Vous avez encore, par exemple, le passage où il parle de sa famille. Vous allez voir que ceci est tout à fait une lettre familiale, une lettre qui n’intéresse guère que les membres de la famille et qui n’intéresserait pas beaucoup le public. […] Je serais merveilleusement curieux que la chose fut véritable…, etc. » Suivent toutes sortes d’histoires qui ne se rapportent véritablement qu’à sa famille et qui n’ont d’intérêt que pour des personnes de sa famille.
Tiercelin publia son premier volume de vers : Les Asphodèles, œuvre qui, dit un critique, « est éclose dans l’atmosphère très catholique de l’ancienne famille bretonne à laquelle appartenait le poète, et qui est comme le pur reflet de ses impressions premières ».
Il puisa dans sa famille des sentiments de fierté assez habituels en cette belle et généreuse province. […] Les poètes italiens étaient lus dans la famille, et il aimait même à croire que cette famille de son grand-père était originaire d’Italie.
Vous qui êtes de la famille et de la religion de Platon, souvenez-vous donc aussi de l’art de Platon. […] Maine de Biran appartient à la famille des métaphysiciens et méditatifs intérieurs, et, grâce au nouveau volume, on peut étudier à nu et très commodément ce type d’organisation en lui. […] Son idéal en ce genre, autant qu’on l’entrevoit à travers ses regrets, serait une sorte de gouvernement paternel et de famille, avec des influences locales et territoriales et beaucoup de décentralisation.
C’est encore à un écrivain excellent qu’on a affaire en sa personne, mais on le sent, à un écrivain d’une tout autre espèce, d’une tout autre trempe, d’une tout autre origine et famille. […] Né à Béziers en 1624, originaire de Castres, d’une famille protestante très distinguée dans la robe, ayant fait ses études dans le Midi, il y prit un grand goût pour les bons auteurs latins, Cicéron, Térence, et ne s’aperçut, au sortir du collège, que l’on pouvait bien écrire aussi en français, que lorsqu’il eut vu quatre ouvrages dont il garda toujours un souvenir reconnaissant : les Huit Oraisons de Cicéron alors récemment traduites, Le Coup d’État de Sirmond, un volume des lettres de Balzac, et les charmants Mémoires de la reine Marguerite. […] Après avoir dompté et décapité les grands, maté les protestants comme parti dans l’État, déconcerté et abattu les factions dans la famille royale, tenant tête par toute l’Europe à la maison d’Autriche, faisant échec à sa prédominance par plusieurs armées à la fois sur terre et sur mer, il eut l’esprit de comprendre qu’il y avait quelque chose à faire pour la langue française, pour la polir, l’orner, l’autoriser, la rendre la plus parfaite des langues modernes, lui transporter cet empire, cet ascendant universel qu’avait eu autrefois la langue latine et que, depuis, d’autres langues avaient paru usurper passagèrement plutôt qu’elles ne l’avaient possédé.
Coulmann pour venir nous entretenir ainsi, nous qui ne sommes pas de sa famille, et nous informer en détail de ses historiettes de société et de ses impressions de tout genre ? […] Coulmann, tenant à une famille impérialiste, se trouvait toutefois de cette jeunesse dégoûtée de la guerre et vouée à la paix, qui ne demandait pas mieux, on le voit, que d’être favorable aux Bourbons. […] A le juger tel qu’il se montre dans ces Souvenirs, je le vois en politique, en littérature, en art, en tout, n’ayant rien de bien tranché ni de saillant, il est pour la Charte en 1814, et cela ne l’empêche pas d’avoir des restes d’impérialisme, d’aller rendre visite dans ses voyages aux principaux membres dispersés de la famille de Napoléon.
Blaize, l’éditeur, neveu de La Mennais, a fait précéder cette publication de détails précis concernant la famille. […] Il a écrit cette boutade : « L’ennui naquit en famille, — une soirée d’hiver. » — Il avait dix-huit ans, plusieurs projets lui traversaient la tête. […] Peyrat, alors précepteur dans une famille dont La Mennais était l’hôte, je lis : « M. de La Mennais s’intéressait à nos études ; il fit traduire à mon élève dix vers du sixième livre de l’Énéide.
C’est une fleur, une plante qui ne rentre pas dans les familles décrites ; c’est un poëte que nos poétiques n’admettaient pas. […] Elle et lui, Lamartine et Mme Valmore, ont de grands rapports d’instinct et de génie naturel ; ce n’est point par simple rencontre, par pure et vague bienveillance, que l’illustre élégiaque a fait les premiers pas au-devant de la pauvre plaintive ; toute proportion gardée de force et de sexe, ils sont l’un et l’autre de la même famille de poëtes. […] « J’avais quatre ans à l’époque de ce grand trouble en France. — Les grands-oncles de mon père, exilés autrefois en Hollande à la révocation de l’Édit de Nantes, offrirent à ma famille leur immense succession, si l’on voulait nous rendre à la religion protestante.
Sa famille s’établit à Dijon ; il y fit ses études, y eut pour condisciple notre ami le gracieux et sensible poëte Antoine de Latour ; mais Bertrand, fidèle au gîte, suça le sel même du terroir et se naturalisa tout à fait Bourguignon. […] Un moment il sembla que l’existence de Bertrand allait se régler : il devint secrétaire de M. le baron Rœderer, qui connaissait de longue main sa famille, et qui eut pour lui des bontés. […] Serres, sans en prévenir personne de ses amis ; la délicatesse de son cœur le portait à épargner de la sorte à sa modeste famille des soins difficiles et un spectacle attristant.
Mais ils reçoivent des nouvelles de leurs pays, de leurs familles ; et l’on conçoit comment peut là-dessus s’exercer l’imagination d’un jeune Français sous la Régence, avec quelle curiosité libertine il mettra en scène la vie oisive et voluptueuse du sérail, des femmes très blanches surveillées par des eunuques très noirs, des passions ardentes, des jalousies féroces, des désirs enragés. […] Deux familles avaient échappé : elles fondent un nouveau peuple dont la prospérité sera assise sur les vertus domestiques et militaires, et sur la religion. […] Il ne voit que la crainte qui puisse être le ressort du despotisme : faute d’avoir eu l’occasion d’étudier la Russie, il ne s’est pas avisé qu’on pouvait aussi bien lui donner l’amour pour principe, et même plus logiquement, si le despotisme est une forme de gouvernement essentiellement patronale, patriarcale, image agrandie de la famille.
Si M. le duc de Noailles n’a voulu qu’exercer contre Saint-Simon des représailles sévères pour la manière injurieuse et haineuse dont celui-ci a parlé du maréchal de Noailles son ancêtre et de Mme de Maintenon, il n’y a rien là-dedans que d’excusable et de légitime jusqu’à un certain point : ce sont des querelles de famille où nous n’avons pas à entrer. […] Mais ce n’est que lors du mariage de son ami le duc de Chartres, le futur Régent, avec une des filles bâtardes de Louis XIV, que la curiosité de Saint-Simon s’avoue tout entière et se déclare : « Il m’en avait depuis quelques jours transpiré quelque chose (de ce mariage), et, comme je jugeai bien que les scènes seraient fortes, la curiosité me rendit fort attentif et assidu. » Louis XIV et sa majesté effrayante qui impose à toute sa famille, la faiblesse du jeune prince qui, malgré sa résolution première, consent à tout, la fureur de sa mère, l’orgueilleuse Allemande, qui se voit obligée de consentir elle-même, et qui nous est montrée, son mouchoir à la main, se promenant à grands pas dans la galerie de Versailles, « gesticulant et représentant bien Cérès après l’enlèvement de sa fille Proserpine » ; le soufflet vigoureux et sonore qu’elle applique devant toute la Cour à monsieur son fils, au moment où il vient lui baiser la main, tout cela est rendu avec un tour et un relief de maître. […] On est en avril 1711, et la famille royale est encore au complet, lorsque tout à coup on apprend que le fils de Louis XIV, Monseigneur, gros homme d’une cinquantaine d’années, et à qui le trône semblait destiné prochainement selon l’ordre naturel, vient de tomber dangereusement malade à Meudon.
Né dans une famille poétique et bourgeoise, dont l’illustration datait d’avant Louis XIV, Fontenelle resta un peu arriéré au point de vue littéraire, en même temps qu’on va le voir singulièrement en avance pour le point de vue philosophique. […] Il appartient décidément, dès cette époque (1686), à la famille des esprits fermes, positifs et sérieux, quel que soit son costume. […] [NdA] Sur les débuts et sur la famille de Fontenelle et sur toute sa vie en général, on trouvera quelques détails précis et nouveaux dans la Biographie de Fontenelle, par M.
Cet article signé Parisot, mais qui a la valeur d’un acte de famille, est à demi hostile et empreint, surtout vers la fin, d’une singulière aigreur. […] Joseph Michaud naquit le 19 juin 1767, au bourg d’Albens en Savoie, d’une famille honorable et dont quelques membres avaient même acquis une notoriété historique. Son père, obligé de s’expatrier à la suite d’un malheur causé par une imprudence généreuse, s’était établi près de Bourg-en-Bresse ; c’est là que Joseph Michaud, l’aîné des enfants, fit ses études : « Il fut, selon le témoignage de son frère, un excellent rhétoricien : son style avait l’abondance, la solennité semi-poétique, si recommandées par les professeurs aux élèves ; il composait des vers français avec facilité. » Son père mort, et sa mère n’ayant que peu de bien avec beaucoup de famille, il entra dans une maison de librairie à Lyon.
Cet homme distingué était né à Genève, le 30 septembre 1732, d’un père professeur de droit public qui, né à Custrin en Prusse, était venu s’établir dans la ville de Calvin, et qui tirait lui-même son origine d’une famille irlandaise. […] Il reçut une excellente éducation de famille, et fit de premières études classiques, qui cependant durent être assez bornées, selon toute apparence. […] Il y avait là une contradiction très réelle, qu’on a pu noter sensiblement chez les chefs de cette famille aristocratique d’esprits depuis M.
Bertrand de Born, ce châtelain de Hautefort, en guerre avec ses voisins, en alliance avec le fils rebelle du roi d’Angleterre, est un poëte de la famille du séditieux Alcée ou de l’injurieux Archiloque. […] Il n’y avait pas de maison sans famille, et Sardanapale n’en était pas venu à montrer ce qui peut s’oser dans une chambre. […] Une autre, en filant la laine sur la quenouille, devisait avec sa famille des Troyens, de Fiésoles et de Rome.
Triton n’a plus de famille ; il n’est pas rentré au village depuis les grandes guerres de la république ; il ne sait pas ce qu’est devenue sa mère. Le régiment du 1er houzards est devenu sa famille Une nuit, Wolfgang dit au trompette de seller les deux meilleurs chevaux.
Voyant que son maître l’écoute avec assez d’attention, il s’enhardit, et poursuit en ces termes : « — Je me souviens d’avoir lu dans Homère, en son Traité pour empêcher que les grenouilles ne s’enrhument, que, dans Athènes, un père de famille ayant fait l’acquisition d’un cochon de lait, gentil, d’une agréable physionomie, de mœurs douces, dans sa taille bien pris, conçut tant d’amitié pour le petit cochon, qu’au lieu de le mettre en broche, il donna les plus grands soins à son éducation, et le nourrit avec des biscuits et du macaroni. […] « Ce père de famille, continue Arlequin, c’est Jupiter ; ce cochon, c’est vous, mon très honoré maître ; ce jardinier, ce chef de cuisine, ces faïences, cristaux, et porcelaines, ce sont les victimes de vos insultes, de vos méfaits.
Le devoir de servir ma famille et mes amis contrarie mon devoir d’être juste envers tous. […] L’ouvrier en grève est pris entre son devoir envers sa famille et son devoir envers son syndicat.
Chacune des pierres, chacune des briques qui les composent est un péché 513. » Le nom de « pauvre » (ébion) était devenu synonyme de « saint », d’« ami de Dieu. » C’était le nom que les disciples galiléens de Jésus aimaient à se donner ; ce fut longtemps le nom des chrétiens judaïsants de la Batanée et du Hauran (Nazaréens, Hébreux), restés fidèles à la langue comme aux enseignements primitifs de Jésus, et qui se vantaient de posséder parmi eux les descendants de sa famille 514. […] Le reproche d’aliéner de leur famille ces êtres délicats, toujours prompts à être séduits, était un de ceux que lui adressaient le plus souvent ses ennemis 537.
Le glaive retrempé et rafraîchi dans le sang passera ainsi de main en main, dans une dynastie ou dans une famille, héréditaire comme un sceptre, fatal et inamissible comme l’outil que l’artisan d’une caste égyptienne léguait indéfiniment à ses descendants. […] II. — Légende des Atrides. — Tantale. — Sacrifices humains des âges primitifs. — La Grèce les déteste et les abolit. — Leurs rares récidives. — La cavale du champ de bataille de Leuctres, C’est l’histoire finale de la famille des Pélopides et des Atrides que l’Orestie met en scène.
* * * — J’ai un jeune ami chaste, dont la famille, hommes et femmes, est dans le désespoir qu’il n’ait pas de maîtresse, et qui, dans cette chasteté voyant une dégénérescence de la race, le gronde et le moralise sans relâche pour qu’il aille voir des filles. Il y a surtout dans cette famille deux oncles très navrés de la mauvaise bonne conduite de leur neveu : deux hommes à femmes ; l’un, un amoureux sentimental et langoureux et qui, surpris par sa belle-sœur dans le lit d’une dame qui venait de quitter sa maison de campagne, lui disait plaintivement : « Je n’ai pu obtenir rien d’elle ; j’ai voulu avoir au moins la chaleur de son corps !
Est-ce un champ stérile pour le génie qu’Adam, Ève, sa famille, la postérité de Jacob, et tous les détails de la vie patriarcale ? […] C’est Madame Pernelle qui après avoir grondé toute sa famille, s’en retourne en grondant sa servante.
Notice historique sur la vie et les écrits de Chamfort Il n’aurait été d’aucun avantage pour la mémoire de Chamfort qu’il eût tenu aux familles les plus distinguées ; il aurait dû être aussi tout à fait indifférent que Nicolas (c’était le nom qu’on lui donna avant qu’il en prit un) ait été sans naissance, et même, pour ainsi dire, sans famille, s’il n’en était trop souvent résulté pour lui le malheur de jeter sur la société un coup-d’œil amer, de prendre de bonne heure en haine ses institutions, et de s’habituer à regarder comme les plus contraires au bonheur et à la morale, celles là même qui ont été créées pour la garantir.
N’y a-t-il pas aussi des gens qui, étonnés, dans leur haute simplicité, de l’abandon où est la noblesse, demandent qu’elle soit organisée, comme si une noblesse s’organisait, comme si les hiérarchies sociales étaient à la disposition des hommes, comme s’il y avait à présent des familles publiques, c’est-à-dire des familles pour qui le service de l’état fût une obligation exclusive ?
Ceux qui cherchèrent aux armées la sûreté qu’ils ne trouvaient plus dans leurs foyers, ou les distractions aux ennuis dont ils étaient dévorés, ceux-là sont devenus à leur tour des pères de famille. Nous voyons à présent s’avancer cette autre génération dont l’esprit militaire fut la proie d’un homme nouveau qui voulut abolir l’ancienne patrie : celle-là prend aussi successivement sa place parmi les pères de famille.
Comme mœurs politiques et sociales, nos deux historiens nous développent, sans trop savoir ce que prouve contre les peuples l’empire de telles dominations, l’effroyable et perpétuelle domination des Eunuques et les formes de cette polygamie, de cette lèpre dont la famille est rongée ; car, quoique mutilée, abaissée, la famille, dont l’esprit peut tout sauver et tout éterniser, subsiste, en Chine, dans le respect porté aux ancêtres, — et voilà, sans nul doute, ce qui a empêché cet empire de laque de complètement se dissoudre.
Il aurait vu, enfin, que l’Europe, à son tour, cette Europe qui, à elle toute seule, est le monde, n’est, au fond, qu’une seule famille : la famille d’Abraham, dominant la terre par les juifs, les chrétiens et les musulmans, et il aurait compris que les luttes de l’Europe, quelles qu’elles aient été et quelles qu’elles soient encore, sont des luttes dans le même esprit, et que le glaive qu’elle tient, comme le glaive qui tournait dans la main du chérubin de l’Éden, n’est que le même glaive.
Mais Yolande d’Aragon, Isabelle de Lorraine, Marie d’Anjou, la femme de Charles VII, furent des reines dans toute la majesté morale de ce mot ; et la mystérieuse puissance qui mène le monde voulut qu’elles fussent, toutes les trois, de la famille même de René, pour qu’il fût, lui, victime de sa race autant que des événements de sa vie et des souvenirs de l’histoire. […] placé par ses relations de famille et ses alliances au confluent de tous les héritages, quand il perd un royaume (la Sicile), il en gagne un autre (l’Aragon), et les peuples semblent enchantés de lui échoir ; mais cela ne l’avance guères.
Nous allons le voir biographe, — le biographe de toute une famille, — un historien de vie privée à enfoncer Boswell ! […] Vacquerie raconte au monde la famille de son maître en littérature, mais, tout en nous donnant cette vue d’histoire, il continue d’être lui-même (heureusement !)
Cette correspondance inédite appartient, nous dit M. de Mouy, aux archives de la famille Poniatowski, et va nous éclairer par-dedans ce singulier Roi, entré dans l’Histoire par la porte du roman et dont le règne ne fut qu’un roman assez triste, qui pourrait s’appeler : « le Règne impossible ». […] Un portrait, gravé par Rajon, et qui doit être ressemblant, car il est copié d’un portrait de famille appartenant aux Poniatowski, nous donne l’idée de cette beauté qui séduisit Catherine à l’âge où cette femme, quand il s’agissait de choisir ses amants, avait son libre arbitre encore.
Au milieu de cette logomachie théologique, si incroyablement obstinée, et dans laquelle pourtant exclusion est faite des miracles, de la virginité, des sacrements, de l’idée de famille, il n’y a de clair, pour qui sait voir, que la haine de Jésus-Christ, sous le nom de Moyen Âge. […] Observation et Rêverie, voilà les tiges-mères de toutes les familles de l’esprit humain !
Pelletan a-t-il vu ailleurs que dans les arrangements de sa pensée, ou sur l’échiquier idéal dans lequel il encastre les événements et ploie l’histoire du monde à sa fantaisie, que l’homme fut chasseur avant d’être pasteur, que ce fut le troupeau qui lui donna l’idée de la famille ; la chasse et les partages de la proie, l’idée de la propriété ?… « Le jour où l’homme laissa les agneaux auprès de la brebis, il garda auprès de lui ses enfants, et la famille fut fondée. » C’est la phrase même de M.
Malheureux par la famille, et malgré les passions et les entraînements de sa vie, ayant gardé dans son cœur brisé, que les autres et lui-même peut-être déchirèrent, ce besoin primitif et inaliénable des saintes affections du foyer, le poète de Colombes et Couleuvres a répété le cri d’angoisse qu’avait jeté déjà lord Byron, et il ne l’a point énervé, en le répétant. […] Une douleur plus mâle et plus profonde a exalté les puissances du poète, et le sentiment paternel, — le plus beau sentiment de l’homme qu’avec leurs cris de bâtards contre la famille, des penseurs à la mécanique voudraient diminuer dans nos cœurs ou en arracher tout à fait, et qui résistera à leurs efforts insensés, — le sentiment paternel élève sa Muse à une hauteur et à une ampleur de ciel qu’elle n’avait pas jusqu’ici accoutumé d’atteindre et dont, sous peine d’affaiblissement, elle ne doit plus désormais descendre.
Les paperasses poétiques du vieux reître, qu’il emportait, comme Camoëns son poème, non à la nage, dans les mers furieuses, mais à travers le feu des guerres et des partis, s’étaient finalement englouties dans la terre la plus prosaïque qui ait jamais existé, à Genève, dans le cabinet de la famille qui a donné le jour à Tronchin. […] À part les satiriques de notre littérature, qui sont tous issus, plus ou moins, depuis Régnier jusqu’à Barbier et Barthélemy (de la Némésis), de l’auteur des Tragiques, de ce premier et terrible fulminateur contre les vices monstrueux d’une époque si exceptionnellement dépravée, il serait certainement possible de retrouver, à deux cents ans de distance, d’autres ressemblances et d’autres traits de famille entre d’Aubigné, ce précurseur de plus grands que lui, et d’autres poètes qui ne sont pas seulement séparés de lui par deux siècles.
J’ai parlé plus haut de Werther, d’Ourika, d’Édouard et d’Adolphe, à la famille desquels appartient ce genre de roman. […] Jean Gigon, né avec le siècle, trouvé sur le versant français des Pyrénées par deux gendarmes, dont l’un son parrain, et l’autre sa marraine, lui donnent, l’un son prénom et l’autre son nom de famille, et lui constituent ce nom de Jean Gigon, si fameux — mais seulement fameux là !
Vous le voyez, c’est un moraliste d’instinct et de réflexion qu’Aubryet ; mais plus encore de rétorsion… Jusqu’ici, il avait, comme la famille d’esprits dont il descend : les Chamfort et les La Bruyère, procédé surtout par des jugements, des portraits et des caractères ; mais l’invention l’a tenté, et, de moraliste devenu romancier, il nous donne cette Vengeance de Madame Maubrel, qui est un livre de détails parisiens si connus qu’il fallait sa plume pour les renouveler en les décrivant, mais qui n’est pas le cas nouveau d’âme humaine que j’attendais, et que tout romancier psychologique est tenu de mettre dans son livre, s’il se risque à faire un roman. […] Clarisse, La Cousine Bette, sont des noms qui expriment maintenant des familles de femmes et des types, et toujours on dira une Clarisse et une Cousine Bette, de toutes celles qui rappelleront l’héroïne de Balzac ou l’héroïne de Richardson.
On fouille les dépôts publics, on se fait ouvrir les archives particulières des familles, on ramasse jusqu’aux dernières paperasses des cabinets d’amateurs. […] Il semblerait que trop de voix ont chanté à nos oreilles rebattues les fiertés de l’honneur, le respect de la famille et même l’amour de la patrie. […] Depuis que la presse périodique lui a donné l’hospitalité, il est devenu le favori de la famille. […] L’art, la famille, la guerre, l’industrie, la richesse et la misère, le bonheur et le malheur : tout appartient au roman. […] Cette douce et touchante histoire pourrait s’insérer manuscrite entre les feuillets d’une bible de famille, tant le style en est pur.
Jacques est de la même famille. […] Lélia est de la famille de René. […] Il est entré dans un genre ouvert, et il ressemble à ces fils de famille qui n’ont que la peine de recueillir un héritage. […] Zola, puisqu’ils n’ont aucun lien avec cette fameuse famille ? […] Quoi de plus gracieux et de plus parfait que la description de cet intérieur d’une famille allemande la veille de Noël ?
Il introduit sur la scène un vigneron du bourg d’Athmone, bon père de famille, que désole la fureur belligérante de la Grèce : le manant s’élance porté sur un monstrueux escarbot : que signifie cette monture ? […] La Grèce entière est une libre et noble famille dont tous les membres se surveillent dans leurs emplois divers, et se rendent mutuellement leur compte les uns aux autres, pour la conservation du bien et des droits de chacun. […] Harpagon veille nuit et jour sur un trésor pour lequel il oublie le soin de sa personne et de sa famille ; on le lui vole, et son désespoir le jette dans la démence. […] Argant a le travers de se croire malade et de se traiter des infirmités qu’il n’a pas ; mais c’est un chef de famille estimable, avisé, et trop surveillant pour être la dupe des chansons de l’amant de sa fille. […] Néanmoins je ne puis reconnaître spécialement le misanthrope dans un homme que courrouce la ruine d’une famille opprimée, et qui, rempli de l’espoir du triomphe de la justice au milieu des hommes, s’élance au secours des malheureux, plaide leur cause à ses risques et périls, et la gagne victorieusement.
Henri Barbusse semble tout à fait étranger au mode de concevoir qui fut habituel à la plupart des poètes de l’âge précédent… Par la volonté des dieux propices, il échappa à la contagion d’idées très précieuses par elles-mêmes, mais que l’indécente familiarité des sots avait avilies, comme toujours… De là ce livre où l’on ne retrouve pas l’air de famille ordinaire aux livres de début qui s’impriment en France et en Belgique.
. — La Famille Benoiton (1865). — Nos bons villageois (1866)
Or, il est certain qu’on trouve dans l’Écriture : L’origine du monde et l’annonce de sa fin ; La base des sciences humaines ; Les préceptes politiques depuis le gouvernement du père de famille jusqu’au despotisme ; depuis l’âge pastoral jusqu’au siècle de corruption ; Les préceptes moraux applicables à la prospérité et à l’infortune, aux rangs les plus élevés, comme aux rangs les plus humbles de la vie ; Enfin, toutes les sortes de styles ; styles qui, formant un corps unique de cent morceaux divers, n’ont toutefois aucune ressemblance avec les styles des hommes.
Il était exempt de tous les soucis de la famille, étant resté garçon ; tout le secondait, tout le satisfaisait, tout le réjouissait ; c’était un exemple de la bonne humeur que vous procurent le bon sens et la sagesse humaine, et naturellement il avait des amis, ayant des écus. […] En ouvrant les volets de la salle basse destinée au dîner de gala, il lève les voiles étendus sur les portraits de famille. — C’étaient les portraits de Nicolas Kobus, conseiller à la cour de l’électeur Frédéric-Wilhelm, en l’an de grâce 1715. […] Il apprend que le lendemain c’est la fête de Rischen, qu’on y dansera, et que Sûzel et sa famille pourront bien y être. […] Et puis, nous avons une affaire de famille à terminer, une affaire très-sérieuse. » En disant cela, il regardait l’autre anabaptiste, qui inclina gravement la tête. […] Seulement, je vous en prie, monsieur Kobus, réfléchissez.… réfléchissez bien à ce que nous sommes et à ce que vous êtes… Réfléchissez, que vous êtes d’un autre rang que nous ; que nous sommes des gens de travail, des gens ordinaires, et que vous êtes d’une famille distinguée depuis longtemps non-seulement par la fortune, mais encore par l’estime que vos ancêtres et vous-même avez méritée.
* * * — Les fautes que les hommes d’État font sur le théâtre de la politique, ils les feraient comme hommes, en famille ou dans la société, qu’on les enfermerait. […] Il entre chez nous, se met à causer de son père, du premier Empire, allume un cigare, et pris par l’intérêt de ce qu’il raconte, par le souvenir du passé et de la famille, nous fait toucher les changements survenus dans les habitudes, les mœurs, le train de vie de la bourgeoisie marchande. […] Nos yeux, au milieu de tout ce monde, ne se reposent et ne se consolent que sur une famille espagnole au grand complet : la grand-mère, la mère et trois petites filles. […] bien oui, ma famille, vous ne les connaissez pas, — et faisant le geste, — ils seraient capables de s’en servir pour abattre des noix ! […] À la campagne et en famille pour changer.
Il reste à savoir si un philosophe doit préférer aux bonnes mœurs, à la sainteté des mariages, à l’union des familles, des comédies et des vers galants. […] Toute la famille sortit avec elle en riant à gorge déployée ; et, ce qui est encore bien plus extraordinaire, la malade, oubliant qu’elle était à l’agonie, se mit à rire beaucoup plus fort que tous les autres. […] Or donc, cette Mélanide proscrite, déshéritée par sa famille qu’elle a déshonorée, a perdu de vue le marquis, et pendant dix-huit ans n’en a reçu aucune nouvelle. […] Il n’est pas inutile d’observer que cette doctrine destructive de la famille est née avec la philosophie moderne, qu’elle est appuyée sur ses maximes, et que ceux qui l’ont étalée avec le plus de complaisance se disaient philosophes. […] Il faudrait répéter dans toutes les familles, inculquer à tous les parents ce proverbe : Enfant gâté, enfant ingrat.
Des pastels anciens, des portraits de famille se fanaient aux murs, tristement, et tandis que, près de nous, rôdait un doux sourire de femme attentive, surveillant la bouilloire où chantait l’eau des tisanes, le moribond, comme dans une protestation dernière, en dépit du mauvais sort, me confiait ses projets d’avenir.
Parce que Scudery aura dit dans une Epître Dédicatoire à M. le Duc de Montmorency, pour lui marquer qu'il est le premier de sa famille qui se soit fait Auteur : Je suis sorti d'une Maison où l'on n'a jamais eu de plume qu'au chapeau ; parce que son Poëme d'Alaric aura commencé par ce Vers : Je chante le Vainqueur des Vainqueurs de la Terre.
Ce double motif de rétablir l’ordre dans l’État et la famille, et de satisfaire au besoin moral des âmes, lui avait inspiré la ferme résolution de remettre la religion catholique sur son ancien pied, sauf les attributions politiques, qu’il regardait comme incompatibles avec l’état présent de la société française. […] Les motifs du premier Consul sont révélés par lui-même dans une allocution à son conseil d’État du 3 germinal, allocution rapportée en ces termes par le conseiller d’État Miot, témoin du discours et ami de la famille Bonaparte. « On verra, dit le premier Consul dans cet accès d’éloquente colère, quels ménagements peut mériter une famille… » (La famille des Bourbons, dont l’ombre lui fermait encore l’accès du trône sur lequel il méditait de s’asseoir bientôt après cet événement.) « Que la France ne s’y trompe pas, elle n’aura ni paix ni repos jusqu’au moment où le dernier des individus de la famille des Bourbons sera exterminé.
En cherchant bien autour de certains fils de famille qui se sont ruinés galamment, et qui vivent sur le bien des autres, toujours courant à la suite d’une maîtresse ou devant un créancier, vous trouveriez quelque Mascarille, vicieux comme son maître, larron pour vivre, attaché pourtant, non par dévouement, mais parce qu’il n’y a pas d’hommes plus près d’être des égaux qu’un libertin et son valet. […] Tout y est troublé : les amusements innocents, l’honnête liberté des discours, les plaisirs et les projets de la famille, un mariage sortable et déjà fort avancé ; personne n’y est incommodé médiocrement. […] Il veut se préparer des consolations, et il se dit à part lui : « Tout père de famille qui revient d’un voyage doit se figurer qu’il va trouver son fils en faute, ou sa femme morte, ou sa fille malade ; et s’il y en a moins qu’il n’en a prévu, c’est autant de gagné59. » Cela est sage, mais froid. […] « Un père de famille, dit Scapin, qui a été absent de chez lui, doit se figurer sa maison brûlée, son argent dérobé, sa femme morte, son fils estropié, sa fille subornée ; et ce qu’il trouve qui ne lui en est point arrivé, l’imputer à sa bonne fortune. […] De toutes les conventions elle est la plus près de la réalité : ce sont nos mœurs, nos scènes de famille, nos travers ; c’est nous.
Un moment, il indique, en quelques mots, comme la chose la plus ordinaire, la tombée à la mer d’un matelot par un gros temps, et l’absolution, donnée du haut du pont, par l’aumônier, à ce malheureux abandonné sur sa bouée… Et comme Daudet lui demande, s’il est d’une famille de marins, il répond le plus simplement du monde, de sa petite voix douce : « Oui, j’ai eu un oncle, mangé sur le radeau de la Méduse. » Lundi 11 février D’où vient que devant un monsieur qui passe dans la rue, un monsieur anonyme et qui n’a pas même une décoration à sa boutonnière, vous avez la perception que ce monsieur a une célébrité, une notoriété, une importance dans les affaires, la science, les lettres, les arts ? […] La Beraudière, auquel je demandais le nom d’une famille de Bretagne où devait être conservée une correspondance de la Lecouvreur, me disait : « Ah le nombre de précieux documents historiques perdus, à l’heure présente… tenez, j’ai eu dans ma famille un châtelain de Picardie, aimé de la Camargo, et qui avait dans son château, une chambre s’appelant encore ces dernières années : la chambre de la Camargo. […] * * * — Mme Sichel racontait, ce soir, que sa famille, après la Révolution, avait vécu du brûlement d’un meuble, en bois doré, que dans le petit appartement occupé par elle, on brûlait par petits morceaux, dans un petit poêle en fonte. […] Et ce sont, sortant d’elle, espacées par de longs silences, des phrases comme celles-ci : « L’amour des autres, non, non, ça ne ressemblait pas au nôtre… le monde ne peut pas savoir… c’est cependant bien simple… moi je n’ai pas de famille… lui était comme moi… nous étions tout l’un pour l’autre. » Et quelques moments après : « Oui, toute ma vie, toutes mes pensées, toutes mes actions, tout… ça allait toujours à lui… ça cherchait toujours à lui être agréable… à lui plaire même, quand j’achetais un bout de ruban… et ce sera chez moi, ainsi jusqu’à l’agonie, jusqu’à l’agonie !
2º La Jeunesse de Voltaire. — Sa famille et ses origines bourgeoises [Cf. ci-dessus les articles Molière, Boileau, Regnard] ; — son éducation au collège de Clermont ; — ses premiers maîtres [les PP. […] III. — Denis Diderot [Langres, 1713 ; † 1784, Paris] La famille de Diderot ; — premières études de Diderot, Langres et Paris [collège d’Harcourt] ; — son refus d’être médecin, avocat ou procureur ; — et sa brouille avec sa famille. — Sa jeunesse besogneuse ; — il se met aux gages des libraires ; donne des leçons de mathématiques ; — et songe même à se faire acteur. — Ses « tours de page » [Cf. […] Eugène Ritter : La Famille de Jean-Jacques Rousseau, 1878 ; Nouvelles recherches sur les Confessions, 1880 ; La Jeunesse de Jean-Jacques Rousseau, 1896 ; — de M. […] Athanase Coquerel, Jean Calas et sa famille, 2e édition, Paris, 1869] ; — et dans celle des Sirven [Cf. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Sa famille et son éducation ; — sa jeunesse aventurière ; — ses voyages en Allemagne, — en Hollande, — en Russie. — Un enfant chéri des dames [Cf.
Je vous en prends à témoin : qu’avez-vous vu dans le sein des familles ? […] De toutes les communes de la République, il n’en est aucune où la rage révolutionnaire ait exercé ses fureurs avec plus d’atrocité qu’à Lyon ; il n’y a pas une famille qui n’ait à y pleurer la perte d’un parent, d’un ami : la réaction dont on se plaint n’est-elle donc pas, jusqu’à un certain point, naturelle ? […] Nous allons après-demain, mon père et moi, passer deux jours à Lausanne pour tirer un parti quelconque de nos droits féodaux, qui seront reçus, dans l’achat de quelques terres, à peu près au taux des assignats ; mais enfin mon père, qui n’aime point à se déplacer, le fait quand il s’agit de l’intérêt de sa famille. […] R. de Chantelauze, a bien voulu rechercher, dans ses papiers de famille, tout ce qui pouvait m’intéresser. […] Julie de Magneunin, c’est le nom de famille de Mme Camille Jordan.
Du donjuanisme intellectuel : « Choisir, c’est renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste. » Aversion pour les foyers, les familles, les fidélités, pour n’importe quelle possession par peur de ne plus posséder que cela : chaque nouveauté doit nous trouver toujours disponibles. […] Très intelligent, il comprend malgré les cachotteries qu’il est le fils du vieux comte : celui-ci le reçoit, s’attendrit un instant, lui accorde une part d’héritage, mais l’exclut de la famille, selon la loi. […] Quoiqu’il en soit, Gertrude désespérée de son erreur, et des chagrins qu’aura causés sa présence dans cette famille pastorale, se noie comme Ophélie, non sans s’être préalablement convertie au catholicisme comme a fait Jacques qui va même jusqu’à entrer dans les ordres. […] La famille, cellule sociale, a dit M. […] André Gide prête à l’ouvrage un certain attrait, il faut avouer que ces histoires de famille et de collège n’ont pas grande portée en soi et paraissent un peu longues.
Déshonneur de la maison, de ma famille ancienne, où l’on ne connaissait que vertu domestique ! […] jamais personne de sa famille n’eut les cheveux frisés. […] Né d’une famille attachée au prétendant, M. […] Le fils, Pedro, devint dès lors l’unique espoir de la famille. […] Le plus aimable de la famille fut encore Clara, toute sèche et froide qu’elle se montrât.
Pas de famille, pas d’intérieur. […] Un vieillard et un étranger regardent d’un jardin, par une baie éclairée, une famille qui, dans la maison, fait la veillée sous la lampe. […] Qu’elles les confient à un petit groupe de dix familles, ainsi que cela s’est fait en Angleterre. […] Le partage forcé lui semblait une des causes les plus vives de désorganisation de la famille et il réclamait en première ligne la liberté testamentaire. […] Une famille, celle des Lamarque, domine le second plan de l’Impérieuse Bonté.
Il s’est placé lui-même dans la famille des écrivains-artistes, « des architectes de mots et de phrases », des
C’est le meilleur poète de cette rare famille.
« Je veux envoyer aux Petites Maisons un vieux garçon de bonne famille, lequel n’a pas plutôt un ducat qu’il le dépense, & qui, ne pouvant se passer d’especes, est capable de tout faire pour en avoir.
Nous savons d’ailleurs qu’il est issu d’une famille honnête de notre ville d’Amiens ; que son aïeul & son pere y ont rempli différentes charge municipales, & qu’ils y ont toujours, ainsi que le sieur Gresset lui-même, vécu de cette maniere honorable, qui, en rapprochant de la Noblesse, est en quelque sorte un degré pour y monter, & c. »
De là, dans ce livre, ces cris d’espoir mêlés d’hésitation, ces chants d’amour coupés de plaintes, cette sérénité pénétrée de tristesse, ces abattements qui se réjouissent tout à coup, ces défaillances relevées soudain, cette tranquillité qui souffre, ces troubles intérieurs qui remuent à peine la surface du vers au dehors, ces tumultes politiques contemplés avec calme, ces retours religieux de la place publique à la famille, cette crainte que tout n’aille s’obscurcissant, et par moments cette foi joyeuse et bruyante à l’épanouissement possible de l’humanité.
Un dieu cruel a perdu ta famille : Reconnois sa vengeance aux fureurs de ta fille.
Une mère sur le visage de laquelle la douleur et la misère se montrent ; des filles aussi affligées et aussi misérables, couchées à terre autour d’elle ; des enfants affamés qui se disputent un morceau de pain sur ses genoux ; un autre qui mange à la dérobée dans un coin ; le père de cette famille qui s’adresse à la commisération des passants.
Il avait auprès de lui sa famille, mais il n’osait encore se permettre les amis, ni demander pour eux les autorisations nécessaires. […] Cinq longues années se passèrent de la sorte, fort adoucies sans doute par les visites d’amis, par des voyages et des séjours que bientôt Bernis put faire dans le Midi chez les personnes de sa famille, mais enfin cinq années d’exil et d’éloignement obligé du monde. […] La conduite de Bernis dans quelques affaires délicates telles que le procès du cardinal de Rohan, où il fallut se prononcer entre sa propre cour et celle de Rome, quelques négociations de confiance et de famille dont il fut chargé, telles qu’une tentative de rapprochement entre le roi d’Espagne Charles III et son fils Ferdinand, roi des Deux-Siciles, et le voyage qu’il fut autorisé de faire à Naples dans cette vue, ne purent qu’accroître son autorité paisible et l’idée qu’on s’était formée de sa sagesse9.
Parlant des siens et de sa race : On ne peut, dans ma famille, nous définir autrement que ce qui suit : Le cœur excellent, l’esprit moins bon que le cœur, et la langue plus mauvaise que tout cela. Il entend cette langue mauvaise dans le sens de l’éloquence et de l’élocution, qui ne répond pas au reste ; et comme c’est en partie affaire d’habitude, il convient que lui et son frère s’en tirent mieux que le reste de la famille. […] La seule vérité historique que je tiens à marquerk, c’est que les deux frères appartiennent à des familles d’hommes politiques toutes différentes et même opposées, l’un étant de ceux qui vont au fond des objets et aspirent à un but réel et constant, l’autre de ceux qui s’en tiennent en tout aux expédients, et s’inspirent uniquement de la circonstance.
Une fois sur l’autre rive, il est rencontré, recueilli, entouré de, soins par une noble famille allemande. […] Tout le monde sait quelle a été la triste marche et l’humiliante entrée de Louis XVI ramené de Versailles à Paris dans la journée du 5 octobre : Son cortège, étonnant par sa composition, affreux par sa contenance féroce et ses cris, mit trois heures à passer dans la rue Royale où j’étais (dit un spectateur qui n’est autre que M. de Meilhan) ; des troupes à pied ou à cheval, des canons conduits par des femmes, des charrettes où, sur des sacs de farine, étaient couchées d’autres femmes ivres de vin et de fureur, criant, chantant et agitant des branches de verdure ; ensuite le roi et sa famille escortés de La Fayette et du comte d’Estaing, l’épée à la main à la portière, et environnés d’une foule d’hommes à cheval, voilà ce qui se présenta successivement à mes yeux pendant l’espace de trois heures. […] Ce même homme qui vient de nous dire que la Révolution a été purement accidentelle dans son explosion, reconnaît qu’une fois enfantée, elle ouvre une ère entièrement nouvelle : La Révolution deviendra une époque nationale, comme la captivité de Babylone chez les juifs, et l’an de l’Hégire chez les arabes et les Turcs ; et une infinité de familles dateront de ce temps une illustration méritée par des services éclatants, ou un attachement héroïque à la monarchie, qui les rapprocheront des anciennes maisons.
Il est bien en cela de la famille des grands hommes fondateurs ou restaurateurs d’une société, et qui ne doivent leur éducation qu’à eux-mêmes. […] Celle-ci avait dissipé les derniers fuyards de la Ligue et contribué à remettre le bon ordre dans les esprits et dans les cités ; l’autre allait former à la vie rurale le père de famille gentilhomme, de retour au manoir des ancêtres, et quand il avait pendu au clou son armure. […] Noces, fêtes, famille, enfants, amis, richesse, santé, pain, vin, plaisir, c’est elle qui nous les donne.
Ses relations anciennes avec la famille d’Orléans, ses obligations particulières et connues envers le prince auquel le tzar se montrait personnellement si contraire, ne rendaient pas son rôle plus aisé ; de plus diplomates que lui se seraient trouvés embarrassés en sa place : il s’en tira à merveille, avec droiture, loyauté et bon sens. […] Horace Vernet sentit à l’instant ce qu’il devait à sa reconnaissance et à ses devoirs envers le chef de la famille d’Orléans. […] Il fit pour l’empereur et pour la famille impériale plusieurs tableaux et portraits qui réussirent fort et qu’on n’a pas vus ici27.
Gavarni n’est qu’un nom de guerre ; il s’appelle de son nom de famille Chevallier (Sulpice-Guillaume), né à Paris, mais, du côté de son père, originaire de Bourgogne ; du village de Saint-Sulpice, aux environs de Joigny. […] « Un soir que nous parlions à Gavarni de ses légendes, racontent MM. de Goncourt, et que nous lui demandions comment elles lui venaient : « Toutes seules, nous dit-il ; j’attaque ma pierre sans penser ‘a la légende, et ce sont mes personnages qui me la disent… Quelquefois ils me demandent du temps… En voilà qui ne m’ont pas encore parlé… » Et il nous montrait les retardataires, des pierres lithographiques adossées au mur, la tête en bas. » Ces mots décisifs, ces paroles stridentes qui ouvrent des jours soudains sur une action, sur un ordre habituel de sentiments, et qui sont comme des sillons de lumière à travers la nature humaine, font de Gavarni un littérateur, un observateur qui rentre, autrement encore que par le crayon, dans la famille des maîtres moralistes. […] » Gavarni, au milieu de ses ironies et de sa veine railleuse, a toujours eu le respect du bon ouvrier, et il est resté fidèle en cela à de bonnes impressions premières ; il a fait un Jour de Van de l’ouvrier, qui est une glorification des joies de famille dans le peuple.
M. de Saint-Joseph, dans son enfance, s’était souvent amusé autour de la table de famille à disposer avec de petites bandes de papier des étoiles de différentes couleurs ; une épingle et des ciseaux étaient ses seuls instruments pour ce travail. […] Ces mots brisèrent mon âme, ma joie disparut ; il me sembla que je ne partais plus, et je n’éprouvai d’autre émotion de plaisir, en lisant la lettre de ma sœur, écrite de Saragosse, que celle d’avoir des nouvelles de ma famille et d’apprendre qu’elles étaient satisfaisantes, J’essayerais en vain de décrire les combats continuels qui, pendant les deux jours que je restai encore dans l’Alhambra, s’élevaient dans mon cœur. […] J’en ai toujours voulu à ce biographe de Hoche qui, écrivant sons l’inspiration de in famille, s’était bien gardé de dire qu’il était fils du garde du chenil de Louis XV. — Le cas de Franceschi nous est un nouvel exemple de la soudaine émancipation des enfants du peuple au premier coup de trompette de la Révolution.
Sa passion pour la jeune fille qu’il aimait avait fini par devenir trop claire aux deux familles, qui, répugnant à unir un couple de cet âge et sans fortune, s’entendirent pour ne plus se voir momentanément. […] Victor Hugo, après avoir passé la belle saison de 1822 à Gentilly, près de la famille de sa fiancée, se maria au mois d’octobre, et dès lors son existence de poëte et d’homme fut fondée telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui ; elle n’a fait, depuis ces neuf années, que monter et s’élargir sur cette base première. […] Ici point de contestation, de luttes comme plus tard, et de victoire arrachée, mais un concert de ravissement, des écharpes flottantes, une vraie fête de famille.
Compatriote et de cette famille poétique de Vauquelin de La Fresnaye, de Racan et de Segrais, il aurait aimé du premier, s’il l’avait connu, le tendre sonnet de Damète et d’Amaranthe ; la paresse élégante et le goût sans travail du second lui semblaient dévolus, et il eût bien été capable de dire en une idylle, si Segrais ne l’avait fait déjà : O les discours charmants ! […] Sage comme je m’imaginais l’être, je n’avais plus d’autre vœu qu’une société choisie et moins éparse, ma famille, la campagne sans l’isolement, quelques livres, surtout la poésie, celle qui répondait à mes besoins, à mes sentiments, et çà et là encore, non loin de moi, quelque liaison délicate et tendre, pour achever d’aimer. […] et, quand vos grains recueillis seront devenus le pain des familles, ce pain que nous autres, insensés des villes, mangeons avec tant d’indifférence et d’oubli, le pauvre, toujours chrétien, lui, n’entamera pas sa nourriture unique, la vie de ses enfants, sans faire, avec la pointe de son couteau, cette croix dont il salue le jour et la nuit, et tous les actes de on existence laborieuse ; il remerciera Dieu du bienfait accordé à ses peines ; il lui demandera de bénir encore les travaux auxquels il s’apprête et pour lesquels il se fortifie.
Il est né à Chambéry, en octobre 1763, d’une très-noble famille et nombreuse ; il avait plusieurs frères, outre celui que nous connaissons. […] M. de Lamartine, dans l’une de ses Harmonies, a célébré avec attendrissement ce retour de M. de Maistre, à qui, durant l’absence, une alliance de famille l’avait uni : Salut au nom des cieux, des monts et des rivages Où s’écoulèrent tes beaux jours, Voyageur fatigué qui reviens sur nos plages Demander à les champs leurs antiques ombrages, A ton cœur ses premiers amours ! […] Il n’aimait guère mieux le quai Voltaire (antipathie de famille), et y passait le plus rapidement qu’il pouvait, baissant la tête, disait-il, et détournant ses regards vers la Seine.
La famille des Carlovingiens apparaît. […] La famille carlovingienne se trouverait donc aquitaine d’extraction et, de plus, sacerdotale, par conséquent toute romaine. […] La révolution opérée dans les mœurs ne se fait encore sentir que par d’imperceptibles nuances ; toutefois elle apparaît évidente dans une autre partie du tableau : Gnathon l’esclave est en plein polythéisme ; Astyle, le jeune patron, s’amuse et se divertit encore aux gaietés païennes ; les amours naïves et sensuelles des deux bergers flottent entre les deux croyances ; mais Cléariste et Dionysophane, le vieux patricien et l’antique matrone, ont déjà la dignité, le calme, la grâce sévère de la famille chrétienne.
Il n’a pas les talents de son devancier : mais c’est un charmant esprit, franc, ouvert, primesautier, un esprit de la famille de La Fontaine et de Montaigne. […] Il est de la même famille, il a le sens de la vie, et il rend d’un trait léger et juste, avec une grâce inoubliable. […] Majeur et investi de l’office de sénéchal de Champagne, héréditaire dans sa famille, il se maria.
On se doute quelle somme de satisfactions et de réjouissances mondaines il pouvait retirer, lui, soutien de famille, de ce modeste emploi aux appointements annuels de quatorze cents francs. […] » — « La famille Victor Hugo est un suçoir qui pompera tout l’or français. […] Des bribes d’interviews, des correspondances de famille dévoilées, des poèmes retrouvés, venaient restreindre le champ de la fantaisie.
C’est pourquoi les romanciers et les auteurs dramatiques se sont jetés avec avidité sur ce sujet attendrissant, et en quelques années ils ont prodigué les fictions82 où ils se sont faits les porte-parole de l’Église catholique, des esprits conservateurs ou des cœurs tendres contre la dissolution légale de la famille. […] Victor Hugo, tantôt flagelle le riche juré qui condamne un pauvre hère, coupable d’avoir volé un pain pour nourrir sa famille, et il en appelle au Christ pensif et pâle, Levant les bras au ciel dans le fond de la salle, tantôt il traîne dans la boue la robe rouge des hauts magistrats qu’il assimile à la casaque rouge des forçats, parce que ces punisseurs officiels de la trahison se sont faits complices d’un coup d’État qui a réussi Enfin il n’y aurait pas à chercher bien loin, si l’on voulait signaler une dernière révolte des « intellectuels » contre les superstitieux adorateurs de la chose jugée. […] Sous-offs de Lucien Descaves, Le cavalier Miserey d’Abel Hermant, La grande famille de Jean Grave, Sous le sabre de Jean Ajalbert, etc.
Il exila plusieurs des jeunes gens des familles les plus considérables de la cour ; il était indigné de leurs mœurs. […] La naissance de M. le duc de Bourgogne lui donna lieu de manifester le fond de ses sentiments pour la reine, et ces affections de famille qui reprennent si doucement leur place dans les âmes bien nées, après en avoir été quelque temps bannies. […] Elle écrit le 1er novembre 1682, de Maintenon, à la comtesse de Saint-Géran : « La famille royale vit dans une union tout à fait édifiante.
Une fille est née de cette rencontre maudite ; on l’a déposée dans une famille de paysans, à Rueil. […] Le commandant n’y fait aucune objection, et il se charge d’apprendre à sa femme que l’enfant a retrouvé une famille. […] Alphonse parti, la tête basse, Adrienne se retourne vers sa vraie famille : « Mon père !
Bettina Brentano, fille d’un père italien établi et marié à Francfort, appartenait à une famille très originale et dont tous les membres avaient un cachet de singularité et de fantaisie. […] Il semblait que la famille de Bettina, en venant d’Italie en Allemagne, fût passée, non par la France, mais par le Tyrol, en compagnie de quelque troupe de gais Bohêmes. […] Elle court, en arrivant, chez Wieland qui connaissait sa famille, et se munit d’un billet de lui pour Goethe.
Cette édition de Condorcet que le public ne demandait pas, mais que sa famille a cru devoir élever comme un monument à sa mémoire, renferme des parties intéressantes et neuves, notamment la correspondance avec Turgot, des lettres de Voltaire, du grand Frédéric, de Mlle de Lespinasse. […] Condorcet, né le 17 septembre 1743, en Picardie, d’une famille noble, dont les membres étaient avantageusement placés dans l’armée et dans l’Église, sentit de bonne heure une vocation irrésistible pour les sciences et les lettres. […] Quand on vient, comme moi, de lire les écrits du Condorcet révolutionnaire, non pas les écrits recueillis dans cette édition de famille, et les seuls dont M.
Mirabeau sortait d’une famille où l’on avait un style original, énergique, pittoresque, un style à la Saint-Simon, ou, pour nommer les choses comme elles le méritent, un style à la Mirabeau. […] Cet orateur inné qui était en lui, et qui s’agita de bonne heure sous l’écrivain, sentait bien que, pour arriver à cette action vaste et souveraine, pour embrasser les masses et les foules d’un tour familier et puissant, il fallait quitter cette langue que j’appellerai patrimoniale et domestique, cette manière de s’exprimer toute particulière qui était ta griffe et parfois le chiffre de sa maison ; il lui fallait quitter une bonne fois le style de famille et descendre de sa montagne. […] Lucas-Montigny ; ils y verront à quel ensemble de circonstances, à quel concert d’efforts combinés Mirabeau dut enfin sa sortie du donjon de Vincennes ; ils y verront aussi les principales vicissitudes du procès qu’il soutint avec la famille de M. de Monnier, et les ressources de tout genre qu’il y déploya jusqu’à ce que les adversaires eussent senti l’utilité d’une transaction.
la royauté, ce n’est qu’un homme, qu’une famille tout au plus contre la nation entière ; nous le savons. […] Le glorieux événement qui a porté au trône la famille d’Orléans est la réalisation de ses plus anciennes espérances. […] « D’un autre côté, si l’on s’imagine que les événements de Juillet n’ont fait autre chose que mettre un nom propre à la place d’un nom propre, une famille à la place d’une autre, … on se trompe d’une manière déplorable. » Ce n’est point là non plus sa solution.
Il avait été stipulé que Voltaire userait de tout en bon usufruitier, et comme ferait un bon père de famille, ménageant les arbres qui étaient sur pied, et se modérant lui-même dans ses devis, dans ses plans d’embellissements et d’avenues. […] De votre côté, vous êtes incapable d’user de ceci autrement qu’en galant homme, comme vous feriez de votre propre bien patrimonial, en bon propriétaire et bon père de famille. […] Et c’est toujours en homme lésé et dupé, en homme généreux et désintéressé, ne visant qu’au bien d’autrui et ne marchandant pas d’ailleurs son plaisir, que Voltaire fait des siennes dans cette terre de Tourney, et qu’il se passe tous ses dégâts et toutes ses lésines : Je mets mon plaisir à rendre fertile un pays qui ne l’était guère, et je croirai, en mourant, n’avoir point de reproches à me faire de l’emploi de ma fortune… Je continue très certainement à faire le bien de la terre en agrandissant les prés aux dépens de quelques arbres… J’ai tout lieu de me flatter que vous ne me troublerez pas dans les services que je vous rends, à vous et votre famille.
Il ne se dit jamais avec la douce sagesse que devrait avoir un homme qui a médité sur la montagne et qui a vécu au désert : « Les vieilles religions sont comme les vieux arbres : il y a des milliers de familles innocentes d’oiseaux qui y font leurs nids47. » Au reste, il y a dans tout ceci à faire la part du siècle et du moment ; elle est immense. […] Il s’était marié à une personne de sa famille, beaucoup plus jeune que lui, et qui entourait de soins sa vieillesse. […] Je souhaite que le double dépôt se conserve dans la famille illustre qui s’en trouve l’héritière Qui sait ?
Il est inutile d’exposer que la naissance d’attractions littéraires ou le dévouement à des causes communes, coïncide avec le relâchement des liens de clan, de cité, de nation, de famille ; que les arts aussi bien que l’humanitarisme tendent à favoriser le cosmopolitisme, et qu’ainsi les liens d’une admiration ou d’une entreprise générale remplacent en un sens ceux du sang. […] Enfin, saisissant ainsi des intelligences telles quelles, les analysant avec une précision et une netteté considérables et les replaçant ensuite par une minutieuse synthèse dans leurs familles, leurs patries, leurs milieux, l’esthopsychologie, un ensemble d’études particulières de cette science, sont appelés à vérifier les plus importantes théories de ce temps sur la dépendance mutuelle des hommes, sur l’hérédité individuelle, sur l’influence de l’entourage physique et social. […] Tarde compare ainsi « l’état social » à « l’état hypnotique », ou à « l’état somnambulique », ce qui signifie que les relations sociales sont d’abord pour lui fondamentalement dissymétriques : un « fascinateur » doté d’un certain prestige et d’une certain autorité symbolique (chef de famille, chef militaire, instituteur, prêtre, etc.), influence un « fasciné », selon une dynamique qui façonne les différentes conduites imitatives.
N’est-ce pas à cette idée qu’obéit le droit lorsqu’il détache, pour le juger, l’individu de son groupe, et déclare que les fautes, comme les mérites, sont personnelles ; — l’administration publique, lorsqu’elle enlève ses fonctions aux familles qui en faisaient des propriétés transmissibles, pour les prêter aux individus qu’elle adjugés capables de les remplir, — la politique, lorsque, dans ses systèmes électoraux elle compte, non par ordres, corporations ou lignages, mais par individus, — l’économie enfin, lorsqu’elle refoule toutes les espèces du communisme pour chercher une organisation qui assure à chaque individu sa part ? […] Ne sait-on pas que d’abord, autant qu’on peut comprendre l’esprit qui les anime, les familles primitives ne paraissent pas concevoir l’idée qu’aucun droit puisse exister pour l’étranger, pour le sans-famille, — pour l’homme en tant qu’homme ? […] C’est là un des résultats sur lesquels les sociologues de différentes écoles semblent près de s’accorder23 : l’esprit des sociétés primitives pourra être, si l’on veut, appelé « communiste » ; on y pense par groupes, familles ou tribus, non par personne.
Si différentes qu’elles soient, églises ou armées, familles ou syndicats, les sociétés ont toutes, par définition, ceci de commun qu’elles unissent un certain nombre d’individus : c’est un truisme que pour former une société on peut être des millions et il faut être au moins deux. […] L’accroissement du nombre des familles, suivant un vieux texte irlandais53, fit succéder, au régime de la propriété collective, le régime de la propriété individuelle. […] L’idée de l’humanité n’est-elle pas elle-même, en effet, une extension de l’idée de la famille et de la cité ?
La rigueur du sort a passé depuis sur cette famille, réduite de nombre, errante, exilée ; mais de quelle brillante auréole l’entourait et devait la protéger le génie du poëte, alors qu’il disait : Oh ! que j’aime bien mieux ma joie et mon plaisir, Et toute ma famille, avec tout mon loisir, Que la gloire ingrate et frivole, Dussent mes vers, troublés de ces cris familiers, S’enfuir, comme devant un essaim d’écoliers, Une troupe d’oiseaux s’envole ! […] Marié et devenu père de famille, l’orageuse instabilité de l’Orient américain l’épouvanta d’autant plus.
Et il peignit non des hommes, mais des « groupes d’hommes », famille, ferme, village, ville.
Chuquet son chartrier de famille. […] Chuquet doit de précieuses indications à la famille Susini, qui reçut des marques particulières de la bienveillance impériale. […] Il trouve la famille à table. […] L’Ambigu offrait aux amateurs de mélodrames La famille savoyarde ou les jeux de la Fortune. […] C’est ainsi que la famille des Oberlé se divise en deux camps.
Toute cette histoire suprême de Bégon, partant de son château, sur la marche de Gascogne, où lui, homme du Nord, il s’ennuie, et s’arrachant de sa belle et riante famille pour s’en aller mourir dans une forêt, près de Valenciennes, au pied d’un tremble, de la main d’un misérable archer, est d’une haute fierté et d’un effet des plus dramatiques. On a là un fort bel et fort distinct épisode de la vie féodale dans les premiers siècles : une scène de famille d’abord, dans le grand salon du château ; un départ pour un lointain voyage, d’après un vague désir, sur une idée brute et simple de chasseur en quête d’un merveilleux exploit, d’un monstrueux sanglier ; — une chasse en pleine forêt ; une grande et noble figure de gentilhomme, de franc homme, séparé de sa suite, debout sous un arbre, le pied sur sa bête tuée, son cheval à ses côtés, ses chiens couchés devant lui, son cor d’ivoire au col, et là se défendant contre une bande de gens de rien enhardis par l’espoir du butin et d’une riche proie. […] Neveu de Des Portes, il se croyait de son école et de celle de Ronsard : il était surtout de la famille de Rabelais, de Villon et des bons vieux Gaulois, — de cette famille modifiée toutefois et fortifiée par le régime et la nourriture de Ronsard.
Ainsi le pli est déjà pris ; une famille de sensations conduit à une autre. — Même opération au jardin sur des fleurs et branches d’arbustes qu’il avait vues depuis longtemps, mais non touchées ; aussitôt qu’il a pu diriger ses mains, on le soulevait à portée de l’arbuste, et il touchait, empoignait les fleurs et les branches, avec une attention et un intérêt très visibles. […] Le meilleur représentant de cet état est la famille des langues touraniennes ; les langues qu’elle comprend ont, en général, été nommées agglutinatives, parce que la seconde racine altérée vient se coller à la première intacte. — La troisième étape, qu’on peut appeler celle des inflexions, a ses meilleurs représentants dans les familles aryenne et sémitique. […] Nous pouvons nommer nos parents nos père et mère, fúmú ; mais comment nommerions-nous notre famille ?
Ce ne sont que rixes et meurtres, chevauchées, combats, sièges, massacres, pillages, fausse paix et traîtresses attaques : toute la France, des Landes jusqu’en Lorraine et de Lyon à Cambrai, est remuée, divisée, dévastée par la rivalité qui anime les familles de Hardré le Bordelais et Hervis le Lorrain. De génération en génération, comme de province en province, la haine et la guerre s’étendront, faisant ruisseler le sang, jetant cadavre sur cadavre : depuis le vieil Hardré, depuis Bègue et Garin, fils de Hervis, jusqu’aux petits-enfants de Hervis et de Hardré, qu’une paix plâtrée fait naître d’un funeste mariage en mêlant le sang des deux familles, et qui périront sous les coups les uns de leur oncle maternel et les autres de leur propre père. […] Un cycle est l’histoire d’une famille épique, la suite des poèmes qui en présentent les générations successives et les fortunes variées. […] On la verrait se rattacher le vaillant Vivien et le grotesque Rainouart, qui seront l’un neveu de Guillaume et l’autre frère de sa femme ; la famille se prolongera dans la descendance collatérale jusqu’à un petit-neveu de Guillaume.
« Vous y verrez que les relations entre Henri de Latouche et la famille Valmore étaient de pure amitié. […] La rupture, qui eut lieu en 1839 entre H. de Latouche et la famille Valmore, fut causée par l’exigeante amitié et surtout par la conduite ignoble de ce drôle. […] Elle naît pauvre, elle entre au théâtre pour nourrir sa famille. […] Je n’ai jamais eu, pour ma part, l’âme assez trempée pour pratiquer la mystification, même en famille ou entre amis.
Toute la famille du cardinal, le prince de Conti et sa femme plus que tout autre, étaient intéressés à rendre ridicule la galanterie sentimentale. […] N’y aurait-il pas eu effet de l’absurdité à choisir deux provinciales, pour attirer la risée sur deux femmes de la cour ; deux bourgeoises pour représenter le ridicule de femmes de haute naissance ; deux vieilles folles de petite condition, dont la vanité est de se faire une cour d’hommes de qualité, pour ridiculiser des femmes du premier rang, dont les hommes de la plus haute condition sont la société nécessaire, habituelle, sont les amis la famille ? […] L’habitude du travail en famille, la réunion de la mère de famille et de ses filles autour d’une taille de travail est le seul moyen d’enseigner les usages du monde où les jeunes personnes sont destinées à vivre, le seul moyen de donner à leur esprit le développement convenable, à leur langage la facilité et la mesure appropriées à leur condition.
Elle se faisait une dévotion de porter habituellement sur elle une lettre de lui écrite à Mme Le Maître, et où il avait nommé avec bienveillance plusieurs membres de la famille. […] Cette jeune âme ardente de Jacqueline Pascal souffre des retards que sa famille impose à sa vocation.
Casanova de Seingalt rentre tout à fait dans cette famille ; c’en est un des fils les plus prodigues et nés le plus complètement coiffés. […] Jacques Casanova naquit à Venise en 1725 ; les liens de famille ne l’étouffèrent pas.
Notre vraie raison de défendre l’instruction primaire, c’est qu’un peuple sans instruction est fanatique et qu’un peuple fanatique crée toujours un danger à la science, les gouvernements ayant l’habitude, au nom des croyances de la foule et de prétendus pères de famille, d’imposer à la liberté de l’esprit des gênes insupportables. […] Les titres de chaque famille humaine à des mentions plus ou moins honorables dans l’histoire du progrès sont à peu près déterminés.
Une famille qui s’établit à l’étranger s’assimile assez vite au milieu nouveau qui l’enveloppe. […] Mirabeau, « Monsieur de l’Ouragan », comme on l’appelait dans sa famille, nous montrerait la passion fougueuse, effrénée, indomptable, arrivant enfin à l’action, qui en est l’aboutissant et l’assouvissement naturel.
S’ils ont des enfants, tant mieux, pères de famille, ils n’en seront que plus doux et plus compatissants pour les élèves. […] Mais parce qu’un maître est chargé d’une famille nombreuse il ne faut pas que ses avantages soient moindres que ceux du célibataire ; on lui payera son logement.
Pour les uns, en effet, ces lettres, exhumées d’une correspondance de famille, étaient une occasion excellente de reclasser à nouveau, sans le changer de place, un livre (Werther qui fut l’engouement de toute une époque, et dont, selon nous, le succès fut plus le fils des circonstances que du génie). […] En 1772, Goethe, âgé de vingt-trois ans, habitait Wetzlar, dans les États prussiens, et il y était devenu l’ami d’un jeune homme comme lui, nommé Kestner, secrétaire de l’ambassade hanovrienne, lequel était, sinon fiancé, au moins lié de cœur avec mademoiselle Charlotte Buff, de la famille de M.
Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France Vie de la Révérende Mère Térèse de Saint-Augustin, Madame Louise de France, par une religieuse de sa communauté ; Louis XV et sa famille, par H. […] lui laver doucettement le bout des doigts… Disons-le à son éloge : l’auteur de Louis XV et sa famille n’est pas pour les incestes… Louis XV sort net de cela des mains de ce petit juge « bon humain », comme dirait Béranger… Seulement, s’il n’insulte pas malproprement Mesdames de France, en les racontant, H.
Il se prétendait de la famille des Constantins ; mais ce droit n’était rien sans la victoire ; il fut vaincu. […] Instruit de ces détails, tu es monté sur le trône ; c’est pourquoi, comme si ce vaste empire n’était qu’une famille, tu vois d’un coup d’œil quels sont tes revenus, quelles sont tes dépenses, ce qui manque, ce qui reste ; les opérations qui sont faciles, celles qui ne le sont pas.
Le second tableau nous montre le taudis d’une famille de tisserands. […] On aperçoit assez distinctement une famille qui fait la veillée sous la lampe. […] Il vient, accompagné d’un vieillard ami de la famille, apporter la triste nouvelle. […] Ils voient, par les fenêtres la famille assemblée, si paisible et si confiante. […] C’est le soir du sabbat : toutes les chandelles sont allumées sur la table de famille.
Casanova de Seingalt rentre tout à fait dans cette famille ; c’en est un des fils les plus prodigues et nés le plus complétement coiffés… 149.
Quoi qu’il en soit de nos critiques sincères, ce volume, qui vient de l’âme, et qui est une douce émanation, charmera les lecteurs dispersés de la même famille ; les lecteurs plus artistes et plus difficiles y verront au moins les promesses d’un poète.
j’ai combattu soixante ans pour ta gloire ; J’ai vu tomber ton temple et périr ta mémoire ; Dans un cachot affreux abandonné vingt ans, Mes larmes t’imploroient pour mes tristes enfants : Et lorsque ma famille est par toi réunie, Quand je trouve une fille, elle est ton ennemie !
Au début du combat, l’un de vous que je sais, un membre de la famille de Diâdié, un de ceux que vous aimez le plus de vos concitoyens, décochera la flèche au milieu des ennemis.
Il est sans doute à quelque degré de la famille des Brossette et des Boswell, de ceux qui se font volontiers les greffiers et les rapporteurs des hommes célèbres ; mais il choisit bien son objet, il l’a adopté par choix et par goût, non par banalité ni par badauderie aucune ; il n’a rien du gobe-mouche, et ses procès-verbaux portent en général sur les matières les plus élevées et les plus intéressantes dont il se pénètre tout le premier et qu’il nous transmet en auditeur intelligent. […] Goethe, à ses débuts, est un homme du dix-huitième siècle ; il a vu jouer dans son enfance le Père de famille de Diderot et les Philosophes de Palissot ; il a lu nos auteurs, il les goûte, et lorsqu’il a opéré son œuvre essentielle, qui était d’arracher l’Allemagne à une imitation stérile et de lui apprendre à se bâtir une maison à elle, une maison du Nord, sur ses propres fondements, il aime à revenir de temps en temps à cette littérature d’un siècle qui, après tout, est le sien. […] Il m’a donné des lettres de recommandation, entre autres une pour la famille Frommann9. […] J’ai vu Goethe là tout à fait comme père de famille ; il nous présentait les plats, découpait le rôti, et cela très adroitement, sans oublier de nous verser à boire. […] Il m’interrogea aussi sur mes relations avec la famille ducale, avec la duchesse Amélie, avec le duc, la duchesse, etc. — Je lui fis les réponses les plus simples.
Je souhaitais d’être encore mille fois plus boiteux, car, dans ce temps, on avait d’abord pris les garçons, puis les hommes mariés sans enfants, ensuite les hommes mariés avec un enfant, et malgré moi je pensais : est-ce que les boiteux valent mieux que les pères de famille ? […] Mais ce jour-là, chaque famille se tenait autour de son âtre, et l’on voyait les petites vitres rondes comme piquées d’un point rouge, à cause du grand feu de l’intérieur. […] Quand le père Fouze, le vitrier, vint nous raconter cette affiche, un matin, je tombai presque en faiblesse, car je me dis en moi-même : « Maintenant on prend tout : les pères de famille depuis 1809 ; je suis perdu ! […] L’idée me vint aussi que trente ou quarante mille familles en France, en Russie, en Allemagne, allaient recevoir la même nouvelle, et plus terrible encore, puisqu’un grand nombre des malheureux étendus sur le champ de bataille avaient leur père et mère ; je me représentai cela comme un grand cri du genre humain qui monte au ciel. […] On pouvait espérer en l’avenir, ou pouvait croire que chacun, avec de la conduite et de l’économie, arriverait à gagner l’estime des honnêtes gens, à bien élever sa famille, sans crainte d’être repris par la conscription sept et même huit ans après avoir gagné.
Issu d’une famille religieuse, Audin aurait pu avoir son berceau, comme les premiers chrétiens, dans des catacombes. […] Si ces projets de famille avaient été réalisés, que fût devenu Audin, l’historien et le biographe ? […] Eux, les seuls maintenant qui croient à la Famille, ont oublié que c’est manquer à la mémoire de ses pères que d’en répudier l’héritage. […] Sous sa main inspirée, c’est le Luther de la Wartbourg et de Worms, c’est l’évangéliste d’Eisleben ; puis aussi c’est le Luther de la famille, du coin du feu, du cabaret ! […] La timidité des âmes délicates, qui est aux plus beaux sentiments ce que la mousse est aux plus belles roses, qu’elle préserve en les voilant, l’éloigna des coteries, des sociétés retentissantes, de toutes les farandoles de vanité qui se donnent la main, et le retint entre sa famille, quelques amis, et plus tard, — quand ceux qui aiment l’Église surent le bon soldat que l’Église avait en sa personne, — quelques nobles et grandes relations qui lui restèrent toujours fidèles.
Veuillot est aux antipodes de cette famille d’esprits. […] Car les querelles de famille sont les plus âpres, et, quand ce sont des frères égarés que l’on combat, le prix tout particulier qu’on attache à la victoire ne permet plus, en conscience, de prendre aucun repos ni d’observer aucun ménagement. […] Les bases morales de la constitution seront la religion, la famille, la propriété, la liberté. […] Pour être électeur et éligible, il faut être chef de famille. […] Il me semble que ce grand seigneur qui a vendu à la bande noire sa terre, son château, ses papiers de famille, m’a trahi personnellement.
C’était vraiment d’une opposition charmante, sur l’antiquaille des murs, et pour ainsi dire, sur la pourriture des tapisseries, ces deux frais enfants, assis sur deux petites chaises, l’un en face de l’autre, le petit garçon avec son visage et son teint à la Murillo, la petite fille sous son petit bonnet blanc : tous deux entourés des jeux de petits chiens, qui semblaient former avec eux une famille du même âge. […] Partout un grand luxe, mais un luxe commun et acheté tout d’un coup, et au milieu duquel, la gaze qui enveloppe et défend les dorures, dit la mesquinerie bourgeoise de cette fille placée par le hasard dans la famille des grandes impures. […] Samedi 16 octobre Le petit prince Sayounsi a donné, ces jours-ci, ses sabres de famille à Burty. […] Donc là, un jour, il dit à sa famille : Le temps n’est pas beau aujourd’hui, on ne sortira pas ce soir, je vous ménage une surprise. » Le soir arrivé, l’Empereur apparaît avec un manuscrit dans les mains. « C’était une nouvelle de moi… Et comme nous lui disons : — Ça été un succès ? […] Une autre voix. — Oh, la séductrice famille que cette famille Sarah Bernhardt… Vous n’avez pas connu la charmante petite Régina, morte à dix-neuf ans… Une autre voix. — Oui, on estime à quatre-vingts millions de rente, la fortune que les jésuites possèdent en France, et cela est établi par une enquête secrète, faite tout dernièrement… C’était assez difficile, ils n’ont que des actions au porteur… le gouvernement a fait des recherches, pour arriver à savoir quelles étaient les personnes qui touchaient ces titres.
Une nation, c’est pour nous une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant, dans le passé, de souvenirs, de sacrifices, de gloires, souvent de deuils et de regrets communs ; dans le présent, du désir de continuer à vivre ensemble.
Dès lors, nous comprenons la diversité de nos sensations totales, leur composition infiniment complexe, leur division en familles ou (espèces qui nous semblent irréductibles l’une à l’autre. […] Telles sont pour la conscience nos cinq familles de sensations, dans chaque famille plusieurs groupes, dans chacun de ces groupes plusieurs espèces, et, parmi les sensations du goût et de l’odorat, presque chaque espèce. — Du même coup, une lumière jaillit sur la structure et sur le jeu interne de notre appareil sensitif. […] Selon notre hypothèse, il y aurait cinq de ces types, et, par conséquent, cinq familles de cellules, tactiles, acoustiques, gustatives, optiques, olfactives. Sous l’impulsion du nerf afférent, chaque famille exécuterait son type de danse ; mais, ainsi qu’on l’a vu, cette impulsion est susceptible de plusieurs rhythmes, et par conséquent, dans chaque type de danse, la diversité des rhythmes introduirait des espèces et des variétés correspondantes à celles que, par la conscience, nous remarquons dans nos sensations. […] Non seulement les images persistent, mais, quoique de familles différentes, l’une tient à l’autre ; quand la première se produit, la seconde surgit par contrecoup ; les deux forment un couple plus ou moins solide, parfois indestructible.
Demandez même à ces familles dispersées, à ces amants que le sort ou le devoir sépare, combien la vue de quelques mots écrits leur porte de sécurité, de joie, ou de consolation, dans l’absence : ceux-là vous diront aussi ce que la grâce de l’expression ajoute de charme aux relations des sentiments. […] La botanique, afin de mieux définir l’immense règne végétal, compose même de la foule des plantes et des fleurs une quantité de familles qu’elle range d’après leurs attributs, pour les mieux remarquer. […] Il nous tracera bien le bonheur d’une famille unie, si son cœur ouvert à tous les purs sentiments fut toujours filial et paternel. […] L’espèce parodiste met en jeu les masques des mimes d’Italie, connus sous les noms d’Arlequin et de sa vagabonde maîtresse, de Pantalon et de sa burlesque famille. […] Est-il vraisemblable que, dans la pièce de Zaïre, le vieux Lusignan et sa famille se livrent aux transports de leur zèle chrétien, dans l’appartement même du musulman Orosmane, qu’ils redoutent encore ?
. — Sa famille. — Son éducation […] Il était né d’une famille où le courage, la noblesse morale, le sentiment des arts s’étaient assemblés pour murmurer les plus belles et les plus éloquentes paroles autour de son berceau. […] Tout le génie de Milton sort de là : il a porté l’éclat de la Renaissance dans le sérieux de la Réforme, les magnificences de Spenser dans les sévérités de Calvin, et s’est trouvé avec sa famille au confluent de deux civilisations qu’il a réunies. […] Voilà de la vertu et de la morale anglaises, et chaque famille, le soir, pourra la lire en guise de Bible à ses enfants. Adam est le vrai chef de famille, électeur, député à la chambre des communes, ancien étudiant d’Oxford, consulté au besoin par sa femme, et lui versant d’une main prudente les solutions scientifiques dont elle a besoin.
On ne peut vivre en famille, exercer sa profession, vaquer aux mille soins de la vie journalière, faire ses emplettes, se promener dans la rue ou même rester chez soi, sans obéir à des prescriptions et se plier à des obligations. […] On se plaît à dire que l’apprentissage des vertus civiques se fait dans la famille, et que de même, à chérir sa patrie, on se prépare à aimer le genre humain. […] Ni dans un cas ni dans l’autre nous n’arrivons a l’humanité par étapes, en traversant la famille et la nation. […] La personne lésée, ou sa famille, n’a donc alors qu’à suivre son instinct, à réagir selon la nature, à se venger ; et les représailles pourraient être hors de proportion avec l’offense si cet échange de mauvais procédés n’apparaissait pas comme vaguement soumis à la règle générale des échanges. Il est vrai que la querelle risquerait de s’éterniser, la « vendetta » se poursuivrait sans fin entre les deux familles, si l’une d’elles ne se décidait à accepter un dédommagement pécuniaire : alors se dégagera nettement l’idée de compensation, déjà impliquée dans celles d’échange et de réciprocité. — Que la société se charge maintenant de sévir elle-même, de réprimer les actes de violence quels qu’ils soient, on dira que c’est elle qui exerce la justice, si l’on appelait déjà de ce nom la règle à laquelle se référaient, pour mettre fin à leurs différends, les individus ou les familles.
une famille espagnole. du même.
Tant de banqueroutes frauduleuses, tant de familles anéanties, furent l’ouvrage des folles dépenses. […] Si je passe en Angleterre, je trouve dans chaque famille un énorme rosbif. […] Il oublie sa naissance, son éducation, sa famille, sa vertu, & il devient dans un clin d’œil la fable du public. […] Quelle nécessité y a-t-il qu’on ait une berline à quatre, & que toute une famille soit traînée dans la même voiture. […] Enfin, chaque royaume ne sera qu’une seule famille, que le monarque logera, nourrira, chauffera, éclairera.
On obtenait ainsi ces familles patriarcales dont l’idée nous effraie et très justement, car l’état social n’en permet plus l’épanouissement. […] Le séjour de la jeune fille dans la famille en a chassé tous les livres. […] Toutes les familles sont chrétiennes, même celles qui le nient à haute voix. […] La jeune fille, qui crée la famille, est une création de l’homme, du mâle. […] Au contraire, la distinction n’en serait que plus marquée entre la fille vivant à sa guise dans le monde et la fille confinée dans sa famille.
Ce fut le moment, au contraire, que Diderot choisit pour attirer l’attention sur lui par la publication de son Père de famille. […] Le père de famille irrité finit par donner sa malédiction à son fils. […] Je ne suis pas plus le père de famille que le commandeur, et, si l’on se souvient de moi quand on me lira, il faut que l’ouvrage soit bien mauvais ! […] Naples n’accéda jamais au pacte de famille. […] « Ordonner une composition, une scène de mœurs, … une scène pathétique, … une scène de famille, … » tel est le fin et le tout de l’art.
Elle est à la fois la classe et la récréation de la famille, l’harmonie et l’âme de la maison. […] Ce genre de causerie surgit rarement dans la complète intimité de la famille. […] C’est lui, l’ingrat, qui a fait entrer la laideur dans son domaine et dans sa propre famille. […] … Au milieu de vous, je me tiens comme un père au sein de sa famille ; vous m’appartenez tous ! […] Lorsque sa famille s’établit à Paris, Balzac avait dix-huit ans.
De temps à autre, on sent circuler dans la pièce un souffle vivifiant et doux, un parfum des joies de la famille, que nous retrouverons plus tard dans Agnès de Méranie. […] Cousin retrace l’adolescence de cette jeune fille appelée à une si brillante et si mélancolique destinée, Anne-Geneviève de Bourbon ; il nous la montre tantôt dans sa famille, tantôt aux Carmélites, partagée entre sa vocation religieuse et ces premières images d’héroïsme et de grandeur que personnifiait sous ses yeux le jeune duc d’Enghien, et qui se mêlaient, comme une légende de famille, aux traditions de ces deux illustres races, les Condé et les Montmorency. […] Mercier appartient évidemment à l’innombrable famille des esprits faux ; en outre, il est déclamateur comme Rousseau, son maître, moins le génie de Rousseau. […] C’est au Temple (15 août 1792) que M. de Beauchesne entre, avec la famille royale, dans le cœur même de son sujet. […] Pour son malheur et celui de sa famille, Louis XVII commençait, hélas !
Pourtant, pas plus dans la famille qu’au collège, l’intelligence de Balzac ne fut devinée ou comprise. […] La famille de Balzac étant revenue à Paris, il fut mis en pension chez M. […] Monarchique et catholique, il défend l’autorité, exalte la religion, prêche le devoir, morigène la passion, et n’admet le bonheur que dans le mariage et la famille. […] La Némésis muselée, Méry s’en alla rejoindre en Italie les exilés de la famille impériale, à qui il fut toujours dévoué. […] Autour de la ville, les cahutes basses en briques et couvertes de plusieurs doigts de poussière mamelonnant la plaine, comme autant de verrues, contiennent les familles des soldats.
On doit supposer que sa famille jouissait d’une certaine aisance ; car elle fit cultiver son éducation, et Geoffroy commença ses études d’une manière assez brillante chez les jésuites de Rennes, pour être appelé ensuite à Paris au collège de Louis-le-Grand. […] « Les auteurs de nos jours nous sont chers, dit ce philosophe ; nos enfants, nos proches, nos amis nous sont chers ; mais la grande famille de la patrie renferme et réunit en elle seule toutes ces amitiés particulières. […] N’est-ce pas le sort de cette famille obligée de se sacrifier à l’ambition de Rome ? […] C’est un tableau parfait des terribles catastrophes que la guerre produit dans une famille ; et le dénouement naturel de ces catastrophes, c’est le jugement qui arrache à l’ignominie du supplice le vainqueur des Curiaces. […] Le théâtre d’Athènes offrait au peuple des infortunes royales, des trônes renversés, d’illustres familles réduites à l’esclavage, des traits effrayants de la puissance et de la colère des dieux, de grands exemples des vicissitudes du sort et des maux de l’humanité.
Va, mon enfant chéri, d’une famille à l’autre, Emporte le bonheur et laisse-nous l’ennui.
Après tant de témoignages de constante attention, on ne saurait dire assurément que je l’aie négligé : je crains cependant de n’être pas tout à fait arrivé, à son sujet, au niveau des exigences de quelques-uns, — et je ne parle pas seulement de sa famille, mais des admirateurs enthousiastes qu’il n’a cessé de recruter dans les générations survenantes.
Gregh appartient à cette famille d’esprits qu’épouvante la grande lumière de midi sur notre jardin des rythmes.
* Non content de ces deux victimes immolées à sa fureur, Archiloque voulut faire expier la rupture de son mariage à toute la famille des Lycambe.
Dépendante de l’Angleterre par les unions de famille et par la solde des subventions, dépendante de la Russie par la crainte d’être dévorée si elle n’est pas complice, la Prusse n’est pas une puissance assise sur ses propres bases : c’est une puissance debout, mécontente, inquiète de sa mauvaise assiette territoriale entre la Russie, l’Angleterre, la France, et prête à toutes les infidélités d’alliances si on lui offre le prix de sa versatilité. […] Comment des peuples pasteurs, nomades, aujourd’hui ici, demain à cent lieues, suivant les saisons, l’été sur les côtes, l’hiver dans les steppes, toujours à cheval, transportant sur leurs chameaux leurs familles et leurs tentes, comment de pareilles populations pourraient-elles se prêter au genre d’administration directe, uniforme et sédentaire de l’Europe ? […] Ma monarchie, jusqu’ici de troisième ordre et presque inaperçue dans la famille des monarchies, va grandir en un moment, non pas comme une puissance régulière et par un accroissement progressif, mais à la manière des explosions révolutionnaires, jusqu’à la proportion de trente millions d’âmes, d’un trône composé des ruines de cinq ou six trônes, et d’une armée de cinq ou six cent mille hommes qui deviendront mon armée. […] Ce droit des boulets et des bombes sur la tête des rois, des femmes, des enfants, des jeunes princesses d’une maison royale avec laquelle on n’est pas en guerre, est-il devenu le droit des rois contre les rois de la même famille ?
Les mots de liberté et de vertu politique sonnaient moins souvent et moins haut dans ses pages toutes poétiques ; ce n’était pas le Dante d’une Florence asservie, c’était le Tasse d’une patrie perdue, d’une famille de rois proscrits, chantant ses amours trompés, ses autels renversés, ses tours démolies, ses dieux et ses rois chassés, les chantant à l’oreille des proscripteurs, sur les bords même des fleuves de la patrie ; mais son âme grande et généreuse donnait aux chants du poète quelque chose de l’accent du citoyen. […] Ils furent pour nous comme deux protestations vivantes contre l’oppression de l’âme et du cœur, contre le dessèchement et l’avilissement du siècle ; ils furent l’aliment de nos toits solitaires, le pain caché de nos âmes refoulées ; ils prirent sur nous comme un droit de famille, ils furent de notre sang, nous fûmes du leur, et il est peut d’entre nous qui ne leur doive ce qu’il fut, ce qu’il est, ou ce qu’il sera. […] Plus souvent je rentrais à la campagne pour passer la mélancolique automne dans la maison solitaire de mon père et de ma mère, dans la paix, dans le silence, dans la sainteté domestique des douces impressions du foyer ; le jour, courant les forêts, le soir, lisant ce que je trouvais sur les vieux rayons de ces bibliothèques de famille. […] C’était le palais épiscopal de l’évêque arabe de Balbek qui surveille dans ce désert un petit troupeau de douze ou quinze familles chrétiennes de la communion grecque, perdues au milieu de ces déserts et de la tribu féroce des Arabes indépendants de Békàa.
Jean-Jacques Olier, issu d’une famille qui a donné à l’État un grand nombre de serviteurs capables, fut le contemporain et le coopérateur de Vincent de Paul, de Bérulle, d’Adrien de Bourdoise, du père Eudes, de Charles de Gondren, de ces fondateurs de congrégations ayant pour objet la réforme de l’éducation ecclésiastique, qui ont eu un rôle si considérable dans la préparation du xviie siècle. […] Engagé jeune dans l’état ecclésiastique, il fut nommé, par l’influence de sa famille, curé de la paroisse de Saint-Sulpice, qui était alors une dépendance de l’abbaye de Saint-Germain des Prés. […] Après la mort de la reine Margot, le casin fut vendu et appartint à diverses familles parisiennes, qui l’habitèrent jusque vers 1655. […] Sa famille appartenait à cette partie de l’ancienne bourgeoisie qui, sans être affiliée aux jansénistes, partageait l’attachement extrême de ces derniers pour la religion.
N’arrive-t-il pas souvent, dit-il, que dans une même maison, dans une même famille, dans le même temps & pour la même chose, un père gronde, une fille occupée de sa passion pleure, le fils se moque des deux, & que les amis, ou les parens, ont différemment part à la scène. […] L’auteur se flattoit de la voir jouer par les comédiens ; mais ils ont donné la préférence au Père de famille. […] La critique s’en est prévalue : elle a trouvé le Père de famille encore plus repréhensible que le Fils naturel. […] Ne permit-il pas aux comédiens de s’allier avec d’honnêtes familles ?
La Genèse des Chants de Maldororc André Malrauxd A Monsieur Jacques Brimeure Haïssant sa famille, désirant quitter au plus vite Montevideo, Lautréamont vint à Paris à vingt ans, sous le prétexte saugrenu de suivre des cours préparatoires, à l’Ecole Polytechnique. […] Ce sont même quelquefois des anecdotes au sentiment fabriqué : le conseil de protéger ses ongles pendant quinze jours puis de les enfoncer avec jouissance, bave et lenteur dans la poitrine d’un poupon glapissant est d’un sadisme enfantin, d’un baudelairisme d’employé de la Compagnie des Chemins de fer ; et la scène de famille — écrite d’abord sous forme de théâtre — est visiblement façonnée : l’« enfant qui souffre » ayant été utilisé déjà, comment le présenter à nouveau sans qu’il semble un peu usé aux coudes ? En le fanfreluchant d’une famille, d’une sensible famille de figurants qui va souffrir aussi.
Il apprend, pendant ce voyage d’Amérique, la mort de son ancien précepteur, âgé de quatre-vingts ans, l’abbé Lesueur, l’un de ces abbés d’autrefois, attachés pour toute la vie à la maison qu’ils avaient d’abord adoptée, devenus membres de la famille et considérant les fils comme les leurs : « un être dont toutes les pensées, toutes les affections se rapportaient à nous seuls et qui ne semblait vivre que pour nous. » C’est à son frère, également élève de l’abbé Lesueur, que Tocqueville adresse cette lettre, où il s’épanche en pleurs amers et en regrets pénétrants : « Oh ! […] Qui sait le sort qui attend sa famille adoptive à l’entrée d’une époque de révolutions comme celle où nous sommes ? […] Hier au soir, je l’ai prié comme un saint ; j’espère qu’il a entendu ma voix et qu’il a vu que ses bienfaits n’avaient point été tout à fait perdus… » Cette mort d’un vieillard, à laquelle il semble qu’il pouvait s’attendre, assombrit pour le jeune voyageur les spectacles auxquels il va désormais assister ; il le dit et le redit à toutes les personnes de sa famille avec des accents d’une sincérité profonde, et qui mettent à nu, à n’en pas douter, l’état contristé de son âme : « (A Mme de Grancev, 10 octobre 1831)… Bien des gens croient que nous n’avons fait qu’une perte ordinaire ; mais vous savez que c’est presque un père que nous pleurons.
Benoist participe, à quelques égards, de cette dernière famille qui a richesse et fécondité. […] Mais n’allez point pour cela appeler Virgile un « compilateur de génie », comme je vois que l’a fait tout récemment un professeur de rhétorique, d’ailleurs fort estimable, et qui a cru bien dire ; tout mon sens critique se révolte contre une pareille appellation qui tend à confondre le vulgaire et le rare, le grossier et le délicat, l’engeance des Trublet et la famille des Virgile, et à méconnaître une des formes les plus fines, une des sources les plus secrètes de l’invention poétique. […] Il n’avait qu’un seul ami personnel sur qui il put compter, et dont le concours, l’assistance lui était indispensable : son beau-frère, le comte Temple, frère aîné de George Grenville, le chef de cette grande famille, alors si riche et si considérable.
Bayle, né au Carlat, dans le comté de Foix, en 1647, d’une famille patriarcale de ministres calvinistes, fut mis de bonne heure aux études, au latin, au grec, d’abord dans la maison paternelle, puis à l’académie de Puy-Laurens. […] Quelques mois plus tard, ce zèle du jeune Bayle s’était refroidi ; les doutes le travaillaient, et, dix-sept mois après sa conversion, sortant secrètement de Toulouse, il revint à sa famille et au calvinisme. […] Il le presse de questions sur les nobles de sa province, sur les tenants et aboutissants de chaque famille : « Je sais bien que la généalogie ne fait pas votre étude, comme elle aurait été ma marotte si j’eusse été d’une fortune à étudier selon ma fantaisie. » Il complimente son frère et se réjouit de le voir touché de la même passion que lui, de connoître jusqu’aux moindres particularités des grands hommes.
« L’allégresse du cœur s’augmente à la répandre. » Lenski, qui aime une demoiselle du voisinage, veut rendre Onéguine témoin de son bonheur, et le conduit, presque malgré lui, dans la famille de sa fiancée, famille bien patriarcale, provinciale même. […] Cependant Lenski est un peu piqué que sa fiancée et sa famille n’aient pas été mieux appréciées par Onéguine.
D'éclairer l'homme sur sa dignité ; de lui faire aimer ses devoirs les plus pénibles ; de réprimer les égaremens d'une raison indocile ; d'enchaîner les mouvemens des cœurs corrompus ou près de se corrompre ; de faire, en un mot, de tous les hommes une société d'amis ou de freres, une seule & même famille. […] Que de familles injustement flétries par l’ignorance ou la scélératesse, doivent leur réhabilitation au repentir que la Religion a fait naître dans l’ame des vrais Coupables ! […] De là, point de confiance dans les sentimens, plus de sûreté dans le commerce, plus de liens dans les familles, plus d'amour pour la Patrie, plus d'équité, plus d'honneur.
Une bonne chose au fond que cette habitude ancienne de la transmission des portraits de famille : c’était un enchaînement de la race. […] Et dans cette pièce remplie de portraits de famille, le germe d’une mauvaise action était mal à l’aise. […] Puis dans cette préface, il pleut des larmes de famille : ce sont des éloges et des regrets en style lapidaire de tombe du Père-Lachaise.
Le général Lasalle étant célèbre par sa bravoure, par son dévouement à l’empereur, par ses services depuis quinze ans (il n’en a que trente-trois), et récemment encore ayant puissamment contribué, par son courage et l’habileté de ses manœuvres, au gain de la bataille de Médelin, étant remarquable par son ton militaire, par sa gaieté éminemment française qui ne se dément jamais au fort même des combats, enfin étant messin, mon compatriote, d’une famille que j’ai beaucoup connue, fils d’une mère que j’ai un peu aimée, cousin d’un de mes confrères au parlement de Metz, j’ai pris un extrême plaisir à le voir, à l’écouter, et je veux prolonger ce plaisir en écrivant ici, aussi exactement qu’il me sera possible, toute la conversation qui a eu lieu entre lui et moi, et a été commune, pendant tout le dîner, toutes les personnes qui s’y trouvaient réunies. […] Il y avait son logement et était reçu dans la famille au déjeuner.
Il est de la famille opposée, de la race de Lessing. […] Au milieu de tout ce qu’elles renferment de gracieux, d’aimable, de tendre même au point de vue de la famille, il fait remarquer qu’on n’y rencontre jamais l’expression d’un sentiment religieux, pieux, jamais une larme de tendresse ou de tristesse, une parole d’humilité ou de compassion.
Rappelé à l’âge de vingt ans à l’île Bourbon par sa famille, Parny y trouva ce qui lui avait manqué jusqu’alors pour animer ses vers et leur donner une inspiration originale, la passion. […] La poésie érotique n’est pas l’enfance, mais l’enfantillage de la poésie. » Voilà l’anathème du vieux Caton ; — pas si Caton qu’il en avait l’air, pas si Aristide du moins, et qui, dans son austérité de censeur en titre, ne dédaignait ni les places, ni les émoluments, ni les biens solides pour sa famille : — « Les Bonald, je les connais », disait M.
Né en Bourgogne, d’une famille parlementaire (1627), il s’annonça de bonne heure par les plus brillantes dispositions ; son feu, sa vivacité étaient modérés par une douceur et une sagesse qui se retrouvent dans toute sa vie ; sa parole était de feu, mais son esprit, sa conduite furent toujours sages. […] Un jour, à l’une de ces thèses dite la tentative, le prince de Condé, ami et protecteur de sa famille, à qui il l’avait dédiée et qui y assistait, voyant le répondant assailli de toutes parts et faisant face à tous, eut la tentation lui-même de faire comme sur le champ de bataille, de courir à son secours et d’entrer dans la mêlée : instinct de héros, qui ne peut voir un ami, un brave dans le péril, sans s’y jeter et sans prendre sa part à la fête. — Ou bien encore (car ces sortes de légendes sont flottantes) ce fut contre le brillant bachelier en personne qu’il se sentit, dit-on, l’envie de disputer, le voyant si redoutable et si vainqueur : autre instinct de héros et d’Alexandre, jaloux de toutes les palmes, avide et amoureux de toutes les gloires.
Il sortait d’une famille de marins ; par son père, il appartient à la race bretonne pure, à cette race triste, douce, inflexible, dont il a si bien parlé dans son Étude sur Lamennais. […] Né le dernier de la famille, douze ans après les autres, après une sœur qui l’assista dans sa jeunesse, qui lui fut comme une seconde mère, qui ne voulut jamais le quitter, et qu’il a eu tout récemment le malheur de perdre pendant ce pèlerinage scientifique en Orient où elle l’accompagnait encore, il reçut et il a nourri en lui, sans les dissiper, les affections et les vertus domestiques.
Louis Passy, que des affinités de famille rattachent au comte Frochot, vient d’écrire sur lui un très bon livre, puisé aux sources, construit avec des documents originaux. […] Les joies de la famille lui restaient.
A sept ans et demi, elle perdit sa mère, qui avait voulu aller mourir à Metz au milieu de sa famille ; car, atteinte d’une maladie de poitrine incurable, cette femme de vertu ne s’abusa pas un moment sur son état, et se disposa à la mort avec calme, comme pour un voyage. […] Après la perte de son mari, elle est allée rejoindre jusque dans l’Orient son fils unique, qui y remplissait des fonctions consulaires : elle est, après des années, revenue en France, la vue affaiblie, sentant le poids de l’âge, étrangère aux vains bruits, aux agitations de la vanité, et ne demandant de consolation qu’à la famille, à l’amitié, aux choses du cœur et de l’intelligence.
Antécédents héréditaires : Issu d’une famille primitivement robuste composée « d’athlétiques soudards, de rébarbatifs reîtres »… « Par un singulier phénomène d’atavisme », il ressemble à l’antique aïeul qui, au xvie siècle, introduit dans la race des éléments de dégénérescence et chez lequel se marque « la prédominance de la lymphe dans le sang ». […] Il est « le seul rejeton » de la famille.
Il pensait qu’il y a des familles d’esprits, comme en histoire naturelle il y a les races et des variétés. Mais on ne voit pas que Sainte-Beuve ait constitué ces familles d’esprits : il a poursuivi partout l’individualité, en ce qu’elle a de plus distinct.
La connaissance qu’on avait de sa famille, laquelle était peu considérable, nuisait trop à son autorité. […] Il est remarquable, du reste, que sa famille lui fit une assez vive opposition, et refusa nettement de croire a sa mission 380.
La famille de David était, a ce qu’il semble, éteinte depuis longtemps 677 ; les Asmonéens, d’origine sacerdotale, ne pouvaient chercher à s’attribuer une telle descendance ; ni Hérode, ni les Romains ne songent un moment qu’il existe autour d’eux un représentant quelconque des droits de l’antique dynastie. […] Si la famille de David formait encore un groupe distinct et ayant de la notoriété, comment se fait-il qu’on ne la voie jamais figurer, à côté des Sadokites, des Boëthuses, des Asmonéens, des Hérodes, dans les grandes luttes du temps ?
Le murmure qui lui échappe à Béthanie semble supposer que parfois il trouvait que le maître coûtait trop cher à sa famille spirituelle. […] Il est probable que dans certaines familles chrétiennes primitives, ce dernier rite obtint une importance qu’il perdit depuis 1083.
Ce nom, ce serment, les souvenirs de persécution religieuse attachés à ces circonstances avaient tait sur l’âme du jeune Agrippa une de ces impressions qui dans les familles se transmettent de général ton en génération, forment dans l’esprit des enfants qui se succèdent une idée fixe autour de laquelle les premières notions et les premiers sentiments de morale se rangent et s’impriment en caractères ineffaçables75. […] Scarron était d’une famille parlementaire ; il recevait chez une bonne compagnie.
Pour la seconde fois, il choisissait en prince qui se respecte et veut assurer le respect public à sa famille ; pour la seconde fois, il se décidait par l’estime ; il rendait hommage aux principes d’honnêteté que sa conduite semblait braver. […] Un directeur était un parasite, « jaloux d’obtenir le secret des familles, aimant à trouver les portes ouvertes dans les maisons des grands, à manger souvent à de bonnes tables, à se promener en carrosse dans une grande ville, et à faire de délicieuses retraites à la campagne, à voir plusieurs personnes de nom et de distinction s’intéresser à sa vie, à sa santé, et à ménager pour les autres et pour lui-même tous les intérêts humains…, couvrant tous les intérêts du soucieux et irrépréhensible prétexte du soin des âmes ».
Un régiment est une famille, et le rôle de colonel, conçu dans son véritable esprit, est l’un des plus beaux à remplir. […] Quand la santé résiste aux souffrances physiques, le courage apprend bientôt à les mépriser, surtout quand il est soutenu par l’idée de Dieu, par l’espérance d’une autre vie ; mais j’avoue que le courage m’abandonnait en voyant succomber sous mes yeux des amis, des compagnons d’armes, qu’on appelle, à si juste titre, la famille du colonel, et qu’il semblait ici n’avoir été appelé à commander que pour présider à leur destruction.
Cyr, nommée la Maison-Fort, d’une ancienne famille de Berry, parente très-estimable, & devenue la favorite de madame de Maintenon. […] On cite, pour garant de la vérité de ce fait, une famille considérée dans Paris, & qui l’a révélé.
Dans chaque partie du monde, chaque contrée ; dans une même contrée chaque province ; dans une province chaque ville ; dans une ville chaque famille ; dans une famille, chaque individu ; dans un individu, chaque instant a sa physionomie, son expression.
Ainsi, après avoir suivi l’évolution de la famille patriarcale à travers l’histoire de Rome, d’Athènes, de Sparte, on classera ces mêmes cités suivant le degré maximum de développement qu’atteint chez chacune d’elles ce type familial et on verra ensuite si, par rapport à l’état du milieu social dont il paraît dépendre d’après la première expérience, elles se classent encore de la même manière. […] Pour pouvoir expliquer l’état actuel de la famille, du mariage, de la propriété, etc., il faudrait connaître quelles en sont les origines, quels sont les éléments simples dont ces institutions sont composées et, sur ces points, l’histoire comparée des grandes sociétés européennes ne saurait nous apporter de grandes lumières.
Il a fait un livre intitulé la Famille, dont nous parlerons quand nous aborderons les moralistes contemporains. […] Dargaud, l’auteur de la Famille et de Marie Stuart, deux livres dont l’un est simplement touchant, mais dont l’autre est grandement pathétique.
Fétides sous le Directoire, mais tonifiées et bonifiées par la gloire, ces mœurs étaient telles encore que Napoléon, ce génie romain, ce grand pater familias de son empire, avait besoin de toutes ses impériales sévérités pour ramener aux vertus de la famille ses généraux mal disciplinés à ces vertus, mais dont c’était la seule indiscipline… Eh bien, au plus brûlant et au plus entraînant de ces mœurs qui avaient en tout l’emportement de la mêlée et de la victoire, voilà qu’apparut cet être étrange et ravissant, et alors, comme depuis, si chastement inviolable, que, malgré toutes les qualités qui éveillent l’envie, jamais la calomnie n’eut le courage d’envoyer même sur ses pieds immaculés une gouttelette de boue. […] Elle n’écrirait pas même de ces phrases-là si elle ne s’y croyait obligée par des motifs de famille.
C’est la femme comme il faut, ce n’est pas la femelle moderne et ornementée de littérature orgueilleuse qui a pu écrire cette noble phrase, qui est un aperçu : « Quand, par la mort ou un changement dans les rôles qui échoient à chacun ici-bas, la femme devient chef de famille, elle perd de ses qualités sans acquérir celles qui lui seraient indispensables. » Et plus loin : « L’influence de la femme chef de famille se sent encore et d’une façon funeste après plusieurs générations.
Charles Bonnet, lié à Genève, appartenait à une famille française. […] Né à Genève, d’une famille d’origine française, en 1712.
Passionné pour les Grecs, nourri jour et nuit de la lecture de leurs écrivains, enthousiaste d’Homère, fanatique de Platon, avide et insatiable de connaissances ; né avec ce genre d’imagination qui s’enflamme pour tout ce qui est extraordinaire ; ayant de plus une âme ardente, et cette force qui sait plus se précipiter en avant que s’arrêter ; d’ailleurs, accoutumé dès son enfance à voir dans un empereur chrétien le meurtrier de sa famille, et, dans le fond de son cœur, rendant peut-être la religion complice des crimes qu’elle condamne ; placé entre l’ambition et la crainte, inquiet sur le présent, incertain sur l’avenir ; ses goûts, son imagination, son âme, les malheurs de sa famille, les siens, tout semblait le préparer d’avance à ce changement qui éclata dans la suite.
Fils d’une famille noble de Mytilène, le poëte Alcée, dont le nom demeure un des symboles du génie lyrique, paraît avoir été tour à tour le champion d’une aristocratie qui se flattait d’illustrer le pays qu’elle gouvernail, et l’adversaire opiniâtre de l’homme puissant sorti des luttes publiques, pour commander également à tous, au nom du peuple. […] Après les élans et les aveux de son propre cœur, ses amours, ses jalousies, elle eut pour sujet de ses vers la louange des dieux, les fêtes de famille de la Grèce, les épithalames, les chants funèbres.
Il travaillait pour son père et sa mère, il travaillait aussi pour toutes les familles de la campagne, pour tous les ménages des mas.
Léon Daudet, dont on ne saurait suspecter la foi ni la compétence sans émulsionner les familles Daudet, Hugo et Dorian, voici que ce Swift du Kamchatka nous révèle la vénalité foncière des critiques les plus jeunes et les plus sévères.