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26. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Nicolardot ne serait pas ce qu’il est ; il serait seulement une de ces biographies, d’un détail curieux et détaché, n’éclairant qu’une encoignure d’événements dans ce vaste ensemble d’une époque que les hommes, quand ils sauront l’histoire, mépriseront autant qu’ils l’auront adorée, qu’un tel livre, malgré sa maigreur, trouverait ici la place d’un examen et d’un éloge, et que nous en glorifierions la goutte de lumière isolée. […] Nicolardot, qui n’a que la passion des esprits tournés ardemment vers l’histoire, la passion de la réalité, n’a rien négligé pour montrer dans Voltaire le misérable envers de l’homme opposé à l’endroit du personnage historique, et il est curieux de le suivre dans cette investigation et cette opposition acharnées. […] Nicolardot lui-même, tout curieux qu’il pût être d’exhumer ces mille petitesses et ces ignominies dont il nous fait un si rude compte aujourd’hui, aurait laissé se dissoudre en paix cette cendre froidie, sous la pierre indulgente du tombeau. […] Il est aussi, à sa façon, une forte étude intellectuelle d’un esprit qui, comme les grands palais, quand on les visite, a toujours quelque curieux appartement qu’on oublie.

27. (1890) L’avenir de la science « VII »

Le curieux et l’amateur peuvent rendre à la science d’éminents services ; mais ils ne sont ni le savant ni le philosophe. […] Bayle et Charles Nodier ne sont que des curieux, et pourtant ils sont déjà presque des philosophes. […] C’est donc humilier la science que de ne la relever que comme intéressante et curieuse.

28. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Excellent homme, type honnête, modèle de probité, très-instruit et à côté de cela assez ignorant ; fin, malin, un peu taquin, curieux ; bon observateur et tout à côté un peu naïf, un peu simple et, comme il s’agit de Paris, j’allais dire un autre mot. […] Mais peu importe ; il y a dans celui-ci quantité de renseignements curieux, inestimables, et qui ne sont que là. […] Delécluze le plus grand bien auprès des jeunes générations d’artistes ou de curieux d’art avec qui il avait été auparavant en guerre sur des points de doctrine. […] Mais Étienne met une grande importance à tout ce qui arrive à Étienne ; et, à voir sa bonne foi, les détails dans lesquels il entre, les particularités instructives ou curieuses qu’il y rattache, on finit par s’intéresser à lui avec lui. […] C’est un nommé de Lavoipière, dont j'ai sous les yeux une curieuse lettre par laquelle il sollicite du Président de la République, le prince Louis-Napoléon, en juillet 1852, une place de conservateur des Musées.

29. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Jamais elle ne doutera de la raison, ni ne la répudiera, comme Rousseau : et toute sa vie sera un exercice assidu de la raison qui est en elle, virile, ferme, vaste, curieuse, capable de toutes les vérités. […] L’art antique ne lui dit rien ; comparez encore les descriptions de Corinne à certains passages des Martyrs et de l’Itinéraire : ici les visions d’un artiste puissant, là les notes d’un touriste curieux. […] Elle modifie d’une curieuse façon la théorie de Montesquieu ; on ne l’a pas assez remarqué. « La division du corps législatif, l’indépendance du pouvoir exécutif, et avant tout la condition de propriété : telles sont les idées simples qui composent tous les plans de constitution possible. » Le premier article et le troisième sont surtout importants. […] L’ouvrage intitulé De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800) est un curieux livre, confus, plus clair dans le détail que dans l’ensemble, naïf parfois jusqu’à la puérilité, mais, à tout prendre, original, suggestif, un livre intelligent enfin : il y a des chefs-d’œuvre auxquels on hésiterait à donner cette simple épithète. […] Le passage est curieux, d’autant qu’il relie l’Allemagne à l’idée maîtresse de la Littérature : « Les nations doivent se servir de guides les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prêter.

30. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Il serait curieux de retrouver les positions d’origine des chefs de, ce mouvement vague, falot et si réel : il y a des chrétiens, des catholiques, le parti de Mun ; il y a des philosophes, les néokantiens, les néo-thomistes ; il y a des politiques : les adversaires d’un régime républicain de nuance maçonnique ; il y a des artistes : les successeurs des naturalistes, donc leurs adversaires en esthétique, en morale, en politique, en [sociologie. — Ce pieux mouvement n’est pas sans danger. […] Le mysticisme étant la méthode d’un esprit curieux de savoir, mais tournant sa curiosité sur soi-même, y cherchant une interne et intuitive lumière, — pour un païen est plutôt plastique, artistique, philosophique, pour un chrétien théologique et religieux ; celui-là apparaît dans les civilisations décadentes, celui-ci aux âges naïfs. […] Les curieux de telle littérature seront suffisamment mis en goût par l’inquiétante et prestigieuse Introduction de Maurice Maeterlinck, et ils ne regretteront pas, à la lecture de sa version, de ne savoir déchiffrer le texte. […] Le nombre des opportunistes de la science, soit des esprits hypocritement curieux de nouveautés mais en fait bien décidés à ne pas se les annexer, est petit, et il est utile, car il force les savants non officiels à un surcroît de circonspection dans leurs exposés. […] Cette « position » curieuse, que je reconstitue analytiquement, M. 

31. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Le prix convenu de ce curieux historique de la vie japonaise était de 150 rios d’or (le rio d’or vaut une livre sterling). […] Il est curieux, ce petit livre, par la figuration de l’auteur présentant son livre à l’éditeur, agenouillé, les deux mains posées à terre dans une attitude de supplication, curieux par la modestie de la préface de l’écrivain-dessinateur. […] Une impression curieuse. […] À propos de fleurs, Hokousaï nous révèle un curieux ton de l’aquarelle de là-bas : c’est le ton du sourire. […] Sait-on d’où vient cette curieuse pochade ?

32. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il est curieux de voir comment, dans un cas analogue, le grand poète de l’Allemagne, Goethe, traita différemment l’une de ses jeunes admiratrices, qui lui déclarait avec exaltation son amour. […] Ce livre, traduit en français par une femme de mérite qui s’est dérobée sous le pseudonyme de Sébastien Albin, est un des plus curieux et des plus propres à nous faire pénétrer dans les différences qui séparent le génie allemand du nôtre. […] Goethe tirait de la poésie de tout ; il était curieux de tout. […] Les réponses de Goethe à ces accents héroïques sont curieuses. […] Ici encore Goethe garde bien son caractère de curieux qui étudie et qui cherche à s’expliquer naturellement les êtres et les choses.

33. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

5 mars Curieux êtres que nos étourdis, nos dissipateurs, nos fous ! […] * * * — C’est curieux le mépris de la vieille Grèce pour la Rome du temps d’Auguste, pour la Rome polie, considérée par elle comme barbare, et dont ni Lucien, ni Denys d’Halicarnasse qui parla si bien des choses romaines, n’osent mentionner les poètes et les artistes : mépris d’une douce civilisation pour un peuple de soldats, et dont nous avons la délicate traduction dans ce refus d’une courtisane de coucher avec un fanfaron guerrier, se figurant coucher avec le bourreau. […] * * * — Une révélation curieuse, à la fois sur le luxe et la misère de Paris. […] Octobre La curieuse étude qu’il y avait à faire, il y a une vingtaine d’années, sur les originaux de la province, légués par le xviiie  siècle à ces temps-ci. […] — Mais c’est entre M*** et M***, même que nous avons vu par terre des gouttes de sang. — De sang, Messieurs, c’est trop curieux.

34. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

D’autant que la science de Palissy n’est point abstraite : ce curieux obstiné, qui vécut tant d’années pour son idée, ce sévère huguenot, qui n’échappa à la Saint-Barthélemy que pour mourir à la Bastille, s’est mis tout entier dans tous ses ouvrages ; il ne peut parler agriculture et chimie sans répandre au dehors toute son originale et forte nature, sa large intelligence, sa liante moralité, son ample expérience de l’homme et de la vie. […] En même temps s’était formé un public curieux de tels récits, et qui dans l’antiquité même ne goûtait rien tant que les vies, les portraits d’âmes grandes et hautaines se dépeignant par leurs actions. […] D’assez bonne maison pour ne pas s’inquiéter trop de sa fortune, aventureux et aventurier, il n’a l’âme ni féodale ni moderne : sans foi chevaleresque, et sans patriotique affection, il court le monde, pour sa fortune, mais surtout pour voir, curieux admirateur de tous les égoïsmes qui se déploient avec force ou avec grâce. […] Le Journal de l’Estoile, si curieux, n’a point de valeur littéraire.

35. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Tous ces curieux détails, M.  […] disait en se défendant une dame très curieuse de toutes choses, mais c’est joliment ressemblant ! […] Il est curieux de connaître sur une pareille question l’opinion d’un écrivain de logique autant que d’inspiration. […] Voici, par exemple, l’abrégé d’un passage très curieux. […] Rapin l’affirme dans ses curieux Mémoires.

36. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Nous en savons déjà assez pour connaître ce qu’était Froissart, quelle nature légère, enjouée, musarde, curieuse. […] Il est curieux de l’entendre lui-même exposer ses raisons de voyage, tout rempli qu’il est de l’importance de l’œuvre honorable qu’il veut parfaire et achever. […] Dans ce pays qui a conservé sans interruption le culte du gothique fleuri et de la noblesse chevaleresque, Froissart n’a pas cessé d’être apprécié, ou du moins il a de bonne heure retrouvé des lecteurs d’élite et des admirateurs, non pas seulement chez les savants et les érudits comme en France, mais chez les hommes de lettres et les curieux délicats. […] C’est un curieux, et d’une curiosité qui lui est propre. […] Il a, si l’on peut ainsi parler, la lèvre curieuse et un peu crédule.

37. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Alphonse François a fait entrer des notices exactes et curieuses. […] C’est ici que se place un des plus curieux épisodes littéraires d’alors, un de ces accidents qui caractérisent le mieux et l’esprit de l’époque en particulier et l’éternel esprit de cette race parisienne, qui survit à toutes les époques et que les régimes les plus divers n’ont point changé. […] Étienne au Théâtre-Français avait été la grande nouvelle littéraire depuis plus d’un an ; sa réception facile et précoce à l’Académie avait fort occupé tous les curieux et tous les amateurs littéraires, dont le nombre était grand à cette époque la plus oisive de l’Empire. […] Rien n’était curieux comme la vue de la salle à cette première représentation : le plus vif du spectacle consistait dans les spectateurs : Il était piquant, dit M.  […] Par sa radiation injuste de l’Institut après les Cent-Jours, on fit de lui l’homme de l’opinion, et il profita avec art de ce revirement inattendu : « Il est des injustices si criantes, disait-il, qu’il y a une certaine douceur à les subir ; le public vous rend alors bien plus que l’autorité ne vous ôte. » Il est vraiment curieux de considérer ce fonds du vieux parti libéral à sa naissance, de voir quels en furent les premiers fondateurs, et d’où ils étaient sortis.

38. (1925) La fin de l’art

Pitollet qui a rassemblé ces détails et quantité d’autres dans un bien curieux article de l’Intermédiaire. […] La peinture est une convention bien curieuse, et ce n’est peut-être que cela. […] Il est, matériellement, bien curieux. […] On y apprend que, comme toutes les autres provinces curieuses de France ou des entours, la Savoie fut découverte par les Anglais. […] Où donc ai-je vu cette cathédrale où il y a de si curieux effets de lumière dans les vitraux ?

39. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XX. Des Livres de facéties, des recueils d’anecdotes & de bons mots. » pp. 381-385

Les plus curieux sont le Menagiana en quatre vol. […] La Bibliothèque curieuse & amusante du Pere Niceron, en trois vol.

40. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Jules Claretie n’a voulu être que le sténographe de tant de scènes, d’aventures curieuses. […] Je ne reproduirai pas toute la scène qui fut des plus curieuses et qui se résume à ceci : — Voulez-vous guérir ? […] On y trouvera sur les cours de Russie et d’Angleterre, sur celle de France aussi, de curieuses notes. […] » Rien ne fut plus curieux que la façon évasive avec laquelle il répondit à toutes les questions à ce sujet. […] Voici une partie de cet authentique et curieux récit relatif au moment où Méda arrive dans la salle du Conseil à l’Hôtel de Ville.

41. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

L'Auteur y expose tout ce qui a rapport aux anciens exercices si chers autrefois à la Nation, comme les joûtes, les combats, les triomphes, les tournois, les carrousels, les courses de bague ; il y parle aussi des cartels, des duels, des dégradations des noblesse, de chevalerie, & de mille autres objets aussi curieux qu'intéressans. […] Comme cet Ouvrage, qui suppose autant de connoissances que d'application, peut être infiniment utile à la jeune Noblesse & à tous les Militaires curieux d'avoir une juste idée du Corps Germanique, nous saisissons cette occasion de le faire connoître ; & nous ne pouvons mieux y réussir, qu'en rapportant la Lettre d'un Ambassadeur de l'Empire d'Allemagne, adressée à l'Auteur même qui lui en avoit envoyé un exemplaire.

42. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

De l’humeur dont je vous connais, une galanterie sur ces matières [galanterie veut dire badinage, un badinage sur ces matières] vous plaira plus que tant d’observations savantes et curieuses. […] Je serais merveilleusement curieux que la chose fut véritable…, etc. » Suivent toutes sortes d’histoires qui ne se rapportent véritablement qu’à sa famille et qui n’ont d’intérêt que pour des personnes de sa famille. […] Autre texte tout à fait curieux à cet égard. […] Le portrait de sa cousine Pidoux est intéressant surtout pour MlIe de La Fontaine, mais il est curieux parce qu’il est bien fait, gracieux, aimable, et puis, il est aussi curieux comme caractéristique des goûts de La Fontaine et de sa façon, je ne dirai pas de s’enamourer, mais enfin de commencer l’évolution d’un certain sentiment à l’égard d’une beauté. […] Grand moraliste, il n’a pas voulu être un psychologue curieux, ni même informé.

43. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Ainsi disaient ces sœurs… Ce passage est tout à fait curieux à extraire et à retenir au point de vue de l’idée. C’est une boutade de La Fontaine ; mais au point de vue de l’histoire littéraire et des idées poétiques, ou même des idées philosophiques dans l’histoire littéraire, le passage est assez curieux. […] Le livre que j’en fais aura, sans contredit, Plus que ceux de Platon de vogue et de crédit. » Pendant que je répare mes oublis, vous me permettrez de vous donner une petite indication qui vous intéressera à certains égards ; elle est curieuse. […] Le détail est assez curieux, je ne voulais pas le laisser passer. […] Le couplet est beau ; ce couplet de satire est fort intéressant en lui-même, il est curieux, il est amusant, mais… à qui en veut La Fontaine ?

44. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Après dîner, je tombe sur un petit album de Gavarni, où il a cherché à rendre les penchements de côté et en avant des jockeys, dans la rapidité d’une course : « Tiens, dit-il, regarde ça, c’est curieux, j’ai relevé, un matin, dans une allée de course à Chantilly, une piste », — et il me fait voir un petit losange se resserrant et obliquant jusqu’à une ligne, formée de points qui ferait croire, qu’à la fin le cheval ne court plus que sur un pied : « C’est drôle, n’est-ce pas ? […] » * * * — Le vin de Bar est un vin curieux : on dirait un vin de Bourgogne, dans lequel commence à prendre naissance le vin du Rhin. […] C’est vraiment curieux la parenté du récit de Judith, allant trouver Holopherne, avec le récit de Salammbô, se rendant au camp de Mathô. […] Il me donne de curieux détails sur les courtisanes chinoises. […] Un autre détail curieux.

45. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

On a cette correspondance, qui est curieuse par le ton. […] J’engage les curieux à relire le passage qui commence par ces mots : « Dites-moi pourquoi, détestant la vie, je redoute la mort… » et qui finit par ces mots : « J’avoue qu’un rêve vaudrait mieux. » Un critique anglais, au moment où les Lettres parurent à Londres, remarquait avec justesse que Mme Du Deffand semble avoir combiné dans la trempe de son esprit quelque chose des qualités des deux nations, le tour d’agrément et la légèreté de l’une avec la hardiesse et le jugement vigoureux de l’autre. […] Walpole était un curieux, un amateur, antiquaire, bibliophile, ayant toutes sortes de goûts et peut-être même quelques manies. […] Il est curieux de recueillir les impressions de ce spirituel et clairvoyant ami : il se relève dans notre esprit et se fait absoudre de ses petites duretés et froideurs à son égard par la manière dont il parle d’elle à d’autres qu’elle. […] Je ne dirai rien des lettres de Mme Du Deffand au point de vue historique, et du jour curieux qu’elles jettent sur la fin de Louis XV et sur les premières années de Louis XVI.

46. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

« Est-ce curieux, notent les de Goncourt à propos de Belot, est-ce curieux : cet homme qui, dans la souffrance, a des sensations distinguées, assaisonnées de remarques et de réflexions presque littéraires, lorsqu’il écrit est absolument dénué de littérature et ne se doute pas du tout de ce qui fait la beauté d’un livre. »41 Si l’être qui souffre n’est plus un médiocre, le résultat s’élève d’autant. […] Certes, disséquer sa souffrance, c’est, pour un curieux de soi-même, en partie l’adoucir. […] Mon livre viendra, malgré tout, en son temps. » 46 De la même maladie Aubryet nous laisse, outre des descriptions exactes à en frissonner comme celles précédemment citées, une très curieuse étude de « Psychologie mondaine ».

47. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

C’était le cas déjà de Marguerite : c’est celui d’Heroet, le subtil, mystique et platonicien poète de la Parfaite Amye, c’est celui de Pelletier, le chercheur de voies ignorées, le curieux ouvrier de formes et de rimes. […] Il la veut riche, exacte pour l’oreille, point curieuse, et point facile : qu’on ne fasse pas rimer le simple avec le composé. […] Mais on le sent artiste dans l’attention qu’il donne à la sonorité des vers, dans cette curieuse prière qu’il adresse à son lecteur de ne point lire sa poésie « à la façon d’une missive ou de quelques lettres royaux », dans des remarques telles que celle-ci sur la valeur sensible des sons : « A, O, U, et les consonnes M, B, et les SS finissant les mots, et, sur toutes, les RR qui sont les vraies lettres héroïques, sont une grande sonnerie et batterie aux vers ». […] D’autre part, si curieux qu’ait été Ronsard de s’éloigner du vulgaire, il n’a jamais hésité à condamner les auteurs turbulents qui, « voulant éviter le langage commun, s’embarrassent de mots et manières de parler dures, fantastiques et insolentes ».

48. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

Voici, dans un autre genre, une découverte plus curieuse et plus importante. […] Il ne fallait qu’aller aux manuscrits de la Bibliothèque nationale pour y trouver le manuscrit de Louis XVI y dormant, dans son carton, du sommeil du juste, pour, du bout d’une plume de copiste curieux, l’éveiller. […] Ce Journal si curieux donne en effet, les proportions, ignorées jusqu’à ce jour, de la passion qui tenait Louis XVI et qui ne le lâcha jamais.

49. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Il y a un morceau très curieux de lui, sur Pétrarque, où il pose en fait et en doctrine que la passion a un tel besoin de presser et de tordre son expression qu’elle arrive aux concetti les plus inattendus et aux fioritures les plus compliquées. […] En nous résumant donc sur la valeur d’un homme dont le talent, curieux à étudier, fut plus grand que la renommée, nous dirons que l’auteur des Confidences et du Couvre-feu est, comme tous les poètes célèbres de son temps, un grand talent de décadence, mais dont l’âme, très peu de son époque, rachète la fausseté du goût. […] Quand nous en sommes aux Dames Bovary, comme nous voilà maintenant, pour toute observation, il serait curieux d’examiner  un livre de la beauté spirituelle et morale de Lionel d’Arquetenay.

50. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Telle est l’idée générale de ce volume qui se compose d’une suite de petits Mémoires, et dans lequel l’auteur semble n’avoir pris son sujet principal que comme un prétexte à quantité de remarques nouvelles, à des dissertations curieuses, et, ainsi qu’on aurait dit autrefois, à des aménités de la critique. […] Il serait curieux de suivre en détail avec le critique cette traduction habilement infidèle et toute calculée, dans laquelle l’églogue païenne de Virgile est devenue un poëme chrétien, et qui transforme définitivement le dieu épiphane de la Sibylle en la personne même du Rédempteur. […] J’en ai dit assez pour signaler aux curieux l’espèce d’intérêt philosophique et historique qui s’attache aux recherches philologiques de M. 

51. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Elles marquent une époque curieuse dans l’histoire des lettres depuis le moment où tout Saint-Denis, révolutionné, se mettait aux fenêtres pour voir passer les « décadents » jusqu’au moment où le vagabond Verlaine recevait, dans un galetas du quartier Saint-Jacques, au milieu de l’élite de la Jeunesse, par l’organe du comte Robert de Montesquiou-Fézensac, les hommages de la Noblesse de France. […] Le hasard me donne pour compagnon de route Edmond Girard qui est une bien curieuse figure de ces temps-ci. […] Il a écrit ses Derniers jours, en collaboration avec Gustave Lerouge, recueil curieux par les documents qu’il contient et préfacé par Maurice Barrès.

52. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Les monographes les liront et feront sur eux de curieuses thèses, comme nous en faisons sur d’Urfé, sur La Boétie, sur Bodin, etc. […] Soit, par exemple, l’histoire de la médecine, une des plus curieuses et des plus importantes pour l’histoire de l’esprit humain. […] C’est une curieuse expérience que celle-ci, et je parierais qu’on la ferait sans exception sur toutes les histoires générales. […] Et pourtant elles ont été nécessaires pour caractériser l’étendue, l’importance, la physionomie de ces colonies avancées de la Grèce ; sans ces laborieuses recherches, on eût ignoré une des faces des plus curieuses de l’histoire de l’hellénisme en Orient. […] Vraiment, en quoi tant de recherches érudites, tant de collections faites par des esprits faibles et sans portée, diffèrent-elles de l’œuvre du curieux qui assemble sur ses cartons des papillons de toutes couleurs ?

53. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

La table des pièces à conviction est à demi cachée par le dos des curieux et le dos des municipaux coupés de buffletteries, penchés dessus. […] Il nous révèle une chose curieuse : c’est que le peuple ne dit pas la prochaine révolution, il dit la prochaine liquidation. […] Lefebvre de Béhaine me parlait d’un curieux coin, dans lequel l’étrangeté d’Hoffmann se mariait à la fantaisie d’Henri Heine, et où il va, à Berlin, en compagnie de sa femme, passer ses journées trop ennuyées d’exil. […] Il y aurait un bien curieux, un bien intéressant et un bien nouveau volume, à faire de fragments de récits militaires, intitulé : La Guerre, — où l’on ne serait que le sténographe intelligent de choses contées. […] * * * — Un curieux personnage de l’endroit, que le braconnier appelé Gros Sou, mort, ces jours-ci, la ligne à la main.

54. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Le roman symboliste achève son éphémère, brillante et curieuse floraison. […] Vidal (nouvelles) renferment des pages curieuses. […] Camille Mauclair est un curieux. […] On ne peut imaginer rien de plus curieux et de plus étrange. […] Jules Bertaut sont à ce sujet un document curieux.

55. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Elle est vraiment curieuse, et la voici : Un faible d’esprit, épris de sa sœur, non absolument sensuellement, mais plutôt plastiquement, et un peu à la façon d’un, qui serait amoureux d’un rayon de soleil, était gênant pour l’établissement de la jeune fille. […] * * * — En littérature, il n’y a plus que les choses et les drames de l’âme qui m’intéressent : les faits divers les plus curieux de l’existence des gens, me semblent du domaine des romans des cabinets de lecture. […] Aujourd’hui à la table de la princesse, une curieuse conversation, sur les morphinomanes entre Magitot et Dieulafoy. […] Il cause de la femme russe et de son curieux dédoublement dans les choses d’amour, où chez elle, un troisième personnage, tout cérébral, semble seulement comme témoin, prendre un extrême plaisir à la physiologie de la chose, et aux expériences ultra-libidineuses. […] Mon cabman, en passant comme le vent, jeta aux curieux deux mots anglais signifiant : « Retournez-le ! 

56. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Lundi 10 novembre 1862 Ayant pris nos précautions comme nous l’avons fait, nous pouvons maintenant insister sur les parties curieuses et intéressantes de ce Mystère de la Passion qui, pour nous, fait type. […] C’étaient ces mêmes figures sculptées et peintes qu’on voit encore sur les retables d’autel de ce temps-là, et qui se mettaient à marcher et à agir devant les curieux édifiés. […] En supprimant les scènes intermédiaires et qui coupent à tout instant l’épisode, en le détachant du reste, on a quelque chose de curieux et d’assez amusant qui nous ouvre un jour sur les mœurs du monde élégant de ce temps-là. […] On dirait que l’humanité en avançant est surtout soigneuse de s’observer tout le long de sa route, de se décrire, de laisser de soi, aux différents âges, des portraits ressemblants, tels quels, qui serviront ensuite de termes de comparaison, de documents biographiques et historiques, aux curieux, qui viendront après.

57. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

Lorsqu’en parcourant les manuscrits ou les vieux livres, il découvrait quelque pièce curieuse, inconnue ou très rare, et qu’il jugeait de quelque intérêt pour ses confrères les amateurs, il la faisait imprimer ou réimprimer à quelques exemplaires, et quelquefois dans les mêmes caractères gothiques que l’ancienne édition ; il faisait précéder la réimpression d’une petite notice, où il ne disait que l’essentiel, où il ne criait jamais à la découverte, et qu’il ne signait que de ses simples initiales (G.  […] Un grand nombre de ces réimpressions, qui sont dans les bibliothèques des curieux, ont été procurées, comme on disait autrefois, par les soins de M. 

58. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

En dépit de quelques noms éclatants, de quelques curieuses ou grandes œuvres, le xive  siècle et le xve font un trou entre les richesses du moyen âge et les splendeurs de la Renaissance. […] Le mal n’est pas qu’il aime les formes curieuses et parfaites ; mais il les estime seulement selon l’effort et contorsion d’esprit qu’elles nécessitent. […] On voit à la fin du xive et au commencement du xve  siècle tout un groupe de lettrés, curieux et enthousiastes de l’antiquité latine, Oresme, Gerson, Pierre d’Ailly, Nicolas de Clamenges, Gonthier Col, Guillaume Fillastre, d’autres encore. […] L’œuvre d’Oresme est un témoin curieux de la crise que traverse la langue à cette époque. […] Voici les Gesta Romanorum, ou bien l’Échelle du Ciel (Scala Cœli), à l’usage de ceux qui aiment les contes Voici l’Unirersum prædirabile, pour les curieux d’histoire naturelle, de physique, d’astrologie.

59. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

La Fontaine est né à Château-Thierry, dans cette ville qui s’appelait déjà, au dix-septième siècle, par une abréviation assez curieuse, « Chaury », (La Fontaine l’écrit souvent ainsi, quand il date ses lettres), et qui s’appelle encore ainsi dans la familiarité des conversations. […] Il est curieux à considérer au point de vue de l’influence qu’il a pu avoir sur La Fontaine. […] Ces textes sont sollicités en sens divers, et, par exemple, il y a toute une dissertation assez curieuse que vous verrez dans le La Fontaine de M.  […] C’est sous l’influence de Mme de La Sablière et de son entourage, qu’il est devenu curieux des choses de sciences, qu’il est devenu curieux des choses de philosophie. S’il y a une philosophie de La Fontaine  et qui est fort curieuse  je crois que c’est au monde, à la société de Mme de La Sablière qu’il la doit.

60. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Et il tire des rayons un volume : Théâtre de M. le comte de Montalembert, joué sur le théâtre de Montalembert… Votre tableau de Paris m’a vivement intéressé, c’est bien curieux… Je vous ai écrit… Oui…. […] Vous savez que je pense comme vous et non comme elle… Tous ces hôtels, c’est bien curieux à suivre dans votre livre… Je me rappelle, quand nous sommes revenus de l’émigration, il y avait un cheval qui tournait une meule dans le théâtre de notre hôtel… Si vous aviez pu recueillir en province la tradition orale, hélas ! […] Fossé d’Arcosse, un long vieillard osseux, tout en feuilletant des paperasses qui tiennent de l’histoire : « Oui, oui, je vais y arriver, fait-il, je sais, il y a deux branches dans cette famille… et même une particularité curieuse : chacune de ces branches avait 100 000 livres de fortune sous Louis XIV. […] C’est vraiment curieux d’étudier combien le voltairianisme est jeune, ardent, militant chez ces vieillards. […] De la grande impure, je ne sais plus par quel tour et quel saut, la conversation va à Thiers, et Barrière nous conte encore cette curieuse anecdote sur l’homme d’État.

61. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Le gros homme politique devient, en ces jours, la bête curieuse que se disputent les salons. […] » À propos de Diaz, une curieuse anecdote. […] C’est une confession très curieuse et très vraie de la jeune fille, parfaitement heureuse. […] Lundi 2 avril C’est curieux, la férocité toute particulière des haines, que nous avons le privilège d’exciter, — nous les Goncourt. […] Lundi 12 novembre Un curieux type à fabriquer avec ce marquis de Saint-Senne, vivant dans une mansarde, en face du plus beau tapis persan du seizième siècle connu, et possédant dans deux ou trois malles, — des malles des bonnes de la campagne, — les plus belles épées, les plus riches majoliques, et pour garder ces trésors, se privant de tout, et mangeant dans une crémerie.

62. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Eh bien, — ceci est très curieux et il faut le dire, — il n’a rien vu du tout de ce qu’il aurait dû y voir ! […] Nous sommes aussi curieux que Doudan lui-même, qui était curieux de tout et qui disait : « Je n’ai jamais passé devant un chenil sans avoir envie de savoir comment on y pensait et comment on y vivait. »

63. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Si nous en croyons les dépositions curieuses et terribles de l’histoire d’Alaux, Soulouque, ce vieil enfant, car il avait plus de soixante ans quand il fut élevé à la présidence de la République d’Haïti ; Soulouque, « ce formidable poltron qui voit dans toute ombre un fantôme et dans tout silence un guet-apens », cet être absurde, fanatique, dévoré par des superstitions de sauvage, méfiant, fanfaron, cruel, mais apathique après que le sang, dont il a des soifs vraiment physiques, est versé ; Soulouque, ou, pour l’appeler du nom d’empereur qu’il s’est donné dans une farce officielle qu’aucun gouvernement n’a eu d’intérêt à empêcher, Faustin, est très au niveau, si ce n’est très au-dessous, du premier Cafre venu qui va s’éteindre sur la Côte d’Ivoire. […] C’est la seule critique que nous voulions faire d’un livre très curieux et très amusant, — curieux comme la vérité et amusant comme l’invention ; c’est la seule, mais elle suffira.

64. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Cependant, malgré ce défaut, il faut avouer que les mémoires du Pere Niceron sont curieux. […] Ce livre est fait avec impartialité & écrit d’une maniere ingénieuse ; ce sera un jour un recueil aussi curieux qu’utile à consulter.

65. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Il est vrai que les personnes curieuses y devoient avoir déja connoissance des découvertes du pere Manuël D’Almeïda et du pere Hieronimo Lobo, quoique l’histoire de la haute éthiopie du pere Tellez, qui le premier a donné ces découvertes au public, ne fut pas encore imprimée. […] Mais les rélations particulieres que les jesuites portugais avoient envoïées à Rome, et ce qu’en avoient raconté ceux d’entr’eux qui étoient repassez en Europe, devoient y avoir appris déja aux curieux comment étoient faites les sources du Nil qu’on avoit enfin découvertes dans l’Abyssinie.

66. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

On y distingue un bel endroit sur les subtilités de cette Grèce curieuse, et sur cette autre philosophie toute pratique, mâle et frugale, des Romains, et qui les rendit maîtres du monde. […] Il cherche une explication ; il la donne insuffisante, incomplète ; mais c’est un curieux que ce Velléius, et en ceci un curieux déjà à la Bacon. — Le passage où il déplore la mort de Cicéron est des plus remarquables aussi et d’une véritable éloquence. […] Les curieux pourraient chercher dans le Recueil de plusieurs pièces d’éloquence et de poésie présentées à l’Académie française… une page du discours de M. de La Chapelle, directeur de l’Académie, répondant à M. de Valincour, qui venait y prendre séance à la place de Racine, le 27 juin 1699.

67. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Aussi de curieuses tendances s’indiquent-elles dans la jeunesse : après plusieurs générations de savants et de struggle-for-lifers, nous avons vu paraître des générations en qui le culte de la science n’est pas amoindri sans doute, et qui ne professent pas non plus le hautain renoncement, mais qui ont enfin, au moins dans l’imagination, par saillies d’intention, par bouffées de bonne volonté, la religion de la morale. […] Faguet959, qui semble se garder avec soin des théories générales comme de l’érudition et des anecdotes, donne de curieuses études d’esprits. […] S’ils diffèrent une fois d’impression, il donne raison à ce public contre lui-même ; au lieu d’aider la foule à s’affranchir, à s’éclairer, à s’élever, il la flatte dans la médiocrité de ses goûts, il l’entretient dans l’illusion béate qu’il n’y a rien de curieux à chercher au théâtre que les satisfactions du vaudeville et du mélodrame. […] L’un, par le Théâtre Libre : M. de Curel, qui a donné quatre pièces d’une psychologie curieuse, parfois profonde, toujours originale975.

68. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

— Il est vrai qu’elle est le succès le plus curieux, le plus grand et le plus facile de tout le dix-neuvième siècle, et le succès a toujours de très humbles et très obéissants serviteurs qui, comme des laquais, se galonnent de respect sur toutes les coutures ; mais, après tout, elle n’est pas pour cela inviolable, et même elle ne voudrait pas l’être, cette fille de la Libre-Pensée ! […] » III Et la manière dont elle se renie est aussi curieuse que le reste ! […] Quand je fis Lelia, dit-elle encore, on m’avait accusée d’être philosophe, je voulu voir ce que c’était que la philosophie, (Curieuse !) […] Page curieuse de l’histoire littéraire à écrire !

69. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Il y publia les Minutes de sable mémorial et de curieuses fantaisies. […] On y trouve des pages inédites de Charles Cros et de Paul Verlaine, de curieuses révélations d’Ernest Delahaye sur Rimbaud dont il fut le condisciple au collège de Charleville, des notes pour faire suite aux confessions de Paul Verlaine, du même Delahaye en collaboration avec Cazals et des études d’Achille Delaroche sur les Écoles littéraires qui firent, à l’époque, quelque bruit.

70. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Mais n’est-ce pas une curieuse peinture que celle de l’École Tolstoï ? […] À côté de ce mouvement, on découvre une très curieuse étude psychologique de la « popularité ». […] Une observation curieuse et amusée par le détail typique, une ironie un peu voilée et une sensibilité légère en sont aussi les éléments essentiels. […] Armé de cet outil souple et bien trempé, il cisèle des figures qui intéressent et divertissent et qui sont curieuses d’aspect et de contours, étant souvent même singularisées par un tic discret. […] Voici d’abord Gérard d’Houville, curieuse amoraliste dans l’Inconstante et dans Esclave.

71. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Gréard le suit pas à pas, jusqu’à l’Opéra où nous le rencontrâmes tant de fois, sur la scène, curieux de toutes choses, faisant là aussi sa moisson d’observations. […] Personne plus que lui n’a contribué à faire l’histoire, en ayant l’air de rester témoin curieux plus qu’acteur. […] C’est à cette conscience d’écrivain que nous devons le bloc énorme de détails curieux et effroyables qui forment le volume que nous venons de lire. […] « C’est encore curieux, comme les assureurs étaient renseignés ! […] Maurice Barrès publie un volume très captivant composé d’impressions d’art, de critique, de philosophie, d’études littéraires et de curieuses notes de voyage en Espagne et en Italie.

72. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Par exemple, cet auteur dans le troisiéme chapitre du livre onziéme de ses institutions, où il donne des leçons si curieuses sur le soin qu’un orateur doit avoir de sa voix, et sur la recitation, dit, en parlant de plusieurs mauvaises manieres de prononcer : " il n’y a point de désagrément dans la prononciation qui me choque autant que d’entendre dans les écoles et dans les tribunaux, chanter la modulation théatrale. […] Que ceux qui seront curieux de connoître à quel point les anciens avoient approfondi cette matiere, lisent ce qu’en a écrit saint Augustin dans son livre sur la musique. […] On sera bien plus curieux d’apprendre une autre chose, je veux dire la maniere dont la musique metrique marquoit les temps dans toute sorte de mouvemens du corps.

73. (1925) Portraits et souvenirs

Il nous reste de lui un livre admirable et le portrait curieux dont je parlais tout à l’heure. […] Les lecteurs qui en pourront être curieux les trouveront dans le volume où M.  […] Barrès est-il curieux de pittoresque psychologique, autant que de pittoresque local. […] Ce serait là le sujet d’une étude fort curieuse, mais qui dépasserait les limites d’un simple article. […] Il nous y montre dans « une idylle entre Dilettanti » de curieuses figures d’autrefois.

74. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

“C’était, ajoute l’éminent professeur un grand curieux”. […] Mais ce qu’il y a de plus curieux, c’est que j’ai rencontré un jour toute une colonie de lépreux, en France même, du côté de Sarrau, dans le Morbihan, et cela peu de temps avant d’écrire mon roman. […] Il peut être curieux, comme corollaire de l’observation précédente, de relever quelques-unes des sources auxquelles s’adressa M.  […] Malot, car il nous ramenait par un curieux hasard, au début même de notre actuelle étude, à cette observation involontaire et géniale, le « cas Hamlet ».

75. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Rien de plus curieux que ces études mêlées de fantaisie, il est vrai, mais où, malheureusement pour l’espèce humaine, la vérité tient aussi sa place. […] Nous avions prêté une oreille curieuse aux prédications des Fouriéristes et des Saint-Simoniens, dont le panthéisme vague ne nous avait pas laissés indifférents. […] Je passe bien des curieuses pages dont la conclusion est invariablement l’influence dégradante de la religion mahométane. […] Chose curieuse rapportée par M.  […] Chose curieuse, il ne nous dit pas si le malheureux opéré survécut à l’opération.

76. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Le texte est vraiment curieux. […] Elle est curieuse. […] Il ne suffit pas de l’envoyer à l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux. […] À coup sûr, c’aurait toujours été très curieux. […] Je serais curieux de le savoir.

77. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade, dans son rôle modeste, avec son savoir déjà étendu et tout d’abord précis, son esprit net et fin, sa plume élégamment correcte, donna de bonnes indications, releva, des erreurs, informa les curieux de quelques points d’érudition acquis et connus à l’étranger, glissa dans ses extraits d’excellents échantillons de traductions ; de plus, il jetait par-ci par-là quelques grains de malice à l’adresse des faux érudits ou des pédants. […] Parmi les auteurs grecs dont il fit choix de bonne heure pour s’en occuper, il en est un qui est bien moins méprisable que les autres : c’est Aristénète, auteur peu connu, dont le nom même n’est pas certain, mais dont on a des Lettres galantes qui ne ressemblent pas mal à ce que pourrait être un tel recueil de la main de Dorât ou plutôt de Crébillon fils : il en est vraiment de charmantes dans le nombre, et toutes sont curieuses sur l’article des mœurs dans l’Antiquité. […] Il y eut un temps (et cela dura des années) où il cachait son logement ; il dépaysait les curieux et les dépistait ; il ne recevait chez lui à aucun prix, et ses meilleurs amis ne savaient où il demeurait. […] Il avait fait des rapprochements curieux de nos plantes avec celles dont parlent les anciens. […] Dübner possède au complet ces carnets qui contiennent les particularités les plus curieuses, les anecdotes académiques les plus piquantes, assure-t-on : il ne s’agit que de pouvoir les lire.

78. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Marais était un curieux de nouvelles dans la meilleure acception du mot, non pas un de ces curieux badauds, gloutons et qui gobent tout ce qu’on débite, mais un curieux déniaisé et jaloux d’être bien informé sur toute chose. […] Son prototype en ce genre était le bourgeois Pierre de L’Estoile, qui a laissé de si curieux Journaux de la Ligue ; ce L’Estoile, esprit libre, épars, et toujours à l’affût, avide de toute particularité et de tout détail, qui appelait Montaigne son vade-mecum, et qui avait pour lui la même prédilection que Marais avait pour Bayle. […] Un autre vieux classique de ce temps-là, M. de La Rivière, le gendre de Bussy-Rabutin, a jugé non moins sévèrement que Marais le salon de Mme de Lambert et son monde, quoiqu’il fût l’ami particulier de cette femme distinguée, sur laquelle nous nous permettons de différer d’opinion avec lui ; mais tous ces jugements et contre-jugements sont curieux, en ce qu’ils nous aident à comprendre le mouvement et les divisions de la société d’alors.

79. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Cette ourserie de l’homme de lettres au xixe  siècle est curieuse, quand on la compare à la vie mondaine des littérateurs du xviiie  siècle, de Diderot à Marmontel. La bourgeoisie de l’heure actuelle ne recherche guère l’homme de lettres que lorsqu’il est disposé à accepter le rôle de bête curieuse, de bouffon ou de cicérone à l’étranger. 14 mai Charles Edmond, qui a vécu partout et connu tout le monde, et qui, de temps en temps, dans la causerie, entrouvre ses mémoires, et en tire une curieuse figure, un souvenir caractéristique, nous conte ceci, à propos de la susceptibilité nationale des Italiens. […] Et nous les voyons, ces braves, risquer leurs os dans les airs pour attraper quelques bravos, nous les voyons avec je ne sais quoi de férocement curieux en même temps que de sympathiquement apitoyé, — comme si ces gens étaient de notre race, et que tous, bobêches, historiens, philosophes, pantins et poètes, nous sautions héroïquement pour cet imbécile de public… Au fait, quelqu’un a-t-il jamais vu une femme faire le saut périlleux, et la grande supériorité de l’homme serait-elle en cette seule et unique chose ? […] Et nous passons toute la soirée, à regarder le roi Louis XV passer la revue de sa maison militaire, son livret à la main, et les soldats microscopiques et les curieux refoulés à coups de crosse de fusil, et les chambrières montées sur le haut des carrosses, et dont un coup de vent fait envoler les jupes. — Notre plaisir mêlé d’un petit remords, d’avoir pu si peu donner d’argent, pour un si beau dessin, à de si pauvres gens !

80. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Curieuse la perpétuité de ces haines littéraires ! […] C’est curieux ce qu’a produit, plus tard, cet amalgame de tendances et de goûts différents de l’esprit. […] Zola est tout à fait curieux, il parle de ces choses, à voix basse, mystérieusement, comme s’il avait peur d’une oreille redoutable, qui l’écouterait dans l’ombre de l’appartement. […] À propos de ces funérailles — un détail curieux donné par la police — dans ces nuits de priapées, sur les pelouses des Champs-Élysées, toutes les Fantines des gros numéros, fonctionnaient, les parties naturelles, entourées d’une écharpe de crêpe noir. […] Oui, c’est très curieux… Tenez, hier au soir, dans la voiture qui les ramenait du théâtre, Mme C*** a fait une scène à son mari, de son larmoiement, au récit de la mort de la petite Doré par Déchelette, lui disant : “Je ne comprends pas votre attendrissement pour cette traînée !

81. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Un curieux être, un amoureux, un passionné, un notateur des bruits musicaux de la Nature, et qui nous fait une imitation admirable du bruit du mistral dans les pins du Midi. […] c’est curieux, fait-il, quelques minutes après, en tombant sur un album de théâtre. […] Je pensais aux petits hasards curieux qui produisent de grands événements. […] Une curieuse remarque à son sujet. […] Et n’est-ce pas vraiment curieux, la demande par cette droite, en termes injurieux, de la suppression de ma pièce, sur la dénonciation de M. 

82. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Le curieux de cette révolution, me fait remarquer Heredia, c’est que le retour à la nature de Ronsard, est amené par l’étude et l’emploi dans son œuvre de l’antiquité : retour qui a lieu plus tard chez André Chénier par la même source et les mêmes procédés. […] Constans raconte sur son séjour en Chine, des choses assez curieuses. […] Et un dîneur disait à ce sujet une chose curieuse. […] Et c’est vrai, il y a chez Léon, un amalgame du Nord et du Midi, et le garçon est curieux aussi, parce que c’est un enfant dans la conduite de la vie, et qu’il se trouve avoir une cervelle de l’homme mûr dans les choses de l’intellect. […] Et dans ses paroles revient, à tout moment, le nom de Bourgeois, de Constans, auxquels il a écrit, qu’il a vus, accusant chez lui un curieux envahissement de l’ambition politique.

83. (1925) Proses datées

Pierre Loti a horreur des curieux et des importuns, mais il sait être le plus avenant des hôtes. […] Moréas, en effet, était plus curieux des mots que des idées. […] Cela se voit dans la curieuse vignette que voici : « Nous aperçûmes M. de Lamartine. […] Elles sont curieuses ces trois préfaces, dont aucune ne vit le jour, et visiblement paradoxales. […] Georges Cucuel nous fournit les renseignements les plus curieux et les plus circonstanciés.

84. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

. — Ballades : Louis XI, curieux homme (1896). — Ballades françaises, 1re série (1897). — Montagne, ballades françaises, 2e série (1898). — Le Roman de Louis XI, ballades françaises, 3e série (1899). — Les Idylles antiques, ballades françaises, 4e série (1900). […] En remontant davantage encore dans notre littérature, on trouverait même déjà de curieux essais de strophes en prose… Si la tentative de M. 

85. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Vendredi 22 février Bardoux, à la table des Charpentier, racontait un curieux dîner fait chez Axenfeld. […] Ce garçon, originaire du Poitou, et sorti d’une famille de la magistrature, en ce temps de sensualisme grossier, était un type du sensuel délicat, et du curieux dans les choses du boire et du manger. […] * * * — C’est curieux, ce besoin de dramatique qu’a l’humanité. […] Et c’est curieux, quand on pense que ces objets étaient généralement fabriqués dans un burg (yashki), sous la direction, l’encouragement de l’œil guerrier du propriétaire, tandis que nos burgraves d’Europe n’ont jamais été que de grossiers barbares. […] Jeudi 28 novembre Aujourd’hui, chez Burty, une curieuse et instructive séance.

86. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Quelle bonne fortune qu’une telle excursion, pour un jeune homme curieux et avide de merveilles comme on l’est en tout temps, comme on l’était surtout alors ! […] Cette petite Psyché, simple, crédule, naïve, curieuse, un peu menteuse, un peu désobéissante, et qui l’est jusqu’à la fin, intéressante pourtant et touchante par sa beauté, par ses pleurs, est bien femme. […] La plume d’Apulée n’est point malhabile ; elle est curieuse, elle est coquette même, fertile en diminutifs à la Catulle ; elle va reprendre des expressions antiques, elle sème les expressions neuves pour nous et inusitées. […] Mais, au lieu de rire et de secouer gaiement sa grossière enveloppe, il est pris dans un autre réseau plus subtil ; il se laisse conduire à des initiations redoutables, à la suite desquelles il est admis dans le collège des Pastophores, se faisant gloire désormais de montrer à tous sa tête rasée à large tonsure : circonstance curieuse à titre de témoignage : mais ce n’est plus là l’Apulée qu’il nous faut.

87. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Les collections en grand, et faites par des curieux, gens de savoir et de goût, ne sont autre, chose que les éléments de la science même, les données positives qui permettent, là où il y avait lacune, de combler les vides, d’asseoir des conjectures, d’établir des suites et des lois. […] Champfleury, et qui ne doit pas être un portrait en l’air, Gardilanne, a pour gibier spécial la faïence : l’objet n’est pas méprisable, et il y a de fort belles choses en faïence comme en porcelaine ; il y en a de fort curieuses, même pour l’histoire. […] Dalègre, en devenant curieux à l’excès, est devenu par là même avare, jaloux, rusé, hypocrite ; il joue serré avec son ami de Paris, il se cache de lui et le trompe : c’est un rival en faïence. […] Au tome Ier, page 101, des Causeries d’un Curieux.

88. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

On l’a beaucoup loué, il y a trois ou quatre ans, pour avoir réimprimé un recueil de Portraits de société du XVIIe siècle, dont un petit nombre sont vraiment curieux, et la plupart d’une fadeur, d’une insipidité écœurante. […] Cet heureux et infatigable chercheur a retrouvé dans les papiers Conrart, et a publié dans la troisième édition de Madame de Longueville une pièce fort curieuse, un Discours ou Mémoire d’une vingtaine de pages, intitulé Apologie de M. le prince de Marsillac. […] C’est bien assez que ce Mémoire soit curieux pour l’histoire de la Fronde. […] Pascal lui-même, à le bien prendre, et quoique inférieur de rang et de naissance, n’était qu’un honnête homme comme eux tous, un curieux, un amateur, qui ne devint écrivain de profession que par occasion et par rencontre.

89. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Théophile Gautier qui vient à eux cette fois, non plus seulement comme un curieux et comme un érudit, mais comme un franc auxiliaire ; il entre dans la question flamberge au vent et enseignes déployées, ou, pour parler son pittoresque langage, il y entre « comme un jeune romantique à tous crins de l’an de grâce mil huit cent trente. » Un tel point de vue, hardiment choisi, est bien fait pour éveiller l’intérêt, quand on sait à quelle plume vive, à quelle plume effilée, intrépide et sans gêne on a affaire. […] Je confesserai pourtant, avant d’aller plus loin, ma faiblesse : je suis de ceux qui ont toujours reculé devant cette poésie Louis XIII, et je n’ai jamais pu m’en inoculer le goût ; tout en désirant qu’il s’en écrivît une histoire exacte et critique, et en croyant qu’il en résulterait des jours curieux et utiles sur la formation définitive du genre Louis XIV, il m’a été impossible d’admirer à aucun degré (j’excepte bien entendu Corneille et Rotrou) aucun de ces poëtes. […] Ce manuscrit est uniquement fait pour être consulté par les curieux en quête sur ces matières, par ceux surtout qui ont à parler de Colletet. […] Un curieux manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal, qui a pour titre : Recueil de plusieurs pièces très-plaisantes du sieur Théophile, avec d’autres pièces de différents auteurs, etc.

90. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Par bonheur elle ne fut tirée très-entiere et très-bien conservée ; mais malheureusement pour les curieux, elle ne sortit de son tombeau que cinq ans après que M.  […] Les curieux sçavent bien qu’on ne rendroit pas au Titien la justice qui lui est duë, si l’on vouloit juger de son merite par celles des mosaïques de l’église de saint Marc de Venise, qui furent faites sur les desseins de ce maître de la couleur. […] Il n’y a point de curieux, qui du moins n’en ait vû des estampes. […] Le pape Clement XI qui avoit beaucoup de goût pour les arts, et qui aimoit les antiquitez, n’aïant pu empêcher la destruction des peintures de la vigne Corsini sous le pontificat d’un autre, n’a point voulu que les curieux pussent reprocher au sien de pareils accidens, qui sont pour eux des malheurs signalez.

91. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

D’Aubigné a cela de l’historien, et même du chroniqueur, qu’il est curieux. Nous savons ce que c’est qu’être curieux en pareil cas par l’exemple de Froissart, qu’on a vu dans ses voyages s’attacher à tous ceux qu’il rencontre et qui peuvent lui apprendre quelque particularité sur les grands faits d’armes et les entreprises. D’Aubigné, passionné qu’il est, entêté d’une cause, chatouilleux, railleur, un peu vain, n’est pas tout à fait dans les conditions d’un curieux accompli et à qui rien ne coûte pour s’insinuer et pour apprendre.

92. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

La partie de la correspondance qui devra le plus attirer les curieux est celle qu’elle entretint avec Mme de Sablé, à cause du bruit qui s’est fait depuis peu autour du nom de cette dernière. […] Il y a une histoire de fabrique de cire et de bougie qui ajoute à ce qu’on savait déjà, et qui prouverait une fois de plus que cette mauvaise langue de Tallemant (lequel n’était qu’un curieux malin et nullement un atrabilaire) n’en a pas trop dit. […] Faugère et les inconnus qu’il représente, que ces deux volumes devront s’ajouter désormais à la trentaine de volumes originaux et historiques qu’il suffit à l’homme de goût et au curieux raisonnable d’avoir dans sa bibliothèque, s’il veut connaître son Port-Roval très honnêtement et par le bon côté, par le côté moral, sans entrer dans la polémique et la théologie : c’était à peu près le chiffre auquel M. 

93. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

En même temps, elle emprunte à la Constitution de l’an VIII l’idée d’un corps conservateur, qui ne serait pas une chambre haute, mais une sorte de cour de cassation politique : idée dont l’invention première appartient, comme on sait, à Sieyès, et qui était destinée à de curieux retours de fortune. […] Daunou. qui était de la même école, se montre dans son livre des Garanties individuelles (livre curieux, trop peu connu) assez indifférent sur les formes de gouvernement, et semble même assez peu favorable à l’esprit d’empiétement des assemblées. […] Quant à l’école socialiste, elle a traversé les phases les plus curieuses, assez difficiles à décrire avec précision.

94. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Huc qui, comme Abel Rémusat, a trouvé qu’il n’y avait rien de moins immobile que l’immobile Asie, nous donne dans son livre l’histoire d’une philosophie sociale qui remua tout en Chine, dans le XIe siècle, sous la fameuse dynastie des Song, et qui a mille rapports curieux avec le Socialisme moderne de l’Occident. […] « Nous avons trouvé  — dit Huc — dans la collection de Wiechan quelques cahiers fort curieux et que nous parcourûmes avec a le plus grand intérêt… C’étaient des recueils de sentences populaires. […] « Les femmes les plus curieuses baissent volontiers les yeux pour être regardées.

95. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Mais, après avoir terminé ce premier travail, je voulus franchir les limites où il m’avait contraint de me renfermer ; je m’engageai alors librement dans les curieuses perspectives que j’avais vues s’ouvrira mes yeux, et j’essayai d’y pénétrer le plus avant qu’il me fut possible. […] Je ne viens pas des premiers explorer ce curieux et pittoresque canton de la littérature et de l’art.

96. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Là où il fallait plonger la main dans les entrailles d’une époque qui se convulsait sous l’influence de doctrines nouvelles et puissantes, il n’a su mettre qu’un doigt curieux entre les pages de ces livres que l’on commençait d’éditer alors, on dirait presque avec fureur. […] Henri Estienne et sa famille y occupent la place qui leur est due, et Didot a même poussé le soin du biographe jusqu’à joindre à la notice consacrée à ces célèbres imprimeurs un curieux tableau généalogique de leur race, originaire de Provence, lequel tableau s’ouvre, en 1270, à Pierre Estienne, premier du nom, seigneur de Lambesc, et se ferme, en 1806, à Paul II Étienne, directeur des presses mécaniques chez l’auteur de récrit que nous annonçons.

97. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

(Il serait bien curieux d’étudier dans quelles conditions la notion du « philistin » est apparue dans notre littérature et d’analyser ses éléments de formation. […] Cela en soi est assez curieux et vaut qu’on le signale.

98. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il faut lire dans un petit volume, plus curieux qu’il n’est gros : Documents inédits sur J. […] C’est Dom Juan dont je veux parler, — Dom Juan, une des œuvres les plus curieuses et les plus imprévues de Molière. […] — une biographie suivie de Molière, mais une suite d’études assez curieuses, croyons-nous, et faites d’après des documents certains. […] Ses Lettres au Mercure de France (1673, 1722 et 1740) sont curieuses pour l’histoire de Molière. […] Le ballet des Incompatibles a été réimprimé aussi à la suite du curieux et savant travail de M. 

99. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Plus de salon, plus de centre, plus de société polie enfin… Une chose curieuse ! […] Je suis seulement parvenu, ayant vécu une partie de ma vie avec une cantatrice, à discerner la bonne et la mauvaise musique, mais ça m’est absolument égal… « C’est tout de même curieux que tous les écrivains de ce temps-ci soient comme cela. […] Il y a cette année une épidémie sur les mères de ses pareilles… Elle me dit qu’elle regrette bien que nous n’ayons pas fait connaissance avec elle, quand elle était notre voisine, que nous aurions vu, nous qui écrivons, des choses bien curieuses chez elle. […] * * * — X… a pris pour maîtresse une actrice, aussitôt après le bruit de son acquittement pour avortement, un peu à cause du scandale de l’affaire, beaucoup parce que l’avortement a amené un dérangement curieux dans la matrice de la femme. […] On fabriquerait, je ne sais quelle physiologie curieuse des gens de lettres, avec la physionomie de leur portier, de leur escalier, de leur sonnette, de leur logis.

100. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

C’est la première fois qu’on rencontre des mémoires intimes et politiques sur cette période du xviiie  siècle, pour laquelle on n’avait jusqu’ici d’autre chronique curieuse que le journal tout parlementaire et bourgeois de l’avocat Barbier. […] Maintenant qu’on fait des lexiques de tous les auteurs et de toutes les provinces, on pourra faire un lexique curieux du patois de d’Argenson. […] Il est curieux de se faire une idée, d’après un certain nombre de faits significatifs qu’il rapporte, de d’Argenson intendant au temps de la Régence. […] Bans l’un de ces remaniements ministériels auxquels il s’amuse à huis clos, on lit cet article, d’une attention touchante : « M. d’Argenson le cadet serait exclu pour toujours de toutes ces places. » C’est ainsi que, comme le loup qui rôde autour de la bergerie, il sonde de tous côtés le ministère par ses conjectures ; il s’y fraye une place, n’importe laquelle ; et, dans les moments où il espère le moins, il se croit assez important et assez dangereux aux cabales pour qu’on cherche à se débarrasser de lui : « On m’éloignera sans doute par des ambassades, et je m’y attends. » Ce Journal, monument d’une personnalité toute crue et naïve, et toute pavoisée d’honnêteté à ses propres yeux, ce singulier et bruyant soliloque d’un ambitieux sans le savoir, qui s’exalte in petto et se préconise, d’un vertueux qui grille d’envie que le pouvoir lui arrive et qui l’attend d’heure en heure pour faire, bon gré mal gré, le bonheur des hommes, est curieux pour le moraliste, non moins qu’instructif pour l’historien.

101. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il a écrit des Méditations chrétiennes, très curieuses à étudier pour qui veut voir comment un esprit français, tout raisonnable et pratique, convertit en pensée éloquente te lyrisme passionné des prophètes juifs, comment il glisse par-dessous les grandes images de la Bible tout le détail utile de la vie morale. […] Si l’on rassemble la belle suite des harangues de Du Vair, son curieux traité de l’Éloquence Française, ses œuvres morales, et ses discours chrétiens, on se convaincra que ce remarquable orateur n’a pas encore reçu la place à laquelle il a droit. […] Enfin les Mémoires sont les œuvres historiques qui satisfont le mieux des esprits curieux avant tout de la vie et de l’homme. […] Il est curieux que ce genre tout impersonnel de l’histoire ne devait arriver à se constituer dans notre littérature que pendant le plein triomphe de la littérature personnelle : histoire et lyrisme se tiennent plus qu’on ne croit.

102. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Le 23 du mois dernier, est mort dans la force de l’âge un homme dont le nom et les œuvres n’étaient guère connus que de ceux qui s’occupent des productions de l’esprit, mais qui était fort apprécié par les meilleurs juges, d’une intelligence rare, élevée, étendue et sérieuse, d’un goût fin, curieux, quelquefois singulier, mais distingué toujours, d’un caractère à part, ironique et original ; écrivain des plus spirituels et des moins communs, et qu’il serait injuste de traiter comme il semblait par moments désirer qu’on le fît, c’est-à-dire par l’omission et le silence. […] Vous êtes curieux, tant pis ! […] Bazin a très bien compris, dans ce curieux exemple du cousin de Mme de Sévigné, tout ce qu’on peut avoir de distinction et de mordant, ou même de justesse dans l’esprit, avec des travers de vanité et des vices de caractère. […] Bazin, plus large et plus naturelle, très curieuse de recherches, et laissant dans l’esprit du lecteur une idée plus nette des choses et des personnages.

103. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il est curieux de noter les excès et les extrêmes du genre. […] Dans l’espèce de biographie qu’il trace de Rousseau à l’occasion de l’Émile (15 juin 1762), Grimm s’arrête dans ses souvenirs à ce qui serait une révélation indiscrète et une violation de l’ancienne amitié ; et, après avoir retracé les principales époques de la vie de Rousseau, ses premières tentatives plus ou moins bizarres, il ajoute : « Sa vie privée et domestique ne serait pas moins curieuse ; mais elle est écrite dans la mémoire de deux ou trois de ses anciens amis, lesquels se sont respectés en ne l’écrivant nulle part. » Si Grimm avait été un perfide et un traître comme le croyait Rousseau, quelle belle occasion il avait là, dans le secret, de raconter, en contraste avec l’Émile, ce qu’avait fait Rousseau de ses propres enfants, et tant d’autres détails qu’on n’a sus depuis que par Les Confessions ! […] Une très curieuse conversation entre eux fait sentir nettement le point qui les sépare. […] Il reste là tout un côté de Grimm qui peut se révéler un jour et qui sera curieux à connaître.

104. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Par suite de la même activité, qui se porte actuellement sur de l’inédit, Cousin a publié ses Fragments littéraires, anciens discours académiques, ou éloges mortuaires, auxquels il a ajouté pour assaisonnement les lettres inédites de madame de Longueville (chassant ainsi sur mes terres et me tuant sans façon mon gibier) ; il a ajouté un petit commentaire à ces lettres, dont il s’est, je crois, exagéré un peu l’importance littéraire ; comme étude d’âme et de confessionnal, c’est curieux, (et j’en avais tiré parti dans mon étude). « Au fond, il n’y a de véridique, dit-il, si quelque chose l’est entièrement, que les correspondances intimes et confidentielles, les mémoires eux-mêmes sont toujours destinés au public, et ce regard au public, même le plus lointain, gâte tout ; on s’y défend ou on attaque, on se compose un personnage, on pense à soi, on ment. » — Ceci est dit à merveille comme Cousin sait dire, dans sa langue excellente et digne du xviie  siècle ; mais que serait-ce si on appliquait cette vérité à son éclectisme officiel, qu’il défendait et qu’il préconisait hier tout en attaquant Pascal ? […] Il faut y voir un des phénomènes littéraires et moraux les plus curieux de notre temps.

105. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

« Jamais, nous a-t-il très bienveillamment affirmé lui-même, bien que toujours curieux des choses de la médecine et profondément attiré par l’intensité de leur notion. » Ou bien il use des termes techniques comme d’un véritable procédé littéraire, dont voici, chez lui, le personnel mécanisme : dans sa jalousie de prodigieux orfèvre et ouvrier d’art, il horrifie par dessus tout la banalité du mot, expulse violemment de son répertoire les clichés ressassés, les figures redites, les termes éculés. […] Puis, la stricte synonymie ne lui suffisant plus, il a recours à la féconde Analogie, dont un curieux manuel, le Dictionnaire des analogies put d’ailleurs lui faciliter l’usage98.

106. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Cela l’oblige d’être un savant et un curieux. […] Le scrupule, la délicatesse sur les moyens sont des grimaces absurdes, quand on est assuré de son intention, et qu’on la sait bonne : voyez le curieux dialogue, Est-il bon ? […] Mais le plus curieux, c’est d’aller chercher ce jet de lyrisme où il s’est produit, dans Jacques le Fataliste.

107. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Il faut bien le dire, parce que cela est, et que, si l’avenir s’occupe un jour de nos petits hommes et de nos petites choses, cela ne sera pas le détail le moins curieux de ce curieux événement, il paraît que nos faiseurs de censure se prétendent scandalisés dans leur morale par le Roi s’amuse, cette pièce a révolté la pudeur des gendarmes, la brigade Léotaud y était et l’a trouvée obscène, le bureau des mœurs s’est voilé la face. […] Le moment de transition politique ou nous sommes est curieux.

108. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Il y eût trouvé un tableau curieux et sincère du mouvement littéraire dans la jeunesse littéraire de 1898, — à condition, bien entendu, de n’être pas dupe, et de savoir interpréter un document naïf. […] Et le contraste est curieux avec les poètes de la génération parnassienne qui (sauf Leconte De Lisle) ne portèrent leur vers au théâtre que pour l’y galvauder et fausser l’oreille du public. […] Il est même curieux que les romantiques n’aient fait de bon théâtre que lorsqu’ils n’étaient pas préoccupés par la scène, les acteurs et le lustre ; ce fut le cas de Musset, et celui de Victor Hugo, qui n’a écrit de parfait dans cet ordre que les deux trouvailles de Gallus .

109. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Photius lui reproche de laisser trop apercevoir dans ses discours l’empreinte du travail, et d’avoir éteint, par un désir curieux de perfection, une partie de ces grâces faciles et brillantes que lui donnait la nature lorsqu’il parlait sur-le-champ. […] Après tous ces panégyriques, il serait curieux d’apprécier celui qui en fut l’objet. […] La politique a moins de zèle, et n’a pas surtout cette activité inquiète et curieuse.

110. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Platon, ce qui étonne davantage, avait voulu voir en elle un sage autant qu’un poëte ; et, quand il lui donnait ce nom de dixième et dernière Muse, qu’une flatterie banale a répété pour tant d’autres bouches gracieuses, sans doute l’idée de quelque chose de divin, dans l’union du talent et de la beauté, s’attachait pour lui à cette expression ; et, plus tard, chez d’autres écrivains moins curieux de l’art et de la forme, on sent que le même nom réveille le même souvenir d’admiration idolâtre et de culte mystérieux. […] L’érudition ici, sans pouvoir rien affirmer, a rencontré du moins de curieux détails. […] Mais, chose curieuse, à l’époque où de maladroits rhéteurs brisaient ces délicats chefs-d’œuvre pour en émailler leurs discours, ce qu’ils cherchaient encore c’était le charme mythologique à opposer au triomphe du christianisme.

111. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Dimanche 7 février Dîner chez Charpentier avec deux femmes, que j’étais curieux de voir de près : Séverine et la femme de Forain. […] À ce sujet, il me conte cette curieuse anecdote. […] Vraiment ils sont curieux chez ces ignorants de la maladie, les regards profonds avec lesquels ils semblent vous demander de leur ôter leur mal. […] » Et il passe aux curieux dîners, au restaurant du Havre, entre Corot, Rousseau, Millet, Diaz, Couture, et raconte ceci : « Couture vint, un jour, me chercher pour dîner, me chercher dans ma petite chambre d’alors, et comme je lui disais : « Vous êtes triste, aujourd’hui, Couture ? […] Enfin, c’est curieux : ma tante, je l’écoutais parler, formuler ses phrases, échappant à la banalité et au commun de la conversation de tout le monde ; — sans cependant qu’elles fussent teintées de bleu, — je l’écoutais avec le plaisir d’un enfant amoureux de musique, et qui en entend.

112. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

… Et quelquefois, je ne sais quoi de noir et de machiavélique, une méchanceté de Liaisons dangereuses, curieuse d’expériences cruelles, un jeu amer avec les faiblesses de la femme… * * * — Une des joies d’orgueil de l’homme de lettres, — quand cet homme de lettres est un artiste, — c’est de sentir en lui la faculté de pouvoir immortaliser, à son gré, ce qu’il lui plaît d’immortaliser. […] Un moment l’on parle de l’embarras pudique de la jeune fille jetée dans le lit du mari, et là-dessus, une des dîneuses dit avoir entre les mains un curieux autographe : les instructions, par la poste, d’une mère absente, à sa fille… Au fumoir, Théophile Gautier m’entretient de sa fille Judith, de son roman chinois paraissant dans la Liberté, qu’il trouve « du Salammbô sans lourdeur ». […] Curieux détails sur les savants Y… et Z…, sur ces Germains qui ne sont pas plus savants que d’autres, mais que la mode du germanisme dans le monde actuel de la science, a poussés à des fortunes ironiques. […] — Non, non, répète Michelet, Voltaire n’eût pas écrit ce livre-là… Ce n’était pas sa polémique… Un fait bien curieux… Un jeune homme est condamné à trois mois de prison dans le Midi, pour délit de presse… Il est maladif, il obtient de faire sa prison à l’hôpital… Les sœurs, qui soignent tout le monde, se mettent à le soigner, à lui demander s’il ne s’ennuie pas, s’il veut des livres. […] 26 septembre Le restaurateur Magny nous donnait, ce soir, ce curieux détail sur la décadence de la cuisine et du palais français.

113. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Nous avons eu avec nous, à un certain moment, tous les curieux du vers, et de plus, nous avons eu tous les curieux de la littérature qui s’étaient détachés du vers et qui y revenaient pour nous lire. […] Il s’y trouve une courte étude sur Charles Baudelaire, et curieuse comme impression produite par le grand poète sur un des cerveaux les plus cultivés de la génération qui nous précéda. […] Jean Lahor, esprit distingué et cultivé, curieux, comme le prouve son Histoire de la littérature hindoue, n’a pas le sens absolu de l’écriture, soit en prose, soit en vers. […] Ce sonnet est un amusant paradoxe détaillant une des correspondances possibles des choses, et, à ce titre, il est beau et curieux. […] Le doute où l’on en est, et que rien ne permet de fixer, laisse sa figure plus énigmatique, partant plus curieuse pour le critique.

114. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Voilà le spectacle qu’il donnait à ses visiteurs ; et ceux-ci offraient un autre spectacle, qui n’était pas moins curieux. […] Mais il a eu pourtant l’intelligence la plus alerte, la plus curieuse : une intelligence toujours en éveil, débrouillarde, lucide, merveilleux filtre d’idées ; personne n’a possédé plus que cet homme-là le don de réduire un gros système à une courte phrase, et de choisir le petit échantillon sur lequel on peut juger d’une vaste doctrine. […] Telle qu’elle est, c’est un des exemplaires, je ne dis pas les plus nobles, mais les plus complets et les plus curieux des qualités et des défauts de la race française, de ces Welhies dont il a dit tant de mal, et qui se sont aimés en lui. […] Toujours son intelligence se révèle curieuse avant tout du vrai, du vrai rationnel : il juge toutes les actions de ses personnages ; il ne les a prises même que pour les juger, comme exemplaires de tous les préjugés ou sottises qu’il combat.

115. (1890) L’avenir de la science « II »

Un petit procédé pour se former le bon sens, une façon de se bien poser dans la vie et d’acquérir d’utiles et curieuses connaissances. […] On peut, avec Robert Owen, appeler tout ce qui précède période irrationnelle de l’existence humaine, et un jour cette période ne comptera dans l’histoire de l’humanité, et dans celle de notre nation en particulier, que comme une curieuse préface, à peu près ce qu’est à l’histoire de France ce chapitre dont on la fait d’ordinaire précéder sur l’histoire des Gaules. […] Guizot, livre inestimable et qui aura le rare privilège d’être lu de l’avenir, car il peint avec originalité un curieux moment intellectuel. […] Les langues offrent un curieux exemple de ceci.

116. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

La duchesse, curieuse, hardie, impérieuse et fantasque, ne devait pas dépasser davantage cet horizon, et toutes ses hardiesses, tous ses essors de fantaisie se continrent toujours au sein de la sphère artificielle et magique où elle s’exaltait sans en sortir. […] Les curieux peuvent chercher dans le Recueil dit de Maurepas (Bibliothèque nationale) les couplets et noëls sanglants dont le duc et la duchesse du Maine furent l’objet à l’occasion de ces faveurs odieuses ; ces couplets ne sont pas assez spirituels et sont, en général, trop scabreux pour être cités ici. […] Voilà ce qu’observait Mlle de Launay, notre La Bruyère de céans ; et elle couronne ses Mémoires par un portrait de la duchesse du Maine, qu’il faudrait transcrire tout au long, tant il est complet et achevé, et tant elle y résume l’espèce entière dans la personne du plus curieux individu. […] Curieuse et crédule, elle a voulu s’instruire de toutes les différentes connaissances ; mais elle s’est contentée de leur superficie.

117. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Il est curieux, intelligent, un peu trop géométrique. […] Edmond Pilon — a étudié tour à tour les figures curieuses du passe et du présent. […] Son érudition est sûre, mais surtout curieuse, sa critique minutieuse. […] Lapauze (Le Gaulois), érudit et curieux, suffisent à démontrer que la critique des quotidiens conserve encore une influence et des mérites.

118. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

M. de Lamartine, dans de fort belles méditations et dans sou dernier chant de Childe-Harold, avait point à merveille les grands traits des horizons et des paysages, l’idéal en quelque sorte élyséen de ce ciel, de cette mer de Naples, de cette éternelle enchanteresse au sein de laquelle l’auteur des Martyrs nous avait déjà introduits un moment avec saint Augustin, Jérôme et Eudore ; mais dans ces harmonieux tableaux de M. de Lamartine, les hommes avec leurs variétés et leurs contrastes, les monuments avec leurs caractères, n’étaient pas touchés : la nature envahissait tout, et encore la nature dans sa plus vague plénitude, sans contours arrêtés, sans détails curieux et distincts, telle en un mot qu’elle se réfléchit dans un cœur que remplit l’amour ; ce n’étaient que chauds soleils, aubes blanchissantes, comme dans Claude Lorrain, firmaments étoilés, murmures, vapeurs et ombrages. […] » — L’explication de ce curieux phénomène de physiologie biographique serait à rechercher.

119. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Non ; s’il publie en ce mois de novembre 1831 les Feuilles d’Automne, c’est que le contraste entre la tranquillité de ces vers et l’agitation fébrile des esprits lui a paru curieux à voir au grand jour. […] Ce que sera ce recueil, quelles sympathies et quelles antipathies l’inspireront, on peut en juger, si l’on en est curieux, par la pièce XL du livre que nous mettons au jour.

120. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Un autre savant, le docteur Lélut (de l’Institut), s’est aussi fait une place dans la science par ses belles études sur la physiologie de la pensée, et il a publié récemment un intéressant ouvrage sur ce sujet, suivi de quelques mémoires spéciaux pleins de faits curieux. […] Brierre de Boismont, mine inépuisable de faits curieux, œuvre d’une psychologie ingénieuse, mais qui laisse quelquefois désirer une critique historique plus sévère ; la Folie lucide du docteur Trélat, l’un des livres qui, sans aucune théorie, donne le plus à réfléchir par la triste singularité des faits qui y sont révélés ; la Psychologie morbide de M. 

121. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il en profitait en esprit curieux et soigneux d’acquérir. […] Vitet en tête) inauguraient une théorie des arts, une esthétique, comme on disait déjà, chaleureuse, éloquente, compréhensive, curieuse des monuments et de toutes les manifestations de la beauté ou de la vie dans tous les ordres et dans tous les âges. […] Magnin des airs superbes, et il se sentait pour lui quelque dédain qu’il ne dissimulait pas ; il riait de lui voir des velléités de savoir en tous sens quand les instruments pour cela lui manquaient en partie ; il ne se prêtait pas toujours à le satisfaire, quand on le questionnait au nom de son curieux et friand collaborateur, sur les choses et les hommes d’au-delà du Rhin : « Ce sont des envies, des caprices d’érudition, disait-il ; il peut attendre. » Il triomphait avec supériorité de son accès aux hautes sources germaniques et de sa première nourriture de moelle de lion. […] Son érudition y donne plus d’une fois le change à sa critique ; muni de notes abondantes sur les origines des mythes d’Ahasvérus ou de Prométhée, il substitue un peu trop complaisamment le point de vue du fureteur curieux et de l’archéologue au jugement littéraire direct. […] Magnin, toujours curieux jusqu’à être subtil, se pique de distinguer entre des genres bien voisins, de reconnaître les farces qui étaient dues aux basochiens et celles qui appartenaient au répertoire des Enfants sans souci ; il est difficile, en bien des cas, d’établir la distinction et de marquer la limite.

122. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

On y trouve de l’ennui délirant, du socialisme, de l’exotisme, de curieux essais de domination sur le moral par le choix des états physiques ou l’emploi des stimulants et des liqueurs, d’originales déterminations de la valeur symbolique des diverses sensations et comme une esquisse d’un symbolisme des couleurs et des parfums. […] En somme, psychologie nulle, drame insignifiant, tableaux curieux, art original et puissant, vision presque hallucinatoire du vieux Paris et de son immense cathédrale, voilà ce que V. […] Théories à part, elle est curieuse surtout des âmes et de la vie. […] Le curé de Tours, César Birotteau, des parties d’Ursule Mirouet, de la Vieille Fille, certains morceaux des Paysans, de Un grand homme de province à Paris, etc., sont de curieuses scènes de mœurs locales ou professionnelles : même dans cette extravagante Femme de Trente Ans, ou dans ces fastidieux Employés, il y a quelques tableaux d’une réalité intense. […] L’analyse psychologique y est d’une finesse, d’une pénétration étonnantes : nous y retrouvons le Sainte-Beuve que nous connaissons, expert à démêler toutes les traces d’influences physiques et sociales dans la composition d’un caractère, curieux surtout des formes d’âmes imprécises et complexes, des états mêlés, morbides, anormaux, extrêmes, sentant avec une sûreté singulière le travail invisible des consciences, les effondrements, les crises, les agonies internes, sous les apparences unies et paisibles de la santé morale.

123. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Mais c’est curieux, toutes les bonnes raisons qu’on trouve pour manquer à ses promesses. […] Charles-Brun est un esprit curieux et inconstant, capable partout d’une médiocrité agréable, mais à qui son habileté et même son talent ne créent jamais qu’une personnalité fuyante. […] Il en sort un Cyrano aussi héroïque et plus rarement violent, mélange curieux de bravoure et de douceur. […] Il a publié des romans nobles et inquiets : le Soleil des morts, curieuse mais insuffisante résurrection de Stéphane Mallarmé et de son milieu ; l’Ennemie des rêves, naïve étude féminine, éblouissement et bégaiement devant l’idole. […] Sa logique subtile et ingénieuse apporterait à une doctrine aimée bien des conséquences intéressantes ; mais comme il serait heureux qu’on lui fournît les principes premiers… Rien n’est plus curieux que la transition que traverse Mauclair depuis quelques années et je sais peu de spectacles plus beaux que son pèlerinage : parti d’un individualisme dont la noblesse le touche encore mais qui exige décidément trop de vigueur isolée et raidie, il va, non sans regret pour ce qu’il laisse, vers un altruisme qui semble lui promettre des joies moins rudes et de laisser son sacrifice moins inutile.

124. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

N’est-elle pas très curieuse cette civilisation qui fait enseigner le français à un enfant de l’lsle-de-France par un paysan auvergnat ou provençal muni de diplômes ? […] L’opuscule est précédé d’une lettre de Jean-Baptiste Rousseau qui est curieuse parce qu’elle est éternelle comme la plainte du vieillard : « Il règne aujourd’hui dans le langage une affectatation si puérile, que le jargon des Précieuses de Molière n’en a jamais approché. […] Trois cents déformations populaires ; voilà un répertoire curieux et qui va peut-être nous permettre de reconnaître quelques-unes des tendances auxquelles obéissent les déformateurs. […] Cette corruption curieuse est aujourd’hui répandue à Paris, où le peuple dit le levier. […] Elle nous choque, quoiqu’elle soit identique à allumer le gaz, puisque allumer, c’est adluminare, donner de la lumière à…, comme éclairer, c’est donner de la clarté à… Il est curieux de retrouver, à tant de siècles de distance, la même méthode linguistique aboutissant au même résultat.

125. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

En comparaison d’eux, les Galilée, les Descartes, les Pascal, les Huyghens, et à plus forte raison un Swammerdam ou un Harvey, n’étaient que des « curieux. » Le titre même d’une comédie de Molière en témoigne : Les Femmes savantes, et les préoccupations de sa Philaminte ou de son Armande, qui sont « curieuses », il est vrai, de physique et d’astronomie, mais combien plus curieuses encore de petits vers, et des fatrasseries dont Gilles Ménage, Egidius Menagius, était le plus illustre représentant ! […] Un petit procédé pour se former le bon sens, une façon de se bien poser dans la vie, et d’acquérir d’utiles et curieuses connaissances. […] Mais de la conception d’Auguste Comte, ce qu’il faut pourtant retenir, c’est que, s’il appartient à quelqu’un d’approfondir et de préciser la notion de l’Inconnaissable, c’est à ceux qui font de la destinée de l’humanité le principal objet de leurs préoccupations ; qui ne sont curieux ni de l’art, ni de la science en soi, mais des services que l’art ou la science peuvent rendre à l’éducation morale de l’humanité ; et qui considèrent enfin que la sociabilité faisant le premier caractère de l’homme, c’est elle que notre perpétuel effort doit avoir pour ambition de développer, d’assurer, et de perfectionner.

126. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

… Il y aurait une pièce si curieuse à faire !  […] Il a assisté à six ou sept représentations, a étudié le public, et me donne quelques renseignements curieux. […] Et à propos de cet amour M. de Lovenjoul me conte un curieux épisode de cette liaison : l’histoire d’une lettre d’amour écrite par Balzac, que sa maîtresse avait laissée traîner, et que le mari encore vivant avait surprise. Là-dessus Balzac prévenu par la femme, écrit au mari une lettre curieuse, une lettre d’une ingénieuse invention, dans laquelle il dit à M.  […] » En sortant de table, une curieuse conversation sur la ressemblance des commencements de l’aventure de Boulanger avec les commencements de l’aventure de Jules César, telle qu’on la lit dans Plutarque.

127. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Marcel Schwob est aussi curieux du moyen âge. (De quoi donc n’est-il pas curieux ? […] Il est sincère et de saveur curieuse. […] Que le lecteur curieux se réfère au texte lui-même. […] Il est moins riche en couleurs que d’un dessin fort curieux.

128. (1921) Esquisses critiques. Première série

C’est le Louis XI curieux homme de M.  […] Aucun esprit curieux ne peut s’en désintéresser. […] Ils ont une curieuse propension à être entretenus. […] En outre il a le sens aigu et l’exact discernement de ce dont il y a lieu d’être curieux et informé. […] * *    * Il y a quelque chose d’assez curieux dans l’attachement que M. 

129. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Il n’y a pas l’ombre de critique dans cette rapsodie, recherchée par les curieux ; & il paroît que Nostradame l’historien ne valoit pas mieux que Nostradame le prophête. […] On voit qu’ils possédent parfaitement leur matiere, & qu’ils n’ont rien négligé pour faire des recherches curieuses & exactes. […] in-12. a eu peu de succès, parce qu’il y a beaucoup plus de choses ennuyeuses que de traits curieux. […] Ses recherches sont curieuses ; ses réfléxions judicieuses ; ses anecdotes bien choisies, & le style a ces graces fines & piquantes qui brillent dans tout ce qui est sorti de la plume de cet illustre centenaire. […] in-12. est curieux ; c’est, pour ainsi dire, un abrégé de l’histoire de la Littérature de tous les pays.

130. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

— « Le fait est, me disait un grand curieux en ces matières, qu’il nous a mis à tous la puce à l’oreille. » Grâce à tant de soins et d’efforts et à une direction si éclairée, nous aurons donc un texte de Mme de Sévigné aussi sincère et aussi authentique qu’il est possible aujourd’hui de l’obtenir. […] Regnier lui-même et ses. collaborateurs les plus au fait de l’ensemble du travail et des résultats ; et voici ce qui m’a été répondu, ce qui me paraît à la fois curieux et rassurant, — curieux pour ceux qui veulent du nouveau, rassurant pour ceux qui tiennent à leur culte ancien.

131. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Tristement célèbre à nos yeux par ses trois premières intendances, surtout par celle du Béarn, à titre de persécuteur et de convertisseur des protestants, il s’honora dans celle de Caen, où il ne demeura pas moins de dix-sept années, par sa bonne administration, ses règlements utiles, son goût pour les antiquités curieuses, pour les lettres, et par sa bienveillance envers ceux qui les cultivaient. […] Et puis, quand, tout cela sera fait et parfait, quand il se sera maintenu au premier rang des ministres du second ordre force de zèle et de miracles administratifs ; quand il pourra se vanter auprès du roi d’avoir accompli ses désirs les plus chers, d’avoir converti vingt-deux mille âmes sur vingt-deux mille, moins quelques centaines, et cela dans l’espace d’environ seize mois ; quand il aura plus que personne contribué, par cette fausse apparence d’une réussite aisée, au fatal Édit qui s’ensuivit ; lorsqu’il aura inscrit de gaieté de cœur son nom dans l’histoire au-dessous de celui de Baville, ce même, honnête homme s’en ira jouir de sa réputation acquise, dans une intendance heureuse et plus facile, il s’y fera aimer, aimer surtout des savants qu’il assemblera et présidera volontiers, et avec une entière compétence ; il fondera des chaires, il fera des fouilles, il découvrira d’antiques cités enfouies, en même temps qu’il embellira les cités nouvelles ; il recherchera des manuscrits, il aura un riche cabinet de médailles, il sera auprès des curieux l’aménité même et recueillera pour tant de services pacifiques et d’attentions bien placées des éloges universels. […] Dans le temps qu’il était à Montauban, il envoya à Colbert, grand amateur aussi en matière de collections, des actes et manuscrits curieux, tirés de l’abbaye de Moissac ; il y trouva notamment il y découvrit sinon de ses yeux, du moins par ceux d’un docte abbé qu’il y employa, un ouvrage qu’on croyait perdu sur les Persécuteurs, De Mortibus Persecutorum.

132. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

C’est un ouvrage prématuré, ainsi que l’auteur lui-même le reconnaît un peu dans sa préface, et qui n’est curieux que comme indice de sa disposition scientifique d’alors, et de cette première ambition enthousiaste qui embrasse tout. […] C’est l’histoire d’une brillante époque prise par tous les côtés les plus curieux. […] Mais ce qu’il était surtout, c’était la droiture, l’antique probité, la candeur et la conscience même, une bonhomie éclairée pourtant de finesse ; laborieux jusqu’à la fin et infatigable ; aimant les lettres, aimant la jeunesse et ce qui le chassait peu à peu et allait lui succéder ; prenant intérêt à ces recherches curieuses et innocentes qui dénotent la simplicité du cœur et l’intégrité conservée de l’esprit.

133. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Un second fait non moins curieux, c’est que dans les races inférieures les sutures antérieures du crâne se ferment avant les postérieures, d’où il suit que le développement des lobes antérieurs du cerveau s’arrête plus tôt, fait très favorable à l’hypothèse qui place l’intelligence dans la partie frontale du cerveau ; mais ceci touche à la question des localisations, que nous ne voulons pas entamer dans cette étude. […] Wagner, célèbre anatomiste de Gœttingue, a recueilli dans un travail fort curieux toutes les pesées de cerveaux positives que la science peut fournir à l’heure qu’il est, et il a ainsi rassemblé 964 pesées parfaitement authentiques25. […] Voyez, à propos des variétés maladives, le livre curieux et original du docteur Moret sur les Dégénérescences de l’espèce humaine.

134. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

La rudesse des tons y répondait sans doute à l’austérité du culte ; et c’est la remarque curieuse d’un ancien annaliste romain, que, dans ces chants religieux, Vénus n’était nommée nulle part. […] Mais auparavant, il est curieux pour l’histoire et pour l’art de recueillir certains effets soudains et populaires de cette poésie des Ennius, des Pacuvius, des Accius. […] Enfin un curieux témoignage à la gloire de ce vieux poëte de la république, c’est le brillant abréviateur de l’histoire romaine, le flatteur de l’empire, Velléius Paterculus, écrivant, à une des dates mémorables de son récit : « Dans le cours de cette même époque169, parurent les rares génies d’Afranius dans la comédie romaine, de Pacuvius et d’Accius dans la tragédie, d’Accius élevé jusqu’à l’honneur de la comte paraison avec les Grecs, et digne de se faire une si grande place parmi eux qu’il soit presque impossible de ne pas reconnaître, chez eux plus de perfection, et chez lui plus de verve. » Alors même que cet éloge expressif était arraché au bon goût de Velléius, l’éclat du siècle d’Auguste, l’urbanité nouvelle et aussi les précautions politiques de son règne avaient, selon toute apparence, bien éloigné de la mémoire et de la vue des spectateurs romains les drames de la vieille école.

135. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Alors je me baisse moi aussi, curieux de ce qui peut les intéresser à un tel point, tous ces innocents. — Oh ! […] … Est-ce assez curieux, cet attrait de la mort, de notre ennemie, qui est en nous, tapie dans nos cœurs, attrait et terreur à la fois ! […] Devant le vieil hôtel de la rue Saint-Guillaume, quelques curieux stationnaient, malgré la pluie. […] le récit qui est des plus curieux. […] Je descends dessous pour voir les curieux bas-reliefs qui s’y trouvent.

136. (1901) Figures et caractères

On trouve, adressée à Charles Nodier, une lettre bien curieuse. […] Aussi les recherches de son Archéologie navale sont-elles fort curieuses. […] Son intelligence déjà curieuse se fut élargie avec le temps. […] Les détails curieux abondent. […] Ce qu’il y a de curieux, c’est que M. 

137. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Mais après le vingt-cinquiéme volume de cet ouvrage savant & curieux, il lui donna celui de Bibliothèque choisie, pour servir de suite à la Bibliothèque universelle. […] “Notre but n’a jamais été, dit-il, de faire des extraits des livres nouveaux ; nos lettres sont destinées à des réfléxions sur les ouvrages d’esprit, & sur d’autres, lorsqu’ils amenent l’occasion de dire des choses agréables ou curieuses.

138. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Avant d’exposer à nos lecteurs un catalogue et une appréciation des principaux de ces ouvrages, constatons un fait assez curieux qui pourra leur fournir matière à de tristes réflexions. […] Il y a dans ce tableau, chose curieuse, des qualités particulières et une multiplicité d’intentions qui rappellent, dans un autre système d’exécution, les très-bonnes toiles de M. 

139. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

On serait tenté de se rappeler ici le mot d’un fameux Anglais52 sur Philippe V et l’archiduc, dont aucun ne se trouva à la bataille d’Almanza ; mais ce qui est plus curieux, sans doute, et qu’on aura de la peine à croire, l’orateur rapporte de très bonne foi et propose à Constantin l’exemple d’un prince qui, du haut d’une double échelle, avait regardé de loin une bataille : « Cet exemple n’est pas noble, dit-il, mais il est sûr. […] Nous citerons encore un autre ouvrage dans le même genre, et d’autant plus curieux, qu’il est peut-être le premier panégyrique chrétien qui ait été fait, ou du moins qu’on ait transmis jusqu’à nous : il est écrit en grec, et fut prononcé dans Constantinople pour la trentième année du règne de Constantin.

140. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Léon Hennique écrit : Un caractère, roman spirite, sorte d’apologie de la croyance aux esprits, très curieuse et très convaincue. […] Mais arrivons au point capital : comment sera la femme que le ciel japonais réserve à notre curieux voyageur ? […] Marguerite Oger, la belle actrice de drame, dont l’apparition soulève aux quatre coins de la place une longue rumeur, des bousculades curieuses. […] Le plus curieux, c’est que cette qualité, que quelques-uns lui refusent présentement, lui fut imputée à crime, lors de son premier succès : les Victimes d’amour. […] Ces recherches nous transportent, pendant quelques pages, en Perse, où l’auteur nous donne un aperçu très curieux de l’intérieur des harems et de celles qui les habitent.

141. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Je suis curieux de reconnaître les endroits de nos tristes promenades de tout le printemps dernier. […] La Halle est curieuse. […] » Il reprend : « Mais est-ce curieux que le courage, la valeur, cette chose qui semblait un produit si français, n’est-ce pas ? […] Quelques curieux seulement. […] » La curieuse transformation des commerces du moment….

142. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Tous les bombardés ont été curieux d’avoir de leurs nouvelles respectives. […] Et cette campagne lui a fourni les observations les plus curieuses sur les cryptogames français et prussiens. […] Il est curieux d’entendre ces messieurs, et d’assister, de son coin d’ombre, à cette sauvage parlotte. […] Dans les bas-côtés, debout ou sur des chaises, un public de curieux amenés, par la nouveauté du spectacle. […] Le curieux, c’est qu’il semble s’étonner de mon étonnement.

143. (1933) De mon temps…

Il intervenait dans la conversation par de brèves remarques qui avaient toujours du poids et de la portée, relatant un fait curieux ou une observation perspicace. […] Partout il ne voulait être qu’un curieux, ce dont s’accommodait son égoïsme qui ne l’empêchait pas de se montrer, à l’occasion, serviable et bienfaisant. […] Son curieux visage aux pommettes un peu marquées, aux larges yeux légèrement bridés, au menton aigu, était dominé par une chevelure d’un blond fauve, massée en un haut chignon. […] Paul Adam l’avait connu à Arras, à l’époque où il menait, dans la capitale de l’Artois, la vie d’étudiant qu’il a décrite dans le curieux roman intitulé En décor. […] J’avais reçu de lui deux curieux petits volumes intitulés Les Minutes de Sable mémorial et César Antéchrist.

144. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Dimanche 28 février C’est curieux, ces pures mondaines, ces femmes ayant de l’esprit, ayant surtout du montant, quand on vit quelque temps avec elles, on les sent tout à fait creuses et vides, et ne pouvant vous tenir une compagnie intellectuelle. […] Au fond, ce Rollinat est un curieux produit de cette maison Callias, de cet atelier de détraquage cérébral, qui a fait tant de toqués, d’excentriques, de vrais fous. […] Sa place n’est pas là, il me semble… Et dans le triste recueillement, je revoyais le cher garçon, avec sa bonne figure, ses yeux limpides d’enfant s’allumant de passion, quand on parlait d’individus ou de choses qu’il n’aimait pas : une nature un peu grosse d’apparence, mais avec des délicatesses, et des tendresses curieuses en dessous, — et un lettré apportant à ses amis des lettres tout son dévouement, et sans réserve et sans restriction aucune. […] Jeudi 20 mai Rollinat a la plus curieuse, la plus amusante, la plus originale causerie, sur les habitants du Berri. […] Il me parle aussi de l’espèce de vacillement, que le bromure apporte à sa mémoire, le forçant, dit-il, de se raccrocher à des jambages de souvenirs ; et à ce propos, il émet une observation curieuse, il affirme que la lutte de Flaubert avec les mots, a dû venir de la masse énorme de bromure qu’il avait absorbée.

145. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

» Je vous dirai que je n’en sais rien ; que, peut-être, la fable avant La Fontaine, c’est-à-dire telle que Boileau en pouvait parler, puisqu’il ne parlait pas d’actualité, n’était rien du tout ou si peu de chose qu’en réalité elle ne valait guère la peine d’être nommée, pas plus, à la vérité, que le triolet, le rondeau, et il n’a sans doute pas considéré la fable comme vraiment un genre poétique, ni par son importance puisque, jusqu’à La Fontaine exclusivement, elle n’en avait pas, ni par sa forme ; et s’il a parlé du rondeau et du triolet, et du sonnet, c’est que ce sont des formes de versification, des formes, au point de vue de la versification, tout à fait intéressantes, tout à fait curieuses qu’il ne faut pas, au moins, avoir l’air d’ignorer. […] De plus (et c’est un point très curieux), de plus Boileau faisait hommage  non plus dans la dissertation sur Joconde, dans une lettre  Boileau faisait, dans une lettre, hommage à La Fontaine de ce que La Fontaine avait employé des vers irréguliers avec une singulière maîtrise et une singulière dextérité, une main extraordinaire. Ceci, de la part de Boileau, est tout à fait curieux et à son éloge. […] Donc, les Anglais ont été tièdes à l’égard de La Fontaine pendant deux siècles ; pendant le dix-neuvième siècle, ils lui sont venus ; ils lui sont venus même très fort, et il est très curieux de voir, surtout dans les romans anglais, des allusions très fréquentes à La Fontaine, et même parfois des citations. […] Le romantique est un homme qui outre son imagination, comme a dit à peu près La Bruyère dans un chapitre très curieux, qui outre son imagination et sa sensibilité, et aussi qui exagère, si cela est possible à l’homme, l’amour qu’il a de lui-même.

146. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

On lit, en tête du recueil des Plus Belles Lettres françaises par Richelet, un jugement fort exact et fort net sur Gui Patin et sur sa personne ; ses lettres y sont louées pour leurs bonnes parties, pour leur liberté et leur enjouement, pour les bons contes et les faits curieux qu’elles renferment : « Ces choses, dit-on, doivent obliger à n’en point regarder de si près le langage : car il n’est pas toujours selon Vaugelas ni Patru. » Ainsi, du temps de la jeunesse de Gui Patin, il y avait une séparation bien marquée dans le genre épistolaire : d’un côté, l’art, et rien que l’art et la rhétorique, comme chez Balzac et ceux de cette école ; de l’autre côté, le naturel, et rien que le naturel, avec tous ses hasards et ses crudités comme chez Gui Patin. […] Spon l’a questionné au sujet des vaisseaux lymphatiques dont on s’occupait alors (1656) : Pour leurs vaisseaux lymphatiques, répond-il, je n’en dis mot : je n’y connais rien et ne m’en soucie point ; ad majora et ad meliora propero ; tous ces messieurs-là sont trop curieux de telles nouveautés. […] … L’assemblage, en effet, est curieux, et, pour que saint François de Sales pût se trouver si près de Rabelais, il a fallu que le bon Camus, évêque de Belley, fût entre deux. […] Lui que dans sa jeunesse nous avons vu si curieux des vieilles thèses et antiquités de la Faculté, il eut soin d’en augmenter le trésor lorsqu’il y présida ; il mit de l’ordre dans les archives.

147. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Vous avez, depuis Malherbe jusqu’à moi, un peu trop exclusivement de l’esprit, du brillant, de l’imagination curieuse, et quelquefois tout à fait brillante ; de la sensibilité, ce n’est pas, en général  et il a parfaitement raison — ce n’est pas, en général, ce que vous mettez dans vos ouvrages. […] Je veux vous citer encore quelque chose d’assez curieux que je vous ai signalé, ce me semble, et qui me paraît devoir du moins appeler votre attention. […] Cette histoire peut, d’après les idées modernes, peut, me semble-t-il, se raconter de trois manières différentes : d’abord, elle peut se raconter comme Apulée l’a racontée, et à peu près aussi La Fontaine (mais vous verrez qu’il y a une réserve à faire), se raconter comme un conte des Mille et une Nuits, en décrivant tout ce qui est arrivé à Psyché parce qu’elle a été curieuse, ce qui lui a valu des mésaventures qui ont été très dures. […] Surtout je ne veux pas l’être en ce moment-ci, non, je ne le voudrais pas, parce qu’il ne faut jamais être avec la majorité ; mais je ne suis pas fâché, en passant, de vous indiquer, par un exemple curieux, une des différences capitales, une différence essentielle qu’il y a entre ces deux écoles, non seulement dans la manière de penser, mais aussi dans la manière de sentir.

148. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Guillaume Favre eut son rôle particulier au milieu de tous ces hommes d’élite et dans ce beau quart de siècle de Genève : il fut proprement l’érudit, l’homme des recherches curieuses dans le champ de l’Antiquité, sur les points les plus obscurs de l’histoire des âges barbares, ou sur des recoins oubliés de l’époque de la Renaissance ; également et indifféremment propre à disserter sur un vers de Catulle, sur l’ancienne littérature des Goths, ou sur un ouvrage manuscrit de quelque savant du xve  siècle. […] Je n’imagine pas que, hormis la théologie polémique, il y ait rien d’aussi rebutant que cette étude ; il est heureux que quelques gens veuillent s’y adonner, et je loue fort les du Gange et Muratori qui, se dévouant comme Curtius, se sont précipités dans ce gouffre, mais je serais peu curieux de les imiter. […] Ce que l’homme d’État hollandais rendu à la retraite se plaisait à se dire dans une promenade aux environs de Leyde ou de La Haye, Guillaume Favre le sentait à plus forte raison, lui possesseur et connaisseur plus fin, en vue de son Léman et dans l’exercice délicieux de sa faculté curieuse à travers les domaines de l’histoire.

149. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Les lettres de Buffon n’appartiennent ni à l’un ni à l’autre genre ; elles n’ont rien de l’improvisation animée ni de la rédaction curieuse. […] Quant à ses jugements sur Delille, Saint-Lambert et Roucher, ils sont curieux à recueillir de la part d’un homme qui a si bien connu la nature et qui habitait comme dans son sein : « Je ne suis pas poète ni n’ai voulu l’être, écrivait-il, mais j’aime la belle poésie ; j’habite la campagne, j’ai des jardins, je connais les saisons, et j’ai vécu bien des mois ; j’ai donc voulu lire quelques chants de ces poèmes si vantés des Saisons, des Mois et des Jardins. […] Flourens, et la Correspondance aujourd’hui publiée, nous apprennent là-dessus de curieuses choses.

150. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Frédéric le Grand est un étranger, Français par l’éducation, qui adopte le français dans ses écrits ; il écrit et compose dans notre langue par choix et par goût ; ainsi faisait la grande Catherine, dont on a publié depuis peu les curieux Mémoires. […] Cette heureuse modification qui tempérait la rigidité, devenue impossible, de Calvin, et qui mettait Genève plus en accord avec l’air extérieur, fut, en grande partie, due à un ministre et prédicateur, Alphonse Turretin, lequel avait beaucoup voyagé dans sa jeunesse, avait visité Newton et Saint-Évremond à Londres, Bayle et Jurieu en Hollande, Bossuet, Fontenelle et Ninon à Paris, et qui, après bien des comparaisons de curieux, était revenu dans sa patrie, mitigé, modéré et tolérant. […] Genève est à la fois une retraite et un lieu de passage ; on y est curieux, et l’on y sait le prix du temps ; on s’y recueille, et l’on y voit tout défiler devant soi.

151. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Autant le faux et fade inédit est méprisable, autant l’inédit qui en vaut la peine est curieux et amusant ; c’est un voyage dans un pays neuf : l’esprit ennuyé et fatigué de croupir sur les mêmes objets s’y renouvelle et s’y rafraîchit. […] Par malheur, ces renseignements nous manquent. » — Mais vous êtes bien curieux, en vérité, mon cher biographe ; ces sortes de renseignements de chambre à coucher et d’alcôve sont difficiles à constater, et quand il éclate un soir des cris tels que ceux qu’on vient d’entendre, c’est déjà bien suffisant pour nous avertir de tout ce qui a dû se répéter souvent, et qu’on ne sait pas. […] Oui, je le sais, la volonté est pour beaucoup dans la poésie d’Alfieri ; Goethe l’a dit : « Alfieri est plus curieux qu’agréable.

152. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Il aima la médecine comme « étant de tous les temps et de tous les lieux. » 30 Parmi les contemporains, nous signalerons Ibsen pour ses débuts médicaux d’abord, puis pharmaceutiques31 et Jean Richepin, fils d’un médecin militaire, qui, sous la direction de son père, se prépara pendant quelque temps à l’École de Strasbourg : « La dissection et la chirurgie, a-t-il écrit32, furent surtout l’objet de son enseignement et de mes prédilections. » La liste s’allonge tous les jours, des romanciers diplômés, des « évadés de la médecine », comme les étiquette le Dr Cabanès qui les signale consciencieusement en sa curieuse « Chronique ». […] Enfin, l’étonnante création de Kundry est une curieuse adaptation scénique du dédoublement de la personnalité. […] Delmas, de l’Opéra, créateur en France du rôle de Wotan et auteur de cette curieuse et scientifique interprétation qu’il eut l’obligeance de détailler et presque de répéter devant nous.

153. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Le livre de Murger a enraciné dans toute la classe bourgeoise l’idée tenace que l’artiste est sale, vêtu de feutres mous, de pantalons à carreaux, de cravates à la Colin, qu’il ne paie jamais un fournisseur, qu’il est mal élevé, même s’il est de bonne famille, et qu’en somme c’est un individu taré, d’une tare spéciale, curieuse : celle d’avoir au moins un détail baroque dans sa tenue et un détraquement cérébral partiel. […] Est-ce le roidissement vexé d’être là comme un hors-d’œuvre curieux ? […] Il n’aurait qu’une attention de quelques instants à soutenir pour s’assimiler à fond cet art superficiel, mais pratique, de la tenue dans la vie, offrir une surface polie et impénétrable aux bêtes curieuses qui guetteraient ses défauts ou ses faiblesses secrètes, murer sa pensée derrière la courtoisie, et apparaître strict, armé, indémontable, aux yeux des « mondains » ébahis de sa vraie aristocratie.

154. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Plus tourmentée que la poésie de Vielé-Griffin et d’une émotion plus âcre, elle est d’une prosodie curieuse, voulue, marquée de contrainte. […] Émile Verhaeren, des choses que le moins curieux des lecteurs n’ait déjà lues et relues.

155. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

En Céard se développait un tempérament curieux d’observateur intellectuel. […] Ici, détail : dans ce curieux roman de conversion on cherche si l’auteur s’est peint lui-même.

156. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

J’en pourrais citer d’autres, et aussi des proses du même écrivain et de divers, mais la plupart de ces choses ont été reprises en volumes par leurs auteurs, et les curieux pourront retrouver ce qui reste à la source. […] Ici, l’émotion perçue se note, incontinent, sans plus la coquetterie des atours, le clinquant d’incidentes curieuses, la perversité d’identiques désinences.

157. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Vous savez que nous avons ici une école de peinture, de sculpture et d’architecture dont les places sont au concours, comme devraient y être toutes celles de la nation, si l’on était aussi curieux d’avoir de grands magistrats que l’on est curieux d’avoir de grands artistes.

158. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Ce qui est curieux, ce n’est pas que deux rédacteurs de la Revue des Deux-Mondes paraissent deux fiers hommes à un troisième rédacteur de la Revue des Deux-Mondes. Le curieux, dans ces articles, c’est justement ce qui se mêle parfois d’une manière tout à fait inattendue à l’éloge de l’un et de l’autre.

159. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Il en est une autre non moins curieuse et plus sévère. […] Je vais en donner une preuve assez curieuse, empruntée de Suétone. […] À cet égard, il faut que je vous cite le curieux aveu de Muratori. […] Raynouard cite des faits curieux, allègue des raisons ingénieuses. […] Un monument curieux l’indique.

160. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Bergier, [Nicolas] Historiographe de France, né à Reims en 1557, mort en 1623, connu par une Histoire des grands chemins de l’Empire Romain, Ouvrage plein de recherches utiles & de traits curieux.

161. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Drouais »

Drouais Si vous êtes curieux de visages de plâtre, vous verrez à votre retour les tableaux de Drouais.

162. (1905) Propos littéraires. Troisième série

C’est une période curieuse et attachante de notre littérature. […] Il est infiniment curieux à méditer pour le psychologue. […] Il y en a, et de très curieux. […] Les Goncourt étaient passionnément curieux et, par suite, curieux perpétuellement, du soir au matin, à toutes les minutes de leur vie. […] Il a parfaitement raison, et cependant… comme c’est curieux le pouvoir des mots !

163. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 536

On y trouve quelques détails curieux ; mais tant d’autres Ecrivains ont parlé des mêmes faits, que les Mémoires de Joly pourroient être supprimés sans conséquence.

164. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 422

Rigoley de Juvigny, qui vient d'en donner une nouvelle édition, rendent du moins intéressante pour les curieux.

165. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article »

Les Traductions postérieures ont fait oublier les siennes ; & ses Notes, instructives & curieuses, ont enrichi les autres Traducteurs, qui se sont bien gardés de faire connoître l'obligation qu'ils lui avoient.

166. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Son Ouvrage qui a pour titre Mœurs & Coutumes des Romains, offre un tableau général des usages les plus curieux & les plus singuliers de l’ancienne Rome.

167. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 55

On peut comparer ces sortes de Commentateurs aux Gardes des Cabinets de curiosités, qui ne seroient pas capables de faire des choses curieuses, mais qui sont en état de les montrer.

168. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article »

On fait peu de cas de son Histoire de Louis XIII, à cause de l’inexactitude des faits, que l’envie de plaire au Cardinal de Richelieu lui fit dénaturer ; mais on estime son Histoire des Guerres, que ce même Monarque eut à soutenir contre ses Sujets Protestans, à cause des recherches & des anecdotes curieuses qu’elle renferme.

169. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Foissac, Ernest (1861-19..) »

Foissac, la Chair souveraine, demande à être lue tout entière : c’est une des tentatives les plus curieuses qui aient été faites depuis des années ; c’est, du coup, la consécration brusque et définitive d’un talent de premier rang.

170. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Son Histoire Naturelle du Sénégal est recherchée des Naturalistes & des Curieux.

171. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Il a écrit l’Histoire de ses Voyages, où l’on trouve des détails curieux.

172. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 318

Celui-ci a composé l’Histoire de l’Eglise de Paris, c’est-à-dire qu’il a fait un Ouvrage diffus, où, parmi les recherches curieuses, on en trouve beaucoup d’inutiles, comme dans tant d’autres Ouvrages de cette nature, dont les Auteurs se sont trop attachés aux petits faits, en oubliant que les Histoires particulieres ne peuvent intéresser que par le choix, la maniere & la briéveté.

173. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

De tous les Voyageurs qui ont écrit sur les pays qu’ils ont parcourus, il n’en est pas dont les Mémoires soient plus curieux.

174. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

d’] Abbé, né à Vienne en Dauphiné, est connu par de nouveaux Mémoires d’Histoire, de Critique & de Littérature ; compilation où l’on trouve des choses curieuses parmi un grand nombre de fort inutiles.

175. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Ceux qui aiment le style précis & agréable, doivent bien se garder de lire ses Ouvrages ; ceux qui savent démêler les traits d’érudition au milieu du verbiage & de l’ennui des dissertations, pourront y trouver de quoi étendre leurs connoissances, sur tout dans l’Histoire générale de la Religion des Turcs, Ouvrage traduit de l’Arabe, & dans l’Histoire du Maréchal de Thoyras, où l’on trouve des anecdotes curieuses concernant la Cour de Louis XIII.

176. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 99

Le seul titre qu’il ait pour être placé parmi les Littérateurs, est son Histoire du Collége de Navarre ; encore faut-il faire grace à sa maniere dure & barbare d’écrire, en faveur des recherches curieuses qu’il offre au Lecteur.

177. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Un enfant est fort curieux de savoir si on verra Henri IV dans la pièce, et le demande plusieurs fois avec instance à sa mère. […] C’est curieux… On reste même auteur là, on sent son cœur se porter en avant dans la poitrine, comme pour porter secours à ces mauvais cabots, à leur mémoire qui trébuche, aux estropiements imbéciles de votre style… Le public m’a paru tout prendre assez bien. […] Rien de plus curieux : c’est antique, archaïque, presque gothique. […] Il expose son système de la liberté illimitée de la presse, avec une verve froide, une ténacité humoristique, un sang-froid vraiment curieux dans la riposte. […] Il était très épris de l’idée de l’émancipation de la Sibérie, répétant que cette émancipation serait un événement curieux de l’histoire, faite au nom d’une Napoléon.

178. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

La chose parut curieuse à M. le directeur des Beaux-Arts. […] Cet article est assez curieux, surtout mis en regard avec un autre article sur le même sujet, paru en 1835, pour que nous le reproduisions ici : dans tous deux, il est question, pour M.  […] Mais ce qu’il y a de plus curieux, c’est qu’au moment où M.  […] Écoutez, mon ami, je n’ai rien encore écrit de si curieux. […] Écoutez, mon ami, c’est assez curieux.

179. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guaïta, Stanislas de (1861-1897) »

Rodolphe Darzens La Muse noire, recueil comprenant des poèmes d’un rythme sur qui révèlent déjà, à travers l’admiration de l’auteur pour Baudelaire, une originalité curieuse, dont le caractère fut bientôt affirmé dans un livre ayant pour titre : Rosa mystica, où des pensées d’un ordre élevé sont exprimées en fort beaux vers.

180. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 327

Les Etymologistes & les Curieux peuvent tirer de cet Ouvrage de grandes lumieres & de petites instructions ; les Médecins & les Naturalistes ne pourroient trouver dans les premiers, que la répétition des vieux principes auxquels ils paroissent peu attachés à présent.

181. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 58

Dans son Histoire des Traductions Françoises de l’Ecriture-Sainte, & dans son Histoire & Abrégé des Ouvrages Latins, Italiens & François, publiés pour & contre la Comédie & l’Opéra, on rencontre des choses instructives & curieuses, qui doivent faire pardonner les défauts du style, dont ces deux Ouvrages ne sont pas exempts.

182. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article »

On trouve, à la vérité, des détails curieux & intéressans dans le récit de ses Voyages ; mais il seroit à présent un mauvais guide en matiere de commerce.

183. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Il est curieux de remarquer, sur ces deux grands talents légués par la Restauration, l’influence et la réaction des deux talents les plus remarquables entre ceux de formation plus récente. […] Il y aurait là une statistique curieuse, une Ici de progression numérique, un mouvement et un cours à coter.

184. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

« Des amis de plus en plus nombreux, flanqués aussi bien de simples connaissances, d’indifférents, voire de curieux, surabondaient dans mes salons… composés d’ailleurs d’une très sortable, mais seule et unique carrée. […] On y reconnaît Sophie Harlay, Rachilde, Gabriel Vicaire, Henri d’Argis, Jean Moréas, Villiers de l’Isle-Adam, Tailhade, Jules Tellier, Paterne Berrichon, Ary Renan, Lefèvre, Fernand Clerget, Alain Desveaux… Le croquis est curieux parce qu’il nous rend le désordre, sur la table, des verres à liqueur, la détresse de la chambre d’hôtel, au mobilier fripé, que deux bougeoirs seuls éclairent, et son atmosphère de tabagie.

185. (1890) L’avenir de la science « IX »

Assurément, c’est une bien vaine existence que celle de l’érudit curieux qui a passé sa vie à s’amuser doctement et à traiter frivolement des choses sérieuses. […] Le philosophe, c’est l’esprit saintement curieux de toute chose ; c’est le gnostique dans le sens primitif et élevé de ce mot ; le philosophe, c’est le penseur, quel que soit l’objet sur lequel s’exerce sa pensée.

186. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Pourquoi la Chine, la Chine abîmée de vices et de vieillesse, la Chine corrompue et d’une corruption auprès de laquelle toutes les dépravations de l’Europe sont des innocences, la Chine, indifférente à toute doctrine religieuse, quoiqu’elle ait joué avec les nôtres comme un enfant curieux et pervers, ne serait-elle pas une de ces nations ? […] Quand un homme de génie comme le Père Ricci subjuguait l’esprit curieux d’un empereur chinois et se l’asservissait par l’admiration, tout allait bien dans les chrétientés le temps que cela durait, mais tout dépendait de la vie d’un homme.

187. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Mais il serait facile de montrer, l’histoire à la main, et ce serait là une étude curieuse et utile, que leurs plus grandes fautes vinrent justement de l’oubli de leur caractère et de leur devoir. […] L’une de ces dissertations, entre autres, la plus curieuse et la plus instructive, est consacrée à relever les nombreuses erreurs du chanoine Llorente sur l’inquisition d’Espagne, et la suivante à raconter le rôle que Ximénès a joué dans cette formidable institution.

188. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Telle elle était, — rien de plus, — et ce fut suffisant pour lui constituer un empire auquel travaillèrent les hommes et les femmes : les hommes, vaniteux et sensuels, les femmes, curieuses, curieuses de voir cette maîtresse de tout le monde, et la regardant comme les sauvages regarderaient un beau fusil.

189. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Wey nous en a donné encore de curieuses sur les Templiers (Philippe le Bel et Clément V dans le souterrain de Poitiers), mêlées à des renseignements non moins curieux, tirés du chartrier poitevin.

190. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Cela est curieux, mais cela doit être certainement la théocratie à son usage, cette théocratie philosophique qui n’est pas rétrograde, celle-là, et qu’il a rêvée pour lui et pour ses amis ? […] Il reste de grands poëtes, fort curieux d’abord et ensuite assez fatigants à connaître, des poëtes étranges, les poëtes de l’abstraction bien plus que des découvreurs de vérités.

191. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Lui-même ajoute, en prenant il témoin les curieux amateurs de l’ancienne poésie, qu’il restait d’Orphée des hymnes très courts et en petit nombre. […] Elles dorment aussi les tribus des oiseaux qui déployaient leurs ailes58. » Ne suffit-il pas de ce fragment de quelques vers, comme d’un débris d’inscription mutilée, pour donner à l’esprit curieux qui nous lira l’idée de cette poésie perdue ?

192. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Caze, Robert (1853-1886) »

Nul doute que les curieux de lettres rechercheront pieusement les rarissimes volumes qui forment son œuvre poétique, et les placeront à côté de ceux des meilleurs poètes de sa génération.

193. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 394

Ces deux Ouvrages renferment des choses curieuses & qui paroissent exactes ; mais le style en est foible & incorrect.

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