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1167. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Mais dans la littérature, le genre lié au plus haut degré de civilisation, c’est le théâtre. […] L’ardente intensité de la vie intérieure ne laisse rien d’indifférent : l’âme sérieuse se verse tout entière dans les moindres de ses actions, les relève par une haute pensée de devoir ou d’affection. […] C’était une pensée originale et haute d’essayer de fonder les relations de deux êtres unis par la société sur la franchise absolue de tous les deux, à l’égard de l’autre, et à l’égard de soi-même. […] Les autres philosophes prenaient aisément leur parti de toutes les atteintes que la mode et les mœurs donnaient à l’éternelle morale : c’est l’honneur de Jean-Jacques d’avoir jeté les hauts cris. […] Il a découvert à nos Français la Suisse et les Alpes, les profondes vallées et les hautes montagnes ; tantôt il a peint les vastes perspectives, tantôt les paysages limités.

1168. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

L’Orient ne nous a pas donné la splendeur de l’imagination de ses poëtes, mais cette abondance prolixe que j’ai marquée plus haut, et la monotonie qui en est l’effet. […] On ne le place pas si haut pour peu qu’on sache mieux le grec que La Motte-Houdart, et le vieux français que Lenglet-Dufresnoy. […] La poésie naissante ne peut s’élever plus haut. […] On le qualifiait de « très-excellent et irrépréhensible docteur en sainte divine Escriture haut philosophe, et en tous les sept arts libéraux clerc très profond. » Or, à cette époque, il s’était écoulé près d’un siècle depuis la publication du Roman de la Rose. […] C’est d’abord faire remonter bien haut le mot décadence, jusqu’alors réservé aux époques littéraires qui suivent les grands siècles : ceux qui découvrent ainsi des décadences dans le berceau même des langues, risquent fort d’altérer le sens consacré de ce mot, et de troubler les esprits sur l’idée générale qu’il exprime.

1169. (1909) De la poésie scientifique

L’on s’appropria quelques idées en les présentant comme neuves, avec innocence  l’on dénatura quelque peu, sans voir l’incohérence, sans prendre garde qu’hier gardait les Dates et les Faits… Et l’on applaudit très haut : voilà ce qui maintenant était raisonnable ! […] Jean Ott, son premier volume l’Effort des Races, à tendance évolutionniste (et qui comprend un admirable et sobre drame en vers : la mort de Zoroastre), atteste une pensée philosophique, très haute, très sûre, en un tempérament poétique vigoureux. […] M’évertuant vers les plus hautes, et sans doute de lointaines généralisations, sommes harmonieuses des rapports liant l’intelligence humaine à l’évolution universelle, tentant ainsi une unité philosophique qui dégageât son émotion  Métaphysique émue  tout en exprimant sa complexité sensitive entre-pénétrée : Analyse et Synthèse. […] En dépendent, nous l’avons dit plus haut, les vertus génératrices. […] « Il est l’aède de la science, l’esthète de la connaissance, l’évocateur sybilin de la haute construction Moniste, ouverte à tous les souffles de l’infini.

1170. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

On nous dit et on nous écrit tous les jours : « Comment entreprenez-vous une œuvre de haute critique littéraire dans un siècle et dans un pays qui n’ont plus de littérature ; dans une nation qui s’est épuisée de grands esprits pendant deux grands siècles, le dix-septième et le dix-huitième, siècle français par excellence ? […] Les hauts et immobiles cyprès qui commencent là à végéter, jetaient çà et là sur la route l’ombre allongée et noire de ces obélisques de la végétation ; les figuiers, semblables à des spectateurs accoudés autour d’un cirque, appuyaient leurs larges feuilles poudreuses sur les murs blancs qui bordaient le chemin ; les oliviers tamisaient d’une légère verdure les rayons du soleil qui tremblaient entre leurs branches sur les sillons. […] De temps en temps, du haut d’une colline, une échappée de vue me laissait entrevoir au fond d’un bassin de verdure les dômes resplendissants mais encore lointains de Florence. […] Un ciel d’été, d’un bleu sombre comme un plafond de lapis, s’apercevait par ma fenêtre au-dessus de la rue étroite, entre ma chambre haute et les murs monumentaux du palais Corsini. […] C’étaient quelques noms de la haute aristocratie de Rome, de Naples, de Florence, de Venise, de Bologne, qui m’étaient familiers par l’histoire, et quelques autres noms de poètes, de professeurs, d’écrivains, encore nouveaux et énigmatiques pour moi.

1171. (1926) L’esprit contre la raison

Tout de même, n’est-ce point déjà pour l’esprit une victoire magnifique et quasi inespérée que cette liberté nouvelle, ce sursaut de l’imagination qui triomphe du réel, du relatif, brise les barreaux de sa cage raisonnable et, oiseau docile à la voix du vent, déjà s’éloigne de terre pour voler plus haut, plus loin. […] Au-dessus de la minuit plane l’oiseau invisible du jour, un peu plus haut que l’oiseau, l’éther pousse, les murs et les toits flottent »bz. […] Barrès plus tard analyse curieusement dans les mêmes termes son nationalisme : « J’ai voulu m’entourer de hautes murailles ». […] Les « pourritures avantageuses », formule saisissante, retrouve le lexique de la décomposition lié plus haut à la Camargue barrésienne: tout l’essai file ainsi l’idée d’une Raison du côté de la mort et, pire, d’une mort lucrative. […] La fin de ce long titre du collage de Max Ernst diffère légèrement : « Un peu plus haut que l’oiseau l’éther pousse et les murs et les toits flottent. » Crevel la cite de nouveau dans sa « Préface au catalogue d’une exposition Max Ernst à la Galerie Bernheim, le 1er décembre 1928, avec quelques commentaires tirés des lignes qui suivent.

1172. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Cet homme de haute taille, d’une belle et noble physionomie, à l’air martial et intelligent, portait boucles d’oreilles. […] Ne prenez tout cela que comme la conversation vive et nourrie d’un homme qu’on trouve au lit le matin et qui pense tout haut, et vous en emporterez de tous côtés des traits, des aiguillons, qui vous feront aussi penser, pester, dire oui et non à la fois ; et c’est ce qu’il a voulu. — Et même lorsqu’on approuve, c’est comme dans la conversation encore : il faut suppléer, à tout moment, à ce qui manque. […] Un jour, le prince de Ligne s’aperçut que deux belles Juives, chez qui il allait souvent, demeuraient bien haut ; il leur écrivit un petit billet le plus dégagé possible, par lequel il prenait congé d’elles à l’avenir, leur disant : « Adieu !

1173. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Ces rivalités et ces jalousies de serviteur à maître ont été assez bien rendues dans l’Histoire des amours de Henri IV, composée par une personne et un témoin du plus haut rangh, Mlle de Guise, depuis princesse de Conti, qui a trouvé par avance dans ce petit écrit quelques-unes des touches que Mme de La Fayette mettra plus tard à raconter les amours de Madame. […] Et se faisant gausseur à son tour, il propose pour dernier moyen de faire publier par tout le royaume « que tous les pères, mères ou tuteurs qui auraient de belles filles de haute taille, de dix-sept à vingt-cinq ans, eussent à les amener à Paris, afin que sur icelles le roi élût pour femme celle qui plus lui agréerait ». […] À quelque temps de là, à l’occasion du baptême de l’un des fils de Gabrielle qu’on veut faire traiter en tout comme un Enfant de France, Sully qui s’y oppose à l’article du paiement, et qui dit tout haut : « Il n’y a point d’Enfant de France !

1174. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Venu à une époque où la corruption était déjà poussée au plus haut degré, et où elle ne se recouvrait que d’un voile léger en présence du monarque, il comprit bien quelle était la nature de l’incrédulité qu’il avait à combattre, et en ce sens il est curieux de voir l’ordre d’arguments qu’il juge le plus à propos de lui opposer. […] C’était ainsi que, parmi les rides de ce visage déjà flétri et dans ces jeux qui allaient s’éteindre, je croyais démêler encore l’expression de cette éloquence si sensible, si tendre, si haute quelquefois, si profondément pénétrante, dont je venais d’être enchanté à la lecture de ses Sermons. […] retentissaient de toutes parts : « Jamais, dit l’Estoile, ne vit-on un si grand applaudissement de peuple à roi que celui qui se fit ce jour à ce bon prince partout où il passa. » On le faisait remarquer à Henri IV, qui répondit en secouant la tête : « C’est un peuple ; si mon plus grand ennemi était là où je suis, et qu’il le vît passer, il lui en ferait autant qu’à moi et crierait encore plus haut qu’il ne fait. » On cite une réponse toute pareille de Cromwell ; mais dans la bouche de Henri IV le mot, ce me semble, a encore plus de poids.

1175. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Bossuet n’est pas de ces talents ingénieux qui ont l’art de traiter excellemment des sujets médiocres et d’y introduire des ressources étrangères ; mais que le sujet qui s’offre à lui soit vaste, relevé, majestueux, le voilà à son aise, et plus la matière est haute, plus il va se sentir à son niveau et dans sa région. […] quand il parle si à son aise de Louis XIV, de Louis XIII et de Richelieu, donnant bien haut la supériorité à ce qu’il préfère et à ce qu’il croit qui lui ressemble, je m’étonne que M.  […] Mais combien la source découle de plus haut et dérive d’une région plus fixe chez Bossuet que chez les Horace et les Despréaux !

1176. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Il y a eu des peintres excellents écrivains ; sans remonter plus haut, sir Josué Reynolds et M.  […] Léopold Robert, ami avant tout de la réalité, quand il la rencontre grave et noble, et qui ne voyait volontiers les objets qu’un à un, ne s’applique qu’à les copier d’abord, sauf à les élever insensiblement lorsqu’il arrivera avec lenteur à une conception plus haute. […] Malgré l’accident funeste qui brisa sa carrière et qui l’arrêta dans son développement, et quoique son dernier tableau (celui des Pêcheurs) ait pu paraître empreint de quelque affectation mélancolique, il est certain, à lire ses lettres nombreuses, que sa pensée s’élevait et aspirait chaque jour plus haut avec l’âge ; il devenait plus hardi, ou du moins d’un horizon plus agrandi, en vieillissant ; il avait commencé par copier la nature, il ne cessait de vouloir s’y conformer, et il visait en même temps à un idéal, impossible peut-être à concilier avec cette reproduction sévère et scrupuleuse, mais que, dans son ardeur opiniâtre, il concevait toutefois en accord avec l’exacte vérité.

1177. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

La profession de poète agréable n’existe donc plus, bien que l’étoffe dont était fait ce genre de poètes n’ait pas péri, et qu’il y ait par le monde bon nombre de ces demi-vocations errantes qui ne savent plus à quoi se prendre et qui sont réduites souvent à viser trop haut, à se forcer en pure perte, faute d’avoir trouvé à se loger dans la médiocrité animée et riante qui était leur milieu naturel. […] À son issue se rencontre le pays qu’habite le Bon Goût et qu’on appelle les Plaines allégoriques : c’est un pays assez inégal, très froid en quelques endroits, couvert et scabreux en quelques autres ; la diversité du paysage en est assez divertissante… À l’entrée du pays s’élèvent deux montagnes fort hautes, mais d’une hauteur inégale, sur chacune desquelles est bâtie une belle ville. […] Il était de ceux qui ne prennent pas l’inspiration si haut.

1178. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Pendant qu’une commission instituée par décret de l’empereur, sur le rapport du ministre d’État, et composée des hommes les plus autorisés et les plus compétents, travaille sans relâche et avec le sentiment de sa haute mission à recueillir non seulement les lettres, mais les ordres, les annotations, les décisions et pensées de toutes sortes de l’empereur Napoléon Ier, tout ce qui s’offre avec sa marque visible, avec son cachet personnel immédiat, et non seulement les documents relatifs à des matières de gouvernement et aux actes du souverain, mais aussi les écrits qui peuvent éclairer le caractère intime de l’homme ; pendant qu’on met à contribution les dépôts publics et les collections particulières de quelques familles considérables ; qu’à l’heure qu’il est près de vingt mille documents sont rassemblés, et que, la question de classement une fois résolue, on espère, dans un an ou quinze mois, être en mesure de livrer les premières feuilles à l’impression ; pendant ce temps-là, la publication des Œuvres de Frédéric le Grand, commencée depuis plusieurs années par ordre du gouvernement prussien sous la direction de M.  […] Nombre de lettres de Frédéric adressées à son frère, à la veille ou au lendemain des batailles acharnées où il risque tout et où, tantôt battu, tantôt battant, sa personne est continuellement enjeu, lettres toutes remplies de recommandations nettes et précises, attestent sa simplicité, sa force d’âme et son souci patriotique de l’État, il met certainement le plus haut prix aux services que le prince Henri ne cesse de rendre, en ces cruelles années, par ses soins et ses bonnes dispositions autant que par sa valeur : « L’Europe, lui dit-il (mai 1759), apprendra à vous connaître non seulement comme un prince aimable, mais encore comme un homme qui sait conduire la guerre et qui doit se faire respecter. […] Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.

1179. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

L’auteur de Madame Bovary a donc vécu en province, dans la campagne, dans le bourg et la petite ville ; il n’y a point passé en un jour de printemps comme le voyageur dont parle La Bruyère et qui, du haut d’une côte, se peint son rêvé en manière de tableau au penchant de la colline, il y a vécu tout de bon. […] Il aimait la grange et les écuries ; il aimait le père Rouault qui lui tapait dans la main en l’appelant son sauveur ; il aimait les petits sabots de Mlle Emma sur les dalles lavées de la cuisine : ses talons hauts la grandissaient un peu, et quand elle marchait devant lui, les semelles de bois, se relevant vite, claquaient avec un bruit sec contre le cuir de la bottine. […] Voilà mes objections à un livre dont je prise très haut d’ailleurs les mérites, observation, style (sauf quelques taches), dessin et composition.

1180. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ils nous représentent bien ces familles de haute bourgeoisie et parlementaires, chez qui les emplois, les mœurs, la probité, l’esprit lui-même et la langue se transmettaient dans une même maison par un héritage ininterrompu. […] Voici, pour la plupart de ces familles de haute bourgeoisie, illustrées et anoblies à la fin du xvie  siècle ou dans le xviie , ce qui en était dans la réalité. […] On se raconte des horreurs sur ce cardinal-tyran : « Il en était venu à tel point, lorsqu’il mourut, qu’il ne voulait plus voir le roi que le plus fort, et avait dans sa maison trois caves capables de tenir près de trois mille hommes. » M. le prince de Condé, toujours si plat envers celui qui règne et de qui il espère, lui qui avait un jour imploré à genoux comme un honneur l’alliance du cardinal vivant, s’élève maintenant tout haut, en plein Parlement, contre ce qui s’est fait « sous une puissance qui allait jusques à la tyrannie ».

1181. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Je suppose qu’une ou deux de ces grandes séries aient paru, non pas arrangées, non pas triées et écourtées, mais telles quelles, par une de ces indiscrétions et de ces imprudences heureuses dont tout le monde profite ; que cette âme vive, émue, expansive, passionnée et généreuse, magnanime, pour tout dire, cette intelligence avide, empressée, ouverte de toutes parts, divinatrice et sympathique, touchant au génie, se soit montrée et comme versée devant tous dans une multitude de lettres familières, affectueuses, éloquentes, inachevées chacune, mais s’achevant l’une l’autre : les nouvelles générations auraient fait connaissance avec elle plus directement encore que par les livres ; elle ne serait pas restée une gloire aristocratique, la plus haute renommée de salon, mais s’y renfermant ; elle balancerait Chateaubriand non seulement de mérite et de nom, mais de fait ; elle serait lue et encore présente au milieu de nous ; on la discuterait. […] Dans ce duel inégal qu’elle soutint et qui, même avec de légers torts, fait son éternel honneur, elle ne résiste pas à César comme un Caton ni comme la femme de Brutus, elle résiste comme une femme française et de la haute société ; on voit l’émotion, le sein palpitant ; on entend la plainte. […] Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.

1182. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Je voudrais, avant de continuer, qu’on eut bien présentes ces origines de notre ancien théâtre telles qu’on les peut surprendre en remontant aussi haut que possible dans le moyen âge. […] Accueillons-les toutes ; mais n’oublions pourtant jamais, nous tous qui l’avons vue ou entrevue, la beauté véritable ; gardons-en fidèlement la haute et délicate image au dedans de nous, ne fût-ce que pour n’en pas prodiguer à tout propos et n’en jamais profaner le nom, comme je le vois faire à d’estimables travailleurs qui ont beaucoup paperassé sur le moyen âge et qui ne connaissent que cela. […] Jésus se dépouille, et l’ange Gabriel lui aide à défaire ses vêtements : pendant lequel temps Dieu le Père parle du haut du Paradis, et l’archange saint Michel après lui.

1183. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Renan n’a pas cru devoir faire ainsi, et en effet sa pensée a été bien autrement méditée et bien plus haute ; son dessein et son projet est à plus longue fin. […] Le Calvaire y est moins haut ; il y a autant de pitié peut-être, mais moins de terreur autour de ce Golgotha. […] La théologie, la haute et moyenne théologie, armée de toutes pièces, a donné, et elle donne encore, et elle donnera longtemps ; elle n’est pas près de se taire.

1184. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Après 1830, il entre dans les affaires, dans la haute administration où l’honnête homme et l’homme de bien a laissé des traces. […] Si l’on vient sur ces bords pour voir et pour apprendre, Quelle leçon plus haute, à qui saura l’entendre, Que l’aspect saisissant de la double cité, De ce peuple brillant et de ce peuple sombre, Dans la lumière et l’ombre L’un sur l’autre porté ! […] À la Chambre des Pairs, au Sénat, il a toujours pris en main l’intérêt des Lettres, ne se considérant jamais mieux à sa place en ce haut lieu que lorsqu’il est appelé à les y représenter et à les défendre.

1185. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Il se plaignit tout haut du ministre de la guerre, le comte d’Argenson. […] Le maréchal fit la sourde oreille et répondit avec une profonde révérence « qu’il souhaitait de mourir au service de Sa Majesté comme le maréchal de Turenne. » C’était s’en tirer en homme d’esprit. — Voilà des honneurs assurément, voilà de l’influence ; mais il y a encore loin de ce haut degré à gouverner la France et la Cour. […] Le maréchal, dans ses lettres à la reine de Pologne, est amené à parler du trousseau et du détail de la toilette : on est avec lui dans les coulisses de la garde-robe ; on est mis au courant des bénéfices et des profits inhérents à toutes ces grandes charges de la haute domesticité royale : « En général, tout ce qui est garde-robe appartient à la dame d’atours, qui est Mme la duchesse de Lauraguais ; elle fournit toutes les parures, linge, dentelles, etc., et reprend ce qui ne sert plus ; elle donne son compte, qui est arrêté et payé au Trésor royal.

1186. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

dans un débat de cet ordre, je suppose qu’un des orateurs contendants, qu’un interlocuteur, apostrophant le rapporteur du budget, lui demande sur quoi il se fonde dans telle ou telle supputation qui aboutit à un nombre de millions ou de milliards : est-ce que le rapporteur parlant du haut de la tribune ne sera pas en droit de dire dans une langue parfaitement congrue et correcte : « Mon argumentation, messieurs, vous me demandez sur quoi elle repose : je la base sur une triple colonne de chiffres, tous exacts et vérifies… etc. » Est-ce que ce mot baser, avec son emphase, sa sonorité même qui remplit la bouche et qui porte jusque sur les derniers bancs de la Chambre, ne sera pas ici le mot oratoire plutôt que le mot plus sourd ou plus faible : je la fonde ou je l’établis ?  […] Peut-on mieux penser et mieux dire, et avec une impartialité plus haute ? […] Il possédait au plus haut degré le genre d’éloquence ou plutôt d’élocution propre au Conseil d’État, le langage des affaires avec facilité, élégance, et même une nuance d’agrément, mais sans rien de la fausse rhétorique.

1187. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

« Aussi quel soulagement — ajoute-t-il avec un soupir qui remercie —, lorsque je pus clore la série76, par le Docteur Pascal, pour lequel mon bon ami, le Dr Maurice de Fleury, m’a bâti de toutes pièces le rêve de haute conception médicale que je désirais y mettre ! […] Sans doute, en ses transcriptions médico-littéraires et en particulier dans l’observation citée plus haut, il a fait œuvre habile et cohérente. […] Lorsque Emmanuel a dû être placé dans une maison de santé, sa maladie présentait, nous l’avons dit plus haut, le caractère de la mélancolie avec prédominance d’hallucinations, c’est-à-dire l’une des formes de délire les plus constantes, invariables, cristallisées, a-t-on pu dire.

1188. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Voltaire s’indignait contre ces téméraires novateurs ; Boileau eût crié plus haut encore ; mais est-ce à dire qu’il eût été satisfait de l’usage où Voltaire et les versificateurs de ce siècle ravalaient l’instrument naturel de la poésie ? […] À la fin du xviiie  siècle, en vérité, on se trouve si loin du vrai Boileau et des grands artistes auxquels la haute partie de sa doctrine s’appliquait, que quand nous y rencontrons un classique, mais un pur classique au grand et beau sens du mot, selon l’esprit profond de l’Art poétique, un artiste capable de sentir la nature et de créer la beauté, nous sommes tentés d’en faire un révolutionnaire et le précurseur d’un art nouveau. […] Nous ne regardons pas bien haut ni bien loin : nous sommes plus positivistes que mystiques et métaphysiciens ; nos pensées ne quittent pas la terre, et vont à l’action, aux effets réels, sensibles, et que l’analyse atteint.

1189. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mallarmé orientait ses propos, avec un art invisible et discret, vers l’idéalité la plus haute sans négliger pourtant de cueillir en chemin toutes les fleurs de sa riche fantaisie. […] L’esquisse merveilleuse s’éparpillait en croquis légers ; la haute théorie s’enguirlandait d’anecdotes charmantes qui, exquises dans leur grâce ou plaisantes en leur malice, valaient un rire juste et sobre. » « On entrait chez Mallarmé, écrit encore un poète de la génération suivante, M.  […] Savez-vous qu’on a peur de nommer trop haut celui qu’on estime de peur que la gloire ne l’enlève et le gâte et l’annule.

1190. (1890) L’avenir de la science « XVI »

De là vient la haute placidité de ces œuvres admirables : l’antithèse, l’opposition, la distinction en étant bannies, la paix et l’harmonie y règnent, sans être jamais troublées. […] Cette patiente et sévère méthode me semble convenir à la France, celui de tous les pays qui a pratiqué avec le plus de fermeté la méthode positive, mais aussi celui de tous où la haute spéculation a été le plus stérile. […] Ce tour, particulier au génie allemand, explique la marche singulière des idées en ce pays depuis un quart de siècle environ, et comment, après les hautes et idéales spéculations de la grande école, l’Allemagne fait maintenant son XVIIIe siècle à la française ; dure, acariâtre, négative, moqueuse, dominée par l’instinct du fini.

1191. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Nous avons vu plus haut qu’en 1673, à l’époque de la mort de Molière, les trois amis qui lui survécurent avaient déjà arrêté le cours de leur fécondité, et qu’ils avaient exprimé, par un long silence, l’étonnement de ce qui se passait, le besoin d’étudier, d’observer, de suivre le changement qui s’opérait dans les mœurs de la haute société. […] L’adversité, qui, dans le même temps, menaçait les intérêts politiques du roi, concourut puissamment à arrêter l’essor du poète, devant le changement des mœurs de la haute société.

1192. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Les lecteurs même qui ne voudraient pas remonter bien haut, ni se jeter dans la curiosité érudite, ceux qui ne voudraient se composer qu’une petite bibliothèque française toute moderne ne sauraient se dispenser d’y admettre et Montaigne et Commynes. […] Ceux-ci s’offraient également et avaient l’air tout haut de réclamer cet honneur d’être pris pour otages. […] Louis XI, qui est venu s’asseoir sur un escabeau, tout contre le paravent, rit aux éclats et lui dit de répéter, de parler haut, et qu’il commence à devenir un peu sourd.

1193. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

On croyait, en général, qu’il improvisait : il avait à un haut degré cette faculté d’improvisation, mais il ne la séparait point des ressources toujours présentes d’une riche mémoire. […] Si la discussion était interrompue par l’arrivée d’un message du Conseil des Cinq-Cents ou du Directoire, il suffisait que je lui en fisse tout bas la lecture une seule fois pour qu’il répétât tout haut, en s’adressant à l’Assemblée, la résolution tout entière, quelque nombreux qu’en fussent les articles, sans en déranger la série, sans changer aucune expression. […] La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie.

1194. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Il y a là, sous la plume de la reine Marguerite, l’esquisse achevée d’une petite nouvelle dans le genre de Mme de La Fayette, de même que, plus haut, il y avait un joli tableau flamand tout tracé. […] Ici ce n’est plus le style agréable, modérément orné et naturellement poli des Mémoires ; c’est de la haute métaphysique et du pur phébus presque inintelligible et des plus ridicules. […] » ce sont là les expressions les plus communes et les plus terre-à-terre ; le reste monte et s’élève à proportion, et se perd au plus haut de l’Empyrée.

1195. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

En effet, lorsqu’une haute et jeune destinée a subi de ces catastrophes soudaines et qui sont restées par quelque côté mystérieuses, lorsqu’un prince a disparu de manière à toucher les imaginations et à laisser quelque jour à l’incertitude, bien des têtes travaillent à l’envi sur ce thème émouvant ; les romanesques y rêvent, se bercent et attendent ; les plus faibles et ceux qui sont déjà malades peuvent sérieusement s’éprendre et finir par revêtir avec sincérité un rôle qui les flatte, et où trouve à se loger leur coin d’orgueilleuse manie ; quelques audacieux, en même temps, sont tentés d’y chercher une occasion d’usurper la fortune et de mentir impudemment au monde. […] Lucien, qui se moque de ces historiens prétendus poétiques, qui ont, au début, des invocations pleines d’emphase, Lucien, qui veut de la simplicité dans l’histoire, admet pourtant que le style y participe, en certaines occasions, de la poésie : « Il faut alors qu’un petit vent poétique enfle les voiles du navire, et le tienne élevé sur le sommet des flots. » Il ne veut point que la diction s’élève trop, il suffit que la pensée soit un peu plus haut que l’expression, celle-ci à pied et tenant de la main, comme en courant, l’autre qui est montée et qui devance. […] Cette Carmen n’est autre chose qu’une Manon Lescaut d’un plus haut goût, qui débauche son chevalier Des Grieux, également séduit et faible, bien que d’une tout autre trempe.

1196. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Comme Montaigne, comme Mme de Sévigné, et mieux encore, La Fontaine a au plus haut degré l’invention du détail. […] Dans sa première manière pourtant, à la fin du premier livre, dans Le Chêne et le Roseau, il a atteint la perfection de la fable proprement dite ; il a trouvé moyen d’y introduire de la grandeur, de la haute poésie, sans excéder d’un seul point le cadre ; il est maître déjà. […] Ainsi, dans sa fable de Démocrite et les Abdéritains, il placera sa pensée plus haut que les préjugés du vulgaire.

1197. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Sainte-Beuve, auquel je reviens toujours parce que l’opinion de ce temps le préfère injustement à Chasles et le classe plus haut, l’éternelle sotte qu’elle est ! […] Il n’est pas le jugeur haut et ferme, — inconnu, d’ailleurs, à ce temps sans doctrines et sans caractères, — mais il n’est même plus la personnalité étincelante et de libre fantaisie qu’il a été quelquefois. […] Critiques, tous deux, de sentiment et de sensation ; compréhensifs bien plus qu’exclusifs d’intelligence et de doctrine ; portant sur les choses de ce monde un regard curieux, ouvert et bienveillant ; ayant la même philosophie sans métaphysique, la même opinion politique, les mêmes goûts pour les lumières modernes et la même foi (un peu éblouie, selon moi) dans le progrès des sociétés, ils ne diffèrent guère que par la destinée, qui fait de ces charmants coups quelquefois : — c’est que Macaulay est monté plus haut dans son pays que Philarète Chasles dans le sien.

1198. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Les mêmes forces mènent partout l’inventeur et la foule ; et la seule différence entre l’un et l’autre, c’est que l’un proclame tout haut ce que l’autre murmure tout bas. […] Le rêve et l’abstraction, telles furent les deux passions de notre renaissance : d’un côté l’exaltation sentimentale, « les aspirations de l’âme », le désir vague de bonheur, de beauté, de sublimité, qui imposait aux théories l’obligation d’être consolantes et poétiques, qui fabriquait les systèmes, qui inventait les espérances, qui subordonnait la vérité, qui asservissait la science, qui commandait des doctrines exactement comme on commande un habit ; de l’autre, l’amour des nuages philosophiques, la coutume de planer au haut du ciel, le goût des termes généraux, la perte du style précis, l’oubli de l’analyse, le discrédit de la simplicité, la haine pour l’exactitude ; d’un côté la passion de croire sans preuves ; de l’autre la faculté de croire sans preuves : ces deux penchants composent l’esprit du temps. […] On s’était trouvé panthéiste en 1828, très-mauvais chrétien98, jusqu’à considérer le christianisme comme un symbole dont la philosophie démêle le sens, bon pour le peuple, simple préparation à une doctrine plus claire et plus haute.

1199. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il n’y a pas de plus grand nom dans l’histoire de la littérature française ; il n’y a pas, pour me servir d’une expression familière à Bossuet, d’esprit dont la cime soit plus haute. […] On fait à la haute théologie le même tort qu’à la métaphysique : on la juge par sa prétention qui est de nous mener par le raisonnement à cette science de Dieu que le cœur seul nous enseigne. […] Il n’en sortait que pour aller tantôt devant un auditoire royal, tantôt dans une église, verser du haut de la chaire, dans leur abondance quelquefois négligée, les méditations de sa solitude. […] La matière en est, dans l’ordre humain, la plus haute qui se puisse traiter. […] Cette monarchie donnait à la France, au prix d’imperfections inévitables, les deux biens que notre nation prise le plus haut : la gloire au dehors et l’unité au dedans.

1200. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mortier, Alfred (1865-1937) »

Pour ma part, je ne cesserai de raffoler comme un jeune muguet de ce vieux Versailles, Ni des mots cambrés, Tircis et Watteau Sur le talon haut de tel concetto.

1201. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Parrocel »

Au milieu et plus haut, le pigeon radieux.

1202. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

L’attrait vient de plus haut : ces pardons sont restés des fêtes de l’âme. […] Elle sortit du pensionnat à seize ans (son père ayant vendu sa dernière cargaison de chair), vint habiter Paimpol avec lui, y passa quatre ans dans la haute société bourgeoise. […] Chalon (mort maintenant) : « … Il y soufflait toujours, dans ce haut Saint-Majan, un vent terrible, qui vous avait une voix et des cris à croire qu’il était vivant. Il arrivait en grondant, tout en colère, des hauteurs du Trou-la-Baume, fier avec ça et parlant haut, comme un conquérant qui somme une forteresse ; puis, houm ! […] Désormais l’étude de l’homme doit poursuivre sa recherche plus haut que l’homme, vers ces régions de l’Infini dont nous sommes des atomes passionnels….

1203. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il existe un fait cependant — et d’une souveraine importance — qui paraîtrait infirmer la thèse que nous soutenons ici, en détruisant comme arbitraire la division par trois classes formulée plus haut. […] Pourquoi donc une œuvre connue et exécutée uniquement en considération d’un groupe d’adeptes très civilisés serait-elle par ce motif moins puissante, moins haute, ou seulement moins humaine ? […] Des hommes de la plus haute valeur et de la plus incontestable compétence se sont trouvés sur leurs ouvrages en absolue contradiction. […] c’est là qu’il faut vivre ; on n’a d’air que là, et on a de l’air poétique à pleine poitrine, comme sur une haute montagne, si bien que le cœur vous en bat277. […] où est seulement la possibilité d’un de ces drames aux proportions immenses, d’une de ces épopées si hautes, qu’à travers l’éloignement des siècles et les cataclysmes des civilisations, l’humanité ne les perd pas de vue ?

1204. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Pascal rêve et tremble dans sa cellule ; Bossuet, du haut de la chaire, fait son office de prédicateur ; mais avec quel accent superbe, quel ton fier et hautain ! […] comme il sait sculpter les beaux discours, et la fine dialectique, et les hautes idées morales ! […] Quel est le lien, invisible mais réel, qui rapproche tous ces peuples par le haut et tend à les ramener tous à la civilisation française ? […] Contre cette haute doctrine, chère aux âmes mystiques, — dit M.  […] « C’est Raphaël, disait-il, qui a élevé au plus haut point de perfection cette brillante création du génie italien, l’arabesque de la ligne.

1205. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — O — Ordinaire, Dionys (1826-1896) »

Pas bien large ce coin, ni bien haut !

1206. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Louis Michel Vanloo  » p. 114

Seulement ce volume d’hermine qui bouffe tout autour du haut de la figure, la rend un peu courte, et cette espèce de vêtement lui donne moins la majesté d’un roi que la dignité d’un président au Parlement.

1207. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Boizot  »

Il est de 3 pieds de large, sur 2 pieds 6 pouces de haut.

1208. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais il faut sentir surtout que d’Aubigné a trouvé l’une des plus riches sources de lyrisme qu’il y ait, un des sentiments les plus hauts, les plus universels par son objet que l’homme puisse exprimer un de ceux aussi qui prennent l’individu tout entier, et jusqu’au fond. […] Le maître lui-même soupira ses fausses amours en pointes fades ; mais ce qu’il y a de plus significatif, c’est que toutes les hautes parties de sa doctrine furent comme stérilisées jusqu’à Boileau, et qu’il ne fit pas école. […] D’Urfé l’avait déjà senti, et je l’ai fait remarquer plus haut. […] Ainsi dans la poésie, dans l’épopée, dans le roman, dans le sérieux et dans le comique, toute la première moitié du siècle nous fait assister à une débauche d’esprit et de fantaisie, où l’invention monstrueuse, toujours plus haut ou plus bas que la nature, s’associe à une exécution la plupart du temps hâtive, inégale, et grossière jusque dans ses finesses. […] Les dames, telles que la marquise de Rambouillet, furent les institutrices de la haute société : elles firent de la galanterie et de la politesse les freins du tempérament ; elles substituèrent peu à peu des plaisirs et des goûts intellectuels aux passions et aux jouissances brutales.

1209. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il n’y a pas, dans l’histoire de l’esprit humain, un second exemple d’un homme s’élevant à ce haut état de spiritualité, dans l’ordre de la science ; et peut-être, dans l’ordre de la foi, le plus haut état de spiritualité n’est-il pas plus absolument pur de tout mélange de l’imagination et des sens. […] Toutefois l’emploi discret que fait Descartes des vérités d’expérience, pour nous rendre plus sensibles les vérités métaphysiques, et nous aider à monter le degré quand il est trop haut, répand sur ses écrits je ne sais quel agrément qui ajoutait à leur influence littéraire. […] Descartes, qui place la raison si haut par rapport aux autres facultés de l’homme, l’avait trop rabaissée par rapport à Dieu. […] Descartes remonte encore plus haut.

1210. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Dans la haute société, la mode est à Wagner ; pour les musiciens, la connaissance minutieuse de Wagner est un minimum : qui ne peut à l’occasion faire du Wagner ne sait pas son métier ; les littérateurs parlent de Wagner, le citent, s’en inquiètent ; les peintres et les sculpteurs savent qu’il existe. […] Les élèves de César Franck s’interrompent de louer Bach pour ne plus songer qu’au Parsifal ; les élèves de Saint-Saëns ne songent pas à railler des pasticheurs de Wagner ; et un ami de Benjamin Godard accepte sans trop s’irriter qu’un rédacteur de la Revue wagnérienne lui expose la haute philosophie et la religion du maître, le » néo-christianisme » … Mais voici que, dans un grand brouhaha, se complimentent, grasseyent, s’effacent, se saluent, s’emmêlent les simples amateurs, les wagnériens selon la mode : cavaliers élégants, mondaines, docteurs très répandus, belles juives, flâneurs cosmopolites. […] Cette ville de Bayreuth, où est enterré Jean-Paulbe ressemble, au premier coup d’œil, à une des petites cités industrielles qui se trouvent au nord de l’Angleterre, sur cette langue de terre qui voisine l’Ecosse et qu’on appelle le border : de hautes cheminées d’usine, de la fumée dans le ciel et de la brume, pour tout horizon des bois sombres sur des collines basses. […] à part quelques belles pages dont il serait injuste de nier la haute valeur, je n’ai rencontré que désillusion et qu’ennui ». […] Malgré leur haute valeur, le Vaisseau Fantôme, Tannhaeuser et Lohengrin ne sont que les créations admirables d’un génie ignorant encore à quel point de prodigieuse audace il lui sera, donné d’atteindre. « On m’accordera, dit-il, que j’ai fait un plus grand pas de Tannhaeuser à Tristan que pour passer de mon premier point de vue, celui de l’opéra ordinaire, à Tannhaeuser ».

1211. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

2e acte La ténébreuse introduction, avec son grondement de timbales, le motif sinistre des violoncelles, et la réapparition du thème de défense, est tragique au plus haut degré. […] Il les doit toujours regarder de très haut, et si une inquiétude passe sur son visage, c’est à la seule phrase : « Elsa, veux-tu m’interroger ?  […] A quoi bon partir en guerre maintenant que la haute valeur du maître n’est guère plus contestée que par quelques esprits rétrogrades et routiniers ? […] Camille Benoît, livre très actuel, de haute compétence et de rare talent. […] Alfred Ernst a fait allusion à des divergences d’opinion sur ces très hautes questions avec les articles que j’ai pu publier dans la Revue.

1212. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Bref, pour élever le débat, l’individu sort de la famille, et la famille génératrice sort de plus haut qu’elle, et il faut renvoyer Jean-Jacques et Proudhon au poulailler ! […] Dans un temps de curiosité personnelle, où l’on veut savoir avec passion comment tout ce qui a pour deux liards de célébrité met son bonnet de nuit et ses pantoufles, la Correspondance de Proudhon, du fameux auteur des Contradictions économiques et de la Justice dans la Révolution, doit exciter au plus haut point l’intérêt de qui tient à ces pantoufles et à ce bonnet de nuit. […] Protestant comme Rousseau, et, comme tous les révolutionnaires, mis bas par Luther, car leur extraction n’est pas plus haute : « Il ne s’agit plus — dit-il (parole protestante !) […] Il ne se serait jamais vautré dans les bras sacrilèges de la religieuse de Luther, Et toujours plus tard, plus tara encore, au xviie  siècle, par exemple, il eût été très bien l’abbé Proudhon, un théologien qui aurait passé, haut la main, de magnifiques thèses en Sorbonne, comme, au xixe  siècle, il concourait pour des prix à l’Académie des sciences morales et politiques, et il eût laissé derrière lui quelques traités de droit canon et d’érudition religieuse. […] Elle acceptait, le front bas ou le front haut, — à ses risques et périls, — sa destinée.

1213. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  L’Enfant  » p. 145

C’est qu’il faut être un grand coloriste, un grand dessinateur, un grand paysagiste, un savant et délicat imitateur de la nature ; avoir une prodigieuse variété de ressource dans l’imagination ; inventer une infinité d’accidents particuliers, de petites actions, exceller dans les détails, posséder toutes les qualités d’un grand peintre et cela dans un haut degré, pour contrebalancer la froideur, la monotonie et le dégoût de ces longues files parallèles de soldats ; de ces corps de troupes oblongs ou carrés, et la symétrie de notre tactique.

1214. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Le débordement du mépris, l’ironie implacable, la logique accablante, le cruel sourire du combattant qui marque d’avance l’endroit mortel où il va frapper son ennemi, marche sur lui et le supplicie à loisir, avec acharnement et complaisance, ce sont les sentiments qui l’ont pénétré et qui ont éclaté hors de lui, avec tant d’âpreté qu’il se barra lui-même sa carrière961, et que de tant de hautes places vers lesquelles il étendait la main, il ne lui resta qu’un poste de doyen dans la misérable Irlande. […] Il prononce sa pensée d’un ton uni, en termes exacts, précis, souvent crus, avec des comparaisons familières, abaissant tout à la portée de la main, même les choses les plus hautes, surtout les choses les plus hautes, avec un flegme brutal et toujours hautain. […] Vous démêlerez dans la religion les hautes vérités que les dogmes offusquent et les généreux instincts que la superstition recouvre. […] Ainsi parle Swift, sans développement, sans coups de logique, sans effets de style, mais avec une force et un succès extraordinaires, par des sentences dont les contemporains sentaient intérieurement la justesse et qu’ils acceptaient à l’instant même, parce qu’elles ne faisaient que leur dire nettement et tout haut ce qu’ils balbutiaient obscurément et tout bas. […] » Que valent nos hommages, puisqu’un pygmée, « plus haut que les autres de l’épaisseur de notre ongle », les frappe par cela seul d’une crainte respectueuse ?

1215. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

J’ai dit plus haut, à propos de la justice, qu’il est horrible de conserver le bourreau après avoir ôté le confesseur. […] Avant 89 la corruption avait déjà atteint toutes les sommités de la société, la cour, la noblesse, le haut clergé, la magistrature, la finance. […] De Maistre, que j’ai cité plus haut, vous l’a dit. […] Voilà l’époque, voilà où elle est tombée ; et voilà d’où elle doit sortir pour s’élever à la plus haute forme d’association et de communion qui ait encore régné parmi les hommes et mérité le nom de société. […] Ainsi un bel animal, chef-d’œuvre de la création : il marche, il s’élance, il franchit les hautes montagnes ; il respire, il sent, il a de la mémoire, il aime, il engendre.

1216. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rambert, Eugène (1830-1886) »

Il est le représentant, comme Frédéric Bataille chez nous, de ces natures naïves et fortes, nées parmi les pasteurs et les villageois, qui s’élèvent peu à peu par le travail et la méditation jusqu’aux plus hautes régions de la pensée, et à qui la poésie ouvre son domaine enchanté, trop souvent fermé aux heureux de ce monde… [La Revue bleue (17 août 1895).]

1217. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Octave Feuillet regarde d’assez haut, non sans raison, le public de M.  […] Corneille ne nous montre que des héros, c’est lui qui a la plus haute estime de l’humanité et qui lui fait le plus honneur : mais il lui fait vraiment trop honneur, il l’estime trop haut et son humanité guindée n’est pas la nôtre. […] Catulle Mendès a les dons d’un très haut Poëte : s’il n’est que le plus inouï des artistes faut-il en accuser lui-même ou son temps ? […] Un peu plus haut, M.  […] — Et qu’on le remarque encore : c’est la musique la plus haute, la plus pure, la plus lyrique, celle que nous aimons.

1218. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Anatole France n’avait pas encore pris tout son développement ni toute l’ampleur de sérénité qui ont mis si haut son génie ardent et calme. […] Dans un mode cruel de concevoir la vie, s’il n’a ni une forme encore personnelle, ni le haut sang-froid de M.  […] Ils apportent en tout acte une foi sérieuse et haute, et l’amour leur semble, quand ils se rejoignent hors la légalité quotidienne, les divines épousailles. […] Dans les hautes conceptions de ses personnages féminins, d’une si stricte élégance et de sobre éloquence, on entrevoit des souvenirs de Ligeia. […] Condamner la Chanson de la Plus Haute Tour eût été d’un auto-criticisme un peu trop sévère.

1219. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Esquiros, Alphonse (1812-1876) »

Esquiros tend à inspirer par ses vers l’amour et la fréquentation des beautés naturelles du monde, telles que les varie le cours harmonieux des saisons ; c’est là une prédication aussi haute que morale… On doit à M. 

1220. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Harel, Paul (1854-1927) »

La muse du poète n’a pas fixé son séjour dans le seul pays des rêveries ; bien qu’elle nous en rapporte de hautes inspirations, elle se plaît surtout aux choses, aux belles choses de la nature et ne dédaigne pas l’humour.

1221. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Que ceux qui depuis ont voulu faire un Ducis tout royaliste, et qui ont très probablement étriqué ou écourté sa correspondance dans ce sens-là, s’en accommodent comme ils le pourront ; il écrivait à son ami Hérault de Séchelles, commissaire de la Convention dans le département du Mont-Blanc, à la date du 15 mars 1793 : « … Que les Alpes ont du plaire à ton âme républicaine et haute comme elles ! […] Je commence par vous plaindre, par mêler ma douleur avec la vôtre sur la haute perte que vous venez de faire. […] Si j’étais chargé de grandes et hautes fonctions, je ne dormirais pas. […] Elles produisent sur moi l’effet de cet idiome grec, dont les sons charmaient le malheureux Philoctète dans son désert. » Son âme, son imagination étaient montées dans le tous-les-jours à un très haut ton ; ses lettres, sa conversation étaient d’un pittoresque inépuisable : il y versait son âme en images continuelles ; il poétisait tout à coup : « L’air de ce globe n’est pas bon ; ce soleil-ci n’est pas le véritable, je m’attends à mieux. » Quelquefois un peu de singularité, un geste grandiose qui faisait sourire, quand lui-même il était en robe de chambre et en bonnet de coton : « J’habite dans la lune, je crache sur la terre. » « Je rêve en ermite et en pauvre ermite, mes pieds appuyés sur mes vieux chenets du temps du roi Dagobert et du bon évêque saint Éloi. » Puis à côté de ces airs antiques, le plus souvent des nuances toutes fraîches et charmantes.

1222. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Voilà des gens qui, comme nous, parlent le français de naissance et d’enfance, qui ne sont pourtant pas le moins du monde obligés d’être Français de sentiments, puisqu’ils appartiennent à une autre nation ; ils ne nous ont vus que de loin ou en passant ; depuis les guerres de la Révolution et par nos annexions ou conquêtes, nous les dérangeons dans leur vie, nous les blessons dans leur nationalité, dans leurs convictions ou leurs habitudes les plus chères ; nous troublons tout chez eux ou autour d’eux ; s’ils sont liés intimement avec des Français, c’est avec des personnes de la haute société et de l’aristocratie, qui demeurent hostiles aux principes du nouveau régime et qui sont peu sensibles à ses gloires. […] Les assassinats, par exemple (ce qui est bien quelque chose dans le cours ordinaire de la vie), avaient non-seulement diminué, mais presque entièrement cessé dans la haute Italie sous le régime français ; ils avaient repris dès le lendemain avec autant de fréquence que jamais, grâce au droit d’asile dans les églises et à la facilité de s’enfuir sur le territoire des petits États circonvoisins. […] Mme Des Houlières remontait plus haut et regrettait le bel âge des Bassompierre. […] « Quant à l’homme qui tombe aujourd’hui, écrivait-il en mars 1814, j’ai publié quatorze volumes sous son règne, presque tous avec le but de combattre son système et sa politique, et sans avoir à me reprocher ni une flatterie ni même un mot de louange, bien que conforme à la vérité ; mais au moment d’une chute si effrayante, d’un malheur sans exemple dans l’univers, je ne puis plus être frappé que de ses grandes qualités. » Et dans une page mémorable où l’éloquence de l’âme se fait sentir, il balance ces hautes qualités et les énumère.

1223. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Il y a été prononcé, en sens contraire, des discours pleins d’une haute raison ou d’un ardent patriotisme. Un honorable amiral, notamment, a obtenu dans cette Assemblée un succès tel, je le crois, qu’il n’y en a jamais eu de semblable dans une haute Assemblée, siégeant au Luxembourg, depuis l’ancienne Chambre des pairs. […] Quand on aura retiré à une nation spirituelle la permission de rire tout haut et de se moquer publiquement, l’honnêteté y gagnera peut-être, mais la sottise aussi, bien certainement. […] Je sais des familles, et des plus hautes, des plus réputées libérales, qui sont ainsi.

1224. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

LXIII Mais tout homme dans les arts prétend toujours monter un peu plus haut que son talent. […] On pourrait appliquer la poésie chrétienne aux plus sublimes définitions de Dieu, aux plus hautes vérités morales dont le christianisme est la sanction et la source, parce que tout le monde y croit ; mais on ne pouvait avec bonne foi raconter sur l’enfer ou sur le paradis les histoires imaginaires de Dante ou du Tasse que tout homme doué de quelque imagination pouvait inventer comme eux. […] Mais il n’éleva pas sa pensée si haut et il ne lui imprima pas un vol si saint ; il n’aspira pas à révéler à l’univers une masse de réalités nouvelles et à ramener à Dieu un chaos d’esprits égarés, pour commenter et adorer son nom. […] « Un autre phénomène, dit-il, me confirma dans cette haute idée.

1225. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Déjà, de quels bonds que parte sa pensée, elle ressent la colossale approche d’une Initiation, qui surgit plus haute, signifiant par des voix d’adeptes : Ton souhait d’auparavant, de bientôt, ici, là, vois, chétive, s’il n’est pas exécuté. […] Au moins, voulant ma part du délice, me permettras-tu de goûter, dans ton Temple, à mi-côte de la montagne sainte, dont le lever de vérités le plus compréhensif encore trompette la coupole et invite à perte de vue du parvis les gazons que le pas de tes élus foule, un repos : c’est comme l’isolement, pour l’esprit, de notre incohérence qui le pourchasse, autant qu’un abri contre la trop lucide hantise de cette cime menaçante d’absolu, devinée dans le départ de nuées là haut, fulgurante, nue, seule : au-delà et que personne ne semble devoir atteindre. […] Et, pendant ces trente heures, nous possède la cause précise du voyage ; la pensée des Représentations, pour lesquelles nous admettons ce dur effort, accapare, forcément, notre esprit ; l’importance du but croît, selon l’importance de l’effort : cette chose connue, la Fête Bayreuthienne se fait, en ces longues heures de voyage, mystérieusement obsédante : la jouissance difficilement acquise sera, certes, puissante ; l’extraordinaireté du pèlerinage prépare l’émotion d’une non commune révélation, d’une haute cérémonie, de quelque chose grande. […]   — « Que de fortes bûches soient empilées, là, au bord du Rhin, en amas : haut et clair, flambe le brasier, par qui le noble corps du plus auguste Héros soit consumé !

1226. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

En descendant au plus bas degré de l’échelle animale, nous ne trouvons aucune trace du système nerveux ; en remontant nous trouvons un simple ganglion avec ses prolongements ; plus haut quelques ganglions et des sens rudimentaires ; plus haut des organes, des sens plus complexes et un cerveau rudimentaire ; chez l’homme enfin des organes complexes et un cerveau complexe. […] Bacon210 a été surtout un initiateur, il a eu le mérite de crier bien haut, d’être le héraut d’une ère nouvelle, de donner à la recherche scientifique la dignité et l’espoir d’un brillant avenir. […] Quoique, depuis Hartley, les progrès de la science aient donné un haut degré de probabilité à la doctrine générale des vibrations ; cependant, même maintenant, notre connaissance des sensations est beaucoup plus certaine que celle des vibrations impliquées.

1227. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Quand ces deux nobles intelligences s’unirent d’une amitié si étroite, elles se firent de mutuels emprunts ; Schiller se façonna davantage à l’étude du monde réel, Goethe s’éleva plus haut dans les sphères de la vie morale. […] L’école qui a honoré le début de notre siècle avait eu les plus hautes ambitions littéraires, et l’épopée historique n’avait pas effrayé son ardeur. […] Ce bizarre et laborieux problème ne suffisait pas encore à ses desseins ; pour mieux prouver sa force, il choisit le sujet le plus ardu, et, se rappelant sans doute que l’auteur des Martyrs avait devancé dans son œuvre quelques-unes des conquêtes où s’est signalée la rénovation de l’histoire au xixe  siècle, il se dit qu’il devancerait aussi les conquêtes de l’archéologie la plus récente, les recherches encore inachevées de la haute érudition sémitique, … opera interrupta, minaeque murorum ingentes . […] Naravase s’était présenté au camp d’Hamilcar avec une centaine de cavaliers ; comme les sentinelles, redoutant quelque ruse, hésitaient à les conduire auprès du chef, le Numide s’élança de son cheval, déposa ses armes, et seul, sans crainte, la tête haute, alla trouver le héros de Carthage au milieu de son armée.

1228. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Par ces combinaisons, il reproduit sans doute bien souvent les types mêmes de la nature ; d’autres fois, il manque son œuvre et aboutit à des êtres monstrueux, non viables dans l’ordre de la nature ; mais d’autres fois aussi, — et c’est là l’un des espoirs les plus hauts, l’une des marques du vrai génie, — il peut aboutir à créer des types parfaitement viables, parfaitement capables d’exister, d’agir, de faire souche dans la nature, et qui cependant n’ont jamais existé en fait, n’existeront peut-être, jamais. […] On peut définir la poésie la fantaisie la plus haute dans les limites non du bon sens terre à terre, mais du sens droit et de l’analogie universelle. […] Ce qui constitue le fond même du génie créateur, cette faculté de sortir de soi, de se dédoubler, de se dépersonnaliser, manifestation la plus haute de la sociabilité, est aussi ce qui fait le danger du génie. […] Dans l’histoire, de tous les documents, le plus significatif est le livre ; d’autre part, de tous les livres, c’est le plus significatif qui a la plus haute valeur, littéraire.

1229. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Byron plaçait Pope plus haut que Shakespeare. […] Après avoir expliqué l’influence de la race et de la patrie sur le génie de Virgile, il nous a fait voir la même influence sur sa gloire, sur cette spontanéité d’applaudissement qui porta si haut et si vite le nom de ce poétique Phidias qui avait, pour sculpter sa statue, pris son marbre dans l’orgueil national et la mémoire de tous. […] Comment voulez-vous que ce regardeur de près les englobe d’un regard et les voie de haut ? […] Or, la Critique est placée plus haut… Elle n’est pas qu’une sensation, elle est une idée… Dormez-moi donc sur quoi que ce soit les idées générales de Sainte-Beuve ?

1230. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Les « naturistes » placent Zola plus haut que ne l’osèrent jamais ses disciples les plus directs : et les plus enthousiastes, écoutez l’un d’eux, M.  […] Ce simple hommage de la vérité, à un labeur considérable, à une œuvre de haute importance n’a jamais été offert, et il serait temps de le tenter. […] Les quelques lignes citées plus haut nous permettent de l’entrevoir. […] Quand bien même vos plus fortes œuvres, l’Assommoir, Germinal, la Terre, ne parleraient pas assez haut pour votre gloire (ce que je crois inadmissible), votre nom restera toujours synonyme d’une formidable prise de corps avec la réalité, d’une énorme poussée vitale.

1231. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 111-112

Il est difficile de concilier avec un acharnement aussi peu mesuré, la haute idée qu’on veut nous donner des vertus sociales de ce Dissertateur.

1232. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Ainsi, dans l’Hymne oriental : Les tout petits enfants écrasés sous les dalles ; dans l’ode à M. de Chateaubriand : Toi qu’on voit à chaque disgrâce Tomber plus haut encor que tu n’étais monté. […] C’est qu’il a senti combien devant l’impuissance humaine, il valait mieux encore se résigner que se débattre : là où il a désespéré d’être excellent, il a mieux aimé rester un peu faible, en voilant sa faiblesse d’une molle et noble douceur, que de s’épuiser en vains efforts pour retomber de plus haut.

1233. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Diderot s’élevait à de hautes théories, et atteignait plus d’une fois dans ses méditations au principe éternel de l’art ; mais il échouait trop souvent dans l’exécution. […] Mais ce qu’il serait injuste de contester, c’est le développement mémorable de l’art durant ces dernières années, son affranchissement de tout servage, sa royauté intérieure bien établie et reconnue, ses conquêtes heureuses sur plusieurs points non jusque-là touchés de la réalité et de la vie, son interprétation intime de la nature, et son vol d’aigle au-dessus des plus hautes sommités de l’histoire.

1234. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Ces délicats sont excusables d’être rebutés par les deux mille morceaux de peinture tombant à date fixe sur chaque salon, où les œuvres qu’ils préféreraient les attristent quand ils les découvrent dans leur lamentable entourage, à moins qu’ils ne parviennent pas à les découvrir parce qu’on les a juchées trop haut, ou, plus simplement, parce qu’on les a refusées. […] En vérité pour nous ils sont classés, et classés haut, entre les définitifs.

1235. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Impossibilité de la haute science dans un système de révélation ; car la science n’a de valeur qu’en tant que cherchant ce que donne la révélation. […] Influence des résultats de la haute science sur la littérature productive.

1236. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Par sa pauvreté humblement supportée, par la douceur de son caractère, par l’opposition qu’il faisait aux hypocrites et aux prêtres, Hillel fut le vrai maître de Jésus 136, s’il est permis de parler de maître, quand il s’agit d’une si haute originalité. […] Jésus fut pénétré de bonne heure de ces hautes espérances.

1237. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

L’auteur annonce, au début, qui y reprend ce qui a déjà été dit entre eux, pour en faire un tout avec ce qu’il va ajouter, « La gloire et les triomphes de Rome, lui dit, l’auteur, ne suffisent pas à votre curiosité ; elle me demande quelque chose de plus particulier et de moins connu ; après voir vu les Romains en cérémonie, vous les voudriez voir en conversation et dans la vie commune… Je croyais, en être quitte pour vous avoir choisi des livres et marqué les endroits qui pouvaient satisfaire votre curiosité ; mais vous prétendez que j’ajoute aux livres… La volupté qui monte plus haut que les sens, cette volupté toute chaste et tout innocente, qui agit sur l’âme sans l’altérer, et la remue ou avec tant de douceur qu’elle ne la fait point sortir de sa place, ou avec tant d’adresse qu’elle la met en une meilleure, cette volupté, madame, n’a pas été une passion indigne de vos Romains. […] « Vous avez dans l’âme, madame, tous les principes de la haute et ancienne générosité.

1238. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Nous avons vu depuis 1645 jusqu’en 1660, quelles maisons s’ouvriront à la haute société, quand la maison de Rambouillet commença à se désunir. […] Née vers 1641, nièce de la femme du chancelier Le Tellier, cousine germaine du ministre Louvois, mariée fort jeune à un homme de robe devenu célèbre par des bons mots et des chansons, riche, spirituelle et gracieuse au plus haut degré, alliée et amie de madame de Sévigné, qui était son aînée de quatorze ans, amie de madame Scarron, elle réunit chez elle l’élite du monde poli, durant l’intervalle de 1660 à 1770.

1239. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Son livre de Royalistes et Républicains 46, qui n’est qu’un livre de circonstance, aurait pu cependant s’élever plus haut que la circonstance qui l’a inspiré. […] Pour nous, c’est plus piquant comme cela… Et, de plus, la question est plus haute que de telles misères… Oui !

1240. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

L’auteur, en dehors de son livre, m’est inconnu, mais je ne serais pas surpris qu’il fût attaché comme « rédacteur » au ministère des affaires étrangères ; et, s’il n’y est pas, on peut l’y mettre, car il a la convenance, la correction, la haute prudence, le culte du carton, la cravate blanche, tirée à quatre épingles, qu’on a dans ces pays ministériels, quand on y écrit quelque chose. […] Il naquit à la hauteur sociale où il fallait naître pour monter plus haut, dans un siècle où la naissance était une force ajoutée à celle que, par soi, on avait.

1241. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Du haut de sa parémiographie, — et c’est très haut pour moi, — il prononce ce mot de « sagesse des nations », qu’il applique, avec toutes ses conséquences, à ses proverbes.

1242. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

En cela il doit ressembler au poète dramatique, dont la plus haute faculté est l’impersonnalité, qui prend tour à tour l’âme de chaque personnage pour lui faire jeter son cri le plus pathétique et le plus vrai. […] Moi aussi, je pense comme Daly que l’art est un symbole, — l’expression symbolique des hautes convenances d’ordre et de vérité souveraine, la prescience universelle des choses qu’il faut nommer et connaître, l’inventaire innocent du bien et du mal, de ce qu’il faut imiter et de ce qu’il faut écarter.

1243. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

. — Si jamais je veux tracer celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas… » Ailleurs, à propos de cette détestable et ridicule déclamation, fausse comme les larmes d’un catafalque, sur la mort d’Hippolyte de Seytres, tué dans la campagne de Bohême, il avait déjà comparé Vauvenargues à… Bossuet ! […] La gloire des lettres, presque toujours si vaine quand elle n’est pas du plus haut parage, l’attirait avec empire, et c’était peut-être par là qu’il avait pris Voltaire, Voltaire charmé de voir un gentilhomme venir aux lettres et se détourner de ce métier des armes, exécré par les philosophes, qui prétendent que la guerre est une barbarie, et qui croient dire, en disant cela, une chose profonde.

1244. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

Il y est, mais en haut comme en bas, et peut-être plus en haut qu’en bas, PARCE QUE C’EST EN HAUT… Et il s’y remue, il s’y rassied, il s’y soulève, il s’y délaisse, il s’y reprend, mais c’est inutile ! […] Pas plus haut que cela.

1245. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Nous avons noté plus haut l’erreur de l’Imagination populaire, dupe, par sympathie pour des douleurs qu’il serait plus brave de mépriser, et cette erreur, nous l’avons excusée en la comprenant. […] Malgré des malheurs très réels, je ne sache rien de moins touchant que ces deux êtres, et malgré les efforts qu’ils font pour introduire dans l’amour la haute philosophie et la littérature, je ne sache rien de plus ennuyeux et de plus pédant que leur langage.

1246. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Mais son orageuse amitié pour la duchesse de Choiseul, pour Mademoiselle de Lespinasse, avec laquelle elle rompit de toute la force de son attache, mais sa romanesque passion pour Walpole, qui la prit vieille et fut un incendie dans ses cheveux blancs, disent assez haut que la faculté de s’émouvoir jusqu’à la folie ne manqua point à cette ennuyée, à qui des sentiments pareils ne suffisaient pas ! […] Car elle fut de son temps et ne fut pas plus que de son temps, ainsi que l’attestent les lettres, et c’est la différence qu’il y a entre elle et Madame Du Deffand, qui fut aussi du xviiie  siècle, et même qui en fut l’expression la plus concentrée et la plus complète, mais qui, du moins, eut la tête et le cœur plus haut que ce temps.

1247. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Valentin Parisot est un homme d’une haute valeur scientifique, avec lequel on est obligé de compter. […] » Cependant, tel que le voilà traduit, ce livre bizarre, c’est un événement, et non pas seulement pour l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; car il atteste, ce que l’on commençait bien d’entrevoir, il est vrai, et ce qu’il faudra bien finir par proclamer tout haut, que les païens de toute espèce, battus par les doctrines chrétiennes, qui voulaient faire sortir de l’Inde une poésie et une philosophie pour les opposer à tout ce que le Christianisme a créé dans l’ordre du beau et du vrai parmi nous, n’ont trouvé, en somme, ni l’une ni l’autre.

1248. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Si jamais je veux tracer celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas… » Ailleurs, à propos de cette détestable et ridicule déclamation, fausse comme les larmes d’un catafalque, sur la mort d’Hippolyte de Seytres, tué dans la campagne de Bohême, il avait déjà comparé Vauvenargues à… Bossuet ! […] La gloire des lettres, presque toujours si vaine quand elle n’est pas du plus haut parage, l’attirait avec empire, et c’était peut-être par là qu’il avait pris Voltaire, Voltaire charmé de voir un gentilhomme venir aux lettres et se détourner de ce métier des armes, exécré par les philosophes qui prétendent que la guerre est une barbarie, et qui croient dire, en disant cela, une chose profonde.

1249. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Nous avons noté plus haut l’erreur de l’Imagination populaire, dupe, par sympathie pour des douleurs qu’il serait plus brave de mépriser, et cette erreur, nous l’avons excusée en la comprenant. […] Malgré des malheurs très réels, je ne sache rien de moins touchant que ces deux êtres, et malgré les efforts qu’ils font pour introduire dans l’amour la haute philosophie et la littérature, je ne sache rien de plus ennuyeux et de plus pédant que leur langage.

1250. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

D’un autre côté, comme limitation place la vertu très haut, le monde y applaudit, pour se dispenser d’y atteindre. C’est si haut, que c’est impossible, et l’on se rassied dans la vie commode, en jetant à l’idéal intangible le regard le plus tranquillement résigné… à la perte de cet idéal.

1251. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

I Si on classait les livres par le bruit qu’ils ont fait, il en est deux qui seraient placés aussi haut dans l’admiration publique qu’ils méritent, selon moi, d’y être bas… C’est la Nana de M.  […] Quel homme, en effet, est placé plus haut par l’opinion que ne l’est aujourd’hui M. 

1252. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Voici un livre plus haut que toutes les littératures ! […] Mais, sur ce point, comme nous l’avons dit plus haut, l’abbé Falcimagne, son traducteur, lui est venu en aide avec une grande sûreté de connaissances et un rare bonheur d’exposition.

1253. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Les mœurs adoucies, restées longtemps féroces et insolentes (voir l’histoire de Vardes et de Bussy, pages 61 et 69), l’état moral, la corruption de la justice et celle des femmes, — qui n’ont rien d’ailleurs de commun avec la justice, — la désorganisation du clergé, telle que la plupart des prêtres ne savaient plus la formule de l’absolution et que saint Vincent de Paul raconte que, seulement à Saint-Germain, il a vu huit prêtres dire la messe de huit façons différentes, tous ces honteux et dégradants côtés du xviie  siècle sont arrachés ici aux solennelles draperies dont Bossuet, Voltaire et Cousin ont couvert successivement une époque qui n’a eu — ainsi que je l’ai dit plus haut — toute sa force et toute sa beauté que sous la toute-puissante compression de la main de Louis XIV, — de ce Louis XIV qui pouvait également dire : « L’État, c’est moi ! […] Cette réaction contre les mœurs du temps, comme dit Alceste, selon du Boulan, ne vient pas de si haut.

1254. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

On a trouvé bon le vénéneux nectar, et l’on en a pris à si haute dose, que la nature humaine en craque et qu’un jour elle s’en dissout tout à fait. […] Elle n’a pas le merveilleux épique qui enlève si haut l’imagination et calme ses terreurs dans la sérénité dont les génies, tout à fait exceptionnels, savent revêtir leurs œuvres les plus passionnées.

1255. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Il avait vécu de la grande existence de la haute société de son temps, et il s’en était blasé vite, comme les grandes imaginations qui dominent tout et qui finissent par être de grandes dégoûtées. […] C’est une forêt coupée de fleuves : Forêt, haute maison des oiseaux bocagers !

1256. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Eugène Sue, qui fut de cette école qu’on pourrait appeler les Pondeurs du xixe  siècle et dont les livres, il faut bien le dire, ne sont pas uniquement l’impulsion désintéressée de leur génie, doit donc, pour être compté en littérature, se réclamer de facultés plus hautes que celles qu’il partage avec les plus minces esprits de ce temps. […] Il donnait à boire à ses gens pour qu’ils fissent tapage et porter haut son nom, et il leur versait le vin qu’eux-mêmes avaient tiré.

1257. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

La plus haute société n’a point dédaigné de lire ce livre bas… On a respiré avec avidité cette petite infection comme une cassolette, et on a trouvé que cela sentait presque bon… Ah ! […] En fait de femmes de chambre qui pussent écrire des Mémoires, il n’y avait autrefois que des caméristes de haut parage, des femmes de chambre de maisons royales et des suivantes de princesses.

1258. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVII » pp. 218-219

Mais on aurait pu répondre sans déclamation que cet article était une précaution de haute prudence, qu’il faut tenir compte dans un pays des antécédents historiques, que les Jésuites d’aujourd’hui payent et payeront longtemps encore pour ceux d’autrefois, que la religion tout entière et son libre et paisible exercice pourraient être compromis, troublés, si on ne prenait cette mesure, et qu’enfin il est à désirer que vienne un temps où tout vestige de cette interrogation de conscience puisse disparaître : mais on ne pourrait supprimer à présent la garantie sans de graves inconvénients pour la chose sacrée qui doit être le plus chère à M. de Montalembert, et sans compromettre le gouvernement lui-même.

1259. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jhouney, Alber (1860-1926) »

C’est un nuptique, certes, et c’est même l’adepte des très hautes sciences qu’une triste mode est de railler sans les connaître.

1260. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 307

Millet a pris les choses d’aussi haut qu’il a pu : il remonte à la naissance de la Poésie Grecque, & nous donne une idée des talens de douze Poëtes qui ont précédé Homere.

1261. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Le Bel  » p. 146

Le Bel Il est de 4 pieds, 4 pouces de large ; sur 3 pieds, 6 pouces de haut.

1262. (1885) L’Art romantique

La douleur et la pompe, qui éclatent si haut dans la religion, font toujours écho dans son esprit. […] Du haut de la rampe, à un étage supérieur, plusieurs personnages contemplent avec horreur et ravissement le travail des divins bourreaux. […] Les enfants témoignent par leurs jeux de leur grande faculté d’abstraction et de leur haute puissance imaginative. […] L’idée pure, incarnée dans l’unique Vénus, parle bien plus haut et avec bien plus d’éloquence. […] Il s’était évidemment assigné un but qu’il croit d’une nature beaucoup plus noble et plus haute.

1263. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Je pratique plus volontiers Racine, parce que je vois plus d’hommes que de héros ; mais quand j’assiste à une pièce de Corneille, j’oublie Racine lui-même ; et, si j’ai quelque idée de comparaison, c’est l’idée qu’il n’a été donné à aucun homme de s’élever plus haut. […] La vérité, dans la tragédie cornélienne, est plus haute ; elle est plus générale dans Racine, par la raison qu’il y a plus d’hommes que de héros. […] Nous admirons Corneille d’avoir une si haute idée de nous ; Racine, de nous connaître si bien. […] Il faut donc que le personnage sacrifie tout à l’objet aimé ; ou s’il a le cœur assez haut pour lui préférer le devoir, il faut que ce sacrifice lui coûte la vie. […] L’art, qui est sorti de l’homme, aurait-il la prétention d’être plus haut que son origine ?

1264. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

En outre, un style qui, au lieu d’être simplement clair et impersonnel comme serait bien un filet d’eau, reflète une physionomie, nous fait comprendre et finalement partager (en une certaine mesure tout au moins) la façon de voir et d’interpréter les choses propre à un auteur ; un tel style nous rapproche de l’auteur par cela même, nous amène à vivre de sa vie pendant quelques instants, et de la remplit sorte, au plus haut point, le rôle social attribué au langage. […] Monts sacrés, hauts comme l’exemple ! […] Dans la dernière strophe, les vers ont le vol léger de la fée ; tous les mots sont ailés, habile, agile courtière ; et le triomphe aérien auquel aboutit cette strophe nous laisse en présence d’une vision lumineuse au plus haut des espaces : Qui mènes le char des vers      Dans les airs, Par deux sillons de lumière ! […] Flaubert (Salammbô) : Une curiosité indomptable l’entraina : et comme un enfant qui porte la main sur un fruit inconnu, tout en tremblant, du bout de son doigt, il la toucha légèrement sur le haut de la poitrine. […] Sur les montagnes, de grandes fleurs pleines de parfums qui fument, se balancent comme d’éternels encensoirs ; dans les citronniers plus hauts que des cèdres, des serpents couleur de lait font avec les diamants de leur gueule tomber les fruits sur le gazon ; 3.

1265. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — I » pp. 12-13

Ce même Janin, qui a loué par nécessité dans les Débats, disait tout haut en plein foyer à qui voulait l’entendre : « Si j’étais ministre de l’intérieur, je donnerais la croix d’honneur à celui qui sifflerait le premier ».

1266. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lantoine, Albert (1869-1949) »

C’est un poème en prose, plein de vie et haut en couleur : « Et un grand souffle d’amour passa sur Israël.

1267. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Cardonnel, Louis (1862-1936) »

Les poètes, ses pairs, le tiennent en haute estime ; les cérébraux, ses frères, le disent un Esprit.

1268. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Veyrat, Jean-Pierre (1810-1844) »

de David et des Psaumes, la haute source première, et il les paraphrase plus ou moins en adaptant le chant à sa voix : ainsi fait Racine, ainsi fait Le Franc, ainsi fait Lamartine, ainsi fait Veyrat.

1269. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1822 »

Il y a deux intentions dans la publication de ce livre, l’intention littéraire et l’intention politique ; mais, dans la pensée de l’auteur, la dernière est la conséquence de la première, car l’histoire des hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées monarchiques et des croyances religieuses.

1270. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Quand, des enfants parlant d’un gros chien, l’un dit : « Il est haut comme une maison », et que le plus imaginatif ajoute : « Il est haut comme la lune », ils sont très contents d’eux, et trouvent ces façons de s’exprimer infiniment plaisantes. […] Elle eut, dit-on, au plus haut point la grâce et l’esprit ; elle eut le génie de la chanson. […] Puis Mirelet fils apparaît en habit de gala, au haut du rocher, entre deux jeunes comédiennes qui balancent des encensoirs. […] Cependant Livie a pu échapper aux gardes et se jeter dans la mer du haut de la terrasse. […] Ils la tiennent maintenant en haute estime et n’ont plus d’espoir qu’en elle.

1271. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guigou, Paul (1865-1896) »

On y admirera de hautes et mélancoliques pensées, de douces effusions du cœur, un noble et pur souci de l’art et, parfois, une ironie pleine de grâce et de légèreté.

1272. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pomairols, Charles de (1843-1916) »

Elle est un fidèle miroir de l’état intellectuel et moral d’un homme de haute et délicate culture à notre époque en France.

1273. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raynaud, Ernest (1864-1936) »

Peu d’œuvres possèdent à un plus haut degré une telle richesse de coloris, une plus fine pureté de lignes, une plus délicate originalité dans les idées.

1274. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rictus, Jehan (1867-1933) »

Cette œuvre, très haute, dont je n’ai cité qu’un fragment (car on trouvera dans le livre bien d’autres chapitres semblables), ne peut se comparer, comme quelques critiques l’ont maladroitement fait, aux chansons de Richepin ou de Bruant ; elle est, en sa langue pittoresque, un réquisitoire heureux contre l’iniquité des Forts et des Puissants, une leçon à l’usage d’une société soi-disant chrétienne, dont la conscience semble dormir en toute sécurité au milieu d’un bourbier… [La Province nouvelle (juillet 1897).]

1275. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 282-283

Mais quand on saura que les talens agréables n’ont été, dans cet illustre Auteur, que le germe & le prélude des plus hautes qualités ; quand les siecles futurs seront dans le cas d’admirer, comme notre siecle, un génie formé pour les plus grandes affaires, une ame nourrie des plus beaux sentimens, un cœur, le siége des plus rares vertus ; quand la postérité de toute l’Europe enfin reconnoîtra dans lui le vrai grand homme consacré par le suffrage de toutes les Nations ; alors les couronnes dues à ses talens littéraires ne seront que de foibles guirlandes de fleurs que les Muses auront déposées aux pieds de sa Statue ; & celles qui sont dues à ses succès dans les négociations les plus importantes, à l’administration la plus éclairée & la plus sage dans les fonctions de l’Episcopat, aux monumens multipliés de son zele & de sa générosité, iront d’elles-mêmes se reposer sur sa tête.

1276. (1902) Propos littéraires. Première série

Anatole France est une très haute place dans la littérature française. […] Simon sur Lavigerie, sur Guillaume II et sur Renan sont de haut intérêt. […] Et voici que le propriétaire du parc fait bâtir une maison, une haute maison. […] C’est dommage ; mais cela n’efface pas les très hautes qualités de cette œuvre distinguée. […] Je sais tel homme de mon temps qui est arrivé très haut, qui est très envié, qui est tout à fait parmi les hommes de plus haute sélection, et qui n’a pas eu une minute d’ambition dans toute sa vie.

1277. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Les décrets de l’Empereur par lesquels il lui conférait ces hautes missions sont conçus en des termes qui sont de beaux titres de noblesse : « Prenant entière confiance dans le zèle et la fidélité à notre service du sieur Daru, membre de notre Conseil d’État…, lui donnons plein et absolu pouvoir… ; promettant d’approuver tous les actes qu’il aura passés…, de regarder comme valides et irrévocables toutes les opérations qu’il aura terminées, etc. » (Décret d’Erfurt du 11 octobre 1808, et aussi celui de Dresde du 22 juillet 1807.) […] Et pour terminer ce petit épisode de Picard que j’ai introduit ici avec plaisir : on le voit donc, l’effort qu’au milieu de sa carrière tenta ce spirituel auteur pour atteindre à la haute comédie, fut manqué ; il livra sa grande bataille en cinq actes et en vers, comme je l’ai appelée, et il la perdit. […] … De tout cet effort pourtant et de ces regrets où nous voilà initiés, il devra rester dans l’esprit de chacun une idée de Picard, non moins agréable qu’auparavant, mais plus sérieuse et plus haute.

1278. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Appliquant cette idée aux dernières époques historiques, il montre que le xvie  siècle, par exemple, fut un siècle de troubles et de divisions, d’abaissement de l’autorité royale et de rébellions à main armée, tellement que ces guerres et rivalités de princes et de grands seigneurs sous forme de religion étaient devenues le régime presque habituel : Comme il y avait beaucoup de chemins différents pour la fortune, et des moyens de se faire valoir, l’esprit et la hardiesse personnelle furent d’un grand usage, et il fut permis d’avoir le cœur haut et de le sentir. […] En politique, il le voit toujours gouverné en craignant de l’être, seulement l’étant par plusieurs au lieu de l’être par un seul ; s’entêtant ou se désabusant de certains hommes sans beaucoup de sujet ; et il lui conteste cette haute appréciation, cette justesse et ce coup d’œil de roi qu’on accorde assez généralement aujourd’hui au noble monarque. […] » Demandez plutôt à La Fare mourant si cette paresse à laquelle il se fiait ne l’a pas trompé ; lui qui se plaignait de l’esprit de servitude de son temps, et qui regrettait le xvie  siècle parce qu’on y portait le cœur fier et haut, demandez-lui si c’est là qu’il en voulait venir ?

1279. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

L’agriculture, les arts sont poussés à leur plus haut point de perfection ; le luxe, les commodités et toutes les recherches qui contribuent à l’agrément de la vie sont des moyens sûrs et faciles de s’enrichir pour les uns, tandis que les autres en jouissent ; la nation est heureuse, et l’État florissant. […] Quand toute une haute société s’amuse de la sorte, il est juste, tôt ou tard, que revanche et pâtiment s’ensuivent. […] Il eut pour défenseur Desèze, qui préludait par là à de plus hautes défenses.

1280. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Il coupe par la Bavière, visite Friessen, Lanspergs, Augsbourg où ils sont traités par le corps de ville non-seulement en gentilshommes, mais en personnages de haute condition, ni plus ni moins que barons ou chevaliers. […] Tout se voit rempli de clochers et de villages bien haut dans la montagne ; et près de la ville, plusieurs belles maisons très plaisamment bâties et assises. — M. de Montaigne disait : « Qu’il s’était toute sa vie méfié du jugement d’autrui sur le discours des commodités des pays étrangers, chacun ne sachant goûter que selon l’ordonnance de sa coutume et de l’usage de son village, et avoir fait fort peu d’état des avertissements que les voyageurs lui donnaient : mais en ce lieu, il s’émerveillait encore plus de leur bêtise, ayant, et notamment en ce voyagé, ouï dire que l’entre-deux des Alpes en cet endroit était plein de difficultés, les mœurs des hommes étranges, chemins inaccessibles, logis sauvages, l’air insupportable. […] quelle haute idée !

1281. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Et cette pensée affichée de conquête et d’entreprise ne s’appliquait pas seulement aux Indes ; il avait certainement visé alors, du côté de l’Europe, plus haut et plus loin en tous sens qu’il ne pouvait atteindre et étreindre ; il avait eu ses fumées d’orgueil, ses rêves de toute-puissance. […] Mignet a mis dans tout son jour ce singulier personnage combiné, vrai Janus, cette bizarre et haute figure de cloître à la fois et d’histoire. […] Il dissimula même très bien aux yeux de tous sa reprise ou son redoublement d’action consultative dans les négociations du dehors ; surtout il ne voulut jamais paraître se mêler en rien des affaires de l’intérieur du royaume ; et le solitaire, quoique très visité des reines, ses sœurs, et des plus hauts personnages, le demi-saint, comme rappelle Brantôme, conserva jusqu’au bout son air de réserve et son attitude d’auguste reclus.

1282. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Ce ne fut guère qu’après 1830 que la critique d’art acquit, avec un développement croissant, un plus haut degré de précision et de compétence en chaque branche spéciale. […] Hook. — Plus d’une fois elle a passé devant les yeux de notre âme, cette barque qui porte un négrillon à la poupe et de beaux jeunes gens vêtus des sveltes costumes dont Yittore Carpaccio habille ses Magnifiques ; plus d’une fois aussi nous avons vu en songe se pencher du haut des terrasses blanches ces belles filles aux tresses d’or crespelées, aux robes de brocart d’argent, aux colliers et aux bracelets de perles, qui jettent un baiser avec une fleur au galant haussé sur la pointe du pied !    […] Les jugements ou définitions pittoresques que Gautier a donnés de tant de peintres d’hier, hommes de mérite dans les seconds, et de Léopold Robert, et du loyal Schnetz, « qui est un Léopold Robert historique, visant moins haut et plus sain », et de tous les jeunes modernes que nous savons, de ceux du jour si vivants et si présents, Gérome, Hébert, Fromentin…, tous ces jugements-portraits sont aussi vrais que distingués de couleur et de ton.

1283. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Dans la préface de ses Nouvelles, supposant qu’un de ses amis aurait bien pu faire graver son portrait pour le placer en tête du livre, il donne de lui-même, et de ce portrait absent, la description suivante, quand il avait soixante-six ans (1613) : « Celui que vous voyez ici à la mine d’aigle, les cheveux châtains, le front uni et ouvert, les yeux gais, le nez courbé, quoique bien proportionné, la barbe d’argent (il n’y a pas vingt ans qu’elle était d’or), la moustache grande, la bouche petite, les dents pas plus qu’il n’en faut, puisqu’il n’en a que six, et celles-ci en mauvais état et encore plus mal placées, puisqu’elles ne correspondent pas les unes aux autres ; la taille entre les deux, ni grande ni petite, le teint vif, plutôt blanc que brun ; un peu haut des épaules sans en être plus léger des pieds ; celui-là, je dis que c’est l’auteur de la Galatée, de Don Quichotte de la Manche, le même qui a fait le Voyage du Parnasse et d’autres ouvrages qui courent le monde de çà de là, peut-être sans le nom de leur maître. […] J’ai dit le meilleur ou le plus mauvais, s’empresse-t-il d’ajouter, mais il ne saurait être le plus mauvais, et je me repens de l’avoir dit ; car, d’après l’opinion de mes amis, il doit atteindre au plus haut degré d’excellence littéraire possible, humainement parlant. » On voit quelle était l’affection et la prédilection de Cervantes pour ce dernier-né de son intelligence. […] La parodie du Moyen-Age date de loin et remonte bien plus haut ; son livre, à lui, fut comme la cavalerie qui arrive tout à la fin de la bataille et qui donne à propos : une ou deux charges suffisent pour mettre en pleine déroute ce qui ne tenait déjà plus.

1284. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Aussi personne peut-être n’a-t-il eu, à un aussi haut degré que Pope, le sentiment et la souffrance de la sottise littéraire. […] La sphère d’idées où il vivait agréablement dans sa grotte et sur sa colline est tout à l’opposite de la région lumineuse et fervente où habitait Milton solitaire comme un prophète sur les hauts lieux. […] Le critique philosophe, ayant porté toutes ses forces sur les parties difficiles et comme sur les hauts plateaux, descend un peu vite ces pentes agréables, si riches toutefois en accidents heureux et en replis ; il dédaigne de s’y arrêter, oubliant trop que c’eût été pour nous, lecteurs français, la partie la plus accessible et une suite d’étapes des plus intéressantes par le rapprochement continuel avec nos propres points de vue.

1285. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Ce sont ces caractères qui donnent une si haute valeur aux jours les plus abominables de l’histoire du monde. » Gœthe (Annales, 1820). […] On ne le prendrait pas de plus haut s’il s’agissait de la Déclaration des Droits de l’Homme. […] Il s’était donné en effet (c’était le mot) aux époux Roland, et il était, jusqu’au sein du foyer conjugal, un de ces amoureux discrets, silencieux, obéissants, dormant sous la cendre, qui désirent moins qu’ils ne le croient, qui espèrent peu et ne demandent rien, un Ballanche (moins la haute intelligence), un de ces êtres dévoués et doux, tels que les femmes honnêtes pourraient en garder près d’elles sans inconvénient pendant une éternité.

1286. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Il est impossible, au moment où la mort de Louis XV les porta un peu prématurément au trône, d’avoir une plus grande envie de faire le bien, un plus haut sentiment de la responsabilité que ne l’avaient Marie-Antoinette et Louis XVI. […] Quoique dans le pays des Chambres haute et basse, des oppositions et des motions, vous pouvez vous fermer les oreilles et laisser dire. […] Je vous ai déjà parlé de notre Chambre haute et basse et de toutes les ridiculités qui s’y passent et qui s’y disent.

1287. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote, doublé de notes savantes et comme escorté à tout instant de textes originaux, nous arrivât par les soins d’un traducteur familier avec la langue grecque ; et pour tout indianiste initié au sanscrit, le grec n’est qu’un développement relativement aisé et comme une branche collatérale et dérivée de ses premières et hautes études de linguistique. […] A quoi bon, quand même on le pourrait, aller mettre sur le chantier un vaisseau de haut bord, lorsqu’on est dans l’enfance de la navigation ? […] Les Hymnes attribués à Homère, par exemple, et dont plusieurs remontent à une haute antiquité.

1288. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Mais autour de lui, et sous son influence, se formait peu à peu une opinion qui gagnait et qui avait ses courants de toutes parts dans ce haut monde officiel, où chacun commençait à penser à soi. Il s’échangeait bien des vérités et des hardiesses entre lui et ses familiers, à travers son whist, dans cet hôtel de la rue Saint-Florentin qui allait bientôt devenir le quartier général d’une révolution ; et ce qui s’était dit là, on ne craignait plus en sortant de le répéter, de le glisser à l’oreille de tous les hauts personnages (et ils étaient nombreux) qui ne donnaient point alors dans les partis désespérés. […] Comme ce n’est point de l’histoire sévère que j’écris en ce moment, et que je ne vise qu’à mettre en lumière quelques traits essentiels d’un haut et curieux personnage, je veux marquer encore par un contraste sensible ce qu’il avait de supérieur en son genre et en quoi, par exemple, il l’emportait incomparablement pour la tenue, pour le secret, l’esprit de conduite et une dignité naturelle sur des acolytes, gens de beaucoup d’esprit, mais légers, intempérants, et qui ne venaient que bien loin à sa suite dans l’ordre de la politique et de l’intrigue.

1289. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Il faut dire pourtant que ce ne fut que dans les hautes classes que le talent du jeune Casimir se révéla : jusqu’à l’âge de quatorze ans, son intelligence elle-même paraissait sommeiller. […] Mais il me semble, et ne vous semble-t-il pas également, Messieurs, qu’après quelques années peut-être, après des orages bien moindres sans doute que n’en eurent à supporter les vaillants adversaires, et durant lesquels se serait achevée cette lente épuration idéale, telle que je la conçois, le poëte tragique perfectionné et persistant aurait retrouvé un public reconnaissant et fidèle, un public grossi, et bien mieux qu’un niveau paisible, je veux dire un flot remontant qui l’aurait repris et porté plus haut. […] Je conçois, Messieurs (et d’assez beaux noms autour de moi me le disent), que le divorce entre les différentes applications de la pensée ait cessé de nos jours, qu’un noble esprit habitué à tenter les hautes sphères, à parcourir la région des idées en tous les sens, ne se croie pas tenu à circonscrire son activité sur tel ou tel théâtre, qu’il ne renonce pas à sa part de citoyen, à faire peser ou briller sa parole dans les délibérations publiques, à compter dans l’État ; — je conçois, Messieurs, et même j’admire un tel rôle ; mais ce n’en est pas moins un aimable contraste que cette modération de désirs et, si l’on veut, d’idées, chez un homme aussi distingué, aussi désigné, et qui pouvait espérer beaucoup.

1290. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Dans le monde et la haute société, ce mouvement d’esprit, si fécond alors et si imposant en promesses, avait pour centre et pour foyers deux ou trois salons dits doctrinaires. […] De même que du sein des rangs royalistes une voix éloquente s’élevait par accès, qui conviait à une chevaleresque alliance la légitimité et la liberté, et qui, dans l’ordre politique, invoquait un idéal de monarchie selon la Charte, de même, tout à côté, et avec plus de réussite, dans la haute compagnie, il se trouvait une femme rare, qui opérait naturellement autour d’elle un compromis merveilleux entre le goût, le ton d’autrefois et les puissances nouvelles. […] Elle s’efforçait ainsi de se distraire des souffrances du corps en peignant celles de l’âme ; elle répandait en même temps sur chacune de ces pages tendres un reflet des hautes consolations vers lesquelles chaque jour, dans le secret de son cœur, elle s’acheminait.

1291. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

À Remiremont, le chapitre noble des chanoinesses a « la basse, haute et moyenne justice dans cinquante-deux bans de seigneuries », présente à soixante-quinze cures, confère dix canonicats mâles, nomme dans la ville les officiers municipaux, outre cela trois tribunaux de première instance et d’appel et partout les officiers de gruerie. […] Quoi qu’on ait fait pour l’abaisser, sa place est toujours bien haute. […] S’il est titré, il est haut justicier, et il y a des provinces entières, par exemple le Maine et l’Anjou, où il n’y a pas de fief sans justice.

1292. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

. — Les caractères de grave, d’aigu, de haut, de bas, de large, d’effilé, d’uni, de vibrant, que nous trouvons dans la sensation totale, s’expliquent par l’arrangement des sensations élémentaires. […] Par suite, pour la conscience, nos sensations de son se disposent en pyramide : à la base sont celles de son très grave, composées de sensations élémentaires plus longues et de maxima plus espacés ; au sommet sont celles de son très aigu, composées de sensations élémentaires plus brèves et de maxima plus resserrés ; c’est pourquoi les sons sont dits les uns plus hauts, les autres plus bas, et se superposent sur une échelle. — D’où l’on voit que les qualités de grave et d’aigu, de haut ou de bas, de large ou d’effilé, de vibrant ou d’uni, par lesquelles nous distinguons les divers sons de la gamme, sont constituées par les degrés de brièveté de la sensation élémentaire et par les degrés de proximité de ses maxima.

1293. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

CCLIII Enfin elle passa ; je n’osai pas, par mauvaise honte, m’approcher beaucoup de la loge où Hyeronimo attendait, sans vouloir m’appeler, la tête en ses deux mains, appuyé sur la grille du cachot, me regardant à travers les mèches de ses cheveux rabattus sur sa tête ; et moi, du haut de ma fenêtre, plongeant mes regards furtifs sur sa figure immobile dans la demi-ombre de sa loge. […] Cela fut ainsi ; je m’étendis tout habillée sur la paille, je m’endormis comme une marmotte des hautes montagnes que j’avais, quand j’étais petite, au châtaignier, qu’Hyeronimo avait apprivoisée et qui ne s’éveillait qu’au printemps. […] c’est lui, j’ai reconnu l’air, s’écria-t-elle, et, pâlissant comme si elle allait tomber à terre, ramassant l’enfant dans le berceau, elle le prit dans son sein, l’embrassa, et, s’échappant avec lui vers la porte, courut avec la rapidité de la pierre lancée de haut, au devant d’Hyeronimo !

1294. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il y a le monde des hommes de lettres et des artistes, et le monde des financiers, et le monde de la haute bourgeoisie, et le monde académique, et le demi-monde, non pas au sens où on l’entend à présent, mais tel que l’a défini M.  […] Il se compose d’un peu de tout : de vieille noblesse, de noblesse récente, de noblesse achetée, de haute bourgeoisie, d’étrangers riches et d’hommes de Bourse. […] Même le duc de Trièves, le représentant par excellence de la haute vie, n’en impose pas autrement à M. 

1295. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Or, dans toute la seconde partie du roman, il fait un tas de choses fort au-dessus de la probité moyenne, et qui semblent même partir d’une âme vraiment haute. […] Mais il m’en est revenu, un peu, je l’avoue, à le voir se jeter à la Seine du haut du pont des Arts… Oui, je sais, le retour chez lui, les propos atroces de sa femme ont achevé de le désespérer et de l’affoler… Mais il m’avait si bien paru jusque-là qu’Astier-Réhu n’était point de ceux qui se suicident ! […] A côté d’elle, Paul Astier, Monsieur le comte, souriant et froid, toujours joli… On se regarde, personne ne trouve un mot, excepté l’employé, qui, après avoir dévisagé les deux vieilles dames, éprouve le besoin de dire en s’inclinant, la mine gracieuse : —    Nous n’attendons plus que la mariée… —    Elle est là, la mariée, répond la duchesse s’avançant la tête haute.

1296. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Ces montagnes, cette mer, ce ciel d’azur, ces hautes plaines à l’horizon, furent pour lui non la vision mélancolique d’une âme qui interroge la nature sur son sort, mais le symbole certain, l’ombre transparente d’un monde invisible et d’un ciel nouveau. […] Tout peuple appelé à de hautes destinées doit être un petit monde complet, renfermant dans son sein les pôles opposés. […] En aucun pays du monde, les montagnes ne se déploient avec plus d’harmonie et n’inspirent de plus hautes pensées.

1297. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

N’étant lié envers sa haute renommée par d’autre sentiment que celui d’un respect et d’une admiration qu’un libre examen a droit de mesurer, j’ai étudié en lui l’homme et l’écrivain avec détail, avec lenteur, et il en est résulté tout un livre que j’aurais déjà mis en état de paraître, si je ne causais ici beaucoup trop souvent. […] Est-ce l’homme resté fidèle à ses affections du passé, qui nous parle en maint endroit de ces Mémoires, ou l’homme qui ne tient à son parti que par point d’honneur, et tout en trouvant bête (c’est son mot) l’objet de sa fidélité, et en le lui disant bien haut ? […] Une plaisanterie singulière circule dans une grande partie de ces Mémoires et s’y accorde toute licence, une sorte de plaisanterie forte d’accent et haute en saveur, mais sans agrément et sans légèreté.

1298. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

De même que l’Entretien qui nous a été conservé de Pascal et de M. de Saci est un des plus beaux témoignages de l’esprit de Pascal, de même ces Entretiens transmis par Ramsay donnent la plus haute idée de la manière de Fénelon, et surpassent même en largeur de ton la plupart de ses lettres. […] Ce ne sont pas là les grands accents, les larges coups d’aile de Bossuet, du haut de la chaire, s’écriant : « Madame se meurt ! […] J’aurais été vivement peiné de vous voir ici ; songez à votre mauvaise santé ; il me semble que tout ce que j’aime va mourir. » Écrire ainsi au chevalier Destouches dans une telle douleur, c’était le placer bien haut.

1299. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Mais la faveur du monde allait en s’exaltant et gagnait toutes les classes, même les plus hautes. […] Villemain avait besoin, dans son rapport, d’un morceau à applaudissement, d’un air de bravoure qui fît épigramme contre l’état de choses présent, et il crut l’avoir trouvé dans cette ancienne séance où Bernardin célébrait l’aigle impériale, alors au plus haut de son vol et au zénith de sa gloire. Car vous sentez bien que plus on peut montrer que l’aigle était haute autrefois, plus il en résulte qu’elle doit paraître petite aujourd’hui : des deux aigles on prend la plus grande et on la laisse tomber comme du ciel pour griffer l’autre.

1300. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

De Brosses qui, à plus d’un égard, était bien du xviiie  siècle, dut à ce retour vers une époque antérieure et vers des sources plus hautes, de n’être point engagé dans les partis et dans les ligues philosophiques de son temps ; il en eut plus de largeur de vues et d’indépendance. […] En allant visiter les îles Borromées, il nous parle du saint si vénéré, de Charles Borromée, ce grand personnage, bienfaiteur du pays, et qui a partout laissé sa trace : « Il est singulier qu’un homme qui a si peu vécu ait pu faire tant de choses de différents genres, toutes exécutées dans le grand, et marquant de hautes vues pour le bien public. » Il traite assez lestement ce petit faquin de lac Majeur qui s’avise de singer l’Océan et d’avoir des tempêtes : Les bords du lac, dit-il, sont garnis de montagnes fort couvertes de bois, de treilles disposées en amphithéâtre, avec quelques villages et maisons de campagne, qui forment un aspect assez amusant. […] De telles conceptions pourtant sur les origines et la fabrique intérieure des choses et sur les méthodes humaines naturelles, témoignent d’un esprit qui, de bonne heure, selon l’expression de Buffon, s’était trouvé porté au plus haut point de la métaphysique des sciences, et en avait occupé les sommets : de là sa vue s’étendait sur l’ensemble, et les détails se rangeaient à ses yeux sous de certaines lois.

1301. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Au milieu des jugements divers et contradictoires, plus souvent rigoureux qu’indulgents, qu’a provoqués la littérature de l’ancien Empire, la critique d’alors a toujours été exceptée, et elle a laissé une tradition de haute estime. […] Un contemporain, en le voyant à l’époque de sa gloire, et en ayant présent son buste par Houdon, nous l’a peint comme il suit : Il était, dit le duc de Nivernais, de la taille la plus haute et la mieux proportionnée. […] [NdA] Cependant M. de Choiseul-Gouffier, parlant de l’abbé Barthélemy chez la princesse de Bauffremont, disait de ce ton haut et absolu qui était le sien : « Concevez-vous l’abbé Barthélemy ?

1302. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Contemporaine du grand mouvement de la Renaissance, elle y participa graduellement ; elle s’efforça d’en tout comprendre et de le suivre dans toutes ses branches, ainsi qu’il seyait à une personne de haut et sérieux esprit, d’entendement plein et facile, et de plus de loisir que si elle fût née sur le trône. […] Sa mise est simple : sa cotte ou robe monte assez haut, à plat, sans rien de galant, et s’accompagne de fourrures ; sa cornette, basse sur sa tête, encadre le front et le haut du visage, et laisse à peine passer quelques cheveux.

1303. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Après les excès contraires du Parnasse, la rime en ces derniers temps s’est rénovée ; elle s’adresse d’abord à l’oreille, admettant ainsi des finales jumelles de son, quoique différentes à l’oeil ; elle s’affaiblit même volontiers en assonances qui, par leur nouveauté, sonnent parfois plus haut que les vieilles rimes usées au duo imprévu. […] En effet, — et on l’entend même, nous l’avons expliqué plus haut, quand il n’est pas figuré ; on l’entend dans mol, dans seuil, dans trésor, dans impair, dans nef, dans jamais, dans désir, etc., — mots identiques pour la prononciation finale à : molle, feuille, encore, impaire, greffe, ivraie, désire, etc. […] Ou bien ce sera un rythme dont les brisures multipliées sembleront à merveille adoptées à une idée de légèreté et de grâce : L’universel baiser court sur les hautes tiges comme un menu vol de papillons, tendresse brève, espoir long sur la plaine humaine voltigent coquelicots, pivoines, pavots, l’heur est léger, longue est la peine mais partout partent les pollens pour de futurs étés toujours beaux.

1304. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

. — « Il n’est personne au monde qui ne trouve plus fort que soi » (Hâbleurs bambara et divers analogues signalés plus haut) […] On pourrait dire que cette parenté d’élection qu’est l’amitié crée souvent des liens beaucoup plus solides que la parenté de sang. — Le titre de frère, donné à un camarade, caractérise l’amitié à son plus haut degré. […] Après la mort de celle-ci, c’est sur les enfants de la co-épouse qu’elle se venge (v. les contes de marâtre cités plus haut).

1305. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

« Je savais qu’à défaut de sentiments socialistes, tous les hommes de notre génération avaient au plus haut degré le désir du nouveau, la soif de l’inconnu. […] « Au point de vue gastronomique, c’est un gourmet de la plus haute valeur, un dilettante de cuisines savamment préparées, mais qui n’aime pas moins l’abondance que l’exquisité des mets. […] Qui ne sait, au contraire, qu’actuellement c’est le vice, l’usure, la débauche qui tiennent le haut du pavé, tandis que la probité, l’honneur pataugent dans la boue des ruisseaux ?

1306. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Il n’a pas cette haute position de génie reconnu qui autorise le nom d’homme et fait fondre le nom de la femme dans celui-là… Si nous disons Monsieur Daniel Stern, nous sommes ridicule. […] Mme Stern ne nous croira pas : avec son esprit plus haut que ses idées, avec son style très travaillé, trop travaillé, hélas ! […] Nous aurons atteint notre destinée la plus haute, et c’est nous, les hommes, qui désormais ferons les confitures et les cornichons7 !

1307. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

J’ai souvent pensé que la critique devait ressembler à une maîtresse de maison qui a du tact et qui sait placer ses convives, disant à ceux-là qui se pressent un peu trop autour d’elle et qui croient y rester : « Descendez plus bas… » vers la porte ; et à ceux qui, plus modestes, se tiennent dans les coins de la salle : « Montez plus haut… » à la place d’honneur et dans la lumière. […] … À quoi d’impérieux a-t-il obéi en se décidant pour la science, après avoir donné à ses amis, dans des confidences qu’ils n’oublieront jamais, la preuve des plus hautes aptitudes littéraires ? […] — En vain du Méril épuise-t-il toutes les ressources du génie de la recherche et du renseignement sur les pays qui sont placés le plus loin de nous, comme, par exemple, la Chine et l’Inde, il écrit bien moins l’histoire de leurs théâtres que l’histoire des impossibilités d’avoir un théâtre chez ces nations immobiles, stupéfiées par des états sociaux monstrueux… J’ai parlé plus haut d’historien humain retrouvé dans l’historien des mots, dans l’anatomiste des langues.

1308. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Ceux qui furent témoins de ses débuts le crurent et le dirent assez haut, et moi, en lisant ces pages lointaines et oubliées, je crois comme eux, oui ! […] Cette critique qui le prend de haut ne ressemble nullement, je l’ai dit déjà, mais il faut insister, aux critiques étroites, microscopiques et pointilleuses, qui se collent le nez sur leur sujet pour mieux le voir. […] Il est scholar toujours, nous l’avons dit plus haut, même quand il est le plus inspiré, quand il se croit le plus genuine, quand il veut rester le plus lui-même.

1309. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Animé au plus haut degré de l’esprit de sacrifice, il sait le communiquer aux troupes dont il exalte les forces morales. […] Aumônier de la plus haute valeur morale qui a, par son influence personnelle due à ses vertus, rendu les plus grands services. […] Comment s’étonner qu’une telle atmosphère de sacrifice produise en abondance les fleurs les plus rares de la haute spiritualité.

1310. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Royer-Collard du haut de sa chaire dénonçait pour la première fois le danger des doctrines régnantes, un penseur solitaire, opiniâtrement absorbé dans la contemplation de lui-même, s’écartait peu à peu de la philosophie sensualiste par l’effort répété de son propre esprit. […] Ses livres sont des partitions écrites une octave trop haut pour la voix humaine ; transposez et baissez chaque note de six tons. […] Jouffroy, sur bien d’autres ; ils chantent trop haut et d’ordinaire se cassent la voix.

1311. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

« Ô vous, bruyantes vagues et vous, hautes forêts, et vous, nuages, qui prenez votre essor si loin au-dessus de moi ; toi, soleil levant, toi, ciel bleu qui charmes les regards, toute chose, enfin, qui êtes et qui voulez être libres, rendez-moi témoignage, où que vous soyez, et dites de quel culte profond j’ai toujours adoré le génie de la divine liberté ! […] C’est là que je t’ai sentie, moi, sur la pointe de cette haute falaise, dont les pins, battus il leurs sommets par la brise, forment un seul murmure avec les vagues lointaines. […] Mais ce zèle même, si consumant pour la faiblesse du corps, cette ferveur ingénue qui semblait un don de l’Église primitive, s’alliaient en lui aux vues les plus hautes sur le mouvement de la race humaine ici-bas et le progrès nécessaire de l’Évangile.

1312. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Grâce à elle les chefs-d’œuvre les plus connus de nos écrivains les plus commentés s’éclairent d’une haute lumière. […] N’y aurait-il dans la haute culture aucun principe de progrès ? […] J’ai mentionné plus haut les pages consacrées par M.  […] Mais notre devoir commence plus haut et va plus loin. […] Remarquez que les fellowships d’Oxford ont longtemps comporté des annuités plus hautes.

1313. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deschamps, Émile (1791-1871) »

Édouard Fournier Victor Hugo avait déployé l’étendard de l’école nouvelle ; Émile Deschamps (dans la préface des Études françaises et étrangères) le lui prenait des mains pour ne pas le porter moins haut.

1314. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Paté, Lucien (1845-1939) »

Lucien Paté vient de faire paraître un livre plein de beaux vers et de hautes pensées ; ce sont, pour la plupart, des pièces où il chante la France et ses gloires qui composent un volume dont je voudrais citer bien des morceaux… Parmi les pièces les plus émouvantes de ce recueil de belles inspirations, je signalerai, entre bien d’autres : Le Berceau, la Mort de Démosthène.

1315. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 404-405

Ces trois Ouvrages lui firent une très-grande réputation parmi ses contemporains, parce qu’ils annoncent, chacun en particulier, au plus haut degré, & les trésors de la mémoire, & les fruits d’une étude opiniâtre.

1316. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VIII. De la cosmographie poétique » pp. 231-232

. — Le ciel ne fut pas d’abord plus haut pour les poètes, que le sommet des montagnes ; ainsi les enfants s’imaginent que les montagnes sont les colonnes qui soutiennent la voûte du ciel, et les Arabes admettent ce principe de cosmographie dans leur Coran ; de ces colonnes, il resta les deux colonnes d’Hercule, qui remplacèrent Atlas fatigué de porter le ciel sur ses épaules.

1317. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il en a plus que les hautes classes. […] Il ne tombe pas de haut, il ne monte pas précisément d’en bas, il nous entoure, nous circonvient et nous enlace de tous les côtés. […] Ils eurent raison ; car la réponse de Proudhon est une des plus belles et hautes pages de toute la littérature morale. […] L’homme est fait pour penser plus loin et plus haut que le réel. […] Rien de plus honorable qu’une si haute ambition.

1318. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Parce que, non seulement à la surface de la terre, mais bien plus haut, comme on s’en est assuré pour la lune, dans tout notre système solaire, ce qui est le cas des planètes, de leurs satellites, des comètes et du soleil, bien au-delà, comme il arrive aux étoiles doubles, toute masse, dès qu’elle est en rapport avec une autre masse, tend à se rapprocher d’elle. — Pourquoi cette étrange tendance ? […] Il s’agit de démontrer le théorème, c’est-à-dire de démêler dans la première donnée un intermédiaire qui renferme la propriété énoncée. — Il faut donc décomposer la première donnée pour en retirer l’intermédiaire, et c’est cette décomposition que, plus haut, à propos des axiomes, nous avons appelée analyse. […] Telle est la vertu des facteurs ou éléments primitifs, lorsqu’ils sont aussi simples, aussi abstraits, aussi généraux que possible : de leurs lois dérivent les lois de leurs composés moins généraux et moins abstraits, et ainsi de suite, d’étage en étage, par une descente graduelle, sans que jamais, d’un étage à l’autre et du plus haut flot à la plus basse nappe, la continuité fasse défaut. […] Ici, les ressources sont moindres et les difficultés plus grandes. — Soit une des lois examinées plus haut, à savoir que le refroidissement provoque la rosée, c’est-à-dire la liquéfaction et le dépôt de la vapeur d’eau ambiante dans l’air. — Des deux données, le refroidissement et la liquéfaction, qui par leur couple font la loi, la première, selon la théorie exposée, doit contenir un caractère explicatif dont l’entremise lui relie la seconde. […] Et, de fait, c’est par lui qu’on s’élève à la plus haute conception d’ensemble, à l’idée d’un tout nécessaire, à la persuasion que l’existence elle-même est explicable.

1319. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVII » pp. 264-265

C'était bien la peine à M. de Molènes de s’ériger en juge si sévère et si tranchant des hautes qualités de Mérimée pour venir donner soi-même dans des affectations d’immoralité, comparer tout d’abord les femmes à des chevaux du bois de Boulogne, et finir par citer des vers de la Pucelle.

1320. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Claudel, Paul (1868-1955) »

. — Cette haute indifférence pour les petits combats s’explique par deux drames, encore sont-ils sans nom d’auteur : Tête d’or et La Ville.

1321. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Ernault, Louis (1865-19..) »

Victor-Émile Michelet La conception de ce drame (Le Miracle de Judas) est très haute à la fois et très ingénieuse, œuvre de vrai poète.

1322. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gineste, Raoul (1849-1914) »

Les charmantes heures passées ainsi à feuilleter ces vers parfois encore inachevés, là-haut, dans le pittoresque logis que Gineste s’est trouvé sur les plus hautes cimes de Belleville, avec son jardin en terrasse qu’un corbeau apprivoisé ravage et au travers duquel d’innombrables chats, génération sans cesse augmentée, se font les griffes en déchirant la fine écorce des genêts et des lilas.

1323. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 52-53

Parmi ses Ouvrages perdus, ceux qu’on doit regretter davantage, sont une Epître à Bayle, qui, dit-on, étoit bien faite, & un Poëme de deux mille Vers sur les Campagnes de Charles XII, dont les fragmens qui nous restent donnent la plus haute idée.

1324. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 232-233

Marot possédoit, au plus haut degré, cette tournure d’esprit qui rend les plus petites bagatelles intéressantes.

1325. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 130-131

Et les Lettres ne seroient-elles pas doublement honorées, si ceux qui les cultivent puisoient dans leur propre cœur les hautes maximes qu'ils étalent dans leurs Ouvrages avec tant d'appareil ?

1326. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  De Machy  » p. 151

Le second 19 pouces de haut, sur 13 de large.

1327. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il fit donc cette admirable pièce qui commence avec grandeur, et où il montre le vaisseau de haut bord qui, dans l’orgueil du départ, se rit des flots et se joue même de la tempête ; puis, en regard, la pauvre barque comme il en avait tant vu dans le golfe de Naples, une barque de pêcheur dans laquelle habite toute une famille, et qui, jour et nuit, lui sert d’unique asile et de foyer : le père et le fils à la manœuvre, la mère et les filles aux plus humbles soins. […] Je vous les donne. » Quant à Lamartine, il remerciait Mme Valmore de sa réponse émue et palpitante, par une lettre que je donnerai encore et qui clôt dignement cet échange harmonieux, ce cartel de haute et tendre poésie : « Madame, « Je suis payé au centuple, et je rougis en lisant vos vers des éloges que vous donnez aux miens !

1328. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Des ouvrages d’une plus haute conception ont marqué sa place : des milliers de pensées sont nées de sa pensée. […] M. de Buffon s’est complu dans l’art d’écrire, et l’a porté très loin ; mais quoiqu’il fût du dix-huitième siècle, il n’a point dépassé le cercle des succès littéraires : il ne veut faire, avec de beaux mots, qu’un bel ouvrage ; il ne demande aux hommes que leur approbation : il ne cherche point à les influencer, à les remuer jusqu’au fond de leur âme ; la parole est son but autant que son instrument ; il n’atteint donc pas au plus haut point de l’éloquence.

1329. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Fou un peu plus fou que les autres dans la maison de fous du globe terrestre, il prononce orgueilleusement du haut de sa folie qu’il ignore, un sermon triomphant contre ses frères les fous126. […] Il croit être un hippocentaure au milieu d’onscentaures, et, comme un prédicateur du matin et du soir, dans cette maison de fous du globe terrestre, il fait, avec une sorte de fureur, du haut de son cheval, son sermon de capucin contre la folie.

1330. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Ici encore il faut distinguer, comme je l’ai fait plus haut, une règle méthodique, laquelle consiste à passer de la psychologie des plus géniaux à ceux qui le sont au degré moindre, et une doctrine, qui peut tenir en deux mots. […] Tarde une généralisation plus haute encore ; on pourra remarquer que tous ces principes de ressemblance, de l’hérédité à l’adhésion, sont des ressemblances actives, des ressemblances de force, des ressemblances de vibration ; le type de tout le développement animal, humain et social, sera donc la vibration et la consonance qui, l’une, naît, l’autre, répète et perpétue. » Je note, sans la discuter (on ne peut le faire en quelques lignes), cette idée maîtresse de l’ouvrage.

1331. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Elle sent certainement plus haut que tout le monde et cela lui constitue un langage qui vaut mieux que : Le petit chat est mort, ou La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie de la foule imbécile et vulgaire, cette charmante humanité ! […] … Mme Sand, cette usurpatrice qui a régné si facilement par ce vil temps d’usurpateurs, Sand, je l’ai dit plus haut, sent déjà le cadavre dans son talent et dans ses œuvres.

1332. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

L’une est cette madame Cornuel dont j’ai parlé plus haut, une madame Pernelle, terrible et charmante, qui a laissé autant de mots que Rivarol, mais d’un tout autre calibre, moins fastueux, mais plus meurtriers. […] Elle avait l’alacrité et l’audace, le bec et les ongles, et la cape, et la canne à corbin, et les hauts talons pour marcher sur tout et s’élever jusqu’à hauteur d’homme.

1333. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

La présence des femmes de la cour qui, du haut des loges, assistaient au banquet, la fumée des vins, les lumières, les glaces, le spectacle que les convives s’offraient à eux-mêmes, les périls de la monarchie, l’attente de l’imprévu, tout se réunissait pour égarer la raison. […] Nature artiste, qui s’invente politique et croit l’être, et, pour ne pas manquer son coup, donne du plus haut qu’il peut à toutes les choses l’absolution du résultat.

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