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1008. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Cependant, dès le premier ouvrage en prose qu’il publia (les Nouveaux dialogues des morts, 1683), l’esprit philosophique de Fontenelle commençait à se produire et à donner des gages de ce qu’il serait un jour. […] On commence à sentir en quoi, malgré ses légèretés et ses minauderies d’agrément, malgré cette familiarité affectée d’expressions qui semble par moments une chicane concertée contre la majesté des choses, Fontenelle se différencie profondément des écrivains frivoles qui traitent des sujets graves et qui ne prennent point la vérité en elle-même. […] Quand un orfèvre l’eut examinée, il se trouva que c’était une feuille d’or appliquée à la dent avec beaucoup d’adresse ; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l’orfèvre.

1009. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Saint-Évremond a beau écrire à Ninon : « La nature commencera par vous à faire voir qu’il est possible de ne vieillir pas » ; il a beau lui dire : « Vous êtes de tous les pays, aussi estimée à Londres qu’à Paris ; vous êtes de tous les temps, et quand je vous allègue pour faire honneur au mien, les jeunes gens vous nomment aussitôt pour donner l’avantage au leur : vous voilà maîtresse du présent et du passé… » ; malgré toutes ces belles paroles, Ninon vieillit, elle a ses tristesses, et sa manière même de les écarter peut sembler plus triste que tout : Vous disiez autrefois, écrit-elle à son ami, que je ne mourrais que de réflexions : je tâche à n’en plus faire et à oublier le lendemain le jour que je vis aujourd’hui. […] Mais quand Fraguier commença de la connaître, l’âge lui avait dès longtemps retiré ce qu’elle avait eu de dangereux, pour ne lui assurer que ce qui était profitable et salutaire. […] Je conseille de relire, à ce propos, ce que dit si sensément et si énergiquement Jean-Jacques Rousseau au livre V de l’Émile, dans le passage qui commence ainsi : « Je ne sache que la seule Mlle de L’Enclos, etc., etc. » et la note qui précède.

1010. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Le chapitre vi sur la politique des Romains et sur leur conduite dans la soumission des peuples est un chef-d’œuvre où la prudence et la majesté se combinent ; la grande manière commence pour ne plus cesser. […] Pour marquer que les soldats, à mesure qu’ils faisaient la guerre plus loin de Rome, sentaient s’affaiblir en eux l’esprit du citoyen, il dira : « Les soldats commencèrent donc à ne reconnaître que leur général, à fonder sur lui toutes leurs espérances, et à voir de plus loin la ville. » La ville par excellence, Urbs, c’est Rome ; on ne peut dire d’une manière en apparence plus simple une chose plus forte. […] [NdA] Voir notamment le chapitre 5 du livre xix, qui commence ainsi : « S’il y avait dans le monde une nation qui eût une humeur sociable, etc. » 17.

1011. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker, qui a tracé des portraits de société curieusement observés, en a fait un qui commence ainsi : « C’est une véritable tactique que la conduite d’un homme public occupé à cacher son ignorance. […] Un métier de tapisserie, qu’on peut avancer ou reculer sans peine, est habituellement devant elle, et ses bras posés sur une tenture toujours commencée, afin qu’on n’y aperçoive aucun motif, elle passe et repasse une aiguille avec une noble nonchalance. […] — Il me semble que j’ai donné aujourd’hui., et pour commencer, un M. 

1012. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Seulement le roi a pris à son compte la curiosité de l’historien : Je souhaiterais savoir : 1º si, au commencement du règne du tsar Pierre Ier, les Moscovites étaient aussi brutes qu’on le dit ; 2º quels changements principaux et utiles le Tsar a faits dans la religion ; 3º dans le gouvernement qui tient à la police générale ; 4º dans l’art militaire ; 5º dans le commerce ; 6º quels ouvrages publics commencés, quels achevés, quels projetés, comme communications de mers, canaux, vaisseaux, édifices, villes, etc. ; 7º quels progrès dans les sciences, quels établissements ; quel fruit en a-t-on tiré ? […] Ces considérations qu’il présente ont de l’étendue et de la portée ; ne soupçonnant pas que Voltaire est derrière ces questions, il croit répondre à l’arrière-pensée dans laquelle Frédéric l’avait consulté, quand il insiste sur les fortes qualités du soldat russe et sur les circonstances militaires du pays : « Je tiens cet État invincible sur la défensive. » Le moment alors était glorieux pour la Russie ; c’était l’heure des victoires du comte de Münnich, de la prise d’Otchakov ; Frédéric, en sa retraite de Remusberg, en est ému ; il a beau faire l’indifférent et le sage, on s’aperçoit que le sang des Alexandre et des César commence à bouillonner en lui : J’ai reçu, mon cher, voire belliqueuse lettre ; je n’y vois que les triomphes du comte de Münnich et la défaite des Turcs et des Tartares. […] Mais les autres ne le lui permirent pas de sitôt ; et, après avoir commencé par être un envahisseur, force lui fut de rester pendant des années un infatigable donneur de batailles et de devenir le plus grand capitaine de son époque : mais, l’étoffe de l’esprit et du caractère y étant, on peut dire encore qu’il ne le devint que par la force des choses.

1013. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

. — D’après la définition que nous venons de donner de la critique scientifique, il faudra pour pouvoir conclure d’une œuvre d’art à certaines âmes dont elle est le signe en vertu de certaines relations qu’il nous reste à indiquer plus loin, il faudra commencer par analyser le livre, le tableau ou la symphonie à interpréter. […] On peut donc commencer par déterminer les particularités de forme d’un auteur, et rechercher ensuite à quels effets il les emploie, ou remonter de ces émotions aux artifices qui les causent. […] Il commencera à chercher à reconnaître le nombre, la nature et l’intensité des émotions que cette lecture suscite, à les classer ; il se trouvera alors arrêté court par une difficulté qui ne semble encore avoir été aperçue par aucun esthéticien.

1014. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Shakespeare — Sa vie I Il y a une douzaine d’années, dans une île voisine des côtes de France, une maison, d’aspect mélancolique en toute saison, devenait particulièrement sombre à cause de l’hiver qui commençait. […] En 1606, dans le temps où Jacques 1er d’Angleterre, l’ancien Jacques VI d’Écosse, écrivait contre Bellarmin le Tortura torti, et, infidèle à Carr, commençait à regarder doucement Villiers, qui devait l’honorer du titre de Votre Cochonnerie, il fit Coriolan. […] La moquerie commença en France et l’oubli continua en Angleterre.

1015. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

C’est dans des paysages, en effet, empruntés tous à la nature alpestre du Jura, probablement longtemps habité, que l’auteur des Horizons prochains a placé la scène de ces romans de courte haleine, dont il commence par nous dessiner la vignette. […] Dans une couleur plus sombre et plus terrestre, il y a un Pauvre garçon qui commence, net, cru et observé comme un conte de Crabbe, — qui se transforme et s’illumine dès que l’Évangile entre dans le grenier du scrofuleux, — puis finit brusquement dans une beauté vraiment tragique. […] Je n’ai rien entendu de plus déchirant d’abord et de plus consolant et de plus fortifiant ensuite que ce livre qui commence par des cris et qui finit par des cris encore, car l’Alléluia des Saints dans le Paradis est un cri !

1016. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

» Et, Lettre XXX : « J’espère que mon séjour ici sera court, dans l’impatience extrême où je suis… de vous vouer une reconnaissance et un attachement éternels, — ne pouvant cesser de vous rapporter la grandeur solide et la décoration extérieure de ma maison, et de me BAIGNER, puisqu’il faut vous le dire, dans ce comble d’amitié à qui rien de grand ou de petit n’échappe… » Et plus loin, Lettre XXXV, toujours à Dubois : « Je finis par où j’aurais dû commencer, par l’effusion la plus tendre et la plus respectueuse pour Votre Éminence, et par les protestations les plus ardentes d’un respect et d’une reconnaissance qui ne finiront jamais. » Puis encore, à la Lettre LX : « Madame de Saint-Simon a eu la galanterie de m’envoyer votre mandement sur le jubilé ! […] Ce fut à dater de Louis XII que cette horrible nouveauté commença de se produire. […] X Encore une fois, ce fut celle-là qui acheva le mal commencé par les autres, et qui fut la fin de cette monarchie française d’une durée de dix-sept siècles !

1017. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Il était beau, et ce n’est pas pour lui que Jean-Paul eût fait son mot célèbre : « On ne s’aperçoit pas plus de la laideur d’un homme éloquent, qu’on ne voit la corde de la harpe quand elle commence à résonner. » III Tel fut Rivarol. […] Sa beauté célèbre commença ses succès, et son irrésistible esprit les acheva. […] Ce superbe avait commencé par porter le petit collet !

1018. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Et voyez comme tout s’accorde : quand Virginie, déchue, aura baissé d’un degré en pureté, elle commencera à avoir l’idée de sa propre supériorité, elle sera plus savante au point de vue du monde, et elle rira. […] On peut la construire d’abord d’après une loi philosophique pure, ainsi que j’ai commencé à le faire, puis d’après la loi artistique de création. […] Et ils s’élancent à travers l’œuvre fantastique, qui, à proprement parler, ne commence que là, c’est-à-dire sur la frontière du merveilleux.

1019. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

En effet, de même qu’à Marathon et à Salamine ce fut Athènes qui repoussa surtout le poids de l’invasion barbare, ainsi c’était dans Athènes seule qu’avait commencé et que s’était rapidement agrandie la merveille de l’art antique. […] Une fête domestique commence l’hymne triomphal. […] Ce jour-là, dans les fêtes d’Athènes, le génie de la liberté et de la poésie jetait, un siècle d’avance, les fondements de la grandeur d’Alexandre et commençait la conquête de l’Orient.

1020. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Selon ce principe, Calesco, je commence à avoir chaud, je m’échauffe, équivaut à calidus esco. Frigesco, je commence à avoir froid, (frigidus esco. […] Cette pratique cependant n’est plus d’usage aujourd’hui pour la lettre c ; on a substitué la cédille à l’e muet, & l’on écrit commença, perçons, conçu. […] Si elle commence le mot, elle empêche l’élision de la voyelle finale du mot précédent, ou elle en rend muette la consonne finale. […] Ovide commence ses métamorphoses par ces paroles : In nova fert animus mutatas dicere formas Corpora.

1021. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Pour qui a lu avec soin les livres IV et V des Odes, les pièces intitulées l’Âme, Épitaphe, et tout ce charmant poëme qui commence au Premier Soupir et qui finit par Actions de Grâces, il est clair que le poëte, sur ces cordes de la lyre, s’était arrêté à son premier mode, mode suave et simple, bien plus parfait que celui des Odes politiques qui y correspond, mais peu en rapport avec l’harmonie et l’abondance des compositions qui ont succédé. […] Et ailleurs, toute la pièce ironique et contristée qui commence par ces mots : Où donc est le bonheur ?

1022. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Il commence d’un ton de simplicité ce récit qui n’est pas sans composition ni sans art : il y en a partout chez Fléchier. […] La double perspective commence.

1023. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Bientôt la Révolution commença, et, « quelque étonnant que cela puisse paraître, nous dit le biographe, Victorin était déjà en état d’en comprendre les vastes scènes. » On avouera qu’en effet c’était une précocité assez étonnante chez un enfant qui n’avait que quatre ou cinq ans. […] Victorin Fabre lui-même manqua essentiellement de l’exquis en littérature ; après ses premiers essais, qui ont du ton, du nombre, du mouvement, des passages d’éclat, de nobles pensées, mais qui ne sont que d’un disciple encore, on put croire un moment qu’il allait se dégager et prendre son essor avec aisance ; l’Éloge de La Bruyère donnait lieu de l’espérer ; mais l’Éloge de Montaigne, remarquable pourtant, ne tint pas cette promesse ; l’auteur, en cet heureux sujet, n’eut rien de libre ni de léger ; en voulant approfondir, il s’aheurta, il fut rocailleux, il commençait à se montrer pesant.

1024. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

C’était l’heure où l’on allait commencer à sortir de chez soi, non plus pour se combattre, mais pour se connaître. […] Cousin commença de l’appliquer dans toute son étendue aux trois grandes écoles du xviiie  siècle, aux Écossais, à Condillac, à Kant.

1025. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Que de réputations commencées l’on a vues ainsi, depuis dix ans, tour à tour passer et doucement s’éteindre ! […] Sainte-Beuve les avait rayés de sa propre main en 1869, sur la liste qu’il avait commencé à en faire relever.

1026. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Souvent, par une maladresse ou une étourderie de l’écrivain, une vision importune détourne l’attention du lecteur, et l’arrache à la domination qu’il commençait de subir : quand on le reprend, il ne reste plus en lui trace de l’impression première ; c’est comme s’il avait cédé la place à un autre, qui commencerait de lire au milieu d’une page.

1027. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Mais il ne faut jamais perdre de vue deux choses : l’une, que celui-là sera un mauvais maître de littérature qui ne travaillera point surtout à développer chez les élèves le goût de la littérature, l’inclination à y chercher toute leur vie un énergique stimulant de la pensée en même temps qu’un délicat délassement de l’application technique ; c’est là qu’il nous faut viser, et non à les fournir de réponses pour un jour d’examen ; l’autre, que personne ne saura donner à son enseignement cette efficacité, si, avant d’être un savant, on n’est soi-même un amateur, si l’on n’a commencé par se cultiver soi-même par cette littérature dont on doit faire un instrument de culture pour les autres, si enfin, tout ce qu’on a fait de recherches ou ramassé de savoir sur les œuvres littéraires, on ne l’a fait ou ramassé pour se mettre en état d’y plus comprendre, et d’y plus jouir en comprenant. […] Et voilà pourquoi il faut commencer par appliquer rigoureusement toutes les méthodes de détermination ; les grandes œuvres sont celles que la doctrine de Taine ne dissout pas tout entières ; la méthode délicate de M. 

1028. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Et, plus souvent qu’on ne croirait, une fois mis en train, il leur arrive de se laisser prendre à ce travail forcé, de penser ce qu’ils écrivent et d’achever avec intérêt ce qu’ils avaient commencé avec ennui. […] Il a commencé par être un reporter plein de déférence ; puis il s’est poussé et s’est maintenu par le respect du public, entendez par le respect des opinions et des goûts présumés de la haute et moyenne bourgeoisie.

1029. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Mais  et c’est ici que commence le paradoxe du Lys rouge, — la comtesse Martin et surtout Jacques Dechartre nous sont donnés comme des êtres de choix, singulièrement conscients, et d’un esprit tout à fait supérieur. […] Puis, c’est un phénomène connu, que les esprits très compliqués adorent souvent les âmes simples… Toutefois, cette préoccupation impie et affectueuse de la vie mystique commence à devenir singulière, chez M. 

1030. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Nés à Bethsaïde 420, ils se trouvaient établis à Capharnahum quand Jésus commença sa vie publique. […] Parmi les personnages qui précèdent, tous ceux dont on sait quelque chose avaient commencé par être pêcheurs.

1031. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Un ordre nouveau commence et la Justice est fondée. […] Atrée et Thyeste commencent par tuer Chrysippe, fils naturel de Pélops.

1032. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Déjà, en 1818, un écrivain peu populaire, mais élevé (Ballanche), s’était avisé de dire : « Notre littérature du siècle de Louis XIV a cessé d’être l’expression de la société ; elle commence donc à être déjà pour nous en quelque sorte une littérature ancienne, de l’archéologie. » Eh bien ! […] Se pourrait-il que déjà l’ère des scholiastes eût commencé pour la France, et que nous en fussions désormais, comme œuvre capitale, à dresser notre inventaire ?

1033. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Notre journal a un bureau au rez-de-chaussée dans une rue où l’on commence à bâtir : rue d’Aumale ; il a un gérant auquel on donne cent sous par signature ; il a un programme qui est l’assassinat du classicisme ; il a des annonces gratuites et des promesses de primes. […] On invite toutes les connaissances de L’Éclair, le bohème Pouthier, un architecte sans ouvrage, un marchand de tableaux, des anonymes ramassés au hasard de la rencontre, quelques femmes vagues, et, à un moment, pour animer un peu cette fête de famille, Nadar, qui commençait une série de caricatures dans notre journal, a l’idée d’ouvrir les volets, et d’inviter les passants et les passantes par la fenêtre.

1034. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Car, là il y avait, certes, l’occasion d’une création majestueuse ; on pouvait, dans un sujet pareil, mêler à la peinture d’une famille féodale la peinture d’une société héroïque, toucher à la fois des deux mains au sublime et au pathétique, commencer par l’épopée et finir par le drame. […] Cette patrie n’a d’autre frontière que la ligne sombre et fatale ou commence la barbarie.

1035. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

hic veteres… etc. " ceux qui les premiers ont fait profession de composer la déclamation des pieces de théatre et de les faire representer sur la scene, en ont usé très-sagement quand ils ont reglé que chaque geste commençât avec un sens, et qu’il finît en même temps que ce sens-là. Ils ont eu raison d’introduire cette regle : car il est également messeant de commencer à gesticuler avant que d’avoir ouvert la bouche, et de continuer à gesticuler après avoir cessé de parler.

1036. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

* *  * La Dordogne lettrée commence seulement à lire Fanny : ce qui prouve une fois de plus que la centralisation littéraire est une excellente chose. […] — Savez-vous que ça commence à n’être plus drôle ?

1037. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Le dix-huitième commence, et les mœurs se dépravent encore ; mais ce n’est point ce désordre seul qui afflige les regards de l’observateur ; une plaie cruelle porte ses ravages jusque dans le cœur, de l’État. […] Un nouveau siècle commence !

1038. (1760) Réflexions sur la poésie

Le sonnet ne se montre plus, l’élégie expire, l’églogue est sur son déclin, l’ode même, l’orgueilleuse ode commence à déchoir ; la satire enfin, malgré tous les droits qu’elle a pour être accueillie, la satire en vers nous ennuie pour peu qu’elle soit longue ; nous l’avons mise plus à son aise en lui permettant la prose ; c’est le seul genre de talent que nous ayons craint de décourager. […] Je ne sais ce qui arrivera des vers sans rime ; mais je ne désespère pas que s’ils s’établissent jamais, l’usage ne commence par nos vers lyriques, par ceux qui sont faits pour être chantés.

1039. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Les institutions des peuples sont filles du temps ; et le temps, qui fonde et qui détruit, le temps, ce grand et irrévocable interprète de la Divinité, le temps achève à peine, au milieu de nous, l’ouvrage de la destruction : voilà qu’il va commencer à fonder. […] Oui, j’en suis persuadé, la résistance à la révolution n’a commencé que lorsqu’on a voulu aller au-delà de ce qui était dans les mœurs, dans l’état des lumières, dans nos besoins réels.

1040. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Plus tard, sans doute, la Postérité aux yeux secs ne se gêne pas infiniment avec les faire part de gloire qu’on lui adresse, et tranquillement elle les déchire ; mais la postérité ne commence pas le lendemain de la mort d’un homme, et c’est ce lendemain — ce bienheureux lendemain d’une épitaphe neuve — dont il semble que l’on puisse toujours profiter. […] Se tempérer soi-même quand on commence de n’en pouvoir plus, se modérer quand on ne s’emporte pas, se rasseoir quand on est cul-de-jatte, quel mérite a-t-on et quelle peine intelligente ?

1041. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

… Clément est un de ces biographes à la manière anglaise, ayant pour qualité dominante cette recherche du détail et du point juste où les choses commencent et où elles finissent qui donne à un livre historique la clarté souveraine qu’aucun nuage de métaphysique, aucune audace de théorie, ne pourront désormais troubler. […] Quand la France aura un Shakespeare, nous saurons alors les affres de ce temps… On sortait des guerres civiles d’Armagnac contre Bourgogne, de la folie de Charles VI, des déportements d’Isabeau, mais on était entré dans une période non moins funeste : la guerre étrangère, l’invasion par les Anglais, et tous ces désastres et toutes ces incomparables misères invétérées depuis tant d’années, et qui allaient durer trente ans encore, « Quand le roi Charles VII commença la guerre pour son droit, — nous dit un vieux historien avec une expression tragique, — il y avait soixante-dix ans que la France était dans le sang et dans la misère… Il n’y avait de toutes parts que déchirements, confusions, frayeurs, solitude… Le paysan, dénué de chair et de graisse, n’avait que les os… encore étaient-ils foulés !

1042. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Le roi René, auquel n’ont manqué non plus ni la calomnie ni la caricature, n’a point l’importance majeure et absolue de l’homme qui a fait la monarchie française commencée par le doux saint Louis et achevée par le terrible Richelieu. […] Sans l’égaler jamais, il est vrai, cet être incomparable dans l’histoire, il le rappela par sa chevaleresque bravoure, sa piété et son courage dans la captivité ; car, victime d’un sort incroyable, René d’Anjou a commencé sa jeunesse et son règne par la captivité !

1043. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Sa Madame de Montmorency 20, dont il s’occupait avec un soin presque religieux, cette histoire qui commence par la Cour, l’éclat et le monde, et qui finit par l’affliction et une cellule, sa Madame de Montmorency a été pour lui pendant longtemps comme une espèce d’oratoire littéraire dans lequel il revenait à la dévotion de toute sa vie : l’amour des choses de l’esprit et des recherches de l’histoire. […] II Telle est l’héroïne que Renée a préférée pour nous en raconter l’histoire à toutes les femmes du xviie  siècle, de ce temps complet qui commença par les grandes femmes et qui finit par les grands hommes.

1044. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Le nombre des volumes qu’un homme publie, les matières qu’ils renferment, les lectures qu’ils supposent, tout cela produit dans les têtes innocentes un effet qui commence le succès et qui l’a commencé pour M. 

1045. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Ce grand de Maistre, qui passa sa vie dans la société des empereurs et des rois sans y rabaisser son génie ; qui commença en la société intellectuelle par les Considérations sur la France, et ne trouva pas, après trente ans de services de génie, un prêtre ou un évêque pour rendre compte du livre du Pape, ce chef-d’œuvre consacré à Rome, et qui mourut, frappé au cœur, de l’ingratitude du sacerdoce, aussi grande alors que celle des gouvernements ; ce grand de Maistre a été vengé de tout cela par sa gloire… Crétineau, moins grand et moins infortuné, eut tout de suite ce qui lui revenait. […] C’est ainsi qu’il commença, le sanglier de la Vendée… Mais ces commencements furent rapides.

1046. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Condamné à Rome alors, mais, comme tous les hérétiques qui commencent, faisant la distinction de l’Église et de la cour de Rome, il affirmait, à ce moment encore, son respect pour l’Église, se vouant seulement à un silence absolu, à un silence de trappiste sur les choses religieuses, comme il le dit dans deux ou trois lettres de la présente collection. […] Il commençait à s’en détacher en 1827, et il croyait que tout le monde était comme lui : « Je ne vois qu’une chose dans le peuple, — écrivait-il à ses amis, — c’est l’indifférence pour tout ce qui rappelle la monarchie.

1047. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Seulement voici où l’embarras commence… Si la Critique prend au sérieux ce gros livre de Terre et Ciel que d’aucuns regardent comme un monument ; si elle se croit obligée d’entrer dans les discussions qu’il provoque et d’accepter ces formes préméditées d’un langage scientifique assez semblable au latin de Sganarelle, mais moins gai, la voilà exposée à asphyxier d’ennui le lecteur, comme elle a été elle-même asphyxiée ; — et cependant, d’un autre côté, si on touche légèrement à une chose si pesante, d’honnêtes esprits s’imagineront, sans doute, que c’est difficulté de la manier ! […] Mais à une époque où le Rationalisme souffre tant des blessures qu’il se fait à lui-même et où l’enseignement de l’Église commence de reprendre dans les esprits éminents l’empire qu’il avait perdu au dix-huitième siècle, ils se sont dit probablement qu’il ne fallait mépriser le secours de personne.

1048. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Il ne commence point par creuser dans les facultés de l’homme pour mieux juger du but de l’humanité. […] Nous, nous commençons par Dieu l’histoire de toutes choses, et cette vue-là simplifie tout.

1049. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

La gloire est si bête, que ce fut une Académie — l’Académie de Copenhague — qui commença sa renommée, comme l’Académie de Dijon avait commencé celle de Rousseau.

1050. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Puisque le monde politique a répercuté l’erreur du monde religieux, ne serait-il pas à souhaiter que les choses s’achevassent comme elles ont commencé, et que la répercussion eût lieu encore du triomphe de la vérité sur l’erreur ? […] L’abbé Christophe n’a point ajouté à la défense et aux justifications commencées par des historiens et des critiques qui vont plus loin que lui dans leurs investigations.

1051. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Les Colombes et Couleuvres d’aujourd’hui n’ont rien qui rappelle les Poésies de cape et d’épée, ce livre cavalier, fringant, éperonné, qui commença la réputation de M.  […] Nous ne savons pas si nous nous trompons… mais au mouvement de ces vers, à leur réchauffement, à leur battement d’ailes, au souffle de tendresse et de plainte qui y passe en notes si simples et si pressées, l’épée est brisée, la cape est brûlée et le Naturel commence, le Naturel, cette fleur tardive de nos automnes intellectuels !

1052. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Ce fut donc dans L’Artiste, et exclusivement, je crois, dans L’Artiste, cet écrin des poètes niellé par Arsène Houssaye et par Coligny, que ce nom de Saint-Maur, si bien fait pour briller un jour, commença doucement de reluire. […] Elles n’oublieront pas la manière dont il a chanté en pleurant sa fille morte, et c’est elles qui commenceront sa gloire.

1053. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Poitou n’est que la répétition pédantesque et très-fastidieuse de toutes les idées communes et hostiles qui ont été, à toutes les époques, exprimées sur Balzac depuis qu’il avait commencé la grande œuvre si prématurément interrompue par sa mort. […] Or, ce livre, nous prenons l’engagement de le faire un jour ; seulement nous n’avons pas voulu, par respect pour le grand homme littéraire des temps modernes, commencer la série des Romanciers du xixe  siècle, sans écrire à la tête le nom de Balzac.

1054. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Arthur de Gravillon, qu’il l’ait voulu ou qu’il l’ait simplement souffert, a dû porter d’abord sur sa pensée l’influence de La Bruyère Est-ce que nous ne commençons pas tous par être le pavois d’un homme ? […] Arthur de Gravillon aime la langue française à la fureur, et c’est comme cela qu’il faut l’aimer, et il lui fera de fiers enfants, s’il ne s’amuse pas à madrigaliser avec elle dans toutes ces préciosités que je lui ai reprochées et qu’il a, du reste, comme tous les amoureux qui commencent.

1055. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Et ne confesserez-vous point que cela commençait à vous manquer ? […] Nous commencions à croire qu’ils avaient tous du génie là-bas. […] Il passe outre et commence l’investissement de Miss Lilian. […] Mais l’étoile de l’empereur pâlit ; il commence à connaître les désastreuses demi-victoires. […] Ce type, assez nouveau, commence à se rencontrer.

1056. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

En se condamnant elle m’absout ; où commence la complicité, la justice se tait. […] Le remords commence pour madame de Montespan. […] Beauséant s’éloigne en jurant de se venger ; Pauline commence à aimer son mari. […] Le rôle de la philosophie commence où finit le rôle de la physiologie. […] Il continue à la tribune l’œuvre qu’il a commencée dans la chaire : l’enseignement.

1057. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghéon, Henri (1875-1944) »

Henri Ghéon est l’un de ces poètes qui retournent ou prétendent retourner à la nature, et s’il mène à bien la série qu’il a commencée, il aura composé avec une méthode presque didactique quelque chose comme des Géorgiques françaises.

1058. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Préface de la première édition du quatrième volume »

Quand j’ai commencé à mettre la main à ce volume, la révolution de 1848 venait d’élever à la dignité de maximes d’État les plus dangereuses des doctrines du dix-huitième siècle.

1059. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

Il commence par examiner quelle est la nature des Arts, quelles en sont les parties & les différences essentielles ; il fait voir ensuite que leur unique but ne tend qu’à cette imitation nécessaire, & qu’ils ne different entre eux que par les moyens qu’ils emploient pour y arriver.

1060. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 208-210

Aussi a-t-elle commencé par prendre ses mesures.

1061. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

A la bonne heure, qu'on n'écrive point en latin, quand on ne pourra tout au plus atteindre qu'au style des Philosophes, qui, dans les trois âges de la Littérature, a été la premiere époque de la dépravation des Lettres, ainsi qu'il commence à l'être dans celle-ci ; mais quand on pourra approcher des Auteurs faits pour être les modeles de tous les temps, ce sera un nouveau genre de gloire qu'on répandra sur sa Patrie.

1062. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

Ce n’est que tout à l’heure, au moment où, selon l’usage des auteurs de terminer par où le lecteur commence, il allait élaborer une longue préface, qui fût comme le bouclier de son œuvre, et contînt, avec l’exposé des principes moraux et littéraires sur lesquels repose sa conception, un précis plus ou moins rapide des divers événements historiques qu’elle embrasse, et un tableau plus ou moins complet du pays qu’elle parcourt ; ce n’est que tout à l’heure, disons-nous, qu’il s’est aperçu de sa méprise, qu’il a reconnu toute l’insignifiance et toute la frivolité du genre à propos duquel il avait si gravement noirci tant de papier, et qu’il a senti combien il s’était, pour ainsi dire, mystifié lui-même, en se persuadant que ce roman pourrait bien, jusqu’à un certain point, être une production littéraire, et que ces quatre volumes formaient un livre.

1063. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Mystères. » pp. 35-37

Telle est l’origine de notre théâtre, où les acteurs qu’on nommait Confrères de la Passion, commencèrent à jouer leurs pièces dévotes en 1402.

1064. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre premier. De l’Écriture et de son excellence. »

C’est un corps d’ouvrage bien singulier que celui qui commence par la Genèse, et qui finit par l’Apocalypse ; qui s’annonce par le style le plus clair, et qui se termine par le ton le plus figuré.

1065. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

On serait vraiment porté à le croire, à l’audition des grosses injures qui commencent à se faire entendre. […] — C’est partir de bas, direz-vous, que de faire commencer l’art au bain de propreté, à la coupe des ongles et des cheveux ! […] La morale n’a-t-elle pas commencé par la défense de la chair humaine et de l’amour bestial ? […] Un drame réel ne commence pas par une action saillante ; quelquefois il ne se dénoue pas, de même que l’horizon que nous apercevons n’est pas la fin du monde. […] Les contes d’Hoffmann commencent ou finissent toujours un peu dans les nuages, ceux de M. 

1066. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Un cri effroyable du peuple, jeté de la place, des fenêtres et des tours, m’avertit qu’elle était retombée et que la tête avait roulé jusqu’à terre ; j’eus encore la force, heureusement, de penser à mon âme et de commencer une prière pour lui ; je la mêlai avec celle que j’entendais prononcer à haute voix par notre malheureux et pieux ami de Thou. […] Pourquoi tant d’astres éteints dès qu’ils commençaient à poindre ? […] la Raison est une puissance froide et lente qui nous lie peu à peu par les idées qu’elle apporte l’une après l’autre, comme les liens subtils, déliés et innombrables de Gulliver ; elle persuade, elle impose quand le cours ordinaire des jours n’est que peu troublé ; mais le Désespoir véritable est une puissance dévorante, irrésistible, hors des raisonnements, et qui commence par tuer la pensée d’un seul coup. […] toute cette comédie est jouée : j’en commence une autre avec moi-même. — Il faut, à cette heure, que ma volonté soit assez forte pour saisir mon âme, et l’emporter tour à tour dans le cadavre ressuscité des personnages que j’évoque, et dans le fantôme de ceux que j’invente ! […] Beckford, averti par lord Talbot, arrive lui-même, et propose à Chatterton un emploi de cent livres pour commencer.

1067. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

et encore celle-ci, « que la science n’a vraiment commencé que le jour où la raison s’est prise au sérieux et s’est dit à elle-même : tout me fait défaut, de moi seule me viendra mon salut » ? […] N’est-ce pas peut-être une grande chose, pour gouverner, que de commencer par être un gouvernement27 ? […] On m’a reproché, sur tous les tons aussi, que je manquais de style ou de grammaire même ; et, à ce propos, comme voilà vingt ans qu’on me le dit, je ne suis pas si têtu que de ne pas commencer à le croire. […] Aussi bien la notion de la « contingence des lois de la nature » commence-t-elle depuis quelques années à s’introduire dans la métaphysique même ; et on se rend compte de l’abus de raisonnement que l’on commet en niant le surnaturel au nom d’une expérience aussi courte et aussi neuve qu’est la nôtre. […] Mais pour le décider, commencer par le nier, on avouera que c’est une étrange méthode.

1068. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Il commença par s’assurer que l’erreur ne venait point de sa mémoire ; puis, il se procura une affiche qu’il colla avec quatre pains à cacheter au milieu de la glace de son cabinet. […] M. le directeur des Beaux-Arts commença à croire que c’était M. le commissaire du roi qui, comme on dit en termes d’atelier, le faisait poser. […] La répétition commence : sauf quelques changements de peu d’importance opérés d’accord avec les artistes, les trois premiers actes vont assez bien. […] Buloz se sentit fort et commença d’être ingrat. […] Je commençai par exposer à M. 

1069. (1823) Racine et Shakspeare « Préface » pp. 5-7

Enfin, et c’est ce qui lui vaudra l’immortalité, il s’aperçut que le genre niais de l’ancienne école française ne convenait plus au goût sévère d’un peuple chez, qui commençait à se développer la soif des actions énergiques.

1070. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) »

C’est la même imagination confiante, le même élan continu vers la sympathie du lecteur… Mme Blanchecotte est encore, parmi nos modernes, un de ceux qui ont le plus gardé des traditions de poésie subjective ; mais les Militantes marquent un grand progrès, et, de cette personnalité un peu mélancolique, trop attachée, selon nous, à la lettre de sa souffrance, l’auteur commence à se dégager vers les régions supérieures où l’âme de chacun se fond et se disperse dans la vie de tous.

1071. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

Elle commence ainsi : J’abit’ ru’ d’l’École’ de Méd’cine, Au premier, tout comme un bourgeois… Cette chanson m’a donné l’impression très vive de ce qui a remplacé la botte de paille des basochiens de la rue du Fouarre ; la chambre garnie de la Rive gauche, l’acajou écaillé du lit disjoint, le tapis pelé, les draps de coton trop étroits et toujours moites, les serviettes pelucheuses, la cuvette fêlée, l’odeur qui monte de la cour, et toute cette misère égayée parfois d’un punch ou d’un passage de jupe pas chère.

1072. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 412-415

Le premier Verset du Cantique des trois jeunes Hébreux, en latin, & la plupart des suivans commencent par Benedicite.

1073. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 266-268

Parce que Scudery aura dit dans une Epître Dédicatoire à M. le Duc de Montmorency, pour lui marquer qu'il est le premier de sa famille qui se soit fait Auteur : Je suis sorti d'une Maison où l'on n'a jamais eu de plume qu'au chapeau ; parce que son Poëme d'Alaric aura commencé par ce Vers : Je chante le Vainqueur des Vainqueurs de la Terre.

1074. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

L’Abbé de Villiers étoit bien différent, en cela, de nos Auteurs modernes, qui esperent toujours effacer ceux qui les ont précédés, & croient écrire pour la postérité, sans s’appercevoir que leur Siecle commence déjà à rougir des suffrages qu’une premiere surprise lui avoit arrachés.

1075. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henriette d’Angleterre » pp. 7-9

Intellectuellement, c’est tout madame de La Fayette, avec sa douceur de regard, sa pureté de style, sa lueur de perle… Quoique fort bienvenue de cette éblouissante Henriette, qui a laissé inextinguibles dans l’Histoire l’éclair de sa vie et l’éclair de sa mort ; quoique mêlée à ces intrigues, voilées de décence, d’une cour qui commençait alors de mettre la convenance par-dessus toutes ses passions, madame de La Fayette ne nous donne pas sur les hommes et les choses de son temps des lumières bien nouvelles.

1076. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche aurait infusé tous les passages des Écritures qui se trouvaient traduits par Bossuet et autres grands écrivains sacrés : « Car, ainsi qu’il l’a remarqué depuis dans les Institutions sociales, Bossuet, ce dernier Père de l’Église, a une merveilleuse facilité à s’approprier les textes sacrés et à les fondre tout à fait dans son discours qui n’en éprouve aucune espèce de trouble, tant il paraît dominé par la même inspiration. » Ce projet n’eut pas de suite, quoique M. de Chateaubriand ait commencé quelque chose des discours ; mais il se forma du moins à ce sujet, entre le grand poëte et M. […] Il lui avait lu les chants commencés d’Antigone, et quelques impressions nouvelles, dues à un sourire compatissant, se retrouvèrent bientôt dans le portrait intime de la fille d’Œdipe : ainsi les paroles de la consécration d’Antigone par son père mourant sont une inspiration de ces premières rencontres : « Ame sublime d’Antigone, que t’importe le bonheur ou le malheur ? […] Ballanche, cette pensée éternelle d’un hymen à la fois accordé et impossible, cette initiation au vrai et au bien par la chasteté et par la douleur : « La douleur, dit Orphée, sera le second génie qui m’expliquera les destinées humaines. » Chaque page nous offre des pensées de tous les temps, dans la magnificence de leur expression : « Souvenez-vous que les Dieux immortels couvrent de leurs regards l’homme voyageur, comme le ciel inonde la nature de sa bienfaisante lumière. » Et encore : « Toutes les pensées d’avenir se tiennent ; pour croire à la vie qui doit suivre celle-ci, il faut commencer par croire à cette vie elle-même, à cette vie passagère. » Enfin, les approches de la mort d’Orphée, les troubles et l’agonie orageuse de cette grande âme qui, comme toutes les âmes divines au terme, se croit un moment délaissée, ont une sublimité égale aux plus belles scènes des épopées modernes. […] Ballanche appelle l’erreur du dix-huitième siècle, erreur admise par Benjamin Constant lui-même ; elle persista à voir le commencement de la société dans le sauvagisme, comme lui, Benjamin Constant, commençait la religion par le fétichisme. […] Il avait fini par tout dépenser, et il commençait à emprunter.

1077. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Argus (c’est le nom de l’aîné des fils de Chalciope) commence en médiateur ; il essaye de disposer son grand-père en faveur des étrangers ; il raconte les services que lui et ses frères en ont reçus, le but de l’expédition, la qualité et la race divine de cette élite de héros ; que Jason ne vient que pour satisfaire aux ordres d’un tyran jaloux, et que, s’il obtient de plein gré la toison désirée, il est prêt, lui et ses amis, à payer ce bienfait par tous les services. — Éétès s’emporte à cette nouvelle, il met en doute la bonne foi des arrivants, il menace. […] N’y eût-il que le passage suivant, il n’y aurait pas moyen d’en douter : « La nuit, continue Apollonius, la nuit vint ensuite, amenant les ténèbres sur la terre ; les nautoniers sur la mer avaient les yeux fixés vers la grande Ourse et vers les étoiles d’Orion ; c’était déjà l’heure où tout voyageur et tout gardien aux portes des villes106 commence à désirer le sommeil ; un assoupissement profond s’emparait même des mères dont les enfants sont morts. […] Ma beauté commença à fondre ; je ne pensai plus à cette fête, et je ne sais comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea ; je restai gisante sur ma couche dix jours et dix nuits. […] Dis-moi quelque chose encore de cette jeune fille que tu as nommée comme si célèbre, de cette fille de Pasiphaé, la sœur de mon père. » Elle dit ; et lui aussi, à son tour, le funeste Amour commença à le surprendre par les larmes de la jeune fille, et il répondit… » On voit que Jason a bien tardé à s’émouvoir, et que son sang-froid a duré assez longtemps ; il est tout à fait dans le rôle d’Énée et de tant de héros qui se laissent faire et que les Dieux, en de telles rencontres, conduisent par la main à leur fortune. […] Jason essaye de la satisfaire et commence à lui parler de sa patrie ; puis, touché par degrés et gagné à la tendresse, il s’interrompt en s’écriant : « Mais pourquoi te raconter toutes ces choses que le vent emportera, et ma patrie, et notre famille, et la très-illustre Ariane, fille de Minos, nom brillant qui fut celui de cette vierge aimable sur laquelle tu m’interroges ?

1078. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Non seulement les hommes ont commencé par la science, mais par une science différente de la nôtre et supérieure à la nôtre, parce qu’elle commençait plus haut, ce qui la rendait même très dangereuse ; et ceci vous explique pourquoi la science dans son principe fut toujours mystérieuse et renfermée dans les temples, où elle s’éteignit enfin lorsque cette flamme ne pouvait plus servir qu’à brûler. […] Déjà dans le règne végétal on commence à sentir la loi : depuis l’immense catalpa jusqu’à la plus humble graminée, combien de plantes meurent, et combien sont tuées ! […] Pour moi je pense continuellement à toi, et, pour y penser avec plus de plaisir, j’ai fabriqué dans ma tête une petite figure espiègle, qui me semble être ma Constance… » Et à son fils, qu’il se disposait à appeler en Russie pour y commencer sa fortune : « Il faut que tu me remplaces auprès de ta mère quand je n’y suis pas, et que tu sois son premier ministre de l’intérieur. […] Le prosélytisme religieux du comte de Maistre commençait à offusquer l’empereur Alexandre et son gouvernement ; la faveur de l’écrivain ultra-catholique baissait à la cour.

1079. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Elle commençait à chercher pour répondre des paroles entrecoupées à travers ses sanglots, mais elle ne put achever… Le monstre s’avançait à grand bruit des flots sur la mer, etc., etc. […] Ils marchaient en silence sous ce fardeau sacré, et déjà les étoiles commençaient à pâlir dans le ciel, l’ombre à s’éclaircir sur la terre, quand ils rencontrent Zerbin, qui rentrait au camp des chrétiens après avoir employé le commencement de la nuit à la poursuite des Sarrasins… Cloridan, à l’aspect de Zerbin et de son groupe de guerriers, supplie Médor d’abandonner sa charge, lui représentant qu’il serait trop insensé de perdre deux vivants pour sauver un mort. […] Le bruit des tours, de la danse et de la beauté de ce petit animal parvint bientôt jusqu’à la belle Argie : elle fit appeler le pèlerin dans sa cour, et c’est ainsi que commença l’aventure que le destin réservait au vieux sénateur. […] Quoi qu’il en fût, ce livre, commencé dans la gaieté, se terminait dans la mélancolie ; l’imagination, à dix-neuf ans et à vingt-sept ans, est une puissance qu’il ne faut pas solliciter trop vivement, même par des badinages ; les feux follets de l’Arioste ont pu allumer quelquefois des volcans du cœur. […] « La révolution romaine fut prise d’assaut dans Rome par l’armée française. » Le paragraphe suivant commence ainsi : « Sous un autre président de la république, etc. » C’est donc bien le général Cavaignac et son gouvernement que, dans ces quelques lignes, vous accusez d’être intervenu à main armée en faveur du pouvoir temporel ; ce serait l’armée du dictateur Cavaignac qui aurait pris d’assaut la république romaine.

1080. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Or la raison ne vous dit-elle pas assez que tous ces objets qui existent dans votre âme, ou de fougueux désirs, ou de vains transports de joie, ne sont pas de vrais biens, et que ceux qui vous consternent ou qui vous épouvantent ne sont pas de vrais maux ; mais que les divers excès ou de tristesse ou de joie sont également l’effet des préjugés qui vous aveuglent, préjugés dont le temps a bien la force à lui seul d’arrêter l’impression : car, quoi qu’il arrive, nul changement réel dans l’objet ; cependant, à mesure que le temps l’éloigne, l’impression s’affaiblit dans les personnes les moins sensées, et par conséquent, à l’égard du sage, cette impression ne doit pas même commencer. » VIII Sa théorie des passions n’est pas moins sévère ; son rigorisme n’admet pas même la sainte colère qui possède en apparence l’orateur indigné dans ses accès d’éloquence. […] Il commence par s’excuser d’oser écrire sur une matière aussi auguste : « Pour moi, dit-il, qui viens de publier en peu de temps plusieurs de mes livres, je n’ignore pas qu’on en a parlé beaucoup, mais différemment. […] Ces travaux terminés, j’ai écrit sur la Nature des dieux trois livres, comprenant tout ce qui se rattache à cette question ; et, pour remplir ma tâche dans toute son étendue, j’ai commencé à traiter de la divination. […] La véritable vie, me dit-il, commence pour ceux qui s’échappent des liens du corps où ils étaient captifs ; mais ce que vous appelez la vie est réellement la mort. […] « Mais, comme nous nous sommes assez promenés, et que d’ailleurs vous allez commencer quelque chose de nouveau, voulez-vous que nous changions de place, et que dans l’île qui est sur le Tibrène, car c’est, je pense, le nom de cette autre rivière, nous allions nous asseoir pour nous occuper du reste de la discussion ?

1081. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

III Ils commencèrent par l’ingratitude. […] Mon intimité commençait à se former avec cette nature que j’ai tant aimée, et qui m’a payé mon culte par tant de vives jouissances : intimité qui ne s’est jamais interrompue ni affaiblie, et qui ne cessera que dans mon tombeau. […] « Le nombre de mes dessins augmentait ; ma collection se complétait ; je commençai à rêver la gloire ; le burin d’un graveur européen ne pourrait-il pas éterniser l’œuvre de ma jeunesse, le résultat de ce labeur continu et de ce zèle persévérant ? […] Quelques défrichements commencés sur les rivages s’offrirent à nos regards ; ils menaçaient d’un envahissement prochain la beauté primitive de ces solitudes, et je ne pus les voir sans regret. […] Il n’y avait pas huit jours que des Peaux-rouges s’étaient répandus dans la campagne, avaient détruit les habitations des colons, massacré les enfants et les femmes, et couvert de sang leurs défrichements commencés.

1082. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

me répondit il, on ne trouverait pas à Paris un huissier, qui consentirait à le mettre en faillite ; savez-vous qu’il rapporte à la corporation de 40 à 50 000 francs par an… Il paye, mais il ne paye que saisi… ne commence à verser un acompte, que lorsque le colleur pose une affiche jaune à sa porte. […] Elles empoisonnent l’individu attaqué, au bout d’un certain nombre d’heures, d’un certain nombre de jours, et je commence à en sentir l’effet. […] Mais de retour à la maison, voici l’embaumeur et son aide, et de l’endroit où je suis dans le salon, tout en ne voyant pas ce qui se passe dans la pièce voisine, je commence à pâlir si visiblement, qu’on me renvoie dans le jardin. […] Cette esquisse qu’il avait abandonnée, lorsque sa vue avait commencé à se brouiller, il me la montrait, mardi dernier, au milieu des pots de confitures et des bocaux de pickles, confectionnés, ces jours derniers, par sa femme, et dont, un moment, dans une enfantine gaîté, il me faisait voir les jolies colorations, sentir les arômes piquants. […] Les préparatifs connus, terminés, le condamné lisait une poésie, dans laquelle il disait avoir commencé à délivrer le peuple de son fléau, puis il tendit la main, prit le petit sabre, l’enveloppa de papier jusqu’à un pouce de l’extrémité de la lame, et seulement lorsqu’il se fut véritablement ouvert le ventre, dit à son maître d’escrime, qu’il avait choisi pour exécuteur : « Allez, maintenant ! 

1083. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

C’est ce qu’on appelle la théologie, la religion, le sacerdoce, la morale, la philosophie d’un peuple : La théologie, science de Dieu et de l’âme, la première et la dernière de toutes les sciences, celle qui commence tout, celle qui finit tout, celle qui contient tout. […] VI Singulier système qui, pour appuyer une théorie de perfectibilité sans limites, commence la créature qu’elle veut anoblir par la brute ; qui déshérite Dieu de son œuvre la plus divine ; qui prend pour créateur, à la place de Dieu, une pelletée de boue dans un marécage, un peu de chaleur putride dans un rayon de soleil, un peu de mouvement sans but emprunté aux vents et aux vagues, puis un instinct emprunté à une sourde puissance végétative, puis une intelligence empruntée au temps qui développe et qui détruit tout ! […] » Elle monte par la pensée au fond des firmaments qui n’ont point de fond ; et elle dit : « Il est là » ; elle descend aux bornes de l’éther inférieur qui n’a point de borne, et elle dit : « Il est là » ; elle s’étend aux extrémités de l’espace qui n’a point d’extrémité, et elle dit : « Il est encore là, il ne finit jamais, il commence toujours, et il est tout entier partout où il est. » Elle dit : « Il n’y a ni grandeur ni petitesse devant lui ; les choses ne se mesurent qu’à la gloire qu’elles ont d’émaner de lui. […] Non, en présence de tels monuments, nous ne croyons point avec eux que l’homme ait commencé dans la fange et dans la nuit, mais nous croyons avec l’Inde qu’il a commencé dans la perfection relative et dans la lumière de ce qu’on appelle un Éden.

1084. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Une destinée sur la terre, qui commence à sa naissance et qui finit à sa dernière respiration, à sa petite place sur ce petit atome en mouvement qu’on appelle le globe, destinée toute correspondante à cette matière dont nos sens, empruntés pour quelques jours à la terre, sont formés. […] Poème immense qui commence par une pastorale dans un ciel terrestre, qui se poursuit par des épithalames comme le Cantique des cantiques, par des élégies dans les Psaumes de David, par des odes dans les versets des prophètes, par une tragédie dans l’holocauste d’une victime pure sur le Golgotha, et dans des apothéoses dans le ciel final des esprits ! […] J’en excepte les nations où, comme en Espagne, en Italie, en Portugal, au Brésil, en Amérique, les secousses des révolutions et les enfantements de l’indépendance ou de la liberté ont redonné aux forces intellectuelles endormies une vitalité qui commence par l’héroïsme et qui finit par la poésie. […] « Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant. […] Vous aurez dans cette image des traits immortels : je vous y verrai tel que vous étiez à ce dernier jour sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître.

1085. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Je commence l’enseignement par l’arithmétique, l’algèbre et la géométrie, parce que, dans toutes les conditions de la vie, depuis la plus relevée jusqu’au dernier des arts mécaniques, on a besoin de ces connaissances. […] On ne peut commencer trop tôt à rectifier l’esprit de l’homme, en le meublant de modèles de raisonnement de la première évidence et de la vérité la plus rigoureuse. […] C’est assurément par la logique qu’il faudrait commencer, c’est-à-dire par la perfection de l’instrument dont on doit se servir, si cet enseignement abstrait était à la portée des enfants ; mais ; parvenus jusqu’ici, ils y auront été préparés par un suffisant exercice de leur raison. […] La langue grecque ayant beaucoup influé sur le latin, et la grammaire en étant un peu plus difficile, on pense communément que c’est par cette étude qu’il faut commencer ; mais l’étudiant n’étant plus un enfant, ayant le jugement fait et la tête meublée d’une assez bonne provision de connaissances élémentaires en tout genre, il est temps qu’il médite et qu’il réfléchisse. […] L’orateur Isocrate est élégant et disert ; ce serait vraiment l’auteur des commençants, s’il fallait commencer par là.

1086. (1739) Vie de Molière

Le théâtre commençait à fleurir alors : cette partie des belles-lettres, si méprisée quand elle est médiocre, contribue à la gloire d’un État, quand elle est perfectionnée. […] On commença à ne plus estimer que le naturel ; et c’est peut-être l’époque du bon goût en France. […] Dès lors les rivaux se réveillèrent ; les dévots commencèrent à faire du bruit ; les faux zélés, (l’espèce d’hommes la plus dangereuse) crièrent contre Molière, et séduisirent même quelques gens de bien. […] Le lendemain on allait la rejouer ; l’assemblée était la plus nombreuse qu’on eût jamais vue ; il y avait des dames de la première distinction aux troisièmes loges ; les acteurs allaient commencer, lorsqu’il arriva un ordre du premier président du parlement, portant défense de jouer la pièce. […] Il commençait à se relever.

1087. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Le discrédit commence et l’effondrement le suit de près. […] Un exemple : la déroute, la débâcle a commencé. […] Si j’ai commencé par les femmes coupables, c’est que le livre charmant que M.  […] C’était l’heure où sur le boulevard du Temple la queue des petits théâtres commence à se former. […] Les discours allaient commencer (il y en a eu trois) ; alors j’ai renâclé ; mon frère et un inconnu m’ont emmené.

1088. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Il commença par signer un traité qui l’engageait pour quatre-vingt-dix-neuf ans avec un certain M.  […] comme il commence à se détacher de soi-même ! […] Gaston Chérau commençait à connaître la notoriété. […] Elle commence par Paris qu’elle découvre en un mois, puis prend le bateau à Saint-Nazaire. Cela va tenir bientôt du Châtelet : naufrage en plein Pacifique et le livre commence.

1089. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

De M. de Talleyrand, on n’en peut guère parler en aucun temps en matière de croyance quelconque ; il avait commencé, comme Retz, par l’intime raillerie des choses. […] Cet écrit, commencé avant 1805, à la prière du général Van Ryssel, ami de La Fayette, ne fut achevé qu’en 1807 et resta dédié au patriote hollandais, mort dans l’intervalle. […] C’est donc à votre mémoire que je dédie cette lettre commencée autrefois pour vous. […] Tout ce qui précède n’a été qu’un prélude ; le plus sérieux et le plus mûr commence ; la gloire, jusque-là si pure et incontestée, du jeune général va subir de terribles épreuves. […] Chacune de ses pétitions ou réclamations a commencé par ces mois : La femme La Fayette.

1090. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Pour lui, à l’aspect des épis qui viennent de pousser à l’improviste, il pleure et commence par croire que Dieu les a semés tout exprès pour lui. […] On n’a qu’à regarder alentour ; le même penchant commence de tous côtés la même œuvre. […] Au dernier moment, quand elle croit leur échapper, voici qu’une nouvelle chasse commence, plus dangereuse que l’autre. […] Pour commencer, il tourne Richardson en caricature. […] Je citerais de mémoire vingt autres attentats commencés ou achevés.

1091. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Le baconien tire sa lancette et commence à vacciner. —  Ils trouvent une troupe de mineurs dans un grand effroi. […] S’il emprunte un témoignage, il commence par mesurer la véracité et l’intelligence des auteurs qu’il cite, et par corriger les erreurs qu’ils peuvent avoir commises par négligence ou partialité. […] Déjà, dans les parties qui ont souffert le plus cruellement, d’opulentes cultures et de paisibles habitations commencent à s’élever au milieu de la solitude. […] Le 13 février 1788, les séances de la cour commencèrent. […] Il commence par décrire l’endroit en voyageur qui l’a vu, et le signale aux bandes de touristes et d’amateurs, historiens et antiquaires, qui tous les ans partent de Londres.

1092. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Et pour que nous te comprenions, hélas, que n’as-tu commencé par te comprendre toi-même ? […] Mirbeau commença par suivre d’un peu bien près les traces de l’auteur d’Une vie, et à ce compte ses premières nouvelles sont d’un bon élève, mais d’un élève. […] On ne sait pas où commence la mer et où finit le ciel. […] Adolphe Belot, — « commencent, dit M.  […] Alors commença son véritable travail, germa en lui la consolation réelle avec l’ambition de devenir un maître à son tour.

1093. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

Il est médecin, il a commencé par écrire sur Broussais et contre Gall, il est psychologue et a traduit quelque chose des Écossais, d’Hamilton, je crois.

1094. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Celui-ci avait, dans ses vieux jours, commencé la biographie de Barthélemy, laquelle fut terminée par Alexandre.

1095. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Pour y parvenir avec succès, il commence par établir & prouver que cette maladie est accidentelle, contagieuse, & non naturelle à l’homme ; qu’elle n’a point existé de tout temps, puisque les Médecins de l’antiquité n’en ont point parlé, & que ce n’est que vers le milieu du sixieme Siecle qu’elle a été apportée dans nos contrées, comme la peste & la lepre l’ont été plusieurs fois, sur-tout durant les croisades.

1096. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

Commencez, Seigneur, à songer Qu’il importe d’être & de vivre ; Pensez à vous mieux ménager.

1097. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Chardin » pp. 128-129

Commençons par dire le secret de celui-ci ; cette indiscrétion sera sans conséquence.

1098. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Mais les narrations qui se font des choses qui arrivent et se passent derrière le théâtre depuis l’action commencée, produisent toujours un bon effet, parce qu’elles sont attendues avec quelque curiosité, et font partie de cette action qui se présente. […] Il commence par de l’emportement. […] Il commence par préparer avec soin la proposition de Mithridate. […] L’art de dessiner, de soutenir, de renforcer un caractère, est une des parties les plus importantes de l’art dramatique ; et quoique les principes soient à peu près les mêmes pour la tragédie et la comédie, nous séparerons les deux genres, pour éviter de dire des choses trop vagues ; et nous commencerons par la tragédie. […] L’air et le chant commencent avec la passion ; dès qu’elle se montre, le musicien doit s’en emparer avec toutes les ressources de son art.

1099. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Ce portrait qui commence ainsi : « Je n’ai connu aucune femme aussi parfaitement raisonnable, et dont la raison eût aussi peu d’âpreté… » ; est à mettre pour l’expression du sentiment et la tendresse du regret à côté de celui de M. d’Aubigny par Saint-Évremond, et tous deux supportent le voisinage de celui de La Boétie par Montaigne. […] L’avantage de ces sortes de liaisons, c’est de pouvoir commencer bien plus tard que les amitiés d’hommes, lesquelles, pour être tout à fait vives et profondes, ont besoin de s’être nouées dans la jeunesse. […] [NdA] Dans ce traité, il est fait mention des nouveaux poètes d’alors, Ronsard, Du Bellay, Baïf : or ils ne commencèrent à se faire connaître qu’en 1549-1550, et pas plus tôt ; cette date de l’apparition de la Pléiade est précise comme celle d’une insurrection.

1100. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

En homme de collège qui s’égaye, il fit à ce sujet une petite épigramme latine dans le genre de Martial, qui commence par ces vers : Inclyta dum narrat Ludovici Closius acta,       Foemina dulciloqui pendet ab ore viri, etc., etc ; et dont voici le sens : Tandis que Duclos raconte les grandes actions de Louis XI, les femmes sont sous le charme, suspendues à son doux langage. […] Le Dauphin bien jeune, et à l’âge de quatorze ans, commence ce rôle de répression des grands et de réparation du royaume qu’il poursuivra plus tard comme roi ; il parcourt tout le Languedoc, accompagné des principaux de la province : « Il fit son entrée à Toulouse, dit l’abbé Le Grand, vêtu d’une casaque d’écarlate, ayant des manches très larges au milieu et fort serrées sur le poignet, avec une ceinture ou écharpe, etc. » Cette petite vignette de Louis XI à quatorze ans, et préludant à son rôle de roi, a disparu chez Duclos. […] Il commence par un tableau circonstancié des dernières années de Louis XIV : ici, malgré les imitations et les emprunts que nous allons signaler, on sent dans le récit de Duclos une vive impression personnelle, qui y donne le mouvement.

1101. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il lisait toutes sortes de livres anciens et nouveaux : c’était une nourriture qui lui était nécessaire. « Les jeunes gens surtout, disaii-il, devraient se mettre en tête cette maxime bien véritable, que plus on lit plus on a d’esprit… Celui qui a lu aurait encore plus d’esprit s’il avait lu davantage. » Il lisait toutes les nouveautés, et notait l’impression qu’il en recevait ; il n’était pas de ces dédaîgneurs (comme il les appelle) qui déclaraient d’un livre à première vue que cela ne valait rien ; il lisait jusqu’au bout le livre une fois commencé, biographies, mélanges, anecdotes, même les ana, même les contes de fées ; il les prenait par leur bon côté et y trouvait presque toujours sujet à quelque réflexion, à quelque plaisir : « Je dis à nos amis ordinaires : Que je vous plains de toujours critiquer ! quand commencerez-vous à vous délecter de quelque chose ?  […] D’Argenson aimait à faire ces sortes de plans ; il ne les faisait pas toujours aussi grandioses, et il les réalisait à moins de frais quelquefois (Voir, par exemple, dans ses Remarques en lisant, le no 2338, qui commence par ces mots : « Une vie parfaite avec sa maîtresse est celle-ci, etc. »).

1102. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Selon lui, elle n’était nullement nécessaire avant d’éclater, elle était évitable ; elle a été purement accidentelle, en ce sens que « le caractère de ceux qui ont eu part à l’ancien gouvernement (à commencer par le caractère du roi, ennemi de toute résistance) a été le seul principe de la totale subversion de ce gouvernement » ; mais ce caractère de quelques personnes étant donné, et la faiblesse de l’opposition qu’elle rencontrera étant admise au point de départ, M. de Meilhan est bien d’avis que la Révolution en devenait un effet presque nécessaire : « Sa marche, dit-il, a été déterminée et hâtée par cette faiblesse ; le défaut de résistance a rendu tout possible, et, semblable à un torrent qui ne trouve aucune digue, elle a tout dévasté. » Il ne croit donc pas que la Révolution soit directement sortie des écrits de Rousseau ni de ceux des encyclopédistes, comme on le répète souvent, ni qu’elle découle de causes aussi générales : Si l’on suit attentivement la marche de la Révolution, il sera facile de voir que les écrivains appelés philosophes ont pu la fortifier, mais ne l’ont pas déterminée ; parce qu’une maison a été bâtie avec les pierres d’une carrière voisine, serait-on fondé à dire qu’elle n’a été construite qu’en raison de ce voisinage ? […] Mais ces matériaux, peut-on lui répondre, étaient tellement sous la main et de telle qualité, et si appropriés au dessein une fois conçu, ils étaient d’une nature si vive, si combustible, qu’ils donnaient terriblement envie sinon de bâtir une nouvelle maison, du moins de commencer par brûler l’ancienne. […] Le temps fait perdre de leur prix non seulement aux pensées des hommes, mais à leurs actions, à mesure que des actions semblables se multiplient ; des exemples de valeur héroïque, des mots sublimes inspirés par l’héroïsme militaire ou patriotique, qu’on admirait chez les anciens, sont devenus des lieux communs ; dès qu’on entend commencer l’histoire, on en devine la fin et le trait, comme on devine souvent l’hémistiche d’un vers ; l’esprit se blase ainsi sur tout ; l’amour-propre même s’use ; les triomphes, les honneurs, les applaudissements multipliés n’offrent plus le même attrait, et l’homme, de jour en jour, doit être moins avide de succès qu’il voit prodiguer à un grand nombre de personnes, et souvent à des hommes méprisables.

1103. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Villars, malgré son vif désir, n’osa prendre sur lui l’événement contre l’avis de ses officiers généraux, qui, la plupart, lui firent et pour la seconde fois, au moment même de commencer l’attaque, dans la nuit du 23 avril (1703), de très fortes et obstinées représentations. […] Mais une malheureuse petite fortune à peine commencée, chancelante, ébranlée dans les occasions qui devraient raffermir, l’on se dit : Ne faisons rien qu’à la pluralité des voix ; et l’on ne fait rien qui vaille. Pour nous expliquer toute la vérité sur Villars, sans lui faire injure, et pour nous expliquer en même temps le jugement indigné de Saint-Simon sans faire à ce dernier trop de tort, nous n’avons qu’à nous figurer (ce qui arrivait en effet) Villars dans quelque retour à Versailles, Villars déjà comblé et se présentant comme à moitié délaissé et déçu, parlant avec ostentation de sa malheureuse petite fortune à peine commencée, et de son peu de faveur en Cour, disant tout haut qu’il voyait bien que c’était une des maximes favorites des rois qu’on retient plus les hommes par l’espérance que par la reconnaissance, qu’ils font espérer beaucoup et accordent peu, et donnant par là à entendre qu’à lui, on lui promettait plus qu’on ne tenait.

1104. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Que l’on ne dise donc jamais qu’il écrivait comme Voltaire, car il commença par un véritable style métaphysique, helvétique, mélange d’abstrait et de concret, et dont Rœderer lui-même se raillait. […] Ils ont commencé par ne croire à rien du tout : c’est sur ce sable que tout leur édifice public est bâti, et on le sent : il y a des jours où tout remue. […] Laboulaye avait commencé dans la Revue nationale une série d’articles sur la Vie de Benjamin Constant, devant former un ouvrage à part.

1105. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Gœthe, à cette époque où Eckermann commence à nous le montrer (juin 1823), était âgé de soixante-quatorze ans, et il devait vivre près de neuf années encore. […] Eckermann avait commencé d’instinct par être dessinateur ; l’étude des modèles lui avait fait défaut ; mais sa vocation première est ici justifiée : on voit qu’il avait le sentiment du naturel et de la vérité. — Et encore dans des tons toujours naïfs, mais avec des couleurs plus poétiques et plus idéalisées, il dira : « Sa conversation était variée comme ses œuvres. […] Dans une visite que tous deux font à Iéna, il lui parle longuement (18 septembre 1823) de ses idées en poésie, et cet entretien qui nous est conservé forme un des chapitres principaux de la poétique de Gœthe : « Il me demanda si j’avais, cet été, écrit des poésies : c’est ainsi que l’entretien commença.

1106. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Le peintre aussi se réveille ; sans plus attendre, et à la vue de cette population africaine grouillante, la verve le prend, la besogne commence : «  Si Delaroche était là il que de belles choses il verrait par ma fenêtre seulement ! […] L’Inauguration de la cocarde nationale (tableau bizarre qui ne me plaît pas du tout), les portraits commencés de Thorwaldsen, Eynard, Latour-Mauhourg, quelques chevaux, l’esquisse de la Judith avec des études qui s’y rapportent, le portrait du Saint-Père, quelques têtes de nègres, des Pifferari, des soldats du pape, votre très-humble serviteur, Cain et Abel, enfin l’Atelier lui-même, sont suspendus dans l’atelier. […] Son costume bizarre lui plaît, et, dès le lendemain, il commence un tableau représentant un de ces soldats improvisés, arrêté par le mauvais temps dans la campagne, et saisissant son fusil pour le décharger sur quelqu’un ; on aperçoit dans le lointain un petit corps de troupes et la plaine déserte.

1107. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Saint-Réal a commencé et a écrit, dans ce genre spécieux de la nouvelle historique, un petit roman aussi faux dans son genre que les grands romans de Mlle de Scudéry, mais qui avait cela de plus insidieux d’être court, vraisemblable, insinuant, et de marcher d’un style sage et vif, qui n’eût pas craint la comparaison avec celui de Mme de La Fayette. […] Sa voix est fine et fluette ; il éprouve de la gêne quand il commence à parler, et les mots sortent difficilement de sa bouche ; il prononce mal les r et les l ; en somme toutefois, il sait dire ce qu’il veut, et parvient à se faire comprendre assez bien. » Suivent quelques détails sur son moral, un peu mêlés, et où il entre du pour et du contre. […] Sa captivité commençait.

1108. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il tenta en 1834 une entreprise qui ne réussit pas et ne. pouvait réussir, étant plus d’un artiste que d’un homme d’affaires, et qui, de si courte durée qu’elle ait été, eut pour effet de grever longtemps sa vie ; il voulut fonder un journal, une publication où il fût maître et chez lui, « et il commença le Journal des Gens du monde, recueil hebdomadaire, dans le genre de l’Artiste, et dont il ne parut qu’une vingtaine de numéros. […] C’est la filouterie féminine qu’il faut faire ; voilà le neuf. » Il transforma ainsi l’idée qu’on lui suggérait et commença la série des Fourberies de femmes en matière de sentiment (1837). […] Le siècle avait deux ans… En ceci on suppose que le XIXe siècle commence au premier janvier 1800.

1109. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

C’était bon à dire du temps de Paul et Virginie et de Fénelon ; mais qu’en avez-vous fait, vous et les vôtres, ô Girondins turbulents, imprévoyants, vous dont le beau rôle ne commence véritablement que du jour où vous entrez dans la résistance et où vous devenez, à votre tour, vaincus et victimes ? […] Faugère nous dit : « On raconte qu’au pied de l’échafaud, en ces derniers instants où, entrevoyant les ombres redoutables de l’Éternité, les cœurs les plus fermes se troublent, les plus incrédules commencent à douter, Mme Roland demanda qu’il lui fût permis d’écrire des pensées extraordinaires qu’elle avait eues dans le trajet de la Conciergerie à la place de la Révolution. […] Elle commençait une phrase lorsque deux guichetiers de l’intérieur l’appelèrent pour le tribunal.

1110. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Il décerne à François Ier tous les éloges qui lui sont dus à cet égard, pour avoir commencé à restituer le langage français en sa dignité, et en avoir fait l’interprète public de la loi et de l’enseignement, au moins au Collège de France. […] Il assemble et commence plus d’idées qu’il n’en achève. […] Il commence par avouer nettement qu’il ne se contente pas de ce qu’on a jusqu’ici, ni de la facilité de Marot, ni de la docte gravité d’Héroët : il estime qu’on peut en français davantage, et que notre poésie est capable d’un plus haut style.

1111. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Il a pensé avec les Bénédictins, et par des raisons que j’ose dire plus profondes, que l’histoire littéraire de la France ne se pouvait circonscrire aux siècles où l’on a commencé d’écrire en français. […] Il y aura bien quelques redites ; il y aura même quelques points plus ou moins excentriques, ou trop sinueux, qui ne seront pas représentés ; mais, après lui, s’il parcourt le reste de la carrière comme il a commencé, il faudra marcher par les chaussées qu’il aura faites : heureux si l’on trouve encore à glaner par quelques sentiers ! […] Nous comptons bien pourtant que, ces verves une fois épuisées et satisfaites, il reviendra à son beau livre commencé ; il nous doit surtout le moyen age et la Renaissance, deux parties si neuves encore).

1112. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

1843 Les critiques de nos jours, ceux qui, depuis une vingtaine d’années déjà, ont commencé de se produire et de battre le pays, songent tous plus ou moins à se recueillir, à ramasser ce qu’ils avaient lancé d’abord à l’aventure, à se refaire, pour le reste de la marche, un gros assez imposant de ces troupes légères qui n’avaient donné dès le matin qu’en éclaireurs et comme en enfants perdus. […]  — Les Plaideurs ont été sifflés aux deux premières représentations par la basoche conjurée ; les procureurs sont en émeute, les conseillers aux enquêtes commencent à s’émouvoir ; Racine, désolé, reçoit la visite de la Champmêlé et de Despréaux, qui le réconfortent et le consolent chacun à sa manière. […] Qu’il achève sans doute et couronne son important ouvrage commencé sur les Origines du Théâtre moderne.

1113. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

La tête commençait, le cœur après entrait en jeu. […] Remarquez que dès lors elle entrait dans sa seconde veine ; elle commençait à voir partout le doigt de Dieu ; et, même après avoir monté de la sorte ce-succès de Valérie, elle est toute disposée après coup à s’en émerveiller et à y dénoncer un miracle : « Le succès de Valérie, écrivait-elle à Mme Armand, est complet et inouï, et l’on me disait encore l’autre jour : Il y a quelque chose de surnaturel dans ce succès. […] Ce peu d’heures avait tout à fait suffi pour que la prédication commençât auprès des hôtes.

1114. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

On commença par recevoir les idées antiques de seconde main, et par des intermédiaires. […] Marot commença par imiter les allégories du Roman de la Rose, et ces tours d’adresse malheureux du xve  siècle, rimes fraternisées, brisées, équivoquées couronnées battelées (vrais tours de bateleurs), vers rétrogrades ou à double face où excellait Guillaume Crétin, Le bon Cretin, aux vers eguivoques. […] Il commença, en 1520, une traduction des Métamorphoses d’Ovide.

1115. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Avec le Symbolisme, quelque chose était né qui était plus qu’une vaine agitation et dont la critique commençait à s’occuper sérieusement. […] Le Symbole est le couronnement d’une série d’opérations intellectuelles qui commencent au mot même, passent par l’image et la métamorphose comprennent l’emblème et l’allégorie. […] Son travail est commencé ; de nouvelles tendances se manifestent ; des réputations s’esquissent qui grandiront à leur tour.

1116. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Un autre jour, comme Perrault lisait à l’Académie française son poème du Siècle de Louis le Grand, où l’Antiquité est sacrifiée au présent, et qui commença cette longue guerre des anciens et des modernes, Boileau, outré, ne se pouvait contenir pendant la lecture, et Huet le calmait de son mieux en lui disant, non sans un grain d’ironie : « Monsieur Despréaux, il me semble que cela nous regarde encore plus que vous. » Huet, en parlant ainsi, avait raison et tort. […] Il pensait encore que Descartes, ce soi-disant nouvel inventeur de la vérité, après avoir commencé avec prudence par le doute, cesse tout à coup de douter, et se fourvoie dès le second pas, en affirmant ce qui n’est pas du tout clair. […] Il faudrait, pour donner idée de ces gaietés de Huet, citer plus de latin que je n’en puis mettre ici, car Huet achève souvent en latin une phrase commencée en français14, et il assaisonne le tout de mots grecs.

1117. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Au moment où le lecteur commence à s’échauffer et à user de tout son organe, un mot brusque venu du dehors : Le cordon, s’il vous plaît ! […] Lamartine, que Béranger a longtemps regardé comme un aristocrate et un gentilhomme, et qu’il n’a commencé à louer comme poète qu’après Jocelyn (à dater de la décadence), n’est entré dans le cercle de cette amitié que bien plus tard, et jamais aussi intimement. […] Cet article sur Béranger a servi de prétexte et de point de départ à un article de M. de Pontmartin, qui a fait du bruit et qui commence ainsi : Je viens de relire les Causeries du lundi… Il y a dans le second volume un chapitre fait, selon moi, pour racheter bien des peccadilles, bien des Chateaubriand romanesque et amoureux, bien des Regrets, bien des versets de la litanie Lespinasse, Geoffrin et Du Deffand.

1118. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

En abordant toutefois ce genre d’esquisse, j’ai voulu commencer par un sujet tout à fait sûr, et me prendre à quelqu’un qui ne laissât guère lieu à une diversité de jugements. […] Il a commencé par le libéralisme pur et net ; c’est là son inspiration directe et première. […] Mais, enfin, il commençait, bien qu’à regret et à son corps défendant, à faire la part des circonstances jusqu’au sein des principes.

1119. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Je commence par vous dire que, si j’étais pape, je vous ferais mettre à l’Inquisition, et, si j’étais roi de France, à la Bastille ; mais, comme j’ai le bonheur de n’être ni l’un ni l’autre, je reviendrai dîner jeudi prochain, et vous m’entendrez comme j’ai eu la patience de vous entendre, et je vous réfuterai. […] Après le dîner, et le café pris, l’abbé s’assied dans un fauteuil, ses jambes croisées en tailleur, c’était sa manière ; et, comme il faisait chaud, il prend sa perruque d’une main, et gesticulant de l’autre, il commence à peu près ainsi : « Je suppose, messieurs, celui d’entre vous qui est le plus convaincu que le monde est l’ouvrage du hasard, jouant aux trois dés, je ne dis pas dans un tripot, mais dans la meilleure maison de Paris, et son antagoniste amenant une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, enfin constamment, rafle de six. […] L’abbé Galiani quitta Paris, pour n’y plus revenir, dans l’été de 1769, et c’est à cette date que commence sa Correspondance avec Mme d’Épinay ; c’est par elle dès lors qu’il se rattache presque uniquement à ses amis de Paris, et il aura l’occasion de lui répéter bien souvent : « Je suis perdu si vous me manquez. » Ce petit Machiavel, qui faisait l’insensible, qui se vantait de n’avoir pleuré de sa vie, et d’avoir vu d’un œil sec s’en aller père, mère, sœurs, tous les siens (il se calomniait lui-même), pleurait et sanglotait en quittant Paris, en quittant « cette nation aimable, disait-il, et qui m’a tant aimé ».

1120. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Necker avait écrit l’éloge : « Comme de l’admiration à l’imitation, dit-il, il n’y a qu’un pas, je me rappelle avec tremblement que Colbert commença son ministère par une banqueroute et le finit par de la fausse monnaie. » Le bon sens de Voltaire se révolte pourtant à une telle injustice, et il rappelle Condorcet à l’ordre : « Je n’ai jamais été de l’avis de ceux qui dénigrent Jean-Baptiste (Colbert)… » Mais on entrevoit déjà un coin de jugement faux chez Condorcet, car ce n’est qu’un esprit en partie faussé par la passion et par le système, qui peut comparer M.  […] Sans doute, ajoute-t-il naïvement, l’homme ne deviendra pas immortel ; mais la distance entre le moment où il commence à vivre, et l’époque commune où naturellement, sans maladie, sans accident, il éprouve la difficulté d’être, ne peut-elle s’accroître sans cesse ?  […] Il commence par nier qu’il y ait dans l’Assemblée telle chose qu’un parti républicain, un parti ennemi de la Constitution, ennemi de l’ordre et de la paix (3 décembre 1791) : « Rien, dit-il, ne l’a prouvé jusqu’ici.

1121. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Il commençait à prendre des leçons au collège de Provins, lorsque des circonstances firent quitter la ville à ses bienfaiteurs, qui allèrent habiter la campagne. […] Il rêvait au suicide ; il commençait à se détruire. […] Il faut l’entendre lui-même quand il chante : il commence avec une sorte de peine, avec une voix enrouée, un peu cassée, bientôt entraînante pourtant.

1122. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Si l’on voulait faire une histoire régulière des salons du xviiie  siècle, il faudrait commencer par celui de Mme de Lambert. […] Mais Mme de Lambert incontestablement commence et donne le ton à l’époque nouvelle. […] Mais ce fut bien pis quand le manuscrit de ses Réflexions sur les femmes, ouvrage plus hardi et qui était de nature à provoquer les railleurs, fut tombé aux mains d’un libraire et commença à circuler dans le public ; elle racheta vite toute l’édition ou ce qui en restait, mais sans pouvoir empêcher qu’on ne la réimprimât à l’étranger.

1123. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Son goût de l’esprit y trouve son compte, ses besoins de cœur commencent à la faire souffrir : « Quel pays stérile en amitié !  […] Le premier ministère de son mari, qui dut l’exalter sans doute, fut aussi le moment où elle commença à se détromper : « Mon cœur et mes regrets, écrivait-elle à un ami en juillet 1779, cherchent sans cesse un univers où la bienfaisance soit la première des vertus. […] Un jour pourtant (elle venait d’avoir trente-cinq ans), elle laisse échapper comme une plainte légère : J’ai bien de la peine, écrit-elle à une amie, à m’habituer à tous changements ; l’âge, qui vient si lentement en apparence, m’a surprise précisément par cette marche sans bruit ; je crois être dans un monde nouveau, et je ne sais si l’instant de ma jeunesse fut un songe, ou si c’est à présent que le rêve commence.

1124. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

L’ayant commencée vers l’âge de soixante-sept ans, il en avait soixante-seize quand il la termina, et il passa incontinent à son Histoire romaine, dont il eut le temps encore d’écrire huit volumes, avant de mourir dans sa quatre-vingt et unième année (septembre 1741). […] C’est à cette date seulement que le Rollin qui nous intéresse commence. […] Il avait acquis dans la rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont une petite maison où il passa ses dernières années, et à laquelle on croit que se rapporte le signalement que voici : Je commence, écrivait-il à M. 

1125. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Préface de la première édition (1857)39 Quand les civilisations commencent, quand les peuples se forment, l’histoire est drame ou geste. […] * * * Aux premiers jours où, dans les agrégations d’hommes, l’homme éprouve le besoin d’interroger le passé et de se survivre à lui-même dans l’avenir ; quand la famille humaine réunie commence à vouloir remonter jusqu’à ses origines, et s’essaye à fonder l’héritage des traditions, à nouer la chaîne des connaissances qui unissent et associent les générations aux générations, ce premier instinct, cette première révélation de l’histoire, s’annonce par la curiosité et la crédulité de l’enfance. […] Voilà les premières annales, et ce qui succède à ces recueils de vers mnémoniques, hier toute la mémoire de l’humanité, et toute la conscience qu’elle avait, non de sa vie, mais de son âge : l’Histoire commence par un conte épique.

1126. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Quinze ans plus tard, on assiste à ce spectacle curieux, d’anciens libertaires, — nous parlerons au sens littéraire, — redevenus les gardiens de la tradition, tandis que le public commence à admettre des innovations désormais caduques. […] « Le Symbole est le couronnement d’une série d’opérations intellectuelles qui commencent au mot même, passent par l’image et la métamorphose, comprennent l’emblème et l’allégorie. […] Son travail est commencé ; de nouvelles tendances se manifestent ; des réputations s’esquissent qui grandiront à leur tour.

1127. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Pour satisfaire aux ordres de Sa Majesté et répondre aussi bien que je le pouvais à la confiance dont elle m’honore, j’ai commencé par m’instruire de ce que les hommes les plus éclairés de ma nation ont, autrefois ou récemment, publié sur cette matière. […] — Paresseux, ignorants, trop âgés pouR commencer à s’instruire de quelque art mécanique, ils se font comédiens, soldats, filous, joueurs, fripons, escrocs et vagabonds. […] A cette époque, Soufflot avait commencé le bâtiment actuel qui ne fut achevé qu’en 1823.

1128. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Et d’abord, pour procéder régulièrement à l’immolation définitive du préjugé révolutionnaire, Cassagnac commence son histoire par se demander si la Révolution a été la conséquence nécessaire de principes existant bien longtemps avant elle dans la pensée de l’humanité. […] Ces plans, commencés par Calonne, homme d’État plus éminent peut-être qu’il n’a été méconnu, modifiés et poursuivis par Brienne et Necker, rencontrèrent dans toutes les institutions du temps une résistance qui prouve combien ces institutions avaient encore de force et de solidité. […] Quand la moitié du monde connu croit à la nécessité et à la justice de la Révolution française, avoir prouvé qu’elle n’est, comme l’arianisme, comme le manichéisme, et tant d’autres erreurs qui ont eu leur jour et leur règne, qu’une erreur, qui doit peut-être, comme le disait Mirabeau dans l’ivresse de son orgueilleuse parole, faire le tour du globe, mais pour passer et non pour s’établir ; avoir montré, de plus, après le vice radical du principe, les vices radicaux de ses apôtres : erreur partout, excès et crimes inutiles, — car les crimes et les excès sont toujours inutiles, et Machiavel n’est qu’un menteur ; — c’est avoir commencé à tracer la ligne que d’autres esprits creusent, à l’exemple de l’auteur de l’Histoire des Causes, et devant laquelle le génie révolutionnaire de l’avenir doit nécessairement reculer.

1129. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Il est devenu un artiste laborieux en vers, au lieu d’être le poète qu’il avait commencé d’être. […] Le vrai Joseph Delorme ne commence qu’à la quinzième pièce du volume (et il y en a cinquante-six en tout) ; il ne se révèle pour la première fois que dans celle-là que le poète a intitulée Bonheur champêtre, et dans laquelle pourtant le vieux lyrisme du moment, jeune alors, mais connu, usé, poncif à présent, et qui retentissait en métaphores sur la lyre des Hugo et des Lamartine, couvre encore la voix neuve, la note unique qui, tout à coup, çà et là, y vibre : Lorsqu’un peu de loisir me rend à la campagne Et qu’un beau soir d’automne, à travers champs, je gagne Les grands bois jaunissants, etc., etc. […] Auguste Le Prévôt, où il est estompé dans une rêverie pieuse, à la nuance de laquelle il aurait dû s’arrêter, mais qu’il a forcée et trop forcée partout ailleurs ; dans la pièce qui commence par le vers : J’arrive de bien loin, et demain je repars ; idée charmante, inspirée par la famille, cette source de toute poésie intime ; dans Les Larmes de Racine, où l’on retrouve le détail secret, domestique, obscur, dans lequel M. 

1130. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

C’est même par là qu’il a commencé : Métamorphoses du jour. […] Gavarni commença cependant par faire des dessins de machines, puis des dessins de modes, et il me semble qu’il lui en est resté longtemps un stigmate ; cependant il est juste de dire que Gavarni a toujours été en progrès. […] Ce fragment est tiré d’un livre resté inachevé et commencé il y a plusieurs années.

1131. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

— « Les Décadents commencent à faire figure. […] « Tout instrument a ses harmoniques propres, commençait l’exposé, d’où son timbre. […] Il allait commencer par une troisième édition, entièrement remaniée du Traité du Verbe. […] Il commence pourtant à entrer en les esprits que la « Poésie scientifique. » n’est pas le Symbolisme : comment et pourquoi c’est trop demander. […] Lettre datée de Bayreuth  et ainsi commencée : « Je me prépare ce matin pour Parsifalcomme pour une communion ».)

1132. (1911) Études pp. 9-261

Elles commencent dans une sorte de délire sourd ; elles semblent avoir à soulever toutes les ténèbres ; elles s’arrachent à l’ensevelissement ; elles grandissent avec un malaise immense. […] Elle commence vive et pure, ainsi que l’enfant qui fait quelques pas rapides et joint les mains. […] Pour l’effaroucher le moins possible, n’examinons d’abord que la façon dont elle s’exprime ; la forme et le ton de ses paroles commenceront de la trahir. […] Elle commence maintenant à démêler les raisons de sa répugnance. […] C’est maintenant que nous allons commencer. » Quel écrivain, à quarante ans parvenu, nous obligea jamais à tant d’espoir ?

1133. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il fut trouvé incapable de jouer aucune pièce sérieuse ; mais l’estime que l’on commençait à avoir pour lui fut cause que l’on le souffrit. » Quoi qu’il en soit de cette interprétation, sans perdre beaucoup de temps, dix jours seulement après le 24 octobre, « le jour des Trépassés, 3 novembre 1658, la troupe commença à représenter en public », dit La Grange, sur le théâtre du Petit-Bourbon. […] La maison de madame de Rambouillet offrit un nouvel attrait lorsque Julie d’Angennes, sa fille, commença à paraître dans le monde. […] Ici commence pour Molière et pour notre théâtre une ère toute nouvelle. […] Après un pas de ballet la comédie commença, et La Grange, qui faisait Éraste, se trouva aux prises avec les Fâcheux. […] Le Roi, pour détruire cette impression, ordonna qu’on l’ouvrît sur-le-champ, et l’on en vit sortir un jeune enfant, fils de Raisin, qui commençait à se trouver fort mal de la privation d’air et de la longueur du concert.

1134. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Un ordre nouveau commence où tout un peuple ressentira la souffrance d’un de ses membres, et tout l’univers la souffrance d’un peuple. […] Une ère nouvelle commence ; je suis de ceux qui ont foi dans l’avenir ! […] La pièce commence le 22 septembre 1792 et finit le 17 juillet 1793. […] Charrier lui-même a commencé comme Vernouillet), on comprend les sympathies de l’auteur pour le marquis d’Auberive. […] Tout commence à cette heure.

1135. (1900) La culture des idées

Cela ne signifie pas que le subconscient soit inactif pendant le travail volontairement commencé, mais son activité a été provoquée. […] Déterminer son origine serait donc déterminer, par cela même, l’époque où le Français commença à se croire un abrégé de toutes les vertus fortes. […] On commence à être plus clément pour la littérature latine de la seconde période ; las peut-être de la ridiculiser sans la lire, on a commencé de l’entr’ouvrir. […] Sur les seize chapitres de ce dernier roman, deux commencent et trois finissent par des considérations de ménage ou de cuisine. […] C’est un principe, cela, et il commence à se répandre.

1136. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).]

1137. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre premier. La question de fait et la question de goût » pp. 30-31

Il sied donc de commencer par l’étude scientifique d’une œuvre littéraire.

1138. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 179-182

Aussi-tôt qu’il parut, Corneille commença à soigner un peu mieux ses Tragédies.

1139. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 100-103

Ces lauriers littéraires ont été si souvent prodigués au hasard ou à la faveur, que la gloire qui peut en revenir, commence à être généralement décriée.

1140. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VI. Architecture. — Hôtel des Invalides. »

La rouille des siècles qui commence à le couvrir, lui donne de nobles rapports avec ces vétérans, ruines animées, qui se promènent sous ses vieux portiques.

1141. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IX. Chassez le naturel… »

je commence, dit ce dernier.

1142. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Rathery »

Sans remonter bien haut, dans le Jacques Cœur 4 de Pierre Clément, dont nous parlions récemment, nous nous rappelons un excellent chapitre sur la littérature du xve  siècle qui prouve, avec une grande autorité, combien déjà au xve  siècle le génie littéraire de la France avait de vie intime et de force, et avec quelle puissance il commençait, semblable au lion de Milton s’arrachant au chaos qui l’enveloppe encore, de se détirer des obscurités et des empâtements de sa native originalité.

1143. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il rédige tous ses cours et commence ses thèses. […] J’ai commencé de longues recherches sur les sensations. […] Sa vie de savant et d’homme de lettres allait commencer. […] L’éducation pour Michelet commence avant la naissance. […] On a dit que Michelet avait commencé, comme Victor Hugo, par être royaliste fervent.

1144. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Commencé dans les derniers mois de 1796, il fut achevé le 21 mars 1797. […] Son livre commencé parce qu’il faut bien commencer, et il se termine parce que tout a une fin dans ce monde. […] Dès demain, je commence. […] Bonne ou mauvaise, elle ne quitte guère une entreprise commencée avant de l’avoir menée à terme. […] Je ne suis plus, ou plutôt je commence mon existence pour souffrir.

1145. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Il a commencé par être poëte pur, enthousiaste, confiant, poëte d’une poésie blonde et ingénue. […] Il commença ses études à Paris dans l’institution de M. […] Il commence une de ses plus jolies pièces par ce vers compliqué, obscur, gracieux pourtant sans qu’on sache trop pourquoi, et qui ne s’explique qu’ensuite : Ils sont petits et seuls ces deux pieds dans la neige. […] Cette pièce singulière, intitulée Flux de mélancolie, commence de la sorte : « Dans l’état où je suis, il n’y a que Dieu qui puisse me consoler… Je suis si ennuyé du monde que, si ce chagrin me continue, j’espère au moins qu’il m’en tirera bientôt.

1146. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Le crépuscule, qui commençait à tomber et à assombrir l’air dans la cabane, la vêtissait d’une brume de Rembrandt, dans l’angle, entre l’âtre et la fenêtre ; ce demi-jour, presque nuit, rassurait sa timidité un peu sauvage ; et puis on voyait qu’elle attendait quelqu’un à chaque minute (c’était Hyeronimo), et qu’elle avait besoin de parler fiévreusement de lui et d’elle pour dévorer par des paroles l’amoureuse impatience de ce cher retour. […] CXXVII Cependant, peu de temps avant le malheur du châtaignier blessé, du troupeau tué, du plomb sur mes bras et du coup de fusil tiré innocemment par Hyeronimo pour me défendre contre les sbires, je commençais à changer sans savoir pourquoi, à n’être plus si bonne, si gaie et si prévenante qu’à l’ordinaire avec le pauvre garçon, à l’éviter sans raison, à trembler comme d’un frisson quand j’entendais son pas ou sa voix, à rentrer à la maison pour filer à côté de ma tante quand j’aurais pourtant mieux aimé à être dehors au soleil ou à l’ombre auprès de lui, à me retirer toute seule avec mes chèvres et mes moutons dans les bruyères les plus écartées, à me cacher derrière les oseraies au bord de l’eau courante et à regarder sans voir je ne sais quoi dans le ruisseau le jour, ou dans le firmament le soir. […] Puis, quand je n’entendis plus les cris de ma tante qui me rappelait, malgré le frère, à la cabane, et que je fus parvenue au bord de la plaine, où les passants et les chars de maïs commençaient à élever les bruits et la poussière du matin sur les routes des villages et des villas, je tombai plutôt que je ne m’assis sur le bord du sentier, à l’endroit où il va se rejoindre aux grandes routes, sous le petit pont sans eau qui sert à passer le torrent pendant l’hiver pour aller de Lucques au palais de Saltochio. […] CXLI Alors je m’agenouillai dans la poudre du chemin, sur le premier degré du palais de sa niche, j’enflai la peau de chèvre si longtemps vide et muette qui donne le vent au chalumeau d’où le vent sort en musique, selon qu’on ouvre on qu’on ferme plus agilement avec les doigts les trous de la flûte, et je commençai à jouer un des airs les plus amoureux et les plus dévots que nous avions composés par moitié, Hyeronimo et moi, un beau soir d’été, au bord de l’eau, sous la grotte du pré.

1147. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Il a commencé, je pense, voilà une douzaine d’années, en haine des brutalités et des prétentions « naturalistes », par le culte, aujourd’hui peut-être un peu oublié, de Georges Eliot. […] Mais, il n’y a pas à dire, tout commence par l’impression qu’un individu reçoit d’une œuvre   et naturellement, je ne puis vous donner ici que la mienne. […] Ce sont gens pressés, qui commencent par la fin, j’y consens. […] Ne commence-t-elle point à languir déjà ?

1148. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

On en conçoit aisément la raison ; car c’est l’expérience seule qui a pu nous fournir la mesure de nos forces ; et, si l’homme n’avait d’abord commencé par en avoir une opinion exagérée, elles n’eussent jamais pu acquérir tout le développement dont elles sont susceptibles. […] Cependant, vu qu’il convient de fixer une époque pour empêcher la divagation des idées, j’indiquerai celle du grand mouvement imprimé à l’esprit humain, il y a deux siècles, par l’action combinée des préceptes de Bacon, des conceptions de Descartes, et des découvertes de Galilée, comme le moment où l’esprit de la philosophie positive a commencé à se prononcer dans le monde en opposition évidente avec l’esprit théologique et métaphysique. […] Il est urgent de s’en occuper sérieusement ; car ces inconvénients, qui, par leur nature, tendent à s’accroître sans cesse, commencent à devenir très sensibles. […] Complétant la vaste opération intellectuelle commencée par Bacon, par Descartes et par Galilée, construisons directement le système d’idées générales que cette philosophie est désormais destinée à faire indéfiniment prévaloir dans l’espèce humaine, et la crise révolutionnaire qui tourmente les peuples civilisés sera essentiellement terminée.

1149. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Il n’y a de comparaison possible et utile à faire qu’entre les écrivains d’un même siècle ; c’est-à-dire entre les continuateurs de l’ancienne école et les sectateurs de l’école qui commence. […] L’éducation musicale commence à se faire parmi nous, le goût de la peinture est déjà fort répandu ; et cependant combien de gens d’esprit, sans compter ceux qui n’en ont pas, préfèrent encore un nocturne bien doux, ou l’ancien plein-chant de notre opéra, aux plus délicieuses modulations ou aux plus riches harmonies ; et un intérieur de cuisine, ou un effet de neige avec un peu de feu, aux plus sublimes têtes et aux compositions les plus inspirées et les plus étudiées. […] Quelques grands modèles de la nouvelle beauté tragique dont notre théâtre doit nécessairement s’enrichir, sous peine de mort, parleront plus haut que tous les raisonnements, et c’est pourquoi la révolution dramatique ne saurait être mieux commencée que par la représentation des chefs-d’œuvre de Shakespeare traduits en vers français avec audace et fidélité. […] Ce fut aussi un tribut que le grand homme a payé au mauvais goût de son temps ; mais tel est l’art qu’il a mis dans ces monstruosités mêmes, qu’elles peuvent s’enlever toutes, sans rien déranger à l’échafaudage de ses pièces et à la marche de l’action ; cette épuration, commencée par lui-même et continuée depuis en Angleterre, souvent avec peu de goût et de discernement, fait nécessairement partie du travail d’un traducteur français qui ne doit pas rejeter ou garder tout ce qu’ont gardé ou rejeté les arrangeurs anglais ; mais la traduction n’en sera pas moins littérale, en ce sens, que si elle ne donne pas tout Shakespeare, du moins elle ne contiendra rien qui ne soit de Shakespeare.

1150. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

L’auteur commençait alors ses travaux de colosse et ces longues luttes, si fécondes pour sa gloire et pour son génie ; et, comme tous ceux qui ont besoin de se faire un public, il ne choisissait pas beaucoup ses intermédiaires, et il mettait le plus cher trésor de sa pensée sur le premier flot venu de cette mer de la publicité quotidienne, qui, comme l’autre mer, efface si vite de son sein la trace de tous les sillages ! […] Mais nul d’entre eux et parmi les plus distingués, ni Bulwer, ni Lister, ni Normanby, ni Byron (écrivain de high life dans les derniers chants du Juan et dans ses Mémoires), ni le comte d’Orsay, qui avait commencé par écrire et qui, s’il avait continué, aurait plus marqué comme écrivain et comme observateur de high life que comme artiste, nul n’avait effleuré de sa pensée le sujet que Balzac, au début de sa vie intellectuelle, avait résolu de creuser. […] … Et cette règle, qui ne peut souffrir d’exception, cette règle absolue, les éditeurs de la nouvelle édition de Balzac ont commencé par y manquer. […] S’il ne s’agit plus impérieusement, à ce qu’il semble, de Balzac, dont l’œuvre est faite, — et connue, — il s’agit de vous, messieurs les éditeurs, dont l’édition n’est que commencée, qui faites des dérangements dans l’œuvre connue, et qui nous promettez de superbes arrangements à côté !

1151. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Mais voici le tour piquant qui commence, et le bel esprit enjoué qui va se mêler jusque dans la mysticité religieuse : elle va faire semblant tout d’un coup de s’être méprise, d’avoir à se rétracter, et tout ce que M.  […] Je commence à douter que cette histoire de vos amours que vous me racontez si au long, sans considérer que je n’ai point d’oreilles pour entendre ce discours, ne soit une énigme tirée des paraboles de l’Évangile où l’on fait si souvent des noces, particulièrement une où il n’y a que les vierges qui soient appelées.

1152. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Cependant je me suis décidé à rompre le silence, même au risque de bien des omissions, et je commencerai par confesser mon tort, ce qui est le diminuer un peu. Je ne parlerai donc pas de vous cette fois, Armand Renaud, auteur des Poëmes de l’amour 25, des Caprices de boudoir 26, et en dernier lieu des Pensées tristes 27, vous qui avez déjà eu trois manières ; qui, après avoir commencé par vous inspirer aux hautes sources étrangères et par moissonner la passion en toute littérature et en tout pays ; — qui, après vous être terriblement risqué ensuite aux ardentes peintures d’une imagination aiguë et raffinée, en êtes venu à vous interroger vous-même plus à fond, à vous sentir, à fouiller en vous, à chanter vos propres chants, à pleurer vos propres larmes.

1153. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

L’ode, à proprement parler, depuis Pindare et à commencer par lui, n’a guère été jamais qu’un thème de circonstance, accepté plutôt que choisi, et plus ou moins richement exécuté. […] De ce nombre, la belle pièce xiii sur les suicides multipliés, plusieurs pièces d’amour qui sont de véritables élégies, xxi, xxiv, xxv, xxvii, surtout la vingt-neuvième, qui commence par ces vers : Puisque nos heures sont remplies De trouble et de calamités ; Puisque les choses que tu lies Se détachent de tous côtés… Cette dernière est, selon nous, d’une beauté de mélancolie, d’une profondeur rêveuse et d’une tendresse de cœur à laquelle n’avait pas atteint jusqu’ici le poëte.

1154. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Ce quart de la Confession, qui commence à l’arrivée d’Octave à la campagne, aussitôt après la mort de son père, et qui se termine dans un hymne de volupté et d’amour, à l’instant de la possession, compose un épisode distinct qui, si on l’imprimait séparément, si on l’isolait des autres parties bien profondes parfois, mais souvent gâtées, aurait son rang à côté des idylles amoureuses les plus choisies, de celles même dont Daphnis et Chloé nous offre l’antique modèle. […] Mme Pierson, durant toute cette première situation attachante, est une personne à part, à la fois campagnarde et dame, qui a été rosière et qui sait le piano, un peu sœur de charité et dévote, un peu sensible et tendre autant que Mlle de Liron ou que Caliste : « Elle était allée l’hiver à Paris ; de temps en temps elle effleurait le monde ; ce qu’elle en voyait servait de thème, et le reste était deviné. » Ou encore : « Je ne sais quoi vous disait que la douce sérénité de son front n’était pas venue de ce monde, mais qu’elle l’avait reçue de Dieu et qu’elle la lui rapporterait fidèlement, malgré les hommes, sans en rien perdre ; et il y avait des moments où l’on se rappelait la ménagère qui, lorsque le vent souffle, met la main devant son flambeau76. » Pour bien apprécier et connaître cette charmante Mme Pierson, il faudrait, après avoir lu la veille les deux premières parties de la Confession, s’arrêter là exactement, et le lendemain matin, au réveil, commencer à la troisième partie, et s’y arrêter juste sans entamer la quatrième : on aurait ainsi une image bien nuancée et distincte dans sa fraîche légèreté.

1155. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Plus de grandeur ni de puissance ; l’air sauvage ou triste s’efface ; la monotonie et la poésie s’en vont ; la variété et la gaieté commencent. […] — Et Tibert commença à grondre.

1156. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Cette mode se marque par le caractère du style Louis XVI, dans l’ornementation et l’architecture : au rococo commence à succéder le pompéien ; on reprend les motifs de décoration que les fouilles récentes ont fait connaître ; des lignes plus simples, plus sévères commencent à rappeler la noblesse des formes antiques.

1157. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Tout est permis quand la sincérité fait le fond, d’autant plus que ce que vous avez conseillé aux poètes nouveaux de faire, vous l’avez commencé vous-même, résolument, patiemment. […] Hésiode, songeait à cette définition du rythme dorien, lorsqu’il forgeait patiemment le métal rigide et sonore de ses vers… Il commença par être chrétien.

1158. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

C’est là que la difficulté commence, ou plutôt les difficultés, car il y en a deux. […] Il a commencé par admettre que la lumière a une vitesse constante, et en particulier que sa vitesse est la même dans toutes les directions.

1159. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Bien que l’on commençât à s’occuper de lui dans les journaux, ses droits d’auteur ne lui rapportaient rien. […] Camille de Sainte-Croix, auquel avait échu la bonne fortune de posséder le manuscrit des Valentines, en avait commencé la publication en 1891 dans l’ancien journal La Bataille.

1160. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Car, bien que « ce soit l’esprit qui vivifie et que la chair ne serve de rien », le grand règne de l’esprit ne commencera que quand le monde matériel sera parfaitement soumis à l’homme. […] Il est donc essentiel que l’homme commence par s’établir en maître dans le monde des corps, afin de pouvoir ensuite être libre pour les conquêtes de l’esprit.

1161. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Elle n’avait guère de monuments anciens, car jusqu’aux Asmonéens, les Juifs étaient restés étrangers à tous les arts ; Jean Hyrcan avait commencé à l’embellir, et Hérode le Grand en avait fait une des plus superbes villes de l’Orient. […] Hérode en avait fait commencer la reconstruction l’an 20 ou 21 avant l’ère chrétienne, pour le mettre à l’unisson de ses autres édifices.

1162. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Le moment où il commença à parler était celui où la retraite des trois éloquents professeurs, MM.  […] Le titre seul de certains chapitres est déjà une épigramme ; ces chapitres, commencés avec gravité, finissent souvent en pointe.

1163. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

M. de Montalembert a commencé de bonne heure et presque adolescent à se produire par la parole. […] Au début, il a commencé simplement par écrire ses discours et par les lire, puis par les réciter.

1164. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Ne faudrait-il pas commencer par dire qu’il avait visité le Rhin, et alors ne s’étonnerait-on pas à bon droit que lui, poëte par aspiration, archéologue par sympathie, il n’eût vu dans le Rhin qu’une question politique internationale ? […] Il commence comme un ruisseau ; traverse un ravin près d’un groupe de chaumières, sous un petit pont d’une arche ; côtoie l’auberge dans le village, le troupeau dans le pré, la poule dans le buisson, le paysan dans le sentier ; puis il s’éloigne ; il touche un champ de bataille, une plaine illustre, une grande ville ; il se développe, il s’enfonce dans les brumes de l’horizon, reflète des cathédrales, visite des capitales, franchit des frontières, et, après avoir réfléchi les arbres, les champs, les étoiles, les églises, les ruines, les habitations, les barques et les voiles, les hommes et les idées, les ponts qui joignent deux villages et les ponts qui joignent deux nations, il rencontre enfin, comme le but de sa course et le terme de son élargissement, le double et profond océan du présent et du passé, la politique et l’histoire.

1165. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

À des distances très grandes, à des intervalles de siècles, les corrélations se manifestent, surprenantes ; l’adoucissement des mœurs humaines, commencé par le révélateur religieux, sera mené à fin par le raisonneur philosophique, de telle sorte que Voltaire continue Jésus. […] Non, ta quantité ne décroît pas ; non, ton épaisseur ne s’amincit pas ; non, ta faculté n’avorte pas ; non, il n’est pas vrai qu’on, commence à apercevoir dans ta toute-puissance cette transparence qui annonce la fin et à entrevoir derrière lui autre chose que toi.

1166. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Nous prendrons l’ordre inverse de nos premières bases ; c’est-à-dire, que nous commencerons par les lieux d’oraison dont on peut citer des traits courts et détachés (tels que le sublime et les comparaisons), pour finir par la simplicité et l’antiquité des mœurs. […] Enfin, Joseph embrasse ses frères, comme Ulysse embrasse Télémaque, mais il commence par Benjamin.

1167. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Il est monothéiste, comme plusieurs de ses prédécesseurs en philosophie ; il est monothéiste ; que le monde soit susceptible d’être ramené à une seule loi, c’est une idée qui a commencé à envahir l’esprit humain et à s’imposer à lui ; mais, d’autre part, il est trop Grec pour ne pas rester un peu polythéiste, pour ne pas croire que des forces multiples et diverses gouvernent le monde et se le disputent. […] La suite des états d’esprit à cet égard est celui-ci : on commence par ne pas saisir les contradictions en lisant les penseurs ; puis on en relève beaucoup ; puis on en aperçoit trop, et dès lors, selon la nature d’esprit que l’on a, on les multiplie avec malignité, et l’on en triomphe, ou l’on s’habitue à les résoudre toutes et l’on finit par les multiplier pour les résoudre.

1168. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Prétend les animer par son bourdonnement, Vif, courant, d’une seule venue, mais sourd : c’est le travail, inutile, mais c’est le travail ardent, concentré, très sérieux pour elle, de la mouche, qui est commencé. […] Et si vous me dites qu’à faire ainsi, l’on finit par dénaturer le poète, l’on finit par ne plus chercher en lui que le musicien et par ne plus le trouver poète quand il ne fait plus de la musique ; je vous répondrai que, quand on commence à sentir cela, on doit faire taire l’orchestre comme on éteint une lampe ; qu’on doit cesser de lire tout haut et recommencer à lire tout bas et que, de même que pour saisir l’idée et s’en pénétrer on doit d’abord lire tout bas, de même, après avoir assez longtemps lu tout haut, on doit revenir à la lecture intime pour retrouver devant soi l’homme qui pense.

1169. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

S’il est vrai, comme je le crois, que la divergence des opinions diverses qui se disputent aujourd’hui l’empire de la société commence immédiatement à l’origine de la pensée, nous allons être obligés de creuser jusque-là pour expliquer cette divergence ; car, je ne puis assez le répéter, la lutte des intérêts contraires, quelque active qu’on puisse la supposer, ne suffirait pas toute seule pour amener les résultats dont nous sommes témoins. […] Commençons donc par une hypothèse, ainsi que dans l’algèbre il y a un signe qui représente l’inconnue.

1170. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Or, s’il n’y en a pas en Russie, il n’y a pas d’histoire de Russie en Europe, car l’histoire d’une nation commence toujours de s’écrire entre ses quatre frontières. […] Pouchkine, il est vrai, a commencé de jeter sur le tambour des journaux français son nom cymbalique, un de ces noms, par parenthèse, que la gloire aimerait à faire sonner !

1171. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Quand on aura commencé de le lire, on le lira toujours ; mais il faut commencer.

1172. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Les frères Glady, dont j’aime l’audace en librairie, et qui promettent de nous donner, dans des conditions admirables de typographie et de gravure, tous les chefs-d’œuvre de l’esprit humain, ont commencé naturellement par ce chef-d’œuvre de Manon Lescaut, qu’ils croient peut-être le premier ! […] Et si c’est cela, le péché, le vice, le crime, commencent ici, et il n’y a plus à chanter la chanson vengeresse et perverse de cet excellent Dumas, cette chanson de sauvage bondissant autour de son ennemi : « Va, ma fille !

1173. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

Royer-Collard : l’abaissement éclate de toutes parts, — à commencer par la tête.

1174. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

— Les vers d’Alfred de Vigny, Lettre à Éva, n’ont pas semblé continuer les poëmes philosophiques mieux qu’ils n’avaient commencé ; c’est élevé, c’est distingué assurément, mais d’une distinction qui se raffine de plus en plus et d’une élévation qui s’évapore.

1175. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

L’article qui porte la date du 29 mai 1833 et qui commence par ces mots ; « L’art est aujourd’hui à un bon point.

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