Jusque-là, l’ouvrage en question sera moins un jalon qu’un Terme dans le champ de nos connaissances sur l’Asie, et c’est autour de ce livre, qui a la consistance d’un monument, que viendront nécessairement se grouper les aperçus nouveaux, les faits autrement observés, soit pour en confirmer ou en contredire les assertions, soit pour y ajouter les changements que les mœurs, la législation, les choses chinoises enfin, auront subis, si elles en subissent, si le pouce du Temps, malgré son ongle, — un ongle chinois pour la longueur, — ne glisse pas, sans le rayer, sur le vernis de coutumes qui enduit ce peuple, et qui est plus lisse encore que l’autre vernis qu’il a inventé. […] Ce fut cette raison qui le décida à jouer cette grande comédie qu’on peut appeler une comédie de caractère (car il en faut beaucoup pour la jouer), et dont les scènes, multipliées en deux gros volumes, toujours variées et toujours nouvelles, eurent le succès le plus triomphant et le plus complet. […] Quand on lit ce que le nouveau voyageur en rapporte, on pense, malgré soi, à ce Bas-Empire, fait pour être longtemps encore le modèle des peuples qui crouleront.
Dans ses articles sur Mathieu Marais (Nouveaux Lundis, tome IX), il cite une lettre de Bayle, remerciant son correspondant parisien de le mettre si constamment au courant des affaires littéraires de Paris : après quoi, le philosophe conseille à son ami d’avoir en Hollande ce que Sainte-Beuve appellera tout à l’heure un autre lui-même, — c’est-à-dire un ami sûr et fidèle interprète de sa pensée, — à qui il adressera les éléments d’un Journal, publié par les soins de cet ami, de ce fidus Achates. […] On peut, avec probité et sans manquer à rien de ce qu’on doit, bien voir à Paris sur les auteurs et sur les livres nouveaux ce qu’on ne peut imprimer à Paris même à bout portant, et ce qui, à quinze jours de là, s’imprimera sans inconvénient, sans inconvenance, dans la Suisse française.
Mais, dans les premières années du règne de Louis XVI, à l’aurore des améliorations lentes tentées par Malesherbes et Turgot, le jeune ami des Trudaine avait conçu un rôle littéraire plus calme, plus recueilli, plus d’accord avec un loisir d’ailleurs assez voluptueux, une régénération de la poésie énervée du xviiie siècle par l’étude approfondie de l’antique, un embellissement ferme et gracieux de la langue, et une peinture naïve des passions et des faiblesses du cœur dans des cadres nouveaux. […] De nouveaux talents viendront et s’annoncent déjà, qui se préoccupent grandement des destinées humaines, et en tourmentent éloquemment le mystère.
Si l’on n’en peut dire autant de la dernière réaction congréganiste ; si, dans ces derniers temps, elle est parvenue à aiguiser de nouveau en haine l’indifférence générale, il faut convenir qu’elle n’a point profondément altéré la tolérance des esprits. […] A chacune de ces contradictions nouvelles, elle a gagné d’un côté ce qu’on lui interdisait de l’autre ; elle a perdu, chaque fois, quelque chimère, quelque fiction dont elle ne s’était pas assez gardée dans le premier enivrement ; et aujourd’hui que tous les obstacles sont enfin levés, elle remet en commun tous ces progrès si lents, tous ces résultats conquis un à un durant quarante années : il n’y a que les chimères qu’elle a laissées en chemin.
En un temps où on est las de toutes les sensations et où il semble qu’on ait épuisé les manières les plus ordinaires de peindre et d’émouvoir, en un temps où les larges sentiers de la nature et de la vie sont battus, et où les troupeaux d’imitateurs qui se précipitent sur les traces des maîtres ne savent que soulever des flots de poussière suffocante, lorsqu’on avait tout lieu de croire que le tour du monde était achevé dans l’art, et qu’il restait beaucoup à transformer et à remanier sans doute, mais rien de bien nouveau à découvrir, Hoffmann s’en est venu qui, aux limites des choses visibles et sur la lisière de l’univers réel, a trouvé je ne sais quel coin obscur, mystérieux et jusque-là inaperçu, dans lequel il nous a appris à discerner des reflets particuliers de la lumière d’ici-bas, des ombres étranges projetées et des rouages subtils, et tout un revers imprévu des perspectives naturelles et des destinées humaines auxquelles nous étions le plus accoutumés. […] Jusqu’à quel point s’étend cette conquête nouvelle de l’art ; jusqu’à quel degré est-il possible de la féconder ; et contient-elle en elle-même un art tout nouveau dont nous entrevoyons à peine les promesses, ou bien doit-elle éternellement demeurer à l’état de vague et de nuageux ?
Si, sur plusieurs de ces points secondaires, l’auteur avait réussi à fonder quelques jugements nouveaux, à préparer quelques-uns des éléments qui s’introduiront un jour dans l’histoire littéraire de notre époque, il aurait atteint l’objet de sa plus chère ambition. […] Voici pourtant deux volumes nouveaux, et je suis loin, selon toute apparence, d’avoir terminé.
De nouveau, au fond de ses veines, il a entendu, enfermée dans de beaux rythmes, la parole d’antiques choses. […] Fixé à Guermantes (Seine-et-Marne) en 1894 — après une condamnation pour outrage à l’autorité, — nous l’avons vu, élargissant le domaine de son esthétique, accueillir des idées nouvelles, s’éprendre des formes de la Nature au point de dédaigner ce qu’il avait naguère et avec passion défendu.
Ils parcoururent le pays avec leur nouveau bouffe qui réussit à merveille et eut accès partout à la faveur de ses pointes : ce à quoi contribuèrent aussi son physique de caricature et sa tenue de campagnard, à savoir la camisole et le pantalon de toile blanche. […] Malgré ces nombreux devanciers, le soin que j’ai pris de remonter autant que possible aux textes et aux documents originaux, m’a permis d’apporter dans cette étude quelques éléments nouveaux, que le lecteur qui a étudié ces questions saura facilement reconnaître.
Palissot, on entreprenoit de fronder sur la Scene cette variété de ridicules, si fort multipliés depuis la représentation de sa Piece qui en a fait éclore de nouveaux ! […] Peut-être la Nation, revenue de son premier enthousiasme, verra-t-elle tout-à-coup s’élever au milieu d’elle un nouvel Aristophane ou un nouveau Lucien, qui achevera de lui ouvrir les yeux, & de la guérir d’une contagion, dont les effets ont passé rapidement du burlesque au tragique.
Benserade, excité par un nouveau desir de gloire, voulut mettre en rondeaux les métamorphoses d’Ovide ; mais son entreprise fut malheureuse. […] Cet ami ne balança point, & lui envoya pour réponse un rondeau qui finit par ces vers : De ces rondeaux un livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire : Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère, Hormis les vers qu’il falloit laisser faire A la Fontaine.
Ainsi les deux ouvrages qui composent ce volume sont loin d’avoir vieilli, malgré la multitude d’enseignements nouveaux que nous avons reçus depuis douze ans. […] Je suis obligé de renvoyer de nouveau à l’ouvrage qui complète celui-ci, de même que pour la grande question sur les dynasties, qui se présente également, sous toutes les formes, dans l’Orphée, dans l’Homme sans nom, et à la fin du volume précédent.
I L’ouvrage de Léon Feugère sur Henri Estienne est une publication d’un double intérêt, puisqu’elle renferme, à côté d’un livre nouveau, ce qu’en principe nous estimons presque autant : la réimpression d’un livre ancien. […] Là où il fallait plonger la main dans les entrailles d’une époque qui se convulsait sous l’influence de doctrines nouvelles et puissantes, il n’a su mettre qu’un doigt curieux entre les pages de ces livres que l’on commençait d’éditer alors, on dirait presque avec fureur.
Il avait embrassé une partie des sciences abstraites, saisi plusieurs branches de la physique, et jeté sur la nature en général, ce coup d’œil d’un philosophe, qui cherche à étendre la carrière des arts, et à y transporter, par de nouvelles imitations, de nouvelles beautés.
Le jeune homme, averti, commence un nouveau chant sur ce ton : Vais-je chanter Ismène, ou Mélias aux fuseaux d’or, ou Cadmus, ou la race sacrée des hommes nés des dents de serpents, ou la force toute-puissante d’Hercule, ou… » Comme il récitait ce début à Corinne : « Il faut semer par pincées », dit-elle avec un sourire, et non renverser tout le sac27. » C’était bien juger ce luxe de souvenirs mythologiques et d’épithètes sonores, dont le génie de Pindare ne s’est pas toujours assez défendu. […] Pindare lui apparut aussitôt après sa mort, et, pendant le sommeil, lui chanta un hymne nouveau à Proserpine.
Cela vous impose de nouveaux devoirs. […] C’est que c’est nouveau. […] Parmi les choses de fabrication humaine, tout ce qui est nouveau est estimé laid ; et même parmi les choses naturelles tout ce qui est nouveau relativement, nouveau pour tel et tel, par tel et tel est estimé laid. […] Toujours des mots nouveaux. […] En voici un nouveau : l’Évolution.
Voici les formules de l’art classique, nouvelles ou qu’il croit nouvelles, qui abondent sous sa plume. […] Ce n’est pas un nouveau système, c’est une nouvelle tendance. Ce n’est pas précisément une nouvelle mentalité, c’est un nouveau cœur. […] Elle a créé des sentiments nouveaux qui sont antihumains au premier chef. […] Par les armes, par le renversement des bornes frontières, par la violation de la piété, le plus souvent ; mais aussi par de nouvelles religions et de nouvelles morales !
Le nouveau gouvernement n’avait rien à refuser à ces glorieux proscrits, qui avaient souffert pour la sainte cause. […] Encouragé par le succès, il compose de nouveaux poèmes. […] Quelques jours plus tard, paraissait un nouveau recueil de M. […] Quels sont, parmi les nouveaux venus, ceux qui semblent appelés à recueillir ce double héritage ? […] Il congédie ses vieux ministres moisis et appelle au pouvoir des hommes nouveaux.
Mais plutôt j’aurais quelque tendance croire que, sans pièces inédites ni documents nouveaux, leur œuvre, étant signée d’eux, serait encore ce qu’elle est, et tout ce qu’elle est. […] Ce serait le cas de reprendre ici la fameuse comparaison de Stendhal : « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet admiré a de nouvelles perfections. » Ainsi, chaque siècle, qui passe sur un chef-d’œuvre, sans en avoir altéré l’air d’éternelle jeunesse, donne au siècle qui suit cent raisons nouvelles d’y reconnaître de nouvelles beautés. […] et le projet tant de fois formé, jamais exécuté, de fonder une Académie anglaise « pour la langue », à l’imitation de la nôtre, n’en serait-il pas un second, puisqu’il paraît qu’on y reviendrait de nouveau ? […] Quelles significations nouvelles, depuis lui et grâce à lui, se sont greffées sur les mots anciens ? […] Hors du temps, comme il dit encore, et par-delà le réel, dans le domaine illimité du possible, « continuation occulte de la nature infinie », le poète se crée un nouveau monde.
Le sujet doit marcher avec vitesse ; une scène qui n’est point un nouveau pas vers la fin, est vicieuse. […] Il faut que le sentiment dominant se montre sous des formes toujours nouvelles. […] Si cette idée fût venue à un homme de génie, et qui, par l’exécution, ne fût pas demeuré au-dessous, peut-être aurions-nous une tragédie d’un genre nouveau. […] Si l’amour doit être réciproque entre les amants, cette règle acquiert un nouveau degré de force relativement à l’amour entre les époux. […] C’est ainsi que, dans le Bourgeois gentilhomme, la grossièreté de Nicole jette un nouveau ridicule sur les prétentions impertinentes, et l’éducation forcée de M.
Alors il ouvre de nouveau la cellule chaste et solitaire où pose, éclairée par une douce lumière, l’angélique figure de Mme de Couaën. […] Il s’est trouvé au milieu d’un peuple renouvelé par le fer et par le feu, et il a parlé un langage nouveau. […] Ce qui me frappe surtout dans le nouveau style de M. […] Tel est le nouveau roman de l’auteur de Valentine. […] voilà le rôle des hommes dans ce nouveau roman.
Mais la plûpart des termes abstraits sont reçûs à la longue dans un sens différent de leur origine, comme des instrumens que l’industrie employe à des usages nouveaux. […] Les seigneurs particuliers qui s’étoient rendus les maîtres de ces provinces, introduisirent de nouvelles coûtumes dans leurs nouveaux états. […] Les nouveaux parvenus sont d’ordinaire plus glorieux que les autres. […] C’est la fantaisie, plûtôt que le goût, qui produit tant de modes nouvelles. […] La méthode convenable à l’histoire de votre pays n’est pas propre à écrire les découvertes du nouveau monde.
« J’éprouve un plaisir très vif à relire ici tous ces beaux vers d’Homère ; la vue des lieux qui les ont inspirés leur prête un nouveau charme et comme un sens inconnu. […] C’est qu’il n’était pas essentiellement un voyageur : il allait voir les lieux dans un but particulier, au profit de certains livres, de certaines études présentes, et non pas tout à fait pour les voir en eux-mêmes et pour y chercher du nouveau. […] Cette brusque obligation d’entrer dans des sujets pour lui nouveaux et d’en parler au fur et à mesure de l’étude lui fut très utile. […] Sa correspondance nous tient au courant du nouveau travail auquel il dut se livrer à ce renouvellement de carrière ; il ne croyait jamais en avoir fait assez. […] Après avoir tant fait pour arriver au terme, qui ne devait être pour lui qu’un point de départ nouveau, après tant et de si longues années d’apprentissage, au moment où il entrait dans la pleine maîtrise, il tombe.
Dans la presse, lorsqu’un nouveau livre important paraît, il est d’ordinaire examiné ou agité par cinq ou six des plus habiles feuilletonistes ou chroniqueurs littéraires qui tous, dans l’espace de quelques semaines, y viennent tour à tour s’exercer, tournoyer, jouter, pousser ou briser une lance comme à un jeu de bague ou dans une quintaine. […] La route est battue ; y faire remarquer, chemin faisant, deux ou trois points de vue nouveaux, les montrer, non point les créer, je ne prétends pas à plus. […] Ronsard et son école paraissent : Renaissance ou réaction, c’est tout un ; nouveau recommencement à de nouveaux frais, entière rupture ; mépris absolu de l’école et de toutes les écoles qui ont précédé. […] pourquoi faut-il qu’on dise qu’en poésie tu as trop fait comme en politique, que ta mémoire a été courte, et que la génération sage, et qui avait su acquérir, a trop rarement transmis l’héritage moral aux générations nouvelles ! […] Donc un nouveau labeur à tes armes s’apprête, etc.
« Quand j’aurai écrit ce livre d’histoire, complément de ma célébrité littéraire de jeunesse, si j’ai le hasard de conquérir cette double célébrité du poète et de l’historien, je jetterai de nouveau la plume, la plume, après tout, hochet du talent, instrument trop insuffisant et trop spéculatif de la pensée ; la plume, qui n’est rien devant l’épée. […] Ce que ce peuple aujourd’hui semblait aimer dans le nouveau duc d’Orléans, il faut l’avouer, c’était le fils du 21 janvier. […] Je donnai donc volontairement et avec insistance ma démission de mes fonctions diplomatiques, malgré les instances du ministre du nouveau roi pour m’engager à poursuivre ma carrière, m’offrant même de l’élargir et de l’agrandir devant moi. Ces instances du nouveau gouvernement furent si vives, que M. […] « 3 novembre 1861. » Les bruits faux relatifs à ma santé et mon incapacité de continuer l’édition de mes Œuvres et de mes Entretiens, s’étant prolongés d’échos en échos dans toutes les provinces, me forcent à réclamer de nouveau avec énergie et persistance.
C’est alors que l’idée me vint de chercher à connaître, de me faire une opinion sur cet homme attaqué si fort qui se défendait si bien, et sur le nouveau système qu’il préconisait. […] La liste des nouveaux décorés de la Légion d’honneur parut. […] Les uns se plaignent de ce que la pièce n’est pas absolument nouvelle : comme si l’on inventait du nouveau tous les jours ! comme si les nouvelles idées, les nouvelles théories, ne faisaient pas leur chemin lentement ! […] Un nouveau ressort a été clouté aux ressorts de la vieille mécanique passionnelle : « Cet homme trahira-t-il ou ne trahira-t-il pas Cette femme se livrera-t-elle ou ne se livrera-t-elle pas ?
Sans doute, l’expression intérieure de la passion peut devenir habituelle ; mais la nouveauté de la chose signifiée se reflète sur le signe, qui paraît, lui aussi, nouveau, parce qu’il exprime une chose nouvelle ; le signe n’est qu’un accessoire, ce n’est pas lui qu’on écoute, et sa monotonie n’est pas remarquée. […] Tous deux moururent martyrs de leur foi : Socrate fut accusé d’introduire de nouveaux dieux dans l’Etat171 ; Jeanne d’arc, de reconnaître une autre autorité spirituelle dans celle de l’Eglise : c’étaient là, dira-t-on, des prétextes et non les véritables motifs de l’accusation ; toujours est-il que Socrate et Jeanne d’Arc auraient sans doute désarmé leurs accusateurs s’ils avaient consenti à renier l’origine surnaturelle des voix qu’ils croyaient entendre. […] 2° Si l’esprit se manifeste, non par des bruits ou des sons inarticulés, mais par des sons humains, par des paroles, il est, en cela du moins, notre semblable ; une suite régulière de sons coordonnés et rythmés, c’est une succession pure et continue, comme notre existence intérieure ; puis ces sons expriment des idées que nous comprenons : cet esprit est donc une intelligence, comme nous, et une intelligence analogue à la nôtre ; il est donc notre semblable : il n’est pas quelque chose d’absolument nouveau pour notre expérience, partant quelque chose d’étrange et d’effrayant. […] Surprendre un aparté, recevoir à l’improviste la confidence involontaire d’un taciturne, dérober un secret soigneusement caché sans être soi-même indiscret, voir à nu dans une exclamation le vrai caractère ou la passion maîtresse d’un politique, ce sont là de petits événements qui font pour une soirée la joie d’un observateur ; un moraliste en tire un portrait, un auteur comique l’idée d’une scène heureuse ou d’un caractère nouveau. […] , p. 377) et furent d’abord insérées dans la nouvelle Emmeline qui parut dans la RDM le 1er août 1837 (voir Musset, Nouvelles, Paléo, 2007, p. 32-34).
Junon, d’un nouveau sourire, l’en remercie, et lui touchant la main délicate pour l’apaiser : « Allons, dit-elle, ô Cythérée ! […] Après le repas qu’Éétès a fait servir aux nouveaux venus avant toute chose, d’après les lois de l’hospitalité, il y a lieu pour Jason d’expliquer au roi le sujet de son voyage. […] Longtemps elle demeura à la même place sous le vestibule de sa chambre, retenue par la pudeur ; et elle revint de nouveau en arrière, et de nouveau elle se remit à sortir, et de nouveau elle rentra. […] Ce discours, tout positif et de prescription technique, a pour avantage, en allant d’abord au principal de son inquiétude, de la sauver encore elle-même des restes d’embarras qu’elle éprouve, de lui donner le temps de se remettre et de suspendre par un dernier détour l’expression directe de ses sentiments ; ils éclatent pourtant dans ce peu de mots qui terminent les conseils : « Tu pourras de cette sorte emporter la toison en Grèce, — bien loin de Colchos114 ; après cela, pars, va où le cœur t’appelle, où tu es si empressé de retourner. » Tout ce qui suit est d’une gradation charmante : « Ainsi donc parla-t-elle ; et en silence, ses regards tombant devant ses pieds, elle baignait sa joue divine de tièdes larmes, s’affligeant de ce qu’il allait errer si loin d’elle à travers les mers ; et de nouveau elle lui adressa en face ces paroles pleines d’amertume, en lui prenant la main droite, car déjà la pudeur désertait de ses yeux : « Souviens-toi, si jamais tu es de retour dans ta patrie, souviens-toi du nom de Médée, comme moi-même je me souviendrai de toi, si éloigné que tu puisses être. […] Quand on parle aujourd’hui de la pléiade des poëtes d’Alexandrie, et qu’on se demande ce qui nous en reste de charmant, chacun nomme à l’instant Théocrite, et l’on a raison ; Théocrite en cela n’a rien usurpé ; il est digne de tous les souvenirs et d’un culte à jamais reconnaissant, à jamais nouveau de fraîcheur comme sa muse.
Ce serait l’édification d’arts nouveaux, art de vision, art de mots, art de musique, chacuns plus puissants en leur spécialisation qu’en la complexion du théâtre, et chacuns agissant en un point avec toute la force de l’être humain. […] Le son des trompettes guidait les guerriers aux combats : le son des trompettes, rythme, mélodie, timbre, devint expressif des émotions guerrières ; quand fut institué le rite chrétien, les mélodies religieuses intimement liées au sens des paroles qu’elles accompagnaient, devinrent expressives des émotions suggérées par ces paroles ; les chansons populaires au moyen-âge devinrent également des motifs d’expression musicale ; et le langage de la musique s’accroissait de formes expressives de sentimentalités ; ce fut l’époque du moyen-âge finissant où s’épanouissait cet art nouveau si riche de promesses, de promesses hélas chûtées ! […] Mais échauffé des plus nobles chimères, il a rêvé un art complexe de toutes les puissances de l’art ; j’ai dit que c’était l’époque de l’Œuvre d’art de l’avenir, de Drame et Opéra ; le jeune artiste, avant de comprendre que l’œuvre de Beethoven réside majeurement en ses quatuors de cordes, a vu dans le hasard d’un chœur concluant la neuvième symphonie le commencement d’un art nouveau ; il a calculé, le jeune artiste, que l’émotion de ses musiques se doublerait de l’émotion de ses poèmes et se triplerait de l’émotion de ses spectacles ; et — ne serait-ce pas le profond de la vérité ? […] Dans les seules scènes se rapportant directement à Wotan, la parole apparaît de nouveau et évoque devant nous la vision du dieu… mais, pour le reste, Wagner sur le poème a construit la symphonie la plus grandiose — peut-être — que jamais il ait écrite… Au fond, il n’y a qu’une chose ici : la musique… On sait qu’à la fin du drame il y avait des vers résumant l’idée poétique du Ring, et que Wagner, lorsqu’il vint à parachever la musique, les supprima ; il les a supprimés, nous dit-il, « parce que c’eût été essayer de substituer à l’impression musicale une autre impression », et « parce que le sens de ces vers est exprimé par la musique avec la plus exquise précision… » Ainsi apparaît décisif ce couronnement du tétraptyque wagnérien par l’unique et glorieuse musique. […] jusqu’à la victoire finale de ce Parsifal spirituel, vainqueur des foules, et, comme un Colomb Porte-Croix, inventeur d’un monde nouveau.
Je repartis bientôt après pour les Alpes, où de nouveaux sites et de nouvelles impressions m’inspirèrent de nouvelles pensées. […] Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçait le retour, Du temple, orné partout de festons magnifiques, Le peuple saint en foule inondait les portiques, Et tous, devant l’autel avec ordre introduits, De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux fruits, Au Dieu de l’univers consacraient ces prémices. […] Quel prodige nouveau me trouble et m’embarrasse ! […] Enfin au dieu nouveau qu’elle avait introduit Par les mains d’Athalie un temple fut construit. […] Voilà ce qui nous distingue et ce qui distingue la France de ceux qui se sont appelés hier les romantiques, et qui s’appellent aujourd’hui les réalistes ; deux hérésies pleines de talents égarés, mais qui, en rentrant dans la vérité, feront faire de nouvelles conquêtes à la religion du goût et des lettres.
Il me semble encore évident que les êtres organisés doivent être exposés pendant plusieurs générations à de nouvelles conditions de vie pour qu’il se manifeste chez eux une somme appréciable de variation, mais qu’aussitôt que l’organisation a une fois commencé à varier, elle reste généralement variable pendant de nombreuses générations. Il n’est pas d’exemple qu’une forme variable ait cessé de varier à l’état domestique : nos plus anciennes plantes cultivées, telles que le froment, produisent encore aujourd’hui des variétés nouvelles ; et nos animaux domestiques les plus anciens sont toujours susceptibles d’améliorations et de modifications rapides. […] D’autre part, les pépiniéristes, qui élèvent un grand nombre d’individus de la même plante, réussissent beaucoup plus souvent que les amateurs à former des variétés nouvelles et précieuses. […] À l’égard des animaux pourvus de sexes séparés, il importe de pouvoir prévenir les croisements, si l’on veut réussir à former de nouvelles races, au moins dans une contrée déjà peuplée d’autres races analogues. […] Cette seule circonstance doit avoir beaucoup favorisé la formation de nouvelles races.
On s’est permis d’ajouter, entre crochets, une note renvoyant d’un passage à un autre, pour rappeler que Gaston Paris lui-même a rectifié une assertion démentie par de nouveaux documents. […] Le nouvelliste réussit au moins à fournir contre eux un nouveau prétexte de vexations. […] Mais partout ailleurs, c’est le nouveau type, le vrai Juif Errant, l’éternel marcheur, qui passe sans s’arrêter devant les peuples ébahis. […] Elle s’est exercée sur ce thème dans plusieurs pays, mais elle n’a rien créé de remarquable ou de nouveau. […] Mais voici que deux témoignages récemment signalés placent la question sur un nouveau terrain.
Plusieurs, au contraire, y virent une œuvre d’un genre nouveau, et M. […] En quoi les principes de sa critique furent-ils nouveaux ? […] » Et de nouveau, il se précipita dehors, et le baron derrière lui. […] Pour mieux faire apprécier au lecteur ces qualités nouvelles de M. […] s’écria Lénore et elle lui pressa de nouveau le bras.
Alors, au lieu de peindre les mœurs, la littérature aspire à les réformer ; au lieu d’exprimer les idées communes, elle s’efforce d’en répandre de nouvelles. […] De l’autre, les utopies nouvelles qui fermentaient déjà dans les têtes prirent feu aux passions tout à coup rallumées. […] Ce qu’ils proclament à si grand bruit, qu’est-ce autre chose que ce dogme fameux des religions nouvelles, l’émancipation de la femme ? […] Le lien légal est brisé, en effet : l’amour en a formé un nouveau ; et c’est ce nouveau lien qui seul est sacré, qui seul veut être respecté. […] Notons seulement un argument nouveau.
Mais on dit que les idées nouvelles ont besoin d’un vocabulaire nouveau. […] Les nouvelles idées sont de nouveaux assemblages d’éléments éternels. […] Et voici les nouvelles parures de l’âme française ; admirez-les. […] Ces romans nouveaux ne sont pas des romans. […] De nouveaux documents apparaissent, qui modifient les conclusions premières.
Il revient sans cesse à ses dénouements de pièces, en vue du puissant interprète qu’il a dans la main et qui peut pousser plus avant la bataille, la charge à fond de train sur le spectateur, et décider la victoire : « Je brûle de voir l’effet de ce nouveau cinquième acte. […] Et enfin, après d’insatiables retouches et remaniements de cet éternel cinquième acte d’Hamlet, et lui-même la tête encore toute fumante d’une dernière refonte : « Je lui écris (à Talma) que mon nouveau cinquième acte, refait à ma guise, à ma cuisine, est terminé, et que je ne le conçois et ne le concevrai jamais que de cette manière. […] Le général Bonaparte appréciait Ducis et avait du goût pour lui ; il l’aimait pour son instinct nouveau, pour ses éclairs de génie et ses élans hors de la routine, pour sa simplicité biblique dans Abufar. […] Nos idées nouvelles sur la propriété littéraire, idées avares, illibérales et d’une mesquinerie jalouse, voudront-elles s’y prêter ? […] Adieu, mon cher parrain, donnez-moi de vos nouvelles et envoyez-moi Macbeth.
Il faut une émotion au peuple pour que son cœur et son imagination s’attachent à un homme nouveau. […] X Les rapports passionnés que Laurent établit entre la Grèce et l’Italie, les livres dont il enrichit sa patrie, les hommes célèbres auxquels il offrit un asile, furent le signal de la Renaissance, époque brillante où un monde moral nouveau sort tout à coup d’un monde qui s’éteint. […] Le ton de ces lettres est triste comme les événements de cette saison : « Les seules nouvelles que je puisse vous apprendre d’ici, écrit-il à cette dame, c’est que la pluie est si continuelle qu’il est impossible de quitter la maison, et l’on est forcé de renoncer aux exercices de la campagne, pour se livrer, dans l’appartement, à des jeux tout à fait puériles. […] Appliquez-vous à régler votre maison, réduisant insensiblement les choses sur le pied de la décence et de la modération, ce qui ne saurait être, dans ces premiers moments où le maître et les domestiques sont encore nouveaux et étrangers les uns aux autres. […] Une réconciliation fardée réunit de nouveau les deux époux.
Ainsi, dans le cours que les nouveaux bacheliers étaient tenus, de faire pendant trois mois à titre d’épreuve, on le voit expliquer les Aphorismes d’Hippocrate et l’Ars parva de Galien, d’après des manuscrits qui lui appartenaient. […] Le succès du nouveau Gargantua égala celui de Pantagruel. On commença par toute la France, dit un des biographes de Rabelais47, à chercher le sens caché de ces livres de « haute graisse, légers au pourchas et hardis à la rencontre », que Rabelais compare à de petites boîtes « peintes au-dessus de figures joyeuses et frivoles, et renfermant les fines drogues, pierreries et autres choses précieuses. » Ce fut à qui romprait « l’os rnedullaire », pour y trouver « doctrine absconse, laquelle », disait Rabelais, « vous revelera de très-hauts sacrements et mystères horrifiques, tant en ce qui concerne nostre religion qu’aussi l’estat politique et vie oeconomique48. » Cette recherche mécontenta les catholiques ; Rabelais ne leur avait rien épargné de ce qui pouvait se dire, jusques au feu exclusivement ; elle désappointa les partisans des idées nouvelles, que Rabelais n’attaquait pas, mais qu’il défendait encore moins. […] Dans le plan d’études que Gargantua propose à son fils Pantagruel, il lui recommande « la langue hébraïque, pour les sainctes lettres. » Plus loin, il lui conseille de commencer les heures du jour « parvisiterlessainctes lettres premièrement, le Nouveau Testament en grec ; puis, en hébreu, le Vieux Testament. » A Thélème, il y a une bibliothèque hébraïque ; il est vrai que Rabelais la met, ainsi que la grecque, au rez-de-chaussée pour qu’on n’ait pas à chercher très-haut les livres sérieux. […] L’ancien et le nouveau, qui, à cette époque, n’est que l’antiquité païenne y sont juxtaposés grossièrement.
Coeffeteau, plus bel esprit, plus adonné aux lettres profanes, écrivait une histoire de Rome sous les empereurs, d’un style doux, coulant, précis, non moins nouveau que la modération théologique de Duperron. […] Ce mérite de composition, après tant d’ouvrages sans méthode et sans plan ; cet art de persuader ce dont on est convaincu, après ce doute et cette peur de s’engager dans quelque vérité à laquelle il eût fallu faire des sacrifices ; cette harmonie, cette pureté de l’élocution, après ce mélange de toutes les langues et de tous les tons dans un discours dont les parties ne tiraient pas leur valeur de l’ensemble ; le caractère de l’homme, pour accréditer les principes de l’écrivain, et pour montrer que le plus homme de bien est l’écrivain le plus habile : tout cela était si nouveau que Balzac put faire impression même sur un homme de génie ; avec combien plus de raison sur tous les esprits cultivés de l’époque ! […] Aussi voit-on sans mauvaise humeur l’infatuation de Balzac écrivant d‘un de ses critiques : « Un d’eux ne pouvant souffrir cet éclat, je ne sais lequel, qui me rend plus visible que je ne veux, et cette réputation incommode que je changerais de bon cœur avec le repos de ceux qui ne sont connus de personne, a entrepris de parler plus haut que la renommée et d’obliger tout un royaume de se dédire. » Et plus loin : « Il m’est pourtant bien doux de recevoir aujourd’hui, avec vos prières, celles de la moitié de la France10. » Bayle cite l’anecdote de cet homme qui lui demandait des nouvelles de messieurs ses livres. […] C’est l’écrivain qu’il met en regard de « cette perfection du bien dire, laquelle consiste plus en la rondeur, en la netteté et en la simplicité du langage, avec quelque ornement, quand la matière l’exige, que non pas en ces sottes et ridicules affectations d’hyperboles extravagantes, de manières recherchées de s’expliquer, qui sont nouvelles parce qu’elles sont sauvages et monstrueuses. » Il y poursuit et y signale avec une sagacité qu’éclaire un vrai savoir, et que la passion rend cruelle, toutes les formes qu’affecte cette éloquence sans sujet, sans chaire, sans tribune, sans barreau. […] La cour eût été un autre sujet non moins pratique, soit que l’on considérât les nouveaux rapports de la noblesse avec la royauté victorieux de toutes les souverainetés particulières, soit qu’on l’observât en moraliste et sur le lieu même.
La révolution qui depuis 1820 a changé complètement la face des études historiques, ou, pour mieux dire, qui a fondé l’histoire parmi nous, est apparemment un fait aussi important que l’apparition de quelque nouveau système. […] D’où viennent tant de vues nouvelles sur la marche des littératures et de l’esprit humain, sur la poésie spontanée, sur les âges primitifs, si ce n’est de l’étude patiente des plus arides détails ? Vico, Wolf, Niebuhr, Strauss auraient-ils enrichi la pensée de tant d’aperçus nouveaux, sans la plus minutieuse érudition ? […] Le jour où la philologie périrait, la critique périrait avec elle, la barbarie renaîtrait, la crédulité serait de nouveau maîtresse du monde. […] Balancement de toute chose, tissu intime, vaste équation où la variable oscille sans cesse par l’accession de données nouvelles, telles sont les images par lesquelles j’essaie de me représenter le fait, sans me satisfaire.
Mais, si les temps aujourd’hui ne sont pas venus, et si nous ne sommes point mûrs pour cette novation, si des siècles doivent se passer avant que le Successeur reprenne l’Œuvre d’art complet, nous profiterons, cependant, nous, de la parole Wagnérienne : oui, même si l’Artiste Wagnérien n’est pas prêt, nous pouvons, maintenant, être des littérateurs, des peintres, des musiciens Wagnériens ; — si l’Artiste, n’est pas prêt qui, de nouveau et décisivement, prendra toutes les puissances de tous les arts, — oui, maintenant, pourtant, peintres, musiciens, poètes, chacuns en leur art encore séparé, feront des œuvres d’art Wagnérien, puisqu’ils y accompliront, — dans leur art, séparément, — cette idée essentielle de la doctrine Wagnérienne : l’union de toutes les formes artistiques. […] Tout était nouveau pour moi dans ce voyage. […] Et combien, profanes comme moi, l’aiment comme je l’aime, pour les sentiments nouveaux qu’il découvre, pour les îlots de belles idées que déchaînent ses harmonies comme des baguettes enchantées, pour toutes les révélations de son art souverain, — pour les grandioses souvenirs qu’il laisse à jamais derrière lui ! […] … Par un double développement génial, unique en l’histoire des hommes, Richard Wagner, artiste et philosophe, rêva, et peu à peu vit, et comprit une novation artistique et une novation philosophique ; et il apporta, en une Œuvre d’art nouveau, un nouvellement moral. […] Brünnhilde est, de nouveau, perdue en la contemplation du cadavre : — « Comme le Soleil, purement, sa lumière me rayonne : le plus pur il était, lui qui m’a trahie : trompant l’épouse, — fidèle à l’ami, — de la propre aimée, la seule chère à lui, il s’est séparé par son épée.
Les fêtes de Bayreuth Dernières nouvelles Bayreuth, 6 août. — Les quatre premières représentations du mois d’août viennent d’avoir lieu, avec le même succès que les précédentes. […] D’après les nouveaux statuts, le centre de l’Association sera à Bayreuth et le président de l’Association choisi à Bayreuth ; mais le Comité Central, chargé des affaires courantes, reste à Munich. […] Woch., 1883, 337) ; il en avait éliminé Parsifal, devenu le héros d’un nouveau drame, il lui fallait trouver un autre dénouement. […] J’attends donc votre décision pour pouvoir vous compter parmi ceux qui, en s’obligeant volontairement pour la réalisation d’un idéal artistique nouveau, veulent se réunir à une association de la plus précieuse signification. […] C’est ; d’abord50, une entrée à quelque monde, lointain, de nouvelles réalités, et c’est le confus emmêlement de vies religieuses, lointaines, comme en l’attente de leur forme … Alors le Pur et Folax une âme pure, où entre la vie d’une vie très exaltée, et d’une vie très concupiscente, très adorante, l’éternel languir, le souffrir et le jouir éternel de l’âme, et la vie de fornication, — la vie luxurieuse et mystique, — jusque le surgissement, en lent exhaussement, triomphal, de la vie voulue.
Notes et nouvelles Le lundi 7 mars, à Bruxelles, a eu lieu, au théâtre de la Monnaiej la répétition générale de La Walküre ; le mercredi 9, la première représentation ; le vendredi 11, la seconde12. […] Comment se présenterait-il, devant un public parisien — et c’était le cas, le 9 mars, à Bruxelles, — transposé en langue française, exécuté par des interprètes pour qui un tel art était au demeurant fort nouveau ? […] Oui, nous avons éprouvé un orgueil réel à voir nos artistes faire pareille figure en cette mémorable soirée, à les voir entrer ainsi de plain-pied dans l’art nouveau ! […] Tandis que, pendant le second empire, le public courait entendre les opéras de Meyerbeer, d’Auber et de Gounod, des critiques, de jeunes écrivains et même des musiciens cherchaient du nouveau, et, comme Wagner leur en offrait une ample provision, ils se firent ses adeptes. […] Presque tous ceux qui s’occupent aujourd’hui de Wagner, le considèrent comme un artiste puissant, inventeur de nouveaux procédés qui rendent ses drames meilleurs que ceux des auteurs précédents.
Son ouvrage est intitulé : Histoire sainte de l’ancien & du nouveau Testament, pour servir d’introduction à l’Histoire Ecclésiastique de M. […] Vous lirez avec plus de plaisir les Discours historiques, critiques, théologiques & moraux sur les événemens le plus remarquables de l’ancien & du nouveau Testament, par Mrs. […] Tout le monde connoît son histoire du Concile de Trente, dont nous avons deux traductions en françois ; une par Amelot de la Houssaye, l’autre, publiée sous ce titre : Histoire du Concile de Trente, écrite en italien par Frapaolo Sarpi de l’Ordre des Servites & traduit de nouveau en françois avec des notes critiques, historiques & théologiques, par Pierre-François le Courrayer, Docteur en Théologie de l’Université d’Oxford, Chanoine régulier & ancien Bibliothéquaire de Ste. […] On en préparoit une traduction françoise dans le dernier siécle, qui fut arrêtée par l’ouvrage du fameux le Noir, Théologal de Seez, intitulé : Les nouvelles lumieres politiques pour le gouvernement de l’Eglise, ou le nouvel Evangile du Cardinal Palavicin révélé par lui dans son histoire du Concile de Trente. […] Il fait voir que les Congrégations & les Chapitres des Moines ne sont pas si nouveaux qu’on s’imagine.
Dans ce cas, le seul type normal qui soit dès à présent réalisé et donné dans les faits est celui du passé, et pourtant il n’est plus en rapport avec les nouvelles conditions d’existence. […] Pour bien montrer combien cette circonspection est nécessaire, faisons voir par quelques exemples à quelles erreurs on s’expose quand on ne s’y astreint pas et sous quel jour nouveau les phénomènes les plus essentiels apparaissent, quand on les traite méthodiquement. […] Or, à supposer que cette condition put être effectivement réalisée, le crime ne disparaîtrait pas pour cela, il changerait seulement de forme ; car la cause même qui tarirait ainsi les sources de la criminalité en ouvrirait immédiatement de nouvelles. […] Car il servait à préparer une morale et une foi nouvelles dont les Athéniens avaient alors besoin parce que les traditions dont ils avaient vécu jusqu’alors n’étaient plus en harmonie avec leurs conditions d’existence. […] De ce point de vue, les faits fondamentaux de la criminologie se présentent à nous sous un aspect entièrement nouveau.
Quelques rares esprits dans lesquels le génie exaspéré du Romantisme vit encore, appelleront peut-être le nouveau livre de Sainte-Beuve une capucinade littéraire, et ce mot, tout choquant qu’il veuille être, ne nous choque point, nous qui aimons les capucinades en toutes choses, parce qu’elles impliquent à nos yeux la reconnaissance de la vérité et le repentir de l’erreur ; Seulement, si ce mot veut dire conversion, appliqué à Sainte-Beuve c’est un mot faux et nous le repoussons. […] qu’il écrivit de sa déesse, et de tels signes, oui, même en face de l’énorme Homère, ont quelque chose de si surnaturel et de si nouveau dans le poète de cette mystérieuse heure d’histoire où chantait Virgile, qu’on ne l’explique pas entièrement avec de l’analyse littéraire et le trotte-menu des petites lois qui régissent ordinairement les biographies. […] L’Étude sur Virgile, qui ne contient encore que le premier livre de l’Énéide, aurait pu devenir pour Sainte-Beuve, s’il l’avait continué, non pas l’Exegi de son monument littéraire, mais un monument nouveau à côté. […] refaisant, raturant, savetant, ajoutant de nouvelles impressions aux anciennes, à ses notes d’autres notes, fourmi de travail entassant fétus sur fétus, grains de poussière sur grains de poussière… Cela peut être intéressant à voir faire, mais assurément ce n’est pas là de la Critique, cette grande chose de mesure et de poids, de principes et de certitude. […] Il aurait vieilli vingt ans encore qu’il les eût retouchés à nouveau.
Drames, romans, nouvelles, beaux-arts et jusqu’aux modes, tout, depuis trente ans, a porté, plus ou moins, l’empreinte de ce règne dont l’abbé Galiani disait avec son filet de voix claire : « Il y a des empires qui ne sont jolis que dans leur décadence », et pour lequel les Austères révolutionnaires de l’histoire, séduits comme des bourgeois par des duchesses, se sont parfois senti une indulgence, — que l’on comprend très bien, du reste, quand on regarde ce règne et ce temps, entre leurs trois grandes cariatides, Rousseau, Montesquieu et Voltaire. Mais ce que l’on comprend très bien, venant de ceux-là qui ont salué l’aurore d’un pouvoir nouveau dans le déclin de cette royauté des Bourbons qui éteignit, on sait comment, le soleil de son Louis XIV, le comprend-on au même degré venant de ceux qui ont gardé au fond de leur âme l’amour espérant ou désespéré de cette malheureuse royauté, coupable et perdue ? […] Grave question que le livre nouveau de M. […] Et, il n’y avait pas de milieu, ce devait être quelque chose de fièrement campé et de terriblement retroussé dans le leste, ou quelque chose de bien nouveau et de renversant d’innocence ! […] Capefigue avait un intérêt, il devrait se trouver non dans des détails et des faits nouveaux qu’il ne découvre pas, mais dans les raisons qu’il expose pour ne pas admettre ou pour suspecter les faits connus.
Voilà ce qu’on pouvait se demander à propos de ce nouveau livre que M. […] Et vous venez de voir ce qu’elles sont sous cette plume d’un homme qui ne raisonne pas et qui n’enchaîne rien ; qui, pour autoriser ou défendre un athéisme vieux comme le monde, n’apporte pas une seule idée qui lui appartienne, un seul aperçu nouveau à la masse, et dont toute la puissance ou l’impuissance consiste à remplacer les mots par les mots, les mots anciens par les mots modernes, les mots de Diderot, par exemple, par les mots de Darwin, croyant que tout cela fait une idée, cette opération… Tête verbale, pour qui les mots scientifiques sont bien plus que la science elle-même, M. […] Las du silence de sa crypte de l’Institut, cherchait-il un scandale nouveau qui retentit ? […] VIII Si, au lieu d’écrire l’Antechrist, l’auteur de la Vie de Jésus avait écrit l’Anterenan, cela, vaudrait mieux peut-être, cela serait peut-être au moins un livre nouveau, une pensée inattendue, fût-elle une pensée du diable. […] Nous savions qu’il ne pouvait avoir rien de nouveau sous cette plume qui s’est fait la gaine d’un système, et qu’une pensée… du diable chez M.
Une source de jouissances nouvelles s’ouvre pour une plus large humanité. […] Mettez en regard cette figure d’homme, assez sombre également, évoquée par un contemporain, d’après une ancienne peinture : « Le voici encore devant moi, toujours le même et toujours nouveau. […] L’auteur de Dominique a erré des jours et des jours dans les campagnes plates de la Rochelle, en vue de l’Océan, dans le pays pâle « où l’absinthe amère croît jusqu’au bord des champs d’avoine » ; il a eu le temps d’écouter le silence qui n’est qu’un bruit trop menu pour les distraits ; il est monté sur le dos branlant des charrettes de foin qu’on ramène à la ferme ; il a veillé avec les vendangeurs dans les pressoirs ruisselants de vin nouveau ; il s’est habitué à reconnaître les oiseaux à leur vol, à leur chant, à leur cri d’émigrants qu’ils jettent dans leurs voyages de nuit pour se maintenir en ligne ; enfin il eut en soi, pénétrant son âme et s’éveillant avec elle, l’âme d’un coin de la France. […] Après la brusque séparation, nous restons sans nouvelles. […] Il les a ployés au service d’idées et de sensations nouvelles ; il les a détournés du sens habituel, groupés en combinaisons ingénieuses ; il a pris à l’atelier, pour les faire entrer dans la littérature, les termes d’argot vraiment pittoresques et méritants : il a créé une langue pour la critique d’art, dont il est à la fois l’inventeur et le modèle.
C’est dans cette poussiere, que Bocace a trouvé plus d’un diamant ; il a puisé la plupart de ses nouvelles dans nos anciens fabliaux, qui étoient eux-mêmes des especes de Romans en vers. […] Celles qui avoient si bien réussi dans l’Astrée séduisirent les Auteurs de ces nouveaux Romans : ils firent parler Cyrus & Horatius Coclès comme Céladon & Silvandre. […] Vint un autre scrutateur qui parut faire dans le cœur humain de nouvelles découvertes. […] Heureusement l’épouse est plus forte que l’époux n’est prudent : & Julie meurt tout à propos pour esquiver de nouvelles épreuves. […] Peu importe, vu le mérite intrinseque de l’ouvrage ; mais quelques nouvelles productions de la Germanie, dans différents genres, peuvent servir à prouver que le génie est de tous les climats, & qu’il ressemble à ces plantes heureuses, pour qui toute espece de sol devient fertile, si la culture ne lui est pas refusée.
Il voudrait faire comprendre aux détracteurs de la philosophie, à ceux qui sont amis du pouvoir nouveau (et il y en avait beaucoup dans ce cas), que peut-être ils vont contre leur but dans cette proscription un peu aveugle. […] Pictet m’a demandé de vos nouvelles. […] Vos nouvelles sont satisfaisantes ; pourvu seulement que M. […] Croyant avoir tout calculé, je ne concevais pas quelles nouvelles difficultés s’étaient élevées. […] Chézy aurait dû parler depuis longtemps de moi dans le Journal des Savants, et il devrait le faire encore à l’occasion de ce nouveau cahier : mais, s’il est toujours dans le même abattement où je l’ai laissé, il n’y a rien à espérer de sa part.
On sent que le poète retouchait sans cesse son ouvrage, pour y ajouter de nouvelles descriptions ou de nouveaux détails. Il arriva le surlendemain aux portes de Turin ; son costume flétri par la route, son dénuement d’argent et de lettres pour le gouverneur, lui firent refuser l’entrée par les gardes ; il fut contraint à traverser de nouveau le Pô et à aller, suivant son habitude, demander un asile pour la nuit au couvent des Capucins. […] Les seuls motifs plausibles auxquels on puisse raisonnablement attribuer la cruauté et la brutalité de l’emprisonnement du Tasse sont donc une démence réitérée et presque incurable, et l’odieuse impatience que les nouveaux accès de cette démence avaient suscitée contre le Tasse dans l’esprit du duc de Ferrare. […] Son grand nom sollicitait pour lui, il l’agrandissait encore par des vers et des chants nouveaux ajoutés à loisir à son poème ; il composait, à la requête des religieux de Monte Oliveto, un poème pieux sur l’origine de leur ordre, pour leur exprimer sa reconnaissance de leur magnifique et tendre hospitalité. […] « Il n’y a, dit-il, dans les temps modernes que deux beaux sujets de poème épique, les Croisades et la Découverte du nouveau monde.
Au bout de deux ans, je retournai à Florence à sa prière, et je me plaçai de nouveau chez Salimberi, auprès duquel je faisais bien mes affaires. […] Je fis dans ce temps-là une boucle d’argent qui fermait une ceinture large de trois doigts, dont se paraient les nouvelles mariées. […] Arrivé à quelque distance de Naples, il la retrouve dans une hôtellerie et la perd de nouveau. […] Cependant je m’étais accoutumé à ces nouvelles douleurs. […] Je trouvai ce procédé si nouveau, que je lui dis qu’on ne payait, selon l’usage, qu’en partant.
Mais bientôt cependant notre attention se porta de nouveau sur la nature qui nous entourait. […] Et de nouveau suis-je un enfant ? […] En examinant bien, je vois d’où lui et tous les nouveaux talents du même genre viennent. […] S’il l’a, il mue ici et part avec son plumage nouveau. […] Qui sait si dans des siècles la mouette ne volera pas de nouveau au-dessus de ces collines ?
vous-mêmes, vous faites sans cesse des acquisitions nouvelles ; est-ce sans bénéfice que vous pouvez comparer vos désirs avec ceux de tant de siècles d’œuvres et de génie ? […] Où s’abritera l’humanité, en attendant que les savants aient trouvé le terrain solide où poser la pierre angulaire du temple nouveau ? […] Ce qu’il y a de plus nouveau en elle, c’est la passion métaphysique qui l’a transfigurée : elle a reconquis le rêve de l’infini. […] Ils pressentent quelle responsabilité leur incombe et qu’ils auront à célébrer les rites du culte nouveau. […] Un peintre, du fond de son atelier, peut, en quelques coups de pinceau, bouleverser les âmes, leur donner de nouveaux désirs et précipiter le rêve de la perfection.
Peu à peu, cependant, la forme simultanée décroît devant la forme successive, amenant ainsi de nouveaux progrès de la vie psychique. […] Elles tendent, comme toutes les autres expériences, à disparaître de l’esprit, et la perception de l’espace finirait par devenir indistincte, si elles n’étaient rafraîchies chaque jour ou remplacées par de nouvelles. […] Chaque nouvelle intégration rend l’organe apte à être de nouveau différencié ; chaque nouvelle différenciation rend l’organe apte à intégrer de nouveau. […] Le chimiste dont la formule explique que le précipité isolé d’un composé nouveau doit peser un grain, et qui trouve que le poids est de deux grains, abandonne aussitôt le verdict de son raisonnement, et il ne songe jamais à mettre en doute le verdict de sa perception directe. […] Herbert Spencer soutient de nouveau et en combattant les unes après les autres toutes les objections de Stuart Mill, que nous n’avons aucune raison de douter de la validité de ce critérium.
Que plusieurs des habitants des cavernes de l’ancien monde et du nouveau soient assez étroitement alliés, on peut le préjuger, au contraire, d’après la parenté générale bien connue de la plupart des autres productions naturelles de ces deux régions géographiques. […] Nous ne pouvons savoir si ces animaux étaient strictement adaptés à leur climat natal, bien que nous le supposions ordinairement ; et nous ne pouvons savoir davantage si elles se sont exactement acclimatées à leurs nouvelles demeures. […] L’Artichaut de Jérusalem, qui ne se propage jamais par graines, en Angleterre, et dont par conséquent on n’a pu obtenir de variétés nouvelles, étant aussi incapable aujourd’hui qu’autrefois de supporter la rigueur de notre climat, on le cite sans cesse en exemple pour prouver que toute acclimatation est impossible. […] L’apparition des rayures n’est accompagnée par aucun changement de forme ou par aucun autre nouveau caractère. […] Quoique des modifications nouvelles et importantes ne puissent provenir de la tendance de réversion ou des analogies de variation, de telles modifications peuvent au moins ajouter encore à la diversité admirable et harmonieuse de la nature.
Aujourd’hui M. de Gournay a voulu résumer et recueillir ce qu’on sait de positif sur Malherbe, et graver de nouveau les traits de cette sèche, altière et maîtresse figure. […] Son genre d’esprit et de génie avait besoin d’ailleurs d’un régime fixe, régulier ; l’ordre public rétabli par Henri IV devait naturellement appuyer et précéder cet ordre tout nouveau à établir également dans les lettres et dans les rimes. […] Cette belle ode finale à Louis XIII commence en ces mots : « Donc un nouveau labeur à tes armes s’apprête ! […] Il est à regretter que ce petit volume, qui aurait pu établir quelques points nouveaux, soit rempli de digressions interminables, et aussi de fautes typographiques qui le défigurent.
L’idée religieuse s’éveilla alors dans son âme ; il recourut à Dieu par la prière ; se trouvant à Southampton, où les médecins l’avaient envoyé pour changer d’air et se distraire, il y eut une heure, un moment, où dans une promenade qu’il faisait aux environs avec quelques amis, par une brillante matinée, s’étant assis sur une hauteur d’où la vue embrassait la mer et les coteaux boisés du rivage, il sentit tout d’un coup comme si un nouveau soleil s’était levé dans le ciel et lui éclaircissait l’horizon : « Je me sentis soulagé de tout le poids de ma misère ; mon cœur devint léger et joyeux en un instant ; j’aurais pleuré avec transport si j’avais été seul. » On a souvent noté, dans les conversions qui tardèrent longtemps à s’accomplir, ces signes avant-coureurs et comme ces premières atteintes, ces premiers coups de soleil de la grâce. […] Il en éprouva une telle consolation et une vue de foi si pleine et si lumineuse, que le médecin craignit que cette brusque transition du désespoir à la joie n’amenât à son tour une crise nouvelle. — « L’homme, a dit admirablement Cowper dans un de ses meilleurs poèmes, est une harpe dont les cordes échappent à la vue, chacune rendant son harmonie lorsqu’elles sont bien disposées ; mais que la clef se retourne (ce que Dieu, s’il le veut, peut faire en un moment), dix mille milliers de cordes à la fois se relâchent, et jusqu’à ce qu’il les accorde de nouveau, elles ont perdu toute leur puissance et leur emploi. » La convalescence se soutenant, Cowper résolut de changer tout son train de vie, et renonçant pour jamais à Londres qu’il appelait le théâtre de ses abominations, et qui l’était plutôt de ses légèretés, il chargea son frère de lui trouver une retraite de campagne dans quelque petite ville, non éloignée de Cambridge. […] La guérison qui semblait en si bonne voie lors de son arrivée à Olney rétrograda tout à coup, et un nouveau trouble vint ébranler profondément cette vive et si pénétrante intelligence. […] Je dois en agir avec mon esprit comme je fais avec ma linotte : je la garde le plus habituellement en cage ; mais de temps à autre je lui ouvre la porte, afin qu’elle puisse voleter un peu autour de la chambre, et puis je la renferme de nouveau.
Maine de Biran appartient à la famille des métaphysiciens et méditatifs intérieurs, et, grâce au nouveau volume, on peut étudier à nu et très commodément ce type d’organisation en lui. […] Lainé et son égal à l’entrée de la carrière, signalé comme lui à l’attention publique et aux honneurs du nouveau régime par le même acte de résistance au régime précédent, il sent bien vite quelle destinée différente ont faite à son ami ses talents d’orateur, et quelle disproportion de classement il en résulte entre eux dans l’opinion ; il en souffre, il s’abandonne tout bas au découragement et prend une part de moins en moins active aux discussions de la Chambre : J’en suis puni (écrivait-il à la fin de l’année 1814) par la perte de cette considération personnelle dont je jouissais il y a un an. […] — L’année suivante en refaisant son mémoire autrefois couronné à l’Académie de Copenhague, il éprouvait de nouveau quelque chose de la même joie intellectuelle, tant il est vrai que ce n’est que le travail régulier et un cours tracé de production qui lui manque pour retrouver toute la conscience de lui-même et son équilibre : « Ce travail, dit-il, a duré un mois. […] De là bien des mécomptes, bien des subtilités et des poursuites toujours nouvelles et toujours recommençantes, auxquelles il est secrètement intéressé et induit par son état tout personnel.
Les critiques, de nos jours, sont plus ou moins comme les moutons de Panurge : il leur est bien difficile de ne pas sauter les uns après les autres, toutes les fois que se présente un nouveau sujet. […] M. de Falloux cite quelque chose de ces extraits, entre autres un portrait fort curieux et caractéristique de Fontenelle, mais qui est textuellement copié des Nouveaux Mélanges de Mme Necker (tome I, pages 164-170). […] Les derniers venus, en pareil cas, les plus nouveaux en civilisation, ne se montrent pas les moins ardents à renchérir et à subtiliser. […] Ballanche, le plus grave et le plus doux d’entre les familiers de l’Abbaye-au-Bois, était le messager ordinaire qu’on dépêchait à la rue Saint-Dominique dans la prima sera, et qui en rapportait des nouvelles ; il était le chargé de bonnes paroles et de petits soins entre les deux puissances.
Dans un grand nombre d’affaires qu’on traita dans cette Assemblée, quoiqu’il parlât et dît son sentiment après tous les autres, il trouvait toujours de si fortes et nouvelles raisons, qu’il était bien difficile de ne pas se rendre à ses décisions. » Tel était, dans l’entière vérité du portrait, l’homme dont on n’a pas à dissimuler les faibles, mais dont il faut reconnaître, avec tous les contemporains éclairés, la supériorité et l’espèce de génie53. […] L’Académie l’était allée féliciter en corps dans son palais archiépiscopal le 22 mars suivant, et avait parlé par la même bouche de Pellisson avec le zèle, l’effusion et le transport quasi-apostolique d’un nouveau converti. […] M. de Harlay, en toutes ces démarches qui ont gravé à jamais son nom dans l’histoire de la Compagnie, était animé du noble désir de la servir, et aussi peut-être de la crainte que si l’Académie venait à se choisir, après le chancelier Séguier, un second protecteur au-dessous du trône, ce protecteur ne fût pas lui, encore si nouveau et l’un des derniers élus. […] Le rôle de spectateur désintéressé était évidemment le meilleur ; c’était celui de l’abbé Legendre : « Tant que dura, dit-il, cette comédie dont je connaissais les acteurs, le plaisir que j’avais les après-dîners d’en apprendre les scènes nouvelles aidait à me délasser du travail sérieux du matin. » Quelques années après, lors de la querelle des Anciens et des Modernes, qui s’émut à l’occasion du poème du Siècle de Louis le Grand, lu par Perrault à l’Académie, en 1687, M. de Harlay ne pensa plus à rétablir la paix et l’union parmi ses confrères ; mais il s’amusa à faire traiter devant lui la question ; il fit plaider le pour et le contre par deux avocats d’office qu’il désigna : Martignac, ancien précepteur de son neveu, et l’abbé de La Vau.
Nous avons vu Montaigne en voyage, ajoutant chaque jour par sa curiosité à ses connaissances et à ses plaisirs : et en général, il semble n’avoir voulu prendre de chaque état nouveau, de chaque profession ou fonction accidentelle où il entrait, que ce qu’il en fallait pour compléter son éducation personnelle, pour perfectionner son outil intérieur par une application fréquente et variée. […] Le maréchal de Matignon, au lieu d’écrire, aima mieux communiquer verbalement les nouvelles, et Montaigne fut chargé de les porter en personne à Bergerac où se trouvait alors Henri. […] Après cela, il est toujours singulier et un peu fâcheux que, sollicité par les jurats de venir, suivant l’usage, présider, dans les premiers jours d’août, à l’élection de son successeur et à celle des nouveaux conseillers municipaux, il n’ait pas cru devoir se hasarder jusque dans la ville, « vu le mauvais état où elle était », et qu’il ait proposé, pour preuve de dévouement et pour sacrifice extrême, de se rendre tout au plus à un petit village voisin. […] Voir au tome II des Nouveaux Lundis.
Fromentin, voyageur de nouveau en 1853, veut le revoir avec moins de surprise et en jouir avec plus de recueillement. […] Du côté du sud, c’est-à-dire du côté où l’on va et que masquent les hauteurs, il n’y a pas de vue ; si l’on se retourne du côté de la Méditerranée, devenue ici la mer du Nord et qui a disparu à l’horizon, si l’on regarde aussi vers le couchant, on domine « une assez grande étendue de collines et de petites vallées, clairsemées de bouquets de bois, de prairies naturelles et de quelques champs cultivés : « Les collines se couvraient d’ombres, les bois étaient couleur de bronze, les champs avaient la pâleur exquise des blés nouveaux ; le contour des bois s’indiquait par un filet d’ombres bleues. […] Autant vaut donc ne pas parler de couleur et déclarer que c’est très beau ; libre à ceux qui n’ont pas vu Boghari d’en fixer le ton d’après la préférence de leur esprit. » Je remarque à la fois chez le peintre écrivain et sa répugnance à employer un ton cru, et son autre répugnance à créer ou à introduire un nom technique pour un ton nouveau : l’indice du procédé et du scrupule de M. […] Fromentin ne s’y absorbe pas ; il pense aux maîtres, à l’art, à ce qui a été fait, à ce qui peut se faire encore ; même en voyant du nouveau et en faisant du neuf, il ne croit pas qu’il convienne de rompre en visière avec le passé ; il n’est nullement d’avis qu’il convienne de changer absolument de méthode selon les lieux et les temps ; qu’il faille désormais tout détailler, tout montrer.
Autrefois, quand on ouvrait un livre de ce genre, un roman nouveau, on voulait être touché, ému, intéressé : maintenant, et depuis longtemps, on veut être empoigné, c’est le mot, — violent et dur comme la chose. […] On était en train de couper la treuillée, c’est-à-dire qu’on équarrissait de nouveau la vendange écrasée par la pression des machines, et qu’on la reconstruisait en plateau régulier pour en exprimer tout le jus restant. […] Tout ruisselait de vin nouveau. […] Un voyage qu’elle fait aux Trembles avec lui, et où il repasse près d’elle tous ses anciens souvenirs ravivés et aiguisés par des impressions toutes nouvelles, ce séjour de deux mois, que la présence de M. de Nièvres n’amortit qu’à peine, n’est guère propre à remettre en paix le cœur du pauvre Dominique.
En parlant des amours de ce temps-là, des amourettes de sa jeunesse, je regrette qu’il en prenne occasion (tome 1, page 43) de déclamer contre les amourettes de ce temps-ci : il invoque même contre les mœurs nouvelles des autorités bien imposantes, — celle d’un célèbre directeur de l’École normale. — Je ferai remarquer que, quand on a été jeune en 1814 et qu’on parle de la jeunesse de 1864, on n’est pas très en position de comparer par soi-même et de mesurer exactement la différence qu’il peut y avoir entre les deux jeunesses. […] Hier je m’y rendis ; elle me vit une figure assez triste, et dès que nous fumes tête à tête, elle me demanda : « Avez-vous des nouvelles ? […] Coulmann, je désire que votre absence ne se prolonge pas trop et que vous me trouviez encore sous ces ombrages où je touche de nouveau la lyre. » J’étais attiré, j’allais vers la femme, et voilà la pose de muse, le geste théâtral qui m’arrête et me fait fuir. […] Alors, me supposant l’amie d’un homme à pendre, je suis devenue l’objet de la considération et de l’intérêt général, ce qui m’a valu des confidences de tous les genres et très nouvelles pour moi, je vous jure ; j’en ai bien fait rire notre ami.
1833 (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) […] Les ressources de la création, que ce soit Dieu qui crée dans la nature, ou l’homme qui crée dans l’art, sont si complexes et si mystérieuses, que toujours, en cherchant bien, quelque composé nouveau vient déjouer nos formules et troubler nos méthodiques arrangements. […] Le vocabulaire habituel de son chant ne lui a plus suffi, et elle a trouvé plaisir et fraîcheur aux vieux mots rajeunis ou aux nouveaux hasardés : Une ceinture noire endeuille un jeune enfant. […] Telle est parmi nous la situation des femmes, et, malgré l’exception qu’a formée le nouveau récipiendaire de l’Académie, je crois que, généralement parlant, il est vrai de dire que, pour atteindre maintenant au degré d’intérêt dont elle est susceptible, l’Élégie doit parler par la bouche des femmes, ou du moins en leur nom ; elles seules, dit-on, savent donner de la grâce aux passions malheureuses : en vérité, on peut leur laisser cet avantage-là. » Nulle femme ne se trouva plus que Mme Valmore dans la situation supposée par Mme Guizot, et aucun poëte élégiaque n’a tiré en effet de son cœur des accents plus plaintifs et plus déchirants.
Mais, cette fois, le concert de si dignes efforts n’a pas suffisamment protégé Boileau contre ces idées nouvelles, d’abord obscures et décriées, mais croissant et grandissant sous les clameurs. […] Il est bon, à chaque époque littéraire nouvelle, de repasser en son esprit et de revivifier les idées qui sont représentées par certains noms devenus sacramentels, dût-on n’y rien changer, à peu près comme à chaque nouveau règne on refrappe monnaie et on rajeunit l’effigie sans altérer le poids. […] Sa santé d’ailleurs, toujours si délicate, s’était dérangée de nouveau ; il éprouvait une extinction de voix et une surdité qui lui interdisaient le monde et la cour. […] Il y soigne sa santé, il y traite ses amis Rapin, Bourdaloue, Bouhonrs ; il y joue aux quilles ; il y cause, après boire, nouvelles de cour, Académie, abbé Cotin, Charpentier ou Perrault, comme Nicole causait théologie sous les admirables ombrages de Port-Royal ; il écrit à Racine de vouloir bien le rappeler au souvenir du roi et de madame de Maintenon ; il lui annonce qu’il compose une ode, qu’il y hasarde des choses fort neuves, jusqu’à parler de la plume blanche que le roi a sur son chapeau ; les jours de verve, il rêve et récite aux échos de ses bois cette terrible Ode sur la prise de Namùr.
Voici quelques réflexions que je crois nouvelles. […] on voit que la flatterie prenait le masque de l’opposition pour se plaindre, en servant l’ambition prévoyante du nouveau venu. […] C’était ordinairement dans ces soirées que mes amis me faisaient parler de mes voyages ; je n’ai jamais si bien peint qu’alors les déserts du nouveau monde. […] Quant à madame de Chateaubriand, déjà oubliée depuis plusieurs années, il l’avait entrevue à Paris et l’avait de nouveau négligée.
Paul Bourget a imaginé un genre de critique presque nouveau. […] Hélène abordait avec une piété amoureuse, presque avec une idolâtrie mystique, le monde des caresses folles et des embrassements… Il y a cent pages de cette valeur dans les trois romans assez courts et dans les Nouvelles de M. […] Il le faut, afin qu’un jour, devant le mal qu’il a fait, il soit pris d’épouvante et touché jusqu’au fond du cœur, et qu’il sente s’éveiller en lui le chrétien, et que la question de la responsabilité morale et toutes les autres du même ordre se posent de nouveau pour lui, et qu’il voie, dans un éclair, toute la misère de la vie — et tout son mystère. […] La Vie inquiète ; Edel ; les Aveux ; Essais de psychologie contemporaine ; Nouveaux essais ; l’Irréparable ; Cruelle énigme ; Crime d’amour ; André Cornélis (chez A.
La récitation ne vaut que si elle est en même temps audition… Mais, de nouveau, ne va-t-elle pas grincer, la vieille guitare : « faire rire les honnêtes… » ? […] Athènes ne fut plus digne de comparer sans rougir ses tares nouvelles et sa pureté passée. […] Elle préfère porter son argent à des divertissements moins chers, plus amusants, plus nouveaux, en tout cas, dont la répétition garde quelque attrait : le cirque, le concert, le bal, les arènes, c’est-à-dire le spectacle — par opposition au théâtre où l’on ne joue que des œuvres dramatiques représentées par des comédiens — le spectacle, avec toute la variété d’attractions que son cadre énorme peut enclore. […] Henry Céard, par la vision aiguë qu’ils découvrent de la vie, par l’impitoyable philosophie qu’il révèlent, par l’eurhythmie de leur composition et la maîtrise de leur style, Les Résignés ne sont pas un simple essai de cet art nouveau, ils en sont le premier, l’incontestable chef-d’œuvre.
La récitation ne vaut que si elle est en même temps audition… Mais, de nouveau, ne va-t-elle pas grincer, la vieille guitare : « faire rire les honnêtes…. » ? […] Athènes ne fut plus digne de comparer sans rougir ses tares nouvelles et sa pureté passée. […] Elle préfère porter son argent à des divertissements moins chers, plus amusants, plus nouveaux, en tout cas, dont la répétition garde quelque attrait : le cirque, le concert, le bal, les arènes, c’est-à-dire le spectacle — par opposition au théâtre où l’on ne joue que des œuvres dramatiques représentées par des comédiens — le spectacle, avec toute la variété d’attractions que son cadre énorme peut enclore. […] Henry Céard, par la vision aiguë qu’ils découvrent de la vie, par l’impitoyable philosophie qu’ils révèlent, par l’eurhythmie de leur composition et la maîtrise de leur style, les Résignés ne sont pas un simple essai de cet art nouveau, ils en sont le premier, l’incontestable chef-d’œuvre.
Dans l’état actuel de la science, et surtout des sciences philologiques, les travaux les plus utiles sont ceux qui mettent au jour de nouvelles sources originales. […] La matière de l’érudition, en effet, va toujours croissant d’une manière si rapide, soit par des découvertes nouvelles, soit par la multiplication des siècles, qu’elle finira par dépasser de beaucoup la capacité des chercheurs. […] Si la Bibliothèque nationale continue à s’enrichir de toutes les productions nouvelles, dans cent ans elle sera absolument impraticable, et sa richesse même l’annulera 120. […] Des méthodes nouvelles faciliteront-elles la polymathie ?
Il nous faut considérer maintenant ces deux catégories de relations nouvelles. […] Il faut discerner la façon dont chaque auteur a su profiter des modèles qu’il a choisis ou rencontrés ; il y a cent degrés dans cet art ; on ne saurait confondre le copiste qui abdique son indépendance, et se fait le docile esclave d’un devancier avec l’adaptateur habile qui crée en imitant, qui prend un grain de semence chez autrui, le fait lever, fleurir, fructifier en pousses vigoureuses et nouvelles ; ni surtout avec l’inventeur qui ne puise guère qu’une noble émulation et un encouragement dans la contemplation des chefs-d’œuvre offerts à ses regards. […] De même que des mots comme tunnel ou budget ont été portés par elle en Angleterre avant d’en être rapportés avec un son et un sens nouveaux, de même certaines doctrines parties de chez elle ont fait de si longs voyages et se sont si bien transformées sur la route qu’à leur retour dans leur contrée d’origine elles ont paru avoir la saveur de l’inconnu. […] C’est ainsi que la lumière, qui met des années et des années à nous arriver des étoiles lointaines, nous en révèle l’histoire ancienne et peut même nous apporter des nouvelles de mondes qui ne sont plus… » Je suis heureux de pouvoir ajouter que la cause de méprise, signalée ici, n’existe plus au même degré qu’en ce temps-là.
On entrevoit assez tout ce code de morale, qui est beaucoup moins nouveau aujourd’hui, et qui est même devenu un lieu commun assez vulgaire. […] Jamais ni jeu, ni ris élevés, ni disputes, ni propos de religion ou de gouvernement ; beaucoup d’esprit et fort orné, des nouvelles anciennes et modernes, des nouvelles de galanteries, et toutefois sans ouvrir la porte à la médisance ; tout y était délicat, léger, mesuré, et formait les conversations qu’elle sut soutenir par son esprit, et par tout ce qu’elle savait de faits de tout âge. […] Quand on les retrouve s’écrivant de nouveau, ils sont décidément vieux, très vieux l’un et l’autre, et leur plus grand plaisir est de parler du passé avec regret ou de badiner de la vieillesse avec agrément.
Qu’un tel régime de littérature spartiate ou romaine, comme le pourrait régler un Caton l’Ancien, soit souhaitable ou regrettable, je n’examine pas cette question, qui n’est autre que l’éternelle querelle entre les vieilles mœurs et le génie des arts ou de la pensée ; mais est-ce possible dans l’état actuel et prochain de la société, et sur les pentes nouvelles où se précipite le monde ? […] Alors, quantité de définitions et de sentences d’or apparaissent : par exemple, cette définition de l’homme, que d’autres avant lui avaient trouvée, mais qu’il a réinventée et mise en honneur de nouveau : « L’homme est une intelligence servie par des organes. » Voici quelques-unes encore de ces belles pensées, et qui sentent le moderne Pythagore : En morale, toute doctrine moderne, et qui n’est pas aussi ancienne que l’homme, est une erreur. […] Publiciste, malgré ses hautes parties, je ne lui trouve pas les vrais signes du génie, qui sont l’ouverture d’instinct, le renouvellement de vue, la prescience et la découverte de vérités nouvelles : il n’a fait que rédiger et reconstruire, sous forme originale, idéale, et parfois bizarre, les doctrines du passé, sans admettre ni concevoir aucune des transactions et des transformations par où elles pouvaient se lier à l’avenir. […] Et au dos on lit, de la main de Sieyès : « C’est M. de Bonald, auteur de trois volumes sur la Théorie du pouvoir politique…, qui me fit parvenir son ouvrage par la voie du citoyen Barthélemy, ambassadeur en Suisse, avec ce singulier billet. » Évidemment, M. de Bonald espérait par là tenter ou piquer d’honneur le métaphysicien politique adversaire ; mais Sieyès ne donna pas dans cette séduction ou dans cette chevalerie d’un nouveau genre.
Nous ne savons pas ce qu’il aurait pu faire dans ce rôle tout nouveau. […] Après ces quatre premières années de la régence, durant lesquelles le mouvement d’impulsion donné par le cardinal de Richelieu continua de pousser le vaisseau de l’État sans qu’il fût besoin d’imprimer de secousse nouvelle, après ces quatre années de calme parfait, de sourire et d’indulgence, on entre, sans s’en apercevoir d’abord, dans de nouvelles eaux, et un nouveau souffle peu à peu se fait sentir : c’est le souffle des réformes, des révolutions. […] Les nouvelles de la révolution de Naples, celles de la révolution d’Angleterre, apportaient alors aux esprits comme un vent de sédition.
Mes amis, dont le nombre était grand, me vinrent voir une fois ou deux chacun ; mais, jugeant que je ne pouvais plus être bon à rien, ils se contentèrent d’envoyer pendant quelque temps savoir de mes nouvelles : cependant un petit nombre de mes amis particuliers continuèrent à me voir. […] Gourville, qui observait toutes choses, dit au cardinal qu’il ne doutait pas « que, dans le temps que la vendange approcherait, il n’y eût quelque nouveau mouvement à Bordeaux. » Quand venait cette saison des vendanges, Bordeaux songeait toujours à faire sa paix. […] C’est vers ce temps que menacé lui-même et forcé de s’éloigner, mis à rançon pour des sommes considérables, ayant dans sa maison de Paris des garnisaires qui buvaient son vin de l’Ermitage (ce qui ne lui faisait nullement plaisir), il se retira quelque temps en Angoumois chez M. de La Rochefoucauld, y menant douce et joyeuse vie, et faisant bonne mine aux mauvaises nouvelles qui lui arrivaient chaque matin : Effectivement, nous dit-il, je me représentais ce que j’étais avant ma fortune, et l’état où je me voyais encore. […] Il se montre à nous le même jusqu’à la fin, l’esprit aux aguets, curieux de nouvelles, le premier averti de ce qui se passe, et en faisant des relations pour ses amis de province : Enfin le jour se passe doucement.
Il vivait en partie à la campagne ; il visitait ses propriétés en Touraine, et cherchait à y faire des acquisitions nouvelles. […] Le premier pamphlet de Courier est sa Pétition aux deux Chambres, datée du 10 décembre 1816, et commençant en ces termes : « Je suis Tourangeau, j’habite Luynes sur la rive droite de la Loire, lieu autrefois considérable, que la révocation de l’édit de Nantes a réduit à mille habitants, et que l’on va réduire à rien par de nouvelles persécutions, si votre prudence n’y met ordre… » Suit l’exposé des faits, la rencontre de Fouquet à cheval allant au moulin, et du curé avec le mort qu’on mène au cimetière, Fouquet refusant de céder le pas, d’ôter le chapeau, lâchant même un juron au passage, et, pour ce méfait, pris un matin par quatre gendarmes et conduit pieds nus et mains liées entre deux voleurs aux prisons de Langeais ; puis, quelques mois après, l’arrestation de douze personnes dans ce petit endroit de Luynes, toutes enlevées nuitamment et jetées en prison pour propos séditieux ou conduite suspecte. […] Ne demandons point à Courier une théorie politique constitutionnelle un peu élevée et compliquée, qui concilie jusqu’à un certain point les souvenirs anciens avec les intérêts nouveaux, et qui cherche à donner un point d’appui social à toutes les gloires. […] Ce serment, comme celui de tous les gens possédés d’un démon, faillit être vain, et sa jolie Pétition à la Chambre des députés pour des villageois que l’on empêche de danser (juillet 1822) lui valut un nouveau procès : il en fut quitte pour la saisie de l’ouvrage.
Plus tard, quand il se décida à ouvrir le feu contre M. de Villèle, en qui il n’appréciait pas assez le côté d’homme d’affaires, et qui le choquait par son manque d’attention et de soins pour l’esprit, il disait en souriant à quelques-uns de ses nouveaux alliés : « Nous autres, nous tirons par les fenêtres de la sacristie. » — Je ne donne pas cette guerre de Fronde pour de la haute et très prudente politique ; mais je la montre telle qu’elle était. […] L’objet de mon voyage lointain pourrait bien ne pas trouver grâce devant une piété sévère, et, si j’avais la dévotion et les scrupules de nos vieux pèlerins, peut-être me faudrait-il revenir une seconde fois aux saints lieux et faire un nouveau pèlerinage pour expier ce qu’il y a de mondain et de profane dans celui que j’achève maintenant. […] On ne lui voyait aucun de ces préjugés qui isolent les vieillards et les préviennent contre les nouveaux venus qui arrivent par d’autres sentiers. […] Michaud en quelques traits, au tome IV des Nouveaux lundis, à l’occasion de l’Histoire de la Restauration par M. de Viel-Castel.
Grimm, à peine établi en France, commença par donner dans le Mercure quelques lettres sur la littérature de son pays : il y nommait vers la fin et y saluait déjà le jeune Klopstock pour ses premiers chants de La Messiade ; il y prédisait à son pays l’éclosion d’un printemps nouveau : « C’est ainsi, disait-il, que, depuis environ trente ans, l’Allemagne est devenue une volière de petits piseaux qui n’attendent que la saison pour chanter. […] Il commença d’abord par informer très simplement des nouvelles littéraires courantes et des livres nouveaux les princes ses correspondants : ce ne fut que peu à peu que son crédit gagna et que son autorité s’étendit. […] À peine il l’a quittée, il lui écrit de Metz ces tendres et presque féminines paroles : « Qu’il me tarde d’apprendre de vos nouvelles !
Le but, pourtant, et l’utilité de cette méthode, à une époque où les communications étaient moins faciles, était de tenir les savants des divers pays au courant des écrits nouveaux, et de les leur offrir du moins par extraits fidèles et sûrs, en attendant qu’ils pussent se procurer l’ouvrage même. Un autre extrême, tout opposé, dans lequel on est tombé de nos jours (et je parle ici de la critique sérieuse, de celle de quelques revues anglaises ou françaises, par exemple), est de ne presque point donner idée du livre à l’occasion duquel on écrit, et de n’y voir qu’un prétexte à développement pour des considérations nouvelles, plus ou moins appropriées, et pour des essais nouveaux ; l’auteur primitif sur lequel on s’appuie disparaît ; c’est le critique qui devient le principal et le véritable auteur. […] Grimm doutait, et rappelait l’enthousiaste à la réalité : Nous vantons sans cesse notre siècle, lui disait-il, et nous ne faisons en cela rien de nouveau.
Il s’était empressé de quitter Corfou dès qu’il s’était cru quitte de sa mission, et quand de nouveaux ordres de Bonaparte survinrent, il n’était plus à même de les exécuter. […] Dans cette position secondaire, mais essentielle, il se montra des plus serviables aux talents nouveaux et anciens, à Marie-Joseph Chénier disgracié et frappé, comme à Béranger inconnu et naissant. […] Dussault qui, dans un très bon article, a rendu justice au mérite des Fables d’Arnault à leur naissance (17 janvier 1813), remarque « que l’auteur semble n’avoir acheté l’avantage de l’originalité qui distingue ses fables qu’aux dépens d’une certaine douceur, d’une certaine aménité, qui forme un des caractères les plus aimables de l’apologue, et qu’on regrette de ne pas trouver dans un certain nombre de ses compositions : cette physionomie nouvelle qu’il a su donner à la fable a parfois quelque chose de passionné, de brusque et même de violent ; quelquefois le ton du nouveau moraliste paraît âpre… ». […] Membre de l’Institut dès 1799, puis rayé en 1816, il fut de nouveau nommé à l’Académie française en 1829.
L’auteur ayant réfléchi sur un défaut essentiel des Rhétoriques de Collège, qui est de ramener tout à l’imitation des Anciens, & de nous remplir des préceptes d’Aristote, sans les plier à nos usages, à nos mœurs, a cru devoir les abandonner & tracer un nouveau plan. […] On a souvent mis en question, (& depuis que tout le monde se mêle de donner de nouveaux plans d’étude, on l’agite plus que jamais,) si la Rhétorique est nécessaire. […] Car si ce prédicateur avec sa triple morale, n’a le visage d’un Anachoréte ; s’il prétend prêcher avec un teint frais & vermeil ; s’il ne se défait de son embonpoint ; fut-il le plus grand Orateur du monde, ce nouveau Rhéteur nous assure qu’il ne fera rien, & que ses paroles se perdrent en l’air. […] in-12., offre quelques vues nouvelles & des réfléxions judicieuses.
Sardanapale d’un nouveau genre, couronné des roses des succès d’un jour, le malheureux brûla son génie tout entier sur le bûcher du monde, fait, comme l’autre, de bûches entassées, ces sots que son esprit savait animer tous les soirs ! […] Pourquoi M. de Lescure, très digne par son érudition, par la hardiesse et la sûreté de son goût et surtout par son enthousiasme pour Rivarol, de nous le donner intégral, a-t-il imité, — avec des qualités nouvelles, je le reconnais, — mais a-t-il imité cependant les éditeurs par fragments qui l’ont précédé, au lieu de nous enrichir d’une Édition complète des Œuvres de Rivarol qui va manquer encore, — qui peut-être manquera toujours ?… Quoique j’aie cherché, sans le trouver, dans les deux trop petits volumes de M. de Lescure, l’écrivain oublié des Actes des Apôtres, de ces Apôtres moins heureux que ceux de Jésus-Christ, qui fondèrent le Christianisme, tandis qu’eux, ces nouveaux pauvres diables d’Apôtres, n’ont pu empêcher la royauté très chrétienne de s’en aller en quatre morceaux, j’y ai trouvé pourtant assez de journaliste et même, disons le mot, assez d’homme d’État dans Rivarol pour appuyer aujourd’hui sur ce qu’il fut comme journaliste, malgré le flot du temps qui remporta et qui, comme journaliste, devait l’emporter, et sur ce qu’il aurait pu être comme homme d’État, sans la faiblesse aveugle d’une Royauté vouée à toutes les fautes, et dont l’imbécillité fut le bourreau, avant le bourreau… VII Oui, le journaliste, — et, à travers le journaliste,, l’homme d’État que le journaliste, comme on sait, n’implique pas toujours, voilà ce qu’est et ce qu’apparaît presque exclusivement Rivarol dans cette publication nouvelle de M. de Lescure. […] Il était de ces Légers terribles qui voulaient combattre les idées nouvelles avec le ridicule, cette vieille arme de France, et franchement c’était là beaucoup de raisons, à ce qu’il semble, pour que le Tacite de Burke ne pût jamais naître dans Rivarol.
Mais quelque souvenir que la patrie de Luther ait gardé de son xve siècle, elle se sent appelée à jouer un rôle nouveau dans le nouveau monde enfanté par la Révolution française. […] Mais depuis ce temps-là et l’ouverture du nouveau règne, qui n’a pu juger du peu d’influence qu’exercent les questions exclusivement religieuses sur les sentiments publics ? […] Au concile de Latran (en 1215) il en était question encore, et plus tard, soixante ans après, le schisme éclatait de nouveau.
L’art savant et passionné de Virgile répandu sans effort dans le langage royal et populaire que le nouveau poëte recueille de tous les coins de l’Italie, voilà l’inimitable beauté de la diction du Dante ! […] Lors même que Dante les imitera et prendra, comme eux, les couleurs de sa Dame, on sentira que c’est une autre voix ; et le titre de son premier écrit célèbre, Vita nuova, n’est pas moins le signe d’un art nouveau que la révélation d’une âme transformée par l’amour. […] Mes beautés sont nouvelles pour le monde, m’étant venues de là-haut ; et elles ne peuvent être comprises que de l’homme en qui l’amour règne déjà, sous l’attrait d’une autre. » Ainsi, la passion des troubadours était déjà une divine extase pour la poésie de leur successeur. […] Mais la brusque succession des empires, les avènements de peuples nouveaux, tout ce travail de l’Europe depuis la chute de Rome, sont présents au poëte chrétien et grandissent pour lui le symbole païen qu’il emploie.
André Gide n’aime point, je ne sais pourquoi (Nouveaux prétextes, pp. 68 sqq.). […] Chacune cède à sa nature et au désir du nouveau. […] Amédée va en avoir de nouvelles preuves. […] Ce texte de saint Paul qui d’après lui inquiéterait inutilement sa Gertrude : « Le péché a pris de nouvelles forces par le commandement » (Rom. […] On avait déjà de lui, dans ce genre, les Prétextes et les Nouveaux prétextes.
À des degrés inférieurs, il est encore d’honorables places à saisir ; et, quoique le talent se laisse peu conseiller à l’avance, quoiqu’il appartienne à lui seul, dans ce fonds tant de fois remué, mais non pas épuisé, de l’observation naturelle et sociale, de découvrir de nouvelles formes et des aspects imprévus, qu’on nous permette d’exprimer ce seul vœu : c’est qu’il revienne enfin et qu’il s’attache désormais à étudier une nature humaine véritable, une nature saine et non corrompue, non raffinée ou viciée à plaisir, une nature ouverte aux vraies passions, aux vraies douleurs, sujette aux ridicules sincères, malade, quand elle l’est, des maladies générales, et naturelles encore, que tous comprennent, que tous reconnaissent et doivent éviter. […] De jeunes talents semblent déjà l’avoir entrevu ; c’est à les encourager, c’est à en appeler de nouveaux dans cette voie qu’est destinée la fondation des primes annuelles.
Louis Veuillot, qui est une des plus insolentes plumes du parti, a été d’abord le secrétaire intime du général Bugeaud, cet agent et cette créature si robuste du régime nouveau. — Saint-Chéron, l’ancien saint-simonien et l’un des fondateurs de l’Univers, était un des obséquieux et des affidés de M. […] — On annonce d’Eugène Sue un nouveau roman en feuilletons, Le Juif errant, ce seront les mystères du monde et de tous les pays.
Ses lettres sont remplies des nouvelles de la cour et de la ville, telles que les naissances, les mariages, et surtout les morts, qui font plus d’impression sur son âme attristée. […] « Votre politesse, écrit-elle à madame des Ursins, veut donc aller jusqu’à m’en demander des nouvelles, connaissant la faiblesse des mères. » Elle avait fini par y passer toutes ses journées, et n’allait plus qu’au soir à Versailles.
Mais, si toutes les conséquences de l’art nouveau ne sont pas tirées, s’il reste encore des applications possibles au gré des génies inventeurs, si, parmi les idées en jeu dans la société, il en est quelqu’une, noble et féconde, qui attende encore son organe éclatant et son expression éternelle, rien ne s’arrête ; la révolution que les uns ont entamée se consomme par d’autres, et le siècle accomplit jusqu’au bout sa destinée de gloire. […] Nous ne pouvons que renvoyer le lecteur à l’article du 13 avril 1830, que nous avons déjà eu l’occasion de reproduire dans l’appendice du tome XII des Nouveaux Lundis (page 445), sur l’élection alors récente de M. de Pongerville, successeur de M. de Lally-Tollendal à l’Académie française.
C’est pourquoi, lorsque nous voulons comprendre notre situation présente, nos regards sont toujours ramenés vers la crise terrible et féconde par laquelle l’Ancien Régime a produit la Révolution, et la Révolution le Régime nouveau. Ancien Régime, Révolution, Régime nouveau, je vais tâcher de décrire ces trois états avec exactitude.
III Maintenant, supposons qu’au lieu de m’appesantir sur ce mot Tuileries et d’évoquer les diverses images qui lui sont attachées, je lise rapidement la phrase que voici : « Il y a beaucoup de jardins publics à Paris, des petits et des grands, les uns étroits comme un salon, les autres larges comme un bois, le Jardin des Plantes, le Luxembourg, le bois de Boulogne, les Tuileries, les Champs-Élysées, les squares, sans compter les nouveaux parcs qu’on arrange, tous fort propres et bien soignés. » Je le demande au lecteur ordinaire qui vient de lire cette énumération avec la vitesse ordinaire : quand ses yeux couraient sur le mot Tuileries, a-t-il aperçu intérieurement comme tout à l’heure quelque, fragment d’image, un pan de ciel bleu entre une colonnade d’arbres, un geste de statue, un vague lointain d’allée, un miroitement d’eau dans un bassin ? […] Je remplace mes premiers ouvriers par le chiffre quatre, leur premier travail par le chiffre douze, tous mes ouvriers ensemble par le chiffre dix, l’ouvrage inconnu qu’ils me feront par le signe X, et j’écris la proportion suivante : À partir d’aujourd’hui, sauf accident ou ivrognerie, si les nouveaux ouvriers travaillent comme les anciens, si tous ensemble travaillent comme les premiers ont travaillé d’abord, mes dix ouvriers feront chaque jour trente mètres de mon mur. — Rien de plus commun qu’une pareille opération ; tous les calculs pratiques se font de même.
Un jour vient où dans le latin décomposé, désorganisé, se dessine un commencement d’organisation sur un nouveau plan ; un jour vient où les hommes qui le parlent s’aperçoivent qu’ils ne parlent plus latin : le roman est né ; c’est-à-dire en France, le français. […] Puis de tous les côtés, sur toutes les frontières, à mesure que les rois rattachaient de nouveaux territoires à leur couronne, la langue française faisait, elle aussi, des conquêtes, disputant leur domaine avec plus ou moins de succès tantôt au celtique, tantôt à l’allemand, tantôt à l’italien, et tantôt au basque : de langue officielle et administrative, tendant partout à être langue de la littérature et des classes cultivées.
Cela parut nouveau ; et c’était nouveau, en effet.
comparables à ces clartés sinistres, qui ne brillent que dans la tempête, ne frappent la vue que pour découvrir des spectres, des abîmes, & un horizon chargé, de tous côtés, de nouveaux orages prêts à éclater. […] La vue des désordres qui naissent de l’indépendance, n’est-elle pas un nouveau motif pour ramener à la soumission & faire comprendre qu’elle captive nos idées, non pour les contraindre, mais pour les arrêter au moment de l’erreur ?
* * * Nous étions bien aussi un peu sortis, il faut l’avouer, pour savoir des nouvelles de notre oncle, le représentant. […] De là, d’un saut dans le cabinet du directeur du Théâtre-Français, auquel nous sommes parfaitement inconnus : « Messieurs, nous dit-il tout d’abord, nous ne jouerons pas de pièces nouvelles cet hiver.
Des journalistes français ont fondé il y a un an ou deux un cercle qu’ils baptisèrent Artistic cycle-club ; ont-ils honte de leur langue ou redoutent-ils de ne pas la connaître assez pour lui demander de nommer un fait nouveau ? […] Cet aveu ne nous coûte rien : nous avons permis à l’industrie, au commerce, à la politique, à la marine, à toutes les activités nouvelles ou renouvelées en ce siècle, d’adopter un vocabulaire où l’anglais, s’il ne domine pas encore, tend à prendre au moins la moitié de la place.
car s’il n’a pas tout à fait raison encore, il peut espérer qu’il aura de plus en plus raison, et que la physiologie apportera chaque jour de nouvelles preuves de la dépendance de l’âme à l’égard du corps ? […] L’un des savants les plus hardiment engagés dans les voies nouvelles, M.
Antiochus qui formoit de grands projets, et qui mettoit en oeuvre pour les faire réussir le genre de magnificence qui est propre à concilier aux souverains la bienveillance des nations, fit venir de Rome à grands frais des gladiateurs pour donner aux grecs amoureux de toutes les fêtes un spectacle nouveau. […] Afin d’apprivoiser peu à peu les peuples avec son nouveau spectacle, il y fit combattre les champions seulement jusqu’au premier sang.
Les rivaux de Moliere juroient en même-temps sur la connoissance qu’ils avoient du théatre, que ce nouveau genre de comédie ne valoit rien. […] Je crois que le temps où le poëme nouveau, qui est un bon ouvrage, se trouve défini en general suivant qu’il mérite de l’être, arrive aujourd’hui, environ deux ans après sa premiere édition.
il n’y va pas de main morte ; mais aussi c’est pour faire mourir… Procédé de guerre nouveau et redoutable ! […] Ce qui est nouveau en lui, c’est la beauté de l’exécution que la maison Didot en a faite.
Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. […] La même chose arriva aux nobles des nouveaux royaumes de l’Europe dont les gouvernements avaient été d’abord aristocratiques, et qui devinrent successivement populaires et monarchiques116 117.
Les susceptibilités et les souillures se noient dans un quart d’heure de ces larmes qui, comme la prière, abreuvent, purifient, baptisent de nouveau une âme. […] Refoulé de nouveau et contristé dans le présent, le séjour déjà lointain de l’Ile-de-France s’embellit pour lui alors, et sa pensée y revola, comme la colombe au désert, pour y replacer le bonheur. Un endroit du Voyage touche directement à l’innovation pittoresque de l’auteur et à la conquête particulière que méditait son talent : « L’art de rendre la nature, dit-il, est si nouveau, que les termes même n’en sont pas inventés. […] Le clergé lui-même qui avait fait du chemin depuis les dernières années, et qui, en devenant moins difficile en fait d’auxiliaires, ne trouvait pas dans l’ouvrage nouveau les agressions directes dont Jean-Jacques avait embarrassé son spiritualisme, accueillit avec faveur ces hommages éloquents rendus à la Providence ; on opposait, dans des thèses en Sorbonne, Saint-Pierre à Buffon, l’auteur des Études à l’auteur des Époques. L’esprit était très-éveillé aux idées nouvelles de science en 1784 ; la chimie, la physique, allaient changer de face par les travaux des Laplace et des Lavoisier.
Il la rend plus spécieuse en contestant la supériorité des anciens, non pas au nom de son goût particulier, mais par comparaison avec un idéal nouveau qu’il a soin de ne pas personnifier en lui. […] Il préférait aux vérités une fois acquises et, si l’on me passe le mot, emmagasinées, les doutes qui ont le faux air de vues nouvelles. […] Il fallait cet esprit curieux de tout, juge excellent de tant de choses, pour rendre à chacun ce qui lui appartenait dans l’œuvre commune, depuis le métaphysicien qui fréquente l’infini, jusqu’à l’hydrographe qui relève les côtes et prépare de nouvelles routes au commerce du monde. Fontenelle avait trouvé du même coup, avec sa vraie voie, toutes les convenances de son caractère et de son esprit, un poste d’où il voyait des premiers les choses nouvelles, l’activité sans l’agitation, l’importance et la réputation sans combat. […] Fontenelle a conservé les vieilles modes ; c’est un moindre travers que d’avoir pris les nouvelles.
Homère est nouveau ce matin, et rien n’est peut-être aussi vieux que le journal d’aujourd’hui. […] Il y a des hommes qui réinventent, des êtres qui revivent, des pensées qui reconçoivent à nouveau les plus vieilles idées. […] Mais si on y revient, (l’allemand dit : si on y reviendra), ce ne sera point parce que l’idée de tourbillon est claire et distincte, ce sera et parce qu’elle sera plus commode et parce qu’elle épousera de plus près de nouveaux aspects de la réalité physique. […] Il a été un nouveau rationalisme et ce sont les grossières métaphysiques que le bergsonisme a déliées (métaphysiques matérialistes, métaphysiques médico-légales, métaphysiques neuro-physiologiques, métaphysiques sociologiques et tant d’autres) qui étant des durcissements, des scléroses, des raidissements, des ankylosés, étaient littéralement des amortissements de la raison. […] Le bergsonisme est si peu contre la raison que non seulement il a fait rejouer les vieilles articulations de la raison mais qu’il en a fait jouer des articulations nouvelles.
Le décor change : nous sommes de nouveau au bord du fleuve ; de matinales fanfares se répondent, diane héroïque, pleine de réalisme et de poésie tout ensemble. […] Non, le seul résultat de ces ignobles journées a été de ruiner, ou peu s’en faut, le plus désintéressé et le plus vaillant des chefs d’orchestre, de jeter sur le pavé quatre cents de nos compatriotes, et de rendre impossible l’établissement de ce théâtre lyrique nouveau qu’attendaient si impatiemment tous nos jeunes musiciens. […] Il aura doté son pays d’un art nouveau, c’est vrai. […] J’y vois deux très grands services rendus aux compositeurs français : le premier, de ne plus les obliger à aller chercher en pays étranger des auditions nécessaires à leur éducation musicale : le second, d’ouvrir un débouché aux œuvres nouvelles de nos nationaux. […] L’expression est peut-être un peu sévère, mais le principe même n’est pas nouveau ; il y a plus de vingt-six ans qu’un homme en a fait son Credo envers et contre tous : c’est M.
L’entrée du dieu nouveau dans l’Hellade fut celle d’un, bon Génie campagnard. […] Le vin nouveau fait éclater les vieux vases. […] Mais Pallas a recueilli le cœur encore chaud du petit martyr ; elle le porte à Zeus, qui en tire un nouveau Bacchus. […] Ce fut une de ces nouvelles dévotions mystiques et lubriques qui corrompent l’encens des plus purs autels. — Un jour, les Adonies consternèrent Athènes. […] Ce n’est que sous l’Empire qu’il osa recommencer ses orgies, marquées de nouveau par des catastrophes.
Avant que j’aie reconnu la différence ou la ressemblance, elles ne sont nullement représentées dans mon esprit : ces idées, quand elles m’apparaissent, sont quelque chose « d’absolument nouveau »93. […] Inutile de faire intervenir ici des « idées pures » ou des « actes purs » de l’intelligence : le premier animal venu sent fort bien ce qu’il y a de nouveau quand la dent d’un ennemi pénètre dans ses chairs, les meurtrit, les écrase. […] Même la différence agréable est un état nouveau qui s’oppose à l’ancien et auquel l’ancien résiste en une certaine mesure ; seulement, comme il y a alors surcroît, aide, concours, le moment de l’opposition s’évanouit immédiatement en harmonie. […] Or, la plupart des problèmes viennent d’impressions sensibles, soit vives, soit nouvelles ; c’est un intérêt qui nous fait penser. […] En présence d’un objet nouveau, est-il vrai que la première question soit celle-ci : Qu’est-ce que cet objet ?
Les prophètes de la société dite de chez nous — entendez des articles de Paris qui monopolisent l’esprit français — tremblèrent de n’avoir aucune certitude quant aux destinées de ce nouveau prétendant à l’avant-garde des idées modernes. […] Ensuite devant certains élans nouveaux une révélation brusque. […] Ce sont même quelquefois des anecdotes au sentiment fabriqué : le conseil de protéger ses ongles pendant quinze jours puis de les enfoncer avec jouissance, bave et lenteur dans la poitrine d’un poupon glapissant est d’un sadisme enfantin, d’un baudelairisme d’employé de la Compagnie des Chemins de fer ; et la scène de famille — écrite d’abord sous forme de théâtre — est visiblement façonnée : l’« enfant qui souffre » ayant été utilisé déjà, comment le présenter à nouveau sans qu’il semble un peu usé aux coudes ? […] Malraux confond : il faut comparer le texte de 1868, première édition du « Chant I » et les deux éditions du même chant en 1869, la première fois de nouveau seul, la deuxième fois dans l’édition originale des Chants de Maldoror. […] Renée Dunan, qui goûte les mots rares, emprunte de nouveau le terme au lexique symboliste et décadent : térébrant est employé dans ce sens figuré chez Huysmans (Trésor de la langue française).
Dites-moi où est la synthèse par vous aperçue dans ces deux nouveaux volumes. […] Ta mère était là pour me demander : Quelles nouvelles me rapportes-tu de la terre, de ma cabane ? […] N’y a-t-il pas de nouvelles de la ville ? […] Jean, des nouvelles ? […] … son visage pâlit… il se colore de nouveau… Est-il malade ?
Je développe en vous, chaque fois que je vous vois, de nouvelles grâces et de nouvelles vertus. […] S’il ne s’en dégage pas un nouveau Lamennais, ils peuvent pourtant servir à préciser quelques traits de sa physionomie. […] À des attaques nouvelles, il comprit qu’il fallait répondre par des moyens nouveaux. […] D’autres éléments, sans doute, s’y sont joints, dont l’origine est plus intellectuelle, et, depuis Baudelaire, l’art s’est encore compliqué d’intentions ou de prétentions nouvelles. […] Ceci, plus pur, est plus nouveau dans l’œuvre de M.
D’anciens amis avaient disparu ; de nouveaux survinrent. […] D’anciens amis avaient disparu ; de nouveaux survinrent. […] Il allumait sa pipe et récitait gravement les huit nouveaux vers. […] Rien qu’à sa façon d’entrer, nous devinions qu’il y avait du nouveau. […] J’attendis qu’elle fût de retour à Paris pour lui envoyer deux courtes nouvelles.
Mais quelque temps après son arrivée en Norvège, il fut obligé, je ne sais pour quelle raison, de s’expatrier de nouveau. […] Il ne faudrait pas toucher à sa gloire, que chaque année élargit et renforce d’éblouissements nouveaux. […] On peut dire de Goncourt qu’on lui doit l’introduction, dans la littérature française, de sensibilités nouvelles et, par conséquent, de nouvelles formes de pitiés. […] Et quelles railleries impitoyables sur les pantalons mal coupés, les redingotes de cuistre, les cravates sans harmonie « des nouvelles couches » ! […] … Voilà, avouons-le, une chose qui n’est pas banale et qui ouvre à l’imagination compliquée et inquiète des traducteurs de nouveaux horizons, des horizons illimités, si j’ose dire.
En effet, tout progrès nouveau est une révélation de Dieu à l’homme, une ascension de l’homme à Dieu ; le savant qui invente y est soumis comme l’artiste le plus sentimental ; il y a, dans toute conception nouvelle du génie, une sorte d’influence électrique, irrésistible, indéfinissable, un acte de foi de nous à Dieu, une volonté de Dieu en nous. […] Une religion n’est donc pas un simple système de visionnaire sur l’avenir ou le passé métaphysique de l’homme, sur son avenir ou son passé dans une autre vie ; le fait essentiel de toute religion est de produire un nouveau rapport plus parfait entre l’homme et ce qui l’entoure, entre l’homme et Dieu. […] Jouffroy, reprenant dans une dernière leçon l’opinion qu’il avait émise sur l’avenir de l’humanité, l’a de nouveau exposée et développée avec une admirable largeur de talent.
C’est la nature même de leur esprit qui les fait logiciens ou intuitifs, et ils ne peuvent la dépouiller quand ils abordent un sujet nouveau. […] La logique toute pure ne nous mènerait jamais qu’à des tautologies ; elle ne pourrait créer du nouveau ; ce n’est pas d’elle toute seule qu’aucune science peut sortir. […] On sait qu’il a déjà servi à résoudre une foule de problèmes ; en quoi consiste alors le rôle de l’inventeur qui veut l’appliquer à un problème nouveau ?
Cela n’est même nouveau ni dans l’histoire ni au théâtre. […] Mener un roi dans un mauvais lieu, cela ne serait pas même nouveau non plus. […] À notre avis, le gouvernement abuse de cette disposition au repos et de cette crainte des révolutions nouvelles.
Les nouveaux apôtres n’établissoient, dans l’exposition de leur doctrine, que des principes très-vrais à quelques égards, mais dont ils tiroient des conséquences très-fausses & très-dangereuses. […] Son imagination, échauffée plus que jamais par les persécutions & par ses rêveries, se donna de nouveau carrière. […] L’opposition des sentimens de l’évêque de Meaux & du P. de la Chaise ; les allarmes de Louis XIV ; l’embarras de madame de Maintenon, qui affectionnoit l’archevêque de Cambrai, mais qui redoutoit les opinions nouvelles ; l’approbation donnée à son livre par MM.
Comme il mettait dans son discours cet accent fier et vigoureux de la liberté et du courage, un homme pour qui apparemment cet accent-là était nouveau, lui dit : « Orateur, tu es bien près du fleuve Oronte, pour parler si hardiment. » Libanius le regarda, et lui dit : « Courtisan, la menace que tu me fais ne peut que déshonorer le maître que tu veux me faire craindre » ; et il continua. […] Ainsi, il s’occupa du soulagement des peuples ; mais d’autres empereurs qui eurent les mêmes vues, n’étant pas contredits sur le trône, purent être humains impunément : Julien, longtemps César, assujetti dans son pouvoir même à un tyran jaloux, qui l’avait créé par besoin et le haïssait par faiblesse, qui lui eût permis de faire le mal pour se déshonorer, et craignait qu’il ne fît le bien, qui, tout à la fois barbare et lâche, désirait que les peuples fussent malheureux, pour que le nouveau César fût moins redoutable ; Julien, environné dans les Gaules, des ministres de cette cour, qui étaient moins ses officiers que ses ennemis, et déployaient contre lui cette audace qui donne à des tyrans subalternes le secret de la cour, et l’orgueil d’être instruments et complices de la volonté du maître ; Julien enfin, traversé en tout par ces hommes qui s’enrichissent de la pauvreté publique, eut bien plus de mérite à arrêter les abus et à soulager les provinces. […] Le paganisme, trop faible, avait appelé la philosophie à son secours ; et la philosophie, sentant qu’il fallait réparer l’édifice pour le conserver, des débris de l’ancien système religieux, en avait presque formé un nouveau.
Florence, séjour et berceau de tous les arts, cultiva, dans les orages de sa liberté, l’éloquence et les lettres avec succès ; mais depuis que la Toscane n’est plus gouvernée par ses lois, Florence a plutôt conservé le goût des arts que leur génie ; elle honore la mémoire de ses grands hommes, et n’en produit pas de nouveaux. […] À son retour, que penserait le voyageur, en trouvant dans son pays les arts établis, de nouveaux habillements, des mœurs nouvelles, architectures, maisons, citadelles, villes, lois, usages, coutumes, tout enfin jusqu’au cours des fleuves et aux bornes de la mer, changé dans cet empire ?
En 1892, le libéralisme avait reçu de Spuller le nom d’« esprit nouveau », et jusqu’à l’affaire Dreyfus le temps de Méline peut être compris sous ce titre à la Ramuz : le Règne de l’Esprit Nouveau. […] L’esprit nouveau, mort avec l’affaire Dreyfus, est revenu avec la séparation, ou après la séparation. […] Elles ont connu, au 2 décembre, un nouveau Thermidor. […] L’esprit nouveau de Spuller fut pour elles un coup de foudre dans un ciel serein. […] Supposons qu’entre le radical et le socialiste, entre l’infanterie et les chasseurs, un nouveau Benoist demande quelle est la différence, où est la césure.
Tous ces ouvrages ont fait du bruit en naissant ; tous ont été cités comme modèles dans le genre nouveau ; tous sont ridicules aujourd’hui. […] Auger : « Un nouveau schisme se manifeste aujourd’hui. […] Tout opéra nouveau, quelque mauvais qu’il soit, se donne trois fois, c’est le droit du maestro, vous dit-on. […] Ne serait-il pas raisonnable d’imposer à nos théâtres la loi de jouer trois fois les pièces nouvelles ? […] J’ai rejeté, pour être clair, bien des aperçus nouveaux qui auraient fait grand plaisir à ma vanité.
Ainsi parlaient les aveugles de Cheselden et de Home ; ils situaient leur sensation nouvelle selon les habitudes de leur toucher et appliquaient au cas nouveau l’expérience ancienne48. […] Aucun de ces aveugles opérés ne sut, du premier coup, interpréter ses nouvelles sensations, décider de la situation, de la forme, de la grandeur des objets, les reconnaître. […] Sans doute, pour percevoir un objet nouveau, il leur faut plus de temps qu’à nous, puisqu’ils sont obligés de l’explorer en détail par le toucher. […] Grâce à lui, nous avons à notre disposition de nouvelles séries comparables entre elles et dont les éléments se succèdent en nous avec une vélocité prodigieuse. […] Sur chaque support nouveau, les images ajoutées construisent un nouveau simulacre, et l’esprit se remplit d’hôtes innombrables, population passagère à laquelle, pièce à pièce, correspond la population fixe du dehors.
Ici l’esprit s’abîme dans le doute en présence de ces livres mystérieux, préservés peut-être des eaux sur quelque cime ou sur quelque arche flottante pour renouer le nouveau peuple chinois au vieux peuple de ses ancêtres submergés. […] Il persista dans ce même état l’espace de cinq nouveaux jours, après lesquels, faisant réflexion que puisqu’il avait rempli avec la dernière exactitude tout ce que les anciens pratiquaient en pareille occasion, il était temps qu’il se rendît enfin à la société, et qu’il serait coupable envers elle s’il continuait à écouter sa douleur, préférablement à ce que lui suggérait la raison d’accord avec le devoir. […] « Que le nouveau est vieux ! […] Ces peuples se divisent en factions contraires qui nient, les armes à la main, les droits anciens ou les titres nouveaux. […] « Cependant l’été, l’hiver, le printemps, l’automne recommencent et finissent ainsi chaque année ; le soleil reparaît chaque matin où nous le vîmes se lever hier ; de nouvelles ondes remplacent sans cesse celles qui viennent de s’écouler ; mais le héros qui fit construire ce monument sur cette colline où est-il ?
Il commençait par la prière et par la lecture des psaumes le cours nouveau du temps. […] La Révolution avait une mission qu’elle ignorait elle-même ; mais cette mission n’était pas tant de renverser le passé que de courir vers un avenir nouveau de la pensée et des choses. […] Le style, nouveau aussi par sa sculpture lapidaire, était à la hauteur de l’esprit. […] Cet homme était nouveau parmi les enfants du siècle. […] Il ne pouvait improviser un trône pour M. de Maistre sans détrôner ou un autre souverain des vieilles races, ou un nouveau souverain de sa propre maison.
Hyacinthe vous verra ; il m’apportera de vos nouvelles demain à Villeneuve. » « Fontainebleau, dimanche soir, 14 septembre. […] Mais si nous pouvons jamais nous rejoindre, elles seront finies, et nous ne nous quitterons plus. » XXII Cette opposition à la politique de sauvetage que pratiquaient alors avec une si mâle raison le nouveau roi et Casimir Périer, son rude ministre, n’était évidemment dans cette tête que de l’humeur et de l’ennui, une avance de coalition peu honnête faite aux républicains par un royaliste. […] XXIII Les tentatives de madame la duchesse de Berry, son emprisonnement, ses aventures, ses désastres, ses ruptures et ses réconciliations avec la famille royale mécontente, furent l’occasion de quelques nouvelles missions officielles de M. de Chateaubriand ; il fut le premier ministre de ces domesticités délicates de la cour proscrite, l’homme de confiance de la royauté de l’exil, chargé de jeter le manteau de la dignité et du respect sur des cicatrices de famille. […] » XXV Pendant ces absences, madame Récamier lui conservait ou lui recrutait d’anciens ou de nouveaux amis, pour que son salon le rappelât et le retînt par tous les agréments du cœur, de la poésie, de l’art. […] Madame Lenormant, nièce de madame Récamier, tenait par les places de son mari au gouvernement nouveau.
Ce n’est pas seulement le présent qui résonne en nous, mais encore le passé : nos émotions en apparence les plus nouvelles renferment le ressouvenir et l’écho inconscient des expériences de toute une série d’ancêtres. […] Aujourd’hui que le problème du pessimisme et de l’optimisme a repris, avec un aspect nouveau, une nouvelle importance morale et métaphysique, il n’est guère de question plus intéressante pour le philosophe que celle oui concerne l’origine du plaisir ou de la douleur et leur rôle comme moteurs de l’universelle évolution. […] Il introduit dans la question un élément nouveau, celui des perceptions infiniment petites. […] C’est en dépensant l’énergie des matériaux déjà appropriés que nous éprouvons plaisirs et douleurs ; alors aussi se produit le développement de l’être, l’évolution vers des conditions de vie nouvelles ; alors l’être vivant réagit sur le milieu, et le milieu même se modifie par le pouvoir croissant de l’être. […] Nouveaux Essais sur l’entendement, livre II.
Pour que le nombre en aille croissant à mesure que j’avance, il faut bien que je retienne les images successives et que je les juxtapose à chacune des unités nouvelles dont j’évoque l’idée : or c’est dans l’espace qu’une pareille juxtaposition s’opère, et non dans la durée pure. […] Remarquons, en effet, que nous appelons subjectif ce qui paraît entièrement et adéquatement connu, objectif ce qui est connu de telle manière qu’une multitude toujours croissante d’impressions nouvelles pourrait être substituée à l’idée que nous en avons actuellement. […] Il ne semble pas, d’ailleurs, que la solution donnée par Kant ait été sérieusement contestée depuis ce philosophe ; même, elle s’est imposée — parfois à leur insu — à la plupart de ceux qui ont de nouveau abordé le problème, nativistes ou empiristes. […] Ce ne peut être par un nouveau déploiement de ces mêmes positions dans un milieu homogène, car une nouvelle synthèse deviendrait nécessaire pour relier les positions entre elles, et ainsi de suite indéfiniment. […] Mais rien n’empêche de supposer les points M′ et M″ plus rapprochés encore du point M, et l’on conçoit qu’il faille alors remplacer vk et vp par deux nouvelles vitesses vj et vn, l’une supérieure à vh, l’autre inférieure à vp.
Placés à l’entrée de temps nouveaux, sachons avant tout dans quelles voies nous nous voulons engager. […] Ce nouveau corps est à son tour dans un lieu. Ce nouveau lieu est-il aussi un corps ? […] Sans ce nouveau pouvoir, l’imagination serait captive dans le cercle de la mémoire. […] Le nouveau duc mourut jeune encore, en 1655, à trente-neuf ans.
AUGUSTIN WALTHER fit des recherches nouvelles sur les conduits salivaires et sur les glandules dorsales de la langue. […] Ce coagulum peut s’hydrater de nouveau quand il a été desséché, ce qui est encore un des caractères de l’albumine. […] Après l’opération, le cheval se remit à manger 500 nouveaux grammes d’avoine qu’on lui donna. […] Nous constatons de nouveau ici que les découvertes anatomiques et physiologiques suscitent aujourd’hui moins de passions. […] CONRAD BRUNNER publia des expériences nouvelles sur le pancréas et les usages du suc pancréatique.
Ces craintes, cette nécessité de nouveaux forfaits, que son mari avait entrevus d’avance, elle n’y avait jamais songé. […] C’est à une des plus intéressantes nouvelles de Boccace que nous devons cette pièce. […] Un recueil de nouvelles françaises, intitulé Roger-Bontemps en belle humeur, raconte la même aventure, mais à l’avantage du chrétien, et c’est le sultan Saladin qui est le juge. […] Si cette confiance l’abandonne un instant à chaque nouveau revers, elle revient aussitôt, doublant de force à mesure qu’il lui en faut davantage pour suppléer aux appuis qui s’écroulent successivement. […] Cependant ce qu’il en découvre ne suffit pas encore à la tyrannie de ses volontés ; la bassesse ne va jamais tout à fait aussi loin qu’il l’a conçu, et qu’il a eu besoin de le concevoir : obligé de sacrifier ensuite ce qu’il a d’abord corrompu, il faut que sans cesse il séduise de nouveaux agents pour abattre de nouvelles victimes.
Ô rêves éternellement nouveaux ! […] Il adapta aux nécessités comme aux rêves contemporains la poésie française, en ajoutant de nouvelles cordes à la lyre traditionnelle. […] Là, les feuillages sans cesse variés, les jeux d’ombre et de lumière toujours nouveaux forment une chose vivante en perpétuel devenir ; on n’en pourra jamais consommer l’attrait. […] Pégase attend, sur des cimes invisibles, des matins plus triomphants, pour déchirer à nouveau notre atmosphère de ses ailes voraces. […] Notre théoricien complète à cette heure dans l’Occident ses études, en s’acheminant vers un nouveau traité de Poétrie.
Tout est nouveau ici, les idées, le style, le ton, la coupe des phrases et jusqu’au dictionnaire. […] La noire marée de l’oubli a englouti le reste ; les millions de pensées et d’actions de tant de millions d’êtres ont disparu, et nulle puissance ne les fera de nouveau surgir à la lumière. […] Depuis une génération ou deux, la religion s’est retirée de lui, et, dans des coins que nul ne remarque, elle se tisse silencieusement de nouveaux vêtements dans lesquels elle apparaîtra de nouveau pour nous ranimer, nous, nos fils, ou nos petits-fils1442. » — Une fois le christianisme réduit au sentiment de l’abnégation, les autres religions reprennent par contre-coup leur dignité et leur importance. […] Bien plus, le poëte accompli, je le remarque souvent, est un symptôme que son époque elle-même vient d’atteindre la perfection et se trouve accomplie, qu’avant longtemps on aura besoin d’une nouvelle époque et de nouveaux réformateurs. […] À ce moment, on a vu paraître et s’enfler une passion exaltée et toute-puissante qui a rompu les digues anciennes et lancé le courant des choses dans un nouveau lit.
Un visage enflé et coloré, comme celui des anges qui sonnent de la trompette, ou des quatre vents qui soufflent aux quatre coins des cartes géographiques. » Il n’épargnait pas les épigrammes aux poètes à la mode, qu’avait portés, disait-il, vers le genre nouveau « un calcul qui leur a réussi ; car, dans le style ancien, ils n’eussent jamais été poètes, dans le nouveau ils le sont devenus du jour au lendemain. » Il appelle plaisamment le nouveau style cultidiablesco. […] On y intriguait contre les nouveaux talents ; on se soutenait, on s’entre-louait, on se concertait, tantôt pour négliger, tantôt pour discréditer tous ceux qui ne cabalaient point, ou dont on n’avait pas peur. […] Les souvenirs et les habitudes prévalaient sur les écrits nouveaux. […] Le roi s’est déclaré pour les nouveaux poètes contre les anciens. […] Préface des Nouvelles œuvres de M. de Voiture.
Néanmoins, j’acceptai l’offre de l’audacieux Lugné-Poe qui avait sur la mise en scène des idées assez nouvelles. […] Ce fut donc à Jules Lemaître que je m’adressai de nouveau pour ce bon office, auquel il consentit aimablement. […] Elémir Bourges, en effet, avait publié sous ce titre un nouveau roman. […] A partir de mon entrée à l’Académie, j’entretins les meilleurs rapports avec mon nouveau confrère. […] J’y pris la place modeste que me conseillait ma qualité de « nouveau ».
Il est toujours superflu d’écrire quoi que ce soit, si l’on n’a rien de nouveau à dire. […] À Sparte, qu’elle habite de nouveau avec Ménélas, ses aventures terminées. […] (Nouveaux Lundis, VIII.) […] La montagne en travail a enfanté un monde nouveau. […] Il en va presque de même du nouveau livre de M.
Une fois qu’elle a cours et qu’elle est ouverte, il reconnaît et il proclame tout ce qu’elle contient de nouveau, d’irrévocable et d’irrésistible. […] Les Français, charmés de leur indépendance, se sont livrés aux plus téméraires conceptions ; ils ont détruit, mais ils ont en même temps creusé, porté la lumière dans les routes les plus obscures ; ils en ont ouvert de nouvelles et forcé les barrières élevées par le préjugé. […] L’émigré paye sa dette à son opinion en mettant là l’ancienne monarchie ; mais pour tout le reste, comme il sent qu’on a rompu à jamais avec tout un passé, et qu’on est entré sous l’invocation des tempêtes dans un océan nouveau ! […] Dans tous les cas, nous avons rafraîchi par des impressions nouvelles et bien nettes l’ancienne connaissance que nous avions de lui.
Il craignait toujours, plus tard, en se ressouvenant, de ne pas ressaisir au degré voulu la vivacité et l’éclat de ses impressions premières ; il attendait pour écrire que le parfait réveil se fît en lui, que les heures passées se peignissent dans sa mémoire toutes brillantes et lumineuses, que son âme eût retrouvé le calme, la sérénité et l’énergie où elle devait atteindre pour être digne de voir reparaître en soi les idées et les sentiments de Gœthe ; « car j’avais affaire, disait-il, à un héros que je ne devais pas abaisser. » Ainsi pénétré du noble sentiment de sa mission, il la remplit avec une piété que nous ne trouverons jamais trop minutieuse ; et les grands traits, d’ailleurs, il ne les a pas omis, et il nous permet, ce qui vaut mieux, de les déduire nous-mêmes peu à peu de la réalité simple : « Gœthe vivait encore devant moi, s’écrie-t-il en une de ses heures de parfait contentement et de clarté ; j’entendais de nouveau le timbre aimé de sa voix, à laquelle nulle autre ne peut être comparée. Je le voyais de nouveau, le soir, avec son étoile sur son habit noir, dans son salon brillamment éclairé, plaisanter au milieu de son cercle, rire et causer gaiement. — Je le voyais un autre jour par un beau temps, à côté de moi, dans sa voiture, en par-dessus brun, en casquette bleue, son manteau gris clair étendu sur les genoux : son teint brun est frais comme le temps, ses paroles jaillissent spirituelles et se perdent dans l’air, mêlées au roulement de la voiture qu’elles dominent. — Ou bien, je me voyais encore le soir, dans son cabinet d’étude éclairé par la tranquille lumière de la bougie : il était assis à la table en face de moi, en robe de chambre de flanelle blanche ; la douce émotion que l’on ressent au soir d’une journée bien employée respirait sur ses traits ; notre conversation roulait sur de grands et nobles sujets ; je voyais alors se montrer tout ce que sa nature renfermait de plus élevé, et mon âme s’enflammait à la sienne. […] Gœthe sent très bien qu’en vieillissant on n’est plus parfaitement au fait de l’esprit nouveau de la jeunesse, de ce qui plaît ou déplaît aux générations survenantes, de ce qu’elles produisent de remarquable et de digne d’être noté ; on a besoin d’être tenu au courant, d’être rafraîchi de temps en temps et d’être averti. […] Il lui présente, et avec raison, ce séjour comme un complément d’éducation littéraire et sociale dont le nouveau venu aura à profiter.
Elle n’avait fait jusqu’alors, par ses motions trop zélées et intempestives, qu’impatienter Louis XVIII : mais quand elle voulut lui forcer la main, non-seulement une première, mais une seconde fois, sur cet article capital, et empiéter trop à découvert, par voie d’amendement, sur l’initiative et la prérogative royale, elle le blessa : une légère rougeur lui monta à la joue en apprenant un dernier rejet opiniâtre et la substitution d’un nouveau projet à celui qu’on avait présenté derechef en son nom : « Eh bien ! […] Louis XVIII l’avait goûté et avait même voulu expressément le conserver à son poste de garde des sceaux dans le nouveau Cabinet présidé par M. de Richelieu. […] Pasquier, loin de préférer M. de Talleyrand qu’il venait de voir de trop près à l’œuvre en tant que ministre, avait pour M. de Richelieu un tout autre goût et une tout autre estime ; mais il avait cru devoir aux bienséances du nouveau régime constitutionnel qui s’inaugurait, de ne point passer sans intervalle ni transition d’un Cabinet dans l’autre. […] Mais interrogé de nouveau par M.
Était-il possible, je le demande, qu’Horace Vernet vivant à Rome au sein d’une splendide nature, d’une belle race, de toutes les merveilles de l’art classique, en face des magnificences de Saint-Pierre et des pompes du Vatican, n’en fût pas touché, excité à se mesurer à sa manière avec ses nouveaux modèles, à s’exercer dans un genre plus noble et a y transporter ses qualités si, françaises ? […] nous sommes en style d’atelier, il faut en prendre son parti) que les jours précédents, grâce à un nouveau venu auquel j’ai donné l’hospitalité : c’est un pauvre pinson que les autans nous ont apporté. […] L’humanité se montre chez lui bien naïvement aussi, dans l’anecdote suivante ; il aurait pu faire la Fille du régiment, comme il a fait le Chien du régiment ; il aimait mieux pourtant n’avoir pas à traiter ce nouveau sujet de tableau : « Dis à Jazet14 que je lui rapporte une vigoureuse collection de sujets. […] Cette soirée a été d’ailleurs délicieuse de tout point. » — Et dans une autre lettre du 31 mars 1831 : « Tu veux que je te donne des nouvelles d’Horace Vernet ; c’est assurément là un thème plus gai que Miçkiewicz.
D’autres recueils analogues, et sur le patron du sien, s’étaient refaits depuis, d’âge en âge, durant cette longue et lente décadence de la Grèce ; chaque fois seulement, on y faisait entrer une plus grande partie de poésies légères contemporaines, et comme le panier ne s’élargissait pas à proportion, il en tombait quelques-unes des anciennes : ce qui était à regretter, car la plupart de ces poésies nouvelles n’étaient que des imitations, et l’originalité avait disparu. […] Cependant le manuscrit d’Heidelberg trouvé par Saumaise, la source et l’objet de tout ce travail nouveau, avait passé dans la bibliothèque du Vatican, et du Vatican, par un revers étrange des vicissitudes humaines, avait été apporté à Paris comme une des dépouilles de la conquête, à la suite du Traité de Tolentino (1797). Ce manuscrit, dès lors accessible à tous, permit et provoqua de nouvelles études, et un savant allemand, Jacobs, qui s’était dès longtemps appliqué à entourer l’Anthologie de Céphalas, telle que Brunck l’avait publiée, de toutes les lumières de l’érudition et du goût, put lui-même en donner une édition plus exacte et définitive, en 1813. […] » Il n’y avait rien de banal dans cet éloge ; une seconde épigramme de Léonidas sur le même Aristocratès nous donne de nouveaux détails et nous apprend que cet homme gracieux et sensible avait eu, en mourant, un regret : c’était d’être resté célibataire, d’avoir eu sous les yeux, à sa dernière heure, un foyer bientôt désert et une maison sans enfants : « Une maison sans colonnes est triste à voir. » Mais, tout compte fait, et bien que sachant le mieux, il s’en était tenu au plus sûr : il avait craint la perfidie du sexe.
Étienne Pasquier écrivait à Ronsard en 1555, six ans seulement après que Du Bellay, dans l’Illustration de la Langue, avait sonné la charge et prêché la croisade : « En bonne foi, on ne vit jamais en la France telle foison de poëtes… Je crains qu’à la longue le peuple ne s’en lasse ; mais c’est un vice qui nous est propre, que, soudain que voyons quelque chose succéder heureusement à quelqu’un, chacun veut être de sa partie sous une même promesse et imagination qu’il conçoit en soi de même succès. » Pasquier veut bien croire que tous ces nouveaux écrivasseurs donneront tant plus de lustre aux écrits de Ronsard, « lesquels, pour vous dire en ami, continue-t-il, je trouve très-beaux lorsque avez seulement voulu contenter votre esprit ; mais quand, par une servitude à demi courtisane, êtes sorti de vous-même pour étudier au contentement, tantôt des grands, tantôt de la populace, je ne les trouve de tel alloi. » En sachant gré au poëte de l’avoir nommé en ami dans ses écrits, il ajoutait : « Mais, en vous remerciant, je souhaiterais que ne fissiez si bon marché de votre plume à haut louer quelques-uns que nous savons notoirement n’en être dignes ; car ce fesant vous faites tort aux gens d’honneur. […] , semblent ici donner le ton ; mais, si le poëte profite des nouvelles cordes toutes trouvées de cette lyre, il n’y fait entendre, on le sent, que les propres et vraies émotions de son cœur. […] Il a repris et réalisé de nouveau au xixe siècle l’existence du troubadour allant de château en château, et payant son gîte d’une chanson. […] De l’ancien monde aux bords d’un monde encor nouveau, Quelle mer n’a pas vu mon rapide vaisseau Rouler au gré des vents et des lames sonores ?
L’essentiel est que la chose générale subsiste et reste établie dans une teneur quelconque qui ne soit pas trop contraire à la réelle, mais qui surtout aboutisse et se rapporte aux chemins nouveaux. […] Arrivé le dernier, il a trouvé moyen d’y jeter toutes sortes de vues nouvelles, inattendues. […] Pepin, premier roi de sa race, recueillit le prix de cette politique ; élu roi à Soissons, il fonde l’ère des royautés nouvelles. […] La papauté est là tout à propos, qui appose une espèce de sacrement au fait nouveau, et qui le confirme par l’onction, ce qui ne s’était pas vu pour Clovis.
Enfin, espérant trouver de l’autre côté des Alpes l’imagination italienne plus inflammable au feu de ses nouvelles doctrines, elle envoya son disciple Lacombe prêcher sa foi à Verceil, en Piémont, et l’y suivit encore. […] XXIII Mais à peine la paix était-elle rétablie par l’intervention de madame de Maintenon entre Bossuet et Fénelon, que de nouvelles causes de discussion s’élevèrent entre eux. […] Le jeune prince ne put retenir sa joie, en apercevant son précepteur ; il l’embrassa à plusieurs reprises ; on ne fit que relayer, mais sans se presser : nouvelles embrassades et on partit. […] Les courtisans qui ne voyaient plus de degrés entre le trône et le duc de Bourgogne, commencèrent à tourner leurs regards vers celui-ci, et à apercevoir de nouveau Fénelon devant lui.
Une fois formé, au gré de son maître, Maupassant se mit à écrire des nouvelles et des romans remarquables par la précision de l’observation et par la simplicité vigoureuse du style. […] Plus commune dans les nouvelles des premiers temps, cette nuance de comique un peu dur s’atténue dans les principales œuvres. […] Les Rougon-Macquart (1871-1893) : la Conquête de Plassan, la Curée, l’Assommoir (1877), Germinal (1885), la Débâcle (1892). — Édition : Charpentier, 38 vol. in-18 (20 vol. des Rougon-Macquart ; 10 vol. de Romans et nouvelles, dont Lourdes, 1894 ; 7 vol. de Critique ; 1 vol. de Théâtre). — À consulter, E. […] Doumie, Portraits d’écrivains ; Larroumet, Nouvelles Études de litt. et d’art.
La science politique et sociale dans Montesquieu, l’histoire dans Voltaire, l’exposition éloquente des découvertes scientifiques dans Buffon, sont comme autant de facultés nouvelles de l’esprit français. […] Oui, nous voulons bien en convenir avec les admirateurs de la Henriade, le poème, pour parler comme Frédéric II, est conduit « avec toute la sagesse imaginable » ; les épisodes y sont dans leur lieu ; le songe de Henri IV, au septième chant, « est plus vraisemblable qu’une descente aux enfers imitée d’Homère et de Virgile » ; la Politique, l’Amour, la Vraie Religion, les Vertus et les Vices « sont des allégories nouvelles » ; nous accordons à Marmontel que les personnages sont amenés avec art, soutenus avec sagesse, qu’ils ne se démentent pas plus que ceux du Clovis de Desmarets ; que la Henriade n’a pas l’enflure de la Pharsale ; que toutes les règles y sont observées, et, sur ce point, nous donnerons volontiers acte à Voltaire d’avoir respecté l’épopée plus qu’aucune autre autorité au monde. […] De même que Virgile a vu Vénus, sous les traits d’une nymphe des forêts, apparaissant à Enée, et parfumant les airs de l’ambroisie qui s’exhale de sa chevelure, André Chénier a vu du bois voisin l’aimable manège des Naïades qui entraînent le jeune Hylas En un lit de joncs frais et de mousses nouvelles. […] Il est de ce beau temps des lettres françaises par la mesure, les images modérées et justes, par l’éclat doux et égal, par les beautés antiques, pensées et senties de nouveau, par le style, où il a la noblesse du grand siècle, sans en avoir l’étiquette.
Il ne faut donc pas s’étonner qu’après la disparition de l’état primitif et la destruction des vieux édifices bâtis par la conscience aveugle des siècles il reste quelques regrets et que les nouveaux édifices soient loin d’égaler les anciens. […] D’ailleurs, le pas n’est plus à faire : l’humanité s’est définitivement émancipée, elle s’est constituée personne libre, voulant se conduire elle-même, et supposé qu’on profite d’un instant de sommeil pour lui imposer de nouvelles chaînes, ce sera un jeu pour elle de les briser. […] Les clairvoyants remarqueront que c’est ici le nœud du problème, que toute la lutte a lieu en ce moment entre les vieilles et les nouvelles idées de théisme et de morale. […] Mais il est physiquement possible que l’humanité soit destinée à périr ou à s’épuiser et que l’espèce humaine elle-même s’atrophie, quand la source des forces vives et des races nouvelles sera tarie.
On avait peu de secours à attendre autour de soi ; il fallait de grands efforts et une rare vigueur d’esprit pour surmonter les obstacles, pour conquérir la science ; il fallait jusqu’à un certain point être inventeur, avoir le zèle et le génie de la découverte, pour devenir savant : Dans ces premiers temps d’obscurité et de ténèbres, ces grandes âmes (comme Huet appelle les savants de cette date primitive) n’étaient aidées que de la force de leur esprit et de l’assiduité de leur travail… Je trouve, disait-il spirituellement, la même différence entre un savant d’alors et un savant d’aujourd’hui, qu’entre Christophe Colomb découvrant le Nouveau Monde et le maître d’un paquebot qui passe journellement de Calais à Douvres. […] Il ne lui manque, pour faire le lien des deux époques, de la Renaissance et des temps modernes, pour donner la main, d’une part à Politien, et de l’autre à Voltaire, que d’avoir en son humeur tempérée cette ouverture, cette disposition accueillante aux idées nouvelles qu’eut, pour sa part, le sage et discret Fontenelle. […] Mort dans le xviiie siècle, il en aurait le scepticisme, s’il avait en lui je ne sais quoi de l’étincelle des temps nouveaux ; mais il n’a, à aucun degré, cette étincelle que Bayle avait, par exemple, tout en doutant. […] Quand il fut revêtu d’un caractère sacré, il s’attacha à disposer sa vie dans un parfait accord avec ses nouveaux devoirs.
Cette mission avait pour objet de sonder les dispositions de la Bretagne à l’égard du nouveau gouvernement, et d’engager les officiers des troupes en garnison dans cette province à lui conserver leurs bons offices. […] Dans le numéro du 9 septembre, il décrivait la situation et exposait le nouveau droit constitutionnel de la royauté consentie ; il ne dénonçait ni ne prévoyait point de grave désaccord : Dans ces huit jours d’éternelle mémoire, le principe du progrès a vaincu le principe étouffant du retour au passé. […] Il est un point très décisif qu’il reconnut ensuite, mais dont il laissa passer alors le moment, et qui devait trancher le caractère de l’institution de Juillet, c’était de savoir si, au lendemain des journées, et après l’acceptation du pouvoir par le duc d’Orléans, on ferait, sous le coup même de l’impression de ces journées, et avec une loi électorale plus ou moins élargie, des élections nouvelles, si on donnerait à une situation, toute nouvelle en effet, une Chambre de même origine, ou bien si l’on continuerait de gouverner avec la Chambre antérieure et déjà un peu dépassée des 221. […] Voilà le nouveau champ où nous aurons à le suivre et à le caractériser.
Le fait par lequel un grand écrivain, parti d’on ne sait quelles origines impossibles à dégager, ayant senti en lui un monde nouveau l’émouvoir, faisant appel à des dispositions, à des pensées, aune sensibilité intacte jusque-là et dormantes, groupe autour de lui eu cercles concentriques toujours plus étendus, ses congénères intellectuels, dégage de la masse humaine confondue, la classe d’êtres qui possèdent en eux un organisme consonnant au sien, vibratileei sous les impulsions mêmes qui sont en lui puissantes au point de l’avoir contraint à leur trouver l’expression et à les extérioriser ainsi généralement intelligibles et efficaces — ce phénomène est le semblable de celui par lequel, dans un autre ordre, l’ordre des actes et non plus des émotions, un homme ayant connu une entreprise, portant en lui cet ensemble d’images préalables de réussite, de gloire, de fortune qui constituent une impulsion, ces visions d’effet à réaliser, de moyens, de détails, d’acheminements, de dispositifs, qui constituent un but, parvient par persuasion, par des ordres, par simple communication, à les faire passer rudimentairement, vaguement, clairement, dans l’âme des milliers de suivants que forment ses lieutenants, une armée, des alliés ; que forment encore des ouvriers, des ingénieurs, des collaborateurs ; ou un public, des courtiers, des banquiers, des associés ; ou simplement le peuple, des agents électoraux, des députés, des ministres. […] Or, comme l’art préfère en général jouer des passions les plus fortes de l’âme humaine, qui sont les instinctives, les primitives, il tend à maintenir l’homme dans la pratique de ces inclinations ataviques, et s’oppose ainsi dans une mesure assez forte, croyons-nous, au progrès moral, au développement de tendances nouvelles mieux en relation avec l’état social actuel. […] Taine au rang d’un moyen d’enquête sociale et employée ainsi, avec une incontestable hauteur de talent et de science, à l’étude de tout le développement de l’Angleterre, elle nous paraît atteindre, par une série de vues nouvelles, à l’un des points culminants de toute la série des sciences de la vie, qui ne forment en définitive par leur but et leur union qu’une immense anthropologie. […] Cette idée est empruntée à nouveau à la psychologie sociale de Tarde.
» Mais s’il est vrai que l’extension des sociétés favorise la conception des droits de l’humanité ; il n’est pas étonnant qu’elle favorise du même coup la conception des droits de l’individualité : l’institution de ce groupement nouveau, le plus large de tous, qui est le « genre humain » enlève aux groupements antérieurs et plus étroits, dans lesquels les personnes risquaient d’être comme absorbées, une part de leur autorité ; comme elle les rend moins exclusifs elle les rend moins oppressifs. […] Ce mouvement incessant, qui nous présente des hommes à chaque moment nouveaux, brouille les distinctions sociales en même temps que les distinctions locales. […] Mais, par l’intermédiaire des formes nouvelles qu’elle donne à la vie sociale, elle contribue, à sa façon, à l’évolution des idées modernes. […] A. de Foville, Article « Transports » dans le Nouveau Dictionnaire d’Économie politique.
Bientôt le chef nouveau de l’invasion dut paraître un vengeur indigène ramené par la fortune des révolutions dans sa première patrie. […] Sous le feu de la forge, sous la rayonnante ciselure, que d’émotion encore dans l’âme du poëte, quel charme nouveau dans sa peinture de l’enfance, dans sa plainte d’être dérangé, dans sa joie d’être inspiré par les jeux et les bruits de ses petits enfants ! […] Conduit à Caracas, où son père devenait président de l’audience royale, respirant l’air de la première république proclamée à Venezuela, il ne rêva plus que le rôle de Tyrtée du nouveau monde. […] Quelle rapidité dans l’infini du temps, et comme ce chant nouveau s’en est inspiré !
Et le voici qui s’épuise de nouveau à tenter l’escalade de son Éden impossible. […] … Sieds-toi, sieds-toi là… Je suis content de te voir, car il y a longtemps que tu ne m’as donné de tes nouvelles. […] … Il se remet sur ses pieds, marche cinq ou six pas et regarde de nouveau sur la route. […] Versez l’énergie à l’homme nouveau qui tremble devant les Forces. […] Il faut créer un nouveau monde.
Se contentant de ses deux ou trois poètes favoris, il s’est peu inquiété d’en acquérir de nouveaux ; de sa part, les encouragements, et même eu dernier lieu les critiques, ont presque entièrement cessé. […] A chaque instant, ses affections mélancoliques et chrétiennes nous la montrent en harmonie avec ces modestes poètes qui ont pris pour devise le mot d’André Chénier : Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.
Tous ceux qui faisaient partie de ces deux tiers, « véritables comédiens ambulants qui changèrent de nom et d’habit en même temps que de rôle »,lui paraissent « indignes non-seulement de gouverner, mais encore de vivre. » Il reconnaît pourtant qu’en voyant meilleure compagnie ils se sont amendés sous quelques rapports, et que, pour tout dire, « ils ont fait à peu près comme ces malheureuses femmes, qui, ramassées dans les carrefours et dans les prisons de la capitale, sont envoyées dans les colonies Étrangères, où, quoique leur jeunesse se soit écoulée dans le désordre, elles adoptent une nouvelle vie, redeviennent honnêtes, et, grâce à de nouvelles habitudes, dans une position nouvelle, sont encore des membres tolérables de la société. » Le rapprochement n’a rien de flatteur ni de délicat ; mais l’illustre baronnet n’y regarde pas de si près ; il a même tant d’affection pour ces sortes d’images, que plus tard l’arrangement du premier consul avec ses ministres lui semblera « pareil aux mariages contractés par les colons espagnols ou les boucaniers avec les malheureuses créatures envoyées pour peupler les colonies », et qu’il trouvera les moyens en un endroit de comparer, je ne sais trop pour quelle raison, M. de Talleyrand à une vivandière. […] Mais, en somme, cette dernière portion de l’histoire est plutôt médiocre que détestable ; l’on peut même en retirer quelques notions nouvelles sur la diplomatie anglaise et les diverses négociations auxquelles elle eut tant de part.
Carnot et Leroux, paraissent s’être rendu compte à peu près ainsi de la situation présente des doctrines, et c’est à la conciliation des systèmes nouveaux d’économie politique et d’organisation des travailleurs avec les libertés des citoyens et les inaliénables conquêtes de notre Révolution, que leur recueil estimable semble de plus en plus consacré. […] Si, par ces deux Chambres, organes de deux intérêts divers, il entendait seulement : 1° une Chambre représentant plus particulièrement la propriété, l’âge, les grands services rendus au pays, l’illustration acquise, tout ce qui fait qu’on se rattache plus ou moins directement à la conservation ; 2° une Chambre active, énergique, renouvelée souvent, retrempée dans le peuple, sans aucun cens d’éligibilité, résultant de l’adjonction des capacités et d’un cens électoral très bas, que chaque progrès nouveau, apporté dans l’instruction et la moralité des masses, permettrait de baisser encore ; si M.
Mais en avançant dans la littérature, on se blase sur les jouissances de l’imagination, l’esprit devient plus avide d’idées abstraites, la pensée se généralise, les rapports des hommes entre eux se multiplient avec les siècles, la variété des circonstances fait naître et découvrir des combinaisons nouvelles, des aperçus plus profonds ; la réflexion mérite du temps. […] La civilisation de l’Europe, l’établissement de la religion chrétienne, les découvertes des sciences, la publicité des lumières ont posé de nouvelles barrières à la dépravation, et détruit d’anciennes causes de barbarie.
Aussi fut-ce pendant tout le siècle, et chez les mêmes écrivains, la plus étrange confusion de formes anciennes et nouvelles, comme il apparaît bien par l’usage actuel, où très capricieusement sont parvenues tantôt les unes et tantôt les autres. […] Mais Vauquelin prescrit d’être chiche et caut à former des mots nouveaux.
En cette occasion, le symbolisme fut attaqué avec violence par les nouveaux écrivains, qui critiquaient moins les poètes et les personnalités qui s’en dégagèrent que les stériles principes et les rares œuvres de cette époque inféconde. […] Et il suffit pour cela que les auteurs apportent des idées nouvelles, qui correspondent aux sentiments de l’époque et qui conviennent, en même temps, à la nature de nos nationaux.
Il faut qu’ils soumettent à la critique toutes ces vues nouvelles que je viens d’esquisser devant vous et qu’ils n’abandonnent les principes qu’après avoir fait un effort loyal pour les sauver. […] La loi physique alors prendrait un aspect entièrement nouveau ; ce ne serait plus seulement une équation différentielle, elle prendrait le caractère d’une loi statistique.
« Deux nouvelles feuilles arrivent très lisiblement écrites en siamois. […] De là des milliers de corrections, des intercalations de feuillets manuscrits, un dénouement entièrement nouveau, tous les pétards que ce Ruggieri tirait sur ses épreuves, toutes les bombes que l’homme, sans cesse en état de défense, lançait sur les marges pour protéger une œuvre qu’il ne jugeait pas suffisamment défendue.
Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. […] Il faisoit durer plus long-temps les mesures, il obligeoit l’acteur qui recitoit à parler plus lentement, et il falloit que les instrumens qui les accompagnoient suivissent ce nouveau mouvement.
Quelquefois aussi, il veut en rencontrer toujours de nouvelles, de toutes nouvelles, et il invente aux auteurs des sens inattendus, ou tout au moins des intentions qu’il n’est pas absolument certain qu’ils aient eues.
Mais d’ailleurs cette impérissable vérité, que La Harpe condamnait alors en son maître, qu’a-t-elle de si nouveau ? […] Tel est l’aperçu des choses que nous allons envisager de nouveau. […] Ces nouveaux ressorts de la tragédie ne nous seront révélés que par Sophocle, Euripide, et Racine. […] La première moitié de cette pièce est relevée par le beau rôle de l’héroïne qu’on ne revoit plus, et dont on n’entend plus parler dans la seconde moitié, où paraissent de nouveaux personnages, et qui se remplit de nouveaux faits. […] grande et forte image de l’enchaînement d’un premier crime qui précipite les coupables à de nouveaux attentats.
Il y avait à l’hôtel de Bourgogne un banc où les auteurs avaient coutume de se réunir pour juger les pièces nouvelles, et qu’on appelait le banc formidable. […] Corneille était seul dans une loge : il est triste de pouvoir soupçonner que ce grand homme ne rendit pas une exacte justice à ce nouveau chef-d’œuvre de son illustre émule. […] Chaque tragédie que l’on fait est un nouveau trait de lumière sur le mérite de Racine : cet homme écrase l’art en l’élevant trop haut, et l’habitude de voir ses chefs-d’œuvre est la mort de toutes les nouveautés. […] De cette faiblesse que M. de La Harpe n’a jamais pu vaincre, même après son abjuration solennelle des nouveaux systèmes, il résulte que la partie du théâtre est manquée totalement dans son ouvrage. […] Cet auteur aimable ne nous présente que les traits ridicules d’une femme pressée de se remarier, qui veut absolument être veuve, parce que depuis longtemps elle ne reçoit pas de nouvelles de son mari.
Le procédé n’est pas nouveau assurément, surtout en Russie ; il y est très répandu, depuis Gogol, dans la littérature ; mais je crois vraiment qu’en ce genre, M. […] Cependant, aux personnes qui voudraient se borner à feuilleter le volume, il est bon d’indiquer les nouvelles qui caractérisent le mieux le paysan russe. […] six mois après, je la vois arriver de nouveau vers moi avec la même prière. […] Je me mis de nouveau à examiner l’intérieur de l’isba ; il me parut encore plus triste qu’avant. […] Quelques nouveaux personnages se trouvaient aussi dans la chambre ; mais Diki-Barine n’y était plus.
Le même fait se passe pour la parole extérieure, et c’est là entre les deux paroles un nouveau rapport à ajouter à ceux que nous avons énumérés au commencement de ce chapitre : nous écoutons notre parole, mais notre attention néglige les sensations tactiles qui l’accompagnent. […] Les états de l’âme sont spatiaux ou non spatiaux ; les mêmes états sont répétés ou nouveaux, effets de l’habitude ou produits de nos facultés d’innovation. […] La perception externe, par sa présence ou son absence, partage l’ensemble des phénomènes en deux groupes, les phénomènes extérieurs et mes phénomènes : la reconnaissance, par sa présence ou son absence, les partage en deux nouveaux groupes qui ne coïncident pas avec les deux premiers : mon passé et le présent. […] Aussi, presque toujours nos phrases sont nouvelles, au moins comme phrases, et quand même la pensée n’a rien de nouveau ; les mots, au contraire, sont répétés pour la millième fois ; ils ont déjà servi souvent dans des phrases différentes. […] Comme fait psychique, ayant une date dans mon existence passée, le mot est sans valeur ; il ne vaut à mes yeux que comme élément d’un fait psychique nouveau, en cours d’exécution ; son passé, ce par quoi il est explicitement mien, m’est indifférent ; je cesse donc de le reconnaître, je néglige de proclamer qu’il est mien.