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1247. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre II. Amour passionné. — Didon. »

C’est encore au christianisme que l’on doit ce sentiment perfectionné ; c’est lui qui, tendant sans cesse à épurer le cœur, est parvenu à jeter de la spiritualité jusque dans le penchant qui en paraissait le moins susceptible. […] « C’est le caractère de cette passion, dit cet homme éloquent en parlant de l’amour, de remplir le cœur tout entier, etc. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe.

1248. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VIII. Bossuet historien. »

Par exemple, après avoir vanté les pyramides d’Égypte, il ajoute : « Quelque effort que fassent les hommes, leur néant paraît partout. […] « Ce fut après le déluge que parurent ces ravageurs de provinces que l’on a nommés conquérants, qui, poussés par la seule gloire du commandement, ont exterminé tant d’innocents… Depuis ce temps, l’ambition s’est jouée, sans aucune borne, de la vie des hommes ; ils en sont venus à ce point de s’entretuer sans se haïr : le comble de la gloire, et le plus beau de tous les arts a été de se tuer les uns les autres179. » Il est difficile de s’empêcher d’adorer une religion qui met une telle différence entre la morale d’un Bossuet et d’un Tacite.

1249. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre III. Massillon. »

Ainsi, nous ne ferons paraître à l’appui de nos raisonnements ni Fénélon, si plein d’onction dans les méditations chrétiennes, ni Bourdaloue, force et victoire de la doctrine évangélique : nous n’appellerons à notre secours ni les savantes compositions de Fléchier, ni la brillante imagination du dernier des orateurs chrétiens, l’abbé Poulle. […] Nous donnerons encore un exemple de ce genre ferme d’éloquence qu’on paraît refuser à Massillon, en ne parlant que de son abondance et de sa douceur.

1250. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Il a voulu que ces figures fussent aériennes ; et cette imagination me paraît de génie. […] Je me rappelle vaguement ce dernier qui m’a paru médiocre.

1251. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Mme Valmore poëte parut donc au jour vers le même temps que Casimir Delavigne, que Lamartine, qu’André Chénier ressuscité, et un peu, je crois, avant eux tous : elle fut comme la première hirondelle, toujours empressée, quoique craintive. […] Il m’est bien clair, quand je tiens ce volume-là, de cette date, qu’elle n’avait pu lire encore Lamartine, dont les Méditations ne paraissaient qu’au moment même. […] Le contraire lui paraissait un sacrilége. […] Quant à la couleur des yeux, il paraît bien qu’ils étaient plutôt bruns que bleus. […] … C’est alors que mes cinq ou vingt étages me paraissent des Pyrénées, moins les fleurs. — Loger au second, première richesse des ambitions raisonnables ; m’est-il à jamais interdit d’y prétendre ?

1252. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Notez bien qu’à chaque rédaction nouvelle d’Anthologie, comme on faisait entrer pour une bonne part les poëtes modernes qui avaient paru dans l’intervalle, on sacrifiait quelque chose des anciens ; de sorte que chaque fois il tombait plus ou moins de la fleur du panier. […] Il paraît qu’il fut amoureux de quelque Romaine peu lettrée, et il disait dans une jolie épigramme que je traduis un peu librement : « O pied, ô jambe, ô contours accomplis pour lesquels ce m’a été raison de périr, ô épaules, sein, col délié, ô mains, ô petits yeux qui font mon délire, ô mouvements divins, petits cris, baisers suprêmes ! […] Me voilà arrivé moi-même avec toi et avant toi. » Ce message ardent allait à une certaine Lycænis, qui paraît n’avoir été qu’une coquette, et à laquelle il reprochait peu après de l’avoir joué par un semblant d’amour. […] qu’il paraît avoir le plus aimée, et il ne l’a pas appelée seulement par métaphore l’âme de son âme. […] Alcman, à ce qu’il paraît, avait passionnément chanté les amours de jeunes filles, de même qu’Ibycus avait introduit chez les Grecs une poésie d’un autre genre.

1253. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Sa dictature lui paraît indispensable pour sauver la nation. […] Elle ferma un moment les yeux et parut se recueillir dans son humiliation ; puis l’orgueil de son infortune brilla sur son front comme un autre diadème. […] Petit, maigre, osseux, son corps paraissait incendié par un foyer intérieur. […] Ses yeux, quoique proéminents et pleins d’insolence, paraissaient souffrir de l’éblouissement du grand jour. […] Si donc Louis XVI, roi trop récemment dépossédé de la toute-puissance, roi à qui toute restitution du pouvoir au peuple devait paraître déchéance, roi mal satisfait de la part de règne qui lui restait, aspirant à reconquérir l’autre part, tiraillé d’un côté par une assemblée usurpatrice, tiraillé de l’autre par une reine inquiète, par une noblesse humiliée, par un clergé qui faisait intervenir le ciel dans sa cause, par une émigration implacable, par ses frères courant en son nom par toute l’Europe pour chercher des ennemis à la Révolution ; si Louis XVI, roi, paraissait à la nation une conspiration vivante contre sa liberté, si la nation le soupçonnait de trop regretter dans son âme le pouvoir suprême, de faire trébucher volontairement la nouvelle constitution pour profiter de ses chutes, de conduire la liberté dans des pièges, de se réjouir de l’anarchie, de désarmer la patrie, de lui souhaiter secrètement des revers, de correspondre avec ses ennemis, la nation avait le droit de le citer jusque sur son trône, de l’en faire descendre, de l’appeler à sa barre et de le déposer au nom de sa propre dictature et de son propre salut.

1254. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Ils serrent l’étude du réel de plus près qu’on ne l’a jamais fait ; ils y paraissent confinés ; et néanmoins ils méditent sur l’invisible ; par-delà les choses connues qu’ils décrivent exactement, ils accordent une secrète attention aux choses inconnues qu’ils soupçonnent. […] Il y a plus : le haut sentiment religieux dont elle paraît animée rend à peu près incompréhensible le genre de sacrifice auquel elle a consenti. […] Ou plutôt, leur rhétorique à eux, s’ils en ont une, a chance de nous paraître savoureuse. […] Le retour à l’ignorance, à la simplicité d’esprit et à la vie agricole ; pas de lois, pas de juges, pas d’armée, la non-résistance aux méchants devant procurer, paraît-il, la disparition des méchants ; en somme, le renoncement entier, voilà sa morale. […] Gerbart Hauptmann paraissait s’inspirer de M. 

1255. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Je l’ai mis au fait autant que je l’ai pu : il m’a paru fort galant homme et très sensible à l’embarras de M.  […] Pictet, qui annulera tous les billets que j’aurais pu faire à cette occasion, et j’en remettrai sur-le-champ le montant à la personne que vous en chargerez à Paris, avec un exemplaire pour vous de la seconde édition de mon livre qui paraîtra alors. […] C’est aussi un effet de mon régime si exact, que, depuis que mon ouvrage a paru, je n’ai accepté aucun repas en ville, ni aucune partie à la campagne, quoique les invitations de ce genre aient été si nombreuses que je crois, sans exagérer, qu’il y aurait eu de quoi me substanter tout le reste de ma vie. […] [NdA] Sans les solliciter paraît un peu fort, quand on a lu les lettres de Bernardin de Saint-Pierre à M.  […] [NdA] Voilà l’écrivain sensible qui commence à paraître et à se dessiner.

1256. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Il a voulu replacer sous les yeux du public un livre dont le public indifférent s’était détourné quand il parut, et tenter de nouveau, en faveur d’un chef-d’œuvre de sentiment et de langage, cette fortune des livres, incompréhensible comme toutes les fortunes. […] Assurément, si un livre semblable avait paru à la date de la langue qui s’y trouve parlée, il aurait fait le même mal que ceux de Boccace, de Marguerite de Valois, de Rabelais et de tant d’autres rieurs, charmants et coupables, et il partagerait la même condamnation et la même peine devant l’Histoire. […] Cependant, si étonnant que cela puisse paraître, ce n’est ni cette faculté de déplacement, ni cette souplesse de Protée, qui me frappe et me ravit le plus dans les Contes. […] Il m’a paru valoir mieux qu’un éloge et ne pas craindre un examen impartial et désintéressé. […] Il n’en a guères paru qu’un petit nombre de volumes, qui ne renferment encore que quelques romans de La Comédie humaine, publiée déjà (édition Furne) en 1846, et que MM. 

1257. (1881) Le roman expérimental

Il me paraît donc utile de dire nettement ce qu’il faut entendre, selon moi, par le roman expérimental. […] Il ne paraît pas y avoir une voie littéraire et scientifique plus large ni plus droite. […] Le livre paraît, la pièce est jouée, c’est un grand pas. […] Quand j’ai lu un roman, je le condamne, si l’auteur me paraît manquer du sens réel. […] Il y a là une question qu’il me paraît intéressant de traiter.

1258. (1925) Comment on devient écrivain

Dès que l’ouvrage parut, Chapelain eut la réputation du plus mauvais poète de son temps.‌ […] Voyez comme Sterne et Xavier de Maistre paraissent aujourd’hui insignifiants. […] Il sait très bien que rien n’est plus facile que de paraître érudit. […] Il y eut un moment où la Critique catholique parut combattre le Réalisme comme un scandale religieux. […] Sturel le rappelle) que toutes les langues vieillies paraissent naïves.

1259. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Mais c’est justement cette assimilation qui nous paraît arbitraire. […] Et, dès lors, une conception statique du réel s’impose : tout paraît donné en une seule fois, dans l’éternité. […] Or, la relation du cerveau à la conscience paraît être tout autre chose. […] Telle nous paraît être la fonction propre de la philosophie. […] Elle nous paraît radicalement fausse en ce qui concerne la durée.

1260. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Reid demande avec un mélange de naïveté et d’ingéniosité si un petit coup sur la tête nous paraît une simple image et un grand coup une perception actuelle ; Paul Janet a reproduit cette objection. […] C’est que précisément, en vertu de la force qui appartient à toute idée, l’image intérieure d’un coup sur la tête nous paraîtrait un coup réel si elle était seule, si sa force propre et sa tendance à produire des mouvements n’était pas contrebalancée par la force d’autres idées, ou, selon l’expression de Taine, refrénée. […] Et ces plans diffèrent en ce qu’ils semblent en relation plus ou moins médiate avec notre centre personnel : ainsi, dans un tableau, les dernières lignes d’un paysage paraissent fuir dans un lointain imaginaire. […] S’il assistait à une fête, s’il visitait quelque endroit, s’il faisait quelque rencontre, cet événement, avec toutes ses circonstances, lui paraissait si familier, qu’il se sentait sûr d’avoir déjà éprouvé les mêmes impressions, étant entouré précisément des mêmes personnes ou des mêmes objets, avec le même ciel, avec le même temps, etc. […] Elles nous paraissent contraires aux inductions qu’on peut tirer du passé même.

1261. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Mais là paraissait bien cette vérité tant de fois éprouvée : qu’il faut aux lettres une âme bien plus qu’une protection, et que nul loisir, nulle faveur, ne vaut pour elles l’agitation d’un temps libre et glorieux. […] Cela paraît encore plus dans une seconde variante de la même œuvre autrement interpolée. […] Théocrite paraît avoir imité aussi le Cantique des cantiques, dans son épithalame sur le mariage d’Hélène. […] « Comme l’aurore naissante a montré son beau visage, lorsque s’en va la nuit sainte, comme paraît le blanc printemps, quand l’hiver se retire, ainsi Hélène aux cheveux d’or a brillé parmi nous, forte et grande. […] Ainsi paraissent dans le drame sacré l’époux, l’épouse, le chœur des compagnes, ou de toutes autres jeunes filles de Jérusalem et des autres contrées. » On conçoit que, parmi les traditions de la poésie hébraïque divulguées en langue grecque, ce chant gracieux, dont la lecture était défendue à la jeunesse israélite, ait attiré surtout la curiosité des païens charmés de ces voluptueuses images, et bien éloignés d’y voir le sens mystique et les allusions pieuses qu’on y a cherchés plus tard.

1262. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Une telle différence d’impression, si tranchée et si brusque, ne paraissait-elle pas signifier que probablement le talent de l’auteur d’Indiana, ainsi que celui de tant de femmes, avait pour limites la réalité restreinte d’une situation unique ; et que, cette situation une fois exprimée, il ne fallait guère espérer en dehors, pour les excursions futures de ce talent, que d’heureuses rencontres de hasard, des traits et des coins délicatement sentis, mais point de création ni d’œuvre ? […] Outre le bon couple Lhéry, leur fille Athénaïs et leur neveu Bénédict, il se trouve, depuis deux mois environ, à la ferme, un nouvel habitant qu’un respect mêlé de mystère environne et qu’on désigne simplement sous le nom de Mme ou Mlle Louise : c’est une femme petite, de taille bien prise, de visage noble à la fois et joli, naturellement élégante dans son négligé, qui paraît vingt-cinq ans au premier abord, mais à laquelle on en accorde au moins trente en la regardant de près ; car elle porte les traces de la vie et des chagrins. […] Je veux indiquer toutefois deux points qui m’ont paru moins justement touchés et comme artificiels dans cette trame si parfaitement liée.

1263. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Léonard Fibonacci, Italien, qui avait étudié sous les Arabes à Bougie, paraît être le premier introducteur de l’algèbre parmi les chrétiens. […] Pour ces objets de peu d’étendue et qui vous paraîtraient de quelque prix, des copies entières remplaceraient convenablement les indications et descriptions que vous réserveriez aux plus longs ouvrages. […] Des chroniques romanesques, sermons ou autres écrits en prose latine ne sont pas du tout étrangers à l’histoire de notre littérature française, et peuvent servir à l’éclaircissement de questions intéressantes relatives au fond ou à la forme de certaines compositions, à la langue dans laquelle elles parurent d’abord, etc.

1264. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Le peuple, sauf un seul jour, ne paraît pas. […] La destruction de Port-Royal paraît barbare à d’autres que les Jansénistes. […] Louis XIV avait su être, ou paraître le protecteur, le régulateur, l’inspirateur du génie littéraire et artistique : toute l’activité littéraire du xviiie  siècle se développe loin de la royauté, qui ne se rappelle guère que comme une gêne et un obstacle.

1265. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

La résurrection d’un homme connu à Jérusalem dut paraître ce qu’il y avait de plus convaincant. […] À côté et au-dessus de lui, en effet, nous voyons toujours un autre personnage, qui paraît avoir exercé, au moment décisif qui nous occupe, un pouvoir prépondérant. […] Les synoptiques paraissent peu renseignés sur la période de la vie de Jésus qui précède la Passion.

1266. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Les grâces parurent encore sous les empereurs, mais elles parurent seules, car la majesté des paroles se perdit avec la liberté. » L’auteur rapporte les paroles de Cassius à Brutus avant les ides de mars : « Ces paroles, madame, sont les dernières que prononça la république avant de rendre l’âme… C’était le caractère de l’esprit de Rome, citait la langue naturelle de la majesté. » L’auteur finit par des observations sur les monuments qui restent de la conversation et des mœurs privées des Romains ; il exprime ses regrets sur leur rareté. […] Ces lettres ne sont point datées dans les nombreuses éditions qui ont été faites des œuvres diverses de Balzac, elles paraissent être de 1620 à 1630, temps où Balzac était âgé de 26 à 36 ans, et la marquise de 38 à 48.

1267. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Cependant, on voit par une multitude de lettres adressées par le duc de La Rochefoucauld à madame de Sablé, dans le temps qu’il complétait, corrigeait, soumettait à la critique les Maximes qu’il a publiées en 1665, que madame de Sablé les jugeait, et les modifiait très judicieusement ; on voit de plus qu’elle les soumettait au jugement d’autres femmes célèbres, de ses amies, notamment à la maréchale de Schomberg, Marie d’Hautefort, alors âgée d’environ 49 ans, anciennement l’objet de cette passion religieuse de Louis XIII, qui a été tant célébrée, et à son amie la comtesse de Maure ; qu’elle rédigeait elle-même des maximes, ou, pour parler plus exactement, des observations sur la société et sur le cœur humain, observations dont il paraît que le recueil de La Rochefoucauld renferme quelques-unes ; et enfin que cette dame avait de la fortune, une bonne maison, une excellente table, citée alors pour son élégante propreté ; qu’elle donnait des dîners dans la maison qu’elle occupait à Auteuil ; et que le duc de La Rochefoucauld allait souvent l’y voir. […] On n’écrivait que les contrats de mariage ; de lettres, on n’en entendait pas parler. » Vers 1665, parut dans le monde une femme d’un autre genre, moins brillante, mais probablement plus aimable. […] Voici l’idée que le poète nous donnera de la société de madame de La Sablière 68 : Je vous gardais un temple dans mes vers… L’apothéose à la voûte eût paru : Là, tout l’Olympe en pompe eût été vu Plaçant Iris sous un dais de lumière.

1268. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Si le défaut des méthodes que nous avons combattues est de ne montrer d’une œuvre et de ceux dont elle est le signe, que le dehors, l’entourage, le vague contour extérieur et infléchi, la notre, bornée aux chapitres antérieurs, paraît envisager ses êtres comme absolus, existant à part de tout contact, de toute condition et de toute cause. […] Le charme des musiques devra de même être reproduit après leur analyse ; l’intime éclosion de rêves et d’actes que provoque le lent essor d’une voix dans le silence d’une nuit, le ravissement des mélodies, le suspens des longues notes tenues, le heurt douloureux des cris tragiques sera décrit et rappelé, comme les mâles et sobres éclats des pianos, le jeu des souples doigts, les élans atrocement rompus des marches, les prestos envolés, retombants, et voletants, ou la grave insistance de ces andantes qui paraissent exhorter et calmer et apaiser les sanglots qui traînent sur le pas des suprêmes décisions ; les violons nuanceront tout près de l’oreille et de l’âme leur voix sympathique, âpre et chaude, et l’on entendra passer leur chant captif sur les sourds élans des contrebasses, l’embrasement suprême des cuivres, le ricanement sinistre des hautbois, unis en cette gerbe montante de sons, de formes et de mouvements, qui s’échappe des orchestres et porte les symphonies. […] Taine, la minutieuse enquête de Sainte-Beuve, le réalisme humain des meilleurs biographes anglais, les études anecdotiques comme celles des romantiques, seront fondus ensemble et concentrés au point de donner de l’homme, de ses contours, une apparente image : on aura ainsi les procédés qu’il faut pour pénétrer de réalité, de vérité, de vie, pour galvaniser et animer l’être dont l’âme aura paru morte et morcelée d’après le travail de l’analyseed.

1269. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Il n’y paraîtra plus ! […] ILS VONT paraître sous le titre du Siège de Paris et de la Défense nationale. […] [Article original paru dans Le Constitutionnel, 7 avril 1873.]

1270. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Mais il est regrettable et il était inutile qu’il ajoutât tout un volume qui paraît très gros, — au volume de Mme Swetchine, qui paraît très petit, — quoiqu’ils aient tous les deux à peu près le même nombre de pages. […] C’est la vieille femme dans sa magnifique et délicieuse acception d’autrefois, car nous n’avons plus maintenant que des femmes vieilles, qui veulent paraître jeunes toujours … Avant d’être vieille tout à fait, elle avait pu être une femme aimable, imposante ou charmante comme beaucoup de femmes charmantes, imposantes ou aimables, mais sa supériorité n’a daté nettement que de sa vieillesse.

1271. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Il devait s’y trouver très bien, dans ce tombeau splendide ; mais telle n’est pas l’opinion de Valfrey, — un exigeant, à ce qu’il paraît, — qui a voulu le tirer de là et lui bâtir, à part et de sa main, une petite colonnette… Chacun entend la gloire à sa façon, surtout quand on croit pouvoir la donner, et Valfrey est impatient d’ajouter à celle de Hugues de Lionne, qu’il ne trouve ni assez retentissante, ni assez personnelle. […] Ils allèrent jusqu’à le chamarrer des Ordres du Roi, alors la dignité suprême, et l’ornementèrent de ce cordon bleu qui paraissait le ciel même à ceux à qui on le passait autour du cou. […] ce livre, qui a la prétention d’être une revendication historique et une justice tard rendue, mais enfin rendue, à un homme dont Mazarin et Louis XIV ont confisqué la gloire, — le mot me paraît vif venant d’une plume si rassise, — n’est, par le fait, rien de plus que l’exposition, inconsciente et inconséquente, des faveurs dont Lionne fut l’objet de la part de Mazarin et de Louis XIV qui, bien loin de confisquer sa gloire, lui en créèrent une dans la leur.

1272. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

, impossible à jouer, Charles de Rémusat — à ce qu’il paraît — le lisait parfois, de son vivant, aux personnes dévouées d’esprit et d’oreille à ses œuvres. […] Au Moyen Âge, s’il y avait vécu, il aurait esquivé Cousin, Thiers et la Revue des Deux Mondes, qui furent ses maîtres, et il nous eût paru moins petit ! […] La philosophie qu’on attendait n’y paraît pas non plus.

1273. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Sans valoir la millième partie du bruit qu’on lui a fait, Renan a bien ce qu’il faut, semble-t-il, pour illusionner, je ne dis pas les évêques, dont les mains calmes et consacrées doivent savoir exactement le poids ou la légèreté de l’erreur, mais du moins ce gros public, dont l’instinct est faillible, — mauvais juge d’une science assez grande pour tromper et d’un style assez travaillé pour paraître beau. […] Cet abbé, dont je ne garantis pas la tonsure, aurait bien dit la messe dans le feuilleton du Siècle, et je m’étonne que son roman du Maudit n’y ait pas paru. […] La plus tracassée à coup sûr de toutes celles qu’on agite dans ce livre, elle y est suspendue, à ce qu’il paraît, aux reins de ce râblé, qui, de prêtre, finit par se faire imprimeur et par épouser, pour le bonheur et la gloire de poser cette question du mariage des prêtres devant l’autorité civile, une abominable souillon, comme disait Francisque Sarcey l’autre jour, avec une délicatesse digne de la chose.

1274. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

« Déjà la vie religieuse des armées n’est plus ce qu’elle était en 1914 et 1915… Mais nul ne reviendra de cette guerre exactement pareil. » Quand cette page parut dans l’Écho de Paris, je reçus des tranchées plusieurs corrections ou commentaires intéressants. […] Ce manteau s’est usé peu à peu ; il a chez presque tous disparu aujourd’hui ; c’est pourquoi la masse paraît moins brillante qu’aux premiers jours, mais je crois qu’un changement essentiel et profond ne s’est pas moins opéré, et il continue son œuvre. Ce sont maintenant nos anciennes petites idées qui paraissent en surface, et si nous les défendons encore parfois, souvent nous n’y croyons plus.

1275. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Rien ne lui paraît plus simple que de demander de l’argent pour un service. […] Il paraît que Ménon n’avait jamais été gouverné. […] On les cache ; l’homme veut paraître tout esprit. […] Lorsqu’on a lu Saint-Simon, toute histoire paraît décolorée et froide. […] Des prophètes paraissaient en Judée.

1276. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Encore une traduction à faire, et qui, au premier moment, paraît déconcertante. […] … » Gautier, lui, ne paraît pas s’être posé cette question. […] — L’argument paraît irréfutable, il ne résiste pas à l’examen. […] Entre ces divers campements de bohémiens, le Chat-Noir paraît avoir été le plus pittoresque. […] Cette épithète peut paraître juste pour quelques-uns des « mots » de ce terrible persifleur.

1277. (1900) Molière pp. -283

L’amour, la colère, l’envie, l’orgueil, tout cela se faisait déjà sentir sous la tente des patriarches ; et Noé ne me paraît guère avoir construit l’arche que pour les sauver du déluge. […] Étudiées dans l’histoire de l’humanité et dans la suite des siècles, elles paraissent parfaitement susceptibles de culture et de développement tout comme un rosier. […] Toute femme, selon lui, qui prend quelque soin de ne pas paraître absolument laide, est une femme perdue ; toute femme qui va au spectacle et qui se montre en public, — ceci est textuel, — se déshonore ! […] Vous paraissez bien animés. […] ——— Le jour où la femme d’un sous-lieutenant qui touche de l’État quinze cents francs pour se loger, s’habiller, et se nourrir, lui et sa famille, osera paraître en public avec un bonnet à fleurs, et une simple robe d’alépine comme la cantinière impériale qui gagne bon an mal an mille écus, ce jour-là il se sera accompli dans les mœurs une révolution auprès de laquelle 93 ne paraîtra plus qu’un badinage.

1278. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il ne me paraît pas qu’il y ait problème. […] Cela nous paraît singulière frivolité d’esprit. […] Je dirai presque qu’auprès de Rabelais La Fontaine même paraît maniéré. […] Elle n’était que trop sensible déjà au temps où il parut. […] La terreur de Dieu, c’est beaucoup plus ce qu’il inspire, et si, par certains côtés, il paraît plus chrétien que biblique, par celui-ci il paraît plus biblique que chrétien.

1279. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

En même temps qu’il se montrait si ombrageux sur la liberté de la tribune, il paraît avoir été beaucoup plus coulant sur la liberté des journaux et sur celle même des théâtres. […] Chateaubriand lui paraît « un esprit romanesque et au rebours ». […] Il s’attache tant qu’il peut, dans ses conversations avec le consul, à combattre l’idée qu’il lui voit du pouvoir de l’imagination sur les Français ; cette idée du pouvoir de l’imagination, puisée dans les camps et justifiée par les prodiges militaires, lui paraît dangereuse à transporter dans le civil et menant à l’extraordinaire plus qu’à l’utile. […] Le monumental le touche peu ; la célébration des fêtes religieuses et autres, les solennités en tout genre, lui paraissent volontiers une superfluité. […] Cette activité, longtemps dispersée sur toutes sortes de sujets dont aucun ne lui paraissait ingrat, s’est retrouvée la même à la fin sur d’autres sujets purement agréables et parfaitement désintéressés.

1280. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Ceux-ci, en effet, gens économes par nature, sont payés pour croire qu’on court après l’esprit quand on en a plus qu’eux : « Messieurs, lisez-moi, semblent-ils dire ; vous verrez un homme qui pense simplement, raisonnablement, qui va son grand chemin, qui ne pétille point : et voilà le bon esprit. » Selon Marivaux plaidant dans sa propre cause, « il y a un certain degré d’esprit et de lumières au-delà duquel vous n’êtes plus senti ; c’est même un désavantage qu’une si grande finesse de vue, car ce que vous en avez de plus que les autres se répand toujours sur tout ce que vous faites, embarrasse leur intelligence » ; on vous accuse d’être obscur par trop de subtilité ; et il conclut avec découragement, et en ayant l’air de consentir, par égard pour les lecteurs vulgaires, à ne plus être sagace qu’à demi : « Peignez la nature à un certain point, mais abstenez-vous de la saisir dans ce qu’elle a de trop caché ; sinon vous paraîtrez aller plus loin qu’elle, ou la manquer. » Tels étaient les ingénieux sophismes que le désir de se justifier suggérait à Marivaux, et sur lesquels il revient en vingt endroits. […] » Marivaux, très judicieux tant qu’il se tient ainsi dans le point de vue général, ne veut pas qu’en se mettant à écrire, un jeune homme imite personne, pas plus les modernes que les anciens ; car les anciens « avaient, pour ainsi dire, tout un autre univers que nous : le commerce que les hommes avaient ensemble alors ne nous paraît aujourd’hui qu’un apprentissage de celui qu’ils ont eu depuis, et qu’ils peuvent avoir en bien et en mal. […] Il désire donc simplement qu’on se nourrisse de tout ce que l’on sent de bon chez les modernes ou chez les anciens, et qu’ensuite on abandonne son esprit à son geste naturel : « Qu’on me passe ce terme, qui me paraît bien expliquer ce que je veux dire, ajoute-t-il aussitôt malicieusement ; car on a mis aujourd’hui les lecteurs sur un ton si plaisant, qu’il faut toujours s’excuser auprès d’eux d’oser exprimer vivement ce que l’on pense. » Si Marivaux n’avait jamais employé d’autres expressions plus hasardées ou plus raffinées, on aurait pu l’accuser encore de recherche (qui n’en accuse-t-on pas d’abord parmi ceux qui ont un cachet ?) […] L’ouvrage parut en onze parties, et, comme nous dirions, en onze livraisons (1731-1741) ; il y manque une conclusion ; la douzième partie qu’on y a jointe n’est pas de Marivaux. […] Celui-ci paraît prendre intérêt à la jeune fille et la met en pension chez une marchande lingère, Mme Dutour.

1281. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Il sent bien que de tels rapprochements peuvent paraître à d’autres superstitieux ou futiles, et il ajoute qu’il ne les note par écrit que pour lui seul. […] L’embarras et la honte de paraître en robin devant le régiment inspirèrent à Saint-Martin un courage inaccoutumé ; il quitta brusquement un état qu’il abhorrait et où, sans cet incident, il serait peut-être resté par faiblesse. […] Les jambes étaient débiles, la tête paraissait un peu trop grosse pour le corps ; mais il avait une figure charmante, et des yeux dont une femme lui disait qu’ils étaient « doublés d’âme ». […] Il aurait pu y mettre en épigraphe cette pensée de lui : « J’ai vu, au sujet des vérités si importantes pour l’homme, qu’il n’y avait rien de si commun que les envies, et rien de si rare que le désir. » Quand on songe que ce dernier ouvrage, L’Homme de désir, paraissait en regard des Ruines de Volney, on sent que le siècle, à ce moment extrême, était en travail, et qu’en même temps qu’il donnait son dernier mot comme négateur et destructeur, il lui échappait une étincelle de vie qui, toute vague qu’elle était, disait que l’idée religieuse ne pouvait mourir. […] Les hommes de désir, en ceci, me paraissent prendre leur parti des douleurs publiques un peu trop commodément.

1282. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il se crut donc presque à coup sûr nommé, et ses amis l’en félicitaient déjà ; mais parut tout à coup M.  […] Il a, pour se peindre lui-même, des traits uniques et qu’on peut lui emprunter avec sécurité, tant ils paraissent sincères. […] Un jour (mai 1741), il parla tout haut de lui avec humeur et conclut en ces mots : « Enfin, pour tout dire, c’est le digne ami de Voltaire, et Voltaire son digne ami. » En février 1741, M. d’Argenson succéda à son cadet dans la place de chancelier du duc d’Orléans, et cette succession peu expliquée parut singulière dans le monde. […] Tous les hommes de sensibilité et de cœur désiraient, appelaient vaguement un Rousseau quand il parut. […] Quand le siècle lui paraîtra, en avançant, présenter quelques meilleurs symptômes, il sera le premier à les noter et à nous en faire part, avec la joie d’un homme qui ne désespère pas des hommes et qui aime à croire au progrès de la raison publique.

1283. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Celui-ci vivant et les défendant, l’entreprise paraissait difficile, même téméraire. […] Le premier plan de Villars dans cette campagne du Danube était de se porter entre Passau et Lintz, d’attaquer celle des deux villes qui aurait paru le plus dégarnie de troupes, et, si une partie de ces troupes s’y était laissé prendre, de marcher sur Vienne : « Je dois connaître cette place, ajoutait Villars, par le séjour que j’y ai fait. […] Villars en était venu à se défier de la fidélité de l’électeur dans l’alliance, tant il le voyait indécis, mal entouré, et sollicité en sens contraire par sa famille et par ses proches ; il craignait d’un moment à l’autre une défection : « Cette bataille empêche un grand changement », écrivait-il à Chamillart au lendemain d’Hochstett ; et il ajoutait : Je crois devoir vous supplier, monsieur, de représenler à Sa Majesté qu’il est bon qu’elle paraisse entièrement satisfaite de la valeur de M. l’électeur, de celle du comte d’Arco, des troupes de M. l’électeur, bien que dans la chaleur du combat je n’aie pu m’empêcher de me plaindre un peu de leur flegme10. […] Au milieu de la rigueur nécessaire, il s’y montre assez humain, bon politique, observateur éclairé et curieux des cerveaux en délire, nullement présomptueux : « Quand on a, dit-il, à ramener un peuple qui a la tête renversée, on ne peut répondre de rien que tout ne soit consommé. » Témoin des phénomènes physiologiques les plus bizarres, des tremblements convulsifs des prophètes et prophétesses, il est un de ceux dont la science invoquera un jour le témoignage : J’ai vu dans ce genre des choses que je n’aurais jamais crues si elles ne s’étaient passées sous mes yeux : une ville entière, dont toutes les femmes et les filles, sans exception, paraissaient possédées du diable. […] Cependant, Sire, en prenant tous les partis apparents de hauteur, je ne m’écarterai pas de ceux de sagesse ; il me paraît que c’est l’intention de Votre Majesté… Cependant les troupes de Votre Majesté conserveront tout l’air de supériorité qu’elle peut désirer, et qu’elle est accoutumée de voir dans ses armées.

1284. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Le chef de bataillon Suchet, depuis l’illustre maréchal d’Empire, est de ceux qui paraissent compter le moins sur le nouveau général, « cet intrigant, disait-il, qui ne s’appuie sur rien ». […] Le matin de la bataille de Rivoli, quand la tête de la 18e parut, Bonaparte se porta à sa rencontre et dit ces paroles qui devinrent la devise glorieuse de la demi-brigade, et qui seront plus tard brodées en lettres d’or sur son drapeau : « Brave 18e, je vous connais ; l’ennemi ne tiendra pas devant vous. » À ces paroles, les soldats répondirent : « En avant ! […] Necker ne prévoyait point l’expédition d’Égypte ; mais il vit un jeune officier qui lui parut plus sérieux et plus réfléchi que beaucoup d’autres, et il voulut lui procurer une lecture solide, qui montrait, dans un parfait exemple, comment on peut tirer profit de ses observations en tout voyage. […] Dans une revue que l’empereur passa au camp de Zeist, dans l’été de 1841. le 18e fut l’un des régiments inspectés : Arrivé devant le front de bataille de mon régiment, qui présentait 4000 hommes en ligne parfaitement équipés à neuf, grâce à des économies que j’avais réalisées sur la masse, et après avoir accordé quelques faveurs à mes officiers, l’empereur parut surpris de ce que je n’avais rien demandé pour moi ; se retournant de mon côté, il me dit : « Et vous, colonel, que demandez-vous ?  […] Son témoignage, exprimé avec l’énergie de conviction qu’il y met, est d’un grand poids. — Le plus grand tort des Mémoires de Marmont est d’avoir paru trop tôt.

1285. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Elle ne paraît pas avoir vécu en parfait accord avec Mme de Pompadour ; du moins on la voit brouillée avec elle en juillet 1746. […] M. de Tressan fit sur elle ce fameux couplet : Quand Boufflers parut à la Cour, On crut voir la mère d’Amour, Chacun s’empressait à lui plaire, Et chacun l’avait à son tour. […] Un jour qu’elle avait écrit à Voltaire une longue lettre à l’occasion de sa tragédie d’Oreste, il paraît qu’elle avait écrit Èlectre avec deux t, et Voltaire, pour toutes raisons, lui aurait répondu : « Madame la duchesse, Èlectre ne s’écrit pas par deux t. […] Le lendemain, il en parut une autre superbe ; le médaillon de M. de Choiseul y était entouré de perles : c’était la boîte de gala. […] Tout à coup, étant tombée sur deux ou trois prières particulières qui lui parurent bizarres et de mauvais goût, elle ne put s’empêcher de le dire ; et comme Mme de Genlis se hasardait à lui représenter qu’en fait de prières Dieu s’attachait sans doute à l’intention plutôt qu’aux paroles et au ton : «  Eh bien !

1286. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Dessaix, a, depuis, remis en lumière un poème de lui intitulé la Savoie, qui avait paru en 1572 à Annecy, dédié à Marguerite de France, sœur de Henri II et duchesse de Savoie, la charmante et spirituelle protectrice des gens d’esprit de son temps. […] Il paraît que ce bon mari ne s’inquiéta pas trop du passé avec elle, et qu’il lui laissait même dans le présent et pour l’avenir une honnête liberté. […] Il est certain qu’elle eut une jeunesse fort émancipée et à demi virile, et qu’elle trancha de l’amazone ; mais ensuite, et quelles que fussent les chansonnettes et les propos légers, tels que ceux que nous venons de lire, il paraît bien qu’elle vécut à Lyon fort considérée, fort entourée de tout ce qu’il y avait de mieux dans la ville, et de tout ce qui y passait de voyageurs savants et distingués qui se faisaient présenter chez elle : car elle avait une maison, un salon ; on y faisait de la musique, on y lisait des vers, on y causait de sciences et de belles-lettres. […] l’heure où tu parus est à jamais bénie ; Sur notre front meurtri que ton baiser fut doux ! […] Le livre a paru depuis, et mon vœu, mon pronostic ont été entièrement vérifiés et réalisés.

1287. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

On a besoin pour les admirer, dit-il, de songer aux difficultés qu’ont coûtées à construire ces énormes monuments et aux quarante siècles dont l’éloquence de Bonaparte les a couronnés ; mais « il y a derrière eux ce grand coquin de désert qui est autrement imposant. » Il ne se pique pas, depuis douze jours qu’il est arrivé, d’avoir une idée faite sur le pays ; son premier coup d’œil pourtant ne le trompe guère, et ce Méhémet-Ali tant vanté ne lui paraît que ce qu’il était en effet, un administrateur-exacteur mieux entendu, un pressureur de peuple plus habile : « Les gens qui en attendent des progrès comme civilisation se trompent lourdement. […] En effet, le soleil parut, et au même moment un long nez au bout duquel se trouvait un visage ; ce visage était sous un parapluie jaune et noir et surmontait un grand corps pris dans une petite redingote. […] C’est dans son voyage de Syrie qu’Horace Vernet paraît avoir conçu pour la première fois ses idées sur l’immobilité de l’Orient et sur les applications qu’on en pouvait tirer à la peinture ; il lui arriva alors une chose rare, unique dans sa vie : il eut un système, il fit une théorie. […] L’étonnement ne paraît jamais sur leur visage, ce qui explique les ordres froidement cruels donnés par Moïse et exécutés ponctuellement sans que les victimes se doutassent du sort qui les attendait. » * Tout cela est finement senti, et, sa pensée se précisant de plus en plus à la réflexion, il écrivait de Smyrne, au moment de s’embarquer : « C’est ici que je commence à bien me rendre compte de tout ce j’ai vu d’intéressant, de curieux, de magnifique et de nouveau ; c’est pour le coup que la Bible devient intéressante. […] Je ne sais si les autres sont comme moi, mais la littérature ne me paraît jamais avoir plus de saveur que quand elle vient de quelqu’un qui ne se doute pas qu’il fait de la littérature.

1288. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Au moment où parut au théâtre le Cid de Corneille, il y avait longtemps que la littérature française, reconstituée sous Henri IV et datant de Malherbe, était dans l’attente. […] Rien ne relève ce jeune homme comme ces deux femmes qui se disputent son cœur. » La remarque est vraie, mais il n’est pas étonnant toutefois que l’infante, chez Corneille, à la représentation, paraisse inutile, puisque dans la pièce, telle même qu’il l’a conçue, tout tend à la rapidité et au plus grand effet par le resserrement. […] L’inconvenance eût paru trop grande en France où nos rois ne virent jamais rien de pareil. […] Toutes les fois que l’infante paraît chez Corneille, il y a langueur et refroidissement. […] Le roi tiré des deux parts, et qui ne sait trop de quel côté pencher, paraîtrait un peu comique, si l’on avait le temps d’y prendre garde.

1289. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Or, en mourant, en redevenant de plus en plus un chrétien fidèle et contrit à ses dernières heures, en offrant à Dieu le sacrifice de tout, il eut pourtant un dernier regret, une tentation suprême, et cette tentation, comme il l’appelait en effet, est d’un ordre trop élevé et trop épuré, d’une qualité trop subtile, elle fait trop d’honneur et à lui et à notre littérature en particulier, pour ne pas être connue et racontée, si singulière qu’elle nous puisse paraître. […] Il n’avait guère que vingt-cinq ou vingt-six ans et paraissait aussi jeune que ses élèves. […] Dans cet énoncé général, la proposition paraît si simple qu’on se demande peut-être ce qu’elle a de nouveau. […] J’ai vu l’abeille au travail ; son miel ne m’en est pas moins doux, et il m’en paraît plus savant […] Deschanel a paru un peu insuffisant aux amis de l’auteur et peut-être à l’auteur lui-même.

1290. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Elle parut si remarquable aux juges, qu’ils ne purent croire à ces trois lustres, à ces quinze ans de l’auteur, et, pensant qu’il avait voulu surprendre par une supercherie la religion du respectable corps, ils ne lui accordèrent qu’une mention, un encouragement avec réserve. […] Je recommanderai encore plusieurs articles sur Walter Scott, un sur Byron, un sur Moore, un sur les premières Méditations poétiques qui avaient paru d’abord sans nom d’auteur. Ce qui domine dans ce dernier et remarquable jugement, c’est un cri de surprise, un étonnement profond qu’un tel poëte s’élève, qu’un tel livre paraisse, un grain de sévérité littéraire et puriste, un sourire de pitié au siècle qui se dispose sans doute à railler le noble inconnu. […] M. de Chateaubriand, au moment où parut l’Ode sur la Mort du duc de Berry, l’ayant qualifié d’Enfant sublime , Victor Hugo, conduit par M. […] D’autre part, le brevet de pension était aussi arrivé à Victor Hugo vers l’époque où parut son premier volume d’Odes, et il avait attribué cette faveur royale à sa publication récente : il n’en sut que plus tard la vraie origine.

1291. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Xavier de Maistre l’a lui-même remarqué à propos de sa jeune Sibérienne : « L’étude approfondie du monde, dit-il, ramène toujours ceux qui l’ont faite avec fruit à paraître simples et sans prétentions, en sorte que l’on travaille quelquefois longtemps pour arriver au point par où l’on devrait commencer. » Ainsi Hamilton est aisé et simple de goût, comme l’est Voltaire. […] Il n’en fut pas aussi satisfait que moi : la douleur aride et quelquefois rebelle du Lépreux lui paraissait, me dit-il, comme une autre lèpre qui desséchait son âme ; cet infortuné (ajoutait-il), révolté contre le sort, n’offrait guère à l’esprit que l’idée de la souffrance physique, et ne pouvait exciter que l’espèce de pitié vulgaire qui s’attache aux infirmités humaines. […] Ma vie est sans variété, mes jours sont sans nuances ; et cette monotonie fait paraître le temps court, de même que la nudité d’un terrain le fait paraître moins étendu. » Le simple et doux Lépreux fit son chemin dans le monde sans tant de façons et sans qu’on lui demandât, rien davantage ; il prit place bientôt dans tous les cœurs, et procura à chacun de ceux qui le lurent une de ces pures émotions voisines de la prière, une de ces rares demi-heures qui bénissent une journée. […] Ce qu’il paraissait le plus désirer, le plus regretter chez nos grands littérateurs, c’est l’unité dans la vie.

1292. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Au milieu de tant d’influences à fracas et de méthodes plutôt subversives, il nous paraît bon d’insister sur une manière neuve et sobre, ingénieuse et judicieuse, fertile en vues, vérifiable toujours, qui, entre mille avantages, a ses imperfections et quelques défauts sans doute, mais aucun de ceux qui égarent. — Il ne nous restera, tout cela démontré, qu’à supplier l’amitié elle-même de nous pardonner d’avoir pu être si analyseur à son égard, et d’avoir tant osé distinguer ici et là. […] Après plus de dix ans de préparation, le premier volume parut en 1733. […] Le tome second, qui parut en 1735, c’est-à-dire deux ans seulement après le premier, était tout rempli par le ve siècle. L’abbé Prévost, dans le vingtième nombre du Pour et Contre, adressa aux auteurs sur leur premier volume, parmi de vrais éloges, assez de critiques qui lui attirèrent une réponse dans la préface du second tome : « C’est une plume agréable, disait-on, qui cherche à badiner… S’étant familiarisé avec le brillant, le nouveau, le magnifique, il voudrait ne voir paraître de livres que dans le même goût. » L’abbé Prévost leur reprochait, en effet, d’une manière assez peu indirecte, le manque d’agrément, de choix et de proportion dans la série des auteurs. […] Ce rayon rapide qui se reflète et correspond parfois, comme un fanal, d’un siècle à l’autre, leur eût paru une dissipation profane.

1293. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Tel nous le montre son Discours ou Tableau de la Littérature française au xviiie  siècle, ouvrage conçu durant ces années et qui parut pour la première fois en 1809. Ce petit volume, qui présentait moins des développements que des résultats, a trop bien réussi, il a trop contribué à répandre et à faire accepter de tous aujourd’hui les conclusions qu’il exprimait, pour qu’on n’ait pas besoin de se reporter au moment où il parut, si l’on veut en apprécier l’originalité. […] Ce ne sont là, au reste, que de simples points ; l’ensemble des conclusions, même en ce qu’elles parurent avoir d’abord de rigoureux, demeure approuvé. […] Ces Mémoires, qui parurent à la première Restauration et qui en promulguaient assurément les titres les plus glorieux, n’avaient d’ailleurs (est-il besoin de le dire ?) […] Buchon, parut en 1824.

1294. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Lorsqu’on ne commence à connaître un grand homme que dans le fort de sa gloire, on ne s’imagine pas qu’il ait jamais pu s’en passer, et la chose nous paraît si simple, que souvent on ne s’inquiète pas le moins du monde de s’expliquer comment cela est advenu ; de même que, lorsqu’on le connaît dès l’abord et avant son éclat, on ne soupçonne pas d’ordinaire ce qu’il devra être un jour : on vit auprès de lui sans songer à le regarder, et l’on néglige sur son compte ce qu’il importerait le plus d’en savoir. […] Parfaitement belle et spirituelle, connue de Corneille depuis l’enfance, il ne paraît pas qu’elle ait jamais répondu à son amour respectueux autrement que par une indulgente amitié. […] Il avait promis, avant d’être nommé, de s’arranger de manière à passer à Paris la plus grande partie de l’année ; mais il ne paraît pas qu’il l’ait fait. […] il faut juger de la sorte sa dédicace à Montauron, la plus attaquée de toutes, et ridicule même lorsqu’elle parut. […] Voltaire a osé dire de cette belle épître : « Elle paraît écrite entièrement dans le style de Régnier, sans grâce, sans finesse, sans élégance, sans imagination ; mais on y voit de la facilité et de la naïveté. » Prusias, en parlant de son fils Nicomède que les victoires ont exalté, s’écrie : Il ne veut plus dépendre, et croit que ses conquêtes Au-dessus de son bras ne laissent point de têtes.

1295. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Il paraît que Chapelle avait des doutes sur le mot argentines : mais le poète a vaincu le puriste en Boileau. […] Si étrange que le rapprochement puisse paraître, Boileau se, place ici tout à fait au même point de vue que Flaubert, faisant passer toutes ses phrases par son « gueuloir » pour en vérifier la perfection. […] Nous n’y songeons pas, habitués que nous sommes aux tons intenses de nos coloristes modernes : la couleur de Boileau nous paraît bien terne. […]                          … Colletet crotté jusqu’à l’échine S’en va chercher son pain de cuisine en cuisine… Cotin à ses sermons traînant toute la terre, Fend les flots d’auditeurs pour aller à sa chaire… Et tous les mauvais ouvrages qui sont livrés à notre dérision ne paraissent jamais dans l’idée abstraite de leur titre : ce n’est pas la médiocrité de la poésie que l’on conçoit, on voit le livre de rebut, sa reliure, ses feuillets ; c’est le triste bouquin que nous avons tant de fois rencontré sur le quai, « demi-rongé », ou « commençant à moisir par le bord », ou tout poudreux et recroquevillé. […] Et rappelez-vous avec quelle franchise hardie d’expressions Boileau nous présente tous ces plats qui défilent : le potage où paraît un coq, les deux assiettes,               … Dont l’une était ornée D’une langue en ragoût de persil couronnée, L’autre d’un godiveau tout brûlé par dehors Dont un beurre gluant inondait tous les bords ; le rôt où trois lapins de chou s’élevaient Sur un lièvre flanqué de six poulets étiques ; et le cordon d’alouettes, et les six pigeons étalés sur les bords du plat, Présentant pour renfort leurs squelettes brûlés ; et les salades : L’une de pourpier jaune et l’autre d’herbes fades, Dont l’huile de fort loin saisissait l’odorat, Et nageait dans des flots de vinaigre rosat ; et le jambon de Mayence, avec les deux assiettes qui l’accompagnent, L’une de champignons avec des ris de veau, Et l’autre de pois verts qui se noyaient dans l’eau.

1296. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Les Italiens avaient, paraît-il, effleuré ce sujet : « Molière, dit l’auteur des Nouvelles nouvelles, eut recours aux Italiens ses bons amis, et accommoda au théâtre français les Précieuses qui avaient été jouées sur le leur et qui leur avaient été données par un abbé des plus galants (l’abbé de Pure). » Malgré cette affirmation, il nous paraît fort peu vraisemblable que les Italiens eussent pu faire la satire du ridicule que la pièce nouvelle attaquait et qui git principalement dans le langage. […]   Ce qui est certain, c’est que Molière diversifia ensuite le costume autant que le caractère du rôle : il devait faire paraître encore Sganarelle dans cinq comédies, à savoir : L’École des maris, Le Mariage forcé, Le Festin de Pierre, L’Amour médecin et Le Médecin malgré lui ; nous le montrer successivement tuteur d’Isabelle, futur époux de Dorimène, valet de Dom Juan, père de Lucinde, fagotier. […] Mais pour les contemporains, la distance qui le séparait des autres ne paraissait pas aussi grande qu’elle nous le paraît, à nous ; témoin ce curieux tableau que possède le Théâtre-Français et qui porte pour inscription, écrite en lettres d’or : Farceurs Français et Italiens, depuis soixante ans.

1297. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Non qu’il put s’agir de bilan — déjà La Duchesse bleue et Le Fantôme étaient annoncés, — mais précisément parce qu’il n’était question que d’une mise au point, on parut surpris de voir M.  […] Et si le goût nous vient de parler de sa manière, c’est parce que ce sceptique — qui ne l’est que plus que d’autres — nous paraît n’avoir été et n’être avant tout qu’un ouvrier de lettres, voire un artisan, — un artisan original et éclectique, aussi éclectique que son bourgeoisisme est raffiné, aussi original que sa médiévale figure n’en finit pas d’être expressive. […] France d’avoir su mettre dans son œuvre autant de symétrie, et d’ordre que d’esthétique, après avoir observé que, si la propension au vrai qui tend à assimiler aux énergies actives les objets, les formes, les degrés et les idées, et à laquelle ceux-ci paraissent devoir d’être assujettis aux mille réfrangibilités modales de l’expression et de l’attitude, — les rend, à notre image, aptes à persuader, — comme nous aussi, au préalable, elle les condamne à ne recevoir d’éclat que de certains accidents, et même à ne parler que dans certains bonheurs d’harmonie. […] France ne se dégageait que tout juste, et comme noyée dans l’arrière-plan où la relègue ce pouvoir d’être mieux que soi ou de le paraître, auquel le don d’objectiver, qui est dans la fibre même de l’écrivain, concède de magiques propriétés transpositives. […] Et nous admettons — puisque, dans ses fortuites dégénérescences, ce pouvoir va même jusqu’à contrarier les desseins propres du goût, nous admettons que l’on veuille en rendre subsidiaire le fait qu’un écrivain si condescendant et d’une telle ligne, qui nous captive en pensant nous en apprendre toujours, donne l’impression de devoir à sa complexité, plus qu’à sa droiture, de paraître aussi supérieur que bien aménagé.

1298. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Hors cela, la réaction parnassienne me paraît plus prétendue qu’authentique et je serais plutôt porté à considérer le Parnasse comme un aboutissement logique du Romantisme. […] Hugo, de son côté, se rendit un compte si exact que tout cela, en principe, sortait de lui, qu’il n’hésitait pas à s’approprier tout ce qui lui parut à sa convenance chez ces disciples même indirects. […] José Maria de Heredia, lentement et paresseusement, cisèle les sonnets des Trophées qui ne paraîtront que plus tard. […] Des noms apparaissaient, des œuvres avaient paru. […] Or, en examinant bien, nous verrons qu’il s’est introduit récemment en poésie, à côté de ce procédé traditionnel et qui paraissait inévitable, un artifice nouveau.

1299. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

À la fin de février, le roi partant pour aller au-devant de madame la dauphine, « il se trouva le matin dans la cour de Saint-Germain un très beau carrosse tout neuf, à huit chevaux, avec chiffres, plusieurs chariots et fourgons, quatorze mulets, beaucoup de gens autour habillés de gris ; et dans le fond de ce carrosse monte la plus belle personne de la cour, avec Des Adrets seulement, et des carrosses de suite pour les femmes135. » Le 6 mars, il y eut bal à Villers-Cotterets : « madame de Fontanges y parut brillante et parée des mains de madame de Montespan, qui lui rendit ainsi le secours qu’elle-même avait reçu de madame de La Vallière. […] Toutes ses sœurs y étaient avec elle ; mais tout cela si triste qu’on en avait pitié ; la belle perdant tout son sang, pâle, changée, accablée de tristesse, méprisant 40 mille écus de rente et un tabouret qu’elle a, et voulant la santé et le cœur du roi qu’elle n’a pas. » Le 21 juillet, madame de Sévigné écrit : « La place me paraît vacante. […] Enfin, nul autre ami n’a autant de soin et d’attention que le roi en a pour elle : et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation, sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Cette lettre du 21 juin renferme tout le secret de la faveur dont jouissait madame de Maintenon, et de celle où elle devait parvenir. […]  » Il paraît que madame de Maintenon mit alors à profit les bonnes dispositions que la naissance du duc de Bourgogne avait inspirées au roi, et réalisa une des grandes espérances qu’elle avait fondées sur ce cœur bien fait, en obtenant de lui un retour de tendresse vers la reine, dont sa négligence faisait le malheur. […] Et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Certes, elle devait être d’un grand charme cette amitié qui, dans madame de Maintenon, était de l’amour retenu par la raison, la justice, l’honneur, la bienséance ; cette amitié, où les sens entraient pour quelque chose, mais soumis à de plus hautes et plus puissantes sympathies, celles de l’âme et de l’intelligence, à de plus nobles besoins, ceux de la considération et du respect de soi-même ; cette amitié passionnée que l’honneur forçait à résister au plus doux penchant, qui ne souffrait pas moins de sa résistance que l’ami à qui elle était opposée ; cette tendresse qui avait autant besoin d’être consolée de ses refus que celui qui les essuyait et dont la souffrance parvenait à obtenir des encouragements de l’amant voluptueux et contrarié.

1300. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Mais en ce qui concerne la littérature, la politique et la morale, ces choses plus ouvertes, et sur lesquelles, à ce qu’il semble, tout esprit cultive et attentif peut se croire en droit d’avoir un avis, son Éloge me paraît prêter à bien des remarques, dont je ne ferai ici que quelques-unes. […] Condorcet n’était pas religieux, ce qui peut paraître un malheur, mais ce qui est permis. […] Arago paraisse avoir eu connaissance, mais les écrits pamphlets du moment, ceux dans lesquels il distribuait à droite et à gauche ses petits coups de stylet empoisonné (comme le lui disait André Chénier) ; quand on vient de parcourir la suite d’articles qu’il a donnés à la Chronique de Paris, par exemple, depuis le 15 novembre 1791 jusqu’à la journée du 10 août 1792 et au-delà, on éprouve un sentiment de tristesse et presque de commisération. […] Turgot ne s’en tient pas, en fait de morale, à une pure impression mobile de sensibilité physique, il a des principes plus fixes : « Je suis en morale, dit-il d’une manière charmante, grand ennemi de l’indifférence et grand ami de l’indulgence, dont j’ai souvent autant besoin qu’un autre. » Condorcet, dans son besoin d’activité et de propagation extérieure, paraît croire qu’on ne peut éviter certains vices peu dangereux sans risquer de perdre de plus grandes vertus : « En général, les gens scrupuleux, pense-t-il, ne sont pas propres aux grandes choses. » Turgot ici l’arrête tout court ; il semble deviner l’homme de parti et de propagande qui perce déjà, et il lui dit : « La morale roule encore plus sur les devoirs que sur les vertus actives… Tous les devoirs sont d’accord entre eux. […] Par une inconvenance qu’il ne paraît pas avoir sentie, il ne discontinua point, dans le temps même où il était président de l’Assemblée (février 1792), de rendre compte des séances et d’analyser, comme journaliste, les débats qu’il était censé diriger comme président.

1301. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Chacun paraissait d’accord sur la chute de l’Empereur : le nom des Bourbons était déjà prononcé par quelques-uns. […] » Les serviteurs les plus dévoués du régime impérial, ceux qui plus tard en ont paru les martyrs, n’étaient pas alors des derniers à céder à la force des choses. […] Cette lettre, qui ne fut point envoyée, ne paraîtra point invraisemblable à ceux qui connaissent Marmont ; et, si incohérente que puisse sembler cette double action, elle est peut-être ce qui exprimerait le mieux la lutte et la contradiction de ses pensées dans toute cette crise. […] Il en résulta tout un éclat qui finit par une disgrâce momentanée et une défense de paraître à la Cour. […] On parlait de l’expédition d’Alger ; bien des personnes en haut lieu paraissaient la croire impossible.

1302. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Voltaire revenait de Berlin où il était allé étourdiment se mettre dans l’antre du lion ; l’aventure de Francfort était faite pour le rendre méfiant, en même temps que l’éclat de cette brouille avec Frédéric le faisait paraître à tous plus dangereux encore. […] Il écrit pourtant, à d’Alembert : « Ne vous rétractez jamais, et ne paraissez pas céder à ces misérables en renonçant à l’Encyclopédie. » D’Alembert, en effet, est dégoûté, et l’entreprise commence à rencontrer à Paris une opposition sérieuse. […] L’Encyclopédie, qui rallie les gens de lettres, lui paraît une excellente occasion ; quand l’existence de cette grosse machine est menacée, il ne parle que de mettre, tous, l’épée à la main et de faire « un bataillon carré » pour la défendre. […] Ce curé, qui était toujours celui du village de Moëns, avait eu, il paraît, un tort grave, en faisant bâtonner par des paysans apostés le fils d’un habitant notable, un soir que le jeune homme sortait de chez une femme de mauvaise vie. […] Lorsqu’il avait publié son mémoire sur le culte idolâtrique des Fétiches, Voltaire, se hâtant d’y voir plus que le président n’avait prétendu y laisser paraître, lui avait écrit : « Je trouve que les anti-fétichiers devraient être unis comme l’étaient autrefois les initiés ; mais ils se mangent les uns les autres. » Le mot était jeté à propos d’une affaire très secondaire et comme en courant ; on n’a l’air que de plaisanter, et, en attendant, l’on tâte son monde.

1303. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Des reproches qui ont été faits aux auteurs dans les journaux et les revues, quelques-uns leur ont paru mériter plus particulièrement une réponse. […] Le public a paru désirer la preuve de tous les documents employés. […] Cette histoire me paraissait enfin trop sommaire, trop courante, trop écrite à vol d’oiseau, si l’on peut dire. […] Cela est confirmé par le prospectus du livre qui a seul paru et que je possède également. […] Enfin, quand le paquet de matériaux autographes et de documents émanant de la femme me paraissait suffisant, je complétais mon étude par la lecture de tous les cartons de l’ancienne Académie royale de musique, conservés aux Archives nationales, de ces correspondances de directeurs, que je m’étonne de voir si peu consultées, de ces rapports vous initiant à tous les détails secrets des coulisses, au sens dessus dessous produit à Versailles par l’audition d’un nouvel opéra, — et qui vous montrent Louis XVI avançant le conseil des ministres, pour leur permettre d’assister à la représentation de Didon jouée pour la première fois par la Saint-Huberty.

1304. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

. — Le labeur qu’esquissent les chapitres précédents de ce volume paraîtra excessif ; mais les résultats qu’il nous paraît promettre sont dignes de celle peine. […] Car s’il est vrai que les images, les sentiments, les sensations que ces œuvres suggèrent, sont faits pour surgir dans l’esprit d’hommes dont la vertu ou le crime importent à leurs semblables, s’il est vrai que ces images et ces sentiments influent sur la nature et la force de leur âme, il ne saurait être admis que, socialement, toute œuvre d’art paraisse innocente, soit pour la cité, soit plus profondément, pour le bien mémo de la race. […] Taine au rang d’un moyen d’enquête sociale et employée ainsi, avec une incontestable hauteur de talent et de science, à l’étude de tout le développement de l’Angleterre, elle nous paraît atteindre, par une série de vues nouvelles, à l’un des points culminants de toute la série des sciences de la vie, qui ne forment en définitive par leur but et leur union qu’une immense anthropologie. […] Spencer sur les facteurs de révolution organique dans la Nouvelle Revue du mois d’octobre 1886 [Il s’agit de l’article en deux parties intitulé « Les facteurs de l’évolution organique », paru dans la Nouvelle Revue en réalité le 1er juillet et le 15 avril 1886.

1305. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Je ne le crois pas : Cette mesure musicale me paraît purement une mesure de salubrité publique. […] Il parut, ou plutôt il apparut ! […] J’aurais donné ma plus belle pipe de cummer pour sonder la grand-poche, qui me paraissait être un abîme de mystères ! […] Capefigue… Il s’est fortement compromis pour elle, paraît-il… Elle lui doit bien cette réparation… hé ! […] Tenez, voici la foule des petits jeunes gens avec leurs petits panamas à petits bords, leur petite raie courant, entre deux haies de cheveux, du front à la nuque, — leurs petits airs qui voudraient bien paraître de grands airs, et leur petite vanité qui s’efforce d’être impertinente.

1306. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

I S’il est une époque dont nous soyons loin à celle heure, quoique nous paraissions y toucher, c’est ce moment de notre siècle que l’Espérance appela d’un nom qui restera dans l’histoire comme une ironie. […] nous n’entendons pas seulement un gouvernement, mais une époque, — rechercher comme le botaniste cherche dans la fleur le point noir qui doit la faire périr, rechercher le point d’erreur ou de faiblesse par lequel tout ce qui semblait si vivant devait s’altérer et durer si peu, qu’à quelques années de distance, c’était fini ou à peu près de ce qui paraissait éternel, n’est-ce pas là un magnifique sujet d’histoire, plus beau, selon nous, et plus tentant pour une forte pensée, que l’histoire d’une époque qui eût construit des œuvres durables et accompli tout son destin ? […] Vus à travers le double prestige du talent et du succès de leurs écrits, lui paraîtraient-ils moins coupables ? […] Nettement, a oublié ses circonspections ordinaires, il est monté jusqu’à cette indépendance où l’on ne craint plus de paraître implacable, et il l’a été en restant juste. […] Nettement ne nous a paru organisé pour les âpretés de la haine ou les profondeurs de l’hypocrisie.

1307. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Et leur respect des décisions de la majorité ne s’explique-t-il pas parce que, comme le dit Tocqueville11, il leur paraît invraisemblable qu’ayant tous des lumières pareilles, la vérité ne se rencontre pas du côté du plus grand nombre ? […] L’égalité politique serait ainsi conçue comme une sorte de garantie générale de toutes les autres : par celle-là comme par celles-ci une même idée se manifesterait, qui se trouve conforme à notre définition : ce que paraissent vouloir les sociétés modernes, occidentales, c’est qu’on tienne compte des différences des hommes en même temps que, de leurs ressemblances, et que par suite on proportionne, aux valeurs de leurs actions personnelles, les sanctions qu’on leur distribue. […] L’idée de la valeur de l’humanité en général nous a paru être, en même temps que l’idée de la valeur propre à la personne, une des pierres angulaires de l’égalitarisme. […] Ne sait-on pas que d’abord, autant qu’on peut comprendre l’esprit qui les anime, les familles primitives ne paraissent pas concevoir l’idée qu’aucun droit puisse exister pour l’étranger, pour le sans-famille, — pour l’homme en tant qu’homme ? […] — C’est que les fonctions n’y sont pas encore différenciées, et que tout le monde remplit à peu près les mêmes ; au moment où elles se différencient, on les voit le plus communément devenir la propriété de castes. — En un mot s’il est possible de définir dès maintenant le trait auquel on reconnaîtra qu’une société est primitive, ce sera justement l’absence de cette idée de la valeur propre à l’individu qui nous a paru si nécessaire à la constitution de l’égalitarisme.

1308. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

— Il a paru il y a quelque temps un piquant volume de M. […] — La traduction d’Antigone a paru en petit volume, dédiée au roi de Prusse et avec une préface emphatique et fausse.

1309. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Née à la Havane dans cet opulent climat qui plus tard lui faisait paraître l’Andalousie si chétive, et où les mouches volantes seraient seules des clartés suffisantes de la nuit, la jeune Mercedès Jaruco, élevée d’abord et très gâtée chez sa grand-mère, puis mise au couvent où elle ne peut tenir et d’où elle s’échappe un matin, puis auprès d’une tante de chez laquelle elle s’échapperait non moins volontiers, nous apparaît dans sa beauté native, sachant lire à peine, souvent sans bas, un peu sauvage, ne s’arrêtant jamais entre un désir et son but, courant à cheval et tombant, grimpant à l’arbre et s’évanouissant au toucher d’une couleuvre, bonne pour les nègres, dévouée au premier regard pour ce qui souffre ; on se plaît à admirer une enfance si franche et si comblée des plus riches dons, racontée avec finesse et goût par la femme du monde. […] Madame de La Fayette écrivait à madame de Sévigné : « Votre présence augmente les divertissements, et les divertissements augmentent votre beauté lorsqu’ils vous environnent : enfin, la joie est l’état véritablement de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à personne du monde. » Ninon écrivait encore à Saint-Évremond : « La joie de l’esprit en marque la force. » L’auteur de ces Souvenirs, à mesure qu’ils se déroulaient devant nous, et que nous nous plaisions à composer son image, nous paraissait ainsi une personne chez qui la joie, une joie qui n’exclut nullement la sensibilité, est compagne de la force de l’âme.

1310. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

. — Tout à coup parut dans le fond de la rue une troupe à cheval, mais d’hommes et de chevaux écorchés. […] Là, ma main se porta sur l’espagnolette de la croisée, et mon front alourdi s’appuya sur ma main. — Il paraît qu’à l’instant même je tombai à la renversé sans en avoir conscience, que mes camarades me relevèrent aussitôt, et que je revins à moi presque immédiatement, car leur conversation fut à peine interrompue et continuait lorsque je sortis de la chambré au point où je l’avais trouvée en entrant. — Mais ce qu’il y a de curieux, c’est que pendant cette chute il me sembla que je faisais un voyage qui dura plusieurs jours.

1311. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Gustave Kahn Les Complaintes de Jules Laforgue parurent en 1885… C’était plein de philosophie personnelle, parfois satirique (dans le bon sens de la chose, et piquant aux travers généraux de l’espèce), plus cosmogonique qu’héroïque. […] Si Baudelaire l’étonna, de Nerval l’attendrit ; si Sterne lui sembla certainement exquis, Cervantès dut lui paraître prodigieux, et, enfin, c’est Henri Heine, je pense, qui le dut initier à certaines délicatesses cruelles.

1312. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

L’étude des Anciens & des bons Modeles, dont il paroît nourri sera toujours la source de cette aversion que tout esprit vraiment éclairé a pour le faux ou le médiocre, & un préservatif contre les innovations des minces Littérateurs. […] Cette espece d’injustice a paru principalement dans ses Observations, à l’égard de la Traduction en vers des Géorgiques de Virgile, par M. l’Abbé Delille.

1313. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Ces raisons nous ont engagé à parler de toutes sortes de querelles, des personnelles comme des autres, en choisissant néanmoins celles qui nous ont paru les plus dignes d’attention, ou par le nom des auteurs, ou par leur objet. […] Il ne paroît guère ici sur la scène que des combattans dont le nom est connu.

1314. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 36, de la rime » pp. 340-346

Mais pour ne parler ici que des vers où la rime paroît dans tout son éclat et dans toute sa beauté, on n’y sent la richesse qu’au bout du second vers. […] Les vers leonins disparurent avec la barbarie au lever de cette lumiere dont le crépuscule parut dans le quinziéme siécle.

1315. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

On a dit qu’il ne trompe pas ; j’ai montré qu’il trompe souvent, puisque, par notre faute, à la vérité, il ne paraît pas du tout le même au bout d’un certain temps et nous déçoit. […] Le livre est un moly qui empêche les hommes de devenir bêtes aux mains des Circé ; mais c’est un lotos, aussi, qui paraît une nourriture si délicieuse qu’il faut user de violence pour nous arracher au pays où il croît, pour nous faire rentrer dans nos vaisseaux et nous obliger à ramer.

1316. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Ses rimes me paraissent merveilleusement belles la plupart du temps. […] Il a eu beau crier : Paraissez, Navarrois ! […] Vous paraissez dire que c’est pour l’une et l’autre fin. […] Il a beaucoup voulu paraître sage, et il a été réellement ce qu’il paraissait, c’est-à-dire l’homme que n’atteignent point trop les choses puériles de ce monde. […] C’était une très bonne étude, quelque frivole qu’elle dût paraître.

1317. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il a toujours paru jeune et il n’est pas douteux qu’il ne l’ait été toujours. […] La chose me paraît hors de doute. […] Il paraît très incohérent. […] Après tout, le jeune Condé à Rocroi ne me paraît pas avoir été davantage. […] Il ne me paraît pas fatigué du tout.

1318. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Mais, ce qui me paraît bien plus significatif, il n’est, dans cette adoration des énergies de la nature, que l’interprète inspiré des idées communes de son temps ; et par là son Pantagruel a vraiment ce que l’on peut appeler, ce qu’il faut même qu’on appelle une portée « européenne ». […] I et II, les seuls parus, Paris, s. d. […] Le sieur des Essars n’en a d’ailleurs traduit que les huit premiers livres, qui ont paru de 1540 à 1548 ; — et dont la meilleure édition est celle d’Anvers, 1561, chez Christophe Plantin. […] Elles ont paru pour la première fois en 1555. […] Quant à l’Astrée, les deux premiers volumes en parurent en 1610 ou peut-être en 1608 ; les deux seconds en 1616 ; le cinquième et le sixième en 1619.

1319. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Ils foisonnent parmi les livres de guerre parus depuis l’armistice. […] Ils ne paraissent même pas se douter qu’il y a un vaste monde à regarder et à peindre. […] En dehors de ce service, l’ingérence du pouvoir central dans la vie individuelle lui paraissait un attentat. […] Une pareille interrogation paraît presque naïve. […] Cette formule risque, au premier moment, de paraître étrange.

1320. (1927) Des romantiques à nous

Au cours des deux dernières années ont paru deux livres sur le romantisme : l’un, brillant, vibrant, élevé, subtil, de M.  […] Un grand nombre de ces lettres ont trait à La Nouvelle Héloïse, qui venait de paraître. […] Pourtant, ce que ce livre a de bon et de sympathique me paraît bien de cette veine. […] Cela me paraît d’une évidente psychologie. […] Le jeune artiste n’avait pas voulu paraître sous son nom.

1321. (1910) Rousseau contre Molière

Après délibération, il m’a paru celui qui était pour moi le plus commode. […] Quand ils travaillent pour eux, il leur paraît qu’ils ne font rien. […] La formule, quoiqu’elle puisse paraître insuffisamment élogieuse, est juste. […] Encore qu’Arnolphe ne puisse guère compenser le désavantage de l’âge par une supériorité intellectuelle, encore est-il que le désavantage et le ridicule de l’âge paraîtraient moins énormes à une intellectuelle qu’il ne le paraît à une simple. […] Que tous ces jeunes fous me paraissent fâcheux !

1322. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Ce qui paraît y manquer principalement, c’est l’unité du sujet, c’est un intérêt général, actif, continu, concentré. […] De là grande rumeur : Éétès lui-même paraît et donne ordre de recevoir les hôtes qui lui arrivent. […] Elle se ressouvint de tout ce qu’il y a d’agréable parmi les vivants ; elle se souvint de ses compagnes du même âge qui faisaient sa joie, comme une jeune fille qu’elle était ; et le soleil lui parut plus doux à regarder qu’auparavant, à mesure en effet qu’elle se reprenait en idée à chaque chose. […] Jason décidément est un habile homme et plus rompu à la séduction qu’il ne veut paraître. […] Jason ne paraît pas très-loin de cet avis, et il la considère trop visiblement désormais comme un embarras.

1323. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Et d’ailleurs un homme sage fait continuellement autour de lui une garde si exacte qu’il ne lui peut rien arriver d’imprévu, rien d’inopiné, rien qui lui paraisse nouveau. […] Tout jeune que j’étais, je la cultivais beaucoup, et même, quand il y paraissait le moins, je m’en occupais plus que jamais. […] Et, puisque ces sortes d’études ont pour but de nous rendre sages, il me paraît que je ne les ai point démenties par ma conduite, soit dans mes fonctions publiques, soit dans mes propres affaires. […] Des étoiles que l’on n’aperçoit point d’ici-bas parurent à mes regards, et la grandeur des corps célestes se dévoila à mes yeux. […] La terre elle-même me parut si petite que notre empire, qui n’en touche qu’un point, me fit honte !

1324. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Ce résultat des longues et persistantes économies de la grande Nanon parut gigantesque. […] Charles, qui tombait en province pour la première fois, eut la pensée d’y paraître avec supériorité. […] Conservez-moi ma bonne femme ; je l’aime beaucoup, voyez-vous, sans que ça paraisse, parce que, chez moi, tout se passe en dedans et me trifouille l’âme. […] « Il ne paraissait pas vraisemblable que Mlle Grandet voulût se marier durant son deuil. […] “Quoique M. de Froidfond ait cinquante ans, disait-elle, il ne paraît pas plus âgé que ne l’est M. 

1325. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Au premier regard, il paraissait évident que l’intérêt de la France serait de se poser en médiatrice entre les rois et les peuples, et d’empêcher les puissances étrangères d’intervenir, comme une haute police armée, à Naples, et bientôt à Turin, pour faire reculer le régime des institutions libres. […] C’était un homme modeste, timide, ayant peur du son de sa propre voix, mais plein de bon sens et d’aperçus justes, un des hommes qui n’aiment pas à paraître en scène, mais qui ont, comme spectateurs, le sens le plus parfait des situations. […] Il me parut un homme qui posait pour le grand homme incompris, qu’il ne fallait voir que de loin, en perspective. […] J’y fis paraître la Mort de Socrate, les Secondes Méditations. […] Ajoutons que ce cinquième chant était même destiné à paraître sous le nom de lord Byron, et comme la traduction d’un fragment posthume de cet illustre écrivain.

1326. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Mais ceux qui paraissent le plus risibles, ce sont les bourgeois en armes. […] Les formes que celle-ci employait hier encore paraissent vieillies, surannées ; elles ne sont plus adaptées au milieu environnant ; elles doivent changer pour se mettre en harmonie avec la société transformée. […] S’il s’imprime des pamphlets, ils paraissent hors de France, à Genève ou en Hollande. […] Tout procédé paraît bon pour faire passer un fragment de la vérité à travers les mailles du filet où elle est enserrée. […] L’argument peut lui avoir paru commode pour la thèse pessimiste qu’il soutenait ; il n’a pas grande valeur aux yeux d’une logique froide et sévère.

1327. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Mais l’histoire d’une nation est essentiellement une, et, à parler rigoureusement, il est presque impossible de bien comprendre la situation morale de l’Allemagne à la fin du xviiie  siècle, si l’on ne connaît dans une certaine mesure les temps qui ont précédé et préparé celui qu’on étudie ; en sorte qu’il me paraît nécessaire de présenter ici une esquisse rapide de l’histoire de la civilisation germanique depuis ses plus faibles commencemens jusqu’à l’époque où Kant a paru, afin de faire bien saisir l’esprit fondamental et permanent de la grande nation à laquelle notre philosophe appartient, et dont il est le représentant. […] L’histoire de cette nation me paraît se diviser en trois grandes époques. […] Ceux qui vinrent après lui continuèrent cette nouvelle scholastique, et c’est un fait incontestable qu’au milieu et vers la fin du xviiie  siècle on ne trouve en Allemagne aucun système qui domine assez les esprits pour paraître une véritable philosophie allemande. […] Cet ouvrage parut en 1781. […] Cette philosophie marche encore, et ne paraît pas avoir atteint son dernier développement.

1328. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Mais entend-on Démosthène, ses Philippiques, ses autres discours, sans être instruit des lois, des usages et de l’état de la République, lorsqu’il parut ? […] Ici, Diderot veut évidemment dire : de La Lande, dont l’Astronomie parut en 1764. 2 vol. in-4°. […] Du reste, le genre de thèmes que propose ensuite Diderot me paraît le seul qui puisse avoir quelque utilité. » (Note de M.  […] Scapute Lexicon græco latinum, paru en 1652 à Leyde, chez les Elzévirs, était encore réimprimé à Londres en 1820. […] « Nous ne donnerons pas ici cette appréciation des auteurs grecs et latins, qui ne nous a paru ni assez approfondie, ni assez intéressante pour faire pardonner les inexactitudes et même les erreurs graves dont elle est remplie.

1329. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Une première ratification venue de l’Espagne avait paru trop défectueuse pour être admise par les États-Généraux ; une seconde, bien qu’incomplète encore, parut suffisante pour que les conférences s’engageassent sur la question de la paixb. […] Il tâcha de faire que l’un ne parût pas trop ouvertement enclin à la paix, ni l’autre à la guerre. […] Le président Jeannin, à la tête des finances, était peut-être moins à sa place que dans une négociation ; quelques-uns ont paru en juger ainsi.

1330. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Cela lui paraît bon à faire quand on n’a rien de mieux à dire. […] Je voudrais que l’historien, quand il n’est pas tout spécial et militaire, n’entrât dans cette voie de considérations qu’à son corps défendant, et qu’en tant que cela est strictement indispensable pour l’intelligence du fait tel qu’il paraît s’être passé. […] Il veut savoir, il veut s’expliquer le mouvement des choses humaines, mais se l’expliquer d’une manière si particulière, si précise, si appropriée à chaque ordre de faits et à chaque branche d’affaires, que cette seule connaissance, pourvu qu’on y atteigne, lui paraît constituer la condition fondamentale, l’essence même de l’histoire ; il appelle cela l’intelligence. […] Thiers a songé à faire la critique de tant de fausses manières historiques du jour, de tant de figures d’historiens à nous connues ; mais en les voyant de toutes parts, à droite et à gauche de la rive, se réfléchir dans sa parole limpide comme dans un ruisseau, elles ne m’ont jamais paru plus contournées ni plus grimaçantes.

1331. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Il ne paraît pas avoir donné une attention particulière à Guérin ni l’avoir deviné. […] Son centaure, vieilli et contristé, déclare au visiteur humain qui le consulte que, pour être allé avec tant d’ivresse et de fougue et avoir tant pressé et tourmenté l’immense nature, il n’a pas surpris le grand secret et n’a rien arraché à la nuit des origines ; qu’il a senti seulement le souffle errer, sans saisir le sens ni les paroles, et que l’incompréhensible est pour lui le dernier mot comme le premier. — Mais je n’ai pas à analyser ici les productions de Guérin ; il me suffit d’en rappeler l’idée et d’en provoquer le réveil : ses œuvres complètes, on nous l’annonce enfin, vont paraître, prose et vers, lettres et fragments d’art, grâce aux soins des mêmes amis qui se sont voués à l’honneur de son nom et à la conservation de sa mémoire. […] » La femme, avec son sourire et son indulgence, revenait donc à temps pour adoucir ce que la noble vierge féodale paraît avoir de trop rigoureuse austérité. […] La pensée, chez lui, naît tout armée, les images éclatent d’elles-mêmes : il n’a qu’à choisir et à en sacrifier quelques-unes pour faire aux autres une belle place, la place qui paraisse la plus naturelle.

1332. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Une maladie qu’il eut en bas âge lui avait causé un affaiblissement de l’œil gauche, duquel, sans que cela parût au dehors, il ne vit jamais qu’imparfaitement. […] Il parle une fois très sensément contre l’astrologie judiciaire ; il paraît avoir une conception assez juste et assez saine du système du monde ; il démontre par des considérations physiques et naturelles la chimère qu’il y a à prétendre tirer des horoscopes sur la fortune des hommes ; et l’instant d’après, parlant d’un voyage en mer que fait devant Dieppe la princesse Marie et d’un vent violent qui, se levant tout d’un coup, aurait pu la mettre en danger : « Cela me fit souvenir, dit-il, d’un songe que j’avais eu la nuit précédente pour un certain débordement d’eaux que je m’étais imaginé, comme il arrive assez souvent. » Il ne croyait pas à l’astrologie, et il a l’air de croire aux songes. […] Il n’avait pourvu d’abord qu’au plus pressé et à ce qui lui avait paru le plus directement de sa convenance, aux soins des bâtiments, aux réparations, au logement de la belle bibliothèque pour laquelle il fit bâtir un local tout exprès, orné de portraits peints des plus doctes personnages. […] Marolles n’avait rien de ces distinctions originelles ; mais il était auprès de la princesse Marie depuis l’âge de vingt-quatre ans ; il la voyait assidûment, il aimait à la servir ; il eut un je ne sais quoi pour elle : c’est ce qui m’a paru ressortir de ses mémoires, et c’est tout ce que j’ai voulu dire.

1333. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

La nuit paraît bien longue à son impatience ; il n’attend que le retour du soleil. […] Il voudrait bien pouvoir ne le reléguer que dans les dehors de la place, dans ce qu’on appelle humeur : « Mes malheurs, mon cher Coindet, n’ont point altéré mon caractère, mais ils ont altéré mon humeur et y ont mis une inégalité dont mes amis ont encore moins à souffrir que moi-même. » Avant d’en venir à se croire l’objet de cette conspiration générale qui paraît avoir été son idée fixe depuis 1764-1766, il avait passé par bien des degrés. […] Un vasistas s’ouvre et une figure désagréable paraît. « M.  […] Même manège ; le guichet s’ouvre, la laide figure paraît. « C’est de la musique à copier. » On la lui prend : « Bien, vous repasserez dans huit jours. » Ainsi pendant des semaines et des mois.

1334. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Laffitte et ses amis, y apportèrent l’indécision et un laisser-aller funeste, jusqu’à ce que Casimir Perier parût, qui y mit hardiment le holà ! […] Guizot, le 29 juin 1831, c’est-à-dire sous Casimir Perier déjà : « L’état général des esprits me préoccupe ; je les ai vus s’altérer, se gâter rapidement depuis un mois… C’est un mélange d’irritation et de découragement, de crainte et de besoin de mouvement ; c’est une maladie d’imagination qui ne peut ni se motiver ni se traduire, mais qui me paraît grave. […] Guizot des autres et par comprendre que cette roideur, très modifiée avec les années, n’était pas ce qu’elle paraissait. […] Le quatrième volume venait de paraître. — Michel Lévy, rue Vivienne, 2 bis.

1335. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Hauréau pour ses travaux d’érudit et pour autre chose encore, il ajoutait : « … Son cœur ne cessant pas de battre pour toutes les nobles causes au milieu de ses arides travaux, on pourrait craindre qu’il ne fît une aussi mauvaise fin que M. de Tocqueville, s’il ne paraissait vraiment destiné par la nature à vivre très longtemps… » J’avoue que je conçois peu l’ironie prolongée en telle matière. […] Quant aux coalitions, il paraît croire aussi qu’en France on peut sans inconvénient en user jusqu’à l’excès, tendre la corde de ce côté, ramasser tout ce qu’on trouve et marcher tous ensemble provisoirement, en se donnant pour mot d’ordre quelques idées communes. […] Quand je vois ce qu’il a encore, il ne me paraît pas qu’il ait trop sujet de se plaindre. […] Un régime où toutes nos facultés ont leur action et leur jeu, à plus forte raison leur triomphe, nous paraît aisément le plus légitime, le seul légitime.

1336. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Biot se faisait des objections : Saint-Just ne paraît point avoir été, même une seule année, au collège Louis-le-Grand, et le jeune homme du cabriolet en parlait très pertinemment et comme très au fait de la maison. […] Biot sut gré à la Convention, autant qu’il l’aurait dû alors, de ces derniers bienfaits scientifiques ; il paraît bien qu’au 13 vendémiaire il était sur les marches de Saint-Roch avec les Sections insurgées. […] Les savants, après s’être livrés à l’analyse la plus minutieuse, pour laquelle on leur a laissé à peine le temps nécessaire, paraissent, — j’allais dire comparaissent, — Berthollet en tête, devant le Comité assemblé : ils déclarent dans leur Rapport « que les eaux-de-vie ne sont point empoisonnées ; qu’on y a seulement ajouté de l’eau dans laquelle se trouve de l’ardoise en suspension, en sorte qu’il suffit de les filtrer pour leur ôter toute propriété nuisible : « Robespierre, qui espérait une trahison, demande aux commissaires s’ils sont bien sûrs de ce qu’ils viennent d’avancer. […] Sur le chapitre de la politique, sur celui de l’éducation et de la morale, l’opposition entre leur principe d’inspiration et leur humeur se marque très bien, et Rousseau ne paraît pas trop sacrifié.

1337. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Dans le volume que j’annonce et que je ne parcourrai point en détail, je saisis ce qui me paraît le mieux et le plus vrai, le personnage du duc de Bourgogne, de ce petit-fils de Louis XIV, l’objet de tant d’espérances, tant promis au monde, tant regretté et pleuré, et j’en viens parler à mon tour après M.  […] On est triste, cette tristesse lui paraît un reproche de ses fautes. […] On croit trop, en lisant cet estimable écrivain à la Louis XVI, que le duc de Bourgogne n’était sujet qu’à des accès de colère comme en ont tant d’autres enfants : il a fallu, pour nous en faire distinguer l’accent tout féroce et en déterminer le caractère néronien, que parût au jour le moraliste de génie et le peintre incomparable. […] Or, voici la description : « D’un côté, cette médaille, qui est fort grande ; représente un enfant d’une figure très belle et très noble : on voit Pallas qui le couvre de son égide ; en même temps les-trois Grâces sèment son chemin de fleurs ; Apollon, suivi des Muses, lui offre sa lyre : Vénus paraît en l’air dans son char attelé de colombes, qui laisse tomber sur lui sa ceinture ; la Victoire lui montre d’une main un char de triomphe, et de l’autre lui présente une couronne.

1338. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Je n’ai pas tout dit de cette éducation inventive et agréable où « la conversation, les amusements, la table, tout, par les soins et l’habileté du maître, devenait leçon pour l’élève, et rien ne paraissait l’être. » Je n’ai rien dit du Télémaque, ce cours de thèmes comme il n’y en a jamais eu, qui n’est, a le bien voir, que la plus longue des fables de Fénelon, l’allégorie développée, devenue épique, et où l’auteur, abordant par les douces pentes de l’Odyssée la grandeur d’Homère, de cet Homère qui, « d’un seul trait met la nature toute nue devant les yeux », n’a fait, en le réduisant un peu, que lui donner la mesure et comme la modulation virgilienne, et le ramener en même temps aux convenances françaises, telles crue les entendaient les lecteurs de Racine. […] Fénelon ne se fait là-dessus aucune illusion, et, à bien lire sa Correspondance, il en ressort que, pour être guéri non sans peine de « ses défauts les plus choquants », le prince ne lui paraît nullement arrivé à la perfection humaine et royale. […] De toute cette discussion, et sans nous y engager, il résulte bien clairement qu’au moment où le duc de Bourgogne se vit Dauphin par la mort de son père, bien des ambitions et des espérances se donnèrent carrière à son sujet, qu’on dévora en idée ce règne futur et qui paraissait si rapproché et immanquable ; que bien des honnêtes gens et de vertueux utopistes crurent que leur heure, d’une minute à l’autre, allait sonner, et qu’il se fit dans ces têtes ardentes, et en vue de leur idée favorite, bien des rêves de pot au lait qu’un souffle de fièvre maligne renversa. […] Mais quand j’ai payé ces hommages aux individus et aux personnes, je me hâte d’ajouter que, eût-on réussi pour un temps en quelqu’un de ces biais et de ces remèdes palliatifs de l’ancien régime, on ne serait parvenu après tout qu’à faire ce qu’on appelle une cote mal taillée, rien de nettement tranché ni de décisif, et qu’il est mieux (puisqu’enfin les choses sont accomplies et consommées) qu’on en soit venu à cette extrémité dernière de n’avoir eu qu’un seul et grand parti à prendre, le parti à la Mirabeau et à la Sieyès : la France, en un mot, n’a pas perdu pour attendre ; et quand tout récemment, dans le compte rendu des séances du Sénat, je lisais ces déclarations spontanées d’un duc de La Force et d’un cardinal Donnet, si empressés à se replacer dans les rangs de tous, lorsqu’une parole inexacte avait paru un moment les en vouloir séparer, je pensais qu’au milieu de nos divisions mêmes d’opinions, il était consolant qu’on en fût venu à ce grand et magnifique résultat, aussi clair que le jour, à savoir qu’il n’y a plus en France qu’un seul ordre, une seule classe, un seul peuple.

1339. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Calemard de Lafayette était, il y a une quinzaine d’années, un jeune littérateur de Paris ; il s’occupait de poésie et de critique ; il était du groupe de l’Artiste et en train de se faire un nom, tout en se livrant à ses goûts préférés, lorsque, vers ce temps, des circonstances de famille et de fortune l’enlevèrent à la vie parisienne : il avait le bonheur et l’embarras d’être propriétaire foncier ; il se retira dans ses terres aux environs du Puy, dans la Haute-Loire, et se mit à les exploiter lui-même ; il prit goût à l’agriculture, à l’amélioration du sol et des colons ; l’amour de la poésie l’y suivit, et il combina ces deux amours, celui des champs et celui des vers : il en est résulté le poème dont j’ai à parler et qui a paru il y a quelques mois. […] Gorets n’écoutent point : — l’un, courant en maraude, Avec concupiscence autour des froments rôde ; Un second, cachant mieux son tragique dessein, Ressayerait volontiers à croquer un poussin, Et, certes, n’en ferait qu’une mince bouchée, Si, d’un bec menaçant, la poule effarouchée Ne paraissait devoir, en ce cas hasardeux, Au ravisseur sournois manger un œil ou deux. […] Le dernier et huitième livre me paraît traînant et trop raisonné. […] Que je ne paraisse point, je vous prie, m’être trop longuement arrêté sur un poème excellent dans certaines parties, imparfait dans son ensemble.

1340. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Despréaux n’avait paru à la Cour à cause de sa surdité, et c’était M.  […] Despréaux qui a demandé lui-même ‘a Sa Majesté le premier ce nouveau collègue, que ce silence paraît très-affecté : car l’inadvertance en tel cas ne peut aller naturellement si loin. […] Comme il est sourdaud et qu’il ne pouvait prendre plaisir, avec toute la nombreuse et belle assemblée, à écouter le répondant qui se fit admirer, il se dédommageait en parlant d’une chose qui lui tient fort au cœur : car ce silence lui paraît très-malhonnête et très-offensant, et s’il n’était aussi occupé qu’il l’est d’un déménagement (car il quitte le logis du cloître Notre-Dame où il était près le Puits, pour un autre qui a vue sur le jardin du Terrain), il aurait déjà produit quelque chose de vif : car il n’est pas aussi mort à lui-même sur pareil cas qu’on a sujet de croire que l’aurait été M.  […] Quand on a lu le Lutrin ou Athalie, l’esprit s’est récréé ou s’est élevé, on a goûté un noble ou un fin plaisir ; mais tout est dit, c’est parfait, c’est fini, c’est définitif ; et après… Il n’y a pas là de canevas ; cela paraît bien court.

1341. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Ses plans sortaient des données habituelles à la timidité du règne de Louis XV, et il n’aurait pas même eu besoin d’être dans le royaume des timides pour paraître hardi ; il allait de lui-même à l’extraordinaire et semblait partout et toujours sûr de son fait : son étoile avait de bonne heure triomphé de tant d’influences contraires. […] 69 Celui-ci paraît l’avoir adorée fidèlement et sans qu’on puisse apercevoir ombre de distraction ou de faiblesse, durant ses années de voyage ou de guerre. […] Quoi qu’il en soit, l’ambitieux encore et le glorieux parurent chez lui survivre à tout et surnager jusqu’à la fin. […] Chabanon a écrit un mot qui est la critique de Grandisson et des romans trop vertueux : « Depuis Aristote tout le monde a senti et répété que l’humanité dépeinte devient plus intéressante par ses faiblesses mêmes. » (Lettre de Chabanon à Mme de La Briche après la lecture des Mémoires manuscrits de cette ; dame). — Si quelqu’un a jamais paru propre à faire mentir ce mot, ç’a été le comte de Gisors.

1342. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

La colline est enfin couronnée par le Paradis terrestre : c’est là que Béatrix paraît, et que Virgile abandonne Dante. […] D’ailleurs il n’est point de poëte qui tende plus de pièges à son traducteur ; c’est presque toujours des bizarreries, des énigmes ou des horreurs qu’il lui propose : il entasse les comparaisons les plus dégoûtantes, les allusions, les termes de l’école et les expressions les plus basses : rien ne lui paraît méprisable, et la langue française, chaste et timorée, s’effarouche à chaque phrase. […] Au reste, ce poëme ne pouvait paraître dans des circonstances plus malheureuses : nous sommes trop près ou trop loin de son sujet. […] De la traduction. — Comme on a beaucoup parlé des traductions, je n’en dirai qu’un mot en finissant, pour ne pas paraître mépriser ce genre de travail, ou l’estimer plus qu’il ne vaut.

1343. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Ce M. de Ciron, d’ailleurs, paraît avoir été un homme vertueux, d’une charité qui se prodigua durant une peste de Toulouse. […] Il ne paraît pas, néanmoins, qu’on soit jamais arrivé, touchant les faits mystérieux qu’on soupçonnait, à une conviction bien établie et bien authentique ; mais le soupçon suffisait déjà. […] J’ai tant de respect, je l’avoue, pour tout ce qu’on peut savoir de vérité historique, que j’aurais préféré un récit tout simple, tout nu, de ce qu’on sait sur cette congrégation de l’Enfance, ou du moins un récit dans lequel les circonstances inventées n’eussent paru jurer en rien avec les faits d’autre part avérés et établis. […] Un livre parut bientôt au milieu de la France indignée, qui fut à la fois le châtiment des vainqueurs et la consolation des vaincus.

1344. (1903) Zola pp. 3-31

Zola écrivait comme le Méridional parle, par besoin naturel et sans se préoccuper de ce qu’il aurait à mettre dans ses écritures pour qu’elles eussent de la solidité et parussent au moins contenir quelque chose. […] Chateaubriand, Hugo, Lamartine, Balzac étaient dépassés et paraissaient maigres descripteurs, comme Jean-Jacques Rousseau avait paru tel auprès d’eux. […] C’était donc un romantique de second ordre, qui aurait paru très mince personnage, avec son style gros et lourd et incorrect, aux environs de 1830 ; mais ce qui est plus intéressant c’est de voir comment le romantisme s’est déformé en lui.

1345. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

I Quand parut ce livre des Névroses, annoncé longtemps à l’avance, il était connu déjà dans une publicité qui tenait aux multiples facultés très rares chez les poètes, mais exceptionnellement puissantes dans celui-ci. Les Névroses avaient paru devant moi sous deux formes qu’elles ne pouvaient pas garder malheureusement, et qui devaient donner à ce livre une poussée formidable pour atteindre au succès qu’il a le droit d’ambitionner. […] IV Elles parurent et firent leur effet, ces Névroses que j’avais annoncées bien avant tous les autres qui en ont parlé, bien avant que les Spéculateurs connus en matière de publicité, avec leurs trompettes, — qui ne sont pas les trompettes du jugement dernier, — aient vomi le nom de Rollinat de leurs horribles conques, intéressées seules au bruit qu’elles font ! […] Rollinat, qui, tout détraquées qu’elles paraissent, ont l’honneur de vouloir être une unité.

1346. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

diaprée, striée, moirée, nacrée en mille façons : c’est quelquefois un beau cristal ; s’il n’y avait qu’une ou deux places bien prises, ce pourrait paraître un diamant ; mais, à la longue, cela fait trop l’effet d’une verroterie. […] En indiquant Fortunio qui vient de paraître, je ne prétends certes pas en donner l’analyse ni en parler longuement. […] S’il a voulu railler le jargon pittoresque à la mode et pousser à bout ce travers littéraire d’aujourd’hui qui paraîtra bientôt aussi inconcevable que le bel esprit de Mercutio, ou celui des Précieuses, ou celui encore de Crébillon fils, son pastiche a de quoi faire illusion, et il épuise le genre.

1347. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Joseph de Maistre parut, j’étais, dit-il, occupé d’un grand travail que je ne pouvais interrompre : je me bornai à recueillir quelques notes, et ce sont ces notes que, devenu plus libre, je me sujs décidé à présenter à mon lecteur en leur donnant plus d’étendue. » Les Soirées de Saint-Pétersbourg ont paru en 1821 ; vingt ans et plus d’intervalle entre l’ouvrage et sa réfutation, c’est un peu moins de temps que n’en mit le Père Daniel à réfuter les Provinciales. […] non : nul esprit, si élevé qu’il se sente, n’a ce droit de se montrer insolent avec les autres esprits, si bourgeois que ceux-ci puissent paraître, pourvu qu’ils soient bien conformés.

1348. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

C’était un homme de cour ambitieux de grandes places et de grandes occasions de paraître ou de servir ; au reste, fort dépensier, et propre à faire un magnifique seigneur ; aussi opposé par son brillant et par sa jeunesse, à la préciosité, que le duc de Montausier, par la rigidité de son esprit et de son caractère. […] Elle paraît avoir aussi fait grand cas de la marquise de Sablé et de la comtesse de Maure, fort recherchées alors comme beaux esprits. […] Segrais, âgé de vingt-six à trente-six ans, était son secrétaire, sous le titre de son gentilhomme ordinaire, il paraît qu’il a revu les écrits de la princesse, sans en avoir fait néanmoins disparaître les imperfections et les négligences qui caractérisent d’ordinaire les ouvrages venant de si haut.

1349. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Aujourd’hui Barrès précocement vieilli ne paraît plus pouvoir goûter que la vengeance. […] Vos indépendances sont heureuses et vous font découvrir des choses bien imprévues, ces « bagatelles », par exemple, qui vous paraissent « fades auprès des alcools d’une conspiration ». […] Dans ces Maritimes où s’étalent tant d’exemples de couardise et le continuel besoin de paraître sans être, le Paul Adam qui, depuis quelques années, flagorne toutes les puissances, prétend, avec l’incompréhension la plus voulue et la plus lâche, rencontrer je ne sais quel « héroïsme des idées et des actes ».

1350. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Avant lui, notre Nation étoit réduite à admirer chez les Anciens ou les Etrangers les beautés du Poëme épique : Fénélon parut, & nous lui dûmes la gloire de pouvoir offrir un chef-d’œuvre capable de surpasser peut-être, ou du moins de balancer la gloire de ceux qui l’avoient précédé. […] S’il paroît quelquefois faillir & s’égarer, ce n’est qu’une adresse de l’Auteur, pour le rendre plus intéressant & donner un nouveau lustre à ses vertus. […] Tout se fait dans son Poëme par des secours divins, & tout paroît opéré par des forces humaines.

1351. (1757) Réflexions sur le goût

Notre philosophe croira n’avoir rien ôté à un ouvrage de poésie, en conservant tous les termes et en les transposant pour détruire la mesure ; et il attribuera à un préjugé dont il est esclave lui-même sans le vouloir, l’espèce de langueur que l’ouvrage lui paraît avoir contractée par ce nouvel état. […] Comme il sait que c’est la première loi du style, d’être à l’unisson du sujet, rien ne lui inspire plus de dégoût que des idées communes exprimées avec recherche, et parées du vain coloris de la versification : une prose médiocre et naturelle lui paraît préférable à la poésie qui au mérite de l’harmonie ne joint point celui des choses : c’est parce qu’il est sensible aux beautés d’image, qu’il n’en veut que de neuves et de frappantes ; encore leur préfère-t-il les beautés de sentiment, et surtout celles qui ont l’avantage d’exprimer d’une manière noble et touchante des vérités utiles aux hommes. […] Ce petit nombre de réflexions paraît devoir suffire pour justifier l’esprit philosophique des reproches que l’ignorance ou l’envie ont coutume de lui faire.

1352. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

L’établissement de la Paix ou Trêve de Dieu, imposée à coups de conciles, de décisions, d’excommunications civilisatrices, à des hommes que cette paix contrariait dans leurs passions et dans leurs instincts, lui paraît la victoire définitive de l’Église sur la Barbarie et la guerre. […] Pour peu qu’il eût remonté dans l’histoire, il y aurait vu paraître, pour s’éclipser et reparaître encore, la puissance d’opinion religieuse qui s’oppose à la frénésie du point d’honneur et qui la balance. […] Saint Yves de Chartres est une de ces grandes têtes à qui il ne reste guères aujourd’hui que le nimbe du saint à moitié rongé dans quelque enluminure de missel, et auprès de laquelle pourtant celle du cardinal de Richelieu, sous sa calotte pourprée, paraît petite.

1353. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

N’était cette injustice, que nous nous sommes permis de relever, pour une femme douée le plus des anciennes qualités françaises, qui plonge jusqu’au cou dans le génie de sa langue et de sa race, et que l’on peut considérer comme l’arrière-petite-fille de Montaigne, mais sans scepticisme et sans superfluité, l’Introduction de Sainte-Beuve nous paraîtrait ce qu’elle est réellement : un petit chef-d’œuvre d’analyse, d’expression et de sybaritisme littéraire. […] — une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs, un cercle de jeunes femmes amies honnêtement enjouées… partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction, de la culture, des mœurs sans maussaderie avec le désir de plaire », la bonne compagnie recommencera et l’atticisme sortira de ses cendres. […] Et c’est même là le secret du vif plaisir qu’un esprit comme celui de la marquise de Créqui nous donne : Respirons les parfums même s’ils s’évaporent,         Ils n’en paraissent que plus doux !

1354. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

» Il mande aussi à Thomas Moore : « J’ai tout un picotin d’ennuis à propos d’une tragédie de ma façon, bonne seulement pour le cabinet, et que des directeurs de théâtre, s’attribuant un droit sur toute poésie publiée, paraissent décidés à exploiter, que je le veuille ou non… « J’ai écrit à Murray et au Lord Chambellan pour intervenir et me préserver de ce pilori… Je ne veux ni de l’impertinence de leurs sifflets ni de l’insolence de leurs applaudissements. […] Et pas moyen d’empêcher cela, à ce qu’il paraît ! […] et nous, qui n’étions pas Anglais pourtant, nous avons répété ces odieux cris scandalisés, les uns parce qu’ils avaient vraiment leur moralité offensée, les autres parce qu’ils aimaient Byron et que toujours Français, ils aimaient à le voir un peu mauvais sujet… Mais, malgré sa fatuité, à lui, qui a voulu nous y faire croire, et malgré notre fatuité pour lui, qui nous l’a fait croire, la terrible immoralité de Byron m’a toujours paru problématique.

1355. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

« Cependant, nous le répétons, son attention paraissait tout à fait captivée par les paroles du vieux prêtre, et chacun pouvait suivre sur son visage la marche et les progrès de la pieuse influence. […] Hallucinations, névropathies mystérieuses, monomanies, dans lesquelles l’homme paraît, d’après tous les témoignages de la science, être obsédé, ou possédé, ou dominé par « les esprits », toutes ces affections épouvantables qu’il a étudiées avec le sens exercé du médecin qu’ont-elles inspiré à la science moderne, si ce n’est des « hypothèses malheureuses pour remplacer un vieux dogme oublié » ? […] Nous l’avons dit parfois, à propos de ce surnaturalisme dont il faudra bien finir par s’occuper sérieusement, tant il nous pèse sur la tête : nul écrit n’avait paru encore (et nous l’avons regretté) qui révélât dans son auteur une conception supérieure et donnât le signal d’une haute discussion.

1356. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

De Gères nous dit que c’est un appel fait par un poète appartenant à la Société des sonnettistes (il paraît qu’il y a de pareilles sociétés) qui l’a fait revenir à la muse si longtemps abandonnée. […] le volume sera classé, et classé très haut, par ces Historiettes, qui sont des poèmes, comme Une Rencontre, Les Oiseaux deux à deux, Sanchette, Cerise, Les deux Lierres, L’Aquarelle à Héroult, Mens agitat molem, Incerta et occulta, La Soif de l’infini, Pâquerette, et enfin L’Arbre devenu vieux, qui me paraît sans comparaison la plus belle pièce du volume, par la hauteur de son inspiration et la luxuriance de ses magnifiques et infatigables strophes. […] Il paraît qu’elle en avait souffert, tout incroyable que cela soit… Jules de Gères a fait, lui, le malheur de durer.

1357. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Les six premiers volumes ont paru. […] C’est la mode maintenant, à ce qu’il paraît, de nous donner des Introductions qui n’introduisent plus aux livres, mais qui suivent les livres qu’on publie. […] C’est moins fièrement littéraire, mais c’est plus laquais… Le Diderot des Garnier en était à son douzième volume, et l’Introduction et l’Essai sur la philosophie du xviiie  siècle ne devait paraître que quand l’ouvrage tout entier serait terminé.

1358. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Ici, au contraire, c’était aussi du patriotisme, mais d’une inspiration plus haute, parce qu’elle était moins collective, exprimé dans des vers qui n’avaient pas besoin de musique pour paraître beaux, et comme, avant eux, la langue française n’en connaissait pas. […] Debout, il paraissait plus grand ! […] On verra si, à l’exception de la pièce intitulée la Tentation, qui, du reste, avait paru dans une des premières éditions des Iambes, et qui, antérieure aux Iambes, promettait déjà les vers magnifiques du Pianto : Dors, oh !

1359. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Elle et Lui, Lui et Elle, ne sont point, en effet, à ce qu’il paraît, deux études de nature humaine désintéressées et sévères, mais — dit le scandale — deux actes personnels d’un caractère acharné, deux horribles accusations dont l’une a pour visée de déshonorer un homme mort, l’autre de déshonorer une femme vivante. […] Il ne connaissait pas les précautions, les demi-mots, les demi-jours, les demi-vengeances, les petits tripotages d’impartialité pour ne pas paraître trop atroce. […] Selon nous, celui de madame Sand ne méritait pas l’anxiété qui a, dit-on, rongé la vie de ce rêveur d’Alfred de Musset, et le livre, qui n’est pas un rêve, à ce qu’il paraît, de son frère.

1360. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Elle et Lui, Lui et Elle ne sont point, en effet, à ce qu’il paraît, deux études de nature humaine, désintéressées et sévères, mais, — dit le Scandale — deux actes personnels d’un caractère acharné, deux horribles accusations dont l’une a pour visée de déshonorer un homme mort, l’autre de déshonorer une femme vivante. […] Il ne connaissait pas les précautions, les demi-mots, les demi-jours, les demi-vengeances, les petits tripotages d’impartialité, pour ne pas paraître trop atroce : il avait franchement tort, il était franchement passionné, mais c’était un homme blessé, c’était un homme ! […] Selon nous, le livre de Mme Sand ne méritait pas l’anxiété qui a, dit-on, rongé la vie de ce rêveur d’Alfred de Musset, et le livre, qui n’est pas un rêve, à ce qu’il paraît, de son frère.

1361. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Il paraîtrait que c’est une loi : les réalistes, comme les ours, viendraient mieux et seraient plus forts vers les pôles… Cette locution d’Ames mortes, qu’on pense tout d’abord être une manière de dire poétique et funèbre, toute pleine d’attirants mystères, n’est qu’un terme usuel en Russie, un terme vulgaire et légal… Vous saurez tout à l’heure ce que c’est… M.  […] Cette faculté d’imitation, si facile qu’elle en paraît instantanée comme l’éclair, les Russes ont trouvé un mot pour l’exprimer sans faire saigner cette veine si pleine, toujours gonflée sur la joue rougissante de l’amour-propre national. […] C’est là un malheur dont avoir fait un livre plus long que ceux des autres Russes, qui ont, à ce qu’il paraît, l’haleine courte, ne console pas.

1362. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Julien, dont nous n’examinons ici que les talents littéraires, fut en même temps philosophe, orateur, écrivain satirique et plaisant ; et il paraît tour à tour, dans ses ouvrages, l’élève de Platon, de Démosthène et de Lucien. […] Il paraît qu’à la philosophie de l’esprit, elle joignait celle de l’âme, et qu’elle fut à la fois sensible et grande. […] Ils se taisent, disent-ils, pour ne point paraître adulateurs ; ah !

1363. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

On vit paraître beaucoup d’édits, quelques chansons, et point de panégyriques. […] Le panégyriste de Louis XV ne l’est jamais ; il semble éviter l’éloquence comme l’autre paraît la chercher. […] Toute la fin respire le charme de l’amitié, et porte l’impression de cette mélancolie douce et tendre, qui quelquefois accompagne le génie, et qu’on retrouve en soi-même avec plaisir, soit dans ces moments, qui ne sont que trop communs, où l’on a à se plaindre de l’injustice des hommes ; soit lorsque blessée dans l’intérêt le plus cher, celui de l’amitié ou de l’amour, l’âme fuit dans la solitude pour aller vivre et converser avec elle-même ; soit quand la maladie et la langueur attaquant des organes faibles et délicats, mettent une espèce de voile entre nous et la nature ; ou lorsqu’après avoir perdu des personnes que l’on aimait, plein de la tendre émotion de sa douleur, on jette un regard languissant sur le monde, qui nous paraît alors désert, parce que, pour l’âme sensible, il n’y a d’êtres vivants que ceux qui lui répondent.

1364. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

En 1845, M. de Bornier, arrivant de Lunel, faisait paraître chez l’éditeur Desloges, rue Saint-André-des-Arts, un petit volume in-18, portant ce titre : Premières feuilles, et cette épigraphe empruntée à Virgile : Versiculos. […] Par la suite, il a oublié souvent que la nécessaire vertu d’une telle poésie est la sonorité : trop d’alexandrins parurent sourds.

1365. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

L’originalité et la gloire de son œuvre est justement d’avoir ramené vers les vérités fortes et salubres nos esprits égarés dans l’invraisemblable, le paradoxal et l’impossible, d’avoir exprimé ces vérités immortelles dans un style ferme, net, franc, de bonne école et de bonne race, d’avoir fait circuler dans les veines de la comédie moderne, après tant de fièvres et de langueurs, un reste de ce sang vigoureux et pur qui semblait tari depuis les maîtres, et de n’avoir pas craint de nous paraître banal pour être plus sûr d’être vrai. […] … On était las des excès du romantisme, et la vieille rengaine classique parut neuve.

1366. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

La mort de Jésus paraît du reste avoir été tout à fait étrangère à ces deux destitutions 1221. […] , ad ann. 1 Caii) paraît aussi provenir d’actes légendaires.

1367. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Et cependant on nous assure aujourd’hui qu’il en voulait à la société de l’hôtel de Rambouillet, dissoute depuis près de quinze ans, quand Les Précieuses ridicules ont paru. […] La vérité est que madame de Sévigné, dont pas une locution n’a vieilli, Descartes, Pélisson, Pascal, Malherbe, Régnier, Corneille, avaient écrit longtemps avant qu’aucun des écrivains du siècle de Louis XIV eut paru dans la littérature, même avant le règne de ce prince.

1368. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Louis XIV parut peu touché de cette mort qu’il avait causée. […] La rupture et la lettre qui l’annonce paraissent donc être de la fin d’avril ou du commencement de mai 1671.

1369. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

C’est ainsi que le déterminisme, qui, en nous déniant cette forme de pouvoir personnel qu’on appelle libre arbitre, semblait d’abord n’avoir qu’une influence morale dépressive, paraît aujourd’hui donner naissance à des espérances métaphysiques, très vagues encore, mais d’une portée illimitée, puisqu’il nous fait entrevoir que notre conscience individuelle pour rait être en communication sourde avec toutes les consciences, et que d’autre part la conscience, ainsi épandue dans l’univers, y doit avoir, comme la lumière ou la chaleur, un rôle important, capable sans doute de s’accroître et de s’étendre dans les siècles à venir. […] De même, l’idée sociologique nous paraît essentielle à l’art.

1370. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

Un roman paraît qui, s’écartant des nombreuses œuvres imitées des esthétiques admises, est original par le cas psychologique qu’il étudie et inaugure, avec les quelques livres marquants de ceux qui débutent, un nouveau style et un nouvel art. […] Il nous paraît intéressant de la signaler et d’en désigner les représentants.

1371. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Quand elle parut, toute l’Italie en fut enchantée. […] Guarini s’en vengea par une réponse qui parut à Ferrare, & dans laquelle il se moque d’un critique assez borné pour condamner le genre pastoral, & resserrer la carrière des lettres & des arts, pendant qu’on ne sçauroit trop l’étendre.

1372. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Il paraît bien dur de blâmer la chauve-souris de s’être tirée d’affaire par un trait d’esprit et d’habileté, qui même ne fait point de mal à son ennemie la belette ; mais La Fontaine a tort d’en tirer la conclusion qu’il en tire. […] Cette circonstance paraît bizarre… dit l’âne en se donnant tout l’honneur de la chasse.

1373. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Champfleury ; Desnoireterres10 I C’est surtout quand on vient de lire les poésies de Hebel11, que les Contes d’été 12 de Champfleury doivent paraître une lecture insipide et glacée ! […] … II Les Talons Rouges 13, de Gustave Desnoireterres, ont paru dans les derniers jours de l’année qui vient de finir.

1374. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Barrès paraissait rêver. » Comme dit Sainte-Beuve, il y a des coins de vérité qu’on présentera plus agréablement sous un léger voile.‌ […] Voilà qui me paraît prouver, d’incontestable façon, l’inutilité de la propagande, et, en conséquence, des concessions au reportage.

1375. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il consentit même, après un peu d’hésitation, à paraître sur les planches en maillot à paillettes. […] Il me parut un homme dépaysé dans le chaos, qui semblait chercher la lumière et une route à tâtons à travers le mouvement. […] Son brillant paradoxe sur le Romantisme des classiques a paru peut-être un peu risqué et prolongé. […] Le lion captif lui parut valétudinaire et morose. […] Les statues qui, çà et là, font des gestes sur la tête de nos représentants, lui ont paru sortir de chez le marbrier.

1376. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Il n’avait jamais conçu la pensée de tromper personne ; feindre lui aurait paru une demi-duplicité. […] Un mystère d’honneur paraissait nécessaire à l’effet de toute œuvre poétique. […] Le reste du volume, à Moïse près, parut empreint des mêmes qualités et des mêmes défauts. […] Si elle paraît belle à tous, on se hâte de calquer sa forme et de prendre sa mesure ; les rhéteurs notent ses dimensions pour qu’à l’avenir on en taille de semblables. […] Chatterton, pâli par les études d’une longue nuit d’insomnie, paraît.

1377. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Arcadi Pavlitch baissa la tête, jeta un regard oblique sur le coupable et parut réfléchir. […] Le bourgmestre avait, à ce qu’il paraît, fait bonne chère à Pétrova ; il exhalait une odeur d’eau-de-vie assez prononcée, et sa figure était passablement avinée. […] Nous restâmes un moment sans parler. — Elle paraît souffrante ? […] Je me mis de nouveau à examiner l’intérieur de l’isba ; il me parut encore plus triste qu’avant. […] Je vais maintenant vous reconduire, car il paraît que la pluie ne cessera pas de sitôt.

1378. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Il révèle des abus, indique des remèdes, attaque l’injustice, soutient la cause du faible ; et, soit qu’il se place sur la route du malheur ou sur celle de la science, il y paraît environné des plus riants tableaux de la nature. […] Un réseau de feu paraît lier entre elles ces constellations innombrables. […] Il terminait sa lettre par ces mots: « Je pense comme vous ; et, pour aimer, l’éternité ne me paraît pas trop longue. […] Il avait adoré Paul et Virginie dans sa jeunesse, l’auteur lui paraissait comme un dieu de l’Inde inspiré par la nature, une voix des mers et des bois. […] À cette vue, une joie funeste parut dans ses regards.

1379. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il y alla, et se fit soldat, pensant ne pouvoir mieux se placer pour faire paraître l’excellence de ses talents naturels. […] J’en ai vu un tout garni ; les meubles en paraissaient les plus voluptueux qu’on puisse imaginer. […] Je me guindai un soir sur le mur de séparation, et je vis trois jeunes filles, qui me parurent très-belles, toutes découvertes par devant jusqu’à la ceinture, échevelées, assises à terre, qui versaient des larmes et se démenaient comme des possédées. […] Vu que l’un ni l’autre n’ayant ni droit, ni titre, ni autorité pour ce faire, aurait-on pu s’imaginer qu’ils auraient été capables de concevoir des sentiments contraires à ceux que cette illustre assemblée faisait paraître ? […] La condition de ces seigneurs les rend naturellement timides ; tout illustres et tout princes qu’ils paraissent, ils ne sont en effet que des esclaves: leur vie, leur liberté, leur honneur et leurs biens dépendent absolument du souverain.

1380. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

* * * — Il y a une certaine couleur raisin de Corinthe, qui paraît affectée aux redingotes des vieux acteurs. […] Beaucoup, la tête inclinée sur l’épaule, restent un peu penchées comme sur quelque chose qui leur parlerait à l’oreille ; et celles-ci, laissant tomber l’ombre de leur menton sur les fils de perles de leur cou, paraissent écouter au fond d’elles. […] L’eau de la Seine va, une eau qui ne paraît pas aller ; elle est d’un vert décoloré, du vert neutre qu’ont les eaux aveugles dans un souterrain. […] Ce soir, Mabille m’a paru lugubre. […] Je lui trouve une douleur endormie et qui paraît rêver. « Il me semble, dit-il, que ce n’est pas arrivé… Je ne puis parler de lui au passé. » Pierre me raconte qu’il est arrivé à quatre heures.

1381. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Cela me paraissait une ingratitude envers la nature. […] Sa taille était moyenne ; mais il paraissait grand, tant ses membres étaient bien proportionnés. […] J’écris mes mémoires ; je les écris vrais, je veux qu’ils ne paraissent que longtemps après moi. […] Mes éloges paraîtraient des apostasies et mes blâmes des rancunes. […] Les nommer paraîtrait me désigner moi-même.

1382. (1883) Le roman naturaliste

On n’a pas sitôt fini de lire son dernier roman que le suivant a déjà paru. […] Zola comme un soleil en nos ans a paru ! […] Le fait de ces cataleptiques, brusquement changées en statues, voilà ce qui paraît curieux à M.  […] On prétendit, quand parut Madame Bovary, qu’il y avait là des pages que Balzac eût signées. […] » C’est sur ces entrefaites que parut Madame Bovary.

1383. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Je dis de plus qu’il me paraît maladroit et excessif. […] Les inventeurs du beau ne lui paraissent guère autre chose que des enfants aimables. […] Ce sentiment artistique, que Mme de Staël paraît ne pas avoir, elle va le trouver. […] Ils ont eu au moins le plaisir de paraître davantage dans leurs écrits. […] Les suites véritables n’en ont point paru tout d’abord.

1384. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Tenez, voyez, continua-t-il, il paraît qu’il est à Monceau pour faire ses vendanges, car les fenêtres sont ouvertes sur sa terrasse et l’on aperçoit d’ici la rangée de tonneaux le long de ses pressoirs. […] Il le fit, et nous n’en savions rien quand nous nous mîmes à table, qu’il était plus de deux heures, pour déjeuner ; mais le temps ne nous avait pas paru long. […] Au lieu de suivre notre sentier qui nous conduisait comme s’il avait eu des yeux, craignant de nous égarer en allant trop à droite, nous prîmes un autre sentier à gauche qui montait dans les bois et qui paraissait redescendre ensuite dans une plus large vallée, dont nous n’apercevions pas le bas. […] Tout était changé, comme si on avait tiré un voile devant la nature, et tout paraissait si près qu’il semblait qu’on allait toucher tous les hameaux de la paroisse. […] C’est un lieu qui nous parut magnifique.

1385. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Dargaud à ce roi mourant nous paraît donc une erreur d’homme d’État, expliqué par une préoccupation qui est aussi la nôtre pour la liberté religieuse. […] Le Calvin de l’Écosse, le prophète et l’agitateur de la conscience du peuple, le féroce Knox, s’abstint de paraître à cette inauguration. […] Il y parut en habit calviniste, le manteau court, drapé sur l’épaule, la Bible sous le bras en guise de glaive : « Satan, dit-il, ne peut rien contre l’homme dont la main gauche jette une flamme qui éclaire sa main droite, quand il copie la nuit les saintes Écritures ! […] XII Darnley parut à Holyrood et enleva tous les yeux par son incomparable beauté. […] Marie Stuart parut changer de cœur en le voyant et donner son âme avec sa couronne.

1386. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

La renaissance du catholicisme en France s’était marquée déjà par une recrudescence de l’ascétisme dans l’Église, par une floraison nouvelle de l’esprit monastique que la révolution intellectuelle du xvie  siècle avait paru d’abord devoir éteindre. […] Son instruction littéraire paraît avoir été fort courte ; de ce côté Pascal est un « ignorant » de génie : c’est l’effet qu’il produira plus tard à tout le monde. […] Il est certain que les Provinciales sont très fortes, et les défenses des jésuites très faibles : la meilleure, celle du Père Daniel, parut en 1694, et prouve par sa date que, près de quarante ans après l’attaque, ceux qui en étaient l’objet n’estimaient pas l’avoir encore repoussée. […] Mais il n’y a rien peut-être de plus étonnant dans les Pensées que le fameux morceau des Deux Infinis 347, qui me paraît répondre à la première partie de son plan. […] Les premiers Essais de morale et instructions théologiques parurent en 1671.

1387. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

En terminant cet aperçu, qui sans doute a paru très long et qui pourtant est fort sommaire, on peut ajouter qu’il doit y avoir eu un événement historique, vers le septième ou le huitième siècle, en Brabant, accusation injuste portée contre une princesse, litige à propos d’un royal héritage, tranché par la venue soudaine d’un prince on d’un guerrier. […] C’est alors que Kundry paraît, comme une incarnation splendide de la forêt magique sur un lit de fleurs. […] Au milieu des clartés de l’aube, apparaît le territoire du Gral : on aperçoit une clairière au milieu de la forêt, comme au premier acte ; au fond monte la prairie ; une hutte adossée aux rochers révèle seule la désolation, tandis que la nature paraît joyeuse, dans son matin printanier. […] Maus, contenant d’intéressantes remarques sur les évolutions de la critique au sujet des œuvres de Wagner et citant l’ouvrage récemment paru de MM.  […] En 1855, Le Guide musical parut et fut un important défenseur de la cause wagnérienne jusqu’à la première guerre mondiale.

1388. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Des artistes d’un très réel mérite, des œuvres très intéressantes ne trouveront point leur place, — et je le regrette, — dans cette sorte de vue perspective qu’il m’a paru intéressant d’ébaucher sous la forme d’un résumé rapide et synthétique. […] Il est aisé de s’en apercevoir si l’on parcourt les derniers parus parmi les principaux romans d’histoire qui sont presque tous sortis d’une inspiration patriotique et du culte pour les résurrections légendaires. […] Au même moment, l’engouement inattendu pour les mémoires, pour les souvenirs, pour les memoranda qui ont envahi les marges de l’histoire, a paru leur indiquer la voie. […] Maurice Barrès exerce sur la littérature actuelle et sur le grand public une influence d’autant plus considérable qu’il paraît bien résumer dans sa physionomie littéraire tous les mouvements d’idées de l’heure présente. […] Il s’est très vite dégagé de tout ce qui devait paraître trop voulu dans sa conception légèrement ironique de la vie provinciale.

1389. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

et Madame Gervaisais a paru ! […] Je n’en parlai point quand elle parut, et pourtant j’étais déjà attaché au joug superbe de la Critique ; mais un roman de MM. de Goncourt — Les Hommes de lettres — avait trompé mon espérance, et je les boudais comme on boude ceux qu’on aime. […] Eh bien, je l’avoue, ce livre de MM. de Goncourt, qui est la première marche supérieure de l’escalier menant et descendant à des livres comme ceux de Zola, m’a paru, en comparaison des livres de Zola, une composition d’une mesure, d’un gouverné, d’un équilibre, d’un fini et d’un style qui est, selon moi, le dernier pas qu’on puisse faire — sans tomber — du côté où les romanciers de l’heure présente, les littérateurs progressifs, tendent à se précipiter ! […] Les années, qui, le plus souvent, ne sont bonnes à rien, lui avaient été bonnes à quelque chose… Seulement, il paraît que M. de Goncourt ne s’est modifié qu’en histoire. […] Mélange de quêteur et de confesseur, qui n’exige pas non plus le nom des jeunes filles et des toutes petites filles qui vont aller à confesse à lui, M. de Goncourt aura fondé un établissement de charité utile à la littérature naturaliste et à ses indigences, qui sont grandes, à ce qu’il paraît.

1390. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Surtout il me parut incompréhensible. […] Du moins elle me paraît telle, et bien sincèrement, car j’en avais un peu, ce me semble, pressenti l’esprit et la méthode dans un article qui parut ici même, lors de la publication des études de M.  […] Et je conviens que mon silence doit leur paraître étrange. […] Je fais paraître que Baudelaire était chrétien et que sa morale est celle des docteurs. […] Les autres masques que nous fait paraître M. 

1391. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Mais, après cela, le suffrage universel me paraît un peu jouer à Colin-Maillard. […] Cléopâtre ne me paraît pas si « déraisonnable ». […] Les deux pièces paraissent la même pièce. […] Les acteurs eux-mêmes en paraissaient surpris. […] Et le second acte vous a paru un peu traînant.

1392. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

je l’ai pourtant remplie à moitié ; car l’émotion paraissait très vive de part et d’autre. […] Quand paraissait ce volume des Lettres d’Eugénie de Guérin (1862), Gandar, qui en soigna de près le texte et l’impression168, était déjà rappelé à Paris depuis un an. […] Longtemps les premiers sermons de Bossuet furent négligés et restèrent comme inconnus : il ne paraît pas lui-même y avoir attaché la moindre importance. […] Ils ont paru depuis (1869, à la librairie Didier). […] La gravité qu’il mettait à tout pouvait paraître un peu marquée, mais personne n’était plus sincère que lui ; tous ceux qui l’ont vu de près l’ont aimé ; ses sentiments étaient naturels, son âme élevée, son cœur excellent.

1393. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Une république de fantaisie me paraissait coupable ; j’attendis l’heure d’une république de nécessité. […] Il respecte les femmes ; il les adore quand elles lui paraissent estimables ; il ne demande au ciel qu’une jeune et fidèle amie, avec laquelle il s’unisse saintement jusqu’au tombeau. […] Vous me paraissez de ces êtres qui vivent de parfums et non de pain. […] Ce volume parut à peu près en ce temps-là. […] Excepté dans la Jeune Captive, pièce teinte avec son sang au pied de l’échafaud, André Chénier me paraissait un pastiche du Grec plus qu’un Français.

1394. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Vous me paraissez sûr de l’approbation de M. de Richelieu ; j’y joins aussi la mienne avec bien du plaisir. […] Ce fut le 24 octobre 1658 que Molière et ses camarades eurent l’honneur de paraître devant Louis XIV et devant la Cour. […] Les actrices surtout, disent les témoignages du temps, parurent charmantes. […] Ainsi, tout progrès paraît effrayant dans ce beau pays de France. […] Le regret que le plus grand des rois a fait paraître de sa mort est une marque incontestable de son mérite.

1395. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Très vite ces idées lui parurent prodigieusement naïves. […] Montesquieu seul lui paraît grand, ce qui peut se soutenir. […] Elle l’est infiniment moins qu’il ne paraît, qu’il ne paraissait aux hommes de 1800, qu’il ne paraissait à Chateaubriand lui-même ; car elle va plus loin que lui-même ne voulait aller. […] Mais la souveraineté du peuple lui paraissait une forme de la justice. […] Lamartine parut.

1396. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Molière ménage singulièrement Don Juan en tant qu’athée : cela me paraît difficile à contester. […] Ce qui paraît irréfutable à Voltaire : l’horloge qui n’aurait pas d’horloger, par exemple, paraît à Diderot, sinon tout à fait un enfantillage, du moins une de ces choses qu’on démolit d’un tournemain en argumentation métaphysique ou qui se volatilisent entre des doigts philosophiques. […] Il paraît bien qu’il le prévoyait ; car il leur interdisait de reparaître, et c’était bien vu. […] Cette application de la loi de 1901 parut une violation de la loi de 1901 à l’auteur de la loi de 1901. […] Lintilhac, dire que la citation d’Aristote, rapportée du reste sous forme de rébus, lui avait paru être de Loyola.

1397. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Il est bon de savoir que la scène violente de la Chambre, la scène de Grand avait été concertée d’avance par l’opposition : ce qui a paru une explosion instantanée n’était qu’un petit complot préparé derrière les coulisses depuis plusieurs jours. […] — Il a paru un volume de vers, Odes et Poëmes, par Victor de Laprade : c’est ce qu’il y a eu de plus distingué et de plus élevé depuis assez de temps.

1398. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

Une Esquisse sur la poésie érotique, où l’écrivain passe en revue les divers auteurs qui ont cultivé ce genre, depuis Homère jusqu’à madame Dufresnoy, depuis la Bible jusqu’aux Amours des anges, nous a paru également intéressante et instructive. […] Tissot, déjà honoré à sa première publication du suffrage de Chénier, nous paraît un service de plus rendu par le respectable écrivain à la poésie et aux lettres latines, dont il fait passer dans notre langue une des plus agréables productions.

1399. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Il paraît décidément que l’Allemagne, ne se bornant plus au domaine métaphysique et spéculatif où Kant et ses successeurs l’avaient si longtemps renfermée, descend aujourd’hui à la pratique réelle, à la vie politique, à la lutte journalière et infatigable pour les améliorations positives. […] Il nous paraît avoir mieux saisi notre littérature vivante et en avoir exprimé quelques traits avec bonheur.

1400. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Ce dernier trait a paru généralement fort spirituel : quelques personnes l’ont trouvé un peu vif. […] Dupin, qui se trouvaient çà et là, n’ont paru rien prendre bien au vif : l’orateur, de son côté, n’a guère dit que l’indispensable dans sa fausse position.

1401. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Mais, que la pitié ne soit pas toujours la bonté, et que la sensibilité nerveuse ne soit pas toujours la pitié, il n’en paraît pas moins qu’il y a eu, de nos jours, un certain amollissement des cœurs et quelque diminution de la cruauté. […] Sinon, je suis bien forcé de les maintenir provisoirement, et je prie ces adolescents de considérer qu’il ne tient qu’à eux de les faire paraître vraies ou calomnieuses.

1402. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Le Portugal délivré de ses oppresseurs avec tant de courage et d’activité ; une révolution durable et complètement faite en quelques heures ; une seule victime, Vasconcellos ; la multitude agissante, et soudain le calme rendu à cette multitude redevenue corps de nation : tout cela ne paraissait guère susceptible de ridicule. La duchesse de Bragance, qui parut si digne du trône que son époux lui dut en partie ; le brave Almeida, véritable chef de l’entreprise, et qui, bien plus que Pinto, en détermina le succès ; le cardinal de Richelieu la favorisait de loin, non pour servir la nation portugaise, mais pour affaiblir la monarchie espagnole ; des noms, des caractères, des motifs, des résultats d’un tel ordre, étaient dignes de la tragédie.

1403. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Son antipathie pour le beau sexe parut dans toutes les occasions qu’il eut d’en médire. […] Il paroît que les plus grands torts étoient du côté de Sophocle.

1404. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

L’un qui est vétu de long et qui paroît le maître, saisit son esclave d’une main, et il tient dans l’autre main une espece de sangle dont il veut le frapper. […] En effet, il paroît que dès le tems de Quintilien qui a écrit deux siecles avant Ammien Marcellin, chaque son avoit déja sa corde particuliere dans la lyre.

1405. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Ce dernier trait, je suis heureux de le dire, ne me paraît guère exagéré.‌ […] C’est ainsi qu’il la fit paraître après la bataille.‌

1406. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Je veux dire que là même où les préceptes moraux impliqués dans les jugements de valeur ne sont pas observés, on s’arrange pour qu’ils paraissent l’être. […] Ce serait oublier que la plupart des grandes réformes accomplies ont paru d’abord irréalisables, et qu’elles l’étaient en effet. […] Mais il résultait de là que notre exposé restait schématique et pouvait paraître insuffisant. […] Là où elle paraît fonder l’obligation, elle se borne à la maintenir en résistant à une résistance, en s’empêchant d’empêcher. […] Un raisonnement établira donc que la fourmi a tout intérêt à travailler pour la fourmilière, et ainsi paraîtra fondée l’obligation.

1407. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

» Cependant le souvenir de la perte de Léonora d’Este occupait si peu son cœur que, pendant le carnaval de 1587, à Mantoue, la beauté d’une des jeunes femmes de cette cour parut faire une impression puissante sur son esprit. […] Dans ces guerres intentées pour la cause de Dieu, tout paraissait grandiose, surhumain, surnaturel. La crédulité était prête à tout croire, la poésie n’avait qu’à paraître ; c’était évidemment le temps d’un poème épique, et ce poème épique ne pouvait pas avoir d’autre scène que l’Orient, d’autre sujet que les croisades. […] Dans cette attitude, elle expire et paraît s’endormir. […] Elle parut en 1593, le jour où Cinthio fut promu à la pourpre par son oncle Clément VIII.

1408. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Lorsque le convoi d’Élisabeth paraît, qu’on la porte étendue dans son cercueil, que le fauteur de la grande coulpe se précipite à côté de ces restes adorés, s’exclame : « Sainte Elisabeth ! […] Admirable soin des notions et des raisonnements : l’âme première des Grecs y paraît. […] Ces premiers romantiques, éblouis par les sensations neuves, n’avaient guère pu encore se faire un sens du réel : toutes les sensations leur paraissaient possibles : ils ne craignirent pas une vie artistique faite d’aventures. […] Mallarmé, occupé à une œuvre très hardie, n’a fait paraître rien, sinon un sonnet sur Wagner, publié ici même, qui était fort beau, et dont on a beaucoup ri. […] Une difficulté en résulte à concevoir réelles ces vies qui paraissent, s’effacent, reparaissent.

1409. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Ce qui paraît certain, c’est que cette action directe sur le pelage de nos animaux domestiques existe dans une certaine mesure. […] J’en ai possédé un vivant qui l’était complétement ; et, à la dissection, il me parut que son état de cécité devait avoir eu pour cause une inflammation de la membrane clignotante. […] — Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire et Gœthe ont découvert presque simultanément la loi de compensation et de balancement de croissance : « Afin de dépenser d’un côté, disait Gœthe, la nature est forcée d’économiser de l’autre. » Cette règle me paraît s’appliquer assez exactement à nos espèces domestiques. […] L’auteur ne paraît pas ici accorder toute sa valeur réelle à l’action locale des conditions de vie ou du milieu ambiant dont Geoffroy Saint-Hilaire et Lamarck ont les premiers reconnu la puissante influence. […] Darwin nous paraît avoir tenu compte de ces observations.

1410. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Si nous esquissons une solution, c’est simplement pour marquer que le problème ne nous paraît pas insoluble : de plus compétents que nous en trouveront une meilleure. […] L’humanité en paraît sans doute aussi éloignée que jamais. […] Imaginons que l’orangé soit la seule couleur qui ait encore paru dans le monde : serait-il déjà composé de jaune et de rouge ? […] Plus particulièrement, la comparaison des faits actuels à ceux d’autrefois nous invite à tenir pour transitoires des goûts qui paraissent définitifs. […] Tel, le Rhône entre dans le lac de Genève, paraît y mêler ses eaux, et montre à sa sortie qu’il avait conservé son indépendance.

1411. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Mais, quelque bornée qu’elle puisse paraître, c’est bien toute la philosophie de Stendhal. […] La vanité du Français le force à être à la mode, parce que, s’il n’y était pas, il paraîtrait l’ignorer, et paraître ignorer ce qu’on dit et ce qui se passe est tout ce qu’il y a pour la vanité française de plus mortifiant. […] Surtout elle avait, quand elle paraissait, le piquant du paradoxe appuyé sur des faits. […] C’est pour cela qu’il a paru être un sophiste. […] Son roman Volupté, paru en 1834, valait beaucoup mieux que ses vers.

1412. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Il paraît qu’il y avait à vaincre quelque prévention dans la famille chez laquelle il arrivait ; l’accueil fut d’abord un peu froid pour lui, pour les jeunes époux et pour sa sœur en particulier, qui avait à se faire adopter de la nouvelle famille et à s’y apprivoiser elle-même. […] Une couple de fois, il parut vouloir tenter une scène plus haute : en 1806, il donna seul le Mari intrigué, comédie en trois actes et en vers, très-faible, qui fut jouée au théâtre de l’Impératrice, autrement dit théâtre Louvois ; en 1820, il atteignit aux cinq actes, également en vers, et fit jouer à l’Odéon, une comédie, l’Homme aux précautions, dont je n’ai rien absolument à dire. […] Bon nombre des membres dispersés de l’ancien Caveau, aidés de fraîches recrues qu’ils s’adjoignirent, reformèrent un Caveau véritable, qui paraît avoir duré jusqu’après 1775. […] Composition, détail, expression et facture, elle me paraît tout réunir au point de perfection et à ce degré d’art dans le naturel qui, en chaque genre et même en chanson, constitue le chef-d’œuvre. […] Les éditions de Désaugiers répondent exactement à cette vue de la critique : un premier volume parut en 1808, un second en 1812, un troisième en 1816.

1413. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Gabriel de Chénier, nous ont permis de rechercher et de transcrire ce qui nous a paru convenable dans le précieux résidu de manuscrits qu’il possède ; c’est à lui donc que nous devons d’avoir pénétré à fond dans le cabinet de travail d’André, d’être entré dans cet atelier du fondeur dont il nous parle, d’avoir exploré les ébauches du peintre, et d’en pouvoir sauver quelques pages de plus, moins inachevées qu’il n’avait semblé jusqu’ici ; heureux d’apporter à notre tour aujourd’hui un nouveau petit affluent à cette pure gloire ! […] Les Analecta de Brunck, qui avaient paru en 1776, et qui contiennent toute la fleur grecque en ce qu’elle a d’exquis, de simple, même de mignard ou de sauvage, devinrent la lecture la plus habituelle d’André ; c’était son livre de chevet et son bréviaire. […] Deux pièces, citées dans le treizième volume de la grande Histoire de la Chine qui venait de paraître, l’avaient surtout charmé. […] André, dans ses notes, emploie, à diverses reprises, cette expression : j’en pourrai faire un QUADRO ; cela paraît vouloir dire un petit tableau peint ; car il était peintre aussi, comme il nous l’a appris dans une élégie : Tantôt de mon pinceau les timides essais Avec d’autres couleurs cherchent d’autres succès. […] André a pris de la Grèce le côté poétique, idéal, rêveur, le culte chaste de la muse au sein des doctes vallées : mais n’y aurait-il rien, dans celui que nous connaissons, de la vivacité, des hardiesses et des ressources quelque peu versatiles d’un de ces hommes d’État qui parurent vers la fin de la guerre du Péloponèse, et, pour tout dire en bon langage, n’est-ce donc pas quelqu’un des plus spirituels princes de la parole athénienne ?

1414. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Et non-seulement elle n’arrivera pas à ce grand but social qu’elle présageait et qu’elle parut longtemps mériter d’atteindre ; mais on reconnaît même que la plupart, détournés ou découragés depuis lors, ne donneront pas tout ce qu’ils pourraient du moins d’œuvres individuelles et de monuments de leur esprit. […] Comme ils paraissent alors supérieurs à leur œuvre, à leur action ! […] Sa raison est demeurée victorieuse, mais quelque chose en lui a regretté la flamme, et son regard paraît souffrant. […] » Ce capitaine voltairien, près du pâtre, dut paraître au philosophe le bon sens goguenard et prosaïque, à côté du bon sens naïf et profond. […] Il n’a publié d’original que la préface en tête des Esquisses morales de Stewart, et ses articles, la plupart recueillis dans les Mélanges : l’introduction promise des œuvres de Reid n’a pas paru.

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