C’est un philosophe qui chasse de race, un philosophe de père en fils, dont le père eut autrefois aussi son prix d’académie, et qui a voulu continuer cette gloire paternelle… Certes, ce n’est pas avec de telles préoccupations que l’on peut dépasser par la fierté ou la soudaineté de l’aperçu, par l’indépendance, par un style vivant et anti-officiel, les conditions du programme de l’Académie, cet établissement de haute bienfaisance littéraire qui n’existe que pour mettre en lumière les talents qui, tout seuls, ne s’y mettraient pas.
Oui, à en croire cette déclaration, onctueusement superbe, où le Père suprême, qui n’est plus vêtu de bleu, mais de noir, parle doux, comme l’huissier de Molière : Il est vêtu de noir et parle d’un ton doux, à en croire cette déclaration, l’Église saint-simonienne existerait. […] Enfantin, qui joue à la grande tendresse du Père, fourre des entrailles partout, jusque dans ses dégoûts.
Dans l’état qu’on appelle état de nature, et qui fut celui des familles, les pères de familles ne pouvant recourir à la protection des lois qui n’existaient point encore, en appelaient aux dieux des torts qu’ils souffraient, implorabant deorum fidem ; tel fut le premier sens, le sens propre de cette expression. […] L’Empereur Conrad III ayant forcé à se rendre la ville de Veinsberg qui avait soutenu son compétiteur, permit aux femmes seules d’en sortir avec tout ce qu’elles pourraient emporter ; elles chargèrent sur leur dos leurs fils, leurs maris et leurs pères.
Il est le père du romantisme et de presque toute la littérature du dix-neuvième siècle. […] Nos pères auraient pu le voir entrer à l’Abbaye-aux-Bois. […] Tous deux sont fils de pères terribles. […] Le sang d’un père, d’une mère, est garant des vœux que j’ai faits. […] Père tout-puissant, tu m’as appelé dans la solitude, tu m’as dit : « René, René !
Que ne s’est-il souvenu des beaux vers de Malherbe, dont la noble lyre s’accorda si bien aux sentiments de nos pères sur Jeanne d’Arc ? […] C’est là ce qu’a montré Virgile dans les reproches du malheureux père et dans l’inhumanité du vainqueur. […] dit Job, père de nos tribus, « Voilà les flots sauveurs que tes lèvres ont bus, « Le puits mystérieux où ton enfance crie. […] « Naboth teint de son sang la vigne de ses pères. […] « Confondit et Mayenne et la Ligue et l’Ibère, « Et fut de ses sujets le vainqueur et le père.
Nous lisions avec confiance les textes lus par nos pères. […] Nos pères n’avaient pas l’oreille si délicate ; leur pudeur n’était pas si susceptible sur les mots. […] L’homme bien élevé lira Corneille, La Fontaine, Racine et Molière, comme nos pères lisaient Homère, Horace et Virgile. […] Le fils montre à son père le devoir étroit, et le père se sacrifie à ce devoir pour ne plus déchoir dans la tendresse de son enfant. […] Le rideau tombe sur le châtiment du pauvre père, qui se sacrifie et quitte volontairement la France.
Longtemps on en fit un dieu, et, républicains ou libéraux, nos pères ont presque tous une part de responsabilité dans cette fatale apothéose. […] Ils en eurent la grande âme, ils en furent à la fois les pères et les fils. […] Ce beau livre, simple recueil des impressions du père de famille, est devenu classique à juste droit. […] Dans ses filles ce père prépare la mère dans ses fils il prépare le citoyen. […] Ses yeux s’ouvrirent sur les choses en Allemagne où on l’emmena voir son père, alors commissaire des guerres à l’armée du Rhin.
Clémenceau n’a jamais connu son père. […] Nos pères s’embarrassaient de moins de choses et sentaient mieux la nature. […] Mais bientôt il fut appelé au chevet de son père mourant. […] nous n’avons pas gardé le secret de ce que nos pères appelaient « les fortes nourritures ». […] Adam n’en est pas moins le père de la lexicographie comme de l’humanité.
Son père, officier dans le régiment de Condé, avait fait les campagnes d’Italie sous les maréchaux de Coigny et de Broglie en 1734. […] La voie est frayée, le terrain est préparé, et l’on voit paraître Hume, le père du scepticisme moderne et du néant universel. […] Ce redoutable écrivain, qui traitait d’une si terrible manière les antagonistes de ses idées, était le plus tendre des pères. […] Je vois cette fille orpheline d’un père vivant. […] À dix-sept ans, il était à Paris de retour auprès de son père.
» Le prince a couru gentiment m’annoncer à son père, qui est venu aussitôt à moi dans la galerie. […] Accusateur public, le père vient requérir, réclamer le châtiment du crime, mais qui accuse-t-il ? […] Un jour, une jeune fille en grand deuil se présente devant lui. « Mon père, lui dit-elle, je viens vous annoncer la mort de ma mère. […] Cette tête sacrée, C’est mon père. […] Ils étaient des fils, ils allaient être des pères.
Il paraît que c’est un conservateur en herbe, que son père appelle le petit éteignoir — et avec cela casseur en diable, — et dans une partie de jeu, ces temps-ci, un jour où son père ne l’avait pas mené au spectacle où il comptait aller, ayant brisé pour quarante mille francs de petits modèles de soldats exécutés par le sculpteur Frémiet : l’armée en réduction minuscule que l’Empereur a dans une armoire de sa chambre… * * * — Par le froid, les petits musiciens passent dans les rues, leur violon sous l’aisselle, perdus dans d’immenses redingotes, un képi sur le sommet de la tête : caricaturaux et sinistres, ayant l’air de petits singes en carrick. […] Une curieuse lettre, est une lettre adressée à son fils âgé de six ans, où il lui raconte, sur le ton de la plaisanterie, sa promenade de pékin dans tout ça, escorté de son trompette prussien : on ferait quelque chose de charmant de la guerre, ainsi contée par un père à son enfant. […] Il entre chez nous, se met à causer de son père, du premier Empire, allume un cigare, et pris par l’intérêt de ce qu’il raconte, par le souvenir du passé et de la famille, nous fait toucher les changements survenus dans les habitudes, les mœurs, le train de vie de la bourgeoisie marchande. […] Viollet-le-Duc parlait de gestes d’enfant qui dénoncent le père, le nomment presque, et il soutenait qu’un cocu philosophe, qui étudierait la question, pourrait, sans se tromper, reconnaître dans le cercle de ses amis et de ses connaissances, le père de son enfant. […] Son père découpait toujours.
Marc. 596 Lettre au Roi de Sardaigne Victor Amédée III, en lui envoyant l'Abrégé historique de la vie du Roi Charles-Emmanuel III, son père. 598 Lettre à l'Impératrice-Reine de Hongrie. 601 Lettre au Prince Charles de Lorraine, oncle de l'Empereur, Gouverneur des Pays-Bas, &c. 603 Lettre à un Journaliste. 605 Lettre à MM. les Auteurs du Journal de Paris. 615 Lettre à M. l'Abbé de Fontenai, Rédacteur des Annonces & Affiches pour la Province. 619 Lettre à M.
Cependant, que pensez-vous de Lulli, mon Père ? […] Molière soutient aussi que la passion n’est pas un spectacle dangereux ; je vous reprends pour ce mot-là, mon Père. […] Mais laissons en paix l’honnête Père théatin, et remarquez, je vous en prie, quel grand écrivain de feuilletons c’eût été là si Bossuet eût voulu s’en mêler. […] Elle est tout à fait aise de ce mariage ; la sévérité de son père la tenait dans une sujétion si fâcheuse ! […] Seule, tant elle est sûre de ce grand amour, le père de toute indulgence, Célimène ose affronter cette colère, mais cette fois rien n’y fait ; elle y perd sa dernière grâce, son dernier sourire, le charme est détruit !
Un père et une mère marient leur fils unique et lui abandonnent tous leurs biens. […] Sans doute on peut reprocher à ce père du théâtre plus d’un défaut. […] Que d’auteurs à vingt pistoles, dont les pièces, sous d’autres noms, sous d’autres parrains, font la fortune des théâtres et des pères d’adoption ? […] Voici pour le premier père. […] En effet, en rimant, Longepierre ne fit qu’obéir aux ordres de son père, et on pourrait l’appeler avec raison le Poëte malgré lui.
Son père, qui était un joséphin, avait pris le parti prudent de quitter l’Espagne, en 1814, et de s’établir aux colonies : Indiana y est née, y a été élevée dans la naïveté et l’ignorance ; privée de sa mère dès le bas âge, elle s’est trouvée presque entièrement abandonnée, pour l’éducation et les soins, à un cousin de dix ans plus âgé qu’elle, sir Rodolphe Brown, ou plus brièvement sir Ralph. […] Il est probable que, malgré la différence des âges, il aurait fini par épouser sa cousine : car elle était devenue une charmante jeune fille, et par la mort de ce frère aîné, qu’environnait une injuste préférence, sir Ralph était devenu un riche héritier ; mais, durant un voyage lointain qu’il fit à cette époque, la soumise Indiana fut mariée par son père à un ancien colonel français, le baron Delmare, alors négociant très-riche de Bourbon.
Éludiez Pascal, et la vie intense des acteurs de la comédie théologique qu’il dénonce à l’opinion des mondains : observez le père jésuite de la Quatrième Provinciale, doux et accueillant, ami des gens curieux, expert en logique, à cheval sur les textes et les autorités, n’ouvrant qu’avec révérence la Somme des péchés du père Bauny, « et de la cinquième édition encore, pour vous montrer que c’est un bon livre », et les écrits du P. […] Qu’il est vrai, vivant, ce bon Père, si profondément candide et jésuite à la fois !
Pères conscrits, qu’on nous ôte de là Ce faux Otto (peccavit Chantalat)28, Et que vos murs, en échange, aient l’étrenne De ces dessins où, plus riche d’éclat, F. […] Aurélien Scholl la contemple d’un monocle embué : — « C’est ma filleule, … me chuchote-t-il… À dater d’aujourd’hui je lui tiens lieu de père !
Le seul parti qu’il eût à prendre, était de lui donner une lettre de divorce, et de l’envoyer avec ses plus jeunes enfants chez son père, lequel comprendrait, il en était certain, la véritable raison qui le poussait à agir ainsi et donnerait à la pauvre femme consolation et conseil. […] Je vous donnerai une lettre de divorce et vous aurez à retourner chez votre père.
La première est pour venger les pères de l’église & les anciens chrétiens des raisonnemens qu’on leur fait tenir, & pour exposer les motifs qu’ils ont eu de croire que les oracles des payens étoient rendus par les démons ; la seconde, pour détruire les preuves directes par lesquelles on établissoit que les oracles étoient l’unique ouvrage de quelques prêtres imposteurs ou dupes ; la troisième, pour faire voir que la naissance de Jésus-Christ est l’époque de la cessation des oracles, & qu’ils n’ont cessé que par le pouvoir de la croix & par l’invocation de son nom. […] Le sentiment contraire est celui de bien des payens, de plusieurs sectes de philosophes, des pères qui font le plus autorité dans l’église, de l’écriture elle-même : il est conforme aux intérêts de la religion.
Tout père frappe à côté. […] On lui dit qu’il était père.
J’aurais voulu qu’il nous eût simplifié ce prince sans étoffe, même pour le crime, que je ne comparerai pas à son père, — quoiqu’il le trouvât (chose significative !) le plus honnête homme qu’il eût connu, — mais qui, à part le sang, dans lequel il ne tomba point, avait la même ambition que son père, cette ambition qui se remuait tortueusement et toujours, mais qui ne savait pas frapper le coup décisif et suprême ; car Louis-Philippe ne le sut jamais, ni avant d’être roi, ni après qu’il fut roi, ni depuis qu’il fut roi.
, ces œuvres d’un prix si réduit et d’un format si commode, contiennent l’écrit intitulé : La France libre, Le Discours de la Lanterne aux Parisiens, des Lettres de Camille à son père et à sa femme, et, enfin, ce qui a fixé la gloire d’écrivain de l’auteur, son Vieux Cordelier. […] Voyez-le raconter, dans une de ses lettres à son père, la chasse donnée pendant SIX heures, dans le carré du Palais-Royal, à un malheureux agent de police reconnu par dix mille bourreaux (c’est lui qui donne le chiffre), lesquels le jettent dans le bassin, le daguent de la pointe de leurs cannes, et lui mettent un œil hors de la tête !
Nous pensons que si on opposait aux droits de l’homme de Rousseau la déclaration des droits de la famille française représentée par le Père, ceci nous infuserait un sang nouveau dans les veines, et que le pouvoir politique bénéficierait, à l’instant même, car le Notre Père ne s’adresse pas qu’à Dieu.
Chastel, car il a beaucoup de talent, et il a pris dans la lecture des Pères des empreintes si chrétiennes, qu’on oublie parfois qu’il est un révolté contre l’Église dont il écrit l’histoire. […] Cette saine, savoureuse et onctueuse littérature des Pères, que E.
Père de la tragédie et père aussi de la comédie, il a fait Racine et il a fait Molière, — Molière, que la terrible observation de son esprit et la profondeur de sa plaisanterie ne garantirent pas non plus des égarements de son cœur.
C’est une Église grecque qui s’introduit dans la Gaule, à Lyon ; le premier évêque de Lyon, saint Pothin, est un Grec ; le premier père de l’Église de la Gaule (père, c’est-à-dire défenseur contre les hérétiques et controversiste) est un père grec, saint Irénée. […] — Il nous manque, pour savoir en quoi consistaient précisément les altérations que le peuple romain lui-même faisait subir à la langue de Cicéron, et pour nous faire une juste idée du latin vernaculaire, de posséder quelques-unes de ces petites comédies populaires que l’on désignait sous le nom d’Atellanes ; mais ce qu’on peut affirmer, c’est que, là comme partout, la multitude tronquait, altérait les formes des mots, les désinences caractéristiques destinées à en nuancer la valeur grammaticale17 ; ou plutôt elle continuait de faire comme avaient fait ses pères, elle suivait les habitudes commodes et la voie large de l’idiome vulgaire, lequel était probablement antérieur à la création du latin savant, qui s’était plus ou moins modelé sur le grec. […] Il en parut le Restaurateur et le Père ; c’est le titre que lui donnait en 1594 l’avocat Loisel, en lui dédiant un vieux poème de la Mort attribué à Hélinand, qu’il publiait sans le bien comprendre. […] Il lui a même créé, à force de bonne volonté, un auteur distinct, Théroulde, l’abbé Théroulde ou le père de cet abbé ; il en a presque fait quelqu’un. […] Il a proposé, notamment, sur la prononciation de nos pères, tout un système ingénieux, tantôt plausible, tantôt contestable27.
Au fond du char, le vieillard maître du champ, et père, beau-père ou aïeul de toute cette famille, gouverne. […] … » — « Elle part pour l’Angleterre », écrit-il en novembre de la même année, « elle laisse sa mère malade pour aller secourir son père infirme, à qui l’on ne permet pas de passer la mer. […] XXXIII La première figure qui attire le regard, au sommet du groupe, est celle du père de famille, maître de la barque, roi de l’équipage. […] Il dit qu’il est fier et content de son attelage, qu’il a le consentement de son père à sa prochaine union avec la belle Coupeuse des gerbes voisines, et qu’il défie avec assurance le destin de lui ravir sa jeunesse et son bonheur. — Et que dit la jeune mère, debout sur le char, son nouveau-né dans les bras ? […] Elles disent qu’elles affrontent pour la première fois la mer, qu’elles sont toutes tièdes encore des baisers de leur aïeule malade, qu’elles frissonnent au vent froid de la vague salée, et qu’il faut bien écouter et bien regarder le père, leur seule et tendre providence sur les flots pendant la manœuvre.
Son père servait dans l’armée du duc de Wurtemberg en qualité de chirurgien subalterne, barbier du régiment. […] À la mort de son père, le jeune poète s’écria devant sa mère éplorée : « Que ne puis-je finir ma vie dans l’innocence et dans la piété où il a passé la sienne ! […] On le força à étudier la médecine, pour l’exercer à la pratiquer ensuite, à l’exemple de son père, dans quelque régiment du prince de Wurtemberg ; mais sa nature, quoique souple, échappait par l’imagination à cette tyrannie de l’école. […] » Schiller venait d’être père ; Goethe, le 28 octobre 1795, le félicitait sur ce bonheur de famille : « Dieu bénisse le nouvel hôte. […] « Du haut de sa demeure, d’où le regard s’étend au loin, le père contemple d’un œil joyeux ses propriétés florissantes.
Sa famille était noble ; son père servait le duc Hercule d’Este dans l’administration et dans la magistrature ; ses fonctions l’appelèrent à Ferrare, où il finit ses jours dans la faveur du prince. Il avait dix enfants ; le poète était l’aîné de cette belle et nombreuse famille, comme si la Providence l’avait prédestiné à être le patron et le second père de tant de sœurs et de tant de frères. […] Cet excellent homme adorait sa nièce, et surtout sa petite-nièce ; il gouvernait la fortune et servait tout à la fois de père spirituel et de père temporel à la maison. […] Elle aimait secrètement un jeune chevalier italien accompli, venu à la cour de son père avec son frère, et comblé de faveurs par la famille royale d’Écosse. […] Une fille de roi, aimée d’un paladin de la cour de son père ; une amitié tendre entre cette princesse et sa suivante, devenue en grandissant avec elle son amie ; la séduction de cette Olinde par un débauché qui abuse de son innocence, cette ruse infernale de l’échange des vêtements sur le balcon, qui donne l’apparence du crime à l’innocence endormie ; le désespoir de ce fidèle amant, témoin de la fausse infidélité de celle qu’il respecte et qu’il adore, le silence qu’il s’impose, et la mort qu’il essaye de se donner pour ne pas flétrir celle qui lui perce le cœur ; ce Renaud, étranger à tous ces intérêts d’innocence, d’amour ou de crime, qui vient, par le pieux culte de la femme et de la justice, se jeter l’épée à la main dans cette mêlée comme la Providence ; ce vieux roi, qui pleure sa fille et qui la livre à sa condamnation à mort par respect pour les mœurs féroces de son peuple ; cet Ariodant, qui se revêt chez l’ermite de son armure de deuil, et qui va combattre masqué contre son propre frère pour le salut de celle dont le crime apparent le fait mourir deux fois ; ce repentir et cette confidence de la suivante Olinde dans la forêt, retrouvée comme la vérité au fond du sépulcre ; ce Renaud, qui interrompt heureusement le combat fratricide entre Ariodant et Lurcin, qui tue Polinesso et qui lui arrache la confession de l’amour de Ginevra ; ces deux amants qui se retrouvent, l’une dans son innocence, l’autre dans son dévouement, et qui s’unissent dans les bras du vieux roi aux acclamations du peuple !
Neuf cent mille livres gagnés par son père, dans son commerce d’orfèvre, furent mangées par lui, au jeu, de 1789 à 1793. […] C’est d’abord dans le lointain, le lointain, le souvenir de l’hôtel de la rue d’Artois, où lors de la guillotinade de son père, il y eut une visite de deux commissaires, pendant laquelle il resta, une demi-journée, emprisonné avec son frère et sa mère, entre les feuilles d’un grand paravent, posé dans l’antichambre. […] Si on me donnait à choisir entre devenir dresseur de chiens savants, mari d’une danseuse ou père d’enfants pianistes, je demanderais à réfléchir. […] 1er octobre Il y a toujours je ne sais quoi de bas et de faux dans les enfants, qui ne sont pas les fils de leurs pères. […] 24 octobre Le roman depuis Balzac n’a plus rien de commun avec ce que nos pères entendaient par roman.
Au-dessous du Christ, là-bas au fond, le président, à la voix d’un vieux père noble édenté, dans le silence d’émotion de la salle, ânonne une lettre d’amour, dont il souligne chaque mot pour les jurés, avec une malignité de vieux juge, une sorte de bégayement sinistre, particulier aux gens de justice. […] comme ce père, en parlant de ses deux filles, a dit, sans se savoir sublime : « Oui, déshonorées… je les aimerais mieux mortes ! […] Toujours plus beau, et encore plus joliment frisotté de boucles d’or, et luxueusement habillé de soie violette, criant, trépignant, faisant rouler sur le pavé de marbre le bruit strident d’un immense cheval de bois, le petit Feydeau, le délicieux petit ange, à notre demande des nouvelles de son père, nous dit avec le sans-cœur inconscient d’un enfant terrible : « Papa ! […] Gautier fils me jette dans un profond, soupir : « Voilà encore mon père lancé ! […] Fils d’un capitaine de l’Empire, et d’une mère ruinée par des procès de famille, il se trouvait avoir sept ans, après la mort de son père, lorsque le comte de Clermont-Tonnerre, le ministre de la guerre d’alors, s’étant arrêté au Bourg-d’Oisans, se prit d’intérêt pour le jeune enfant qu’il était, et trois ans après, envoya à sa mère une bourse pour le collège de la Flèche.
Margueritte allant voir, ces jours-ci, un ami de son père, au Sénat, a été mis en rapport avec Anatole France, qui lui a dit : « Oui, oui, c’est entendu, Flaubert est parfait, et je n’ai pas manqué de le proclamer… Mais au fond, sachez-le bien, il lui a manqué de faire des articles sur commande… Ça lui aurait donné une souplesse qui lui manque. » Et peut-être le critique du Temps a-t-il raison. […] Je la vois, le jour d’un grand dîner à Breuvannes, et où je venais de manger sur l’abricotier de la cour, le seul abricot mûr, et que mon père se faisait une fête d’offrir au dessert, je la vois soutenir, avec une belle impudence, que c’était elle qui l’avait mangé, et recevoir les quelques coups de cravache, que mon père lançait sur moi, ne la croyant pas, la chère femme ! […] Meilhac se présentant à l’École polytechnique, était venu le trouver, lui demandant de convenir d’une question sur laquelle il l’interrogerait, lui déclarant que s’il se présentait, c’était uniquement pour la satisfaction de son père. […] Sur un emportement du petit Zézé, il me parle des colères des Daudet, légendaires dans le pays : des colères de son père à propos de rien, et qui, un jour que son frère avait demandé du vinaigre, lui faisait remplir son assiette, et le forçait à l’avaler. […] Or, un jour qu’ils faisaient une grande course aux environs de Meudon, Bataille se laissait aller à lui dire, que son père était un alcoolique, qui s’était noyé dans une mare de purin, et lui demandait qu’il l’empêchât de boire, parce qu’il sentait qu’il mourrait dans de la m… Et pendant qu’il lui faisait ses confidences sur ses commencements de déraison, avec sur la tête un des trois chapeaux verts, l’oiseau du chapeau était si comiquement placé, et le faisait si macabrement drolatique, que Daudet partait d’un éclat de rire nerveux, qu’il ne pouvait arrêter.
Tiraboschi, dans sa savante Histoire de la Littérature italienne, cite le décret du concile de Carthage qui interdit aux évêques la lecture des auteurs antérieurs au christianisme ; il cite également le passage de saint Jérôme où ce Père gourmande amèrement ceux qui, au lieu de lire la Bible et l’Évangile, lisent Virgile. […] Les traditions de son père mort, la vocation de famille, les soins de sa mère Bella, femme éminente autant que tendre, enfin le courant des affaires et des passions d’une république, qui entraîne tous les citoyens notables dans les fonctions de l’État, lancèrent le jeune Alighieri dans les emplois et dans les dissensions de sa patrie. […] » Et ce n’était pas seulement mon poème que j’avais cru trouver ; c’était le jour ou plutôt le crépuscule de ce monde de vérités que la Providence fait flotter toujours à portée, mais toujours un peu au-dessus de notre intelligence, comme le père fait flotter le fruit au-dessus de la taille de son enfant pour lui faire lever ses petites mains jusqu’à l’arbre, et pour le faire grandir par l’effort jusqu’à la branche. […] Ozanam cite ici l’interprétation philosophique et symbolique de la Divine Comédie par le fils du Dante lui-même, si peu de temps après la mort de son père, et à un moment où la tragédie paternelle devait retentir encore dans l’oreille du fils. […] Vous avez donné quarante ans de vie à une créature qui est arrivée sur la terre maladive, frêle, destinée à mourir dix fois sans les tendresses d’un père et d’une mère qui l’avaient seuls sauvée.
Voyageant en Suisse dans le canton de Zurich, il avait remarqué que, dans la plupart des maisons, une piété domestique patriarcale tenait à conserver les images des pères, les portraits de ceux que la famille avait perdus et qui étaient représentés sur leur lit de mort, les yeux fermés, tels qu’ils étaient lorsqu’on les avait vus pour la dernière fois après le dernier soupir : Ces tristes images, ajoutait-il, qui paraîtraient si hideuses à un Français qui ménage son cœur comme un enfant gâté, et qui fuit avec soin tout ce qui pourrait l’émouvoir fortement, sont ici un objet consolant pour des hommes qui savent aimer et ne craignent rien de l’amour, pas même ses peines. […] Lui qui a si bien senti l’individualité et comme le génie de chaque montagne, n’a-t-il pas dit : « Une fois que le Marboré s’est saisi du spectateur, on n’est plus où l’on est, et il n’y a plus que lui dans tout ce qui mène à lui. » En 1793, arrêté trois fois au milieu de ses paisibles herborisations, recueilli ici, insulté là, il n’avait qu’un pas à faire pour franchir la frontière, il ne songea point à émigrer : il n’aurait voulu compromettre ni son vieux père ni aucun des siens ; et puis il était de ceux (selon sa belle expression) qui respectaient jusque dans son délire la mère qui les frappait. […] Ramond a donné en 1849 un tome Ier des Œuvres complètes de son père, classées et publiées par ses soins.
Né à Mâcon le 27 octobre 1643, fils d’un père lieutenant-général au bailliage, petit-fils et arrière-petit-fils de médecins fort considérés, Antoine Bauderon (c’était son nom de famille), connu sous le nom de Sénecé, qui est celui d’une terre, reçut une éducation très littéraire, mais qui sentait un peu la province. […] Il ne paraît jamais avoir connu une première discipline bien sévère : il avait été élevé au collège des jésuites à Mâcon, puis à Paris ; son père, qui voulait faire de lui son successeur dans la magistrature, et qui l’obligea d’étudier les lois, le laissait en attendant se livrer aux amusements de son âge, aux muses légères, à la poésie galante et de compliment. […] Quoi qu’il en soit, ce poète de Toulouse, qui végéta toute sa vie dans les fonctions de président au présidial d’Aurillac, est un digne représentant des poètes disgraciés par la fortune, et dont le mérite n’a pu triompher d’une mauvaise étoile ; il a droit de se citer lui-même en exemple au malheureux Acanthe, et, pour mieux le consoler encore, il lui retrace les malheurs de leur père commun et de leur maître, Apollon.
Charles Bovary fils (car il a un père qui nous est dépeint aussi d’après nature) nous est montré dès le temps du collège comme un garçon rangé, docile mais gauche, mais nul ou incurablement médiocre, un peu bêta, sans distinction aucune, sans ressort, sans réponse à l’aiguillon, né pour obéir, pour suivre pas à pas une route tracée et pour se laisser conduire. Fils d’un ancien aide-chirurgien-major assez mauvais sujet, il n’a rien de la crânerie ni des vices de son père ; les épargnes de sa mère l’ont mis à même de faire à Rouen de chétives études qui l’ont mené à se faire recevoir officier de santé. […] Ce double rêve côte à côte et à perte de vue, du père abusé qui ne songe qu’à de pures douceurs et joies domestiques, et de la belle et forcenée adultère qui veut tout briser, est d’un artiste qui, quand il tient un motif, lui fait rendre tout son effet.
Ramené encore une fois à Berne après tous ces retards et tous ces longs tours, déjà averti de mûrir par la mort de son excellent père qui, en disparaissant, lui laissait ses recommandations plus présentes avec l’exemple de ses vertus, il se résigne enfin à cette vie publique dont l’heure pour lui a sonné. […] Le déjeuner, jusque-là, avait été sérieux ; Mlle Necker, qui avait essayé quelque espièglerie avec son père, et qui avait dû se borner à des clins d’œil, était visiblement contenue par la présence de sa mère qui lui imposait et qui même la grondait : elle craignait sa mère autant qu’elle adorait son père.
Adam, notre premier père, est le héros de ce premier drame retrouvé. […] Moland, c’est cette même arrière-pensée de miséricorde, terminant la sentence divine qui-a-inspiré plus tard à Milton de faire descendre, pour juger l’homme déchu, non le Père, mais le Fils, le futur Rédempteur en personne, le « doux juge et intercesseur à la fois », venant porter la sentence avec une colère tranquille « plus fraîche que la brise du soir » ; et même temps qu’il condamnait les coupables en vertu de la loi de justice, les revêtant incontinent, corps et âme, dans leur nudité, les aidant en ami, et faisant auprès d’eux, par avance, l’office du bon serviteur, de celui qui lavera un jour les pieds de ses disciples : admirable et bien aimable anticipation du rachat évangélique et des promesses du salut ! […] Ainsi, dans la seconde partie ou, comme nous dirions, dans l’acte suivant, lorsque Abel est tué par Caïn, notre vieil auteur lui avait compris que le premier crime, effet de la chute, étant celui de Caïn, il en devait faire son second tableau, a manqué cette idée si naturelle dans un drame d’Adam où l’on met en scène le meurtre d’Abel, de nous montrer notre premier père auprès du cadavre de son fils et contemplant avec effroi ce que c’est que cette mort que sa désobéissance a introduite dans sa race.
En voici l’occasion : Joachim, le père futur de la Vierge, n’a pas d’enfants ; il est marié depuis vingt ans avec Anne qui semble condamnée à la stérilité. […] Judas est né à Jérusalem d’un homme appelé Ruben et de Cyborée sa femme : celle-ci a rêvé une nuit qu’il naîtrait d’elle un enfant qui commettrait toutes sortes de crimes, meurtres, trahisons, qui tuerait son père, épouserait sa mère et finirait par livrer le Sauveur. […] Trouver à dire à l’innocence de l’antique Œdipe et préférer la situation d’un Judas né brutal, méchant, violent, d’un Judas tout d’une pièce, qui a mérité, si l’on peut dire, de tuer son père et d’épouser sa mère, c’est louer à côté et méconnaître la source la plus élevée de l’émotion.
Le père de la duchesse de Choiseul lui répétait souvent dans son enfance : « Ma fille, n’ayez pas de goût. » Ce sage père savait que les délicats sont malheureux. De même, la première leçon qu’un père prévoyant devrait donner à son fils, si ce fils se destinait à devenir un critique journaliste, ce serait, selon moi : « Mon fils, n’ayez pas le goût trop dégoûté ; apprenez à manger de tout. » Or, imaginez un poète, c’est-à-dire un être accoutumé à cultiver et à chérir un idéal, à le caresser dès l’enfance sur l’aile de la fantaisie, imaginez ce poète subitement mis à pied par la fortune et obligé par métier d’essayer de toutes les combinaisons, de déguster tous les breuvages et toutes les boissons à leur entrée, ou, si vous aimez mieux, de tremper le doigt dans toutes les sauces.
Son grand-père était sous-préfet à Rocroi, en 1814-1815, sous la première Restauration ; son père, avoué de profession, aimait par goût les études ; il fut le premier maître de son fils et lui apprit le latin : un oncle revenu d’Amérique lui apprenait l’anglais en le tenant tout enfant sur ses genoux. Il perdit son père âgé de quarante et un ans et quand lui-même n’en avait que douze. Sa mère, cousine de son père, est une personne d’une grande bonté, et elle est tout l’amour de son fils ; il a deux sœurs mariées.
C’est un beau moment que celui de l’aveu, quand elle soigne Orso blessé dans le mâquis, et lorsqu’au retour, à la simple question de son père, « Vous êtes donc engagée avec Della Rebbia ? » elle répond par un oui simple en rougissant. « Puis elle leva les yeux, et, n’apercevant sur la physionomie de son père aucun signe de courroux, elle se jeta dans ses bras et l’embrassa comme les demoiselles bien élevées font en pareille occasion. » Toujours un peu d’ironie, on le voit, mais qui ne fait que mieux valoir les sentiments choisis et naturels. […] En attendant, il me semble à la réflexion que, dans ce fond de l’antiquité immortelle, rien ne représente mieux Colomba qu’Électre ; oui, l’Électre de Sophocle pleurant tout le jour son père et attendant Oreste.
Sully Prudhomme, alors en âge d’être père, se condamne au célibat parce qu’il ne se reconnaît pas le droit de disposer d’une existence et qu’il se ferait un crime de condamner à l’enfer de vivre, une créature innocente. […] Jamais les pères n’ont à ce point désarmé devant les exigences de leur épouse, tant ils sont en proie au surmenage et à la neurasthénie. […] Un poète de la génération suivante, Fernand Divoire, la recueillera tout à l’heure, qui dit aux parents : Notre rancune est devant vous dressée, Pères, hommes de sport, stupides et dandys, Mères, faites de rien, de chiffons, d’organdis, De balivernes amassées, Car nous nous souvenons que nous avons grandi Dans le fumier de vos pensées.
Il faut voir dans le texte (car les meilleures traductions sont pâles en ces endroits) avec quelle effusion il célèbre ce beau génie, le seul que le peuple romain ait produit de vraiment égal à son empire : « Je te salue, ô toi, s’écrie-t-il, qui le premier fus nommé Père de la patrie, toi qui le premier méritas le triomphe sans quitter la toge… » À quelques livres de là nous apprenons à regret que le fils indigne de l’illustre orateur était un buveur éhonté ; qu’il se vantait d’avaler d’un seul trait des mesures de vin immenses ; qu’un jour qu’il était ivre, il jeta une coupe à la tête d’Agrippa : « Sans doute, dit ironiquement Pline, ce Cicéron voulait enlever à Marc-Antoine, meurtrier de son père, la palme du buveur. » Le livre de Pline sur l’Homme est rempli de particularités, d’anecdotes intéressantes et qu’on ne trouve que là. […] Il faut voir comme il parle de ses affranchis, des gens de sa maison, comme il les soigne en père de famille quand ils sont malades, comme il les pleure quand il les perd !
L’auteur y avait joint un appendice qui en était peut-être la partie la plus intéressante ; cet appendice se compose de sept cents notes, la plupart extraites des mémoires, des recueils historiques ou satiriques du temps, et contenant des anecdotes sans nombre, quelques-unes tout à fait drôles et scabreuses, sur les mœurs et les habitudes de nos pères. […] Le fils de Robert Walpole, Horace, prenant en main la défense de son père contre les ennemis qui l’avaient tant insulté, s’écriait un jour : Chesterfield, Pulteney et Bolingbroke, voilà les saints qui ont vilipendé mon père… voilà les patriotes qui ont combattu cet excellent homme, reconnu par tous les partis comme incapable de vengeance autant que ministre l’a jamais été, mais à qui son expérience de l’espèce humaine arracha un jour cette mémorable parole : « Que très peu d’hommes doivent devenir premiers ministres, car il ne convient pas qu’un trop grand nombre sachent combien les hommes sont méchants. » On pourrait appliquer cette parole à Mazarin lui-même, sauf le mot excellent homme qui suppose une sorte de cordialité, et qu’il ne méritait pas ; mais il est vrai de dire que c’étaient de singuliers juges d’honneur que les Montrésor, les Saint-Ibar, les Retz et tant d’autres, pour venir faire la leçon à Mazarin.
Marguerite, née à Saint-Germain-en-Laye le 14 mai 1553, avait six ans quand son père, Henri II, fut tué dans ce fatal tournoi qui rompit la fortune de sa maison. […] Elle était brune de cheveux, ce qui ne semblait point alors une beauté ; c’était le blond qui régnait : Je l’ai vue aussi s’habiller quelquefois avec ses cheveux naturels sans y ajouter aucun artifice de perruque, nous dit Brantôme ; et, encore qu’ils fussent noirs, les ayant empruntés du roi Henri son père, elle les savait si bien tortiller, frissonner et accommoder, en imitation de la reine d’Espagne sa sœur, qui ne s’accommodait guère jamais que des siens, et noirs à l’espagnole, que telle coiffure et parure lui seyait aussi bien ou mieux que toute autre que ce fût. […] Henri IV fut touché des sentiments qu’elle témoigna durant cette longue négociation : « Aussi suis-je très satisfait de l’ingénuité et candeur de votre procédure, et espère que Dieu bénira le reste de nos jours d’une amitié fraternelle accompagnée d’une félicité publique, qui les rendra très heureux. » Il l’appelait désormais sa sœur, et elle-même lui disait : « Vous m’êtes et père et frère, et roi. » Un biographe qui a judicieusement parlé de la reine Marguerite (M.
On avait presque le droit de les appeler, selon le langage des anciens Pères, les chrétiens primitifs ; c’était du moins comme autant de Mages qui étaient déjà plus ou moins directement en chemin vers le divin berceau. […] Ici, toutefois, ils avaient affaire dans l’abbé Gerbet à un homme qui connaissait les Pères, qui les lisait et les possédait à fond selon l’esprit, et ne manquait pas à son tour de textes puisés aux sources pour appuyer cette méthode plus libre et plus généreuse. […] La charité n’entre pas dans le cœur de l’homme sans combat : car elle y trouve un éternel adversaire, l’orgueil, premier-né de l’égoïsme et père de la haine.
Il déclara que la plupart des Pères furent des intrigants turbulents et bavards, qu’assemblés, ils ne valaient pas mieux qu’isolés, que leurs conciles sont des amas de menées sourdes et de disputes vaines ; il répudia leur autorité461 et leur exemple, et pour seul interprète de l’Écriture institua la logique. […] Nous voulons des idées maniables ; nous avons quitté la grande épée à deux mains de nos pères, et nous ne portons plus qu’un léger fleuret. […] Bientôt paraissent des chants tristes sur la mort d’un jeune enfant, sur la fin d’une noble dame ; puis de graves et nobles vers sur le Temps, à propos d’une musique solennelle, sur sa vingt-troisième année, « printemps tardif qui n’a point encore montré de boutons ni de fleurs. » Enfin le voici à la campagne chez son père, et les attentes, les rêveries, les premiers enchantements de la jeunesse s’exhalent de son cœur, comme en un jour d’été un parfum matinal. […] Elles vous l’ont débitée ; voici une scène de votre ménage : « Ainsi parla la mère du genre humain, et avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un doux abandon, elle s’appuie, embrassant à demi notre premier père ; lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, sourit avec un amour digne, et presse sa lèvre matronale d’un pur baiser506. » Cet Adam a passé par l’Angleterre avant d’entrer dans le paradis terrestre. […] Debout auprès du berceau nuptial d’Ève et d’Adam, il salue « l’amour conjugal, loi mystérieuse, vraie source de la race humaine, par qui la débauche adultère fut chassée loin des hommes pour s’abattre sur les troupeaux des brutes, qui fonde en raison loyale, juste et pure, les chères parentés et toutes les tendresses du père, du fils, du frère. » Il le justifie par l’exemple des saints et des patriarches.
Parmi les Pères, il goûtait surtout saint Augustin, auquel il ressemble par une certaine subtilité vigoureuse et par l’éclat de l’imagination. […] Qu’on place donc une conscience sous ce triple regard des livres saints, des Pères, d’un confesseur homme de génie : quels replis pourront la dérober ? […] Et si quelque chose peut prouver que le dauphin valait mieux que le rôle que lui fit jouer la jalouse grandeur de son père, c’est que Bossuet l’ait jugé de force à lire les ouvrages qu’il écrivait pour lui. […] Ailleurs il ne se sépare guère des livres saints ou des Pères, et, quoiqu’il n’en imite que ce qu’il est capable d’égaler, on ne peut nier que tantôt les vues profondes des livres saints sur la nature de l’homme, tantôt les hardiesses et les subtilités des Pères, ne le provoquent ou ne l’excitent, et qu’en beaucoup d’endroits il n’en soit que le commentateur passionné. […] Les Pères jésuites, dit l’abbé de Chanterac, jugent bien autrement le livre des Maximes ; ils l’approuvent, ils le louent, ils le défendent, etc.
À droite, un Père éternel qui se précipite, et qui ferait certainement une chute fâcheuse, sans les anges obligeants qui le retiennent.
Est-ce au sens mystique qu’il entend cette royauté promise à ses pères ? […] Il n’est pas si difficile qu’on croit de réconcilier les pères et les enfants : il n’y faut que de l’intelligence et de la sympathie. […] Son père, un Provençal intelligent et lettré, était venu chercher fortune à Paris. […] Le bon père la releva et lui dit : — C’est, madame, votre miroir, en effet. […] Fidèle au : tel père tel fils, Ma ressource devint le livre ; Mon père en vendait, moi, j’en fis.
Elle en est le commencement, car les rapports, de père, de mère et d’enfant sont primordiaux. […] L’arrière-grand-père maternel du père de M. […] Des volontés des pères de famille il n’a été tenu aucun compte. […] Barrès, un document indiscutable sur ce que nos pères appelaient romantiquement la jeune France. […] Emile Zola était comme elle, et comme elle Alexandre Dumas père.
À père balourd fils galant. […] Qu’il dise le mot vrai et bas ; qu’il appelle mon père l’ami intime du meurtrier de son père. […] Le père n’y est pas un roi, mais presque un égal. […] Il n’est plus ni citoyen, ni laboureur, ni père de famille. […] Si le père de famille hésite, le Romain a l’épée, et il en use.
Virginie est manquée ; ce n’est ni Appius ni Claudius ni le père ni la fille qui attachent ; mais des gens du peuple, des soldats et d’autres personnages qui sont aussi du plus beau choix ; et des draperies d’un moelleux, d’une richesse et d’un ton de couleur surprenant.
Son père M. de Meulan, receveur-général de la généralité de Paris, jouissait d’une grande fortune à laquelle il faisait honneur avec générosité et bon goût ; sa mère, demoiselle de Saint-Chamans, était de qualité et d’une ancienne famille noble du Périgord, qui eut même des représentants aux croisades. […] La mort de son père dès 90, la ruine de sa famille, le séjour forcé à Passy et les réflexions sans trêve durant l’hiver dur de 94 à 95, concentrèrent sur le malheur des siens toutes ses puissances morales, et son énergie se déclara. […] Son sentiment filial avait été très-ardent, très-pieux ; son amour maternel fut au delà de tout, comme d’une personne mariée tard, s’attachant d’une force sans pareille à un fils qu’elle n’avait pas espéré, et sur lequel, selon l’heureuse expression d’un père, elle a laissé toute son empreinte99. […] Ceux qui ne sont ni mère ni père, et qui n’ont pas la foi pure et simple du catéchisme, s’ils savent un peu le monde et la vie, arrivés à trente ans, sont bien embarrassés souvent en face de l’enfance. […] Mais, du moment qu’on n’est plus, comme Gray, un célibataire mélancolique et sensible, du moment qu’on est père, qu’on est mère surtout, on ne s’en tient pas à ces vagues craintes, à ce quiétisme désolé ; on est à la fois plus intéressé à la vigilance et plus accessible à l’espérance que cela.
Père céleste, je suis à toi ; et vous, anges, sauvez-moi : troupes sacrées, entourez-moi, défendez-moi. […] Juger, c’est n’incliner pour aucun parti ; la femme incline toujours du côté du cœur, madame de Staël inclinait nécessairement du côté de son père. […] Il sera obligé, cette fois, de ménager un peu d’abord même ceux qu’il appelait des Idéologues, vos amis Tracy, Sieyès, Volney, Garat ; mais, moi, il me hait, il hait en moi mon père, mes amis, nos opinions à tous, l’esprit de 1789, la charte, la liberté de la France et l’indépendance de l’Europe. […] Le siècle entier porta ce deuil de famille ; elle n’eut ni les funérailles populaires de Mirabeau, ni les funérailles littéraires de Voltaire, mais elle eut les pieuses funérailles de fille, d’épouse, de mère, sous les chênes de Coppet, au pied du cercueil de son père, sur les bords de ce lac, en face de ces Alpes, où sa mémoire se confond à jamais avec celle de J. […] Fille d’un ministre dont elle respira en naissant la popularité, favorite d’une nation qui flattait en elle son père, élevée sur les genoux des grands, des philosophes, des poëtes, habituée à entendre les premiers balbutiements de sa pensée applaudis comme des oracles de talent ; mêlée, sans en être trop rudoyée, au commencement d’une révolution qui grandit tout ce qu’elle touche, ses apôtres comme ses victimes ; abritée de la hache pendant les proscriptions par le toit paternel, au sein d’une nature poétique, écrivant dans le silence de cette opulente retraite des ouvrages politiques ou littéraires égaux aux plus beaux monuments de son siècle ; ne subissant qu’un peu les inconvénients de trop de gloire, en butte à une de ces persécutions modérées qui méritent à peine le nom de disgrâce, et qui donnent à celle qui les subit la grâce de la victoire sans les rigueurs de l’adversité ; vengée par l’Europe, de son ennemi, qu’elle a la consolation de voir tomber et de plaindre, remplissant le monde de son bruit, et mourant encore aimée dans son triomphe et dans son amour.
Boileau, sur le point de mourir, entend lire une tragédie de Crébillon père et il s’écrie épouvanté : « Les Pradon étaient des soleils auprès de ces gens-là. » Voltaire écrira plus tard, frappé de cette stérilité soudaine : « La nature fatiguée après avoir produit tant de beaux génies sembla vouloir se reposer. » Et ce ne sont pas seulement les œuvres qui sont moins nombreuses, les grands hommes qui sont plus petits ; il y a aussi un changement profond dans l’esprit qui anime les auteurs. […] Les chemins de fer, les télégraphes, tant d’inventions éclatant coup sur coup, rendant commun et banal ce qui eût semblé fabuleux à nos pères, permettant à des navires d’aller sans voiles ni rames, à des enfants de mouvoir les fardeaux les plus énormes, à tout le monde d’accomplir en quelques heures des trajets qui demandaient jadis des semaines et des mois, à la pensée et à la voix de voyager avec la vitesse de l’éclair, tous ces miracles devaient exalter les imaginations et fournir aux poètes des thèmes nouveaux. […] Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton. […] Laissez passer quelques années et voici que surgissent des hommes partis de plus bas : Rousseau., fils d’horloger et ancien laquais ; Diderot, fils de coutelier, qui a connu la misère et la faim ; Sedaine, qui fut tailleur de pierre ; d’Alembert, enfant naturel recueilli par la femme d’un vitrier ; Chamfort, né aussi de père inconnu ; la Harpe, élevé par charité, etc.. […] Alexandre Dumas père signait avec Émile de Girardin un traité qui lui assurait 64.000 francs par an.
Le treizième livre de la Défense de la tradition et des saints Pères est publié depuis dix-neuf ans ; M. […] Il ne va pas recourir à saint Augustin, non plus qu’à tout autre Père. […] » Mieux que celai puisqu’il semble que ce fût un « observateur fidèle des traditions de ses pères ». […] Le père de famille irrité finit par donner sa malédiction à son fils. […] Que signifie la malédiction d’un père, et quelle importance y peut-il mettre, si ce n’est pas un homme pieux ?
Il fut soutenu dans cette entreprise par feu M. le Duc d’Orleans, père de celui d’aujourd’hui ; & ce fut par la protection de ce Prince qu’il obtint de la Cour de Madrid tous les Mémoires dont il avoit besoin.
On ne peut pas assurer qu’il ait été consciemment et volontairement un des pères de l’anticléricalisme. […] Combes, que méconnaissait l’œil de son père. […] Pour ce qui est de la liberté du père de famille, M. […] Dans la seconde il disait aux pères de famille : « Vous ne pouvez pas choisir l’enseignement à donner à vos enfants, parce que vous êtes pères ». Dans la première partie de l’argumentation, n’être pas père ôtait un droit ; dans la seconde, être père n’en donnait aucun.
Quand Hamlet, désespéré, se rappelle la noble figure de son père, il aperçoit les tableaux mythologiques dont le goût du temps remplissait les rues. […] Mon bon père, je vous supplie sur mes genoux, — ayez seulement la patience de me laisser dire un mot. […] La craintive et tendre Desdémona, tout d’un coup, en plein sénat, devant son père, renonce à son père ; elle ne songe pas un instant à lui demander pardon, ni à le consoler. […] Quand Cordélia entend son père, vieillard irritable, déjà presque insensé, lui demander comment elle l’aime, elle ne peut se résoudre à lui faire tout haut les protestations flatteuses que ses sœurs viennent d’entasser. […] Au milieu de la conversation, l’image de son père surgit devant son esprit.
Royaliste d’opinion et de sentiment, il inaugure, dès 1803, Père recommençante de la monarchie, et il vécut assez pour inaugurer, en 1816, l’ère de l’Académie redevenue bourbonienne et royaliste. […] Littré dans un Avis aux pères de famille. […] nous avons bien reculé en effet, nous sommes en arrière de la fermeté d’esprit de nos pères, et par ce seul exemple on peut mesurer la distance. […] … J’y ai beaucoup pensé, disait-il ; je n’ai jamais pu en saisir le sens avec certitude. » Montesquieu garda un moment le silence et répondit : « Pour faire de grands ouvrages, deux choses sont nécessaires, un père et une mère, le génie et la liberté… Mon ouvrage a manqué de cette dernière. » Noble et fière réponse !
Les Français l’en ont accusée ; voulaient-ils donc qu’elle dansât sur les cadavres de son père et de sa mère ? […] Alors il prononça gravement et d’une voix haute ces deux vers de l’Iliade qu’on venait de lui donner à apprendre et à méditer pour sa leçon du lendemain : Ἀτρεἱδη, μἡ ψεὑδε’ ἐπιστἁμενος σἁφα εἰπειν, Οὐ γἁρ ἐπἱ ψεὑδεσσι πατἠρ Ζευς ἔσσετ’ ἁρωγὁς. — « Fils d’Atrée, ne mentez pas, vous qui savez si bien dire la vérité. — Car Dieu, notre père, ne sera jamais le soutien du mensonge. » « Et mon jeune lecteur, en épelant ces vers, se reprit, comme s’il eût été devant le pédagogue, pour me faire sentir l’accent du mot ψεὑδεσσι, mensonge, sur lequel d’abord il n’avait pas assez appuyé. […] Il fuyait la colère de son père, et dans son trajet il laissa tomber sa sœur Hellé, menacée comme lui par une marâtre, dans le détroit qui porte encore aujourd’hui son nom. […] Phryxos mort, ses fils partirent pour aller réclamer en Grèce l’héritage de leur père et pour le venger.
Le père du réalisme, c’est Goethe en personne ; pourquoi ne pas le dire, puisque le meilleur moyen de déconcerter nos faux réalistes, c’est de les confronter avec le grand esprit dont ils ont si mal interprété le système ? […] Diderot, un des pères de cette littérature malsaine, avait des élans de cœur qui rachetaient bien des misères. […] Attirée par leurs blasphèmes et leurs dévastations impies, la fille du suffète, en l’absence de son père, descend les escaliers du palais pour arrêter les profanateurs. […] Si son père l’interroge sur l’emploi des heures qu’elle a passées sous la tente, ne croyez pas qu’elle se trouble ; elle répond que Mâtho paraissait furieux, qu’il a crié, qu’il s’est endormi, et si elle n’ajoute rien de plus, c’est peut-être, nous dit le romancier, par « un excès de candeur faisant qu’elle n’attachait guère d’importance aux baisers du soldat ».
Ainsi l’avare au compte de la comédie, est également indigne et incapable d’être un bon père de famille ; on nous le montre en haine à sa fille, en mépris à son fils. […] Le paravent représente tour à tour le palais et la chaumière ; le grand fauteuil joue le rôle du père qui gronde toujours ; la chaise de paille vous représente la soubrette alerte et vive, le guéridon, posé sur un pied, saluez ! […] Notre ami, tout rempli d’admiration pour cette comédie incomparable, disait cependant que les jeunes filles n’avaient rien à y voir, qu’elles étaient cruellement déplacées dans ce drame du plaisir et de la joie où l’amour et l’esprit se tiennent, si étroitement pressés, qu’il n’y a plus de place pour les plus simples sentiments du cœur ; il disait encore que la comédie de Molière, toute remplie de pères crédules, de vieillards amoureux, de jeunes gens éveillés, de soubrettes égrillardes, de valets goguenards, cette comédie où rien ne manque, pas même l’entremetteuse et l’escroc, n’était pas faite pour y faire apparaître des enfants frais et blonds. […] Il y avait même des gens au parterre, des moralistes comme vous, qui disaient que c’était grand dommage de livrer cette petite fille à ces licences, à ces hasards ; et les reproches de pleuvoir sur le père de cette enfant, qui était un très mauvais poète, un très bon comédien et qui s’appelait Monvel.
D’abord, le parti évangélique ou puritain (Low Church), qui professe arrogamment le protestantisme dans son horreur pure, nie la tradition, méprise les Pères et interprète la Bible à son gré ; ensuite le parti de l’Église et l’État (Church and State), qui tend à sacrifier entièrement, dans un temps donné, l’élément religieux à l’élément politique ; et, enfin, le parti anglo-catholique, celui de tous qui doit frapper le mieux au cœur l’Église anglicane, mais qui la frappe pour la sauver : car, tuée par lui, elle ressuscitera catholique, apostolique et romaine. […] Danger père d’un autre danger, le pouvoir de l’État est intervenu pour resserrer les nœuds de la discipline. […] Aussi, dans ces dernières années, l’idée d’une réforme est-elle partie d’Oxford même, de ce nid à préjugés anglicans reconstruit par la grande aigle des Tudors, Élisabeth, qui, par pitié filiale, sans doute, pour l’Établissement de son père, avait enjoint qu’on n’admît personne dans un collège sans avoir préalablement juré les XXXIX articles. […] Si nous ne nous trompons, il a exprimé éloquemment de mélancoliques regrets sur la perte immense qu’a faite le parti anglo-catholique lorsque Newman, laissant là ses anciens amis, trop lents au gré de l’intelligente impatience de sa foi, dans leur progrès vers l’unité, remonta seul vers cette unité que l’Église romaine représente dans son inflexibilité, et se jeta aux pieds du Père des Fidèles.
Nous supportons des paysages écrits qui eussent paru fastidieux à nos pères ; nous comprenons des juxtapositions de teintes qui leur auraient semblé dénuées d’intérêt et d’à-propos ; nous tolérons le rouge, le jaune, le vert, le bleu, l’or dont tant de pages sont bigarrées ; nous exigeons que les personnages soient nettement posés, et leur geste nous importe autant que leur psychologie. […] Nos pères ont fait les dédaigneux. […] nos pères ! nos pères !
II, p. 233) : « Dandolo, homme d’un caractère vif, chaud, enthousiaste pour la liberté, fort honnête homme, avocat des plus distingués, se mit à la tête de toutes les affaires de la ville… » Son fils, le comte Tullio Dandolo, lui-même écrivain très connu, possède des lettres de Bonaparte, dans lesquelles le premier Consul parle à son père d’« affection » et de l’« estime la plus vraie ».
. — Cambyse voulant, un jour, prouver son adresse à son chambellan Prexaspès, perça son fils, en présence du père, d’un coup de flèche entre les deux yeux. […] Thèbes, elle-même, la cité de Cadmus, envoya au Grand Roi une motte de la glèbe héroïque, d’où ses pères étaient sortis en armes, des dents semées du Dragon.
Et depuis, si Mme de Staël fut exilée, elle qui compta bien moins, pour les salons, par son esprit que par ses deux cent mille livres de rente, ses relations et la position qu’avait eue son père, ce n’est pas que l’Empereur eût peur de ces salons dont on la disait la reine, mais c’est qu’il était agacé d’entendre toujours tomber de petits coups d’éventail sur son sceptre ; c’est que les lions, tout lions qu’ils soient, s’impatientent et jouent de la griffe, quand une mouche, fût-elle bleue, leur entre dans le nez ! […] Je l’ai dit déjà, mais il faut y revenir, les hommes, pour se venger sans doute de ce qu’elle pouvait être sublime et rester femme, l’appelèrent hommasse, croyant ainsi la rapprocher d’eux ; mais elle ne l’était pas, même physiquement, quoiqu’on l’ait dit et qu’elle tînt de son père, le Suisse emphatique, ces gros traits que Gérard n’a pas craint de peindre, sentant bien que la femme, la femme idéale qui transforme et divinise tout, se retrouverait toujours en ces yeux astres, dans lesquels on ne savait ce qui brillait le plus du feu ou des larmes, et dans cette bouche si éloquemment entr’ouverte, et dans cette poitrine de Niobé, et dans ces bras d’une rondeur toute-puissante, robustes seulement pour s’attacher.
L’expiation du crime des pères par le malheur des enfants. […] Je pourrais en citer des douzaines, si j’en voulais citer… C’est qu’au xviiie siècle, les femmes n’aspiraient pas à changer de sexe ; c’est qu’alors le bas-bleu était rare… D’ailleurs, nous avons tous un peu perdu de notre légèreté héréditaire et de cette grâce de France, exécrée des pédants, issus de la Révolution française, la grave coquine, avec qui nos pères ont couché.
Mais il est nécessaire que le prêtre y soit, c’est-à-dire le père appuyé sur la tradition religieuse ; car, au point où nous voilà arrivés dans l’Histoire, impossible d’élever un enfant en dehors des idées chrétiennes. […] Madame d’Alonville, la mère d’Adrien, est une jeune veuve, et nous aimons cette idée de veuve, cumulant le père et la mère dans la fonction sacerdotale de l’éducateur ; mais cette femme aimable, raisonnable, expériente des choses du monde, n’est, au fond, en matière d’éducation, qu’une agréable nullité.
Dumas, qui n’a cependant, comme auteur dramatique, ni comique, ni verve, ni feu, ni abondance, ni aucune des qualités de tempérament de son père, a trouvé le moyen de se faire préférer à son père, si desséché dans la personne de son fils, mais cette sécheresse a suffi.
Cependant plusieurs des panégyristes qui avaient loué le père célébrèrent le fils ; mais le père fut loué à titre de grand homme et le fils trop souvent à titre de prince ; ce n’est pas que Louis XIII n’eût des qualités d’un roi, mais aucune n’eut de l’éclat.
Je prie mon père, ma mère, et tous ceux qui, n’étant plus, m’ont entouré de leur profond amour, d’accepter comme un dû la dédicace première de mon premier travail.
Le mesme destin veut que vous soiés l’une et l’autre, ne m’estant pas possible de séparer l’amour de l’amitié, et des désirs ardens d’une tendresse de père ; et tranquile, conformés vous au destin, et ne séparés pas ce qu’il semble que le Ciel ayt prit plaisir de joindre. […] Une sœur de Mme de Calandrini avait épousé le vicomte de Saint-John, père de lord Bolingbroke, qu’il avait eu d’un premier lit : de là l’étroite liaison des Calandrin avec les Bolingbroke, les Villette et les Ferriol. […] Ce fut elle qui prêta ses Lettres à mon père, et son portrait, bien loin d’être relégué au grenier, resta dans le salon ou la galerie de Bonneval, jusqu’au moment où cette belle terre fut vendue à un parent d’une autre branche. […] Tenant de Latour, père de notre ami le poète Antoine de Latour : jeune, à l’occasion du portrait, il eut une longue conversation sur Mlle Aïssé avec Mme de Calignon, qui s’y prêta d’elle-même. […] Jeune, partant pour Paris en 1784, il fut conduit par son père à Mayac, où vivait encore l’abbé d’Aydie, frère du chevalier, et plus qu’octogénaire ; il reçut du spirituel vieillard des conseils.
Chimène et Rodrigue font le sacrifice de leur amour, l’un au devoir de venger l’honneur de son père, l’autre au devoir de venger le meurtre du sien. […] Ce n’est pas la femme qui se révolte à l’idée d’entrer dans le lit du meurtrier de sa famille ; c’est la veuve d’Hector qui résiste à immoler au salut du fils la fidélité qu’elle doit à la mémoire du père. […] L’amour chez Iphigénie est combattu par sa tendresse pour son père, et par l’obéissance, le seul sentiment héroïque de cette jeune fille, qui n’a de force que pour se dévouer. […] Monime, une fois sa vertu satisfaite, redevient femme et amante ; elle pense à Xipharès, dont elle a trahi le secret : Et quand il n’en perdrait que l’amour de son père, Il en mourra, seigneur32… Mot sublime, dans cet ordre de pensées délicates et de vérités de cœur, où Racine est sans égal comme sans modèle. […] Qu’y a-t-il de plus aimable que Xipharès, ce fils d’un grand homme, qui ne sait rien de plus beau que l’honneur d’avoir un tel père, qui entre par tendresse dans tous les desseins de Mithridate, et sacrifie, comme un héros de Corneille, sa passion au devoir filial ?
Du même côté, étendue à terre, sa fille la tête penchée sur le bras de son père qui lui serre la main.
Elle l’a pourvue d’un état civil qui lui donne pour père un certain comte Alberti. […] Et elle pense à son père, ce comte Alberti sur lequel elle ne sait rien. […] Brasseur père a naturellement un rôle de gâteux. […] Et quant à Victor Hugo, mon père a fait avant lui des drames romantiques. […] Son père, le vieil Horace, essaye de la consoler.
écrit Jacquemont à son père. […] Le mari achète sa femme, le père vend sa fille, le fils vend sa mère. […] sur cette terre étrangère et funeste, loin de son vieux père qu’il ne reverrait plus, loin de ses amis dont le souvenir, dont la jeunesse réveillaient à chaque instant, sur ce lit de mort, des idées de patrie et d’avenir ! […] Et notre père, comme il sera heureux ! […] Console-toi, console notre père ; consolez-vous mutuellement, mes amis !
Alors celle que le père avait songé à épouser, une veuve qui s’appelait Mme Custot, devint la femme de l’oncle, frère du défunt, un célibataire qui se maria par devoir, pour donner à la fois un père et une mère aux trois orphelins. […] Liberté et indulgence abondaient chez ses nouveaux père et mère, l’oncle Frédéric et la tante Fanchette. […] Il y a de longues années qu’il va au collège, tout proche de la rue Verdaine, et où son père l’a fait entrer dès que l’âge l’a permis. […] Ses lectures ne préparent pas en lui, comme celles de Jean-Jacques avec son père, un foyer romanesque. […] Les fils y rajeuniraient dans un souffle de romantisme germanique les problèmes théologiques des pères, la grâce et le libre arbitre.
Son père ne fut pas plus tôt instruit du lieu de sa retraite, qu’il accourut en poste à Paris et ramena son fils à Bourges. […] Un ancien secrétaire des commandements de M. le Prince père du Grand Condé, Perrault, président de la Chambre des comptes, voulut en mourant, par reconnaissance pour son ancien maître, instituer une fondation en son honneur, et c’est en conséquence de cette fondation que Bourdaloue dut prononcer devant le Grand Condé l’oraison funèbre de son père mort depuis longtemps.
Il avait de vastes connaissances, une érudition étendue et curieuse ; il lisait les Pères grecs en grec et les préférait aux Pères de l’Église latine. […] Un jour, par exemple, chez Mme de Coulanges, il se décida à lire à quelques élus, à trois ou quatre personnes en tout, un ouvrage qu’il avait composé : C’est un précis des Pères, écrit Mme de Coulanges, qu’on dit être la plus belle chose qui ait jamais été. […] s’écriait-il, tandis que vous me confierez le ministère de votre sainte parole, je prêcherai ces deux vérités sans les séparer jamais : la première, que vous êtes un Dieu terrible dans vos jugements, et la seconde, que vous êtes le père des miséricordes et le Dieu de toute consolation.
. — Louvois, mort, n’eut point les honneurs de l’oraison funèbre, comme tant d’autres (à commencer par son père, Michel Le Tellier), qui ne valaient certes pas mieux que lui par le caractère, et qui ne l’égalaient pas en génie. […] Admirablement bien élevé par un père d’apparence modeste, et qui, dans sa longue patience, recelait toutes les ambitions, dussent-elles n’éclater au complet et ne s’épanouir que dans la personne de ses enfants, Louvois, secrétaire d’État en survivance dès l’âge de quinze ans, nourri au sein des affaires, eut l’art, auprès de Louis XIV son aîné de bien peu, de se donner comme l’élève le plus disposé à profiter des leçons du maître, et qui n’aspirait qu’à le bien servir. […] Associé à la charge de son père dès 1662, à l’âge de vingt et un ans, et autorisé à signer comme secrétaire d’État, quelques années se passent avant qu’il siège au Conseil et qu’il s’impose avec tout son ascendant.
Mais Ducis était encore moins artiste que père, fils, époux, veuf, ami : toutes ces belles qualités de cœur et de famille lui nuisaient autant qu’elles lui servaient. […] Né à Versailles, dont il est resté le poète chéri, où il a vécu tant d’années et où il est mort69, fils d’un père savoisien et patriarcal, de qui il a prétendu tenir toute sa poétique, bien différente, dit-il, de celle des Marmontel et des La Harpe, et d’une mère, bonne femme humble et antique ; d’abord secrétaire de maréchaux et de généraux, il fit la guerre et la vit de près, sans en tirer grand profit pour son observation de poète : « Ducis a fait la guerre de Sept-Ans avec nous, dit le prince de Ligne. […] Le Roy, capitaine des chasses, chez qui nous faisons des petits soupers fort agréables, de vous découvrir dans nos bois un bien-fonds ; de le choisir solide, parce que vous êtes père de famille ; dans le plus épais de nos forêts, parce que vous êtes un incurable mélancolique, et surtout très voisin de Versailles, parce que vous êtes mon ami et mon malade.
Le duc Pompée a donc rompu avec Paris ; il y a fait un vide en disparaissant subitement après une dernière soirée de triomphe et de fête ; l’éclipse a été aussi brusque que complète, nul n’a suivi sa trace : pour lui, il a trouvé bientôt dans sa vie nouvelle un rajeunissement inespéré ; il s’est épris d’une idéale et sensible Allemande, mademoiselle de Blümenthal et l’a épousée ; il est heureux, il se croit converti, il est père d’un charmant petit Georges. […] Ce n’est pas lui qui raillerait son ami et son élève de dégénérer en père de famille ; il l’y encourage au contraire, il prend intérêt à sa jeune femme et à leur commun bonheur. […] » On la rassure ; ce n’est pas elle qui a vieilli, c’est Herman ; il prend tout sur lui, il s’excuse, il s’humilie ; la nécessité… ; il raconte son histoire, ce testament d’un vieil ami, d’un père… plus qu’adoptif ; c’est Pompéa du moins qui le dit, comme elle l’a deviné, à la simple vue d’un portrait et à la ressemblance ; — il parle de son amour pour sa femme, de ce sentiment nouveau qui lui est venu en la voyant : « J’ai senti que près de cette charmante personne je devenais meilleur ; j’ai apprécié ses excellentes qualités ; je l’ai estimée, puis aimée d’un amour inconnu, confiant, impérissable… » Mais Pompéa n’est pas de celles qui prennent le change ; elle sourit d’un sourire de pitié : « Voilà une idylle qui a le défaut d’arriver trop tard ; hier je t’aurais cru, mais il ne fallait pas me faire passer la soirée avec ta belle-sœur. » Herman assure ne pas comprendre ; Pompéa reprend : « Est-ce qu’on nous trompe, nous autres ?
A propos de Colletet père et de Colletet fils, il ajoute : « Voilà ce que c’est que d’être poëte et d’avoir des enfants poëtes. […] les grands hommes ne devraient jamais avoir de postérité : les Césars engendrent communément des Laridons, et les Racine père des Racine le fils… » Je ne m’amuserai pas à réfuter ce que le spirituel auteur a lancé là en passant comme une de ces espiègleries bien irrévérentes qui font sa joie ; je le renverrai seulement à la très-belle page des Soirées de Saint-Pétersbourg (3e Entretien), dans laquelle Joseph De Maistre, qui ne passe pas pour être esclave du lieu commun, rend à Racine fils un hommage aussi touchant que celui que Montesquieu payait à Rollin. […] Un chacun les doit estimer, Ainsi qu’un ange tutélaire ; La vertu, c’est de les aimer, L’innocence est de leur complaire… ; soit que, voulant consoler un fils affligé de la mort d’un père, il lui dise tout crûment : Un homme de bon sens se moque des malheurs, Il plaint également sa servante et sa fille ; Job ne versa jamais une goutte de pleurs Pour toute sa famille.
Depuis plusieurs mois il avait quitté le service, Paris et le monde, pour vivre dans la terre de son père, à une lieue de là. […] Elle se représentait son père, le drapeau sous lequel il avait combattu, le deuil de l’invasion ; elle excitait, elle provoquait en elle l’orgueil blessé des vaincus ; elle cherchait à impliquer dans l’inimitié de ses représailles le jeune noble royaliste, le mousquetaire de 1814, mais en vain ; le ressort sous sa main ne répondait pas ; l’amour, qui aime à brouiller les drapeaux, se riait de ces factices colères. […] Que cette chambre d’une simple et virginale élégance, qu’ornait en un coin le portrait du père, et, au-dessous, la harpe (hélas !
Ce qu’il y a de meilleur en lui, c’est sa capacité des joies de la famille, son affection de père ou grand-père. […] Victor Hugo, fils du général Hugo, né à Besançon en 1802, suivit son père en Italie, en Espagne, fut quelque temps élevé au séminaire des nobles à Madrid ; à Paris, il vécut avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qu’il a chantée. […] Idylles héroïques (1857), Voix du silence (1863), Pernette (1868), Poèmes civiques (1873), Le livre d’un père (1886).
cet homme dont le premier roman a été précisément couronné par l’Académie, cet écrivain de vie si bourgeoise et qui est notoirement un si bon père de famille Tsigane, oui. […] Il n’est pas non plus difficile de reconnaître que l’histoire du fils se rattache à celle du père par un effet de contraste. Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M.
Une famille de Renés poètes et de Renés prosateurs a pullulé ; on n’a plus entendu que des phrases lamentables et décousues… » Évidemment René ne voulait pas avoir d’enfants, et, s’il avait pu, il aurait voulu (en littérature) ne pas avoir de père. […] Mais il commence par nous déployer en plusieurs pages, au moment de sa naissance, ses parchemins et titres d’antique noblesse ; il est vrai qu’après cet exposé généalogique il ajoute : « À la vue de mes parchemins, il ne tiendrait qu’à moi, si j’héritais de l’infatuation de mon père et de mon frère, de me croire cadet des ducs de Bretagne… » Mais, en ce moment, que faites-vous donc, sinon de cumuler un reste de cette infatuation (comme vous dites) avec la prétention d’en être guéri ? C’est là une prétention double, et au moins l’infatuation dont vous taxez votre père et votre frère était plus simple.
Un jour qu’on devait jouer le Bon Père (c’est-à-dire Arlequin encore, mais Arlequin respectable, en habit de velours, veste de drap d’or, perruque à trois marteaux) pour la fête du prince, comme celui-ci par dévotion s’y opposait, Florian s’avança sous le masque d’Arlequin et dit avec regret à la compagnie, en parodiant en bonne part le mot de Molière : « Nous espérions vous donner aujourd’hui la comédie du Bon Père, mais M. le duc de Penthièvre ne veut pas qu’on le joue. » M. […] Ne croyons pas, au reste, avoir découvert de nos jours ce factice de Florian, et n’imputons pas à nos pères plus de faux goût qu’ils n’en eurent.
Né d’un père excellent et qui, médiocrement instruit, avait donné avec un véritable enthousiasme dans le mouvement de la Renaissance et dans toutes les nouveautés libérales de son temps, il avait corrigé ce trop d’enthousiasme, de vivacité et de tendresse, par une grande finesse et justesse de réflexion ; mais il n’en avait point abjuré le fond originel. […] En entrant en charge, Montaigne a bien soin de prévenir Messieurs de Bordeaux pour qu’ils ne s’attendent pas à trouver en lui plus qu’il n’y a en effet ; il s’expose à eux sans apprêt : « Je me déchiffrai fidèlement et consciencieusement, dit-il, tout tel que je me sens être ; sans mémoire, sans vigilance, sans expérience et sans vigueur ; sans haine aussi, sans ambition, sans avarice et sans violence. » Il serait bien fâché, tout en prenant en main les affaires de la ville, de les prendre si à cœur qu’il l’a vu faire autrefois à son digne père, lequel y perdit à la fin sa tranquillité et sa santé. […] Et il continue de les montrer travaillant jusqu’à l’extrémité, même dans leur douleur, même dans leurs maladies, jusqu’au moment où la force leur manque : « Celui-là qui fouit mon jardin, il a ce matin enterré son père ou son fils… ils ne s’alitent que pour mourir. » Tout ce chapitre est beau, touchant, approprié, se sentant à la fois d’une noble élévation stoïque, et de cette nature débonnaire et populaire de laquelle Montaigne se disait à bon droit issu et formé.
Le père signe toujours Delharpe, et sur l’acte de décès d’une fille morte, âgée de dix ans, le 3 novembre 1751, il prend les qualités de gentilhomme et officier suisse. […] « Il n’avait pas dix ans quand son père mourut (6 mai 1749) : il en avait un peu plus de seize lorsqu’il perdit sa mère (16 février 1756) morte à l’Hôtel-Dieu. » La Harpe ne parla qu’assez tard de sa naissance ; soit mépris réel pour des propos à demi calomnieux, soit difficulté d’aborder ce point délicat, il ne s’expliqua pour la première fois qu’en 1790, et il le fit sur un ton qui nous montre assez son caractère. […] Qui a pris soin de moi quand mon père et ma mère m’ont été enlevés ?
Sa vocation pour le métier des armes était telle, que son père dut céder à ses instances, et le jeune homme entra à l’École de Saint-Cyr. […] Si vous ne tenez aucun compte de mon avertissement, nous vous renverrons à Rouen pour auner de la toile dans la boutique de monsieur votre père. À quoi Carrel répondit : « Mon général, si jamais je reprends l’aune de mon père, ce ne sera pas pour auner de la toile. » Il fut mis aux arrêts pour cette réponse.
Heureux dans mon ménage, heureux par ma charmante fille, heureux par mes anciens amis, je ne demande plus rien aux hommes, ayant rempli tous mes devoirs austères (entendez cet austères, sans trop d’austérité) de fils, d’époux, de père, de frère, d’ami, d’homme enfin, de Français et de bon citoyen ; ce dernier, cet affreux procès m’a fait du moins un bien, en me mettant à même de rétrécir mon cercle, de discerner mes vrais amis de mes frivoles connaissances. […] À sa fille et à sa famille, dans les grands moments, il parle trop avec la solennité et l’emphase d’un père de mélodrame ; à ses maîtresses (car il en eut toujours), il écrit sur un ton qui fait reculer d’étonnement les moins scrupuleux et qui condamne ce coin de sa correspondance à ne jamais sortir du tiroir ni du cabinet des curieux ; mais avec ses amis, dans le tous-les-jours, il redevient uniment le gai, le bon et facile Beaumarchais : Je viens de revenir, écrit-il à l’un d’eux (6 juin 1797), dans ma maison du boulevard, dont le séquestre n’était pas levé quand je suis rentré dans Paris. […] Mais la paternité l’avait ramené d’instinct et en idée au drame moral et vertueux, et il répétait souvent dans sa vieillesse « que tout homme qui n’est pas né un épouvantable méchant, finit toujours par être bon quand l’âge des passions s’éloigne, et surtout quand il a goûté le bonheur si doux d’être père !
Paul-Louis Courier, né à Paris sur la paroisse Saint-Eustache, le 4 janvier 1772, d’un père riche bourgeois, et qui avait eu maille à partir avec un grand seigneur, fut élevé en Touraine sous les yeux et par les soins de ce père qui le destinait à servir dans le corps du génie et qui l’appliqua en attendant aux langues anciennes. […] Capitaine d’artillerie en juin 1795, il était au quartier général de l’armée devant Mayence, quand il apprit la mort de son père.
Son île est à la fois un cimetière pour les mortels bienfaisants, un verger pour les arbrisseaux exotiques, une prairie artificielle, un prytanée, un rendez-vous de noces et festins pour les pauvres vertueux, un lieu d’asile inviolable pour les pères de famille endettés et pour tous les infortunés : que sais-je encore ? […] Au mot Appartenir, on avait mis pour exemple : « Il appartient au père de châtier ses enfants. » Là-dessus Bernardin proteste, il se révolte, et trouve étonnant qu’entre tant de relations chères qui lient un père aux enfants, on soit allé choisir la plus odieuse, celle par laquelle il les châtie : Là-dessus, Morellet, le dur ; Suard, le pâle ; Parny, l’érotique ; Naigeon, l’athée ; et autres, tous citant l’Écriture et criant à la fois, m’ont assailli de passages et se sont réunis contre moi, suivant leur coutume.
Te faire obéir par les générations futures et créer des coutumes vénérables, ces préjugés conservateurs, pères des lois et plus forts que les lois ? […] La Correspondance du père de famille avec sa femme et ses enfants avait fait de ce bronze un homme. […] Et quand il n’y aurait eu que cela dans cette publication d’un fils qui tient à l’honneur intégral de l’esprit de son père, ce serait assez pour, de tout notre cœur, y applaudir !
Il deviendra moins encore le père des poètes romantiques que leur classique. […] Il est le père du roman d’analyse, créé sans mère, cela se voit. […] Mais Dieu lui est extérieur, Le fondement vivant et vécu de sa doctrine c’est la réalité de la famille, le magistère du père de famille, et particulièrement, et même seulement, du père de famille propriétaire et agriculteur. […] Le pouvoir vrai et juste est délégué par Dieu qui est lui-même roi et père, au roi dans la société et au père dans la famille. […] Arthur Bertrand imite même assez laborieusement celui de Pascal avec le bon Père.
Il a auprès de lui son père et sa mère. Son père, mon Dieu, le gronde de trop fumer. […] En 1907, il perdit son père. […] Le proche souvenir de son père l’incitait et le protégeait contre l’erreur. […] Il voulut recueillir des faits ; et il interrogea son père.
Ballande consacra à la mémoire d’Alexandre Dumas père.
Jeune et déjà fait aux épreuves de la vie, il prend l’homme avec tous ses sentiments de père, d’époux, d’ami, et il le place dans le cadre éblouissant des Tropiques.
On l’entend et on va prévenir ses père et mère.
Son père vit avec plaisir se développer chez son fils une disposition qui semblait devoir le diriger vers l’étude de l’architecture. […] que demande-t-on, mon père ? […] Bref, il perdait son temps ; mais il le sentait, et ne cessait de prier son père de lui donner un maître qui lui enseignât l’art du dessin. […] Dix ans après, son père, qui faisait le commerce du fer, fut tué en duel. […] Le salon devait recevoir des décorations peintes que Fragonard père avait ébauchées et que l’on chargea David de terminer.
Dumas père devient le modèle des historiens et des critiques. […] Il s’agit de savoir quelle est la part de collaboration respective du père et du fils. […] Quoique simplement putatif, Tyndare se montre aussi bon père que si elle était réellement sa fille. […] Et quoiqu’en prose, avec des marques d’époque, c’est quand même un peu mieux écrit que du Dumas père. […] Leuwen père, qui a eu la fantaisie de devenir député, se venge de ce mauvais procédé en renversant le ministère.
Point d’Ave Maria, point d’Écriture sainte ni de Pères. […] Elle tenait donc du père ? […] Du reste, il avait pour père un Allemand et, dès l’âge de douze ans, il vécut, avec son père, en Angleterre. Il accompagna son père dans le voyage de découvertes autour du monde du capitaine Cook. […] Il était marié, père de famille et très heureux en 1790.
Il était par sa mère et par son père d’une famille de tapissiers. […] Il s’en ouvrit enfin à son père, et, appuyé de son aïeul qui le gatait, il obtint de faire des études. […] Au sortir de ses classes, Poquelin dut remplacer son père trop âgé dans la charge de valet-de-chambre-tapissier du roi, qu’on lui assura en survivance. […] En amitié, on n’aurait que de beaux traits à en dire ; son sonnet sur la mort de l’abbé Lamothe-Le-Vayer et la lettre qu’il y a jointe honorent sa douleur ; bien mieux que le lyrique Malherbe, il s’entendait à pleurer avec un père. […] Dix mois avant sa mort, Molière, par la médiation d’amis communs, s’était rapproché de sa femme qu’il aimait encore, et il était même devenu père d’un enfant qui ne vécut pas.
Lesquels valent mieux de nos pères ou de nous ? […] Mais soyons comme un bon père de famille, accroissons à notre tour ce que nous avons reçu.
Il est le père de cet Enfant Prodigue qui a vécu parmi les pourceaux, et qui, plus mauvais que le fils prodigue des Saintes Écritures, ne reviendra jamais à la maison paternelle, car il l’a détruite de ses propres mains. […] Si l’affection ne remonte pas des fils aux pères, les crimes remontent comme ils descendent.
Est-ce qu’il n’en pointe pas d’autres maintenant, heureusement encore à deux pouces de terre, qui insultent au génie d’Alfred de Musset, le byronien charmant, le poète de la jeunesse, mort dans son enfance, que je ne comparerai pas à son père, mais qui rappelle parfois son père au point de se faire adorer !
Renée de Penarvan est la dernière de l’antique maison des Penarvan, écroulée sur les champs de bataille de la Vendée, dans l’héroïque personne de son père et de ses quatre fils, massacrés. […] Sandeau sont des couleurs déteintes et mêlées. — Or, elle apprend, par l’une des circonstances du roman, qu’un cousin-germain de son nom, dont le père avait, comme on dit, embrassé les principes de 89, vit non loin d’elle, sur une petite terre qu’il cultive, et qu’il est sur le point d’épouser la fille d’un meunier.
Ce fut probablement, nous dit-on, la petite ville de Saint-Paul qui lui donna naissance ; depuis nombre d’années, la famille des Parny a été connue à Bourbon pour habiter ce quartier, et il est à présumer que c’est de ce centre que, par la suite, elle a rayonné sur les divers autres quartiers de l’île, tels que Saint-Denis, Sainte-Marie, où se trouvent maintenant des personnes du même nom et de la même origine. « Dans un voyage que je fis à Saint-Paul, nous écrit un élégant et fidèle narrateur, j’allai visiter l’ancienne habitation du marquis de Parny, père du poëte ; elle appartient aujourd’hui à M. […] Son père, bien que descendant d’une ancienne famille de l’île, n’avait point à faire valoir de titres de noblesse. Aussi, quand on eut l’éveil, quand les conjectures malicieuses et peut-être aussi, nous assure-t-on, l’état de la jeune personne, amenèrent les parents d’Éléonore à presser le chevalier de Parny de s’expliquer ou de rompre, celui-ci sollicita en vain de son père la permission d’épouser. […] Non loin de ce rivage est une île ignorée… Là je ne craindrai plus un père inexorable. Et ailleurs : Ici je bravai la colère D’un père indigné contre moi ; Renonçant à tout sur la terre, Je jurai de n’être qu’à toi.
« Ainsi que la déesse toute-puissante de Chypre (Vénus), que les frères d’Hélène, sereines et favorables constellations, président à ta course ; que le père et le maître des vents les enchaîne tous, excepté celui qui souffle de l’Italie, ô vaisseau qui nous redois notre cher Virgile confié par nous à tes voiles ! […] « Heureux celui qui, loin des affaires publiques et libre de toute cupidité de l’or, laboure les champs de ses pères avec ses bœufs qu’il a élevés ! […] C’est la géographie badine d’un poète ; il est à croire que Mécène et ses amis avaient chargé Horace de rédiger en plaisanterie leur itinéraire pour perpétuer les accidents et les charmes du voyage ; de plus, ce voyage avait un charme tout particulier pour Horace, puisqu’il le conduisait aux lieux, toujours chers, où il avait passé son enfance, sous la tutelle d’un père chéri. […] Les amis se séparent à Brindes ; Horace alla seul, ou peut-être avec Virgile, visiter sa chère fontaine de Blandusie et les ruines de la maison de son père à Venusia. […] Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !
Après la mort de son père, en 1599, il devint chef de troupe et entrepreneur de théâtre. […] Écoutons. — J’avais apprêté leurs poignards, il ne pouvait manquer de les voir. — S’il n’eût pas ressemblé à mon père endormi, je m’en serais chargée. — Mon mari ! […] Je l’ai vu gourmander les sœurs lorsqu’elles m’imposèrent le nom de roi ; il leur commanda de lui parler ; et alors, d’une bouche prophétique, elles le proclamèrent père d’une race de rois. — Elles n’ont placé sur ma tête qu’une couronne sans fruit et ne m’ont donné à saisir qu’un sceptre stérile que m’arrachera une main étrangère, sans qu’aucun fils sorti de moi me succède. […] Ayez le plus grand soin d’épier et de choisir le moment convenable, car il faut que cela soit fait ce soir, et à quelque distance du palais, et ne perdez pas de vue que j’en veux paraître entièrement innocent, et afin qu’il ne reste dans l’ouvrage ni accrocs ni défauts, qu’avec Banquo son fils Fleance qui l’accompagne, et dont l’absence n’est pas moins importante pour moi que celle de son père, subisse les destinées de cette heure de ténèbres. […] dit lady Macduff à sa cousine ; le pauvre Roitelet, le moindre des oiseaux, dispute donc son nid, ses petits au hibou. — Mon enfant, dit la mère à son enfant comme par pressentiment, votre père est mort, comment vivrez-vous ?
Jacques-Bénigne Bossuet est né à Dijon le 27 septembre 1627, d’une famille de magistrats provinciaux : il avait six ans quand son père fut nommé conseiller au Parlement de Metz. […] Il revient en 1702 sur le même adversaire, condamne sa version du Nouveau Testament, et écrit contre lui une Défense de la Tradition et des Saints Pères. […] Dans une Instruction rédigée pour le jeune cardinal de Bouillon, il indique par quelle préparation se peut former un prédicateur : les ouvrages de l’antiquité profane, quelques livres français, tels que les Provinciales, sont recommandés avec les deux Testaments, les Pères grecs, saint Augustin et Tertullien. […] A Metz, Bossuet s’appliqua aux Pères grecs, dont l’heureuse influence s’ajouta aux leçons de ses auteurs jusque-là préférés, saint Augustin, Tertullien, les âpres Africains, subtils et violents : Basile et Grégoire détendirent son éloquence et lui enseignèrent la puissance de la douce simplicité. […] Ce Père jésuite débuta dans les chaires de Paris en 1669 : dix ans de prédication en province l’avaient formé.
Plus d’un écrivain d’aujourd’hui est, en outre, un époux régulier et un père de famille prévoyant, et écrit quotidiennement le même nombre de pages entre sa femme légitime et son pot-au-feu. […] 11 » Renée Mauperin, « la jeune fille moderne », spirituelle, tapageuse, garçonnière, artiste, tendre, fière et charmante, adore son père, pleure quand, voulant la marier, il lui dit qu’il ne sera pas toujours là, ne peut jouer sans pleurer la Marche funèbre de Chopin. […] Elle ne peut souffrir que ce jeune homme très fort change le nom de son père contre un titre acheté, afin de faire un riche mariage ; elle découvre en outre qu’il a eu pour maîtresse la mère de la jeune fille qu’il doit épouser. […] Mme Gervaisais a été élevée par un père imbu des idées du XVIIIe siècle ; c’est une femme instruite, presque une femme savante, « une philosophe ». […] Manette Salomon, Charles Demailly et Renée Mauperin (avec Denoisel) sont, à ce point de vue surtout, trois livres ultra-parisiens, qui pourront, dans cent ans, donner à nos descendants une idée assez juste de la façon dont conversaient les plus spirituels et les plus blasés de leurs pères dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Henry Simond, est un des maîtres de la presse actuelle et a fait de l’Écho de Paris, fondé par son père, un des plus importants journaux politiques. […] Que vont dire le père, la mère et le frère aîné ? […] Heureusement, le temps est loin où le père maudissait son fils quand il se destinait à la littérature ou à la peinture. […] La mère soupirera bien un peu, car les mères ont encore un faible pour la vie de famille ; mais le frère aîné qui est à la hauteur des choses, félicitera grandement sa sœur, et le père verra en perspective la Comédie-Française, la considération, les réceptions officielles, sa fille à la table des ministres, ou bien à la droite des préfets à l’inauguration des statues de province. […] Son père et sa mère sont des paysans.
Son père, M. […] — Je ne veux point me marier, mon père, s’il vous plaît. […] — Je vous demande pardon, mon père. […] Parce que son père lui-même lui conseilla de prendre ce parti. […] Père et mère servent leurs enfants…, le père davantage peut-être encore que la mère.
Son père, vivant à la campagne, sans autre occupation que l’étude des lettres, conservait d’honorables liaisons avec les premiers citoyens de la république. […] À l’âge de neuf ans, il prononça, du haut de la tribune, l’éloge de son père, qui venait de mourir. […] Une de ses lettres au sénat commençait par ces mots : « Que vous écrirai-je, pères conscrits ? […] s’écriait, dans de beaux vers, une femme de ce temps, que médite le père des dieux ? […] Son père, homme instruit, passionné pour les arts, ayant même un talent distingué pour la musique, exerçait dans cette ville la profession de notaire.
À l’aube, leur père doit les emmener au camp. […] Là, tous les plus grands entre les nouveaux venus saluent en lui le père et le maître. […] demande un des pères, un des braves gens de la vieille génération. — Tu veux le savoir ? […] Son père, un médecin militaire retraité, était attaché à cet établissement. […] Le père était mort, le maigre patrimoine dispersé entre les enfants, vite évanoui.
opinion d’un gallican sur la brochure du père ravignan en faveur des jésuites. — condamnation de félix pyat pour diffamation envers jules janin. — élections de mm. saint-marc girardin et sainte-beuve a l’académie française.
. — Le Père prodigue (1859)
On ne fouille les cendres des pères que pour les jeter au visage des fils. […] C’est un père qui a laissé faire ses enfants par d’autres. […] comme si la République avait d’autre père que le bourgeois ! […] Si le mari, si le père a survécu, imaginez ce qu’il doit avoir de haine au cœur. […] Sardou, père de l’auteur dramatique.
Alors, mon père se levait ; il fermait la croisée. […] Et c’est mon père qui me porta. […] Mon père vint me voir ; il me surprit. […] Son père. […] Son père l’accueille, et sa mère.
Allusion à un article de Revue, la Ruche populaire (octobre 1843), dans lequel il était raconté qu’un père de famille, ouvrier, après avoir entendu lire tout haut le soir, à la veillée, par un de ses fils, le chapitre du Lapidaire, dans les Mystères de Paris, s’était écrié, en déguisant mal son émotion (il ne voulait pas laisser voir qu’il pleurait) : « Eh bien !
Issus de pères rois et de pères bergers. […] Nous mourons tous, et non seulement « issus de pères rois ou de pères bergers », mais, que ce soit de la poste ou de quelque autre maladie, jeune ou vieux, homme ou femme, dans notre lit ou sur une grande route, nous mourons tous de la même manière. […] À méditer sur ces progrès — dont on vient de voir s’ils sentaient tout le prix, — les contemporains s’étonnent d’abord, puis, ils commencent à s’indigner de la barbarie de leurs pères. […] On a reconnu les bons pères. […] « Les bons pères, à quoi pensent-ils, s’écrie Marais, d’instruire le public d’une telle nouveauté !
Allais, le père, un homme de science et de mérite. […] A l’entendre, Dumas père domine son siècle. […] Dumas père n’y gagne rien. […] Le père du poète, François Baudelaire, quitta tôt sa province. […] Au mur, en son cadre doré, le portrait de son père la regarde.
Mais quand je pense que j’ai moins employé de temps à examiner deux cents morceaux, qu’il n’en faudrait accorder à trois ou quatre pour en bien juger ; quand j’apprécie scrupuleusement la petite dose de mon expérience et de mes lumières avec la témérité dont je prononce, et surtout lorsque je vois que moins ignorant d’un sallon à un autre, je suis plus réservé, plus timide, et que je présume avec raison qu’il ne me manque peut-être que d’avoir vu davantage pour être plus juste, je me frappe la poitrine, et je demande pardon à Dieu, aux hommes et à vous, mon père, et de mes critiques hasardées et de mes éloges inconsidérés.
Il en use à l’égard de la tradition et des maîtres classiques, à l’égard de sa religion littéraire, comme Bossuet à l’égard de la religion chrétienne et des Pères. […] Vous êtes bien le fils de votre père. — Raoul. […] Dans l’opposition d’un père avare et d’un fils prodigue ? […] Le joueur a un père, mais il l’a quitté ; il n’a point la disposition de sa fortune ; il n’aime Angélique que par pis-aller. […] Si les pères mettent leurs filles au cloître, il ne le trouve pas bien.
Cette identité ne se constate même pas entre fils d’un même père et d’une même mère. […] C’est pourquoi le petit infirme Casimir n’a point de père. […] Père, n’êtes-vous pas partout ? […] Le premier printemps qui suit la mort de l’enfant irrite le père comme un non-sens. […] Père !
On le sent prêt à tomber de ses lèvres lorsqu’il renvoie Armand Carrel à la boutique de son père. […] Nos pères du siècle dernier entouraient volontiers leur autorité de ce prestige redouté. […] Mais ses livres, les livres de son père, il fallait qu’ils fussent bien logés. […] quelle extravagance fut le romantisme, et que nous sommes gens rassis, à côté de nos pères ! […] Il ne se voyait pas citoyen, époux, père.
Les relations surtout, de Leopardi avec sa famille, ont donné lieu à de vives discussions : les uns se sont plu à représenter son père, le comte Monaldo, comme un abominable tyran, sans affection pour ses enfants ; les autres ont essayé de le défendre. […] Mais, s’il plaît à Dieu, nous publierons les lettres de mon père à Giacomo, et alors la vérité se fera jour, et on reconnaîtra mon pauvre père pour l’homme sincèrement attaché à ses enfants qu’il fut. » Mais cet homme de bon sens et de grande conscience était en même temps un gentilhomme de province et un érudit de petite ville : dès l’âge de dix-huit ans, il s’habillait de noir des pieds à la tête, ce qui, selon son propre jugement, lui évitait « beaucoup de dépenses » et lui valait « le respect du peuple ». […] Paolina toute respectueuse qu’elle est, ne peut s’empêcher de railler un peu la passivité de son père, dont elle souffre pourtant : « Il arriva, quand j’étais toute petite, raconte-t-elle plaisamment dans une de ses lettres, ou même avant ma naissance, que les jambes de mon père s’embarrassèrent je ne sais comment dans la jupe de ma mère. […] Mon père m’a répondu de vous écrire directement. […] “Que penseraient de moi votre père et votre mère ?”
Il paraît que Naudé quitta cette place un peu assujettissante pour aller étudier à Padoue, en 1626 ; il en fut rappelé par la mort de son père. […] Il dressait en même temps pour leur père, le marquis de Montebello, une généalogie et une histoire de cette famille des Guidi-Bagni. […] IV) il avait dit : « Il ne faut donc pas croupir dans l’erreur de ces foibles esprits qui s’imaginent que Rome sera toujours le siége des saints Pères, et Paris celui des rois de France. » Je trouve que, de nos jours, les sages eux-mêmes ne sont pas assez persuadés que de tels changements restent toujours possibles, et l’on met volontiers en avant un axiome de nouvelle formation, bien plus flatteur, qui est que les nations ne meurent pas. […] La seconde Fronde vint renverser encore une fois la fortune de Naudé et lui porter au cœur le coup le plus sensible, celui qu’un père eût éprouvé de la perte d’une fille unique, déjà nubile et passionnément chérie. […] Et, en effet, messieurs, comme ce bon fils sauva la vie à son père en le faisant connoitre pour ce qu’il étoit, pourquoi ne puis-je pas me promettre que votre bienveillance et votre justice ordinaire sauveront la vie a cette fille, ou, pour mieux dire, à cette fameuse bibliothèque, quand je vous aurai dit, pour vous représenter en peu de mots l’abrégé de ses perfections, que c’est la plus belle et la mieux fournie de toutes les bibliothèques qui ont jamais été au monde et qui pourront, si l’affection ne me trompe bien fort, y être à l’avenir. » — Et il finit en répétant les vers attribués à Auguste, lorsque celui-ci décida de casser le testament de Virgile plutôt que d’anéantir l’Enéide : ….
Son père était dans l’aisance, et l’on a fait remarquer avec raison que cette profession de marchand cordier s’appliquait alors à un genre de commerce beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui, puisqu’il comprenait la fourniture des câbles et des autres cordages nécessaires au service de la navigation. […] Chez elle, jeune fille ou femme, ce fut toujours le père ou le mari qui tint la quenouille ; dans cette profession de cordier, l’expression se trouvait littéralement vraie et sans métaphore. […] Il est à croire qu’elle suivit en effet à ce siége ou son père ou son frère, fournisseurs peut-être à l’armée, et de là à ses exploits chevaleresques, un peu exagérés sans doute par les poëtes et les admirateurs de sa beauté, il n’y a qu’un pas. […] Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton !
La famille a représenté au roi le mauvais état des affaires de M. le prince de Pons, et Sa Majesté a bien voulu accorder à M. le prince Camille, son fils, 15 000 livres de la pension vacante par la mort de son père, et 5 000 livres d’augmentation à Mme de Marsan. » — M. de Conflans épouse Mlle Portail : « En faveur de ce mariage, le roi a bien voulu que, sur la pension de 10 000 livres accordée à Mme la présidente Portail, il en passât 6 000 à M. de Conflans après la mort de Mme Portail. » — M. de Séchelles, ministre qui se retire, « avait 12 000 livres d’ancienne pension que le roi lui conserve ; il a, outre cela, 20 000 livres de pension comme ministre ; et le roi lui donne encore outre cela 40 000 livres de pension » Parfois les motifs de la grâce sont admirables. […] Rouillé de n’avoir pas participé au traité de Vienne ; c’est pourquoi « on donne une pension de 6 000 livres à sa nièce, Mme de Castellane, et une autre de 10 000 à sa fille, Mme de Beuvron, fort riche » « M. de Puisieux jouit d’environ 76 ou 77 000 livres de rente des bienfaits du roi ; il est vrai qu’il a un bien considérable ; mais le revenu de ce bien est incertain, étant pour la plupart en vignes. » — « On vient de donner une pension de 10 000 livres à la marquise de Lède parce qu’elle a déplu à Madame Infante et pour qu’elle se retire. » — Les plus opulents tendent la main et prennent. « On a calculé que, la semaine dernière, il y eut pour 128 000 livres de pension données à des dames de la cour, tandis que depuis deux ans on n’a pas donné la moindre pension à des officiers : 8 000 livres à la duchesse de Chevreuse dont le mari a de 4 à 500 000 livres de rente, 12 000 livres à Mme de Luynes pour qu’elle ne soit pas jalouse, 10 000 à la duchesse de Brancas, 10 000 à la duchesse douairière de Brancas, mère de la précédente, etc. » En tête de ces sangsues sont les princes du sang. « Le roi vient de donner un million cinq cent mille livres à M. le prince de Conti pour payer ses dettes, dont un million sous prétexte de le dédommager du tort qu’on lui a fait par la vente d’Orange, et 500 000 livres de grâce. » « M. le duc d’Orléans avait ci-devant 50 000 écus de pension comme pauvre et en attendant la succession de son père. […] Fondée sur la seigneurie féodale, la royauté est comme elle une propriété, un héritage, et ce serait infidélité, presque trahison chez un prince, en tout cas faiblesse et bassesse, que de laisser passer entre des mains de sujets quelque portion du dépôt qu’il a reçu intact de ses pères pour le transmettre intact à ses enfants. […] 131 » On dirait que le don est modeste et que le mari est raisonnable Pour bien comprendre l’histoire de nos rois, posons toujours en principe que la France est leur terre, une ferme transmise de père en fils, d’abord petite, puis arrondie peu à peu, à la fin prodigieusement élargie, parce que le propriétaire, toujours aux aguets, a trouvé moyen de faire de beaux coups aux dépens de ses voisins ; au bout de huit cents ans, elle comprend 27 000 lieues carrées.
Et puis le cœur s’amollit avec l’âge, vous aimerez un père, une mère, une amante, une femme, des enfants. […] on lui reprochait, dans sa jeunesse, de n’avoir que des cordes de métal à son instrument lyrique : il a aimé, il a mûri, il a été amant, époux et père comme nous ; il n’arrachait que des applaudissements, il arrache maintenant des larmes ; l’émotion de son cœur, jusqu’alors trop impassible, a passé dans ses vers ; l’artiste s’est fait homme, et l’homme a grandi l’artiste. […] Plus heureux que le Dante toscan, on sent le bonheur intime à travers ses rugissements de poète indigné ; car Laprade n’a connu ni les odieuses vengeances des partis politiques, ni l’exil, ni le veuvage du cœur ; heureux fils, heureux amant, heureux père ! […] Le portrait de ma mère est là qui nous sourit ; Je sens autour de nous rayonner son esprit ; Durant les entretiens, les jeux de la soirée, Je consulte du cœur cette image adorée, Sachant bien qu’elle assiste et protège ici-bas Le père en ses travaux, les fils en leurs ébats.
« Éminence, « Suivant les conseils du Très Saint Père et de Votre Éminence, j’ai vu Mgr Bernetti, spécialement chargé de l’affaire en question, et, avec sa franchise bien connue, il m’a expliqué ce que les puissances étrangères semblaient reprocher à la famille de l’empereur Napoléon. […] Je prie donc Votre Éminence de vouloir bien déposer mon plus humble hommage aux pieds du Très Saint Père. […] Votre Éminence a perdu un père, un ami de vingt-quatre ans, à qui elle a rendu plus de services qu’elle n’en a reçu de confiance et de bonté. […] Le Pape pour lui était le père commun de la civilisation chrétienne.
Il ne répara jamais le manque d’études fortes77, et il fut toujours le disciple de Jean Lemaire et de Jean Marot, son père lesquels n’avaient songé qu’à perfectionner, sous le rapport du mètre, la langue poétique de Jean de Meung et de Villon. […] Le ciel sembloit estre exempt de leurs mains ; Et toutefois les bons pères romains, Pour servir Dieu que mieux connoistre ils surent, Y prirent siege, et les clefs en reçurent ; Or, maintenant, leurs riches successeurs Pour estre encor plus amples possesseurs, Et leurs acquets augustes imiter, Ont pris enfer, et y vont habiter. […] Ces jeunes gens, épris d’Homère et de Virgile, nés eux-mêmes avec le don des vers, avaient rêvé pour leur pays, appelé pour la première fois par eux du beau mot latin patria, une poésie égale à celle de ces pères de toute poésie. […] « Illustre, généreuse et héroïque ame, dit Rabelais parlant de sa mort, tout parfait et nécessaire chevalier à la gloire et protection de la France, que les cieuxrepetoient comme à eux deu par propriété naturelle. » L’amour des lettres et les talents se transmettaient alors du père au fils, comme un héritage, le plus souvent augmenté et amélioré par le fils.
Ne serait-ce pas une étrange figure que celle du baron Hulot grimé en père noble ? […] Ainsi, il fait sonner très haut les sabots de son père, qui a été jardinier chez les parents de M. […] Sa petite cousine Mathilde l’aime, de toute la franchise de son petit coeur ; et, comme elle sait que son père n’acceptera jamais un gendre de mille écus, elle supplie René de faire bien vite sa fortune, en lui promettant d’attendre. […] Giraud, si bien que son père s’imagine que ce refus vient de la pudeur d’une faute mystérieuse.
Le fils aîné de Daudet avait entendu jeudi, à travers la porte, son père me dire qu’il avait envoyé des témoins à Delpit. Il n’avait rien laissé percer de son inquiétude, auprès de sa mère, mais, samedi, comme son père était en retard pour le dîner, et qu’on dînait sans lui, tout à coup, il se mettait à fondre en larmes, et comme sa mère se moquait de ses larmes imbéciles de petit garçon, sur le retard de son père, il continuait à pleurer, mais ne disait rien de ce qu’il devinait, se passer dans le moment. […] Samedi 22 décembre Ce soir, à dîner chez Pierre Gavarni, Rogier l’égyptien, l’ami de Gautier et de Gavarni père, Rogier, le bibeloteur de choses italiennes ; parlait d’un admirable portrait de la femme de Jean-Baptiste Tiepolo, qu’il avait vu à Venise, et dont un vieil amateur du pays, qui, enfant avait connu le mari, disait : « Une méchante femme !
Cowper est le poète de la famille, quoiqu’il n’ait été ni époux, ni père ; il est le poète du chez soi, de l’intérieur régulier, pur, doucement animé, du bosquet qu’on voit au fond du jardin, ou du coin du feu. […] Si vaste et rapide est le coup d’œil de l’esprit, qu’en peu de moments je me retrace (comme sur une carte le voyageur, les pays parcourus) tous les détours de mon chemin à travers maintes années… Il poursuit de la sorte, et, par une association insensible, il arrive à se retracer quelques circonstances émouvantes de son passé ; une allusion directe nous ramène à la perte de son père, dont il se reproche de n’avoir pas assez apprécié l’amitié sous sa forme un peu sévère : « Un ami est parti, peut-être le meilleur ami de son fils, un père dont l’autorité, même quand elle se montrait en apparence le plus sévère et qu’elle rassemblait toute sa force, n’était que la contenance plus grave de la tendresse… » Puis tout d’un coup, et sans autre transition, il se met à tracer cet exquis et mémorable tableau qui a donné son titre au sixième livre, La Promenade d’hiver à midi.
Après d’assez méchants propos sur le père, le médecin Senac, et sur sa femme, le fabricateur fait dire à sa marquise : « L’unique héritier de ce bon ménage est M. de Meillan, qui se pavane aujourd’hui dans son intendance avec tant de fatuité. […] [NdA] Il n’aurait tenu qu’à lui d’avoir ces observations ; il était père, il n’avait qu’à élever ses propres enfants. […] Il était de Saint-Servan près de Saint-Malo, et son père était caboteur ou patron de barque.
Né à Paris en 1709, d’un père procureur au Châtelet, au sein d’une famille nombreuse où il comptait quantité de frères et de sœurs, il était de pure race bourgeoise, et il fut très à même de très bonne heure de connaître la ville, tout ce monde de robins, de présidents et de présidentes singeant la Cour, une espèce dont il s’est tant moqué. […] j’aimerais autant dire que le Père éternel des petites-maisons n’est pas fou, que les paroles de l’opéra-buffa ne sont pas bêtes, que M. […] En politique, comme en comédie, c’était un admirateur de Henri IV, et il eût pu être, s’il eût vécu en ce temps-là, l’un des chansonniers de la Ménippée : il aimait, presque à l’égal de la gaîté française, les vieilles libertés françaises et les franchises de nos pères ; il faut voir comme il daube à l’occasion, dans son Journal, sur le chancelier Maupeou, « ce Séjan de la magistrature. » Il donne à plein collier dans l’opposition parlementaire, mais il ne voit rien au-delà.
Mlle de Liron est une jeune fille de vingt-trois ans qui habite à Chamalières, près Clermont-Ferrand en Auvergne, avec son père, M. de Liron, dont elle égaie la vieillesse et dirige la maison, suffisant aux moindres détails, surveillant, dans sa prudence, les biens, la récolte des prairies, et aussi l’éducation de son petit cousin Ernest, de quatre ans moins âgé qu’elle, et qui, depuis quatre ans juste, est venu du séminaire de Clermont s’établir chez son grand-oncle et tuteur. […] Mais tout en se promenant avec lui sous une allée de châtaigniers devant la maison, tout en prenant le frais près de l’adolescent chéri sur un banc placé dans cette allée, elle le prépare à l’arrivée de M de Thiézac qu’on attend le jour même ; elle l’engage à profiter de cette protection importante pour mettre un pied dans le monde, et elle lui annonce avec gravité et confiance qu’elle est décidée à se laisser marier avec M. de Thiézac : « car, dit-elle, mon père, qui est âgé et valétudinaire, peut mourir. […] Le père du jeune gentilhomme s’étant opposé au mariage de son fils et de Caliste, mille maux s’ensuivirent, et la mort de Caliste les combla.
Tâchez de vous figurer le paysan d’alors, clos et parqué de père en fils dans son hameau, sans chemins vicinaux, sans nouvelles, sans autre enseignement que le prône du dimanche, tout entier au souci du pain quotidien et de l’impôt, « avec son aspect misérable et desséché731 », n’osant réparer sa maison, toujours tourmenté, défiant, l’esprit rétréci et, pour ainsi dire, racorni par la misère. […] J’ai vu dans le dépôt de Rennes plusieurs maris arrêtés sur la seule dénonciation de leurs femmes, et autant de femmes sur celle de leurs maris ; plusieurs enfants du premier lit à la sollicitation de leur belle-mère ; beaucoup de servantes grosses des œuvres du maître qu’elles servaient, enfermées sur sa dénonciation, et des filles dans le même cas, sur la dénonciation de leur séducteur ; des enfants sur la dénonciation de leur père, et des pères sur la dénonciation de leurs enfants : tous sans la moindre preuve de vagabondage et de mendicité… Il n’existe pas un seul jugement prévôtal qui ait rendu la liberté aux détenus, malgré le nombre infini de ceux qui ont été arrêtés injustement. » — Supposons qu’un intendant humain, comme celui-ci, les élargisse : les voilà sur le pavé, mendiants par la faute de la loi qui poursuit la mendicité et qui ajoute aux misérables qu’elle poursuit les misérables qu’elle fait, aigris de plus, gâtés de corps et d’âme. « Il arrive presque toujours, dit encore l’intendant, que les détenus, arrêtés à vingt-cinq ou trente lieues du dépôt, n’y sont renfermés que trois ou quatre mois après leur arrestation, et quelquefois plus longtemps.
Si un navire en perdition apparaît et disparaît tour à tour sur la cime ou dans la profondeur de ses lames, on pense aux périls des hommes embarqués sur ce bâtiment, on voit d’avance les cadavres que le flot roulera le lendemain sur la grève, et que les femmes et les mères des naufragés viendront découvrir sous les algues, tremblant de reconnaître un époux, un père ou un fils. — Émotion ! […] Une bonne tante de mon père, qui vivait à la maison, et dont les cachots de la Terreur avaient blanchi la tête avant l’âge, surveillait nos jeux en travaillant de l’aiguille à côté de nous dans le jardin. […] Son père, Pons de Salignac, comte de Fénelon, retiré du service, avait eu plusieurs enfants d’un premier mariage avec Isabelle d’Esparbis.
Il naquit à Grenoble, le 22 octobre 1761, d’un père homme de loi respecté, d’une mère noble et belle. […] Avec un goût vif pour la littérature, il sait se contraindre et s’appliquer fortement au droit par déférence pour son père. […] Non ; il parla de lui, de sa sensibilité, de son père ; il finit par proposer une proclamation.
Armand-Louis de Gontaut-Biron, né en avril 1747, perdit sa mère en naissant, et fut élevé dans le boudoir de Mme de Pompadour, dont son père était l’un des grands courtisans. « L’embarras de me trouver un bon gouverneur engagea mon père, dit-il, à confier cc soin à un laquais de feu ma mère, qui savait lire et passablement écrire, et que l’on décora du titre de valet de chambre, pour lui donner de la considération. » Notez déjà ce tour d’esprit et d’ironie plaisante : ce sera celui de Lauzun. […] Son père y pensa pour lui et arrangea son mariage avec Mlle de Boufflers, petite-fille et héritière de la maréchale de Luxembourg.
On dit que le soir, faute d’avoir de quoi acheter une lumière, il lisait à la lueur des charbons embrasés : on a raconté la même chose du jeune Drouot, lisant, enfant, près du four de son père. […] Sans prendre à la lettre les imprécations de d’Aubigné sur le roi qui eut le malheur d’attacher son nom à cette nuit funeste, on conviendra qu’il y avait au moins de l’illusion de précepteur et de père nourricier dans Amyot. — Quant au petit roi, il jugeait son bon maître tout en le comblant : on rapporte qu’il le raillait parfois sur son avarice et sa parcimonie, et enfin, lui qui se connaissait en vers et qui en faisait même d’assez bons, il se permettait de trouver durs ceux qu’Amyot mêlait à ses traductions : Amyot, très peu poète en cela, ne l’en trouvait pas moins aimable. […] On a vu les louanges de Vaugelas proclamant Amyot l’un des pères de notre langue.
Dans son Pères et Enfants, la jeunesse russe et la vieille aristocratie se sont reconnues et se sont irritées du portrait. […] Il a esquissé le mal dans Pères et Enfants, comme nu état mental à peine caractérisé et sans grandes conséquences ; il l’avait décrit auparavant à un stage plus avancé, dans Dmitri Roudine, et ici c’est toute l’existence morale du sujet qui est altérée et ruinée. […] Bazarof, le personnage principal de Pères et Enfants, est le moins atteint.
Dans un vieux château, sur la pente d’une colline, habitent le père et la mère de Julien. […] Sa mère l’élève donc dans la crainte du Seigneur, et son père dans le métier des armes, chacun nourrissant à part soi l’espoir de voir un jour l’enfant archevêque ou capitaine. […] Le père et la mère de Julien, — car c’est eux, — sont accueillis par sa femme, qui les couche elle-même dans son propre lit, … et Julien avançait toujours dans l’obscurité. […] « Petite âme aimante, dira-t-il de l’enfant-roi, — qui pleurait derrière les feuillets d’un gros album, silencieusement désespéré que son père fût parti sans l’embrasser, — petit âme aimante, à qui ce père jeune, spirituel, souriant, faisait l’effet d’un grand frère à frasques et à fredaines, un grand frère séduisant, mais qui désolait leur mère ! […] Des fils sont nés sous les yeux de leur père, ils ont vécu sous son toit, ils deviennent hommes, et leur père ne les connaît pas.
Dans Pères et enfants, c’est l’oncle Paul. […] Ce n’est, pas sur les sommets où l’esprit indiscipliné rôde que nos pères ont été chercher et placer Dieu. […] Tout père de chez nous, soucieux de transmettre le flambeau de sa race, devra en préserver ses fils. […] Le brave Augier faisait du père de famille un poète. Bien plutôt c’est le poète qui doit se plier devant son œuvre à des devoirs de père ou de mère de famille.
Depuis lors, le fils du général Friant, dans une pensée de piété domestique, a publié une Vie militaire fort exacte de son glorieux père, auprès duquel il a servi lui-même durant des années, et il nous est maintenant permis de nous faire une idée précise du genre de mérite et d’héroïsme de ce modèle des divisionnaires. […] Ceux qui ont servi sous le général Friant, questionnés sur ses mérites et qualités, nous ont donné de lui une idée que le colonel Michel, un d’entre eux, a résumée heureusement dans ce vivant portrait : Le général Friant, par son bon naturel, son excellent cœur, ses sentiments généreux, l’humanité qui le dominait, aimait ses soldats, les soignait comme ses propres enfants, vivant de leur vie, se mêlant avec eux, tout en conservant sa dignité ; il en était chéri et estimé au point que pas un d’eux n’eût balancé à sacrifier sa vie pour sauver celui qu’ils appelaient : Notre bon, notre brave père. — (Tombant mortellement blessé près de lui à la Moskowa, un voltigeur lui disait : « Mon général, voilà quatorze ans que je suis sous vos ordres ; votre main, et je meurs content
A cette époque, La Fontaine fréquentait avec assiduité la maison de Guillaume Colletet, père du rimeur crotté et famélique, depuis fustigé par Boileau. […] Il y eut un moment où les deux Colletet père et fils, et la belle-mère de celui-ci, la belle-maman, comme il disait, se faisaient à qui mieux mieux en madrigaux les honneurs du Parnasse : ce qui devait prêter assez matière aux rieurs du temps (Mémoires de Critique et de Littérature, par d’Artigny, tome VI).
Le demi-jour des chapelles de la Roche-Guyon se retrouvait presque dans le cabinet étoffé et doré du Père suprême. […] La dépendance étroite où l’on était du Père mettait toutefois obstacle à l’inspiration.
Nos pères, en exprimant leurs pensées, ont accoutumé chaque mot à frayer avec certains autres : nos pensées ne sont plus les mêmes, mais nos mots sont les mêmes et ne changent pas volontiers leurs relations. […] Au premier vers d’une tragédie : Vous souvient-il, ma sœur, du feu roi notre père ?
Après l’abdication de l’empereur, Wolfgang retrouve son père rapatrié, et une belle royaliste qu’il aime depuis son adolescence, Mme de Timey. […] de la simplicité, de la piété, de l’humilité : « Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie ; « Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poë comme intercesseurs : les prier de me communiquer la force nécessaire pour accomplir tous mes devoirs, et d’octroyer à ma mère une vie assez longue pour jouir de ma transformation ; travailler toute la journée, ou du moins tant que mes forces me le permettront ; me fier à Dieu, c’est-à-dire à la justice même, pour la réussite de mes projets ; faire, tous les soirs, une nouvelle prière, pour demander à Dieu la vie et la force pour ma mère et pour moi ; faire, de tout ce que je gagnerai, quatre parts : une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour mes amis, et une pour ma mère ; obéir aux principes de la plus stricte sobriété, dont le premier est la suppression de tous les excitants, quels qu’ils soient. » Plus je me rapproche de l’homme et plus je reviens de mes préventions contre l’artiste.
Il y a des raisons actuelles à son succès : l’acheteur veut échapper au roman naturaliste, trop avertisseur aux yeux des pères de famille, et en même temps, grave et suggestive coïncidence, trop pessimiste ; enfin trop ennuyeux. […] Que vous appreniez comment Hermann, prince régent d’Alfanie de par l’abdication provisoire de son père le vieux roi Christian, et son frère Otto sont tués dans la même nuit, en chapitre final, le premier par sa femme Wilhelmine, le second par un garde-chasse, cela nous intéressera moins que le tragique fait-divers dont l’histoire d’une des grandes monarchies de l’Europe centrale a été éclaboussée l’autre année ; et j’aime mieux les imaginations successives qui m’expliquent, suivant le gré de l’heure, ce drame princier que l’affabulation de livraison populaire qu’y a, dans une préface qui est tout le roman, ajustée M.
Rappelons-nous que la première pensée de Jésus, pensée tellement profonde chez lui qu’elle n’eut probablement pas d’origine et tenait aux racines mêmes de son être, fut qu’il était le fils de Dieu, l’intime de son Père, l’exécuteur de ses volontés. […] C’est bien le royaume de Dieu, en effet, je veux dire le royaume de l’esprit, qu’il fondait, et si Jésus, du sein de son Père, voit son œuvre fructifier dans l’histoire, il peut bien dire avec vérité : Voilà ce que j’ai voulu.
Tous devaient s’appeler « frères », et Jésus proscrivait absolument les titres de supériorité, tels que rabbi, « maître, père », lui seul étant maître, et Dieu seul étant père.
Madame de Sévigné écrivait à sa fille, dans sa lettre du 1er de l’an : « On ne voit point encore ces princes ; l’aîné a été trois jours avec père et mère. […] Il était en carrosse, et ne voit que père et mère seulement. » Quelle offense se préparait à la reine !
— C’est mon père qui m’envoie sa malédiction… — Pauvre garçon ! […] Le père. — Pour quel motif, mon fils ?
Dans le temps qu’il travaillait à sa comédie de la Jeune Indienne, et qu’il faisait l’Épître d’un père à son fils, il disait à Sélis : « Savez-vous ce qui m’arrivera ? […] L’Académie française qui avait couronné l’Épître d’un père à son fils, couronna, en 1769, l’Éloge de Molière, proposé pour sujet du prix d’éloquence.
Comment voudrions-nous imposer à nos enfants un joug que nous n’aurions pas voulu recevoir de nos pères ? […] Les publicistes de France, à cette époque, repoussant dédaigneusement l’héritage de nos pères, voulurent cependant établir que les fastes de notre monarchie n’étaient que les fastes de notre longue servitude.
Elle a lu tout cela avec frénésie ; elle s’est bourrée de tout cela, entre deux juments, dans les écuries de son père, son cabinet de travail, — comme le premier jockey venu aurait pu, sans être Cosaque, y étudier, entre les deux bêtes qu’il étrille, une théorie imprimée de l’entraînement et du pansage ! […] la main sur la conscience, ce n’est pas parce qu’on s’est donnée à un homme ; parce qu’on s’est jetée à sa tête comme un projectile ; qu’on a pris la poste, du fond de la Russie, pour aller le prendre, lui, à Rome et qu’on l’y a pris, car le Don Juan ici, c’est Madame, — si on en croit Madame, — et Monsieur, c’est Mademoiselle Jocrisse, qui fait bien quelques petites façons, mais qui enfin y passe, comme disaient gaiement nos pères !