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902. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Voilà le ton que prennent ces messieurs, quand ils daignent répondre, non pas même à ceux qui les attaquent personnellement, mais à ceux qui osent discuter certains auteurs du dix-septième siècle. […] On ne trouve rien à répondre, et la plume vous tombe des mains. » Ce dédain voudrait avoir grand air ; il n’est que puéril.

903. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Cette Correspondance, dans laquelle Tocqueville a cherché à plus d’un endroit à s’expliquer sur le sens de son ouvrage et à répondre à ceux qui persistaient à le regarder comme confus et contradictoire, atteste à quel point son esprit tout entier ressemblait à son livre. […] Et puisque ces écrits répondent, avec le calme qui est en eux, à cette lubie d’être un passionné qui le reprenait après l’avoir lâché un instant, pourquoi donc avoir voulu produire ces deux Tocqueville inconnus, — le Tocqueville de feu et le Tocqueville couleur de rose, — quand avec celui que nous connaissons il est impossible de les admettre et même de les supposer !

904. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

… Ne savez-vous pas vous-même — mettez la main sur votre conscience et répondez-vous !  […] Quant à Madame Récamier, qui ne répond pas à ces lettres, cette porteuse de roses qui en effeuillait une chaque soir avec la même indifférence qu’elle aurait effeuillé un cœur, elle peut garder son voile d’Isis qui, en la cachant, la protège.

905. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Ni la physiologie, ni la psychologie, interrogées isolément, ne peuvent, en effet, répondre à ces deux grandes questions : qu’est-ce que l’intelligence ? […] Il faut le rompre à sa condition et lui enseigner sa chute, sinon la création armée l’écrasera ; puis le ciel armé, car Adam, le pédagogue et le père, répond pour ses enfants.

906. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

se dit le poète, et il ajoute : Sur le livre de Dieu, dit l’Orient esclave, Et l’Occident répond : Sur le livre du Christ ! […] Tel que l’on croit complet et maître en toute chose Ne dit pas les savoirs qu’à tort on lui suppose, Et qu’il est tel grand but qu’en vain il entreprit, — Tout homme a vu le mur qui borne son esprit » Enfin, — car il faut se borner, — dans une pièce intitulée : Jésus au mont des Oliviers, où l’âme du chrétien, rouverte un moment, se referme tout à coup, redevenue rigide, je trouve ces vers d’une stoïcité presque impie, qui vont assez avant dans l’inspiration du poète pour qu’on en comprenne la profondeur et pour que rien ne soit citable après : ……………………………………………… Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité.

907. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Il sortit dans la rue avec une énorme cocarde tricolore. « Je voudrais bien savoir, dit-il, qui est-ce qui va venir m’arracher cette cocarde. » On l’aimait dans le quartier. « Personne, capitaine, personne », lui répondit-on, et on le ramena doucement par le bras à la maison. […] — Tous pauvres comme Job, me répondit-elle. […] Mon oncle Y…. très révolutionnaire, au fond excellent homme, lui disait souvent — « Ma cousine, prenez garde ; si j’étais obligé de savoir qu’il y a des prêtres ou des aristocrates cachés chez vous, je vous dénoncerais. » Elle répondait qu’elle ne connaissait que de vrais amis de la République, mais ce qui s’appelle de vrais amis ! […] Quand je demandais à ma mère de me donner l’explication de cette singularité, elle répondait toujours d’une manière évasive, me parlait vaguement d’aventures dans les mers de Madagascar, refusait de répondre.

908. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

La psychologie ordinaire, se plaçant soit au point de vue purement intellectualiste, soit au point de vue matérialiste (les deux se ressemblent), ne considère le plus souvent que le contenu et les qualités des idées ou images mentales, à l’état immobile et « statique » ; elle les traite comme des espèces de tableaux ayant une forme propre dans un cadre propre et, de plus, répondant à des objets dont elles sont les portraits. […] » Répondre : « Un reflet subjectif et interne », c’est se contenter des accompagnements tangibles et visibles. […] — Peut-être au contraire, répondra M.  […] Pour répondre à la confession de M.  […] Je ne me vois pas vouloir, donc vouloir n’est rien, disent les partisans exclusifs de l’objet ; je ne me vois pas vouloir, donc mon vouloir est moi-même, répondent les partisans du sujet.

909. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

” Alors, lui passant au doigt cet anneau, sur la pierre duquel est gravé mon nom, je lui répondis : « “Épelle chaque jour une des syllabes qui composent mon nom, et, avant que tu aies fini, tu verras arriver un de mes officiers de confiance, chargé de te ramener à ton époux ! […] « Ce serait souiller mes lèvres que de prononcer le nom de l’infâme qui n’a pas craint d’abandonner sa vertueuse épouse », lui répond la nourrice. […] Un silence profond règne dans la forêt, excepté dans les endroits où les sources, en murmurant, jaillissent du rocher, où l’écho de la montagne répond au mugissement du tigre, où les branches deviennent, en éclatant, la proie des flammes qui pétillent, et qu’au loin s’étend l’incendie qui allume le souffle du feu… Oui, je reconnais cette scène, et tout le passé se présente à mon souvenir… Ces terribles ombres n’effrayaient pas Sita, heureuse de braver les horreurs de la forêt obscure avec Rama à son côté. […] — Ce jeune homme doit posséder des armes célestes, dit un autre : « Cela est vrai, répond un troisième ; car voyez, par un changement terrible qui est effrayant pour l’œil, l’obscurité succède à l’éclair éblouissant. […] « Pieux solitaire », répond-il, « je n’ai plus qu’une prière à vous adresser : Puissent les chants inspirés qui célèbrent cette histoire charmer et purifier les âmes des spectateurs !

910. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Sans hésiter nous répondrons : oui ! […] Un homme se leva pour répondre. […] Celui qui lui répondit fut un ancien professeur dont j’ai oublié le nom ; je sais seulement que toute sa gloire consiste à avoir signé ou dirigé une traduction des classiques latins. […] L’autre répondait : Clysterium donare  ; et toute la compagnie reprenait en chœur : Dignus, dignus est intrare in nostro docto corpore ! […] vous serez en droit de me répondre comme Hamlet : Des mots !

911. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Ce sont là des réalistes, je vous en réponds, et qui m’ont fait comprendre que tout est curieux. […] Et moi de lui répondre avec audace : Pardieu ! […] Répondre qu’on ne l’est pas est le moyen le plus simple, mais il est un peu primitif. […]  » Il est difficile de répondre sérieusement à de pareilles facéties ; on pourrait croire que M.  […] À quoi cela répond-il de notre temps ?

912. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

On me répondra : « Il suit la nature pour son compte ; mais il la contrarie dans Agnès !  […] — Non, je jeûne ce soir, répond Arnolphe. […] Molière répond : à la Cour et au parterre. […] Or qui que ce soit, pourvu qu’il ait du bon sens et quelque expérience, peut répondre oui ou non. […] Je répondrai : Molière donne ici à Philinte l’attitude qu’il a lui-même, lui Molière, que j’ai cru démontrer qu’il avait.

913. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Le poète répondit qu’il ne croyait pas que l’amour fut à sa place dans une tragédie ; mais que, s’il leur fallait des héros amoureux, il leur en ferait tout comme un autre. […] Qu’il vienne s’il veut , répondit l’implacable vieillard. […] » répondit le vieux philosophe. […] « Je pense, répondit Piron, que vous voudriez bien que je l’eusse faite. — Mais, reprit Voltaire, on n’a pas si sifflé. — Ah ! […] Je réponds d’abord qu’il leur était impossible de prévoir ce résultat, et que personne n’osait l’espérer.

914. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 230-231

Liniere avoit très-fort raison de répondre à ce mauvais Versificateur, qui se vantoit de ce que les Vers ne lui coutoient rien, ils vous coutent ce qu’ils valent.

915. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 271-272

En effet, ce Drame ne répond ni à son titre, ni aux regles du Théatre.

916. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

C’est un fait qu’en 1756 faisant le portrait du roi, Sa Majesté cherchait à s’entretenir avec lui sur son art, et que La Tour répondit à toutes les observations du monarque, Vous avez raison, Sire, mais nous n’avons point de marine.

917. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Oui, répond Sorel, pourvu que l’on arrache ce prolétaire au « marais démocratique » en exaltant chez lui le sentiment de sa classe et de la guerre à soutenir contre la classe adverse. […] Un effort de défense y a répondu, qui s’est incarné dans M.  […] Je lui répondis moi-même une lettre que je déchirai aussitôt, où, relevant cette dernière phrase : « Plus elle est rigoureuse en morale », je lui posais cette question : « Au nom de quoi ? » Il aurait repris sa plume pour me commenter un autre passage de sa propre lettre, et m’aurait répondu : « Mais au nom de la dette que chaque individu contracte en naissant envers la société. » Je lui aurais répondu à mon tour : « Où est-il écrit qu’il faut payer ses dettes ? […] Ils renvoient les délégués avec cette simple et fière réponse : « Nous vous ordonnons de partir et de dire à vos chefs que nous leur répondrons face à face. » C’est la bataille inévitable et imminente.

918. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Étienne n’éprouva ni surprise ni timidité pour lui répondre après qu’elle lui eut adressé la parole. […] … — Jamais », répondit le peintre. […] Le jeune enfant, ayant répondu par le cri de Vive la république, mourut sous les baïonnettes des Vendéens. […] auxquels elles répondaient. […] Votre Léonidas donne le signal pour prendre les armes et marcher au combat, et tous vos Spartiates répondent à son appel.

919. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Liégeard, Stéphen (1830-1925) »

Victor Delaporte C’est une guirlande de quarante-cinq poèmes qui répondent bien au double titre : Rêves et combats, inspiré par le double amour des lettres et de la France ; avant de chanter les combats de son pays, il en défendit avec vigueur les intérêts comme orateur et député de la Moselle.

920. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 433-434

Tant mieux, lui répondit-elle un jour, je fais un grand bien à la France.

921. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 419-420

L’Historien n’y a répondu que par des injures ; ce qui prouve que la raison n’est pas de son côté.

922. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 438-439

Barbier d’Aucourt ne répondit qu’en plaisantant à cette indécente Diatribe, & le fit, dans la seconde partie des Sentimens de Cléante, avec cette supériorité qui ne s’avilit jamais, & avec une ironie plus piquante que les injures, sur-tout quand la raison lui prête son appui.

923. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

» répond le mari. […] Je ne répondrais de personne. […] Le cœur de Poil-de-Carotte ne répond guère à l’événement tel que les autres l’ont vu. […] Il demande à la société de ne lui répondre que là où il lui plaît de toucher ses cordes. […] Je vous ai dit que nos traditions se sont gardées intactes ; mais je n’oserais pas répondre pour l’avenir.

924. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reboul, Jean (1796-1864) »

» répondit le spirituel voyageur.

925. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 171-172

Si l'Auteur nous accusoit de contradiction, nous pourrions lui répondre que se corriger n'est pas se contredire, & que dans le temps même que nous ne connoissions qu'imparfaitement son Ouvrage, nous lui avions reproché le défaut de précision, de correction, d'égalité dans le style, de sévérité dans le choix des Auteurs qu'il cite, ainsi que dans celui des morceaux de leurs écrits qu'il copie.

926. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Demarteau » p. 335

Je ne réponds que d’une chose, c’est de n’avoir écouté dans aucun endroit ni l’amitié ni la haine.

927. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il se dit que c’est bien assez, si ce n’est trop, que de répondre à leurs questions. […] Les visiteurs étrangers n’ont pas répondu à l’appel, et les exposants ont été peu nombreux. […] me répondit-il, cela m’ennuyait fort ; ce que j’en faisais, c’était pour faire enrager ma femme. — Eh bien ! […] L’évêque l’écoute et lui répond, et clic, clac, c’est fini. […] » lui répond celui-ci.

928. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Quand on lui demanda comment en si peu de temps il pouvait voir si tel singe serait un bon acteur, il répondit que tout dépendait de leur pouvoir d’attention. […] Si le mécanisme physiologique de l’arrêt était mieux connu, nous pourrions probablement répondre moins obscurément. […] Nous ne pouvons répondre à cette question d’une manière satisfaisante. […] On ne peut répondre il cette question qu’en supposant que l’image mentale occupe dans le cerveau et les autres parties du système nerveux la même place que la sensation originelle. […] Nous pouvons répondre maintenant à la question  posée plus haut : Quelle est l’origine du sentiment de l’effort dans l’attention et quelle en est la signification ?

929. (1923) Paul Valéry

La valeur d’une de ces pages, d’un de ces écrivains, se prouve par son contexte, par la page suivante qu’elle comporte, par la phrase qui répond ailleurs, comme dans un dialogue indéfini, à l’interrogation qu’elle avait formulée. […] Bergson répondent à des intuitions poétiques. […] Il y aurait lieu à discussion et je vois à peu près ce que répondraient les musiciens. […] Nous n’imaginons pas que l’Iphigénie racinienne puisse accueillir par d’autres paroles l’annonce de son sacrifice, que Lamartine puisse répondre autrement à Barthélémy que par les strophes A Némésis. […] Je fis des objections, je répondis par d’autres images ou d’autres formes de la même image, je ne sais plus trop bien, mais nous n’allâmes pas très loin et passâmes bientôt à un autre sujet.

930. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

O toi qu’appelle encor ta patrie abaissée, Dans ta tombe précoce à peine refroidi, Sombre amant de la Mort, pauvre Leopardi, Si, pour faire une phrase un peu mieux cadencée, Il t’eût jamais fallu toucher à ta pensée, Qu’aurait-il répondu, ton cœur simple et hardi ? […] Il redevenait de 1813, en écrivant cinq ans plus tard, et son accent répondait, on l’a remarqué, au cri d’imprécation des généreux Allemands Henri Kleist, Arndt et Kœrner. […] les antiques aïeux ressuscitaient de la tombe, et les vivants n’y répondaient pas ! […] Un son de cloche au loin emplit l’azur profond, De villas en villas l’arquebuse répond. […] Un jour qu’après tous ces usages à peu près épuisés, M. de Sinner avait exprimé la pensée de renvoyer le dépôt confié, Leopardi lui répondait : « Les fleuves retourneront à leurs sources avant que je retrouve la vigueur nécessaire pour les études philologiques, et, quand ce miracle arriverait, mes paperasses, en revenant de vos mains aux miennes, ne feraient que perdre… Prima i fiumi torneranno alle fonti, » etc.

931. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

me répondit mon ami avec un profond soupir, de quoi m’allez-vous parler ? […] — Je lui répondis que j’avois laissé mon paquet chez une femme proche du château, pour me présenter plus respectueusement et pour offrir mon service de meilleure grâce. — C’est bien fait, me dit-il, et je me doute que vous savez chanter et faire quelques méchants vers. […] La belle duchesse ne répondit qu’avec un doux sourire ; mais elle parut si aimable, qu’on s’attacha plus que devant à dire de bons mots et de jolies choses. […] Si on me demandait, en effet, ce qu’était proprement et par-dessus tout le chevalier de Méré, je n’hésiterais pas à répondre : C’était un académicien. […] « C’est ce ménagement de bonheur pour nous et pour les autres que l’on doit appeler honnêteté, qui n’est, à le bien prendre, que l’amour-propre bien réglé. » C’est à cela que Pascal semble répondre directement dans son apostrophe à l’aimable égoïste.

932. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Je saisis les mains de Goethe ; mais je ne sais ni ce que je lui dis ni ce qu’il me répondit. […] me répondit-il avec un sourire significatif, si vous croyiez à Dieu, vous ne seriez pas étonné. […] « — C’est Goethe, répond madame de Reck. […] « — J’ai vu, répondis-je tranquillement, mais je n’y crois pas !  […] Toujours assis dans son fauteuil, il répondait clairement et d’un ton amical aux questions qui lui étaient faites, questions que le médecin ne permettait que rarement, pour ne pas troubler par une trop grande excitation une fin qui dès lors paraissait inévitable.

933. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Cette représentation, qui se fera pendant l’été de 1873, aura lieu à Bayreuth, Dans ce but un théâtre spécial doit être exigé ; les arrangements intérieurs répondront à mes buts spéciaux, la solidité et l’extérieur seront selon les moyens qui auront été mis à ma disposition. […] Quand Tannhaüser se prépare à lui répondre, on saisit dans l’orchestre les premières notes du motif voluptueux tiré de l’ouverture, qui rhythmait la danse des Bacchantes, alors que tout en demandant à Vénus « la Liberté », il lui promettait de continuer à célébrer ses charmes. […] Il n’y a point une opposition entre le conte épique, le drame, le roman : mais c’est trois formes successives d’un même art : chacune a répondu et peut encore répondre aux besoins artistiques de certains esprits. […] Le mot est une image : à chaque mot doit répondre une image, une notion nette, unique. […] Elle parle avec une lente pitié : elle répond : « Les sagaces exspectations, en vérité !

934. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Eh bien, dans le domaine de la conscience et du temps, nous sommes ainsi entraînés : nous faisons en quelque sorte une chute continuelle à laquelle répond toujours une impression d’entraînement, de changement, de poussée perpétuelle vers autre chose. […] Examinons donc ce qu’il y a de spécifique dans chacun des trois états de conscience répondant au présent, au passé, à l’avenir. […] Il n’est aucune attente qui n’enveloppe désir ou aversion. — On nous objectera l’attente tout intellectuelle, en apparence indifférente. — D’abord, répondrons-nous, c’est là un résultat très ultérieur de l’évolution mentale ; de plus, même à ce haut degré d’évolution qui caractérise l’intelligence contemplative, l’attente indifférente dans la contemplation pure est encore une simple apparence recouvrant un fond de désir. […] Arrivé au ruisseau après une longue course, l’animal voit comme par derrière une série idéale d’impressions de plus en plus affaiblies, indistinctes et incomplètes, répondant à sa course ; la perception du ruisseau est en pleine actualité et complète ; d’autre part, une seconde série idéale s’ouvre en avant, dont le premier terme, l’appétit de boire, monte en intensité au lieu de décroître. […] Bergson, dans l’absence de toute qualité, on ne voit pas comment deux formes de l’homogène se distingueraient l’une de l’autre. — Nous répondrons que l’homogénéité de l’espace n’est point l’absence de toute qualité, mais la répétition indéfinie des mêmes qualités caractéristiques et originales.

935. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Un jour que ces messieurs étaient de frérie, il arriva que M. de Grammont se mit, au début, à chanter une chanson galante ; à cette chanson galante, M. de Fronsac répondit par des gravelures — « que diable ! […] — Vingt-sept ans, c’est comme cela, répond l’entêtée jeune femme. — Eh bien soit ! vingt-sept ans, répondent ses bonnes amies ; et trois mois après, au premier bal où elle va réussir, ces bonnes amies diront aux jeunes gens : — Vous voyez bien, là-bas, cette belle dame qui porte des roses blanches sur la tête et qu’on entoure, c’est une femme de quarante ans, qui le dirait ? […] répond le jeune homme. — La preuve, c’est qu’elle en avouait vingt-sept, l’autre jour. […] — Mon secret est bien simple, répondit Roscius, la bienséance 43 !

936. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

On lui répond, il réplique ; tous les caractères différents des orateurs honnêtes ou pervers se dessinent dans cette assemblée. […] continua-t-elle. — C’est que la douleur défigure le visage, répondit une de mes sœurs, et que nous n’aimons pas nous laisser voir enlaidies par les larmes. — N’est-ce pas aussi, répondis-je à mon tour, parce que la douleur est une faiblesse et que l’homme doit se montrer fort, même contre le chagrin ? […] D’ailleurs vous avez cinq fils dans vos demeures : deux sont mariés, mais les trois plus jeunes ne le sont pas encore, et ceux-là veulent toujours des vêtements nouvellement blanchis quand ils se rendent aux assemblées où l’on danse, et c’est sur moi que ces soins reposent… Par pudeur elle ne parla pas à son père du doux mariage ; mais Alcinoüs, pénétrant toute la pensée de sa fille, lui répondit : Mon enfant, je ne vous refuserai ni mes mules ni autre chose. […] dit notre mère. — Non assurément, répondîmes-nous tous ; la description est si vive que le vers d’Homère, dans ce passage, sent la fumée de la broche. » On reprit ; on lut l’énumération à la fois touchante et orgueilleuse des anciennes richesses en troupeaux de son maître, faites par le gardeur de pourceaux au mendiant attentif. […] » On ne répondit pas, parce qu’il y avait déjà des larmes naissantes dans tous les yeux, des sanglots qui resserraient la gorge au fond de toutes les poitrines.

937. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

non, répondait-il ; nous aurons la liberté anglaise. » Il aimait dès lors et pressentait le genre d’éloquence anglaise, parlementaire, par instinct d’orateur et par besoin d’une honnête liberté dans la parole. […] pas une page. » Et, lui, répondait : « Il reste l’Amérique. » Il est vrai que l’Amérique n’était pas et n’est pas encore une page bien littéraire, ce qu’appréciait le plus Fontanes. […] Villemain, entre autres raisons plausibles, aura à répondre que de telles distinctions, en les supposant quelque peu vraies, sont du cabinet et de l’atelier bien plus que de la large scène de l’enseignement, et qu’elles s’adaptent mal au point de vue de la critique distribuable à tous et de l’amphithéâtre. […] Villemain pour lui demander, au moment où je m’occupais de son Portrait, son acte de naissance : cet homme d’esprit, qui était une coquette, m’aurait jugé là-dessus et m’eût répondu par une plaisanterie.

938. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Mais vous-même, me répondra-t-on, n’avez-vous pas cru, en 1848, que les lois sur la presse étaient abrogées, et qu’en les abrogeant, vous exposiez pour un moment la société républicaine à tous les périls ? […] — C’est, répondit-elle, parce que M. de Chateaubriand est mon ami, et que M. de Lamartine est mon héros. » Ce mot est trop flatteur pour que je l’aie oublié, jailli d’une telle bouche, à une époque surtout où la fortune ne paraissait me préparer aucun rôle héroïque ; mais les femmes ont plus que nous dans leur cœur la prophétie de nos destinées. […] LXI On répond : Mais vous interdisez donc à un écrivain le droit de se corriger et de penser le lendemain autrement qu’il ne pensait la veille ? […] Elle n’y répondait que par de rares lettres dont l’accent n’avait plus que la langueur des regrets.

939. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Georges Pioch Quand bien même tous ceux qui répondront à votre enquête seraient d’accord pour souhaiter la suppression des prix littéraires, ces prix n’en seraient pas moins offerts — ce qui est assez naturel puisqu’ils sont fondés — ni moins sollicités : — ce qui ne fait honneur à personne. […] André Lebey Je voudrais vous répondre longuement, surtout sur le second point de votre questionnaire ; le temps me manque et je vous prie de vouloir bien excuser ce mot très bref. […] Je peux donc vous répondre et vous confier mon scepticisme quant aux juges. […] À une enquête parue dans Le Gil-Blas, il répondait, en effet, le 24 décembre 1906 : Tout d’abord, je suis absolument hostile à tout prix décerné à un écrivain.

940. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Quels amis valent ces livres qui sont là toujours prêts à répondre à notre appel, et qui ne nous abandonnent ni dans le malheur, ni dans la prospérité Nous n’avons qu’à tendre la main, et aussitôt Homère, Virgile, Horace, Corneille, Molière, Racine, nous enivrent tour à tour des parfums de leur poésie. […] Pour répondre à la première question, il suffit de jeter un regard sur notre nature. […] À ces cris, à ces chants, qui toujours se répondent, Où le sens et les mots jamais ne se confondent, Où d’un côté se traîne un débit languissant, Lorsque de l’autre éclate un frénétique accent ; L’auteur, qui de ses vers voit briser l’harmonie, Indigné de l’affront qu’on fait à son génie, Se lève, et gravement prenant son manuscrit : « Pardon, messieurs, dit-il, vous avez trop d’esprit, « Vous, monsieur l’avocat, et vous, mon cher confrère, « Pour ne pas me permettre un avis salutaire : « De votre complaisance il doit être le prix. […] « Et si, par un défi vous vouliez me confondre, « Avec Molière alors j’aurais à vous répondre « Je pourrais, par malheur, lire aussi mal que vous, « Mais je me garderais de le montrer à tous. » Matinées littéraires, Rue Duphot, 12.

941. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Comme je lui demande aujourd’hui où il demeure, il me répond : « 21, rue Visconti… J’habite la chambre de Racine : une chambre où il fait bien froid et où il y a si peu de jour, que j’ai toutes les peines du monde à m’y faire la barbe. » La chambre de Racine coûte 300 francs par an. […] Et comme je lui réponds, que le jaune n’a fait son entrée dans la toilette de la femme occidentale, que depuis le rideau de la Salomé de Regnault, il se tourne vers son commis, un petit brun, en lui disant : « Justement nous en parlions, ce matin, avec M.  […] » Un mot spirituel, un mot à la Sophie Arnould, de la charmante actrice, qu’on me citait justement, avant-hier : « Comme on lui disait qu’elle devait être riche, que le prince avait dû bien faire les choses, elle répondait : « Non, non, les d’Orléans en sont encore aux prix de 48 !  […] vous qui êtes un vieux cochon, je puis vous le dire, répondait-il.

942. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Un mot de forme française et qui répond à un besoin est presque toujours bon. […] Deschanel condamne des innovations telles que pourcentage, épater, terroriser, bénéficier, différencier, socialiser, méridional, cela surprend, car tous ces mots sont du français véritable et tous répondent à un besoin réel, même terroriser, qui semble avoir un sens plus actif, plus décisif, peut-être à cause de sa nouveauté, que effrayer ou épouvanter. […] C’est encore à ce besoin de renforcement que répondent les expressions : monter en haut, dépêchez-vous vite, et les locutions plus populaires, regardez voir, voyez voir. […] Désespérant de jamais sentir la différence trop profonde qu’il y a entre colorer et colorier, le peuple s’en tire en fabricant couleurer qui répond à tous ses besoins dans cet ordre d’idées.

943. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Les formes mythologiques (mitologie) doivent donc être, comme le mot l’indique, le langage propre des fables ; les fables étant autant de genres dans la langue de l’imagination (generi fantastici), les formes mythologiques sont des allégories qui y répondent. […] La seconde langue, qui répond à l’âge des héros, se parla par symboles, au rapport des Égyptiens. […] Nous trouvons partout des Sibylles chez les plus anciennes nations : or, on assure qu’elles chantaient leurs réponses en vers héroïques, et partout les oracles répondaient en vers de cette mesure. […] Ce vers dut être inventé en Italie dans l’âge de Saturne, qui répond à l’âge d’or des Grecs.

944. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXV » pp. 299-300

Étienne (auteur des Deux Gendres), qui répondait à M.

945. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Borel, Petrus (1809-1859) »

… Et le besoin qui me hurle aux oreilles Étouffant tout penser qui se dresse en mon sein, Aux accords de mon luth que répondre ?

946. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 322-324

Il répondit sur le champ à quelqu'un qui lui disoit que tous les Poëtes étoient foux, Oui, je l'avoue avecque vous, Que tous les Poëtes sont foux, Mais sachant bien ce que vous êtes, Tous les foux ne sont pas Poëtes.

947. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — I »

Un pareil verdict répond donc à un état de sensibilité, réel chez certains êtres, et qui parvient d’ailleurs à se complaire à lui-même en des attitudes de détachement religieux ou esthétique : des hommes qui ressentent la vie comme une souffrance trouvent en ces postures une méthode et un moyen anticipé pour se soustraire à la vie.

948. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VIII. Les calaos et les crapauds »

Il alla trouver le chat151 et lui fit part de son désir et de son embarras. « Tu es le beau-père du roi des crapauds, lui répondit le chat.

949. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Au dernier siècle, quand de jeunes Français allaient à Rome où le cardinal de Bernis résida comme ambassadeur de France à dater de 1769, et où il ne mourut qu’en 1794, un de leurs premiers désirs, c’était de lui être présentés, et une des premières choses qu’ils trouvaient d’ordinaire à lui dire, c’était de le remercier du plaisir que leur avaient fait ses jolis vers ; ils s’étonnaient ensuite que le prélat ne répondît point à ce compliment comme ils auraient voulu, et qu’il gardât toute son amabilité et toute sa grâce pour d’autres sujets de conversation. […] Bernis est sensible à l’intention ; mais il ne s’y laisse point prendre : À l’égard des Saisons de Babet, répond-il, on m’a dit qu’on les a furieusement estropiées ; car je ne les ai pas vues depuis près de vingt ans. […] Dès ce temps-là, et à travers les compliments, toutes les critiques lui furent faites : « On me demande, dit-il dans un petit écrit en prose de 1741, comment il est possible qu’un homme fait pour vivre dans le grand monde puisse s’amuser à écrire, à devenir auteur enfin. » Et à ces critiques grands seigneurs et de qualité, il répondait « que, s’il n’est pas honteux de savoir penser, il ne l’est pas non plus de savoir écrire, et qu’en un mot ce sont moins les ouvrages qui déshonorent, que la triste habitude d’en faire de mauvais… ».

950. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Dans la dernière partie de sa carrière, l’Assemblée constituante essaya de revenir, par le moyen de la révision, sur ce qu’avaient eu de trop absolu ses premiers décrets ; Roederer résista : Je soutins, dit-il, que pour que la Constitution répondît au titre qu’on lui avait donné de Constitution représentative, et pour que ce titre ne fût pas une imposture, il fallait que les fonctions administratives dans les départements, les districts, les municipalités, fussent déclarées constitutionnellement, c’est-à-dire irrévocablement électives. — Je me détrompai en 1793 de mon opinion, par l’expérience que j’acquis comme procureur général syndic du département de Paris. […] Rapporteur ordinaire du comité, ce fut lui qu’on chargea de soutenir la discussion et de répondre à tout devant l’Assemblée. […] Mirabeau s’empressa de lui donner toute satisfaction par une lettre écrite de l’Assemblée : Je vous réponds, mon cher Roederer, par écrit afin que vous puissiez montrer ma réponse.

951. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Et aux félicitations qu’on essayait d’y mêler sur le succès de la journée, le roi répondit « que Dieu en fût adoré de tout ce qu’il lui donnait. […] L’amiral lui répond qu’il ne l’en aime que mieux ; il le fait manger avec lui, et Joinville, dans son émoi, oublie que c’est un vendredi. […] Il y a de ces entretiens dont la forme et le sujet font sourire, comme le jour où saint Louis demande à Joinville « lequel il aimerait mieux d’être lépreux ou d’avoir fait un péché mortel » ; et Joinville, qui est naturel avant tout, répond à l’instant qu’il aimerait mieux en avoir fait trente, d’où suit une douce réprimande de saint Louis, mais en tête-à-tête pour plus de délicatesse et quand ils sont seuls.

952. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Au contraire de la nature des femmes, elle n’a aucune envie de plaire, aucune coquetterie : « Nulle complaisance, dit Saint-Simon, nul tour dans l’esprit, quoiqu’elle ne manquât pas d’esprit. » On lui demandait un jour pourquoi elle ne donnait jamais un coup d’œil au miroir en passant : « C’est, répondit-elle, parce que j’ai trop d’amour-propre pour aimer à me voir laide comme je suis. » Le beau portrait de Rigaud nous la rend d’une parfaite ressemblance dans sa vieillesse, grasse, grosse, à double menton, aux joues colorées, avec la dignité du port toutefois et la fierté du maintien, et une expression de bonté dans les yeux et dans le sourire. […] Quelques personnes me conseillaient de faire comme la Dauphine et les princesses, je répondis : « Je n’ai jamais été élevée à faire des bassesses, et je suis trop vieille pour me livrer à des jeux d’enfants. » Depuis on ne m’en a plus reparlé. […] Quand le nom du roi fut hors de cause, Mme de Maintenon eut bientôt à parler pour son propre compte et à répondre aux reproches que lui faisait Madame d’avoir varié de sentiments à son égard : l’ayant laissée dire comme la première fois, l’ayant laissée s’avancer jusqu’au bout et s’enferrer en quelque sorte, elle lui découvrit tout d’un coup des paroles secrètes, particulièrement offensantes pour elle-même, qu’elle savait depuis dix ans et plus, qu’elle avait gardées sur le cœur, et que Madame avait dites à une princesse, morte depuis, laquelle les avait répétées dans le temps mot pour mot à Mme de Maintenon : « À ce second coup de foudre, Madame demeura comme une statue ; il y eut quelques moments de silence. » Puis ce furent des pleurs, des cris, des pardons, des promesses, et un raccommodement qui, fondé sur un triomphe froid pour Mme de Maintenon et sur une humiliation intime pour Madame, ne pouvait être de bien longue durée.

953. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Un jour qu’on demandait en présence de Wordsworth s’il en était nécessairement ainsi, le grave poète des lacs répondit : « Ce n’est point parce qu’ils ont du génie qu’ils font leur intérieur malheureux, mais parce qu’ils ne possèdent point assez de génie : un ordre plus élevé d’esprit et de sentiments les rendrait capables de voir et de sentir toute la beauté des liens domestiques23. » J’ai le regret de rappeler que Montaigne n’était pas de cet avis et qu’il penchait du côté du déréglement : citant les sonnets de son ami Étienne de La Boétie, il estime que ceux qui ont été faits pour la maîtresse valent mieux que ceux qui furent faits pour la femme légitime, et qui sentent déjà je ne sais quelle froideur maritale : « Et moi, je suis de ceux, dit-il, qui tiennent que la poésie ne rit point ailleurs comme elle fait en un sujet folâtre et déréglé. » Nous nous sommes trop souvenus en France de cette parole de Montaigne, et nous nous sommes laissés aller à cette idée de folâtrerie. […] Quelque corde à l’unisson avec ce que nous entendons, est touchée au-dedans de nous, et le cœur répond. […] Il répondait, quand on regrettait qu’il n’entreprit plus rien de son propre fonds : « L’esprit de l’homme n’est pas une fontaine, mais une citerne ; et le mien, Dieu le sait, est une citerne brisée. » Mais il trouvait encore des inspirations courtes et vives, et des jaillissements du cœur.

954. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

À cela on peut répondre que c’est le changement des choses qui nous donne de l’appréhension… Combien de craintes avons-nous reçues depuis le malheureux jour du parricide de notre Henri le Grand ! […] Dès la première guerre de 1621, Rohan, ne voulant point s’enfermer dans sa ville de Saint-Jean-d’Angely, y avait laissé Soubise qui tint bon devant l’armée du roi, reçut chapeau en tête la sommation royale, et n’y répondit que par ce mot d’écrit dont on a conservé les termes : « Je suis très humble serviteur du Roi, mais l’exécution de ses commandements n’est pas en mon pouvoir. […] Rohan, déjà gêné au dedans par les siens, dut également souffrir de cette gêne en face de l’ennemi, et peut-être des accusations sourdes qui en venaient parfois à son oreille ; et il semble, nous le verrons, avoir voulu répondre à tout et se satisfaire lui-même lorsqu’il se mit, à son dernier jour, à faire le coup de pique en simple volontaire dans l’armée du duc de Weimar, comme s’il s’était dit : « Cette fois enfin je ne suis plus un général ni un chef de parti, je ne suis qu’un soldat. » Ouvrons maintenant les mémoires de Richelieu, lorsqu’il a à parler des mêmes conjonctures.

955. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

il aurait envoyé son livre à nos illustres, dont plus d’un lui eût répondu : « Je n’en ferais pas autant, mon cher, et vous n’avez rien écrit de mieux. » Pauvre vieillard mortifié ! […] Causant donc un jour avec Marolles et dans son cabinet, il le mit sur son sujet favori, et, lui parlant de sa collection que l’heureux possesseur prétendait aussi complète que possible, il éleva un doute, et, ayant excité l’étonnement du bonhomme, il en vint par degrés à lui conter l’histoire : « Je suis bien sûr, concluait-il, que vous n’avez pas cette estampe des Scieux de long 32. » — « Je suis bien vieux, lui répondit Marolles après un court moment de réflexion, et je ne puis guère bouger de mon fauteuil ; mais soyez assez bon pour monter sur ce petit gradin et pour prendre là-haut sur cette tablette (la première ou la seconde) ce grand in-folio que voilà. » Jean Rou fit ce qu’il lui disait, et Marolles n’eut pas plutôt le volume entre les mains qu’il lui montra, à la troisième ou quatrième ouverture de feuillet, la petite estampe si mystérieuse et si désirée dont lui, le petit-fils de Toutin, avait toujours ouï parler sans la voir· — Si vous concevez chez un homme de quatre-vingts ans une plus vive et plus délicieuse satisfaction que celle que Marolles dut éprouver à ce moment, dites-le-moi. […] » — « Je fais tout ce que je peux, lui répondit Marolles, pour allonger la vie et les jours, mais j’ai beau faire, ils me paraissent s’enfuir comme une ombre.

956. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Mignet sur Charles-Quint, il dira : « Si l’on me demandait quel est, parmi les ouvrages de l’esprit, celui que je préfère à tous les autres, je répondrais hardiment : Un bon livre écrit en l’honneur d’un grand roi . » Singulière préférence à ériger ainsi en article de foi littéraire ! […] Sur cette simple définition du critique, se demander si M. de Pontmartin en remplit les conditions, c’est déjà avoir répondu. […] M. de Pontmartin me dira qu’il ne répond pas de ces disciples mal appris.

957. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

» — « Pardonnez-moi, Madame, quelquefois aux femmes », répondit-il ; et il reprit, comme si de rien n’était, sa conversation avec le roi. […] Le comte, blessé du procédé, ayant consulté son père sur ce qu’il devait faire à cet égard : « Mon fils, lui répondit le prince, il faut savoir si le refus de M. de Choiseul est dans les règles, en ce cas vous n’avez rien à dire ; sinon, il est bon gentilhomme, et vous pouvez lui faire l’honneur de vous battre avec lui. » Tel était, sur ces dernières pentes de l’ancienne monarchie, un prince du sang, philosophe faute de mieux et comme pis-aller, le plus poli des gentilshommes, sans autre ambition définitive que celle de plaire, bien plus de Paris que de Versailles, les délices du Parlement, celui enfin que Mme de Boufflers sut retenir, captiver jusqu’au bout par les liens au moins de l’esprit et de l’affection, et qu’elle avait même espéré, à un moment, épouser. […] Étant un étranger comme je suis, j’ose moins répondre pour mes plans futurs de vie qui peuvent m’emmener bien loin de ce pays ; mais, si je pouvais disposer de ma destinée, rien ne serait plus de mon choix que de vivre où je pourrais cultiver votre amitié.

958. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Rien n’est cependant plus du sien, et Sa Majesté est persuadée qu’il convient tout à fait à son service, de faire entrer son armée en Piémont la campagne prochaine… Vous devez avoir reçu une lettre de Sa Majesté par laquelle elle vous marque que, voulant absolument que son armée entre en Piémont la campagne prochaine, elle ne vous rendra en aucune façon responsable des événements de la campagne, et c’est ce qu’elle m’a encore ordonné de vous confirmer… Comme je crois que vous voulez bien me compter au nombre de vos amis, j’ai cru ne pouvoir vous donner une plus grande marque que j’en suis que de vous avertir pour vous seul, s’il vous plaît, que Sa Majesté est persuadée que, si votre goût n’était point aheurté à une guerre défensive, il ne se trouverait peut-être pas tant de difficultés à en faire une offensive cette année : ainsi, quoique je ne sois pas capable de vous donner des conseils, cependant je crois devoir vous donner celui de renouveler de soins et d’attentions pour essayer de rendre facile, par l’avancement de la voiture (du voiturage) des farines, une chose que le roi désire aussi ardemment. » Catinat répondait en remerciant Barbezieux de cet avis amical, et il protestait que la défensive n’était point chez lui un parti pris et que son goût n’était point aheurté à ce genre de guerre ; qu’elle lui tenait, au contraire, l’esprit dans une continuelle inquiétude dont il aimerait mieux se décharger en agissant ; il ajoutait : « Le roi me demande des mémoires sur les dispositions de l’offensive : je ne puis que me donner l’honneur de les lui envoyer aussi détaillés qu’il m’est possible avec les difficultés qui se rencontrent dans leur exécution, afin qu’il lui plaise de donner ses ordres pour les surmonter. » Louis XIV se rendait en dernier ressort aux raisons et démonstrations de Catinat ; mais il se formait de lui peu à peu une idée qui n’était plus aussi avantageuse qu’auparavant, ni aussi brillante. […] Vers l’automne de 1695, le roi voyant que le duc de Savoie le lanternait toujours et qu’or, ne concluait pas, voulut décidément être en mesure d’agir la campagne suivante ; et Tessé, qu’il fit interroger sur cet article et sur le point précis où gisait la difficulté, répondait avec sa finesse habituelle, et à la fois avec tout le respect qu’il devait et qu’il portait en effet à Catinat ; — c’est un dernier jour ouvert, et selon moi définitif, sur l’esprit et le moral du très brave, mais très prudent maréchal : « Je vais parler franchement, écrivait donc Tessé (16 septembre 1695), puisque le roi l’ordonne. […] Une des curiosités de Bayle était de savoir si ces lettres étaient bien authentiques ; il en écrivit à son correspondant de Paris, l’avocat Matthieu Marais : on lui répondit que la famille les désavouait ; mais ce désaveu tout verbal ne prouvait qu’une seule chose : c’est que la famille n’entendait pas être responsable ni complice de l’impression.

959. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

qu’ils se hâtent donc de le dire et de le prouver, répondit Mirabeau. […] Je secouai toutes mes préventions, tous mes doutes, et me voilà partageant son émotion, louant ses projets, son courage, exaltant ses moyens ; mais ma péroraison le mit en colère : « Vous réparerez mieux que personne, lui dis-je, le mal que vous avez fait. » — « Non », me répondit-il en relevant la tête, « je n’ai pas fait le mal volontairement : j’ai subi le joug des circonstances où je me suis trouvé malgré moi. […] Malouet avait été si positif et si affirmatif dans son assertion que je pensai que la manière la pins polie de le contredire était de répondre que je n’en avais jamais oui parler ; mais cette réponse ne servit qu’à donner à ce galant homme l’occasion de montrer sa supériorité sur moi : il se pouvait, dit-il, que je n’en eusse point entendu parler, mais le fait n’en était pas moins hors de doute. » — Si un Malouet est ainsi que sera-ce donc d’un fat ?

960. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il y eut dès lors comme un premier aperçu jeté en causant, une première idée vaguement esquissée du duc d’Orléans possible comme roi de France ; ce n’était qu’un en-cas : M. de Talleyrand se contenta de répondre « que la porte n’était pas ouverte encore, mais que si elle venait jamais à s’ouvrir, il ne voyait pas la nécessité de la fermer avec violence ». […] Je n’en sais rien, et je suis plutôt porté à croire que ce que j’ai dit serait inutile : j’ai parlé, dans cette lettre que vous avez remise, de Durant comme le seul qui me convenait et qui conviendrait à la Hollande, à la Belgique et à l’Angleterre : j’ai insisté fortement sur cela. — Ce que j’ai écrit hier doit être ignoré par vous : mais vous voilà prévenue si l’on vous en parle. — Je suis fortement occupé de ces ratifications russes qui (ne le dites pas) sont fort mauvaises : mais je crois que nous les arrangerons. — Je n’en parle pas à Paris, parce que l’on me donnerait des instructions, et que je veux agir sans en avoir : voilà encore qui est pour vous seule. — Si l’on me répond, ce sera par vous. — Figurez-vous que l’on m’écrit ici que l’affaire de Rome est arrangée, et qu’on a accepté et à Rome et à Paris une convention simultanée de l’Autriche et de la France. […] Il semble que M. de Chateaubriand ait voulu répondre à ce reproche, qu’il se faisait tout bas à lui-même, dans sa lettre écrite de Rome à M. 

961. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Mon cousin, … répondez au général Jomini qu’il est absurde de dire qu’on n’a pas de pain quand on a 500 quintaux de farine par jour ; qu’au lieu de se plaindre il faut se lever à quatre heures du matin, aller soi-même aux moulins, à la manutention, et faire faire 30,000 rations de pain par jour ; mais que, s’il dort et s’il pleure, il n’aura rien ; qu’il doit bien savoir que l’Empereur, qui avait beaucoup d’occupations, n’allait pas moins tous les jours visiter lui-même les manutentions ; que je ne vois pas pourquoi il critique le gouvernement lituanien pour avoir mis tous les prisonniers dans un seul régiment ; que cela dénote un esprit de critique qui ne peut que nuire à la marche des affaires, tandis que dans sa position il doit encourager ce gouvernement et l’aider, etc… » L’esprit de critique ! […] Jomini put lire dans le Manuscrit de 1812 du baron Fain (t. 1er, p. 266) le passage qui le concernait45, et il y a répondu avec un accent de poignante amertume dans une note d’un de ses écrits46 : « Le Manuscrit de Fain, a-t-il dit, serait un vrai chef-d’œuvre s’il n’était pas entaché d’une partialité inconcevable, … si cet habile écrivain avait préféré le rôle d’historien à celui de panégyriste. […] À chaque combinaison nouvelle imaginée par Napoléon, les adversaires ne répondaient qu’en se dérobant, en se plaçant hors du cercle de plus en plus élargi de son compas.

962. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

L’orgueil, c’est la vertu, l’honneur et le génie ; C’est ce qui reste encor d’un peu beau dans la vie, La probité du pauvre et la grandeur des rois ; quand Frank avait dit cela, le chœur avait su divinement répondre : Frank, une ambition terrible te dévore. […] Frank lui répond : Et ce que je te dis ne te le lève pas ! […] Le procédé d’exécution répond tout à fait à ce qu’on peut attendre : une simplicité parfaite, une force continue ; point de pomposo ni de bavardage ; point de réflexions ni de digressions ; quelque chose de droit qui va au but, qui ne se détourne ni d’un côté ni de l’autre, et pousse devant, en marquant chaque pas, comme un bélier sombre ; point de vapeurs à l’horizon ni de demi-teintes, mais des lignes nettes, des couleurs fortes dans leur sobriété, des ciels un peu crus, des tons graves et bruns ; chaque circonstance essentielle décrite, chaque réalité serrée de près et rendue avec une exactitude sévère ; chaque personnage conséquent à lui-même de tout point ; vrai de geste, de costume, de visage ; concentré et viril dans sa passion, même les femmes ; et derrière ces personnages et ces scènes, l’auteur qui s’efface, qu’on n’entend ni ne voit, dont la sympathie ni l’amour n’éclatent jamais dans le cours du récit par quelque cri irrésistible, et qui n’intervient au plus que tout à la fin, sous un faux air d’insouciance et avec un demi-sourire d’ironie.

963. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

L’un d’eux me déclarait naguère qu’il ne va jamais plus au théâtre ; j’insinuai alors que l’ahurissante stupidité des fabricants du jour était sans doute la cause de son indifférence : « Non, mon ami, me répondit-il ; n’accusez point l’impuissance de ces dégénérés ; s’ils savaient porter à la scène une intrigue adroite ou des caractères ingénieux, ils ne me feraient pas davantage sourire : par quelle nouveauté pourrait bien encore m’amuser une intrigue, « depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent » à bâtir des scénarios ? […] À chaque ordre de sensations esthétiques répondit un art résonateur. […] Il faut qu’à l’action du spectacle réponde la réaction du spectateur, et que du choc des deux mouvements jaillisse l’émotion dramatique.

964. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

J’insinuai que l’ahurissante stupidité des fabricants ordinaires était sans doute la cause de son indifférence « Non, mon ami, me répondit-il ; n’accusez point l’impuissance de ces dégénérés ; s’ils savaient porter à la scène une intrigue adroite ou des caractères ingénieux, ils ne me feraient pas davantage sourire par quelle nouveauté pourrait bien encore m’amuser une intrigue, “depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent” à bâtir des scénarios ? […] À chaque ordre de sensations esthétiques répondit un art résonnateur. […] Il faut qu’à l’action du spectacle réponde la-réaction du spectateur, et que du choc des deux mouvements jaillisse l’émotion dramatique.

965. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Il y a deux femmes, dont l’une qu’il aime, lui répond assez mal ; et dont l’autre, de qui il est aimé, l’occupe peu. […] Mon âme n’avait pas besoin d’aimer ; elle était remplie d’un sentiment tendre, profond, partagé, répondu, mais douloureux cependant ; et c’est ce mouvement qui m’a approchée de vous : vous ne deviez que me plaire, et vous m’avez touchée ; en me consolant, vous m’avez attachée à vous… Elle a beau maudire ce sentiment violent qui s’est mis à la place d’un sentiment plus égal et plus doux, elle a l’âme si prise et si ardente, qu’elle ne peut s’empêcher d’en être transportée comme d’ivresse : « Je vis, j’existe si fort, qu’il y a des moments où je me surprends à aimer à la folie jusqu’à mon malheur. » Tant que M. de Guibert est absent, elle se contient un peu, si on peut appeler cela se contenir. […] C’est ici qu’il est impossible, avec un peu d’attention, de ne pas noter un moment décisif, le moment qu’il faudrait voiler, et qui répond à celui de la grotte dans l’épisode de Didon.

966. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Un des membres de la Chambre, qui ne se distinguait par aucun autre talent supérieur, avait celui d’imiter et de contrefaire en perfection les orateurs auxquels il répondait. […] Sur la religion, il dira, en répondant à quelques opinions tranchantes qu’avait exprimées son fils : « La raison de chaque homme est et doit être son guide ; et j’aurais autant de droit d’exiger que tous les hommes fussent de ma taille et de mon tempérament, que de vouloir qu’ils raisonnassent absolument comme moi. » En toutes choses, il est d’avis de connaître et d’aimer le bien et le mieux, mais de ne pas s’en faire le champion envers et contre tous. […] Ces essais répondent bien à sa réputation de finesse et d’urbanité.

967. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

C’est que, répondit-il, je ne sais pas trop comment vous expliquer cela ; je voudrais vous faire voir l’ensemble tout d’un coup ; voilà ce qui m’embarrasse ; je vais pourtant essayer. […] M. de Goury répond : « Un peu mieux depuis qu’elle a de l’inquiétude. » Cette inquiétude est celle qu’elle a pour la nomination de son mari, et qui la sauve de l’ennui et du désœuvrement. […] Ce petit-fils, comme beaucoup de jeunes gens, s’irrite et se cabre d’indignation contre ce qu’il voit : il croit que jamais forme d’hypocrisie humaine n’a été plus odieuse que celle dont il est témoin, et qu’il n’y a plus, si on ne peut la vaincre, qu’à se sauver, comme Alceste, dans les bois : Non, lui répond la spirituelle grand-mère, il ne faut que faire le raisonnement que je me suis fait quand j’avais encore besoin de raisonner.

968. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

mon ami, répondit-il, si je les faisais plus forts, le dernier vers ne paraîtrait pas si beau. » C’était ce système d’économie poétique qui lui avait réussi dans Les Templiers, mais qui ne lui réussit pas deux fois. […] Le fameux vers que la reine Jeanne dit au roi pour infirmer la gravité des aveux arrachés aux Templiers : La torture interroge, et la douleur répond ; ce vers était venu à Raynouard à l’occasion d’une suppression exigée par la censure. […] mon cher ami, répondit-il, il y a pourtant une chose que je n’ai jamais pu faire, c’est de me marier.

969. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Aucun qui doive vous inquiéter, monseigneur, répondit d’Argenson, qui connaissait l’ouvrage. […] À quoi Retz lui répondait, avec un instinct prophétique de 89 : Le Parlement n’est-il pas l’idole des peuples ? […] Après avoir dit que le premier président Molé était « tout d’une pièce », ce qui est une expression bonne, mais ordinaire, il ajoutera : « Le président de Mesmes, qui était pour le moins aussi bien intentionné pour la Cour que lui, mais qui avait plus de vue et plus de jointure, lui répondit à l’oreille… » Voilà comme on crée légitimement une expression neuve, comme on la tire d’une expression commune.

970. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Les qualités solides, l’application laborieuse de son esprit, et les sentiments de son cœur, répondirent à ce vœu de la nature et au rôle de la destinée. […] Tout s’y déroule avec calme et suite dans une netteté parfaite, et qui répond tout à fait à ce que les contemporains (Mme de Caylus, Mme de Motteville, Saint-Simon) nous ont dit de cette propriété unique et de cette noblesse aisée des paroles du roi : « ses discours les plus communs n’étaient jamais dépourvus d’une naturelle et sensible majesté 57 ». […] Vu de plus près et dans l’intimité de la vie, Louis XIV ne cesse point d’être Louis le Grand ; on est charmé qu’un si beau buste n’ait point une tête vide, et que l’âme réponde à la noblesse des dehors.

971. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Ces considérations qu’il présente ont de l’étendue et de la portée ; ne soupçonnant pas que Voltaire est derrière ces questions, il croit répondre à l’arrière-pensée dans laquelle Frédéric l’avait consulté, quand il insiste sur les fortes qualités du soldat russe et sur les circonstances militaires du pays : « Je tiens cet État invincible sur la défensive. » Le moment alors était glorieux pour la Russie ; c’était l’heure des victoires du comte de Münnich, de la prise d’Otchakov ; Frédéric, en sa retraite de Remusberg, en est ému ; il a beau faire l’indifférent et le sage, on s’aperçoit que le sang des Alexandre et des César commence à bouillonner en lui : J’ai reçu, mon cher, voire belliqueuse lettre ; je n’y vois que les triomphes du comte de Münnich et la défaite des Turcs et des Tartares. […] Il attendait son ami ; il comptait sur lui chaque jour ; il apprit sa mort avant d’avoir pu lui répondre une parole émue. […] Le roi vieilli, et lui-même bien près de sa tombe, lui répond par cette lettre qui, dans sa sobriété, devra paraître bonne et digne encore, mais qui éveille une impression de contraste dans l’esprit du lecteur pour qui les quarante-cinq années d’intervalle n’existent pas, et qui les franchit en un coup d’œil d’une page à l’autre : À mon conseiller de guerre et maître des postes de Suhm, à Dessau.

972. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Faut-il répondre par une démonstration en règle à une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurés de sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées de l’Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ? […] Non, répondraient leurs compères, la caricature n’est pas un genre. […] Je répondrai qu’outre que ces époques sont essentiellement civilisées, et que la croyance s’était déjà bien retirée, ce comique n’est pas tout à fait le nôtre.

973. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Il en est de même de propter, pour l’amour de, ainsi de quelques autres expressions que nos Grammairiens François ne mettent au nombre des prépositions, que parce qu’elles répondent à des prépositions Latines. […] J’ai appris certaine nouvelle ou certaines choses ; alors certaine répond au quidam des Latins, & fait prendre le substantif dans un sens vague & indéterminé. […] On écrit en une premiere colonne l’alphabet ordinaire, & vis-à-vis de chaque lettre, on met les signes ou caracteres secrets de l’alphabet polygraphe, qui répondent à la lettre de l’alphabet vulgaire. […] En effet les verbes n’auroient plus de régime certain ; & les écoliers qu’on reprendroit pour avoir mis un nom à un cas, autre que celui que la regle demande, n’auroient qu’à répondre qu’ils ont fait une antiptose. […] Mais sans quitter nos mots, ce même son la n’est-il pas aussi quelquefois un adverbe qui répond aux adverbes latins ibi, hâc, istac, illâc, il demeure là, il va là ?

974. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Lorsque les événements vinrent changer la face de la France et la remirent elle-même à sa place sur les degrés du trône impérial, un de ses premiers soins, pour le commencement de l’année 1853, fut d’écrire à l’empereur Nicolas et de remplir envers lui ses devoirs d’usage à titre de parente ; mais sa lettre portait naturellement la marque de sa situation nouvelle : il lui répondit (10 janvier 1853) : J’ai eu grand plaisir, ma chère nièce, à recevoir votre bonne et aimable lettre. […] L’empereur Nicolas y répondit par une lettre qui touche de trop près à l’histoire pour que nous n’usions pas de la permission qui nous est donnée de la produire ici : Je vous remercie bien sincèrement, ma chère nièce, des nobles sentiments que m’exprime votre lettre.

975. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

À la bataille de Sediman, où Mourad Bey à la tête de ses mameluks se brisait contre les carrés français, mais où un feu de quatre pièces tiré des hauteurs emportait bien des hommes, qui une fois tombés et laissés sur le champ de bataille étaient massacrés, le général Desaix, affligé de voir ces braves périr d’une mort horrible, eut un moment l’idée de rejoindre les barques pour les y déposer ; il demanda l’avis de Friant qui lui répondit aussitôt, en lui montrant les retranchements ennemis : « Général, c’est là-haut qu’il faut aller ; la victoire ou la mort nous y attend, nous ne devons pas différer d’un moment l’attaque. » — « C’est aussi mon sentiment, répliqua le général Desaix, mais je ne puis m’empêcher d’être ému en voyant ces braves gens périr de la sorte. » — « Si je suis blessé, repartit le général Friant, qu’on me laisse sur le champ de bataille !  […] Bonaparte lui répondit : J’ai connu, citoyen général, les efforts que vous avez faits pour empêcher le débarquement des Anglais.

976. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Il en est de ces mets de l’intelligence comme de ceux du corps : il vient un moment où même les plus excellents, à force de reparaître et de nous être servis sous toutes les formes, lassent le goût ; il n’était pas jusqu’à Beuchot, l’éditeur passionné de Voltaire, qui, sur la fin, lorsqu’on lui apportait des lettres nouvelles de son auteur favori, ne criât grâce et ne répondit : « Assez, j’en ai assez !  […] Jean-Jacques, en pareil cas, se serait redressé et aurait répondu : « Madame, on ne paye pas l’esprit, on l’honore. » Voltaire a dit la même chose, mais que c’est différemment !

977. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Victor Hugo nous est une occasion naturelle d’examiner le jeune et célèbre auteur sous un point de vue assez neuf, de suivre son développement et son progrès dans un genre de composition où il débuta tout d’abord, qu’il a toujours cherché à mener de front avec les autres parties de son talent, et qu’il nous promet (le catalogue du libraire en répond) de ne pas déserter pour l’avenir. […] Le bel âge dans la vie pour écrire des romans, autant qu’il me semble, c’est l’âge de la seconde jeunesse ; ce qui répond, dans une journée d’été, à cette seconde matinée de deux à cinq heures qui est peut-être le plus doux temps à la campagne, sur un sopha, le store baissé, pour les lire.

978. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Il y a longtemps que, dans un de ses dialogues, Vauvenargues faisait demander par Pascal à Fénelon ce que c’est qu’un certain évêque qu’on a égalé à Bossuet pour l’éloquence ; et Fénelon répondait en des termes fort durs pour Fléchier, parlant de lui comme d’un rhéteur déjà au déclin de sa réputation. […] Sa physionomie n’impose pas et ne promet pas au premier coup d’œil tout ce qu’il vaut ; mais on peut remarquer dans ses yeux et sur son visage je ne sais quoi qui répond de son esprit et de sa probité.

979. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Il répondait aux importunités d’usage, qu’il n’avait rien, et que d’ailleurs il ne lisait guère. […] On y répondait indirectement et sans amertume à un article de la Camaraderie littéraire qui fit du bruit dans le temps, et que le très-spirituel auteur (M. de Latouche) me permettra de qualifier de partial et d’exagéré.

980. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Je n’ose en répondre : « Vous louez douze vers pour en tuer douze mille », ne put-il s’empêcher de dire un jour à quelqu’un qui revenait devant lui avec complaisance sur cette idylle première ; il disait cela avec sourire et grâce, comme il faisait toujours, mais il devait le penser un peu. […] Au discours du récipiendaire, l’un des plus élevés et des plus généreux qu’on ait entendus, M. le comte Molé a répondu, au nom de l’Académie, avec le goût qu’on lui connaît.

981. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Alors tous les abords des rivières, tous les gués, tous les défilés dans les marais, se couvrirent de Cosaques que personne n’eût pu compter, et leurs hardis envoyés purent répondre au sultan qui désirait connaître leur nombre : « Qui le sait ? […] Ainsi dans Macbeth, quand on annonce à Macduff le massacre de sa femme et de ses enfants, et qu’il répond : « Tous mes jolis enfants !

982. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Préface de la seconde édition J’ai cru devoir répondre, dans les notes de la seconde édition de mon ouvrage, à quelques faits littéraires allégués contre les opinions qu’il renferme. […] L’on a prétendu que j’avais pris quelques idées de mon ouvrage, où il n’est question que de littérature, dans la justice politique de Godwin ; je réponds par une dénégation simple.

983. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Il se cache après Waterloo ; il écrit à Mme de Timey : « Venez et fuyons ensemble. » Elle hésite et répond : « Non. » Seconde lettre de Wolfgang : « Puisque vous ne voulez pas fuir avec moi, vous ne m’aimez plus, et je me constitue prisonnier. » Et, quoique le roi lui ait accordé spontanément sa grâce, il se tue dans sa prison. […] Sainte-Beuve avait coutume de l’appeler : « Mon cher enfant » ; et Baudelaire (qui blanchit de bonne heure) lui répond de Bruxelles (mars 1865) : « Quand vous m’appelez : Mon cher enfant, vous m’attendrissez et vous me faites rire en même temps.

984. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Arrive une députation des Aquicoles : il s’agit de donner une nouvelle constitution à leur cité. « Toutes les victimes nécessaires pour obtenir l’assistance des dieux, nous les fournirons  Consultez l’esprit des pères, répond Antistius ; pratiquez la justice et respectez les droits des hommes  Hé ! […] Elle voudrait bien être épouse et mère. « On ne délie personne du devoir, répond le prêtre. — Au moins, dit la jeune fille, aimez-moi un peu.

985. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Je voudrais, en vous répondant, prononcer des paroles souriantes et de bon augure. […] Vous me répondez par la condamnation de M. 

986. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Ceux-là ne méritent pas qu’on leur réponde ; c’est à eux plutôt qu’il conviendrait de demander à quoi bon accumuler tant de richesses et si, pour avoir le temps de les acquérir, il faut négliger l’art et la science qui seuls nous font des âmes capables d’en jouir, et propter vitam vivendi perdere causas. […] Pour leur répondre, nous n’avons qu’à leur montrer les deux monuments déjà ébauchés de la Mécanique Céleste et de la Physique Mathématique.

987. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

se disaient les puritains, cet homme n’est point un prophète ; car, s’il l’était, il s’apercevrait bien que la femme qui le touche est une pécheresse. » Jésus répondait par la parabole d’un créancier qui remit à ses débiteurs des dettes inégales, et il ne craignait pas de préférer le sort de celui à qui fut remise la dette la plus forte 525. […] Il les laissait dire, et quand on lui demandait s’il entendait, il répondait d’une façon évasive que la louange qui sort de jeunes lèvres est la plus agréable à Dieu 539.

988. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Le roi s’amusant avec lui et content de la manière dont il répondait à ses questions, lui dit : Vous êtes bien raisonnable. — Il faut bien que je le sois, répondit l’enfant : j’ai une gouvernante qui est la raison même.

989. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Atys est trop heureux , répondit le roi, en citant un vers de la quatrième scène du deuxième acte. […] Non, répondit-elle, je ne suis point aise, mais je suis contente.

990. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Binet demande à la personne quel est son âge ; au moment où elle répond : dix-huit ans, « et même quelques secondes avant qu’elle réponde », la plume qu’on a eu soin de glisser entre l’index et le pouce de sa main anesthésique fait la même réponse écrite.

991. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Ce tableau a dix-neuf pieds de haut sur onze pieds de large, l’espace est immense et tout y répond. […] Qu’on m’amène incessamment un grand maître, et s’il répond à ce que je sens, je vous offre une Résurrection plus vraie, plus miraculeuse, plus pathétique et plus forte qu’aucune de celles que vous ayez encore vues.

992. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Ici, il faut être juste, la patience échapperait s’il ne s’agissait pas de répondre à un homme qui fut si éclairé, et que la religion de l’amitié prend sous sa sauvegarde ; la patience échapperait, car c’est encore l’événement que j’ai retracé, mais mal saisi, mal raconté, mal caractérisé. […] Le concours de 1826 n’ayant pas répondu aux espérances de la commission chargée d’examiner les mémoires, le prix fut prorogé à 1828 ; et de nouveaux développements furent ajoutés au programme, pour mieux expliquer les conditions du problème à résoudre.

993. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Elle me répondrait superbement que la morale n’est qu’une hypocrisie, si elle n’est pas la liberté (je m’épargnerai cette vieille guitare) ; mais je lui dirai et je lui répéterai la chose qui devra le plus la toucher : c’est que précisément, dans le livre qu’elle vient de lancer, elle n’est point aussi Cosaque qu’elle se vante de l’être ; c’est que la tournure qu’elle se donne, en commençant son livre, n’est pas du tout la tournure qu’elle prend, en le publiant. […] Vous rappelez-vous Elle et Lui, un livre de Souvenirs aussi, et auquel le frère d’Alfred de Musset répondit par un autre livre… de Souvenirs encore, qui coupa le sifflet à la couleuvre qui s’était mise à siffler sur le tombeau du poëte et avait cru, de son venin, y laisser une tache immortelle ?

994. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

l’un comme l’autre, l’esprit qui vivait le plus comme celui qui vivait le moins, ils devaient si bien retenir, en eux, la marque de cette philosophie, que, malgré le temps, la réflexion et la peur inspirée par des doctrines qui ont fini par donner Arnold Ruge à l’Allemagne et Proudhon à la France, on la retrouve partout en eux à cette heure, aussi bien dans le plus puissant devenu le plus prudent, et qui affecte, pour désorienter l’opinion et n’y pas répondre, de sculpter avec un amour comiquement idolâtre le buste d’une femme sur un tombeau, que dans le plus faible resté le plus hardi, — puisqu’il est resté philosophe, — s’efforçant vainement, dans son interprétation de la métaphysique de saint Anselme, d’échapper aux conséquences, maintenant dévoilées, de la philosophie qui les a également asservis ! […] si tel est le résultat que donne la réflexion de l’homme livrée à elle-même sur ce problème fondamental, il n’y a plus qu’à repousser, loin de soi, la métaphysique comme chose vaine tout au moins quand elle n’est pas dangereuse, et à revenir à l’enseignement, à l’autorité, à la tradition, à la révélation surnaturelle, à tout ce que la Philosophie appelle dédaigneusement le mysticisme, car le mysticisme seul est assez fort pour répondre quand le rationalisme reste muet.

995. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

… Seulement, charmant d’indifférence et du goût le plus patricien en ne réclamant pas contre les mensonges de cette commère de renommée à laquelle il ne faut répondre jamais, puisqu’elle se noie bientôt elle-même dans les crachats qu’elle a expectorés, Saint-Maur laissa dire et laissa passer cette troupe de grues que j’appelle le public. […] » — La cloche du vieux mont lui répond : — « C’est ici. » — Par les beaux soirs d’été, quand le soleil abîme Ses rayons enflammés dans l’outremer du ciel, De cette autre Sion, de ce nouveau Carmel, Regardez à vos pieds l’horizon, — c’est sublime ; Les champs, les prés, les bois, le fleuve et le ravin Sont inondés de rose et teintés de lumière.

996. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

C’est la parade défilée de toutes les vieilleries auxquelles Balzac, et bien d’autres, et tout le monde, ont déjà répondu. […] Cette Revue qui fait dire à ses écrivains que M. de  Balzac est de la plus profonde immoralité, ce qui est faux — (il a répondu lui-même à ce reproche dans sa magnifique préface de La Comédie humaine, qui restera sur sa mémoire comme un bouclier de diamants), la Revue des Deux-Mondes a publié les romans de Balzac, — et ceux-là que M. 

997. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Lors même que vous ne daignez me répondre, je vous entends, etc., etc. » Cette voix, cette langue, cette allure, cette coupe de phrase, à laquelle notre langue à nous du xixe  siècle a jeté une couleur plus vive, et, si l’on veut (qu’est-ce que cela me fait ?) […] ; il le dédouble pour n’en prendre que le côté qui répond à sa nature.

998. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

répondez-lui toutes, notre nom : C’est un homme aveugle ; il a pour patrie l’île montagneuse de Chio ; tous ses chants seront les premiers dans l’avenir ; et nous porterons sa gloire sur la terre, partout où nous rente contrerons des villes habitées. » Ce langage, consacré dans des vers antérieurs à Thucydide, était-il, non le signalement du poëte, donné par lui-même, mais une fiction sur l’origine des chants populaires déjà répandus dans la Grèce ? […] Quoi qu’il en fut des formes simples de l’hymne primitif, le rhythme dut varier bientôt et se prêter à tous les mouvements que l’élan de l’imagination, l’émotion du chant, le concert des voix, le tressaillement de la foule qui leur répond, pouvaient imprimer au poëte.

999. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

— Pourquoi ne réponds-tu ? […] moi je réponds : Récompense ! […] Henry Houssaye ne savait plus que répondre. […] » Et les gens de répondre : « C’est M.  […] répondait l’ange, sincère et troublé.

1000. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Fernand, bien qu’il ne soit qu’un pleutre, répond pourtant ce qu’un galant homme répondrait à sa place. […] Sarcey répondra : « Le malheur est arrivé il y a longtemps. […] — Ce soir, je ne suis pas libre, répond-elle. […] répond Édouard, il croira que vous me trompez. […] Dumas a répondu d’avance.

1001. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Je ne vois qu’une seule manière de répondre à cette question : c’est d’admettre la sincérité parfaite du narrateur. […] À ce reproche, que je crois très fondé, que répond M. de Lamartine ? […] Interrogé par Dieu même, Toussaint ne répondrait pas. […] À peine avait-il parlé, que tous les cœurs ont répondu à sa voix comme un écho fidèle. […] Six cents vers en seize heures, six cents vers écrits à jeun, après une nuit blanche, cela répond à tout.

1002. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IV » pp. 16-18

 » — Théophile Gautier a répondu à Bocage, qui lui demandait son sentiment : « Je n’ai pas dormi. » — Le sculpteur Auguste Préault, qui assistait aussi à celte lecture, a résumé son opinion de la manière suivante : « S'il y avait des prix de Rome pour la tragédie, l’auteur partirait demain pour la Ville éternelle. » 9.

1003. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

M. de Voltaire ne jugea pas à propos d’y répondre autrement, que par quelques escarmouches qui n’ont fait du tort qu’à lui seul.

1004. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

Mais s’il demande à quel emploi Tu m’as occupé dans le monde, Et quel bien j’ai reçu de toi, Que veux-tu que je lui réponde ?

1005. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 84-86

M. de Voltaire a beau soutenir qu'il n'en est pas l'Auteur, on lui a si souvent répondu par des preuves irrécusables, que cet Ecrivain est le seul qui ait attaqué cette vérité.

1006. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

L’auteur, selon son habitude, s’abstiendra de répondre ici aux critiques dont son livre a été l’objet.

1007. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

— C’est le travail de l’imagination, répondra-t-on peut-être. […] Je répondrai à cela tout à l’heure, avec l’aide d’un homme qui a su tirer de l’œuvre de M.  […] — S’il répond oui, je propose de lui décerner un prix spécial de vertu ; il aura poussé la modestie à ses dernières limites. […] et répondu !) […] Ce roman, le meilleur à tout prendre qu’il ait écrit, est là pour répondre.

1008. (1902) Propos littéraires. Première série

Que répondre ? […] » me répondra M.  […] « — Je répondis ce qu’on répond en pareil cas : Gratias ago quam maximas, pater dilectissime. […] Si vous répondez : Oui, je dirai : « Oh ! […] De bons sentiments seulement, répond M. 

1009. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Qu’il me soit permis de répondre brièvement à ces graves reproches. […] Le reproche qui m’a été adressé de préférer les morts aux vivants est on ne peut plus motivé, et j’y réponds, par l’aveu le plus explicite. […] L’intelligence et la passion créent les types qui expriment des idées complètes ; la rêverie répond au désir légitime qui entraîne vers le mystérieux et l’inconnu. […] Le poète se demande à satiété ce que peuvent être le temps, le passé, Dieu et l’éternité ; mais il ne se répond jamais, par l’excellente raison qu’il s’en inquiète assez peu. […] On répond : Les grandes pensées viennent du cœur, la vraie poésie est un cri du cœur, le génie réside tout entier dans l’émotion cordiale ressentie et communiquée.

1010. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LII » pp. 203-205

Rossi lui a répondu avec une justesse, une vérité, une finesse railleuse qui ont enlevé tous les suffrages ; on retrouvait dans le pair de France, devenu en ce moment l’organe de toute la Chambre, l’homme des États romains qui a vu de près l’Église et qui en a pratiqué l’histoire.

1011. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

Il prit le parti de répondre, la plume à la main, aux objections qu’on lui faisoit dans la société, & ce fut dans cette intention qu’il composa son Traité de la Sagesse, dans lequel il expose, avec bonne foi & sans déguisement, les sentimens de tous les Sceptiques qu’il vouloit réfuter.

1012. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 115-117

Que peut-on répondre à cela ?

1013. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 328-331

Cette Instruction demandoit des réponses, & le prétendu Evêque d’Aléthopolis n’y a répondu que par de fades bouffonneries.

1014. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 380-382

Il répondit à un homme qui s’obstinoit à défendre la Métempsycose : Je savois bien que l’ame des Hommes, selon ce systême, devoit passer dans le corps des animaux ; mais vous m’apprenez que l’ame des animaux repasse dans le corps des Hommes : Réponse vraiment convenable à nos lumineux Matérialistes, qui renchérissent encore sur les Pythagoriciens.

1015. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 207-209

Saint-Hyacinthe, informé de l'imputation, y répondit par une Lettre des plus vigoureuses, que nous sommes fâchés de ne pouvoir insérer en entier.

1016. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 210-213

Aussi doit-on peu s'étonner que M. de Saint-Lambert ait répondu à cette critique en vrai Militaire.

1017. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

Tout y est écrit d’un ton qui répond à la noblesse de l’ordonnance ; le style en est grave, vigoureux, plein de chaleur, de correction & de clarté.

1018. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

Toutes les sortes de goût, un cœur sensible à tous les charmes, une âme susceptible d’une infinité d’enthousiasmes différents, une variété de style qui répondît à la variété des pinceaux ; pouvoir être grand ou voluptueux avec Deshays, simple et vrai avec Chardin, délicat avec Vien, pathétique avec Greuze, produire toutes les illusions possibles avec Vernet.

1019. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Sainte-Beuve répondit d’abord par cette première lettre : «  Ce 23 juin 1868. […] Je voudrais être en mesure d’y répondre d’une manière tout à fait satisfaisante. […] Sainte-Beuve, quand il faisait relever ces différents actes, songeait aussi dès ce moment-là à répondre à la question que son livre de Port-Royal lui a value maintes fois, s’il était parent du docteur Jacques de Sainte-Beuve. […] … Mais pas une voix qui réponde, Que le flot grondant sur l’écueil. […] Je ne sais à quelle fonction répondait alors cette qualité que je retrouve plusieurs fois, écrite en abrégé, sur les papiers de ce temps-là, ayant appartenu à M. de Sainte-Beuve père. — Sur son contrat de mariage, qui est du 29 ventôse an XII, il prend titre et qualités de directeur de l’octroi municipal et de bienfaisance de Boulogne-sur-Mer. — Voici un billet antérieur, imprimé, dont les blancs sont remplis à son nom : « Cn Sainte-Beuve, adteur

1020. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Certes, il a répondu aussi directement que l’illustre Anglais à l’appel du premier Consul, dans ce chemin des grandes découvertes : il a rempli en 1820 sa belle part du programme de Napoléon. […] Je lis dans une lettre de ce temps : … J’ai été chercher dans la petite chambre au-dessus du laboratoire, où est toujours mon bureau, le portefeuille en soie, J’en veux faire la revue ce soir, après avoir répondu à tous les articles de ta dernière lettre, et t’avoir priée, d’après une suite d’idées qui se sont depuis une heure succédé dans ma tête, de m’envoyer les deux livres que je te demanderai tout à l’heure. […] Je sais, mon pauvre et cher ami, tout ce que vous pouvez me répondre ; je sais qu’un second mariage dans cette ville vous répugnerait ; mais, de bonne foi, cette répugnance n’est-elle pas un enfantillage ? […] Mais ceux qui connaissent mieux le cœur humain, ceux qui auront étudié un peu le vôtre, ceux enfin dont l’opinion et l’amitié peuvent être quelque chose pour vous, sauront bien que votre âme expansive a besoin d’une âme qui réponde à chaque instant à la vôtre. […] Ampère, en répondant, gardait de même, et auquel il ajoutait de plus une expression de respect, comme s’il eût été quelqu’un de moindre : noble contradiction de vues, ou plutôt noble échange, auquel nous avons assisté, entre deux grandes lumières trop tôt disparues !

1021. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

— Dans un temps, avait répondu Moreau, dans un temps où l’armée de Condé remplissait les salons de Paris et ceux du premier Consul, je pouvais bien m’occuper de rendre à la France le conquérant de la Hollande.” À ce sujet on lui demandait pourquoi, sous le Directoire, il avait dénoncé Pichegru si tard, et on semblait élever des soupçons jusque sur sa vie passée. « J’avais coupé court, répondait-il, aux entrevues de Pichegru et du prince de Condé sur la frontière, en mettant par les victoires de mon armée quatre-vingts lieues de distance entre ce prince et le Rhin. […] “Oui, lui disait-on, vous avez repoussé la proposition de replacer les Bourbons sur le trône, mais vous avez consenti à vous servir de Pichegru et de Georges pour le renversement du gouvernement consulaire, et dans l’espérance de recevoir la dictature de leurs mains. — On me prête là, répondait Moreau, un projet ridicule, celui de me servir des royalistes pour devenir dictateur, et de croire que s’ils étaient victorieux, ils me remettraient le pouvoir. […] Celui-ci répondait que Bouvet avait mal entendu, mal compris, et par conséquent fait un rapport inexact. […] “Monsieur le Président, avait répondu Moreau, ne mettez pas en balance mes services et ma fortune : il n’y a pas de comparaison possible entre de telles choses.

1022. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Elle commençait à chercher pour répondre des paroles entrecoupées à travers ses sanglots, mais elle ne put achever… Le monstre s’avançait à grand bruit des flots sur la mer, etc., etc. […] Voyant que rien ne peut ni fléchir ni effrayer Médor, Cloridan lui répond : “Eh bien ! […] — Cela peut bien être, répondis-je au professeur ; mais alors, pour le juger, il faut attendre que nous ayons soixante ans. […] je vous arrête, répondit le professeur ; est-ce que vous prenez l’Arioste pour un bouffon ? […] oui, alors, poursuivis-je sans lui répondre, de peur de rougir à mon tour, quand ce qui est flamme en nous sera cendre, quand la vie nous aura dit tout ce qu’elle a à nous dire ; quand les hommes, les choses, les passions ne seront plus pour nous, comme pour l’aimable et pieux chanoine, qu’un spectacle auquel nous continuerons d’assister sans en attendre d’autre dénouement que dans le ciel ; quand nous serons retirés dans quelque solitude champêtre, les pieds sur nos chenets et ne songeant plus qu’à faire l’heure, far l’ora, comme vous dites en Italie : alors ayons l’Arioste sur notre cheminée, et lisons-en de temps en temps quelques pages pour poétiser nos souvenirs et pour dépoétiser notre expérience, j’y consens.

1023. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Répondre à ces belles et bonnes âmes que c’est bien dommage qu’il en soit ainsi, mais qu’après tout ce n’est pas la faute du rationalisme si l’homme peut affirmer peu de choses, qu’il vaut mieux affirmer peu avec certitude que d’affirmer ce que l’on ne sait pas légitimement, que, si le meilleur système intellectuel était celui qui affirme le plus, aucun ne serait préférable à la crédulité primitive admettant tout sans critique ; répondre ainsi à ces âmes faciles et expansives, c’est comme si on raisonnait avec un appétit surexcité pour lui prouver que le besoin qu’il ressent est désordonné. Il faut répondre une seule chose, et cette chose est la vérité, c’est que la brièveté du symbole de la science n’est qu’apparente, que ses contradictions ne sont qu’apparentes, que sa forme négative n’est qu’apparente. […] Et qu’on réponde oui ou non, le problème prétendu de l’accord de la foi et de la raison, supposant deux puissances égales qu’il s’agit de concilier, n’a pas de sens ; car, dans le premier cas, la raison disparaît devant la foi, comme le fini devant l’infini, et les orthodoxes les plus sévères ont raison ; dans le second, il n’y a plus que la raison, se manifestant diversement et néanmoins toujours identique à elle-même 46. […] Que si l’on pouvait craindre que l’humanité, ayant épuisé ses réserves, n’éprouvât un jour le sort de chaque nation en particulier et ne fût condamnée à la décadence, je répondrai qu’avant cette époque l’humanité sera sans doute devenue plus forte que toutes les causes destructives.

1024. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

A certaines époques, la forme de la société ne répond plus aux besoins, aux aspirations de ceux qui la composent ; les écrivains se font alors les interprètes de ce désaccord, les portevoix du mécontentement qui en est la suite. […] Le poète refuse, il sera dès lors persécuté ; sa maison sera démolie ; il n’a plus qu’à se taire et à Napoléon, qui lui demande pourquoi il ne fait plus rien, il répond par ce mot hardi : « Sire, j’attends. » Il y a mieux encore. […] Il répondit : « Je ne pense pas. » Toute l’époque a fait comme lui ou du moins a dû s’en donner l’apparence. […] Et Daphnis lui répond : Mon Dieu ! […] Ce qui va répondre à ce mouvement, c’est l’école réaliste ou naturaliste.

1025. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

. — Une tête de mort, — répond le nègre de plus en plus épouvanté ; — une tête de mort clouée sur la branche. — Eh bien, — dit Legrand, — tu connais ta gauche et ta droite ? […] Edgar Poe, qui n’a pas, il est vrai, le coloris italien d’Hoffmann, a comme lui et comme tous les génies fantastiques, du reste, le sentiment de ces détails qui répondent, sans doute, au côté le moins connu, le moins éclairé de notre être. […] Et savez-vous ce qui vous répond ? […] On se le demande, sans pouvoir y répondre. […] Edgar Poe répond donc seul à l’Histoire de sa destinée, et le poids qu’il porte devant elle ne peut être allégé par rien.

1026. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

… je ne connais pas les semblants », répond-il à je ne sais quel argument captieux de sa mère. […] Le seul contrepoison, répond Goethe, que la nature ne donne pas, c’est-à-dire le respect. […] Eh bien, que répond cette enquête facile même faite sommairement et à vol d’oiseau ? […] Si vos conseils ressemblaient à ceux que je reçois chaque jour d’amis indifférents ou d’indifférents trop officieux, je vous répondrais tranquillement ce que j’ai répondu si souvent déjà : “Oui… sans doute… j’essayerai ; merci, en attendant, de vos excellents conseils.” Mais, comme je vois en vous plus de sincérité que chez la plupart de ceux qui m’entourent, je vous répondrai franchement : Ne me plaignez pas.

1027. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Réponds. […] » lui répond Napoléon indigné. […] L’Empereur répondit qu’il allait se rendre chez le maréchal. […] Le général Frère répondit qu’il avait été très agité la veille et auparavant […] lui répondis-je ; le public, maintenant indulgent, se vengera un jour.

1028. (1883) Le roman naturaliste

je n’oserais en répondre. […] En effet, les auteurs du Mariage de Rosette et l’auteur des Amours d’un interne semblent avoir de quoi répondre, et répondre victorieusement. […] répondrai-je à mon tour. […] Je sais qu’il répond, et qu’il croit victorieusement répondre, en invoquant les soixante-seize ou soixante-dix-sept éditions de l’Assommoir ; — sans compter l’édition illustrée. […] Quand on vous parle roman, de grâce, ne répondez pas métaphysique ou physiologie !

1029. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

et un autre répondre : Pas une souris qui ait bougé. […] » — « Exactement autant qu’autrefois », répondit Eckermann. […] me répondit en riant le Chevalier, je vous y prends, monsieur Lysidas ! […] de la différence de leurs génies, qui répond à celle de l’esprit des deux nations. […] Elle me répondit : Il est ici qui fait des relations épouvantables dans lesquelles il mêle madame de Montausier… Elle s’en alla trouver madame de Montausier.

1030. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

On lui demandait comment il pourrait bien raisonner sans les règles ; il répondit qu’il raisonnait fort bien sans les règles. […] Dans le salon de réception, Swift allait causer avec quelque homme obscur et forçait les lords à venir le saluer et lui parler. « M. le secrétaire d’État me dit que le duc de Buckingham désirait faire ma connaissance ; je répondis que cela ne se pouvait, qu’il n’avait pas fait assez d’avances. […] Le lord, homme d’esprit, lui répondit doucement. […] Wood, dit-il, propose de ne fabriquer que quarante mille livres de sa monnaie, à moins que les exigences du commerce n’en demandent davantage, quoique sa patente lui donne pouvoir pour en fabriquer une bien plus grande quantité ; —  à quoi, si je devais répondre, je le ferais comme ceci. […] Wood a soin de fabriquer une douzaine ou deux de sous en bon métal, les envoie à la Tour, et on les approuve, et ces sous doivent répondre de tous ceux qu’il a déjà fabriqués ou fabriquera à l’avenir !

1031. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

À la question posée en ces termes on peut, je crois, répondre d’un seul mot. […] messieurs, leur répondit-il, c’est que si cet ouvrage sublime n’était pas fait, il ne se ferait jamais !  […] Hiérax se plaint de l’infidélité de la nymphe Io : Notre hymen ne déplaît qu’à votre cœur volage ; Répondez-moi de vous, je vous réponds des Dieux. […] » Et l’on raconte que Racine répondait en riant : « Qu’auraient dit nos petits-maîtres ! » Mais il avait mieux répondu dans la préface de sa tragédie.

1032. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Il répondit : Que sais-je ? […] Eman Martin, pour répondre pertinemment, cherche l’étymologie de la locution à tire-larigot. […] Le comte en parla à sa fille, et elle lui répondit que bien lui plaisait. […] « J’ai cinq ou six cents correspondants dans tous les coins de la France et de l’Europe, qui m’écrivent, terme moyen, deux mille lettres par an, exigeant réponse, sans compter celles auxquelles le feu répond. […] — Du tout », répondit-il d’un ton d’indifférence parfaite ; en même temps, le sang afflua si violemment à ses joues, que les personnes présentes craignirent une apoplexie.

1033. (1898) Essai sur Goethe

Elle répondit en plaisantant. […] Froissée jusqu’à l’âme, Mme de Stein écrivit sur sa lettre un Ô suivi de trois points d’exclamation, s’abstint d’y répondre, et tomba gravement malade. […] Tasse répond : Oui, tu me le rappelles à propos ! […] Toutefois, ayant sur leurs adversaires la supériorité du talent — car parmi ceux qu’ils avaient visés les meilleurs ne répondirent pas — ils purent se consoler par le mépris. […] Pendant longtemps, les défenseurs de l’œuvre se sont contentés de répondre que Goethe n’avait point voulu soutenir une thèse, mais exposer des faits.

1034. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IX. Du rapport des mots et des choses. — Ses conséquences pour l’invention »

Faute de sentir cela, on prend les noms abstraits comme répondant à des réalités concrètes.

1035. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

En répondant à la ballade du Pèlerin et en parlant aussi des autres morceaux insérés dans le Provincial, Victor Hugo lui avait écrit qu’il possédait au plus haut point les secrets de la forme et de la facture, et que notre Émile Deschamps lui-même, le maître d’alors en ces gentillesses, s’avouerait égale.

1036. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Félix Pyat Il chanta sans profit, sans salaire la misère seule avait entendu, la misère seule répondit ; la misère le marqua pour être abattu.

1037. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 111-114

D’ailleurs l’impression étoit déjà faite & irrévocable ; le Jésuite ne répondit au Satirique du Port-Royal, que long-temps après la publication des Provinciales, & les esprits étoient prévenus.

1038. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

Voici ce qu’un simple Mortel y a répondu dans un* Ouvrage édifiant.

1039. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 480-482

Depuis ce temps, il ne s’occupa qu’à répondre à la confiance du Roi, non en achetant des conversions, comme l’a prétendu l’Auteur du Siecle de Louis XIV, mais en les procurant par son zele, par ses écrits, plus encore par une vie édifiante, qui ne se démentit jamais.

1040. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Préface »

Je désire ajouter que ces études, car sans être de la philologie elles s’appuient constamment sur la philologie romane et sur la linguistique générale, ont été aperçues de ceux dont l’approbation m’était nécessaire, alors que sans préparation apparente, je me hasardais à des questions auxquelles il est d’usage, entre littérateurs, de ne pas répondre.

1041. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

Mais, hier, une circonstance heureuse et imprévue nous a, pour ainsi dire, contraint à nous souvenir que nous avions été poète aussi, et de répondre par un bien faible écho à la voix qui nous vient de l’Océan.

1042. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

— « Attends un peu, répondit-il.

1043. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Célimène lui répond : Mais si c’est une femme à qui va ce billet ? […] On répond qu’il doit être terrible ou pitoyable, c’est-à-dire, produire la terreur ou la pitié. […] Il faut que les raisonnements répondent à la grandeur du sujet. […] Mais on leur répond : N’y a-t-il pas quelque chose de plus parfait, de plus rare, de plus noble, qui est aussi dans la nature ? […] Ce qu’Agamemnon lui répond, marque bien la violence qu’il se fait à lui-même ; il l’attaque par son propre cœur : Ah !

1044. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Les deux difficultés auxquelles nous venons de répondre, n’empêcheraient donc point qu’on ne pût, du moins à plusieurs égards, réformer notre orthographe ; mais il serait, ce me semble, presque impossible que cette réforme fût entière, pour trois raisons. […] Je réponds premièrement, que si un enfant a assez de discernement pour bien faire ce choix, il en aura assez pour sentir de lui-même la vraie signification du mot appliqué à la circonstance et au cas dont il est question dans l’auteur ; les enfants qui apprennent à parler, et qui le savent à l’âge de trois ou quatre ans au plus, ont fait bien d’autres combinaisons plus difficiles. Je réponds en second lieu, que quand on s’écarterait de la règle que je propose ici dans les dictionnaires faits pour les enfants, il me semble qu’il faudrait s’y conformer dans les autres ; une langue étrangère en serait plus tôt apprise, et plus exactement sue. […] En vain objecterait-on que plusieurs écrivains ont eu l’art d’inspirer, par leurs ouvrages, l’amour des vertus qu’ils n’avaient pas : je réponds que le sentiment qui fait aimer la vertu, les remplissait au moment qu’ils en écrivaient ; c’était en eux, dans ce moment, un sentiment très pénétrant et très vif, mais malheureusement passager. […] Il est évident que dans ce passage disertus répond à eloquentia.

1045. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Tout cela nous importe peu aujourd’hui ; le seul point qui nous touche historiquement, c’est cette demi-réforme tentée par les meilleures têtes de la Faculté d’alors, dont était Gui Patin, contre la tradition et la routine des remèdes mystérieux, merveilleux, irrationnels ; elle répondait assez bien aux autres demi-réformes analogues qu’avaient proposées, vers le commencement du siècle. […] Spon, mon bon ami, vous dira le dessein que j’ai contre les apothicaires, écrira-t-il en 1647 à l’un de ses confrères de Lyon, mais il me faut du temps et du loisir dont j’ai fort peu de reste. » En attendant il est cité par eux en justice pour les railleries solennelles qu’il se permet dans ses thèses ; l’affaire va en Parlement : il répond et se défend lui-même durant une heure entière devant six mille personnes qu’il fait rire de sa verve et de ses lazzis. […] Il y eut un factum publié par Renaudot, auquel il fut répondu par un autre factum sous le titre : La Défense de la faculté de médecine de Paris contre son calomniateur, dédiée à l’Éminentissime Cardinal de Richelieu et signée des Doyen et docteurs régents.

1046. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il entend cette langue mauvaise dans le sens de l’éloquence et de l’élocution, qui ne répond pas au reste ; et comme c’est en partie affaire d’habitude, il convient que lui et son frère s’en tirent mieux que le reste de la famille. […] Ceux-là écoutaient, entendaient finement, répondaient avec profondeur et connaissance, réduisaient la question, disaient du neuf, étaient gais avec esprit et même avec bonté. […] [NdA] Dans les derniers temps de sa vie, M. d’Argenson était devenu plus sévère pour M. de Chauvelin, et je trouve dans ses cahiers la note suivante, sous le titre de Véritables causes de la guerre de 1733 : Je n’ai jamais été si surpris que causant avec M. de Chauvelin, ancien garde des sceaux de France, et lui ayant dit que la guerre de 1733 avait pu être causée pour réhabiliter la France, dont le cardinal de Fleury avait flétri la réputation en se montrant pacifique jusqu’à l’excès, cet ancien ministre me répondit que ce n’était point cela, mais que le roi ayant épousé la fille du roi Stanislas qui n’avait été reconnu roi par aucune puissance de l’Europe, Sa Majesté se trouvait ainsi n’avoir épousé qu’une simple demoiselle ; qu’il était donc devenu nécessaire que la reine fût fille d’un roi, quoquo modo, et que c’élait à cela qu’il avait travaillé heureusement.

1047. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Mais ces matériaux, peut-on lui répondre, étaient tellement sous la main et de telle qualité, et si appropriés au dessein une fois conçu, ils étaient d’une nature si vive, si combustible, qu’ils donnaient terriblement envie sinon de bâtir une nouvelle maison, du moins de commencer par brûler l’ancienne. […] Ne lui reprochez pourtant pas, si vous êtes un émigré comme lui, de faire par là l’éloge de la Révolution : Si je vous disais, répond-il, que j’ai vu des enfants qui, au sortir d’une terrible maladie, avaient considérablement grandi, serait-ce faire l’éloge de la maladie ? […] » Qu’on réduise la chose autant qu’on le voudra, qu’on la déguise sous forme d’intellect, qu’on n’y voie qu’un besoin de causer, de trouver qui vous entende et vous réponde, il est certain que la connaissance de M. de Meilhan introduisit un mouvement et un attrait dans la vie de Mme de Créqui : elle s’occupe de lui, elle désire son avancement, elle le souhaite plus proche d’elle, elle épouse sa réputation, elle a besoin qu’il soit loué et approuvé.

1048. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’abbé de Pons, qui avait fait paraître sa Lettre très peu de semaines après la publication de L’Iliade française de La Motte et avant que les érudits eussent encore eu le temps d’y répondre, protesta contre cette interprétation. […] La langue française est impuissante à rendre toutes les beautés de la langue grecque. » Ils répondaient : « Peu nous importe », et ajoutaient comme l’abbé de Pons, d’un air de compliment pour Mme Dacier : « Elle a entendu Homère autant qu’on le peut entendre aujourd’hui ; elle sait beaucoup mieux encore la langue française ; elle a rendu le plus élégamment qu’elle a pu, dans notre langue, ce qu’elle a vu, pensé et senti en lisant le grec : cela me suffit, j’ai L’Iliade en substance. » L’erreur, c’était de croire qu’un poète dont l’expression est un tableau, une peinture naïve continuelle, fût fidèlement rendu par une traduction tout occupée d’être suffisamment polie et élégante ; l’erreur, c’était de s’imaginer qu’il n’y avait là qu’une question de plus ou moins d’élégance et de précision, et qu’en supposant l’original doué de ces deux qualités à un plus haut degré que la traduction, on lui rendait toute la justice qu’il pouvait réclamer, il s’agissait bien de cela ! […] Un sourd et muet, à qui l’on demandait comment il se figurait le son de la trompette, répondait sans hésiter en indiquant la couleur de l’écarlate.

1049. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Un grand critique à ses heures perdues, Napoléon, assistant, sous le Consulat, à une représentation du Cid et s’apercevant qu’on avait supprimé le rôle de l’infante, en demanda le motif ; et comme on lui répondit que le rôle avait été jugé inutile et ridicule ; « Tout au contraire, s’écria-t-il, ce rôle est fort bien imaginé. […] — Il a vengé le sien. » Les deux sentiments, les deux étincelles partent et s’entre-choquent coup sur coup : un éclair répond à l’autre. […] Mais ne voyez-vous pas comme chaque peuple apporte aux représentations de la scène un degré de dureté ou de susceptibilité qui répond à son genre de tournoi national et qui peut se mesurer au caractère de ses jeux favoris ?

1050. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Sage comme je m’imaginais l’être, je n’avais plus d’autre vœu qu’une société choisie et moins éparse, ma famille, la campagne sans l’isolement, quelques livres, surtout la poésie, celle qui répondait à mes besoins, à mes sentiments, et çà et là encore, non loin de moi, quelque liaison délicate et tendre, pour achever d’aimer. […] Ce n’est pas seulement Alfred de Musset qui se mêle de répondre ; Alfred Tattet, que je ne savais pas si poëte, est censé lui-même riposter par les rimes les plus satiriques, les plus irrévérentes. […] Sens-tu fléchir ton front, et ta rigueur se fondre, Et tes gémissements essayer de répondre, Quand de loin je gémis ?

1051. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

vous ferez des annonces, leur répondait-on. — Les journaux s’élargirent ; l’annonce naquit, modeste encore pendant quelque temps ; mais ce fut l’enfance de Gargantua, et elle passa vite aux prodiges. […] On n’a pas hésité à glisser dans l’intervalle de ces portraits quelques articles de pure critique et même de polémique, tels que celui-ci, qui furent écrits dans la Revue des Deux Mondes, pour répondre à des besoins ou parer à des dangers du moment. […] Buloz lui aurait répondu : « Et à qui dites-vous cela, Sire ?

1052. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

— « Je dois à la vérité d’avouer, répondait-il un jour en souriant à quelques-unes de mes questions d’origines, que dans cet espace de temps j’ai fait consciencieusement la vie de garnison sans songer à écrire et assez rarement à lire ; il est probable que vous n’auriez jamais entendu parler de moi sans la circonstance indiquée dans mon Voyage autour de ma chambre, et qui me fit garder les arrêts pendant quelque temps30. » Avant ce voyage ingénieux, il en avait fait un autre plus hardi et moins enfermé, un voyage aéronautique ; il partit d’une campagne près de Chambéry, en ballon, et alla s’abattre à deux ou trois lieues de là. […] Que d’échos assoupis qui ne répondent plus ! […] Quand on lui demandait s’il n’avait pas quelque dernier opuscule en portefeuille, il répondait en désignant le Presbytère, l’Héritage, la Bibliothèque de mon oncle, la Traversée, le Col d’Anterne, le Lac de Gers, un choix enfin des meilleurs écrits de M.

1053. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Fier sceptique, réponds : je me sens, je me voi ; Qui peut feindre mon être et me rêver en moi ? […] Viguier, qui craignait de le voir quitter la poésie pour la prose polémique, il répond qu’il faut bien subir la loi de son temps, et, sans attendre la lenteur du vers, courir par moments à des armes plus promptes : Diras-tu que jadis les affaires publiques Offrirent plus d’un trait aux muses satiriques ? […] Outre le journal qu’il rédigeait, de Loy chantait l’impératrice ; il devint (ses amis l’assurent et moi je n’en réponds pas) commandeur de l’ordre du Christ ; il était, ajoute-t-on, gentilhomme de la chambre ; mais laissons-le dire, et faisons-nous à sa manière courante, quelque peu négligée, mais bien facile et mélodieuse : Me voici dans Rio, mon volontaire exil, Rio, fille du Tage et mère du Brésil.

1054. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Qui me répond qu’elle n’ait pas fait plus d’une fois de ces confusions, qu’elle n’ait pas eu plus tard de ces oublis-là ? […] Eynard s’autorise, à cet endroit, du témoignage de M. de Gérando, qui avait conduit Mme de Krüdner à Saint-Lazare, et il me réprimande doucement du sourire que j’ai mêlé à mon éloge ; mais cette critique, qu’il le sache bien, ce n’est pas moi qui l’ai faite : c’est M. de Gérando lui-même, qui, interrogé par moi, me répondit en ce sens. […] Quand j’interrogeai M. de Gérando sur Mme de Krüdner, cet homme de bien me répondit comme à une personne qui ne désirait à l’avance aucune réponse plus ou moins favorable, et qui se bornait à écouter avec curiosité.

1055. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

J’ai montré dans Science et Hypothèse qu’à cette question il faut répondre oui. […] Ceux qui répondent oui ne réfléchissent pas qu’ils se représentent en réalité un point blanc fait avec la craie sur un tableau noir ou un point noir fait avec une plume sur un papier blanc, et qu’ils ne peuvent se représenter qu’un objet ou mieux les impressions que cet objet ferait sur leurs sens. […] Bien des gens répondront oui et diront qu’ils « localisent » les objets extérieurs.

1056. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

» répondit une voix nette, tranchante comme un défi. […] Je répondrai que le mérite de Baju fut surtout dans l’exercice de sa volonté. […] Pour répondre à la curiosité du public et rendre notre doctrine plus saisissable, nous avions tenté d’incarner en Arthur Rimbaud le type idéal du Décadent.

1057. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Claude consulte Dieu sur le meurtre éventuel qu’il vient d’annoncer, et Dieu, des hauteurs étoilées de son firmament, lui répond : « Tue-la !  […] C’est à travers une haine glaciale qu’elle le regarde et qu’elle lui répond. […] Joas, répondant à l’interrogatoire d’Athalie, n’est pas mieux stylé qu’Adrienne, quand elle réplique aux questions de madame Guichard.

1058. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

On sait que lorsque Huet fut nommé à l’évêché d’Avranches, et pendant les huit ou neuf années qu’il remplit les fonctions épiscopales si peu d’accord avec son amour opiniâtre pour l’étude, il passait bien des heures dans son cabinet, et quand on venait le demander pour affaire, on répondait : Monseigneur étudie, ce qui faisait dire aux gens d’Avranches, pleins d’ailleurs de respect pour lui : « Nous prierons le roi de nous donner un évêque qui ait fini ses études. » C’est cette idée de savant toujours absorbé et rêveur, tel qu’on se le figure communément, qui se sera répandue dans le peuple et qui aura donné lieu à ce dicton : T’es tout évêque d’Avranches. […] Ménage, qui était galant comme un pur érudit et sans véritable monde, lui envoyait des épigrammes en toute langue, des madrigaux grecs, latins, italiens, sur toutes sortes de beautés plus ou moins métaphoriques et allégoriques ; Huet lui répond, en lui rendant la monnaie de ses confidences : Je vous envoyai l’année passée ma première élégie, je vous enverrai bientôt mon premier sonnet, mais il est encore brut. […] Huet répondit par une lettre assez verte adressée à M. de Montausier, à ce juge austère que Boileau, par ses éloges, ne put jamais fléchir qu’à demi.

1059. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Celui-ci répond : « C’est ce qu’il faut être lorsqu’on veut parler des hommes. […] Les amis de Galiani, et l’abbé lui-même avaient coutume de dire de son livre sur les blés : « C’est moins un livre sur le commerce des blés qu’un ouvrage sur la science du gouvernement : il faut savoir y lire le blanc et l’entre-deux des lignes. » Le gouvernement chargea l’abbé Morellet de répondre à Galiani, et cet autre abbé, aussi grand de taille que l’autre était petit, aussi didactique et pesant de plume que l’autre était léger, fit cette réponse de manière à n’être pas lu. […] répondrai-je dans la même forme et avec le même appareil, si vous ouvrez les Mémoires de l’abbé Morellet (Paris, 1821, 2 vol. in-8º), à la page 131 et suiv. du tome I, vous lisez précisément tout au long et en très gros caractères le conte même que j’ai cité.

1060. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

L’admiration, l’enthousiasme dont il était saisi, lui inspirait des expressions qui répondaient à la mâle et harmonieuse énergie des vers grecs, autant qu’il est possible d’en approcher dans la prose d’une langue à peine tirée de la barbarie… Cependant M. de Malezieu, par des efforts que produisait un enthousiasme subit, et par un récit véhément, semblait suppléer à la pauvreté de la langue, et mettre dans sa déclamation toute l’âme des grands hommes d’Athènes. […] Un jour, qu’elle engageait M. de Sainte-Aulaire à aller à confesse comme elle, il lui répondait : Ma Bergère, j’ai beau chercher, Je n’ai rien sur ma conscience. […] Vous verrez cette enfant gâtée de soixante ans et plus, à qui l’expérience n’a rien appris, car l’expérience suppose une réflexion et un retour sur soi-même ; vous la verrez jusqu’à la fin appeler la foule et la presse autour d’elle ; et à ceux qui s’en étonnent elle répondra : « J’ai le malheur de ne pouvoir me passer des choses dont je n’ai que faire. » Il faut que chaque chambre de ce palais d’Armide soit remplie, n’importe comment et par qui ; on y craint, avant tout, le vide : Le désir d’être entourée augmente de jour en jour, écrivait Mme de Staal (de Launay) à Mme Du Deffand, et je prévois que, si vous tenez un appartement sans l’occuper, on aura grand regret à ce que vous ferez perdre, quoi que ce puisse être.

1061. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Mirabeau répondit à cette justice tardive de son père d’une manière touchante, en demandant, lui le prisonnier du fort de Ré, du château d’If, du château de Joux, du château de Dijon et du donjon de Vincennes, lui qu’on va porter en pompe au Panthéon, en demandant, à l’heure de la mort, d’être enterré à Argenteuil entre son aïeule et son père. […] Les grammaires ne donnent pas le style ; mais si Gabriel-Sophie a ton âme, elle trouvera aisément un Gabriel ; ils s’aimeront comme nous nous aimons, et je te réponds qu’elle écrira bien. […] Sans lui répondre, je lui présentai la lettre que je venais de recevoir.

1062. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Peu de jours après, la reine répondit elle-même à M. de La Mark : Je n’ai jamais douté de vos sentiments, et, quand j’ai su que vous étiez lié avec Mirabeau, j’ai bien pensé que c’était dans de bonnes intentions ; mais vous ne pourrez jamais rien sur lui ; et quant à ce que vous jugez nécessaire de la part des ministres du roi, je ne suis pas de votre avis. […] Il sent bien qu’on ne s’y rend pas : « On m’écoute avec plus de bonté que de confiance ; on met plus d’intérêt à connaître mes conseils qu’à les suivre. » Bien souvent l’impatience le prend, et même le mépris pour cet aveuglement royal : « On dirait que la maison où ils dorment peut être réduite en cendres sans qu’ils en soient atteints ou seulement réveillés. » À quoi M. de La Marck lui répond : « Vous les conseillez trop comme s’ils avaient une partie de votre caractère. […] Un jour, devant le buste ou le médaillon de La Fayette par David, quelqu’un faisait cette remarque, que ce front fuyait beaucoup : « Oui, répondit l’artiste, et encore j’ai soutenu le plus que j’ai pu. »

1063. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Parlant de son ami La Motte, et pour caractériser la facilité de ses dons naturels, elle dira : « Ces âmes à génie, si l’on peut parler ainsi, n’ont besoin d’aucun secours étranger. » Le comparant pour ses qualités de fabuliste à La Fontaine, et répondant à ceux qui ont sacrifié l’un à l’autre : « Ils ont cru, dit-elle, qu’il n’y avait pour la fable que le simple et le naïf de M. de La Fontaine ; le fin, le délicat et le pensé de M. de La Motte leur ont échappé. » Le pensé de M. de La Motte est curieux et bien trouvé, mais cela sent la manière. […] Elle répondait fièrement : « Je n’ai jamais eu besoin d’en faire. » On ajoutait qu’elle avait trahi par là une âme tendre et sensible : « Je ne m’en défends pas, répondait-elle ; il n’est plus question que de savoir l’usage que j’en ai su faire. » Cet usage est assez indiqué par ces conseils mêmes, si finement démêlés et si fermement définis : elle éleva son cœur, elle prémunit sa raison, elle évita les occasions et les périls ; elle ménagea ses goûts, et prit sur sa sensibilité pour la rendre durable et aussi longue que la plus longue vie : Quand nous avons le cœur sain, pensait-elle, nous tirons parti de tout, et tout se tourne en plaisirs… On se gâte le goût par les divertissements ; on s’accoutume tellement aux plaisirs ardents qu’on ne peut se rabattre sur les simples.

1064. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Carrel dit quelque chose d’approchant de la seconde réalité, essentielle encore, selon lui, à toute constitution politique qui dérive de la Révolution bien comprise : ce second pouvoir, c’est une certaine aristocratie, qui tient de l’ancienne noblesse et qui se rapporte assez exactement à la classe des grands propriétaires : « Nous la transformerons en pairie, dit-il, et nous vivrons bien désormais avec elle. » Cet article, un peu enveloppé à cause du but, est d’ailleurs plein de sens et fait bon marché des doctrines abstraites ou mystiques en sens inverse, tant de celle du droit divin que de celle des disciples de Rousseau : Que si, croyant nous pousser à bout, vous nous demandez où réside enfin suivant nous la souveraineté, nous vous répondrons que ce mot n’a plus de sens ; que l’idée qu’il exprime a disparu par la Révolution comme tant de choses ; que nous ne voyons nulle utilité à la vouloir ressusciter ; que le peuple n’a plus besoin d’être souverain et se moque d’être ou non la source des pouvoirs politiques, pourvu qu’il soit représenté, qu’il vote l’impôt, qu’il ait la liberté individuelle, la presse, etc. ; enfin le pouvoir d’arrêter une administration dangereuse en lui refusant les subsides, c’est-à-dire l’existence même. […] Répondant (9 juillet 1830) au journal anglais le Times qui, aux approches du conflit, semblait s’effrayer pour nous et ne croyait pas à la compatibilité du principe monarchique et des idées libérales en France, Carrel nie que le pays ait une tendance républicaine, qu’on aille en France au système américain, ou même à une révolution un peu plus radicale que celle de 1688 en Angleterre. […] Le poète, à la lecture du premier article de Carrel sur les représentations d’Hernani, lui avait écrit une lettre explicative, et dans laquelle il lui rappelait les singulières prétentions des soi-disant classiques du jour ; Carrel y répondit par une lettre non moins développée qui commençait en ces termes : « Je suis pour les classiques, il est vrai, monsieur, mais les classiques que je me fais honneur de reconnaître pour tels sont morts depuis longtemps. » Dans la critique de l’Othello de M. de Vigny, il se faisait fort de prouver « que toute la langue qu’il faut pour traduire Shakespeare est dans Corneille, Racine et Molière ».

1065. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

» À cette parole trop dure et que Voltaire lui-même rétractera, Montesquieu semble avoir voulu répondre quand il écrivait sur un petit papier cette parole souvent citée, parole d’or et qui montre combien la vraie supériorité est indulgente : « Un honnête homme a, par ses ouvrages d’histoire, enchanté le public. […] À quoi Rollin répondait : J’ai été quelquefois à Saint-Médard, qui est à ma porte, avec confiance dans l’intercession d’un grand serviteur de Dieu, dont j’ai connu et admiré l’humilité profonde, l’austère pénitence et la solide piété. […] » À quoi Frédéric répondait avec un mouvement de cordialité, et sans ombre d’ironie, je le crois : « Monsieur Rollin, j’ai trouvé dans votre lettre les conseils d’un sage, la tendresse d’une nourrice, et l’empressement d’un ami ; je vous assure, mon cher, mon vénérable Rollin, que je vous en ai une sincère obligation… » C’est par tous ces côtés que Rollin était le type excellent du professeur et du maître d’autrefois, tenant en quelque chose encore de la mère et de la nourrice, et destiné lui-même à être surpassé en bien des points par ceux qu’il avait élevés.

1066. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

. — Les auteurs répondront, pour leur défense, qu’ils ont été entraînés dans cette voie par deux anecdotiers, leurs maîtres : Plutarque et Saint-Simon. On a reproché aux auteurs d’avoir donné un tableau du développement de la prostitution pendant les années révolutionnaires, et de n’avoir point imité la chasteté de plume de Tacite. — Les auteurs répondront que l’historien des Césars n’a pas écrit l’histoire de la société romaine, et que ceux-là qui veulent savoir les mœurs, aux temps des Néron et des Locuste, se résignent à garder dans leur bibliothèque Juvénal à côté de Tacite. […] On a reproché aux auteurs, ici, des opinions ; là, des indifférences politiques. — Les auteurs n’ont rien à répondre.

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