlant ensemble les plaidoyers, la galanterie et la poésie, et prenant pour sujet de sa première comédie sa première aventure galante, où il avait eu le plaisir, mêlé de remords, de tromper un de ses amis. […] Cela lui donna l’idée d’envoyer au célèbre auteur son premier essai dramatique, cette comédie de Mélite. […] Voilà la scène dont nous avons vu tout à l’heure, l’idée première dans l’espagnol. […] C’est ce que fit Corneille par son premier chef-d’œuvre. […] Son premier soin a été de se faire habiller de pied en cap au goût du jour.
Il est de première importance. […] Son premier sentiment est de joie. […] Ses premiers couplets sont des boutades plutôt que des charges à fond. […] Molière est des premiers. […] Il a des manières de phrases de diplomate avec Agrippine au premier acte.
Comte au premier rang, ensuite Hume et Newton. — Est-ce un systématique, un réformateur spéculatif ? […] Ici, comme tout à l’heure, vous raisonnez en scolastique ; vous oubliez les faits cachés derrière les conceptions : car regardez d’abord votre premier argument. […] Le premier conséquent est-il joint au premier antécédent, ou bien au troisième, ou bien au sixième ? […] Nous en concluons que le second fait est l’antécédent du premier. […] Voyez les seconds analytiques, si supérieurs aux premiers : [Greek : hoi aitioon kai protiroon].
Son premier dessein fut d’être artiste et poète. […] est sa première question. […] » a déjà prudemment songé à choisir ce premier venu. […] Il me confia les manuscrits des deux premiers volumes qu’il eut bien vite mis au point, attendant mon opinion avec l’impatience, c’est le mot, d’un écrivain qui en est à sa première œuvre. […] Je dois tenir compte aussi de ce qui s’est fait depuis ma première rédaction.
Vigny vendit peu ses premiers poèmes. […] Une des premières conditions d’un bon roman, c’est un bon plan. […] La religion wagnérienne elle-même a perdu ses premiers adorateurs mystiques. […] Il assista au premier « rapport ». […] A première vue, la plupart des articles de journaux semblent parfaitement bien écrits.
Francis Jammes offrit ses premiers vers au public en 1894. […] Il n’a ni cheveux, ni barbe ; dès sa première jeunesse, il doit couvrir d’une perruque son crâne de poussin duveté à peine ; pourtant, ce n’est ni un idiot ni un noué : c’est une maquette. […] Ces premières pages sont bien le signe du tout. […] Il y a là une originalité puissante appuyée à ses premiers pas sur la main paternelle des maîtres : mais pour s’appuyer à ces mains hautes comme des cimes, il faut être naturellement grand. […] Du nouveau, encore du nouveau, toujours du nouveau : voilà le principe premier de l’art.
Ces travailleurs-là sont plus nombreux que l’on serait porté à le croire, au premier abord. […] Dans les deux premiers cas, la question de l’opportunité d’une division du travail ne se pose pas. […] Ici, comme toujours en histoire, la méthode consiste à résister au premier mouvement. […] On s’imagine reconnaître à première vue si un auteur est sincère ou si un récit est exact. […] L’historien, pas plus que le chimiste ou le naturaliste, n’a à rechercher la cause première ou les causes finales.
Je laisse de côté les deux premiers actes. […] Rappelez-vous les railleries dont il l’accable au premier acte. […] C’est la Grèce accommodée au goût du premier empire. […] Premier prix : Mlles Ludwig et Cogé. […] Entre ces premiers gagnants on a tiré une seconde loterie, voilà tout.
En quoi il se sépare de son premier maître. […] Dans l’une de ses premières études de psychologie, M. […] Et, pour qu’au premier coup d’œil nous reconnaissions les siens, Loti nous donne leur signalement. […] pas de première jeunesse, mais râblé et si solide ! […] C’était le sien propre, et il s’agissait de sa première communion.
Une tête sans poudre lui rappelle les images sanglantes de la révolution française, premiers objets qui frappèrent son imagination royale, il y a trente-un ans. […] 2º Détrôner la gloire des premières représentations. En Italie, ces premières représentations sont presque entièrement sans importance. […] La toute-puissante police ne pourrait-elle pas exclure absolument les billets gratis de ces trois premières représentations ? […] Quel bonheur de vivre à Philadelphie, me dis-je au premier moment !
Chapitre premier. […] On le voit, dans la plupart des événements de la vie humaine, la parole intérieure joue un rôle de première importance. […] Il amende lui-même ses premières formules : « Notre intelligence, dit-il, tant que le mot propre ne fixe pas l’objet avec précision, n’a que des aperçus vagues, confus, incomplets, de ses propres pensées. […] Dans son premier ouvrage, la Théorie du pouvoir (1796), il n’est question ni de la parole intérieure, ni de l’origine du langage. […] Législ. prim., Discours prélim., p. 35, et livre premier ; Pensées diverses, p. 395 ; Dissertation, p. 259 à 262 ; Recherches, ch.
Mais elle eut en son temps un rôle à part, sérieux et délicat, solide et charmant, un rôle en effet considérable, et dans son genre au niveau des premiers. […] Quand Madame, engageant Mme de La Fayette à se mettre à l’œuvre, lui disait : « Vous écrivez bien, » elle avait lu sans doute la Princesse de Montpensier, première petite nouvelle de notre auteur, qui fut imprimée dès 1660 ou 1662106. […] Ainsi ces deux amis vieillis remontaient par l’imagination à cette première beauté de l’âge où ils ne s’étaient pas connus, et où ils n’avaient pu s’aimer. […] En avançant dans la composition de la Princesse de Clèves, les pensées de Mme de La Fayette, après ce premier essor vers la jeunesse et ses joies, redeviennent graves ; l’idée du devoir augmente et l’emporte. […] Dans une lettre de Mme de Sévigné à sa fille (16 mars 1672), on lit : « Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet par d’autres que par moi : c’est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des Princesses de Clèves et de Montpensier. »Il en faut conclure que le roman de la Princesse de Clèves était déjà au moins en projet et en ébauche à cette première date ; qu’il en avait, été question dans la société intime de l’auteur ; que Mmes de Sévigné et de Grignan en avaient peut-être entendu le commencement.
Est-ce le droit des premiers occupants ? […] j’oserai le dire : parce qu’elle ne lui a été au premier moment ni explicable ni expliquée. […] Un observateur clairvoyant l’eût prédit dès cette époque ; et je suis persuadé que ces premières impressions ont ébauché ma carrière et préparé mes travaux. […] J’attendis en silence et dans la stupeur, que la nature bouleversée eût repris, sinon sa forme première, du moins son aspect accoutumé. […] Dites-moi, est-ce que ce plaisir-là ne vaut pas celui du premier pêcheur, avec toute son expérience et sa méthode ?
pour diminuer cet éparsement il fallait diminuer la part de réalité ; et ce premier effort de l’art produisit le théâtre. […] Dans la cabane de quelques pêcheurs des premiers âges et de quelques vagues pêcheurs lointains aux quels Dieu eût donné l’âme d’un artiste, on peut rêver qu’en ces très légendaires jours ces choses-ci eussent été. […] Au premier acte la fable a assez d’importance pour conduire quelques fois le développement musical, et le texte vaut le plus souvent à déterminer l’émotion ; les mimiques ajoutent peu à la précision des psychologies. […] Le terme de Verwandlungsmusik désigne un passage important du premier acte de Parsifal appelé « la scène de transformation ». […] Il s’agit d’une réplique de Parsifal au premier acte.
Ce premier élément de la force, l’intensité, a donc sa racine dans la vie même et dans l’appétit, dont il est un caractère essentiel. […] En réalité, ce n’est pas la séparation ni la distinction définie des sensations qui est le premier stade de la vie mentale ; c’est au contraire leur continuité et leur caractère indéfini, La détermination et le détachement, qui en font des éléments possibles pour un groupement intellectuel, appartiennent au dernier stade de révolution, non au premier. […] 1° La simple coexistence de choses multiples, premier caractère de l’espace, n’est pas ce dont la notion est difficile à expliquer : aussi est-ce là-dessus que les intellectualistes, — soit rationalistes, soit empiristes, — se sont donné carrière. […] En fait, une impression produite sur un point de notre corps ne peut rester absolument isolée : elle s’irradie vers d’autres points plus ou moins voisins du premier. […] Le sens du mouvement, soit de celui qu’on exécute, soit de celui qu’on perçoit au dehors, a été un des premiers et des plus importants résultats de la sélection naturelle dans la lutte pour la vie.
Pendant cette première époque, le Nord est païen, guerrier, libre et poétique ; cette première forme de la civilisation germanique commence à s’altérer avec la conquête. […] Charlemagne, plus Franc que Gaulois, en remettant définitivement à l’église le soin de fixer et d’organiser la société barbare, termine cette première époque et commence la seconde. […] Cette indifférence, qui désespère au premier coup d’œil, est digne d’une méditation profonde. […] Mais dès que Thalès, ou tout autre, négligeant la partie variable et ne s’occupant que de la partie constante des triangles équilatéraux, eut démontré la propriété essentielle du triangle équilatéral, ce premier pas ouvrit la carrière. […] Ce qui y frappe, au premier coup d’œil, comme dans le Discours de la Méthode, c’est la hardiesse et l’énergie de la pensée.
Les produits du premier croisement entre deux races pures sont en général assez uniformes et quelquefois parfaitement identiques, ainsi que je l’ai vu pour les Pigeons. […] Les mêmes progrès résultent pour les plantes de la sélection inconsciente des plus beaux individus qu’ils soient ou non suffisamment modifiés pour être considérés dès leur première apparence comme autant de variétés distinctes, et qu’il y ait eu ou non croisement entre deux espèces ou deux races. […] Nul ne pourrait jamais s’attendre à obtenir du premier coup une Pensée ou un Dahlia de la graine d’une plante sauvage. Nul ne pourrait espérer de produire une poire fondante du premier choix avec le pépin d’une poire sauvage, quoiqu’il fût possible d’y réussir au moyen d’une pauvre semence croissant à l’état sauvage, mais provenant d’une tige cultivée. […] Buckman ont une grande valeur. » Ces mots ont été supprimés sur avis de l’auteur dans deux éditions allemandes et dans notre première édition française.
Présenté au public français par un traducteur de première force, Charles Baudelaire, Edgar Poe cessa tout à coup d’être, en France, le grand inconnu dont quelques personnes parlaient comme d’un génie mystérieux et inaccessible à force d’originalité. […] avec l’enthousiasme connu de Charles Baudelaire pour son auteur et le dévouement qu’il montre à sa gloire, la personnalité humaine d’Edgar Poe n’est pas plus complète dans cette notice que sa personnalité littéraire dans ce premier volume d’œuvres choisies. […] Ainsi, comme invention, comme idée première, rien n’est plus commun, rien n’est moins genuine que cela. […] Ainsi, matérialiste, américain, moderne, victime et courtisan des billevesées du xixe siècle, plus commun en cela qu’il ne croit lui-même, tel nous trouvons Edgar Poe dans ce premier volume qui fait désirer vivement le second. […] Aussi ce qu’on sent dans ces premières Histoires, c’est encore plus l’effort que la force, l’acharnement de la volonté que le souffle facile de l’inspiration.
L’Évangile nous montre plus d’une fois les apôtres, à l’issue de leurs premières réunions, chantant un hymne avant de se séparer. […] Les cantiques », dit Caïus, suivant la version grecque d’Eusèbe, et tous les chants des frères écrits dès l’origine par quelques-uns des fidèles célèbrent le verbe de Dieu, le Christ, en le nommant Dieu lui-même. » Beaucoup de ces chants, première effusion de la foi populaire, ont péri sans doute par les précautions mêmes dont cette foi s’enveloppait ; mais la part de la poésie, dans le culte nouveau, n’est pas douteuse. […] » À côté de ces mètres faciles, l’instinct du premier prosélytisme multipliait des hymnes plus simples encore à la Trinité sainte, au Christ et surtout à la Vierge. […] À ce titre, et dans cet ordre de sentiments, ce que le poëte thébain avait peine à rencontrer au travers de l’éclat des fêtes, ce que le voluptueux Horace cherchait encore moins, sera dans la poésie le feu sacré de l’évêque des premiers temps. […] Moins inquiet, dans une moindre église, éloigné de la controverse et des intrigues de cour, il gardera plus librement le goût de ses premières études, comme il a conservé les tendresses domestiques de sa première union, et son espérance naïvement exprimée, d’en voir naître de nombreux enfants.
Je m’occuperai du premier d’abord. […] Ce sont eux qui ont fait sa première réputation. […] Sur le fait de premier occupant, disent les uns. […] Du premier coup, dès ses premiers commencements, il adore les dieux consacrés du scepticisme, Montaigne, Gabriel Naudé, Bayle par-dessus tout. […] Du premier coup, Sainte-Beuve en vit le point faible.
Ici l’embellissement qu’on met à les raconter n’est pas un mensonge ; la couleur qu’on y voudrait ajouter après coup ne sera jamais qu’un pâle reflet de cette lumière heureuse et première qui nous éclairait. François Arago, né le 26 février 1786 dans la commune d’Estagel en Roussillon, d’une famille où le type méridional est expressivement marqué, suivit dans ses premières années le collège de la ville de Perpignan, où son père avait la place de trésorier de la monnaie. […] Le retour d’Arago en France fit bruit dans le monde savant ; le jeune astronome devait à ses premiers travaux, rehaussés de cette suite de persécutions et d’aventures, une réputation précoce. […] Arago a été, dans quelques-uns de ses premiers travaux élevés, l’un de ceux qui purent réclamer sans crainte le suffrage de ces huit ou dix juges, et il l’a obtenu : mais ce suffrage lent, froid et grave, émané des seuls êtres pensants, ne pouvait lui suffire dans l’habitude, et les qualités de l’expositeur habile, puissant, infatigable, toujours écouté et souvent applaudi, se substituèrent insensiblement en lui à celles de l’inventeur, de celui qui gravit seul les sommets encore inexplorés.
Parlant tout d’abord de M. de Candale, l’un des beaux les plus à la mode en son moment, Bussy le définissait de la sorte : « Le génie en était médiocre ; mais, dans ses premiers amours, il était tombé entre les mains d’une dame qui avait infiniment de l’esprit, et comme ils s’étaient fort aimés, elle avait pris tant de soin de le dresser, et lui de plaire à cette belle, que l’art avait passé la nature, et qu’il était bien plus honnête homme que mille gens qui avaient bien plus d’esprit que lui. » — Mme de Châtillon, accueillant avec une faveur marquée la déclaration de M. de Nemours et lui laissant voir qu’elle a bonne opinion de son mérite, s’attire cette réponse : « Ah ! […] , chez ce premier modèle du genre trop affectionné par Bussy, il y a des vers aussi, mêlés à cette prose et qui en font une composition farcie ; mais ces vers sont d’un poète, ils étincellent, ils ont la blancheur du Paros, ou la verte fraîcheur des bocages Idaliens : Emicuere rosae violaeque et molle cyperon, Albaque de viridi riserunt lilia prato ; … Candidiorque dies secreto favit amori. […] Imaginez un militaire de courage et de talent qui a peut-être en lui de quoi gagner dix batailles, de quoi s’illustrer s’il arrive au premier poste, et qui, pour un travers incurable, se crée toutes sortes d’entraves et des impossibilités. […] Le monde que nous fait voir Tallemant, c’est la ville proprement dite, la ville à l’époque de Mazarin, avant ou après la Fronde et sous la minorité de Louis XIV, ce qui répond assez dans notre idée à ces premières satires de Boileau des Embarras de Paris et du Repas ridicule, le Paris où remuait en tous sens une bourgeoisie riche, hardie et libre, dont les types sont dans Molière, dont Gui Patin est le médecin comme attitré, et dont sera un jour Regnard.
Du premier jour, et à chaque coup, il a enfoncé son clou d’airain dans les esprits. […] On a les dix premiers livres, dans lesquels Tite-Live a dû accepter (et il en demande presque grâce) les fables et les on-dit de la légende, et couvrir de son talent les premiers âges si secs de l’histoire. […] Pour éclaircir ma pensée, je prendrai un exemple chez un de nos premiers historiens contemporains. […] Cousin, il est toujours sûr d’être au premier rang.
Ce ne sont plus vraiment des étrangers, ils sont de Paris (le Suisse Bezenval n’était plus de Soleure, mais bien de Versailles), et l’on ne songe à les rattacher à leur première origine que lorsque, comme Grimm et Galiani, ils s’en retournent vieillir et mourir au dehors. […] Par là encore elles ne sont pas du premier ordre pour ce qui regarde la beauté, qui est l’endroit par où on les envisage et par où on leur applaudit. […] Par cette raison principalement, je le crois autant au-dessous de l’excellent, où la voix publique le place, qu’au-dessus du médiocre qu’il attaque avec succès dans ses satires ; et je suis persuadé que le temps, qui met le vrai prix aux auteurs, ne placera pas celui-ci au premier rang où son siècle le place. […] M. de Muralt disait encore, à propos des séances solennelles de l’Académie française et des discours de réception qui étaient dans leur première vogue en ce temps-là ; — mais, pour mieux faire apprécier le piquant de ce passage, il faut voir comme il l’amène et l’introduit : En France, les femmes surtout sont à plaindre, du moins les femmes raisonnables.
Buffon, dans un admirable récit philosophique, a supposé le premier homme s’éveillant à la vie et rendant compte de ses premiers mouvements, de ses premières sensations, de ses premiers jugements. Jouffroy, dans un récit moral célèbre, a fait parler le philosophe durant cette veille pleine d’angoisses, dans cette première nuit de doute et de trouble, où le voile du sanctuaire se déchire tout d’un coup devant ses yeux et où il cesse d’être un croyant.
Écoutez le sage Fleury, son sous-précepteur : « C’était, nous dit-il, un esprit du premier ordre : il avait la pénétration facile, la mémoire vaste et sure, le jugement droit et fin, le raisonnement juste et suivi, l’imagination vive et féconde (que de choses !). […] Ce n’était nullement un génie dans le vrai sens du mot, ce n’était qu’un élève, le plus brillant des élèves ; il eût été le premier au collège dans toutes les facultés, humanités, rhétorique, philosophie, et même plus tard un des premiers en théologie, s’il avait composé avec les élèves du séminaire. […] A une telle maladie publique, dès qu’on sut que quelqu’un s’en inquiétait là-haut, chacun vite accourut proposant son remède, sa recette ; théoriciens, hommes pratiques, empiriques, tous à l’envi s’empressèrent : Vauban, Boisguilbert, Boulainvilliers, l’abbé de Saint-Pierre déjà en mouvement, Saint-Simon lui-même, l’un des premiers. […] Ce qu’il écrit à ce sujet est remarquable : « Par un préjugé que la vanité des gens de Lettres met en vogue disait-il, on s’imagine qu’un des premiers soins qui doivent occuper un roi, c’est de peupler ses États de savants.
L’auteur a recueilli depuis dans un petit volume, Statues et Statuettes contemporaines (1852), bon nombre des articles de sa première jeunesse. […] Les Stances, telles quelles, ont une vivacité de ton et d’allure, une familiarité chaude et franche qui sent la saison des amitiés premières. […] Il faut bien aussi que je fasse mon métier de critique grave, d’écrivain de grand journal, et que je ne donne pas raison en tout, que je ne paraisse pas rendre les armes à mon auteur d’aujourd’hui, à ce « premier d’entre les petits journalistes », ainsi que je l’ai entendu qualifier, et qui sans cela pourrait bien se rire de nous. […] C’était Dorat qui avait eu cette idée de les réunir à table avec Colardeau et Dudoyer, un auteur dramatique oublié ; La Harpe en était à ses tout premiers débuts, et Fréron déjà établi et en renom : « Fréron, nous dit l’amphitryon Dorât, y fut aimable et bonhomme ; son antagoniste, au contraire, y fut tranchant, disputeur, criard et ennuyeux…, un mauvais convive.
Chez lui l’entrain du débit cachait les ficelles, et rien, à première vue, ne trahissait trop la fatigue. […] Son premier recueil est curieux : je le recommande aux amateurs et collecteurs, comme j’en sais déjà, de raretés romantiques. […] Les nouveaux Souvenirs de celui-ci faisaient tort aux premiers. […] Ses premiers vers imprimés sont de 1825 : les Grecs, dithyrambes (anonyme), 1825, suivis bientôt des Athéniennes, vendues au profit des Grecs, 1827.
Parmi les hommes d’État qui ont paru en première ligne dans nos affaires depuis dix ans, il en est plusieurs qui se sont fait bien des titres de gravité, de vertu, d’éloquence : il en est deux que j’ai toujours involontairement rapprochés par le contraste et aussi par de certaines ressemblances dans l’effet produit. […] Ceux qui vous ont précédés dans la carrière y ont dirigé vos premiers pas… Vous ne sentez peut-être pas assez vous-mêmes tout le prix de ces biens que vous avez reçus ; croyez-en celui qui les regrettera jusque dans sa vieillesse, et dont l’enfance sans protection, sans guide, n’eut de leçons que celles du malheur. » — On s’étonnait un jour devant M. d’Andilly que son très-jeune frère, le docteur Arnauld, au sortir des écoles, eût pu produire en français un livre aussi bien écrit que celui de la Fréquente Communion. […] Cette première fois le jeune enfant l’obtint ; il vit son père tiré vivant du sein du massacre et ramené à l’hôtel Molé aux applaudissements du même peuple mobile qui, la veille, l’aurait insulté, et qui le lendemain le verra mourir. […] La détresse des premiers mois fut inexprimable.
On ne sait trop comment se passèrent ses premières années ; il s’est bien gardé d’en parler jamais, et il paraît s’être expressément interdit, comme une honte, tout souvenir d’enfance ; c’était mal imiter Horace pour le début. […] Rousseau qu’il allait, durant quelques années, tenir un des premiers rangs, le premier rang peut-être ! […] Les quatre premiers vers de la première strophe sont bien, et les six derniers passables grâce à l’harmonie, quoiqu’un peu vides et chargés de mots ; mais il fallait tenir compte du verset si touchant d’Isaïe : « Hélas ! […] Voilà comment on égale les prophètes sans les paraphraser ; qu’on relise la quatorzième des secondes Méditations ; qu’on relise en même temps dans les premières le dithyrambe intitulé Poésie sacrée, et qu’on le compare avec l’Épode du premier livre de Jean-Baptiste.
Chapitre premier. […] Ceux que leur destinée approche des premières places, croient voir une preuve de mépris pour eux, dans l’espérance qu’on conçoit de franchir l’espace qui en sépare, et de se mettre par ses talents, au niveau de leur destinée. […] Quand les difficultés des premiers pas sont vaincues, il se forme à l’instant deux partis sur une même réputation ; non, parce qu’il y a deux manières de la juger, mais parce que l’ambition parle pour ou contre : celui qui veut être l’adversaire des grands succès reste passif, tant que dure leur éclat, et c’est pendant ce temps, au contraire, que les amis ne cessent d’agir en votre faveur ; ils arrivent déjà fatigués à l’époque du malheur, lorsqu’il suffit au public du mobile seul de la curiosité, pour se lasser des mêmes éloges ; les ennemis paraissent avec des armes toutes nouvelles, tandis que les amis ont émoussé les leurs, en les faisant inutilement briller autour du char de triomphe. […] Les amis peuvent si aisément attribuer à la bonté de leur âme l’exagération de leur enthousiasme, à l’oubli qu’on a fait de leurs conseils, les derniers revers qu’on a éprouvés ; il y a tant de manières de se louer en abandonnant son ami, que les plus légères difficultés décident à prendre ce parti ; mais la haine, dès ses premiers pas, engagée sans retour, se livre à toutes les ressources des situations désespérées ; de ses situations dont les nations, comme les individus, échappent presque toujours, parce que l’homme faible même ne voit alors de secours possible que dans l’exercice du courage.
Notes sur l’Ancien-Régime Note 1livre premier, chapitre II, ISur le nombre des ecclésiastiques et des nobles. […] Livre premier, chapitre II, IV. […] Livre premier, chapitre III, III. […] À quoi il faut ajouter 11 fr. pour les deux vingtièmes et les 4 sous pour livre ajoutés au premier vingtième ; total, 53 fr. 15 c. d’impôt direct sur 100 livres de revenu taillable.
. — Le second ordre de faits est lié au premier. — Cette liaison semble inexplicable. — Utilité des réductions précédentes et de la théorie des sensations élémentaires. […] Au premier point de vue, elle est une échelle d’événements moraux, successifs et simultanés, dont la complication va décroissant, si l’on part du sommet dont nous avons conscience, pour descendre jusqu’à la base dont nous n’avons pas conscience. […] Mais, à mesure que nous avançons dans le livre, ils le sont moins, et, de chapitre en chapitre, il s’y glisse quelques caractères nouveaux qu’on a peine à ramener aux premiers. […] Voir aussi les deux admirables chapitres de Stuart Mill, Examination of Sir William Hamilton’s Philosophy, sur la notion du monde extérieur et sur les qualités premières de la matière.
ne fait-elle que renouveler cette première vue confuse d’où est sortie la science ? […] Nous aurons des caractères, une action, des dialogues, car tout cela est dans la nature et s’offre aux premiers regards. — Mais quels seront les caractères ? […] Je ne puis reconnaître du premier coup d’oeil quel est le naturel tout entier du Loup, quel mélange d’inquiétude, de violence, de sottise et de poltronnerie, compose sa physionomie. […] Au premier espoir du trône : « Ma pensée, où le meurtre n’est encore qu’imaginaire, ébranle tellement mon pauvre être d’homme, que l’action y est étouffée dans l’attente, et que rien n’est que ce qui n’est pas !
De par la conception première de l’œuvre, la Semaine n’est qu’une collection de « morceaux » rejoints et classés. […] Là comme dans le reste de la satire, deux choses font leur effet, l’invention première et générale, cette idée de donner une représentation comique des États de la Ligue, puis le jaillissement de l’esprit, des saillies, des mots qui portent, qui peignent et qui piquent, les continuelles trouvailles de l’expression. […] Guillaume du Vair (1556-1621), conseiller au Parlement de Paris en 1584, envoyé en Angleterre (1596), intendant de justice à Marseille, puis premier président au Parlement de Provence, garde des sceaux (1616), évêque de Lisieux (1617), fut un des chefs du parti des politiques, un des plus fermes et adroits adversaires de la Ligue, un des plus énergiques et dévoués restaurateurs de l’autorité royale et de la paix. […] La harangue de M. d’Aubray passe pour être de Pithou ; l’idée première et le cadre des États de la Ligue, de P.
Parle premier, l’existence de deux chambres est érigée en dogme : avec le troisième s’introduit dans le régime parlementaire un esprit fâcheux, par lequel la classe bourgeoise déviera la Révolution à son profit, et, substituant au privilège de la naissance le privilège de la fortune, fera de la haine ou de la peur de la démocratie la première maxime d’une politique égoïste. […] Les deux premières parties se rapportent plus étroitement à l’Allemagne ; elles sont plus précises, plus objectives en un sens, d’un intérêt plus général et plus efficace : la seconde fonde la critique romantique. […] Dans cette peinture de l’Allemagne, elle insiste beaucoup sur un caractère dont l’importance est de premier ordre pour la littérature : en France, la vie de société absorbe tout l’homme ; l’Allemand n’est pas homme du monde, pense plus qu’il ne cause, et préserve son originalité. […] Lessing, Herder, Schlegel la captivent : la richesse symbolique et pathétique du premier Faust la transporte.
Les derniers temps de la comédie italienne en France La comédie italienne, pendant son premier séjour à l’Hôtel de Bourgogne, jeta un vif éclat. […] » Et quant au mariage, voici Pasquariel, libraire, qui vend un livre, lequel ressemble de bien près à notre vieux livre des Quinze joyes, ce sont : « Les Agréments et les chagrins du mariage, en trois tomes ; le chapitre des agréments contient la première page du premier feuillet du premier tome et le chapitre des chagrins contient tout le reste. » Bon ou mauvais, vrai ou faux, tout cela ne nous vient pas d’au-delà des monts. […] Allez, ma mie, au premier payement qu’il me fera, je lui donnerai quittance.
Les moins profonds sentent vaguement qu’il y a là quelque chose d’indestructible ; mais leur premier mouvement est de se révolter, de prendre fait et cause pour la nature humaine, comme s’ils étaient les représentants de ses droits ou les types de sa pureté. Qu’ils aillent au-delà de ce premier mouvement ; qu’ils pénètrent ces vérités impitoyables qui nous poursuivent jusqu’au sein de notre innocence, et nous font voir un piège jusque dans l’orgueil si pardonnable des honnêtes gens ; qu’ils tâchent de se démêler, à l’aide de cette main si habile : ils confesseront la vérité des Maximes. […] Chez aucun autre on ne trouve un plus grand nombre de ces vérités dont les motifs échappent à la mollesse de notre attention, en même temps que la clarté de l’expression satisfait cette première vue dont nous avons coutume de regarder les ouvrages de l’esprit. […] Préface des deux premières éditions.
Si dans les hommes irrités dont je parle, il en est qui aient gardé le culte des purs sentiments libéraux, de la vieille liberté entendue comme en 89 ou en 1819, qui aient aimé cette liberté de la même manière avant et pendant le pouvoir, qui n’aient jamais senti, alors qu’ils étaient les maîtres, qu’il fallait faire fléchir les principes eux-mêmes devant les nécessités publiques et les périls imminents, s’il est de tels hommes qui aient conservé chastement en eux ce premier idéal de la nature humaine et de la nature française gouvernable, à ceux-là je leur accorde tout ; de tels modèles sont beaux de temps en temps à contempler à distance dans l’histoire. […] Nous sommes tous plus ou moins tentés de parler ainsi, si nous nous livrons à la vivacité de notre premier mouvement et si ce que Pascal appelait la pensée de derrière ne nous avertit. […] On pouvait croire, au premier abord, qu’il y avait de leur côté de la ressource, parce que leurs caractères n’étaient point usés, et parce qu’ils avaient vécu en dehors du tourbillon qui entraînait l’Europe. […] Qu’est-ce autre chose d’être surintendant, chancelier, premier président, sinon d’être en une condition où l’on a, dès le matin, un grand nombre de gens qui viennent de tous côtés pour ne leur laisser pas une heure en la journée où ils puissent penser à eux-mêmes ?
Cela se ramène à ceci : un romancier qui a pour premier soin de ne pas étudier l’homme. […] Rappelez-vous les imprécations de Lamartine, vers 1825, contre le temps du premier Empire. […] On croit sentir chez Zola une manière de rancune amère contre une société, contre un genre humain plutôt, qui ne lui a pas fait tout de suite la place de premier rang à laquelle il avait droit comme de plain-pied. […] Il peignait les foules en mouvement d’une manière qui le met au tout premier rang.
Schopenhauër a rassemblé sur ce sujet une collection d’exemples variés : on les trouvera au chapitre VIII des suppléments à son premier livre du Monde comme volonté et comme représentation, sous ce titre : À propos de la théorie du ridicule. […] Il semble, durant cette première période de la vie humaine, que l’effort héréditaire employé tout entier à composer le squelette, les tissus et les nerfs, et, d’une façon générale, l’être physiologique, soit impuissant alors à opposer une résistance importante, en ce qui touche à la mentalité, aux images-notion suscitées par le milieu. […] Margueritte, pour s’identifier avec les mouches qui bruissent autour de son lit, veut monter comme elles le long des murs de sa chambre jusqu’au plafond ; elle saule, tente avec ses mains de se retenir, glisse et s’étonne ; pour favoriser ses premiers essais, elle drosse des chaises contre le mur, monte sur cet échafaudage qui s’effondre, tombe et se fait une bosse au front. […] Molière a merveilleusement fait voir cette puérilité du moyen lorsqu’il le montre dans ses Précieuses employé du premier coup avec succès par des laquais : Mascarille et Jodelet ont à peine prononcé quelques phrases de charabia que Cathos et Madelon les reconnaissent comme des leurs, tiennent pour de grands esprits ces faux petits-maîtres et prennent meilleure opinion d’elles-mêmes parce qu’elles ont su leur plaire.
De cette première erreur il n’y avait pas loin à celle qui faisait croire que l’homme s’était successivement perfectionné lui-même. […] Nos langues conservent toujours des monuments vivants de leurs premières origines. […] Si l’homme laisse envahir son domaine par la solitude, la nature reprend ses premiers droits ; et l’homme est de nouveau frappé par la mort. […] Les lois physiques ont été établies par Dieu au commencement ; et l’univers continue d’exister, soit par la persistance de ces lois premières, soit par un soin providentiel de tous les instants pour la durée et la continuelle existence de ces lois.
l’enfant gâtée du public qu’elle fut toute sa vie, se retrouve dans la légèreté avec laquelle elle nous affirme, après tant d’années d’effet funeste sur l’imagination contemporaine, qu’elle est innocente comme l’enfant qui vient de naître ; — et prétend nous imposer, rien qu’en se récriant, une opinion qui demanderait qu’on se mît en quatre pour la prouver ; se flattant sans doute qu’à son premier petit souffle, — tout-puissant, — elle nous fera tourner comme des girouettes ! […] La Critique, — dit-elle, avec les yeux baissés d’une jeune Première d’Opéra-Comique qui regarde timidement l’ourlet de son tablier, — a eu toujours trop d’esprit avec moi (Vous êtes bien bonne, Madame). […] (Pauvre brebiettet) Quand je fis Indiana, mon premier livre, j’étais tout instinct. […] Je les y trouve entassés, nombreux, à toute page, sans mélange et tellement, qu’il est impossible que le porte-plume quelconque qui s’exprime en ces termes ; qui n’a à son service, exclusivement, que ces métaphores épuisées, traînées et fourbues, puisse jamais s’appeler du nom de grand écrivain, déjà lourd à porter partout ; à plus forte raison du premier des grands écrivains français au dix-neuvième siècle, comme on l’a dit de Mme George Sand, et qui l’écrase — net !
Le hasard, il est vrai, le hasard des journaux, qui est bien plus abracadabrant que le hasard des livres, n’avait mis sous mes yeux que les deux premières parties du livre. […] C’est un romancier de passion et de mœurs, qui, dans la conception de sa première œuvre, a montré une force de tête sur laquelle la Critique n’avait aucun droit de compter. […] Il est noble de force physique comme un Croisé des premiers temps. […] C’est toujours, à beaucoup d’endroits, cette touche veloutée, grasse, abondante, incarnadine, de ce peintre des premiers jours qui ombrait tout avec du rose.
Première contredanse L’auteur comique vulgaire, pygmée grimpé sur des échasses, attaque et poursuit vaillamment de pauvres misères individuelles125 : l’avarice, l’amour-propre, la vanité aristocratique ou bourgeoise, l’ignorance et la pédanterie, les charlatans, les précieuses, les coquettes, les dupes, les imposteurs, les cuistres, etc., etc. […] Ainsi les chapitres d’Hespérus, romande Jean-Paul, sont intitulés Première poste aux chiens, Deuxième poste aux chiens, etc. […] Le prologue de son Titan vient à la queue de la Première période du Jubilé, c’est-à-dire du premier livre.
Or, il me semble, sauf erreur, que c’est l’habile rhétoricien, d’une netteté d’esprit toute aryenne, qui a écrit presque entièrement les deux premiers actes, et que le Touranien a mis la main au dernier plus qu’il n’aurait fallu… On voit ici en plein ce qu’il y a d’un peu puéril parmi le beau génie naturel de M. […] Les deux premières se composent de pièces dans lesquelles on retrouvera toute l’énergie, la liberté d’allure des Blasphèmes, bien que les tendances en soient diamétralement opposées ; c’est la tolérance qui, cette fois, est la note dominante du livre. […] Mais je serais bien étonné s’ils ne trouvaient pas de quoi s’y plaire… Il est délicieux, il est exquis, ce premier acte ; tout parfumé de l’odeur des blés qu’on coupe, tout égayé des chansons qui voltigent dans l’air, tout illuminé de poésie.
Dès ses premiers livres, le succès lui a souri, et jusqu’ici il n’a pas trop souri au succès. […] Quand j’ai lu Deux plaisanteries, l’un de ses premiers petits livres, le meilleur public n’ignorait déjà plus son nom. […] Pour l’exactitude aisée de ses peintures, Alfred Capus est notre premier annotateur de mœurs, et, autant que d’un siècle au suivant on peut comparer, pas inférieur au glorieux Lesage.
Quel est le philologue de nos jours qui apporte dans ses recherches l’ivresse des premiers humanistes, Pétrarque, Boccace, le Pogge, Ambroise Traversari, ces hommes si puissamment possédés par l’ardeur du savoir, portant jusqu’à la mysticité la plus exaltée le culte des études nouvelles dont ils enrichissaient l’esprit humain, souffrant les persécutions et la faim pour la poursuite de leur objet idéal ? […] C’est plaisir de le voir faire le brave et le dégagé, l’homme du monde qui n’entend rien aux sciences et sait tout sans avoir jamais rien appris. « Ce ne sont ici, dit-il, que resveries d’homme qui n’a gousté des sciences que la crouste première en son enfance et n’en a retenu qu’un général et informe visage : un peu de chaque chose, et rien du tout, à la françoise. […] Et n’est enfant des classes moyennes qui ne se puisse dire plus savant que moy, qui n’ay seulement pas de quoy l’examiner sur sa première leçon.
Je n’ai rien changé cependant à ma rédaction première, pensant qu’il valait mieux laisser à M. […] L’ordre naturel de ce livre, qui n’est autre que l’ordre même des périodes diverses de ma vie, amène une sorte de, contraste entre les récits de Bretagne et ceux du séminaire, ces derniers étant tout entiers remplis par une lutte sombre, pleine de raisonnements et d’âpre scolastique, tandis que les souvenirs de mes premières années ne présentent guère que des impressions de sensibilité enfantine, de candeur, d’innocence et d’amour. […] Quant au second Empire, si les dix dernières années réparèrent un peu le mal qui s’était fait dans les huit premières, il ne faut pas oublier combien ce gouvernement fut fort lorsqu’il s’agit d’écraser l’esprit, et faible lorsqu’il s’agit de le relever.
Regardez-moi ça, si c’est bien conditionné : joli cadre doré, papier de première qualité ; et l’article est avantageux comme ceux de la maison Zola. […] Heureusement les auteurs, vite fatigués, ne soutiennent ce grand effort littéraire qu’aux trois ou quatre premières pages. […] Mais son premier essai, les Maritimes, mérite de nous arrêter un instant par sa valeur documentaire et révélatrice.
En quelque matière que ce soit, nous devons désespérer de remonter jamais aux premiers principes, qui sont toujours pour nous derrière un nuage : vouloir trouver la cause métaphysique de nos plaisirs, serait un projet aussi chimérique que d’entreprendre d’expliquer l’action des objets sur nos sens. […] Faute de suivre cette méthode, l’imagination échauffée par quelques beautés du premier ordre dans un ouvrage, monstrueux d’ailleurs, fermera bientôt les yeux sur les endroits faibles, transformera les défauts même en beautés, et nous conduira par degrés à cet enthousiasme froid et stupide qui ne sent rien à force d’admirer tout ; espèce de paralysie de l’esprit, qui nous rend indignes et incapables de goûter les beautés réelles. […] L’impression est le juge naturel du premier moment, la discussion l’est du second.
, un caricaturiste de premier ordre. […] Il en a l’éclair et l’éclat de ce grand rire gouailleur qui descend un homme du troisième ciel avec une épithète et lui passe la flèche du ridicule à travers le corps. — Rabelais n’est pas seulement un caricaturiste de premier ordre, comme j’ai appelé Carlyle au commencement de ce chapitre. […] S’il n’est pas, dans la langue de son pays, un styliste de premier degré, il y est, du moins, un expressionniste formidable.
Il n’y a guère de comparable dans un autre ordre que celui de Mademoiselle Rachel… Dès l’apparition du premier volume de La Démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville fut, sans résistance et sans conteste, proclamé un jeune Montesquieu. […] La République se rappela que sans être démocrate— car il ne l’est point de vue première et de principe — Tocqueville avait toujours tenu à ce qu’on s’arrangeât avec la démocratie future et qu’on acceptât les faits accomplis. […] ne lui a rien refusé, en fait d’admiration ou d’hommage, depuis Chateaubriand, ce dernier des croisés, jusqu’à Lacordaire, ce premier des moines à l’Académie.
Ce bonheur-là, je l’ai eu un jour, si on se le rappelle, quand je signalai l’un des premiers, si ce n’est le premier, le livre d’un inconnu (Revelière), intitulé magnifiquement : Les Ruines de la Monarchie française, sous lesquelles, par parenthèse, il pourrait bien rester enseveli… Eh bien, je vais avoir ce bonheur encore en parlant d’un autre livre, non moins substantiel, non moins fort d’observation et de raison que celui de Revelière, et aussi non moins ignoré… Ce livre s’appelle : Les Philosophes et la Philosophie, et il est d’un écrivain à peu près aussi inconnu que Revelière, c’est M. […] Physiologiste donc avant tout et d’étude première, ce qui l’a d’abord frappé, c’est le vice de l’École de Médecine d’où il est sorti, et qui n’a cessé, depuis le commencement de ce siècle, de vouloir justifier scientifiquement la misérable idéologie de l’Encyclopédie, qui, sans cette École, n’eût pas eu de portée ; car, ainsi que l’a dit le Dr Athanase Renard dans un éclair : « Le Matérialisme n’est pas français. » Il vient de Bacon et de Locke. […] Quoique sans génie, sans talent, sans esprit, sans homme d’intelligence première, elles s’emparent de l’esprit moderne avec un effroyable ascendant, et elles rencontrent précisément dans le « sens commun » d’un temps matérialisé de mœurs par une corruption de deux siècles, le plus redoutable auxiliaire.
Il ne nous donne cette fois que les trois premiers volumes de cette histoire, qui doit absorber dans son flot grossi de renseignements les notions incomplètes du livre de Bausset sur le grand évêque. […] Mais cette première partie est peut-être la plus curieuse, la plus réellement biographique de la vie de Bossuet, parce qu’elle était la plus obscure, — s’il est permis pourtant de dire qu’il y eût jamais de l’obscurité dans la vie de Bossuet, de ce soleil pour qui Dieu a essuyé l’azur dans lequel il devait monter avec une splendeur si tranquille, et préparé un firmament. […] encore une fois, on cherche l’obscurité du commencement inhérente à toute destinée, dans ces premières années de la vie de Bossuet, — racontées par son nouveau biographe avec le détail le plus circonstancié, et, j’ose dire, le plus épuisé maintenant, — on ne la trouve pas !
Ainsi, impuissance, infécondité, voilà, pour une critique qui dédaigne les apparences et les mots d’ordre, ce qui frappe d’abord dans Cousin, le chef d’école et le philosophe, et ce qui sape, du premier coup, la prétention la plus étalée et la plus fastueuse de sa vie ! […] Quand nous la lûmes sous sa forme première et oratoire de Cours public, elle ne nous donna pas l’idée d’une vérité que nous ne demanderons jamais à la philosophie, mais pourtant elle nous donna celle d’une chose plus forte, d’une systématisation essayée et plus heureuse que ce qu’on avait l’habitude de rencontrer dans les œuvres de Cousin. […] D’éducation incorrigible, d’impression première plus forte que lui, Cousin est écossais, cartésien, leibnitzien, éclectique enfin, mais antiscientifique, n’ayant point de science philosophique mais une littérature philosophique, et c’est la raison pour laquelle il a une peur bleue de Hegel dès qu’il cesse de l’aimer, ce bel esprit philosophique à l’imagination infidèle !
Lord Byron, qui ne s’appelait point Rousselot, et qui, malgré la médiocrité radicale de son premier recueil, devait sentir s’agiter en lui sourdement le génie qui écrivit plus tard Childe Harold et Don Juan, aurait été d’un ridicule à faire très justement pâmer de rire la Revue d’Edimbourg, s’il s’était campé devant la Critique comme Rousselot se campe devant nous tous… Je sais bien qu’on passe beaucoup de choses à l’orgueil insignifiant des poètes. […] C’est un chant unique, sur un sujet unique, qui va d’une filée de son premier vers à son dernier vers. […] Son enthousiasme, à lui, qui est sa qualité première, et qui le lance trop loin du détail pour qu’il puisse en avoir jamais le fini, roule dans ses bouillonnements par trop d’écume et de bavures.
Il appelait son premier recueil : Le Roitelet, et il ajoutait en sous-titre : Versiculets, comme aujourd’hui il nous donne un nouveau recueil sous ce titre simple, qui peut-être voudrait être plus simple encore : Cinq dizaines de sonnets entrecoupés d’historiettes en vers et autres rimes 44. […] je ne demande pas mieux que de le reconnaître, il y en a plusieurs, dans ce recueil, que Joséphin Soulary, qui a fait du sonnet son incommutable majorat, serait heureux d’avoir signés ; mais ce n’est point les Cinq dizains de sonnets que Gères met en premier dans l’énoncé de son titre qui sont l’honneur de son volume. […] On souffle, et l’œil, nacre et azur, a repris sa limpidité première.
Quand il a fait cette édition définitive, il a cru faire évidemment son paquet pour l’immortalité, mais ce n’est, pour M. de Banville, que son premier paquet. […] Théodore de Banville, dont les Cariatides sont, je crois, de 1841, est un des premiers romantiques en date, mais aussi en intensité. […] … Cette première idylle, qui ouvre les Idylles prussiennes, donne le la terrible de toutes les autres.
… — ces combats d’âme faible et violente entre deux amours, revenant du second au premier, hélas ! […] Malot), femme à sa manière et de l’espèce la plus méprisable, retourne à sa vile coquine de maîtresse, n’avons-nous pas vu, — et bien ailleurs encore, l’esclavage insensé d’un cœur lâche, empoisonné pour jamais par cette première passion que notre vie a bue, comme une éponge, et dont on peut dire avec la chanson grecque : « J’ai craché sur la terre, et elle est tout empoisonnée ? […] Dans une époque comme la nôtre, sans force de principe et sans force de volonté, je sais bien que ce misérable type d’homme ou de femme à deux amours, indésouillable du premier, ayant pris corps avec cette fange, est le type commun et presque universel ; que c’est le cri du sang, de ce sang que nous avons gâté, et que de son temps tout romancier, qui en porte le joug comme un autre homme, peut jeter ce cri à son tour !
L’oraison funèbre du premier président de Lamoignon présente d’un bout à l’autre le tableau d’un magistrat et d’un sage. […] Les deux premières parties peignent avec noblesse les talents d’un général et les vertus d’un sage ; mais, à mesure que l’orateur avance vers la fin, il semble acquérir de nouvelles forces. […] Voyez ses deux premières Oraisons funèbres.
Chapitre premier. […] J’ai tenté d’expliquer les contrastes singuliers de la littérature italienne, par les souvenirs de la liberté et les habitudes de la superstition ; la monarchie la plus aristocratique dans ses mœurs, et la constitution royale la plus républicaine dans ses habitudes, m’ont paru l’origine première des différences les plus frappantes entre la littérature anglaise et la littérature française.
Son premier dîner dans l’île est mélancolique. […] Une lettre anonyme lui apprend que, le 23 septembre, c’est-à-dire le lendemain du premier tour de scrutin, la femme d’un de ses plus zélés partisans a fait demander secrètement une entrevue à l’un des ministres de M.
Que n’eût pas été cet ouvrage, qui abonde, d’ailleurs en beautés de premier ordre et à qui toute justice n’a pas été rendue, si le poète, en l’écrivant, n’eût pas senti peser sur lui sa précoce gloire de chef de l’école de bon sens ? […] Ponsard mérite de figurer au premier rang des poètes qui ont le mieux traduit les idées de notre temps, sans les outrer, sans s’y asservir.
Chapitre premier. […] Notre grand poète comique Molière a été, l’un des premiers, livré à la curiosité de l’érudition.
Elle ne peut arracher ses beaux bras du cou du héros ; et l’Aurore aux doigts de rose aurait vu les larmes de ces époux si Minerve n’eût retenu le soleil dans la mer…… Cependant Eurynome, un flambeau à la main, précédant les pas d’Ulysse et de Pénélope, les conduit à la chambre nuptiale…… Les deux époux, après s’être livrés aux premiers transports de leur tendresse, s’enchantèrent par le récit mutuel de leurs peines…… Ulysse achevait à peine les derniers mots de son histoire, qu’un sommeil bienfaisant se glissa dans ses membres fatigués, et vint suspendre les soucis de son âme11. […] Voyons maintenant le tableau des amours de nos premiers pères : Ève et Adam, par l’aveugle d’Albion, feront un assez beau pendant à Ulysse et Pénélope, par l’aveugle de Smyrne.
Les deux songes sont pris également à la source des différentes religions des deux poètes : Virgile est plus triste, Racine plus terrible : le dernier eût manqué son but, et aurait mal connu le génie sombre des dogmes hébreux, si, à l’exemple du premier, il eût amené le rêve d’Athalie dans une heure pacifique : comme il va tenir beaucoup, il promet beaucoup par ce vers : C’étoit pendant l’horreur d’une profonde nuit. […] Quel Hector paraît au premier moment devant Énée, quel il se montre à la fin : mais la pompe, mais l’éclat emprunté de Jésabel, Pour réparer des ans l’irréparable outrage, suivi tout à coup, non d’une forme entière, mais ………………… De lambeaux affreux Que des chiens dévorants se disputoient entre eux, est une sorte de changement d’état, de péripétie, qui donne au songe de Racine une beauté qui manque à celui de Virgile.
La grossièreté des premiers monuments funéraires qui marquaient à la fois la possession des terres, et la perpétuité des familles, donna lieu aux métaphores de stirps, de propago, de lignage. […] Vesta, toujours armée de la religion farouche des premiers âges, continua de garder le feu et le froment.
Renan a retenu des leçons de son premier maître, M. […] Bourget moraliste : il est un des premiers qui aient ramena les questions de morale dans la littérature d’imagination. […] Notez que, mis en goût par son premier mea culpa, M. […] Cette première condition, M. […] Mais allons-nous, dès nos premières lignes, prendre M.
En présence des merveilles qui l’éblouissent et qui l’enivrent, sa première parole n’est qu’un hymne. […] Ses premiers comédiens sont des prêtres ; ses jeux scéniques sont des cérémonies religieuses, des fêtes nationales. […] Et d’abord, pour premières vérités, elle enseigne à l’homme qu’il a deux vies à vivre, l’une passagère, l’autre immortelle ; l’une de la terre, l’autre du ciel. […] On commence à comprendre de nos jours que la localité exacte est un des premiers éléments de la réalité. […] dira-t-il au premier mot.
Ma mère qui commençait à me sevrer de son sein, me faisait essayer mes premiers pas dans les allées sablées de gravier du lac, le long du buisson. […] Ces premiers amis étaient dispersés. […] Je n’oublierai jamais ma première rencontre avec Victor Hugo, que M. de Chateaubriand appelait l’enfant sublime. […] Je ne doutai pas un instant de sa grande fortune ; il y a des hommes qui se prophétisent au premier regard ; c’est l’évidence de la supériorité. […] Il essayait la tribune ; on désespérait de lui aux premiers essais.
J’avais résolu de ne pas répondre au premier ; j’avais maintenu ma résolution après avoir lu le second ; vous insistez, je cède au troisième. […] C’est mon premier roman en deux volumes. […] Je fus un des premiers à reprocher en face à M. […] Victor Hugo plaçaient du premier bond la Revue de Paris à la hauteur de sa devancière la Revue des Deux Mondes. […] Disons, à cette heure, ce qu’un autre eût pu faire à sa place, maître comme l’est M. le commissaire du roi de donner une direction au premier théâtre du monde.
On raconte que, lorsqu’il s’agit du premier bal où Mlle de Bourbon dut aller pour obéir à sa mère, ce fut chez les carmélites un grand conseil ; il fut décidé, pour tout concilier, qu’avant d’affronter le péril, elle s’armerait en secret, sous sa parure, d’une petite cuirasse appelée cilice. […] Au premier bruit qui en vint aux oreilles de l’offensée, celle-ci, qui savait que l’histoire était fausse, mais qui se réservait tout bas peut-être de la rendre vraie, crut qu’il était mieux de se taire. […] Singlin, du premier coup d’œil, lui découvrit son défaut capital, cet orgueil qu’elle-même avait quasi ignoré, dit-elle, depuis tant d’années. […] Aussitôt ce premier flot de condoléances essuyées, Mme de Longueville alla à Port-Royal-des-Champs, où sa demeure était prête, et elle y redoubla de solitude. […] le duel, à force de se prolonger, s’est un peu écarté des premiers termes de courtoisie.
Le Tasse, recommandé à son oncle par Léonora, avait déjà joui une fois de l’accueil de ce cardinal, dans son premier voyage à Rome. […] VI Son poème enfin terminé, en 1575, le poète résolut, avant de le livrer à l’impression, d’aller encore une fois le soumettre à Rome à la révision et à la critique des premiers littérateurs de l’Italie. […] Le récit des circonstances de cet assassinat, qu’on trouve dans les lettres de la main du Tasse lui-même conservées à la bibliothèque Pitti, et que j’y ai lues, dément les circonstances romanesques ajoutées par ses premiers biographes à cette aventure. […] Il passa quelques jours dans le couvent avec cette paix qui semble, au premier moment, tomber sur l’âme, des cloîtres. […] C’est une sorte de mirage moral qui suscite des horizons de verdure, de fontaines et de lacs de l’aridité du désert ; c’est le coup qui frappe au cœur le soldat du Tyrol ou de l’Helvétie, quand il entend, à mille lieues de son pays, une note du chant du pasteur des Alpes rassemblant ses troupeaux, et qui le fait languir et se consumer de désir, jusqu’à ce qu’il ait respiré de nouveau une haleine de sa première patrie ; c’est cette nostalgie, véritable démence du souvenir, surajoutée à une autre démence, qui dirigeait instinctivement et comme à son insu le Tasse vers le royaume de Naples.
« Le Brun tentait l’œuvre d’après Buffon ; Fontanes, dans sa première jeunesse, s’y essayait sérieusement, comme l’attestent deux fragments dont l’un surtout est d’une réelle beauté. […] Aller sonder les flancs du plus lointain Nérée, Et du premier sillon fendre une onde ignorée. […] À supposer que le jeune auteur n’ait pas réussi du premier coup dans son effort, c’est au moins là une œuvre de haut vol qui s’élève au-dessus de la plupart des productions contemporaines. […] Il serait intéressant de rechercher depuis 1865, à travers ses recueils divers, les Stances et Poèmes, Les Épreuves, Les Solitudes, Les Vaines Tendresses, la trace de cette préoccupation constante : elle se marque surtout dans la traduction en vers du premier livre de Lucrèce (1869) et dans le petit poème, peu connu et très digne de l’être, Les Destins (1872). […] Elle a fait l’homme en achevant lentement et pièce par pièce l’ouvrage ébauché par les infinis, que ces infinis s’appellent l’Éternité, l’Étendue, ou la Cause première qui n’a pas dit encore son vrai nom.
Si tout dépend du premier concept, il faut poser mieux la question, étudier les faits en intrinsèque, et ne pas répéter une logomachie qui ferait honte à une fermière. […] XI Quant à sa correspondance, en voici les quatre premiers volumes. […] Mais je déclare que j’ai lu avec beaucoup de soin ces quatre volumes qui racontent les quarante premières années de sa vie, et que je n’ai pas trouvé un seul fait qui appuie cette accusation de méchanceté. […] Proudhon, au contraire, d’un cœur trop tendre pour rester virginal comme Newton, fut aussi chaste que tendre avec les femmes, — et les femmes, c’est encore trop dire, car il n’en a peut-être aimé que deux : celle qu’il épousa, et la jeune fille qui se réfugia en Suisse (nous dit sa Correspondance) et que les tristes nécessités de sa première jeunesse ne lui permirent pas d’épouser. […] La condition première, la condition impérieusement exigible du génie, c’est la sincérité ; et Rousseau, en rien, ne fut sincère.
Le livre tout entier n’est qu’un hors-d’œuvre de la conception première. […] C’est la disparition volontaire d’un homme qui marchait au premier rang de l’état-major intellectuel de son siècle, et qui se jette dans le trou de sa décadence, dans ce byzantinisme encore plus honteux que celui de la décrépite Byzance ; car le sien, à Byzance, s’exerçait sur les choses sacrées, sur la théologie, sur la science de Dieu, et le nôtre, à nous, sur quelles chichetés s’exerce-t-il ? […] Cet écrivain d’un talent raffiné et d’un coloris si souvent charmant, sur qui j’aurais presque pleuré quand il tomba de ses premiers romans sur le trottoir de La Fille Élisa, est resté meurtri et taché de cette chute. […] Mais, avec M. de Goncourt et le procédé simplificateur de sa préface, il ne s’agit que de mettre ces premiers troubles et ces premières rougeurs sous pli cacheté, à la poste et à l’adresse de M. de Goncourt, chez M. […] Puisque l’esprit des romanciers de cette heure n’a plus assez d’énergie pour créer sans avoir un modèle sous les yeux ou dans la mémoire, et que les mannequins sont devenus de première nécessité, en littérature !
Arrivons au premier. […] Le caractère sui generis de la négation vient de la superposition du premier au second. […] La philosophie pourra donc, des termes du premier genre, tirer ceux du second, mais non pas du second le premier : c’est du premier que la spéculation devrait partir. […] D’abord, il suffit de la plus légère diminution du premier principe pour que l’être soit précipité dans l’espace et le temps, mais la durée et l’étendue qui représentent cette première diminution seront aussi voisines que possible de l’inextension et de l’éternité divines. […] Mais il importe de l’envisager sous un autre aspect, qui n’est d’ailleurs qu’une transposition du premier.
On aime à trouver quelques défauts dans ce premier des chefs-d’œuvre d’un auteur qui s’est approché de la perfection autant qu’il est permis à l’humanité. […] Bajazet est un ouvrage du second ordre, qui n’a pu être fait que par un homme du premier. […] Quels sont donc les ouvrages du premier, composés depuis Racine ? […] L’entrée de Monime, au premier acte, paraît avoir peu de noblesse ; elle vient elle-même trouver Xipharès. […] Chez Euripide, il est plus père que roi ; dans sa première entrevue avec sa fille, il serre Iphigénie entre ses bras, il pleure, il ne peut s’en séparer.
Il a été le ministre favori et fidèle du premier roi de France moderne. […] Cette première fois il s’en tira assez facilement. […] Parti, au premier moment, pour Paris, il rebroussa. […] À ce que je vois, le monde est devenu beau-fils depuis ma connaissance première. […] Son premier livre est et veut être un Pindare français.
Les faits sont si dissemblables qu’au premier aspect on les juge tels qu’ils se présentent, c’est-à-dire isolés et séparés. […] La philosophie de l’histoire a été son premier goût et son premier emploi. […] Non : l’oiseau est petit. »« Heureuse » doit être le premier mot, parce que l’émotion dominante première est un élan de bonheur. […] Dès sa première action, Saint-Simon se montre ardent et emporté. […] Un enfant entendrait du premier coup toutes ses expressions et tous ses tours.
Lisez le fragment intitulé : Comparaison des chrétiens des premiers temps avec les chrétiens d’aujourd’hui. […] Ce qui est secondaire ou accessoire dans la philosophie du second, c’est ce qui fait le fond de celle du premier. […] Si elle s’estimait elle-même à son prix, mesuré par son impuissance, sa première démarche devrait donc être de reconnaître qu’il y a une inimité de choses qui la surpassent. […] Première épreuve ou premier crayon d’Arnolphe, ce Sganarelle n’en diffère que pour être traité moins sérieusement, dans le goût de Scarron, si je puis ainsi dire, plutôt que dans le grand goût de Molière. […] George Bengesco nous a donc donné, dans son premier volume, la Bibliographie des œuvres dramatiques, poétiques, et historiques de Voltaire.
Or, il y avait une philosophie plus juste dans les émerveillements et la terreur que la contemplation des choses inspirait aux premiers hommes. […] Dans les féeries du silence, elles émergèrent, naïves, comme au premier jour, tandis que, démâtée, roule, au large, à travers les brisants noirs des nuages, la Lune. […] Plus de mètres fixes, ni de strophes fixes : la strophe est engendrée par son premier vers ou par le vers le plus important de son évolution verbale. […] La difficulté des premiers poèmes venait de ce qu’ils étaient excessivement synthétiques. […] Nul enfantillage, d’ailleurs, dans ces « Premières poésies » ; pas de lyrisme facile, ni d’exubérance.
Piron, sentimental et langoureux, n’était pas encore lui-même ; en donnant dans l’idylle et dans l’élégie, à la suite de Segrais ou de Mme de La Suze, il payait le tribut que toute première jeunesse doit à l’imitation. […] Ses premières armes véritables se firent dans sa province et dans les guerres domestiques de clocher à clocher. […] Il est vrai que, la pièce faite et représentée avec succès, Piron se redressa, et comme les autres comédiens avaient joué assez négligemment les deux premiers jours, il leur en fit le reproche en plein foyer, devant témoins. […] On a remarqué qu’on ne revient guère du premier ; mais du second, on s’en guérit avec les années ; on le quitte ou il vous quitte. […] Ils étaient sur leur retour aussi, quand le serpent Arouet étala sa première peau brillante au soleil et éblouit nos badauds.
Vigny, Lamartine, Musset, Baudelaire, Verlaine s’étagent dans la période qui va de l’Empire premier jusque nous. […] Détaillons : Musset charma mon adolescence de 15 à 18 ans ; Lamartine eut son tour et fut remplacé par Vigny (le Vigny des poèmes philosophiques s’entend) ; Mallarmé, première manière, vint ensuite. […] — Certes, je les aime tous d’un amour chargé de gratitude, ceux qui de leurs chants grandioses ou attendris bercèrent mes premiers âges. […] Baudelaire, Verlaine, (la Fête chez Thérèse) ont été des premiers. […] Or, tout le débat porte sur cette distinction première.
, tout différents des premiers, à cela près qu’ils me donnaient l’impression, eux aussi, de commencements qui ne finissent pas (!!). […] Voilà donc un nouveau critère qui s’ajoute au premier. […] La mélodie est le principe premier et universel de toute chanson populaire. […] Le bien est léger, tout ce qui est divin court sur des pieds délicats : premier principe de mon esthétique. […] On a toute raison en ceci de le proclamer un maître de premier rang.
L’idéal nous vient de nos premières ignorances. […] Ensuite, le naturalisme, assure-t-on, date des premières œuvres écrites ; eh ! […] Jusqu’à présent, nous n’en sommes qu’aux tentatives premières. […] En première ligne, je nommerai M. […] Une déception première.
Telle est, en effet, la double caractéristique du Romantisme à ses premiers jours. […] Le titre même de cette partie du premier recueil de M. […] Paul Verlaine, avec cette fondamentale différence que le langage du premier est la Prose, et le langage du second, le Vers. […] Hector Malot pour ses premiers romans, M. […] César Franck, Ernest Reyer, Saint-Saëns et, dans ses premières œuvres, M.
France a écrit son premier roman réaliste, et il est fort bon. — Enfin ! […] Il est bien résumé par ce mot d’une des premières pages. […] Björnson sur ce premier cas. […] — C’était vrai. — Oui ; mais non pas votre premier amant. […] C’est l’idéal des jeunes premiers.
Lafon et mesdemoiselles Duchesnois et Georges parurent au premier rang ; on dut remarquer au second mesdemoiselles Volnais et Bourgoin, MM. […] Il élève au premier rang des musiciens qui ont travaillé pour l’Opéra-Comique, Grétry, ensuite Méhul, Boïeldieu, Berton et Nicolo. […] La disposition des trois premiers actes est un chef-d’œuvre de l’art, propre à servir de modèle à nos jeunes élèves de Melpomène. […] Quand les Romains furent maîtres du monde, ils se rappelaient avec une espèce de honte leurs premiers combats, leurs premiers triomphes pour de misérables hameaux. […] Les convenances sont une des premières lois du théâtre.
Guizot avait montré au début de la discussion, dans sa première réplique à M. […] Quelles qu’aient été les paroles mêmes du roi, il y a eu de sa part premier mouvement et colère.
L’impression première est que M. de Goncourt n’obtint pas la gloire égale à son mérite. […] Mais, dès l’origine, son optique était aussi particulière : dans une seule année de son Journal, une des premières, il n’oublie de mentionner que l’apparition du Fils de Giboyer et la révélation du Tannhäuser à Paris !
Et, en effet, où est-il l’historien qui oserait déclarer aujourd’hui que la recherche du vrai n’est pas sa première et essentielle préoccupation ? […] Sa première obligation est de s’effacer pour laisser en pleine lumière ce qu’il tâche de comprendre et d’expliquer.
Chaque peuple a ses signes de vénération ; et il me semble que l’action de joindre les mains n’est ni des idolâtres anciens, ni des juifs, ni même des premiers chrétiens. […] Au premier coup d’œil, on croirait que ces deux morceaux sont de la même main.
Ainsi un livre dans lequel la forme de l’Écrivain (quelle qu’elle soit ; ce n’est pas la question) est maîtresse chez elle, quand elle ne l’est pas dans les journaux, où, comme partout, la forme emporte le fond (ou l’empâte), tel est ce premier volume des Œuvres et des Hommes. […] On se croit bien obligé de dire cela à ceux qui s’étonneraient de voir aujourd’hui, dans ce premier volume consacré aux Philosophes du xixe siècle, M.
Dans leur premier essor, nécessairement théologique, toutes nos spéculations manifestent spontanément une prédilection caractéristique pour les questions les plus insolubles, sur les sujets les plus radicalement inaccessibles à toute investigation décisive. […] L’adoration des astres caractérise le degré le plus élevé de cette première phase théologique, qui, au début, diffère à peine de l’état mental où s’arrêtent les animaux supérieurs. Quoique cette première forme de la philosophie théologique se retrouve avec évidence dans l’histoire intellectuelle de toutes nos sociétés, elle ne domine plus directement aujourd’hui que chez la moins nombreuse des trois grandes races qui composent notre espèce. […] Sa première ébauche mathématique, dans les écoles de Thalès et de Pythagore, a constitué ensuite la principale source mentale de la décadence du polythéisme et de l’ascendant du monothéisme. […] Les sept derniers chapitres du tome premier contiennent une admirable exposition dogmatique, aussi profonde que lumineuse, de la logique inductive, qui ne pourra jamais, j’ose l’assurer, être mieux conçue, ni mieux caractérisée en restant au point de vue où l’auteur s’est placé.
Il résulte de ce soin même et de ce premier mystère de notre étude avec eux, que nous les aimons, et qu’il s’en répand un reflet de nous à eux, une teinte qui donne à l’ensemble de leur figure une certaine émotion : c’est souvent l’intérêt unique de ces petites nouvelles à un seul personnage. […] De là son premier roman. […] Dans sa première lettre, il n’est encore question que des noms de jeunes gens à la mode, des deux comtes allemands nouveaux venus (le comte Max et son frère) ; dès la seconde, Meyer, pour nous, s’entrevoit : « Les concerts, écrit-elle, sont commencés : j’ai chanté au premier ; je crois qu’on s’est un peu moqué de moi à l’occasion d’un peu d’embarras et de trouble que j’eus, je ne sais trop pourquoi ; c’est un assemblage de si petites choses, que je ne saurais comment te le raconter. […] Il aimait dans son pays, il aime toujours Caliste, et celle-ci, créature adorable, l’aimait également : mais elle avait monté sur le théâtre, elle avait joué dans the Fair Penitent le rôle dont le nom lui est resté ; sa réputation première avait été équivoque. […] Cette histoire toute romanesque a dans le détail une couleur bien anglaise, quelque chose de ce qu’Oswald, plus tard, reproduira un peu moins simplement à l’égard de Corinne ; et cette première Corinne, remarquez-le, esquisse ingénue de la seconde, a elle-même longtemps vécu en Italie.
Dès 1762, l’année même de la publication des premières poésies d’Ossian, traduites par Macpherson, le savant et judicieux docteur Blair en soutint, dans une dissertation publique, le mérite extraordinaire et l’authenticité. […] Ce premier chant est par là même le plus véridique et le plus soigné. […] Mon âme est accablée de douleur ; il faut que ce soit moi qui donne la main au premier des mortels. » « Je poussai un soupir profond ; je levai le tranchant de ma lame : le jeune Ferda tomba sur la terre, Ferda, le premier des amis de Cuchullin. […] « Fingal, chanta Carril, toi, héros des combats, tes actions guerrières signalèrent ta première jeunesse. […] Fingal lui envoie le barde Ullin pour l’inviter à sa fête ; son âme est tendrement émue au souvenir de ses premières amours.
. — Il ne nous reste, avec le second de ces trois grands drames, qu’un vers du premier et quelques fragments du troisième. […] Ses contemporains des premières dynasties divines avaient subi la même déchéance. […] Son premier exploit, si délicieusement raconté par l’Hymne Homérique, met en scène le double phénomène qu’il personnifie. […] Hermès est tout entier dans ce premier germe, son caractère mythologique se développe d’après les significations qu’il contient. […] Du fait que la nuit dérobe la lumière, Hermès, qui versait ses premières ombres, acquit bientôt une renommée de voleur.
Et si on saisit du premier coup la différence du rouge et du bleu sur le fond blanc, n’est-ce pas que toutes ces sensations co-existent ? […] Le Créateur, dit-on, a fait Adam avec un nombril, comme s’il était sorti du sein d’une mère, donnant ainsi au premier homme le signe d’une origine illusoire ; M. […] Aussitôt cette première connaissance faite, il pourrait concevoir le passé, et il subirait effectivement, grâce à la représentation innée d’une pomme déjà mangée, l’illusion de faire pour la seconde fois ce qu’il fait réellement pour la première fois. […] Dès lors, au premier moment de l’association des idées, il n’y aura pas évolution successive de la série en arrière, mais renaissance simultanée des termes antécédents avec des degrés divers d’obscurité. Ce premier moment est ce que Herbart appelle une série à l’état d’« involution ».
Je n’ai pas à peser ici sur ce premier livre de Féval, pour lequel la Critique du temps fut sans grandeur. […] Mais toutes ces facultés ne sont pas la faculté première ; car nous avons tous, si nous sommes organisés avec puissance et harmonie, une faculté première, une maîtresse faculté. […] Mais je n’avais pas à examiner littérairement ce premier volume, dans lequel la personnalité de Brucker tient toute la place et où il n’y a pas d’étapes encore. […] Écrire l’histoire des Jésuites, c’est bondir au milieu du feu, et c’est jusqu’à cette histoire que Paul Féval, pour son début d’historien, a bondi… « Mon premier bond, — disait lord Byron, — est celui du tigre. […] Son premier bond, il ne l’a pas manqué.
Elles se manifestèrent, dès 1661, par des restrictions imposées à leurs droits, déjà fort limités par les conventions de la paix d’Alais ; et dès lors, l’exemple étant donné, là persécution se généralisa et s’épanouit, dissimulée pendant les quinze premières années environ sous des apparences hypocrites de légalité. […] Un des premiers, il dépouillait les victimes ! […] Oublierez-vous qu’il fut un philosophe, un politique, un historien, un polémiste, un savant, un écrivain et un orateur de premier ordre ? […] Mettez en parallèle La Bruyère et Bossuet qui écrivirent à la même époque, et dites-moi si la lecture du second ne vous paraît pas insupportable après celle du premier. […] Quelqu’étrange qu’il paraisse à première vue, le fait est là, sous nos yeux, indéniable et clair : Bossuet, à la tête de l’épiscopat français, fait chasser de France l’élite de la France, cinq cent mille de ses meilleurs citoyens.
Ce n’est pas avant la même époque que l’on peut placer l’apparition des premiers tableaux détachés, des premiers panneaux de bois peints indépendamment d’une destination monumentale. […] Pour qui ne veut pas la commencer à sa première page, l’histoire reste un livre fermé. […] La nécessité de pourvoir à ces rapports est la cause première du développement d’un grand nombre de sciences qui honorent le génie de l’homme. […] Elle reste à sa place inférieure ; elle émane des premières agitations populaires, des premières influences conquises dans le mouvement social par les classes serviles. […] C’est une question bien subtile, bien pédantesque au premier abord que celle des limites de la poésie et de la prose.
« La zone du ciel, située entre 50° et 80° de latitude Sud, où se pressent en si grand nombre les nébuleuses et les groupes étoiles, emprunte à la distribution inégale des masses lumineuses un caractère particulier, un aspect qu’on peut dire pittoresque, un charme infini dû à l’agroupement des étoiles de première et de seconde grandeur, et à leur séparation par des régions qui, à l’œil nu, semblent désertes et sans lumière. […] C’est ce que prouve un passage remarquable du traité de Revolutionibus, au chapitre 9 du livre premier. » VI Cependant le télescope découvert par le hasard en Hollande, en 1608, opérait ses miracles de grossissement et de rapprochement. […] « L’intelligence (νοῦς) gouverne le développement incessant de l’univers ; elle est la cause première de tout mouvement et par conséquent le principe de tous les phénomènes physiques. […] « L’étoile nouvelle, continue Tycho, était pourvue de queue ; aucune nébulosité ne l’entourait ; elle ressemblait de tout point aux autres étoiles ; seulement elle scintillait encore plus que les étoiles de première grandeur. […] Mille autres besoins de mes sens et de mon âme se partagent mon existence ; puis je meurs, c’est-à-dire que cette existence cesse ici-bas, que mon âme, mon souffle, mon principe d’être, s’évanouit dans la douleur, la douleur mortelle, preuve que l’immortalité est mon premier besoin, et que je vais chercher ma vie nouvelle et supérieure, avec des conditions parfaites ou meilleures, avec ceux ou celles que je quitte en pleurant et regrette dans ce monde.
Chateaubriand se conduisit en grand écrivain, et moi en honnête homme ; il fut un écrivain du premier ordre, et moi un bon citoyen ; il inventa la coalition de 1827 pour se grandir, au risque de perdre la monarchie ; j’inventai la république unanime et modérée pour sauver la France et l’Europe : qu’on juge par le résultat. […] Ses premiers exils en Amérique, son émigration, ses misères, même en Angleterre, avaient été subis sous l’influence des sentiments chrétiens ; les grands spectacles de la solitude, du ciel, de la mer, des forêts, des fleuves, des cascades, qui l’avaient frappé dans son voyage, étaient empreints de cette couleur ; il les avait reflétés dans Atala et dans René, ses premières ébauches ; il avait pensé, il avait rêvé en chrétien ; sa haine même, si naturelle, contre les persécutions et les martyres des croyances de sa jeunesse leur avait donné quelque chose de tendre comme les souvenirs de la demeure paternelle, de sacré comme le foyer de ses pères ; tout son cœur et toute son imagination étaient restés ainsi de la religion du Christ. Sans doute, à son arrivée en France et pendant son séjour à Londres, où il écrivait l’Essai sur les Révolutions, ses premières impressions s’étaient évaporées, et la philosophie de Voltaire, de J. […] C’est le prophète de l’isolement, le patriarche des forêts ; c’est à ce don de la solitude de son génie qu’il a dû, dès ses premiers ouvrages, la sauvage immensité de ses conceptions et l’infinie tristesse de ses images : la mélancolie est née avec lui dans la littérature française. […] Son nom resta consacré du premier coup.
Seulement, les deux premiers opéraient sur le papier ou le marbre ; c’est sur l’homme vivant, sur la chair sensible et souffrante que celui-ci a travaillé. […] Venir se vanter aujourd’hui des conquêtes du premier empire, c’est justifier la conquête allemande. […] Je dirais presque : — Qu’importe que nous connaissions plus ou moins complètement la série des causes secondes, si la cause première doit nous échapper à jamais ? […] Mais le poète nous avertit lui-même que ses héros conservent intégralement, dans leur premier paradis, leur qualité d’hommes. […] Sully-Prudhomme n’a nullement voulu dénaturer et diviniser ses héros dans cette première étape d’outre-tombe.
Puis le choix de l’Opéra-Comique, pour cette première représentation française d’un drame de Wagner, ce choix aussi les séduisait peu. […] Et puisque Lohengrin a eu l’honneur de fournir l’occasion à ces injures des envieux et des pédants, que Lohengrin soit notre premier désir. […] Ne se souvient-elle pas des anciens serments, des premières amours ? […] Mais d’abord je voudrais vous dire dans cette première lettre quelques mots sur l’école musicale dite Nationale, et qui a la prétention, chez nous, de réformer l’Opéra comme Wagner avait voulu le faire, mais avec des moyens tout à fait différents. […] C’est ce qu’a tenté Glincka, notre premier grand compositeur.
Extrait tiré du premier livre du Sacerdoce. […] Si une puce les a mordus, ce sont des infiniment petits du premier ordre qui les incommodent. […] Par les dons de l’esprit placés aux premiers rangs, Ils ont parlé d’en haut aux peuples ignorants ; Leur voix montait au Ciel pour y porter la guerre ; Leur parole hardie a parcouru la terre. […] Grâce à lui, le blasphème, et piquant et frivole, Circulait embelli des traits de la gaîté ; Au bon sens il ôta sa vieille autorité, Repoussa l’examen, fit rougir du scrupule, Et mit au premier rang le titre d’incrédule. […] « L’église, dit-il, qu’on trouve la première, afin que l’entrée en soit libre aux séculiers, semble tenir lieu de cette première salle que les Romains appelaient atrium : de là on passait dans une cour environnée de galeries couvertes, à qui l’on donnait le nom de péristyle ; c’est justement le cloître où l’on entre de l’église, et d’où l’on va ensuite dans les autres pièces, comme le chapitre, qui est l’exèdre des anciens ; le réfectoire, qui est le triclinium, et le jardin, qui est derrière tout le reste, comme il était aux maisons antiques. » Note M, page 115.
Mais ce prélat de la fatalité en sait-il réellement le mot, la notion première ? […] Les critiques adressées à ses premiers volumes n’ont pas exercé sur lui la moindre influence. […] Trop fort dans la réalité pour s’abuser sur le personnage de l’Italie, il l’a déterminé, on vient de le voir, dans son premier volume, avec une netteté souveraine. […] Le fatalisme, dont il fait à présent une profession si ouverte, est certainement la plus triste et la plus humiliante de toutes les erreurs de notre esprit, car c’est son aveuglement par le fait et non plus l’éblouissement par l’idée ; et ce n’est pas seulement une erreur absolue, c’est aussi une erreur facile, qui ne coûte pas plus à celui qui l’exprime qu’à celui qui l’accepte, et qui, descendue d’une tête qui pense, va, par le chemin le plus court, se mettre à la portée du premier venu. […] Ferrari ne commence-t-il pas l’histoire où il veut, et du pied des premiers faits qui lui conviennent ?
Il n’était nullement difficile d’en prendre la mesure avec sang-froid, et pour notre part nous la prîmes un des premiers… Ce n’était pas, en effet, un de ces talents qui semblent tomber du ciel, tant ils sont inattendus : nous en connaissions la famille… L’idée du livre, qui valait mieux que le livre, était heureuse, et pour le moment très-nouvelle. […] Que si aujourd’hui je rappelle ce premier livre de M. […] Il avait publié Fanny, que je m’obstine à appeler, moi, malgré les défauts que j’y signalai, le meilleur de ses ouvrages, quoiqu’il fût son petit premier. […] C’est une Clarisse sans fierté, sans esprit et sans résistance, une Clarisse de premier mot, qui ne discute pas avec Lovelace, mais qui saute le mur de son couvent tout de suite, et se laisse tomber, pouf ! […] Feydeau nouvellement publié, c’est un retour à sa première manière, qu’elle fût d’ailleurs spontanée ou d’imitation dans Fanny.
On lit dans la premier volume des Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin, par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, de bien étonnants détails sur les nominations de généraux, et même de généraux en chef, qui se faisaient alors ; il y a surtout la nomination d’un certain général Carlin ou Carlenc, mis à la tête de l’armée du Rhin sur le refus de tous les autres : c’est une véritable scène de comédie. […] Désigné par le général Bonaparte, à qui il était déjà voué d’admiration et de cœur, pour faire partie de l’expédition d’Égypte, et placé dans la division du général Desaix, Friant se distingua aux premières batailles de Chébreïsse et des Pyramides, et accompagna ensuite Desaix dans la Haute Égypte. […] J’aime mieux essayer de les faire sentir que de repasser sèchement toutes les grandes batailles où il fut un des vigoureux artisans, Austerlitz, Auerstaedt, Eylau, Eckmuhl, Wagram, Smolensk, la Moskowa : — une intrépidité de premier ordre, cela va sans dire ; — l’affection de ses troupes qui lui permettait de tirer d’elles de merveilleux surcroîts de fatigue et des combats acharnés au sortir des marches les plus rudes : — « Cet homme me fera toujours des siennes », disait l’empereur, en apprenant une de ces marches sans exemple à la veille d’Austerlitz ; — l’habileté des manœuvres et le coup d’œil sur le terrain, le tact qui lui faisait sentir l’instant décisif, ce talent pratique qui est du tacticien et du capitaine, et qui montre l’homme né pour son art (cela se voit surtout dans sa conduite à Auerstaedt, à Eckmuhl) ; — oser prendre, au besoin, la responsabilité de ses mouvements dans les circonstances critiques, sans se tenir à la stricte exécution des ordres ; et, quand il se bornait à les exécuter, une activité sans trêve.
Toute cette première partie de la lettre de M. […] Dans la suite, toutefois, ne l’oublions point, ce premier et ce deuxième homme en Chateaubriand se compliquèrent d’un troisième, je veux dire de l’homme politique. […] c’est cette méthode ou plutôt cette pratique qui m’a été de bonne heure comme naturelle et que j’ai instinctivement trouvée dès mes premiers essais de critique, que je n’ai cessé de suivre et de varier selon les sujets durant des années ; dont je n’ai jamais songé, d’ailleurs, à faire un secret ni une découverte ; qui se rapporte sans doute par quelques points à la méthode de M.
Puis, lorsque plus tard encore il vit sans doute qu’illusions pour illusions il ne fallait pas être trop dédaigneux des premières, il revint à Bug, le remania, conserva le cadre, mais le redora en mille manières, enrichit le paysage de ces couleurs où la Muse lui avait récemment appris à puiser, compliqua les événements, introduisit entre ses personnages le seul sentiment qui ait un attrait souverain pour la jeunesse, et d’où sortent les rivalités, les perfidies, les sacrifices, les incurables blessures ; il mit l’amour, il montra la douce Marie. […] Cet autre roman étrange, moins brillant, moins haut en couleur que le Bug-Jargal définitif, et plus analogue à la manière sobre et précise des premières odes dont il forme le lien avec les secondes, fut compris de travers à sa naissance, et on y chercha je ne sais quelle inspiration désordonnée, au lieu de le classer parmi les romans chevaleresques dont il remplissait à la rigueur toutes les conditions. […] Dans Notre-Dame l’idée première, vitale, l’inspiration génératrice de l’œuvre est sans contredit l’art, l’architecture, la cathédrale, l’amour de cette cathédrale et de son architecture.
Il me semble alors que l’inspiration première de chaque pièce est comme une source qui, à son origine, serait obligée de se faire jour à travers un grand nombre de bateaux, et qui, ne pouvant les porter, ne gagnerait, à cet encombrement, que plus de lenteur et beaucoup de vase. […] Il avait débuté, comme on l’a dit, au premier rang et à la première heure de la jeune école poétique ; il en eut toutes les ambitions et tout le courage, et il semblait des mieux munis, par son érudition poétique étendue et forte, pour la lutte et pour la conquête. […] Je n’avais fait que l’entrevoir sous sa première forme, et je ne l’ai revu ensuite que tard, quand l’âme était calmée, adoucie, quand le volcan était éteint et que la lave s’était recouverte de terreau, de plates-bandes et d’allées sablées.
Boileau lui-même, ce strict réformateur, qui, à force d’épurer et de châtier la langue, lui laissa trop peu de sa liberté première et de ses heureuses nonchalances, Boileau ne fait autre chose que continuer et accomplir l’œuvre de Malherbe ; et, pour se rendre compte des tentatives de Malherbe, on est forcé de remonter à Ronsard, à Des Portes, à Regnier, en un mot à toute cette école que le précurseur de Despréaux eut à combattre. […] Contemporain et ami de Boileau et de Racine, le bonhomme, au premier abord, n’a presque rien de commun avec eux que d’avoir aussi du génie ; et ce serait plutôt à Molière qu’il ressemblerait, si l’on voulait qu’il ressemblât à quelqu’un parmi les grands poëtes de son âge. […] Malheureusement, rien ne nous a été transmis de ces premiers essais.
« De là ces recherches fréquentes de l’origine des distinctions parmi les nommes, ce système a opposition violente au régime existant, ces appels à l’état primordial de la société, ces revendications de l’égalité primitive ; de là ces ingénieux arguments, ces éloquentes tirades en faveur de la sauvage indépendance des premiers temps. » Admirez-vous maintenant l’influence des appartements garnis sur les cerveaux humains et les destinées sociales ? […] « Quelques écrivains du premier ordre, Montesquieu lui-même, se sont délassés de leurs profondes recherches sur l’origine des gouvernements, et de leurs abstractions philosophiques, par des contes impudiques, propres à enflammer les passions. » Serait-ce le piquant badinage des Lettres persanes ! […] Une autre fois, nous aborderons la Vie même de Napoléon ; mais elle ne nous fournira malheureusement pas l’occasion de rétracter notre premier jugement et de faire amende honorable aux pieds du génie qui tant de fois reçut nos hommages sincères.
Il y aurait un singulier rapprochement, non pas tout à fait chimérique, à établir entre le saint-simonisme de cette période, et les congrégations mystiques, et à la fois ambitieuses, des premiers temps de la Restauration. […] La pensée première a ainsi à traverser trois ou quatre enveloppes étrangères, l’Espagne, l’Italie, le moyen âge ; la dent se fatigue à chercher la pulpe sous cette contexture redoublée, et l’on est tenté de rejeter le livre comme un de ces fruits qui ne sont qu’écorce jusqu’au cœur. […] Il a jugé convenable d’en exclure un écrit de jeunesse qui parut en 1801 et qui avait pour titre, du Sentiment : c’était un pur essai vaguement expansif, comme tous les jeunes gens sont tentés d’en imprimer, la tête encore échauffée de leurs premières lectures.
Il diffère du premier en ce qu’il n’est point arbitraire et violent : on ne se prosterne pas devant lui avec tremblement, et il gouverne selon des lois. […] Il revient à elle après tant de courses ; il la trouve jeune et souriante comme aux premiers jours ; il se trouble et en même temps se ranime à son contact et sous son souffle ; il tend les bras vers elle, et sa vieille âme endolorie par tant d’efforts et d’expériences reprend la santé et le courage par l’attouchement de la mère qui l’a portée. […] Ils ont loué, comme les chantres des premières hymnes, la naissance du soleil et son cours ; ils ont retrouvé dans leur coeur renouvelé les figures des légendes primitives.
Ainsi a pu s’accomplir l’opération la plus hardie qui ait été pratiquée dans l’histoire, opération que l’on peut comparer à ce que serait, en physiologie, la tentative de faire vivre en son identité première un corps à qui l’on aurait enlevé le cerveau et le cœur. […] Dans la tribu et la cité antiques, le fait de la race avait, nous le reconnaissons, une importance de premier ordre. […] Dans ces petites sociétés, ce qui a été plus tard persécution, tyrannie, était légitime et tirait aussi peu à conséquence que le fait chez nous de souhaiter la fête au père de famille et de lui adresser des voeux au premier jour de l’an.
Mais à la fin de l’Orestie, Eschyle prend une sublime revanche des sanglantes victoires qu’il a cédées au Destin, dans les deux premières parties de son drame. […] Artémis surtout, sous son antique forme arcadienne, sauvage, presque fauve, à peine dépouillée de la peau de l’Ourse, qui avait été son premier symbole, nourrissait des instincts cruels surexcités par les carnages de ses chasses. […] L’aurige infidèle détacha les clous du moyeu d’une roue ; au premier élan du départ, le char fracassé s’abattit, et Oenomaos se brisa la tête dans sa chute.
Il y reste de la parole première une sorte de mouvement général, la facilité et le courant ; mais le style a désormais toute la précision et tout le fini que les plus curieux peuvent souhaiter ; la pensée sur chaque point a sa solidité et sa nuance. […] Cousin a l’air plus grand ; il a la ligne plus ouverte, le dessin plus large ; il se donne à première vue plus d’horizon. […] Cousin, au premier abord, paraît échapper à la loi commune ; on dirait vraiment que c’est un personnage du xviie siècle qui écrit.
Chapitre premier L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience I. […] Il y a des systèmes de mouvements, comme ceux du violoniste, qui sont enchaînés par l’habitude : la plus petite excitation du premier anneau de la chaîne produit une déchargé le long des autres anneaux, mais cette excitation, en certains cas, peut n’avoir ni le degré d’intensité ni le degré de distinction nécessaire pour être reconnue et nommée par le moi. […] Le phénomène « idéo-moteur » est conscient dans sa première moitié, inconscient dans la seconde.
En général, le vers populaire est très fortement scandé, et garde, même sans musique, une allure de chant : Je voudrais || que la rose Fût encore || au rosier… Ma mè || re j’ai || une au || tre sœur, Une au || tre sœur || qu’est tant jolie… Les strophes ou couplets varient de un jusqu’à huit vers, le refrain y joue un grand rôle, mais c’est une étude trop spéciale, trop intimement liée à la musique des chansons pour qu’il soit possible de l’introduire ici : au premier abord, la question paraît inextricable de savoir si paroles et musiques sont nées ensemble, si la musique, dans tel ou tel cas, a été faite pour les paroles, ou les paroles pour la musique. […] Au premier tour de danse La belle change de couleur, Ô beau rossignolet, Au premier tour de danse La belle change de couleur.
En même temps que le deuil du premier — madame D… prit un second amant. […] * * * Première biche. — Tu as donc lâché Arthur ? […] Première biche. — Il est si gentil !