Du style des Caractères, et du jugement qu’en a porté Suard. — § VII. […] Dans tous les jugements qu’on a portés sur La Bruyère, on a fait contraster avec la gloire de ses écrits l’obscurité et l’insignifiance de sa vie. […] Du style des Caractères, et du jugement qu’en a porté Suard.
A peine si Boileau accorde à Villon et à Marot quelques maigres éloges qui encore portent à faux ; il traite Ronsard et son école avec une insultante pitié ; et l’historien qu’il essaie d’être pousse un soupir de soulagement, comme un homme perdu dans la nuit qui voit poindre l’aurore, quand, dans sa course rapide à travers le passé littéraire de la France, il arrive à Malherbe, son précurseur. […] Cependant sous cette immobilité voulue, sous ce règne paisible de l’ordre et de la discipline, contre lesquels Molière et La Fontaine sont à peu près les seuls à regimber parfois, le mouvement de la vie continue quand même ; la monarchie de droit divin est à son apogée ; mais l’apogée est toujours voisin du déclin ; l’Eglise catholique, son alliée, a infligé une cruelle défaite à ses adversaires ; mais toutes deux, par l’excès même de leur tyrannie, provoquent le réveil de l’esprit de liberté ; en matière littéraire aussi, quoique le joug y soit moins lourd à porter, l’époque suivante verra déjà des essais, tout au moins des velléités d’émancipation. […] Il faut, à côté d’eux, placer les hommes et les ouvrages secondaires, qui a défaut d’autre mérite servent du moins à montrer, soit réduites au niveau moyen les qualités, soit portés à outrance les défauts des maîtres et de leurs productions géniales.
Vous figurez-vous ce vertueux chimiste, restant le nez dans ses cornues, tandis que sa femme plante : sur son front tout ce que peut porter le chef d’un mari ? […] Elle était à tout faire, cette bonne endiablée ; elle portait les billets doux, introduisait les amants, faisait le guet de l’alcôve, et trahissait, depuis dix ans, à la journée, son doux maître. […] Le fusil a porté, mais l’arme morale a dévié ; ce dénouement fait faux coup.
Écoutons le raisonnement : Si l’on veut bien considérer, nous dit d’Olivet, qu’il a vécu quatre-vingt-onze ans moins quelques jours, qu’il se porta dès sa plus tendre enfance à l’étude, qu’il a toujours eu presque tout son temps à lui ; qu’il a presque toujours joui d’une santé inaltérable ; qu’à son lever, à son coucher, durant ses repas, il se faisait lire par ses valets ; qu’en un mot, et pour me servir de ses termes, ni le feu de la jeunesse, ni l’embarras des affaires, ni la diversité des emplois, ni la société de ses égaux, ni le tracas du monde, n’ont pu modérer cet amour indomptable de l’érudition qui l’a toujours possédé, une conséquence qu’il me semble qu’on pourrait tirer de là, c’est que M. d’Avranches est peut-être, de tous les hommes qu’il y eut jamais, celui qui a le plus étudié. […] La bonté de votre âme est pour les autres aussi bien que pour Dieu, car vous êtes commode, point critique, et si peu porté à juger mal, que je crois que votre bonté pourrait même quelquefois duper votre esprit. […] [NdA] On me fait remarquer qu’il ne fut pourtant pas sans une sorte de prévision qui dénote au moins sa prudence ; une des clauses du testament portait que, dans le cas où la Société cesserait d’exister en France, ses héritiers à lui pourraient réclamer cette partie de la succession.
La Révolution ne le porta point d’abord à l’Assemblée constituante, et il resta sur le second plan, en se contentant d’écrire et de publier ses idées sur tous les sujets à l’ordre du jour. […] Toutes les fois que le peuple en personne se met en communication avec l’Assemblée, Condorcet y applaudit : On sait, écrivait-il le 21 novembre 1791, que les séances du dimanche sont consacrées au saint et indispensable devoir d’entendre les pétitionnaires… L’Assemblée doit aimer à se sentir quelquefois électrisée par les expressions que l’enthousiasme d’un peuple libre et généreux vient porter dans le sein même de ses séances. […] Dans l’intervalle du 20 juin au 10 août, Condorcet ne cesse, par ses articles, de chauffer ou du moins de caresser l’opinion exaltée, et de témoigner hautement son désir de la voir se porter jusqu’au dernier éclat.
La vraie date de Mlle de Scudéry est à ce moment, à l’heure de la régence, aux beaux jours d’Anne d’Autriche, avant et après la Fronde, et sa gloire dura sans aucun échec jusqu’à ce que Boileau y vînt porter atteinte, en vrai trouble-fête qu’il était : « Ce Despréaux, disait Segrais, ne sait autre chose que parler de lui et critiquer les autres : pourquoi parler mal de Mlle de Scudéry comme il l’a fait ? […] Des gens du monde se portaient comme intermédiaires entre les savants proprement dits et les salons : on voulait plaire tout en instruisant. […] Cette guerre hardiment déclarée par Boileau à un genre faux qui avait fait son temps, et qui ne subsistait plus que par un reste de superstition, y porta un coup mortel, et, depuis ce jour, Mlle de Scudéry ne fut plus pour le jeune siècle qu’un auteur suranné.
Le tour d’esprit de M. de Maistre était si naturellement aristocratique, qu’il le portait, politiquement parlant, jusque dans l’ordre de la pure intelligence, et il s’emparait de cet autre mot de Platon : « Le beau est ce qui plaît au patricien honnête homme ». […] Après 1815, quand la maison de Savoie est rétablie dans son antique héritage, M. de Maistre, à la veille de rentrer dans sa patrie, mais lésé lui-même dans sa fortune et à peu près ruiné dans son patrimoine, ne forme plus que le vœu du patriarche ; il nous laisse voir l’unique fond de son désir au milieu de cet ébranlement de l’Europe, où le volcan ne se ferme d’un côté que pour se rouvrir d’un autre : « Ma famille, mes amis et mes livres suffisent aux jours qui me restent, et je les terminerais gaiement si cette famille ne me donnait pas d’affreux soucis pour l’avenir. » Faisant allusion à cette vivacité qu’il portait volontiers en tout, et dont il ne prétend pas s’excuser : Cependant, écrivait-il à un ami, si j’avais le plaisir de vivre quelque temps avec vous sous le même toit, vous ne seriez pas peu surpris de reconnaître en moi le roi des paresseux, ennemi de toute affaire, ami du cabinet, de la chaise longue, et doux même jusqu’à la faiblesse inclusivement ! […] Il en est de cette publication, en un sens, comme de celle de Mirabeau, dont nous avons dernièrement parlé : elle vient dans les circonstances les plus favorables pour réussir et pour porter coup ; c’est depuis que les plaies de la société sont si largement à nu et sensibles aux yeux de tous, qu’on peut mieux apprécier la profondeur et la longueur de coup d’œil du philosophe à demi prophète.
Ce prince bienveillant et faible, et qui appréciait avec cœur des services dont il n’avait pas su profiter, lui fit cadeau de l’épée qu’il portait, en lui disant : « Monsieur le maréchal, je vous remets, en témoignage de haute estime, l’épée que je portais quand je voyais les troupes françaises. » Parole qui fait sourire, mais qui est touchante d’intention dans sa modestie même et sa faiblesse. […] Mais, dans le temps, l’opinion royaliste pure sut très bien le distinguer, et parce que l’on comptait davantage sur lui, et parce que, dans les discussions qui avaient porté sur ce point, il s’était mis plus en avant qu’un autre pour le maintien des couleurs nationales.
Le glorieux événement qui a porté au trône la famille d’Orléans est la réalisation de ses plus anciennes espérances. […] Carrel n’approuvait pas cette manifestation ; il en donne les raisons en homme mûr : « L’ordre n’a peut-être rien à en craindre, comme cela a paru aujourd’hui, dit-il ; mais, pour qu’une chose soit raisonnable, il ne suffit pas qu’elle ne soit point dangereuse. » Il parle de cette démonstration de jeunes gens (dont nous étions nous-même) avec cette autorité qu’a un homme qui a risqué sa tête et qui apprécie son passé : Bien souvent, dit-il, entre hommes de bonne foi et qui avions couru comme eux la chance de porter nos têtes en place de Grève, nous nous sommes entretenus d’eux depuis huit ans, et, si nos souvenirs ne nous trompent point, c’était bien plutôt pour déplorer leur inutile trépas, que pour en glorifier notre cause. Nous disions, il y a trois ans, quand nous commençâmes à nous apercevoir que le respect de la légalité portait aussi ses fruits : Que ne nous sommes-nous résignés plutôt nous faire gens d’affaires au lieu de conjurés !
La lecture de Robinson fut pour lui un événement ; lui aussi, il cherchait en imagination son île, mais bientôt ce ne fut plus une île solitaire, il s’y donnait des compagnons ; il la peuplait à son gré d’un monde choisi, dont il se faisait le législateur pacifique : car il était ambitieux, et son penchant le portait naturellement ou à s’isoler ou à se donner le beau rôle. […] Il concevait dans sa tête et portait partout avec lui un monde d’ordre et d’harmonie, une espèce d’Éden ou d’âge d’or, duquel il ne voulait absolument pas se départir et qu’il s’obstinait à réaliser au milieu des désaccords de tout genre qui l’offensaient. […] Il commence même à porter ses vues plus loin ; son esprit de système l’entraîne vers les spéculations physiques : J’ai recueilli, dit-il, sur le mouvement de la terre des observations, et j’en ai formé un système si hardi, si neuf et si spécieux, que je n’ose le communiquer à personne.
Ce moment, pour lui solennel, du départ, fut aussi celui où il changea le nom de Boisgirais qu’il avait porté jusque-là en celui de Volney qu’il allait rendre célèbre. […] Plus tard il se lia avec un cheik bédouin ; il s’était accoutumé à porter la lance et à courir un cheval aussi bien qu’un Arabe du désert. […] Sa renommée de voyageur et la confiance qu’inspiraient alors les hommes de lettres le portèrent aux États généraux en 1789 : il y fut nommé par ses compatriotes de l’Anjou, et, comme tant de philosophes et, de littérateurs, il s’y montra au-dessous de sa réputation.
Mais il ne faut pas oublier que l’ouïe et la vue rendent pour nous sensibles, dans les vibrations mêmes de l’air et de la lumière, les changements apportés à la direction et à l’amplitude de ces vibrations par les corps qu’elles ont rencontrés ; lorsque ces corps sont agités par des ondes nerveuses, celles-ci, arrivent Jusqu’à nous, portées pour ainsi dire par les ondes lumineuses ou sonores. […] Mais ce qui importe, c’est que le sentiment d’un encouru danger par un individu ou d’une douleur subie par lui en vienne à provoquer, chez un autre individu, des mouvements réflexes aboutissant vers le point douloureux à soulager ou vers le danger à écarter ; nous en venons alors à localiser chez autrui l’origine de notre malaise sympathique, et nous cherchons à y porter remède chez autrui. […] Le raisonnement peut être abstrait des choses sans être le moins du monde abstrait de notre, personnalité, abstrait de nous-mêmes ; on peut se mettre tout entier dans un théorème, et par là, ajoutons-le, on y fait bien entrer quelque chose du monde concret, et même tout le monde que nous portons en nous.
On est toujours porté à considérer comme des coupables ceux qui veulent user librement de leur raison et ne se soumettre qu’après discussion à la raison d’autrui. […] Dans chaque société, dans chaque contrée, dans chaque classe, il est des préjugés sucés avec le lait et que nous portons avec nous comme des principes innés. […] Ceux qui parlent ainsi croient sans doute défendre la cause de la vérité ; mais ils ne voient pas qu’ils lui portent de leur propre main les coups les plus redoutables et les plus profonds.
L’obligation où se trouve le poète de chercher l’expression, lui fait souvent rencontrer la plus énergique et la plus propre, qu’il n’eût peut-être pas trouvée s’il eût écrit en prose, parce que la paresse naturelle l’eût porté à se contenter du premier mot qui se serait offert à sa plume. […] Cicéron, si difficile d’ailleurs sur tout ce qui avait rapport à l’harmonie du style, condamne avec raison Théopompe, pour avoir porté jusqu’à l’excès le soin minutieux d’éviter le concours des voyelles2. […] On sait le jugement que portait le P.
Selon moi, c’est une bien grande question de savoir si le Roi avait le droit de porter à terre, sous des réformes qui valaient des coups de hache, les institutions monarchiques dont il était le couronnement. […] Il a bien vu que, malgré les prétentions d’une philosophie qui, si on la laisse faire, est en train de fausser le sens commun de l’humanité pour des siècles, ce qu’on appelle la Révolution Française, comme tous les grands événements, se résumera en quelques noms propres, — le seul signe que, pour des raisons très profondes, les hommes connaissent des plus grandes choses, — et alors il a regardé sous ces noms ceux qui les portent, et, en agissant ainsi, je le dis en lui battant des mains, il a éventré la Révolution jusque dans le cœur de ceux qui la voulurent et les cerveaux de ceux qui la pensèrent, confondant à dessein en une même condamnation les hommes et les faits, souillés réciproquement les uns par les autres, et traînant le tout à des gémonies éternelles dans le pêle-mêle du mépris. […] Et voilà ce que j’aurais voulu signaler à l’Europe si ma voix avait porté loin.
» ; eh bien, parce qu’on les lui laissa, parce qu’on lui fournit des litières qui le portèrent doucement à Rome, quand il y fut mandé, au lieu de l’y traîner à la queue d’un cheval de gendarme, écoutez bien cette conclusion ! […] L’humouristique Chasles, qu’un jour j’appelai, dans un article consacré à sa mémoire2, le plus élégant des Arlequins littéraires, et qui portait sur son esprit avec tant de souplesse, d’ondulation et de chatoiement, les couleurs d’au moins trente-six littératures, affecte maintenant l’emphatique solennité d’un patriarche ou d’un burgrave. […] Mais le critique humouristique et esthétique qui se fit un nom de critique si charmant à porter, il faut l’appeler maintenant le ci-devant Philarète Chasles !
Et, en effet, les sentiments et les idées les plus intimes en portent parfois la marque ; il n’est pas jusqu’aux nuances de notre patriotisme, de nos amitiés, de notre religion qui ne puissent être modifiées par le nombre des hommes avec lesquels nous vivons en rapports constants. […] Si donc, comme nous cherchons à l’établir, il existe un certain rapport entre l’accroissement de la quantité sociale et le succès des idées égalitaires, il n’est pas étonnant que les peuples les plus portés à l’égalitarisme soient aussi les plus habitués à la mobilité. […] Ainsi, le grand nombre même des individus agglomérés dans les vastes groupements modernes serait une raison pour que chacun d’eux se sentit porté à se poser comme « fin en soi ».
Il tient ce siècle ainsi que les empereurs des peintures portent le globe universel. […] Parlerai-je aussi de ceux qui jugeaient bon d’informer leurs contemporains de l’amour qu’ils portaient à leurs mères ? […] On lui conseilla de porter plainte. […] Toi qui dis l’amour dont mon âme est pleine Et cours lui porter le joyeux réveil. […] Et, blanches, les porta vers le firmament noir.
Dans tous les cas, nous portons la peine de nos erreurs ou de celles d’autrui, car la nature n’échappe pas, comme la société, à la loi de solidarité. […] Il faudrait l’anéantir comme un vêtement que l’on a vu porter à un ami, et que l’on brûle, plutôt que de le voir traîner dans la boue. […] je le vois aussi ; elle peut bien porter sa tête sous son bras, car Persée la lui a coupée. […] Byron, au contraire, a porté le drame dans le monde fantastique beaucoup plus que dans le monde réel. […] Qu’était-il, lui, quand il portait le monde dans son sein ?
Il a supprimé le coup porté au Seigneur, reste de l’antique légende de Malc, et il a changé les paroles fatales du Christ. […] Ces deux traits semblent indiquer un récit où on aurait rapproché, et par le coup porté au Seigneur et par le baptême, Ahasvérus de Cartaphilus. […] Au lieu d’ἰξευτἠς le manuscrit grec suivi par le traducteur latin portait sans doute τοξευτἠς, qu’il a rendu par « sagittarius ». […] J’ai reproduit le texte de M. de Wailly avec de légères modifications qui ne portent guère que sur la forme. […] « Cessez de porter (des feuilles) !
L’une des dernières pages qu’il ait publiées portait ce titre : Une grande année. […] Son allégresse était la flamme de son intelligence ; et les défaillances de la réalité matérielle n’y portèrent pas atteinte. […] Cet appareil sera chargé de remédier au « désespoir des masses » : il aura bien à faire ; et c’est plus lourd que de porter des voyageurs ! […] … Ils n’y sont que trop portés. […] Mais il portait vaillamment, lestement ce siècle, ou peut s’en faut, de beau travail et de zèle opiniâtre.
Bourget sont pour le roman qui prouve, pour la peinture de la vie qui amène à porter un jugement sur la vie. […] Découvrir des allégories, les prêter à Dieu, les porter au compte de Dieu, fut un des exercices coutumiers et nécessaires de la pensée religieuse. […] C’est ainsi que le diable portera sa pierre à Dieu. […] Il pourrait porter aussi son amoureux. […] C’est sur cette voie qu’il a ramassé la brebis perdue pour la porter vers son foyer.
Aucun témoignage, en effet, ne nous semble mériter plus de poids que celui de M. d’Ault, et par la situation intime de laquelle il a vu, et par l’esprit éclairé autant qu’attentif qu’il y a porté, et enfin par la véracité de sa parole.
Resté en France, il allait chaque année à Guernesey porter à l’exilé les nouvelles et les fleurs de la France.
d’Arnaud a fait encore des Romans qu’il faut bien se garder de confondre avec la foule des Ouvrages qui portent ce nom.
Le dessein de leur être utile, est même un des motifs qui m’engagent à publier ces reflexions que je donne comme les répresentations d’un simple citoïen qui fait usage des exemples tirez des tems passez, dans le dessein de porter sa republique à pourvoir encore mieux à l’avenir.
— (Il se grattait le flanc droit comme pour désigner la place où le coup avait porté) là !
C’est celui où tout effort musculaire semble avoir disparu, où les membres se jouent librement, comme portés par l’air10. […] Aussi l’effort ne nous choque-t-il plus : au contraire, il est une condition de l’intérêt que nous portons au travail. […] Grant Allen est porté logiquement à réserver le nom d’esthétiques aux sensations de l’ouïe ou de la vue, qui seules n’intéressent pas la vie en général. […] Si la monarchie a eu ses Richelieu et ses Bismarck portés au premier rang, elle a eu aussi ses Turgot honteusement chassés. […] Lorsque l’alexandrin de Boileau, avec sa démarche solennelle, pouvait porter en lui et soutenir une idée, c’était déjà beaucoup ; celui d’André Chénier et de V.
Les œuvres nouvelles qui sortent de ces luttes infinies, de ces mondes intérieurs de souffrances, d’analyses, de pointillements, peuvent être belles encore, belles comme des filles engendrées et portées dans les angoisses, belles de la blancheur des marbres, de complexion bleuâtre, veinées, perlées et nacrées, mais sans une certaine vie primitive et saine. […] L’article, au milieu des éloges, portait sa dose de vérité. […] Comme je n’ai en ce moment à cœur que de montrer l’inexactitude du mot de De Vigny m’accusant d’avoir, en 1835, parlé de lui à la légère et d’avoir porté l’analyse dans les procédés de son talent, en le connaissant à peine, je lui laisserai le soin de prouver jusqu’où allait notre connaissance et notre presque intimité (le mot n’est pas trop fort) depuis plusieurs années déjà. […] Je vous ferai porter, quand vous les voudrez, vos beaux vers qui sont miens, et j’ai le projet de vous adresser la douzième de mes Élévations qui pourront un jour former un recueil.
Ils portaient des outils, de grands ciseaux et des charbons rouges, comme s’ils avaient voulu supplicier un saint Sébastien ; mais ce n’était pas cela, au contraire ; le bourreau coupa l’anneau de fer qu’il avait rivé les premiers jours à la chaîne scellée dans le mur ; il fit fondre le plomb qui rivait le clou des menottes aux poignets et les entraves aux pieds ; il laissa le prisonnier libre de tous ses membres ; il ouvrit la deuxième grille de fer qui rétrécissait de la moitié son cachot ; il ouvrit de même une petite porte basse toute en plaque de tôle qui donnait accès par un corridor souterrain, étroit, surbaissé et sombre, dans la petite chapelle des condamnés à mort. […] Tiens la fenêtre de ta lucarne ouverte, et prie Dieu pour notre salut, contre les vitres ; si tu ne vois rien venir avant la nuit sur le bord de la tour, c’est qu’il n’y aura point d’espoir pour nous, et que je n’aurai point pu fléchir le frère ; mais, si je suis parvenu à le fléchir ou à l’incliner seulement à notre union avant la mort, je lâcherai la colombe, et elle ira, comme celle de l’arche, te porter la bonne nouvelle avant la nuit : une paille de ma couche, attachée à sa patte, sera le signe auquel tu reconnaîtras qu’il y a une terre ou un paradis devant nous. […] Mais si Dieu permet, pour votre salut éternel, ce que les hommes réprouveraient sans souci de votre âme ; si le Christ dit oui par l’organe de ses ministres, qui sont mes oracles, soyez certain que je ne dirai pas non, et que j’affronterai le blâme des hommes pour porter deux âmes pures à Dieu ! […] Je le crus du moins, et voilà pourquoi je n’essayai même pas de contredire cette voix qui portait avec elle la conviction.
Chaque frémissement de l’airain portait à mon âme naïve l’innocence des mœurs champêtres, le calme de la solitude, le charme de la religion, et la délectable mélancolie des souvenirs de ma première enfance. […] « Le cœur ému par ces conversations pieuses, je portais souvent mes pas vers un monastère voisin de mon nouveau séjour ; un moment même j’eus la tentation d’y cacher ma vie. […] Ces hospices de mon pays, ouverts aux malheureux et aux faibles, sont souvent cachés dans des vallons qui portent au cœur le vague sentiment de l’infortune et l’espérance d’un abri ; quelquefois aussi on les découvre sur de hauts sites où l’âme religieuse, comme une plante des montagnes, semble s’élever vers le ciel pour lui offrir ses parfums. […] Il portait en secret un cœur compatissant, mais il montrait au dehors un caractère inflexible ; la sensibilité du Sachem le fit sortir du silence.
Entre les beautés du fond et celles de la représentation, son penchant, pour ne pas dire sa faiblesse, le portait vers les secondes, vers la tragédie représentée, quoique tout d’abord ses excellents jugements sur ses prédécesseurs, ses exclamations sur Racine, lussent tout en l’honneur de la tragédie lue. […] Enfin, quand on me fait voir, « dans cette île où les triumvirs firent les proscriptions et le partage du monde, la scène s’obscurcir, les éclairs sillonner la nue, et Julie paraître dans l’enfoncement, couchée entre des rochers46 », je m’y prête très volontiers, pourvu que le tonnerre ne soit pas une machine qui remplace la terreur ; que la scène ne s’obscurcisse pas pour porter dans mes sens un trouble que la pièce ne porte pas dans mon esprit ; pourvu que cet enfoncement, ces rochers, où est couchée Julie, ne la dispensent pas de me dire en un beau langage ce qu’elle a dans le cœur. […] Quant à Zaïre, elle est née du défi que lui porta Lamotte de composer une pièce toute d’amour. […] Je ne voudrais pas m’appesantir sur cette pièce qui ne doit pas porter la peine de ce que je l’ai admirée.
Nos forêts ne portent que des glands ; celles-ci sont couvertes de fruits. […] Il n’y a pas moyen d’abréger la route, à moins que Sa Majesté Impériale ne juge à propos d’envoyer ses vaisseaux vers le nord-est pour venir ensuite porter son nom et sa gloire dans l’hémisphère austral. […] Adieu, mon cher ami, portez-vous bien et donnez-moi de vos nouvelles. […] J’y parle d’un esclave que j’avais, qui portait votre nom, et auquel j’ai donné la liberté.
Il a voulu développer les plantes funestes et qui portent le signe du mal dans leurs formes inquiétantes. […] Sans doute, étant ce que nous sommes, nous portons tous (et même les plus forts) quelque lambeau saignant de notre cœur dans nos œuvres, et le poète des Fleurs du mal est soumis à cette loi comme chacun de nous. […] Combien de fois n’avons-nous pas vu dans ces dernières années la foule se porter en masse et en hâte dans les théâtres, dans les ateliers, chez les libraires, sur l’avis trompeur d’un farceur ou d’un intéressé ; et là, en présence du chef-d’œuvre, s’écarquiller les oreilles et les yeux, le cou tendu, la poitrine contenue, ne demandant qu’à se laisser violer dans son indifférence ! […] Cette qualité est frappante dès le second morceau, intitulé Bénédiction, où l’auteur présente l’action fécondante du malheur sur la vie du Poète : il naît, et sa mère se désole d’avoir porté ce fruit sauvage, cet enfant si peu semblable aux autres et dont la destinée lui échappe ; il grandit, et sa femme le prend en dérision et en haine ; elle l’insulte, le trompe et le ruine ; mais le Poète, à travers ces misères, continue de marcher vers son idéal, et la pièce se termine par un cantique doux et grave comme un final d’Haydn : Vers le Ciel où son œil voit un trône splendide, Le Poëte serein lève ses bras pieux, Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l’aspect des peuples furieux : « — Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remède à nos impuretés, Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés !
Les premières sont donc fondamentales, c’est sur elles seulement que porteront nos études dans ce cours ; les autres, quelle que soit leur importance propre, ne sont réellement que secondaires, et ne doivent point, par conséquent, faire partie d’un travail que son extrême étendue naturelle nous oblige à réduire au moindre développement possible. […] Ce qui montre clairement la différence du point de vue chimique et du point de vue minéralogiques quoique les deux sciences portent sur les mêmes objets, c’est que la plupart des faits envisagés dans la première n’ont qu’une existence artificielle, de telle manière qu’un corps, comme le chlore ou le potassium, pourra avoir une extrême importance en Chimie par l’étendue et l’énergie de ses affinités, tandis qu’il n’en aura presque aucune en minéralogie ; et réciproquement, un composé, tel que le granit ou le quartz, sur lequel porte la majeure partie des considérations minéralogiques, n’offrira, sous le rapport chimique, qu’un intérêt très médiocre. […] On voit que, malgré le grand nombre d’échelles encyclopédiques successivement proposées jusqu’à présent, la discussion n’a porté encore que sur une bien faible partie des dispositions possibles ; et néanmoins, je crois pouvoir dire, sans exagération, qu’en examinant chacune de ces 720 classifications, il n’en serait peut-être pas une seule en faveur de laquelle on ne pût faire valoir quelques motifs plausibles ; car, en observant les diverses dispositions qui ont été effectivement proposées, on remarque entre elles les plus extrêmes différences ; les sciences, qui sont placées par les uns à la tête du système encyclopédique, étant renvoyées par d’autres à l’extrémité opposée, et réciproquement. […] D’un autre côté, cette subordination nécessaire entre les deux études ne prescrit nullement, comme quelques physiologistes du premier ordre ont été portés à le croire, de voir dans la physique sociale un simple appendice de la physiologie.
Il n’a le temps de rien finir de ce qu’il ose entreprendre, et c’est ce qui le plonge si souvent dans le découragement et la tristesse, parce qu’il est trop souvent porté à douter des vues de la Providence à son égard. […] Schlegel offre une difficulté de plus, en adoptant plusieurs origines : ce qui l’a porté, sans doute, à reconnaître ainsi plusieurs origines différentes, c’est le besoin de s’affranchir d’une difficulté non moins grande, celle d’expliquer comment des langues ont pu changer de nature, se dépouiller, par exemple, des affixes pour se revêtir des inflexions. […] Ce fait seul devrait nous porter à réfléchir sur la hardiesse de nos conjectures, et nous rendre un peu plus timides dans nos hypothèses sur la formation des langues. […] Fabre d’Olivet a fait une remarque qui trouve ici sa place, parce qu’elle peut servir à établir, par un seul exemple, ce qu’il y aurait à faire pour la perfection des langues, s’il était permis à l’homme de porter la réforme dans leur construction essentielle.
Dans sa haine pour l’héroïsme et dans son amour pour la vulgarité, il n’aurait pas dû donner au drôle de son livre un nom porté par ce qu’il y a de plus beau parmi les hommes, un poète et un héros ! […] où ils étaient allés porter la fleur de leur âme et de leur jeunesse, et après l’avoir décrit, — toujours ! […] Pourquoi pas la vie entière de saint Antoine, qui ne fut pas qu’un homme tenté, mais un des plus grands hommes du christianisme naissant, un de ces puissants contemplateurs qui, du désert ou du ciel qu’ils portaient dans leur cœur, regardaient le monde et l’ont quelquefois gouverné ? […] Après le vigoureux hoquet panthéiste à travers lequel saint Antoine s’écrie qu’il « voudrait se mêler à tout, voler, nager, aboyer, beugler, hurler, souffler de la fumée, avoir une carapace, porter une trompe, s’émanier avec les odeurs, couler comme l’eau, se développer comme la plante, briller comme la lumière, pénétrer les atomes, Être la matière » , tout à coup, on ne sait pourquoi, le ciel se découvre dans les nuages d’or, « et on voit dans le disque même du soleil la figure rayonnante de Jésus-Christ ».
Les forces disponibles de la société, refaites à peine des excès et des prodiges de l’action, se portèrent à la tête ; on se jeta dans les travaux et les luttes de l’esprit. […] Cette admiration fidèle pour les bonnes et hautes parties du chef de chœur de la Pléiade lui a porté bonheur.
M. de Viel-Castel était de ces jeunes esprits, éclos non pas au début, mais sur le déclin de la Restauration, qui en avaient reçu pleinement le souffle politique et l’influence, qui en auraient voulu le succès sans les fautes ; il en a gardé le goût sans en avoir le culte, sans en porter le deuil ; il la connaît à fond, hommes et actes ; il la juge. […] ou portait-il en lui-même, dès ses premiers jours, le principe de la catastrophe qui le renversa après seize années de durée ?
Après avoir marqué le caractère singulier de la bienfaisance constamment prêchée et pratiquée par l’abbé, qui n’était point celle d’un cœur sensible et tendre, mais qui procédait avec méthode au nom d’une raison sincère et convaincue : « Il avait aimé pourtant, ajoute-t-il : c’est un tribut que l’on doit payer une fois à la folie ou à la nature ; mais quoique cette folie n’eût point porté d’atteinte à sa raison universelle, sa raison particulière en avait tellement souffert, qu’il fut obligé d’aller dans sa province réparer, durant quelques années, les brèches que ses erreurs avaient faites à sa fortune. » On n’en sait pas plus long sur les fredaines de l’abbé de Saint-Pierre, et sans Rousseau on n’en aurait rien soupçonné. […] Mais l’abbé de Saint-Pierre ne portait pas précisément bonheur à ce qu’il touchait.
. — Je mettrais dans le même groupe, si j’avais le temps de m’y arrêter, Albert Glatigny, un osé et un téméraire, qui, après les Vignes folles, est venu lancer les Flèches d’or 38 : quelques-unes portent loin. […] Il faut supposer qu’elle a été faite pour une belle personne qui, dans un bal costumé, était en lune ou en Reine de la nui t : Son corps était couvert d’un voile en gaze noire Où, sans nombre, on voyait luire des diamants ; Son front, plein du frisson magique de la gloire, Portait le croissant mince et pur des firmaments.
Puis on s’est rejeté sur le tort qu’une semblable publication faisait à la mémoire de Fléchier, et on s’est porté pour vengeur de sa gloire officielle, comme si, après tout à l’heure deux siècles, il y avait une meilleure recommandation auprès d’une postérité blasée que de parvenir à l’intéresser encore, à l’instruire avec agrément et à faire preuve auprès d’elle des diverses sortes de qualités qui brillent dans cet écrit familier, esprit d’observation, grâce, ironie et finesse. […] Dieu ne voulut pas qu’il dît rien de remarquable, parce que cela abrège les Relations. » Abréger, abréger les choses qui passent, c’est là le sentiment permanent de Rancé ; il n’aperçoit aucune branche inutile sans y porter à l’instant la serpe ou la cognée.
Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ? […] Son frère François, le peintre de batailles, avec qui il fut le plus lié, lui portait de la jalousie, bien qu’il mêlât ce sentiment à quelque amitié.
Les écrivains ne portent au plus haut degré la conviction et l’enthousiasme, que lorsqu’ils savent toucher à la fois ces trois cordes, dont l’accord n’est autre chose que l’harmonie de la création. […] Qui sait jusqu’où l’on pourra porter cette puissance d’analyse, qui, réunie à l’imagination, loin de rien détruire, donne à tout une nouvelle force, et, semblable à la nature, concentre dans un même foyer les éléments divers de la vie ?
Ceux-ci n’iront pas, à leur exemple, s’emplir de viandes et de boissons brûlantes pour inonder leurs veines par un afflux soudain de sang grossier, pour porter dans leur cerveau la stupeur ou la violence ; on les voit à la porte de leur chaumière, qui mangent debout un peu de pain et leur soupe ; leur vin ne met dans leurs têtes que la vivacité et la belle humeur. […] Ils portent partout cet esprit mesuré, fin par excellence.
Le goût régnant portait les gens du côté du bel esprit, de l’éloquence, des règles classiques, de l’imitation latine ; il y cède vingt fois, mais toujours il revient à lui-même. […] Platon, à ce qu’on rapporte, ayant appris que le grand roi voulait connaître les Athéniens, fut d’avis qu’on lui envoyât les comédies d’Aristophane ; si le grand roi voulait nous connaître, ce sont les livres de La Fontaine qu’il faudrait lui porter.
Ceux qui ne gardaient aucune attache avec la religion portaient dans le culte de l’humanité, dans l’amour du progrès même industriel, un enthousiasme d’apôtres, des dons étranges d’attendrissement sentimental et du ravissement mystique. […] Et chaque conférencier y a porté la distinction ou la médiocrité qui lui appartenait dans l’exercice de ses fonctions ordinaires.
Si nous songeons aux méthodes des sciences, de la nature, que ce soit aux plus générales, aux procédés communs de toutes les recherches qui portent sur des faits, et que ce soit moins pour construire notre connaissance que pour éclairer notre conscience. […] On en pénètre mieux le caractère, on en suit plus exactement le dessin, à mesure que les documents sont rassemblés en plus grand nombre et critiqués plus sévèrement, à mesure que l’on élargit et que l’on assure mieux les bases sur lesquelles portent les généralisations.
Cet air profane et distrait dans le maniement des choses saintes blessait le sentiment religieux de Jésus, parfois porté jusqu’au scrupule 609. […] Mais il porta évidemment beaucoup d’amitié à Jésus et lui rendit des services, sans pouvoir l’arracher à une mort dont l’arrêt, à l’époque où nous sommes arrivés, était déjà comme écrit.
Depuis ce jour, M. de Montalembert, condamné pour la forme à une légère amende, fut véritablement porté dans les entrailles de la pairie, il en fut le Benjamin. […] Fils d’une mère anglaise, on croirait sentir dans sa voix, à travers la douceur apparente, une certaine accentuation montante qui ne messied pas, qui fait tomber certaines paroles de plus haut et les fait porter plus loin.
Certes, toute autre idée romprait sous les poids qu’on lui fait porter. […] En ce moment on essaye de lui faire porter le despotisme.
D’ailleurs, s’il goûtait peu la philosophie savante, il portait en lui-même une philosophie naturelle, non systématique, mais toute vivante, et partout présente dans ses écrits, la philosophie de l’âme, de la dignité humaine, de la liberté. […] Il avait fait une levée en masse et armé le peuple au détriment de la classe noble, qui seule, suivant M. de Bonald, doit avoir le privilège de porter les armes.
quoi, ces poètes, qui portent au front le divin signe, qu’on imagine toujours — ô jeunes filles ! […] Sont-elles exclusives, définitives, et l’avenir ne peut-il y porter atteinte ?
C’étoit demander à ces gaulois de faire de leur païs le théatre de la guerre pour empêcher Annibal de la porter sur les bords du Tibre. […] Depuis Cambyses les égyptiens d’origine n’ont jamais, pour ainsi dire, porté l’épée de l’égypte.
Cette opinion ne peut être avancée que par un homme qui ne veut point porter ses vûës hors de son temps et hors de son païs. […] Quintilien n’avoit pas calculé les bévûës ni discuté en détail les fautes réelles et les fautes rélatives des écrivains, dont il a porté un jugement adopté par les siecles et par les nations.
Cette image de la beauté divine que nous portons en nous-mêmes est d’abord quelque peu obscure ; il faut que les traits de cette beauté, aperçus par des yeux plus clairvoyants et reproduits dans les écrits qu’elle a inspirés, habituent peu à peu nos yeux à la distinguer. […] Portez à un théâtre une pièce nouvelle, on vous demandera si vous avez un nom.
Les Bas-bleus (Blue stockings), ainsi nommés, à Londres, du temps de Pope, pour dire des femmes qui, de préoccupation intellectuelle, en étaient arrivées à ne plus faire leur toilette et qui portaient des bas comme tous les cuistres d’Angleterre, sont restés imperturbablement ce qu’ils étaient, du temps de Pope. […] Bien avant ce célèbre club des femmes, organisé en 1848, et si ridiculement fameux ; bien avant les publications de Mme Olympe Audouard, qui demande même des droits politiques, Mme Audouard, la plus avancée des révolutionnaires féminines ; la Marat couleur de rose du parti, et que je ne tuerais pas dans sa baignoire ; bien avant toutes ces tentatives animées dont ont pu rire quelques esprits aristophanesques, quelques attardés dans leur temps, qui ont encore dans le ventre de l’ancien esprit français, car nous portons malgré nous en nos veines quelque chose des mœurs de nos pères, l’idée d’égalité, qui pénètre tout, avait pénétré la perméable substance de l’esprit des femmes, et traversé, sans grande peine, la pulpe de pêche de ces cerveaux.
II Vers la fin de 1854, au milieu des préoccupations inquiètes de l’Europe, à peine rassise des coups terribles que lui avaient portés les révolutions, on apprit qu’un Français venait d’être fusillé, comme un pirate, par le gouvernement mexicain, et que ce Français, ce jeune homme, qu’on appelait au Mexique le vainqueur d’Hermosillo, du nom de sa première bataille, gagnée avec deux cent cinquante hommes contre une armée et contre une ville, avait été jusqu’au dernier moment l’honneur de la France et avait donné d’elle la grande idée qu’elle n’a pas cessé de donner au monde quand, se détournant de ses misères intérieures, elle s’est retournée vers les autres nations et leur a montré un bout d’épée. […] Cette idée, qui est celle de tous ceux qui ont aspiré à la plus grande gloire qu’il y ait parmi les hommes, depuis Fernand Cortès jusqu’à Raousset, depuis Christophe Colomb jusqu’à Lapérouse, — car découvrir des mondes, c’est toujours les prendre à quelqu’un, — cette idée que Raousset manqua, mais qui lui eût donné taille d’histoire s’il l’avait réussie, ne lui vint point comme ces bouffées d’ambition qui passent dans la tête des aventuriers et y portent parfois l’éclair… Le comte Gaston est un singulier mélange de justesse d’esprit et d’audace, d’imagination et de bon sens, de positivisme et de grandiose.
À voir le portrait mis en frontispice du volume de Teste, Léon XIII semble porter ses années comme sa tiare, et même cette tiare, alourdie de ce qu’on lui a ôté, doit à son front peser davantage… Il a la maigreur nerveuse des hommes qui sont faits pour résister au temps comme à autre chose. […] Il ne voyait pas — tout Napoléon qu’il fût — le socialisme qu’elles portent, toutes, dans leurs flancs maudits, ce socialisme qui épouvante autant par les théories qu’il construit que par les passions qu’il déchaîne, — que dis-je ?
l’était de clinquant, — et coulant, aisé et large, au lieu de se cristalliser péniblement en de petits angles pointus… Il paraît que ce livre fit coup — ainsi que disent les Italiens — dans le cercle de l’Enseignement ; mais il ne porta pas plus loin. […] Plus tard, l’auteur, sans doute, dégagera de ce qu’il appelle les Institutions de l’ancienne France, l’immense part de cette influence qui les a pénétrées comme l’eau pénètre l’éponge. « La collection de Justinien — dit-il en passant — a eu force de loi jusqu’au milieu du Moyen Âge… » Mais, en ce moment, ce qu’il veut, c’est de marquer notre lignage et de le purifier de cette tache originelle de la conquête, que l’Histoire lui a fait trop longtemps porter.
On ne le nommait pas partout par son vrai nom ; mais partout, du moins, il se sentait, et les esprits les plus matériels, les plus attachés aux angles des choses positives, portaient ses invisibles influences, comme on porte une température. […] Portées toujours en haut comme lui par leur aspiration naturelle, il a voulu créer pour elles un christianisme supérieur et indépendant.
» demanda un des convives, qui portait plus grand intérêt au travail du poète qu’à la conduite des jeunes gens. […] Il me semblait que je portais sans cesse du linge propre et neuf. […] Oui ; et, cependant, j’eus plutôt le sentiment d’être porté par un pouvoir mystérieux. […] Les gens vraiment sont portés pour la tradition. […] Ainsi ces deux existences de honte qui se rejoignent portent coup double à notre sentiment d’horreur.
Elle portait à sa gorge ses pauvres mains crispées, elle avait de grands souffles creux, une plainte continue, déchirante, comme si une tenaille lui eût arraché l’estomac. […] Une pauvre croix, sans entourage, qui débordait et se trouvait plantée de biais dans une allée, portait simplement : Eugénie, trois jours. […] … Il portait la casquette plate des Prussiens, une longue capote noire, sous laquelle la poitrine bombait largement. […] Elle portait une robe de satin blanc tout semé de petits bouquets de violettes naturelles, très habilement attachés de tous côtés. […] Elle portait une robe de mérinos bleu et une large capeline blanche, sans doute pour préserver du soleil son teint des plus roses.
Il a parlé à Michelet avec autorité, en homme que la calomnie n’a pas épargné et qui ne s’en étonne plus ; il a parlé de Quinet convenablement, et le jugement qu’il a porté des jésuites est, je crois, celui que l’histoire enregistrera.
Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ?
Tacite et le cardinal de Retz sont, en effet, un double bréviaire à porter avec soi en des temps de révolution.
Il peint ainsi deux Captifs de marbre qui portent un balcon : On voit roidir leurs nerfs, on voit grossir leurs veines.
Il ne falloit rien moins que le talent de captiver, d’émouvoir, d’attendrir, porté au plus haut degré, pour rendre la lecture de ses Romans aussi attachante qu’elle l’est pour le commun des Lecteurs, & sur-tout pour les jeunes gens.
Enfin, les Grecs et les Romains, n’étendant guère leurs regards au-delà de la vie, et ne soupçonnant point des plaisirs plus parfaits que ceux de ce monde, n’étaient point portés, comme nous, aux méditations et aux désirs par le caractère de leur culte.
On en trouve la liste & le jugement qu’on en a porté dans le Nouveau Dictionnaire historique.
Je rencontre sur mon chemin une femme belle comme un ange ; je veux coucher avec elle, j’y couche ; j’en ai quatre enfants, et me voilà forcé d’abandonner les mathématiques que j’aimais, Homère et Virgile que je portais toujours dans ma poche, le théâtre pour lequel j’avais du goût ; trop heureux d’entreprendre l’ encyclopédie à laquelle j’aurai sacrifié vingt-cinq ans de ma vie.
Les quatre vieilles portaient l’enfant.
Hommes et poëtes, ne sommes-nous pas tous plus ou moins comme le Daphnis de l’idylle, qui, en mourant, ne veut rendre sa flûte qu’au dieu, et qui crie aux ronces de donner des violettes, au genévrier de porter le narcisse, et au monde entier d’aller sens dessus dessous, parce que lui-même il s’en va ? […] Dans sa réponse percent à la fois l’admiration sincère, l’émulation sans envie, une confiance modeste, ardente pourtant, et une espérance généreuse : « Cher Lycidas, tout le monde te proclame de beaucoup le plus grand joueur de flûte entre les pasteurs et les moissonneurs ; ce qui m’échauffe grandement le cœur, et je me promets bien de me porter l’égal de toi. […] Tout à l’heure il a fait le modeste exprès, pour engager l’autre et entamer le jeu ; maintenant qu’il a réussi à le faire chanter, il se montre tel qu’il se sent, et il relève à son tour son front de poëte : « Cher Lycidas, à moi aussi pasteur sur les montagnes, « les Nymphes m’ont appris bien d’autres belles choses « que la Renommée peut-être a portées jusques au trône de « Jupiter ; mais en voici une, entre toutes, de beaucoup supérieure, « avec quoi je prétends te récompenser. […] Ce refrain est adressé à un objet magique (iynx), qui portait le nom d’un oiseau, mais qui vraisemblablement n’était autre qu’une sorte de toupie ou de fuseau qu’on faisait tourner durant le sacrifice, lui attribuant la vertu d’attirer les absents. […] Avec elle tu exécuteras toutes sortes de travaux pour les manteaux de l’époux, et nombre de ces robes ondoyantes comme en portent les femmes.
Il portait son bonheur en lui-même, dans son caractère et dans ses vertus. […] Devenus puissance navale, incapables par leur petit nombre de s’étendre sur terre, les Génois portèrent, comme Venise, toute leur ambition vers la mer. […] La colonie génoise de Constantinople s’immisçait dans les affaires de l’empire grec, délivrait des princes de captivité, en inaugurait d’autres, fortifiait un quartier et un port de Byzance, y élevait la tour génoise, de Galata, qui subsiste encore comme une colonne rostrale de cette puissance maritime ; on lui cédait l’île de Ténédos, qui leur livrait les Dardanelles, leur ouvrait la mer Noire ; ils disputaient en même temps le royaume opulent de Chypre aux Vénitiens : des Vêpres siciliennes de Chypre les y exterminèrent tous, excepté un seul, pour en porter la nouvelle à Constantinople. […] Les rivages et les flots de la Sardaigne, de la Sicile, de Naples, de la Grèce, de la mer Noire, portent leurs noms. […] Ses complices, déconcertés par la disparition du chef, qui portait seul le plan de la conjuration dans sa tête, abandonnent l’entreprise, et offrent de remettre les galères et les ports au seul prix d’une amnistie.
Il portait le front haut comme le verbe ; son geste, majestueux et presque héroïque, accompagnait toutes ses paroles, comme s’il eût voulu les sculpter indélébilement dans la mémoire de ses auditeurs. […] On n’y entendait guère que le pas lourd et régulier du vieux majordome de la maison, qui parcourait les corridors pour porter des cruches d’eau aux portes des chambres des hôtes, et le jaillissement monotone des jets d’eau retombant en notes argentines dans les bassins de la cour intérieure. […] Les poètes, selon moi, portent le modèle de leur héros en eux-mêmes ; ils ne peignent jamais bien que ce qu’ils ont eux-mêmes éprouvé. […] Un vaste pin d’Italie, qu’on appelle pin-parasol, s’élevait solitaire au milieu de cette pelouse ; sa tige rugueuse, sur laquelle on entendait courir les lézards et bourdonner les mouches à miel qui aimaient le suintement sucré de sa résine, s’élevait de cent palmes avant d’ouvrir ses grands bras pour porter le ciel comme une cariatide végétale. […] Léna, qui était encore dans la fleur de la seconde jeunesse, quoique ayant porté déjà ce fruit de printemps, dans cette enfant, aurait pu lutter de candeur et de fraîcheur avec Thérésina ; en sorte que la fille, par sa précocité, atteignait la mère, et que la mère, par sa lenteur à prendre les années, attendait la fille pour ne former, pour ainsi dire, à elles deux qu’une image de ravissante beauté, répétée dans deux visages, et pour enivrer deux fois le regard.
V Une cheminée à cintre très élevé, à large tuyau, au sommet duquel on voyait le jour, à chaînes noircies par la fumée et la suie, à chenet unique, qui portait jour et nuit un arbre tout entier, brûlant par un bout, formait à son sommet une couronne ou plutôt une corbeille d’acier, polie par les mains des bergers. […] Le coup l’a étourdie, la pauvre bête est venue à nous au plus vite nous porter ses douleurs. […] La terre était blanche de givre, mais nous n’avions pas froid ; l’air d’ailleurs était réchauffé devant nous par des fagots d’allumettes que nos domestiques portaient pour nous éclairer. […] On croit aussi que ces oiseaux portent bonheur aux troupeaux. […] le beau concert, que je quitte pour aller porter l’aumône à Annette la boiteuse !
Quant au renne ou karibou, son pied est très large et très plat ; il peut l’étendre sur la neige jusqu’au fanon5, de sorte qu’il court aisément sur une croûte à peine assez solide pour porter un chien. […] « Une après-midi, pendant ma résidence à Springvale, non loin de Hammersmith, je m’amusais à suivre de l’œil les évolutions d’un couple de poules d’eau qui prenaient leurs ébats, au bord de ces grands roseaux si communs dans les environs, lorsque mon attention se porta sur un troglodyte qui, un fétu dans le bec, s’était enfoncé tout à coup au milieu d’une petite haie, précisément au-dessous de la fenêtre où je me tenais en observation. […] Il n’y avait encore que peu d’insectes, et je jugeai que l’affection qu’ils portaient à ce lieu avait dû, bien plus qu’aucun autre motif, déterminer leur prompt retour. […] Ayant pris un certain nombre de ces oiseaux sur le nid, je reconnus avec plaisir deux de ceux qui portaient à la patte le petit fil d’argent. […] Enfin arriva le tour des enfants, et à cause de leur race on les porta à de hauts prix.
On portait les enfants dans leurs barcelonnettes à la suite des mères, fût-ce à l’Opéra, où leurs petits cris troublèrent quelquefois le spectacle. […] Par la même raison, s’il se décidait pour le bien, on avait imaginé de le récompenser, non en payement d’un devoir rempli, mais pour le porter à l’habitude de bien faire par l’appât d’une rémunération ; car il est si faible, et le bien si difficile, qu’on jugeait nécessaire d’appeler l’intérêt à l’aide du devoir. […] L’éloquence de Rousseau a porté la peine de son ignorance de lui-même et des autres. […] Plus on le regarde, et plus on est porté à le plaindre. […] Il y était soutenu et comme porté par la conscience du genre humain, par tout ce que ses illusions et ses fautes avaient laissé d’intact dans la sienne, par tout ce que son esprit reçut jamais de pures lumières.
Car, ainsi que Wagner nous dit dans sa Communication à mes amis, ce sont ses poèmes et l’intuition d’une œuvre qu’il portait en lui déjà, qui l’ont amené à faire des réflexions théoriques, à chercher à se rendre compte de ce qui lui répugnait dans les manifestations soi-disant artistiques de notre temps, et à se faire une image très nette de ce qui devait être l’œuvre d’art de l’avenir. […] Si nous n’en voulons pas, si nous trouvons que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, ne nous passionnons donc pas tant pour un homme dont le mérite se réduit à avoir fait de la musique qui chatouille agréablement les oreilles ; et que ceux dont les oreilles sont rebelles à cette musique sachent que tout ce bruit qu’on fait dans les concerts et dans les théâtres, se fait contre la volonté expresse du maître, et qu’au moins elles ne lui en portent donc pas rancune ! […] C’était en même temps la mort de toute réforme selon l’esprit wagnérien, et un coup terrible porté à la musique française. […] Ayant cru devoir, à la fin de 1886, intervenir activement dans la rédaction de la Revue Wagnérienne, je m’efforçai d’en modifier la tendance primitive, d’en élargir la propagande et l’idée, tâchant réparer les maux issus d’un conflit récent, que nos lecteurs n’ont pas oublié, et sur lequel je n’ai pas à porter d’appréciation. […] — se croient autorisés à porter des jugements avant d’être parvenus à une claire vue d’ensemble et de s’être abandonnés tout entiers à la loyauté des émotions profondes, — il semble qu’à tous la figure du maître se soit voilée, avec l’intelligence de son œuvre.
Dans la journée, nous avons porté notre manuscrit (Madame Gervaisais) chez Lacroix, et nous sommes allés nous inscrire chez la princesse : ç’a été tout notre Jour de l’an. J’ai vu pour la première fois des petites gens porter dans les rues des palmiers en pot, des étrennes de plantes exotiques. […] Causerie du docteur Robin donnant des détails relatifs à des expériences saisissantes et de haute terreur, sur des décapités, sur des corps d’hommes sans tête, qui, au bout de quarante-cinq minutes de mort, portent la main, avec un mouvement de vivant, à leur poitrine, à l’endroit où on les pince, et beaucoup d’autres épreuves venant à l’appui d’une théorie sur l’indépendance du cerveau et du cœur. […] Il arrive que nous, qui avons à nous plaindre, plus que personne, de ce régime (procès en police correctionnelle ou nous avons été assis entre les gendarmes, procès à propos de notre nom, que l’Empereur autorisait un monsieur, qui n’était pas de notre famille, à porter, etc.), nous, qui avons toutes les haines de purs lettrés pour ce gouvernement, ennemi et envieux des lettres, et nous qui n’avons, dans cette pétaudière d’un Empire ramolli, d’autre amitié que l’amitié de la princesse, et encore une amitié en dispute et en lutte sur toute idée et toute chose, c’est nous, dont on veut tuer près du public le talent avec la calomnie du mot « courtisans », et d’où cela part-il ? […] Il nous parle encore de ces superstitions si naturelles dans cette carrière de fatalité, en cette loterie de la vie et de la mort, il nous parle de ces croyances, parmi les officiers, aux chevaux qui portent malheur, et qui sont mortels à ceux qui les montent.
L’hôtel de Rambouillet montrait une belle solennité à faire porter la queue-envoi des princières ballades par les rondeaux, pages de Cour ! […] Victor Hugo tolérait les gilets rouges, — car on est chef d’école, — mais n’en portait pas, et ne désirait point qu’on en portât. […] Qui donc mieux que lui aurait porté cet honneur suprême ? […] « Parlerai-je aussi de ceux qui jugeaient bon d’informer leurs contemporains de l’amour qu’ils portaient à leurs mères ? […] Ce mort mérite d’être traité comme un vivant qui se porterait à merveille.
C’est dans ce sens qu’on peut interpréter le mot de son amie : « C’est un fablier. » Oui, un fablier ; car il portait des fables comme les rosiers portent des roses. […] Ils sont portés, au contraire, à une admiration presque trop indulgente envers notre poésie légère. […] Ce nom jette un scintillement de gloire et cependant l’homme qui le porta ne saurait être défini nettement même par ses admirateurs. — Rivarol ! […] Sully-Prudhomme porta ses premiers vers. […] Seulement ces affirmations ne portent plus sur la valeur définitive des œuvres.
Pour le prestige d’antiquité, il croyait sans aucun doute l’avoir mis suffisamment en lumière en parlant de la « hauteur divine » où Sophocle avait porté la tragédie grecque. […] Et s’il n’est pas permis de recommencer Tartufe, quelle interdiction y a-t-il, si l’éternelle hypocrisie revêt une autre forme, de la porter une fois de plus à la scène ? […] Le bouddhisme et le christianisme sont nés de l’impossibilité même de porter le poids de la vie, sans y être aidé par quelque secours extérieur et supérieur à la vie. […] Des paysans qui survinrent par hasard, ayant aperçu son corps étendu au pied d’un arbre, le portèrent au curé du village le plus voisin. […] Le chirurgien s’arrêta, il était trop tard ; le coup porté était mortel.
Qui gardera le souvenir des coups qu’ils ont portés ? […] Reybaud, il est indispensable que les coups soient portés avec autant de légèreté que de justesse. […] Daudet, si porté qu’il y soit par sa nature de poète, ne se complaît pas dans les descriptions inutiles. […] Qu’importe qu’il ait été porté plus tard par des fous égarés ? […] Les femmes portent bonheur à M.
Mais, enfin, ce que Racine a porté à la perfection, Hardy en avait dessiné d’avance, avec assez de précision, l’ébauche grossière ; et cela suffira à sa gloire. […] Il se bat contre la besogne avec une fougue très caractéristique : si écrasante qu’elle soit, il veut tout porter. […] La fortune l’avait porté si haut qu’il lui fallait un parachute ; il le choisit en homme sage. […] soupire-t-il à chaque coup que les guerres et les traités portent à sa terre natale. […] Tous ces écrits inédits mettent dans un jour éclatant la profonde justesse du jugement que portait M.
C’est leur état qui les a racornis ; ils en portent la fatalité. […] qu’elle serait jolie, plus tard, à quinze ans, quand, ressemblant à sa mère, elle porterait, comme elle, dans l’été, de grands chapeaux de paille ! […] C’est, d’ailleurs, une œuvre trop complexe pour qu’on ne puisse porter sur elle des jugements divers, qui tous auront leur justesse. […] Ils se donnent la peine de porter rabat » ; vous avez, contre la bourgeoisie le fiel de Figaro contre la noblesse. […] Il porte seul la responsabilité de la dette immense dont il a excité le gouvernement du roi à se charger ; il portera justement la peine de la dette anéantie.
Mme de Nanthia n’eut qu’une fille unique qui fut mariée au comte de Bonneval, de l’une des premières familles du Limousin (N) ; mais ici la tige discrète, qui n’avait par deux fois porté qu’une fleur, sembla s’enhardir et se multiplia. […] Maury, de la Bibliothèque de l’Institut, Haidé est un nom circassien que portent souvent les femmes qui viennent de ce pays, et qu’on leur conserve en les vendant. […] Un exprès est allé de ma part savoir de vos nouvelles : vous l’avez renvoyé en me mandant sèchement que vous vous portez bien. […] C’est un homme qui toujours l’a porté fort haut et a fait le seigneur à la cour. […] Mme du Deffand portait plus de feu, plus d’imagination dans le propos ; pourtant chez elle, comme chez Mlle De Launay, comme chez d’autres encore, ce qui frappe avant tout, c’est le tour précis, l’observation rigoureuse, la perfection juste, ni plus ni moins.
Les successeurs sont tentés d’en tenir peu de compte, même quand ils s’en portent les héritiers. […] Habitant en quelque sorte dans deux atmosphères, il portait et gardait, sans y songer, de l’une dans l’autre. […] Il continue, en toute rencontre, de porter respect aux pensées et aux vœux de sa jeunesse. […] Il s’y porta avec sa richesse d’idées, avec son expérience et son tact qui corrigeait l’âpreté de certaines autres plumes vaillantes. […] Une foule de vues justes, indépendantes de la philosophie même, portent sur l’époque présente et ouvrent des jours sur l’état des esprits.
Et quant au succès, on peut garantir deux cents représentations. » En parlant ainsi, il portait son costume de Mazarin. […] Ulbach ; c’est un stylo mou, qui s’en va par filandres, avec des intentions poétiques à tout propos ; les comparaisons s’entassent, les images les plus imprévues se heurtent, les phrases flottent comme des mousselines peinturlurées, sans qu’on sente dessous une carcasse solide et logique, cette carcasse résistante qui doit tout porter, et qui seule indique un écrivain de race. […] Peu d’actrices auraient consenti à porter de pauvres robes malfaites, des manchettes de laine rouge et des haillons non pas poétiques comme ceux de Mignon mais criant la misère et demandant la charité. […] Ce mot désigne un système de réformes littéraires qui doivent porter sur la forme à donner aux œuvres d’art et sur le travail préparatoire auquel doit se livrer tout écrivain consciencieux. […] Victor Hugo l’a défendu, a donné des théories et des exemples, l’a fait vaincre Puis, les besoins de l’esprit ont changé ; ils nous portent aujourd’hui vers une étude plus exacte des faits, vers une forme plus hardie, et le vieux mouvement naturaliste, que le génie de Balzac n’avait pas pu faire triompher à un moment qui n’était pas le sien, semble reprendre l’avantage.
C’est comme un événement de ma vie ; il a pour essence de porter une date, et de ne pouvoir par conséquent se répéter. […] Dans les cas où la reconnaissance est attentive, c’est-à-dire où les souvenirs-images rejoignent régulièrement la perception présente, est-ce la perception qui détermine mécaniquement l’apparition des souvenirs, ou sont-ce les souvenirs qui se portent spontanément au-devant de la perception ? […] Elles se portent toutes à la rencontre de la perception, et nourries de la substance de celle-ci, elles acquièrent assez de force et de vie pour s’extérioriser avec elle. […] Dans le premier cas, la lésion portera sur les mécanismes qui continuent l’ébranlement recueilli en mouvement automatiquement exécuté : l’attention ne pourra plus être fixée par l’objet. […] C’est donc sur le « schème moteur » que pourrait porter la lésion.
Elle ne porta guère que sur les inconvénients et les avantages de l’imitation stricte pour les « étudiants ». […] Autant les Grecs aspirent à la spéculation, autant les Romains sont portés vers l’action. […] Les riches de Carthage portent des sceptres à pommes d’émeraude. […] Millet riposte : « Comment voudrait-il donc qu’ils le portent ? […] S’ils le déposent à terre pour un moment, qu’ils se remettent à le porter, la loi du poids se remontrera toute seule.
Ses relations avec Suard, avec Fontanes, ne lui ont pas porté un moindre profit. […] Il ne confond pas dans une commune admiration toutes les œuvres qui portent ce nom. […] Le poète anglais a transformé Luigi da Porta, comme il avait transformé Giraldi Cintio. […] Excellent sous le rapport historique, mais écrit dans un langage inanimé, ce travail n’a pas porté les fruits qu’il devait porter. […] Est-ce moi qui demande à porter votre nom ?
Ils étaient naturellement portés par un grand courant et par un fleuve sonore comme la lyre d’Orphée par le fleuve de Thrace.
Pour ceux qui connaissent son caractère de droiture, d’énergie et de franchise, ou qui ont apprécié la haute portée de son talent, c’était un besoin de manifester les sentiments d’estime et d’affection qu’ils lui portent : ceux qui partagent ses principes politiques ont dû lui savoir gré de cette généreuse ardeur toujours prompte à relever les provocations ou à venger les injures qui s’adressent à la cause de Juillet ; les hommes de cœur, enfin, qui, sans être attirés vers lui par une communauté d’opinion aussi étroite, ont pris en dégoût les honteuses palinodies qui font le scandale de notre temps, n’ont pu refuser quelque marque de sympathie à un écrivain dont la foi politique, éclairée et persévérante, va jusqu’au sacrifice de la vie.
Elle est une cariatide froncée, écrasée, et bien ennuyée de porter son lourd entablement ; et le pis de tout cela, c’est qu’on est de son avis et qu’on partage sa sensation, à cette cariatide !
Sainte-Beuve Albert Glatigny, un osé et un téméraire, qui, après les Vignes folles, est venu lancer les Flèches d’or ; quelques-unes portent loin.
Dans ses Mémoires contre les prétentions du Parlement de Metz, il a défendu avec tant d’énergie & de solidité les droits & les priviléges de son pays, qu’il a porté le Gouvernement à les reconnoître & à les lui conserver.
quel coup porté à l’orgueil de ces Esprits superbes, convaincus, d’après les textes les plus formels, de n’être que des usurpateurs des lumieres étrangeres, & les plus foibles échos de tant de dogmes dont ils voudroient passer pour les créateurs !
Ainsi, les ruines jettent une grande moralité au milieu des scènes de la nature ; quand elles sont placées dans un tableau, en vain on cherche à porter les yeux autre part : ils reviennent toujours s’attacher sur elles.
Les filets redoublés des pilastres, les dômes découpés en feuillage ou creusés en forme de cueilloir, deviennent autant de corbeilles où les vents portent, avec la poussière, les semences des végétaux.
Au-dessus, Mercure porté dans les airs, touche de son caducée cette sœur incommode.
Monsieur de La Grenée, je vous parle avec franchise, parce que je vous aime, et que je suis content de votre Susanne, mais très content : Si vous m’en croyez, vous vous en tiendrez aux tableaux de chevalet, et vous laisserez-là ces énormes compositions qui demandent de grands fronts et quelqu’une de ces têtes énormes que Raphaël, le Titien, Le Sueur ont portées sur leurs épaules, et dont Deshays a quelques traits.
Ils s’élançaient dans la carrière chargés de fers, et ils les portaient avec tant de grâce, que des pédants sont parvenus à persuader aux Français que de pesantes chaînes sont un ornement indispensable dès qu’il s’agit de courir. […] Ils y ont porté de la raison, et voilà le grand chagrin des hommes de lettres. […] Quant à la pauvre Académie, qui se croit obligée de persécuter d’avance la tragédie nationale en prose, c’est un corps sans vie et qui ne saurait porter des coups bien dangereux. […] Je me suis permis avec d’autant moins de remords d’imprimer ces noms de la seconde colonne, qui font l’orgueil de la France, que, par suite de l’obscurité de ma vie, je ne connais personnellement aucun des hommes distingués qui les portent. […] Mais que nous sommes loin, grand dieu, de porter tant de tolérance dans la littérature !
Une autre fois, dit Froissart, les chevaliers qui se joignirent à l’armée portaient un emplâtre sur un de leurs yeux, ayant fait vœu de ne point le quitter jusqu’à ce qu’ils eussent fait des exploits dignes de leurs maîtresses. […] Il y avait des familles saxonnes à la fin du douzième siècle qui, par un vœu perpétuel, s’étaient engagées à porter la barbe longue, de père en fils, en mémoire des coutumes nationales et de la vieille patrie. […] Il portait à son côté une épée et un bouclier ; c’était un querelleur et un gaillard139. » Voilà les figures athlétiques, les culasses carrées, les façons de taureau joyeux, qu’on trouve encore là-bas, entretenues par le porter et la viande, soutenues par l’habitude des exercices du corps et des coups de poing. […] Ils ne portent point de laine, hormis un pauvre gilet sous leur vêtement de dessus, qui est fait de grosse toile et qu’ils appellent une blouse. […] Deus i tramist sun angle cherubin, Et seint Michel qu’on cleimet del péril Ensemble ad els seint Gabriel i vint, L’anme del cunte portent en pareis.
Il a combattu toute sa vie contre le monde dont il est issu, et pendant sa vie comme après sa mort, il a porté la peine des ressentiments qu’il a provoqués et des répugnances qu’il a fait naître. […] Un jour qu’il était « dans une de ses rages silencieuses », il fallut lui arracher de la main un couteau qu’il avait pris sur la table et que déjà il portait à sa poitrine. […] Seul contre tous, contre une société armée, debout, invincible, même au bon sens, même à la conscience, c’est alors qu’il ressentait dans tous ses nerfs tendus la sensation grandiose et terrible vers laquelle involontairement tout son être se portait. […] Tout y était nouveau, forme et fond ; c’est qu’il était entré dans un nouveau monde ; l’Anglais, homme du Nord transplanté parmi les mœurs du Midi et dans la vie italienne, s’était imbibé d’une nouvelle séve qui lui faisait porter de nouveaux fruits. […] Elle s’enharnache en imagination de caparaçons magnifiques, et se prélasse ainsi à pas mesurés, croyant porter des reliques et fouler des tapis et des fleurs, tandis qu’en somme elle piétine dans la boue et emporte avec soi les taches et l’odeur de tous les fumiers.
Il portait l’humanité future dans ses entrailles. […] Mais quoi de commun entre le « citoyen de Genève » et cette race d’agréables effrontés, peu portés à se dévorer l’esprit ? […] Il y porta sa témérité, sa complexité, sa faiblesse. […] Pénétrons tout d’abord dans l’âme qui portait en elle la source de ces nouveautés prestigieuses. […] Que le crame va porter tout entier sur un quiproquo.
Si elle s’y fit remarquer dans sa première attitude par quelque chose de sentimental et d’extrêmement animé, à quoi se prenaient certaines aristocraties envieuses, c’est qu’elle était destinée à porter du mouvement et de l’imprévu partout où elle se serait trouvée. […] Peut-être, et M. de Chateaubriand l’a remarqué dans un jugement porté sur elle vers l’époque de sa mort, pour rendre ses ouvrages plus parfaits il eût suffi de lui ôter un talent, celui de la conversation. […] Cela tiendrait-il, comme un critique moins indulgent l’a conjecturé, à ce que, ne s’assujettissant presque jamais, même dans sa prose, à un rigoureux enchaînement, Mme de Staël était peut-être, parmi les contemporains, la personne la moins propre à recevoir avec résignation et à porter avec grâce le joug de la rime ? […] L’homme d’esprit et de goût qui s’est porté à ces attaques, jeune, sous une inspiration de parti et dans l’entraînement des querelles dont il est revenu avec sourire, nous excusera de noter une trop blessante virulence. […] Et quels aigles pourraient lui porter les augures, Quelle Sibylle encor lui chanter l’avenir ?
Tout le génie de Milton sort de là : il a porté l’éclat de la Renaissance dans le sérieux de la Réforme, les magnificences de Spenser dans les sévérités de Calvin, et s’est trouvé avec sa famille au confluent de deux civilisations qu’il a réunies. […] » Après avoir justifié l’exécution, il la sanctifia ; il la consacra par les décrets du ciel, après l’avoir autorisée par les lois de la terre ; de l’abri du Droit, il la porta sous l’abri de Dieu. […] Nous voulons des idées maniables ; nous avons quitté la grande épée à deux mains de nos pères, et nous ne portons plus qu’un léger fleuret. […] Ce n’était point par scrupule, mais par nature ; son besoin et sa faculté dominante le portaient aux conceptions nobles. […] Ce qui semblait sa tête — portait l’apparence d’une couronne royale. — Satan approchait maintenant, et de son siége, — le monstre, avançant sur lui, vint aussi vite — avec d’horribles enjambées.
Tout à coup elle remarquait qu’un des hôtes de son père avait besoin de quelque chose, elle se levait et lui portait elle-même ce qu’il désirait. […] Ce Karentef était un étudiant, d’un caractère jovial et amusant, mais étourdi, et porté à de mauvais penchants. […] Je me suis demandé d’où vient que, dans sa jeunesse, l’homme est si souvent peu porté au mariage ? […] Quand Guérassime allait porter du bois dans les appartements, elle l’attendait à la porte, dressant l’oreille, penchant la tête, tantôt à droite, tantôt à gauche, s’agitant au moindre bruit. […] Le laquais, las de ses vains efforts, lui fit comprendre par signe que sa maîtresse désirait qu’on lui portât l’animal fugitif.
Jules Janin, dans son feuilleton hebdomadaire, portait sur la comédie moderne cet arrêt irrévocable : — La comédie est morte, disait-il, faute d’esprit, ou tout au moins faute de courage. […] Quand le soleil n’éclairait que les cimes de la société et laissait dans l’ombre ceux qui en portaient le fardeau, il était naturel, il était logique que la comédie oubliât de descendre dans des profondeurs jusque-là pleines de ténèbres. […] Je n’ai plus les Histoires de Village assez présentes à ma pensée pour porter sur cet ouvrage « un jugement motivé » ; mais — Dieu merci ! […] La Révolution portait virtuellement en elle une grande et forte littérature, mais la gestation devait être longue, et le dix-neuvième siècle était marqué pour lui servir d’accoucheur. […] [NdE] [Note dans le numéro du 27 avril 1856, p. 1 :] Mademoiselle Augustine Brohan, de la Comédie-Française, avait porté une plainte contre le Figaro, pour un portrait à la plume publié dans le numéro du 20 mars dernier.
Une Vénus avec des pieds si mal faits, qu’on dirait qu’elle a porté des souliers à grands talons. […] Écrivez et portez-vous bien. […] C’est tellement banal que cela ne devrait plus se faire et qu’il devrait devenir bien porté de s’en abstenir. […] La Maréchale portait un aigle en diamants, tenant dans son bec une branche d’olivier. […] La jeune fille habite Paris, va dans le monde et les gens qu’elle nomme se portent très bien.
Deux ont brisé la chaîne qui fait garde-fou au pont et sont tombés ; sans la présence d’esprit, l’adresse et la vigueur extrême du postillon qui a su faire porter à temps le timon contre un pilier ou poteau, la voiture était immanquablement précipitée.
Paul Léautaud Malgré tant de points parfaits où la modernité s’allie au grand passé que nous tous portons en nous, où « l’harmonie, la grâce du paysage, le charme virgilien, loin de nuire à l’originalité de l’auteur, y ajoutent encore », et qui sont d’une langue et d’un rythme admirables, c’est surtout comme poète satirique que M.
Dans la plus philosophique peut-être des sciences, la chimie, vous avez porté les limites de ce que l’on sait au-delà du point où s’étaient arrêtés vos devanciers.
Le jugement que nous portons ici des Productions de ce M.
Rien de moins semblable que l’examen d’un poème en vue de le trouver bon ou mauvais, besogne presque judiciaire et communication confidentielle qui consiste, en beaucoup de périphrases, à porter des arrêts et à avouer des préférences, ou l’analyse de ce poème en quête de renseignements esthétiques, psychologiques, sociologiques, travail de science pure, où l’on s’applique à démêler des causes sous des faits, des lois sous des phénomènes étudiés sans partialité et sans choix.
On peut, à quelques égards, porter le même jugement des Principes du Droit de la nature & des gens, traduit par M.
Tout bien considéré, l’état de savant est doux ; on s’y portera naturellement partout où la science sera un peu récompensée et fort honorée.
La flûte d’ybilis (Bambara) Un enfant qui était sorcier, mais que sa mère portait encore sur le dos, dit un jour à celle-ci : « Mère, porte-moi chez mon oncle ; j’ai envie de le voir ».
Le rôle lui a porté bonheur. […] Ceux-là ne font pas attention au jugement porté par un appréciateur autrement compétent que Schlegel : Goethe. […] Ce portrait, Molière le portait dans son propre cœur. […] Molière est mort, plusieurs le pleurent, et, s’il vivait, ils lui porteraient envie. […] Cailhava portait, enchâssée dans une bague, une dent de Molière.
Peut-être, étant jeune, étais-je trop porté à chercher les idées dans la littérature. […] Ils nous couvraient, ils nous portaient, ils nous enveloppaient d’une splendeur totale, et, si je puis dire, palpable. […] Je crois qu’après les avoir lus, on pourrait être porté à penser que M. […] Poccancy portera toute sa vie la peine des minutes de plaisir dont il a privé le caprice royal. […] Avertissement et encouragement qu’il faut souvent répéter aux hommes, trop portés à laisser les faits et le hasard façonner leurs destins.
Tout être est porté à se servir des armes qu’il a reçues de la nature et M. […] En même temps, il est porté à la colère, enclin aux haines vigoureuses, aux violences de l’esprit de parti. […] Du reste les éreintements lui portent bonheur : je demande pardon à M. […] Le titre d’Essais de psychologie que portent ses deux premiers recueils d’articles conviendrait à tous ses romans. […] Bourget, lui, a fait surtout porter ses recherches sur la seconde question.
Il nommera la Pucelle, le Poëme de la Religion, il le portera sous ce titre sur le petit catalogue que le mari doit payer. […] Ce qui fait que presque tous les écrits à la mode n’ont plus de physionomie, & qu’ils ne portent point d’empreinte. […] N’ayant pas tous également le même goût, ou la même énergie, le jugement qu’ils portent doit varier. […] L’esprit s’est donc porté ailleurs. […] Il faut connoître les maux comme leurs besoins ; & comment y porter remede, si l’on n’en a qu’une idée imparfaite ?
Au théâtre, on ne voit plus un petit nombre de juges se rassembler solennellement, moins pour savourer une émotion que pour porter un jugement. […] En littérature, les règles, au lieu de féconder les esprits, semblent-elles n’y plus porter que la sécheresse et la stérilité ? […] Ce docteur en toutes facultés portait la peine de son étonnante érudition. […] Trois recueils portent son nom : Albertus, la Comédie de la Mort, Émaux et Camées. […] De la tragédie régulière, Charlotte Corday n’en a porté le nom qu’un jour, et quand ce nom semblait utile à sa fortune ; aujourd’hui elle l’a répudié.
Jamais Molière, le fléau des ridicules, ne leur porta des coups plus sûrs, et nous pouvons nous écrier avec le vieillard qui, par instinct, devina notre auteur : Courage, courage ! […] » Molière porta les premiers coups aux plus acharnés de ses détracteurs, dans La Critique de l’École des femmes. […] le monarque qui faisait trembler l’Europe, recula devant le parti déchaîné contre le Tartuffe ; et ce parti, devenu nécessairement plus nombreux, plus puissant, plus audacieux, par la politique circonspection du souverain, se porta aux plus grands excès. […] Le prétendu malade se fâche, le docteur s’opiniâtre à vouloir le guérir, et le fait porter chez lui, pour le traiter plus commodément. […] Le titre. — Vague comme tous ceux des pièces qui portent le nom d’un personnage, à moins qu’il ne soit déjà célèbre.
Aucun n’a eu un goût aussi fin, aussi naturellement porté vers la mesure et la perfection formelle. […] Un petit cahier de mazurkas composées dans mon enfance portait en manière de dédicace : “À mes ancêtres”. […] Décidément, il avait fini de se bien porter. […] Tout de suite le vicaire découvrit chez son élève un esprit docile, curieux, porté au romanesque. […] La carte de Lamartine portait : “Je vous verrai dans l’après-midi…” Le reste se perdait dans le cadre.
Il la fait porter par son cousin Vitart à Chapelain et à Perrault, qui étaient assez amis de Port-Royal. […] Telle est l’humeur des gens de ce pays : ils portent les passions au dernier excès. […] Au bout de quinze jours, c’est-à-dire de six représentations, il retira sa pièce et la porta à l’hôtel de Bourgogne. […] Corneille avait, de la même manière, porté son Sertorius de l’hôtel de Bourgogne au Palais-Royal. […] Les comédiens, partis de Saint-Germain dans trois carrosses, allèrent porter cette bonne nouvelle à Racine.
Par une sorte de monstrueux illogisme, on lui en fait porter la responsabilité ! […] Le surnom inventé par l’auteur est revenu par ricochet à la femme qui ne l’avait jamais porté. […] Il n’est aucunement porté vers les sentiments particuliers et les opinions singulières. […] Augier a besoin de porter longuement ses idées. […] Ils conviennent qu’ils ne sont pas de ceux qui portent leur œuvre en eux-mêmes.
Poniche eut un sourire de mépris en regardant les journaux qu’il portait. […] le plus beau, le plus riche que la terre eût jamais porté ! […] Alors les soldats se lèvent et portent la main à leur képi. […] Il se retourna indigné, mais la voix du jeune officier commanda furieusement : « Portez… armes ! […] Il remarqua qu’elle portait d’une main quelque chose d’assez long, dans un papier.
Il suffira de nommer encore la cosmographie et la géologie, qui ont porté un si terrible coup aux fables des religions. […] Victor Hugo porta le dernier coup et recueillit le bénéfice d’une victoire à laquelle beaucoup d’autres avaient travaillé. […] Quant aux longues descriptions des romans, elles ne peuvent être portées à la scène, cela est de toute évidence. […] Mais les descriptions n’ont pas besoin d’être portées au théâtre ; elles s’y trouvent naturellement. […] Depuis quelque temps, il est bien porté de paraître s’intéresser aux jeunes.
Nous avons déjà expliqué les motifs de la haine secrète qu’il portait à l’auteur de Mahomet ; en détruisant sa renommée comme poète, il cherchait à diminuer son influence comme philosophe. […] Le fier prélat porta son despotisme dans la littérature ; il prétendait dominer l’opinion, asservir les gens de lettres, tyranniser le goût. […] Les bons ouvrages du dix-septième siècle portent un caractère de franchise et de solidité qu’on ne trouve point dans les plus élégantes productions du siècle suivant. […] Nos courtisans français portaient les chiffres de leurs maîtresses jusque sur le champ de bataille ; ils étaient parés comme des femmes, et combattaient comme des héros. […] La Mort de Pompée, l’un des moins réguliers des chefs-d’œuvre de Corneille, est un de ceux qui portent le plus l’empreinte de son génie créateur.
Nous portons, par exemple, un jugement tout autre que le sien sur le christianisme catholique, sur ses grandes institutions, ses sacrements et ses mystères, sur la sainteté des vierges, sur le célibat des prêtres.
Parodi l’a porté à la scène.
Le sceptre que Victor Hugo et Leconte de Lisle ont laissé tomber, personne ne le ramassera : il serait trop lourd à porter.
Dès lors, l’idée perd tout crédit au regard de la connaissance analytique : il nous faut réformer tous les jugements que nous avons portés lorsque nous subissions son influencé et nous en laissions imposer par son prestige.
Seule la griote avait gardé de l’eau dans une outre qu’elle portait.
C’est ainsi (j’ai omis de le dire) qu’elle était née au château de Vincennes, durant la prison du prince de Condé son père (1619), à ce Vincennes où son frère le grand Condé, captif, cultivera des œillets un jour, à ce Vincennes de saint Louis, destiné à porter au front, dans l’avenir, l’éclaboussure du sang du dernier Condé. […] Ce récit fera ce triste effet, et c’est pourquoi je vous le demande ; car, enfin, vous voyez bien que ce ne doit point être le repos qui succède à une douleur comme la mienne, mais un tourment secret et éternel : auquel aussi je me prépare, et à le porter en la vue de Dieu et de ceux de mes crimes qui ont appesanti sa main sur moi. […] Les verves de ce merveilleux talent, on le sait, de quelque côté qu’elles se portent, ne sont ni rapides ni éloquentes à demi. […] Elle les avoit encore, et les peines qu’elle avoit supportées depuis un an lui auront servi de pénitence… » Et dans une lettre du 22 avril 1679 : « Je n’aime pas les exagérations, mais il faut avouer de bonne foi qu’il y a eu des choses assez singulières dans la pénitence de Mme de Longueville, et pour le corps et pour l’esprit ; car il est certain que, dans les commencements de sa pénitence, il lui étoit fort ordinaire de coucher sur la dure, prendre la discipline, porter une ceinture de fer.
Sous la parure qu’elle portait d’ordinaire à la fois brillante et négligée, sous ce turban de couleur écarlate qui renfermait à demi ses épais cheveux noirs et s’alliait à l’éclat expressif de ses yeux, madame de Staël ne semblait plus la même personne : son visage était abattu et comme malade de tristesse. […] J’avais emporté avec moi un volume de Corinne, comme pour me porter bonheur ; le livre ou le jour me portèrent en effet bonheur. […] Le siècle entier porta ce deuil de famille ; elle n’eut ni les funérailles populaires de Mirabeau, ni les funérailles littéraires de Voltaire, mais elle eut les pieuses funérailles de fille, d’épouse, de mère, sous les chênes de Coppet, au pied du cercueil de son père, sur les bords de ce lac, en face de ces Alpes, où sa mémoire se confond à jamais avec celle de J.
— A l’Eden-Théâtre, la saison des concerts a cruellement souffert de la préparation de la saison théâtrale ; et tout l’intérêt pour les wagnéristes, qui voient dans une exécution enfin complète de Manfred un événement wagnérien, s’est porté au Châtelet. […] Pour montrer à quelle hauteur Wagner a porté l’art de la musique, il est nécessaire de considérer l’état de dégradation où il est tombé dans notre théâtre moderne. […] Néanmoins, le seul fait d’avoir joué exactement ce que Wagner voulait est un titre incomparable de gloire pour un artiste, et les noms de Mmes Materna et Malten, de Schnorr, Gudchus, Scaria et de tant d’autres deviendront plus célèbres, par le seul fait que ceux qui les portaient ont préféré obéir à un maître, que ceux qui essayent de se donner un renom particulier, et suivant l’ignoble argot du cabotinage, de tirer à eux la couverture. […] Quand Parsifal tombe inanimé, elle ne met plus de brusquerie à lui porter secours, mais elle apporte de l’eau avec un empressement humble.
Huysmans fut attiré vers l’Église par le prestige de sa grandeur morale et par le culte qu’il portait en lui de la beauté mystique. […] La double influence des préoccupations économiques, d’une part, — c’est-à-dire l’inquiétude née du bouillonnement manifeste dont les couches laborieuses ou souffrantes sont depuis longtemps agitées, — et, d’autre part, le renouveau de curiosité qui s’est porté vers les études historiques avec une force impétueuse dont le succès des « Souvenirs » et des « Mémoires » fournir chaque jour une attestation suffisante, cette double influence a agi finalement sur le roman lui-même, devenu social et collectif. […] Déjà, dans Germinal, comme du reste dans presque toutes les productions d’Émile Zola, l’effort principal de l’écrivain s’est porté avec insistance sur le maniement et sur la mise en circulation des groupes nombreux de personnages, effort inusité jusqu’à lui, sauf dans telle composition de génie comme les Misérables. […] » Je ne puis, dans ces pages rapides, porter de jugement analytique sur chacun des romans de M.
Seulement, à dater des Contemplations, nous le prédisons, il faudra des dévouements absolus, des dévouements de famille, et de famille romaine, pour porter la lourdeur de pareils souvenirs ! […] Toute notre prétention, dans le jugement que nous avions porté sur les poésies d’un homme que l’on a trop nommé un grand poète, avait été de montrer cela et de le prouver. […] Mais ces vers, rares d’abord — rari nantes in gurgite vasto, — matériels, d’ailleurs, comme des camées, des soucoupes, des vases ébréchés ; rompus souvent d’un hémistiche à l’autre, tous ces débris, où un reste d’art brille et s’exhale, ne peuvent arrêter le jugement définitif que la Critique est tenue, en honneur, de porter sur un talent qui n’a plus ni ensemble, ni articulations, ni vie régulière, ni chaleur vraie, ni lumière tranquille, ni rien enfin de ce qui constitue une créature, supérieure aux facultés sensibles et raisonnables de l’humanité, comme doit l’être un poète, et qui, au contraire, peut écrire des choses comme celles-ci : Tout est plein d’âmes ! […] Hugo avec austérité : pour cela il ne faut point porter soi-même sur ses facultés les troubles d’une époque moins forte qu’elles, car, en tant que ces facultés ont voulu demeurer poétiques, cette époque ne les a ni distraites de leur but, ni étouffées, quand elle pouvait, comme dans tant d’autres, les distraire et les étouffer.
L’illustre critique Wolf avait institué le débat sur l’existence d’Homère et sur la formation des poèmes qui portent son nom ; M. […] L’ayant rencontré dans une maison tierce, il lui demanda la permission de les lui porter : « Non, non, lui répondit sir Charles, je ne reçois personne chez moi, et quand vous voudrez me voir, vous me trouverez tous les jours ici de deux à quatre heures ; mais, ajouta-t-il, si je ne puis vous recevoir, je vous serai utile d’une autre manière, en vous faisant connaître le terrain sur lequel vous vous trouvez. » Et sur ce, il passa en revue avec son interlocuteur tous les botanistes anglais, lui peignant le caractère de chacun avec une exactitude que celui-ci eut bientôt l’occasion de vérifier, lui indiquant les moyens d’être bien reçu de tous et de n’en choquer aucun. […] C’était la mode alors de porter la culotte, et il était admirablement jambé.
Grâce à l’effroi qu’inspiraient ses armes, le terrible condottiere, à ce moment d’indépendance où il avait toute la liberté de ses mouvements et où il pouvait se porter à volonté sur tel ou tel point du pays pour le ravager, s’était créé un revenu fort considérable ; il touchait — tant, de Bérenger, comte de Barcelone ; — tant, du prince de Valence ; — tant, du seigneur d’Alpuente ; — tant, du seigneur de Murviédro, etc. ; on a les chiffres de ces sommes régulières que lui payaient les princes et seigneurs musulmans ou chrétiens, et qui constituaient ce que M. […] Je m’en irai devers Zamora, porter plainte au roi don Fernand, et vous demeurerez davantage en sûreté, et lui vous donnera satisfaction. » Alors Chimène Gomez monta à cheval : trois demoiselles vont avec elle, et, de plus, des écuyers qui devaient veiller sur elle. […] A vous qui êtes roi je viens porter plainte.
Il se formoit de tout cela un certain air de douceur et de grandeur qui prévenoit agréablement et qui le faisoit aimer et respecter tout ensemble. » Avec une complexion très-délicate, on comprenait à peine qu’il pût suffire à des exercices aussi divers : il portait dès lors dans son activité aux choses disparates ce quelque chose d’excessif et d’infatigable qu’il a depuis poussé dans un seul sillon ; on aurait dit qu’il avait hâte d’exterminer le jeune homme en lui. […] C’est sur ces entrefaites que la mort de madame de Montbazon (1657) vint lui porter un coup dont on a tant parlé, que l’imagination publique s’est plu à commenter, à charger d’une légende romanesque, comme pour l’histoire d’Abélard et d’Héloïse, et sur lequel lui-même il est demeuré plus muet que la tombe. […] Je ne crois pas que je m’abuse, il me semble que la pensée divine, si elle se ménage l’entrée dans les cœurs mortels, doit le faire souvent par ces voies si paisibles et si unies, et qu’après les grands coups portés il lui suffit, pour gagner à elle, de ces simples et divins enchantements.
Persécuté à Lausanne, où il portait ombrage aux Bernois, il dut à la mère de Henri IV un asile en Béarn, où il mourut. […] Voltaire est merveilleusement apprécié ; je remarquerai seulement et signalerai à l’auteur, pour qu’il le revoie peut-être, un certain paragraphe de la page xlii 21, qui offre beaucoup d’embarras et de pesanteur dans la diction : je ne voudrais pas qu’on pût dire que le malin a porté malheur, sur un point, à qui l’examine avec tant de conscience et avec une profondeur si sérieuse, éclairée du goût. […] Comme critique il s’abandonne quelquefois à une bienveillance un peu prompte ; il s’attache et prête foi aux livres un peu trop indépendamment de la connaissance personnelle des auteurs ; il est plutôt porté d’abord à surfaire, à force de se croire moindre.
Cependant les voitures étaient arrivées, et le roi s’était laissé porter dans son carrosse, se plaignant toujours beaucoup de mal de tête, de maux de reins, de maux de cœur. […] La Faculté, rangée autour du lit, fit place, en se mettant en haie, au maître apothicaire, qui arrivait la canule à la main, suivi du garçon apothicaire qui portait respectueusement le corps de la seringue, et du garçon de la chambre qui portait la lumière destinée naturellement à éclairer la scène.
Ces essais ambitieux ne porteront point remède aux peines de l’âme ; mais ils honoreront la vie. […] Ils évaluent d’abord la force du gouvernement, quel qu’il soit ; et comme ils ne forment d’autre désir que de se livrer en paix à l’activité de leurs travaux, ils sont portés à l’obéissance envers l’autorité qui domine. […] L’on porterait l’émotion au milieu d’êtres égoïstes, la raison impartiale lutterait en vain contre les sophismes du vice, et la piété sérieuse livrée sans cesse à tous les dédains de la frivolité cruelle.
Si la femme est comédienne habile, le chagrin manque sans que l’attitude manque, et je porterai le même jugement que s’il ne manquait pas. […] Si, par exception, le bout central conservé après l’amputation vient à s’ébranler, elle naîtra, quoiqu’il n’y ait plus d’orteil, et l’amputé portera le même jugement que s’il avait encore sa jambe. — Ces exemples nous montrent fort nettement en quoi consiste l’apparence. […] Si au contraire vous lui fléchissez les doigts tout en laissant pendre son bras le long de son côté, l’idée qui s’éveille en lui est celle de soulever un poids ; et, si les doigts sont fléchis, pendant que le bras est porté en avant dans la position de donner un coup, c’est l’idée de boxer qui surgit. » Et aussitôt l’hypnotisé complète l’action, je veux dire qu’il se met à boxer, à soulever péniblement son bras, à remuer ses membres pour grimper, pour se balancer ou pour tirer.
Saül y était alors campé devant les Philistins pour leur fermer l’accès des groupes de montagnes et des plateaux élevés de Judée qui portent Sion et Bethléem. […] Quand vous dormiez dans la caverne je n’ai point voulu porter ma main sur vous ! […] David paraît avoir été à cette époque un des premiers exemples de cette chevalerie errante et héroïque, toujours pratiquée en Arabie, redressant les torts, protégeant les faibles, punissant, pillant, tuant les oppresseurs, et se faisant ainsi parmi les tribus des campagnes une renommée de tuteur ou de vengeur du peuple qui devait inévitablement le porter au trône ou au supplice.
Cette pensée répandait l’amertume sur ses derniers jours ; et peu de temps avant sa mort, comme on le portait dans les appartements de son palais, au moment où il venait de recevoir la nouvelle de la mort de son fils, il s’écria avec un soupir : Cette maison est trop grande pour une famille si peu nombreuse ! […] Après avoir préparé son âme à attendre avec calme ce grand et terrible événement, ses inquiétudes se portèrent sur le bonheur des personnes de sa famille qu’il laissait après lui ; il désirait leur communiquer d’une manière solennelle le résultat de l’expérience d’une vie longue et toujours active. […] Sa mort causa la plus vive douleur à ses adorateurs ; et comme on la portait au tombeau, le visage découvert, ceux qui l’avaient connue pendant sa vie s’empressaient d’attacher leurs derniers regards sur l’objet de leur adoration, et accompagnaient ses funérailles de leurs larmes15.
Scoroncocolo l’empêcha de franchir le seuil et lui porta un coup de son poignard au visage. […] Ils n’étaient point guerriers, ils ne voulaient point l’être ; leur pays natal était trop étroit pour les porter à la grande ambition des conquêtes ; les Apennins d’un côté, Rome inviolable de l’autre faisaient de la Toscane une avendie, un rien ; ils le comprirent et n’eurent que l’ambition pastorale et pacifique d’une famille de patriarches. […] — J’ai découvert dans Pierre des qualités telles, qu’elles m’ont offert un fondement solide qui portera, sans aucun doute, tout ce que je pourrai édifier sur lui.
Sarcey triomphe ; là où le bon sens ne suffit peut-être pas, dans certaines questions délicates qu’il est porté à simplifier un peu trop, M. […] C’est là qu’a porté son effort le plus suivi ; là est sa plus sûre originalité et son meilleur titre de gloire. […] Ils avaient (et surtout Gautier) d’excellentes remarques et qui portaient loin ; mais ou ils les semaient au hasard et sans les rattacher à une théorie, ou ils se livraient à de brillantes fantaisies à propos et à côté de la pièce du jour.
Nous autres, Français, qui avons l’esprit absolu et exclusif, nous tombons ici en d’étranges illusions et nous faisons fort souvent ce raisonnement, qui sent encore sa scolastique : « Tel système d’institution serait intolérable chez nous, au point où nous en sommes : donc il doit l’être partout, et il a dû l’être toujours. » Les simples portent cela jusqu’à des naïvetés adorables. […] nous ne sommes que trop portés à cet établissement éphémère. […] Les principes ne portent que dans une certaine région.
Il y a, je le sais, un rire philosophique, qui ne saurait être banni sans porter atteinte à la nature humaine ; c’est le rire des Grecs, qui aimaient à pleurer et à rire sur le même sujet, à voir la comédie après la tragédie, et souvent la parodie de la pièce même à laquelle ils venaient d’assister. […] À côté des siècles où la politique a occupé le centre du mouvement de l’humanité, il en est d’autres où elle s’est vue acculée dans le petit monde de l’intrigue et où le grand intérêt s’est porté sur les hommes de l’esprit. […] Ce qu’il y a de sûr, c’est que les bergers et les mages l’apercevront encore les premiers, c’est que le germe est déjà posé et que, si nous savions voir le présent avec les yeux de l’avenir, nous démêlerions dans la complication de l’actuel la fibre imperceptible qui portera la vie à l’avenir.
Elles ont en pareille occurrence bien d’autres choses à faire qu’à s’occuper de vers, de grammaire, de questions d’art ; puis, comme elles prisent et encouragent avant tout les qualités fortes et masculines, elles s’intéressent plus aux hommes d’épée et aux politiques qu’aux hommes de lettres, et, si par hasard elles agissent sur ces derniers, le résultat de leur action est peu visible, parce qu’elles les portent à développer en eux ce qu’il y a de moins féminin. […] On peut choisir comme exemple le second tiers du xviiie siècle alors que des seigneurs de la cour, souvent capitaines ou colonels, la figure rasée, la tête poudrée, portaient des dentelles et des manchons, se piquaient d’exceller dans le parfilage ou la broderie, se présentaient dans les salons avec des ciseaux et des aiguilles d’or. […] Les comédies de Marivaux, le Vert-Vert de Gresset, les poésies musquées d’un Dorât ou d’un Bernis, portent la marque ineffaçable de cette condescendance au goût féminin.
Elle seule peut porter l’Homme à détacher de lui-même ce qu’il juge nécessaire* à son semblable, à lui restituer le bien ou l’honneur qu’il lui a ravi. […] La Religion est austere & gênante ; c'est avouer qu'on est incapable de porter le joug des vertus qu'elle commande : elle est nuisible ; c'est fermer les yeux aux avantages les plus sensibles, les plus indispensables qu'elle procure à la société : ses devoirs excluent ceux du Citoyen ; c'est la calomnier manifestement, puisque le premier de ses préceptes est de remplir les obligations de son état : elle favorise le despotisme & l'autorité arbitraire des Princes ; c'est méconnoître son esprit, puisqu'elle déclare, dans les termes les plus énergiques, que les Souverains seront jugés, au Tribunal de Dieu, plus sévérement que les autres Hommes, & qu'ils paieront avec usure l'impunité dont ils ont joui sur la terre : la foi qu'elle exige contredit & humilie la raison ; c'est insulter à l'expérience & à la raison même, que de regarder comme humiliant un joug qui soutient cette raison toujours vacillante, toujours inquiete quand elle est abandonnée à elle seule, ainsi que les ennemis de la Foi en sont eux-mêmes convenus*. […] Mais ces sacrifices ne portent-ils pas avec eux leur dédommagement & leur récompense ?
Clytemnestre seule ose et agit, exécute et frappe, et le coup porté par une femme paraît plus terrible. […] Au dehors, tout est fête, splendeur, allégresse ; de cime en cime, une Victoire immense vient de se poser sur Argos, ses ailes de flamme se mêlent aux feux de l’aurore ; des hymnes portés sur des nuées d’encens montent vers le ciel. […] Mais elles devaient toujours porter le sombre costume et le masque obscur sous lesquels elles avaient consacré leur virginité.
La vue d’un vieillard cassé par l’âge, d’un malade rongé par la lèpre ou desséché par la fièvre, d’un mort porté dans son cercueil, le plonge dans un abîme de réflexions et de rêves. […] Cela sentait le miel d’Hymète et le laurier-rose ; cela était grec sans pédanterie et sans hellénisme, comme ces camées ou ces fragments d’anthologie qui portent, empreint dans l’agate ou dans la strophe, un fin et pur détail des mœurs antiques. […] S’il est une figure à laquelle le drame ne doive toucher qu’avec respect et tremblement, c’est, à coup sûr, celle de ce juste, de ce saint, de ce héros, qui porta son diadème comme le bandeau d’un sacrifice, et, des privilèges de la royauté, ne réclama jamais que celui de marcher en tête de son armée, les jours de bataille.
L’œuvre que vous ne portez plus, que vous ne nourrissez plus, vous devient pour ainsi dire étrangère. […] C’était une femme, les bras noués autour du cou d’un homme qui la portait avec effort sur son dos… Et il nous entretient de ses chasses d’autrefois à la femme, chasses à l’inconnu, dont le grand charme est l’aléatoire, l’aléatoire qui, dit-il, « fait le pêcheur à la ligne, le joueur, le coureur de femmes ». […] Dans ses divagations, ce dentiste a pour excuse de ne pouvoir porter quelque chose sur la tête et de tenir dans la rue son chapeau à la main, mais les folies qui jaillissent de sa faible cervelle, ne lui sont pas tout à fait personnelles : elles lui sont apportées par le courant des choses, elles lui sont soufflées par le vent des idées dans l’air.
Ce cœur, rappelé vers la maison d’Aix-en-Provence ou dispersé dans la nature, demeure pourtant fidèle au bataillon et ponctuel dans le métier : Je voudrais que vous vissiez le cortège des poilus qui reviennent des tranchées à l’arrière ; ils ont de longues barbes et de longs cheveux ; ils sont vêtus de boue, appuyés sur des cannes et portent sur le dos un curieux et volumineux attirail de couverture, d’outils, de plats de campement. […] Mais c’est dans l’action surtout qu’il s’instruira. « J’avais souvent rêvé de cette heure où j’entrerais dans la réalité. » Un jour, dans la tranchée, il songeait à la mort et lui cherchait un remède : Il est infiniment doux, dans des moments comme celui-ci, de sentir qu’il y a d’autres âmes autour de nous, qui, si nous ne pouvons pas le faire, sauront élever bien haut le flambeau que nous venons de porter en avant… Mais soudain il s’arrête, il écarte ce vol des oiseaux de deuil : D’autres ? […] Il leur portait des balles dans tes tranchées.
L’un vendait des journaux et soufflait dans une corne de cuivre, l’autre poussait une de ces petites charrettes que les gens de la profession nomment des « balladeuses », et où il y avait de la mercerie, des bonnets de tulle, des pièces d’étoffe, des miroirs, des lanternes de fer-blanc, et celui-ci, pour appeler ses clients répandus dans l’immensité des blés, portait à ses lèvres, de temps en temps, la pointe d’un grand coquillage rose, qui s’évasait en forme de trompe. […] Et même lorsque nos auteurs dramatiques de la nouvelle génération, avec une générosité d’intention véritable, portent au théâtre certaines questions du grand problème social, n’est-il pas évident qu’ils les traitent pour l’instruction de leurs égaux, des philosophes, des économistes ou des gens du monde, et, qu’à de rares exceptions près, ils voient plutôt l’autorité à réformer que l’ouvrier lui-même à former ? […] Dégagés des coteries, des modes, des influences de clans, vous serez portés à regarder de plus vastes horizons ; vous sentirez renaître en vous la grande vertu de l’humanité, devenue votre inspiratrice et la marque de votre originalité. » Au commencement de novembre dernier, je me trouvais dans l’oasis de Damas, et le jour déclinait.
Mais qui ne voit que ses spéculations sont alors purement abstraites et qu’elles portent, non pas sur les choses mêmes, mais sur l’idée trop simple qu’il se fait d’elles avant de les avoir étudiées empiriquement ? […] Portés par une expérience de plus en plus vaste à des probabilités de plus en plus hautes, nous tendrions, comme à une limite, vers la certitude définitive. […] /Nous sommes donc autorisés à croire que la force qui évolue portait d’abord en elle, mais confondus ou plutôt impliqués l’un dans J’autre, instinct et intelligence.
Quand je prendrais les ailes de l’Aurore et que je porterais ma tente aux confins des mers, là même, c’est ta main qui me conduira sur la route, ta main qui m’établira. […] « Souvenons-nous qu’il ne nous en est parvenu que des débris dépouillés de toute leur pompe et de leur vivant éclat, hormis ces lumières de la pensée et de l’expression, sur lesquelles encore le temps a jeté bien des obscurités a et des nuages. » En résumant ainsi pour nous l’ode hébraïque, le docteur Lowth n’essayait pas de recherches sur la musique sacrée des Hébreux, sur le rhythme et ses rapports avec le chant, sur toute cette représentation enthousiaste et populaire qui devait porter si haut la puissance des cantiques sacrés. […] « Ne portez pas cette nouvelle à Gaza ; ne la publiez pas dans les rues d’Ascalon.
Celui-là porta la ruine chez les hommes ; celui-là ne m’a laissé le plaisir ni de me couronner de fleurs, ni de savourer la coupe profonde, ni de prolonger la douce harmonie des flûtes et les joies de la nuit. […] Non, je n’irai plus porter mon offrande au centre sacré de la terre, ni au temple d’Abis, ni à Olympie, si la vérité de ces choses ne se fait pas toucher du doigt à tous les mortels. […] Nous a qui portons par derrière cette trompe aiguë, nous et sommes les seuls Attiques, les vrais nobles et les indigènes du pays, race belliqueuse et qui servit puissamment Athènes dans la guerre, quand vint le barbare, étouffant de fumée la ville et brûlant les campagnes, dans sa rage de nous enlever de force les rayons de la ruche.
Ce jugement sur Villeroi est injuste et, je dirai, vulgaire : Richelieu, en ses Mémoires, a porté sur Villeroi un jugement tout autrement équitable, et qui, sans grandir le personnage, sans lui rien accorder de ce qu’il n’a pas, et en reconnaissant qu’il manquait d’une certaine générosité dans les conseils, le classe à son rang comme homme habile et des plus entendus aux choses de gouvernement. […] Sully lui attribue ainsi qu’à Villeroi une part directe dans le rétablissement des Jésuites en France (1604) ; il suppose que ces deux conseillers, Jeannin et Villeroi, malgré leur entière conversion monarchique, avaient encore dans l’esprit quelque reste du vieux levain, « quelque diminutif de semence espagnolique et ligueuse dans la fantaisie », et qu’ils étaient portés à favoriser ce qui tenait à leur ancien parti.
La première partie comprend des travaux théologiques proprement dits, qui ont la forme et portent le cachet de l’école germanique-française, et plus germanique que française. […] Pour une ou deux qui ont réussi, toutes les autres portent à faux et ont été démenties par les événements : le courant du siècle lui donne de plus en plus tort.
il m’écrivait à moi-même ces lignes aimables et familières, dans lesquelles il s’exagérait beaucoup trop sans doute la nature du service dont il parlait ; mais, même à ce titre, elles me sont précieuses, elles m’honorent, elles me vengeraient au besoin de certains reproches qu’on me fait parfois de m’aller prendre d’abord à des talents moins en vue ; elles le peignent enfin dans sa modestie sincère et dans sa façon allègre de porter ses maux : « Bonjour, … monsieur, vous ne me reconnaissez point ! […] Un jour, dans une rue écartée de Genève, par un temps de bise, en allant porter des consolations à un agonisant, M.
Il s’y trouvait tout porté et de naissance. […] Il rêve toute une nuit de la princesse de Conti qu’il vient de voir parée et prête à partir pour le bal : L’herbe l’aurait portée, une fleur n’aurait pas Reçu l’empreinte de ses pas… Vous portez en tous lieux la joie et les plaisirs15 ; Allez en des climats inconnus aux zéphyrs, Les champs se vêtiront de roses.