Chaque année il diminue, et son pauvre étalage se fait aussi plus mince et plus léger chaque année. […] L’enthousiasme, lassé par un excessif effort de quinze années, retombe. […] Leur piété facile, leur riante sagesse égayent chaque année la tombe du poète. […] Il devint en peu d’années un grand journaliste. […] Elle ne céda qu’au bout d’une année.
Pendant bien des années les plans de reconstruction de son œuvre furent l’objet de causeries de chaque jour entre Théophile Gautier et nous. […] Belkis attendra ; quelques semaines ne vieilliront pas celle dont la jeunesse se compte par milliers d’années. […] Là nous reçûmes l’impulsion qui nous pousse encore après tant d’années et qui nous fera marcher jusqu’au bout de la carrière. […] Mais, en fait d’art, dans les époques de révolution littéraire, quelques années font beaucoup. […] Après avoir paru une fois au Salon, par surprise sans doute, Rousseau en fut exclu systématiquement pendant de longues années.
Année moyenne, au xviiie siècle, sur les cinq ou six théâtres de Paris, il se donnait à peu près trente ou quarante pièces nouvelles : j’en ai compté quarante-cinq en 1732, l’année de Zaïre, et cinquante et une en 1735, l’année du Préjugé à la mode, qui furent pourtant deux grands succès. […] Lamartine ne l’est pas moins, comme on pourrait s’en convaincre en feuilletant les lettres de ses années de jeunesse. […] J’en ai tant parlé depuis une quinzaine d’années qu’en vérité c’est à peine si j’ose en reparler encore. […] J’estime qu’à cet égard, depuis une quinzaine d’années, l’exemple de M. […] Ai-je tort ou raison de penser que, depuis quelques années, les jeunes écrivains s’y efforcent ?
Malingre et délicat de santé, il n’aurait pas résisté deux années au genre de vie qu’il s’était imposé. […] Mort en octobre 1850, Balzac a donc accompli en moins de vingt années une œuvre dont l’énumération seule donne le vertige. […] Cependant, après plusieurs années de mariage, Paule sent le besoin de vaincre l’opiniâtreté de sa mère et de se rapprocher d’elle. […] Quastana ne serait pas un vrai bandit corse s’il ignorait qu’après vingt années écoulées, il est sauvé par la prescription. […] Claretie a défié les fatigues comme les années.
Yves Guyot, semblable à beaucoup d’hommes d’Etat de ces dernières années, est essentiellement un utilitaire. […] En revanche, cela même permettra d’y suivre l’évolution de l’auteur et de la pensée française durant une vingtaine d’années. […] Pour une année où il n’y aurait pas de pommes, il y en a. […] Mais les élèves y entrent dès l’âge de sept ans et ils peuvent y rester jusqu’à leur vingtième année. […] Il y aura cette année des auteurs bien embarrassés.
Je te donne sa charge et ce que tu voudras de ses biens. » Saroutaki était alors dans la treizième année de son ministère et dans la quatre-vingtième de sa vie. […] Ces logis sont doubles, ouverts derrière et devant sur des jardins, l’un exposé au nord, l’autre au midi, pour les différentes saisons de l’année. […] Il fait admirablement beau s’y promener le soir, durant neuf mois de l’année, parce que, durant ce temps, on arrose les parterres et les chaussées, et l’on couvre de fleurs les bassins d’eau. […] Châh A’bbâs consacra cinq cents toùmâns à l’embellissement de cette place, l’an du Pourceau, qui fait partie des années 1020 et 1021 de l’hégire (1611-12 de l’ère vulgaire). […] Elle fut plantée à Ispahan, et embellie d’un grand nombre d’édifices somptueux, par les ordres et sous l’inspection immédiate de Châh A’bbâs Ier, dans la onzième année de son règne, l’an 1006 de l’hégire (1597-8 de l’ère vulgaire).
Et sur la passion de la peinture de Bracquemond fils, d’après des vitraux, il me confesse avoir ce goût, et avoir travaillé à Chartres, à Reims, et à Notre-Dame, à Notre-Dame, qu’il a habitée la matinée, presque deux années, visitant tous les coins et les recoins des tours, au milieu de ces anges suspendus dans le ciel, ayant comme des mouvements de corps, pour se retenir et ne pas tomber en bas. […] Elle ajoute, qu’habitant Paris depuis des années, elle n’a jamais songé à voir le survivant des deux frères, mais que bien des fois elle a été s’agenouiller sur la tombe du mort, et que vendredi, tout en se réjouissant des honneurs qui me seront rendus, et tout en me plaignant de les recevoir tout seul, elle retournera au cimetière. […] le bleu qui habille les femmes cette année, le bleu qui met sur elles la note dure, que le bleu de Prusse apporte dans la peinture, et n’ayant rien de la nuance céleste dont on le baptise, — et qu’a le bleuet, dans l’ensoleillement de midi ! […] Mercredi 18 septembre La duchesse de Luynes disait à quelqu’un admirant la richesse, le luxe des fleurs à Dampierre : « Mes jardiniers remuent, dans l’année, 600 000 pots de fleurs ! […] » Vendredi 27 décembre Dans ce volume, le dernier volume imprimé de mon vivant, je ne veux pas finir le Journal des Goncourt, sans faire l’historique de notre collaboration, sans en raconter les origines, en décrire les phases, indiquer dans ce travail commun, année par année, tantôt la prédominance de l’aîné sur le cadet, tantôt la prédominance du cadet sur l’aîné : Tout d’abord, deux tempéraments absolument divers : mon frère, une nature gaie, verveuse, expansive ; moi, une nature mélancolique, songeuse, concentrée — et fait curieux, deux cervelles recevant du contact du monde extérieur, des impressions identiques.
En fixant, cette année, les conditions du prix de poésie, M. […] Cette année on a donné le commentaire. […] J’ai pensé que la note était de cette année, et mon erreur, sans grande importance d’ailleurs, est compréhensible. […] Sully Prudhomme pourra me dire, après ma réponse, comme il l’a laissé entendre il y a quelques années à M. […] Heureuses celles qui ont duré quelques années.
Comme dans toutes les régions intertropicales, il n’y a guère qu’une seule et même saison durant le cours entier de l’année, et on n’y observe ni hiver ni été ; on y voit les phénomènes de la vie animale et végétale se reproduire régulièrement, à peu près vers la même époque, ou pour toutes les espèces, ou pour tous les individus d’une espèce donnée, comme il arrive dans les zones tempérées. […] Dans les forêts de l’équateur, la scène est la même, ou peu s’en faut, tous les jours de l’année, ce qui rend d’autant plus intéressante l’étude du cycle quotidien : chaque jour voit apparaître des bourgeons, des fleurs et des fruits ou tomber des feuilles dans une espèce ou dans l’autre. […] La durée de la nuit est constamment égale à celle du jour, les variations quotidiennes de l’atmosphère se compensent et se neutralisent avant le retour du lendemain, le soleil n’est jamais oblique et la température journalière est la même, à deux ou trois degrés près, tout le long de l’année. […] Ces journées se ressemblent, avec du plus ou du moins, d’un bout à l’autre de l’année. […] À certaines époques de l’année, et dans certains recoins ouverts au soleil, les arbres et l’air fourmillent joyeusement d’oiseaux et d’insectes qui boivent la vie avec ivresse ; la chaleur, la lumière, une alimentation facile et abondante, animent et surexcitent ces multitudes.
La satire de d’Aubignac et Les Précieuses de Molière, deux ouvrages de la même année 1654, prouvent l’existence des Précieuses dans cette même année, et aussi leur nouveauté. […] Cependant, avant d’en venir à l’année 1659, où Les Précieuses ridicules de Molière furent mises sur la scène à Paris, recueillons dans le roman de La Précieuse, ou du Mystère des ruelles, et dans les Dictionnaires de Somaise, les traits généraux qui peuvent s’appliquer aux grandes précieuses et aux précieuses ridicules. […] Mais plusieurs jouent pour être en quelque chose à la mode. » Nous n’avons rien à dire les années 1656 et, suivantes, jusqu’à l’année 1659, où Molière donna à Paris la première représentation des Précieuses ridicules. […] Tout cela était gâté par son mauvais goût ; mais elle n’aurait pas été reçue trente années à l’hôtel de Rambouillet, si le mauvais goût n’avait laissé habituellement percer en elle un bon naturel.
Année 1878 Mardi 1er janvier 1878 Ce jour, ce premier jour de l’an d’une nouvelle année, se lève chez moi, comme dans une salle d’hôpital. […] » * * * — La femme de Zola, assez souffrante cette année, tire de sa maladie une beauté rare, faite de la douceur de deux yeux très noirs, dans la pâleur comme éclairée d’un visage. […] Oui, quoique les jeunes semblent jusqu’ici enracinés dans le vieux passé et les vieilles méthodes, j’ai la conviction, que d’ici à peu d’années, même parmi les élèves de l’école des Chartes, il y aura un abandon des siècles antiques, pour remonter aux siècles modernes, et là, avec la documentation de ces temps, ressusciter des morts, parmi cette humanité vraiment galvanisable. […] Je vais enfin m’appartenir, et me donner, pour les années qui me restent à vivre, à l’imagination, au style, à la poésie. […] Le reste de la journée, je la passe dans les petits théâtres, ou avec mes amitiés, mes relations, mes trucs, j’arrive à être d’un quart, d’un sixième dans une pièce, et ça rapporte encore 50 francs ; pour la fin de la journée… Eh bien, cela me fait 36 000 francs par an, je n’en gagnais pas autant avant, quand j’étais à la Bourse. » Mercredi 20 novembre Un sculpteur, qui a passé des années en Angleterre, disait que là, il avait trouvé les plus belles poitrines, les plus charmants torses de femmes, mais que ces femmes n’avaient point la colonne vertébrale mobile, qu’il était impossible d’obtenir de ces corps, ce que vous donnait le premier modèle français venu, un hanchement, une torsion, un contournement, un mouvement de grâce féminin, le penchement d’une Hébé tendant la coupe à Jupiter.
Tous les deux, la même année, faisaient une fin très honorable, seulement avec cette différence que Maucroix persista dans cette fin, si je puis m’exprimer ainsi, tandis que La Fontaine, vous savez d’avance… Je serai court sur le mariage de La Fontaine et ce qui s’en suivit. […] nous allons certainement disputer, nous allons tout au moins discuter pendant des années, peut-être pendant des siècles — je dis nous, les historiens littéraires — sur la fameuse question des torts de La Fontaine et des torts de Mlle de La Fontaine. […] Les amis de La Fontaine car il a des amis très chauds, très passionnés, même encore, même au point de vue de sa vie, de sa biographie, de son caractère les amis de La Fontaine, en ce moment-ci, ou il y a quelques années, et ils continuent, insistent infiniment et grossissent même tous les faits, et ils en ont peu à leur disposition ; ils insistent infiniment sur l’inconduite de Mllc de La Fontaine pour excuser La Fontaine, pour l’innocenter, pour le faire absolument blanc ; pour nous dire par exemple que si La Fontaine a abandonné sa femme, c’est qu’il lui était absolument impossible de demeurer avec elle ; que, s’il n’a pas connu son fils, s’il n’a pas voulu le connaître, c’est qu’il avait peut-être des raisons, c’est qu’il avait certainement, disent-ils, des raisons pour n’être pas sûr qu’il fût son fils, etc. […] Et La Fontaine, en cette année 1657 et les années suivantes, vécut à Paris chez Jannart. […] Bezons, l’année suivante, 1684, Bezons étant mort, Boileau se représenta de nouveau, il fut nommé à l’unanimité, car il y avait un ordre tacite du Roi ; et quand on vint annoncer au Roi la nomination de Boileau, il eut un sourire et il dit : « Je suis satisfait de cette élection.
Partant, prenez patience aussi bien que moi, et continuez à bien faire. » Cette grande et colossale fortune de Sully, ai-je dit, est lente à se construire et à s’élever : au moment où Henri IV entre dans Paris et pendant les années qui suivent, il n’est que simple conseiller d’État. […] Bon nombre de ces conversations secrètes de Rosny, en ces années, se passèrent dans cette posture de respectueuse confidence. […] Durant son voyage, les membres du Conseil des finances lui détachèrent de Paris mille crocs-en-jambe et mille obstacles : il ne se rebuta de rien, prit à partie les officiers qu’il inspectait, de gré ou de force se fit représenter les comptes de l’année courante et des trois précédentes, examina de près toutes les prétendues dettes et les arrérages, les titres et obligations de tous genres, tondit à son tour sur le vif au profit du roi, et fit tant qu’il rassembla bien cinq cent mille écus : De toutes lesquelles sommes ainsi par vous recouvertes vous fîtes dresser quatre petits bordereaux pour vos quatre généralités, où étaient spécifiées par recettes et natures de deniers toutes les sommes par vous voiturées, et iceux signés par les huit receveurs généraux des deux années dernières comme leur ayant été mis ès mains par les receveurs particuliers ; lesquels bordereaux vous portâtes toujours sur vous, et vous vinrent bien à propos… Vous aviez un équipage de soixante et dix charrettes chargées, pour ce que vous aviez été contraint de prendre quantité de monnaie ; à la suite desquelles étaient les huit receveurs généraux, accompagnés d’un prévôt et de trente archers pour l’escorte.
Le troisième tome de Mézeray, contenant le règne de Henri III et les premières années de celui de Henri IV, parut en 1651, c’est-à-dire entre deux Frondes : jamais pour ces sortes d’ouvrages on n’avait joui de plus de liberté. […] Qu’on se figure bien ce que pouvait être l’ordre et l’habitude d’idées d’un homme qui venait de publier l’année d’auparavant son in-folio historique sur le xvie siècle, et des nombreux lecteurs parisiens qui l’avaient goûté. […] Il s’était pris d’amitié dans les dernières années pour un cabaretier de La Chapelle-Saint-Denis nommé Le Faucheur ; il l’appelait son compère, et fit de lui en mourant son héritier. […] Il est trop souvent de ces côtés bizarres et secrets dans le tempérament d’un chacun, de ces recoins de passion ou de vice qui se démasquent et se creusent en vieillissant : avec les années les goûts cachés se découvrent.
Ce qu’on a appelé ses Œuvres et ses Mémoires, et qui ont été remis en lumière récemment47, nous le montrent dès 1661, et dans les années qui précédent la guerre de 1667, déjà formé par l’âme et le caractère. […] On avait déjà des Mémoires de Louis XIV sur d’autres moments de cette guerre, notamment sur la dernière année qui précéda la paix de Nimègue (1678). […] Mais ayant appelé la prudence à mon secours, et considéré que je n’avais ni le nombre de troupes, ni la qualité des alliés requis pour une pareille entreprise, je dissimulai ; je conclus la paix à des conditions honorables, résolu de remettre la punition de cette perfidie à un autre temps. » Depuis cette paix, conclue un peu trop tôt, cette paix brusquée, il le sent, et contre laquelle étaient Turenne, même Vauban, et tous les militaires, si bien qu’il fallut donner à son armée et à la jeunesse guerrière la diversion immédiate de l’expédition de Candie, Louis XIV n’a qu’une idée, celle de se venger ; tout ce qu’il veut, il le veut avec suite, et sans se laisser distraire ; de 1668 à 1671, pendant trois années, il n’est occupé qu’à fortifier ses places, à augmenter ses troupes peu à peu, sans donner ombrage au dehors, à disposer ses alliances du côté de l’Angleterre, du côté de l’empereur et des princes de l’Empire, pour obtenir de ces derniers au moins la neutralité : « Je ne faisais pas un grand fonds sur la solidité de ces alliances que je prévoyais bien ne devoir pas durer longtemps, comme on le verra dans la suite ; mais je comptais pour un grand avantage de pouvoir châtier en liberté, pendant quelque temps, l’insolence des Hollandais, et j’espérais les réduire à souscrire à une paix honteuse, avant que les puissances, mes alliées, pussent être en état de les secourir. » Louis XIV est franc, il ne dissimule pas son motif : il a été blessé et il prétend en avoir raison. […] Je pourrais insister sur d’autres parties de ce Mémoire si digne de son auteur ; j’aimerais à y remarquer une justice rendue en passant à ce modeste et utile officier, Martinet, tué au siège de Doesbourg, à qui Louis XIV accorde, au moment où il le perd, un tribut d’estime et de regret ; je pourrais relever aussi un certain air de satisfaction et de gloire répandu sur l’ensemble et qui couronne la récapitulation, l’espèce d’examen de conscience par où le roi termine le récit de cette magnifique année 1672.
Il l’a bien prouvé dans cet Essai sur la Critique, qu’il composa à vingt et un ans, qu’il garda sous clef pendant plusieurs années, et qui vaut bien, ce me semble, l’Épître aux Pisons, ce qu’on appelle l’Art poétique d’Horace, et celui de Boileau. […] C’est un impuissant qui n’a pu être artiste. » Tout artiste présomptueux avait trop intérêt à cette définition du critique : il s’en est suivi, pendant des années, la pleine licence et comme l’orgie des talents. […] Celui qui n’a pas l’œil fait pour observer toutes ces choses, et qui ne peut d’un seul regard distinguer chaque nuance et chaque teinte dans sa variété, sera d’autant insuffisant par là même dans une des plus essentielles qualités du poète. » Pope n’est certes pas dénué de pittoresque ; il sentait la nature, il l’a aimée et décrite dans sa forêt de Windsor ; condamné par sa santé à une vie sédentaire et ne pouvant voyager vers les grands sites, il avait le goût de la nature champêtre, telle qu’elle s’offrait riante et fraîche autour de lui : il dessinait même et peignait le paysage, il avait pris des leçons, pendant une année et demie, de son ami Jervas ; et comme on lui demandait un jour : « Lequel des deux arts vous donne le plus de plaisir, la poésie ou la peinture ? […] Et il nous montre, dans une série d’exemples, chaque homme resté de plus en plus fidèle en vieillissant à cette forme secrète qui survit à tout et se démasque avec les années, qui s’éteint la dernière en nous et qui met comme son cachet à notre dernier soupir : « Le temps, qui pose sur toutes choses sa main adoucissante, n’apprivoise point cette passion : elle se colle à nous jusqu’au dernier grain du sablier.
Le roi a une grâce d’état ; il se porte aussi bien que si rien n’était arrivé… » Tout à côté des paroles douloureuses et concentrées de la reine, on a de ces journées un récit complet, circonstancié, par une correspondante qui ne va plus cesser d’écrire durant ces trois années, et qui est du caractère le plus naturel, le plus accentué, le plus vif, je veux dire Madame Élisabeth. […] M. de La Fayette, en ces années, était le véritable maître de Paris, et sa probité roide, son étroitesse de vue et de ligne ne permettaient de rien concerter avec lui. […] Il paraît qu’il était avec Mirabeau pendant la plus grande partie des funestes journées d’octobre de l’année dernière : il m’a affirmé que Mirabeau, loin d’y avoir pris aucune part, s’était montré dans cette circonstance exaspéré contre. […] « Je crains de m’être bien trompée, disait-elle, sur la route qu’il aurait fallu suivre. » Que de variations, que de vicissitudes durant cette année (avril 1790-avril 1791) jusqu’à l’heure de la mort de Mirabeau !
Depuis des années qu’il creuse et qu’il fouille, il a trouvé, — pas autant qu’il le voudrait et qu’il le croit, — il a trouvé pourtant assez pour modifier un peu les idées sur ce grand écrivain et peintre, La Bruyère ; il a permis de fixer des points qui, vagues ou incertains jusqu’ici, sont acquis désormais et ne varieront plus. […] Chatel, le 23 novembre 1673 (à l’âge de 28 ans), l’office de trésorier de France au bureau des finances de Caen, et en jouit à partir du 1er janvier 1674. » Ce fut très-peu après cette espèce d’engagement qu’il fut placé, à la recommandation de Bossuet, auprès de M. le Duc pour lui enseigner l’histoire ; il ne garda pas moins son office de finance douze années durant, et il ne s’en démit qu’en janvier 1687. […] Le Privilège de la première édition des Caractères est d’octobre 1687, et depuis le commencement de l’année La Bruyère n’appartenait plus à la finance. […] Jal n’avait pas encore paru et ne fut publié que l’année suivante (1807).
Cette tragédie, si je ne me trompe, est au cinquième acte : le dénouement va paraître. » Il ne se serait point ouvert à lui, comme à un confident, sur le misérable caractère de cette royale famille espagnole, de ce brave homme ou benêt de roi, du prince des Asturies, de la reine, de ce méprisable et inséparable prince de la Paix qui, disait-il, avait l’air d’un taureau : « Le prince des Asturies est très-bête, très-méchant, très-ennemi de la France… La reine a son cœur et son histoire sur sa physionomie, c’est vous en dire assez. » Il ne lui eût pas confié ces princes en personne et ne les lui eût pas donnés tout d’abord pour hôtes à Valençay pour « les bien traiter et leur faire passer agréablement le temps », tout en lui recommandant de les isoler et « de faire surveiller autour d’eux. » Notez bien que cette année 1808, celle de la fourberie de Bayonne, ne fut point du tout une année de disgrâce pour Talleyrand. […] Le salon de M. de Talleyrand, en ces années, était un centre où bien des fils se rejoignaient, et il se plaisait à en jouer. […] Je le pratique depuis seize années ; j’ai même eu de la faveur pour lui ; mais c’est sûrement le plus grand ennemi de notre maison, à présent que la fortune l’a abandonnée depuis quelque temps.
Désormais séparée de sa fille, qu’elle ne revit plus qu’inégalement après des intervalles toujours longs, Mme de Sévigné chercha une consolation à ses ennuis dans une correspondance de tous les instants, qui dura jusqu’à sa mort (en 1696), et qui comprend l’espace de vingt-cinq années, sauf les lacunes qui tiennent aux réunions passagères de la mère et de la fille. […] » Ce serait en vérité se montrer bien ingrat que de chicaner Mme de Sévigné sur cette innocente et légitime passion, à laquelle on est redevable de suivre pas à pas la femme la plus spirituelle, durant vingt-six années de la plus aimable époque de la plus aimable société française8. […] On a un charmant portrait de Mme de Sévigné jeune par l’abbé Arnauld ; il faut qu’elle ait eu bien de l’éclat et de la couleur pour en communiquer un moment au style de ce digne abbé, qui ne paraît pas avoir eu, comme écrivain, tout le talent de la famille : « Ce fut en ce voyage, dit-il en ses Mémoires (à l’année 1657), que M. de Sévigné me fit faire connoissance avec l’illustre marquise de Sévigné, sa nièce… Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de M. son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poëtes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatoit d’agrément dans la mère et dans les enfants ! […] Veuve de bonne heure, aux belles années de sa jeunesse, elle paraît n’avoir jamais aimé d’amant.
Dans Adèle de Sénange la vie se partage en deux époques, un couvent où l’on a été élevé dans le bonheur durant des années, un mariage heureux encore, mais inégal par l’âge. […] L’auteur y a représenté au complet l’intérieur d’une famille noble pendant les années de la Révolution. […] vos fils dans l’enfance absorbent toutes vos pensées, embrassent tout votre avenir ; et lorsque vous croyez obtenir la récompense de tant d’années en les voyant heureux, ils vous échappent. […] Cette première année, vous le savez, mais il l’ignore, son bonheur et sa vie peuvent dépendre de chaque minute, de chaque pas.
Ce qu’il fit en ces années de jeunesse peut se résumer en ce seul mot. […] Joubert, déjà marié, et qui passait une partie de l’année à Villeneuve-sur-Yonne, l’avait rencontrée en Bourgogne à la porte d’une chaumière où elle s’était réfugiée. […] Dans les deux années qui avaient précédé (1800-1803), il s’était formé autour de Mme de Beaumont une petite réunion dont il a été parlé souvent, qui fut bien courte de durée, mais qui eut vie et action, et qui mérite de garder une place à part dans l’histoire littéraire. […] Nous sommes très sensibles depuis quelques années à ce que nous nommons la force, la puissance.
C’est une dizaine d’années après, qu’elle sentit graduellement sa vue s’affaiblir, et qu’elle entrevit dans un avenir prochain l’horrible cécité. […] On sait l’histoire : la jeune demoiselle de compagnie, après quelques années, se brouilla avec sa patronne, et lui enleva toute une partie de sa société, d’Alembert en tête. […] Le pauvre président Hénault, on le voit, n’était pas mort ; mais, depuis des années, il n’en valait guère mieux, et n’était qu’une ruine. […] Je ne dirai rien des lettres de Mme Du Deffand au point de vue historique, et du jour curieux qu’elles jettent sur la fin de Louis XV et sur les premières années de Louis XVI.
Mais aujourd’hui, après seize années révolues, lorsque nous relisons l’ouvrage imprimé dans toute sa suite, en nous dégageant de tout souvenir complaisant et en nous interrogeant en toute liberté, que pensons-nous ? […] L’année dernière, pendant un séjour que j’ai fait hors de France dans un pays hospitalier, je me suis posé à loisir cette question par rapport non pas seulement aux Mémoires, mais à M. de Chateaubriand lui-même. […] La première partie des Mémoires, celle qui offre la peinture des jours d’enfance et d’adolescence, se rapporte pourtant, par la date de composition, à la plus heureuse époque de la maturité de M. de Chateaubriand, à cette année 1811 dans laquelle il publia l’Itinéraire. […] « Si j’étais encore maître de ces Mémoires, écrit-il dans la préface, ou je les garderais en manuscrit, ou j’en retarderais l’apparition de cinquante années. » En se mettant, en effet, dans l’obligation de laisser publier, le lendemain de sa mort, des Mémoires où tant d’hommes vivants sont jugés, et le sont en général sans aucune indulgence, tandis qu’il se donne toujours à lui-même le beau rôle, M. de Chateaubriand s’est exposé à des représailles sévères.
Mais elle composait aussi, en ces années, des romances sentimentales très agréables, que chacun savait par cœur et qu’on applaudissait. […] Mme Gay, se rejetant en arrière, dirait volontiers avec les guerriers de ces années d’orgueil et d’espérance : « Nous étions jeunes alors ! […] Mme Sophie Gay, par le caractère et par le tour natif, datait de bien avant la Restauration ; elle est une des femmes qui avaient le plus d’esprit sous l’Empire ; mais, comme il arrive, l’auteur chez elle retardait sur la femme du monde ; ce n’est que dans les premières années de la Restauration et dans cette seconde moitié de son âge qu’elle a réalisé la plupart de ses productions littéraires. […] » Dans ses dernières années, elle passait régulièrement une partie de la belle saison à Versailles ; elle s’y était fait une société et était parvenue à animer un coin de cette ville de grandeur mélancolique et de solitude.
Qu’aurait été Carrel à l’œuvre, et s’il lui avait été donné enfin d’agir et de se produire au grand soleil, comme cela serait arrivé s’il avait vécu douze années de plus ? […] Thiers, Mignet et Carrel devaient avoir successivement la direction de la feuille, et les deux premiers, comme plus en vue et plus connus du public, devaient commencer ; Carrel ne serait venu comme directeur qu’à sa date, c’est-à-dire en troisième lieu, la troisième année probablement. On a essayé de dire qu’il y avait désaccord de vues politiques dès l’origine entre Carrel et ses deux amis : le plus simple examen, la lecture des articles que Carrel inséra dans le journal durant toute cette année 1830, avant et depuis les événements de Juillet, suffit pour détruire cette assertion. […] C’était à Rouen, dans l’année scolaire 1818-1819, un jour de promenade ; au moment de partir, Carrel, un des meilleurs élèves de seconde, essaya de piquer d’honneur ses camarades au sujet d’un châtiment humiliant infligé à l’un d’eux ; il exprimait hautement son indignation.
Avenel croit avoir remarqué (ce qui serait bien naturel) que la simplicité gagne chez lui avec les années. […] Cependant les années qui suivent le laissent encore dans une situation secondaire, et où il a besoin de toute son insinuation, de sa souplesse et de sa patience. […] Je laisse ces divers problèmes, ces contradictions apparentes de quelques-unes de ses pensées et de ses actes à agiter aux historiens futurs ; la renommée de Richelieu (et la renommée, il l’a dit, est le seul paiement des grandes âmes) ne peut que s’accroître avec les années et avec les siècles : il est de ceux qui ont le plus contribué à donner consistance et unité à une noble nation qui d’elle-même en a trop peu ; il est, à ce titre, un des plus glorieux artisans politiques qui aient existé ; et plus les générations auront été battues des révolutions et mûries de l’expérience, plus elles s’approcheront de sa mémoire avec circonspection et avec respect. […] qui sait ce qu’auraient pu devenir, perdues dans un misérable règne de trente-trois années, les destinées de la France ?
Sa première entreprise fut couronnée d’un plein succès ; pendant un travail de plusieurs années, il reconquit les bailliages rebelles, reconstitua les débris de l’Église qu’il était appelé à régir, et rendit à l’humble Savoie sa vieille unité. […] » Sur quoi le gentilhomme s’en tira comme il put, distinguant entre les divers ordres d’affection, et il ne sut point disconvenir toutefois qu’il sentait envers M. de Genève une amitié plus douce et plus sensible : « Eh bien, écrivez-lui, répliqua Henri IV, que je désire faire le troisième en cette amitié. » Quelques années après la mort de ce grand prince, en janvier 1617, pendant le premier et court ministère de Richelieu, on désira que le duc de Savoie envoyât un négociateur en France, et c’était sur saint François de Sales qu’on avait d’abord compté. […] Converti d’abord par politique, il paraît qu’il le fut ensuite plus sérieusement et plus sincèrement avec les années, et que les raisons de conscience finirent par se joindre en lui aux autres considérations du personnage public et du roi. […] Lorsque saint François de Sales voulut récidiver et approfondir davantage, lorsqu’il donna, quelques années après (1616), son Traité de l’amour de Dieu, il ne trouva plus la même facilité imprévue ni le même applaudissement.
Émile Augier, Mme Déroulède, mère de Paul Déroulède, et Mme Guiard, mère d’un jeune poète, mort il y a quelques années. […] La même année, il donna Diane, interprétée par la grande Rachel, et qui n’eut pas le don de plaire au public. […] Viennent ensuite successivement : au Gymnase (1855), Ceinture dorée, trois actes en prose écrits avec Édouard Foussier, et, au Vaudeville (même année), le Mariage d’Olympe, dont le coup de pistolet final produisit une si vive sensation et devait être depuis tant de fois imité. […] Rappeler le nom de chacune des œuvres qui suivent, c’est enregistrer un succès : Vaudeville (1859) : les Lionnes pauvres, en collaboration avec Foussier ; Gymnase (1859) : Un beau Mariage ; Comédie-Française (1861) : les Effrontés ; Comédie-Française (1863) : Maître Guérin ; Comédie-Française (1866) : Lions et Renards ; Odéon (1869) : la Contagion, avec Got, de la Comédie-Française, dans le principal rôle ; Vaudeville (1876) : Madame Caverlet ; Comédie-Française (1878) : les Fourchambault, qui furent la dernière œuvre d’Émile Augier et qu’il retoucha, il y a quelques années quand elle fut reprise avec un succès que l’on n’a pas oublié.
Cet auteur a donné dans ce livre plusieurs desseins de peintures antiques qui n’avoient pas encore été rendus publics, et entr’autres le dessein du plafonds d’une chambre qui fut déterrée auprès de saint étienne in rotunda en mil sept cens cinq, c’est-à-dire, une année avant l’édition de son ouvrage. […] Le cavalier Del Pozzo, dont le nom est si celebre parmi les amateurs de la peinture, le même pour qui le Poussin peignit ses premiers tableaux des sept sacremens, avoit fait aussi un très-beau recueil de desseins d’après les peintures antiques que le pape Clement XI a acheté depuis quelques années pour le mettre dans la bibliotheque particuliere qu’il s’est formée. […] Les antiquaires prétendent que c’est la destinée de toutes les peintures anciennes, qui durant un grand nombre d’années ont été enterrées en des lieux si bien étouffez, que l’air exterieur ait été long-temps sans pouvoir agir sur elles. […] Cet artisan ingénieux ayant exposé son tableau dans la solemnité des jeux olimpiques, Pronexides qui devoit être un homme de grande consideration, puisque cette année-là il avoit l’intendance de la fête, lui donna sa fille en mariage.
Après les premières années de tâtonnement et de légère incertitude, on vit se dessiner, en tous sens, des tentatives nouvelles, — en histoire, en philosophie, en critique, en art. […] Ceux qui en ont été touchés une fois, peuvent la sentir à regret s’affaiblir et pâlir, diminuer avec les années en même temps que la vigueur qui leur permet d’en saisir et d’en fixer les reflets dans leurs œuvres, mais ils ne la perdent jamais. « Il y a, disait Anacréon, un petit signe au cœur, auquel se reconnaissent les amants. » Il y a de même un signe et un coin auquel restent marqués et comme gravés les esprits qui, dans leur jeunesse, ont cru avec enthousiasme et ferveur à une certaine chose tant soit peu digne d’être crue. […] Et pour ce qui est de l’inspiration, et du programme poétique lyrique de ces années primitives, à nous en tenir à celui-là, il y avait bien lieu en effet de s’éprendre et de s’enflammer.
C’est ainsi que dans le cours des années, tantôt sur un point, tantôt sur un autre, les idées de l’abbé de Saint-Pierre obtiennent des moitiés ou des quarts de satisfaction. […] Après avoir marqué le caractère singulier de la bienfaisance constamment prêchée et pratiquée par l’abbé, qui n’était point celle d’un cœur sensible et tendre, mais qui procédait avec méthode au nom d’une raison sincère et convaincue : « Il avait aimé pourtant, ajoute-t-il : c’est un tribut que l’on doit payer une fois à la folie ou à la nature ; mais quoique cette folie n’eût point porté d’atteinte à sa raison universelle, sa raison particulière en avait tellement souffert, qu’il fut obligé d’aller dans sa province réparer, durant quelques années, les brèches que ses erreurs avaient faites à sa fortune. » On n’en sait pas plus long sur les fredaines de l’abbé de Saint-Pierre, et sans Rousseau on n’en aurait rien soupçonné. […] Il retrouva quelques années après une compagnie plus à son gré dans la société de l’Entresol (1725), vrai berceau d’une Académie des sciences morales et politiques.
Il appartint comme élève à la première génération de l’École normale en 1811 ; il fit partie de ce qu’on pourrait appeler sans exagération l’avant-garde intellectuelle du jeune siècle : toutes les idées et les vues nouvelles qui flottaient depuis quelques années dans l’air et qui émanaient du mnonde de Mme de Staël, — qu’elle-même devait au commerce de l’Allemagne, — devinrent pour la première fois chez nous, dans cette haute École, des études précises et bien françaises. […] Il y avait entendu, trente années auparavant, tous les grands professeurs qui présidèrent à la renaissance de l’érudition et de la critique, et, entre autres, à Berlin, l’illustre Wolf. […] L’année n’a que douze mois, et je vais entendre sonner un lourd decennium (la soixantaine) au revers de quelque montagne, sous les rayons d’un soleil trop ardent pour ma pauvre tête chenue.
. — Un jour, durant l’année que le docte Saumaise passa à Stockholm près de la reine Christine, comme il avait la goutte et gardait le lit, la reine le vint visiter ; or, en ce moment, pour se désennuyer et tromper son mal, le grave commentateur lisait un livre très agréable, mais assez leste (perfacetum guidem, at subturpiculum), Le Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville. […] Saumaise lui avait rapporté l’histoire à Leyde, bien des années auparavant, et, pour mieux circonstancier le fait, il avait envoyé chercher l’exemplaire du Moyen de parvenir à la Bibliothèque de la ville, et l’avait donné à Huet, fort élégamment relié. […] Mademoiselle de Liron est, comme on sait, l’héroïne d’un roman bien connu de Delécluze, le critique d’art du Journal des débats, et l’auteur des Souvenirs de soixante années, auxquels M.
Au commencement du mois de mai 1737, un jeune homme et une jeune femme arrivent à Vevey, dans le canton de Vaud, et là, au bord du beau lac, interrompant leur voyage, ils font choix d’une habitation élégante et rustique ; ils continuent, durant des années, d’y vivre dans l’amour fidèle, dans l’admiration de la nature et l’adoration du créateur. […] Fortoul nous le dépeint avec fidélité et avec amour ; c’est bien le Rousseau des premières années des Confessions, à la veille des Charmettes. […] Les amours de Juliette et de Simiane ont du charme, de la vérité, et je n’y vois guère à reprendre que ces visites un peu trop gothiques, et qui sentent l’année 1828, au haut des tours de Notre-Dame.
Quand nous aurions achevé ensemble ce tour du globe, cette chronologie des choses humaines, dans ma chambre de vingt pieds carrés, parcourue lentement en une année de stations devant ces cartes, et que les volumes de l’histoire lue sur place joncheraient à nos pieds le plancher de notre école, semblable à un navire qui aurait fait la circumnavigation du globe et du temps, j’appellerais un à un mes petits géographes, compagnons de notre navigation sur place ; je leur demanderais d’être à leur tour les pilotes de notre longue et universelle expédition sur tant de mers, de côtes, de fleuves, de montagnes, de terres inconnues ; de nous dire où nous en sommes de cet itinéraire géographique entrepris ensemble et accompli en une année d’études aussi variées qu’intéressantes. […] Dufour, l’auteur de ces magnifiques cartes, épuisé avant l’âge par ce travail surhumain de tant d’années, vient de laisser tomber de sa main le compas, seul instrument du salut de sa pauvre famille, et que son seul moyen d’exister aujourd’hui est une part du prix de cet atlas qui lui coûte son infirmité précoce.
Pendant cette trentaine d’années de luttes furieuses que je n’ai point à raconter, la littérature poursuivit son progrès. […] En un mot, ces livres, dont la matière déjà nous échappe à proprement parler, nous appartiennent au même titre que les Mémoires : pour l’homme voué à l’activité intellectuelle, ses curiosités, sa quête de la vérité, ses découvertes et ses inventions d’idées, ce sont ses ambitions, ses campagnes, ses victoires et son butin ; et quand il raconte comme Pasquier ce qu’en soixante ans d’études il a appris, il fait aussi réellement les Mémoires de sa vie que le soldat qui raconte soixante années de guerres, comme Monluc. […] D’autant que la science de Palissy n’est point abstraite : ce curieux obstiné, qui vécut tant d’années pour son idée, ce sévère huguenot, qui n’échappa à la Saint-Barthélemy que pour mourir à la Bastille, s’est mis tout entier dans tous ses ouvrages ; il ne peut parler agriculture et chimie sans répandre au dehors toute son originale et forte nature, sa large intelligence, sa liante moralité, son ample expérience de l’homme et de la vie.
L’extension de la propriété littéraire, telle que l’entend la jurisprudence des tribunaux français, telle surtout que la désire imprudemment, et contre le véritable intérêt de la littérature, un certain nombre de gens de lettres, voilà ce qui menace de resserrer à l’excès notre droit de citation et interdire à nos études pour de très longues années l’usage des sources manuscrites. […] En dépit des critiques à l’ancienne mode, qui, de théorie ou de pratique, nient la possibilité d’une étude scientifique, c’est-à-dire exacte et patiente, de la littérature, il est incontestable qu’en ces vingt ou trente dernières années, même pour les quatre siècles modernes, qui sont comme le champ de bataille de tous les dogmatismes ou la foire de toutes les fantaisies, la masse de la connaissance solide s’est considérablement accrue : et cela dans deux directions. […] Mais il faut n’avoir guère suivi le mouvement des études littéraires dans ces dernières années, pour ne pas remarquer que le champ des disputes se resserre, que le domaine de la science faite, de la connaissance incontestée, va s’étendant et laisse ainsi moins de liberté, à moins qu’ils ne s’échappent par l’ignorance, aux jeux des dilettantes et aux partis-pris des fanatiques, si bien qu’on peut sans chimère prévoir un jour où, s’entendant sur les définitions, le contenu, le sens des œuvres, on ne disputera plus que de leur bonté et de leur malice, c’est-à-dire des qualificatifs sentimentaux.
Puis, l’amour des anciens le reprit, et, en relativement peu d’années, il dota la littérature française d’immortelles traductions d’ […] Ses premiers poèmes, publiés à Rennes (où il étudiait le droit) aux environs de l’année 1840, dans une revue littéraire aujourd’hui introuvable, s’intitulaient, exotiquement, Issa ben Marianna, et étaient dédiés à Lamennais… Le recueil publié par lui en 1853 et intitulé : Poèmes et poésies, contient un chant très beau et vraiment chrétien : La Passion. Dès l’année 1860, la Passion disparut des œuvres de Leconte de Lisle.
Y peut-il revenir de lui-même, cela n’est pas impossible, cela n’est qu’infiniment peu probable ; il y a des chances pour que nous attendions longtemps le concours des circonstances qui permettraient une rétrogradation ; mais, tôt ou tard, elles se réaliseront, après des années dont il faudrait des millions de chiffres pour écrire le nombre. […] Son activité semblait subsister sans altération à travers les mois et les années. […] La transformation du radium produirait alors un million de fois plus de chaleur que toutes les transformations connues ; le radium s’épuiserait en 1250 ans ; c’est bien court, mais vous voyez que nous sommes du moins certain d’être fixés sur ce point d’ici quelques centaines d’années.
C’est à ce travail que se sont dévoués, dans ces quarante dernières années, les hommes qu’on appelle socialistes. […] Le peuple n’a que faire de la liberté ; c’était le mot d’ordre d’une certaine école innocente et dupe dont le chef est mort il y a quelques années. […] Nous nous rappelons avoir entendu dire en pleine académie, à un académicien mort aujourd’hui, qu’on n’avait parlé français en France qu’au dix-septième siècle, et cela pendant douze années ; nous ne savons plus lesquelles.
Au bout de l’année chaque classe se trouvera composée de nouveaux et de vétérans. Point de vétérans de trois années. […] L’assurance d’une pension viagère après un certain nombre d’années de bons services, les rendrait attentifs à leurs devoirs, les attacherait à leur place et les soutiendrait contre le dégoût de leurs fonctions.
La comtesse Guiccioli25 I Il y a déjà quelques années, — et plusieurs, avant le livre sur Byron de l’auteur de Robert Emmet 26, — que parut, en 1868, je crois, un livre intitulé : Byron jugé par des témoins de sa vie. […] Et quand je dis le premier bas-bleu venu, je dis trop, cependant… Mme Guiccioli ne l’était pas ; elle n’avait ni la morgue, ni l’insolence, ni la pose des bas-bleus vulgaires… Mais quand elle songea à nous donner son livre sur lord Byron, elle n’était déjà plus la suave Italienne à robe blanche et à esprit ingénu, que l’auteur de Childe-Harold avait aimée… Les années avaient pâli ses cheveux d’or… Dans d’autres temps, elle fût probablement devenue dévote. […] Et qui la forçait en effet à sortir d’un silence de plus de trente années pour venir toucher à cette retentissante mémoire, si elle n’avait pas à ajouter quelque grand accord à cet immense retentissement ?
« Il ne tient qu’à eux, dit-il, de déraciner la haine et d’apprivoiser la fureur. » Dans un autre discours adressé au même prince, après la cinquième année de son règne, on trouve un long morceau sur les finances ; il respire cette philosophie pleine d’humanité, qui devrait être celle de tous les rois. […] Le prince donne d’autant plus, qu’il exige moins. » Et s’adressant à son empereur : « Avant toi, dit-il, les charges publiques augmentaient tous les ans, chaque année ajoutait au poids de l’année qui avait précédé.
Ces gens-là n’ont pas, comme nous, des armoires pleines de vieilles hardes qui restent des années. […] Il y a de cela une douzaine d’années. […] Une année, comme il se trouvait au château de Férouzat, il m’y fit venir pendant les vacances. […] Bien des années se sont écoulées, Savéli, le meurtrier de Bagrianof, a fait fortune. […] Il paraît qu’il n’y aura pas de Fontainebleau cette année.
C’est seulement au mois de mars de l’année 1893, qu’il consentit à imprimer pour le public. […] Les jours passent, les semaines, les mois, parfois les années. […] Un volume de vers — le volume de la vingtième année — formait tout mon bagage. […] Depuis quelques années, il a trente-cinq ans. […] Le « nouveau jeu » de l’année dernière est une vieillerie déjà fanée.
Cette même année le P. […] Marot vécut très-agréablement à Paris depuis ce temps jusqu’à l’année 1543, qu’il voulut réformer sa muse. […] Il mourut la veille du jour destiné à la cérémonie, dans la cinquante-unième année de son âge. […] Il mourut à Dijon, le 5 août 1677, dans la soixante-sixième année de son âge. […] Il forma le dessein de frustrer l’Académie d’un travail de cinquante années.
A la première représentation du Camp des Croisés, il y a quelques années, voyant entrer dans la loge (où il était) Alexandre Dumas, il lui dit brusquement et familièrement : « Il y aura les deux Dumas, comme il y a eu les deux Corneille. » Le vrai Dumas trouva cela un peu leste pour commencer ; il sourit pourtant et causa comme si de rien n’était. […] Le fait essentiel de la religion en France depuis une douzaine d’années, c’est l’abolition évidente et complète du gallicanisme : cette grande religion vraiment française n’est plus.
Mais, dans les premières années du règne de Louis XVI, à l’aurore des améliorations lentes tentées par Malesherbes et Turgot, le jeune ami des Trudaine avait conçu un rôle littéraire plus calme, plus recueilli, plus d’accord avec un loisir d’ailleurs assez voluptueux, une régénération de la poésie énervée du xviiie siècle par l’étude approfondie de l’antique, un embellissement ferme et gracieux de la langue, et une peinture naïve des passions et des faiblesses du cœur dans des cadres nouveaux. […] La Restauration fut une halte, entrecoupée sans doute de tiraillements et quelquefois de convulsions, mais enfin une halte où il ne se fit pas d’ébranlement général, en avant ni en arrière, durant quinze années.
Wawerley parut en 1814, et ouvrit la série des chefs-d’œuvre qui ont fait le charme et les délices de l’Europe durant ces quinze dernières années. […] Les dernières années de Walter Scott avaient été attristées par des pertes et des embarras d’argent, dus à la faillite de ses libraires.
Après des années d’intimité, nous découvrons encore quelque chose. […] Décidément, ce genre de Portraits que l’occasion m’a suggéré, et dont je n’aurais pas eu l’idée probablement sans le voisinage des Revues, m’est devenu une forme commode, suffisamment consistante et qui prête à une infinité d’aperçus de littérature et de morale : celle-ci empiète naturellement avec les années, et la littérature, par moments, n’est plus qu’un prétexte.
Pour dédaigner les richesses, attendez que vous ayez connu les années du malheur, que de longues privations aient diminué vos forces, et que vous ayez vu, dans la pauvreté, le génie même devenir stérile, à cause de la perpétuelle résistance des choses, ou de la faible droiture des hommes. […] Il le faudrait surtout, lorsque, recherché du public, on peut, en quelques semaines de travail, se procurer ce qui eût suffi à l’année d’un grand écrivain frugal d’autrefois.
On ne se ruinait pas en toilette : Mme Malapert prolongeait pendant cinq ou six années la durée de ses robes et de ses chapeaux ; M. […] « Ainsi les années se succédèrent, oisives, ennuyées, monotones.
Les snobs Le mot de snob est très employé depuis quelques années, — et par les snobs eux-mêmes, comme tous les mots à la mode. […] Si je nomme encore les snobs du romantisme et ceux du réalisme, et ceux du positivisme, nous aurons rejoint les snobs des vingt dernières années, que j’énumérais en commençant.
Et donc, dans les vingt dernières années de sa vie, je crois, cette dame consacra, fort intelligemment, de quinze à vingt millions à des fondations de bienfaisance. […] Et ainsi elle n’économisait que de quatre à cinq millions chaque année.
Avec les années, sa poésie s’est faite plus profonde. […] En relisant ces deux tomes de poésies complètes (nous espérons bien que des vers nouveaux viendront encore augmenter sa gloire), on est surpris de l’initiale solidité, de cette œuvre et de voir combien tout, après les années écoulées, reste debout, ferme et gracieux, combien les mélancolies de Dierx ont gardé toute la fraîcheur du décor sylvestre dont il s’est plu à les parer.
Georges Pioch Parce qu’il participe de la vie par cet amour qui souffre et jouit d’homme à femme, parce qu’il la surpasse en bonté et la domine par le pardon, ce livre (Les Quatre Saisons), qui nous vient avec le printemps, peut-il être admiré et chéri comme le commentaire généreux d’une année ; mieux même : de l’Année… Le goût littéraire y cueille des joies rares : celles qu’un art hautain et délicat procure et que fortifie le rayonnement d’une libre pensée ; celles, aussi, d’une surprise.
Que de problèmes dont j’achèterais la solution par des années de vie, si j’en avais à ma disposition, seront clairs pour vous ! […] Il me faut une dizaine d’années pour que je m’habitue à regarder un gouvernement comme légitime.
Chapitre XIX Année 1664 (suite de la septième période). — Caractère moral du quatrumvirat de Molière, La Fontaine, Racine et Boileau. […] Il était grand citoyen encore quand il profitait du redoublement de faveur obtenu par l’Amphitryon, pour obtenir du roi la permission de jouer ce Tartuffe, prohibé par arrêt du parlement, et dont le roi lui-même avait refusé pendant deux années de permettre la représentation.
C’est un sujet traité depuis un trop petit nombre d’années par des personnes d’esprits. […] On observera que Loüis Guichardin, qui mourut l’année de l’avenement de notre roi Henri IV à la couronne, parle de la possession où étoient les Païs-Bas, de fournir l’Europe de musiciens ainsi que l’Italie le fait aujourd’hui concurremment avec la France, comme d’une possession qui duroit depuis long-temps.
Du moins jamais bel-esprit n’eut été assez indigné de les voir comparer, pour brûler avec céremonie toutes les années un exemplaire de Martial, afin d’appaiser, par ce sacrifice bizarre, les manes poëtiques de Catulle. […] Un homme parvenu dans un certain jeu au point d’habileté dont il est capable n’avance plus, et les leçons des meilleurs maîtres, ni la pratique même du jeu, continuée durant des années entieres ne peuvent plus le perfectionner davantage.
Lémontey, au contraire, né dans les temps qui ont immédiatement précédé la révolution, avait vu l’inquiétude et le malaise général des années, qui se sont écoulées depuis 1783 jusqu’en 1789 ; de plus, comme il était fort jeune à cette époque, il s’était accoutumé à penser que le dix-huitième siècle avait fondé des doctrines, établi des principes. […] Douze années de l’observation des choses ne me portent qu’à affirmer, je ne dis pas tous les détails, mais l’ensemble même de mes idées à cet égard.
C’est une chose gaie, en effet, par elle-même, que cette donnée, hardie comme la gaîté, — de la gaîté qui va parfois jusqu’à l’audace, — d’un coquebin à trente-six carats, marié, dans la prime fleur de ses jeunes années, à la jeune fille la plus charmante, dont le cœur bat sous le buse de l’étiquette, qu’elle enverra très bien promener au fond de son alcôve quand il le faudra, et qui, devant ce buse et devant ce cœur, reste les bras croisés, froid comme un saint de pierre qui ne connut jamais la tentation. Et cela, non pas une nuit, mais des années, se faisant prier par tout le monde pour être heureux, comme un mulet obstiné qui se ferait tirer sur la bride pour passer un petit fossé de rien du tout.
Mais il n’en est pas moins certain que le Roman, production toute moderne, a pris en ces dernières années une importance et un développement extraordinaires, qu’aucune forme littéraire n’a plus à un égal degré. […] Ce genre d’ouvrage qui, en deux cent cinquante années, est devenu l’œuvre difficile et capitale que nous voyons, non-seulement n’a pas son pareil, mais n’a pas d’analogue dans les littératures antérieures.
Le dernier canon de cette batterie parti, Turbidus part aussi ; il nous quitte pour trois années encore. […] Elle, elle s’est déclarée d’emblée et du premier jour : lui, il lui a fallu des années pour mûrir et se former. […] Quant à Rachel, elle n’a jamais été mieux que dans sa première manière et pendant les toutes premières années. […] Il est absurde de dire que je suis allé à Lausanne professer en cette année 48 ; et une pareille bévue trahit une entière ignorance, au moment même où l’on se pique d’esquisser ma biographie. C’est en 1837, c’est-à-dire onze années auparavant que je suis allé à Lausanne faire un cours sur Port-Royal.
Je n’ai eu que cette année le loisir de revenir à ce livre. […] J’ai gardé à travers les vicissitudes de ma vie un souvenir durable de l’année que j’ai passée à Aix-en-Provence. […] Il ne se passe point d’année que je ne reprenne Gil Blas ; je crois le bien connaître et le goûter vivement. […] Une comédie, un roman, un recueil de vers, deux succès et un scandale, tels sont les trois événements qui ont le plus marqué dans cette année. […] La bonne femme mourut dans l’année ; ce fut une tante qui s’en chargea.
En peu d’années, ce spectacle est devenu d’une telle platitude, d’une telle bêtise, qu’on se sent vraiment humilié de faire partie, même pour un temps très court, du troupeau qui s’y délecte. […] Il y a même eu, il y a quelques années, une collection populaire sous ce titre fallacieux. […] Elles s’étendent sur un grand espace de temps, une trentaine d’années. […] Il y a déjà quelques années qu’on nous chante cette antienne, si bien que l’on vit, durant quelque temps, régner la mode du pain complet. […] Il avait réservé cette révision à son fils, mais la mort le lui prit, il y a quelques années, et il se mit seul courageusement à la tâche.
En avril 1871, il visita Bayreuth, pour la première fois ; et, le 9 novembre de la même année, s’étant concerté avec MM. […] L’Ecole de Style, établie à Bayreuth et dirigée par Wagner lui même, aurait, justement, donné, chaque année, les Représentations de Fête, dont les représentations de 1876 étaient l’introduction. […] Quant au « Festspielfonds » proprement dit, il a servi à assurer les représentations de Parsifal, en juillet 1883 et en août 1884 : et, comme, en ces deux années, les recettes des représentations et les frais se sont, à peu près, balancés, ce fonds, encore intact aujourd’hui, et géré par M. […] Aussi nous avons cherché, en vain, cette année, entre les kilomètres de toile peinte, quelques travaux sérieux, nous pouvant être des exemples à l’explication de la théorie Wagnérienne. […] Hermann Franke, ne seront pas données cette année.
Énervée par la démocratie, démoralisée par sa prospérité même, la France a expié de la manière la plus cruelle ses années d’égarement. […] Voilà l’esprit provincial que l’empereur servit merveilleusement dans les premières années de son règne. […] Le chiffre des opposants augmentait chaque année ; d’où quelques personnes concluaient qu’il grandirait jusqu’à devenir majorité. […] Cette direction matérialiste dure depuis les années qui suivirent 1830. […] Ce retour vers les questions nationales apporterait pour quelques années un temps d’arrêt aux, questions sociales.
Lamoureux avait promis, dans un bulletin officiel, il y a trois mois, de rétablir cette année la seconde scène coupée l’année dernière. […] les wagnériens ne sont pas gens pressés… jamais ils n’ont protesté violemment contre les aménités douteuses et les allègres injures que des écrivains bien-pensants leur adressent trois cent soixante-cinq fois l’année. […] Or donc, avant d’aller plus loin, et pour ne pas me soustraire à mes obligations essentielles, voici le bilan de début de l’année 1887. […] L’année s’ouvre donc on ne peut mieux pour la musique française.
Année 1870 1er janvier Aujourd’hui, premier jour de l’année, pas une visite, pas la vue de quelqu’un qui nous aime. […] ne te restera-t-il pas assez d’années pour fabriquer des bouquins ? […] * * * Vers le 26 mai Dans le passage galopant de tous ces landaus, de toutes ces calèches, de toutes ces victorias, dans tout ce luxe roulant, et jetant avec fracas, parmi la verdure, les couleurs voyantes de la mode de cette année, je suis frappé par la vue, au fond d’une de ces voitures, du rigide et noir costume d’une Sœur, c’est un rappel de la mort dans cette joie et cet éblouissement. […] Je regarde les rideaux de son lit, les anciennes portières du salon de la rue Saint-Georges, dans le rose desquelles j’ai fait, il y a bien des années, un portrait-aquarelle du cher enfant.
Année 1877 Mercredi 3 janvier Sur un de ces divans, où, en se tournant le dos, on est face à face, je regardais Mlle *** réfléchissant : — « Qu’est-ce qui vous passe dans la tête ? […] * * * — Je ne sais pas si décidément j’irai passer une année au Japon, mais au moins je m’amuserai du projet de ce voyage, pendant six mois. […] Je suis devant Magny, — et du bordeaux et de la viande rouge dans l’estomac, — je commence à savourer cette vente de 10 000 exemplaires, en quelques jours… 10 000 exemplaires… nous, à qui il fallait des années pour en vendre 1 500… Oh ! […] … Oui, quoi qu’on dise, je crois que mon talent a grandi dans le malheur, dans le chagrin… Et oui, mon frère et moi, avons mené, les premiers, un mouvement littéraire qui emportera tout, un mouvement, qui sera peut-être aussi grand que le mouvement romantique… et si je vis encore quelques années, et que des milieux bas, des sujets canailles, je puisse monter aux réalités distinguées, c’est alors que le vieux jeu sera enterré, et que ni ni, ce sera fini du conventionnel, de l’imbécile conventionnel. […] * * * — Une navrante fin d’année, avec mes 80 000 francs dont je n’ai aucune nouvelle, avec cette bronchite chronique qui me confine et me calfeutre des semaines entières dans mon intérieur désolé, avec Pélagie, malade au lit d’un rhumatisme articulaire… Je comptais sur elle pour me fermer les yeux.
Ce grand ouvrage fut imprimé pendant l’année 1700. en 12. gros volumes in-8°. […] L’auteur ajouta ensuite à ces volumes, qui contenoient les douze mois de l’année, l’histoire des Fêtes mobiles, les vies des Saints de l’ancien Testament, & deux Tables, une Topographique, & l’autre Chronologique. […] Vies des Saints pour tous les jours de l’année avec une priére & des pratiques à la fin de chaque vie ; & des instructions sur les Dimanches & Fêtes mobiles, par M. […] Vies des Saints pour tous les jours de l’année, avec des courtes réfléxions morales, in-fol. deux vol. 1742. par le P. […] Ils contiennent une exposition des différentes controverses agitées dans le dix-huitiéme siécle jusqu’en l’année 1733., & les faits principaux qui y ont rapport.
Zola se plaint que le romantisme obstrue le siècle : il se trompe de vingt années. […] Un fils leur est né après quelques années de mariage : ils sont heureux. […] Je ne sais si l’on a jamais vu une femme, même arrivée à cette crise redoutable de la quarantième année, tombant tout d’un coup, sans transition, sans explication, sans cause, après une vie honnête et régulière, à une aussi lamentable dégradation que celle dont l’un d’eux nous a dit l’histoire. […] Peut-être autrefois encore la manie était excusable ; mais depuis quelques années les choses ont changé. […] C’est un spectacle comme un autre, comme celui de ces arènes de barrière où certaine belle société allait voir il y a quelques années un bull cassant les reins à des douzaines de rats.
Sir Thomas Lucy, traduit plusieurs années après sur la scène, sous le nom du juge Shallow, s’était sans doute fixé dans son imagination moins comme un objet d’humeur que comme une plaisante caricature. […] Mais quel jour égalait le premier jour de mai, brillant des joies de la jeunesse et des espérances de l’année ? […] Ici elle semble, conduite par l’abondance, parcourir l’année à travers une série de fêtes. […] Cependant des années s’écoulent, et l’on ne voit point Shakespeare se manifester sur la scène. […] Peu d’années après, ce même M.
Le moine anglais Roger Bacon vécut à Paris plusieurs années studieuses. […] Ils n’avaient donc pas encore accompli leur neuvième année. […] Il est de l’année de la surprise ! […] Je l’écoutai parler avec plaisir une fois par semaine, pendant plusieurs années. […] Il y avait vécu pendant des années, par l’esprit, par le cœur.
(du maréchal de Clérembaut et du chevalier de Méré) avait paru en 1669, l’année même des Pensées de Pascal. […] Il faut pourtant avoir bien du contre-temps pour aller faire la leçon à Pascal sur la géométrie, et pour avoir l’air (ne fût-ce que cela) de s’offrir pour mari à Mme de Maintenon vers l’année 1680. […] Or le chevalier vieillissant se convertit tout de bon, et ce ne fut pas, comme La Rochefoucauld, à l’extrémité, et pour faire une fin ; il suffit de lire les écrits de ses dernières années pour voir quel bizarre amalgame se faisait, dans son esprit, de son ancien jargon d’honnête homme avec ses nouveaux sentiments de dévot. […] Ces pages, qui sont au plus tard de l’année 1656, puisqu’elles s’adressent à la duchesse de Lesdiguières47, présagent déjà la réforme discrète qui va se faire dans le roman, et elles promettent madame de La Fayette. […] La duchesse mourut le 2 juillet 1656, l’année des Provinciales et du miracle de la Sainte-Épine, et elle eut même recours à cette relique, alors dans toute sa vogue, sans pouvoir guérir.
Goethe me dit qu’il avait passé là de joyeuses années et y avait travaillé dans la tranquillité. […] S’ils poussent commodément, abrités du vent et de l’orage, ils viennent mal, mais une lutte de cent années avec les éléments les rend si forts et si puissants que la présence d’un chêne, arrivé à sa pleine croissance, nous saisit d’admiration. […] « Je suis venu très souvent à cette place, dit-il, et ces dernières années, j’ai bien souvent pensé que pour la dernière fois je contemplais d’ici le royaume du monde et ses splendeurs. […] Pendant une demi-journée, je me donnai avec lui beaucoup de peine, mais il ne voulut rien prendre de moi ; je le mis alors avec un vieux linot, bon chanteur, que j’avais déjà en cage depuis des années, et qui était suspendu à ma fenêtre, en dehors. […] Goethe l’a habitée avec bonheur pendant des années, et il y a composé une grande partie de ses chefs-d’œuvre. » 18.
Le canal qui avait quelque temps arrêté l’année ayant été traversé à gué, le comte d’Artois, frère du roi, plein de vaillance, se porta en avant, renversant tout ce qu’il rencontrait ; et, entraînant avec lui par émulation l’élite des chevaliers du Temple et nombre de braves seigneurs, il se lança jusque dans la ville de la Massoure où la résistance l’attendait et où il trouva la mort. […] Pendant la traversée, Joinville l’accompagne, et il ne quittera plus le saint roi durant les quatre années qu’ils doivent passer encore en Orient. […] On débarque à Hyères, et chacun s’en va revoir son châtel et sa famille qui sont bien en souffrance depuis six longues années. […] Si ce beau règne exista quelque part dans le passé, ce fut certes sous saint Louis, durant ces quinze années de paix, à l’ombre du chêne de Vincennes, et c’est par la plume de Joinville qu’il nous a légué sa plus attrayante image.
Les amis de son père n’eurent rien de plus pressé que de la servir ; elle vint habiter à Paris l’année qui suivit sa mort, et le docte Huet, sous-précepteur du Dauphin, lui donna une part et une tâche à remplir dans les éditions d’anciens auteurs qui se faisaient ad usum Delphini : Si je m’en souviens bien, dit Bayle, Mlle Le Fèvre surpassa tous les autres en diligence et gagna le pas à je ne sais combien d’hommes qui tendaient au même but. Son Florus fut imprimé dès l’année 1674, et depuis ce temps-là on a vu trois autres auteurs qu’elle a commentés pour M. le Dauphin, savoir Dictys Cretensis, Aurelius Victor et Eutrope. […] Là, pendant plus d’une année, ils suivirent leur méthode studieuse en la transportant et la renfermant cette fois dans les matières de religion, et ils tombèrent tout à fait d’accord sur la conduite qu’ils avaient à tenir ; mais ils voulurent faire plus, ils aimèrent mieux différer de quelques mois leur déclaration publique, et ils s’appliquèrent dans l’intervalle à user de leur influence, de l’estime qu’ils inspiraient et des raisons dont ils étaient remplis, pour ramener la ville entière avec eux. […] [NdA] Bitisia Gozzadina, seu de Mulierum Doctoratu, c’est le titre de la dissertation dont on peut voir l’analyse dans les Acta eruditorum de Leipzig, année 1724, p. 239.
Signé : Benjamin de Rohan. » Forcé de se rendre après vingt-quatre jours de siège (24 juin 1624), en vertu d’une capitulation qui eut la forme de lettres de grâce, Soubise, bien qu’en sortant il eût demandé pardon au roi à deux genoux, alla immédiatement, dans cette même guerre et cette année même, continuer l’œuvre de résistance et de révolte dont il ne se départit jamais. […] Réfugié en Angleterre dans les intervalles des trêves, revenant avec les vaisseaux anglais qu’il s’efforçait d’introduire à La Rochelle, conducteur et pilote obstiné de l’étranger en ces parages, toute sa conduite en ces années éclaire d’un jour fâcheux et laisse à découvert par son côté le plus vulnérable la politique de Rohan, de cet aîné avec qui il était d’accord et unanime, avec qui il se concertait sans cesse, sauf à en être désavoué pour la forme en quelques occasions. […] Le livre XVIe des mémoires du cardinal, rendant compte de cette seconde guerre civile, débute ainsi : Cette année (1625) vit dès son commencement éclore une infâme rébellion de nos hérétiques, qui fut tramée par Soubise, lorsqu’on n’attendait point de lui une semblable infidélité. […] » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.
Je me proposais de le marier l’année prochaine, et je m’attendais qu’il contribuerait à assurer la succession. […] Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre. […] Son ami d’Alembert était mort l’année précédente, « d’Alembert, auquel il n’y aurait aucun reproche à faire, disait Frédéric, si ce n’est sa trop grande complaisance pour Diderot, qui l’a entraîné au-delà des lois sages qu’il s’était prescrites. » Louis XVI avait lui-même invité le prince Henri à entreprendre ce voyage, et il l’accueillit bien. […] De telles prévisions et de telles paroles, une année avant la mort de Frédéric, et quand la fière attitude du vieux roi resserrait et décidait l’union germanique (1785), achèvent de juger le prince Henri ; elles marquent les points faibles de son esprit autant que de son cœur, et décèlent l’incurable sentiment souvent dissimulé, mais toujours vivace et toujours en éveil, dont Frédéric, pendant plus de quarante ans, à force de bons procédés et d’avances cordiales, n’avait jamais pu triompher58.
L’éloignement où Voltaire se tint dans ses dernières années, la révérence qu’il inspirait de loin, dans son cadre de Ferney, aux générations nouvelles qui n’avaient rien vu de sa pétulante et longue jeunesse, le concert de louanges que sa vieillesse habile et infatigable avait fini par exciter en France et en Europe, tout prépara l’apothéose dans laquelle il s’éteignit et contre laquelle bien peu de protestations alors s’élevèrent. […] Quant à ce que j’appelle la troisième génération, et dans laquelle je prends la liberté de ranger les gens de mon âge à la suite de ceux qui ont une dizaine d’années de plus, c’est moins d’une admiration excessive qu’ils eurent à revenir que d’un sentiment plus ou moins contraire. […] Cette période de la vie de Voltaire, ces trois années d’étude et de silence, où il entra n’étant que le libertin du Temple et le plus charmant homme de société, et d’où il sortit homme et philosophe, sont restées assez obscures et mystérieuses, précisément parce qu’il les passa dans le silence. […] Ce qui est plus étrange encore que l’étonnement de Voltaire, c’est que cet étonnement ait été partagé par l’illustre marquise, qui passe pour un géomètre d’une certaine force : il fallait que ce jour-là elle eût perdu ses principes, selon le mot piquant et bien connu de Mme de Staal de Launay : « Elle fait actuellement la revue de ses principes : c’est un exercice qu’elle réitère chaque année, sans quoi ils pourraient s’échapper, et peut-être s’en aller si loin qu’elle n’en retrouverait pas un seul.
Cette correspondance, telle que nous l’avons, comprend trois années ; ils ont vingt-deux ans quand elle commence, et vingt-cinq quand elle finit (juillet 1737 — août 1740). […] Mirabeau, à l’origine, admire plus Vauvenargues qu’il ne le connaît, et il se le figure plus philosophe ou moins ambitieux qu’il ne l’est en réalité : il lui fait part de ses sentiments tumultueux en ces années où il hésite encore entre plusieurs carrières, et il paraît envier de loin sa tranquillité d’âme, les jours où il ne la stimule pas : L’ambition, lui dit-il, me dévore, mais d’une façon singulière : ce n’est pas les honneurs que j’ambitionne, ni l’argent, ou les bienfaits, mais un nom, et enfin d’être quelqu’un ; pour cela, il faut être dans un poste. […] un homme de condition est-il bien placé de passer les plus belles années de sa vie à Verdun ? […] Mirabeau qui va et vient à sa guise, qui est maître d’une fortune considérable dont il use et abuse déjà, qui n’est à son régiment que quand il le veut bien ; qui, dès que l’envie lui en prend, s’installe à Paris où il va acheter un hôtel ; qui, cette année même (1740), achètera la terre de Bignon dans le Gâtinais pour être toujours à portée de la capitale, Mirabeau en parle donc bien à son aise.
Il fit observer qu’on excluait les protestants de tous les avantages dont jouissent les sujets d’un État ; qu’un protestant ne pouvait pas contracter de mariage valide ; que ses enfants étaient réputés illégitimes ; qu’il ne pouvait exercer aucun emploi ni dans l’épée, ni dans la robe, ni dans l’Église ; qu’il faut cependant que chaque homme ait une patrie, et que, s’il ne la trouve pas où il est né, il a droit d’en chercher une ailleurs : de là, la résolution qu’il avait formée dès l’âge de quinze ans, et qu’il avait exécutée quelques années après en passant en Angleterre. […] Madame, il a raison ; nous le méritons bien. » Le grand Frédéric, lorsque Dutens eut l’honneur de le voir quelques années après, reconnut de même la force de ce raisonnement et lui donna raison. […] » C’est dans cette même année, en octobre, que Mme de Boufflers perdit son mari et qu’elle se livra à une violente espérance bientôt déçue. […] Personne n’a été plus généralement connue que vous, et dans ces dernières années et dans votre première jeunesse : se peut-il qu’un si grand nombre de connaissances vous voient avec plaisir passer du rang de leur égale à celui de leur supérieure, et si fort supérieure ?
« Quelques années à peine se sont écoulées depuis que M. […] Il fut, pendant des années, commis à gros appointements chez M. de Meulan, receveur général de la généralité de Paris, et il continua de demeurer à l’hôtel de Meulan, jusqu’à l’époque de son mariage (1757). […] Une ou deux fois, Collé chercha à s’élever jusqu’à la scène de la Comédie-Française, et sa pièce de Dupuis et Desronais y eut un certain succès ; mais, dans cet ouvrage qui vise à être une pièce de caractère et dans le grand genre, on ne reconnaît plus que faiblement le joyeux Collé : il mit des années à faire cette comédie, à la limer et re-limer, à écouter et à peser les conseils ; elle était d’abord en prose, il la rima. […] Il eut la douleur de survivre plus de deux années à sa femme, et l’on est allé jusqu’à penser que dans son deuil et sa mélancolie extrême, il avait pu lui-même avancer sa fin.
Il y a quelques années, une petite société philosophique, dont MM. […] Étienne Pivert de Sénancour, né à Paris, en novembre 1770, d’un père contrôleur des rentes, semble avoir eu une enfance maladive, casanière, ennuyée. « Une prudence étroite et pusillanime dans ceux de qui le sort m’a fait dépendre a perdu mes premières années, et je crois bien qu’elle m’a nui pour toujours. » Et ailleurs : « Vous le savez, j’ai le malheur de ne pouvoir être jeune. […] Immédiatement après le collége, en juillet 89, le père de M. de Sénancour, sans prétendre engager l’avenir de son fils, exigeait impérieusement qu’il passât deux années au séminaire de Saint-Sulpice. […] Dans la seconde partie de l’ouvrage, qui semble séparée de la première par un intervalle de plusieurs années, Oberman, âgé de vingt-sept ans, traverse la crise antérieure à toute maturité, et double, pour ainsi dire, le cap périlleux de la vie.
Ainsi, de nos jours, l’aiglon romantique (les ennemis disaient l’orfraie) parut voler assez rapidement de clocher en clocher, et, finalement, à voir le résultat en gros après une quinzaine d’années de possession de moins en moins disputée, il semble qu’il y ait conquête. […] Au lieu de cette opportunité du moins dans le malheur, il survécut obscurément, se fit perdre de vue durant plus de dix années sans donner signe de vie au public ni aux amis ; il se laissa devancer sur tous les points ; la mort même, on peut le dire, la mort dans sa rigueur tardive l’a trompé. […] Un moment, la Révolution de Juillet parut couper court à son anxiété, et ouvrir une carrière à ses sentiments moins contraints ; il l’avait accueillie avec transport, et nous le retrouvons à Dijon, durant les deux années qui suivent, prenant, à côté de son ami Brugnot et même après sa mort, une part active et, pour tout dire, ardente, au Patriote de la Côte-d’Or. […] Mais il ne paraît pas s’être soucié de renouer les anciennes relations ; le hasard seul nous le fit rencontrer une ou deux fois en ces dix années ; il s’évanouissait de plus en plus.
Un livre de généralités est nécessairement dépassé au bout de dix années ; une monographie étant un fait dans la science, une pierre posée dans l’édifice est en un sens éternelle par ses résultats. […] Les royaumes grecs de la Bactriane et de la Pentapotamie ont été depuis quelques années l’objet de travaux qui formeraient déjà plusieurs volumes et sont loin d’être clos. […] Un tel ouvrage serait, il est vrai, vieilli au bout de dix années ; mais il aurait eu son utilité et aurait contribué à faciliter l’étude immédiate des sources. […] C’est ainsi que des années entières d’études assidues se sont parfois résumées en quelques lignes ou quelques chiffres, et que le vaste ensemble des sciences de la nature s’est fait pièce à pièce et avec une admirable solidarité de la part de tous les travailleurs.
On pourrait faire trois portraits de Mme d’Épinay, l’un à vingt ans, l’autre à trente (et elle nous a fait ce portrait-là vers le moment où elle commença de connaître Grimm) ; et il y aurait un troisième portrait d’elle à faire après quelques années de cette connaissance, lorsque, grâce à lui, elle avait pris plus de confiance en elle, et qu’en étant une personne très agréable encore, elle devenait une femme de mérite, ce qu’elle fut tout à fait en avançant. […] Ce qu’elle était encore en ces années de plénitude et de déclin, mais un jour d’altération et de souffrance, ce n’est plus Diderot, ce n’est pas Jean-Jacques, c’est Voltaire qui nous le dira. […] Mme d’Épinay, si compromise par les incidents de sa vie première, si calomniée par ses anciens amis, était en voie de devenir meilleure dans le temps même où on la noircissait le plus ; et elle put répondre un jour, d’une manière aussi spirituelle que touchante, à un homme venu de Paris qui l’allait voir à Genève, et qui s’étonnait un peu gauchement devant elle de la trouver si différente de l’idée qu’on lui en avait voulu donner : « Sachez, monsieur, que je vaux moins que ma réputation de Genève, mais mieux que ma réputation de Paris. » Grimm avait trente-trois ans quand il la connut, et, durant vingt-sept années que dura leur liaison, son attachement pour elle ne se démentit pas un seul jour. […] Nous la trouvons peinte durant les quatorze dernières années de sa vie, elle et toute sa société, dans sa correspondance avec l’abbé Galiani ; cela vaudrait la peine d’un examen à part.
Philipb Dormer Stanhope, comte de Chesterfield, naquit à Londres le 22 septembre 1694, la même année que Voltaire. […] Après deux années d’université, il fit son tour du continent, selon l’usage des jeunes seigneurs de son pays. […] Il s’y occupait de jardinage et de la culture de ses melons et de ses ananas ; il se plaisait à végéter de compagnie avec eux : J’ai végété toute cette année ici, écrivait-il à une amie de France (septembre 1753), sans plaisirs et sans peines : mon âge et ma surdité me défendent les premiers ; ma philosophie, ou peut-être mon tempérament (car on s’y trompe souvent), me garantit des dernières. […] Cicéron écrivit un beau traité sur la vieillesse, mais il ne prouva point son livre par les faits ; ses dernières années furent très malheureuses.
C’est ainsi que ses poèmes mûrissent pendant des années avant de se produire au grand jour, selon le précepte d’Horace que Jasmin a retrouvé à son usage, et c’est ainsi que ce poète du peuple, écrivant dans un patois populaire et pour des solennités publiques qui rappellent celles du Moyen Âge et de la Grèce, se trouve être en définitive, plus qu’aucun de nos contemporains, de l’école d’Horace que je viens de nommer, de l’école de Théocrite, de celle de Gray et de tous ces charmants génies studieux qui visent dans chaque œuvre à la perfection. […] Il est vrai qu’un poème comme Jocelyn, exécuté et traité avec le soin que Jasmin apporte aux siens, coûterait huit ou dix années de la vie, et l’on n’aurait guère le temps de faire à travers cela une dizaine de volumes sur les Girondins ou les Jacobins, et une révolution de février, la chose et le livre à la fois, et toute cette série d’improvisations que nous savons et que nous oublions, ou que nous voudrions oublier. […] Mes cinq poèmes : L’Aveugle, Mes souvenirs, Françounette, Marthe la folle, Les Deux Jumeaux, m’ont coûté douze années de travail, et ils ne font pourtant en tout que deux mille quatre cents vers. […] Trois années après, le malheur avait passé sur cette maison, et Mlle Roaldès, par piété filiale, était réduite à chercher dans son talent une ressource.
Sa nature calme et peu passionnée ne paraît point avoir souffert d’ailleurs d’une telle union : En l’année 1639, ayant épousé M. de Motteville, dit-elle, qui n’avait point d’enfants et avait beaucoup de biens, j’y trouvai de la douceur avec une abondance de toutes choses ; et si j’avais voulu profiter de l’amitié qu’il avait pour moi, et recevoir tous les avantages qu’il pouvait et voulait me faire, je me serais trouvée riche après sa mort. […] Sage, secrète, régulière, d’un esprit doux et enjoué avec nuances, d’une curiosité à la fois sérieuse et amusée, d’un coup d’œil observateur qui ne cherchait pas à être perçant ni profond et qui se contentait de bien voir ce qui se faisait autour d’elle, elle passa ainsi vingt-deux années bien diverses, et dont quelques-unes furent agitées des plus violents orages. […] Elle avait les plus beaux cheveux du monde : ils étaient fort longs et en grande quantité, qui se sont conservés longtemps sans que les années aient eu le pouvoir de détruire leur beauté. […] Voulant dire, par exemple, que les rois ne voient jamais le mal et le danger qu’à la dernière extrémité, et qu’on le leur déguise au travers de mille nuages : « La Vérité, dit-elle, que les poètes et les peintres représentent toute nue, est-toujours devant eux habillée de mille façons ; et jamais mondaine n’a si souvent changé de mode que celle-là en change quand elle va dans les palais des rois. » À propos du chapeau de cardinal qu’on avait promis depuis des années à l’abbé de La Rivière, favori de Monsieur, et que réclamait tout à coup le prince de Condé pour son frère le prince de Conti, elle dira que « la Discorde vint jeter une pomme vermeille dans le cabinet ».
Chateaubriand, après autant d’années, Chateaubriand, génie de rêverie, de mélancolie et de silence, n’avait pas pardonné à Rivarol cette supériorité de conversation écrasante qu’il avait eu à subir quand il le rencontra dans sa jeunesse, et le vaniteux des Mémoires d’outre-tombe, le jaloux de Napoléon et de lord Byron, associa Rivarol aux deux seules jalousies de son âme, et le grandit par ses ressentiments… Quant à nous, venus longtemps après Rivarol, le piano de Liszt ou le violon de Paganini ont pu seuls nous donner la sensation de cette conversation inspirée qu’il exécutait, a dit Sainte-Beuve, à la manière d’un virtuose ; mais les idées, ces idées qu’exprime la parole et que n’exprime pas la musique, elles ne sont plus, et rien ne saurait les rappeler ! […] Mais, quelques années après le livre de MM. […] S’il n’était plus chrétien comme on lui avait appris à l’être en ses premières années, il avait emporté et gardé de son christianisme ce fort déisme qui allait à son royalisme, — qui est même le royalisme en philosophie, car Dieu, en métaphysique, c’est le Roi ! […] La France roulait de précipice en précipice vers un abîme, et elle s’est raccrochée aux baïonnettes d’un soldat… Quand, en 1790, on me demanda comment la Révolution finirait, je fis cette réponse bien simple : Ou le roi aura une année, ou l’armée aura un roi.
Après des années, c’est par cet ouvrage sur son pays, sur l’Allemagne, que Henri Heine, mûri par la réflexion et par la souffrance, nous introduit à ses œuvres complètes, à l’ensemble de ses pensées, et voilà que nous trouvons, mêlés à un talent suprême, de telles modifications, de tels changements dans le fond même des choses et de l’intelligence, que la Critique — cette jaugeuse des forces spirituelles, qui met la main sur la tête et le cœur des hommes à travers les œuvres, — est obligée de s’y arrêter. […] Ce volume posthume n’est pas une chose nouvelle, un trésor gardé par un délicieux dragon-femme, comme l’ont été pendant de si longues années les manuscrits de Lord Byron. […] Dans les Virtuoses des concerts particulièrement, lui, ce virtuose de l’ironie, nous joue un air sur Véron, sur cet homme que, pendant un si grand nombre d’années, tous les gens d’esprit de France et de Navarre se renvoyèrent comme une balle du jeu de paume de la moquerie, et nous parierions bien que cet air, depuis longtemps exécuté pour la première fois, le bourgeois de Paris, qui doit tamponner ses oreilles avec du coton, selon l’usage de tous les bourgeois, l’entend cependant toujours, de ces jolies oreilles que nous connaissons. […] Panthéiste enfin dépanthéisé, quand il faisait une bonne action, dans les dernières années de sa vie, il disait qu’il « mettait sa carte chez le bon Dieu », échappant ainsi par l’esprit même à cette impiété qui finit par dégoûter de l’esprit de Voltaire et qui l’a englouti et fait disparaître dans sa blasphématoire fétidité.
On dit qu’il passa une année sans prononcer une parole, ayant horreur de la figure humaine, marchant dix heures par jour, maniaque, puis idiot. […] Qu’il se promène, ou siffle, ou jure, ou dise des ordures, ou crie des injures, il s’acquitte de tous ces emplois mieux qu’un étudiant de troisième année. […] Les vers que chaque année il compose pour sa naissance sont des censures et des éloges de pédagogue ; s’il lui donne des bons points, c’est avec des restrictions. Un jour il lui inflige un petit sermon sur le manque de patience ; une autre fois, en manière de compliment, il lui décoche cet avertissement délicat : « Stella, ce jour de naissance est ton trente-quatrième. — Nous ne disputerons pas pour une année ou un peu plus. — Pourtant, Stella, ne te tourmente pas, quoique ta taille et tes années soient doubles de ce qu’elles étaient lorsqu’à seize ans je te vis pour la première fois la plus brillante vierge de la pelouse. […] s’il plaisait aux dieux de couper en deux ta beauté, ta taille, tes années et ton esprit, aucun siècle ne pourrait fournir un couple de nymphes si gracieuses, si sages et si belles993 !
Si j’étais de l’Académie, je le proposerais l’année prochaine pour le prix de vertu ou de l’ouvrage le plus utile aux mœurs. […] Lèbre (un écrivain suisse, mort jeune) mérite d’être grondé… Il a fait l’article sur Mickiewicz (dans la Revue suisse, année 1843, p. 513) trop mystique ; lui qui s’est fait tant d’honneur par son article sur la Philosophie allemande (Revue des Deux Mondes, 1er janvier 1843), qu’il n’aille pas gâter cela.
il suit depuis des années et a l’air de devancer. […] On était aux premières années de la Restauration ; pour arrondir son nom ou pour le rendre moins rond, il l’a entouré de deux de (pardon de l’inévitable cacophonie) ; il en a fait de Genoude.
Cette autorité, il l’acquit en peu de temps ; il la possédait dans sa seconde carrière de sermonnaire quand il venait de Metz à Paris pour y prêcher, et pendant ces huit ou dix années (à partir de 1657) dans lesquelles il fit retentir de sa parole déjà célèbre les principales chaires de la capitale. […] Mais ce génie impétueux, ne trouvant d’abord que bienveillance et admiration, se soumit comme de lui-même à cette raison qu’amènent les années.
Il y a quelques années déjà qu’à Paris M. […] Chaque année, après les études qui auraient pu se suivre sur place, il y aurait un voyage destiné à quelques explorations d’art ou au commentaire vivant d’un auteur ancien ; la moindre promenade aurait son objet.
Car, à mesure que ce siècle s’achemine tristement vers sa fin, je me sens plus d’amour pour les génies amples, magnifiques et féconds qui en ont illustré les cinquante premières années. […] Seulement, le choix est ici en sens inverse de celui qui prévaut depuis une vingtaine d’années.
S’il en était ainsi, Monval aurait tout de suite reconnu, l’année dernière, la mâchoire de l’auteur du Misanthrope. […] Maubant (nº 304), couronnée de plus de lauriers qu’il n’en faut pour la cuisine d’une famille pendant toute une année, et de lauriers attachés par un ruban rose aussi large que les rubans de nourrice ; il est évident que cette tête d’un homme qui joue l’empereur Auguste et que transfigure une si noble tâche, n’a presque plus rien de commun avec M.
Les béotiens l’ont trahi, quelquefois en l’aimant ; et, par béotiens, je n’entends pas seulement la foule, mais les gens du monde, les petits chroniqueurs et les faiseurs de revues de fin d’année. […] Quarante années d’héroïque labeur, de pureté et d’intégrité absolues, lui donnaient peut-être le droit d’éviter un certain ton dogmatique en parlant des vérités morales.
J’ai, sous les yeux, l’almanach de « Paris-Parisien », pour l’année 1897, publié par la librairie Ollendorff. […] Avoir été à Bayreuth ou y vouloir aller l’année prochaine.
Cette année (probablement l’an 30), Antipas se trouva, le jour anniversaire de sa naissance, à Machéro. […] Plusieurs années après la mort des deux maîtres, on se faisait encore baptiser du baptême de Jean.
Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ; qui, à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par abstraction, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l’homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal. […] Un méridien décide de la vérité, ou de peu d’années de possession.
Aimé-Martin53, et une partie de la Correspondance publiée en 1826, ont donné sur ces années d’épreuves tous les intéressants détails qu’on peut désirer ; et les origines d’aucun écrivain de talent ne sont mieux éclairées que celles de Bernardin de Saint-Pierre. […] Quoique l’auteur s’excuse presque d’avoir oublié sa langue durant dix années de voyages et d’absence, le style est déjà tout formé, et l’on y retrouve plus d’une esquisse gracieuse et pure de ce qui est devenu plus tard un tableau. […] Clarisse, qui répond à ces années d’hypocondrie, de misère, de solitude et d’enfantement, est naïvement retracé dans les lettres à M. […] Tous les enfants qui naissaient en ces années se baptisaient Paul et Virginie, comme précédemment on avait fait à l’envi pour les noms de Sophie et d’Émile. […] Nous ne suivrons pas Bernardin dans les vingt dernières années de sa vie ; il ne mourut qu’en janvier 1814.
J’avais déjà dit, il y a quelques années, cet adieu au cher Milly, terre et maison de mon enfance. […] C’est peu ; j’ai l’habitude de payer tous les ans à la Saint-Martin les créanciers de l’année en leur donnant le quart du capital de leurs vins et les intérêts de l’année. […] Le malheur veut, que cette année, l’époque de ce réabonnement coïncide avec la malheureuse crise de l’épidémie de Paris et qu’on m’écrive que presque tous mes abonnés sont absents et que je ne puis pas compter de deux à trois mois sur eux. […] Eh bien, vous n’avez qu’à descendre demain ce grand chemin, passer devant les pavillons de Monceau, prendre alors à gauche, monter la colline et redescendre : vous serez bientôt au pied du clocher de Bussières que vous cherchez, et tout près du village sec de Milly qu’habitait, il y a peu d’années, M. de Lamartine. […] — Il y a plusieurs années que nous sommes à Saint-Point, répondirent-elles ; seulement, nous ne pouvons pas venir souvent jusqu’ici, parce que c’est trop loin et trop haut ; madame de Lamartine qui élevait elle-même les cent petites filles de la paroisse, se sentant mourir, voulut que sa bienfaisance ne mourût pas avec elle ; elle nous donna alors une très-jolie maison que vous verrez tout à l’heure sur la terrasse du château, non loin de l’église, et nous y installa pour instruire les enfants de Saint-Point, et pour aller porter des secours et des consolations à tous les malades de la paroisse.
Les années de discordes et de misères qui chez nous retrempèrent l’énergie des âmes, les disposèrent à se faire un catholicisme viril, dur, ascétique, qui, demandant beaucoup à l’homme, lui rendit beaucoup en profondeur d’émotion et en force pour l’action. […] L’année 1638 commença la gloire et les malheurs de Port-Royal et du jansénisme : cette année-là, Antoine Le Maître335, avocat, conseiller d’État, quitta l’espoir d’une haute fortune pour se retirer à Port-Royal. Cette année là, aussi, Saint-Cyran fut emprisonné par ordre de Richelieu, et les solitaires dispersés. […] Après une trêve d’une dizaine d’années, la lutte reprend en 1679 : Arnauld est obligé de fuir aux Pays-Bas. […] En vivant chrétiennement on risque infiniment peu, quelques années de plaisir mêlé, pour gagner l’infini, la joie éternelle.
Entre les peintures sensationnelles, ayant pour objet la représentation complète et exclusive des visions, je crois bien que la plus précieuse est, cette année, comme déjà en 1885, un tableau de M. […] — Pendant nombre d’années nous avons tout ignoré. […] Nous sommes à présent dans un état de transition et il nous faudra encore beaucoup d’années pour nous fixer. […] La compagnie poursuivit ses efforts de diffusion et de vulgarisation avec ses tournées dans toute l’Angleterre après la mort de son fondateur en 1889 jusqu’aux années 1960. […] Puis l’année suivante, elle présenta la même œuvre à Paris.
« Nous croyons devoir avertir nos Lecteurs, que M. l'Abbé Sabatier de Castres n'est point l'Auteur de deux Pieces de vers insérées sous son nom dans le Recueil de l'année précédente, l'une intitulée la Dame fidelle, & l'autre la Fille perdue & retrouvée. […] Il y a quelques années que plusieurs Savans se trouvoient réunis chez feu M. […] Oui, Monsieur, quoique j’aye toujours eu une certaine antipathie pour la morgue philosophique, j’ai cependant été ébloui, dès les premieres années de mes études, de cet appareil imposant, dont ils savent si bien revêtir les choses médiocres. […] Cette Lettre a été publiée la même année 1773, dans le Journal des Beaux Arts, dans le Mercure de France, & dans plusieurs autres Feuilles périodiques. […] Cette Lettre & celle qui suit ont été publiées dans l’Année Littéraire.
Dix années de roman français Il serait assez téméraire de prétendre offrir, dès aujourd’hui, aux lecteurs de la Revue, l’esquisse complète et détaillée de l’histoire du roman français au cours des dix dernières années. […] III Si l’on envisage la production du roman dans la variété si abondante qu’elle a présentée au cours de ces dernières années, on aura vite fait de remarquer que la forme le plus volontiers choisie par les écrivains travaillés de tendances sociales a été le vaste tableau collectif, le roman de foules et d’ensembles. […] Barrès, en effet, y fixe l’histoire de ces vingt dernières années en décrivant leurs convulsions, du boulangisme au panamisme. […] Dans ce vaste ensemble que nous offre le roman provincial au cours des années écoulées, MM. […] VI Ce coup d’œil promené à vol d’oiseau sur les tendances diverses que le roman français a manifestées au cours des dix dernières années serait injustement incomplet, si je ne terminais en signalant l’efflorescence singulière et récente de la littérature féminine.
Année 1876 Samedi 1er janvier 1876 J’entre maintenant, avec terreur, dans l’année qui vient. […] À quelques années de là, en 1869, je crois me rappeler, Lachaud se présente dans l’arrondissement de Saint-Denis. […] Eh bien de cet inspecteur, depuis des années, des parties génitales affectées à messieurs les militaires, je n’ai pu tirer un renseignement, une anecdote, un mot. […] Ah, si j’étais de quelques années plus jeune ! […] Et à ce propos, il contait que, lors d’une épidémie de petite vérole, il y a quelques années, il avait été appelé dans une grande maison, où une vingtaine de jeunes femmes avaient fait la partie de se faire revacciner.
Il ne serait pas moins instructif de comparer les assertions de nos meilleurs botanistes, au sujet de certaines formes douteuses, que les uns rangent comme espèces et les autres comme variétés d’après les expériences faites sur leur faculté de croisement fécond, soit par différents observateurs, soit par un seul pendant plusieurs années ; mais je ne puis entrer dans de pareils détails. […] Herbert m’écrivait en 1839, il me disait avoir tenté l’expérience pendant cinq ans ; il l’a continuée encore pendant plusieurs années consécutives, toujours avec le même résultat. […] Gærtner a gardé pendant plusieurs années l’une près de l’autre, dans son jardin, une variété naine de Maïs à graines jaunes, et une variété de grande taille à graines rouges ; et quoique ces plantes aient des sexes séparés, elles ne croisèrent jamais naturellement. […] Le fait suivant est encore beaucoup plus extraordinaire ; mais il ne saurait être douteux, car il est le résultat d’un nombre considérable d’expériences continuées pendant de longues années sur neuf espèces de Molènes (Verbascum), par Gærtner. […] Notre première édition portait, comme la troisième édition anglaise et la première édition allemande : « Comme Gærtner a renouvelé pendant plusieurs années ses essais de croisement sur la Primevère et le Coucou, que nous avons tant de bonnes raisons de croire deux variétés, et qu’il n’a réussi que deux ou trois fois à obtenir des graines fécondes ; comme il a trouvé… etc.
Après quelques années d’exercice on s’y habitue ; il ne s’agit que d’être en représentation permanente. […] Saint-Simon, un si grand esprit, remplit des volumes et consuma des années pour des querelles de préséance. […] « Madame sa mère, dit le Mercure, l’a fait particulièrement instruire des devoirs d’un bon chrétien. » Son père, pendant plusieurs années, allait tous les jours à la Trappe. […] Quoique enfant pour ainsi dire encore, M. de la Trappe eût pour moi des charmes qui m’attachèrent, et la sainteté du lieu m’enchanta. » Chaque année il y fit une retraite, parfois de plusieurs semaines ; il y prit beaucoup d’inclination pour les chrétiens sévères, pour les jansénistes, pour le duc de Beauvilliers, pour ses gendres. […] ” s’en alla chez lui, d’où ses plaintes me revinrent, et la fièvre lui en prit. » La douzième année, après un an de supplications, Saint-Simon forcé par ses amis, plia, mais « comme, un homme qui va au supplice », et consentit par grâce à traiter Noailles en indifférent.
Chaque année, nous dit-il, il relisait La Chartreuse de Parme. […] Il y a quelques années, M. […] Mais les œuvres de notre génération n’ont pas encore beaucoup d’années à demeurer anthumes. […] Pourtant il avait passé ses dix premières années au milieu de cinquante ouvrières bavardes, dans l’atelier de son oncle. […] Comme à la lueur d’une étoile lointaine, il faut des années au rayon bleu pour atteindre le monde sublunaire.
Or, c’était précisément le régime de 1851 et des années suivantes. Sarcey fut gêné et il fut inquiété dans ses années d’enseignement en province. […] Ces années, les perdit-il ? […] Il se donna, pour cette entreprise, une peine énorme dans les deux dernières années de sa vie. […] Ce qui est extraordinaire, au contraire, c’est combien il réussit vite, si l’on tient compte et des deux années où il s’occupa de son œuvre et des cinq ou six années qui suivirent.
Là, et non ailleurs, se trouvent réunies toutes les qualités à la poursuite desquelles on s’efforçait depuis une cinquantaine d’années. […] Mais ce qu’il importe surtout d’observer c’est que le « siècle de Louis XIV » n’a guère duré plus de vingt-cinq ans, ce qui est peu pour un siècle, si l’on ne regarde qu’au nombre des années, et ce qui est beaucoup si l’on fait attention qu’il n’y a pas une de ces vingt-cinq années qui ne soit illustrée de quelque chef-d’œuvre. […] Et pour qu’enfin à tous égards les dernières années du siècle en ramènent le commencement, après ou avec les débauchés et les précieux, ce sont maintenant les « libertins » qui rentrent à leur tour en ligne. […] Les années de jeunesse, d’apprentissage et de voyage [Cf. […] II, ch. 8]. — Les quatre articles. — Mariage du Dauphin, 1680 ; — Bossuet est nommé aumônier de la Dauphine, 1680 ; — et, l’année suivante, évêque de Meaux.
L’esprit de Paris, et les variations qu’il subit durant les quatre ou cinq années de la Ligue, offriraient matière à bien des réflexions et des rapprochements. […] Henri IV, au contraire, en accordant franchement et trêve et prolongation de trêve, tandis que Mayenne refusait d’en profiter pour traiter de la paix, se gagna les cœurs et les villes de son royaume ; il y eut en trois mois plus de conversions à sa cause qu’on n’en eût pu espérer autrement en des années. […] Villeroi comme les Brienne, les Pontchartrain, les Le Tellier, est d’une de ces races ou l’on était secrétaire d’État de père en fils ; il fut ministre, en vérité, près de cinquante ans durant : ministre dès l’âge de vingt-cinq ans sous Charles IX, ministre sous Henri III, ministre ou l’équivalent sous Mayenne, ministre dès la première année de restauration monarchique sous Henri IV, ministre sous la régence et sous Louis XIII.
Sans y mettre tant de façons, revoyons-la un moment, vivante et dans sa fleur, sous ce règne de Louis XVI, pendant les dix heureuses années qui précédèrent la plus terrible des révolutions. […] Aristote a beau nous dire que le corps est dans toute sa force de trente à trente-cinq ans, et que l’esprit atteint à son meilleur point dans l’année qui précède la cinquantaine. […] Il y a longtemps que l’arbre est dépouillé à la cime et que la sève n’y monte plus. — Parny, dans ses trente dernières années, rima encore à ses moments perdus, joua beaucoup au whist, se maria, fut un homme de bonne compagnie, et il mourut au seuil de la vieillesse proprement dite, à soixante et un ans (5 décembre 1814).
Lundi 7 avril 1862, Il y eut pour le grand-duc, dans les années qui précédèrent son avènement au trône (1745-1762), deux périodes distinctes : celle où il prenait sa femme pour confidente, où il la consultait et se laissait assez volonvtiers diriger par elle dans les affaires qui touchaient à la politique ; et un second temps durant lequel il s’émancipa, sîirrita et devint plus ennemi et plus menaçant de jour en jour : mais en fait de ridicule et de puérilité gnotesque et grossière, ilne varia jamais. […] C’est là-dessus (avril 1759) que nous en restons avec les Mémoires inachevés ; et les trois années qui précèdent l’avénement à l’Empire et la grande usurpation de Catherine continuent de se dérober à nous dans leur entière obscurité et leur mystère. […] Lorsque je vins en Russie, et les premières années de notre union, pour peu que ce prince eût voulu se rendre supportable, mon cœur aurait été ouvert pour lui ; il n’est pas du tout surnaturel que quand je vis que de tous les objets possibles j’étais celui auquel il prêtait le moins d’attention, précisément parce que j’étais sa femme, je ne trouvai pas cette situation ni agréable ni de mon goût, qu’elle m’ennuyait et peut-être me chagrinait.
Durant les sept années qu’il passa dans la docte Congrégation de Saint-Maur, il dissimula de son mieux, il fit effort sur lui-même ; mais la nature l’emporta, et il rompit ses liens par une fuite éclatante en 1728. […] Mais lisons d’abord, nous raisonnerons après : « Mon Révérend Père, « Je ferai demain ce que je devrois avoir fait il y a plusieurs années, ou plutôt ce que je devrois ne m’être jamais mis dans la nécessité de faire ; je quitterai la Congrégation pour passer dans le grand Ordre. […] Au tome VI du Pour et Contre (1735), parlant du Voyage de Jordan qui venait de paraître, Prevost touche quelques mots de l’accusation, à la fois vague et grave, dont il s’y voit l’objet ; mais, soit qu’il se sente la conscience moins nette, soit que les compliments mêlés à ce mauvais propos l’aient amolli, il répond moins vivement qu’il n’avait fait, l’année précédente, à Lenglet-Dufresnoy : « Je me suis attendu, depuis mon retour en France, dit-il, à ces galanteries de MM. les protestants, et je ne suis pas fâché d’avoir occasion de m’expliquer sur la seule manière dont je veux y répondre.
vous n’avez pas tout le monde pour vous ; bien des fractions de l’opinion vous échappent ; la jeunesse des Écoles, par exemple, est demeurée récalcitrante et rebelle ; à trois cents pas du Louvre, vous ne régnez pas ; les hautes Écoles ne sont pas du tout pour vous : et c’est dans ces générations de 20 à 25 ans que se forme en grande partie l’avenir d’un pays, on répondait (combien de fois ne l’ai-je pas entendu :) : « Ah : les Écoles ont toujours été ainsi : ces mêmes jeunes gens dans quelques années penseront autrement ; et puis, ce n’est qu’une infiniment petite partie de la nation : nous avons pour nous la masse, les ouvriers des villes et des campagnes. — Les Écoles, le quartier Latin, qu’est-ce que cela nous fait ? […] Nous avons pu constater avec satisfaction, en touchant au terme de notre travail, que la nouvelle Table de la Revue des deux mondes, publiée cette année et plus complète que celle de 1857, ne mentionnait, au nom du critique des Lundis, qu’un seul article oublié par nous70. […] « A la Revue des deux mondes pendant les quinze années que j’y ai travaillé activement, j’ai eu mainte fois à faire de ces articles collectifs et impersonnels.
Michelet choisit un couple : une jeune fille de dix-huit ans et un jeune homme de vingt-huit ; il les suppose s’aimant d’un amour égal ; il les isole à peu près (quoi qu’il dise) du monde ambiant ; les suit année par année, jusqu’à la mort, et étudie, aux âges différents, l’action physique et morale de l’homme sur la femme, et inversement : « création de l’objet aimé (c’est-à-dire création de l’épouse par le mari) ; initiation et communion ; incarnation de l’amour (dans l’enfant) ; alanguissement de l’amour ; rajeunissement de l’amour. » Michelet propose un idéal, et qui se trouve être, sur la plupart des points, traditionaliste : il est remarquable que, ayant intitulé son livre l’Amour, Michelet n’y parle que de l’amour conjugal. […] Michelet approuverait les innombrables absolutions maritales qui font, depuis quelques années, la gloire de nos comédies et de nos romans.
Chapitre XXV Année 1670 (suite de la septième période). — Madame de Maintenon destinée à assurer le triomphe de la société polie. — Commencement de madame de Maintenon. — Son éducation. — Son mariage avec Scarron. — Naissance de son amour pour le roi. […] Elle passa neuf années avec lui, dans une liaison qu’elle ne regardait pas comme un mariage ; depuis la mort de Scarron, elle écrivit à son frère : « Je n’ai jamais été mariée : dans mon union avec Scarron le cœur entrait pour peu de chose, et le corps, en vérité, pour rien77. » Et Scarron, avant de l’épouser, disait à ses amis : Je lui apprendrai bien des sottises, mais je ne lui en ferai point. […] On peut, je crois, regarder la première entrevue du roi et de madame Scarron comme l’époque de la naissance d’un vif désir de se plaire réciproquement, désir qui n’a cessé de faire des progrès jusqu’à la certitude du succès, tout en traversant les nombreuses intrigues de galanterie, même d’amours, dont le roi fut occupé dix années.
Chapitre XXVI Suite de l’année 1670 (continuation de la septième période). — Madame Scarron chargée de l’éducation des enfants naturels du roi et de madame de Montespan. — Habitudes de madame Scarron. — Sa société quand elle fut nommée gouvernante. […] La naissance des deux enfants fut tenue secrète pendant plusieurs années. […] Ces trois années n’avaient point altéré cette figure dont le premier aspect n’avait pas été indifférent au roi.
Il a fallu insister sur ce point, parce qu’il n’y a pas si longtemps qu’on a compris la grande différence qu’il y a entre l’historien littéraire et le critique ; parce que, jusqu’aux dernières années du dernier siècle, les historiens littéraires croyaient avoir mission de critique et réciproquement ; parce que telle histoire de la littérature française, celle de Nisard, est tout entière œuvre de critique et comme histoire littéraire n’existe pas, de telle sorte que l’auteur n’a rien fait de ce qu’il devait faire et a fait tout le temps, et du reste d’une manière admirable, ce qu’il devait ne pas faire du tout ; si bien encore que son livre, absolument manqué comme histoire littéraire, reste tout entier debout comme recueil de morceaux de critique. […] J’ai vécu pendant quelques années dans une société d’hommes très intelligents, très lettrés, de beaucoup de goût, très décisionnaires aussi, qui parlaient sans cesse des ouvrages nouveaux. […] Ma curiosité ayant été éveillée, en rhétorique, par le devoir français d’un de mes camarades que je ne connaissais pas autrement, parce qu’il était d’une autre pension que moi, j’allai à lui, quelque temps après, et je lui demandai ce qu’il faisait : « Depuis quelque temps, me dit-il, je m’occupe beaucoup de philosophie. » Il s’occupa sans doute des littérateurs latins et français l’année suivante.
I Il y a quelques années, l’un des trois ouvrages que voici apprit au monde, qui l’ignorait, le nom de cette pauvre religieuse, — la sœur Anne-Catherine Emmerich. […] Emmerich, décloîtrée par les événements qui ruinèrent son couvent, dans les premières années de ce siècle, était retombée aux mains d’une famille à l’esprit étroit, peureux et abaissé ; et, par le fait, elle était plus durement cloîtrée entre les deux rideaux de son lit de douleur, qu’entre les murs d’un monastère. […] Pour ceux donc qui lurent la traduction que M. l’abbé Cazalès en donna, il y a quelques années, et qui en furent émus, cette émotion de la première lecture sera certainement ravivée dans toute sa profondeur à la seconde ; mais les récits nouveaux qu’on nous donné, quoique très curieux souvent, très beaux toujours et partout marqués du caractère particulier et distinctif de ce que j’ai osé appeler le talent de la sainte Mystique, n’ajouteront rien à cette émotion ravivée et à la connaissance qu’on avait déjà de ce talent, qui, ne le fût-il pas d’une autre manière, par l’intensité seule de sa touche, serait encore surnaturel !
Pendant de longues années il donna à la France, qui n’y comprenait rien, le spectacle d’un mariage à l’italienne. […] Visitant le Louvre plusieurs années après, il disait à Perrault, en apercevant un marteau : “Voici une arme dont M. de Mazarin se sert fort bien !” […] Madame de Maintenon vint comme les années, comme la raison, après la poésie ; comme l’amour chaste après l’amour orageux !
III L’un est l’auteur d’Une Année dans le Sahel 32, qui n’en est pas à son coup d’essai en fait de voyages, car il nous a donné déjà Un Été dans le Sahara. […] Qui parlera d’Un An dans le Sahel dans quelques années, excepté, entre eux, les amis auxquels il aura été adressé ? […] Une Année dans le Sahel ; En Hollande ; Un homme plus grand que son fauteuil (Pays, 17 mai 1859 ; Triboulet, 25 décembre 1880).
Non, Paris a tout simplement l’aspect d’un Paris, au mois d’août, par une année très chaude. […] Quelques années se passent ainsi dans la lutte, au bout desquelles mon frère est gravement attaqué du foie, pendant que chez moi se déclare une maladie des yeux menaçante. […] Il y a quelques années, nous avions dîné avec lui gaiement au mess de Fontainebleau, et des liens de famille, un peu dénoués, s’étaient renoués. […] À quelques années de là, les sœurs trouvaient des fonds, avec lesquelles elles achetaient un terrain, où elles faisaient bâtir une maison de 90 000 francs. […] Je nous revois, la première année de son mariage, nous battant, comme des enfants que nous étions, aussitôt que son mari avait le dos tourné.
Le genre dramatique, celui de tous qui a le plus illustré la France, est stérile depuis bien des années ; l’on ne traduit à Londres et à Naples que les charmantes pièces de M. […] Savez-vous, monsieur, que je ne trouve pas dans mes souvenirs que depuis bien des années il me soit arrivé d’écrire en un jour quatre lettres pour la même affaire. […] Le cinquième acte est à Waterloo, et la dernière scène du cinquième acte à l’arrivée sur le roc de Sainte-Hélène avec la vision prophétique des six années de tourments, de vexations basses et d’assassinats à coups d’épingles, exécutés par sir Hudson Lowe. […] 4º À moins qu’il ne soit question de peindre les changements successifs que le temps apporte dans le caractère d’un homme, peut-être trouvera-t-on qu’il ne faut pas, pour plaire en 1825, qu’une tragédie dure plusieurs années. Au reste, chaque poète fera des expériences, à la suite desquelles il est possible que l’espace d’une année soit trouvé le terme moyen convenable.
Le volume de 1860 n’en souffrira pas ; nous suppléerons à l’inconvénient en publiant, comme aujourd’hui, deux Entretiens à la fois, de manière que les douze Entretiens de l’année soient toujours complétés avant le 1er janvier de l’année suivante. […] J’ai eu le bonheur de résider pendant plusieurs années à cette cour, et d’assister, dans la familiarité intime du prince, à tous ses actes, à toutes ses intentions, à toutes ses pensées les plus secrètes d’amour pour son peuple et de perfectionnement pour ses institutions ; il n’y eut jamais alors plus de libéralisme sur un trône. […] Venise, après avoir tyrannisé ses propres citoyens, subit la tyrannie de l’étranger ; restée autrichienne pendant quelques années, elle redevint un proconsulat de la France sous le gouvernement militaire français, comme si Bonaparte, devenu Napoléon, eût dédaigné de la gouverner par lui-même. […] Quelques années plus tard, le duc vend l’alliance française à l’empereur Léopold Ier, au prix du Montferrat, de la province de Valence, d’Alexandrie, du val de Sésia, et de toute la plaine située entre Tanoro et le Pô. […] Trois ans passés, et la reconnaissance passée plus vite que les années, la maison de Savoie fait une nouvelle défection à la France, et combat avec l’Autriche contre nous.
« Voilà donc mes dernières pensées, car je n’écrirai plus rien de cette année ; dans quelques heures c’en sera fait, nous commencerons l’an prochain. […] Ainsi finit mon année auprès d’une lampe mourante. » Quelle inimitable mélancolie ! […] Que Dieu nous le conserve et ajoute à ses années tant d’années que je ne les voie pas finir ! […] Il fut obligé, pour vivre, de donner des leçons vulgaires à des enfants plus jeunes que lui ; puis, les élèves manquant, il fut contraint de briguer un emploi de répétiteur mal rétribué dans un collège, et il y végéta ainsi quelques années, lui, l’idole de son père, et le favori adoré de sa sœur, dans un château de gentilhomme, apparenté avec tout ce que sa province comptait de familles nobles ou distinguées ! […] XXXVIII C’est là que nous la retrouvons, vieillie seulement de deux années, mais en réalité vieillie de mille espérances ensevelies avant elle.
« C’est l’observation du jour et de la nuit ; ce sont les révolutions des mois et des années qui ont produit le nombre, fourni la notion du temps et rendu possible l’étude de l’univers. » Le temps n’est donc qu’une portion de l’éternité, que nous en détachons à notre usage. […] Les abeilles multiplient peu quand le printemps est tardif et que la saison est sèche et aride : elles font plus de miel dans les temps secs, mais les essaims multiplient davantage dans les temps de pluie ; et c’est là ce qui fait que les oliviers et les essaims produisent beaucoup dans les mêmes années. […] À leur seconde année, leur bois s’allonge droit comme un piquet ; aussi leur donne-t-on alors le nom de piquets. La troisième année il a deux branches ; la quatrième il est plus inégal, et il augmente de même chaque année jusqu’à ce que l’animal ait atteint six ans. […] Le bois du cerf tombe chaque année vers le mois d’avril.
Jamais la littérature française n’a été plus riche, plus belle, plus originale qu’entre les années 1820 et 1880 : voilà ce que disent les étrangers, qui nous jugent et qui nous goûtent avec plus d’impartialité et d’indépendance que nous ne pouvons le faire nous-mêmes. […] Bref je suis né en 1862 et tout plein de reproches contre mille choses que j’ai vues, je n’imagine cependant rien de mieux que l’air que j’ai respiré de ma naissance à cette année 1922. Et surtout les années 1914 et de la guerre me paraissent les plus héroïques de l’histoire de France. […] Le xixe siècle lui-même, durant la période de réaction philosophique qui marqua ses trente premières années, a accablé de sarcasmes et d’invectives l’œuvre des encyclopédistes, Rousseau, Helvétius, Voltaire « et son hideux sourire ». […] On conçoit fort bien que, pour un royaliste, le xixe siècle soit « stupide », puisqu’il ne comporte que trente-quatre années de royauté.
Année 1857 1er janvier Nous n’avons plus que deux visites à faire. […] Voilà des années que les Bilboquets de la chimie et de la physique nous promettent, tous les matins, un miracle, un élément, un métal nouveau, prennent solennellement l’engagement de nous chauffer avec des ronds de cuivre dans de l’eau, de nous nourrir ou de nous tuer avec rien, de faire de nous tous des centenaires, etc., etc. […] Point d’amis, point de relations, tout fermé… Ce silence si bien organisé contre tous ceux qui veulent manger au gâteau de la publicité, ces tristesses et ces navrements qui nous prenaient pendant ces années lentes où nous battions l’écho, sans pouvoir lui apprendre notre nom ! […] Dans le sentier étroit, nous rencontrons, tenant une blonde petite fille à la main, une ci-devant demoiselle, maintenant une mère que l’aîné de nous deux a eu, pendant huit jours, la très sérieuse intention d’épouser, et qui nous rappelle du bien vieux passé… Il y a des années qu’on ne s’est vu. […] » À la fin de la soirée, Saint-Victor, enterré au coin du feu dans un grand fauteuil, en une digestion de César replet, s’allume tout à coup, nous entendant causer de la Révolution et du vil prix des belles choses du xviiie siècle en ces années, et s’écrie, soulevé tout droit : — Hein !
C’est fermé… Et ce soir, nous sommes heureux de dîner en famille, dans un cénacle de cabotins, et de recevoir les vœux de bonne année d’un traître du boulevard ! […] Une autre vieille femme se levant à quatre heures du matin, et allant, pendant le carême, retenir à Notre-Dame une chaise, qu’elle revend dix à douze sous… et le reste de l’année coupant des crins de brosse de la même grandeur, triant des pains d’épice, faisant la cuisine et débarbouillant les enfants des marchands ambulants. […] Puis, on cause de la santé des anciens, de l’équilibre du physique antique, de l’hygiène morale des temps modernes, des conditions physiologiques de l’existence dans une cinquantaine d’années. […] Puis à quelques années de là, la voilà dans une petite ville, au comptoir d’un café, où venaient tous les gens du Tribunal. […] Hix, rue Meslay, vers la fin de l’année 1794.
Nous nous embrassons dans le jardin de notre maison, au clair de lune d’une année nouvelle. […] … Tenez j’aurais voulu que vous fussiez mort, l’année dernière, vous m’auriez laissé au moins la mémoire et le souvenir d’un ami ! […] Voici bien des oïdiums depuis quelques années. […] Il me tâte, il me retourne, il m’ausculte, il me fait sonner le corps et la place de mes maux, y retrouvant l’arriéré de vingt années anti-hygiéniques de vie littéraire. […] Alors, des années pendant lesquelles il tire le diable par la queue, et cela jusqu’en 1846, où il était nommé capitaine, et envoyé en Afrique.
Les Trois stations de psychothérapie sont de 1891, l’année du Jardin de Bérénice. […] Et malgré tout, dans tous les cas, la poésie brave mieux les années et les revers. […] Isabelle, il y a quelques années, allait s’enfuir du château, se faisant enlever par son amant le vicomte de Gonfreville. […] La petite Lili de Pomairols est apparue et ne s’est posée que treize années au foyer de son père. […] On peut admettre qu’il y travaillait depuis de longues années.
En ces dernières années, M. […] Jules Lemaître sur Chateaubriand ont été l’événement littéraire de l’année. […] Plusieurs années après, les survivants veulent reconstruire sur les ruines. […] Plusieurs années plus tard, on s’étonne encore de son départ pour Ligugé. […] S’il y avait des manuscrits des dernières années d’Arthur Rimbaud, M.
C’est pourquoi, dans les premières années de la Restauration, entre 1815 et 1825, il s’établit une façon commune de penser et surtout de sentir ; les bornes de l’ancien horizon se déplacent ou plutôt s’évanouissent ; et le cosmopolitisme littéraire est né. […] C’est la critique aussi, lassée du rôle humiliant qu’elle avait subi depuis une vingtaine d’années. […] I]. — Ses dernières années, — sa mort, — et ses « funérailles ». […] , p. 219-221] ; — et c’est alors, dans les vingt-cinq dernières années de sa vie, — que sa réputation et son influence égalent enfin son mérite. […] Michelet, en 40 volumes in-8º, Flammarion, Paris, commencée il y a déjà quelques années, et qui approche de son terme.
Dès le commencement de mon travail, une objection s’est dressée : était-il possible et séant d’étudier le mouvement poétique de trente années environ, en l’isolant de tout ce qui l’avait précédé ? […] Écartons l’idée du déplorable assagissement auquel aurait pu se résoudre un poète vanté en ses jeunes années par Lebrun le Pindarique. […] Ébloui, tout jeune, de Victor Hugo, — pareil à un homme brusquement éveillé par le soleil levant, — il se précipita vers la lumière, et, désormais toujours proche d’elle, il en fut vêtu tant d’années, tant d’années, jusqu’à son jour suprême ; elle fut le drap resplendissant de son cercueil. […] Villiers et moi, je l’affirme, nous étions parfaitement convaincus qu’en six années de réserve et d’élaboration, Stéphane Mallarmé avait entrepris, sinon achevé, quelque chef-d’œuvre dont s’étonnerait le monde. […] Dès l’année 1886, M.
J’ignore quelles ont été au juste ses souffrances physiques durant les quatre années de son exil et de son martyre. […] L’auteur d’une thèse, écrite il y a quelques années, sur La vie littéraire dans une ville de province sous Louis XIV, M. […] Chaque année voit poindre tant de réputations qu’il n’est plus possible de tenir la carte de toute cette poussière d’étoiles. […] En une seule année, un de ses ouvrages fit entrer dans la caisse du théâtre plus de 50.000 livres. […] Quel bien te reviendra de vivre cent années ?
Augustin Filon et de Mérimée remonte au mois d’août de l’année 1863. […] Cependant, les années passent, amenant des révolutions inouïes, des catastrophes sans précédents. […] Il fait, sans conviction, son année de service militaire. […] Il « tire son année » le plus doucement qu’il peut. […] Dès l’année 1884, un sénateur républicain, M.
Dès 1800 et vers les premières années de cette renaissance, quelques hommes de talent et de goût revinrent également au grand règne, mais par un sentiment prompt et vif d’admiration pour les chefs-d’œuvre, par l’adoption reconnue salutaire des doctrines, par l’attrait du beau langage et de l’éloquence ; les Fontanes, les Joubert, les Bausset obéirent à cet esprit et s’en firent les organes. […] Je me borne, pour ces années, à noter quelques paroles tirées çà et là des conversations de l’empereur, et par lesquelles cette grande nature continue de se définir elle-même avec l’accent qui lui est propre. […] Les premières années de la jeunesse de Louis XIV lui causaient un peu de chagrin : on revenait à la méthode de François Ier, aux maîtresses brillantes. […] Le 20 décembre de la même année, deux jours après la mort de Roederer, Carrel écrivit sur lui quelques mots encore en même temps que sur M.
Elle fait effet, elle règne à la manière des puissants du siècle, et même plus qu’eux : Ils n’agissent que sur les esprits, et j’ai le cœur et les sens de plus dans mon domaine… Suis-je une dupe, dites-le-moi, de jouir à la manière des héros et des ministres, d’avoir sans peine ce qui leur coûte des années de travail, ce qui leur fait passer tant de mauvaises nuits dans la crainte d’en être privés ? […] En cette même année 1790, M. de Meilhan publia un petit roman ou conte philosophique dans le goût de Zadig, et intitulé Les Deux Cousins, histoire véritable ; il l’avait composé en quelques jours à la campagne, après une conversation. […] M. de Meilhan avait encore composé dans ces années un roman en quatre volumes intitulé L’Émigré, et qui fut imprimé à Hambourg en 1797 ; je ne doute pas qu’il ne doive contenir des observations curieuses sur cette France d’outre-Rhin et cette société errante, mais je n’ai pu le trouver nulle part ni rencontrer personne qui en eût connaissance30. Dans les dernières années, M. de Meilhan vivait à Vienne, au quatrième étage, pauvre et assez entouré.
C’était un homme heureux que le marquis d’Argenson dans les neuf ou dix dernières années de sa vie, après sa sortie du ministère. […] Pour le passé il place son âge d’or dans les dernières années du règne de Henri IV, de qui il fait « un brave militaire et un bonhomme de roi, qui gâtait un peu ce à quoi il touchait, mais qui avait bon cœur et qui heureusement revenait toujours à son Sully ». […] Il y avait des jours où, pressé d’émettre une idée qu’il croyait utile, il envoyait des articles au journal de Fréron : ainsi l’article qu’on lit dans L’Année littéraire, 1756, page 37, sur la « Noblesse commerçante » de l’abbé Coyer, est de lui. […] Je partagerais ainsi mon année : À la ville, six mois.
La feuille en renom au xviiie siècle pour la rigidité de ses principes classiques, L’Année littéraire, avait parlé de son livre des Considérations sur les mœurs, et en assez bons termes ; Mme de Créqui n’en était pas très mécontente : Venons à la critique de L’Année littéraire, lui écrivait-elle ; elle est à quelques égards assez obligeante, et à d’autres détestable. […] Le roman, qui est agréable, n’est que pour la forme ; tirons-en le fond, et quoique l’auteur, quand il l’écrivait, fût de quelques années plus âgé qu’en ses beaux jours d’éclat auprès du fauteuil de Mme de Créqui, soyons bien sûr qu’il avait déjà tous les mêmes jugements dans la tête et dans la conversation quand il désennuyait si bien la marquise. […] Nombre de remarques justes sur l’humeur de la nation, et sur son étrange facilité à se plier pour un temps à cet atroce régime de terreur, révèle le publiciste moraliste, l’homme qui a vécu avec Tacite et qui en a pénétré tout le sens : Parmi les habitants de Paris, faibles, légers, indolents pour la plus grande partie, les gens riches ou aisés désiraient intérieurement, l’année passée (1792), le retour de la monarchie, pour assurer leur fortune ; mais ils craignaient la transition, et, semblables à ces malades qui ne peuvent supporter l’idée d’une opération douloureuse qui doit les sauver, ils se familiarisaient avec leurs maux… Aujourd’hui, stupides de terreur, ils attendent comme de vils animaux qu’on les conduise à la mort.
On n’y compte que les années critiques, décisives. 1636 est une de ces années, comme 1656 en sera une par les Provinciales. […] Vaugelas, dans ses Remarques publiées en 1647, fait souvent cette observation que, depuis dix ou douze années, tel ou tel usage qu’il estime meilleur s’est introduit et a prévalu : or, ces dix ou douze années en arrière se rapportent parfaitement à la venue du Cid.
» Et nous, qui dans l’amour consumons nos journées, Nous, qui de nos regards vivrions des années, Nous disons : Ce n’est qu’un moment ! […] Ses dernières années se sont passées dans les mêmes sentiments, dans les mêmes regrets et les mêmes fluctuations morales qu’il avait éprouvés de tout temps : seulement les craintes et les regrets, ou même les remords chrétiens surnageaient de plus en plus. […] Il ne pouvait s’empêcher presque chaque fois, dans ses articles très-peu critiques, de revenir à la poésie et aux souvenirs émus de ses jeunes années, aux principaux noms romantiques qui lui étaient restés chers : mon nom, à moi-même, y trouvait souvent son compte, et son amitié pour moi, à travers l’éloignement et l’absence, n’a jamais varié. […] « Ici qu’elle est venue, ici que, solitaire, S’est lentement en elle accompli ce mystère Qui nous change en autrui ; Ici qu’elle a rêvé qu’elle s’était donnée, Ici qu’elle a béni le jour, le mois, l’année Qui l’uniront à lui !
Chapitre II Clément Marot Les premières années du xvie siècle : les poètes d’Anne de Bretagne. — 1. […] Pendant une vingtaine d’années, l’esprit de la Renaissance s’infiltre chez nous : mais le xve siècle reste pour ainsi dire toujours à l’avant-scène. […] Ces essais, semble-t-il, ne se soutiennent pas ; et Tifernas, qui mourut quelques années après en Italie, ne fut pas remplacé. […] L’année suivante, satisfaction fut donnée à la philologie par la nomination de quelques professeurs royaux : c’est de là qu’est sorti le collège de France.
Marguerite de Valois était sœur de François Ier et son aînée de quelques années. […] La première édition de cet ouvrage ne fut publiée que plusieurs années après la mort de Marguerite, en un temps où les retouches étaient regardées comme des actes de piété envers la mémoire des auteurs. […] Vers la fin de l’année 1518, François Ier donnait pour valet de chambre à Marguerite, alors duchesse d’Alençon, Clément Marot. […] Il y mourut en 1544, à l’âge de soixante ans, l’année même de la bataille de Cérisoles, extarris et rerum egenus, dit son biographe Sainte-Marthe, mais toujours poète et galant, malgré le conseil d’Ovide qu’il avait dû lire dans le texte même : Turpe senilis amor.
., où c’est l’accent libéral qui domine. 4º Il y faudrait joindre une branche purement satirique, dans laquelle la veine de sensibilité n’a plus de part, et où il attaque sans réserve, avec malice, avec âcreté et amertume, ses adversaires d’alors, les ministériels, les ventrus, la race de Loyola, le pape en personne et le Vatican ; cette branche comprendrait depuis Le Ventru jusqu’aux Clefs du paradis. 5º Enfin une branche supérieure que Béranger n’a produite que dans les dernières années, et qui a été un dernier effort et comme une dernière greffe de ce talent savant, délicat et laborieux, c’est la chanson-ballade, purement poétique et philosophique, comme Les Bohémiens, ou ayant déjà une légère teinte de socialisme, comme Les Contrebandiers, Le Vieux Vagabond. […] Il y a quelques années déjà que, l’étudiant à part moi, et sans songer à venir reparler de lui au public, j’écrivais cette page que je demande la permission de transcrire, comme l’expression la plus sincère et la plus nette de mon dernier sentiment littéraire à son égard : Béranger a obtenu de gloire tout ce qu’il en mérite, et un peu au-delà ; sa réputation est au comble. […] Les relations de Béranger dans les dix dernières années avec Chateaubriand, avec Lamennais, et même avec Lamartine, ont été célèbres ; elles sont piquantes quand on songe au point d’où sont partis tous ces hommes. […] Je trouve dans une lettre familière le récit d’une visite chez Béranger, qui exprimera ce que j’ai à dire de lui, plus au vif que je ne le pourrais en termes généraux, et qui ne renferme rien d’ailleurs que d’honorable et d’adouci : Mai 1846. — J’ai revu Béranger, que je n’avais pas rencontré depuis des années, écrivait le visiteur ; c’est Lamennais qui m’avait fort engagé à l’aller revoir.
Il vivait depuis de longues années à Weimar, à la petite cour de Charles-Auguste, dans la faveur, ou, pour mieux dire, dans l’amitié et l’intimité du prince, dans une étude calme, variée, universelle, dans une fécondité de production incessante et facile, en tout au comble de la félicité, du génie et de la gloire. […] Cette année, je ne me sens pas aussi bien que l’année dernière ; quelquefois je te désire avec une certaine frayeur, et je reste des heures entières à penser à Wolfgang (prénom de Goethe), quand il était enfant et qu’il se roulait à mes pieds ; puis, comme il savait si bien jouer avec son frère Jacques, et lui raconter des histoires ! […] On voudrait qu’il se fût un peu plus ressouvenu dans son génie de ce mot de sa mère : « Il n’y a rien de plus grand que quand l’homme se fait sentir dans l’homme. » — On a dit que Goethe aimait peu sa mère, qu’il l’aimait froidement, que, pendant de longues années, séparé d’elle seulement par une quarantaine de lieues, il ne la visita point ; on l’a taxé à ce sujet d’égoïsme et de sécheresse.
En parlant, il y a quelque temps, de Mme d’Épinay, j’ai été conduit vers l’abbé Galiani, avec qui cette dame entretint une correspondance pendant les douze dernières années de sa vie. […] Il vint à Paris en 1759 en qualité de secrétaire d’ambassade, et, à part de courtes absences, il y résida jusqu’en 1769, c’est-à-dire pendant dix années : il ne comptait avoir vécu d’une vraie vie que durant ce temps-là. […] Il est vrai que le nombre de ses vrais amis, de ceux auxquels il tient réellement et par les fibres secrètes, se réduit fort avec les années. […] Je sais à présent quelles sont les personnes qui m’ont le plus intéressé à Paris ; dans les premières années je ne les distinguais pas. » Le jour où il perd Mme d’Épinay, ce jour-là seulement son âme se brise, sa vie parisienne est close ; le Galiani parisien meurt avec elle, le Galiani napolitain continue de végéter.
En ces cent années il s’est fait une assez grande révolution dans l’ordre et le gouvernement de la société, dans l’ensemble des mœurs publiques, pour que l’existence et la vie que menait cette petite reine fantasque nous semble presque comme un conte des Mille et Une Nuits, et pour qu’on se dise sérieusement : « Était-ce donc possible ? […] C’étaient des surprises galantes à chaque pas, des jeux innocents à chaque heure : on joue à la nymphe, à la bergère ; on prélude aux futures prodigalités en jouant même à l’économie : « M. le duc du Maine se plaignit en sortant du jeu, nous dit la relation, qu’il avait perdu deux écus ; les princesses louèrent leur fortune d’en avoir gagné environ autant. » Dans ces fêtes et dans celles qui se renouvelèrent au même lieu les années suivantes, on voit M. de Malezieu faire à ravir les honneurs de chez lui, remplir et animer en homme universel toute cette petite sphère. […] Le plein éclat, la splendeur de ce qu’on nommait les Grandes Nuits de Sceaux, se rapporte à ces années mêmes de désastres. […] Il semblait que Mme du Maine ne pouvait se passer de cette duchesse, qui était devenue l’intendante de ses plaisirs, le Malezieu des dernières années.
Mes premières aimées, comme des années très prodigues, avaient déjà en quelque sorte déshérité les suivantes, et dissipé une partie de mes forces. » Le souffle poétique, ce qui est rare chez Mirabeau, semble avoir passé en cet endroit, et en cet autre encore : « Si vous me redonnez la liberté, même restreinte, que je vous demande, la prison m’aura rendu sage ; car le Temps, qui court sur ma tête d’un pied bien moins léger que sur celle des autres hommes, m’a éveillé de mes rêves. » Ailleurs, parlant non plus à son père, mais de son père, il dira par un genre d’image qui rappelle les précédentes : « Il a commencé par vouloir m’asservir, et, ne pouvant y réussir, il a mieux aimé me briser que de me laisser croître auprès de lui, de peur que je n’élevasse ma tête tandis que les années baissent la sienne. » On a refusé l’imagination proprement dite à Mirabeau ; il a certainement l’imagination oratoire, celle qui consiste à évoquer les grands noms historiques, les figures et les groupes célèbres, et à les mettre en scène dans la perspective du moment : mais, dans les passages que je viens de citer, il montre qu’il n’était pas dénué de cette autre imagination plus légère, et qui se sent de la poésie. […] Il serait curieux, et je le ferai peut-être un autre jour, de suivre les variations, les luttes, les contradictions violentes de ce père à la fois irrité, humilié, et, à de rares instants, enorgueilli de son fils, durant ces années d’une célébrité si mélangée et encore douteuse, par où celui-ci préludait à la gloire. […] Le docteur Ysabeau, son ami, et qui, depuis des années, lui avait donné des soins, pria son beau-frère le curé Vallet, député à l’Assemblée constituante, de faire part de cette triste nouvelle à Mirabeau.
On ne sait rien ou presque rien des soixante premières années de Mme de Lambert. […] Quand le mari fut mort, il vécut quelques années avec elle, puis l’épousa. […] Fénelon, jugeant ces mêmes Avis de Mme de Lambert à son fils, disait : L’honneur, la probité la plus pure, la connaissance du cœur des hommes, règnent dans ce discours… Je ne serais peut-être pas tout à fait d’accord avec elle sur toute l’ambition qu’elle demande de lui ; mais nous nous raccommoderions bientôt sur toutes les vertus par lesquelles elle veut que cette ambition soit soutenue et modérée. » Mme de Lambert perdit son mari en 1686 ; elle l’avait accompagné deux années auparavant à Luxembourg, quand il avait été nommé gouverneur de cette province, et, dans ce pays nouvellement conquis, elle l’avait aidé à se concilier les cœurs : « Il avait la main légère, dit-elle, et ne gouvernait que par amour, et jamais par autorité. » Elle avait consacré tout son bien personnel, qui était considérable, à l’avancement de la fortune de son mari et à une honorable représentation. […] Mais, trente ans environ après sa fondation, lorsqu’une jeune et hardie littérature se fut produite sous Louis XIV, que les Boileau et les Racine, les Molière et les La Fontaine eurent véritablement régénéré les lettres françaises et la poésie, l’Académie se trouva un peu arriérée et surannée, et elle resta telle, plus ou moins, durant les trente-cinq dernières années du siècle.
— Paul et Virginie, dit-il encore dans un autre ouvrage, m’a accompagné dans les contrées dont s’inspira Bernardin de Saint-Pierre ; je l’ai relu pendant bien des années, avec mon compagnon et mon ami, M. […] Ils étaient venus, il y avait plusieurs années, chercher fortune ; ils avaient quitté leurs parents, leurs amis, leur patrie, pour passer leurs jours dans un lieu sauvage, où l’on ne voyait que la mer et les escarpements affreux du morne Brabant ; mais l’air de contentement et de bonté de cette jeune mère de famille semblait rendre heureux tout ce qui l’approchait. […] Bernardin le montre tel qu’il était en ces années 1772-1776, dans leurs longues promenades et leurs conversations familières sur tous sujets. […] Disons toute notre pensée : si Bernardin n’avait sollicité de la sorte qu’en ces années dont nous parlons, quand il en avait si absolument besoin, quand il était comme un père ou comme une mère voulant produire le fruit ignoré de son génie, l’enfant de ses entrailles, s’il n’avait pas conservé ces habitudes de plainte et de sollicitation jusque dans des temps plus heureux et fait alterner perpétuellement l’idylle et le livre de comptes, ce serait simplement touchant, ce serait respectable et sacré.
Les terreurs que les deux femmes qui l’élevaient contradictoirement mêlaient à l’envi aux contes du coin du feu paraissent lui en a oir ôté tout le charme, et on ne voit jamais trace chez lui d’un tendre regard en arrière vers les années de son enfance. […] En sortant de cette ville d’Angers où il avait passé les années de sa preuve et studieuse jeunesse, il se retourna un moment en arrière, salua les toits ardoisés qui brillaient dans le lointain, et pleura. […] L’année suivante (1788), il publia un écrit de circonstance, des Considérations sur la guerre des Turcs, dans lesquelles il parlait de ces peuples d’Orient en connaissance de cause et ne se montrait point défavorable aux projets de Catherine ; il exposait les chances probables de la guerre comme étant tout à l’avantage de la Russie. […] C. sur la chronologie de différents peuples anciens », laquelle est de Volney ; il y donna sommairement les résultats de plusieurs années d’études.
Il faudrait se moquer de la simplicité de ces bonnes gens qui ont prétendu former d’honnêtes et habiles citoyens, des hommes utiles, de grands hommes, en se promenant, en causant, en plaisantant ; accoutumer la jeunesse à la pratique éclairée des vertus et l’initier aux sciences par manière de passe-temps ; oui, certes, il faudrait s’en moquer si l’on ne respectait la bonté de leur âme et leur tendre compassion poulies années innocentes de notre vie. […] Voilà donc le fruit de sept à huit années d’un pénible travail et d’une prison continue. […] N’est-ce pas un phénomène bien étonnant que des écoles d’éducation publique barbares et gothiques, se soutenant avec tous leurs défauts, au centre d’une nation éclairée, à côté de trois célèbres Académies, après l’expulsion des mauvais maîtres connus sous le nom de jésuites, malgré la réclamation constante de tous les ordres de l’État, au détriment de la nation, à sa honte, au préjudice des premières années de toute la jeunesse d’un royaume et au mépris d’une multitude d’ouvrages excellents, du moins quant à la partie où l’on s’est attaché à démontrer les vices de cette éducation. […] Je suppose que ce n’est pas sur le nombre des années, mais sur les progrès de l’entendement qu’il faut admettre ou éloigner un enfant d’une école publique des sciences.
Des années passent pour lui, partagées entre la pratique machinale du sacerdoce et l’étude solitaire. […] Une chère compagne de son enfance, malade depuis des années, recouvre à Lourdes la santé, et il se refuse, en dépit de son cœur saignant, l’espoir de la posséder jamais. « Jamais il ne connaîtrait la possession, il était hors du monde, au sépulcre… Il goûtait une mélancolie sans bornes, un néant immense, à se dire qu’il était mort, que cette aube de femme se levait sur la tombe où dormait sa virilité. […] Les causeries d’un vieux docteur sagace, un séjour à Paris achèvent le sourd travail qui s’opérait depuis des années au fond de son être douloureux : et après une nuit de méditation suprême, l’homme enfin, transfiguré, sort victorieux du prêtre […] Après dix ou quinze années de cette culture, il est rare qu’elle ne soit pas arrivée à son but, qu’elle n’ait pas l’outil qu’elle voulait.
Dans la dernière année, M. Kahn laissant la Vogue, remplaça par un dogmatisme utile le plaisant scepticisme de M. de Wyzewa ; en janvier 1889, la Revue Indépendante passa en d’autres mains, perdit d’année en année son caractère aristocratique, mourut lentement. […] Ces deux années furent fécondes et nous en ressentons toujours la très bienfaisante influence. […] Capable de s’abstraire pendant des années dans une idée et dans une œuvre unique, il est de ceux qui ont le souci de ne pas achever pour n’avoir pas la peine de recommencer. […] Aurier manqua de quelques années pour s’harmoniser définitivement.
Lacordaire a pu hésiter un moment avant d’accepter les avances de l’Académie (et on assure qu’il a hésité en effet), il y a quelque chose qui a dû le décider plus que tout, lui orateur et depuis quelques années réduit au silence ; c’est la pensée d’une telle joute, la perspective d’une telle journée. […] Se reportant donc aux années des luttes parlementaires, l’ancien ministre s’est demandé comment il se faisait que M. de Tocqueville et lui, qui ne semblaient aujourd’hui, et dans ce raccourci de conciliation suprême, n’avoir jamais différé que sur des degrés et des nuances, avaient toujours été cependant en face l’un de l’autre et dans des camps opposés ; reprenant à son compte, exprimant à sa manière ce que M.
Ratisbonne est trop jeune pour avoir suivi et connu M. de Vigny dans la plus grande partie de sa carrière, et il ne se pose point cette question : M. de Vigny, nature de tout temps élevée et digne, n’a-t-il pas lui-même changé avec les années, et n’a-t-il pas cessé, à un certain moment, d’être ce qu’on appelle aimable ? […] Victor Hugo, et à côte de lui dans la sphère littéraire, est peut-être la plus à même aujourd’hui de bien juger M. de Vigny, l’ayant vu de tout temps et connu très anciennement dès les plus belles années : « J’ai lu et relu votre Étude sur de Vigny.