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855. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

« Rien de neuf : ce n’est pas assez dire ; professeur, mon ami, vous êtes vieux jeu, terriblement. […] Ses meilleurs amis en furent attristés et lui témoignèrent de la froideur. […] Il avait été second prix de Rome, et ses amis lui reconnaissaient du talent. […] Pradon n’imagina-t-il pas un jour de se siffler lui-même, pour exciter le zèle de ses amis ? […] Comment peux-tu donc être si sûr de trouver un jour cet officieux ami de ta gloire ?

856. (1910) Rousseau contre Molière

Il est son « ami » et Alceste a « fait profession » d’être le sien. […] Philinte est le meilleur ami du monde. […] J’en ai un ; du moins, mes amis en ont un. […] mon ami !  […] Faites état de moi, Monsieur, comme du plus chaud de vos amis.

857. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Mais, me répliqua mon ami, il faudroit l’avoir vu à Ferney. […] Ses amis l’eussent-ils soupçonné ? […] Parmentier, ce noble ami du genre humain, si l’on étoit réduit à cette extrêmité. […] Souvenez-vous bien, mon ami, qu’un auteur n’est pas toujours maître. […] Cela ne lui fait pas des amis, mais il n’en veut pas.

858. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Le temps, les amis, les protections appaisèrent tout. […] S’il sortit de Genève, c’est parce qu’il fut appellé à Turin par des amis intimes. […] Ses anciens amis & protecteurs se rechauffèrent. […] répondit-il un jour à un évêque de ses amis qui lui conseilloit de prendre ce parti. […] Parle, que t’a donc fait ton ami le plus tendre ?

859. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Or, comme le disait un jour un de mes amis, le meilleur dessinateur est le coloriste ; le dessin, c’est la couleur. […] Cette charge a été imaginée par les amis du Rose, des Ris et des Grâces pour lesquels elle est un divertissement toujours nouveau. […] Certes, j’aimerais mieux qu’il y eût cent écrivains de cœur, au lieu de quatre ou cinq, de même que j’aime à sentir autour de moi beaucoup d’amis. […] Nous verrons donc nos amis arriver au Corps législatif. […] Henri Terrans, notre ami, est encore très naïf, et il se laisse mettre en colère par tout ce qui a des prétentions, important ou non.

860. (1925) Portraits et souvenirs

Elle repose sur le seul point qui compte pour ces amis : un intérêt égal et réciproque. […] D’ailleurs Villiers était mystérieux, même pour ses amis. […] Son œuvre, sa mémoire n’ont que des admirateurs et des amis. […] Il y avait là un de ses amis et le mien, mort depuis. […] On l’avait confié à deux personnes amies avec qui il devait faire le voyage.

861. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Bertrand, l’ami de Macaire ! […] voilà un pauvre dieu, sur ma parole, ami Plutus ! […] Mes amis ! mes amis ! […] Amis !

862. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Mon confrère et ami M.  […] C’était un bel ami. […] Arderay fut vaincu et Amis lui coupa la tête. […] Il resta son ami. […] Tout lecteur est volontiers un ami.

863. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Charmante Emma, jeune et constante amie ! […] Le célèbre docteur Warburton, prenant la défense de son ami, nous apprend que M.  […] poètes, enfants de la nature, amis de l’homme et de la vérité ! […] Les dernières strophes en sont consacrées au souvenir d’un ami que le poète venait de perdre. […] car il n’y a que l’ami de notre âme qui soit digne d’entrer dans le mystère de nos douleurs.

864. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

au souvenir que je garderai de ces lieux étranges, pas un souvenir ami ne viendra s’associer pour me les rendre chers !  […] C’est un représentant de l’éternelle rivale de l’Angleterre, un enfant de la France, un ami de ceux qui ont reconquis la liberté de la France à coups de fusil. […] Il aime les drogues, et il en commande par centaines qu’il s’amuse à faire prendre à ses amis et à ses domestiques. […] Aussi ne cesse-t-il, dans sa correspondance, de combattre par des raisonnements moitié sérieux, moitié plaisants, les inquiétudes de sa famille et de ses amis. […] Console-toi, console notre père ; consolez-vous mutuellement, mes amis !

865. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il préférait retrouver une petite bande d’amis, auxquels il donnait rendez-vous à table. […] Il eut peu d’amis. […] tu ne trouveras jamais d’amis plus dévoués que moi. […] Il a trop de parents pauvres, trop d’amis à pourvoir. […] Hélène meurt désespérée, loin de son ami.

866. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Un matin, sentant sa fin prochaine et croyant bien ne plus avoir à passer une autre journée, il invita à un petit dîner philosophique un ami (j’ai souvent entendu ce récit chez M. […] De plus, en tout temps, il sut combattre le déchaînement de Chénier contre les ridicules du célèbre critique, et il contribua utilement à réduire cette colère de son ami au frein de l’équité. […] est-ce un conseil de prudence et d’accommodement qu’il propose à ses amis de l’Oratoire et du clergé ? […] Cette brochure, qui a pour titre Union et Confiance, ou Lettre à un émigré de mes amis, est censée écrite par un aristocrate du dedans qui se félicite de toutes les brouilles survenues entre les diverses fractions du parti victotorieux et qui met en scène un conciliateur peu écouté ; c’est une manière indirecte de signaler aux amis de la révolution ce qui réjouit les adversaires et ce qu’il faut par conséquent éviter. […] Depuis la mort de Chénier, il n’eut plus d’autre ami intime ; ce cœur, une seule fois ouvert, se referma.

867. (1927) André Gide pp. 8-126

Cet ami du changement montre un esprit de suite bien exceptionnel. […] Béraud appelle les « jaunes et secs amis de M.  […] Mais ses amis ont intérêt à essayer de le faire croire. […] André Gide avec M. de Charlus et ses amis. […] André Gide et sa nouvelle acrimonie contre les maîtres et les amis de sa jeunesse.

868. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Ils en parlaient avec leurs amis. […] les trésors de votre ami Dupré !  […] Leur mémoire serait perdue sans ce témoignage de leur reconnaissant ami. […] Elle le trouva qui soupait avec ses enfants et des amis. […] Mes amis, rappelez-vous que vous êtes de la 11e.

869. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Le nombre des légitimistes partis pour rendre hommage à leur prétendant est fort grossi par leurs amis d’ici. […] Il y a dans sa brochure deux pages de personnalités injustes et amères contre Villemain, tout à fait inconvenantes de la part d’un collègue (à la Chambre des pairs) et presque d’un ami de la veille.

870. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

Je me disais comme Pline le Jeune, lorsqu’il décrit et développe les mérites de tant d’illustres amis : « At hoc pravum malignumque est non admirari hominem admiratione dignissimum, quia videre, alloqui, audire, complecti, nec laudare tantum, verum etiam amare contingit. » Je me disais cela en commençant, et les circonstances extérieures se prêtaient elles-mêmes à cette vue et y inclinaient en quelque sorte la critique, afin que celle-ci pût remplir tout son rôle à ce moment. […] Même en énumérant les qualités des talents amis, il y a un mot qu’il ne faudrait jamais perdre de vue, le circum prœcordia ludit, qu’un satirique accorde à l’aimable Horace : se jouer autour du cœur de ceux même qu’on caresse, et montrer qu’on sait les endroits où l’on ne veut pas appuyer.

871. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

Beuglant, poète, ami de Cadet-Roussel (1826). — Élégies nationales et Satires politiques (1827). — Faust, tragédie de Goethe, nouvelle traduction complète en prose et en vers (1828). — Le même ouvrage, suivi du Second Faust et d’un choix de ballades et de poésies de Goethe, Schiller, Bürger, Klopstock, Schubert, Kœrner, Uhland, etc. (1840). — Couronne poétique de Béranger (Paris, 1828). — Le Peuple, ode (1830). — Nos adieux à la Chambre des députés de l’an 1830 ou Allez-vous-en, vieux mandataires, par le père Gérard, patriote de 1798, ancien décoré de la prise de la Bastille, couplets (1831). — Lénore, traduite de Bürger (1835). — Piquilo, opéra-comique, en collaboration avec M.  […] Ses amis pouvaient à leur aise réaliser avec l’art secondaire de la peinture ; lui se contentait de presser doucement son cœur pour en faire jaillir de tendres souvenirs.

872. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Et le dessein d’être stoïque contre un ami ne peut-il pas être aussi une cause d’erreur ? […] Eh bien, non, mon ami. […] C’était un soir où, ayant « plaqué » une petite amie, il était venu chercher l’apaisement aux Folies-Bergère. […] Elle était l’amie intime de Suzanne Tillier, l’orpheline si vilainement séduite par Henri. […] … Comme il sut écarter de sa maison les amis, les pauvres et les chiens !

873. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

C’était dans l’émigration la portion instruite, acceptant la Charte par nécessité, mais ayant pour les choses de l’esprit un goût aussi ancien que la noblesse française ; c’étaient, parmi les amis de la liberté, des hommes nouveaux, acceptant les Bourbons comme les autres la Charte, par nécessité, mais très disposés à recevoir la liberté de leurs mains, et résolus à leur être fidèles s’ils étaient sincères ; c’étaient, dans les partis mécontents, les révolutionnaires, les militaires, les partisans de l’Empire, se déguisant en amis de la liberté, et le devenant sans s’en apercevoir. […] Thiers n’est guère différente ; il est arrivé seulement que M. de Viel-Castel, plus attaché d’origine aux traditions monarchiques, n’a pas craint de se montrer à la rencontre plus rude parfois et plus bref dans l’énoncé de ses jugements envers d’anciens amis ; il n’y a pas mis tant de façons : M. 

874. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

  Quoiqu’il y ait une Introduction de ma façon en tête de cet ouvrage, j’en puis parler avec convenance et indépendance, parce qu’en dehors de cette Introduction très-générale, je n’y ai pris aucune part, si ce n’est dans quelques conversations avec l’honorable directeur et avec un ou deux collaborateurs de mes amis. […] Asselineau, avec lui, a été l’un des ouvriers les plus actifs de cette tour immense à tant d’étages qui n’est pas une Babel : esprit net et vif, plume dégagée, il a su apporter dans l’exercice de son rôle critique une conscience, un soin qui est déjà une bienveillance et qui est fait pour toucher le cœur des vieux poëtes : demandez plutôt à notre vieil ami, Ulric Guttinguer. […] — Un dernier souvenir à l’un de nos anciens amis ou du moins à l’une de nos connaissances de jeunesse.

875. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

En lisant dernièrement son feuilleton sur la Maison neuve de Sardou, je remarquais que, bien qu’il soit ami du très-spirituel auteur, il lui faisait avec fermeté toutes les bonnes et justes observations. […] Il avait vu de trop près la politique ; il l’avait touchée et maniée dans ses secrets ressorts, il en savait les vanités, les corruptions et les turpitudes ; désappointé et désabusé, il passa les dernières années de sa vie dans une sorte d’exil, sevré du commerce des amis qui lui étaient chers. […] Pour moi, je l’avoue, j’en veux moins aux grands esprits tels que le sien, même quand je ne les épouse pas ; je m’y attache, bon gré, mal gré, en les étudiant, en les suivant, ne fût-ce que dans leur correspondance ; et celle de Swift avec les illustres amis dont il vivait séparé n’est pas sans charme.

876. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

C’était vraiment superbe… Goethe, en son paradis de Weimar, fut très préoccupé des commencements de ce jeune homme (Alexandre Dumas) : « Ami, lui disait-il, n’allez pas plus loin que vos maîtres, Casimir Delavigne et Béranger, Schiller et Walter Scott. […] Ce fut un four, comme on dirait aujourd’hui… Les cinq actes se déroulèrent au milieu d’un silence morne… Je ne suis jamais revenu d’une de mes premières représentations les plus bruyantes et les plus applaudies sans me rappeler le froid de cette grande salle… et sans me dire tout bas, pendant que mes amis me félicitaient : « C’est possible ; mais j’aimerais mieux avoir fait Charles VII qui n’a pas réussi ». […] Le duc d’Orléans, qui comptait Dumas parmi les commis aux écritures de sa maison, occupait la première galerie avec sa famille et ses amis.

877. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Le titre de confrère & d’ancien ami de l’auteur, ne parut pas suffisant à Gibert pour l’empêcher de le citer au tribunal du public, de vouloir le dépouiller d’une gloire usurpée, & faire mettre en balance qui des deux méritoit de l’emporter pour le goût, le talent & les lumières : il osa même adresser ses observations à Rollin. […] Deux auteurs de cette réputation, d’admirateurs réciproques & d’amis intimes, devenus rivaux & grands ennemis, étoient sur le point de perdre, par leur division, l’estime qu’on leur portoit. […] Il fait lui-même allusion à sa qualité de fils d’un maître coutelier à Paris, dans une épigramme Latine qu’il envoya à un de ses amis, accompagnée d’un couteau & de cette réflexion : « Ce présent vous semblera plus digne de Vulcain que des Muses.

878. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Il était intime ami de madame de Sévigné, à qui il disait : En vérité, celui qui vous aime plus que moi vous aime trop. […] Ces deux emplois sont beaux : mais je voudrais parmi Quelque doux et discret ami. […] Avec moins de goût, un autre poète aurait fait une sortie contre les amis de notre pays.

879. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

On sait qu’il a échappé à cet auteur quelques propositions hardies, qui ont choqué les amis de la Religion. […] Les traités de l’Amitié & de la Gloire par M. de Saci, ami de Madame de Lambert, & digne de l’être de tous les honnêtes gens, sont un tissu de sentimens nobles, délicats & vertueux qu’on ne voit presque que dans les livres. […] Les Conseils à une amie & les Caractères, par Mme. de Puisieux, sont écrits avec beaucoup de légéreté.

880. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Bonstetten, l’ami de Sismondi, était, dans le léger et l’inconsistant, ce que Sismondi était dans le pédantesque et dans le sérieux, et ils étaient liés comme la mouche est liée avec le cheval du brasseur… Bonstetten est tout l’opposé de Sismondi, mais on n’y gagne pas pour cela. […] C’était l’Ami des auteurs (un type que je recommande à M.  […] Celles de Madame de Souza à la comtesse d’Albany, son amie, quoiqu’elles ne réalisent pas certainement toute l’idée que l’imagination se fait de la manière d’écrire d’une femme comme Madame de Souza, sont cependant empreintes çà et là de cette exquise personnalité qu’on avait entrevue à travers les livres délicats qu’elle a publiés.

881. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

— Mon cher ami, va, tu es innocent. […]  ) N’ayez pas peur, je sais me posséder… Je ne suis pas votre mari, je suis votre ami, votre meilleur ami, et je vous parle comme un ami… Je vous abhorre, je vous déteste, je vous méprise… Séparons-nous dès ce moment. […] Vous admettriez ma conduite si Nanjac était un vieil ami à moi, un camarade d’enfance ? […] A la suite de je ne sais quel mauvais coup, il a été dénoncé par sa bonne amie. […] Souffriront-ils que leur amie soit livrée à ce coquin ?

882. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Cela posé, il me semble que, si j’ai à m’étonner, c’est, non pas d’avoir tant de contradicteurs, mais au contraire tant d’amis et de partisans. […] Je ne sais pas avoir jamais péché contre le peuple, mais maintenant, c’est décidé, une fois pour toutes ; je ne suis pas un ami du peuple ! […] Je suis aussi peu l’ami de pareilles gens que je le suis d’un Louis XV. […] Mais pour cela, ne suis-je pas un ami du peuple ? […] J’avais chez moi quelques amies ; il m’a semblé que leur visite durait une éternité.

883. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Mon jeune ami s’en trouva délivré d’une grande peur, et il m’avoua qu’il n’aurait pu faire la musique à la Offenbach, véritablement nécessaire. […] Imaginons, lisant le livre de Tolstoï, que cet homme est un logicien, un psychologue, ami des formules littérales, parfois trop précises. […] Nos amis nous sont une illusoire somme de plaisirs espérés. […] Assuré par la collaboration de notre ami, M.  […] Veille, ami, veille gai !

884. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Selon son usage, que nous n’avons pas pu lui faire perdre, François-Victor Hugo étiquette ces trois pièces du nom générique : les amis, comme s’il n’y avait pas des amis aussi dans Roméo et Juliette, comme s’il n’y avait pas des amis partout dans les pièces de Shakespeare ! […] Parce que cet admirable génie de Shakespeare, qui était une intuition et non le résultat d’une expérience, a eu la divination de toutes choses et a peint les plus beaux et les plus purs sentiments de la vie (comme il a peint du reste les plus laids et les plus terribles), voilà que, selon François Hugo, ce grand raisonneur, Shakespeare en était capable et a dû nécessairement les éprouver ; comme justement aussi il y avait l’amitié parmi ces sentiments, et qu’il s’agit des AMIS, dans l’arrangement des titres de sa façon dont François Hugo a orné Shakespeare, il se trouve que Shakespeare a dû être, de réalité, le plus charmant, le plus adorable, le plus magnanime et le plus vertueux des amis. […] Mais il ne s’agit pas de mes affreux goûts… Sur un mot très simple et très explicable, placé dans un des chœurs du Henri V, en l’honneur du comte d’Essex, François Hugo, qui a l’imagination fort alerte, nous enfile toute une histoire qui, je le crains pour lui, ne passera pas plus que le chameau à travers le trou de l’aiguille… Selon François Hugo, le comte d’Essex n’était pas seulement le miroir… de la vieille Reine Élisabeth ; il était par en dessous l’ennemi de l’intolérance religieuse de son gouvernement : c’était un philosophe anticipé et préludant ; et comme ce d’Essex était l’ami de Southampton, et Southampton l’ami de Shakespeare, et comme les amis de nos amis sont nos amis, Shakespeare se trouve donc être par ricochet un libéral et un opposant politique… Et j’ai vu l’heure, ma parole d’honneur !

885. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Chez l’ami de Manuel comme chez l’ami de Fouquet, l’art de bien dire n’est-il pas voilé avec un soin jaloux ? […] Ses amis ne l’ignorent pas, et ont pris soin de nous l’apprendre. […] Régina vient demander protection au meilleur ami de Saluce, à l’auteur des Confidences. […] Le mendiant parle de son ami, de Toussaint, en termes qui étonnent un peu l’état-major du général. […] Jourdain découvrant qu’il fait de la prose toutes les fois qu’il dit bonjour à ses amis.

886. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Je ne sais si les livres sont mes amis ou mes ennemis. […] Paulin et à ses amis. […] Il la juge trop amie de la fiction pour une personne honnête. […] Mais, dis-moi, mon ami, auront-ils au moins des bonnets carrés ? […] Je m’entretiens avec des amis que je puis aimer.

887. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Accompagnons-le dans sa campagne d’épigrammes contre ses ennemis et contre ses amis. […] Lorsque Chateaubriand revint d’exil, ses amis, Joubert, Fontanes et les autres, l’encouragèrent. […] Ses amis de jeunesse s’en allaient l’un après l’autre. […] Vers quel regard ami et pour annoncer quel sentiment ? […] Les deux amis sourirent avec malignité.

888. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Accordons, si l’on veut, ses ennemis, ses amis et lui-même en disant : C’est un malheureux ! […] Le lendemain, son ami Olivier le soupçonne de quelque secret amoureux. […] « Mon pauvre ami ! […] Augustin a été le précepteur de Dominique et il est resté son ami. […] » Au contraire de Montaigne, il n’a pas eu d’amis véritables, mais bien des amies, et beaucoup.

889. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Daru, occupé des grandes affaires et portant le dur poids de l’administration des provinces conquises ou de l’approvisionnement des armées, trouvait encore le temps d’entretenir avec ses amis littérateurs de Paris, les Picard et les Andrieux, une correspondance charmante d’attention, pleine d’aménité et de conseils, il y avait là tout à côté le plus lettré des commissaires des guerres, le moins classique des auditeurs du Conseil d’État, Beyle, qui faisait provision d’observations et de malices, qui amassait toute cette jolie érudition piquante, imprévue, sans méthode, mais assez forte et abondante, avec laquelle il devait attaquer bientôt et battre en brèche le système littéraire régnant. […] Or, dans cet ordre nouveau, imaginez un hussard, un hulan, un chevau-léger d’avant-garde qui va souvent insulter l’ennemi jusque dans son retranchement, mais qui aussi, dans ses fuites et refuites, pique d’honneur et aiguillonne la colonne amie qui cheminait parfois trop lentement et lourdement, et la force d’accélérer le pas. […] Sa vie a été très bien racontée par un de ses parents et amis, M.  […] Le fond de son goût et de sa sensibilité est tel qu’on le peut attendre d’un épicurien délicat : Quelle folie, écrit-il à un ami de Paris en 1814, à la fin de ses Lettres sur Mozart, quelle folie de s’indigner, de blâmer, de se rendre haïssant, de s’occuper de ces grands intérêts de politique qui ne nous intéressent point ! […] Il nous a tous sollicités, enfin, de sortir du cercle académique et trop étroitement français, et de nous mettre plus ou moins au fait du dehors ; il a été un critique, non pour le public, mais pour les artistes, mais pour les critiques eux-mêmes : Cosaque encore une fois, Cosaque qui pique en courant avec sa lance, mais Cosaque ami et auxiliaire, dans son rôle de critique, voilà Beyle.

890. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Dominique, c’est l’histoire de l’enfance, des premiers sentiments et de la jeunesse du personnage qui porte ce nom ; lui-même raconte à un ami cette histoire toute simple, tout intérieure, en partie délicieuse, en partie douloureuse, et lui fait de vive voix sa confession. […] « L’ingénieuse absence avait agi sans nous et pour nous. » Un jour donc, Dominique se laisse aller à ouvrir son cœur et à livrer le secret de sa jeunesse à son nouvel ami, devenu son hôte au château des Trembles, — c’est ainsi qu’on nomme sa maison de famille ; — et cet ami, à son tour, nous fait part de la confidence. […] Du premier jour, pourtant, Dominique s’y fait un ami d’un jeune gentilhomme du nom d’Olivier d’Orsel, venu récemment de Paris, qui en a déjà respiré le souffle, qui n’a rien de provincial ni de scolaire, et qui n’est et ne sera jamais qu’un charmant mauvais écolier, puis un charmant mauvais sujet fort aimable et naturel. […] Olivier d’Orsel son ami est, au contraire, un amoureux pur, un homme qui, quand il suit une piste féminine, s’y attache uniquement, et qui ne se consolerait pas de la manquer.

891. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Sur ce point délicat je me borne encore à dire, en écartant tout ce qui est indigne d’être entendu, que si, vers l’âge de trente ans, Marie-Antoinette en butte à toutes sortes d’intrigues et d’inimitiés, entourée d’amis qui la compromettaient fort et qui n’étaient pas tous désintéressés ni bien sincères, avait cherché et distingué dans son monde et dans son cercle intime un homme droit, sûr, dévoué, fidèle, un ami courageux, discret, incapable d’épouser d’autre intérêt que le sien, et si elle s’était appuyée sur son bras à certain jour, même avec abandon, il n’y aurait à cela rien de si étonnant ni de fait pour révolter ; et de ce qu’on admettrait, sur la foi des contemporains d’alors les mieux informés, cette sorte de tradition qui, à son égard, me paraît, si j’ose l’avouer, la plus probable, il ne s’ensuivrait pas qu’elle dût rien perdre dans l’estime de ceux qui connaissent le cœur humain et la vie, ni qu’elle fût moins digne de tout l’intérêt des honnêtes gens aux jours de l’épreuve et du malheur. […] J’ai vu avec bonheur un homme si estimé de ma chère maman, et je l’ai traité en ami de la famille. […] Ce fut un autre malheur et très réel pour la jeune Dauphine que le renvoi et l’exil de M. de Choiseul : c’était pour elle un ami et le meilleur des guides. […] J’ai été bien émue de cet événement, car M. de Choiseul a toujours été un ami de notre famille et m’a toujours à l’occasion donné de bons avis.

892. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Béranger qui, à plus de trente ans de là, eut bien des confidences de La Mennais, a dit dans une lettre à un ami : « Vous avez bien jugé la nature de son esprit. […] Il a des lettres fort belles à un de leurs amis, l’abbé Bruté, qui sen était allé missionnaire apostolique en Amérique. […] « Quoique nous ne recevions aucune de vos lettres, nous ne doutons pas, cher et toujours plus cher ami, que vous ne nous écriviez fréquemment ; mais le bon Dieu nous veut priver d’une consolation à laquelle nous serions peut-être trop sensibles. […] Mais Béranger, qui aurait pu prétendre aussi à sa part de direction, appréciait mieux que personne la situation délicate et la disposition d’esprit de son nouvel ami quand il écrivait (8 février 1837) : « … Il veut se mettre à la tête d’un journal, et je crains d’arriver trop tard pour lui éviter cette folie. […] Au lieu de cela, en dehors de l’étude et d’une lecture assez étendue, mais toute sérieuse, La Mennais jeune n’a que des relations et des préoccupations d’un ordre unique : une guerre, à Saint-Malo, du petit séminaire contre l’Université, Saint-Sulpice à l’horizon pour toute capitale, et deux ou trois amis avec qui il correspond sur les mêmes objets élevés, mais toujours pris d’un seul point de vue ; rien d’ailleurs qui vienne renouveler l’esprit et lui offrir une variété d’aliments.

893. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Il appelle ces amis de son choix, à qui il resta de tout temps fidèle, « des hommes remplis de défauts, mais de probité, de caractère et de courage ». […] Ils crurent très politique de se mettre sous l’abri d’un homme qui était connu pour l’ennemi de toute intrigue, et l’ami des bonnes mœurs et de la vertu. […] S’occupant alors de ceux qui vont survivre, de sa mère, de ses sœurs, des amis qu’il n’ose nommer, il parle avec cet accent qui dénote l’intégrité morale conservée tout entière. […] En finissant, il n’a pas l’air de croire avec bien de la certitude à la persistance de la pensée au-delà de cette vie : Mes bonnes amies, l’espoir que vous parviendrez à une existence heureuse embellira mes derniers moments, il remplira mon cœur. […] C’est ainsi qu’un ancien, un ami de Cicéron ou de Thraséas, pouvait parler de sa fin prochaine au milieu des siens, et savait mourir.

894. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Un jeune homme, enfant du peuple, bien doué, et d’une demi-éducation, fut témoin d’une scène déchirante, et, comme Jasmin avec quelques amis arrivait sur les lieux, l’enfant encore plein d’émotion la leur raconta : Je ne l’oublierai jamais, dit Jasmin, il nous fit frémir, il nous fit pleurer… C’était Corneille, c’était Talma ! […] Annette, effrayée de l’inquiétude où elle voit son amie, dit à Marthe qui l’interroge et qui croyait déjà lire à son front une nouvelle : « Je n’en sais rien encore ; amie, prends courage ; voici midi, nous le saurons bientôt. […] Et la nouvelle de sa touchante action faisant bruit déjà dans les prairies, tout le pays s’était pris d’amour pour elle : « C’étaient, la nuit, de longues sérénades, des guirlandes de fleurs à sa porte attachées, et le jour, des présents choisis que les filles enfin à sa cause entraînées venaient lui présenter avec des yeux tout amis. » Annette surtout était en tête de cette bonne jeunesse. […] C’est sur cette vigne que compte le poète pour empêcher ses amis de lui échapper, pour les lui rattacher avec son fruit savoureux.

895. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Les premières odes de Le Brun sont consacrées à ce jeune ami Racine, qui avait quitté la littérature pour le commerce ; et qui bientôt périt à Lisbonne dans le tremblement de terre de 1755. […] Le Brun, qui y vise tant, a trop peu de ces mots pleins, faciles et « amis de la mémoire ». […] Le Brun, comme le peintre David son ami, trempa son pinceau à plaisir dans les couleurs sanglantes et livides. […] Le Brun disait de Louis XVI captif, à la fin de 1792 : Venez voir, conseillers sinistres, Un roi sans peuple, sans amis ! […] Lorsque Ginguené, ami de Le Brun dans tous les temps, se chargea de faire le recueil des Œuvres du poète, il trouva, dit-on, dans les papiers jusqu’à dix épigrammes contre lui-même, et il s’y piqua : ce qui ne l’empêcha point d’accomplir très fidèlement sa mission d’éditeur.

896. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Courier est rentré en France ; il voit ses amis les hellénistes ; un jour de douceur et de bonne humeur, il se dit, en se trouvant chez M. Clavier, et en jetant les yeux autour de lui : « Il me semble que tout ce que j’aime est ici » ; et il demande en mariage la fille aînée de son ami, laquelle était encore dans la première jeunesse. […] Il travaillait si bien et si fortement sa prose, qu’il en débitait de mémoire des fragments à ses amis, très avides de telle nouveauté. […] Dans sa Pétition pour des villageois, qui est une pièce des plus achevées, il se pose tout à fait en vieux soldat laboureur, devenu bûcheron et vigneron, ami de la vieille gloire nationale ; et, quand ce jeune curé d’Azay ou de Fondettes, sorti du séminaire de Tours où il a été élevé par un frère Picpus, interdit la danse sur la place de l’endroit, Courier s’écrie : Ainsi, l’horreur de ces jeunes gens pour le plus simple amusement, leur vient du triste Picpus, qui lui-même tient d’ailleurs sa morale farouche. […] Et si quelqu’un s’avisait que je n’ai pas donné à Courier assez d’éloges, je m’autoriserais de ce que lui-même, parlant de Béranger, n’a trouvé à dire que ceci : « J’ai encore dîné hier avec le chansonnier, écrivait-il de Sainte-Pélagie (octobre 1821) : il imprime le Recueil de ses chansons qui paraît aujourd’hui… Il y a de ces chansons qui sont vraiment bien faites : il me les donne. » C’est ainsi, j’imagine, qu’en Grèce, avant l’âge des éloges et des panégyriques, et quand on était de l’école de Xénophon, on louait ses amis par un mot juste et léger, dit en passant.

897. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Montrant les Romains habiles à isoler les rois qu’ils veulent abattre, à détacher leurs alliés, et à se faire de longue main des amis de toutes parts autour de l’ennemi puissant : « Il semblait, dit-il, qu’ils ne conquissent que pour donner ; mais ils restaient si bien les maîtres que, lorsqu’ils faisaient la guerre à quelque prince, ils l’accablaient, pour ainsi dire, du poids de tout l’univers. » Nul n’est mieux entré que Montesquieu dans l’idéal du génie romain ; il est, par inclination, favorable au Sénat, et un peu patricien de l’antique République. […] M. d’Argenson ne se trompait pas dans un sens, mais il se trompait dans un autre : le livre de Montesquieu, avec tous ses défauts, allait déjouer les craintes et surpasser les espérances de ses amis mêmes. […] L’ami de Genève, chargé de faire imprimer l’ouvrage et d’en revoir les épreuves, fit des objections contre cet hymne trop antique jeté dans un ouvrage moderne, et en demanda la suppression ; Montesquieu, après quelque résistance, y consentit. […] Dupin dit, dans sa préface, que, dès que L’Esprit des lois parut, deux de ses amis et lui se mirent à le lire en l’examinant ; il ajoute que ce n’est pas pour le public qu’on a fait imprimer ces Observations, qu’on ne les destine qu’à un certain nombre d’amis, et que pour cette raison on n’a tiré l’édition qu’à un petit nombre d’exemplaires.

898. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Il donnait rendez-vous à ses amis après la guerre en Palestine.‌ […] Maintenant approchons-nous d’un pas, et de cet ami du dehors venons à nos adoptés.‌ […] Claires et fortes, avec tous les germes qui annoncent le grand talent, elles respirent la confiance d’un jeune intellectuel qui, parlant à sa famille, à des amis sûrs, à son ancien maître, M.  […] La vie me paraît simple, simple, et toujours si admirable que je ne comprends pas qu’on ne s’y prête pas avec reconnaissance…‌ Un des jeunes amis à qui il adresse ces belles lettres cherche à le classer et lui dit ; « Tu es fataliste. » Roger Cahen proteste avec vivacité : « Ni fataliste, ni déterministe ; j’accepte seulement avec amour tous les événements qui sont créateurs de sentiments nouveaux, de forces nouvelles ; je suis celui qui espère toujours, je suis persuadé que le Messie est à venir. »‌ Un autre jour, il écrira : « Je suis d’une âme très pieuse, mais ma piété est celle de Jean Christophe : “Sois pieux envers le jour qui se relève.” […] Pour ma part je vous en donne ma parole d’honneur et de soldat, j’étais heureux sans calcul, heureux de me battre pour mon pays que j’aimais… Tous mes amis à qui j’ai dit au revoir, sans me douter que c’était un adieu, avaient la joie au cœur à l’idée de reprendre cette Alsace dont nous sommes pour la plupart originaires.‌

899. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Il a souvent fait des parties d’échecs mentales avec un de ses amis qui avait la même faculté que lui, en se promenant sur les quais et dans les rues. — Comme on s’y attend, une représentation si exacte et si intense se répète ou dure involontairement. […] Brierre de Boismont12 s’est appliqué à imprimer en lui la figure d’un de ses amis, ecclésiastique ; à présent, dit-il, « cette représentation mentale est visible pour moi, que mes yeux soient ouverts ou fermés ». […] « Un de mes amis, dit Darwin24 avait un jour regardé fort attentivement, la tête inclinée, une petite gravure de la Vierge et de l’enfant Jésus. […] « Dans l’occasion dont il s’agit, je me fis donc aussitôt cette question : comment en suis-je venu à penser à mon ami absent ? — Quelques secondes s’étant écoulées, je ressaisis le fil de mes pensées, qui avait été rompu par ma recherche du Waldbruder, et, avec la plus grande facilité, je trouvai que l’idée de mon ami, par une nécessité très simple, avait dû s’introduire dans la chaîne de mes pensées.

900. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il imite tous les vices du lieu : il vend les grâces, il oublie ses amis, il désavoue ses parents, il est vénal et ingrat. […] Il redescend vers les obscurs amis de sa jeunesse ; il rend service à ses bienfaiteurs. […] Favori, il avait vendu les grâces ; serviteur utile et capable, il partage avec ses amis la récompense de son travail. […] Dans une maladie qui le met en danger, un ami lui amène deux docteurs. […] Ses amis, nous dit-il, l’ont invité à composer un traité de l’art oratoire.

901. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Les anarchistes faisaient exception et pour se distinguer une fois de plus des socialistes révolutionnaires, ils essayèrent de mêler leur drapeau noir aux drapeaux multicolores du cortège ; Élisée Reclus, leur homme remarquable, pria son ami Nadar d’inscrire son nom sur le registre mortuaire. […] Hugo devait donc épouser la haine de sa mère pour Napoléon, que partageaient son mari et ses amis, en même temps qu’il endossait ses opinions royalistes, Mais il fut réfractaire à toute influence, personne ne put lui imposer ses sentiments, ni père ni mère, ni oncle, ni amis : Napoléon et son extraordinaire fortune emplissaient sa tête ; « son image sans cesse ébranlait sa pensée ». […] Victor Hugo, qui était incapable de débrouiller une situation politique, partagea leur aveuglement ; il injuria en prose et en vers le peuple parce qu’il ne renversait pas à l’instant l’Empire que lui et ses amis avaient fondé et consolidé dans le sang populaire. […] … Les amis et les adversaires de Victor Hugo, ont accrédité des jugements téméraires portés sur lui par la crainte et l’admiration : dans l’intérêt de sa gloire il est nécessaire de les réviser. […] Bien au contraire, l’Événement du 9 septembre 1848 prenait la défense du « luxe que calomniait la fausse philanthropie de nos jours » et démontrait triomphalement la nécessité de la misère pour arriver à l’équilibre social. — « L’opulence oisive est la meilleure amie de l’indigence laborieuse, développe le journal hugoïste.

902. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Il préférait le rôle d’adulateur décent d’un autre Auguste et d’ami d’un autre Mécène. […] L’épître ici est égale à la tragédie, et les deux écrivains amis sont, dans des ordres de poésie différents, au même niveau de diction poétique. […] La postérité a tenu toutes les promesses qu’il avait faites d’avance en son nom à ses illustres amis. […] Boileau s’attendrit et veut consoler son ami de quelque espérance. — « Non ! […] Nous ne prétendons pas la trancher, mais nous dirons courageusement notre pensée à ses amis comme à ses ennemis.

903. (1914) Une année de critique

Claire, voulant relever la fille, voit pâlit son amie : elle hésite, elle ne sait à laquelle courir. […] Éloi considère le monde, ses amis, ses parents, ses enfants, sa femme et lui-même, comme matière à copie. […] Mais laissons les amis mal avisés défendre l’homme : parlons un peu de son œuvre. […] J’ai terminé ce matin la Maîtresse et l’Amie. […] Vous ne retrouvez pas la Maîtresse et l’Amie ?

904. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Jamais cette malheureuse famille n’a manqué d’amis ni de défenseurs. […] Que les autres — que les amies — commencent, et puis on verra. […] Nous les avons finis hier avec votre ami X., sans y faire attention. […] C’est ton ami qui l’a prise et qui la rend bien malheureuse. […] Il me semble que leurs amis ont été bien durs envers eux.

905. (1924) Critiques et romanciers

Son ami n’était pas habile : et il a cru que son ami avait du génie. […] Seulement, il est malaisé de trier les bourgeois et d’y choisir pour amis excellents les amis des beaux-arts. […] Il les prenait pour amis ou ennemis : et les amis, il les choyait ; les ennemis, il les tarabustait. […] Ses amis le fournissent sans le savoir. […] Sa gentille amie pleure de ne pas le comprendre.

906. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Vous vous levez tranquille et serein, vous, mon digne et cher ami. […] Nous verrons ce qu’en penseront nos amis autour de la table. […] mes amis, si je meurs près de vous, faites-moi embaumer ! […] Il aimait beaucoup à briller devant ses amis. […] Cet ancien ami de M. de Latouche était devenu le mien.

907. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

mon cher ami, si nous n’avions devant nous que les meneurs, avec quelle aisance nous aurions raison d’eux ! […] mon ami : mais ton patriotisme me semble quelque peu entaché d’intolérance. […] Ce milieu, qui lui avait été dévoué et ami, à peine l’eut-il exploité qu’il le trahit. […] Grand ami de Wagner et de Cosima, il avait toute la confiance du compositeur pour la direction de ses œuvres. […] Elle rencontra George Sand en 1866 et devient son amie.

908. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Ai-je besoin, en parlant ainsi, de demander permission et licence à tous ceux qu’il a blessés, et dont la plupart sont de mes connaissances et de mes amis, dont quelques-uns même sont tout proche de moi ? […] Malgaigne), est si plaisamment singé pour le geste et noté pour l’accent : journée unique où, au milieu de ses graves préoccupations, la Chambre entière fut prise d’un fou rire, d’un rire homérique, et où, pour un moment, il n’y eut plus amis ni ennemis sur tous les bancs, « il n’y eut que des gensde bonne humeur. » Mon métier ici n’est pas de mettre les noms propres : comme cependant en pareille matière rien ne vit que par là, et que le recueil des Mélanges est bien gros à feuilleter tout entier, MM.  […] Le temps n’a pas marché ; c’est hier, c’est tout à l’heure : J’étais là, près du lit de mon père expirant, J’allais d’un ami mort vers un ami mourant… ; Et vous, trésors de Dieu, trésors qu’au moins je pleure, Biens que j’eus un instant et dont j’ai su le prix, Doux enfant, chaste épouse, ô gerbe moissonnée !

909. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Chateaubriand jugé par un ami intime en 1803 (suite et fin) Mardi 22 juillet 1862 II. […] Quand on s’est bien édifié autant qu’on le peut sur les origines, sur la parenté immédiate et prochaine d’un écrivain éminent, un point essentiel est à déterminer, après le chapitre de ses études et de son éducation ; c’est le premier milieu, le premier groupe d’amis et de contemporains dans lequel il s’est trouvé au moment où son talent a éclaté, a pris corps et est devenu adulte. […] S’il est juste de juger un talent par ses amis et ses clients naturels, il n’est pas moins légitime de le juger et contre-juger (car c’est bien une contre-épreuve en effet) par les ennemis qu’il soulève et qu’il s’attire sans le vouloir, par ses contraires et ses antipathiques, par ceux qui ne le peuvent instinctivement souffrir. […] Si, après toutes ces facilités d’observation auxquelles il prête plus que personne, on pouvait craindre de s’être formé de lui comme homme et comme caractère une idée trop mêlée de restrictions et trop sévère, on devrait être rassuré aujourd’hui qu’il nous est bien prouvé que ses amis les plus intimes et les plus indulgents n’ont pas pensé de lui dans l’intimité autrement que nous, dans notre coin, nous n’étions arrivé à le concevoir, d’après nos observations ou nos conjectures.

910. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Je ne me suis peinte qu’en buste , répondit-elle un jour à une amie qui s’étonnait à l’idée qu’elle eût tout dit. […] Le séjour au château de Silly chez une amie d’enfance, l’arrivée du jeune marquis, son indifférence naturelle, la scène de la charmille entre les deux jeunes filles qu’il entend sans être vu, sa curiosité qui s’éveille bien plus que son désir, l’émotion de celle qui s’en croit l’objet, son empire toutefois sur elle-même, la promenade en tête à tête où l’astronomie vient si à propos, et cette jeune âme qui goûte l’austère douceur de se maîtriser, cette suite légère compose tout un roman touchant et simple, un de ces souvenirs qui ne se rencontrent qu’une fois dans la vie, et où le cœur lassé se repose toujours avec une nouvelle fraîcheur. […] Je sentois cependant que chaque instant l’éloignoit de moi, et ma peine prenoit le même accroissement que la distance qui nous séparait. » Nous surprenons ici le défaut ; cette peine qui croît en raison directe de la distance, c’est plus que du philosophe, c’est bien du géomètre ; et nous concevons que M. de Silly ait pu dire à sa jeune amie dans une lettre qu’elle nous transcrit : « Servez-vous, je vous « prie, des expressions les plus simples, et surtout ne faites « aucun usage de celles qui sont propres aux sciences. » En homme du monde, et plein de tact, il avait mis d’abord le doigt sur le léger travers. […] Sa santé diminue, sa vue baisse, et pour peu qu’elle vive, elle est en train de devenir tout à fait aveugle comme son amie Mme du Deffand.

911. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Ces expressions vous raniment, vous transportent, vous persuadent un moment que vous allez vous élever au-dessus de tous les égards factices, de toutes les formes commandées, et qu’après une longue contrainte, le premier ami que vous retrouverez, c’est votre propre caractère, c’est vous-même. […] Nous n’avons fondé que des haines, et les amis de la liberté marchent au milieu de la nation, la tête baissée, rougissant des crimes des uns et calomniés par les préjugés des autres. […] Il suffit d’un jour où l’on ait pu prêter un appui par quelques pensées, par quelques discours, à des résolutions qui ont amené des cruautés et des souffrances ; il suffit de ce jour pour tourmenter la vie, pour détruire au fond du cœur, et le calme, et cette bienveillance universelle que faisait naître l’espoir de trouver des cœurs amis partout où l’on rencontrait des hommes. […] et si leur révolution commence, qu’ils ne redoutent au milieu d’eux que les amis perfides qui leur conseilleront de persécuter les vaincus.

912. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Parce que cela lui fait plaisir, il aime ses amis ; il leur est dévoué, tendrement, délicatement, à Fouquet, à Mme de la Sablière, à M. d’Hervart. Si incapable de réflexion et de bon conseil pour lui-même, il est attentif, clairvoyant, prudent sur les affaires de ses amis. […] Ce Normand avisé, qui laissa son ami La Fare s’abrutir en suivant à la lettre leurs communes maximes, et s’arrêta, dans l’usage de la paresse et du plaisir, au juste point où ni sa santé ni son intelligence ni ses intérêts n’étaient compromis, était une robuste nature ; il n’y a rien de mièvre ni d’épuisé dans ses vers. […] Biographie : Né à Château-Thierry, le 8 juillet 1621, fils d’un maître des eaux et forêts, Jean de La Fontaine étudia à l’oratoire de Reims et à Saint-Magloire de Paris ; puis il vécut oisivement dans sa ville natale, parmi ses amis, Pintrel, traducteur de Sénèque, Maucroix, traducteur de Platon.

913. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

M. de La Marck a très bien montré les inconvénients qu’il y eut pour la reine à se restreindre d’abord si exclusivement dans le cercle de la comtesse Jules de Polignac, à donner à celle-ci, avec la qualité d’une amie, l’attitude d’une favorite, et à tous les hommes de cette coterie (les Vaudreuil, les Besenval, les Adhémar), des prétentions et des droits dont ils abusèrent si vite, chacun dans le sens de son humeur et de son ambition. […] Or, maintenant, dans l’état actuel des renseignements historiques sur Marie-Antoinette, en se rendant compte des vrais témoignages, et en se souvenant aussi de ce qu’on a ouï raconter à des contemporains assez bien informés, il est très permis de penser qu’en effet cette personne affectueuse et vive, tout entière à ses impressions, amie des manières élégantes et des formes chevaleresques, ayant besoin tout simplement aussi d’épanchement et de protection, a pu avoir durant ces quinze années de sa jeunesse quelque préférence de cœur : ce serait plutôt le contraire qui serait bien étrange. […] … Les sentiments les plus vrais de la mère, de l’amie, de la chrétienne soumise, respirent dans cette lettre testamentaire. […] Elle était faite pour être l’héritière paisible et un peu bergère de l’Empire, plutôt que pour reconquérir elle-même son royaume ; avant tout, sous ce front auguste, elle était faite pour être femme aimable, amie constante et fidèle, mère tendre et dévouée.

914. (1902) Propos littéraires. Première série

Comme consultation, il a consulté ses amis. […] Voilà ma consultation, mon cher ami. […] Oui, deux fois, mon ami. […] Ce n’est pas du tout une idylle ; mais c’est tragique Un des amis finit par être tué. […] j’ai un ami qui est affreusement réactionnaire et monarchique.

915. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Mon cher ami,   J’ai reçu votre beau volume, et j’ai à vous remercier d’abord des mots aimables dont vous l’avez accompagné ; vous m’avez depuis longtemps accoutumé à vos bons et fidèles sentiments à mon égard […] « Tange Chloen semel arrogantem… » Mais encore une fois, il ne s’agit pas de cela ni de compliments ; j’ai plutôt envie de gronder, et si je me promenais avec vous au bord de la mer, le long d’une falaise, sans prétendre à faire le Mentor, je tâcherais de vous donner un croc-en-jambe, mon cher ami, et de vous jeter brusquement à l’eau, pour que vous, qui savez nager, vous alliez désormais sous le soleil et en plein courant.

916. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Un incident burlesque a prêté dès le début aux railleurs qui, au milieu des nombreux amis, ne manquaient pas : un chat gris en personne a paru on ne sait d’où sur la scène. […] La vente qui a lieu depuis lundi dans les appartements du Palais-Royal, et qui finit aujourd’hui mercredi au profit de la Guadeloupe et sous les auspices de la reine, a mis en circulation dans la haute société un charmant recueil de nouvelles inédites, trois nouvelles, Marie-Madeleine, Une Vie heureuse et Résignation, composées par une jeune femme du monde12 pour elle seule et quelques amis ; mais la reine l’ayant su a désiré que ce fût imprimé à l’Imprimerie royale et vendu pour cette infortune extraordinaire : il a fallu obéir.

917. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Ce fol Amour, archier de grant renom, M’ha dans les camps de Mars, son compaignon Faict enrober, moi gentille fillette De seize hyvers, et m’ha donné sajette De son carquois, et m’ha dict : « Belle amie, Avec ce fer frape et n’espargne mie Gents cavaliers ; cil que tu frapera, Tant dur qu’il soit, je dys qu’il t’aimera. » — Ainsi ha dict et juré sur sa foy ; Mais n’ha pas dict « Il n’aimera que toi !  […] Mais que ce soit ici, pour moi, l’occasion de remercier l’un de mes amis, M. 

918. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

J’ai les amis venant en automne au manoir ; J’ai, devant le foyer, les lectures du soir,     Et l’étude des saintes choses ; J’ai, quand le vent gémit dans le long corridor, La prière dans l’ombre et de beaux songes d’or     Sur la couche où tu te reposes. […] En réalisant ainsi le vœu de l’amitié, il élargirait le cercle des amis et gagnerait un public.

919. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Boisrobert la présenta de sa part aux neuf amis, qui la reçurent avec déplaisir, voyant dans l’érection légale de l’Académie la perte de la liberté et de l’intimité qui faisaient le charme de leur réunion. […] Jean Desmarets, sieur de Saint-Sorlin, Guillaume Bautru, comte de Serran, le marquis de Racan, Guillaume Colletet, qui étaient aussi des amis de l’hôtel de Rambouillet, puisque leurs noms se trouvent avec les cinq premiers, au nombre des dix-huit auteurs qui firent chacun un madrigal pour la Guirlande de Julie, en 1641.

920. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

d’Alembert, Traducteur de plusieurs morceaux de Tacite, n’entend pas le Latin, & que ses Mélanges de Littérature, si estimés de tous ses amis, sont écrits avec sécheresse & avec froideur ; que de tous les Ouvrages de M. […] Freron nous apprend, il est vrai, « qu’il avoit à craindre le mécontentement de plusieurs puissans Mécènes pleins d’entrailles pour leurs chers petits Rimailleurs, ou leurs insipides Romanciers ; que ses amis ont été cent fois le trouver lorsqu’il paroissoit un Ouvrage nouveau, pour l’engager à n’en pas dire du mal, parce que l’Auteur étoit vivement protégé par tel Prince, ou tel Duc, ou telle Dame, qui ne manqueroit pas d’employer contre sa personne & son Journal toutes les ressources du crédit* ».

921. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Il y a longtemps que le tableau de notre amie Mad Geoffrin, connu sous le nom de la Lecture, est jugé pour vous. […] Je ne sais, mon ami, si vous aurez remarqué que les peintres n’ont pas la même liberté que les poètes, dans l’usage des flèches de l’Amour.

922. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Ah, mon ami, il y a là soixante vers à décourager l’homme le mieux appelé à la poésie. […] Encore un mot, mon ami, sur ce morceau.

923. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Vous y ferez réflexion, et en communiquerez avec vos amis habiles, auxquels je m’en rapporte s’ils ne s’y arrêtent pas. […] Là où Fléchier n’avait songé qu’à exercer sa plume et à badiner avec ses amis sur les singularités d’un voyage extraordinaire, il se trouve nous avoir ouvert un jour sur un coin de l’ancienne France qui, à travers ce style si poli, éclate d’autant plus brusquement à nos yeux. […] Il faisait profession de divertir ses amis et patrons, et de les faire rire à tout sujet. […] Il revint à Paris en L’année 1690, pour prononcer l’oraison funèbre de la dauphine, et celle de son grand ami, le duc de Montausier. […] Son père, aussi conseiller d’État, avait été l’ami le plus confident et le conseil du cardinal de Retz.

924. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Émue comme un héros au bruit du canon, intrépide contre les vociférations des pétitionnaires et des tribunes, son regard les bravait, sa lèvre dédaigneuse les couvrait de mépris ; elle se tournait sans cesse, avec des regards d’intelligence, vers les officiers de sa garde, qui remplissaient le fond de la loge et le couloir, pour leur demander des nouvelles du château, des Suisses, des forces qui leur restaient, de la situation des personnes chères qu’elle avait laissées aux Tuileries et surtout de la princesse de Lamballe, son amie. […] Nous sommes descendus dans la rue, parce que nous y avons vu nos amis, mais nous ignorons par qui le feu a été allumé. » Il y a plus de hasard qu’on ne croit dans les révolutions ; elles ont plus de mystères que de secrets. […] Il voulut la déployer dans une mesure qui étonnât ses amis et ses ennemis. […] Odieuse à la mère, favorite du père, mentor des enfants, à la fois démocrate et amie du prince, ses élèves sortirent de ses leçons pétris de la double argile du prince et du citoyen. […] C’est le combat que nous devons livrer. » (C’est celui que nous avons livré et gagné nous-même un demi-siècle plus tard, et que les amis de la liberté honnête, la seule liberté, livreront toujours dans des occasions semblables, s’ils veulent réconcilier la vertu et la liberté dans le gouvernement des masses.)

925. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il transportait, sans s’en apercevoir, l’opéra sur la scène tragique. « Olympie s’élance sur le bûcher aux yeux de ses amis épouvantés et des prêtres, qui tous ensemble sont dans une attitude douloureuse, empressée, égarée, qu’annonce une marche précipitée (quel luxe de pantomime !) […] Ce ne sont pas là de vieilles connaissances, comme les personnages de Corneille et de Racine, ou ceux de ce Shakspeare, le père de tant d’immortels enfants en qui les derniers lecteurs de ses drames reconnaîtront des frères et des amis. […] Pour dernier malheur, la plupart de ses retouches lui étaient suggérées par ses amis. […] Certes, les amis de ce peintre pourraient admirer fort un ouvrage où chacun d’eux aurait mis du sien ; mais les connaisseurs feraient peu de cas d’une toile qui serait plutôt une succession d’ébauches superposées qu’une œuvre d’art. […] Il écrit à un de ses amis : « Je corrige tout, excepté moi. » 49.

926. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Avec son ami Simon, il songe à la mort de Renan. […] Nul n’est, dans sa sphère, plus ami de la vérité. […] A nous deux, l’ami ! […] Cet ami du changement montre un esprit de suite bien exceptionnel. […] Comment donc pourrais-tu leur ressembler, puisque tu es en guerre avec tes amis ?

927. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

. — Comment se porte mon petit ami ? […] Depuis qu’amis et ennemis ont fait à M.  […] Vous verriez les amis de M.  […] À droite, sont rangés tous les amis du peintre, y compris M.  […] Ce sont les peintres amis de la vérité, et non pas M. 

928. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

C’est dans cette circonstance que les amis doivent paraître ; leur désapprobation est plus utile quand on baisse, que leurs compliments lorsqu’on monte. […] Il sentait lui-même qu’il avait eu tort de se décourager un moment, et dans des lettres d’un accent pénétré, d’une intention élevée et soutenue, il s’attachait bientôt, au contraire, à remonter le moral de son gendre et ami Paul Delaroche. […] Je viens d’avoir, à ce sujet, une longue conversation avec X… ; nous sommes convenus ensemble que c’était là la véritable humilité… » La suite de la correspondance entretenue avec cette même amie, et dont j’ai sous les yeux de nombreux extraits, fournirait bien des pensées semblables qu’on ne s’attendrait nullement à voir exprimées sous sa plume. […] Devenu veuf, il avait trouvé dans une amie, dans une personne d’intelligence et de cœur, une femme dévouée, l’épouse des jours plus sombres et des heures sérieuses. […] Une fois, devant un tableau de bataille de deux peintres amis, dont l’un avait fait le paysage et l’autre les personnages (c’était une bataille où figuraient les Autrichiens), il remarquait que le ciel était un peu trop pommelé : « Je trouve, disait-il, qu’il y a un peu trop d’Autrichiens dans ce ciel-là. » Il avait des observations originales qu’il exprimait d’un mot.

929. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Des sermons de Massillon même, il tirait des troubles et des plaisirs sensuels ; d’un amalgame de souvenirs littéraires et de visages entrevus, il forma son idée de la femme, un « fantôme d’amour » qu’il devait exprimer dans tous ses livres, chercher en toutes ses amies. […] Autour du grand homme se formait un petit groupe d’amis discrets et dévoués : Fontanes, pur et froid poète, Joubert645, penseur original et fin, tous les deux utiles conseillers, sans envie et sans flatterie ; et puis ces femmes exquises, dont Chateaubriand humait le charme, l’esprit, l’admiration, faisant passer ces « fantômes d’amour » à travers son ennui, sans se douter assez que c’étaient là des êtres de chair et de sang qui le berçaient dans leur angoisse : Mme de Beaumont, Mme de Custine, Mme de Mouchy. […] Il acheva sa vie dans une noble attitude, en grand homme désabusé : la fière douceur d’un universel renoncement consolait un peu son lourd ennui ; il lui restait une réelle amie, Mme Récamier, qui réunissait autour de lui, pour lui, dans son appartement de l’Abbaye au Bois, les gens les plus distingués ; il recevait de ce monde choisi par les soins d’une adroite femme le culte discret, lointain, fervent, qui convient aux grandeurs désolées. […] Il aura des tendresses délicieuses : il aimera ses amitiés et ses amours, c’est-à-dire lui-même ami et amant, infiniment plus que ses amis ou ses aimées ; il s’aimera effrénément dans l’image splendide que d’ardentes affections lui renverront de son être : une de ses voluptés choisies fut de se mirer dans un cœur qu’il remplissait. […] Joubert (1754-1824)) fut nommé par son ami Fontanes inspecteur général de l’Université.

930. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

» Nous revenions, mon oncle un peu gris, et moitié riant de la drôlerie de la chose, et moitié alarmé de la perspective d’un duel avec son ami le bandagiste : mon oncle n’était pas du tout héroïque. […] — cela peut-être avec un désir vague d’en fixer le déchirant pour des amis futurs de la mémoire du bien-aimé… Pourquoi ? […] Je lui dis : « Voyons, mon ami, mettons que tu aies besoin, pour te rétablir, d’un an, de deux ans, tu es tout jeune, tu n’as pas 40 ans… eh bien ! […] À mon coup de sonnette, quand la porte s’est ouverte, j’ai vu, sur le haut de l’escalier, le bien-aimé enfant qui venait de sortir de son lit en chemise, et tout de suite, j’ai entendu sa voix me caresser de toutes sortes d’interrogations amies. […] * * * De longs moments où, assis près de moi dans la chambre, il n’est pas avec moi : — Où es-tu, mon ami ?

931. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Des gourmands, des oisifs, des buveurs, des amis de la joie et de la bombance, tel fut le nom des premiers comédiens. […] Mais je ne vous en veux pas de votre sécheresse, ceci est la faute de la critique et non pas la vôtre, mon pauvre ami. […] Voyez donc, mon ami, ce qui se passe dès le premier jour du début de cette enfant ! […] Vous ne voulez pas que je m’indigne, quand je vous vois, vous critique, assistant de sang-froid à ce grand sacrifice : Iphigénie sacrifiée à la grivoiserie de votre ami Molière ! […] Vous étudiez avec anxiété son geste, son sourire, l’inflexion de sa voix ; puis, à certains moments inespérés, vous vous retournez avec un murmure approbateur, et vous dites à votre ami : — Comme elle ressemble à son maître, mademoiselle Mars !

932. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

but chimérique portant dommage à ses amis, amours des brouillons, de Buckingham, « le paladin sans génie », de Charles IV, « l’aventurier » de Chalais, « l’étourdi assez fou pour s’engager contre Richelieu sur la foi du duc d’Orléans », de Châteauneuf, « impatient du second rang sans être capable du premier », emploi et trafic de sa personne au profit de sa politique, et de sa politique au profit de la passion du jour, qu’est-ce que le cardinal de Retz a dit de plus déshonorant pour l’esprit et le caractère ? […] Cousin, qu’il faut citer, car nous serions embarrassé pour exprimer de telles choses, nous raconte que son premier amour fut pour lord Holland, l’ami de Buckingham, « qui lui persuada d’engager sa royale amie, la reine Anne d’Autriche, dans quelque belle passion semblable à la leur… et ce ne fut point la faute de Mme de Chevreuse, si Anne d’Autriche ne succomba pas… Buckingham était entreprenant, la surintendante (Mme de Chevreuse) fort complaisante, et la reine ne se sauva qu’à grand’peine. » Ce premier maquignonnage d’amitié résume, en un seul fait, toute la vie de Mme de Chevreuse, qu’on pourrait appeler le vice sans succès ! […] Funeste d’esprit, qui ne s’éleva jamais jusqu’au tragique, c’est un casse-cou qui ne fait casser que celui de ses amis ! […] les années et les chagrins avaient triomphé de sa beauté, mais elle était encore pleine d’agréments… Elle avait trouvé un dernier ami dans le marquis de Laigues qu’elle aima jusqu’à la fin… (Enfin !) […] Mais, lorsque Louis XIII eut cessé d’exister, Anne d’Autriche, sous l’influence de Mazarin qui continuait la politique du grand Cardinal son maître, changea tout à coup de visée, comprit la France et brisa avec ses amis, qui n’étaient pas ceux de la patrie.

933. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Là, l’esprit politique des anglais amis une organisation, une volonté d’être et de se conserver respectable à tous les hommes qui ont cette notion de l’ordre avec laquelle on recommencera le monde, quand les révolutions l’auront perdu. […] Newman était l’ami et l’émule du Dr Pusey. […] En vain les ennemis du Puséysme appuyèrent-ils les amis du professeur suspendu ; en vain l’agitation prit-elle des proportions formidables ; les Puséystes, qui se sentaient vigoureux de leur union comme de leurs principes, en appelèrent à l’Université. […] En effet, depuis quelque temps, les livres, les journaux, toutes les expressions de la pensée publique étaient entrés plus ou moins dans la lutte religieuse entre l’organisation anglicane et les idées anglo-catholiques, développées, creusées par le Dr Pusey et ses amis. […] « Depuis cinq à six ans, — dit Peter Maurice avec une espèce de frisson13, — je suis informé par un de mes amis, dont les lumières me sont connues, que beaucoup d’hommes religieux et instruits du continent entretiennent l’opinion que le PAPISME — (toujours le mot de la haine !) 

934. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Quelque temps après, l’imprimeur-auteur fit un voyage en Italie ; il alla voir son ami Bodoni : « Que pensez-vous de ma tragédie de Josué ? […] cher ami, il vous immortalise. — Et les caractères, qu’en dites-vous ? — Sublimes et parfaitement soutenus, surtout les majuscules. » Bodoni, enthousiaste de son art, ne voyait, dans la tragédie de son ami, que la beauté des caractères d’imprimerie.

935. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Elle avait vu chaque année ses parents, ses amis courir aux armées d’Allemagne et de Flandre, et plus d’un n’était pas revenu. […] Ou lui faisait le dernier outrage, on lui tuait son connétable, et personne ne remuait ; un simple gentilhomme en pareil cas aurait eu vingt amis pour lui offrir leur épée. […] Son frère, ce nouveau duc d’Orléans, c’était un beau jeune prince, qui n’avait que trop d’esprit et d’audace, qui caressait tout le monde… Donc rien d’ami ni de sûr.

936. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Fatigués du mauvais accueil que le royaume de Dieu trouvait dans la capitale, les amis de Jésus désiraient un grand miracle qui frappât vivement l’incrédulité hiérosolymite. […] Peut-être aussi l’ardent désir de fermer la bouche à ceux qui niaient outrageusement la mission divine de leur ami entraîna-t-elle ces personnes passionnées au-delà de toutes les bornes. […] L’émotion qu’éprouva Jésus près du tombeau de son ami, qu’il croyait mort 1014, put être prise par les assistants pour ce trouble, ce frémissement 1015 qui accompagnaient les miracles ; l’opinion populaire voulant que la vertu divine fût dans l’homme comme un principe épileptique et convulsif.

937. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

De même qu’il y a des peurs instinctives devant les formes d’animaux qui sont l’ennemi héréditaire, il y a des sympathies instinctives devant les formes de l’ami héréditaire. […] Il suffit, encore une fois, de nous apercevoir que cette image ne dépend pas de notre volonté, de notre centre d’appétitions, pour la concevoir autre et autre volonté, amie ou ennemie. […] Le inonde se divise pour nous en ce qui est désirable et ce qui est redoutable, en amis et ennemis ; il y a pour l’animal des choses bonnes ou des choses mauvaises, des êtres bons ou des êtres méchants, c’est-à-dire des formes qui attirent et des formes qui repoussent, des images de jouissances ou des images de souffrances sous tel aspect visible, tangible, etc.

938. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Elle la combine parfois avec la phrase haletante de Michelet, un ami de son mari… ou le sentimentalisme descriptif de Madame Michelet, car Monsieur et Madame Michelet avec Monsieur et Madame Quinet font le carré conjugal, les assortis dans le mariage et en littérature, les quatre Arcadiens, quatuor Arcades. […] Puisqu’il s’agissait des débuts de Mme Quinet dans la littérature et la politique, il pouvait au moins la présenter à ses amis, les républicains, et leur dire comme le grand Dauphin à ses officiers : « Mes chers amis, voici ma femme ! 

939. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Le service et la découverte ne sont pas là… Ils sont bien plutôt dans la publication de la correspondance, formant presque un volume entier, entre Vauvenargues et ses amis, et en première ligne le marquis de Mirabeau, père de l’orateur. […] Il y a dans Vauvenargues, dans son jeune sage, dans son ami, dans son modèle, des choses qui affligent la philosophie de Voltaire. […] Il sourit amèrement quand il parle à son ami Mirabeau « de traîner son esponton dans la crotte », et il n’a pas l’air de comprendre que cela, qui le dégoûte, le préserve de traîner son âme, plus avant que son esponton, dans les fanges brillantes de son siècle !

940. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Elle ne dit jamais que « mon ami » à l’homme qu’elle adore, et sous ce mot répété mille fois on sent une tendresse qui déborde et mouille et pénètre l’âme comme la rosée pénètre les fleurs, sans qu’on la voie tomber du ciel ! Elle finit même par idéaliser ce nom « d’ami », insupportable de femme à homme, dans l’amour, si la femme n’était pas elle. […] elle était sainte déjà avant d’être une Sainte, cette femme qui a du sang altier des Condé dans les veines, de ces terribles sangliers sauvages des Condé, et qui aime « son ami », comme elle dit simplement, avec la crainte, l’humilité, l’abandon et tous les caractères de l’amour de Dieu, transportés dans l’amour d’un homme !

941. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Le service et la découverte ne sont pas là… Ils sont bien plutôt dans la publication de la correspondance, formant presque un volume entier, entre Vauvenargues et ses amis, et en première ligne le marquis de Mirabeau, père de l’orateur. […] Il, y a dans Vauvenargues, dans son jeune sage, dans son ami, dans son modèle, des choses qui affligent la philosophie de Voltaire. […] Il sourit amèrement quand il parle à son ami Mirabeau « de traîner son esponton dans la crotte », et il n’a pas l’air de comprendre que cela, qui le dégoûte, le préserve de traîner son âme, plus avant que son esponton, dans les fanges brillantes de son siècle !

942. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Les premières pages sont un peu dans l’imitation et le ton de Voltaire faisant l’éloge funèbre des officiers morts pendant la campagne de 1741, dans le ton de Vauvenargues lui-même déplorant la perte de son jeune et si intéressant ami Hippolyte de Seytres. […] Et nos bons amis les Suisses, croyez-vous qu’ils soient bien amusés d’entendre les tambours des Français de l’autre côté du lac ? […] Il y avait conviction encore chez lui, mais conviction instantanée et moins essentielle : « Dans toutes les questions, écrivait-il à une amie, j’ai deux ambitions : la première, le croirez-vous ? […] Telle femme de ses amies n’a connu beaucoup de Voltaire que par lui. […] — Sire, cinq journée, avec une profonde révérence. — Au reste, madame, après le congrès qui a donné à notre ami Napoléon les deux choses dont il avait le plus besoin, le temps et l’opinion, on n’a le droit de s’étonner de rien.

943. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il lisait toutes sortes de livres anciens et nouveaux : c’était une nourriture qui lui était nécessaire. « Les jeunes gens surtout, disaii-il, devraient se mettre en tête cette maxime bien véritable, que plus on lit plus on a d’esprit… Celui qui a lu aurait encore plus d’esprit s’il avait lu davantage. » Il lisait toutes les nouveautés, et notait l’impression qu’il en recevait ; il n’était pas de ces dédaîgneurs (comme il les appelle) qui déclaraient d’un livre à première vue que cela ne valait rien ; il lisait jusqu’au bout le livre une fois commencé, biographies, mélanges, anecdotes, même les ana, même les contes de fées ; il les prenait par leur bon côté et y trouvait presque toujours sujet à quelque réflexion, à quelque plaisir : « Je dis à nos amis ordinaires : Que je vous plains de toujours critiquer ! […] Ce qui est plus curieux pour nous, et ce qui d’ailleurs répond bien à l’idée qu’on doit se faire du philosophe et du solitaire de Segrès, c’est cette page qui est tout à fait d’un disciple de l’abbé de Saint-Pierre : Je ne connais aujourd’hui qu’un bon roi en Europe et un bon gouverneur en France, c’est le roi Stanislas, comme souverain de la Lorraine, et mon ami et voisin M. de Vertillac, gouverneur de la petite ville de Dourdan. […] On a là au vrai le jugement d’un ami impartial et clairvoyant sur Voltaire homme et écrivain, à cette époque déjà si avancée de sa carrière, mais avant qu’il fût devenu cette espèce de personnage amplifié de la légende philosophique et le patriarche de Ferney. […] À propos de l’Histoire de Louis XI par Duclos, lequel aimait l’antithèse et le trait, et qui, en affectant la concision, copiait son ami le président de Montesquieu : Je lui ai dit une fois (à Duclos) que l’histoire n’était qu’une galerie meublée d’une étoffe simple et noble, avec de parfaitement beaux tableaux qui l’ornaient, mais avec choix et goût. […] [NdA] Une fois cependant les goûts de race et d’antique noblesse semblent lui revenir, et il écrit vers la date de 1750, sous ce titre : Gradation pour vivre noblement : J’aimerais à l’imitation des Anglais, à vivre ainsi graduellement en ces différents postes : À la ville ne vivre qu’en bourgeois aisé ; petite maison bourgeoise, mais commode, et d’une grande propreté au dedans ; chère bonne et propre ; quelques amis seulement le fréquentant.

944. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Réduit souvent par sa faute à de tristes extrémités et amené, bien que jeune, à songer à sa dernière heure, Villon suppose qu’il fait son testament (il y en a deux de lui, le grand et le petit, sans compter un codicille), et dans cette supposition il lègue à ses amis tout ce qu’un pauvre diable qui n’a pas un sou vaillant peut donner ; parmi ses legs, il y a bon nombre de lays ou de ballades, et il a dû penser au jeu de mots : C’est à un poète une idée singulièrement originale et touchante, nous dit d’abord M.  […] Pour Villon, ç’a été une manière de distribuer bien des malices et des épigrammes à ses ennemis, de bonnes paroles à ses amis et quelques-uns des objets qui lui avaient appartenu, dont ils avaient la signification et le secret, et qui à eux seuls, si on saisissait bien son intention, raconteraient toute sa vie : mais là encore l’épigramme, la contrevérité et la farce, on l’entrevoit, se glissent à chaque ligne, et ce qu’il lègue repose bien souvent sur les brouillards de la Seine. […] Campaux (un peu plus sérieux et plus ému que nous sur le compte de Villon), il voulut faire ses adieux au monde qu’il quittait, et laisser de lui un souvenir, d’abord à celle qui était la cause de son départ, et que, par un reste d’espoir si naturel aux malheureux, il ne désespérait peut-être pas de toucher par l’expression de sa douleur si navrante et si résignée ; ensuite à son maître Guillaume de Villon, auquel il devait tant, ainsi qu’au petit nombre d’amis qui lui étaient restés fidèles ; enfin aux nombreux compagnons qui n’avaient pas épargné sans doute les railleries à sa disgrâce, et sur lesquels il était bien aise de prendre sa revanche. […] Vieilli avant l’âge, sans en être devenu plus fort contre les vices de sa jeunesse, le cœur encore mal guéri de l’amour dont il avait tant souffert, sans ressource, sans espoir, dénoncé au mépris public par son passé et par sa prison récente ; — dans de pareilles circonstances, croyant en avoir fini avec la vie, et comme s’il eût déjà été étendu sur son lit de mort, il dicta le poème qui porte le titre de Grand Testament… Le Petit Testament contenait les adieux et les legs de Villon à ses amis en 1456 : Le Grand Testament renferme aussi une longue suite de legs satiriques ; mais ces legs, au lieu de constituer le fond même du poème, comme ils constituent celui du Petit Testament, n’en sont en réalité que le prétexte et que la partie accessoire. […] Plus d’une fois, le soir, Villon en fuite, traqué par les gens du guet, se sera souvenu tout d’un coup, en voyant la lampe briller à la fenêtre du studieux jeune homme, qu’il avait là un admirateur, un ami, et il lui aura demandé abri et gîte pour une nuit ou deux, en prétextant quelque belle et galante histoire ; et, toute la nuit durant, pour le payer de son accueil, il l’aura charmé de ses récits, ébloui de ses saillies et de sa verve.

945. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

On a eu par lui, dans des lettres adressées à une amie, toutes ses confidences de jeunesse, et le dernier mot de son cœur et de ses sentiments en ces belles années. […] Sieyès ne venant pas, Bonaparte demandait au Gouvernement « une Commission de publicistes pour organiser l’Italie libre. » C’est là-dessus que M. de Talleyrand proposait Benjamin Constant, à défaut de Sieyès : « Vous paraissez désirer, Citoyen général, qu’on vous envoie quelques hommes distingués, soit publicistes, soit philosophes, qui, amis sincères de la liberté, puissent, par les résultats de leurs méditations et par leurs conceptions républicaines, vous seconder dans les moyens de hâter et de combiner fortement l’organisation des Républiques italiques. […] Cette influence cessant, une autre qui y succéda passagèrement, celle de Mme Récamier, décida de sa conduite au 19 mars 1815 ; et c’est pour plaire à cette beauté, amie des Bourbons, pour ne pas être éclipsé en zèle royaliste et antibonapartiste auprès d’elle, pour ne pas voir un rival, le guerroyant comte de Forbin, avec son sabre, obtenir un plus gracieux sourire que lui avec sa plume, qu’il se hâta d’écrire ce fameux article du Journal des Débats, et de le faire dans des termes tels qu’il était le seul peut-être de son parti qui ne put se rallier le lendemain à Napoléon, même par les meilleurs et les plus nobles motifs de résipiscence, sans s’exposer à une contradiction flagrante et à un échec moral irréparable. […] Chateaubriand, dans le déshabillé, fait terriblement bon marché de son parti et de ses amis ; Benjamin Constant se raille plutôt des doctrines et de la sottise humaine : leur masque, à tous deux, leur tombe à chaque instant. […] Je crois que le mot est de Fauriel, son ami.

946. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Rioult était un peintre de l’école de Prud’hon ; il avait fait notamment un Eudore et Cymodocèe, un Roger enlevant Angélique sur l’hippogriffe, et un autre tableau encore, emprunté de la chevalerie, dont Théophile Gautier a donné la description dans une de ses plus anciennes pièces de vers : c’est dans une causerie du soir avec un ami, pour l’engager à rester quelques moments de plus et à prolonger la veillée au coin du feu. […] Je ne puis cependant m’empêcher, dans ce personnage de d’Albert qui est son René à lui, de noter ce touchant passage de la confession à son ami d’enfance Silvio, lorsque, déplorant la forme de corruption précoce et profondément tranquille, qui lui est survenue et qui lui est propre, il lui rappelle avec une sorte de vivacité attendrie le court éclair de leur pure et commune adolescence : « Te souviens-tu de cette petite île plantée de peupliers, à cet endroit où la rivière forme un bras ? […] En ce temps-là précisément (1833), il était allé se loger avec quelques amis dans la rue et l’impasse du Doyenné, ce reste du vieux Paris, un îlot perdu et oublié dans un coin de la place du Carrousel. […] Son Daniel Jovarcl notamment, ce jeune classique bourgeois pudibond, converti d’un tour de main au romantisme le plus féroce par son ami Ferdinand de C…, est à mourir de rire. […] Ami, vous avez beau, dans votre austérité, N’estimer chaque objet que par l’utilité, Demander tout d’abord à quoi tendent les choses Et les analyser dans leurs fins et leurs causes ; Vous avez beau vouloir vers ce pôle commun, Comme l’aiguille au nord, faire tourner chacun ; Il est dans la nature, il est de belles choses, Des rossignols oisifs, de paresseuses roses, Des poètes rêveurs et des musiciens Qui s’inquiètent peu d’être bons citoyens, Qui vivent au hasard et n’ont d’autre maxime, Sinon que tout est bien, pourvu qu’on ait la rime, Et que les oiseaux bleus, penchant leurs cols pensifs, Écoutent le récit de leurs amours naïfs.

947. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Qu’on veuille bien se figurer ce que pouvait être un ami de Racine ou de Fénelon, un M. de Tréville, un M. de Valincour, un de ces honnêtes gens qui ne visaient point à être auteurs, mais qui se bornaient à lire, à connaître de près les belles choses, et à s’en nourrir en exquis amateurs, en humanistes accomplis. […] Le champ même de la littérature et de la poésie nous offre le spectacle, plus innocent du moins, de ces luttes et de cette mêlée des esprits ; et, en ce qui est de la langue en particulier, nous assistons à l’effort de Du Bellay et de ses amis pour l’avancer, pour l’illustrer, pour la rehausser d’ornements, de figures, pour lui donner la trempe et l’éclat. […] Car lui, qui vient de défendre de traduire les poètes, il finira par traduire en vers deux livres de l’Énéide (le IVe et le VIe), et, dans une Lettre-Préface à un ami, il donnera les raisons qu’il a eues de se contredire ainsi en apparence. […] Virgile, quand il se mit à l’Énéide, avait derrière lui les guerres civiles ; Du Bellay et ses amis les avaient devant eux, et plus d’un éclair déjà sillonnait l’horizon. […] Il y a des degrés encore après Homère et Virgile, remarque Du Bellay, qui nous rend en ceci comme un écho de Cicéron : « Nam in poetis, non Homero soli locus est (ut de Græcis loquar), aut Archilocho, aut Sophocli, aut Pindaro, sed horum vel secundis, vel etiam infra secundos 106. » À chaque pas, avec Du Bellay, on a affaire à des citations des Anciens, directes et manifestes ; mais il y a aussi, à tout moment, les citations latentes et sous-entendues, comme celle qu’on vient de lire ; et encore, lorsque plus loin, parlant des divers goûts et des prédilections singulières des poètes, il nous les montre, les uns « aimant les fraîches ombres des forêts, les clairs ruisselets murmurant parmi les prés », et les autres « se délectant du secret des chambres et doctes études » : à ces mots, tout ami des Anciens sent les réminiscences venir de toutes parts et se réveiller en foule dans sa pensée ; ainsi, par exemple, ces passages du Dialogue des Orateurs : « Malo securum et secretum Virgilii secessum… Nemora vero, et luci, et secretum ipsum… tantam mihi afferunt voluptatem 107. » On a, en lisant ce discours de Du Bellay, le retentissement et le murmure de ces nombreux passages dont lui-même était rempli.

948. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

(et les amis de M. […] Nommer M. de Tocqueville près de l’ami qui nous occupe, c’est parler d’un talent de même portée, et comme d’essor fraternel. […] Les amis du célèbre avocat converti, lorsqu’ils avaient à le défendre contre les Ausones du temps, n’invoquaient pas d’autre exemple que celui de saint Paulin même ; c’est ce que fit dans un petit écrit particulier M. […] Ampère, dans une petite composition à part, non encore publiée, mais que plusieurs amis ont entendue, a essayé d’en recomposer une scène entière, un coin de tableau, au moment de l’incendie de Trèves par les Francs. […] Mes amis ont raison, j’aurais tort, en effet, De me plaindre ; en tous points mon bonheur est parfait : J’ai trente ans, je suis libre, on m’aime assez ; personne Ne me hait ; ma santé, grâce au ciel, est fort bonne ; L’étude, chaque jour, m’offre un plaisir nouveau, Et justement le temps est aujourd’hui très-beau.

949. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Claude-Ignace Brugière (ou Breugière) de Barante, bisaïeul de notre contemporain, était venu jeune à Paris, y avait connu Valincourt, l’ami de Boileau, et aussi Le Sage et Fuzelier, cette arrière-garde légère du grand siècle, ce qui ne l’empêcha pas de retourner vivre chez lui en excellent avocat. […] Démissionnaire de sa préfecture durant les Cent-Jours, il devint, à la seconde rentrée, secrétaire général de l’intérieur, puis directeur général des contributions indirectes, et il ne quitta cette position qu’à la retraite de ses amis doctrinaires, quand ils firent leur scission avec le second ministère de M. de Richelieu. […] Ennemis héréditaires de la maison d’Autriche, amis incertains et très-récents de la couronne de France, les Confédérés avaient, au contraire, toujours trouvé dans la maison de Bourgogne une alliée sûre et fidèle. […] Réimprimant en 1829 son ancienne brochure Des Communes et de l’Aristocratie, il s’était félicité d’en retrancher ce qui tenait aux controverses antérieures des partis : « Il y a un grand contentement, disait-il, à supprimer les vivacités d’une vieille polémique, à se censurer soi-même ; à se trouver en harmonie avec des hommes honorables dont autrefois on était plus ou moins divisé ; à se sentir plus toléré et plus tolérant ; à reconnaître qu’autour de soi tout est plus calme dans les opinions et les souvenirs. » Ce passage dut plus d’une fois lui revenir en mémoire, ce me semble, avec le regret de penser qu’il ne se rapportait pas également à d’autres, et qu’à mesure que les choses étaient réellement plus calmes, les esprits des amis entre eux devenaient précisément plus aigris. Quant à lui, dans ses retours et ses séjours en France, il maintient ce rôle honorable et affectueux qui fait oublier le politique et qui sied à l’ami des lettres.

950. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Achille, ami de Flaminio. […] Pendant que Tebaldo était à Lyon où il demeura quelque temps pour les affaires de leur commerce, un jour étant, lui Pandolfo, en partie de plaisir avec Ricciardo son ami, ils vinrent sur le propos de sa femme qui était grosse. […] Il lui avait offert, avant d’en venir là, de lui faire voir la vérité, soit en l’accompagnant lui-même, soit en disant à deux amis de l’accompagner, quand il irait au rendez-vous habituel. […] Achille et Testa se fâchent ; le premier sort de la scène, irrité contre son ami qui l’accuse d’imposture ; et Flaminio chasse son valet qu’il ne veut plus voir. […] Les Italiens avaient, paraît-il, effleuré ce sujet : « Molière, dit l’auteur des Nouvelles nouvelles, eut recours aux Italiens ses bons amis, et accommoda au théâtre français les Précieuses qui avaient été jouées sur le leur et qui leur avaient été données par un abbé des plus galants (l’abbé de Pure). » Malgré cette affirmation, il nous paraît fort peu vraisemblable que les Italiens eussent pu faire la satire du ridicule que la pièce nouvelle attaquait et qui git principalement dans le langage.

951. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Son ami Daniel est là, avec sa fille Rébecca, prêts à partir pour un long voyage. […] Il allait accompagner, au chemin de fer, son ami Daniel partant pour l’exode ; il ne sort pas moins, après avoir appris tout cela, persuadé que le Dieu dont il est le prophète le fera revenir à temps. […] L’idée lui est venue de faire recueillir par M. de Montaiglin, qui a été l’ami de son père, la jeune Adrienne. […] Octave renie d’abord l’enfant et l’attribue à un ami qui l’en a chargé : il confesse enfin sa paternité, mais en affirmant que la mère est morte. […] La voilà bien étonnée quand elle apprend que la place est prise, et que M. de Montaiglin est cet ami dont Octave d’abord lui avait parlé.

952. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Ceux de ses amis qui les connaissent n’en parlent qu’avec admiration. […] Et dans le second couplet, où il parle de ses amis : Ton indigence qui m’honore Ne m’a point banni de leurs bras. Banni des bras de ses amis, n’est-ce pas une expression bien académique pour quelqu’un qui ne veut pas être académicien ? […] Il dira de son ami Manuel, dans un vers compact et un peu dur : Bras, tête et cœur, tout était peuple en lui. […] M. de Lamennais, malgré des passions que ses amis regrettent, a été bien plus naïf, plus simple et plus entraîné.

953. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

La mère de Goethe, qui aimait la magnificence, mit « une pelisse fourrée de velours cramoisi, qui avait une longue queue et des agrafes d’or », et elle monta en voiture avec des amis : Arrivés au Main, raconte-t-elle, nous y trouvâmes mon fils qui patinait. […] Cousin et qu’il sut que c’était un ami de Manzoni, il se mit à l’interroger avec détail, avec une insatiable curiosité, sur les moindres particularités physiques et morales du personnage, jusqu’à ce qu’il se fût bien représenté cet objet, cet être, cette production nouvelle de la nature qui avait nom Manzoni, absolument comme lui, botaniste, il aurait fait d’une plante. […] Quand il voyait quelqu’un malade, triste et préoccupé, il rappelait de quelle manière il avait écrit Werther pour se défaire d’une importune idée de suicide : « Faites comme moi, ajoutait-il, mettez au monde cet enfant qui vous tourmente, et il ne vous fera plus mal aux entrailles. » Sa mère savait également la recette ; elle écrivait un jour à Bettina, qui avait perdu par un suicide une jeune amie, la chanoinesse Gunderode, et qui en était devenue toute mélancolique : Mon fils a dit : Il faut user par le travail ce qui nous oppresse. […]  » Et cette dignité chez Goethe, dans le talent comme dans la personne, se marie très bien avec les grâces, non pas avec les grâces tendres ou naïves, mais avec les grâces sévères et un peu réfléchies : « Ami, lui dit-elle encore avec passion, je pourrais être jalouse des Grâces ; elles sont femmes, et elles te précèdent sans cesse ; où tu parais, paraît avec toi la sainte Harmonie. » Elle le comprend sous les différentes formes qu’a revêtues son talent, sous la forme passagère et orageuse de Werther, comme sous la figure plus calme et supérieure qui a triomphé : « Torrent superbe, oh ! […] Il y a des moments où, sans bien s’en rendre compte, elle désire plus ; elle voudrait passer tout un printemps avec son auguste ami.

954. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

En ce qui est de système de procédure civile ou pénale, comme aussi en fait d’économie politique, il a eu, en causant, toutes sortes d’idées ingénieuses au service de ses amis qui s’occupaient de ces matières, et il leur a suggéré bien des vues fines de détail. […] Ami sincère et dévoué du régime constitutionnel, aspirant à le voir réellement en vigueur dans notre pays, il ne désespérait pas que ce résultat se pût obtenir régulièrement et sans révolution. […] S’adressant aux amis du genre classique et à ceux du genre romantique, il posait avec un grand sens et avec une haute impartialité l’antagonisme et la concurrence légitime des deux genres ; il en présentait en quelque sorte la Charte, — hélas ! […] Il se plaisait à indiquer que le ministère dont il était chef, que lui-même en particulier, prenait volontiers sur lui tout l’odieux des lois proposées, et que d’autres recueilleraient un jour le fruit plus facile de ces rudes journées de lutte et de labeur. — « On nous fera responsables, on s’attaquera à nous, nous deviendrons le bouc émissaire de la société ; soit. » Il en prenait hautement son parti, et d’un ton demi-railleur, accentué de dédain, il faisait beau jeu à l’avance aux amis douteux ou aux adversaires : Pendant ce temps, disait-il, les périls s’éloigneront ; avec le péril, le souvenir du péril passera, car nous vivons dans un temps où les esprits sont bien mobiles et les impressions bien passagères. […] Ses amis particuliers auraient seuls le droit de dire si, sous une réserve un peu froide, sous une écorce un peu uniforme, ils n’ont pas souvent reconnu en lui toutes les délicatesses du cœur.

955. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

C’était une des prétentions de Mlle de Scudéry, de connaître à ce point et de si bien décrire les mouvements les plus secrets de l’amour sans les avoir guère autrement sentis que par la réflexion, et elle y réussit souvent, en effet, dans tout ce qui est délicatesse et finesse, dans tout ce qui n’est pas la flamme même. « Vous expliquez cela si admirablement, pourrait-on lui dire avec un personnage de ses dialogues, que quand vous n’auriez fait autre chose toute votre vie que d’avoir de l’amour, vous n’en parleriez pas mieux. » — « Si je n’en ai eu, nous répondrait-elle en nous faisant son plus beau sourire, j’ai des amies qui en ont eu pour moi et qui m’ont appris à en parler. » Voilà de l’esprit pourtant, et Mlle de Scudéry en avait beaucoup. […] Mme de Sablé, la spirituelle amie de La Rochefoucauld, n’écrivait pas un mot d’orthographe. […] Et puis, décrire de la sorte ses amis et connaissances tout au long, et leur maison de ville et leur maison de campagne, cela servait, tout en les flattant, à faire des pages et à grossir le volume. […] Son mérite et ses qualités estimables lui concilièrent jusqu’à la fin une petite cour et des amis, qui ne parlaient d’elle que comme de la première fille du monde et de la merveille du siècle de Louis-le-Grand . […] Le fait est encore que par elle, on a, sur ces grands faits d’armes dont quelques points ont été controversés, la version de Condé et des amis du prince ; il en devait être ainsi.

956. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

C’est ce travail plus ou moins complet de récapitulation de sa vie qu’il eût peut-être entrepris s’il avait assez vécu pour rentrer dans la chrétienté, et si ses amis l’avaient contraint de le dicter. […] Le prince Eugène, moins difficile, accueillit Bonneval avec distinction, le traita sur le pied d’ami et de favori. […] Cinquante lettres de Fénelon, adressées à l’ami des Vendôme, des Chaulieu et des La Fare, au futur pacha, c’est là une agréable bizarrerie qui manque à la destinée de Bonneval ; c’est aussi une variété de tolérance qui n’irait pas mal avec l’idée de Fénelon. […] La comtesse de Bonneval, informée de cette brouillerie, pressentit de loin l’orage ; elle écrivait à son mari avec ce sens de prudence que le cœur développe chez les femmes : « J’ai beaucoup souffert des bruits qui se sont répandus ici de votre brouillerie avec le prince Eugène… Quand nos amis deviennent nos ennemis, je les crois les plus dangereux. […] Entre lui et Prié, c’est une guerre à mort ; il se figure que l’Europe entière est attentive à ce démêlé et à l’éclat qu’il en a fait : Je dois songer à la grande affaire qui est de vaincre, écrivait-il à un ami de Bruxelles pendant sa détention au château d’Anvers (16 septembre 1724) ; le moyen que j’ai pris et mes mesures m’y conduisant tout droit, il n’importe pas si cela se fait exactement suivant le goût et la règle des cours, puisqu’un homme de courage hasarde volontiers une petite mortification de la part de son maître pour arriver à un plus grand bien, et qu’il doit suivre sans aucun égard les routes les plus courtes, pourvu que ce soient celles des gens de bien, quand on y devrait chiffonner sa perruque, déchirer ses habits, perdre son chapeau et le talon de ses souliers en sautant les fossés… Au reste, si vous lisez attentivement mes lettres à Sa Majesté, vous verrez qu’elles présagent les pas que j’ai faits avec toute la franchise d’un soldat qui ne craint rien, pas même son maître, quand il y va de son honneur, que je n’ai jamais engagé ni n’engagerai de ma vie à aucun des rois de la terre.

957. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Ici commença, dans l’esprit du maréchal, une lutte morale sur laquelle il faudrait lui-même l’entendre : d’un côté, un ami, un bienfaiteur, le plus grand capitaine dont il avait été de bonne heure l’aide de camp et l’un des lieutenants préférés, mais ce grand capitaine, auteur lui-même de sa ruine, qui semblait déjà consommée ; de l’autre, un pays qui criait grâce, une situation politique désastreuse dont, plus éclairé que beaucoup d’autres, il avait le secret, et dont il envisageait toutes les extrémités. […] Une des pièces les plus positives qu’il eût pu produire et qui est une lettre du général Bordesoulle à lui adressée, par laquelle les généraux s’excusent d’avoir exécuté ce mouvement du 4 au 5 avril qu’on était convenu de suspendre, cette lettre avait été négligée, omise par le maréchal, et ne fut retrouvée au fond d’un tiroir qu’après 1830, par ses amis, occupés alors à le justifier. […] Tel, on le voit, tel vivait le duc de Raguse pendant la seconde moitié de la Restauration, oubliant peu à peu ses disgrâces, très aimé de ses amis, absous et plus qu’absous de tous ceux qui rapprochaient, et qui lisaient à nu dans cette nature vive, mobile, sincère, intelligente, bien française, un peu glorieuse, mais pleine de générosité et même de candeur (le mot est d’un bon juge, et je le reproduis) ; piquant d’ailleurs de parole, pénétrant dans ses jugements, parlant des hommes avec moquerie ou enthousiasme, des choses avec intérêt, avec feu et imagination, parfaitement séduisant en un mot, comme quelqu’un qui n’est pas toujours froidement raisonnable. […] Ses amis pourtant commençaient à s’alarmer du rôle imprévu qui pouvait lui échoir dans ce brusque changement de scène. […] « Le maréchal se perd », dirent ses amis en apprenant cette nomination.

958. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Il eut, pendant qu’il voyageait en Allemagne dans l’été de 1774, chargé d’une mission secrète de Louis XVI, une aventure de brigands près de Nuremberg, et il en adressait des bulletins plaisants à ses amis de Paris. […] Tant qu’il n’a qu’un homme en face de lui, il se sent fort : Je me suis bien étudié, écrivait-il à son ami Gudin, tout le temps qu’a duré l’acte tragique du bois de Neustadt. […] Quand on veut pourtant bien apprécier les qualités propres du talent de Beaumarchais, et ses limites du côté de la poésie et de l’idéal, il convient de lire, après ces scènes de la comtesse et de Chérubin, celles du premier chant du Don Juan de Byron, où ce jeune Don Juan à l’état de Chérubin engage sa première aventure avec l’amie de sa mère et la femme de Don Alfonso, avec Doña Julia. […] C’était une des manœuvres qui lui étaient réputées familières : s’emparer d’une calomnie, d’une méchanceté dont il était l’objet, et la propager pour y mieux répondre, pour en tirer avantage et se faire des amis de tous les badauds indignés. […] Mais bientôt, si l’on remontait à la source, on s’apercevait que la lettre n’était point adressée à un duc et pair, et Beaumarchais en convenait lui-même, ce qui rabattait fort de la hardiesse et de l’insolence ; elle était tout simplement adressée au président Dupaty, ami de l’auteur, et écrite « dans le premier feu d’un léger mécontentement ».

959. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Homme aimable, esprit conciliant et juste, académicien exemplaire, fidèle à tous les sentiments honorables, ami intime et constant de Béranger, il a justifié aujourd’hui tous ces titres et fait preuve des qualités qu’on estime en lui. […] Lebrun a été l’éloge de Béranger et cette espèce d’adoption académique posthume, si bien placée dans la bouche d’un ami qui l’avait tant de fois pressé de devenir un confrère.

960. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

On pourrait dire aussi que Soumet récite à l’un de ses amis quelques vers de sa Clytemnestre, de sa voix la plus flûtée, et ajoute : « En voilà, mon cher, et du meilleur, on vous en fera ainsi tant que vous en voudrez. » Le succès de Lucrèce, si légitime qu’il soit, me suggère ces deux pensées, ces deux petits axiomes critiques : 1° En France, pour réussir en matière littéraire, il ne faut rien de trop, mais toujours et avant tout une certaine mesure. […] L'auteur caractérise d’un mot la différence entre Pétersbourg et Paris : « A Paris on s’amuse de tout en blàmant tout ; à Pétersbourg on s’ennuie de tout en louant tout. » — M. de La Gournerie, ancien rédacteur de l’ancien Correspondant et probablement aussi du nouveau ; ami de Cazalès, de l’abbé Gerbet, de ce groupe, — je ne le connais pas, mais ce doit être un brave homme ; — une différence capitale entre les néo-catholiques de 1843 et les catholiques de 1828 (dont est La Gournerie), c’est que ceux-ci n’ont jamais dit d’injures aux gens, aux voisins plus ou moins religieux, mais non catholiques.

961. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

Pleine de sa conquête, elle communique à son amie des vers qu’elle avoit composés pour lui ; vers où l’on lui accordoit toutes les belles qualités. […] Il ne fut pas difficile à son amie, après avoir fait cette conquête, de se la conserver.

962. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

lui disaient quelques amies du voisinage. — Aux cannes de sucre, répondait Virginie. — Votre visite nous sera encore plus douce et plus agréable », reprenaient ces jeunes filles. […] Ces honnêtes gens ont un historien digne de leur vie : un vieillard demeuré seul dans la montagne, et qui survit à ce qu’il aima, raconte à un voyageur les malheurs de ses amis, sur les débris de leurs cabanes.

963. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Carle Vanloo » pp. 183-186

mon ami, quelle guirlande ! […] Qu’en pensez-vous, mon ami ?

964. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

Pourquoi, mon ami, me donner un rôle qui ne m’est point naturel ? […] Qu’attendre de ses adversaires, si les critiques amis méconnaissent à ce point votre pensée ?

965. (1929) La société des grands esprits

Heureusement, un ministre ami des lettres, M.  […] Surtout, Rodin tient à les défendre contre leurs faux amis. […] Le grand pensionnaire Jean de Witt était même son protecteur et son ami. […] Des deux célèbres amis, c’est lui le grand homme authentique. […] Parmi les modernes, il goûtait surtout Hugo, Lamartine et son ami Renan.

966. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Ce fut un ministre et ce fut un ami. […] Des amis de Marot furent arrêtés. […] Ses nombreux amis littéraires sont des disciples. […] Il écrivait cela de temps en temps, quand il n’avait pas un ami à côté de lui à sa table, et quand il songeait à ses amis inconnus du présent et de l’avenir. […] Adieu mes bons amis. »Ces mots prononcés, se retirade la compagnie.

967. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Elle ne veut pas partir avec miss Howe ; cela pourrait effleurer la réputation de son amie. […] Joseph et son ami le bon curé, M.  […] Peregrine attaque par le complot le plus lâche et le plus brutal l’honneur d’une jeune fille qu’il doit épouser, et qui est la sœur de son meilleur ami. […] Ses amis répondent qu’il n’y a pas de partisan plus intraitable de la règle. […] Vous l’entendrez blâmer un de ses amis d’avoir oublié le nom de Jésus-Christ, en récitant les grâces.

968. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

C’étaient tous ses amis de Marseille qui venaient pour une pièce, qu’il faisait jouer en ce moment. […] la femme française… n’est-ce pas, il n’y a rien de plus charmant… Une, deux, trois, quatre, cinq femmes : c’est délicieux… Est-ce que notre amie est revenue ? […] Sortant de prononcer son discours à l’Académie, un ami lui dit que son discours était un peu long : “Mais je ne suis pas fatigué ! […] Gautier va demander le chloroforme à un interne de ses amis, et le lui apporte. […] Et notre médecin et ami, Edmond Simon, a la croyance que cette dilatation est produite par des excès de tabac, par l’abus de cigares très forts.

969. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Son ami ! […] … Voyons, mon ami, c’est de la folie ! […] chère amie ! […] mes amis !  […] mon ami, prenez le général Cavaignac ! 

970. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

On trouvera un écho de cette conversation dans les lettres à son ami Trébutien. […] Comme on comprend qu’il ait aimé le titre du roman de son ami, Maxime du Camp : les Forces perdues ! […] Des amis jaloux avaient dénoncé l’hérésiarque. […] Il n’avait pas un ami. […] Depuis le Passant, ses œuvres se succédaient, toutes originales, toutes bien accueillies d’un public pour lequel il était mieux qu’un auteur, un ami.

971. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Jollivet me disait, ce soir, qu’un de ses amis en faisait un à mon instar, et après avoir murmuré : « Oui, un paysage, une anecdote, une pensée… ça fait un ensemble amusant !  […] Cet ami, il nous le montre assis en face de lui, en plein jour, devant une bouteille de champagne, chez Ledoyen. […] » Et l’ami retendait son verre, et continuait à boire avec des yeux aigus, regardant dans le vide. […] Un joli moment, avant le lunch, que la distribution par la mariée à ses amies, des pétales d’oranger de sa robe : pétales dont le nombre figure les années, qu’elles ont encore à attendre, pour se marier. […] cette idée était dure, car comme je l’avais dit à mes amis, je ne sais pas quelle sera la fortune de ma pièce, mais ce que je voudrais, ce que je demande, c’est de livrer la bataille, et j’ai eu peur de ne pas la livrer jusqu’au bout.

972. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

C’est un trésor d’être dans la solitude quand on y est avec son ami, et l’on ne perd pas à quitter pour lui toutes les autres compagnies du monde. Mais il semble que le destin n’ait autre chose à faire en ce monde qu’à séparer les amis. […] Après cette conversation, ils s’embrassèrent, se dirent adieu et se séparèrent. »178 Le pigeon aime-t-il son ami ? […] Elle leur reprocha qu’ils la quittaient dans le temps de la misère, et les conjura de la mener avec eux. »182 Elle est fort excusable, puisqu’elle ne quitte son pays que par misère et pour suivre ses amis. […] Mais peut-être « Etions-nous amis de vos ennemis ? 

973. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Charlemagne, indigné de ce lâche amour qui fait déserter l’armée à son neveu, envoie à sa poursuite Brandimont, ami de Roland. […] Pendant son absence, un des deux amis qu’il a laissés auprès d’Isabelle s’éprend d’un perfide amour pour elle. […] Son ami, croyant qu’il est suivi par Médor, fuyait à toute course ; car, s’il avait su qu’il l’abandonnait ainsi à son sort, il aurait affronté mille morts au lieu d’une. Les cavaliers de Zerbin les enveloppent, mais un bois ténébreux offre un asile impénétrable aux deux amis ; ils s’y jettent, on les suit. […] Léon y consent, décidé à se laisser vaincre et tuer plutôt que d’attenter aux jours et au bonheur de son ami Roger.

974. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

De l’hôpital, il saute soudain au portrait d’un de ses amis, un vrai peintre, qu’il a rencontré, un jour, dans le jardin du Luxembourg, mangeant sur son pain, des pousses de tilleul du jardin, et si artiste, ajoute-t-il, que lorsque je l’aidais d’une pièce de quarante sous, il achetait trente sous d’eaux-fortes de Tiepolo. […] Un de mes amis disait d’une célèbre femme du monde, qui ne porte ni chemise ni jupon, et semble emmaillotée dans des bandes, disait : qu’elle était habillée avec des bas à varices. […] — Vous souffrez, mon ami ? […] Et le médecin n’arrivant pas, un interne mandé de l’hôpital, déclarait à Mme de Nittis, que mon ami avait tout le côté gauche paralysé. […] Alors, je l’ai vu, le pauvre cher ami, et jamais je n’ai vu la mort jouer le sommeil et un sommeil aussi souriant : un sommeil auquel il ne manquait pour vous tromper, que le soulèvement et l’abaissement de la poitrine sous le drap.

975. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Il ajoute qu’il avait rencontré une sœur Philomène à l’hôpital, qu’elle avait épousé un de ses amis, qui est mort de phtisie, il y a quelques années. […] Puis il parle d’un logement glacial, d’une espèce de lanterne qu’il avait, un certain nombre d’années, occupée au septième, et de ses montées sur un rebord de toit au huitième, en compagnie de son ami Pajot. […] Je n’ai pu m’empêcher de lui dire, qu’il devrait écrire ce qu’il parlait, qu’il ferait quelque chose de très beau littérairement, et même de très utile, à la mémoire de son ami. […] Cette conversation avec du Boisgobey me rappelle la conversation d’un créole de mes amis, sur le même sujet. […] Et cet ami me confiait que dans ces accès de pure bestialité d’autrefois, il était tout à coup irrité, oui, irrité contre cette spiritualité, cette divinité transfigurant le visage d’une sale bougresse, et qui lui donnait la tentation de l’aimer autrement que physiquement.

976. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

L’auteur raconte qu’à une certaine époque de sa vie, il avait pour ami un homme qui vivait, dans un coin solitaire de l’Amérique, des débris sauvés d’une fortune qui avait été splendide autrefois. […] Pour donner à Poe une idée du merveilleux insecte et de sa forme, Legrand essaya de le dessiner sur un bout de papier, mais quel ne fut pas l’étonnement des deux amis en apercevant que le scarabée dessiné donnait l’image exacte… d’une tête de mort ! À cette vue, Legrand, ému, arracha le papier des mains de son ami, l’enferma sous clef et tomba dans une rêverie inexplicable, que Poe, effrayé, n’osa pas troubler en l’interrogeant. C’est à partir de cette soirée, qu’un mois passé, Poe, qui n’est pas retourné chez Legrand, voit arriver Jupiter, chargé d’une lettre qui n’est ni dans le style ordinaire, ni dans les habitudes épistolaires de son ami. […] Qui ne se souvient du magnifique « fragment » sur cet ami de Londres que Byron appelle « Auguste Darvell », et de sa mort, sans raison apparente de mourir, à vingt pas des ruines d’Éphèse, un soir, au coucher du soleil ?

977. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Il publiait en 1723 le Nécrologe de l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, avec les éloges et épitaphes des fondateurs, bienfaiteurs et amis de ce monastère détruit. […] Et il continue de badiner sur l’ami très médiocre et assez peu digne (un certain abbé de Linant), à qui il décerne ce dernier éloge. […] Peu s’en faut, dans sa légèreté et son inattention, qu’il n’y voie un présage de la décadence du goût, et il se fait un plaisir de mêler et brouiller tout cela avec les mauvais vers de ce libertin d’abbé Pellegrin : Voilà une Pélopée de l’abbé Pellegrin qui réussit, écrivait-il à son ami Formont (26 juillet) ; o tempora ! […] Et vous qui ici gisez dans cette bière, ma douce sœur, mon amie chère, comme vous étiez tendre et grasse !

978. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

» Combien de fois ne forma-t-il point là-dessus, d’avance, un système de vie paisible et solitaire : J’y faisais entrer une maison écartée, avec un petit bois et un ruisseau d’eau pure au bout du jardin ; une bibliothèque composée de livres choisis, un petit nombre d’amis vertueux et de bon sens, une table propre, mais frugale et modérée. J’y joignais un commerce de lettres avec un ami qui ferait son séjour à Paris, et qui m’informerait des nouvelles publiques, moins pour satisfaire ma curiosité que pour me faire un divertissement des folles agitations des hommes… ! […] remarquez que déjà le plan se gâte : cet ami de Paris qui vient l’informer des nouvelles dans sa solitude, et qui lui est plus nécessaire qu’il ne pense, répond à une faculté secrète qui est en lui : il y a dans l’abbé Prévost un curieux, en effet, un journaliste, un homme à l’affût des livres et des productions du moment. […] [NdA] Un bibliophile de mes amis, M. 

979. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Il raconte qu’il a relu à la campagne les Œuvres de Bossuet et qu’il s’est plu, après chaque lecture, à rassembler ses réflexions sous forme de lettres à un ami : on parcourt utilement avec lui la suite des sermons, des traités théologiques qui renferment tous de si réelles beautés. […] M. de Lamartine aura lu par distraction Horace au lieu d’Homère, et il en a pris occasion de traiter Horace, l’ami du bon sens, presque aussi mal qu’il a traité autrefois La Fontaine41. […] Destouches, se fait une sorte d’agréable gageure de battre, de réfuter, de morigéner à tout bout de champ son ami avec des citations bien prises des Satires ou des Épîtres. […] [NdA] M. de Lamartine, disons-le une fois pour toutes, est si léger en telle matière de faits, il possède à un si haut degré le don d’inexactitude, qu’il a trouvé moyen, en énumérant les amis de Bossuet, dans son article final (Constitutionnel du 25 avril 1854) d’écrire coulamment : « Pellisson, précurseur de Boileau !

980. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Pour n’en citer qu’un échantillon, voici ce qu’on lit dans un Dialogue entre Pasquin et Marforio, composé aussi bien que bon nombre de ces pamphlets d’alors, par Le Roux des Tillets, jeune médecin de la Faculté et des plus ardents, ancien ami intime de Fourcroy qu’il ne laisse pas de déchirer, et s’acharnant aussi sur Vicq d’Azyr. […] Vicq d’Azyr, enlevé avant l’âge, manqua à cette fondation et à cette renaissance complète sous le Consulat, ou plutôt on peut dire qu’il y assista encore dans la personne de ses amis et confrères survivants, nourris du même esprit, les Thouret et les Fourcroy. […] Une scène tout à fait dans le goût du temps est celle des deux amis Gessner et Haller, que Vicq d’Azyr nous représente ensemble herborisant sur une haute montagne : Un jour, après avoir épuisé leurs forces dans une herborisation très pénible, M.  […] M. de Haller vit avec inquiétude son ami livré à un sommeil que le froid aurait pu rendre funeste ; il chercha comment il pourrait le dérober à ce danger.

981. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il est plaisant que, même sur ces bagatelles, un homme qui pense n’ose dire son sentiment qu’à l’oreille de son ami. […] Fauriel, l’ancien ami et l’admirateur de Cabanis, devint pourtant le maître et l’un des guides exacts d’Ozanam : c’est que l’amour de la science et d’une science vraie, cette autre religion sincère, les unissait et les rapprochait étroitement par l’inspiration comme dans les résultats. […] Ses animosités, ses rancunes personnelles et ses haines, ses indignations patriotiques et généreuses, ses tendres souvenirs des amis, des maîtres et des compagnons regrettés et pleurés, il y introduisit successivement tout cela par une suite d’épisodes coupés et courts, la plupart brusquement saillants avec des sous-entendus sombres, et il était permis à ceux qui restaient en chemin dans la lecture et qui ne la poussaient point au-delà d’un certain terme, de ne pas apercevoir dans l’éloignement la figure rayonnante de Béatrix et de ne pas lui faire la part principale et souveraine qui lui revient. […] Pope, s’entretenant avec ses amis, racontait combien de cruels moments il avait passés dans les premiers temps qu’il avait entrepris de traduire Homère : il se sentait effrayé de son engagement ; c’était une inquiétude qui le poursuivait partout, c’était pour lui un cauchemar dont il aurait désiré qu’on le délivrât, disait-il, même au prix de la vie.

982. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Déjà un jeune ami de M.  […] Cicéron avait dit, — s’était fait dire par Atticus dans son dialogue Des lois —, que l’histoire était un genre d’écrit éminemment oratoire (« opus hoc oratorium maxime ») ; Atticus lui conseille de s’y appliquer : « Depuis longtemps, dit-il à son éloquent ami, on vous demande une histoire, on la sollicite de vous ; car on est persuadé que, si vous traitiez ce genre, là aussi nous ne le céderions en rien à la Grèce. » Il est bien entendu qu’il ne s’agit pas, pour Cicéron, de remonter jusqu’aux origines, aux contes de vieille sur Rémus et Romulus, mais bien de retracer les grandes choses de l’histoire contemporaine et les spectacles dont on a été témoin en ce siècle d’orages, y compris cette mémorable année de son consulat. […] Jouffroy, pourront désirer quelque chose pour la parfaite ressemblance et nuance des physionomies : évidemment, l’auteur, jeune et solitaire, a causé avec quelques amis qui les avaient connus, mais surtout il a lu leurs écrits, il s’est enfermé avec eux comme avec des morts d’autrefois, dans le tête-â-tête de la pensée, et il a rendu avec une vivacité sans mélange l’impression pure qu’il en recevait. […] Guizot, tout allait bien, et il parlait de ces choses du dedans à qui savait les entendre ; mais devant les contradicteurs, et avec ses tâtonnements de parole, il restait court et se déconcertait aisément : Le 25 novembre (1817), j’ai passé la soirée chez l’abbé Morellet. — Conversation psychologique. — Mon vieux ami m’a demandé brusquement : « Qu’est-ce que le moi ? 

983. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Cet homme paisible, aux goûts tout littéraires, né pour le cabinet et pour la bibliothèque, ou pour une promenade modérée dans l’entretien de quelques amis, était sorti d’un des plus vaillants hommes de son temps, du brave Claude de Marolles, capitaine des Cent-Suisses de la garde du roi, célèbre par le combat singulier à la lance et la joute mortelle qu’il engagea devant les tranchées de Paris, le jour même de la mort de Henri III et le premier jour du règne de Henri IV, contre Marivaut, un des plus braves gentilshommes de l’armée du roi. […] Au sortir du collège, il s’appliqua avec une certaine ardeur à l’étude, même à celle de la théologie, mais surtout il rechercha la connaissance des beaux esprits et grands hommes du temps, et dans la rue Saint-Étienne-des-Grès, où il logeait alors, il forma, en société de quelques amis honnêtes gens, une petite académie où chacun s’exerçait, se produisait, et où probablement on se louait aussi ; la louange fut très chère de bonne heure à Marolles, et il ne la marchandait pas aux autres, ne leur demandant qu’un peu de retour. […] Parlant quelque part du jeu de tarots, que la princesse Marie aimait beaucoup, dont elle avait renouvelé et diversifié les règles (et elle avait même chargé Marolles de les rédiger et de les faire imprimer), le bon abbé remarque que c’est presque le seul jeu auquel il se soit plu, bien qu’il ne fût heureux ni à celui-là ni à aucun autre : « Mais depuis que l’exaltation de cette princesse, ajoute-t-il, m’a privé du bonheur de la voir, ni je n’ai plus aimé ce jeu, ni je ne me suis plus soucié de voir le grand monde, et je me suis contenté de mes livres et de recevoir quelques visites de peu de mes amis. » À l’arrivée des ambassadeurs polonais envoyés pour demander la princesse en mariage, et dès leur première visite confidentielle à l’hôtel de Nevers, ce fut Marolles qui les alla recevoir au bas du degré et leur fit en latin un compliment, auquel ils répondirent dans la même langue. […] Au moment de ces noces et de ce couronnement de la reine de Pologne, il n’eut rien pour lui ; elle n’employa pas son crédit à lui procurer quelque charge ou emploi considérable (et il lui en fait un léger reproche), mais elle lui accorda avec une parfaite douceur et bienveillance tout ce qu’il demanda pour ses amis, et il obtint d’elle la permission qu’il réclamait comme une faveur, de faire graver son portrait par le burin de Mellan, satisfaisant ainsi à la fois sa double passion et de la personne et des images.

984. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

« David était sorti de l’atelier ; Charles Moreau et Mme de Noailles s’étaient remis au travail, mais Étienne resta assis auprès du poêle, essayant vainement de composer un seul et même homme de l’ancien ami de Robespierre et du nouveau protecteur des émigrés. […] Les élèves de David se partageaient en divers groupes fort distincts : dans l’un, les vieux camarades restés un peu révolutionnaires ou jacobins, au langage du temps, et communs ; dans un autre, les nouveaux.venus et qui tenaient plus, ou moins à l’ancien régime par la naissance, par les opinions ou le ton, Forbin, Saint-Aignan, Granet ; plus loin et toujours ensemble, deux jeunes Lyonnais fort réservés et qu’on disait religieux, Révoil et Richard Fleury ; un beau jeune homme faisant secte à part, Maurice Quaï, un ami de Nodier, mort jeune, noble penseur, véritable type olympien ; et quelques autres encore dans l’intervalle. […] Lorsque ceux-ci eurent épuisé leurs louanges fort sincères, s’avancèrent alors vers Maurice, Richard Fleury et Révoil, les deux amis lyonnais. […] Ce bruit se communiqua, d’oreille en oreille, et jamais depuis ce jour on ne se permit la plus légère plaisanterie sur les habitudes religieuses des deux amis lyonnais. » La crise morale qui travaillait la société se réfléchit là en abrégé : la Guerre des Dieux de Parny, d’abord triomphante, est repoussée et bat en retraite ; le Génie du christianisme approche, il est dans l’air.

985. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

A la nouvelle de cette publication, je répondais à l’honorable exécuteur testamentaire qui voulait bien faire appel à mes souvenirs et à mon jugement sur le poëte : « Boulay-Paty était un de mes plus anciens et fidèles amis. […] Cambouliu, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, a écrit à l’un de ses amis, à l’occasion de ce mien jugement : « … Il n’y a rien en effet chez les Félibres de comparable à Mistral (à qui j’ai consacré cet hiver une leçon qui a eu un grand succès), et Jasmin a largement obtenu tout ce qu’il méritait, — j’oserai même ajouter plus qu’il ne méritait ; car je vous avoue franchement que je ne le tiens pas en très haute estime et que je ne puis guère voir en lui qu’un écolier de nos maîtres parlant patois ; je mets une grande différence entre lui et l’auteur de Mireïo, qui est, celui-là, un véritable poëte. […] Hippolyte Lucas, son ami intime et de tous les temps, qui avait été son témoin dans ses duels, son confident dans ses amours, qui lui vi faire son testament, m’écrit : « Sur la fin, il était devenu un peu mystique ; il se reprochait les vivacités de ses poésies juvéniles, et à son lit de mort il recommanda de brûler les derniers exemplaires de son Elle Mariaker (une dernière tendresse sous forme de remords). […] , il vivait si en dehors du monde, que j’ai été seul de ses anciens amis à son convoi.

986. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Mais ce gueux, ce marmiteux, ce goinfre, ce balourd, cet incongru, comment Orgon, homme riche et notable, dont la conduite pendant la Fronde a été signalée au roi avec éloge ; comment ce bourgeois, qui a sûrement les préjugés de sa classe et de son rang, a-t-il pu le recueillir chez lui, l’y traiter en ami intime et en directeur de conscience ? […] Il sait où se trouvent des femmes plus sociables et plus dociles que celle de son ami… Un homme dévot n’est ni avare, ni violent, ni injuste, ni même intéressé. Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel… Aussi ne se joue-t-il pas à la ligne directe, et il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir ; il y a là des droits trop forts et trop inviolables : on ne les traverse pas sans faire de l’éclat, et il l’appréhende… Il en veut à la ligne collatérale : on l’attaque plus impunément ; il est la terreur des cousins et des cousines, du neveu et de la nièce, le flatteur et l’ami déclaré de tous les oncles qui ont fait fortune… Etc., etc… » Oh ! […] Aussi en voyons-nous plus d’une s’empiffrer théologalement. — Joignez, ici, que le grand appétit de Tartuffe et ses connaissances de dégustateur ne sont pas pour déplaire à un opulent bourgeois comme est Orgon, que l’on peut sans témérité supposer ami de la bonne chère et fier de sa cave.

987. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

N’avait-il bu que de l’eau, maître Braillardet, quand, sortant tout chancelant d’un cabaret pour assister à l’enterrement d’un de ses meilleurs amis, il se laissa tomber dans la fosse où il serait encore, si, par malheur pour sa femme, on ne l’en eût retiré ? […] Vous ne trouverez pas mauvais, monsieur, que je vous présente les trois meilleurs amis que j’aie au monde et les trois plus riches hommes de Paris. […] Mais je nous dirai en ami que j’ai encore quelque argent dans mes coffres, et que… LE DOCTEUR. […] De là, elles vont souper chez quelque ami choisi.

988. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Incapable d’une mauvaise pensée, mais aussi d’une feinte, si elle ne vous aimait pas, il lui était impossible de vous dire ou de vous laisser croire le contraire. « C’était le plus loyal gentilhomme, me dit-on, et qui n’a jamais menti. » Elle aimait ses amis, elle pardonnait à ses ennemis ; mais, dans la religion de sa race et de son malheur, elle croyait aux fidèles et aux infidèles, aux bons et aux méchants : peut-on s’en étonner ? […] On lui fit des romances sentimentales qu’on lui chantait de loin, et dont le refrain l’avertissait que des amis veillaient désormais sur son sort. […] L’abbé Edgeworth, en leur donnant ses soins, avait contracté cette maladie, une espèce de typhus ; et c’est en ces circonstances extrêmes que Mme d’Angoulême ne voulut jamais l’abandonner : « Moins il a connaissance de ses besoins et de sa position, disait-elle, plus la présence d’une amie lui est nécessaire… Rien ne m’empêchera de soigner moi-même l’abbé Edgeworth ; je ne demande à personne de m’accompagner. » Elle voulait lui rendre, autant qu’il était en elle, ce qu’il avait apporté de consolation et de secours à Louis XVI mourant. […] Quand elle se sentait en pays sûr et ami, une certaine plaisanterie ne l’effrayait pas.

989. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Pigalle, mon ami, prends ton marteau, brise-moi cette association d’êtres bizarres. […] Si tu ne t’adresses jamais qu’à un polisson de dix-huit ans, tu as raison, mon ami, continue à faire des culs et des tétons ; mais pour les honnêtes gens et moi, on aura beau t’exposer à la grande lumière du Salon, nous t’y laisserons pour aller chercher dans un coin obscur ce Russe charmant de le Prince, et cette jeune, honnête, décente, innocente marraine qui est debout à ses côtés. […] Quand je suis en pique-nique avec mes amis, et que la tête s’est un peu échauffée de vin blanc, je cite sans rougir une épigramme de Ferrand. […] Vous voyez bien, mon ami, que c’est la querelle de la prose et de la poésie, de l’histoire et du poème épique, de la tragédie héroïque et de la tragédie bourgeoise, de la tragédie bourgeoise et de la comédie gaie.

990. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Qui leur a dicté ces grandes paroles : Un ami est un autre moi-même ; il faut aimer ses amis plus que soi-même, sa patrie plus que ses amis, et l’humanité plus que sa patrie ? […] Qu’on le nie devant les monuments irréfragables de l’histoire, ou que l’on confesse que la lumière naturelle n’est pas si faible pour nous avoir révélé tout ce qui donne du prix à la vie, les vérités certaines et nécessaires sur lesquelles reposent la vie et la société, toutes les vertus privées et publiques, et cela par le pur ministère de ces sages encore ignorés de l’antique Orient, et de ces sages mieux connus de notre vieille Europe, hommes admirables, simples et grands, qui, n’étant revêtus d’aucun sacerdoce, n’ont eu d’autre mission que le zèle de la vérité et l’amour de leurs semblables, et, pour être appelés seulement philosophes, c’est-à-dire amis de la sagesse, ont souffert la persécution, l’exil, quelquefois sur un trône et le plus souvent dans les fers : un Anaxagore, un Socrate, un Platon, un Aristote, un Épictète, un Marc-Aurèle !

991. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Cela se voit particulièrement par la correspondance de Huet, où le savant évêque d’Avranches remercie son ami de Dijon de lui envoyer des extraits des lettres de Leibnitz, lesquelles ne se retrouvent pas dans notre manuscrit. […] Un des amis de Bourgogne termina mes doutes et mon embarras en m’apportant une revue de mon pays, intitulée Revue des deux Bourgognes, année 1836, où sont imprimées les six lettres de Leibnitz du manuscrit de Paris, et celles dont je déplorais la perte, en tout dix-huit lettres parfaitement authentiques, adressées à l’abbé Nicaise par l’auteur de la Théodicée. […] Il offre ses notes, extraits et copies, à « l’ami de la religion et des lettres » qui rassemblera le cartulaire du couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques. […] Il est curieux d’assister à la naissance de la philosophie religieuse : la voilà au maillot, pour ainsi dire ; elle ne fait encore que bégayer sur ces redoutables problèmes, mais c’est le devoir de l’ami de l’humanité d’écouter avec attention, de recueillir avec soin les demi-mots qui lui échappent, et de saluer avec respect la première apparition du raisonnement.

992. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

« Que de chemin depuis le jour où, répondant à un ami qui l’aiguillonnait au début et qui lui disait en vers : N’as-tu pas l’âge de la gloire ?  […] J’allais de l’Institut à la place Royale chez mes amis Olivier, pour leur lire le premier chapitre de Port-Royal (du troisième volume qu’on imprime). […] Vers cinq heures je quittai mes amis.

993. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

L’on peut donc dire aux ennemis comme aux partisans des lumières, qu’il est un point sur lequel ils doivent également s’accorder, s’ils sont amis de l’humanité ; c’est sur l’impossibilité de contraindre le cours naturel de l’esprit humain, sans accabler les hommes de maux bien plus funestes encore que tous ceux dont on peut accuser les progrès des lumières. […] à chaque page de ce livre où reparaissait cet amour de la philosophie et de la liberté, que n’ont encore étouffé dans mon cœur ni ses ennemis, ni ses amis, je redoutais sans cesse qu’une injuste et perfide interprétation ne me représentât comme indifférente aux crimes que je déteste, aux malheurs que j’ai secourus de toute la puissance que peut avoir encore l’esprit sans adresse, et l’âme sans déguisement. […] qu’on était heureux il y a dix années, lorsque entrant dans le monde plein de confiance dans ses forces, dans les amis qui s’offraient à vous, dans la vie qui n’avait point encore démenti ses promesses, on ne rencontrait ni des partis injustes, ni des haines envenimées, ni des rivaux, ni des jaloux !

994. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

En septembre 1862, un an après la mort de cette précieuse amie, j’écrivis, pour le petit nombre des personnes qui l’avaient connue, un opuscule consacré à son souvenir. […] Peut-être pourra-t-on y joindre alors quelques lettres de mon amie, dont le ferai moi-même par avance le choix. […] Mon frère Alain fut pour moi un ami bon et sûr ; il me comprit, m’approuva, m’aima toujours.

995. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Ils souffriront peut-être que, pour une fois, on venge les amis de Dieu, qu’on croit généralement par trop simples, des brillants amis du Démon et du monde, qu’on croit véritablement par trop forts ! […] Dieu, qui se joue de tout et qui veut nous montrer combien toute apparence est vaine, n’avait-il pas mis le cœur de son meilleur ami derrière les traits de son ennemi le plus implacable ?

996. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Les amis de son salon, qui, dans ce temps-là, il faut bien le dire, étaient les premiers esprits de France, se crurent obligés à faire du génie de ce talent — très relatif — et ils n’y manquèrent point ! […] Certes, Mme Delphine Gay valait mieux avec la spontanéité de sa jeunesse, travaillée déjà, car elle a toujours un peu posé, la Muse de la patrie, mais pas autant que quand elle eut un salon, ce fameux salon vert-de-mer où ce teint de blonde assassinait les brunes, ses amies, idée de femme que je trouve très jolie, et que je ne lui reproche pas, comme je lui reproche d’y avoir trop posé, dans ce salon, en Mme de Staël. […] Évidemment pour moi, Mme Delphine Gay aurait eu du génie, — le génie, par exemple, que ses amis, ses Séides de salon, lui ont attribué si longtemps, — que ce génie serait mort de son mariage.

997. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Et le jeune Gustave Escande, de la Fédération Universelle des Étudiants chrétiens, écrit à ses amis : « Il m’est très doux de penser que des centaines de milliers de jeunes gens dans le monde luttent comme moi pour arriver à l’idéal que nous nous sommes composé : “Faire le Christ Roi”. » Mais la voix de ces jeunes lévites du droit n’est nulle part mieux persuasive que dans la prière que voici, d’un petit soldat protestant du pays de Monthéliard, qui mourait à l’ambulance de la gare d’Ambérieu. […] Dites aux amis que je m’en vais à la victoire le sourire aux lèvres, plus joyeux que tous les stoïques et tous les martyrs de tous les temps. […] (Lettre du 10 août, p. 237, Roger Allier, volume composé pour un cercle de parents et d’amis.)

998. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

Je publiai dans le Globe du 23 octobre l’article que je reproduis ici, et qui retrouve à mes yeux un triste à-propos dans la mort trop soudaine du paysagiste, notre ami, survenue le 9 janvier 1809. La veille encore, à cinq heures du soir, cet ami de quarante ans était assis à mon coin du feu, causant, non sans quelque ombre de tristesse, de toutes ces choses qui nous étaient communes et chères, idées d’art et de philosophie sociale, souvenirs du passé, perspectives un peu sombres et voilées de l’avenir.

999. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Proscrit au 31 mai, et réfugié chez un ami généreux, on découvrit, on dénonça sa retraite. […] Boissy-d’Anglas, a depuis longtemps rappelé les titres littéraires et politiques de son ami, et l’a presque confondu avec Malesherbes dans le même culte pieux qu’il leur rend.

1000. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Le désir de montrer dans Judas l’accomplissement des menaces que le Psalmiste prononce contre l’ami perfide 1230 a pu donner lieu à ces légendes. Peut-être, retiré dans son champ de Hakeldama, Judas mena-t-il une vie douce et obscure, pendant que ses anciens amis conquéraient le monde et y semaient le bruit de son infamie.

1001. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

C’est par amitié pour son ami Pierre qu’il entend veiller sur la vertu d’Hélène. […] Elle va même jusqu’à déclarer, devant ses amis revenus, qu’elle ne l’a jamais aimé. […] fit tout à coup mon ami, je viens de me déshonorer. […] — C’est à l’ami que tu parles. — C’est à l’ami que j’ai besoin de parler. — Ça se trouve bien. — J’en ai assez ! […]  » Et alors une question nous brûle les lèvres, une question que le saint religieux ne s’est point posée (car elle est presque impie), mais que tout son livre nous suggère : « Que le plus grand ami de Jésus ait été une amie, — et que cette amie ait été une femme souillée… d’où vient cela ?

1002. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Ses amis, elle les consigne à la porte ; ses goûts d’élégance, elle les lui interdit ; ses tableaux, elle en fixe le prix. […] Il disait souvent à son ami M.  […] lui disait son amie en gémissant, tu sais trop de choses avant les initiations. […] Bercez, calmez mes caprices, amie, et souffrez que je ne ni échappe pas à moi-même. […] Scherer avoue dans sa notice qu’Amiel semblait à ses meilleurs amis une énigme.

1003. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Pas un parent, un ami, un passant, nommé dans son existence, — une absence complète des autres. […] Un ami, qui n’est pas un imbécile, voulait me soutenir, ce soir, que c’étaient les Jésuites qui avaient fait faire des obscénités aux Chinois. […] Elle nous dit, heureuse de nous montrer toutes ses chambres d’amis, qu’elle n’a qu’un plaisir, c’est d’avoir du monde, c’est de vivre au milieu de gens qui lui sont sympathiques et qu’elle aime, qu’elle aurait bien pu, si elle avait voulu, faire des choses extraordinaires, des monuments, des palais de financiers, mais qu’elle aime bien mieux sa perse avec de vieux amis assis dessus. […] Viollet-le-Duc parlait de gestes d’enfant qui dénoncent le père, le nomment presque, et il soutenait qu’un cocu philosophe, qui étudierait la question, pourrait, sans se tromper, reconnaître dans le cercle de ses amis et de ses connaissances, le père de son enfant. […] Ce monsieur, qui avait cent mille livres de rente, un jour, prit congé de ses amis, de ses connaissances, du monde, les prévenant qu’il s’en allait mourir dans la montagne.

1004. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Hennin Euripide ou Épictète ; Rulhière lui disait dans une réponse : « Votre lettre, mon cher ami, est une véritable églogue. » Bernardin avait fait comme les peintres qui, pendant leurs courses errantes, amassent une quantité d’esquisses et d’aquarelles dans leurs cartons. […] Dès la première page je lis ce mot, qui révèle tout le caractère du peintre : « Un paysage est le fond du tableau de la vie humaine. » La lettre quatrième, écrite au moment du départ, m’apparaît, dans sa sensibilité discrète, comme toute mouillée de pleurs : « Adieu, amis plus chers que les trésors de l’Inde ! […] Dans la correspondance avec Ducis, qui forme un des endroits les plus récréants de ce déclin, le bonhomme tragique nous apparaît bien supérieur à son ami, par un génie franc, cordial, une grande âme débonnaire, et une imagination quelque peu sauvage, qui prend du pittoresque et des tons plus chauds en vieillissant. […] Le chenu vieillard a mille fois raison sur lui-même quand il se déclare à son ami par ce naïf étonnement : « Il y a dans mon clavecin poétique des jeux de flûte et de tonnerre ; comment cela va-t-il ensemble ? […] Dans cette visite tant rêvée, il l’assiégea de questions directes et naïves : — « Je lui demandai quels étaient ses meilleurs amis. »  — « Ma famille et ma muse : mes moments de verve me font jouir véritablement. »  — « Vous connaissez sans doute M. de Chateaubriand, qui a parlé de vous avec admiration ? 

1005. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Quand donc me viendrez-vous ici visiter, madame ma bonne amie, étant bien désireuse de votre vue, qui me ragaillardiroit en tous mes chagrins que fussent-ils que montant tout vous pèse et se tourne à mal contre vous ? […] — Je souhaiterais, lui dit la reine, que ma parole pût agir sur vous, comme la vôtre agit sur l’Écosse, nous nous entendrions, nous serions amis, et notre bonne intelligence serait la paix et le bonheur du royaume ! […] Le roi monta par un escalier dérobé, pendant que Morton, Lindsey et une troupe de leurs vassaux les plus braves envahissaient le grand escalier, et dispersaient sur leur passage quelques amis de la reine et ses serviteurs. […] Tous les amis qu’elle avait à Holyrood s’enfuirent en désordre, le comte d’Atholl, les lords Fleming et Levingston s’échappèrent par un couloir obscur. […] » Elle propose astucieusement aux lords rassemblés, amis de Bothwell, de céder à Darnley le gouvernement de l’Écosse.

1006. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Michel Abadie « de qui l’œuvre illustre en nos rêves demeure inconnue28 », est tour à tour grandiloquent, emphatique, pathétique et fastueux, comme on disait jadis, mais il vaut mieux que les lourdes louanges de ses amis ne tendent à le laisser croire. […] Jammes, quand on se met à ta fenêtre, on voit Des villas et des champs, l’horizon et les neiges ; En mai tu lis des vers dehors, à demi-voix, L’azur du ciel remplit les chéneaux de ton toit… Demeure harmonieuse, ami, vous reverrai-je ? […] Lantoine, Leconte, Lacuzon et ses amis, il est une âme. […] Comme disait le vieux peintre David à ses élèves : « Mes amis, il faut être bien humbles devant la naturel » Nos jeunes gens n’ont point cette humilité ! […] Paul Souchon fut l’ami de ce grand et déjà oublié Emmanuel Signoret dont les dons lyriques promettaient une œuvre importante.

1007. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Avec cela beaucoup d’esprit, de sens, de conduite, de hauteur et de sentiment, sans gloire et sans arrogance, de la politesse, mais avec beaucoup de dignité ; et par mérite et sans usurpation, le dictateur perpétuel de ses amis, de sa famille, de sa parenté, de ses alliances, qui tous et toutes se ralliaient à lui. […] Vite chez Barbezieux, chez Pontchartrain, chez Chamillart, chez Voysin, chez leurs parents, chez leurs amis, chez leurs domestiques. […] Saint-Simon est un noble cœur, sincère, sans restrictions ni ménagements, implacable contre la bassesse, franc envers ses amis et ses ennemis, désespéré quand la nécessité extrême le force à quelque dissimulation ou à quelque condescendance, loyal, hardi pour le bien public, ayant toutes les délicatesses de l’honneur, véritablement épris de la vertu. […] ” s’en alla chez lui, d’où ses plaintes me revinrent, et la fièvre lui en prit. » La douzième année, après un an de supplications, Saint-Simon forcé par ses amis, plia, mais « comme, un homme qui va au supplice », et consentit par grâce à traiter Noailles en indifférent. […] Ses amis, Fénelon, le duc de Bourgogne, à huis clos, les domestiques dehors, refaisaient comme lui le royaume.

1008. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Les deux vieux amis se disent adieu, et déclarent qu’ils ne se verront plus. […] Et c’est Gotte des Trembles, une amie intime d’Hélène. […] Votre main, cher ami. — Comment donc !  […] Adieu, mon ami. » — Puis Germaine paraît et tombe dans les bras de Jean. […] Et elle s’en excuse à son ami.

1009. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Ceux de mes amis intimes qui ont passé cinquante-cinq ans sans me voir ne me reconnaissent pas du tout. […] Qu’en dites-vous, cher ami ? […] Mais, trois mois après, elle dit à un ami commun ; « Ce M.  […] En vous parlant ainsi, je me mets au nombre de ces amis que je vous recommande de rechercher. […] Gourd se présente pour voir son ami et on le met à la porte.

1010. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Les tomes II, III et IV scandalisèrent les amis de la Révolution. […] Un de mes amis me disait que cette philosophie « lui cassait bras et jambes ». […] Est-ce pour nous qu’il dit tout cela, ou bien pour Buffalmaco, pour Fra Filippo Lippi, et ses autres amis de Florence ? […] Il aimait (c’est son ami M.  […] Les Flamands sont presque tous gras, rebondis et roses, amis des solides nourritures et des substantielles boissons.

1011. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Les paroles que le comédien prononce en aparté sont toujours faites pour être dites intérieurement ou murmurées à l’oreille d’un ami sur, et non pour être lancées à pleine voix, au risque de tomber dans des oreilles malveillantes ou indiscrètes. […] L’imaginatif ne se croit jamais seul ; il promène avec lui ses enfants, ses amis, ses ennemis, ses supérieurs, tous ceux dont l’existence est liée à la sienne et peut l’émouvoir en joie ou en tristesse. […] Si, dans la rue, j’aperçois un ami qui vient à moi, ou bien si je suis devant sa porte, attendant qu’il réponde à mon appel, je passe naturellement de la parole intérieure calme et toute personnelle à une sorte de répétition préalable de la conversation que je vais avoir ; malgré moi, le bonjour et d’autres mots plus particulièrement adaptés à la circonstance me viennent à la mémoire. […] Mais il n’est pas besoin qu’un interlocuteur soit prochain ou récent pour que notre parole intérieure prenne le ton du dialogue et s’accompagne de l’image vague d’un ami. « Au moment où j’écris, dit M.  […] Le même phénomène se produit chez les hommes qui, en vertu de leur profession, parlent fréquemment en public ; mais, chez eux, l’ami attentif, c’est leur auditoire habituel : ainsi pour les professeurs, les conférenciers, les avocats, les hommes politiques.

1012. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Guizot généralement est assez peu goûté ; il est peu aimé même de plusieurs de ses amis politiques. […] Il laisse une mémoire charmante et douce, il n’a trouvé dans ses nombreux amis ni un ingrat ni un indifférent.

1013. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

Bergerat, Émile (1845-1923) [Bibliographie] Une amie, comédie en un acte, en vers (1865). — Les Deux Waterloo (1866). — Le Maître d’école (1870). — Poèmes de la guerre (1871). — Père et mari, drame en trois actes (1871). — Ange Bosari, drame en trois actes, avec Armand Silvestre (1873). — Séparés de corps, comédie en un acte (1873). — Théophile Gautier, entretiens, souvenirs et correspondances (1879). — Le Nom, comédie en cinq actes (1883) […] Mais le même jour il était « reçu » à la Comédie-Française où il avait déposé un acte en vers, titre : Une amie.

1014. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Il fut réduit un moment à vivre avec dix-sept sous par jour, et ses amis même l’ignorèrent : il était de ces hommes qu’on croit toujours riches parce qu’ils sont dignes. […] Déjà placé trop haut pour descendre aux exclusions de partis, de plain-pied avec tout ce qui était supérieur, il devint en même temps l’ami de David, qui avait jugé le roi, et de Delille, qui l’avait pleuré.

1015. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Pourtant, par un instinct analogue à celui de quiconque, ayant connu la nouvelle ce matin par les journaux, en cause volontiers cet après-midi avec les amis rencontrés, ne puis-je m’empêcher de dire mon sentiment à des lecteurs familiers. […] Encore qu’il n’en ressentît nulle envie, Goncourt trouvait sans doute piètres ses tirages, comparés à ceux de son ami Daudet.

1016. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Discours prononcé à Tréguier 2 août 1884 Messieurs et amis, Que je vous remercie de m’avoir enlevé, moi déjà si peu enlevable, à cet éternel fauteuil où je m’ankylose, à ces douleurs par lesquelles je me laisse envahir, à ces hésitations d’où j’ai besoin d’être tiré de force ! […] Merci encore, chers amis, de m’avoir procuré cette réunion, qui m’a rajeuni.

1017. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

N’est-ce pas plutôt le langage d’un ami de l’homme, mais parfois, je l’avoue, d’un ennemi de sa pensée, ainsi que je l’écrivais dans la dédicace du volume, qui lui était adressé. […] Renan, on n’accuse pas les gens de radotage, de brutalité, de perte de sens moral, sur les lectures de cousins et d’amis.

1018. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Un mot d’explication J’avais espéré, après la ridicule campagne de presse que subirent — et dont profitèrent, peut-être — mes amis intellectuels les jeunes écrivains, j’avais espéré, dis-je, que de nouvelles « actualités » détourneraient la veine des chroniqueurs et laisseraient aux Laborieux un peu de silence et d’ombre pour parfaire de nouveaux et plus définitifs ouvrages ; J’avais compté sans l’éhontée soif de réclame qui pousse les stériles et les impuissants : Déjà le Traité du Verbe — pétard qui fit trop long feu — avait émotionné le public en 86 ; la fin de 87 voit éclore une brochure d’adéquate valeur, L’École décadente, mais aux visées documentaires les plus dangereusement fausses et qui ont surpris la bonne foi de beaucoup. […] Les origines C’est d’une petite imprimerie du boulevard Saint-Germain, où s’éditait alors un journal littéraire d’avant-garde, que sortirent Les Déliquescences de Vicaire et de Beauclair, aimable parodie faite pour « embêter » les camarades, et dont on sait le succès inouï et inattendu ; les auteurs en restèrent stupéfaits et se refusèrent à une lucrative réimpression de la plaquette, en face du torrent de sottises inopinément déversé sur de tranquilles écrivains, leurs amis.

1019. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ii »

Des amis ! […] Nos soldats ont le cœur plein de sentiments qui font leur force et qu’ils veulent revivifier auprès de cœurs amis.

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