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1421. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

J’entrai par l’appartement de la camarera-mayor, qui me vint recevoir avec toutes sortes d’honnêtetés ; elle me conduisit par de petits passages dans une galerie où je croyais ne trouver que la reine ; mais je fus bien étonnée quand je me vis avec toute la famille royale. […] Le roi la regarde manger, et trouve qu’elle mange beaucoup. […]  » Deux gentilshommes de l’ambassadeur de Hollande, pour s’être arrêtés trop respectueusement devant le carrosse de Leurs Majestés quand elles passèrent, et pour s’être trouvés par hasard du côté de la reine, étant habillés ce jour-là à la française, faillirent en être les mauvais marchands. […] Il soutenait à la marquise de Villars qu’il n’y avait qu’un ambassadeur de France qui put présentement trouver quelque plaisir dans cette Cour, à voir le méchant état où elle était. […] On raconte que, bien des années après, et dans les mois qui précédèrent sa fin, ce roi mélancolique, infirme, tourmenté de scrupules, ne sachant à qui léguer en conscience ses États, environné d’intrigues inextricables, fuyant les cris du peuple ameuté à Madrid sous son balcon, alla s’enfermer seul dans l’Escurial, et voulut descendre dans le caveau du Panthéon pour visiter les corps de ses ancêtres qui y sont déposés ; il espérait trouver quelque trêve à ses maux de corps et d’esprit par l’intercession de leurs âmes.

1422. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Ce travail est absurde, mais les pauvres artisans s’en trouveraient mal s’ils voulaient prouver que leurs examinateurs sont des niais. » Je ne crois pas qu’en parlant ainsi Gœthe fût équitable pour tous les savants de nos jours, et le succès de ses vues en physiologie végétale, ou même en anatomie comparée, montre assez que ce n’était pas la seule prévention qui s’opposait à son triomphe dans l’optique. […] Je suis sûr que plus d’un esprit chez lequel la faculté dialectique est malade trouverait un traitement salutaire dans l’étude de la nature. » Admirable vue ! […] Quand j’avais, pendant des années, travaillé de toutes les forces de mon âme, afin de plaire au monde par un nouvel ouvrage, il voulait encore que je lui fisse, de plus, de grands remerciements parce qu’il avait bien voulu le trouver supportable. — Quand on me louait, je ne devais pas accepter ces éloges avec un contentement calme, comme un tribut qui m’était dû, on attendait de moi quelque phrase bien modeste, par laquelle j’aurais détourné la louange en proclamant avec beaucoup d’humilité l’indignité profonde de ma personne et de mes œuvres. […] Aussi ses rapports personnels avec Gœthe, tout en étant bons et parfaitement convenables, s’en trouvaient quelquefois un peu gênés : « Tieck, disait Gœthe à ce propos, est un talent d’une haute signification (très-significatif, c’était encore un des mots favoris de Gœthe), et personne ne peut mieux que moi reconnaître ses mérites extraordinaires ; mais si on veut l’élever au-dessus de lui-même et l’égaler à moi, on se trompe. […] Ce qui vous fera plaisir, c’est qu’il croit à l’amour du Tasse et à celui de la princesse ; mais toujours à distance, toujours romanesque et sans ces absurdes propositions d’épouser qu’on trouve chez nous dans un drame récent… » N’oublions pas que la lettre est adressée à Mme Récamier, favorable à tous les beaux cas d’amour et de délicate passion.

1423. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Est-ce à dire que nous allions trouver quelque œuvre qui soit un monument ? […] si l’on fait pareille étude sur les origines du Théâtre des Grecs, on est sûr d’y trouver son compte, d’être bientôt récompensé de la sécheresse des débuts. […] Paulin Paris, un autre érudit des plus recommandables, qui n’hésite pas à trouver très-judicieuse cette admiration de M.  […] Louis Paris m’a forcé d’y revenir, j’en profiterai pour trouver de mon côte, par une sorte d’émulation et par contraste, les images et les comparaisons naturelles qui rendent pour moi l’effet produit par cette série de scènes et de journées, mises bouta bout, dont l’assemblage constitue un Mystère. […] Cette image si bien trouvée est de M. 

1424. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

En supposant que ces machines si compliquées sortent des villes tyriennes, l’auteur croit parer à l’objection qui se présente naturellement : comment ces barbares, fortuitement ramassés et coalisés, auraient-ils trouvé tant d’habiles ingénieurs et des Archimèdes improvisés ? […] Hamilcar trouve moyen de lui substituer un enfant d’esclave. […] Flaubert est d’avance un repoussoir tout trouvé à la Vie de Jésus de M.  […] J’appelle génie quelque chose d’heureux, d’aisé, de trouvé. […] Si vous voulez nous attacher, peignez-nous nos semblables ou nos analogues ; cherchez bien, et vous en trouverez, même là-bas.

1425. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Mais je ne trouve pas cependant qu’il ait cette indifférence absolue qu’on lui prête ; il sait très-bien marquer et faire sentir toujours ses nuances d’affection ou de déplaisance. […] Marivaux a l’horreur du vulgaire, et il cherche l’esprit. — Qu’est-ce que cela fait, puisqu’il le trouve ? […] Son talent découvrit du premier coup d’œil un ample champ de tableaux et trouva à s’y épanouir en pleine jouissance et félicité. […] Vous ne trouverez que des périphrases : c’est la même difficulté pour les plaines et les vallons… « Il n’est donc pas étonnant que les voyageurs rendent si mal les objets naturels. […] On sait mon nom ; ma vie est heureuse et facile ; J’ai plusieurs ennemis et quelques envieux ; Mais l’amitié, chez moi, toujours trouve un asile, Et le bonheur d’autrui n’offense pas mes yeux.

1426. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Son affaire principale, dans le moment présent, était de tirer parti des traités précédemment conclus, en les interprétant dans le sens le plus subtil comme le procureur le plus madré l’aurait pu faire, et en leur donnant toutes les petites entorses possibles, le tout à bonne et excellente fin sans doute, pour arrondir le royaume et pour absorber, pour niveler les restes de souverainetés étrangères qui s’y trouvaient enclavées. […] Cette affaire de Strasbourg dont il fit la sienne fut conduite avec un art et une habileté consommée ; il se posa le problème à loisir, le caressa et en trouva la solution la plus parfaite et, j’ose le dire, la plus élégante. […] On le trouva dans une visite que fit à Strasbourg un envoyé impérial, le baron de Merci ; on parut croire qu’il était venu pour ménager une rentrée des Impériaux. Le grief trouvé, l’heure était venue, Louvois fit distribuer dans des lieux circonvoisins, et assez peu éloignés les uns des autres, des troupes en nombre considérable qui paraissaient disséminées, mais qui pouvaient se réunir et se concentrer au premier signal. […] Il est bon qu’il fasse retirer ces billets — là tout doucement des corps de garde sans faire de bruit. » (Et au sujet des visites dans les hôpitaux) : « Elle est fort louable de faire cela, et si elle y trouve quelque chose de mal, elle me fera plaisir de m’en avertir ; mais il ne faut voir que l’hôpital du roi et n’aller que rarement dans celui de la ville, à moins qu’elle ne sût qu’il y eût quelque catholique auquel on refusât de donner les assistances spirituelles, auquel cas il serait fort à propos d’en avertir. » Louvois, l’approbateur, sinon l’inventeur des dragonnades, qui, dans les années suivantes, allait être si dur et si impitoyable pour les Protestants du cœur du royaume, anciens et bons Français, se montrait ici prudent et politique à l’égard d’une cité luthérienne, nouvellement française.

1427. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le Play, averti par lui et sentant qu’on ne pouvait de soi-même chercher et trouver dans bon grand in-folio les mille inductions éparses qui résultaient de cet ensemble d’observations particulières, a pris le soin de résumer les idées, d’élever les points de vue, de grouper et de serrer les comparaisons, de les développer en même temps et de les mettre dans leur vrai jour, d’en tirer les conclusions plus ou moins pratiques, plus ou moins immédiates, mais toutes fondées sur une connaissance exacte des sociétés et des peuples. […] Ce qui devient comique, c’est que Paris lui semblait, au point de vue du Gouvernement, un tel embarras et un tel fléau, qu’il ne trouvait rien de mieux à conseiller à un monarque qui veut agir librement et en dehors d’une sphère d’influences délétères, que d’abandonner Paris, « l’égout de l’Europe », à sa destinée de cloaque et de Babel, et de transférer le siège de l’empire à Bourges. […] Le cœur d’un homme vaut tout l’or d’un pays, ce beau vers d’un poète du Moyen-Age lui a paru avoir dû se réaliser et avoir trouvé son écho en bien des provinces de notre France. […] Autrefois, après la lutte, on trouvait dans l’atelier et dans la maison la paix et un repos réparateur : aujourd’hui la lutte est dans la maison même ; elle continue d’une manière sourde, lorsqu’elle n’éclate pas ouvertement ; elle mine donc incessamment la société en détruisant toute chance de bonheur domestique. » La Révolution française, en s’attaquant aux désordres des règnes antérieurs et, du même coup, à tout l’ordre ancien, a dû faire appel à la passion plus encore qu’à la vérité. […] Je rappellerai encore une pensée de M. de Bonald : « Il y a des hommes qui par leurs sentiments appartiennent au temps passé, et par leurs pensées à l’avenir : ceux-là trouvent difficilement leur place dans le présent. » Lui, il a voulu faire mentir le mot et montrer qu’il appartient au présent36.

1428. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Un collègue qu’on lui avait donné y échoua et ne parvint pas à se faire agréer par l’administration régulière des ports : Malouet, plus modeste et plus sensé, en arrivant à Rochefort, alla tout d’abord trouver l’intendant, s’en remit à lui de ses instructions et se le concilia. […] J’y trouvai toute la Correspondance de Colbert ; je fis l’extrait de tous ses règlements, auxquels tant d’autres ont été si inutilement ajoutés, car ce grand ministre est le premier et le seul qui ait laissé dans tout ce qu’il a fait l’empreinte d’un esprit aussi juste qu’étendu : aucun de ses successeurs n’a pu le remplacer. […] Au mois de septembre 1776, Malouet s’embarqua au Havre pour Cayenne et la Guyane ; il n’en revint que deux ans après, en septembre 1778 ; on était en pleine guerre d’Amérique : il fut pris dans la traversée par un corsaire et conduit en Angleterre, où il trouva tous les égards et tous les secours, mais il dut y laisser bonne partie de ses collections. […] Le côté simplement narratif, que nous trouvons reproduit dans les présents Mémoires, est aussi instructif qu’intéressant. […] Esprit cultivé comme il l’était, il trouvait à exercer ses goûts avec agrément et dignité.

1429. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

» Je ne propose pas ce raisonnement comme modèle aux philosophes et politiques, aux gens du monde, aux littérateurs et artistes ; mais je le trouvais tout naturel et facile dans l’esprit d’un catholique croyant comme  l’était l’abbé de La Mennais. […] Or, je trouve que, dans ses griefs contre Rome, il n’y a rien dont l’abbé de La Mennais l’ancien, celui d’autrefois, celui même de l’Avenir, pour nous en tenir là, n’eût eu de quoi se jouer si on lui en avait fait matière à objection. […] Sans s’attendre à le trouver parfait, ce qui ne serait pas seulement de la simplicité, mais de la folie, on se figure qu’entre lui et le type idéal qu’on s’en est formé d’après les maximes spéculativement admises, il existe au moins quelque analogie. […] Je trouve aux dernières pages du présent volume deux phrases sévères, l’une contre le Protestantisme appelé système bâtard, etc., l’autre contre ces tentatives non moins vaines qu’ardentes, etc. ; c’est du Saint-Simonisme qu’il s’agit. […] Il fallait l’entendre raconter comment, retenu au lit pendant quarante jours par une jambe cassée, il revint à Rome juste à temps pour ne pas trouver sa femme remariée : ce n’est pas que sa douleur eût été inconsolable, si le second mariage avait rompu le premier ; car, libre alors, peut-être serait-il devenu cardinal, peut-être pape, qui sait ?

1430. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Ce serait atteindre une vérité capitale, infinie en conséquences, que trouver, non pas en grammairiens et en logiciens, mais en psychologues, leur vraie nature et leur office précis. […] À ce moment, si l’on cherche le trait dominant qui règne dans ce monde divers, on ne trouve rien ; on sent bien que tout cela est beau, mais on ne démêle pas encore de quelle beauté ; on est agité par vingt tendances naissantes et aussitôt détruites ; on essaye les mots de voluptueux, de riche, de facile, d’abondant ; ils ne conviennent pas ou ne conviennent qu’à demi. On recommence alors en divisant la recherche ; on passe tour à tour en revue le paysage, l’architecture, les vêtements, les types, les expressions, les attitudes, le coloris général ; on trouve quelque trait principal et saillant pour chacun de ces fragments, on le note, comme on peut, au passage, par un mot familier ou exagéré, puis, reprenant tous ces résumés, on tâche de les résumer encore en quelque phrase abréviative qui serve de centre à tant de rayons dispersés. […] Quelle que soit cette expression, geste imitatif de l’artiste, demi-vision métaphorique du poète, pantomime figurative du sauvage, parole accentuée de l’homme passionné, parole terne et mots abstraits du raisonneur calme, l’opération mentale est toujours la même ; et, si nous examinons ce qui se passe en nous lorsque de plusieurs perceptions nous dégageons une idée générale, nous ne trouvons jamais en nous que la formation, l’achèvement, la prépondérance d’une tendance qui provoque une expression, et, entre autres expressions, un nom. […] Au lieu du mot bara, mettez le mot tree ; pour un homme qui ne sait pas l’anglais, les deux se valent et aboutissent au même effet nul ; pour un Anglais, le mot tree a justement les propriétés que nous venons de trouver dans le mot arbre. — Un nom que l’on comprend est donc un nom lié à tous les individus que nous pouvons percevoir ou imaginer d’une certaine classe et seulement aux individus de cette classe.

1431. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Il est vrai qu’il y trouvait un avantage : cette littérature était un inépuisable magasin de cadres, de formes, d’aventures, de figures, qui permettait à Lesage de travailler rapidement. […] Nous trouvons là l’explication de tout ce qu’il y a d’espagnol dans Gil Blas, exactitude topographique, vérité historique, connaissance des mœurs, couleur locale. […] Mais partout où l’on aime à s’arrêter, partout où l’on trouve une fine satire des sottises humaines, de chaudes peintures des mœurs du temps, soyez sûr que les sources de Gil Blas doivent se chercher dans la littérature française, et dans la société française. […] Comme Gil Blas, Marianne et Jacob sont chargés de nous montrer les milieux qu’ils traversent, l’une d’enfant trouvée devenant demoiselle de boutique, mise au couvent, lancée dans le monde, s’acheminant à un riche mariage ; l’autre, de laquais s’élevant à la condition de fermier général. […] L’Orient, Turquie, Perse, Inde, Chine, deviendra de plus en plus à la mode ; et nombre d’écrivains y placeront leur action romanesque, on y trouve un double avantage : les mœurs orientales donnent toute liberté à l’imagination grivoise ; de plus, on est dispensé de peindre les mœurs avec exactitude.

1432. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Et pourtant c’est cette langue chargée de diphthongues épaisses, de consonnances discordantes et de voyelles nasales, dont le maître du Dante, Brunetto Latini, trouvait la parleure la plus delitable. […] On peut trouver dans ses livres, soit quelques formes de raisonnement d’une application toujours efficace, soit un certain nombre d’axiomes philosophiques qui subsistent ; mais vainement prétendrait-on nous y faire voir l’idée claire de l’humanité. […] Nous trouverons sans doute cette idée dans les ouvrages de religion. […] En lisant les sermons de saint Bernard, le plus grand parmi les théologiens de cette période, je l’admire moins sur cette cime élevée où il se tient, égalant quelquefois ses paroles aux paroles sacrées, que je ne m’étonne de le voir si indifférent au détail de la vie humaine, comme s’il l’ignorait, ou le trouvait au-dessous de ses extases. […] Et si j’eusse voulu, par esprit, de contradiction et de malice, combien n’aurais-je pas trouvé de meilleures raisons encore pour l’affaiblir et la rabaisser ! 

1433. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Les plus profonds linguistes ont été étonnés de trouver, à l’origine et chez les peuples qu’on appelle enfants, des langues riches et compliquées. […] Prenez les livres sacrés des anciens peuples, qu’y trouverez-vous ? […] C’est folie que d’y chercher spécialement de la science ; notre science vaut incontestablement bien mieux que celle qu’on peut y trouver. […] Comme pourtant le besoin d’une religion est de l’humanité, ils trouvent commode de prendre tout fait le système qu’ils rencontrent sous la main, sans examiner s’il est acceptable 156. […] Non seulement ils ne divisent pas, mais, dès qu’ils trouvent une chose divisée, partielle, ou ils la négligent, ou ils la rejoignent en esprit au tout dont elle est séparée… C’est en cela qu’ils existent comme simples. » Voir tout cet admirable passage (Le Peuple, p. 242, 243).

1434. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Bain nous a donné dans son ouvrage une esthétique et une morale, cependant on en trouve une esquisse. […] Et certes, quand on y pense, on ne peut s’empêcher de trouver un peu vaines ces recherches qui ont pour objet de fixer l’essence du bien et du beau. […] Ils procédaient dans cette hypothèse qu’on peut trouver quelque chose d’unique, qui entre, à titre d’ingrédient commun, dans toute la classe des objets nommés beaux. » Mais cela n’est pas ; sans quoi, depuis deux mille ans, ce beau-type aurait été découvert. […] Bain paraît trouver la cause du rire dans un sentiment de pouvoir ou de supériorité, et dans l’affranchissement d’une contrainte. […] Une brusque interruption est survenue : la vue de cette chèvre ne peut causer une émotion égale à celle de la réconciliation des deux amants ; il y a donc un surplus d’émotion qui doit s’écouler ; la décharge se produit par le canal qu’elle trouve ouvert et produit le rire.

1435. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

En fin de compte, il n’a trouvé que de fausses joies dans cette liaison heureusement rompue. […] Il s’attend à la voir accablée d’humiliation, abîmée de honte ; il trouve une femme relevant, sous un petit front qui ne mugit plus, ses invectives. […] Le vertige d’en bas l’a saisie : elle trouve une joie poignante à avilir l’amour qu’il avait brisé dans son cœur. […] C’est une comédie qu’elle vient de jouer, concertée avec Lebonnard, qui n’a trouvé que ce remède, impudique plutôt qu’héroïque, pour la guérir d’un indigne amour. […] Othello, croyant aux mensonges d’Iago, n’en trouverait sa femme que plus désirable.

1436. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Elles ne mordent pas assez directement et ne trouvent pas d’avance dans l’auditoire un fond de connaissances générales qui les porte. […] Dans l’histoire des savants, dans celle des artistes, on trouverait amplement à puiser. […] La difficulté, en de tels sujets, est de trouver une biographie déjà faite, écrite avec assez d’intérêt pour être lue de suite sans froideur. […] Revenus à Athènes, ces soldats délivrés allaient trouver le poète et le remerciaient avec transport de leur avoir sauvé la vie. […] Mais voilà que, dans un banquet, quelqu’un des convives s’avise de chanter un des plus beaux chœurs d’Euripide, et aussitôt tous ces vainqueurs farouches se sentent le cœur brisé, et il leur parut que ce serait un crime d’exterminer une cité qui avait produit de tels hommes. » Voilà ce qu’on trouverait à chaque page dans Plutarque, et il fournirait, à lui seul, de quoi rendre vivante et sensible par des exemples toute l’Antiquité dont on aurait besoin.

1437. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Au château de Genlis, où elle passe une saison, elle trouve le temps de jouer la comédie toujours, de faire de la musique, d’écrire un journal de tout ce qui se voit ou se dit au château, de lire Pascal, Corneille et Mme de Sévigné, de repasser avec un chirurgien de l’endroit son ostéologie (elle savait déjà l’ostéologie), d’apprendre de plus à saigner. […] M. de Sauvigny (littérateur d’alors spirituel et pas trop médiocre) me guidait dans mes lectures : je faisais des extraits ; j’avais trouvé dans les offices un grand in-folio destiné à écrire les comptes de la cuisine ; je m’en étais emparée, et j’écrivis dans ce livre un journal très détaillé de mes occupations et de mes réflexions, avec l’intention de le donner à ma mère quand il serait rempli. […] Mme de Genlis avait trouvé son idéal. […] Il ressort pourtant de ces notes du Journal d’éducation que M. de Montpensier avait plus de distinction naturelle, quelque chose de plus fin, et qu’il trouvait que son frère aîné prenait un peu trop rondement les choses ; il le lui exprima même plus d’une fois avec la familiarité d’un camarade et d’un frère. […] Je n’ai le droit d’exprimer aucun jugement personnel sur un prince que la versatilité française est en train d’exalter et d’amplifier pour le moment, après l’avoir précipité ; seulement je sais qu’un jour, pendant cinq courtes minutes, trois académiciens étaient admis en sa présence, et qu’il trouva moyen de leur dire la date de la fondation de l’Académie de la Crusca, ce qu’aucun des trois ne savait ; et il n’était pas fâché de le dire.

1438. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

c’est convenu, dit-il, je vous trouverai une femme. […] » Aussi faut-il dire qu’il ne vit que du produit des morts que l’on trouve dans l’arrondissement. […] Je ne puis trouver une meilleure femme que Viéra. […] Transporté à la ville, il s’y trouvait dépaysé, embarrassé, mal à son aise. […] Je vous en prie, allez trouver Gabriel Andréitch, parlez-lui.

1439. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Si l’homme né pour peser respectivement le mérite des Ouvrages existoit, peut-être que dans sa balance il trouveroit une égalité qu’on ne soupçonne pas. […] Certaines classes d’Artisans ont trouvé moins d’inconvéniens & plus d’avantages dans leurs travaux, par la communication des lumières. […] Ainsi la justice, la gratitude & la miséricorde, dépendent d’avoir sçu trouver le morceau de fer qui compose la charrue, la serpe & la faucille. […] Ce mot est très-bien trouvé. […] Cette Dissertation trouvera sa place ailleurs.

1440. (1932) Les idées politiques de la France

Adroite, après les indépendants, on trouve les « républicains de gauche ». […] L’un travaille dans un monde fait, où il trouve des lois. […] Le militant moyen y trouve la même atmosphère que trouve l’actionnaire à l’assemblée générale d’une société. […] Il s’agit bien d’un intérêt d’idées, et nous nous trouvons sur le plan d’une société de pensée. […] Si le radicalisme est le parti du Français moyen, si, comme me le disait Barrès, la France est probablement radicale, c’est que, dans un pays catholique, le jacobinisme trouve précisément autant de points d’attache que le bolchevisme en a trouvé en pays tsariste.

1441. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Et ils sont désolés s’ils ne le trouvent pas. […] Gibré va trouver sa femme et lui demande conseil. […] Il avait trouvé le moyen de se réjouir du matin au soir. […] Il l’a trouvée. […] Mais ne trouvez-vous pas que c’est aérien, svelte, frêle, habilement candide ?

1442. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

» et nous ne trouvons pas. […] Cherchez et vous trouverez. » Je réponds : — Mais certainement nous, avons trouvé ! […] Tu trouveras des explications après, et, si tu n’en trouves pas, tant pis ! […] On n’a pas trouvé que ce fût assez. […] Il s’agit de lui trouver un mari.

1443. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Les civilisations oisives qui ne se croient pas menacées, ou qui du moins se croient assez fortes pour résister aux secousses, trouvent leur péril dans leur sécurité même. […] « Un soir, Armand trouva M. l’abbé Gondrand, directeur de la conscience de madame de. […] on n’avait pas trouvé d’aussi belles choses dans la prononciation des voyelles et des consonnes. […] Eh bien, avec ces éléments si simples, l’auteur du Cousin Pons a trouvé moyen de promener son réalisme sur les images les plus dégoûtantes. […] Albert de Broglie : livre qui nous a donné, non pas la surprise, mais le plaisir de trouver le jeune et noble écrivain supérieur encore à notre attente et à lui-même.

1444. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Je trouve M.  […] Faguet la trouve un peu meilleure, mais non pas de beaucoup, que celle qu’il a pratiquée. […] Pourquoi n’y ont-elles pas trouvé place ? […] Il les trouve extrêmement drôles. […] Le deuil accidentel du poète a trouvé une consolation dans la foi.

1445. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

On regarde, on observe, on s’imagine, on croit voir des rayons de lumière sur des visages que l’on trouvait indignes, il y a un mois, d’être comparés aux autres. » Ces on là, c’est la cour. […] Le Nôtre, et j’y trouve tous les jours des présents de la belle dame. […] Les présents que madame de Montespan faisait trouver chaque jour à Maintenon, prouvaient un retour de sécurité sur l’amour dont le roi lui redonnait des marques.

1446. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre septième. Les sentiments attachés aux idées. Leurs rapports avec l’appétition et la motion »

A la racine des joies les plus hautes comme des plus humbles, on trouve une dépense de mouvement proportionnée à la puissance, sous la forme d’une perception à la fois une et multiple ; on y trouve l’harmonie dans le contraste, en même temps que la satisfaction liée au déploiement de la pensée. […] Aussi ne pouvons-nous trouver notre repos que dans l’universel, dont la possession répond à l’acte le plus intense et le plus ordonné de notre pensée même.

1447. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

On trouvera dans ces deux volumes, qui, nous le répétons, seront continués et complétés, le reflet de quelques-uns de ces changements de physionomie. On y trouvera quelque chose du passé, quelque chose du présent (XIII. […] Le lecteur trouvera certainement juste d’attendre, pour les apprécier définitivement, que la Légende des Siècles ait paru en entier.

1448. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Cherchez l’article de César, vous trouverez Jean Cesarius, professeur à Cologne, & au lieu de Scipion, vous aurez six grandes pages sur Gerard Sciopius. […] Bayle a trouvé un continuateur, quoique cette entreprise eût dû paroître bien téméraire. […] Cet ouvrage, dans lequel on a recueilli les morceaux les plus agréables & les plus utiles de ces deux auteurs, ne renferme qu’un certain nombre d’articles choisis, traités avec plus ou moins d’étendue, suivant ce que l’auteur a trouvé à en dire de nouveau.

1449. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Il se peut faire qu’une femme soit surprise par les douleurs de l’enfantement en pleine campagne, il se peut faire qu’elle y trouve une crèche, il est possible que cette crèche soit appuyée contre les ruines d’un ancien monument ; mais la rencontre possible de cet ancien monument est à sa rencontre réelle comme l’espace entier où il peut y avoir des crèches est à la partie de cet espace qui est occupée par d’anciens monuments. […] Parce qu’ils se trouvent plus souvent dans la scène de la nature qu’on se propose d’imiter qu’ils ne s’y trouvent pas. […] Rousseau et ce qu’on devrait trouver et ce qu’on cherche en vain dans le tableau de M. de La Tour.

1450. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Les génies médiocres sont submergez ; mais les génies puissans trouvent enfin le moïen d’aborder au rivage. […] Si son génie le détermine à la poësie, et par consequent à l’amour des lettres, son heureux naturel méritera qu’un honnête homme le trouve digne de son attention. […] L’enfant né avec le génie qui fait les peintres, craïonne avec du charbon, dès l’âge de dix ans, les saints qu’il voit dans son église : vingt années se passeront-elles avant qu’il trouve une occasion de cultiver son talent ?

1451. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Les taureaux, la voyant débarrassée, se mirent à la recherche de son petit, mais ils eurent beau fouiller les broussailles, ils ne trouvèrent rien et rentrèrent tristement au parc en se disant que le veau avait sans doute été dévoré par quelque fauve. […] Un jour un boucher vint demander à la vieille de lui vendre son taureau mais elle s’y refusa formellement « Takisé, dit-elle (elle avait donné ce nom à son nourrisson), « Takisé n’est pas à vendre. » Le boucher, mécontent du refus, alla trouver le sartyi134 et lui dit : « Il y a chez la vieille Zeynêbou un « gros taureau qui ne doit être mangé que « par toi tant il est beau. » Le sartyi envoya le boucher et 6 autres avec lui sous le commandement d’un de ses dansama135, chercher le taureau de la vieille. […] La vieille n’avait ni enfant ni captive et devait faire son ménage elle-même ; mais il advint que, depuis qu’elle avait déposé dans le canari des restes de Takisé, elle trouvait chaque jour sa case balayée et ses canaris remplis d’eau jusqu’au bord.

1452. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

La guinnârou alors s’en vient trouver Ahmed : « Le jour où je t’ai donné la bague, lui reproche-t-elle, je t’ai recommandé de ne pas laisser ta femme s’en emparer : Maintenant il te faut rester ici trois mois. […] Le dernier jour de ce délai arrivé, avant de tirer ton dernier coup de fusil, tu viendras me trouver et je te donnerai quelque chose ». […] Vous y trouverez porte close, mais cela ne fait rien !

1453. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

La seule solution était donc de trouver quelque provisoire qui conciliât le sentiment religieux et l’analyse scientifique.‌ […] Oui, le bienfait dont nous remercions le maître qui vient de mourir, c’est qu’il a trouvé un joint pour conserver à l’esprit moderne le bénéfice de cette prodigieuse sensibilité catholique dont la plupart d’entre nous ne sauraient se passer, car elle a façonné trop longtemps nos ancêtres. […] Dans cette exquise Vie de Jésus, élégie et idylle mêlées, dont la grâce toujours enchantera les artistes, déjà nous avons cessé de trouver un contentement moral.

1454. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 506

De pareils Livres ne devroient jamais trouver des Lecteurs & encore moins des Traducteurs, & cependant, à la honte des Lettres & des mœurs, celui-ci a trouvé les uns & les autres.

1455. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Sainte-Beuve continuer la discussion, je trouverai l’occasion de revenir sur ce sujet. […] Dès qu’il trouva jour à parler, M.  […] Prenons bien garde, messieurs, de retomber nous-mêmes dans ce que nous trouvons de blâmable ou de ridicule quand nous lisons l’histoire du passé. […] Et croyez bien, messieurs, que la Chambre des pairs de 1828 eût été bien surprise, si elle s’était trouvée saisie d’un pareil cas ! […] C’est par là que bien des idées vagues ou fausses s’éclaircissent ou se rectifient ; que dans un temps prochain et futur bien des questions futiles ou dangereuses te trouveront graduellement et insensiblement diminuées, et, qui sait ?

1456. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

De là, sans parler des raisons politiques et de l’instinct national, le peu de succès que trouvèrent chez nous les jésuites, avec leur religion aimable, fleurie, assoupissante, et le succès au contraire que trouva le jansénisme330. […] Cette fois il avait, non pas exécuté définitivement l’abdication de son intelligence, mais trouvé la vérité supérieure qui pouvait mettre l’unité dans sa vie intellectuelle et morale, la vérité où étaient compris toute certitude et tout bonheur. […] Son idéal est de trouver les voies les plus rapides, les moins pénibles, et les plus sûres de la persuasion : il compose rigoureusement, il donne à ses discussions la rigueur et la clarté d’une démonstration scientifique. […] Il lui fera remarquer ensuite le peuple juif, et ce livre, qui est son histoire, sa loi, sa religion : là l’homme trouvera le récit de la chute d’Adam ; et cette idée d’une nature d’abord excellente, puis déchue par le péché, illuminera les contradictions qu’on aura d’abord relevées. […] 4° Mais ces deux arguments sont des arguments indirects, qui rendent la religion probable et font désirer de la trouver vraie.

1457. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Entouré de glorieux modernes, derrière lesquels il aurait pu faire aux anciens une guerre spécieuse, Desmarets se garde bien de les appeler à son aide, parce qu’il les sait prévenus en faveur d’Homère et de Virgile ; il trouve plus beau d’être seul contre tous. […] Tout ce qui plaît à notre imagination dans la sublimité des fables homériques, tout ce qui touche nos cœurs dans cette première et naïve expression des passions humaines, notre raison l’approuve, et elle y trouve sa part dans la leçon morale qui s’insinue sous le plaisir. […] Tous les deux ont l’esprit touché d’un idéal de héros qu’ils ont trouvé, Perrault dans les romans, Boileau dans les poétiques d’alors. […] Elle aussi trouve à reprendre dans Homère ce que Perrault et Desmarets appelaient des mots bas. […] Il a eu et mérité la fortune très rare, après avoir passé par la vogue, de trouver la justice.

1458. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Que sera-ce si nous descendons aux disciples et aux sous-disciples, puis aux brutes sanguinaires ou rusées comme on en trouve à peu près toujours, à peu près partout ? […] Il n’y a pas bien longtemps, des auteurs de talents divers et d’une estimable conscience littéraire, trouvèrent, à nous les vanter, la réputation ou la célébrité. […] Mais comme des glaciers sortent des ruisseaux qui désaltéreront l’homme, ou s’emploieront à ses industries, il descend aussi des cimes morales, un courant où l’humanité s’abreuve et trouve de la force pour vivre et pour agir. […] Mais l’esprit de vérité ne voulait trouver aucune excuse aux méprises ou aux exagérations d’un patriotisme parfois bien intentionné. […] Encore moins trouverions-nous les raisons du bien dans les conditions de l’existence et du non-être.

1459. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

La France est alors paisible et puissante ; les coffres de l’État sont remplis ; le commerce cherche et trouve des débouchés aux Indes comme au Canada. […] Vous ne trouvez rien que quelques poésies qui ressemblent à des plaintes, des ballades dont l’une des plus connues a pour refrain : ça ! […] Or, l’Art et le Métier ont des exigences contraires, et l’homme de lettres s’est trouvé tiraillé entre deux directions opposées. […] Et ils eurent le bonheur de trouver des disciples passionnés, des interprètes éloquents. […] Lui-même parle du rôle des poètes avec une fierté que chacun trouve naturelle.

1460. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

On ne l’y trouve pas. […] Eût-il trouvé la chose futile ou plaisante ? […] C’étaient ses pantoufles, et c’est ainsi qu’un jour l’y trouva Charles Grün, hégélien venu tout exprès d’Allemagne pour le voir. […] Grün fut ravi et le trouva beau ! […] C’est là même l’infériorité de ce livre posthume, auquel la dernière main a manqué et que j’ai l’audace de trouver beau.

1461. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Hugo ne trouve rien de mieux que de leur persuader, dans sa préface, qu’il est leur miroir, et qu’en lui ils vont se reconnaître. […] Seulement, sur cette vieille erreur de la métempsychose, il pouvait trouver de beaux vers. […] Elle est la profession de foi d’un homme qui (toujours littérairement) n’a pas trouvé d’épithète plus heureuse pour Dieu que de l’appeler le Grand Caché. […] Je ne l’ai point trouvé. […] Hugo encore ; — pour le coup, caractérisant très bien son genre de travail, — nous avons trouvé un poète que nous n’attendions guère, un poète vivant quand nous pensions trouver un poète mort !

1462. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 171

On ne peut même dire de lui à present ce que Boileau en disoit de son temps, Et jusqu’à d’Assoucy, tout trouva des Lecteurs. Son Ovide en belle humeur ne trouve plus des gens d’assez mauvais goût pour le lire ; aussi ce Poëte, si on peut l’appeler ainsi, avoit-il choisi le plus pitoyable de tous les genres, sans avoir les mêmes talens que Scarron, pour se le faire pardonner.

1463. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Les facultés merveilleuses qu’il avait reçues et qui se faisaient aussitôt reconnaître s’accoutumèrent sans aucun effort à trouver leur forme favorite et leur satisfaction dans les exercices graves qui remplissaient la vie d’un jeune ecclésiastique et d’un jeune docteur, thèses, controverses, prédications, conférences ; il y mettait tout le sens et toute la doctrine, il y trouvait toute sa fleur. […] Avec la Bible il avait toujours aussi son saint Augustin présent, il le possédait à fond comme le grand réservoir des principes de la théologie, et celui de tous les Pères chez qui on est le plus sûr, en quelque difficulté que ce soit, de trouver « le point de décision ». […] Les succès de Bossuet dans les chaires de Paris, lorsqu’il y vient faire des apparitions périodiques et assez fréquentes pendant ses années de résidence habituelle à Metz, sont peints avec une vivacité et avec une grâce qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans un compte rendu de sermons ; on y assiste à ce premier règne de la grande éloquence avant la venue de Bourdaloue. […] Bossuet, à la différence de Bourdaloue ou de Massillon, n’a donc jamais répété ni le même carême ni le même Avent ; il se renouvelait sans cesse, il s’appropriait sans relâche ; il était incapable de monotonie, d’uniformité, même en parlant de ce qui ne varie pas ; il voulait dans ses instructions les plus régulières une fraîcheur de vie toujours présente, toujours sensibleaa ; rien du métier ; il voulait l’action, l’émotion toute sincère ; il fallait que toute son âme, son imagination, émues de l’Esprit d’en haut, y trouvassent leur place et à se répandre chaque fois ; il ne pouvait souffrir dans l’orateur sacré que toutes ses paroles et ses mouvements fussent à l’avance réglés et fixés ; ce n’était plus verser la source d’eau vive.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Je trouve dans ces estimables travaux tout ce qu’on peut désirer de savoir sur l’abbé de Saint-Pierre, hormis un point très essentiel sur lequel on n’a peut-être pas assez insisté. […] Après trois ou quatre ans donnés à la physique, à laquelle il eût été propre peut-être plus qu’à aucun autre objet, désirant surtout faire servir ses progrès personnels au bonheur des hommes, il suivit l’exemple de Pascal et de Socrate, il passa à l’étude de la morale ; et comme celle-ci ne trouve guère son application en grand et son développement qu’à l’aide des lois et des institutions civiles, il fut conduit nécessairement à s’occuper de politique : car nul esprit n’était plus docile que le sien à mettre en pratique et à suivre jusqu’au bout la série de conséquences qui s’offraient comme justes. […] C’est lui qui, un jour qu’un homme en place, excédé de son procédé, lui en faisait sentir l’inconvenance, répondait sans s’émouvoir ; « Je sais bien, monsieur, que je suis, moi, un homme fort ridicule ; mais ce que je vous dis ne laisse pas d’être fort sensé, et, si vous étiez jamais obligé d’y répondre sérieusement, soyez sûr que vous joueriez un personnage plus ridicule encore que le mien. » C’est lui qui, s’apercevant un jour qu’il était de trop dans un cercle peu sérieux, ne se gêna pas pour dire : « Je sens que je vous ennuie, et j’en suis bien fâché ; mais moi, je m’amuse fort à vous entendre, et je vous prie de trouver bon que je reste. » Tout cela est bien de l’homme dépeint par La Bruyère dans son portrait chargé, mais reconnaissable, de celui même que le cardinal de Fleury, à son point de vue de Versailles, appellera un politique triste et désastreux ; malencontreux, du moins, et intempestif, qui avait reçu le don du contretemps comme d’autres celui de l’à-propos, et qui, lorsqu’il se doutait du léger inconvénient, prenait tout naturellement son parti de déplaire, pourvu qu’il allât à ses fins. […] eût-il trouvé pour l’auteur plus d’indulgence que pour le visiteur importun ? […] Le cœur en trouve quelquefois de victorieuses, même contre l’esprit.

1465. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il est une molécule vivante, incessamment excitée et modifiée par l’organisme social dont elle fait partie intégrante ; arrêter la molécule, la monade, au point où on la trouve, la détacher du tout, la soumettre au microscope ou au creuset expérimental, la retourner, la décomposer, la dissoudre, et conclure de là à la nature et à la destinée du tout, c’est absurde ; conclure seulement à la nature et à la destinée de la molécule, c’est encore se méprendre étrangement ; c’est supprimer d’abord, dût-on y revenir plus tard et trop tard, c’est supprimer le mode l’influence que l’individu reçoit du tout, à peu près comme Condillac faisait pour les détails organiques de sa statue, qu’il recomposait ensuite pièce à pièce sans jamais parvenir à l’animer ; c’est, comme lui, par cette suppression arbitraire, rompre l’équilibre dans les facultés du moi et se donner à observer une nature humaine qui n’est plus la véritable et complète nature ; c’est décerner d’emblée à la partie rationnelle de nous-mêmes une supériorité sur les facultés sentimentale et active, une souveraineté de contrôle qu’une vue plus générale de l’humanité dans ses phases successives ne justifierait pas ; c’est immobiliser la monade humaine, lui couper la source intarissable de vie et de perfectibilité ; c’est raisonner comme si elle n’avait jamais été modifiée, transformée et perfectionnée par l’action du tout, ou du moins comme si elle ne pouvait plus l’être ; c’est supposer gratuitement, et le lendemain du jour où l’humanité a acquis la conscience réfléchie de sa perfectibilité, que l’individu de 1830, le chrétien indifférent et sans foi, ne croyant qu’à sa raison personnelle, porte en lui, indépendamment de ce qui pourrait lui venir du dehors, indépendamment de toute conception sociale et de toute interprétation nouvelle de la nature, un avenir facile et paisible qui va découler, pour chacun, des opinions et des habitudes mi-partie chrétiennes, mi-partie philosophiques, mélangées à toutes doses. […] Par cela seul aussi, votre solution de la destinée humaine est toute trouvée ; on la voit venir d’avance ; elle est impliquée dans votre mode de recherche. […] Nous n’avons à rétracter que le reproche que nous lui faisions de trop peu examiner et de dédaigner ; il a examiné avec candeur et sympathie ; s’il n’a pas trouvé lui-même, il a conduit plus d’une fois par l’impartialité de son exposition l’auditoire attentif et frémissant sur la seule voie où l’on puisse trouver désormais. […] Jouffroy va s’efforcer d’y arriver à l’aide de l’observation psychologique et de l’induction ; car, dit-il, ce sont les idées qui gouvernent les individus, ce sont les idées qui gouvernent également les nations ; c’est par conséquent dans les idées du moi et dans la raison individuelle qu’on peut seulement trouver la solution du problème social.

1466. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Par elle il s’ouvre, se remplit ; tout le monde moral et physique trouve un accès en lui. […] Ils trouveront plus de matière dans le xvie et dans le xviie  siècle que dans le xviiie  ; de ces deux premiers, il n’est presque rien à proscrire, sauf les exigences de la moralité ; de l’autre, il n’est presque rien qu’on puisse lire sans défiance : trois ou quatre ouvrages peut-être, de trois ou quatre écrivains. […] Enfin je voudrais ouvrir largement le xixe  siècle aux jeunes gens, sans exclure aucun genre et sans craindre d’accueillir des œuvres que la postérité ne recueillera pas ; ils y trouveront, sous une forme nouvelle et appropriée à leur façon de sentir, de penser et de parler, la plupart des idées qu’ils auront précédemment tirées des anciens, des étrangers et des classiques. […] Quand on veut s’en servir, on ne trouve dans sa mémoire que des phrases de commande et des jugements de convention. […] L’idée sera vôtre alors ; elle aura pour vous une valeur réelle et propre ; quand vous l’exprimerez, elle ne sonnera pas creux, et vous en trouverez sans peine l’expression énergique et précise.

1467. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

C’est un sentiment qui tient tout entier dans le mot de cette Napolitaine qui disait que son sorbet était bon, mais qu’elle l’aurait trouvé meilleur s’il avait été un péché. […] Elle a la manie de mâchonner continuellement des tiges de résédas, et, après sa mort, on trouve dans son salon, au fond d’une caisse de résédas, le cadavre d’un enfant (le Dessous des cartes d’une partie de whist). […] Il écrit couramment (et je ne sais si vous sentez comme moi ce qu’il y a d’impayable dans l’intonation à la fois hautaine et familière et, pour ainsi dire, dans le « geste » de ces phrases) : « Spirituelles, nobles, du ton le plus faubourg Saint-Germain, mais ce soir-là hardies comme des pages de la maison du roi, quand il y avait une maison du roi et des pages, elles furent d’un étincellement d’esprit, d’un mouvement, d’une verve et d’un brio incomparables. » — « Il fallait qu’il fût trouvé de très bonne compagnie pour ne pas être souvent trouvé de la mauvaise. […] Je trouve des passions singulières et d’une énergie féroce ; mais de tous ces drames vous n’extrairez pas, j’en ai peur, une goutte de vraie pitié ni de simple tendresse.

1468. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Le libéralisme du public est tel à cet égard que les promoteurs de ligues contre l’immoralité de certaines manifestations esthétiques trouvent peu d’écho et de faveur dans le public. […] Beaucoup regardent l’art comme un divertissement et un passe-temps et admettent que de même que chacun a le droit de prendre son plaisir où il le trouve, chaque artiste a le droit d’amuser et d’intéresser son public à sa façon. — Le blâme moral et social, le désir de réglementation, de répression et de limitation de la liberté de l’art ne s’expriment chez nous avec une certaine âpreté que chez des spécialistes ou des professionnels de la morale : sociologues, éducateurs, professeurs, pasteurs. […] Il est difficile de trouver du nouveau. […] Peu d’artistes partageraient aujourd’hui l’espoir un peu naïf de Mme de Staël qui croyait que la littérature pourrait trouver dans les nouvelles conditions sociales des causes de renouvellement, que le théâtre, la philosophie et l’éloquence seraient appelée à un éclat imprévu46. On peut trouver au contraire que la démocratie niveleuse, la prédominance des préoccupations politiques, électorales, etc., les progrès de la centralisation et par suite l’uniformité croissante des idées, des mœurs, du langage, du costume, de tous les aspects de la vie sociale ne sont pas de nature à esthétiser le spectacle du monde ni à favoriser l’originalité.

1469. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Les sectes flottantes entre le judaïsme, le christianisme, le baptisme et le sabisme, que l’on trouve dans la région au-delà du Jourdain durant les premiers siècles de notre ère 284, présentent à la critique, par suite de la confusion des notices qui nous en sont parvenues, le problème le plus singulier. […] Jean accueillit très bien cet essaim de disciples galiléens, et ne trouva pas mauvais qu’ils restassent distincts des siens. […] Tel était le degré d’autorité conquis par le baptiste qu’on ne croyait pouvoir trouver au monde un meilleur garant. […] Le rapprochement des versets 22 et 23 du chapitre ni de Jean, et des versets 3 et 4 du chapitre IV du même évangile, porterait d’ailleurs à croire que Salim était en Judée, et par conséquent dans l’oasis de Jéricho, près de l’embouchure du Jourdain, puisqu’on trouverait difficilement, dans le reste de la tribu de Juda, un seul bassin naturel qui puisse prêter à la totale immersion d’une personne. […] Res., III, 333) n’a pu rien trouver sur les lieux qui justifiât cette allégation.

1470. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

À côté de La Bruyère on trouverait d’autres exemples moins frappants, mais aussi peut-être plus coulants et plus faciles. […] Dangeau lui écrivait, à propos d’une lettre à Berwick qu’on trouvait remplie de délicates louanges : « Elles ont été du goût de tous les honnêtes gens qui sont à Marly. » Mais ce genre de vogue ne l’aurait mené qu’à être apprécié de ses amis et des sociétés qu’il égayait, et ne lui aurait pas même procuré une physionomie distincte dans la chronique du temps. […] Je crois saisir dans ce portrait-là comme un reflet d’Hamilton en personne ; mais c’est surtout quand il nous peint sa sœur, la belle Mlle d’Hamilton qui épousa Grammont, c’est dans cette page heureuse entre tant d’autres qu’il lui échappe des traits que je lui renvoie à lui-même, et que j’applique non pas à sa muse (ce sont des noms solennels qui ne lui vont pas), mais à sa grâce d’écrivain : Elle avait, dit-il, le front ouvert, blanc et uni, les cheveux bien plantés, et dociles pour cet arrangement naturel qui coûte tant à trouver. […] J’ai sous les yeux la magnifique édition exécutée à Londres en 1792, avec les nombreux portraits gravés ; je vois défiler ces beautés diverses, l’escadron des filles d’honneur de la duchesse d’York et de la reine ; je relis le texte en regard, et je trouve que c’est encore l’écrivain avec sa plume qui est le plus peintre : Cette dame, dit-il d’une Mme de Wetenhall, était ce qu’on appelle proprement une beauté tout anglaise ; pétrie de lis et de roses, de neige et de lait quant aux couleurs ; faite de cire à l’égard des bras et des mains, de la gorge et des pieds ; mais tout cela sans âme et sans air. […] Quelques Réflexions en vers, qu’on trouve à la fin de ses poésies, attestent, en effet, qu’il eut son jour de repentir sincère, comme La Fontaine.

1471. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

le voyage qui la lui a donnée ; mais c’est le voyageur, le voyageur qui n’avait pas besoin de courir le monde pour trouver en soi ce qui fait les livres vivants, c’est-à-dire de l’aperçu pour les éclairer et de l’expression pour les écrire. […] Peintre de talent sur la toile, que nous n’avons pas ici à apprécier, Eugène Fromentin est allé demander deux fois à l’Afrique ce que les peintres vraiment inventeurs trouvent par l’intuition seule de leur génie, fussent-ils culs-de-jatte, et voilà qu’une fois parti il n’a pu résister à la facilité de ce livre de tout le monde que chacun peut faire, et même les enfants et les femmes, car les femmes et les enfants aiment très fort à parler de leurs impressions personnelles. […] Homme qui se déplace bien plus qu’il ne voyage, il a déjà bu, les yeux mi-clos, à cette large coupe de la Contemplation sous le ciel bleu, et il l’a trouvée d’un goût si friand qu’il y revient encore tout en se grondant d’y revenir. […] On y discute des manières de peintre et des sujets de tableau ; on y trouve du respect pour Rembrandt, sentiment honorable, mais insuffisant pour parler dignement de ce grand homme. […] … Il faut au moins de grandes raisons quand on se déshonore… Mais quels avantages trouvent à être de l’Académie des hommes supérieurs par le talent à ce petit groupe dans lequel ils mendient une quarantième place ?

1472. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ce philosophe, né avec plus d’imagination que de profondeur, et qui peut-être avait plus d’esprit que de lumières ; qui s’agita toute sa vie pour être en spectacle, mais à qui il fut plus facile d’être singulier que d’être grand ; qui courut après la renommée avec l’inquiétude d’un homme qui n’est pas sûr de la trouver ; qui quitta sa patrie, parce qu’il n’était pas le premier dans sa patrie, qui s’ennuya loin d’elle, parce qu’il n’avait trouvé que le repos, et qu’il avait perdu le mouvement et des spectateurs ; qui, trop jaloux peut-être des succès des sociétés, perdit la gloire en cherchant la considération ; frappé de bonne heure de la grande célébrité de Fontenelle, avait cru devenir aussi célèbre que lui en l’imitant. […] Ailleurs, on loue ceux qui gouvernent sous le prince ; tout pouvoir trouve un culte. […] Voici quelques traits de cet éloge ; on y trouvera cette teinte de poésie qui convient au genre, et encore plus à un peuple à peine civilisé, où le génie même doit avoir plus de sensations que d’idées : « Supposez, dit l’orateur, un Moscovite sorti de sa patrie avant les entreprises de Pierre-le-Grand ; supposez qu’il ait habité au-delà des mers, dans des climats où le nom et les projets du czar n’aient pas pénétré. […] Parcourez des pays innombrables ; partout vous trouverez des traces de ses pas.

1473. (1904) Zangwill pp. 7-90

Séailles sent beaucoup plus vivement que moi combien ces expressions sont inconvénientes ; pour moi elles me paraissent tout simplement insupportables ; libertaire impénitent, j’y trouve, j’y entends toute une résonance de respect religieux ; encore avons-nous pris un exemple minimum ; et dans cet exemple minimum, il y a des expressions désastreuses, comme une chaire trop haute, et d’où l’on descend ; évidemment le journaliste veut donner au Peuple l’idée que la chaire de M.  […] … « si l’on juge par l’issue, bien des gens trouvent qu’il n’avait pas tort. […] « Plus on les regarde, plus on trouve que leurs gestes, les formes de leurs visages annoncent une race à part. […] Ici, et à cinquante lieues alentour de Paris, la beauté manque, mais l’intelligence brille, non pas la verve pétulante et la gaieté bavarde des méridionaux, mais l’esprit leste, juste, avisé, malin, prompt à l’ironie, qui trouve son amusement dans les mécomptes d’autrui. […] Comme la fleur double est obtenue par l’hypertrophie ou la transformation des organes de la génération, comme la floraison et la fructification épuisent la vitalité de l’être qui accomplit ces fonctions, de même il est possible que le moyen de concentrer toute la force nerveuse au cerveau, de la transformer toute en cerveau, si l’on peut ainsi dire, en atrophiant l’autre pôle, soit trouvé un jour.

1474. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Toute une correspondance d’un romancier connu s’est trouvée de la sorte mise aux enchères. […] Leur auteur a-t-il trouvé le moyen de traduire la sensibilité la plus hardiment moderne dans des vers dont la facture relève de Boileau ? […] On trouvera ici, à défaut d’une étude complète, quelques notes sur la manière dont Balzac semble avoir compris l’art du roman. […] … » Pascal n’a pas d’accent d’une piété plus fervente quand il dit : « Il n’y a que trois personnes, les unes qui servent Dieu l’ayant trouvé, les autres qui s’emploient à le chercher ne l’ayant pas trouvé, les autres qui vivent sans le chercher ni l’avoir trouvé. […] Chez Pascal, vraiment, pour rappeler une autre de ses phrases, nous trouvons, non pas un auteur, mais un homme.

1475. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 217-218

Parmi une infinité d’Ouvrages qu’il a publiés, il ne s’en trouve aucun qui ne renferme des vûes avantageuses & bien présentées. […] Les recherches profondes, les discussions savantes, les observations justes & lumineuses, l’exposition de quantité d’expériences curieuses, les instructions méthodiques, répandues dans ses Ecrits, font juger combien le Recueil en seroit préférable à l’Encyclopédie, si, pour la partie des Sciences & des Arts qu’il n’a point traités, il eût trouvé des Coopérateurs aussi zélés, aussi intelligens, aussi laborieux que lui.

1476. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

N’avez-vous pas trouvé aussi que M.  […] Trouvez-vous, même en remontant plus haut que M.  […] Vous allez me trouver bien vaniteux, Nisard ! […] Vous trouverez un abîme, l’empereur ! […] À trouver M. 

1477. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Véritablement le roi ressemble à un chêne étouffé par les innombrables lierres qui, depuis la base jusqu’à la cime, se sont collés autour de son tronc. — Sous un pareil régime, l’air manque ; il faut trouver une échappée : Louis XV avait ses petits soupers et la chasse ; Louis XVI a la chasse et la serrurerie. […] Pendant le carnaval de 1777, la reine, outre ses propres fêtes, a les bals du Palais-Royal et les bals masqués de l’Opéra ; un peu plus tard, chez la comtesse Diane de Polignac, j’en trouve un autre où elle assiste avec toute la famille royale, sauf Mesdames, et qui dure depuis onze heures et demie du soir jusqu’à onze heures du matin. […] On ne trouve guère en France de squires Western et de barons de Thundertentrunck ; une dame d’Alsace, qui voit à Francfort les hobereaux grotesques de la Westphalie, est frappée du contraste219. […] Mémoires de Laporte (1632). « M. d’Épernon vint à Bordeaux, où il trouva Son Éminence fort malade. […] Ayant trouvé à son goût un mets qu’on lui avait servi, elle y revint, et alors elle parcourut des yeux le cercle devant elle… et dit : « M. de Lowendal ? 

1478. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

C’était une de ces âmes concentrées, quoique errantes, qui désespèrent de trouver dans les autres âmes ce qu’elles rêvent de perfection en elles-mêmes. […] Ceux qui veulent bien me juger aujourd’hui avec une faveur relativement égale à celle de mes juges d’autrefois, trouveront une explication toute simple, et ils l’ont trouvée : « Je suis critique, disent-ils, je devais l’être avant tout et après tout ; le critique devait tuer le poète, et celui-ci n’était là que pour préparer l’autre. » Mais cette explication n’était pas, à mes yeux, suffisante. […] On ne trouve rien de ce ton dans Boileau ni dans Voltaire, ces rois de l’épître. […] « Peu après qu’il eut quitté tout à fait son pays natal, nous trouvons Virgile de retour du voyage de Brindes, raconté par Horace, que ce voyage soit de l’année 715 ou 717. […] Comme eux, accoutumé aux armes dès sa jeunesse, il trouvait enfin le bonheur dans une retraite sauvage, que ses travaux avaient transformée en un lieu de délices.”

1479. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Il est très naturel au contraire qu’une mélodie ou un poème évoque en nous une image de l’artiste, et, que nous croyions trouver dans le visage que notre imagination lui prête les traces des passions qu’il nous suggère. […] C’est là, certes, un progrès bien réel et qui entraîne des conséquences de sécurité sans lesquelles la désirable fleur de certitude ne saurait trouver l’atmosphère propice à son éclosion. […] Où s’abritera l’humanité, en attendant que les savants aient trouvé le terrain solide où poser la pierre angulaire du temple nouveau ? […] Voilà comment j’ai pu logiquement affirmer que la beauté est l’assise unique où l’humanité trouve quelque point d’appui qui lui permette d’aller plus loin vers l’idéal moral et matériel de la vie. […] Ce n’est pas d’hier que cette funeste anomalie choque les vrais éducateurs et dans tous les ordres de l’esprit le besoin d’une réforme trouve des apôtres.

1480. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Des amateurs ; mais n’est-ce pas chez les amateurs qu’on trouve cette parfaite bonne volonté, si rare ! […] Dans les livrets du Ring, on ne trouve même plus les vers sublimes dans lesquels le Maître avait exprimé sa pensée ; ils sont enfouis dans une note du sixième volume de ses écrits, où l’initié, seul, peut les trouver. […] On trouvera à dix vers leur équivalence ; quoi qu’on fasse, la trouvera-t-on aux vingt suivants ? […] Celui qui a exaucé la dernière, si humble et si amoureuse prière d’Elisabeth, pouvait-il ne pas lui faire trouver dans cet exaucement, le triomphe et la béatitude ? […] Les livres sont rares, où je pourrai trouver un progrès artistique : quelques-uns doivent être cités.

1481. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

On trouvait en lui du Thomas d’Aquin et du Shakespeare, du Diderot et de l’O’Connell. Mais la puissance réelle de l’homme dans lequel on trouvait des morceaux de tels hommes, n’était pas là. […] et il trouva digne de lui de courir cette aventure suprême. […] Paul Féval, qui a trouvé le moyen, tout en écrivant son histoire, de faire un pamphlet contre les pamphlets, est, en gaîté comme en pathétique, un passé maître. […] Les rieurs s’attendaient à un capucin, et c’est un bénédictin qu’ils trouvent !

1482. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Henri Lavedan ne trouveraient pas ici une de leurs sœurs. […] quels beaux capitulaires nous avons trouvés dans ce répertoire ! […] Cherchez Elvire ; et, si vous trouvez Elvire, gardez-la. […] Je le trouve trop long et trop ennuyeux. […] Les archéologues, qui ont des grâces d’état, peuvent trouver quelque charme aux premières terres cuites de Chypre et au joueur de sambuque trouvé dans l’île de Kéros.

1483. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Il voudrait à tout prix trouver des capitaux pour l’exploiter. […]  » Oui, du collège comme du reste, comme de toute une jeunesse qui n’a pas pu trouver un accommodement entre sa façon de sentir et son milieu, et d’un âge mûr qui ne le trouvera jamais. […] Il s’est trouvé que le roman s’y prêtait merveilleusement. […] C’est une théorie qui me paraît, à moi, indiscutable, et j’en trouve la vérification dans l’étude du grand Shakespeare. […] En 1880, je me trouvais chargé de la critique dramatique au journal le Globe.

1484. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

On en trouve la preuve dans ses Philippiques. […] Tibère averti revint à la hâte, trouva l’empereur qui respirait encore, et demeura un jour enfermé avec lui. […] Comment Shakspeare trouva-t-il le théâtre, et comment le laissa-t-il ? […] Ce génie rude et sauvage trouve une délicatesse inconnue dans l’expression des caractères de femmes. […] Johnson trouve même ses plaisanteries et sa gaieté bien préférables à son génie tragique.

1485. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Vous faites plus : quelquefois, en trouvant le défaut vous trouvez le remède. […] Je me suis trouvé à table en face de l’Empereur, qui était en belle humeur. […] J’ai trouvé là M. de Sacy, intimidé à un degré extraordinaire. […] Il ne s’y trouve pas de greffe. […] tu ne trouveras jamais d’amis plus dévoués que moi.

1486. (1927) Approximations. Deuxième série

Ils auraient tort : ils ne sauraient d’abord prétendre à y trouver plus d’agréments que n’en trouva Marinette elle-même, et ne voient-ils pas l’intérêt qu’en retire le retour à la réalité ? […] Et ceux-là, ce n’est guère qu’en France qu’on les trouve sans défaut. […] Et voyez comment toutes les qualités que nous aimons le plus dans Jaloux y trouvent leur compte. […] De fait, si nous en appelons à nos souvenirs, que trouvons-nous ? […] Je l’ai trouvée comme vousen ».

1487. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Le Français aime ne pas chercher, avant même d’avoir trouvé quelque chose. […] Au fond, elle ne le trouvait pas mauvais. Aucun gouvernement ne trouve mauvais un instrument de despotisme. […] Waldeck trouva certainement quelque chose à répondre, mais ne répondit rien. […] Plus habile à écrire en français et à trouver la formule nette, M. 

1488. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

On a entendu la plainte profonde du talent ; et lorsque ce talent réussit à se faire jour et à trouver des sujets tout préparés qui se détachent au milieu de ces exubérantes images, l’ivresse est complète, et il semble qu’il ne manque rien à la jouissance du promeneur. […] Arrivés au Mein, nous y trouvons mon fils qui patinait : il volait comme une flèche à travers la foule des patineurs ; ses joues étaient rougies par l’air vif, et ses cheveux châtains tout à fait dépoudrés. […] Je sais ce que dira Lotte quand elle le lira, et je sais ce que je lui répondrai. » Et encore : Ô Keslner, je me trouve bien heureux ! […] On trouvera même, en les lisant, que Kestner n’est pas aussi blessé au fond qu’il aurait droit de l’être : « Vous voyez, écrit-il à un ami, que vous n’avez pas eu raison de me plaindre. […] Supportez maints désagréments, chagrins, passe-droits, etc., parce que vous ne vous trouverez pas mieux quand vous aurez changé de séjour.

1489. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il revient et la trouve morte, voilà tout ; mais c’est écrit par Chateaubriand ; le mystère ajoute à l’amour. […] Il trouva un beau sujet : la lutte du christianisme naissant et du paganisme mourant ; l’un persécuteur par habitude, l’autre conquérant par le martyre, au confluent des deux doctrines. […] Ce tableau d’assez poétique intention, mais d’exécution médiocre, représentait une vierge en tunique blanche qu’on vient chercher dans son sépulcre ; mais, à la place de la morte, on ne trouve qu’un lit de fleurs dont les gerbes fraîchement nées semblent répandre dans le cercueil merveilleux des parfums et des ivresses du ciel. […] L’instinct leur révéla que le grand style perdu depuis Bossuet, qui l’avait trouvé dans la Bible, était retrouvé dans les forêts du nouveau monde. […] Ne lui cherchez ni père ni mère, il est le fils du désert, l’enfant trouvé dans les forêts.

1490. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Elle trouve son mage fidèle, à ce moment précis, dans les tragédies de Quinault. […] N’a-t-on pas trouvé Néron même trop méchant ? […] Ses effets paraissaient trop crus, et blessaient l’optimisme galant des salons : Saint-Evremond, un homme d’esprit, trouvait Britannicus trop noir ; et la pièce, en effet, n’est pas « consolante ». […] Des mouvements de passion s’expriment avec une naïveté qu’on a trouvée presque comique : comme l’amour de Pyrrhus, au moment où il a juré de ne plus penser à Andromaque. […] Ces considérations une fois admises, nous n’aurons pas de peine à trouver que le réalisme psychologique de Racine se fond dans une vision poétique, d’où résultent cette lumière exquise et cette pure noblesse î de sa forme tragique.

1491. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

On trouve en lui des vibrations qui ne furent jamais dans Homère. […] Montez-les, redescendez-les, vous trouverez presque toujours le génie des grands poètes plus ou moins imbibé d’histoire, comme notre cœur est imbibé de sang. […] … « Entrer dans la peau du bonhomme » est une expression à la mode dans laquelle les hommes trouvent charmant d’empailler leur pensée ; mais je demande dans la peau de quel bonhomme Sainte-Beuve, qui n’en était pas un, est entré pour en sortir et rentrer dans la peau d’un autre ? […] On n’en trouve aucune trace en ces Lettres, qu’un ami eût dû avoir pudeur de publier… Et remarquez, par-dessus le marché, l’inconséquence ! […] Voilà ce que j’avais à dire sur ces fameuses lettres dans lesquelles on croyait trouver presque du scandale, et où l’on ne trouve que quelques petites malices qui ne sont pas bien méchantes, et cette déclaration naïve, dans laquelle le finaud d’habitude a oublié pour une fois la couarde hypocrisie de son esprit et qui le peint d’un trait : « Je me suis fait plus d’ennemis avec mes éloges qu’avec mes critiques. » Tout Sainte-Beuve est là, en effet.

1492. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Après celle des enfants, nous trouverons un jour celle des hommes. Après les amateurs de magots, de dessus de portes, de cruchons de Sèvres, nous trouverons les amateurs de Contrats Sociaux et de Philosophies naturelles, et vous verrez la différence ! […] il l’est si bien devenu, que nous n’en apercevons plus les inconvénients et les dangers, et que nous trouvons charmante cette tête de Méduse et en caressons les serpents. […] Capefigue prie Dieu de nous garder, afin qu’il puisse écrire en paix, et sans qu’on y trouve à redire, l’histoire de Mme Du Barry, vous aurez toutes les justifications assez embarrassées de la préface et les motifs de sentiment que l’auteur de Madame la comtesse Du Barry se donne à lui-même encore plus qu’à nous pour écrire l’histoire d’une femme qu’on trouve bien à une certaine place de l’histoire, mais qui ne mérite pas l’honneur qu’on lui fait aujourd’hui d’un livre d’histoire. […] Quant aux autres moins graves de visée et d’études, qui ne sont plus des historiens, et qui, comme MM. de Goncourt, passent leur vie à racler le pavé du dix-huitième siècle pour y trouver quelque loque oubliée qu’ils puissent suspendre à leur ficelle, ou comme M. 

1493. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Les Romains les portoient avec eux à la guerre, & le Général des Parthes qui défit Crassus, trouva ces fables dans la malle du Général Romain. […] Ce livre eut deux sortes de succès également rares ; il corrigea l’abus que l’Auteur avoit censuré, & ne trouva lui-même aucuns censeurs. […] On trouvera, sans doute, aussi l’ouvrage un peu trop long ; mais il faut avouer que de tous les longs Romans, c’est celui dont l’étendue se fait le moins appercevoir. […] D’ailleurs, on trouve dans plusieurs des lettres de Rosalide cet intérêt du cœur qui, dans tous les cas, facilite les leçons qu’on veut donner à l’esprit. […] Elle sera ornée de tous les accessoires que l’usage autorise ; usage que je trouve établi, & que je crois enfin devoir suivre, par la même raison qui oblige d’en suivre tant d’autres.

1494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 66

Si cela étoit vrai, on donneroit une bien mauvaise idée de la plume des Ecrivains de cet Ordre, parmi lesquels on en trouve un grand nombre de plus estimables du côté du style, que le P. […] Nous pensions y trouver de quoi nous instruire, & nous n’y avons vu qu’un verbiage fatigant.

1495. (1908) Après le naturalisme

L’esprit n’y trouve pas de conformité. […] Il faut en chercher d’autres plus essentielles et toujours on les trouve. […] On s’est trouvé devant une misère plus grande qu’on ne la supposait. […] Trouvons-là pour nous y conformer. […] On la trouvera aisément si d’abord on se demande : « Pourquoi vivre ? 

1496. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Je trouve les mêmes inclinations et les mêmes signes dans le reste de sa vie privée ou publique. […] Les ballets s’y trouvent ; Vasquez et Pizarre, assis dans une jolie grotte, regardent en conquérants les danses des Indiennes, qui folâtrent voluptueusement autour d’eux. […] Les mots propres, le relief des expressions franches ne s’y trouvent pas ; les termes généraux, toujours un peu effacés, conviennent bien mieux aux ménagements et aux finesses de la société choisie. […] Il y a des mots naturels : le poëte écrit et pense trop sainement pour ne pas les trouver quand il en a besoin. […] J’ai trouvé chez lui de beaux morceaux, je n’en ai jamais rencontré d’agréables ; il ne sait pas même disserter avec goût.

1497. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Ces hommes d’État, si sûrs de leur fait, se sont trouvés des enfants. […] La situation était celle du roi d’Angleterre, qui plus d’une fois s’est trouve en lutte avec son parlement. […] Toutes les oppositions réunies eussent trouvé leur limite en deux millions de voix tout au plus. […] Ainsi nous nous sommes trouvés faibles, désavoués par notre propre pays. […] Le souverain ne doit pas trouver dans la ville où il réside une autre souveraineté que la sienne.

1498. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Jamais le talent, même le plus modeste, n’a trouvé auprès de ceux qui gouvernent plus de faveur et d’appui. […] Il cherche consciencieusement, il trouve, et, dès qu’il a trouvé, il photographie ; mais dans sa propre voie les frères de Goncourt le suivent et vont le dépasser peut-être. […] L’inspiration doit trouver sous ses mains un clavier parfaitement juste, auquel ne manque aucune corde. […] Le Théâtre-Français avait trouvé une tragédienne. […] Il a trouvé un cœur d’une droiture inflexible.

1499. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Nous nous sommes trouvés, nous nous trouvons et nous trouverons toujours, dans nos relations avec lui, en face de l’irréductible « Âme Étrangère ». […] Qu’y trouvez-vous ? […] Toute la leçon des événements s’y trouve contenue. […] Partout, derrière l’invention de ces formidables engins, que trouvez-vous ? […] Il trouve encore des articles où cette tradition se continue.

1500. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

.), on trouvera que le désir de conformisme civique est au fond de toute entreprise politique. […] Il est exact que l’individu peut trouver aujourd’hui dans l’État un recours contre les excès du pouvoir familial ou du pouvoir patronal ou contre l’ingérence du pouvoir religieux. Mais on peut se demander par contre où l’individu trouvera un recours contre l’État lui-même. Surtout, où trouvera-t-il ce recours quand l’État, scion la tendance qu’il semble manifester, aura résorbe tous les pouvoirs et toutes les fonctions sociales, quand il sera devenu le seul éducateur, le seul employeur, le seul administrateur, quand tous les citoyens seront ses fonctionnaires ?

1501. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Mais Nicolas n’avait de juif que le sang ; Josèphe déclare avoir été parmi ses contemporains une exception 130, et toute l’école schismatique d’Égypte s’était détachée de Jérusalem à tel point qu’on n’en trouve pas le moindre souvenir dans le Talmud ni dans la tradition juive. […] Les fréquentes ressemblances qu’on trouve entre lui et Philon, ces excellentes maximes d’amour de Dieu, de charité, de repos en Dieu 135, qui font comme un écho entre l’Évangile et les écrits de l’illustre penseur alexandrin, viennent des communes tendances que les besoins du temps inspiraient à tous les esprits élevés. […] L’homme étranger à toute idée de physique, qui croit qu’en priant il change la marche des nuages, arrête la maladie et la mort même, ne trouve dans le miracle rien d’extraordinaire, puisque le cours entier des choses est pour lui le résultat de volontés libres de la divinité. […] Sa famille ne semble pas l’avoir aimé 143, et, par moments, on le trouve dur pour elle 144.

1502. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

On trouve de temps en temps, dans ceux qu'il a publiés, des étincelles de lumiere, des connoissances, quelques images brillantes, des traits fiers & vigoureux, des pensées fortes, exprimées avec une sorte d'énergie. […] Revenez ensuite au Texte, & vous apprendrez que Maurice écartoit les barrieres du préjugé pour reculer les limites de son art, qu'après avoir trouvé le bien il cherchoit le mieux, qu'il s'élançoit au delà du cercle étroit des événemens, & créoit des combinaisons nouvelles, imaginoit des dangers pour trouver des ressources, étudioit sur-tout la science de fixer la valeur variable & incertaine du Soldat, & de lui donner le plus grand degré d'activité possible. […] Il est vrai qu'on y trouve encore assez hors de propos des masses, des chaînes, des résultats, quelques métaphores outrées, telles que des cendres qui frissonnent, &c.

1503. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Voilà le profit, voilà le point important ; c’est cela que nous voulons, c’est cela que nous conseillons, d’accord avec tous les grands écrivains qui, de Ronsard à Chénier, ne se sont point mal trouvés d’avoir étudié et aimé le divin poète « depuis trois mille ans jeune encore de gloire et d’immortalité » ! […] On va jusqu’à trouver la Chanson de Roland « plus réaliste qu’Homère »… « C’est, dit-on, de la réalité toute crue », La Chanson de Roland est, certes, un beau poème, pour l’élan, le souffle, l’accent héroïque, le ton de vérité émouvante et de grandeur continue. […] Mais on trouve d’aussi beaux passages à peu près dans toutes les chansons de geste. […] De sorte que, si je n’y suis pas « allé » moi-même, quelqu’un y est « allé » pour moi et que je n’ai pas été le moins du monde « privé de la réalité », comme le prétend M. de Gourmont, qui, entre parenthèses, ne trouve ma description si mauvaise que parce qu’il la croit imaginée.

1504. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Je ne le trouvais pas assez froidi, — ni moi non plus — pour y toucher ; — pour juger impartialement cette époque de malheur et de honte que nous avons là traversée… Ce n’est pas quand nous sommes à moitié pris encore, sans être des Titans, sous la montagne qui nous a écrasés, qu’on peut porter un jugement historique sur des événements et des hommes contre lesquels on doit avoir des ressentiments implacables : les ressentiments du mal qu’ils nous ont fait et des humiliations que nous leur devons ! […] Philémon-Quinet, et qui, depuis des années, l’adore et l’admire, ce que je trouverais très bien, de moralité édifiante et de difficulté vaincue, si elle ne voulait pas nous le faire admirer, à nous qui n’avons l’honneur ni le bonheur, d’être la femme de M.  […] Quant à nous, royalistes, cela nous va, nous trouvons cela piquant, ce spectacle d’une républicaine, plus encore éprise de son mari que de la République ! […] J’y ai trouvé d’abord la femme infusée dans l’époux, une Madame Denis de la démocratie faisant des livres avec des souvenirs personnels extrêmement flatteurs pour Monsieur Denis, et cette petite femme, je l’ai tout d’abord dégustée ; mais à présent je me régalerai, si vous permettez, du bas-bleu.

1505. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Ces bons tours, que je n’excuserai point, car ce que je trouve au monde de plus odieux, c’est de diminuer l’immoralité des actes humains avec cette chose terrible qui peut ronger tout : la plaisanterie ! […] Il n’aura plus toute la saveur de son génie, de ce génie si profondément gaulois qui allait commencer cette belle lignée où l’on trouve Rabelais par en haut, Marot plus bas, Régnier, qui remonte pour arriver à La Fontaine et à Molière ; Boileau de quelques degrés au-dessous ; puis Voltaire, puis Béranger, qui l’aplatit, ce génie, et qui l’embourgeoise, mais dans lequel, pourtant, on peut le reconnaître encore ! […] il a trouvé dans la fange de ce bohème, qui dévala jusqu’au truand, quatre sources de poésie d’une pureté de ciel. […] Campaux a détordu les cordes du vieil instrument dont la sonorité nous fait tressaillir encore, et il a trouvé que ce qui les rendait si vibrantes, c’était, en fin de compte, les plus beaux sentiments que la poésie pût exprimer !

1506. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Ne dit-il pas quelque part dans son livre, en parlant de la grande polémique soulevée entre Bossuet et Jurieu, que « Jurieu aurait trouvé un meilleur argument pour sa doctrine s’il avait fait un pas de plus… et s’il eût proclamé l’indépendance absolue de la conscience individuelle… » Un tel passage et beaucoup d’autres, inutiles à citer après celui-là, ne prouvent-ils pas que Weiss a franchi pour son compte « cette ligne imperceptible entre le protestantisme et la philosophie » que Jurieu a trop respectée ? […] … L’expression du livre en question l’atteste encore plus que les opinions qu’on y trouve. […] Tous, au contraire, en supputant sur leurs dix doigts les dommages faits à la France de l’industrie par la politique de Louis XIV, trouveront sérieusement moins grand ce grand homme à la lueur tremblotante de leurs chiffres… Et quoique Weiss n’ait pas dans l’âme cette profondeur de rancune qui attend le moment pour frapper et fait jeter un livre à la foule, comme Ravenswood, dans Walter Scott, jette sur la table la tête coupée de son taureau, l’auteur de l’Histoire des réfugiés aura peut-être, en fin de compte, le mieux vengé le protestantisme en démontrant placidement, et d’un ton très doux, à une société qui ne croit plus guères qu’à des chiffres, qu’économiquement la révocation de l’Édit de Nantes fut une grande faute, — car, en faisant cela, il aura insurgé contre Louis XIV la seule chose qui soit vivante et qui ressemble à une passion dans notre temps ! […] Sans préjugé à cet égard, Weiss les a bravement exposés à sa lumière ; il n’a pas craint que l’esprit qui lira son livre, accoutumé à l’intérêt grandiose et dramatique de l’histoire, ne trouve bien chétifs et parfois bien insignifiants les renseignements personnels à tant de familles qui n’ont d’autre titre à l’attention de l’historien que d’avoir été expulsées de France, où elles travaillaient à quelque industrie qu’elles sont allées porter ailleurs.

1507. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

— car on les trouve pêle-mêle dans les Mémoires du temps, léchés par la flamme de la Passion ou gravés sous les acides du Vice ; — mais, au contraire, la femme qui fait les mœurs et dont rien ne reste quand les mœurs d’un siècle ne sont plus : la femme générale, le type de toutes les autres femmes à une certaine hauteur de société. […] Il nous met en goût d’impartialité sur le compte d’une femme qui en a peu trouvé dans l’histoire, et qui attend encore, dans les confusions de sa renommée, l’historien à l’arrêt suprême et au burin ineffaçable qui doit définitivement la classer. […] Saint-Simon et la Philosophie, voilà les deux causes des préjugés qu’on trouve encore dans les meilleurs esprits de nos jours quand il s’agit de madame de Maintenon. […] Quand madame de Maintenon aura trouvé un peintre qui s’ajuste à elle, nous serons tout étonnés de n’avoir pas vu dans cette femme ce que très aisément il nous montrera.

1508. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Elle le cherchera sans le trouver. […] Quand on place Vauvenargues à côté de Pascal, La Rochefoucauld et La Bruyère, — ce La Bruyère qu’il a contrefait bien plus qu’il ne l’a imité, — on le trouve aussi petit que l’est son siècle à côté du siècle de Louis XIV. […] Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant ! […] Il aurait trouvé « le capucin » indigne, et la sifflante moquerie aurait, en un clin d’œil, remplacé l’admiration.

1509. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Ce livre, qui attendait et qui pouvait attendre, parce qu’il avait la vie dure de la vérité, trouva ce jour-là son moment, qu’il ne cherchait pas. Il le trouva dans cette circonstance qu’il était piquant autant qu’il était utile d’opposer à l’éructation gongorienne de Victor Hugo, ce Pousse-vent énorme, quelque chose de résistant, de substantiel et de plein, qui dégonflât avec l’infatigable piqûre d’épingle des faits, de creuses et d’hyperboliques déclamations. […] Il a bien dit, au commencement de son volume : « qu’on avait fait remonter l’histoire de la souveraineté des Papes au seuil même du Cénacle », mais il trouve cela vague et il ne date leur pouvoir temporel que de Pépin, quoiqu’il cite plus loin une loi de Valentinien Ier qui lui paraît le premier fondement de l’indépendance et du pouvoir temporel du Saint-Siège. […] Si aujourd’hui, par impossible, les atroces Tartuffes qui veulent la mort du Christianisme par l’appauvrissement de la Papauté, et les imbéciles, plus nombreux encore, qui croient que pour la gloire et le renouvellement de la Papauté, avilie, selon eux, dans le pouvoir et les richesses, il faudrait la jeter vivante à la voirie des grands chemins et qu’elle allât tendre sa tiare à l’aumône comme Bélisaire y tendait son casque, avaient une vue juste de la réalité, le sou que la Chrétienté y ferait pleuvoir de toutes parts serait l’atome constitutif d’un pouvoir temporel nouveau, qui — le monde étant différent de ce qu’il était il y a dix-huit siècles — ne se développerait pas comme la première fois, mais trouverait une autre forme de développement.

1510. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Déjà plusieurs éditions, à diverses dates, avaient été faites des lettres de Madame Du Deffand, et toutes plus ou moins incorrectes, mais toutes excitant la curiosité et ne la lassant pas ; car Madame Du Deffand n’est pas un esprit dont on puisse se blaser jamais, quoique ce soit l’esprit le plus blasé qui se soit jamais dégoûté jusque de lui-même, dans un corps qui ait plus vécu… Cette Sévigné du xviiie  siècle, qui ne prenait goût à presque rien, quand celle du xviie trouvait un goût si vif à presque tout, est la réfutation la plus éloquente que je connaisse de la maxime proverbiale qui dit que « les gens les plus ennuyés sont aussi les plus ennuyeux ». […] « L’estomac, — dit-elle, précédant Broussais, qui tout à l’heure va naître, — l’estomac est le centre de l’univers et le siège de la destinée. » Elle avait trouvé dans le sien cette doctrine. […] » — « Tous ces gens sont morts, — dit-elle hagardement, en regardant sa société, — et moi-même je le suis… » Et ailleurs : « L’ennui me fait trouver du plaisir à voir mes jours s’écouler… » — « La société présente — dit-elle encore — est un commerce d’ennui. […] Dans le premier de ces deux volumes on trouve même beaucoup plus Madame de Choiseul que Madame Du Deffand, quand on cherche Madame Du Deffand, mais au second on la rattrape et on se rattrape.

1511. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

On est vraiment étonné de ce qu’on trouve en ces deux volumes, formidablement gros à l’œil, mais, à l’esprit, pas lourds ! […] Il trouva peut-être qu’il lui ressemblait trop pour en parler, et il fut modeste pour deux. […] Les sentiments et les sensations de ses lettres, exprimés avec la magie d’une forme très personnelle, sont infiniment au-dessus des jugements qu’on y trouve, et puisque ces lettres sont une histoire littéraire du temps où leur auteur vivait, il faut se demander, pour avoir une idée de son coup d’œil, ce qu’il a vu dans le xixe  siècle à mesure qu’il se déroulait devant lui. […] il l’aurait bien été… Et je ne parle que des jugements et des préférences de l’homme littéraire, mais si j’entrais dans l’examen des préférences et des jugements de l’homme politique, qui sont aussi là, dans ces lettres, je ne trouverais que ceci : il était de chez les de Broglie.

1512. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Pour mon compte, je ne la trouve intéressante, cette Correspondance, que parce qu’elle dépoétise et déshonore Sophie Arnould, le Voltaire femelle, pour l’esprit sur place, dont les de Goncourt font l’histoire comme si elle ne vivait pas assez dans les mots qu’elle a laissés derrière elle, puisqu’elle avait le don de ces étincelles qui ne s’éteignent pas, et qu’il fallût la chercher dans le détail, les misères et les turpitudes de sa vie ! […] Il y a des choses, il est vrai, dans cette Correspondance, qu’il est impossible même à MM. de Goncourt de ne pas voir… En leur qualité de peintres, d’ailleurs, et de peintres recherchant des effets de peinture, ils ont peut-être trouvé frappant et pathétique de montrer les vices et la misère, fille de ces vices, chez la plus brillante et la plus spirituelle courtisane du xviiie  siècle, morte de misère après l’éclat et les bonheurs du talent et de la fortune, le triomphe, l’enivrement, toutes les gloires sataniques de la vie, et de faire de tout cela un foudroyant contraste, une magnifique antithèse… Mais s’ils ont montré — hardiment pour eux — la fameuse Sophie Arnould, qui naturellement devait tenter la sensualité de leur pinceau, dégradée de cœur, de mœurs, de fierté, de talent et de beauté, au déclin cruel de la vie, ils n’ont pas osé aller jusqu’à la vérité tout entière. […] Je n’y trouve plus qu’une vieille mendiante, sans poésie et sans pittoresque, tendant la main à tout le monde ; affligée d’un squirre qui la punit par où elle a péché ; cynique quand elle parle de ses infirmités physiques, — de l’ébrèchement de son Cuvier ; concubine sentimentale après avoir été une concubine débauchée ; mettant le sentiment qu’affectait aussi son corrompu de siècle par-dessus sa corruption. […] C’est par là que sortait ce souffle dont le marquis de Louvois, blessé certainement par quelque épigramme de Sophie, disait, avec la haine qui trouve le mot comme le génie : « Savez-vous pourquoi elle sent si mauvais, Sophie Arnould ?

1513. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Rien de l’art d’écrire, rien du sentiment de l’écrivain n’est dans cette adorable chose pour laquelle on cherche un nom, difficile à trouver… Quoi qu’il en soit, un tel recueil n’en est pas moins bon à opposer aux livres actuels. […] Lui seul, qui a dit si grandement celle d’Henriette d’Angleterre cherchant par toute l’Europe des poitrines et des canons qu’elle pût envoyer à son mari, Charles Ier, combattant pour sa couronne et pour sa race, serait digne de raconter cette autre Odyssée de Mademoiselle de Condé, errante aussi par toute l’Europe pour trouver un monastère dans lequel elle pût rester agenouillée devant Dieu et attendre ainsi son éternité… S’être immolée dans son amour lui avait donné la soif de toutes les immolations. […] Paul Viollet — que Dieu frappa le coup suprême… Mademoiselle de Condé entra aux capucines de Turin, — mais là comme ailleurs, ni nulle part, elle ne trouva ce qu’elle cherchait. […] … On trouve sous cette pauvre petite plume qui s’ignore des choses égales aux paroles que met le génie de Shakespeare dans la bouche de Juliette à Roméo : « Pardonne-moi de t’aimer, beau Montague ! 

1514. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Elle le cherchera sans le trouver. […] Quand on place Vauvenargues à côté de Pascal, La Rochefoucauld et La Bruyère, — ce La Bruyère qu’il a contrefait bien plus qu’il ne l’a imité, — on le trouve aussi petit que l’est son siècle, à côté du siècle de Louis XIV. […] Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant ! […] Il aurait trouvé « le capucin » indigne, et la sifflante moquerie aurait, en un clin d’œil, remplacé l’admiration.

1515. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Il la trouve dans l’esprit humain et il ne veut point qu’on l’en arrache. […] Filtrant partout comme la boue du Nil, dans les inspirations des poëtes, dans les chefs-d’œuvre des artistes, dans les mœurs des classes élevées, pour retomber de là dans les peuples, comme, de l’élégante cuvette d’une fontaine, l’eau ruisselle dans les profondeurs d’un bassin, le Matérialisme, qui cherchait son lit, en a enfin trouvé un, qui semble éternel, sur le marbré des amphithéâtres. […] On y trouve exposées et réfutées les doctrines des professeurs les plus influents sur l’enseignement et sur l’opinion, et ces doctrines sont matérialistes. — immuablement matérialistes, — comme si nous étions au lendemain de la Renaissance ou à la veille de la Révolution française ! […] Hippocrate, en effet, ce vieillard divin, — car l’Histoire, pour honorer ce grand observateur, n’a trouvé rien de mieux que de l’appeler comme le vieil Homère — avait reconnu l’immutabilité des maladies, quand il s’écriait avec le pressentiment d’une révélation : « Il y a là quelque chose de Dieu (quid divinum) », et quand aussi Démocrite, tenant de plus près la vérité, écrivait ce mot singulier : « L’homme tout entier est une maladie », comme s’il eût deviné ce dogme de la Chute, après lequel il n’y a plus rien à l’horizon de l’Histoire ni à l’horizon de l’esprit humain !

1516. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Vous ne vous répondrez peut-être pas, mais vous aurez constaté le phénomène dans cette humanité qui doit mourir, mais qui, en attendant qu’elle meure, goûte un charme amer dans le spectacle de sa misère, et trouve dans la contemplation d’un vieux pauvre ou d’une vieille pauvresse la plus longue de ses rêveries… Cette fascination de la pauvreté qui agit sur nous tous, pas de doute que Benoît Labre ne l’ait ressentie ; mais si vous ajoutez à cette poésie naturelle la poésie de l’amour de Dieu, du Dieu né dans l’étable de Bethléem et qui a enseigné le renoncement aux joies matérielles de la vie, vous aurez une vie très particulière et très belle, et qui, même sans la foi chrétienne qui seule peut l’expliquer, doit couper le rire sur les lèvres superficielles et sottes des moqueurs. […] il partit pour l’errance éternelle, — pour ne plus s’arrêter qu’en Paradis, dont le seuil pour lui était les Églises qu’il trouvait sur les routes et qu’il visitait. […] » disait un jour Henri II à ses nobles, et tout de suite, il s’en trouva un qui l’en débarrassa. Le pauvre Labre, aussi pauvre après sa mort que durant sa vie, ne trouvera donc pas parmi les catholiques quelque poignet solide pour le débarrasser des benêts qui font un masque ignoble d’un visage digne de l’auréole !

1517. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Pour nous, il ne l’a point trouvée, et qu’il nous permette de lui dire pourquoi. […] ce n’est pas qu’il soit une imagination sans richesse ni une sensibilité sans accent ; mais il appartient par des amitiés, plus élevées que la camaraderie, je le sais, à ce milieu d’esprits qui ne mettent entre eux que l’amour du beau dans l’indépendance, et ce n’est point avec cela qu’on trouve (tout de suite, du moins,) sa manière, quand on n’est pas né avec elle. […] Il a bientôt oublié le reproche qu’il faisait, avec tant de raison, à Théodore de Banville, de ne jamais chercher Dieu et de ne pas entendre le cri du cœur dans sa poésie de castagnettes, et, comme lui, tout à coup, il revient au bourdonnement de cette abeille d’Attique que nous avons tant entendue, et que Platon lui-même trouverait maintenant une bien monotone et bien ennuyeuse petite bête. […] ou c’est encore, comme dans Consolatrix afflictorum : le Dieu qu’on trouve sur la colline , — et si ce n’est pas le fils de Pan, celui-là !

1518. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

On a trouvé bon le vénéneux nectar, et l’on en a pris à si haute dose, que la nature humaine en craque et qu’un jour elle s’en dissout tout à fait. […] Dans ce livre, où tout est en vers, jusqu’à la préface, on trouve une note en prose qui ne peut laisser aucun doute non seulement sur la manière de procéder de l’auteur des Fleurs du mal, mais encore sur la notion qu’il s’est faite de l’art et de la poésie ; car M.  […] C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guère qu’une perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais par l’inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. […] Thierry, du Moniteur) dans une appréciation supérieure : pour trouver quelque parenté à cette poésie implacable, à ce vers brutal, condensé et sonore, ce vers d’airain qui sue du sang, il faut remonter jusqu’au Dante, magnus parens !

1519. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

On ne trouverait, semble-t-il, rien de tel — ou peu de chose — dans notre âge classique. […] Voulant désigner dans son Évolution de la poésie lyrique un poète de la vie de Paris, il n’a trouvé que François Coppée ! […] Sa conclusion est que l’incorporation de la nature orientale à la grande peinture reste à trouver. […] Cette phrase, si le dix-septième siècle avait eu un grand descriptif, un La Fontaine de la prose, il l’eût trouvée. […] En revanche le Journal intime a trouvé un public fervent en pays anglo-saxon, germanique, scandinave.

1520. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nadaud, Gustave (1820-1893) »

Armand Silvestre La chanson trouva dans Nadaud un défenseur qui eut, pour cette noble tâche, tout le talent et tout l’esprit nécessaire, plus une foi robuste en un genre dont aucune des délicatesses ne lui échappa. […] Béranger, vers la fin, et Pierre Dupont ont trouvé parfois cette poésie désirée.

1521. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

En feuilletant moi-même les papiers de Mme de Sablé, j’y ai trouvé le premier projet d’article destiné au Journal des savants et de la façon de cette dame spirituelle. […]  Les autres, au contraire, trouvent ce traité fort utile, parce qu’il découvre aux hommes les fausses idées qu’ils ont d’eux-mêmes, et leur fait voir que, sans la religion, ils sont incapables de faire aucun bien ; qu’il est toujours bon de se connaître tel qu’on est, quand même il n’y aurait que cet avantage de n’être point trompé dans la connaissance qu’on peut avoir de soi-même. Quoi qu’il en soit, il y a tant d’esprit dans cet ouvrage et une si grande pénétration pour connaître le véritable état de l’homme, à ne regarder que sa nature, que toutes les personnes de bon sens y trouveront une infinité de choses qu’ils (sic) auraient peut-être ignorées toute leur vie, si cet auteur ne les avait tirées du chaos du cœur de l’homme pour les mettre dans un jour où quasi tout le monde peut les voir et les comprendre sans peine. » En envoyant ce projet d’article à M. de La Rochefoucauld, Mme de Sablé y joignait le petit billet suivant, daté du 18 février 1665 : Je vous envoie ce que j’ai pu tirer de ma tête pour mettre dans le Journal des savants.

1522. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Ainsi l’on trouve que Sieyes est d’abord surfait, et qu’à cette date du 18 brumaire comme dans tout le débat de Constitution qui a suivi, il n’avait déjà plus ce crédit que l’historien lui prête. Sieyes, en 1800, était déjà frappé de ridicule ; voilà ce que disent les témoins bien informés de ce temps-là. — On trouve aussi que Fouché est jugé un peu favorablement et avec trop d’indulgence ; le portrait de M. de Talleyrand, très-agréable, n’est lui-même qu’ébauché ; l’historien, si bien au fait des secrets les plus honteux, ne peut tout dire ; mais ces portraits sont touchés avec infiniment d’art et de goût. On trouve enfin que M.

1523. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Quant aux bancs des académiciens, les honorables membres y étaient fort irrégulièrement semés ; on cherchait beaucoup de fronts illustres qu’on n’y trouvera plus : la mort, depuis quelques mois, a cruellement sévi. — M. de Chateaubriand n’y était pas. […] On a trouvé cela de bon en lui qu’il n’était ni tout à fait homme d’église, ni entièrement homme de cour. […] Nous nous permettrons aussi de trouver que la chaleur de parole et l’emportement exemplaire avec lesquels on a remis sur le tapis, à propos de M. 

1524. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre cinquième. »

Madame de la Sablière l’appelait un fablier, comme on dit un pommier ; et d’après ce mot, on a cru que La Fontaine trouvait ses fables au bout de sa plume. […] Ce tour n’est guère dans le génie de notre langue, et la grammaire trouverait à chicanner ; mais le sens est si clair que ce vers ne déplaît pas. […] On a déjà remarqué que le satyre, ou plutôt le passant, fait une chose très-sensée en se servant de son haleine pour réchauffer ses doigts, et en soufflant sur sa soupe afin de la refroidir ; que la duplicité d’un homme qui dit tantôt une chose et tantôt l’autre n’a rien de commun avec cette conduite, et qu’ainsi il fallait trouver une autre emblème, une autre allégorie pour exprimer ce que la duplicité a de vil et d’odieux.

1525. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Trouvait-on chez les anciens rien de plus admirable qu’une foule de pratiques usitées jadis dans notre religion ? […] qu’il était étonnant d’oser trouver des conformités entre nos jours mortels et l’éternelle existence du Maître du monde ! […] Une religieuse de saint Benoît, près de quitter la terre, trouvait une couronne d’épine blanche sur le seuil de sa cellule.

1526. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Elle sera redevenuë dans l’état où Livius Andronicus l’avoit trouvée. […] Voici ce qu’on trouve à ce sujet dans un livre intitulé : rémontrances très-humbles au roi de France et de Pologne Henri III du nom, imprimé en mil cinq cens quatre-vingt huit, et à l’occasion des états generaux que ce prince venoit de convoquer, et qu’on appelle communement, les seconds états de Blois , parce qu’ils furent encore tenus dans cette ville. […] Justin martyr qui vivoit dans le second siecle, on en trouve une, qui décide que les fideles pouvoient emploïer à chanter les loüanges de Dieu des airs composez par les payens pour des usages prophanes, à condition qu’on executât cette musique avec modestie comme avec décence.

1527. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

Ce sont, au contraire, les mots les plus ordinaires qui sont les plus difficiles à trouver. […] Il était très capable de trouver du premier coup les choses les plus sublimes ; mais, ses ratures nous le démontrent, il en a trouvé d’aussi belles par le procédé, le travail, le métier, les combinaisons de l’exécution.

1528. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Après avoir constaté son existence, sa permanence, et sa principale relation, il nous faut trouver les qualités qui le déterminent. […] En fait d’éléments réels et de matériaux positifs, je ne trouve donc, pour constituer mon être, que mes événements et mes états, futurs, présents, passés. […] Voilà les événements que je trouve en moi ; actifs ou passifs, volontaires ou involontaires, quelles que soient leurs nuances, il n’importe ; ils constituent mon être présent, et je me les attribue. […] Or, quand nous considérons ces pouvoirs, nous les trouvons tous plus ou moins permanents. […] En quelque point de notre passé que nous les considérions, nous les trouvons toujours soudées l’une à l’autre dans le même ordre.

1529. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Néanmoins une sagacité remarquable le portait à choisir le bien comme une chose raisonnable, et ses lumières lui faisaient parfois trouver ce que la conscience aurait inspiré à d’autres. […] « Je m’arrêtai quelques instants chez madame Récamier ; j’y trouvai le général Junot, qui, par dévouement pour elle, promit d’aller parler le lendemain au premier consul. […] On le trouvait clément quand il laissait vivre ; on avait si bien vu comme il lui était facile de faire mourir !  […] « La poésie lyrique s’exprime au nom de l’auteur même ; ce n’est plus dans un personnage qu’il se transporte, c’est en lui-même qu’il trouve les divers mouvements dont il est animé : J. […] Ceux des Français rentrent plutôt dans le genre dramatique, et l’on y trouve plus d’intérêt que de grandeur.

1530. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Michelet, — et il en a, comme un artiste qui donne des plaisirs extrêmement vifs à ceux qui l’aiment, — lui trouvent toutes les qualités, les unes après les autres, excepté cependant celles-là. […] La plupart des hommes faits pour le pouvoir, mais qui ne l’ont pas trouvé, comme un jouet qui attendait leur main, sur la descente de leur berceau, connaissent la cruauté des premières luttes. […] Atteint par la mort dans son travail interrompu, il mesura ce qu’il avait fait à la grandeur de ce qu’il avait médité de faire, et dans son idéal de grand homme, il trouva sans doute que c’était peu ; — mais M.  […] Du reste, le secret d’un tel contre-sens et d’une telle punition est-il si difficile à trouver ? […] Égalitaire battu par les lois même de sa pensée, il ne peut pas les trouver égales devant la loi de son esprit.

1531. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« Toutefois j’ai plus à cœur de trouver les moyens de m’acquitter envers vous que de chercher de quelle manière je punirai l’injustice et la cruauté de mes ennemis. […] comment, dit-il ensuite, ne pas aspirer à connaître le vrai, moi qui me réjouis de trouver seulement quelquefois le vraisemblable ? […] « J’y trouvai Caton, que je ne m’attendais pas à rencontrer ; il était assis et tout entouré de livres stoïciens. […] Quand nous fûmes arrivés dans un si beau lieu, et qui n’est pas célèbre sans cause, nous y trouvâmes toute la solitude que nous voulions. […] Jamais on ne trouvera d’où l’homme reçoit ces divines qualités, à moins que de remonter à Dieu.

1532. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Des choses nouvelles, je crois bien que, sur ce sujet-là, on n’en trouve guère depuis l’Évangile. […] Pour en arriver là, les personnes pieuses trouvent une aide merveilleuse dans leur foi. […] Ou du moins, je trouve cela naturel. […] Elle tombe chez Dufresne et y trouve, en l’absence de madame, une petite fille de huit ans qu’elle fait bavarder. […] Toutefois, je souhaiterais que les auteurs l’eussent choisi un peu moins bas, car vous ne trouverez, au-dessous, que la maison Tellier.

1533. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Mais la Muse, dans les temps modernes, n’est qu’une convention poétique ; il faut remonter jusqu’à la poésie primitive pour trouver une croyance naïve et sincère à l’inspiration d’en haut. […] Socrate et Jeanne d’Arc ont donc pu avoir confiance en leurs voix et conserver intactes la finesse et la probité natives de leurs facultés intellectuelles ; et il n’est point étrange que dans l’illusion d’une inspiration divine ces facultés aient trouvé un puissant mobile d’activité confiante et sereine. […] Toujours il avait dû se féliciter d’avoir obéi à cet avertissement, et jamais sa raison n’avait eu de peine à le trouver sage et bien fondé ; dès lors, que pouvait-il être, sinon une manifestation sensible de la suprême sagesse ? […] Hermogène pressait Socrate de préparer sa défense ; « deux fois déjà, répondit Socrate, je me suis mis à méditer quelque chose à cet effet ; le divin s’y est opposé. — C’est une chose étrange, reprit Hermogène. — Que trouves-tu d’étrange à ce que le dieu lui-même croie meilleur que je meure dès à présent ?  […] J’ai refoulé l’assaut de mes larmes et me suis levé, ne voyant plus là qu’un ordre divin qui m’enjoignait d’ouvrir le livre, et de lire ce que je trouverais au premier chapitre venu » (nous soulignons).

1534. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Je trouve autant de saveur, à l’occasion, dans « le vers su par hasard d’un poète ignoré » que dans les plus illustres rimes. […] — Je trouve que cette question ne peut être résolue que d’une manière générale. […] J’ai lu un peu de Victor Hugo : cela m’a paru énorme et comme les visions de microscope, et jamais je n’y trouvai d’enchantement. […] Savoir prendre l’ouvrage qui s’harmonise bien avec notre état d’esprit, là gît le secret de trouver agréable la lecture de poèmes divers. […] Enfin ne sont-ce pas les poetæ minores qui trouvent souvent les accords les plus délicieux ?

1535. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 439-440

La plupart de ses Ouvrages, qui sont en grand nombre, ont été accueillis du Public ; mais peu loués des Gens de Lettres : ils ont sans doute trouvé mauvais qu’un Militaire choisît des objets de Religion pour exercer sa plume. […] M. de Caraccioli a encore publié un Dictionnaire critique, pittoresque & sentencieux, où l’on est fâché de trouver un langage qui ne ressemble en rien à celui auquel il s’étoit d’abord attaché.

1536. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 175

Quoi qu’il en soit, en pardonnant les inexactitudes de son Histoire des Croisades, on y trouvera des détails approfondis. Celles de l’Arianisme, des Iconoclastes, du Schisme des Grecs, du grand Schisme d’Occident, & c. avec les mêmes qualités, ont les mêmes défauts, aussi bien que celle de la Ligue, où l’on trouve des Pieces originales, qui, auparavant, n’avoient pas été publiées.

1537. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Vien » pp. 95-96

Ils ne savent pas que le premier point, le point important, c’est de trouver une grande idée. Qu’il faut se promener, méditer, laisser là les pinceaux et demeurer en repos jusqu’à ce que la grande idée soit trouvées.

1538. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Voilà pourquoi dans Athenes, comme ailleurs, les méchans ont trouvé tant d’indulgence, & les bons tant de sévérité. […] Aussi dans le recueil immense de leurs pieces, n’en trouve-t-on pas une seule dont un homme de goût soûtienne la lecture. […] On se juge, on se condamne, on se plaisante, comme un tiers, & l’amour propre y trouve son compte. […] Le misantrope de Moliere eût trouvé les siens à Rome. […] On est d’abord surpris d’y trouver plus de pathétique & d’intérêt, que dans les tristes.

1539. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Explication du titre de la seconde section. »

L’amitié, la tendresse paternelle, filiale et conjugale, la religion, dans quelques caractères, ont beaucoup des inconvénients des passions, et dans d’autres, ces mêmes affections donnent la plupart des avantages des ressources qu’on trouve en soi ; l’exigence, c’est-à-dire le besoin d’un retour quelconque de la part des autres, est le point de ressemblance par lequel l’amitié et les sentiments de la nature se rapprochent des peines de l’amour, et quand la religion est du fanatisme, tout ce que j’ai dit de l’esprit de parti s’applique entièrement à elle. Mais quand l’amitié et les sentiments de la nature seraient sans exigence, quand la religion serait sans fanatisme, on ne pourrait pas encore ranger de telles affections dans la classe des ressources qu’on trouve en soi ; car ces sentiments modifiés rendent cependant encore dépendant du hasard : si vous êtes séparé de l’ami qui vous est cher, si les parents, les enfants, l’époux que le sort vous a donné, ne sont pas dignes de votre amour, le bonheur que ces liens peuvent promettre, n’est plus en votre puissance ; et quant à la religion, ce qui fait la base de ses jouissances, l’intensité de la foi, est un don absolument indépendant de nous ; sans cette ferme croyance, on doit encore reconnaître l’utilité des idées religieuses, mais il n’est au pouvoir de qui que ce soit de s’en donner le bonheur.

1540. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 220-221

Avec de la sévérité, on trouveroit qu’elles manquent quelque-fois de cette douceur, de ce naturel, de cet agrément qui doivent être le vrai caractere de ces sortes de productions ; mais elles offrent des traits d’esprit, un langage assez correct, & c’en est assez pour mériter de l’indulgence. […] Les fausses Infidélités donnoient les plus grandes espérances ; on y trouve de la gaieté, de l’esprit dans les détails, de la facilité dans le dialogue, quelques scènes d’un bon comique de situation.

1541. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 435-436

Quoiqu’il regne dans ce Roman un ton de métaphysique contre nature, sur-tout dans une femme, & très-nuisible à l’intérêt ; quoiqu’on y trouve quelques expressions alambiquées ; quoique le dénouement en soit totalement manqué, on ne peut cependant se refuser, en le lisant, au charme séducteur qui en rend la lecture agréable & en fait oublier les defauts. […] Son changement, dont les motifs, malgré l’adresse de l’Auteur, trouvent peu de grace dans un cœur delicat, change aussi les sentimens qu’on se plaisoit à éprouver en sa faveur.

1542. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « À Monsieur Théophile Silvestre »

Si la Postérité, dont la bouleversante idée ne me donne pas du tout la danse Saint-Guy de l’amour-propre, s’occupe jamais de cet ouvrage que d’aucuns peuvent trouver trop long, mais qui ne finira que quand je n’aurai plus d’yeux à jeter sur mon siècle, je veux qu’elle trouve votre nom l’un des premiers parmi ceux de ce Décaméron d’amis qui ornent le front de mes volumes et qui me font ma vraie gloire de leur amitié.

1543. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Que trouvez-vous à redire à cela ? […] Ce qui ne trouvera point place dans cette seconde lettre trouvera place dans la troisième. […] Bonnaire doit se souvenir que le lendemain du jour où il avait reçu cette lettre, il vint me trouver, de si bon matin même, que j’étais encore au lit. […] On trouvera dans la seconde édition tout ce que nous avons pu oublier dans la première. […] Émile Deschamps, je ne l’attends plus nulle part : malheureusement, je le trouve un peu partout.

1544. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

 » — Il n’importe, et la jolie femme, bien conduite, va philosopher sans le savoir, trouver sans effort la définition du bien et du mal, comprendre et juger les plus hautes doctrines de la morale et de la religion  Tel est l’art du dix-huitième siècle et l’art d’écrire. […] Rien d’étrange si vous les trouvez habiles pour apprêter la parole humaine, pour en exprimer tout le suc et pour en distiller tout l’agrément. […] Cette mère vient de lire l’Émile ; rien d’étonnant si tout de suite elle déshabille la pauvrette, et fait le projet de nourrir elle-même son prochain enfant. — C’est par ces contrastes que Rousseau s’est trouvé si fort. […] Chaque fois qu’une veine de talent, si mince qu’elle soit, jaillit de terre, c’est pour propager, porter plus avant la doctrine nouvelle ; on trouverait à peine deux ou trois petits ruisseaux qui coulent en sens contraire, le journal de Fréron, une comédie de Palissot, une satire de Gilbert. […] Mon père causait avec Mme de Puisieux sur la facilité de composer les ouvrages libres ; il prétendait qu’il ne s’agissait que de trouver une idée plaisante, cheville de tout le reste, où le libertinage de l’esprit remplacerait le goût.

1545. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Il avait trouvé Saint-Pierre dans le Colisée. […] « Voilà ce que Michel-Ange trouva ; c’est là-dessus qu’il éleva sa coupole. […] Je trouve aussi sous sa plume le mot dont j’avais besoin et que la nature divine du sujet me suggère pour mon Cosmos, à moi. […] Vous ne trouverez sûrement au fond du creuset qu’une énigme. […] Il a trouvé le fond de la science, il a le pied sur le solide.

1546. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Outre que la première faute de Racine (contre ses anciens maîtres) a été effacée par un repentir éclatant et courageux, n’y trouverait-on pas des circonstances atténuantes ? […] De même de certains grands hommes ; et cela ferait honneur à ceux qui ont ces exigences, si ces mêmes censeurs ne passaient tout à d’autres grands hommes qu’ils trouvent plus à leur gré. […]  » Mais on trouve des vers de ce genre tant qu’on en veut chez tous nos classiques ! […] Les contemporains eux-mêmes sentaient cette contradiction : les uns trouvaient Pyrrhus trop doucereux, les autres trop violent (Voy. […] Deschanel trouve la pièce si faible ?

1547. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Cependant on peut encore trouver mieux, en cherchant bien. […] M. de Lamartine a jeté dans ses admirables chants élégiaques toute cette haute métaphysique sans laquelle il n’y a plus de poésie forte ; et ce que l’âme a de plus tendre et de plus douloureux s’y trouve incessamment mêlé avec ce que la pensée a de plus libre et de plus élevé. […] Si nous passons à l’Odéon, nous trouvons en première ligne des tragédies qu’on y a représentées, les Macchabées, ouvrage fort remarquable de M.  […] On y trouve des scènes admirables, mais on cherche vainement une pièce. […] Certains beaux vers sont plus difficiles à réciter que certains autres, mais qu’une voix habile vous les lise, et vous serez surpris d’y trouver des grâces et des effets que vous chercheriez en vain dans des vers en apparence plus mélodieux.

1548. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Tous ces écrivains, qui portent dans leur esprit le virus de la maladie héréditaire qui nous dévore depuis Luther, sous le nom de philosophie, ont trouvé périlleux (avaient-ils bien tort ?) […] D’Arius à Martin Luther, on ne trouvera que des enragés ou des perfides. […] L’opinion publique, insurgée par les écrivains, l’avait asservi, et d’ailleurs il trouvait de la sympathie en Europe. […] Il commençait à trouver la position fausse qu’il avait acceptée plus forte que son courage. […] L’Europe, qui avait tressailli d’allégresse à la nouvelle de l’abolition, l’Europe, grossière comme tous les vainqueurs, trouva le moyen d’insulter à cette sainte chose qui s’appelle l’infortune.

1549. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Tous ces retours de Gibbon sont sans doute exclusivement dans un intérêt politique et social, et ses paroles trouvent encore moyen de s’y imprégner d’un secret mépris pour ce qu’il ne sent pas. […] D’Auguste à Trajan, Gibbon a trouvé la forme d’empire à laquelle sa raison et ses instincts d’esprit le rattachent le plus naturellement. […] Mais, retourné en Angleterre, il trouva un obstacle absolu dans la volonté paternelle, et, après une lutte pénible, il se résigna à son destin : « il soupira comme amant, et obéit comme fils79 ». […] Il trouve assez peu de facilité d’abord pour entrer dans la société anglaise, moins ouverte et moins prévenante que celle de Suisse ou que celle de France. […] En un mot, on trouve partout dans cet Essai l’avant-goût de cet esprit de critique qui sera tout l’opposé de la méthode roide et tranchante d’un Mably.

1550. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

On me fait remarquer qu’à cet égard il est un peu de la famille de Pline l’Ancien, lequel, surchargé pareillement d’affaires, d’offices administratifs et de commandements, trouvait du temps encore pour toutes les branches de littérature et de connaissances. […] Ces vers ont du prix comme datés de Berlin ou de Posen. — Un jour, un grand seigneur de Prusse, frappé dans ses biens, et qui, réclamant contre l’inflexible application de la loi de guerre, n’avait trouvé en M.  […] Daru (25 novembre), il a fallu que je quittasse Vienne pour trouver le temps de vous écrire. […] Je trouve encore Alexandre Duval écrivant à M.  […] En dehors de lui et de ses amis, et dans une certaine opposition de goût et de doctrines, je trouve un autre groupe, celui de Fontanes, de Joubert, de Chênedollé, le monde même de Chateaubriand.

1551. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Et vous ne me refuserez pas, dans cette netteté d’esprit et humeur philosophiques où vous vous trouvez quelquefois le matin, de faire réflexion sur trois ou quatre choses qui me semblent très dignes de l’attention d’un philosophe. […] Chapelle et son camarade de voyage, âgés l’un et l’autre de trente à trente-deux ans, se mettent en route pour faire un tour dans le Midi, et dans le compte rendu léger de leur voyage qu’ils envoient à leurs amis de Paris, ils trouvent moyen de faire avec un naturel parfait une charmante satire littéraire : de là le grand succès et cette vivacité de faveur qu’on ne s’expliquerait pas autrement aujourd’hui. […] Il ne faut point s’attendre à y trouver rien de la nature ni d’une description réelle. […] Aussi les beaux esprits eurent-ils fort à faire lorsqu’il fut question pour eux de reconquérir à la littérature et à la poésie la nature. « Les esprits doux, amateurs de belles-lettres, disait Mme de Rambouillet, ne trouvent jamais leur compte à la campagne. » Esprit doux (mite ingenium) était un terme qui correspondait en éloge pour les hommes à ce qu’était primitivement le nom de précieuse pour les femmes. […] Cependant on ne trouva aucune trace d’incendie ; tout le monde attendit avec impatience la fin de la nuit.

1552. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

. — Plus j’avance dans la carrière de la vie, disait-il encore, et plus je trouve le travail nécessaire. […] D’Olivet, ancien professeur de Voltaire, s’était mis à étudier Racine en grammairien et y avait relevé toutes sortes de fautes : Mon cher maître, lui écrivait Voltaire, je vous trouve quelquefois bien sévère avec Racine. […] Il est vrai qu’on a trouvé dans les papiers du sieur Niepz un mémoire de ce polisson pour bouleverser sa taupinière, et je vous réponds que si Jean-Jacques s’avisait de venir, il courrait grand risque de monter à une échelle qui ne serait pas celle de la Fortune. […] Il y est reçu comme on sait, et, au sortir de cette représentation où son buste est couronné, il écrit à la présidente de Meynières : « Après trente ans d’absence et soixante ans de persécution, j’ai trouvé un public et même un parterre devenu philosophe, et surtout compatissant pour la vieillesse mourante… » il est séduit, il pardonne ; toute sa colère est tombée. […] Il s’était trouvé présent à Ferney le jour que M. de Voltaire reçut les Lettres de la montagne, et qu’il y lut l’apostrophe qui le regarde ; et voilà son regard qui s’enflamme, ses yeux qui étincellent de fureur, tout son corps qui frémit, et lui qui s’écrie avec une voix terrible : « Ah !

1553. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il est de ceux (et ils sont rares) qui ont porté sans fléchir ces énormes programmes qu’on impose aujourd’hui, et, en définitive, il les a trouvés légers. […] Quoi qu’il en soit de ces légères erreurs et de ces séductions dont les plus méfiants ne savent pas toujours se garantir, quiconque a la noble ambition de se distinguer et de percer à son tour trouve là, durant ces années recluses, tout le loisir de méditer sa propre force, ses éléments d’invention ou d’arrangement, ses formes de jugement et de compréhension, de combiner fortement son entrée en campagne et sa conquête. […] Certes, dit-il, on ferait tort à La Fontaine si l’on trouvait dans son lion le Louis XIV des bêtes. […] On se mettrait d’abord, autant que faire se pourrait, à une sorte d’unisson : car il importerait surtout que le grand écrivain trouvât que nous entrons dans son sens assez directement pour consentir ensuite à entrer un peu dans le nôtre. […] Son Voyage aux eaux des Pyrénées (1855), illustré de soixante-cinq vignettes sur bois par Doré, et qui s’accommode très bien de ce dangereux vis-à-vis, rappelle à quelques égards les charmants Voyages de Topffer, et l’on y trouve des pages descriptives qui peuvent se mettre à côté des paysages de montagne tracés par Ramond et par Senancour.

1554. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Les gens d’une bonne trempe, en fouillant dans leur propre fonds, y trouveront toujours du neuf et quelque chose de particulier qui leur fera plus d’honneur que de se parer des plumes d’autrui. […] À l’égard de ses sermons, ils ont été accueillis par les acclamations de tous ceux qui les ont entendus, et on les a trouvés aussi beaux quand ils ont été imprimés. […] Il allait trouver son plus beau cadre et le plus apparent. […] Quant aux vices du brillant prélat, il n’y aurait pas à les dissimuler, ce serait peine inutile : en regrettant de les trouver dans un homme de son rang et de sa condition à l’état d’affiche et de scandale, il n’y aurait pas non plus à les exagérer, et la leçon morale qui sortirait d’elle-même de ce désaccord criant parlerait assez haut. Tant de vertus, aussi modestes que manifestes, dans les derniers archevêques que Paris a possédés, seraient la plus grande des accusations qui s’élèveraient contre lui, et il y aurait ce bonheur dans un tel sujet, même aux endroits les plus périlleux, qu’aucune allusion maligne ne trouverait place ni prétexte.

1555. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Il n’est pas, en effet, sans avoir trouvé pour son compte quelque chose de neuf. […] Il va trouver de la réputation où il trouvera peu d’intérêt ; et sa mauvaise fortune fera paraître un mérite à tout le monde, que la retenue de son humeur ne laissait connaître qu’aux plus délicats. […] « La constance des sages n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer leur agitation dans leur cœur. » La générosité n’est que le désir de se donner le rôle où l’on se trouve le plus grand, le plus à sa gloire ; ou, comme il le dit avec sa subtilité profonde, « c’est un industrieux emploi du désintéressement pour aller plus tôt à un plus grand intérêt. » La magnanimité n’est qu’un trafic plus grand et plus hardi que les autres : « La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. » Ou encore (et ceci, je le crois, est inédit en effet) : la magnanimité, c’est « le bon sens de l’orgueil et la voie la plus noble pour recevoir des louanges. » Les plus humbles vertus, après les grandes, y passent à leur tour ; pas une ne trouve grâce devant lui. […] Édouard de Barthélémy ayant publié, depuis son La Rochefoucauld, un autre volume intitulé : Les Amis de la marquise de Sablé (1865), a mis en tête une Dédicace à une dame, et j’y trouve ces mots à mon adresse : « En travaillant, on est exposé à se heurter sur sa route à des inimitiés et à des jalousies plus ou moins franches, plus ou moins rudes. […] Je me borne à signaler, pour les cas où l’on me trouverait bien sévère, quelques autres passages qui achèveront de prouver la précipitation et l’incurie de l’écrivain et de l’éditeur : à la page 110, la phrase qui commence par ces mots : « Liancourt se décida à tenter l’aventure… » est inintelligible.

1556. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il suffit, pour se sentir à l’aise en parlant de lui, de l’avoir rencontré souvent, de l’avoir trouvé si impartial envers les personnes, si oublieux de toute injure, si étranger à toute rancune, si oublieux des choses seules et des questions importantes, de celles du jour, de celles de demain, un esprit sincèrement, obstinément voué à la prédication des idées qu’il croit justes et utiles. […] Né clandestinement, nourri avec mystère dans un quartier désert de Paris, puis emmené et comme perdu dans une campagne de Normandie, ayant reçu les premiers, les seuls éléments indispensables du curé du lieu, il grandit librement, sans assujettissement aucun ni discipline, et arrivé à l’âge de sentir, il trouva à sa disposition, dans un château voisin, une bibliothèque de dix ou vingt mille volumes, composée en grande partie d’histoires, de romans. […] Il n’est pas même un enfant trouvé, il est un enfant abandonné. […] Le plaisir est un butin qui lui appartient ; partout où il le trouve, il s’en empare sans scrupules et en jouit sans remords. […] si je déchire leur cœur, ce ne sera qu’en leur prodiguant les témoignages d’un attachement et d’un respect…, etc. » Toute cette partie d’Émile est bien d’un jeune écrivain qui a en lui du sang de cette famille chez qui Jean-Jacques trouva un asile et un tombeau.

1557. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Pour peu qu’on cherche ou qu’on interroge, on trouve une comédie d’Imbert, une autre du marquis de Bièvre, toutes deux restées, comme on dit, au répertoire ; le Mari à bonnes fortunes n’est pas oublié ; quantité surtout de jolis vaudevilles, hier encore en vogue, viennent se présenter à l’esprit : le Réveil du lion, la Deuxième année, un Mari qui se dérange… Mais, à prendre le sujet dans sa largeur et sa simplicité, à se figurer Lovelace, don Juan ou le comte Almaviva mariés, il me semble que deux idées s’offrent d’abord : la première, si l’on veut, et la plus naturelle, c’est celle du fat et du libertin puni. […] malgré la vraisemblance apparente, il en est rarement ainsi ; la réalité dément la conjecture : ces fats célèbres, ces hommes à bonnes fortunes, une fois mariés, — à commencer par ce libertin d’Ovide, — trouvent le plus souvent des femmes sages, dociles, modestes, des modèles de mérite et de vertu, qui les adorent et dont ils sont sûrs. […] comment ne pas être tenté à tout instant et en chaque occasion de retomber, même quand on aurait cru dans un temps, et sous une influence bienfaisante, trouver la guérison morale et le bonheur ? […] Le duc Pompée a donc rompu avec Paris ; il y a fait un vide en disparaissant subitement après une dernière soirée de triomphe et de fête ; l’éclipse a été aussi brusque que complète, nul n’a suivi sa trace : pour lui, il a trouvé bientôt dans sa vie nouvelle un rajeunissement inespéré ; il s’est épris d’une idéale et sensible Allemande, mademoiselle de Blümenthal et l’a épousée ; il est heureux, il se croit converti, il est père d’un charmant petit Georges. […] J’ai souvent fait un rêve, ou plutôt (car la chose est irréparable) j’ai formé et senti un regret : c’est que parmi toutes ces générations qui se sont succédé dans notre France légère depuis tant de siècles, il ne se soit pas trouvé, à chaque génération un peu différente, un témoin animé, sincère, enthousiaste ou repentant, présent d’hier à la fête ou survivant le dernier de tous et s’en ressouvenant longtemps après ; lequel, sous une forme quelconque, ou de récit naïf, ou de regret passionné, ou de confession fidèle, nous ait transmis la note et la couleur de cette joie passagère, de cette ivresse où l’imagination eut bien aussi sa part.

1558. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

La Renaissance, en Angleterre, ne se comporta point comme chez nous ; elle ne mit pas fin brusquement au Moyen-Age ; elle ne produisit point un sens-dessus-dessous dans l’art, dans la poésie, dans le drame, une inondation destructive ; elle trouva un fonds riche, solide, résistant comme toujours : elle le recouvrit par places et s’y mêla en se combinant. […] Les prosateurs de la Renaissance, dont Bacon est le plus célèbre, mais dont quelques autres ont repris depuis peu faveur et ont obtenu un riche regain de renommée, trouvent une juste place dans le livre de M.  […] Le poète compare Cromwell encore modeste, selon lui, et fier seulement d’obéir à la République et aux Communes, au généreux oiseau de proie, docile au chasseur, et qui n’ensanglante les airs que pour lui : « Ainsi, quand le faucon s’abat pesamment des hauteurs du ciel, une fois sa proie mise à mort, il ne pense plus qu’à percher sur la branche verte voisine où, au premier appel, le fauconnier est sûr de le trouver. » Ainsi la République est sûre de son Cromwell. — Rapprochez cette ode du généreux et fervent sonnet que Milton adressait à Cromwell vers le même temps : « Cromwell, notre chef d’hommes, qui, à travers un nuage non seulement de guerre, mais de détractions violentes et de calomnies, guidé par la foi et par une fortitude incomparable, as enfoncé ton glorieux sillon vers la paix et la vérité ! […] On trouvera cela beau peut-être au point de vue de l’inspiration et de la verve ; c’est original du moins, et on y doit admirer une faculté de transposition singulière et puissante. […] Nous le fîmes, et c’est ce qui donna matière aux maximes publiées ensuite dans nos mélanges ; celles de la fin d’un des volumes sont de moi, celles de l’autre volume sont du docteur Swift. » Ce sont là des passe-temps ingénieux, des jeux de gens d’esprit et de gens de lettres ; on est loin de Shakespeare sans doute et même de Milton ; mais je ne vois rien en tout cela qui prête si fort au ridicule, et dans une Histoire de la littérature, la partie littéraire proprement dite, même en ce qu’elle offre d’un peu calculé et d’artificiel, a droit, ce semble, de trouver place et grâce.

1559. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

L’espèce d’insurrection montagnarde qui s’était tout à coup réveillée et soulevée contre elle avec fureur, grâce à je ne sais quel appel insensé (je ne puis trouver un autre mot) et à je ne sais quelle aberration d’auteurs d’ailleurs estimables, MM.  […] Cousin, qui a poussé à fond l’application de sa doctrine à propos des papiers de Pascal et qui l’a proclamée sur tous les tons jusqu’à en faire une sorte d’article de foi littéraire, a-t-il trouvé mauvais, par exemple, que dans la publication du Journal intime de Maine de Biran, on ait retranché tous les passages où lui, M.  […] Plusieurs s’étaient offerts ; ils n’avaient trouvé en elle qu’une femme bonne, charmante, affectueuse, toute à ses devoirs, indulgente et enjouée avec ses amis. […] Mais la Révolution vint ; le cadre s’élargit, la scène s’embrasa, tous les souffles se déchaînèrent ; le milieu favorable aux passions était trouvé. […] Une moins ingénue qu’elle aurait mieux trouvé en pareil cas et aurait agi plus humainement ; je n’ose dire, plus moralement.

1560. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Ayant trouvé bon un mets qu’on lui avait servi, elle y revint, et alors elle parcourut des yeux le cercle devant elle, sans doute pour voir si, dans le nombre de ses observateurs, il n’y avait pas quelqu’un à qui elle dût compte de sa friandise. Elle le trouva et dit : « Monsieur de Lowendal !  […] Là on trouve des ouvrages de tous les genres, de la tapisserie, des métiers de toutes sortes ; et, pendant qu’elle travaille, elle a la bonté de raconter ses lectures ; elle rappelle les endroits qui l’ont frappée, elle les apprécie. […] Un autre jour, la reine entrant chez la duchesse de Luynes la trouva occupée à écrire au président Hénault ; elle prit la plume, écrivit quelques lignes en déguisant sa main et en ajoutant : « Devinez qui !  […] On trouve dans les Œuvres de Moncrif de ces Cantiques spirituels à la suite de deux contes mythologiques des plus légers.

1561. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Ses sentiments affectifs trouvèrent à s’employer sans contrainte dans le foyer domestique ; les événements de la Révolution commencèrent bientôt de les distraire et d’y introduire des émotions nouvelles. […] Pour ceux qui n’ont vu que les portraits, il est impossible de ne pas trouver entre ces deux femmes, dont les œuvres sont si différentes de caractère, une grande ressemblance de physionomie, ne serait-ce que dans le noir des yeux et dans la coiffure. […] L’attrait d’un intérêt nouveau, le changement des cœurs, l’inconstance, l’ingratitude, la mort, dépeuplent peu à peu ce monde enchanté dont la jeunesse faisait son idole…Aimer Dieu, c’est adorer à leur source les perfections que nous espérions trouver dans les créatures et que nous y avons vainement cherchées. […] Ce qui met le comble au chagrin, c’est de trouver des torts sans excuse à ceux qu’on aime ; là il y a une excuse : « Ils ne savent ce qu’ils font !  […] On trouvera quelques lettres de Mme de Duras dans l’ouvrage publié par M. de Falloux : Madame Swetchine, sa Vie et ses Œuvres (1860), tome I, pages 207 et suiv.

1562. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

On y verra des fleurs odoriférantes et du feuillage : on y trouvera divers arbres, auxquels pendront des fruits, afin que le lieu paraisse fort agréable. […] On en trouverait presque la preuve dans les premières œuvres comiques du moyen âge qui nous soient parvenues. […] Bédier croit trouver un dessin moins sec, plus de substance et de relief dans les personnages du Jeu de Robin et de Marion que dans ceux du Jeu de la Feuillée : est-ce parce que cette pièce-ci est antérieure de vingt ans à l’autre ? […] On trouve seulement dans Eustache Deschamps quelques pièces, qui nous montrent avec quelle lenteur la comédie se détache des autres genres où son origine l’engage. […] On y trouvera une bibliographie très complète du sujet, jusqu’à la date où l’ouvrage a été publié.

1563. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Il est nerveux, tendu, sentencieux : il trouve dans ses chœurs des strophes d’une belle et ferme allure. Montchrétien306 est un élégiaque, souvent languissant, souvent précieux, mais parfois délicieux : il faut descendre jusqu’à Bérénice et Esther pour trouver une poésie plus suave, plus fraîche, plus harmonieuse. […] Les troupes nomades de comédiens, dont on trouve les traces en plusieurs endroits, n’avaient pas un autre répertoire. […] Il suffit de lire la Pratique du théâtre pour s’apercevoir que D’Aubignac bataille contre une forme de drame qui est celle des mystères, et pour comprendre que, dans les règles aristotéliciennes, le rationalisme classique a trouvé un moyen d’éliminer de la scène les derniers vestiges de la fantaisie jadis naïve du moyen âge. […] Et le développement de cette action, la suspension pathétique du dénouement vient de ce que chacun des deux amants trouve en lui-même un sentiment qui l’oblige à défaire ou retarder son bonheur, et de ce que chacun d’eux trouve aussi dans l’autre un sentiment qui s’oppose à sa volonté : chez tous les deux, la piété filiale combat l’amour ; et le devoir parle à Rodrigue quand Chimène n’a encore qu’à suivre son amour, à Chimène quand Rodrigue peut de nouveau écouter son amour.

1564. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Considérons en elles-mêmes et pour ainsi dire in abstracto les lois sociologiques les plus générales que nous avons trouvées jusqu’ici impliquées dans les principales relations économiques, politiques, juridique ?. […] Il varie avec les individus, l’un trouve son bonheur où l’autre ne trouve que souffrance et ennui. Ceux qui aiment l’uniformité trouveront quelque satisfaction dans l’avènement d’un vaste régime social unitaire : ceux qui se complaisent dans la diversité en souffriront. […] Les autres s’efforceront de défendre leur individualité par tous les moyens ; n’étant pas les plus forts, ils biaiseront avec les contraintes sociales, ils s’ingénieront à trouver des fissures, des trous, dans le filet social ; ils se ménageront contre la tyrannie la plus gênante ou la plus menaçante des refuges, des alliés, des compagnons de résistance. […] On l’admet parce que l’existence de Putois offre une explication commode de certains méfaits commis dans la ville et dont on ne trouve pas l’auteur.

1565. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Nous le trouvons, au lever de la toile, en conférence avec l’Égérie du parti, qu’il crible de ses plus fines épigrammes. […] Le marquis lui a trouvé un emploi : il est secrétaire de M.  […] Il a plongé dans la vase des métiers intimes pour y trouver l’argent qui a payé son éducation. […] Je n’y trouve guère qu’un mot à reprendre, quoique ce mot ait été fort applaudi. […] Même, en fait de blasons et de nullités, la baronne pourrait trouver de plus gros zéros et d’aussi grands besans d’or.

1566. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

On trouverait peu de poètes, dans notre Occident, qui jouissent d’une pareille fortune. […] Or, pour se concilier cette classe composée des plus anciennes familles de Perse, les princes de nouvelle formation ne trouvèrent rien de mieux que de réchauffer et de favoriser le culte des vieilles traditions historiques et nationales, les souvenirs des dynasties antérieures et des héros. […] Il crut le trouver d’abord dans le gouverneur de sa province, Abou-Manzour, jeune prince rempli de générosité et de clémence, qui lui dit : « Que faut-il que je fasse pour que ton âme se tourne vers ce poème ?  […] Quand le sultan ouvrit ce papier à son adresse, il y trouva une satire sanglante. […] Cette démarche que projette Iredji, il l’exécute ; il va trouver ses frères avec un esprit de paix, et au moment où l’un d’eux, dans un accès de fureur brutale, le frappe et s’apprête à le tuer, il lui dit : N’as-tu aucune crainte de Dieu, aucune pitié de ton père ?

1567. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Car pour le talent, au milieu des veines de mauvais goût et des abus de toute sorte, comme il s’en trouve d’ailleurs dans presque tous les écrits de M. de Chateaubriand, on y sent à bien des pages le trait du maître, la griffe du vieux lion, des élévations soudaines à côté de bizarres puérilités, et des passages d’une grâce, d’une suavité magique, où se reconnaissent la touche et l’accent de l’enchanteur. […] Dans un chapitre intitulé « Des gens de lettres en 89 », on trouve sur Ginguené et sur Chamfort des portraits piquants et qui sont tracés avec tant de saillie, que, si on ne les contredit à temps, ils ont chance de vivre et d’emporter ainsi leurs victimes à la postérité. […] Plus l’un lui avait été donné comme grand, plus il a trouvé l’autre petit. […] Je ne veux pas dire par là qu’il soit immoral, mais je n’y trouve pas cette bonne grosse moralité qu’on aime à lire même au bout d’une fable ou d’un conte de fées. […] » qui, dans ses dépits enfin, trouvera des jactances, des vanteries burlesques, tout à côté de paroles divines !

1568. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Heureusement le caractère de La Harpe est beaucoup plus simple, et, converti ou non, on le trouve le même. […] Mais lorsque, plus tard, dans sa chaire du Lycée, ayant trouvé sa fonction et sa vraie place, il lisait avec physionomie, avec feu, ses leçons en général judicieuses et élégantes, on s’étonnait de sentir en lui le maître, on le reconnaissait et on l’applaudissait sans effort, sans révolte. […] Tel je trouve La Harpe dans la plupart des articles du Mercure qui lui ont valu tant de représailles et de rancunes ; tel dans la Correspondance avec le grand-duc de Russie, où il se donne toute carrière en fait de décisif. […] Dans l’expression comme dans les idées, il trouve ce qui se présente d’abord et ce qui est à l’usage de tous. […] [NdA] Ceux qui prendront la peine de lire l’original de cette lettre à la Bibliothèque nayionale, trouveront ici un autre mot (pousse-c…) que j’ai remplacé par un équivalent.

1569. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

À quinze ans, on le trouve à Paris, prenant de M.  […] Et ici j’aborderai franchement l’objection avec Courier, et je ne craindrai pas de montrer en quoi je le trouve étroit, fermé, négatif et injuste. […] Il est devenu lui-même Italien ; après la langue grecque, il ne trouve rien à comparer à ces idiomes si riches et si suaves des diverses contrées de l’Italie. […] La fortune traitait cette fois Courier avec faveur : elle lui faisait trouver chez un ancien ce qu’il aurait aimé à inventer lui-même. […] Je les prends comme je les trouve, car, si on était difficile, on ne lirait jamais, et on ne verrait personne.

1570. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Anatole France a dit quelque part (en substance) que les poètes trouvaient leurs rythmes, et se forgeaient leur langue, assez inconsciemment, et qu’ils étaient disgracieux, s’essoufflant à démonter les rouages de leur strophe ; c’est fort possible, et il faut émettre en principe qu’on fait d’abord ses vers, et qu’on s’en précise ensuite la rythmique. […] Depuis longtemps je cherchais à trouver en moi un rythme personnel suffisant pour interpréter mes lyrismes avec l’allure et l’accent que je leur jugeais indispensables ; à mes yeux, l’ancienne métrique devait n’être plus qu’un cas particulier d’une métrique nouvelle, l’englobant et la dépassant, et se privant des formes fixes gauchies par un trop long usage, et fatiguées de traditions. […] Pratiquement, par l’exemple, il orientait contre le naturalisme, et vers l’idée d’une poésie pure ; on ne trouverait point trace de son voisinage chez les meilleurs d’entre nous, à tel ou tel vers, mais peut-être dans des tenues générales d’un livre. […] Cette poétique possède sa valeur et la conserve en tant que cas particulier, de la nouvelle comme celle-ci est destinée à n’être plus tard qu’un cas particulier d’une poétique plus générale ; l’ancienne poésie différait de la prose par une certaine ordonnance ; la nouvelle voudrait s’en différencier par la musique, il se peut très bien qu’en une poésie libre on trouve des alexandrins et des strophes en alexandrins, mais alors ils sont en leur place sans exclusion de rythmes plus complexes… » IV Qu’ajouterai-je à ce trop bref et ancien exposé ? […] C’est l’absence de cette grande œuvre qui nous fait conclure à un léger temps d’arrêt dans le développement de notre poésie ; c’est à dépasser nos limites que nous devons tendre, et quelqu’un trouvera l’argument victorieux à l’objection — soit un livre.

1571. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Tournez-le, retournez-le vingt fois, vous ne trouverez en lui qu’un morceau de bois, dur en diable, très travaillé toujours, et quelquefois assez creusé. […] On l’en a trouvé plus nerveux, et on a presque fourré dans un nid d’aigle cet échassier attentif et concentré, qui, d’un long bec, affilé et tranchant, attrapa, au milieu du fretin qu’il péchait d’ordinaire, deux ou trois poissons comme Carmen, le Vase étrusque et Colomba ! […] Je ne l’y trouve pas changé du tout, ni agrandi, ni engraissé, ni plus fort en esprit, ni plus fort en âme qu’il n’était, comme l’affirme et le soutient une Critique un peu trop forte en gueule, elle ! […] Jourdain disait : « Nicole, apportez-moi mes pantoufles. » Pour lui, le fond, en toutes ses œuvres, a toujours mieux valu que la forme, mais quand, ainsi que dans ces Lettres, où je le trouve nul d’esprit et de cœur, le fond n’est rien, que devient le tout ? […] Excepté ce mot inconséquent sous lequel Mérimée ne pouvait mettre qu’une idée banale, sans aucun sens pour lui, on ne trouve rien dans ces Lettres à Panizzi qui caractérise et honore l’Empire, cet Empire qui l’avait comblé !

1572. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Et c’est là le premier caractère que je trouve dans Joseph de Maistre, et c’est le premier intérêt que je trouve aussi en ces fragments, qui en font foi. […] On ne regardera point comme une pure piété de famille, qui est souvent, en matière de livres, une superstition, la publication de ce vieux fond de tiroir, et on y trouvera du parfum. […] C’est là un morceau d’érudition accablante que les historiens futurs trouveront ici, à leur service, et qu’avec la distance qui veloute tout, même le crime, ils ne recommenceraient peut-être pas avec ce détail massacrant et cette minutie vengeresse… V Et maintenant, il faut se résumer sur ce livre posthume de Joseph de Maistre. […] Ils trouvèrent un si joli tour de lui prendre, ou du moins de lui légèrement déshonorer, la plus puissante de ses plumes laïques, et ils s’y employèrent, allez ! […] Son Traité du Prince, on le trouve dans les lettres de la Correspondance diplomatique, qu’il est impossible de ne pas croire de lui, à leur style, quoique certains passages de ces lettres, à leur style aussi, n’en soient pas.

1573. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

., je cherche le ménétrier des gueux et je ne trouve qu’un épicurien, un lettré, un renaissant et même un mythologue, qui croise André Chénier avec Mathurin Régnier et Callot ; Lisez surtout la pièce : Vieille statue : Ô Pan, gardien sacré de cette grotte obscure …………………………………………………… Toi qui ris d’un air bon dans ta barbe de pierre ! […] Le livre est entraînant, et c’est peut-être ce qui l’a fait trouver dangereux… Je crois qu’on peut dire à la décharge du poète de La Chanson des Gueux, qu’il n’a pensé qu’à son effet littéraire. […] Mais ce n’est pas parce que Lamartine remonte vers Dieu que l’on trouve les blasphèmes momentanés du Désespoir et des Novissima verba sublimes, c’est parce qu’ils ont la flamme, l’émotion, l’intensité et la beauté inanalysable de cette substance mystérieuse qui est la Poésie, — cette âme dans une autre âme qui ne double pas toutes les âmes… Eh bien, cette âme exceptionnelle, l’auteur des Blasphèmes l’a comme Lamartine. […] Le siècle de Schopenhauer et du Nihilisme a enfin trouvé son poète. […] moi, chrétien, j’aurais pu, à propos de ce livre des Blasphèmes, pétrir de la morale et de l’esthétique l’une dans l’autre et confondre l’œuvre morale, que je trouve criminelle, avec l’œuvre poétique qui est belle.

1574. (1900) La culture des idées

On trouverait finalement en ce mot le résumé des qualités dont la race française se croit l’expression. […] L’abstention du peintre trouverait sans doute des explications moins extraordinaires. […] Chose singulière, Cortez avait trouvé un interprète au seuil de l’empire mystérieux qu’il allait dompter en quelques semaines ; César en trouva autant qu’il y avait de dialectes en Gaule : il y a des hommes pour qui les défenses de la nature deviennent des complices. […] Les sentimentalités récalcitrantes trouveront dans la musique un refuge suprême. […] « Dans aucun pays étranger, l’Alliance française n’a trouvé un terrain plus favorable qu’en Hollande.

1575. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

On pourra me trouver sévère, n’importe ! […] Tu le sais si tu l’as trouvé. […] Et crois-tu que je ne l’aie pas trouvé ? […] Tu l’as trouvé si tu l’as cherché. […] Ce qui étonne davantage, c’est d’y trouver aussi la joie.

1576. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 203-204

Style élégant & naturel, narration simple & intéressante, sentiments vrais & délicats, toutes les graces enfin qui peuvent parer un petit Ouvrage, s’y trouvent agréablement réunies. […] Nous ne connoissons, de M. l’Abbé Mangenot, aucun Ouvrage en prose, à moins qu’on ne veuille regarder comme un Ouvrage son Histoire abrégée de la Poésie Françoise, plaisanterie aussi juste qu’agréable, où il seroit difficile de trouver beaucoup de fautes, car elle se réduit à une demi-page.

1577. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 397-398

Ce n’est pas l’intérêt qui a manqué à ses sujets ; car, en choisissant Moïse, Saül, Hérode, Antiochus, il étoit difficile d’en trouver de plus connus & de plus capables d’animer le génie poétique, si M. l’Abbé Nadal en eût été doué ; mais le choix du sujet ne suffit pas pour faire réussir un Ouvrage, il faut encore le bien traiter. En qualité d’Ecrivain en prose, son mérite seroit plus sensible, si les réflexions saines qu’on trouve çà & là dans ses Traités de Morale & dans ses Observations critiques, n’étoient défigurées par un style tantôt guindé, tantôt rampant & diffus, trop souvent au dessous du médiocre.

1578. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Nous trouvâmes M. de Chateaubriand au jardin. […] Lenormant, trouvèrent que c’était y aller un peu vite, et ils ne désespéraient pas encore de le rattacher au nouvel ordre de choses. […] Comment n’ai-je pas trouvé le blond essaim au-dessus de la tête blonde, et les deux vieillards et les deux enfants entre lesquels une révolution a passé, et les torrents de vœux et de regrets aux heures les plus oisives, et cette voix incertaine qui soupire en nous et qui chante, mélodie confuse, souvenir d’Éden, etc. ?

1579. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

L’auteur, en parlant des trois nouvelles qu’il recueille et qu’il appelle trois fragments, s’excuse de ce qu’on y trouvera d’incomplet, d’irrégulier, et se rejette au long sur les nécessités matérielles qui le commandent. […] Ce noble exemple, tant ridiculisé par un monde aveugle, me paraît, à lui seul, capable de racheter les erreurs de sa vie… Il y a loin de la dignité d’action du pauvre Rousseau à la pompeuse fortune littéraire des spéculateurs en philanthropie, Voltaire et son écho lointain Beaumarchais… » M. de Balzac, après avoir, non sans raison, remarqué que cette sévérité contre les auteurs qui vendent leurs livres siérait mieux peut-être sous une plume moins privilégiée à tous égards que celle de M. de Custine, se donne carrière à son tour, se jette sur les contrefaçons, agite tout ce qu’il peut trouver de souvenirs à la fois millionnaires et littéraires : la conclusion est qu’à moins de devenir riche comme un fermier général, on se maintient mal aisément un grand écrivain. […] Il vous sera permis de dire alors que rien d’incompatible avec le plus scrupuleux sentiment de notre dignité ne trouverait une excuse dans l’or reçu en échange ; mais vous saurez aussi que des richesses loyalement acquises seraient d’un grand prix, et vous laisserez la prétention de mépriser les biens à ceux qui, ne pouvant s’en détacher, s’irritent contre une sorte d’ennemi toujours victorieux. » Voilà le cri à demi étouffé d’une nature haute que la pauvreté comprime : mais, cela dit, il faut se taire.

1580. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VI. De l’envie et de la vengeance. »

Quel triste sort, en effet, que celui d’une passion qui se dévore elle-même, et, poursuivie sans cesse par l’image de ce qui la blesse, ne peut se représenter une circonstance quelconque où elle trouverait du repos ! […] Les âmes généreuses, qui se sont abandonnées à des mouvements coupables, ont fait un tort immense à l’ascendant de la moralité ; elles ont réunis à des torts graves des motifs élevés, et le sens même des mots s’est trouvé changé par les pensées accessoires que leur exemple y a réunies. […] Enfin, par quelque motif qu’on se crole excité à la vengeance, il faut répéter à ceux qui voudraient s’y abandonner, non pas qu’ils n’y trouveraient pas de bonheur, ils ne le savent que trop, mais il faut leur répéter qu’il n’est point de fléau politique plus redoutable.

1581. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

* * * Vous trouverez, vous, que c’est horrible, et vous répéterez avec tous nos austères chroniqueurs : « Mais à quoi bon ces révélations ? […] Tous ces hommes de génie ont sur nous assez d’avantages ; et notre instinct de justice trouve son compte dans toutes ces divulgations, dussent-elles les rabaisser un peu. […] Mais enfin si je veux de la vertu, je sais où la trouver.

1582. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maeterlinck, Maurice (1862-1949) »

Il semble pourtant préférer la dissertation métaphysique à la réalisation littéraire directe où il a trouvé la célébrité. […] Tout s’y trouve comme restreint à l’exil d’une prison artificielle où il ferait extraordinairement froid. […] Et cela, parce que, dans l’entretien et la compagnie de ces enfants, il se sera trouvé plus proche de ce qui est impérissable.

1583. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Dans les pays que nous venons d’énumérer, rien d’analogue à ce que vous trouverez en Turquie, où le Turc, le Slave, le Grec, l’Arménien, l’Arabe, le Syrien, le Kurde sont aussi distincts aujourd’hui qu’au jour de la conquête. […] Prenez une ville comme Salonique ou Smyrne, vous y trouverez cinq ou six communautés dont chacune a ses souvenirs et qui n’ont entre elles presque rien en commun. […] Nous ne devons pas trouver mauvais qu’on nous imite.

1584. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

Ne pouvait-on trouver quelque temple gothique dans une vallée, au milieu des bois ? […] Il eût trouvé parmi nos saintes des puissances aussi grandes que celles des déesses antiques, et des noms aussi doux que ceux des Grâces. […] Et ce qu’il y avait de très merveilleux, c’est qu’au milieu de tant d’occupations, ces excellents hommes trouvaient encore le secret de remplir les plus petits devoirs de leur religion, et de porter dans la société l’urbanité de leur grand siècle.

1585. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

Les dames françoises, ausquelles sur tout il faut être complaisant, ne trouveroient point ces heros assez gracieux. […] Trop spirituelle pour être encore barbare, mais trop peu éclairée pour connoître la dignité des moeurs ; elle a conçu dans l’amour un merite que les nations sensées n’y trouvent point. […] Ces peintures trouvent par tout des coeurs qui ressentent les mouvemens dont elles sont des imitations naïves.

1586. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

Ce plaisir cesse même dès qu’on applique son attention à la lecture, et l’on ne s’apperçoit plus alors de la beauté de l’impression que par la facilité que les yeux trouvent à reconnoître les caracteres et à rassembler les mots. […] Nous trouvons même dans les usages de ce temps-là une preuve encore plus forte du plaisir que donne la simple récitation des vers qui sont riches en harmonie. […] Si ceux qui trouvent les comédies de Terence froides les avoient vû representer par des comédiens, qui mettoient du moins autant de vivacité dans leur action que les comédiens italiens, ils ne diroient plus la même chose.

1587. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

Les étrangers trouvent que nous entendons mieux que les italiens, le mouvement et la mesure, et qu’ainsi nous réussissons mieux que les italiens dans cette partie de la musique, que les anciens nommoient le rithme. […] L’auteur d’un poëme en quatre chants sur la musique, où l’on trouve beaucoup d’esprit et de talent, prétend que lorsque le genre humain commença, vers le seiziéme siecle, à sortir de la barbarie et à cultiver les beaux arts, les italiens furent les premiers musiciens, et que la societé des nations profita de leur lumiere pour perfectionner cet art. […] Mais cet Orlando Lasso, quoiqu’on le trouve dans quelques auteurs mal informez avec ses deux noms terminez à l’italienne, n’en étoit pas plus italien que le Ferdinando Ferdinandi de Scarron, et qui étoit natif de Caën en France.

1588. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Et pourtant, malgré tout ce qui semble l’en séparer, on trouverait, en creusant, sous la préoccupation qui l’a produit, plus d’un rapport à indiquer entre les idées littéraires qui semblent n’y faire aucun bruit et les tapages politiques de notre temps. […] En vain s’y trouve-t-elle recouverte par une impartialité apparente et le calme de la pensée ; en vain s’y dissimule-t-elle assez naturellement sous un grand nombre de détails purement bibliographiques et personnels, il ne faut pas des yeux de lynx pour bien l’y voir. […] Puisque Didot, qui est écrivain et dont la plume expérimentée a des qualités de correction, de clarté et parfois d’élégance que nous aimons à reconnaître, trouvait utile de publier, en dehors du cadre de son dictionnaire, un Essai sur la Typographie, il devait vouloir assurer par tous les moyens dont un auteur dispose le succès possible de cet essai.

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