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32. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Mais les quatre livres de Fromentin ne sont, comme tous les livres de son compatriote Pierre Loti, que des morceaux de journal, journal de voyage ou journal fictif d’une vie, arrangés et romancés en livre. […] Mais son Journal, lui, a connu, depuis la mort d’Amiel, une existence dramatique et accidentée, et dont s’émerveillerait ce journal s’il prenait conscience de lui, s’il écrivait à son tour son journal. […] Ainsi qu’importent les seize mille trois cents pages de ce journal ! […] Ainsi, pour écrire le Journal, il ne fallait pas qu’Amiel crût beaucoup à la valeur du Journal, comptât sur lui pour passer à la postérité. […] Amiel y renoncera parle fait même du Journal, par le fait que le Journal deviendra sa pente, son être et aussi son non-être.

33. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Le Journal des Débats. […] Journal des Débats, 13 mars 1905. […] Le Journal. […] — Le Journal. […] Nombreux articles dans journaux étrangers : A. 

34. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Voilà les journaux quotidiens qui s’agrandissent encore : ils étaient trop étroits apparemment pour l’annonce industrielle qui les envahit de plus en plus. […] On n’achète guère de livres quand on lit tant les journaux ; les yeux et l’esprit ont leur ration chaque matin, et s’en tiennent là. Les journaux ne vantent d’ailleurs que les livres et les auteurs qu’eux-mêmes ils éditent. […] Émile de Girardin, celui-ci lui dit : « Voyez-vous, on levait autrefois un régiment à ses frais, aujourd’hui on crée un journal. Tout homme qui compte ou qui veut compter a son journal à lui. » — M. de Rémusat vient de publier le volume premier d’un ouvrage sur Abélard et sa philosophie.

35. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Je parlais l’autre jour d’un journal, de celui du duc de Luynes ; en voici un d’un genre tout différent. […] Mais le journal, à cette date, est déjà commencé ; nous avons un guide sûr, un témoin confidentiel de chaque jour : profitons-en pour pénétrer dans le cabinet et dans le cœur du plus honnête des savants. Le journal, en effet, commence le 18 février 1507 ; ce jour-là Casaubon entre dans sa trente-neuvième année. […] Le latin de Casaubon est en général aisé, naturel, et le grec de son journal se compose en grande partie de locutions proverbiales, de centons de morale, ou de phrases du Nouveau Testament. […] Le récit qu’en donne Casaubon dans son journal concorde avec celui que de Thou, également présent et l’un des juges, a consigné dans son Histoire.

36. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Jamais il ne s’appliqua tant qu’en ces années la devise du peintre antique, qui est devenue tout à fait, de nos jours, celle des nouvellistes et des correspondants des journaux français à l’étranger : Nulla dies sine linea. […] Cela a toujours été un peu ainsi : la presse littéraire n’est pas du tout libre en France ; il s’est formé de tout temps des coalitions de journaux au profit de telles ou telles coteries. […] En 1864, la publication du Journal de Mathieu Marais, — un ancêtre, en Chronique littéraire, du temps de Louis XIV, l’ami de Boileau, le correspondant de Bayle, alors en Hollande, — fut pour Sainte-Beuve l’occasion d’expliquer l’idée qu’il avait eue autrefois d’entretenir avec M. […] A mon retour de la Suisse française où j’avais gardé des amis, vers 1840, je concevais un parfait journal littéraire dont il y aurait eu un rédacteur double, l’un à Paris pour tout savoir, l’autre à Lausanne ou à Neuchâtel pour tout dire, — j’entends tout ce qui se peut dire honnêtement et avec convenance. […] Je ne sais quel journal traitait dernièrement de crétin (on hésite à le répéter) l’un des maîtres de la critique moderne.

37. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Amiel, Henri Frédéric (1821-1881) »

. — Journal intime, 2 vol. (1883-1884). […] Edmond Scherer Je ne sais à comparer au Journal d’Amiel, comme drame de la pensée, comme méditation à la fois religieuse et inquiète sur les mystères de l’existence, que les monologues de Maine de Biran, de Maurice de Guérin et d’Obermann ; mais Amiel dépasse, à mon avis, tous ces martyrs de la pensée ; il va bien plus au fond de tout ; sa philosophie spéculative est bien autrement vaste, sa psychologie morbide bien autrement curieuse, sa perplexité morale bien autrement pathétique. […] Ferdinand Brunetière Comme ses amis, je pourrais croire à ce respect, à cet amour, à cette religion de l’idéal, si cet idéaliste, se renfermant en lui-même ou seulement dans son Journal, n’avait rien écrit, rien publié, ni jamais essayé de conquérir, à défaut d’un peu de gloire, cette notoriété qui fuyait devant lui… En réalité, il mettait dans ses Grains de mil des fragments de ce Journal, tissé, comme on nous dit, de sa propre substance. Plus tard il essayait, dans son Penseroso, de traduire en grands vers le plus pur de ce Journal même, toute son expérience de lui-même, de l’homme et de la vie.

38. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 367-370

Le Journal des Savans, qu’il se chargea de continuer seul, après la mort de M. […] Le Journal passa dans ses mains en 1666, & il le poussa jusqu’en 1674. […] C’est ici le lieu de remarquer que le Journal des Savans, qu’on peut regarder comme le pere de tous les Journaux, n’a pas été, même dans sa naissance, aussi recherché qu’il le méritoit. […] Ses Successeurs suivent aujourd’hui les mêmes traces, si l’on en excepte celui qu’on a chargé de la partie purement littéraire de ce Journal, qui semble avoir pris à tâche, depuis quelque temps, de ne louer que les Ouvrages des Auteurs Philosophes, & de critiquer avec amertume tout ce qui ne porte pas la livrée philosophique.

39. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Cependant l’accord entre le gouvernement provisoire et le journal conservateur ne fut pas long et ne pouvait l’être. […] Le général Cavaignac, dictateur, pour couper court à ce qu’il appelait « les publications imprudentes » de M. de Girardin, fît poser les scellés sur le matériel de son journal et donna l’ordre de mettre le rédacteur à la Conciergerie. […] Le journaliste fait bien d’y pousser sans trop se soucier des retards, c’est la fonction et le métier du journal : l’homme de gouvernement ferait bien d’y regarder à deux et trois fois, s’il était mis en demeure d’appliquer. […] « Que sont tous ces articles de journaux ? […] C’est-à-dire dans le journal Le Constitutionnel.

40. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Un échappé du Corsaire faisait dans un petit salon la cuisine du journal. […] En ses moments de loisir, il rédigeait pour le journal : Les Mémoires de Mme Saqui. […] À l’heure présente, le journal remue, il ne fait pas d’argent, mais il fait du bruit. […] On allait même jusqu’à lui faire un grief de ne pas solliciter pour son journal des invitations aux Tuileries, aux soirées de Nieuwerkerke. […] À la porte de l’audience, l’huissier ne voulant pas le laisser entrer : « Mais, criait Villedeuil, je suis bien plus coupable qu’eux, je suis le propriétaire du journal ! 

41. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

Et nous restons sans lire, les yeux charmés, sur ces vilaines lettres de journal, où votre nom semble imprimé en quelque chose qui vous caresse le regard, comme jamais le plus bel objet d’art ne le caressera. […] » Et des rêves, et des châteaux en Espagne, et la tentation de se croire presque des grands hommes armés par le critique des Débats du plat de sa plume, et l’attente, penchés sur nos illusions, d’une avalanche d’article dans tous les journaux. […] Un soir, dans un café à côté du Gymnase, par manière de passe-temps, nous jetions en l’air des titres de journaux. « L’Éclair », fait Villedeuil en riant, et continuant à rire : « À propos, si nous le fondions, ce journal, hein ? » Il nous quitte, bat les usuriers, imagine un frontispice où la foudre tombait sur l’Institut, avec les noms de Hugo, de Musset, de Sand dans les zigzags de l’éclair, achète un almanach Bottin, fait des bandes, et, le dernier coup de fusil du 2 décembre parti, le journal L’Éclair paraît. L’Institut l’échappa belle, la censure avait retenu le frontispice du journal.

42. (1914) Boulevard et coulisses

Ils dépendent des salons, de la politique, des journaux, des dispositions du public. […] La plus savoureuse était relative à la campagne de la Loire en 1870, qu’il avait suivie en qualité de correspondant de journal. […] Nous allions d’un journal à l’autre, suivant notre caprice, nos relations, les journaux nouveaux qui se fondaient ou ceux qui disparaissaient. […] Inutile d’ajouter que les Grimaces étaient un journal réactionnaire et d’opposition. […] D’ailleurs, un journal se fonda, l’Écho de Paris, qui avait précisément pour programme de réaliser cette union.

43. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Ces traits, semés dans mon Journal, sont comme des espèces d’estampes dont j’enrichis ma feuille périodique. […] Ses deux premiers pamphlets, antérieurs à son journal, sont La France libre et le Discours de la lanterne aux Parisiens. […] Le degré de licence et d’invective que se permet dans ce journal un écrivain qui, de loin et relativement, peut passer encore pour modéré, excède toutes les bornes que nous supposerions. Un numéro de ce journal paraissait le samedi de chaque semaine, avec une estampe qui le plus souvent faisait caricature. […] Il sait bien ce qu’il fait ; il a le génie du journal ; il sait quelle est la puissance de l’instrument qu’il emploie, et auquel à la longue, dit-il, rien ne peut résister.

44. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Lamoureux par trois journaux quotidiens. […] Pasdeloup écrivit à un journal, en 1876, après le tapage occasionné par une œuvre de Wagner. […] Le 26, tous les journaux du matin publient cette note. […] Le 6, les journaux publient ces deux notes : lettre de M.  […] Louis Peyramont dirigeait le journal nationaliste La Revanche.

45. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXII » pp. 286-290

. — le journal des débats. […] Tel qu’il est, et avec tous les défauts et les infractions qu’il se permet, le Journal des Débats reste le journal le plus décent, le seul même en France qui continue de respecter jusqu’au sein de la publicité certaines habitudes de bonne compagnie, et il est à souhaiter que, dans cette lutte contre la Presse, il réussisse à garder sa prééminence. […] La Démocratie pacifique (journal fouriériste), d’hier 4, contenait contre Buloz un article d’Alexandre Dumas qui est bien la plus grossière philippique qu’on puisse imaginer : tout cela grandit Buloz et le pose en homme public. […] Je n’ai jamais eu qu’une idée, c’est que tous mes ouvrages posthumes parussent en entier, et non par livraisons détachées, soit dans un journal, soit ailleurs.

46. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

On se plaint généralement, parmi les jeunes, que les journaux « ne parlent pas assez » des livres nouveaux. […] Le public des journaux appelle littérature, une sorte de lyrisme en prose. […] Mais qu’on apporte une œuvre vivante, même bien écrite, elle intéressera le public d’un journal à un sou. […] Le Journal des Débats avec MM.  […] Il faut excepter certains journaux.

47. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Cela paraît bien d’après les mémoires et le journal de Le Dieu. […] Contentons-nous, il le faut bien, du journal de Le Dieu. […] À la date où le journal de Le Dieu commence, Bossuet est âgé de soixante et onze ans et n’a plus que trois ans et demi à vivre. […] Bossuet toutefois, d’après le journal de l’abbé Le Dieu, ne nous paraît point avoir été sans des prévisions plus sérieuses et plus longues. […] je voulais citer en preuve quelques passages du journal ; en est-il besoin ?

48. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Qu’est-il arrivé de cette interdiction imposée à nombre de journaux et des plus répandus, des plus recommandables ? […] Les journaux auraient pu en parler sans péril, direz-vous ? […] Les journaux quotidiens existants, sauf deux ou trois, sont atteints d’anémie. […] Au prix où l’ont mis les exigences du public et les nécessités de la concurrence, un journal en ce moment se vend moins cher qu’il ne coûte. […] On ne songe, me direz-vous, qu’à faire la guerre aux petits journaux, à la chronique impertinente qui s’est démesurément développée et qui foisonne.

49. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M.  […] Il y a des livres plus agréables que ce Journal de d’Argenson, il n’en est guère de plus instructif pour qui sait bien lire. C’est la première fois qu’on rencontre des mémoires intimes et politiques sur cette période du xviiie  siècle, pour laquelle on n’avait jusqu’ici d’autre chronique curieuse que le journal tout parlementaire et bourgeois de l’avocat Barbier. L’auteur du nouveau journal, très bien placé pour voir et pour savoir, n’est presque pas un auteur ; il ne pense pas du tout à faire un livre, mais à se satisfaire, à se soulager, à se rendre compte de l’état présent et de la circonstance qui l’obsède, à donner jour à ses vues, à ses espérances, à ses boutades. […] Il est de l’école royale en même temps que démocratique, et, si je puis employer cette formule moderne, d’Argenson, vu à sa source, est un royaliste plus socialiste que libéral. — Tel du moins il me paraît dans sa jeunesse et d’après cette première partie du Journal.

50. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Il ne nous l’a pas dit, même dans ce Journal qu’il a laissé, et qu’il appelait, avec une modestie si gaie, sa conversation avec son bonnet ! […] L’eût-il dit, du reste, ce Journal de Collé, qui ne va que de l’année 1748 à l’année 1772, n’est pas dans le grand courant des lectures. […] » Ainsi, on effleure de l’œil qui veut rire le Journal d’un homme qui est timbré chansonnier, et qui ne peut être qu’un chansonnier alors même qu’il écrit l’histoire de son temps avec une gravité mordante et une élévation singulière. […] Et un éditeur qui nous donne les Lettres inédites de Collé, et qui, plus tard, doit nous donner une réimpression de son Journal, de ce Journal qu’on ne lit pas assez et qui contient mieux que des anecdotes ; car il contient des jugements pleins de fermeté et d’indépendance. […] Telles sont ces Lettres inédites de Collé, dans lesquelles l’homme qu’il avait ôté dans son Journal se rencontre.

51. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Les journaux annoncèrent la nouvelle, et aucune opposition ne se manifesta. […] Au milieu des notes contradictoires qui circulèrent dans les journaux pendant la première moitié de décembre, M.  […] Nous n’en devons pas moins signaler et recueillir dans ce journal une protestation d’une Française passionnément française. […] L’Association artistique publie un journal, Angers-Revue, idée excellente en soi, ce journal servant à expliquer et à commenter les œuvres exécutées dans les concerts de l’Association, excellente aussi en ce sens que le journal prête un sérieux appui à l’École française et est rédigé avec esprit et talent ; mais la rédaction du journal est piquée jusqu’au sang de la tarentule wagnérienne, et cela l’entraîne quelquefois un peu plus loin, peut-être, qu’elle ne le voudrait elle-même. […] Ce journal s’étonnait que la Société philharmonique de Berlin eut répondu à l’article de la France en engageant M. 

52. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Lacombe auroit pu rendre des services plus réels aux Lettres, en usant avec plus de fermeté de la surintendance qu’il s’étoit établie sur un grand nombre de nos Journalistes ; car il a su soumettre au joug de sa presse, non seulement tous les petits Journaux, mais encore le Mercure. […] Ce Journal, destiné dans son origine à recueillir les prémices des Muses naissantes, à offrir aux yeux de la Nation les premiers germes des talens capables de flatter ses espérances, à former un mélange intéressant des traits de délicatesse, d’agrément, de force & de sensibilité qu’a produits l’imagination Françoise ; à rendre compte de ce que les Sciences & les Beaux-Arts enfantent tous les jours ; à encourager les Artistes par de justes éloges, ou à les éclairer par des critiques lumineuses : ce Journal borne à présent tout son mérite à des Logogryphes dignes du seizieme siecle, à des Contes d’une froideur qui glace l’esprit, ou d’une extravagance qui égare le sentiment & corrompt le goût ; à des analyses infidelles ou partiales, qui contredisent ouvertement les regles de la Littérature ou celles de la décence ; & à quelques nouvelles politiques rédigées avec une sécheresse qui ôte tout le piquant de la nouveauté. […] Panckoucke ces défauts dont il sera la premiere victime, puisque le décri de ce Journal ne peut qu’entraîner la diminution des Souscripteurs.

53. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Simple teneur de livres d’abord chez un marchand de bois de la Rapée, il demanda des ressources à son talent ; il écrivit dans les journaux ; il fit des pièces pour les divers théâtres, quelquefois seul, le plus souvent en collaboration de quelques jeunes auteurs qui débutaient comme lui. […] Fiévée comme censeur ou, si vous aimez mieux, comme rédacteur en chef préposé au Journal de l’Empire (toutes les biographies glissent le plus qu’elles peuvent sur cet endroit), et, bientôt après, prospérant toujours, il remplaça Esménard comme chef de la division des journaux et de la librairie au ministère de la Police générale. […] Il y eut un moment pourtant où il dut parler ; il écrivit dans les journaux, à la date du 5 décembre 1811, une lettre qui commence par ces mots : Je viens d’apprendre qu’on a trouvé, il y a quelques jours, une comédie manuscrite d’un jésuite, ayant pour titre : Onaxa, ou Les Deux Gendres dupés. […] Les journaux que M.  […] C’est à lui que l’un de ces auteurs de brochures disait en 1812, en parlant du silence imposé aux journaux sur la dispute de Conaxa : Rendez-nous, monsieur, la malignité des journaux… rendez-nous leur fiel… Laissez-nous rire d’un sot écrivain ou d’un insolent plagiaire… Je n’exige pas, monsieur, que vous trahissiez vos devoirs, mais n’exigez pas non plus qu’ils oublient les leurs… Rendez aux journaux, je vous le demande en grâce, leur indépendance ; brisez le charme que vous avez étendu sur eux60.

54. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Ici, nous avons encore affaire à un journal et à des confidences posthumes, mais il s’agit du journal et registre d’une belle âme, d’une haute intelligence, et le choix a été fait par un homme de mérite, digne parent par le cœur et par la pensée de celui qu’il présente et introduit. […] Royaliste par affection et par conviction, voulant le bien, l’ordre et la paix, on ne sera pas tenté, après la lecture de son journal, de lui attribuer plus de vertus publiques qu’il n’en eut. […] Dans le journal très intéressant, et qui ne va plus discontinuer depuis lors, de ses impressions et de ses pensées, on suit parfaitement, sans en rien perdre, les différents temps et presque les motifs de ses désirs, de ses troubles et de ses transformations de doctrine. […] Son journal ressemble à un journal de fièvre morale, une longue fièvre de croissance. […] Ce journal intéresse, parce qu’il n’est pas seulement d’un esprit qui cherche la vérité, mais aussi d’une âme plaintive et qui a soif de bonheur.

55. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Je restai donc au Journal avec Pierre Leroux, Lerminier, Desloges, etc. […] J’arrivais : il fallait conserver le coin déchiré du journal, sujet à s’égarer ; M.  […] Xavier Eyma dans le journal l’Époque, et une notice sur lui de M.  […] Un Journal (la Cloche, du 15 février 1870) en a déjà eu la primeur. […] Le 31 janvier 1867, le Bureau du Journal des Savants élut M. 

56. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Taine se dit : « Il faut que j’admire cela. » Et en dépit ou à cause de cette notation des détails, tous les grands ensembles lui échappent ; qu’on lise le Journal du Siège, le Journal de l’Exposition, le Journal du Voyage en Italie. […] Écrire un journal quand on a une existence mouvementée, pleine d’événements, quand on voit des hommes très divers, cela est intéressant ; mais écrire son journal quand on vit chez soi et qu’on n’en bouge pas, quelle bizarrerie ! Les jeunes demoiselles au couvent écrivent leur journal ; c’est pour s’occuper. […] M. de Goncourt écrivit donc son journal. […] Quant à M. de Goncourt, son Journal a une valeur bien plus pathologique que morale et littéraire.

57. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Il étudia dans le Journal inédit d’un ambassadeur français à Londres (Hurault de Maisse) la politique d’Élisabeth à l’égard de la France et de Henri IV ; ce fut le sujet de sa thèse française. Les analyses du Journal de l’ambassadeur deviennent fréquemment, sous la plume du jeune écrivain, de piquants tableaux de mœurs, mais sans excéder jamais et sans sortir de la juste mesure de l’histoire. […] Paris l’appelait, et le Journal des Débats, qui avait besoin d’une plume finement aiguisée, recourait à lui. […] Le journal belge se plaint vivement de cette poursuite rigoureuse, qui ne l’expose guère pourtant qu’à 5 fr. d’amende… » Et il poussait à bout sa raillerie et ses conclusions. […] Destitué à coup sûr comme professeur, s’il avait été déjà professeur, il se fût fait de bonne heure un nom par sa plume dans les journaux, et avec des écrits où le goût se serait uni à la flamme.

58. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Enfin, voici ces mémoires, voici ce journal de Le Dieu qui paraissent ; et, avant tout, il faut remercier M. l’abbé Guettée d’avoir mis le public à même de s’en faire une exacte et complète idée. […] Une première question et la plus naturelle est de savoir si ces mémoires et ce journal de l’abbé Le Dieu répondent à l’attente qu’on en avait et à ce que les fragments cités faisaient espérer. […] Pourtant, distinguons d’abord : il y a deux espèces d’ouvrages de l’abbé Le Dieu sur Bossuet ; il y a les mémoires et le journal. […] Les mémoires, qui, à la différence du journal, sont d’une lecture pleine et aisée, nous montrent Bossuet dans sa généalogie et dans sa race, dans son enfance et son éducation première, dans sa croissance naturelle et continue. […] Il rachète par là ce qu’il y a d’un peu petit et d’un peu bas dans son journal.

59. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Depuis ce jour, nous voilà avec Villedeuil à jouer au journal. […] » * * * — Nous continuons intrépidement notre journal dans le vide, avec une foi d’apôtres et des illusions d’actionnaires. […] Le vin commençant à s’avarier, le fondateur de L’Éclair a l’idée d’enlever le journal en donnant un bal, et en offrant ce bal au champagne, comme prime aux abonnés. […] Et ce soir, un dîner a eu lieu, à la Maison d’Or, où il nous a proposé pour notre journal la série du Manteau d’Arlequin. […] C’est, croyons-nous, le premier journal littéraire quotidien, depuis la fondation du monde.

60. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Bossuet a eu et aura même encore des adversaires, et l’on cherchera dans le journal de Le Dieu ce qui pourra servir à le rabaisser et à le diminuer. […] Le Dieu est donc un espion domestique, et plus son journal avance, plus on y remarque ce caractère. […] Il est exclu de la chambre de Bossuet aux approches de la mort ; on le conçoit, étant ce que son journal le déclare. […] Le Dieu nous livre là, comme dans tout le cours de son journal, ses mobiles habituels. […] Le Dieu ne paraît pas se douter qu’après la mort de Bossuet, et sauf le compte rendu de ses écrits posthumes, son journal n’a plus d’objet.

61. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Mais j’aimerais assez le dialogue dans les choses littéraires, si elles étaient encore établies comme autrefois, s’il y avait, entre les journaux qui ont de la place et du loisir pour la critique désintéressée, assez de rapports de bon voisinage et assez de silence dans la rue pour que l’on pût, à certains jours, causer commodément d’une fenêtre ou d’une porte à l’autre : ainsi entre l’ancien Journal de Paris du temps de Rœderer et le Publiciste de M. Suard, par exemple, — ainsi encore entre ces deux journaux et l’ancien Journal des Débats, il y avait de ces contradictions modérées, et il s’échangeait de ces remarques qui pouvaient être quelquefois utiles ou intéressantes en restant polies. […] Nisard à la troisième page du journal où il écrit, et il a bien voulu me nommer tout à côté dans une intention des plus bienveillantes : je l’en remercie, mais vraiment son étonnement m’a fait sourire. […] Moi-même j’avais, j’en conviens, le caractère trop mal fait peut-être et trop rétif pour pouvoir me ranger et me fixer à demeure dans un journal qui avait le ton et les usages d’une famille ; car, une fois admis et agréé, c’était quasi un mariage que l’on contractait. […] Journal des Débats des 6 et 7 septembre.

62. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XL » p. 166

réponse au journal du léman. Le Journal du Léman nous fait l’honneur de nous citer avec éloge, et nous l’en remercions. […] En parlant des écrivains français dont la réputation est assez bien assise pour être hors d’atteinte, le Journal du Léman paraît désirer pourtant qu’on les juge, c’est ce que nous faisons.

63. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Il y avait eu des journaux, même d’assez bons journaux, comme les Nouvelles de la République des Lettres. […] Mais un journal isolé, c’est une abstraction, cela n’existe pas. […] Que dirons-nous de l’homme d’un seul journal ? […] Le lecteur de tel journal extrémiste de droite devient au bout de quelque temps un fanatique comme le lecteur de tel journal extrémiste de gauche. […] Ce sont les honnêtes gens de Paris et les journaux.

64. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Il écrivit dans un journal (les 6, 7 et 8 messidor, an III, si je ne me trompe) trois articles ou lettres un peu réactionnaires contre l’idée qu’avait la Convention de se continuer et de garder un pied dans le gouvernement qui succédait. […] Dans ce livre, j’exprimais mon opinion, et cette opinion est encore la mienne, sur la puissance tantôt dangereuse, tantôt salutaire, des journaux. Je disais, ce que je pense aujourd’hui comme alors, que les journaux écrits sans modération, sans justice, sans loyauté, peuvent occasionner de grands maux. […] Laboulaye. — Le voici ; dans un journal, je ne pouvais décemment le citer ; je le puis dans un livre : « Je ne veux point ici blâmer en général, disait Benjamin Constant, l’existence des journaux. […] D’ordinaire un journal est plus mauvais que son auteur ; et d’ordinaire encore un auteur devient plus mauvais par son journal.

65. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 291-292

Le Journal des Beaux-Arts, connu sous le nom de Trévoux, n’a jamais été plus intéressant & plus utile, que quand le P. […] Il a su répandre dans les différens Extraits qu’il a composés, une sagesse de critique, une pureté de goût, une sûreté d’érudition, qu’il seroit à souhaiter de voir subsister dans tous les Journaux. […] Le Journal de Trévoux perdit en lui un bon Littérateur, & Paris un homme de bien.

66. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

. — Une malle devant la cheminée ; à terre, cinq chaussettes, une botte dépenaillée s’échappant d’un lambeau de journal, deux ou trois chemises finissant à la ceinture… Tout ce qu’il faut enfin pour écrire un roman réaliste. — Midi sonne à l’estomac du locataire. […] Son regard rencontre le journal qui enveloppe la botte.) […] ce journal est idiot. […] (Il jette le journal et reste quelque temps rêveur. […] Et, là-dessus, viens un peu que je t’explique le journal, à toi aussi.

67. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « X » pp. 37-38

 — libri et les journaux de sacristie. […] Gautier écrivait dans le journal de l’auteur de Judith et sous le canon de Hugo. […] Ces journaux religieux n’ont d’écho que dans les sacristies et qu’entre eux.

68. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Dernièrement, lorsque ce journal a osé attaquer l’un des géants de la littérature libérale, M. de Jouy, c’est M.  […] Dans le numéro du Journal des Débats du 22 mai 1823, M.  […] Journal des Débats du 11 mai 1824. […] Journal des Débats du 30 mars 1823. […] Journal des Débats du 8 juillet 1818.

69. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

En 1857, un journal (Le Réalisme) fut créé tout exprès pour apprendre aux populations que V.  […] Il y allait de tout cœur, ce brave journal ! […] Ils avaient même jugé indispensable de fonder un journal rien que pour l’anéantir. […] Les Gribouillet, qui en ont toujours voulu à notre famille, s’étaient abonnés à ton journal, se doutant bien que tu y ferais des bêtises. […] Les journaux ne sont plus sûrs à Paris !

70. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Je ne puis plus lire un journal. […] Il ne faut pas lire les journaux, voilà tout ! […] … Le moyen de satisfaire cette curiosité, bien naturelle, autrement que par les journaux ? […] … Que trouvez-vous, dans les journaux, sinon du mensonge ! […] Le journal hélas !

71. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVIII » pp. 74-75

— Lisez-vous le journal l’Illustration hebdomadaire, imité des journaux anglais illustrés ? […] — Si vous, qui lisez les journaux, n’y trouvez aucune protestation ni attaque contre mon article de la Revue, vous eu pourrez conclure et faire remarquer que c’est là une grande confirmation, et un grand aveu que ce silence : car depuis quand peut-on dire aux gens, au beau milieu de la foule, de telles vérités, sans qu’aucun témoin relève le gant ?

72. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIX » pp. 193-194

. — coalition entre les journaux. — les meilleurs journaux français se font a l’étranger. — brochure du cardinal de bonald. — franciscus columna, par charles nodier. […] Autrefois les meilleurs journaux français se faisaient hors de France, en Hollande, la liberté de la presse n’existant pas au dedans.

73. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

On n’eût pu mettre en de meilleures mains que les siennes le Journal de Trévoux. […] Il y fut appellé en 1724 pour travailler au Journal des sçavans. […] Ses extraits insérés dans le Journal des sçavans, en donnant à ce Journal un peu plus d’intérêt & de chaleur qu’il n’en avoit auparavant, ne firent point oublier ceux des Sallo, des Gallois & du président Cousin. […] Les Libraires, au commencement de l’année 1723, refusèrent d’imprimer le Journal des sçavans, faute de débit ; &, l’année suivante ils changèrent d’avis.

74. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Tous ceux qui se sont occupés du XVIIIe siècle ont eu affaire à lui non-seulement pour ses jolies productions, pour ses chansons et proverbes qui sont une date dans l’histoire des mœurs, mais encore pour son Journal, qui est une source de renseignements précis et sûrs. […] Honoré Bonhomme va demandant la vérité vraie, que l’histoire ne dit pas toujours… » Et à la suite de ce préambule, on nous prouve, moyennant citations louangeuses tirées d’articles de journaux, et conséquemment au système de la vérité vraie, que M.  […] Bonhomme : il n’est pas commode de parler à fond de ce poète-là dans un journal ; je compte y revenir ailleurs ; mais sur Collé, nous avons et allons avoir tous les moyens d’en juger. […] Plus tard, lorsqu’on publia son Journal posthume, où il avait consigné pour lui, au courant de la plume, les anecdotes du jour et ses propres jugements, comme on n’y retrouvait plus le Collé des vaudevilles et des chansons, il y eut alors des critiques qui, tout bien considéré, déclarèrent que Collé n’était pas gai. […] Parlant du bon Panard, son maître, à la date de sa mort (juin 1765), Collé a dans son Journal quelques pages excellentes et de la meilleure qualité, dans lesquelles, en rendant hommage à ce devancier charmant, à ce La Fontaine de la chanson, il marque bien en quoi il ne l’a pas imité.

75. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

C’est à une question d’amusement, c’est à un résultat de temps, tué plus ou moins agréablement pour ses lecteurs, qu’aboutit toute la force, — très-réelle, — employée à produire cette immense quantité de romans qui se succèdent depuis vingt ans sous forme de feuilleton dans les journaux. […] Seulement, est-ce à une gloire de journal, c’est-à-dire de journée ; est-ce à cette fonction littéraire de Conteur pour le plaisir de l’imagination du plus grand nombre, qui est toujours une imagination vulgaire ; est-ce au rôle de Perrault pour les grandes personnes que M.  […] Il n’est pas un romancier comme Richardson, par exemple, quoique Richardson ait été le premier ou l’un des premiers feuilletonistes de l’Angleterre et que Clarisse ait été publiée par chapitres dans un journal, ni plus ni moins que Le Fils du Diable ou Le Capitaine Fantôme. […] Jamais il n’eût écrit pour un journal René ou Le Dernier des Abencérages, dont certainement, d’ailleurs, aucun journal n’aurait voulu. Il n’eût pas écrit davantage Les Parents pauvres de Balzac (cette gloire), lesquels faillirent bien d’être interrompus dans le journal, qui s’était oublié au point de les accepter, et tant il ennuya messieurs les abonnés, ce chef-d’œuvre !

76. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Journal et Mémoires de Mathieu Marais publiés par M.  […] Celui qui avait extrait le Journal de Henri III n’en avait pas pris le meilleur ; et on a le plaisir de voir jour par jour tous les événements de la Ligue. […] Son Journal commence à la mort de Louis XIV. […] On s’aperçoit que Marais n’a pas tenu ce Journal pendant toutes les années (1715-1727) du même train ni avec le même zèle ; il y a des abandons et des reprises ; le chroniqueur a ses découragements. […] Il légua ses journaux manuscrits au président Bouhier pour aller dormir au fond de sa bibliothèque, en attendant l’heure de paraître, qui pouvait bien ne jamais venir.

77. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Qui n’a suivi parfois un de ces crieurs qui vont, le long des rues de faubourgs, portant en bandoulière un sac plein de journaux et de livraisons à bon marché ? […] Personne ou presque personne n’achetait au colporteur, représentant attardé d’une industrie qui meurt, et, au contraire, tout le long de la route voisine, les curieux s’approchaient du vendeur de journaux. […] Renseignez-vous, dans le moindre bureau de tabac, dans le moindre dépôt de journaux, et demandez le nombre de romans illustrés ; le nombre de livraisons dites de luxe qui contiennent les œuvres des prétendus « maîtres du roman » ; le nombre de feuilles quotidiennes à triple feuilleton, qui s’écoulent dans une semaine. […] Je lisais récemment, dans un grand journal de Belgique, une étude sur le roman-feuilleton. […] Je leur dirais : « Essayez d’écrire, dans des revues ou dans des journaux populaires, une œuvre de haute et saine émotion.

78. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Lui ou elle, masculin ou féminin, Mendès s’en fiche, qui écrivit dans le Journal du 6 mars 1897 : « L’accomplissement de cette chimère, les États-Unis de l’intelligence humaine, est-elle souhaitable ?  […] Tous les genres de vaudeville, dialogues pour les planches, pour les journaux ou pour Ollendorff, lui ont révélé leurs émouvants secrets. […] En somme le joli petit Hermant est de ces normaliens qu’on doit recommander aux directeurs de théâtre, aux directeurs de journaux, aux éditeurs et au public comme les plus docilement indifférentes des bonnes à tout faire. […] Il sait cuisiner un discours, un article de journal, un roman, un volume de critique ou presque et Mme Comédie-Française ne l’accuse pas tous les jours de faire danser l’anse du panier. […] Mais tout à coup éclate ce couac anachronique : « Il a dû naguère, à Guernesey, s’amuser beaucoup des journaux religieux, qui annonçaient, avec une douce charité chrétienne, que, frappé par Dieu dans son orgueil, Victor Hugo venait d’être atteint de folie. » Et Claretie nous raconte encore, en plein 1902 : « On entourait le poète qui, souriant devant cette mort, qui n’est heureusement pas près de le toucher, disait parfois avec sa gaîté robuste : — Il est peut-être temps de désencombrer mon siècle. » Que contiennent ces vieux articles mal repeints que Claretie et Fasquelle nous vendent honnêtement pour du neuf ?

79. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Telle est la question qui s’est naturellement présentée à notre esprit quand nous avons ouvert le livre d’Yvan Tourgueneff, intitulé par l’auteur russe, qui savait probablement ce qu’il voulait dire : Journal d’un chasseur, et que M.  […] Nous le disons même à sa louange, il y a, dans l’introduction qui précède le volume de sa traduction, les gênes d’un esprit honnête qui comprend au fond ce qu’il fait et qui s’inquiète avec raison de la transparence d’un procédé sur lequel il est impossible de s’aveugler : « Si le Journal d’un chasseur — dit M. Charrière — est devenu dans notre traduction les Mémoires d’un seigneur russe, c’est pour prendre avec ce titre le caractère du témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine. » Aveu plus forcé que naïf, et qu’il fallait bien faire tout d’abord pour expliquer ce changement de titre qu’on ose se permettre, mais qu’on expie presque immédiatement par un embarras qui commence : « Quelques fragments de cet ouvrage — ajoute le traducteur — avaient paru dans un journal de Moscou et frappé l’attention, quoique venant d’une plume inconnue et qui n’avait pas fait ses preuves devant le public… On était loin de prévoir l’impression que devait produire la réunion de ces morceaux, lorsque ayant été mis en volume et complétés dans leur ensemble, on put saisir la donnée supérieure qui s’en dégageait et qu’on vit s’y manifester la pensée intime de l’auteur ou plutôt l’inspiration sociale à laquelle il avait involontairement cédé… » Certes ! […] Le livre en question, ce Journal d’un chasseur, métamorphosé en Mémoires d’un seigneur russe, n’est pas cependant, malgré les arrangements de la traduction, s’il y en a, le livre que M.  […] L’auteur du Journal d’un chasseur n’est point un flâneur au fusil sous le bras ; car la flânerie comporte une indolence et une langueur qui est le contraire de l’alacrité preste d’Yvan Tourgueneff.

80. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il y a là de quoi faire envie à nos pauvres directeurs de journaux. […] Avant, pendant et après un procès, les journaux ont leur franc-parler. […] Quelque Dangeau du jour a dû inscrire cela dans son journal ; quant à moi, je l’ai oublié. […] Vous savez que les journaux ne peuvent pas en rendre compte. […] M. de Flers était le correspondant de plusieurs journaux étrangers, le Journal de Genève, la Gazette d’Augsbourg et l’Indépendance belge, entre autres.

81. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

Alphonse Lemerre Après avoir publié ses poésies dans plusieurs journaux, M.  […] [Le Journal (5 mars 1896).] […] [Le Journal (1899).]

82. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Le jour des funérailles il lui rendit, en cette demi-colonne de journal, un expressif et véridique hommage. […] Qu’on lise, pour ne citer presque qu’au hasard, la note sur Le Drapeau blanc (22 janvier 1830), celle sur le Journal des débats (22 février), où les mots de lâcheté et de fausseté résonnent ; la réplique (22 mars) à La Quotidienne qui a crié tout haut : Vous mentez , et où il est dit : « Ces choses-là s’entendent d’autant mieux qu’on les dit plus bas et de plus près. » Et plus tard qu’on lise encore la réponse au Constitutionnel (14 septembre 1830) ; la réplique au Messager (4 janvier 1831), celle au journal Le Temps (16 et 18 mars 1831). On m’indique un autre démêlé avec le Journal du commerce, dont le rédacteur en chef était des amis de Carrel. […] Un journal avancé d’alors, Le Globe, du 7 septembre, s’étant permis de critiquer cette idée qu’un ministère doit être un spectateur inactif de la refonte sociale, et ayant dit qu’il l’aimerait mieux ouvrier habile et intelligent, Carrel répliquait vertement à ce journal (8 septembre) et le raillait de son désir, de ce désir que lui-même devait reprendre plus tard pour l’exprimer à l’état de regret. […] Cette sécurité apparente est souvent une tactique de journal ; mais, à cette date, rien ne dénote encore de sa part la moindre arrière-pensée.

83. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Il y avait autrefois dans le monde et au Journal des Débats un homme d’esprit et de talent… C’était Philarète Chasles. Il était même, avec Jules Janin, le seul vivant, vraiment vivant, d’un journal qui ne représente plus que la littérature bien conservée, — une momie à peu près, mais qui fait illusion en l’enveloppant bien. […] C’est très hardi et presque héroïque, d’être agréable et amusant au Journal des Débats ! […] Avec un verre de vin grec, compatriote de son maître Archimède (Journal des Débats), la jeunesse renaîtra dans ses veines réchauffées (Cydalise). […] Ce n’est pas Chasles qui a inventé le voyant, le sorcier dans Balzac, l’évocateur qui fausse les réalités ; tout cela était connu depuis des éternités, jonchait les journaux et les livres.

84. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Le journal a changé de langue et de lecteurs. […] Placé sur ce terrain étrange, le journal a changé de manœuvre. […] Aujourd’hui un jeune protégé sonne à la porte d’un journal : pour l’essayer, pour lui faire la main, on lui livre la littérature. […] Souvent même le critique subit, comme un mot d’ordre, les préférences et les haines officielles de son journal. […] Le Journal des Savants commença à paraître en 1665 ; le Mercure en 1672.

85. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

Karr a eu l’idée de dire dans ses Guêpes ce qu’on ne lui laisserait dire dans aucun journal, car tout journal a son genre de vérités particulières à l’usage des rédacteurs et des abonnés. Mais ce n’est pas tel ou tel journal qui a seulement ce genre de vérités restreintes, c’est la société elle-même qui ne peut jamais entendre qu’une portion de vérités, et, dès qu’on en est avec elle aux personnes, cette limite est bien vite atteinte.

86. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Les extraits donnés par les journaux ont soutenu cette réputation naissante. […] Je n’en veux donc pas à nos journaux d’avoir moralisé leur feuilleton dans l’intérêt de leurs abonnés et des filles d’iceux. […] Le livre est-il le journal ? […] Certes, avec notre prétention de parler toujours pour tout le monde, — journaux pour tous, lectures pour tous, — nous finirons par ne plus faire ni livres, ni journaux. […] Il fut un temps où les directeurs de journaux proscrivaient dans les romans jusqu’aux mots de maîtresse et d’adultère ; et, au Gymnase, un vaudeville de M. 

87. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Justement il vient d’acheter un journal, la Conscience publique. […] Le journal ne fait que paraître, et la comédie de M.  […] Ce faux tableau de l’intérieur d’un journal est d’ailleurs plus naïf encore que cruel. Il semble emprunté aux légendes qui entourent l’enfance du petit journal. […] Charrier répugne fort au mariage de sa fille avec Vernouilhet ; mais l’escroc lui rappelle le droit qu’il s’est réservé de racheter sa part de propriété du journal.

88. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Trois sortes de journaux, qui ne paraissaient pas destinés par leur nature à se faire écho l’un à l’autre, se signalent par plus d’acharnement contre ce qui porte mon nom : Un journal d’exagération religieuse, qui donnerait la tentation d’être impie si l’on ne respectait pas la piété jusque dans les aberrations du zèle ; Les revues et les journaux des partis de 1830, qui ne pardonnent pas leurs revers à ceux qui ont préservé la France et eux-mêmes des contrecoups de leur catastrophe ; Enfin un journal de sarcasme spirituel, à qui tout est bon de ce qui fait rire, même ce qui ferait pleurer les anges dans le ciel : la dérision pour ce qui est à terre. Ces journaux, nous éviterons de les nommer. […] Est-ce que nous n’avons pas fait respecter, au péril de notre popularité et de notre vie, à la porte des journaux menacés, le droit de nous injurier nous-même ?

89. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Décentralisation et décentralisateurs Une grande activité se dépense, en ce moment, dans les journaux de province. […] C’est à Paris que s’impriment tous les journaux qu’on lit ; c’est à Paris que s’éditent tous les livres qu’on achète ; c’est le train de Paris que prennent obstinément tous les talents robustes et hardis ; Paris est la ville sainte, où toute royauté intellectuelle a besoin de se faire sacrer pour être reconnue et acclamée ; rien de beau, rien de grand, qui ne se fasse et ne se défasse à Paris… Tout pour Paris et par Paris ! […] Cela s’appelle : la Province, journal de décentralisation intellectuelle. […] Tous les impuissants qui ont usé infructueusement leur belle jeunesse à casser des cordons de sonnettes à la porte des journaux et des théâtres de la capitale — l’académie de province les reçoit, les prend et les fait sauter maternellement sur ses genoux, en leur recommandant bien de ne plus aller vers ces méchants, qui n’ont eu garde de les écouter — craignant d’être obligés de les admirer. […] Et les rédacteurs de journaux, les éditeurs de livres, les directeurs de théâtres, se voient forcés de répondre à leurs avances : « Pas moyen, cher ami.

90. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Eugène Hatin Histoire politique et littéraire de la Presse en France, avec une introduction historique sur les origines du journal et la bibliographie générale des journaux depuis leur origine. […] … Pour notre compte, nous ne savons pas si la liberté de la presse, à fond de train et sans réserve, qui s’est dite si longtemps une institution et dont les journaux ont la prétention, avouée ou secrète, d’être les fils, aussi inviolables que leur mère, nous ne savons pas si cette liberté est la civilisation tout entière, mais, si Μ.  […] Richelieu, qui protégea Renaudot, le fondateur de la première gazette en France, mais qui le protégea en restant son maître ; la Chambre étoilée, en Angleterre, qui regarda toujours les journaux d’un œil de vigilance sourcilleuse, — torvo lumine, — quoique, en Angleterre, la liberté des écrits périodiques ait bien moins d’inconvénients qu’ailleurs, parce qu’elle y est accompagnée d’un grand respect pour les hiérarchies, auraient dû, ce semble, éveiller en Μ.  […] Enfin, relevée un instant par l’abbé Aubert, et retombant de nouveau sous la plume insignifiante de Bret, la Gazette, journal privilégié, atteignit l’époque mortelle à tous les privilèges, et, en 1792, retomba sous le droit commun.

91. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

— Parmi les journaux religieux assez en vogue dans un certain monde, j’ai omis de vous citer l’Union catholique, journal rédigé par les Jésuites, par eux positivement. […] Mais depuis trois ans environ, l’audace leur est venue comme à beaucoup de gens en soutane ; ils ont fait un établissement plus considérable et publient ce journal qui a des journaux correspondants dans d’autres pays (par exemple un à Naples, probablement aussi en Allemagne).

92. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre III. De la sécheresse des impressions. — Du vague dans les idées et le langage. — Hyperboles et lieux communs. — Diffusion et bavardage »

Alors on fait appel à sa mémoire ; on répète ce qu’on a entendu dire à ses maîtres, lu dans les manuels, plus tard ce qu’on a entendu dire dans le monde, lu dans la revue ou le journal. […] Peut-être est-ce là le secret de l’influence immense qu’exercent les journaux et les critiques. […] Eût-on quelque velléité de sentir autrement, fût-on convaincu même que la vérité des faits y oblige, la phrase est là, si tentante, si facile à prendre ; il est si commode de la ramasser ; on a si peu le loisir, si peu l’habitude de sentir sa propre pensée et d’en chercher l’exacte formule, qu’on se laisse aller ; et l’on dit blanc quand on eût pensé noir si l’on n’avait pas lu son journal. Le pis est qu’on ne s’en aperçoit pas et que l’on croit bien véritablement exprimer son sentiment personnel ; on s’y affermit, on en conçoit la vérité en le voyant partagé par tant d’autres, qui lisent aussi le journal.

93. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Lorsque, tout récemment, les journaux ont reproduit une lettre de M.  […] Il a demandé dans son testament que le « Journal » soit publié vingt ans après sa mort. […] Cependant le délai de vingt ans est expiré et le Journal a paru. […] Reste qu’en 1928 une édition intégrale de ce Journal est loin de venir. […] En 1887, lors de la première publication du Journal intime de Constant, E.

94. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Les rédacteurs de ce journal ne sont pas si maladroits que M.  […] Cependant on pourrait très bien classer les articles d’une revue ou d’un journal dans l’ordre d’un dîner. […] Il a réellement besoin d’en trouver le commentaire et l’explication dans son journal. […] À Paris, les petits journaux fourmillent de nègres pareils. […] Ton journal n’est déjà pas si fameux pour faire les fiers !

95. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze, — ou comme on l’a fait récemment dans le Journal des Débats, son journal et sa maison depuis quarante ans, c’est-à-dire avec un esprit de famille, d’affection, et sans le discuter ; — ou bien comme on le peut faire quand on voit en M.  […] Delécluze était critique d’art au Journal des Débats, et il eut occasion de parler de ce tableau de son ancien maître ; rien de plus simple. […] s’écrie Étienne tout saisi à l’idée du contraste ; ce tableau de Virginius, commencé en 1796, en présence du petit élève de Moreau, devait, quarante ans après (lisez trente, c’est bien assez), lorsque l’artiste le termina en 1827, passer à l’Exposition du Louvre sous les yeux du critique Étienne, appelé à écrire sur les arts dans le Journal des Débats !  […] Par exemple, ayant à parler du grand prix de gravure (Journal des Débats du 21 septembre 1854), il dira : « Les élèves graveurs admis au concours sont tenus à dessiner d’abord une figure d’après l’antique, puis une académie d’après nature dont ils font la traduction avec le burin, et c’est d’après le mérite de cette triple étude que l’on apprécie leur mérite et qu’on leur décerne un prix quand ils le méritent. » — Faisant le procès, dans le même journal (5 octobre 1855), à la peinture d’Overbeck et à son école, il concluait ainsi : « L’école allemande moderne, ainsi que l’ancienne, n’a donc eu qu’une aurore sans midi. » Nonobstant ces cacophonies, M. 

96. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

M. de Latouche rendait compte du Salon de peinture dans le journal ; à propos d’un dessin d’Isabey, il fit une allusion trop directe au roi de Rome. La censure biffa le passage ; M. de Latouche revint dans la soirée au journal, reprit sa phrase et la remit sous-main sans en rien dire. […] Il ne reparut que quelques jours après, avec le secours et sous le couvert du Journal du commerce. […] Il n’avait pas de plus grand plaisir, quand il écrivait dans un journal, que d’y faire passer de ces malices cachées, ce qu’on appelle des couleuvres, et dont on ne s’aperçoit qu’après la publication. […] [NdA] Je lis dans un article du Journal de l’Indre du 21 mars 1851, où Μ. 

97. (1761) Apologie de l’étude

Il m’est revenu dans l’esprit, après tant de lectures inutiles et fatigantes, qu’il y avait des livres qu’on appelle journaux, destinés à recueillir ce qu’il y a de meilleur dans les autres. […] J’ai donc ouvert un des deux cents journaux qu’on imprime tous les mois en Europe : ce journal faisait un grand éloge d’un livre nouveau qui ne m’était pas connu ; sur la parole du journaliste je me suis empressé de lire ce livre, qui m’est tombé des mains dès les premières pages. Alors, par curiosité seulement, car je ne pouvais plus m’en fier aux journaux, j’ai voulu voir ce que les autres journalistes disaient de cet ouvrage, si célébré par leur confrère, et si peu digne de l’être. Il était loué par les uns, déchiré par les autres ; mais par malheur ceux qui lui rendaient justice louaient d’autres ouvrages que j’avais lus, et qui ne valaient pas mieux ; j’ai vu qu’il n’y avait rien à apprendre dans la lecture des journaux, sinon que le journaliste est l’ami ou l’ennemi de celui dont il parle, et cela ne m’a pas paru fort intéressant à savoir. […] Les journaux, j’en conviens, disent encore moins vrai que l’histoire ; mais soyez équitable ; n’avez-vous jamais rien donné dans vos écrits à l’amitié, à la reconnaissance, à l’intérêt, peut-être même à la haine ?

98. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Et cette conception n’est pas seulement possédée par les brutes du trottoir ou du journal, pour lesquelles les hurlements tiennent lieu d’arguments ; elle est partagée par un grand nombre de ceux qui prétendent penser. […] François Coppée qui s’est toujours fait le champion du sentimentalisme chauvin en notre pays, a exprimé vers la même époque, de non moins étranges sentiments : « En lisant, dans les journaux, le compte-rendu des imposantes cérémonies du Jubilé, à Londres, et surtout la description des formidables forces navales passées en revue par le prince de Galles, à Spithead, mon vieux cœur de Français et de Latin a été comblé de tristesse. […] Il faut nous résigner aux trouble-fête, si nous ne roulons pas avoir besoin, à brève échéance, d’un syndic de faillite 55. »‌ Voilà donc trois publicistes français, d’une influence incontestée, considérés par l’opinion publique comme de bonne foi, et tous trois d’esprit essentiellement français, qui n’ont pas hésité à écrire, dans des journaux tels que le Figaro, le Journal et le Temps, les mots de « misère », de « décadence » et de « faillite » s’appliquant à la société française actuelle. […] Le Journal, 1er juillet 1897. […] Journal des Débats, 22 novembre 1807.

99. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 453-457

Nous ignorons les motifs qui l’en empêchent ; mais nous savons que son zele pour le maintien des regles, l’a porté à solliciter la Rédaction d’un Journal Littéraire, & que les Philosophes, si intéressés à arrêter la plume des Ecrivains en état d’éclairer le Public sur leurs défauts & leurs travers, ont eu le crédit de faire supprimer ce Journal. […] Les Journaux seuls peuvent offrir des ressources sûres pour retablir l’ordre & repousser les usurpations ; presque tous sont aujourd’hui dévoués aux corrupteurs du goût & de la morale : il n’y a guere que l’Année Littéraire & les Annonces & Affiches pour la Province, où l’on ose les combattre & les ridiculiser, encore même les Auteurs de ces Feuilles, aussi patriotiques que littéraires, sont-ils souvent exposes aux persécutions de l’amour-propre des Auteurs blessés de leurs censures, &c…..

100. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Introduction I Ces deux études sur Gœthe et Diderot ont été publiées séparément, à des époques assez distantes, — et dans un journal, ce mode de publication inventé par un siècle qui pulvérise tout, jusqu’à la pensée, — mais par leur double sujet elles exigeaient impérieusement l’ensemble et l’unité du livre. […] Publiée immédiatement après nos défaites, l’étude sur Gœthe fut regardée par les journaux allemands de ce temps-là comme une vengeance tardive de vaincu ; mais les opinions qui y étaient exprimées n’étaient pas de la veille à l’état fixe dans la tête de l’auteur, et pas n’était besoin de la guerre pour les en faire sortir. […] C’était dans un journal qui appartenait, d’opinion, au gouvernement d’alors. […] Immédiatement justice fut faite, et la porte du journal où il écrivait fut fermée à l’auteur de l’article, pour avoir manqué, dans l’auguste personne de Gœthe, à la littérature française et au gouvernement français3 ! […] Un fervent de Barbey d’Aurevilly avait coupé, il ne sait malheureusement plus dans quel journal, cette curieuse note : « Au mois d’octobre 1802, Goethe écrivait à Schiller : « Je vous attends à Weimar ; nous causerons littérature et « nous parlerons de la France.

101. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

À propos de mon Journal, quelques-uns s’étonnent que cette œuvre ait pu sortir d’un homme, considéré comme un simple gentleman. […] Commencez dès aujourd’hui, et mettez-vous hardiment à votre journal : “27 mars. — Déjeuner ce matin à huit heures. Parcouru les journaux… pluie, soleil, giboulées… dîner chez X… nous étions douze à table, les six messieurs avaient la barbe en pointe, les six dames avaient les cheveux roux.” « Intitulez : “Journal de ma vie” ou “Documents sur Paris” ou comme vous voudrez. […] Une jeune femme du monde me disait, ce soir, à propos d’un rêve sur Balzac, donné dans notre Journal, et où il y est parlé de lacunes, comme il y en a dans le Satyricon : — Qu’est-ce que vous avez pu vouloir dire par là… ça doit être salé… si vous saviez comme je me suis creusé la tête pour le deviner.

102. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Il est bon de se proposer quelques points de vue, et de se tracer quelques perspectives déterminées, dans ce Journal de Dangeau qui offre au premier aspect l’apparence d’une foule mouvante et confuse : c’est le moyen de s’y reconnaître et d’y prendre de l’intérêt. […] Le soir même le roi dit à Racine, directeur de l’Académie, qu’il approuvait l’élection. » L’Académie française tient ainsi sa place et a son coin dans le journal de Dangeau à côté des chasses, des promenades royales, des loteries et des jeux de Marly, des nouvelles de guerre et d’église ; elle a son importance sociale. […] Cette harangue fut prononcée le 2 janvier 1685 ; et le vendredi 5, à Versailles, on lit dans le journal de Dangeau : Le roi ne fit point les Rois, il soupa en famille à l’ordinaire ; mais, après souper, il fit porter un gâteau chez Mme de Montespan. — Le matin il se fit réciter par Racine la harangue qu’il avait faite à l’Académie le jour de la réception de Bergeret et du jeune Corneille, et les courtisans trouvèrent la harangue aussi belle qu’elle avait été trouvée belle à l’Académie. […] On ferait tout un chapitre impartial, équitable, convaincant de vérité, et sans injure pour personne : De la révocation de l’Édit de Nantes et de ses suites, étudiées dans le journal de Dangeau, c’est-à-dire considérées à la Cour et vues de Versailles comme dans un miroir. […] Je suis très frappé dès les premières pages du Journal, et de plus en plus, à mesure qu’on avance dans cette lecture, de l’état de santé de Louis XIV, et je m’explique ainsi bien des changements qui survinrent alors dans son régime et dans ses mœurs.

103. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Lutte des deux écoles constatée dans l’histoire d’un journal. […] Il s’agit du Journal des Débats. […] Après avoir tenté d’opposer l’une à l’autre les deux écoles dans des journaux différents, l’empereur leur donnait à la fois la parole dans le même journal, car M.  […] Au lieu d’être un camp, le Journal de l’Empire devenait un champ de bataille. […] Fiévée pour lui expliquer la manière dont l’empereur entend les droits et les devoirs des journaux.

104. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Théophraste Renaudot est le fondateur de la Gazette en France ; or la Gazette, fondée en 1631 sous le patronage du cardinal de Richelieu, est le premier journal proprement dit, journal politique, officiel, tel seulement qu’il en pouvait exister alors, la première ébauche de tous les journaux nés depuis, et du Moniteur en particulier. […] Quand, vers le milieu du xviiie  siècle, Marmontel ou Le Brun (le poète), ou tout autre jeune littérateur pauvre, voulait créer quelque petite feuille de littérature et de critique, il ne le pouvait qu’en contrebande, faute d’avoir de quoi payer 300 francs au Journal des savants : c’était un tribut qui était dû à ce père et seigneur suzerain des journaux littéraires. […] Il y a dans toute cette querelle, et dans le fatras d’écritures qu’elle produisit, des choses fort curieuses et pour l’histoire de la médecine et pour l’histoire des journaux en France. […] Ils commencent leur Défense par ces mots sacramentels : « Aristote nous apprend… » Ils reprochent à Renaudot d’avoir voulu faire d’une salle de fripiers et usuriers (allusion à son mont-de-piété), d’une boutique de journal, « une synagogue de médecins », et concluent que chacun des médecins de Paris a le droit de prendre la verge à la main pour chasser ces profanateurs. […] Le journal L’Illustration du 14 novembre 1846 a fait de cette édition une critique sévère et qui est encore trop indulgente.

105. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Pour monter à souhait celle rentrée en scène, elle imagina de faire faire à Paris, par les soins du docteur Gay, des vers à sa louange dont elle envoyait de Lyon le canevas : ces vers adressés à Sidonie (Sidonie, c’était, comme Valérie, l’héroïne d’un de ses romans, c’était elle-même), ces vers devaient se trouver insérés comme par hasard dans quelque journal de Lyon ou de Paris. […] Faites imprimer ces vers dans le journal du soir… Envoyez-moi bien vite le journal où cela sera imprimé… Si le journal ne voulait pas s’en charger ou qu’il tardât trop, envoyez-moi-les écrits à la main, et on les insérera ici dans un journal… » Puis vient le prêté-rendu, la récompense offerte au bon docteur, la promesse de contribuer à lui faire acquérir en retour cette réputation que méritent ses talents et ses vertus : « Oui, digne et excellent homme, j’espère bien y travailler ; j’attends avec impatience le moment où, rendue à Paris, mon temps, mes soins et mon zèle vous seront consacrés : vous me ferez connaître La Harpe, auprès duquel est déjà un de vos amis. […] Michaud, alors très-monté pour elle) quelques pensées détachées dans le Mercure ; le rédacteur disait en les annonçant : « Les pensées suivantes sont extraites des manuscrits d’une dame étrangère, qui a bien voulu nous permettre de les publier dans notre journal. […] Malgré tout, c’est chez lui désormais, et nulle part ailleurs, qu’il faut apprendre à connaître la vie religieuse de Mme de Krüdner ; journaux manuscrits, correspondance intime, entretiens de vive voix avec les principaux personnages survivants, il a tout recherché et rassemblé avec zèle, et, dans la riche matière qu’il déroule à nos yeux, on ne pourrait se plaindre, par endroits, que du trop d’abondance. […] Eynard me suppose plus d’imagination que je n’en ai en réalité ; il se croit trop sûr de m’avoir réfuté à l’aide du Journal de Mme Armand.

106. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Des réunions, une souscription, un banquet, vingt articles de journaux ont été faits pour proclamer M.  […] — Je raconte les faits, tels qu’ils sont, tels qu’il convient que le fasse un journal totalement dévoué au wagnérisme véritable, non à tel ou tel wagnériste, mais au wagnérisme. […] Ajoutons deux suppléments du Petit Journal du 6 et du 13. […]   Aux articles des journaux quotidiens que nous avons mentionnés ajoutons ceux de M.  […]   Les procès intentés aux journaux anti-wagnériens par M. 

107. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Méditant ce petit traité littéraire et didactique, il était encore dans cette mystérieuse ivresse de la composition, instant bien court, où l’auteur, croyant saisir une idéale perfection qu’il n’atteindra pas, est intimement ravi de son ouvrage à faire ; il était, disons-nous, dans cette heure d’extase intérieure, où le travail est un délice, où la possession secrète de la muse semble bien plus douce que l’éclatante poursuite de la gloire, lorsqu’un de ses amis les plus sages est venu l’arracher brusquement à cette possession, à cette extase, à cette ivresse, en lui assurant que plusieurs hommes de lettres très hauts, très populaires et très puissants, trouvaient la dissertation qu’il préparait tout à fait méchante, insipide et fastidieuse ; que le douloureux apostolat de la critique dont ils se sont chargés dans diverses feuilles publiques, leur imposant le devoir pénible de poursuivre impitoyablement le monstre du romantisme et du mauvais goût, ils s’occupaient, dans le moment même, de rédiger pour certains journaux impartiaux et éclairés une critique consciencieuse, raisonnée et surtout piquante de la susdite dissertation future. […] Un impertinent conseiller désirait qu’il mît au bas des feuillets la traduction de toutes les phrases latines que le docte Spiagudry sème dans cet ouvrage, pour l’intelligence — ajoutait ce quidam — de ceux de messieurs les maçons, chaudronniers ou perruquiers qui rédigent certains journaux où pourrait être jugé par hasard Han d’Islande. […] Il allait clore cette trop longue note, lorsque son libraire, au moment d’envoyer l’ouvrage aux journaux, est venu lui demander pour eux quelques petits articles de complaisance sur son propre ouvrage, ajoutant, pour dissiper tous les scrupules de l’auteur, que son écriture ne serait pas compromise, et qu’il les recopierait lui-même. […] Comme il paraît qu’en ce siècle tout lumineux chacun se fait un devoir d’éclairer son prochain sur ses qualités et perfections personnelles, chose dont nul n’est mieux instruit que leur propriétaire ; comme, d’ailleurs, cette dernière tentation est assez forte, l’auteur croit, dans le cas où il y succomberait, devoir prévenir le public de ne jamais croire qu’à demi tout ce que les journaux lui diront de son ouvrage.

108. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

— Il y a eu une petite révolution dans le journal même (le Constitutionnel) ; le vieux parti des Jay, des Étienne, battu à l’Académie, a été de plus évincé de ce journal où il régnait et trônait de temps immémorial. Les bénéfices baissant, les propriétaires ont provoqué une mise à l’enchère, et le journal a été adjugé à M.

109. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Eh bien, c’est ce traducteur de Carlyle, qui s’est interrompu lui-même et dont la traduction étincelle des beautés de l’original, qui nous donne aujourd’hui une histoire de la littérature anglaise, et, malgré son titre, qui dit faux en disant : « de la littérature contemporaine », une histoire intégrale de la littérature en Angleterre, commençant à la première chronique saxonne et au premier poème normand, et allant jusqu’au dernier journal anglais de l’heure présente, jusqu’à la dernière feuille de chou, comme disent avec tant de distinction ces charmants journalistes, ces fameux lapins du journalisme qui se mangent leurs journaux entre eux ! […] l’histoire de tout ce qui fut écrit depuis le viie  siècle et saint Colomban, le premier écrivain de l’Angleterre, jusqu’aux journaux The Circle et The Hour, qui, quand Barot écrivait, n’avait, lui, encore qu’une année d’existence dans le xixe  siècle. […] Comme il veut l’éducation de tout le monde, en trois temps il transporte le Petit Journal dans la littérature, le Petit Journal, aimé des portiers et des cochers, et qui est leur catéchisme, sans bon Dieu.

110. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Avec des goûts sérieux, il paraît s’être demandé de bonne heure comment il pourrait remplir de quelque occupation suivie cette existence toute d’étiquette ou de loisir, et il pensa qu’un journal dans le genre de celui de Dangeau, mais dressé et digéré avec plus de soin, pourrait avoir son utilité. […] Ces sortes de journaux qui, à quelques années de distance, deviennent nécessaires aux contemporains eux-mêmes, s’ils veulent apporter de l’ordre et de la précision dans leurs souvenirs, augmentent de prix, au bout d’un siècle, pour la postérité qui y apprend quantité de choses qu’on ne sait plus, et que presque personne n’a songé à écrire. C’est ainsi qu’à la suite de la publication complète du Journal de Dangeau, dont ils se sont si bien et si consciencieusement acquittés, MM.  […] On peut aujourd’hui, grâce aux mémoires de d’Argenson, aux mémoires (malheureusement si mal donnés) du président Hénault, grâce surtout à ce journal quotidien de la Cour rédigé par M. de Luynes, écrire de la première moitié du règne de Louis XV une histoire précise, qui n’eût pas été possible il y a quelques années. […] [NdA] Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés pour la Société de l’histoire de France, par M. 

111. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Non pas qu’il ait rédigé ses Mémoires ou son Journal dans le moment même où il agissait et administrait : il paraît n’y avoir songé que tard et après sa retraite des intendances ; mais il a rédigé ses notes sur pièces, à mesure que, dans la révision qu’il faisait de ses papiers, chaque lettre, chaque copie ou minute lui tombait sous la main et fixait ses souvenirs. […] Frédéric Baudry, à qui nous devons ce volume, est lui-même un érudit et un savant très-distingué en plus d’un genre, et cette application qu’il a mise, en fidèle Normand, à éditer ce Journal d’un ancien intendant de Normandie, ne doit être comptée dans sa carrière littéraire que pour un accident et presque un hors-d’œuvre. […] Foucault, qui nous marque toutes ces particularités dans son Journal, n’oublie pas d’y mentionner les moindres détails et des chiffres de menues dépenses. […] Et c’est cet homme, enchevêtré, il est vrai, par son éducation, par sa naissance, par ses alentours (son Journal en fait foi) et tous ses liens originels de famille, de paroisse, de cléricature, dans l’idée ecclésiastique la plus étroite, c’est cet homme religieux, d’ailleurs, et qui se croit charitable, qui a des pratiques vraiment chrétiennes, qui chaque fois qu’il lui naît un enfant, par exemple, le fait tenir sur les fonts baptismaux « par deux pauvres », c’est lui qui va devenir un persécuteur acharné, subtil, ingénieux, industrieux, impitoyable, de chrétiens plus honnêtes que lui, un tourmenteur du corps et des âmes, et le bourreau du Béarn. […] Tout à côté de ces envois de Moissac, que lit-on en effet dans le Journal et à la même page ?

112. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

3° Hans von Wolzogen : L’allemand des journaux. […] Analyse du numéro X 1° Hans von Wolzogen : L’allemand des journaux. […] 2° Hans von Wolzogen ; L’allemand des journaux. […] Il collabora à de nombreux journaux et exerça des métiers aussi variés que professeur ou matelot. […] Il participa également à de nombreuses publications comme Droits de l’homme, Le Journal du Peuple, L’Humanité, L’Action, Gil Blas et publia plusieurs romans après une mission en Indochine.

113. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Dans ce livre M. de Goncourt a réuni ses articles de journal et ceux qu’ils a faits avec son frère. […] Si l’on feuilletait l’une d’elles, le Paris de 1852, on verrait un journal quotidien du format du Charivari publiant tous les jours une lithographie de Gavarni et encadrant cette gravure d’un texte écrit parfois par des gens ayant de la littérature. […] Le numéro était une fois par semaine rempli tout entier d’une fantaisie de Banville, et pour montrer à quel point on laissait ce poète hausser le ton coutumier de journaux, nous citerons de lui cette magnifique phrase, dont le pendant ne se trouvera guère dans nos quotidiens : « Ainsi dans le calme silence des nuits, aux heures où le bruit que fait en oscillant le balancier de la pendule, est mille fois plus redoutable que le tonnerre, aux heures où les rayons célestes touchent et caressent à nu l’âme toute vive, où la conscience a une voix, où le poète entend distinctement la danse des rhythmes dégagés de leur ridicule enveloppe de mots, à ces heures de recueillement douloureuses et douces, souvent, oh ! […] C’était cependant un temps encore aimable ; les annonces du Paris, ces annonces documentaires qui rendront précieuses aux historiens futurs les quatrièmes pages de nos journaux, sont encore amusantes à lire. Une réclame de parfumerie se termine par une citation de Martial ; le « plus de copahu » est déjà le cri de ralliement des médecins de certaines maladies, qu’on appelait si poliment alors des maladies confidentielles ; un journal contemporain publie « les mémoires de Mme Saqui, première acrobate de S.

114. (1925) Comment on devient écrivain

L’homme de génie reste à la porte d’un journal où trône une rédaction médiocre. […] Il y aurait à peu près quinze grands journaux parisiens et cinq grands journaux régionaux qui insèrent régulièrement un conte par jour. […] La critique n’est plus qu’une rubrique de journal. […] » disait Gautier en arrivant à son journal.‌ […] L’influence des journaux est désastreuse pour la langue française.

115. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

De loin donc, elle prie pour lui, elle écrit à son intention ce petit Journal qu’il aime pour en avoir vu les premiers cahiers, et qu’il lira un jour. […] Il y a des enfances dans ce Journal, mais à tout instant il est émaillé de jolies choses, de pensées délicates, de nuances exquises, le tout dit dans une langue heureuse, souvent trouvée, avec un mouvement et une grâce d’expression qui ne s’oublient plus, il faut bien appeler les choses par leur nom, elle s’ennuie : c’est une âme inemployée et même sevrée. […] Moi, je vivrais d’aimer : soit père, frères, sœur, il me faut quelque chose. » Ce Journal même où elle s’écoule, et qui ne laisse pas de lui donner, de temps en temps, de petits scrupules à cause du plaisir qu’elle y prend, ne lui suffit pas. […] Je lis à un endroit du Journal : « Filé ma quenouille et lu un sermon de Bossuet. » Ou bien, après quelque élan mystique où elle s’est sentie comme ravie dans la quiétude défloraison : « Allons, ma pauvre Âme, reviens aux choses de ce monde. […] La fin du journal de Mlle de Guérin offre plus de variété que le début : elle est formée, elle est mûre : elle a reçu tous les enseignements de la douleur.

116. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Pour eux le Symbolisme n’est qu’un tremplin ; dès qu’ils écriront dans un grand journal, ils feront mieux que personne de la prose anonyme. […] D’autre part, notre journal ayant interrompu sa publication, il y eut dans nos rangs un désarroi complet. […] Détail amusant : plusieurs journaux, grâce à la similitude des noms, ou victimes d’erreurs typographiques avaient imprimé La Peau de Moréas. […] Ces gens qui se mangent le nez dans les journaux avaient trouvé à table leur véritable terrain de conciliation. […] Autrefois des pleurnichards comme Malfilâtre, Gilbert, Hégésippe Moreau, se croyaient déshonorés, perdus en entrant dans un établissement de l’Assistance publique ; ils y rimaient des jérémiades que les journaux communiquaient pieusement au public.

117. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Je n’ai pas été peu surpris, il y a un ou deux mois, de lire un matin (7 juin 1866), dans le journal intitulé l’Événement et qui n’est censé s’occuper que de sujets à l’ordre du jour, la critique d’un discours que j’avais prononcé autrefois sur la tombe d’un de mes amis, le docteur Armand Paulin, discours qui n’avait pas moins de neuf années de date (ce que le critique se gardait bien de dire), discours oublié de moi-même et que je n’avais jamais songé à recueillir dans aucun de mes volumes de Mélanges, publiés depuis. […] je suis appelé à parler sur la tombe d’un ami intime, j’écris ce discours le matin même de la cérémonie funèbre ; je le prononce devant des témoins amis et émus ; le Moniteur, où j’écrivais alors, insère le lendemain les paroles qui sont l’éloge du mort ; si d’autres feuilles, des journaux de médecine et de science les reproduisent, j’y suis totalement étranger et je n’ai eu nullement à m’en mêler : ces journaux n’ont vu dans mon Éloge funèbre que la mémoire du médecin, homme de bien, que j’y célébrais. […] Et vous, confrère et médecin, qui trouvez d’ailleurs, dites-vous, mes éloges du docteur Paulin justes et mérités, vous venez, après neuf ans, relever, par une diatribe bruyante, qui vise au grotesque et qui prend en s’affichant des airs de mascarade, quelques négligences et des rapidités inévitables de diction : vous venez en faire une sorte d’éclat et comme de découverte dans un journal quotidien, de telle sorte qu’il ne tenait qu’aux lecteurs de l’Événement, ce jour-là, de croire que je m’étais rendu coupable d’un méfait littéraire assez récent, d’une harangue tout à fait ridicule.

118. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Je prétends qu’à tout prix on me fasse une gloire ; Que dans tous les journaux on chante ma victoire. […] J’en fais deux pour ma part ; et, quoique les journaux N’aient point à l’univers annoncé mes travaux, Que, n’ayant point encor des prôneurs à ses gages, Ma Minerve dans l’ombre ait tramé ces ouvrages, Je veux au romantique en devoir le débit ; Et que tous mes rivaux en crèvent de dépit. […] Le vieux goût les infecte ; ils ont trop de raison, Je ne veux imiter que le sombre Milton, Milton seul est poëte ; un Journal le déclare : C’est en vain que Dryden l’a traité de barbare. […] Que nous fait l’avenir, si nous vivons célèbres ; Si le siècle applaudit nos œuvres des ténèbres ; Si nos contemporains, sur la foi des journaux, Nous prennent bêtement pour des soleils nouveaux ; Si, courbés sous le poids des honneurs littéraires, Nous voyons, l’or en main, accourir les libraires ; Si, grâce à nos patrons, la cassette du roi Nous paie en bons louis nos vers de faux aloi ?

119. (1881) Le roman expérimental

Le journal pénètre partout, les campagnes elles-mêmes achètent des livres. […] Un journal est une grosse affaire qui donne du pain à un grand nombre de personnes. […] Dans le Journal de M.  […] Le critique débute par les plaisanteries faciles qui courent les petits journaux depuis trois ans. […] Passe encore lorsque cela se passe dans les petits journaux.

120. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Les journaux n’avaient pas assez de leurs trois pages — la quatrième étant prise par les annonces, — pour exalter « le génie en qui vivait l’idée humaine ». […] L’insulte faite par l’ambassade d’Autriche, aux maréchaux Soult et Oudinot, indigna si fortement l’armée et la cour, que les Débats et les journaux royalistes prirent leur défense, en écrivant l’Ode à la Colonne, il obéissait au mot d’ordre donné par le parti royaliste. […] Durant des semaines et des mois, tous les matins, tremblants d’émotion, ils dépliaient leur journal pour y lire la chute du gouvernement de décembre et leur rappel triomphal ; ils tenaient leurs malles bouclées pour le voyage. […] Les journaux, les pamphlets, les discours étaient la littérature de l’époque, tout le monde parlait et écrivait et sans nulle gêne piétinait sur les règles du goût et de la grammaire. […] Journal d’un révolutionnaire de 1830.

121. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

Le Journal des Débats d’aujourd’hui 21 continuera de vous édifier sur les attaques et les ripostes : toute cette polémique pourtant m’est bien déplaisante, et je ne saurais l’approuver : Querelle de cuistres et de bedeaux, disait un grand personnage. […] Une remarque très-juste que j’entendais faire, c’est que, au temps d’Hernani, Hugo avait contre lui presque tous les journaux, mais pour lui le mouvement du public ; aujourd’hui, le lendemain des Burgraves, il a pour lui… tous les journaux et contre lui tout le public15.

122. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

Le journal la Presse et un journal des tribunaux, le Droit, viennent, dit-on, de faire marché avec le chemin de fer d’Orléans pour recevoir par un convoi à part des nouvelles du procès Lacoste qui va se débattre dans le Midi : madame Lacoste est, comme madame Lafarge, une jeune femme qu’on accuse, d’avoir empoisonné son vieux mari. […] Ces deux journaux promettent par ce moyen de rendre compte des débats 24 heures avant les autres.

123. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

J’en vois dans tous les journaux et dans tous les partis, autant qu’il y en avait autrefois, plus peut-être. […] … Tenez, une chose m’afflige… Lorsque, dans un journal français on parle de M.  […] Ils me font rire avec leurs journaux et leurs revues, leurs manifestes et leurs programmes. […] Caro, qui était professeur de philosophie, qui parlait si bien, et dont on parlait tant à Paris dans les journaux ? […] Et c’est par là surtout que ce Journal me prend.

124. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

De tous les côtés on nous en annonce, de ces « journaux intimes ». […] Dans le journal intime, il est une fin. […] Son journal, c’est encore un cri. […] Envers leur journal, et pour servir la vérité, — cette vérité que l’hypnotisme de ce journal les a sans cesse empêchés de voir ! […] À propos du Journal des Goncourt.

125. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Mme de Maintenon, à qui elles allaient tout d’abord, écrivait en mars 1666 à Mlle de Lenclos, à qui elles allaient encore mieux : « Faites, je vous prie, mes compliments à M. de La Rochefoucauld, et dites-lui que le livre de Job et le livre des Maximes sont mes seules lectures148. » Le succès, les contradictions et les éloges ne se continrent pas dans les entretiens de société et dans les correspondances ; les journaux s’en mêlèrent ; quand je dis journaux, il faut entendre le Journal des Savants, le seul alors fondé, et qui ne l’était que depuis quelques mois. […] En feuilletant moi-même149 les papiers de Mme de Sablé, j’y ai trouvé le premier projet d’article destiné au Journal des Savants et de la façon de cette dame spirituelle. […] L’article, en effet, fut inséré dans le Journal des Savants du 9 mars ; et si on le compare avec le projet150, l’endroit que Mme de Sablé appelait sensible y a disparu. […] Le premier journal littéraire qui ait paru ne paraissait encore que depuis trois mois, et déjà on y arrangeait soi-même son article. Les journaux se perfectionnant, l’abbé Prevost et Walter Scott y écriront le leur tout au long.

126. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne distingue point dans les Jeudis la première édition de la seconde ; je ne distinguerai pas non plus le volume d’avec les articles insérés dans un journal, et qui tous, et pour cause, n’ont pas été recueillis encore dans les Jeudis. […] dit-il, je publie, il y a près de trois ans de cela, des articles dans un journal (la Semaine des Familles) ; je dois supposer qu’on les lit. […] Vous les avez fait d’abord filer un à un, presque incognito, sous le masque et sans clef, dans un journal honnête qui colportait vos brûlots ou pétards sans s’en douter. […] Il avait tiré ce même pistolet trois ans auparavant dans une cave (comme lui-même il appelle poliment l’honnête journal qui lui avait prêté d’abord sa publicité clandestine), et personne n’y avait fait attention ; il a rechargé et tiré de nouveau avec la même balle en plein boulevard, en pleine rue Vivienne ; de là tapage et attroupement. […] Combien de fois, après des journées et des semaines de retraite et d’étude, me trouvant là vers trois heures sur ces boulevards fourmillants, j’ai rencontré de ces hommes que M. de Pontmartin décrit si affreux, si terribles, qui sont de la littérature active, ou des théâtres ou des journaux grands et petits !

127. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Dès qu’un journal, par exemple, ou un magazine, ou une revue, se déclare respectueux de la morale, ou qu’on a des raisons de le supposer tel, quelques-uns de ses abonnés ne manquent pas de s’en prévaloir, et d’exiger du directeur, non pas des romans moraux, ce qui est leur droit, mais des romans pour jeunes filles. […] Mais que le directeur du journal, du magazine ou de la revue s’avise de publier une nouvelle où l’on parle de la vie sans mensonge, avec la sévérité, l’ironie ou la pitié qui convient, il peut être assuré de recevoir des lettres indignées. Une première mère écrira : « Nous pensions, monsieur le directeur, que votre feuille était un journal de famille, un journal honnête. […] Or, je crois et je vais essayer de prouver que les abonnés de ce journal ou de cette revue sont dans leur tort ; que le roman tel qu’ils le conçoivent et l’imposent est une œuvre fausse et néfaste ; que le roman pour les jeunes filles ne saurait être autre chose qu’un accident heureux, dans une littérature qui n’est pas faite pour elles. […] Sans doute, le rêve d’un écrivain sera d’être compris, jusqu’aux nuances les plus secrètes de sa pensée, par une intelligence sœur de la sienne ; mais ce rêve n’est point incompatible avec celui d’être lu par la foule, de parler à l’âme d’un pays, ne fût-ce que par une page, par une phrase reproduite dans les journaux, citée dans des discours, traduite dans une chanson, et possédée et gardée ensuite par des milliers d’êtres humains dans le trésor des vérités acquises.

128. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Le fait est que ces agréables Mémoires, dont nous avons rendu compte dans ce journal en nous y complaisant249, qui ont été lus ici de chacun avec tant d’intérêt et qui ont singulièrement rajeuni et, pour tout dire, ravivé la renommée sommeillante d’un grave prélat, ont causé dans le pays d’Auvergne un véritable scandale. […] Gonod sont de différentes dates et adressées à plusieurs personnes ; sauf un très-petit nombre, elles se divisent naturellement en trois parts : 1° celles à l’abbé Favier, l’ancien précepteur de Rancé ; 2° celles à l’abbé Nicaise, de Dijon, l’un des correspondants les plus actifs du xviie siècle, et qui tenait assez lieu à Rancé de gazette et de Journal des Savants ; 3° celles à la duchesse de Guise, fille de Gaston d’Orléans et l’une des âmes du dehors qui s’étaient rangées sous la direction de l’austère abbé. […] C’est toujours un rôle délicat de donner des conseils sur un ouvrage dans lequel on se trouve loué, soit que, comme M. de La Rochefoucauld, on revoie d’avance l’article que Mme de Sablé écrivait pour le Journal des Savants sur le livre des Maximes, soit qu’ici, comme Rancé, on soit simplement consulté par l’auteur sur la Relation d’un voyage à la Trappe, et qu’on lui suggère quelque idée de ce dont il serait plus à propos de parler : « Comme, par exemple, du nouvel air que vous respirâtes en arrivant dans la terre où habitent des gens qui font précisément et uniquement dans le monde ce qu’ils sont obligés d’y faire, etc., etc. ; faire un petit éloge de la solitude et des solitaires, autant que le peu de moments que vous les avez vus vous ont permis de les connoître, etc., etc. » Hâtons-nous de corriger ce que notre remarque semblerait avoir d’un peu railleur et enjoué, en déclarant qu’à part ce passage, rien dans cette correspondance n’accuse le moindre vestige subsistant d’amour-propre mondain ni de vanité. […] Dans le Journal des Débuts. […] Ce passage, lu dans le Journal des Débats par Mme Swetchine, a passé depuis dans ses Pensées et a été imprimé sous son nom.

129. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Donec eris felix… »

» Mais il reste sombre et il cache le journal pour qu’on ne le lise pas autour de lui. […] Le général parcourt les journaux de Paris. Il constate avec stupeur que, pour la première fois depuis deux ans, le nom de Boulanger, le mot « boulangisme », même le mot « boulange » ne figurent dans aucun journal.

130. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Préface »

Préface La vérité, que personne ne veut ou n’ose dire, je cherche, de mon vivant, à la dire un rien, en attendant que, vingt ans après ma mort, ce journal la dise tout entière. Voici donc un premier volume d’une seconde série du Journal des Goncourt (1870-1890) racontant le Siège et la Commune.

131. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

Quoi qu’il en soit, le jeune triomphateur en tunique vit s’ouvrir à l’horizon les portes de tous les journaux. […] Ce qui ne l’empêchait pas de fournir au Journal officiel, des Études et des Critiques d’art de premier ordre. […] Dans les cafés, les garçons ne vous apportaient le journal qu’avec un verre fumé comme aux éclipses.

132. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Pourtant, par un instinct analogue à celui de quiconque, ayant connu la nouvelle ce matin par les journaux, en cause volontiers cet après-midi avec les amis rencontrés, ne puis-je m’empêcher de dire mon sentiment à des lecteurs familiers. […] Les derniers volumes de son Journal firent sourire. […] Mais, dès l’origine, son optique était aussi particulière : dans une seule année de son Journal, une des premières, il n’oublie de mentionner que l’apparition du Fils de Giboyer et la révélation du Tannhäuser à Paris !

133. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Il dirigeait le matériel du journal, mais en fait d’idées il y passa toujours plus ou moins pour un rêveur. […] Thiers se chargea d’en rendre compte ; sauf ce coup de main du commencement, il ne donna rien depuis au journal. […] Dubois, âme du journal, un vif sentiment révolutionnaire et girondin se tenait en garde ; et, dès que la Censure fut levée, cette pointe généreuse perça en toute occasion. […] Du reste, occupés de leurs propres travaux, ces messieurs n’ont jamais contribué de leur plume à l’illustration du journal ; une seule fois, s’il m’en souvient, M.  […] Je trouve dans l’Esprit des Journaux, mars 1788, page 232 et suiv., une lettre là-dessus, tirée du Journal de Paris : Lettre d’un Gentilhomme flamand à mademoiselle Émilie d’Ursel, âgée de cinq ans.

134. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Il a été fort attaqué, quand il a paru pour la première fois, notamment dans un article sans signature du journal le Rappel (n° du 18 mars 1871). […] On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poëte préféré : on lui adresse son admiration, on lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ? […] On vit dans un temps où les journaux sont tout et où seuls, presque seuls, ils rétribuent convenablement leur homme : on est journaliste ; on l’est, fût-on romancier, car c’est en feuilletons que paraissent vos livres même, et l’on s’en aperçoit ; ils se ressentent à tout moment des coupures, des attentes et des suspensions d’intérêt du feuilleton ; ils en portent la marque et le pli. […] Lui, s’il ne parvient pas à être une des fonctions utiles et nécessaires d’un journal, une des quatre ou six roues qui le font aller, il reste nomade et errant ; il végète ; il est obligé d’offrir son travail : on ne sait pas tout ce que cette offre amène avec soi de lenteurs, de désagréments et de mécomptes.

135. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

En librairie, c’est Le Petit Journal ! […] Si déjà rien n’est plus vieux qu’un journal d’hier, qu’est-ce donc qu’un journal de soixante-dix ans ? […] Toute la littérature tombait au journal, comme toute la société tombait à la rue.

136. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 361

Il a fourni une quantité prodigieuse de Dissertations au Journal de Trévoux, dont les unes ont pour objet la Théologie, les autres la Morale, quelques-unes la Physique, & le plus grand nombre, différentes matieres de Littérature. Ces Dissertations ont enrichi longtemps ce Journal, qui n’a pas toujours eu des Coopérateurs du même mérite.

137. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

De là, vers la fin de son séjour, il envoyait à Paris, à M. de La Mésangère, qui publiait le Journal des Dames et des Modes, des dessins de costumes espagnols, de travestissements. […] En quittant la Mode, il passa à l’Artiste, à la Silhouette (1832), il se répandit et dessina pour toutes les publications du moment ; livré, voué à une production incessante, il ne refusait aucun travail qui s’offrait, livres illustrés, journaux à gravures, têtes de romances, etc. […] Il tenta en 1834 une entreprise qui ne réussit pas et ne. pouvait réussir, étant plus d’un artiste que d’un homme d’affaires, et qui, de si courte durée qu’elle ait été, eut pour effet de grever longtemps sa vie ; il voulut fonder un journal, une publication où il fût maître et chez lui, « et il commença le Journal des Gens du monde, recueil hebdomadaire, dans le genre de l’Artiste, et dont il ne parut qu’une vingtaine de numéros. […] Il est bon qu’il ait eu ce goût en lui, et en même temps que ce goût ait été combattu par celui du public et des entrepreneurs de journaux qui lui demandaient de la malice, du comique, et qui l’auraient bien Voulu pousser à la charge, s’il n’y avait résisté. […] Ce qui est vrai, c’est que son goût primitif l’eût peut-être tourné davantage vers les sujets de grâce et de sentiment ; mais on avait affaire, dans les journaux auxquels il collaborait, à un public mêlé auquel on portait un grand respect.

138. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Sur son lit traînait un journal en grossier papier gris. […] On suppose bien qu’avec si peu de ressources, Baju devait rogner sur sa nourriture pour subvenir aux frais de son journal. […] Les symbolistes auxquels Baju avait entr’ouvert son journal avaient failli l’absorber. […] Deux ou trois numéros du format journal restaient encore à paraître. […] Ils sentaient la moisissure propre et l’humidité, mais on n’y était pas étourdi par le bruit des voix et l’on pouvait s’attarder dans la lecture des journaux, toujours libres.

139. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Son petit œil gris ne se reposait jamais que sur deux journaux : la Gazette de France et le Charivari. […] La main tâtait quelque chose là-dedans, — puis il la retirait et revenait à ses journaux. […] « Après vous, mon journal, s’il vous plaît ?  […] J’avais cédé le journal, je ne cédai pas la place. […] Voilà, pendant quatre mois, la vue des journaux — à vol d’oiseau.

140. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Pauvre vingtième siècle, sera-t-il volé, s’il va chercher ses renseignements sur le dix-neuvième, dans les journaux ! […] Chez les critiques littéraires, une transfusion de jeune sang s’est faite, et les plus arriérés, les plus inféodés au classicisme étroit, sont moins fermés, plus ouverts aux choses nouvelles de la littérature, tandis que les critiques dramatiques, surtout ceux des petits journaux populaires, des petits journaux illustrés, sont restés de vrais critiques du temps de la Restauration. […] Un journal disait, ces jours-ci, en parlant de la pièce : « Les honnêtes gens écoutaient muets, consternés ! » Hier le Journal illustré, je crois, et qui par parenthèse donne nos portraits, imprimait : « Si ce théâtre devait réussir, il faudrait détruire le théâtre. » Pourquoi, mon Dieu ! […] C’est là, où mon pauvre ami confectionne le journal, jusqu’à une heure, deux heures du matin, sous le flamboiement meurtrier du gaz.

141. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

On appelle l’auteur au journal, mais pendant trois mois, avant de donner son nom de Platel, le nouveau rédacteur envoie de province des articles, signés : Unus. […] votre Journal, c’est bien curieux… et je regrette bien de n’avoir pas écrit des notes plus tôt… mais j’ai commencé à en écrire l’année dernière. » Décidément, immense sera le nombre de journaux autobiographiques, que va faire naître dans l’avenir, le Journal des deux frères. […] Les journaux font d’avance un tableau des souffrances de la pudeur des actrices, chargées d’interpréter Germinie Lacerteux. […] Ce matin cette mauvaise humeur transperce dans les journaux. […] Oui, l’aveu de cette proscription sans précédent, existe au Journal Officiel, est attesté par le vaillant discours de Lockroy, le ministre de l’Instruction publique.

142. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Depuis 1853, il donna également des articles littéraires au Journal des Débats, avec redoublement d’activité dans les dernières années. […] Celui qui écrit tous les jours ou très habituellement dans les journaux, même quand il aurait tout l’esprit du monde, est en danger parfois de souffrir de la disette d’idées ou de sujets : mais ayez un adversaire, et il n’y a plus à vous inquiéter ; l’adversaire, au besoin, vous fournira chaque matin la moitié de vos idées : vous n’avez qu’à retourner les siennes contre lui. Combien de fois, dans des temps déjà bien anciens, n’ai-je pas vu le Journal des Débats, quand il était à sec, se défrayer aux dépens de la Gazette de France et de son fameux système du suffrage universel ! […] Dans ses dernières années (1855-1858), il essaya même de créer au Journal des Débats, pour une revue de quinzaine, un feuilleton moral où il renouvelait le genre d’Addison. […] Dans ce genre Addison, je n’ai qu’à rappeler des articles (antérieurs de date peut-être) sur les Jouets d’Enfants, sur la Semaine, Journal des Enfants.

143. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Il collabora aussi au journal du soir, la Charte de 1830, fondé par Nestor Roqueplan vers 1836, — sans y faire ombre de politique, bien entendu. […] On déchirait une feuille faisant partie du journal, et cela devait former un livre. […] Mais dès 1837, Théophile Gautier était entré au journal la Presse, où il élut domicile pour bien des années, et qui lui fut comme une patrie. […] Le journal, tel qu’il est constitué de nos jours, a créé une charge, une fonction capitale et des plus actives, laquelle, à son tour, réclame impérieusement son homme : c’est celle de critique ordinaire et universel. […] Une fois mis en goût de voyage et cette nouvelle vocation reconnue et déclarée, Théophile Gautier ne chôma plus et ne résista qu’autant qu’il était retenu par sa chaîne au cou, « dans la niche qu’on lui avait faite au bas du journal », ainsi qu’il s’est lui-même représenté.

144. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Alfred de Vigny dit dans son journal que Shakespeare, le calme et puissant Shakespeare, étouffe dans le drame, et qu’on sent bien qu’il y étouffe ; eh bien, lui aussi, Alfred de Vigny, étouffait dans le drame de la vie, mais il le jouait si bien qu’on ne sent qu’aujourd’hui qu’il y étouffait ! A présent qu’on lit son journal, on se demande ce qu’a gagné à être du xixe  siècle ce noble esprit, qui, au Moyen Age, aurait été aussi heureux qu’il était sublime ! […] Dans ce journal, il n’y a pas que le Vigny de l’incrédulité et du désespoir, le penseur à côté de la question de Dieu et de la destinée de l’âme. […] « Si j’étais peintre, je voudrais — dit-il encore dans son journal — être un Raphaël noir : forme angélique, couleur sombre. » Mais en réalité il l’était, un Raphaël noir, ce lumineux ! […] Œuvres complètes ; Journal d’un poète (Pays, 15 mai 1860 ; Nain Jaune, 24 janvier 1867).

145. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 520

Le plus connu & le plus estimé est son Journal littéraire, qui parut d’abord sous le titre de Bibliotheque universelle, puis sous celui de Bibliotheque choisie, enfin sous le nom de Bibliotheque ancienne et moderne, & qui forme en tout 82 volumes. […] On pourroit former un très-bon Recueil de son Journal, sous le titre d’Esprit de le Clerc ; il faudroit pour cela qu’un homme de goût se chargeât de ce travail.

146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

On l'a même insinué dans un Journal* où les absurdités devroient être sans conséquence. […] Mais, après avoir rendu justice à leur honnêteté, je suis fâché de ne pouvoir trouver solides les plaintes énoncées dans leurs Lettres particulieres, & dans le Journal Helvétique. […] Abauzit les connoissances qu'on me fournit aujourd'hui de Geneve, & dans le Journal Helvétique ; telle est celle dont je m'exprimerois, si j'avois à retoucher son Article. […] A propos du Journal Helvétique, permettez, Monsieur, que je réponde à un autre objet qui me regarde. On a inséré dans ce Journal (eh !

147. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Sa manière de juger les ouvrages dans le Journal des Savants se rapportait en toute convenance à celle que ce journal a conservée, et que M. […] Dans un article du Journal encyclopédique (octobre 1788), M. […] Guérard indique encore deux autres pièces de vers insérées dans le même journal. […] Journal des Savants, mars et décembre 1823. […] Journal des Savants, décembre 1827. — M.

148. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 513

On prétend que sa Bibliographie Parisienne, dans laquelle il rendoit compte de tous les Livres qui s’imprimoient à Paris, a donné la premiere idée des Journaux, & que ce ne fut que d’après cette espece de Catalogue que M. Sallo conçut le dessein du Journal des Savans.

149. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Préface »

Maintenant, dans un Journal, comme celui que je publie, la vérité absolue sur les hommes et les femmes, rencontrés le long de mon existence se compose d’une vérité agréable — dont on veut bien ; mais presque toujours tempérée par une vérité désagréable — dont on ne veut absolument pas. […] Ce volume du Journal des Goncourt est le dernier qui paraîtra de mon vivant.

150. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIX » pp. 277-278

Les journaux ne savent plus trop à quoi se prendre pour faire de l’opposition : ils se chamaillent du mieux qu’ils peuvent. […] On remarque depuis quelque temps le rôle politique singulier que prend la Presse, journal jusque-là très-pacifique et conservateur.

151. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il rédigeait alors, sous le nom du Peuple constituant, un journal auquel son nom et son talent devaient donner une influence décisive sur l’opinion républicaine. […] Je le vis, je fis quelques sacrifices d’argent pour soutenir son journal, et je lui donnai rendez-vous secret à dîner une fois par semaine chez une femme de beaucoup d’esprit et de beauté, déjà célèbre, madame d’***, avec laquelle j’avais été lié plusieurs années avant la révolution et qu’il voyait assidûment lui-même. […] Ne trouvez donc pas étrange que je la reconnaisse à son armure, et qu’en voyant sa belle compagne anonyme, j’y devine madame la marquise de L… Notre reconnaissance dans ce désert ne peut leur faire aucun tort en France. » Les journaux suivants que nous trouvâmes à notre retour de Balbek, nous apprirent que j’avais eu raison. […] M. de Villèle, ministre tout-puissant, avait donné à Genoude le privilége du journal l’Étoile, dont il joignait la propriété à celle de la Gazette de France. […] Il entreprit aussi, grâce aux annonces perpétuelles et sans frais de ses journaux, le monopole de la traduction de la Bible et l’édition de plusieurs ouvrages mystiques.

152. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Ce chien est le chien du marchand de journaux d’ici. […] Un jour donc qu’il regardait piteusement son maître fondre des sels dans l’écuelle habituelle de ses purgations, et qu’il voyait, la chose faite, tout-à-coup le marchand de journaux porter l’écuelle à sa bouche, alors cet animal éclatait de rire, du rire le plus humain. […] Je ne suis rassuré qu’à moitié, il ne faut, pour changer cela, qu’un caprice de gouvernant ou un article d’un grand journal. […] Forcé de poursuivre un journal républicain, il se pourrait très bien que le gouvernement, pour paraître tenir la balance égale, eût la faiblesse de faire asseoir en police correctionnelle, un homme que La Marseillaise vient de peindre, ce matin, comme un familier de Compiègne — où il n’a jamais mis les pieds. […] On a évoqué le nom de M. de Germiny « moins digne d’une punition que moi », et un journal a été jusqu’à demander, que l’auteur de La Fille Élisa soit enfermé dans une maison de fous, ainsi que l’auteur de Justine, le fut par ordre de l’empereur Napoléon Ier.

153. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 437

En changeant souvent le titre de ses Journaux, il ne put parvenir à les rendre meilleurs. […] Le meilleur ou le moins mauvais des Ouvrages de Camusat, est une Histoire critique des Journaux, où l’on trouve aussi celle de tous les Journalistes que la France & la Hollande ont produits.

154. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

À tout bout de champ de ce livre, intitulé : Paris, — journal du siège — et qu’il faudrait intituler : Quinet, et ses exploits pendant le siège — elle ne nous parle que de M.  […] Elle réimprime ses vieux journaux, comme si c’étaient là les bulletins de la Grande Armée… de Paris ! Un jour, avec l’emphase propre aux Quinet, mari et femme, ce bon ménage en tout, même en amphigouri, elle dit : « Mon mari vient d’écrire, sous les obus, sa Victoire morale » (c’est un article de journal), comme si on écrivait autrement que sous les obus dans ce temps-là, quand on écrivait à Paris ! […] Paris, — Journal du Siège.

155. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Son poème s’imprime ; il a d’avance choisi les amis qui doivent en dire du bien dans les journaux ; il les consulte sur l’impression, il les cultive tous les matins. […] Le jour de la publication, les journaux de toutes couleurs ont eu chacun leur fragment approprié. […] Alloury accorde à Mignet pour son éloge de Portalis (Journal des débats du 30 mai 1860) entre autres qualités, l’atticisme. […] Veuillot, alors sans journal et mis à pied, comme on dit. […] Il y avait alors un journal auquel le nom de ses rédacteurs, MM. 

156. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 299

Il a aussi travaillé, pendant quelque temps, à un Journal, sous le titre d’Histoire littéraire, dont il reste cinq ou six volumes. Ce Journal eut peu de succès, peut-être parce qu’il avoit le mérite rare de l’impartialité.

157. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « Conclusion »

Gabriel Colin, qui dans l’Univers, le Bulletin de la Société d’éducation et bien d’autres Revues, s’est fait le propagateur sincère de nos théories ; Elzéar Rougier, mon fidèle ami de doctrine et d’idées, qui répand la bonne parole littéraire en province ; Michel Salomon, qui nous défend si vaillamment dans le Journal de Genève ; Ch. […] Gaston Deschamps dans le Temps, Blum dans Gil Blas, Ballot dans le Figaro, Ernest Charles dans la Revue bleue, Bertaut dans la Revue hebdomadaire, Guerlin dans la Revue Mame, Adolphe Brisson dans les Annales, Masel dans la Revue du Midi, Durand-Gréville dans le Journal de Saint-Pétersbourg, etc.‌

158. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Le Journal de son voyage, publié très tard pour la première fois, en 1774, n’a rien de curieux littérairement ; mais moralement, et pour la connaissance de l’homme, il est plein d’intérêt, C’est un simple récit, en partie dicté, et de l’écriture d’un secrétaire, en partie de la main de Montaigne, et dont une portion considérable, plus d’un tiers, est même écrite par lui en italien, pour s’y exercer et s’y entretenir. […] On ne sent jamais mieux qu’en lisant ce Journal de voyage et de santé combien Montaigne était né heureux. […] C’est dans cette traversée du Tyrol, à l’arrivée à Brixen, que se trouve dans le Journal une première page tout à fait agréable, et qui nous montre au vrai le Montaigne habituel que nous connaissons, mais avec ce redoublement de belle humeur et de sérénité que lui donne le voyage : « Brixen, — très belle petite ville, au travers de laquelle passe cette rivière (d’Eisock) sous un pont de bois : c’est un évêché. […] Voici le beau passage de cette seconde partie du Journal, et qui mérite de faire pendant à celui que nous avons déjà vu au sortir du Tyrol. […] Voir le Journal général de l’Instruction publique du 8 mai 1861.

159. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 517-518

La partie qui comprend le dix-septieme Siecle n’a pas dû couter beaucoup à l’Auteur ; il n’a fait que copier les Extraits du Journal des Savans ; mais comme M. l’Abbé du Pin avoit travaillé long-temps à ce Journal, il peut se faire qu’il n’ait fait que revendiquer un bien qui lui appartenoit.

160. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

* * * Donc, la semaine dernière, à propos de la mort d’une dame qui fut évidemment une femme de bien, les journaux abondèrent en louanges si enthousiastes sur la charité de la défunte, que je ne vois guère ce qu’on y eût pu ajouter s’il se fût agi de saint Vincent de Paul ou de la Sœur Rosalie. […] Le chiffre a été donné par un journal monarchiste, religieux et mondain. Et, soit dit en passant, il est remarquable que de telles révélations, et sur des choses d’un ordre si privé, puissent être faites par les journaux, et que celle-là en particulier, si propre à étonner les pauvres et à les induire en de mauvais sentiments, nous ait été apportée par une gazette dont l’emploi ordinaire est de défendre ce qui nous reste du vieil ordre social et, spécialement, l’aristocratie du nom et celle de l’argent et leurs conjonctions si intéressantes… Une fortune de cent quatre-vingts millions, si elle n’a pas été mal acquise, n’a pu être acquise pourtant que par la spéculation, qui est une forme du jeu et qui, étant la recherche du gain sans travail, est, aux yeux d’un chrétien, sur la limite extrême des choses permises.

161. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 363-365

Gaillard est chargé de la partie Littéraire du Journal des Savans ; ce qui est certain, c’est que, depuis quelques années, depuis sur-tout que la Philosophie cherche à s’emparer des Tribunaux littéraires, ce Journal est devenu, comme la plupart des autres, un dépôt d’encens pour les Philosophes du jour, ou de critiques injustes à l’égard de ceux qui ne le sont pas.

162. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Quelques journaux annoncèrent cette lecture, et, quelques jours après, nous écrivions à M.  […] Tous les journaux ont raconté ce qui s’y passa. […] Nous, auxquels le ministère de la police d’alors donnait l’avertissement de ne plus écrire dans les journaux ! […] Dans la première édition d’Henriette Maréchal, nous avons dit, d’après l’annonce des journaux de théâtre, que nous avions été reçus à l’unanimité. […] Un journal nous a accusé de nous être inspiré pour le type de Boussanel du Cimourdain de M. 

163. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

On l’envoya rédiger des journaux en province, à Rouen, à Périgueux ; il s’y fit la main, il s’y forma l’esprit, il y connut les hommes, et conçut d’emblée fort peu d’estime pour l’espèce en général, sauf un petit nombre d’exceptions. […] Veuillot ne tarda pas à renoncer aux journaux du gouvernement à la tête desquels son talent, apprécié déjà, l’allait placer ; il entra dans les journaux religieux (1842) et bientôt devint à l’Univers le rédacteur principal et le seul en vue, le champion qui, pendant près de dix-huit ans, porta le poids des discussions, des attaques et des colères. […] C’est l’œuvre d’un La Bruyère ligueur, voisin des halles, vengeur des paroisses, qui profite habilement de la languerévolutionnaire et s’en fait un ragoût de plus ; qui s’en donne à cœur-joie et à lèche-doigts ; qui, à défaut de Versailles où il n’est pas allé, se rabat et tombe sur la haute et basse bourgeoisie, sur la gent parlementaire, la gent écriveuse, grosse et menue, le fretin des journaux, la province ; mais qui, jusque dans le trivial et l’injurieux, dans ce qui dégoûte et repousse, a gardé l’art de l’imprévu, l’art de réveiller à chaque coup son lecteur par la variété des tons, le contraste des fragments, le brûle-pourpoint des apostrophes, tout ce qui supplée au manque de transitions. […] En dehors des journaux, M. 

164. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Un reporter de ce journal, M.  […] Mais il se garda bien de transcrire l’alinéa litigieux dans son journal. […] par Fénelon, — l’écrivain lettré de 1896 joue d’un clavier plus étendu que le collaborateur du Petit Journal, ou que M.  […] D’autre part, quelques sympathies entre littérateurs actuels et prédécesseurs sont typiques à noter, et achèveraient de souligner le caractère lettré de ce qu’on appelle l’école nouvelle, c’est-à-dire des jeunes gens d’orientation diverse, mais du même âge et de mêmes journaux. […] Tandis que les notoires qui les précédèrent étaient éclos dans l’atmosphère des journaux gais et des théâtres légers, eux apprirent il penser dans les gymnastiques supérieures de Hume, de Bossuet, de Schopenhauer, de Claude Bernard.

165. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Le journal, suivant lui, n’est, pour ainsi dire, qu’un dessert d’esprit ; il faut faire provision de pain et de viande solide avant de se disperser aux friandises. « Je vous l’ai déjà dit, écrit-il encore à son frère, la démangeaison de savoir en gros et en général diverses choses est une maladie flatteuse (amabilis insania), qui ne laisse pas de faire beaucoup de mal. […] Il s’était pris d’admiration et d’émulation pour la belle invention des journaux par M. de Sallo, pour ceux que continuait de donner à Paris M. l’abbé de La Roque, pour les Actes des Érudits de Leipsick. […] Dans une note du Journal des Savants (juin 1836), M.  […] Simon de Troyes, dans laquelle il décrit à cet ami un dîner et la conversation qu’on y tint (février 1686) : Aux journaux de Hollande il nous fallut passer ; Je ne sais plus sur quoi ; mais on fit leur critique. […] Tout faiseur de journaux doit tribut au malin.

166. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Les fils  »

Saint-Marc Girardin, cet agréable badin, nous raille aujourd’hui dans le Journal des Débats sur ce que nous avons dit de l’hérédité des esprits en littérature40. […] Extrait du journal le Constitutionnel.

167. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Passé midi, plus rien : la lecture des journaux, sa correspondance qu’il faisait lui-même, n’ayant jamais eu de secrétaire, — et des promenades. […] Le jour tombé, il ne lisait pas, aux lumières, une ligne d’un journal, une ligne même d’une lettre : il la mettait dans sa poche, disant qu’il la lirait le lendemain. […] Ç’a été d’abord les romans naturistes que j’ai écrits, puis les pièces révolutionnaires que j’ai fait représenter, enfin en dernier lieu le Journal. […] Et je lis dans Le Figaro, un article de Magnard, qui, en blâmant indulgemment mes indiscrétions, déclare que mon Journal sue l’authenticité . […] Cette interdiction m’a tout l’air d’avoir été amenée par des passages de mon Journal, pendant mon séjour à Munich chez Lefebvre de Béhaine… Est-ce que j’appelle la guerre ?

168. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Fiévée et d’autres amis à la rédaction de La Quotidienne, et dès lors sa vie se partage entre cette guerre de journaux et la composition de sa grave Histoire. […] « Qu’il soit permis aux journaux, disait-il, de faire l’office d’un réverbère. […] La Correspondance d’Orient, qui est le journal de ce voyage entrepris par M.  […] [NdA] On ne manqua pas de le faire, dès le début de la seconde Restauration, dans un article très calculé et très perfide du Journal général de France, numéro du 19 août 1815. […] Ils n’osent se livrer à leur mauvais génie ; on voit qu’ils sont contenus ; mais le bout de l’oreille perce… J’entends que les journaux servent le gouvernement, et non contre.

169. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Le frère de Franklin commença vers 1720 ou 1721 à imprimer un journal ; c’était le second qui paraissait en Amérique. […] Cependant son frère fut arrêté et emprisonné par ordre du président de l’Assemblée générale du pays pour avoir inséré un article politique d’opposition : il ne fut relâché que moyennant défense de continuer à imprimer son journal. Il éluda cette défense en passant le journal sous le nom de son frère, le jeune Benjamin, auquel il remit à cet effet, et pour la forme, son brevet d’apprentissage avec libération ; il fut convenu toutefois, par un nouvel engagement destiné à rester secret, que Benjamin continuerait de le servir comme apprenti jusqu’au terme primitivement convenu. […] Après avoir donné quelques articles dans le journal déjà existant à Philadelphie, il ne tarda pas à avoir lui-même sa gazette, dont il était l’imprimeur, et à disposer ainsi des principaux moyens d’influence et de civilisation dans la ville et dans la province. […] Jamais on n’a mieux usé du journal, ni plus salutairement que lui.

170. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Duval ; maintenant en voici les effets désastreux : Comme les jeunes rédacteurs d’un journal scientifique et littéraire emploient beaucoup de talent et d’esprit à prouver que tous les ouvrages français n’ont pas le sens commun et à proposer pour modèles les étrangers, qui n’ont pas d’autre théâtre que le nôtre, il s’en est suivi : 1° que, de nos jours, tout vise à l’originalité, au bizarre ; que la vraisemblance et la raison sont bannies ; et que, à force de chercher la vérité, on arrive au trivial pour tomber bientôt dans l’absurde ; 2° que les jeunes gens, égarés par les prédicateurs des nouvelles doctrines, ne sachant plus quelle est la meilleure route, de celle qu’ont suivie nos pères ou de celle qu’on leur indique, se bornent, en attendant la solution du problème, à faire des tiers de vaudevilles, ou à mettre de petits articles dans les journaux littéraires ; et que notamment l’un d’entre eux, à force d’esprit et de savoir-faire, en est venu (ô scandale !), en faisant sa fortune, à faire celle de plusieurs théâtres ; 3° enfin, qu’à cette misérable anarchie dramatique se joignent d’impudents plagiats, des billets donnés à la claque, et des éloges payés dans les journaux. […] En vérité, il serait temps qu’un journal qui se pique de représenter quelque chose en France songeât à purger sa littérature do tant de vénalité jointe à tant d’ineptie, et qu’il essayât au moins de la rajeunir comme sa vieille politique.

171. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXV » pp. 144-146

— Les enfants qu’on fait débuter à l’Odéon, frère et sœur de mademoiselle Rachel, s’appellent Raphaël et Rébecca, un Cid et une Chimène, — deux jeunes et intéressants Israélites, comme disent les petits journaux, — deux enfants hardis et de race, qui ne doutent de rien. — Léon Gozlan est auteur de plusieurs romans dont aucun ne se désigne bien particulièrement ; mais il fait très-bien dans les Revues de jolis articles fantastiques qui doivent faire envie parfois à Charles Nodier lui-même, et qui sont, en effet, spirituels. […] (Aussi Janin et le journal la Presse lui sont-ils relativement très-favorables, et plus qu’il ne faudrait.)

172. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lapaire, Hugues (1869-1967) »

[Le Journal (1896).] […] [Le Journal (1899).]

173. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Avant de les apporter au journal, il lisait ses nouvelles à la main à une jeune ingénue qu’il rencontrait quelquefois chez lui. […] Voyez-vous ce monsieur qui tient un journal dans ses mains qui tremblent ?  […] Il vient de découvrir un bourdon ou une coquille ; il court au journal ; il entre dans les bureaux comme un ouragan ; il se plaint avec violence. […] Quelquefois même, c’est lui qui dessine la vignette du journal— et c’est encore lui qui la grave. […] L’amabilité se retrouvera au bout de sa plume le jour où il se rassemblera autour de sa table de rédaction pour faire le journal.

174. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 179-181

Il a le secret de pervertir les genres ; & le Journal Ecclésiastique, qu’il a fait succéder au Journal Chrétien, dont son style a hâté la ruine, se ressent encore plus de la fatalité de sa plume.

175. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

» Mardi 9 mars Annonce aujourd’hui dans Le Figaro, de la publication du Journal des Goncourt, pour le mois de juillet. […] Elle est veuve, a une fille de trente ans, qui vient me demander de faire passer dans un journal, une petite nouvelle. […] C’est vraiment beau, le manque de jugement personnel du Parisien éclairé, asservi absolument au jugement du journal qu’il lit. […] Louis Blanc avait entendu dire, qu’un nommé X***, qui fut un moment le médecin de la duchesse de Berry, avait tenu un journal… Ce médecin demeurait en province. […] » Et il sort de sa bouche un flot de paroles colères, qu’il termine ainsi : « Oui, cet homme me tue… me rend tout impossible… je ne vous parlais pas de ce journal, parce que je voulais en faire un livre… mais je sens que, lui là, je ne pourrai jamais le faire… Vous me paraissez un galant homme.

176. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

On nous envoie un journal, le Jacobin, que nous brûlons régulièrement tous les matins. » — « Mais vous avez donc reçu de l’éducation ?  […] Ce n’est point d’ordinaire la chaleur ni aucune inspiration émue ou éloquente qui distingue les écrits littéraires sortis de cette plume de savant ; soignés, élégants, d’une justesse ornée, parfois d’une simplicité un peu coquette, ils sont en général destitués de mouvement et de vie : un seul de ses écrits fait exception, c’est le précis intitulé : Essai sur l’Histoire générale des Sciences pendant la Révolution française, qui avait été composé pour servir de préface à une nouvelle édition du Journal des Écoles normales, et qui fut publié séparément (1803). […] Ainsi se vérifia cette assertion hardie d’un membre du Comité de salut public : « On montrera la terre salpêtrée, et cinq jours après on en chargera le canon. » Certes, de telles pages, si fermes, si continues, et où la précision s’allie au mouvement, ne font pas tort à la verte jeunesse de celui dont nous avons si longtemps goûté les beaux, exacts et un peu froids articles dans le Journal des Savants. […] J’aurai pourtant à faire remarquer plus tard que, dans ses articles des dernières années au Journal des Savants, sa manière était arrivée à une sorte de perfection et d’excellence ; sa diction proprement dite était accomplie, d’un choix très-pur dans les termes et d’une délicatesse extrême ; il avait fini par y porter comme un instrument de précision. […] Biot littérateur que dans les articles de sa vieillesse au Journal des Savants.

177. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Il y a, de par le monde, un journal illustré qui s’appelle La Vie parisienne, comme si tous ses rédacteurs étaient des Balzac, des Gozlan et des Gavarni, et cet audacieux journal n’est pas mort sous son terrible titre. […] Mais enfin si ce n’est pas exactement toute la vie parisienne que ce journal, c’en est une partie. C’en est la mousse, le pétillement, la surface, les petits vices, — viciolets — les élégances, et les élégances jusqu’aux extravagances, tout cela très animé d’esprit, très cinglant d’ironie, très indifférent — et même trop — à la morale, et j’allais presque dire à la littérature ; car les hommes de talent qui font ce journal ont le dandysme de ne pas se montrer littéraires… Ils ont l’hypocrisie charmante d’être des hommes du monde et des observateurs de salon. […] Le hasard, il est vrai, le hasard des journaux, qui est bien plus abracadabrant que le hasard des livres, n’avait mis sous mes yeux que les deux premières parties du livre.

178. (1887) La banqueroute du naturalisme

C’est ce qui vient d’arriver : et le volume n’a point encore paru, le journal de M.  […] Au moyen des journaux, des faits divers et des comptes rendus de cours d’assises, au moyen des commentaires dont le « chroniqueur judiciaire » ne manque jamais à les faire suivre, — pour opposer, comme l’on sait, la dépravation cynique des campagnes à l’honnête, l’élégante et l’inoffensive corruption du boulevard, — M.  […] Feu Ponson du Terrail était plus scrupuleux : il tuait au moins de temps en temps Baccarat et Rocambole, et, pour les ressusciter, il attendait que les abonnés du Petit Journal ou de la Patrie les eussent instamment redemandés. […] Francisque Sarcey nous rappelait l’autre jour ; et, combien il avait raison, c’est ce que les journaux nous prouvaient à l’envi l’un de l’autre, à commencer par le Figaro. […] C’est ici la part du public, après celle des journaux.

179. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Sous les galeries du Luxembourg, bourdonne l’impatience des étudiants, attendant les journaux du soir. […] Entre-t-il par le plus grand des hasards un journal de Rouen, on le donne, en fac-similé, ainsi que la plus inestimable des raretés. […] » éclatent sur toute la place, et de nouveaux bataillons se précipitent par la rue de Rivoli, suivis d’une voyoucratie vociférante et gesticulante… Dans ce moment une vieille dame qui me voit achever le journal du soir, me demande, ô ironie, si le cours des fonds publics est dans mon journal. […] Le premier journal que j’achète, m’apprend que le bombardement est commencé. On ne sait, chez Brébant, ce soir, que ce qui est au rapport militaire des journaux du soir.

180. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXV » pp. 97-99

« Créer un journal des masses, quotidien, à grand format, à un prix d’abonnement qui ne dépasse pas cinq journées de travail… Voilà, dit-il, cette pensée ! […] Que les bons citoyens trouvent le million, moi je me charge de trouver les hommes… » Ces hommes (les collaborateurs du journal) seraient au fond le véritable pouvoir moral de la nation, les administrateurs de la pensée publique, le concile permanent de la civilisation moderne… Il y a en ce temps-ci quelque chose de plus beau que d’être ministre de la Chambre ou de la Couronne, c’est d’être ministre de l’opinion !

181. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

Que cet ouvrage sérieux ait la fortune rare d’être lu jusqu’au bout, il est aussi promptement oublié qu’un article de journal… Et voilà pourquoi les romanciers sont devenus des journalistes. […] En vérité, je vous le dis, les temps sont proches où les acteurs se borneront à débiter des scénarios sur le théâtre, et les journaux à publier des canevas de romans : ce qui dispensera M. 

182. (1925) Dissociations

Je n’avais eu qu’un quart de seconde d’hésitation, le journal en question assassinant moralement M.  […] Les journaux américains polémiquent à ce sujet, qu’ils n’ont pas su me rendre limpide. […] Cela fut dans le temps annoncé par les journaux. […] Des journaux populaires, cependant, se font les moniteurs du miracle. […] Un journal contait hier que c’est ainsi que s’accomplit le mariage de Pasteur.

183. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

À Paris, on n’en était pas dupe : « En vain les trompettes de la Renommée ont proclamé telle prose ou tels vers ; il y a toujours dans cette capitale, disait Rivarol, trente ou quarante têtes incorruptibles qui se taisent ; ce silence des gens de goût sert de conscience aux mauvais écrivains et les tourmente le reste de leur vie. » Mais, en province, on était dupe : « Il serait temps enfin, conseillait-il, que plus d’un journal changeât de maxime : il faudrait mettre dans la louange la sobriété que la nature observe dans la production des grands talents, et cesser de tendre des pièges à l’innocence des provinces. » C’est cette pensée de haute police qui fit que Rivarol, un matin, s’avisa de publier son Petit almanach de nos grands hommes pour l’année 1788, où tous les auteurs éphémères et imperceptibles sont rangés par ordre alphabétique, avec accompagnement d’un éloge ironique. […] Dès avant le 14 Juillet, il avait dénoncé la guerre dans le Journal dit politique-national, publié par l’abbé Sabatier. […] Dans ce Journal, dont le premier numéro est du 12 juillet 1789, Rivarol se montre, et avant Burke, l’un des plus vigoureux écrivains politiques qu’ait produits la Révolution. […] Tout le règne actuel peut se réduire à quinze ans de faiblesse et à un jour de force mal employée. » Dans tout le cours de ce Journal, Rivarol se dessine avec énergie, éclat, indépendance, et comme un de ces écrivains (et ils sont en petit nombre) « que l’événement n’a point corrompus. » Dès les premiers numéros du Journal et dans l’intervalle du 14 Juillet au retour de M.  […] Nous ne pouvons indiquer tout ce qui paraît de saillant et de bien pensé dans ce Journal de Rivarol quand on le relit en place et en situation.

184. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Pour cet essai de reconstruction d’une société si proche tout à la fois et si éloignée de nous, nous avons consulté environ quinze mille documents contemporains : journaux, livres, brochures, etc. […] Le public n’ignore pas que le catalogue des journaux de la Révolution, dressé par Deschiens, forme seul un volume in-8 de 465 pages. […] Des reproches qui ont été faits aux auteurs dans les journaux et les revues, quelques-uns leur ont paru mériter plus particulièrement une réponse. […] François Barrière, qui, dans le Journal des Débats les a payés de deux années de veilles, et qui a bien voulu donner à leur travail historique l’autorité d’une critique compétente et presque d’un témoignage contemporain. […] Il feuillettera les journaux, et descendra à ces feuilles éphémères et volantes, jouets du vent, trésors du curieux, tout étonnées d’être pour la première fois feuilletées par l’étude : brochures, sottisiers, pamphlets, gazetins, factums.

185. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Les poètes n’ont pas le droit de dire des mots d’hommes fatigués… « “Un journal” comme le vôtre, c’est de la France qui se répand. C’est de la colère spirituelle et lumineuse qui se disperse ; et ce journal sera, certes, importun à la pesante masse tudesque victorieuse, s’il la rencontre sur son passage ; la légèreté de l’aile sert la furie de l’aiguillon. […] » Et cette autre : — « Dans le Temps, ce journal qui est en train de lâcher, non pas M. 

186. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

Et ce n’est pas seulement à l’école ou au lycée, quand on fait ses devoirs par obligation, qu’on ne trouve rien à dire : plus tard, dans le inonde, on aime à causer, on veut écrire à de chers amis, on fait le projet de noter ses impressions dans un journal intime. On s’attend à s’épancher : on se trouve à sec, si l’on ne veut nourrir ses causeries et ses lettres de commérages et de niaiseries, ou remplir son journal du détail extérieur et insignifiant de sa vie.

187. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Sainte-Beuve s’amuse à défaire dans un journal ce qu’il fait à l’Académie. […] Le Journal des Débats parlera. — Que dis-je ? […] Lireux a franchi la double difficulté avec cette agilité du chat qu’on acquiert dans la pratique du petit journal. […] Dans les grandes solennités, il se pose en homme littéraire du journal. […] Le moyen, dans de pareilles conditions, de rendre un journal attrayant ?

188. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Bailly, sont en train de se répandre, de semer leurs primeurs de poésie en maint journal ; ils n’ont pas jusqu’ici recueilli leurs gerbes ; d’autres, qui les avaient rassemblées et accumulées en silence, nous les versent à nos pieds pêle-mêle, sous ce titre même : les Gerbes déliées, par Louis Goujon43. […] Quand je lis des vers nouveaux, que je parcours un de ces frais recueils qui viennent de paraître, ou même un choix de poésies dans un journal, je me dis presque aussitôt : « Ah ! […] On est moins à l’étroit dans un livre que dans un journal. […] Un vol. in-18, librairie du Petit Journal, boulevard Montmartre, 21 ; 1864.

189. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Patin en publiait un dans le Journal des Débats : il y rendait un juste et complet témoignage à l’ami de toute sa vie. […] C’est un bâtiment parfaitement accommodé pour une cinquantaine de cours de diverses facultés. — Je n’ai que l’embarras du choix tous sont ouverts sans nulle façon. — Sur la même place est un grand bâtiment dit Muséum qui est le casino des professeurs et des étudiants, des bourgeois et des étrangers, immense collection de journaux où règne le silence dans les salons de lecture, et qui contient une bibliothèque libéralement servie, des salles de conversation paisible, un vaste salon de concerts, institution des plus honorables (j’omets la fameuse bibliothèque de Heidelberg qui est à la disposition du public). — Enfin je me trouve ici sollicité par une prodigieuse envie de tout lire, de tout entendre, de tout voir et de tout dire, — de m’emparer de la langue la plus familière, de tous les cours, de tous les professeurs, de tous les journaux, de tous les livres, de tous les paysages et de toutes les montagnes. […] Villemain, et je ne puis m’empêcher de croire qu’il n’ait en vue un moyen, bien simple pour lui, de rendre une convenable justice à votre travail sans en écrire pour les journaux.

190. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Jamais — dans aucune administration de journaux — on ne vit porteur de ce jarret, matinal et infatigable, pas même quand Victor Hugo et son frère, ces demi-dieux, Castor et Pollux des portes cochères sous lesquelles ils apparaissaient tour à tour, alternaient, comme porteurs d’un journal qu’ils avaient fondé, et par la très excellente raison qu’à eux deux ils n’avaient qu’une paire de bottes ! […] Louis Veuillot quittait un journal que sa personnalité remplissait comme le bon vin remplit la coupe. Eh bien, pas un abonné de ce journal, dont il était la vie et la gloire, n’a bougé, et je crois même qu’il en est venu d’autres !

191. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

John Lemoinne, lequel y est entré, lui, à califourchon sur le dos du Journal des débats, comme un jockey lassé de courir, heureux de trouver l’écurie. […] Il gaufre, depuis plus de quarante ans, au Journal des débats. […] Si celui-ci est du Journal des débats, M.  […] Je n’écris pas pour le Journal des inscriptions, et l’importance du livre de M. 

192. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

Laissez ici le Journal des Débats s’escrimer contre les Jésuites, et M. de Molènes relever le gant de Voltaire en y mêlant beaucoup de musc. […] Flourens vient de recueillir ses articles du Journal des savants sur Buffon : Histoire de ses travaux et de ses idées.

193. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Ernest Renan, dans le Journal des Débats (17 décembre 1859), en s’en prenant à Béranger, dont il déclara n’avoir lu les chansons que fort tard et comme document historique, faisait le procès à l’esprit français lui-même, et s’attaquait à un coin radical de cet esprit, la goguette, la gaudriole, la malice narquoise et gauloise, se glissant en tout sujet et se gaussant des choses les plus graves. […] Dînant chez le peintre Guérin (1812) avec Arnault, Roger et Auger, tous deux rédacteurs alors du Journal de l’Empire, on lui fit chanter de ses chansons, et il obtint un petit triomphe : « Je n’en ai chanté que des gaillardes ; toutes ont obtenu des applaudissements extraordinaires ; Auger, surtout, me les a demandées avec instances ; et, si grands que soient les éloges que tous m’ont donnés, il m’a semblé qu’ils y mettaient de la bonne foi. […] Etienne a l’idée de le faire entrer au Journal des débats pour les feuilletons de théâtre, à la place de Duviquet, successeur de Geoffroy. […] J’aurais tout cela moins que Geoffroy, bien d’autres qualités moins encore, et je n’aurais de plus que lui qu’un amour de justice qui ferait des ennemis au rédacteur et pas un abonné au journal. » Parmi tous ces motifs de refus, il y en avait encore un autre, et le principal, que le malin ne mettait pas en ligne de compte, mais que le démon lui soufflait tout bas : c’est qu’il allait saisir la Renommée par un autre bout de l’aile. […] Faire des chansons, voilà mon métier… » Et quelque temps après, quand ces folies et ces fureurs amènent la répression, mais aux dépens des journaux qu’on censure, il y voit un nouvel à-propos, une occasion qui lui est offerte de plus belle : « La presse est esclave, il nous faut des chansons. » — C’en est donc fait, arrière les longs poëmes !

194. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

C’est bien l’homme qui a essayé d’acclimater en France le journal moral à l’imitation du Spectateur : Marianne et Jacob sont d’infatigables moralisateurs. […] Dans son journal le Pour et le Contre, suivant l’exemple des journaux littéraires rédigés par les réfugiés de Hollande, il s’occupe beaucoup de l’Angleterre ; c’est lui qui plus tard met en français Paméla (1742) et Clarisse Harlowe (1751). […] Le journal le Pour et le Contre parut de 1733 à 1740, 20 vol. in-12. Prévost rédigea aussi le Journal étranger en 1755. — Éditions : Œuvres choisies, Paris, 1783 et suiv., 54 vol. in-18 ; 1810 et suiv., 55 vol. in-8.

195. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Au château de Genlis, où elle passe une saison, elle trouve le temps de jouer la comédie toujours, de faire de la musique, d’écrire un journal de tout ce qui se voit ou se dit au château, de lire Pascal, Corneille et Mme de Sévigné, de repasser avec un chirurgien de l’endroit son ostéologie (elle savait déjà l’ostéologie), d’apprendre de plus à saigner. […] M. de Sauvigny (littérateur d’alors spirituel et pas trop médiocre) me guidait dans mes lectures : je faisais des extraits ; j’avais trouvé dans les offices un grand in-folio destiné à écrire les comptes de la cuisine ; je m’en étais emparée, et j’écrivis dans ce livre un journal très détaillé de mes occupations et de mes réflexions, avec l’intention de le donner à ma mère quand il serait rempli. […] Elle publia dans le sens constitutionnel des Conseils sur l’éducation du Dauphin, et ne craignit pas de livrer à l’impression, sous le titre de Leçons d’une gouvernante (1791), une partie des Journaux confidentiels qui se rapportaient à l’éducation des enfants d’Orléans, en assaisonnant le tout de réflexions patriotiques à l’ordre du jour. […] Il ressort pourtant de ces notes du Journal d’éducation que M. de Montpensier avait plus de distinction naturelle, quelque chose de plus fin, et qu’il trouvait que son frère aîné prenait un peu trop rondement les choses ; il le lui exprima même plus d’une fois avec la familiarité d’un camarade et d’un frère. Pour faire un vrai portrait de Louis-Philippe, il faudrait le surprendre dès cette première éducation et dans l’extrait de Journal qu’on a publié de lui (1790-1791), et qui en est la suite naturelle.

196. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Les procès qui avaient été suscités au journal et que lui avait attirés plus d’une audace provoquante, avaient tourné heureusement ; et devant le jury, Carrel, se possédant et se modérant au besoin, obtenait des acquittements qui embarrassaient fort ses adversaires. […] Si j’étais député, je ne parlerais pas à la tribune comme j’écris dans un journal ; mais il faut écrire dans un journal autrement que lorsqu’on parle en public. Quand on fait de la politique dans un journal, c’est comme si l’on criait au milieu d’une foule ; l’individualité est absorbée, et les ménagements qui donnent un certain relief d’habileté à l’individu qui se présente et parle en son nom, éteindraient sa voix quand il parle au nom de tous et parmi tous. […] J’ai dit qu’il manqua l’occasion ; il n’interpréta point en ce sens public une démonstration générale si honorable pour lui ; il craignit de paraître déclamatoire, en datant hautement de ce point de départ nouveau dans sa reprise de plume au journal.

197. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

. — Le Journal d’un poète (1865). […] Paul Bourget Après les poésies, après les romans, voici que paraît le Journal d’un poète, ce précieux recueil de pensées intimes, choisies, avec un tact irréprochable, dans les papiers de l’écrivain mort, par M.  […] Il dit quelque part, dans son Journal : « Le malheur des écrivains est qu’ils s’embarrassent peu de dire vrai, pourvu qu’ils disent.

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