Remy de Gourmont Puisqu’il ne nous laissa que de trop brèves pages, l’œuvre seulement de quelques années ; puisqu’il est mort à l’âge où plus d’un beau génie dormait encore, parfum inconnu, dans le calice fermé de la fleur, Mikhaël ne devrait pas être jugé, mais seulement aimé… Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; ils tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers… Il suffit d’avoir écrit ce peu de vers et ce peu de prose : la postérité n’en demanderait pas davantage, s’il y avait encore place pour les préférés des dieux dans le-musée que nous enrichissons vainement pour elle et que les barbares futurs n’auront peut-être jamais la curiosité d’ouvrir. […] Briséis, écrit en collaboration avec M.
Un médaniste me confiait, dans le sourire de sa sagesse ingénue : « Moi, j’écrirais Peau d’Âne que je croirais l’inventer. » — Laissez vierge, mon jeune ami, votre mémoire littéraire. […] Envoyez-moi, quand vous l’aurez écrit et imprimé, votre premier roman dûment dédicacé. […] Écrivez alors de votre plus distinguée anglaise : À Madame Machut, respectueusement, et signez.
Par reconnoissance, ou plutôt par flatterie, il la loua dans ses Ecrits tout le temps qu’elle vécut. […] Le talent d’écrire n’étoit rien moins qu’étranger à cet Erudit. […] Maur est mieux écrite, plus élégante, plus châtiée ; le style en est plus nombreux, plus poétique.
L’Auteur n’a point écrit, comme il l’annonce lui-même, pour repaître la vaine curiosité de ceux qui ne recherchent que des faits nouveaux & extraordinaires ; il s’est encore moins proposé d’amuser les Esprits oisifs, qui ne lisent que superficiellement ou pour se désennuyer. Il a écrit pour des Esprits solides, pour des Chrétiens jaloux de connoître leur Religion dans son origine, dans ses progrès, dans ses vrais caracteres ; pour les ames droites qui lisent dans la vûe d’acquérir des connoissances utiles & de devenir meilleures ; pour les hommes de toutes les conditions qui n’ont ni le loisir, ni la facilité, ni le talent de puiser dans les sources & d’en écarter ce que la prévention, l’ignorance & la superstition ont pu y mêler de faux, d’excessif & d’indigne de la divinité du dogme & de la sainteté du culte. […] Le premier offre un tableau fidele de la vie, de la conduite, des usages, du gouvernement des Hébreux : le second, écrit avec une candeur & une onction peu communes, est en même temps une Introduction à l’Histoire Ecclésiastique, & une éloquente apologie de la Religion.
À cette première cause de l’infériorité de nos historiens, tirée du fond même des sujets, il en faut joindre une seconde, qui tient à la manière dont les anciens ont écrit l’histoire ; ils ont épuisé toutes les couleurs ; et si le christianisme n’avait pas fourni un caractère nouveau de réflexions et de pensées, l’histoire demeurerait à jamais fermée aux modernes. […] On avait alors l’avantage d’écrire les annales de la fable, en écrivant celles de la vérité. […] Ce n’est pas, au reste, que ces grands historiens brillent exclusivement dans le genre que nous nous sommes permis de leur attribuer ; mais il nous a paru que c’est celui qui domine dans leurs écrits.
Hennique très indigné s’en retourne, en criant dans les corridors : « Voilà ce que c’est que d’écrire en français ! […] — C’est clair, si la pièce avait été écrite par Dennery, cette femme se serait écriée : « Ah ! […] Là-dessus Balzac prévenu par la femme, écrit au mari une lettre curieuse, une lettre d’une ingénieuse invention, dans laquelle il dit à M. […] Il me serait peut-être donné de composer un volume, ou plutôt une série de notes, toutes spiritualistes, toutes philosophiques, et écrites dans l’ombre de la pensée. […] Jamais il n’a été imprimé sur moi, quelque chose d’aussi hautement pensé, et d’aussi artistement écrit.
Une impossibilité de travailler, d’écrire même une lettre. […] Il ne sait plus lire, plus écrire, — oui, plus écrire, en sorte que pour signer maintenant un dessin, il est obligé d’en copier la signature sur un dessin d’autrefois, et cependant, ô prodige ! […] C’est tout de même curieux cet éreintement de tout ce que j’écris, aussi bien ailleurs qu’en France, et cela par ce seul fait, que je mets de la vérité dans ce que j’écris. […] Intriguée par ce que pouvait écrire, à toute minute, sur un tableau, le garçon, elle s’adresse à son voisin, un mauvais plaisant qui lui répond : « Ma sœur, c’est chaque fois, qu’on satisfait un petit besoin ! […] C’était dans les premiers temps que j’écrivais au Figaro, vers mes dix-sept ans.
Pour ma part, je l’avoue, je ne consentirai jamais à croire que Castruccio écrive sous la dictée de Lumley, sans lui demander ce qu’il va écrire. […] Et s’ils le disaient, ils ne l’écriraient pas. […] Écrite en prose, la pièce de M. […] Il écrit à M. […] Les pages qu’il a écrites, sur l’immortalité de l’âme, semblent tracées par la plume d’un solitaire qui n’aurait jamais feuilleté un seul des livres écrits sur cette matière.
je sais bien qu’en assignant à l’art d’écrire un but moral, je vais faire sourire les adeptes de la doctrine en honneur : l’art pour l’art. […] Gogol suivit le conseil ; il écrivit les Veillées du hameau. […] « Me voici redevenu un libre Cosaque », écrit-il à cette date. […] En lisant les œuvres romanesques à ce point de vue, nous entrons dans les dispositions du public pour lequel elles sont écrites. […] Tourguénef en saisit plusieurs ; parcourons rapidement la galerie, en feuilletant les romans écrits à cette époque.
J’écrirai que c’est sublime, mais je reste glacé. […] J’ai écrit des pièces qui sont tombées. […] Mettons qu’il écrit en prose. […] Pour moi, la pièce est trop bien écrite. […] Au théâtre surtout, bien écrire, c’est écrire logiquement et fortement.
Remy de Gourmont écrivait en effet une chose fort juste, en affirmant que Victor Hugo ne synthétisait pas toute la poésie. […] Que nos jeunes socialistes lisent donc l’histoire qu’en écrivit alors Karl Marx. […] Mais il exista aussi un Banville qui écrivit Erinna. […] Selon moi, Baudelaire a écrit les plus beaux vers de la langue française et je le préfère à Victor Hugo. […] Hugo écrit, mais Lamartine chante.
Voltaire était incapable d’en écrire une. […] » — Il écrit à Catherine en 1771 pour la féliciter de ses succès contre les Turcs : « .. […] Voltaire écrit à M. […] La liberté d’écrire est éminemment individuelle. […] Il ne cesse d’écrire : « Mais quel fut mon étonnement quand, ayant écrit en Languedoc sur cette étrange aventure, catholiques et protestants me répondirent qu’il ne fallait point douter du crime de Calas !
Richepin est d’abord un très grand rhétoricien, un surprenant écrivain en vers, tout nourri de la moelle des classiques, qui sait suivre et développer une idée, et qui sait écrire, quand il le veut, dans la langue de Villon, de Régnier et de Regnard, et dans d’autres langues encore. […] Or, il me semble, sauf erreur, que c’est l’habile rhétoricien, d’une netteté d’esprit toute aryenne, qui a écrit presque entièrement les deux premiers actes, et que le Touranien a mis la main au dernier plus qu’il n’aurait fallu… On voit ici en plein ce qu’il y a d’un peu puéril parmi le beau génie naturel de M. […] Jean Richepin publia son volume des Blasphèmes, on put voir clairement pourquoi il avait oublié le Christianisme et son influence sur les pauvres dont il écrivait l’histoire. […] Ce n’est pas que bien des pièces du livre, surtout celles écrites en argot, ne soient d’assez faciles exercices de rhétoricien qui s’encanaille en l’honneur de Villon ou qui n’est point mécontent de dépasser l’auteur des Réfractaires sur le chemin frayé par lui. […] Disons tout d’abord que la conclusion de l’œuvre est qu’il y a, dans chaque individu, des milliers de « moi » et qu’il est fou d’espérer pouvoir les réduire à un seul, absolu, unique ; il ne faut, par conséquent, pas chercher un paradis, mais des paradis sans nombre ; le poète nous les montre dans les Îles d’or, qui ne sont autre chose que les bonheurs épars qu’il est permis à chacun de conquérir ou de rêver… On retrouve, dans ce volume, écrit avec une prodigieuse facilité, toutes les brillantes qualités du grand producteur qu’est M.
Marmontel, qui, en soutenant qu’il n’est pas de l’essence du Poëme héroïque d’être écrit en vers, & en appelant Télémaque un Poeme divin *, n’a certainement rien prouvé en faveur de son Bélisaire. […] Les Poëmes épiques écrits en vers perdent beaucoup dans la Traduction, tandis que le Télémaque conserve ses beautés originales dans les Langues où on l’a traduit. […] « Quoique cet Ouvrage, dit un des* Panégyristes de Fénélon, semble écrit pour la jeunesse, & particuliérement pour un Prince, c’est pourtant le Livre de tous les âges & de tous les esprits. […] La piété étoit, pour ainsi dire, la seconde vie de son ame : pouvoit il ne la pas faire respirer dans ses Ecrits, qui portent continuellement l’empreinte de son caractere ? […] C’est ce qu’ont dit & écrit presque tous les Philosophes, depuis M.
En achevant la lecture de ce livre, on se prend à regretter la mort prématurée de l’homme qui l’a écrit. […] Lui pourtant, qui accepte avec Spencer, contre Guyau, la théorie de l’art fin en soi, désintéressé, il sent bien que l’art doit avoir sa marque propre, que l’émotion esthétique se distingue en quelque chose des émotions ordinaires, et il recourt, pour se tirer d’embarras, à une hypothèse ingénieuse : « Nous croyons, écrit-il (p. 36), qu’il faudra à l’avenir distinguer dans l’émotion ordinaire (non plus esthétique) : d’une part, l’excitation, l’exaltation neutre qui la constitue, qui est son caractère propre et constant ; de l’autre, un phénomène cérébral additionnel, qui est l’éveil d’un certain nombre d’images de plaisir ou de douleur, venant s’associer au fond originel, le colorer ou le timbrer, pour ainsi dire, et produire la peine ou la joie proprement dites, quand elles comprennent le moi comme sujet souffrant et joyeux. » L’émotion esthétique aurait alors ceci de particulier, que, « tout en conservant intact l’élément excitation », elle « laisse à son minimum d’intensité l’élément éveil des images, etc. ». […] Les âmes qui retrouvent en cette œuvre leur âme, l’admirent, se groupent autour d’elle et se séparent des hommes d’âme diverse… En d’autres termes (remarquons la fin de ce paragraphe), la série des œuvres populaires d’un groupe donné écrit l’histoire intellectuelle de ce groupe, une littérature exprime une nation, non parce que celle-ci l’a produite, mais parce que celle-ci l’a adoptée et admirée, s’y est complue et reconnue. » En ces quelques lignes se trouvent exprimées une doctrine et une méthode, qui ne marchent pas nécessairement ensemble. […] « L’effet de l’œuvre, écrit-il (p. 167), étant l’émotion qu’elle suscite, et cette émotion accompagnant l’image sensible de son contenu dans l’esprit de son sujet, c’est la reproduction de l’œuvre qu’il faudra tenter, en l’accompagnant de son indice émotionnel. […] Saisie dans le jour blanc d’un musée ou fixée aux panneaux futilement ornés d’un salon, la toile dont les pigments réfléchissent les diaprures incluses du rayonnement solaire, refleurira par les mots, dans l’accord heurté ou doux à l’œil de ses nuances stridentes ou tragiquement mortes, etc. » J’aurais honte de citer ce morceau pour le vain plaisir de le déclarer mauvais ; mais il est bon d’aviser les jeunes écrivains et de s’avertir soi-même du danger où l’on est d’écrire en style décadent, lorsque, fût-on un maître, on cède à l’illusion d’enrichir le sens par la bigarrure des mots.
L’histoire ne s’écrit que parce qu’on hait ou qu’on aime, parce qu’on méprise ou qu’on admire. Sauf cela, qui écrirait l’histoire ? […] Je le dis en toute humilité (en toute humilité, puisque je me trompais), je croyais à la réhabilitation complète des Précieuses de la part d’un homme qui s’avise d’en écrire l’histoire. […] Il ne se doute pas, enfin, que ce commencement du xviie siècle, mis aux pieds de quelques femmes par des sigisbées littéraires, n’était, à le bien considérer, que le xvie siècle tombé en quenouille, et que l’histoire même qu’il écrit le prouve avec une invincible clarté. […] « Il est aussi impossible de dire quand les réunions de Rambouillet ont commencé que quand elles cessèrent », écrit-il avec un découragement profond.
Il a commencé de s’y distinguer par des articles spirituels, écrits pour un journal fameux qui n’est plus, mais dans lesquels il imitait trop, selon moi, son rédacteur en chef, dont le talent, très admiré, à juste titre, de ceux qui l’entouraient, leur imposait à tous des formes… originales pour lui seul. […] L’auteur du Sixte-Quint et Henri IV, qui fait de la critique ici plus qu’il n’écrit l’histoire, ou, pour parler avec plus de précision, qui fait de l’histoire contre de l’histoire et répond personnellement à Poirson et à Michel ; l’auteur du Sixte-Quint, ancien rédacteur de l’Univers, n’a dans son livre ni flammes, ni dureté, ni morsure, ni amertume ulcérée… Il est doux comme un condamné à mort ; car il en est un au fond de sa pensée. […] Mais le sentiment qui les lui fait écrire n’est plus la passion du combat. […] « Ce qui ressortira de tout ce travail avec une certitude historique, — écrit Segretain, — c’est que Henri n’a pas cessé un seul instant d’associer à l’idée de son couronnement (qui fut l’idée de toute sa vie) l’abjuration de ses erreurs protestantes. » Avec la nouvelle foi de sa mère, et cette grande et populaire figure de Henri de Guise, jetant sur le trône l’ombre de son éclat, Henri de Béarn, qui craignait que ses droits à la succession des Valois ne fussent ni assez puissants ni assez assurés, crut, dit spirituellement Segretain, « que le chemin de traverse de la Réforme était le seul qui pût le conduire au Louvre… et il fit ce crochet stratégique… ». […] Au milieu des raisonnements politiques, appuyés de faits, qui sont le fond de cet ouvrage, évidemment écrit pour des lettrés qui savent ou doivent savoir l’histoire, et où il n’y a jamais le terre-à-terre d’une narration, se dressent, peintes, deux à trois figures, auxquelles l’auteur attache l’éclair qu’il a mis à la figure de Henri IV, ce sensé, qui n’eut jamais, en faisant le huguenot, une seule des passions huguenotes, qui voyait clair en se cachant, et honora toujours l’Église, même quand il l’insultait !
» Et c’est aussi pour y mettre un gendre — à dîner avec soi — que Weill l’a écrite, puisqu’il s’agit dans son livre de fille à marier ! […] C’est la politique du mariage écrite pour des Césarines, qui ne sont pas Borgia, par un Machiavel plein d’innocence. […] Il y a bien encore çà et là dans ce livre, qu’il a écrit pour la tête blonde de sa fillette, de ces touches honnêtes, tendres et rosées du Greuze qu’il fut dans ses meilleurs jours ; mais ce qui domine le livre, ce qui lui donne sa physionomie, c’est le philosophe, et le philosophe qui ne doute pas une minute de son fait et qui morgue le lecteur de son aplomb suprême ! […] Alexandre Weill écrit vite. […] n’avoir pas trois ans de façon, quoiqu’il nous le dise, et qui ne calmera pas par une grande et forte satisfaction d’intelligence les démangeaisons qui prennent son auteur d’écrire.
Les nombreuses citations arrachées par M. de Vallée aux journaux du temps forment, dans son livre, un ensemble sur lequel il a écrit le plus brillant des commentaires. […] Pour moi, il fut moins grand que le danger et le courage de les écrire, et en les lisant, je ne m’étonne pas que le poète, qui prit tout et confisqua tout dans André Chénier, ait fait oublier le journaliste et le prosateur. […] Quand il écrit en prose et qu’il est journaliste, le terrible d’André Chénier est froid. […] Aussi l’a-t-il donné pour le premier journaliste de son temps, où cependant il y avait Camille Desmoulins, latin dans sa prose comme André Chénier était grec dans ses vers, et Rivarol l’éblouissant, qui fut plus qu’un journaliste, puisqu’il a laissé un magnifique livre d’histoire. — Et peut-être le regarde-t-il comme le premier aussi des temps qui ont suivi le temps de Chénier, et qui ont produit, par exemple, des journalistes de la volée de Chateaubriand, de Bonald, de Lamennais, et de celui-là qui s’est tu trop tôt sous la maladie et dont le silence que nous entendons après sa voix fit un silence si grand3… IV Je dis peut-être… car M. de Vallée ne l’a pas écrit expressément dans son livre, et il a même laissé entrevoir la raison qui l’a empêché de l’écrire.
… J’imagine qu’il serait peu flatté de la chose, et qu’il ressentirait une de ces superbes colères vert-pâle auxquelles il était sujet et comme il en eut une, par exemple, quand les directeurs de Drury-Lane firent le projet de jouer son Marino Faliero : « Je n’ai rien tant à cœur — écrivait-il alors de Ravenne à Murray (c’était en 1821) — que d’empêcher ce drame d’être joué. » Et cependant les directeurs de Drury-Lane ne travestissaient pas l’œuvre du poète ; ils voulaient seulement l’interpréter. […] Byron, qui, comme Pope, méprisait le théâtre et pour les mêmes raisons très hautes : parce que le théâtre, comme disait Pope, « est obligé de s’assujettir aux acteurs et au public », Byron continue d’écrire à Murray d’une main frémissante : « Quelle maudite engeance de sots doivent être ces bouffons pour ne pas voir que cela ne va ni à leur boutique ni à leur échoppe ! » Il mande aussi à Thomas Moore : « J’ai tout un picotin d’ennuis à propos d’une tragédie de ma façon, bonne seulement pour le cabinet, et que des directeurs de théâtre, s’attribuant un droit sur toute poésie publiée, paraissent décidés à exploiter, que je le veuille ou non… « J’ai écrit à Murray et au Lord Chambellan pour intervenir et me préserver de ce pilori… Je ne veux ni de l’impertinence de leurs sifflets ni de l’insolence de leurs applaudissements. J’écris uniquement pour le lecteur et ne me soucie que de l’approbation silencieuse de ceux qui ferment un livre de bonne humeur et avec une entière satisfaction. » Ailleurs, enfin, il ajoute : « À cette distance, je suis traité comme un cadavre… » Au moins, ce cadavre, on le respectait ! […] Sous les brumes du spleen anglais, on retrouvait l’azur lumineux de la Grèce éternelle, de la Grèce aux immuables horizons, aux lignes sinueuses, aux contours arrêtés dans leur splendeur nette, en ces vers anglais plus étonnants que s’ils avaient été écrits dans la langue d’Alcée et de Pindare, et qui, bien plus sculptés que peints encore, ressemblent à des bas-reliefs de Phidias !
Dans l’introduction de son nouveau volume, écrite avec la distinction qui est le caractère de cette plume toujours à cent pieds de la chose ou de l’expression vulgaire, Gères ne nous raconte rien, mais nous laisse cependant entrevoir qu’il a passé par la douleur suprême que madame de Staël appelle « le mal de l’irréparable ». […] III Mais Jules de Gères a plus qu’un petit écu en fait de sentiments et d’idées, et voilà pourquoi il est réservé à une destination supérieure à celle d’écrire des sonnets comme Oronte ou comme l’abbé Cotin. […] C’est le rêveur qui a écrit : L’inconnu n’a pas de fenêtre. […] Un jour, madame de Girardin, qui était poète, quoique bas bleu (cela peut se rencontrer), écrivit : Le Malheur d’être belle. […] Maurice de Guérin écrivait sa merveille du Centaure, il se faisait centaure par la pensée, et il nous donnait l’étonnante psychologie devinée de cette créature surnaturelle.
Qu’il ait écrit les trois livres qui n’en sont qu’un : Un début à l’Opéra, M. de Saint-Bertrand et le Mari de la Danseuse 39, tout d’une haleine ; qu’il en ait inventé ou combiné les événements à tête reposée et de longue main ; ou, comme tant d’autres marquis de la Rocambole du feuilleton, qu’il les ait trouvés au jour le jour dans cette improvisation qu’on apprend comme tout ce qui est de métier et d’exercice, il n’importe ! […] L’abaissement de son exécution fait resplendir qu’il a eu, en écrivant, les yeux attachés sur le public pour lequel il écrivait ; qu’il lui en a fourré selon ses goûts ; qu’il l’a pris par ses préoccupations les plus momentanées ; que l’homme s’est fait enfin le courtisan du public et non son dompteur de génie… cherchant, avant la gloire de l’art, le petit chatouillement de la popularité. […] Attaqué, depuis son début, dans sa moralité d’écrivain, ce qui, au fond, lui est bien égal, il n’en a pas moins relevé le gant pour le compte de la moralité de son œuvre, afin de n’avoir point à le relever pour le compte de son talent contesté, et il a écrit une longue préface qu’il a plaquée à la tête de ces trois volumes, précisément, dit-il en capitales, « pour qu’on la passe ! […] Je défie d’avoir plus écrit sous la dictée des choses qui dictent à tout le monde. Le style (nous ne voulons rien oublier), le style dans lequel tout cela est écrit s’est desséché comme la tête de l’auteur sous sa théorie de l’exactitude.
Lorsque Wagner écrivait ses vers, c’était l’inspiration musicale qui les lui dictait. […] Je ne saurais dire dans quel style cela est écrit. […] Wilder a écrit sa Valkyrie dans la forme habituelle des libretti d’opéras quelconques. […] Wilder écrit : « C’est peu de chose, moins de mal que de peur » (10). […] C’est ce qui amène Chamberlain à écrire : « on peut se demander si une traduction est possible.
Foisset, d’après la tradition locale et d’après les nombreuses lettres qui lui ont passé sous les yeux, croit avoir le droit d’être moins favorable à la sensibilité et au cœur de Buffon : Je sens bien que je ne saurais vous persuader, me faisait l’honneur de m’écrire M. […] tout le monde verrait et jugerait ; peut-être, au grand jour, l’impression serait autre et se réduirait ; peut-être Buffon, qui se réservait aux grandes choses et qui ne montait son imagination et son talent qu’à haute fin, n’est-il coupable que d’avoir écrit des lettres trop ordinaires. […] quelques lignes écrites par Goethe peu de mois avant que s’éteignît cette lumière de l’Allemagne, et, dans la patrie même de Buffon, quelques pages de mon père, tels étaient encore, il y a quelques années, les seuls hommages dignes de lui que la science eût rendus au naturaliste et au philosophe. […] Geoffroy Saint-Hilaire le père, ce savant illustre que son fils continue avec tant de distinction, a écrit tout un livre sur Buffon11, mais ce livre n’est pas un livre de science, c’est un hymne. […] Que ce temple de la nature qu’il a si majestueusement ouvert n’aille point aboutir à une petite église où, sous prétexte de s’incliner devant lui, on se loue ensuite les uns les autres comme je vois qu’on le fait invariablement dans plusieurs des écrits que j’ai cités.
Son père, André d’Ormesson, a laissé par écrit l’histoire de la famille, et M. […] On peut comparer ces morceaux avec ce que le chancelier Daguesseau a écrit sur son père ; mais ici le langage est plus antique, et le tableau, s’il a moins d’élégance, offre aussi plus de naïveté. […] Les inconvénients inhérents à cette forme d’écrits, et qui la rendent inférieure en intérêt aux mémoires, sont évidents : un journal, comme son titre l’indique, va et procède au jour le jour ; il dit ce qu’il peut, il ramasse ce qu’il rencontre ; il se répète à satiété, il tâtonne, il se rétracte. Le seul avantage du journal sur les mémoires, est d’être plus complet et plus sûr, plus véridique ; je parle des mémoires qu’on écrit tard, sans notes prises dans le temps même et de pur souvenir. […] Ce que vous m’écrivez même de la sédition qui a failli plusieurs fois s’exciter à Angers est une preuve du bien que causait le seul nom et la seule autorité de cet incomparable ministre… Dix-huit mois environ après que cette lettre était écrite, le cardinal Mazarin, que d’Ormesson nous montre, la première fois qu’il le voit au conseil, « grand, de bonne mine, bel homme, le poil châtain, un œil vif et d’esprit, avec un grande douceur dans le visage », avait si bien fait son chemin et assuré son crédit auprès de la reine, qu’il avait la Cour à ses pieds. « Les pièces de médisance commençaient à courir (décembre 1644), et l’on se plaignait du gouvernement : on regrettait celui du cardinal de Richelieu.
Nisard à la troisième page du journal où il écrit, et il a bien voulu me nommer tout à côté dans une intention des plus bienveillantes : je l’en remercie, mais vraiment son étonnement m’a fait sourire. […] Hugo était alors dans son premier éclat de lyrisme, et il avait déjà écrit la préface de Cromwell ; il avait des admirateurs très vifs dans la famille qui régnait aux Débats, et plus d’un allié dans la place : Armand Bertin, un peu plus mûr et de nature volontiers sceptique, mêlait bien, je le crois, à ses applaudissements quelques légères plaisanteries et quelques réserves ; mais son frère Édouard, le peintre au pinceau sévère, ce Schnetz du paysage, mais Mlle Louise, nature poétique et profonde, étaient tout gagnés aux idées et aux enthousiasmes de la génération à laquelle ils appartenaient et faisaient honneur par leur talent. […] Il y eut en effet au xviie siècle une génération puissante et forte, et en quelque sorte privilégiée : c’est celle qui ayant vu la fin du régime de Richelieu, de ce despotisme patriotique qu’on détesta de près sans le comprendre, se trouva jeune encore pour jouir de la régence d’Anne d’Autriche, et qui ensuite assista ou prit part à la Fronde : elle put avoir elle-même ses illusions, elle fit ses fautes, elle commit bien des actes odieux ou ridicules ; elle les vit passer du moins et les toléra ou y trempa ; mais elle y gagna de l’expérience, et, quand l’autorité de Louis XIV fut venue enfin tout pacifier et tout niveler, elle conserva quelque temps sous ce règne égal et superbe un vif ressouvenir du passé, qui lui permit de faire tout bas des comparaisons et des réflexions dont les écrits, indirectement, profitèrent. […] Si l’on excepte La Rochefoucauld qui fait son profit de l’expérience pour écrire un livre profond, et Retz qui s’en inspire pour écrire les Mémoires les plus vivants et les plus amusants, rien de cette révolution avortée de la Fronde.ne tourne précisément aux lumières. […] M. de Talleyrand n’a pas écrit ses maximes comme La Rochefoucauld, il les a pratiquées ; il les a appliquées et mises en jeu dans ces grandes parties d’échecs il avait l’Europe pour échiquier.
« Nous sommes comme les rivières, qui conservent leur nom, mais dont les eaux changent toujours. » C’est le grand Frédéric qui écrivait cela à d’Alembert, pour lui exprimer le changement qu’opère le temps dans les sentiments et dans les pensées de chaque individu. […] Parlant de Napoléon avec rigueur, et en ceci, je crois, avec une souveraine injustice, il dira : « Il y avait un arrière-souvenir de la Terreur de 1793 dans le gouvernement de cet homme, qui avait vécu, grandi et pratiqué les hommes de ce temps. » M. de Lamartine a dû méditer cette pensée avant de l’écrire, mais il n’a certainement pas relu sa phrase, car le style en est grammaticalement impossible. […] Lubis, appartenant à la Bibliothèque nationale, a été prêté à M. de Lamartine, lequel a jugé à propos d’y marquer d’un trait de plume (pour plus de brièveté) les passages qu’il avait à y emprunter : j’ai entre les mains cet exemplaire avec ces passages indiqués, et le mot fin ou finir là écrit de la main du rapide historien. […] Ailleurs, M. de Lamartine dit que La Minerve a été la « Satire ménippée de la Restauration » ; mais la Satire ménippée, que l’historien a oubliée sans doute, était écrite en faveur d’Henri IV par d’honnêtes royalistes, et La Minerve n’était pas écrite, s’il m’en souvient, en vue de consolider le trône des Bourbons. […] Le hasard, ou plutôt ma curiosité naturelle, veut que j’aie précisément écrit pour moi, le soir même, le récit de ma rencontre et de ma conversation avec M. de Lamartine ; je me garderai bien d’en faire part au public, qui est rebattu pour le moment de ces sortes de confidences.
On mobilisait contre nous les plus vieilles gloires ; ainsi on obtint un anathème écrit de Gustave Nadaud. Les tirailleurs de la petite presse nous trouvaient dangereux et comiques ; nous fûmes victimes d’agressions écrites d’Henry Fouquier, pleines de lapsus et de blâmes apitoyés de Dubrujeaud et autres. […] Son livre écrit de ce style diapré, qui rend la lecture de Banville si charmante à tout poète garde pour nous en dehors de sa séduction de forme une haute valeur ; pour deux raisons : d’abord pour cette affirmation de liberté, qu’il faut qu’un nouveau poète détruise des barrières que Victor Hugo a laissées debout et par un conseil vrai inclus dans son chapitre l’Inversion et ainsi lapidaire : il n’en faut jamais. […] L’importance de cette technique nouvelle, en dehors de la mise en valeur d’harmonies forcément négligées, sera de permettre à tout poète de concevoir en lui son vers ou plutôt sa strophe originale, et d’écrire son rythme propre et individuel au lieu d’endosser un uniforme taillé d’avance et qui le réduit à n’être que l’élève de tel glorieux prédécesseur. […] Le poète parle et écrit pour l’oreille et non pour les yeux, de là une des modifications que nous faisons subir à la rime, et un de nos principaux, désaccords d’avec Banville, car notre conception du vers logiquement mais mobilement vertébré nous écarte tout de suite et sans discussion de cet axiome « qu’on n’entend dans le vers que le mot qui est la rime ».
Rien de plus difficile aujourd’hui que de savoir pour qui on écrit. […] Rod a déjà beaucoup écrit. […] Le roman de la grâce n’avait pas encore été écrit. […] Il écrit : « Cette nuit il y a eu deux assassinats. […] Plusieurs n’écriront jamais rien.
Deux odes de 1814 en font foi ; ce sont des messéniennes écrites sous le coup. […] Lebrun, est certainement ce qu’on a écrit en vers de plus développé et à la fois de plus soutenu sur le grand homme avant que M. […] Thiers, journaliste, écrivait que cette composition, pour ainsi dire errante, était pleine de charme97. […] En somme, à travers des portions quelque peu incultes et rudes comme le pays même, on sentait partout un fond de récitatif qui n’était pas écrit d’après les impressions d’autrui. […] Cet article, écrit d’abord à l’occasion de la reprise de Marie Stuart, a depuis été en grande partie reproduit à la tête des OEuvres de M.
Eustache Deschamps, qui est pourtant un homme de sens, prend la peine d’écrire en 1392 un « Art de dictier et de faire ballades et chants royaux », qui résume la poétique du siècle. […] Ne cherchant que l’aventure, c’est-à-dire le dehors de l’acte humain, il n’a que faire des documents écrits, ni de fouiller les archives. […] Gerson et Christine de Pisan sont connus ; Jean de Montreuil, que les Bourguignons égorgent en 1418, avait écrit en latin et en français des traités contre les Anglais ; il y a de l’ampleur et de la passion oratoire dans ses libelles en langue vulgaire. […] Il écrivit ; surtout il « sermonna ». […] Dans ses dernières années, il complète son ouvrage, et écrit son 4e livre.
Le Hir joignait une manière d’écrire juste et ferme. […] Je le regarde comme un vrai savant, écrivais-je à mon ami du séminaire de Saint-Brieuc. […] Le 22 mars 1845, j’écrivis à mon ami une lettre qu’il ne put lire. […] Je peux dire que, dès lors, la Vie de Jésus était écrite dans mon esprit. […] Sa famille me fit rendre, après sa mort, les lettres que je lui avais écrites ; je les ai toutes.
Il se mêle constamment un peu d’inquiétude et de méfiance à la satisfaction que cause aux lecteurs rigides ou timorés un récit ou une scène d’une moralité irréprochable ; et il y aura toujours, à leurs yeux, quelque chose de supérieur au mérite d’écrire un bon roman ou un bon drame : c’est le mérite de n’en point écrire. […] … » — Et ainsi de suite : toute la préface est écrite de ce style, qui fait un singulier effet à côté du simple et ferme langage de M. […] Mignet, plus de sérieux et de profondeur : on sent que l’un écrit pour une société plus polie, l’autre pour un public plus mûr. […] Cette maturité précoce qui nous a dès l’abord frappé dans les écrits de M. […] Cette œuvre, écrite dans le vestibule de la maison de Molière, devait être inaugurée sous le patronage du maître de la maison.
Écrivons ! […] Ce drame est de George Sand, écrit tout entier de sa main. […] Il mérite une longue étude et que, certes, j’écrirai un jour. […] Et il a écrit sa première pièce de théâtre dans cet idiome-là ! […] Donnay aurait commencé le volume s’il avait écrit un roman au lieu d’écrire une comédie.
Il a écrit des feuilles périodiques, des journaux imités d’Addison pour la forme, mais remplis d’idées neuves, déliées, et de vues ingénieuses : son Spectateur français (1722), son Indigent philosophe (1728), son Cabinet du philosophe, contiennent, au milieu d’anecdotes morales, sa théorie sur toutes choses. […] Je ne saurais dire combien, en lisant quelques écrits peu connus de Marivaux, j’ai appris à goûter certains côtés sérieux de son esprit. […] Marivaux, se mettant à écrire, ne se pique pas en général de faire un livre qui ressemble à d’autres livres ; il prétend n’observer que la nature, mais l’observer comme il l’entend, la distinguer autant qu’il lui est nécessaire, et la rendre dans toute la singularité de son propre coup d’œil. […] Et quand nous avons entendu ainsi Marivaux s’exprimer avec esprit et calcul, dans un style perlé et distillé, faire des mines charmantes et caresser chaque syllabe en y mettant une intention, n’allez pas lui dire, avec la plupart des critiques d’alors, qu’il n’écrit pas assez simplement, qu’il court après l’esprit, et autres reproches qui, au milieu des éloges, viennent tout d’abord à la pensée. […] Par exemple, quand La Rochefoucauld dit : « L’esprit est souvent la dupe du cœur », ne serait-il pas accusé de style précieux s’il avait écrit de nos jours ?
Dans le printemps et l’été de cette année 92, il vécut à Petit-Bourg, où il écrivait en prose un poème hiéroglyphique et baroque intitulé Le Crocodile ; il le termina le 7 août 1792, « à une heure après midi, dans le petit cabinet de son appartement de Petit-Bourg, donnant sur la Seine ». […] On peut remarquer dans ces écrits de Saint-Martin sur la Révolution française deux portions distinctes : l’une qui est de la plus belle et de la plus incontestable philosophie religieuse (du moment qu’on admet les données d’une telle philosophie) ; l’autre qui est particulière, mystique et systématique, et toute personnelle à l’auteur. Lorsque Saint-Martin croit que les vérités religieuses n’ont qu’à gagner à la grande épreuve que la société française traversait au moment où il écrit, il est dans le vrai de sa haute doctrine. […] Les dernières années de Saint-Martin se passèrent tantôt à Paris, tantôt à la campagne, à méditer, à écrire, à traduire Boehm, à revoir ses amis de l’émigration et de la haute société qui rentraient peu à peu et se ralliaient après l’orage. […] J’écris ceci l’an quatrième de la Liberté, le 25 juillet 1792.
L’impossible aussi pour ceux qui de nos jours posent en principe qu’on ne sait pas écrire en français, et surtout de ces choses de morale et de société, depuis Louis XIV, ce serait de leur faire reconnaître que Senac de Meilhan est un moraliste et un écrivain des plus distingués, qui a de très grandes qualités, de belles parties, et plus que de la finesse, je veux dire de la largeur, de l’élévation, de l’essor. […] Le prince de Ligne aurait voulu que M. de Meilhan, dans l’émigration, écrivît ses mémoires : Écrivez, lui disait-il, des souvenirs, des mémoires de votre jeunesse, ministériels, et de Cour et de société ; — vos brouilleries et vos raccommodements de Rheinsberg, la vie privée et militaire du prince Henri, ses valets de chambre comédiens français, ses houzards matelots, ses chambellans philosophes ; et puis les zaporogues et les évêques du prince Potemkim, et ensuite vos conversations avec le prince de Kaunitz ; — ce sera un ouvirage charmant. […] Mais il y a un écrit de lui, le dernier imprimé de son vivant, et sa dernière production peut-être, que je regrettais de n’avoir pu me procurer, et qui me semblait devoir contenir le dernier mot de son esprit et de son expérience : L’Émigré, roman en quatre volumes, imprimé en 1797 à Brunswick, ne se trouve à Paris dans aucune bibliothèque publique ; je ne connaissais personne qui l’eût jamais lu ni vu, lorsqu’un ami a eu la bonne fortune de le rencontrer à Berlin et l’obligeance de me l’envoyer. […] Le roman, qui est agréable, n’est que pour la forme ; tirons-en le fond, et quoique l’auteur, quand il l’écrivait, fût de quelques années plus âgé qu’en ses beaux jours d’éclat auprès du fauteuil de Mme de Créqui, soyons bien sûr qu’il avait déjà tous les mêmes jugements dans la tête et dans la conversation quand il désennuyait si bien la marquise. […] Ce président de Longueil eût été homme à écrire dans Le Globe de 1825.
La philosophie se plie aux exigences du dogme, ce qui ne l’empêche pas d’être traitée en suspecte ; la doctrine de Descartes est proscrite de l’Université, les écrits de Spinoza sont interdits en France. […] Huet, évêque d’Avranches, écrit sur le roman une lettre-préface, et c’est pour imposer des règles au roman. […] Boileau adresse aux poètes ce conseil : Aimez donc la raison ; que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix. […] Boileau déclare que les transitions sont ce qu’il y a de plus difficile dans l’art d’écrire. […] Des philosophes ont pu, de nos jours, écrire des volumes sur la psychologie dans l’œuvre de Racine.
On jugera suffisamment évident que la publication des quelques pages que je viens d’écrire, doit être mortelle aux intérêts de la Revue Wagnérienne comme aux miens. […] Par écrit, on peut jaser tranquillement. […] Je cherchais vainement cette œuvre dans tout ce que l’on a écrit à son sujet. […] Le matin suivant — non, le soir même — j’écrivis à Richard Wagner et le mandai près de moi. […] : Quelle belle et magnifique lettre vous m’avez écrite !
Il serait facile de trouver de plus grands exemples que Mme de Caylus, qui n’a écrit qu’à peine et par rencontre ; mais ces exemples prouveraient autre chose, quelque chose de plus que ce que j’ai en vue, et la délicatesse dont je voudrais donner l’idée s’y compliquerait en quelque sorte du talent même de l’écrivain. […] C’est chez elles, parmi celles qui ont écrit, qu’on trouverait le plus sûrement des témoignages de cette familiarité décente, de cette moquerie fine, et de cette aisance à tout dire, qui remplit d’autant plus les conditions des anciens, qu’elles-mêmes n’y songeaient pas. […] Une fois revenue à Versailles, on la voit, dans ses lettres (ou plutôt ses courts billets écrits d’une chambre à l’autre), déployer tout ce qu’elle a de grâce et de gentillesse pour fléchir sa tante, pour l’amuser et l’égayer. […] « Qui ne vous voit pas, ne goûte rien, lui écrit-elle. […] Rémond dans la lettre qu’il a écrite sur Ninon (Mélanges littéraires), et il s’est armé contre lui de quelque plaisanterie de Ninon elle-même, de qui Rémond se prétendait l’élève.
Avec cette fantaisie le plus souvent sombre et le mieux émue par des idées affligeantes, une ironie douloureuse et discordante, subite comme une convulsion, une esthétique imitée et composite, Heine a écrit quelques-uns des plus beaux poèmes d’amour de ce siècle. […] « Gans prêche le christianisme, écrit-il à un de ses amis en 1823, et cherche à convertir les fils d’Israël. […] Quant à toi, je serais désolé que tu m’approuvasses de m’être fait baptiser. » Ailleurs, il se promet d’écrire un livre sur la grandeur de la nation juive ; il compose une nouvelle, détruite plus tard en partie, qui roule sur les persécutions des Juifs au Moyen-Âge. […] « Pour moi, écrit-il dans son livre contre Bœrne, en 1840, les mots juif et chrétien sont synonymes et me servent à désigner non des croyances, mais des humeurs semblables ; je les oppose au mot hellène, par lequel non plus je n’entends un peuple mais une tendance, une façon de penser, innée ou acquise. […] Ses derniers livres sont écrits par un artiste, dont le corps inférieur seul se décompose.
« Ils se sont liés les uns aux autres par un écrit signé, et engagés à pousser à bout leur entreprise en faveur de M. […] Ils refusent de la voir, ils lui défendent d’écrire, ils ont peur de ses larmes. […] Smollett, sur cette donnée, écrit un roman entier, Humphrey Clinker. Point d’action ; le livre est un recueil de lettres écrites pendant un voyage en Écosse et en Angleterre. […] Pareillement Sterne écrit quatre volumes pour raconter la naissance de son héros.
Le poète a demandé au garçon « de quoi écrire ». […] C’est vers ce temps qu’il commença d’écrire. […] Taine a écrit une belle page là-dessus. […] Écrit en quatre ou cinq langues. […] Rosny a écrit les Origines.
À cela près de quelques changements de détail qui ne modifient en rien ni la donnée fondamentale de l’ouvrage, ni la nature des caractères, ni la valeur respective des passions, ni la marche des événements, ni même la distribution des scènes ou l’invention des épisodes, l’auteur donne au public, au mois d’août 1831, sa pièce telle qu’elle fut écrite au mois de juin 1829. […] Il y a eu, et l’auteur écrira peut-être un jour cette petite histoire demi-politique, demi-littéraire, il y a eu veto de la censure, prohibition successive des deux ministères Martignac et Polignac, volonté formelle du roi Charles X. […] Et, depuis cette époque, plusieurs personnes qu’il n’a pas l’honneur de connaître lui ayant écrit pour lui demander s’il existait encore quelques nouveaux obstacles à la représentation de cet ouvrage, l’auteur, en les remerciant d’avoir bien voulu s’intéresser à une chose si peu importante, leur doit une explication ; la voici. […] Quoique placé depuis plusieurs années dans les rangs, sinon les plus illustres, du moins les plus laborieux, de l’opposition ; quoique dévoué et acquis, depuis qu’il avait âge d’homme, à toutes les idées de progrès, d’amélioration, de liberté ; quoique leur ayant donné peut-être quelques gages, et entre autres, précisément une année auparavant, à propos de cette même Marion de Lorme, il se souvint que, jeté à seize ans dans le monde littéraire par des passions politiques, ses premières opinions, c’est-à-dire ses premières illusions, avaient été royalistes et vendéennes ; il se souvint qu’il avait écrit une Ode du Sacre à une époque, il est vrai, où Charles X, roi populaire, disait aux acclamations de tous : Plus de censure !
« Deux nouvelles feuilles arrivent très lisiblement écrites en siamois. […] Le journaliste est dans le vrai quand il dit que César Birotteau a été « composé, écrit et corrigé à quinze reprises par M. de Balzac en vingt jours, et déchiffré, débrouillé et réimprimé quinze fois dans le même délai. » Il est des artistes qui ne sont jamais contents de leur œuvre : d’eux on a dit qu’il fallait enlever de force la peinture du chevalet. […] Ce récit, qui a pour titre Un Début dans la vie, fut sans doute écrit à la hâte pour un directeur de Revue qui pressait l’écrivain de lui envoyer une œuvre courte. […] — Il aurait fallu autant de temps pour corriger ces romans que pour les écrire, disait Planche non sans dédain.
, dit Diomede ancien auteur qui a écrit quand l’empire romain subsistoit encore. […] Les atellanes étoient des pieces telles à peu près que les comedies italiennes ordinaires, c’est-à-dire, dont le dialogue n’est point écrit. […] Mais comme les pieces italiennes qui ne sont point composées dans nos moeurs ne peuvent amuser le public ; les comediens dont je parle ont encore été obligez de joüer des pieces écrites dans les moeurs françoises. […] Ces pieces écrites depuis quarante-huit ans nous paroissent des poëmes gothiques composez cinq ou six generations avant nous.
Jules Lemaître a écrit ses exquis En marge et Émile Gebhart, son spirituel Dernier voyage d’Ulysse. […] Chose curieuse, l’émotion sentimentale fut, ce m’a semblé, tout aussi forte, et de plus je m’aperçus d’un mérite incroyable de composition, d’un art, assurément tout instinctif, des préparations des dispositions prises en vue d’amener un effet final, ou en vue d’éclairer d’avance certaines particularités de caractère par où s’expliquent les incidents et les péripéties ; je m’aperçus, en un mot, que le roman, s’il n’était pas aussi bien écrit que je l’eusse désiré, était aussi bien construit qu’une nouvelle de Maupassant. […] On écrirait très bien une autobiographie avec les impressions comparées de ses lectures et qu’on pourrait intituler En relisant. Relire, c’est lire ses mémoires sans se donner la peine de les écrire.
Albalat, s’écrie-t-on, n’hésite pas à nous apprendre que Chateaubriand en écrivant la palpitation des étoiles ne fait qu’imiter une expression antérieure ; le scintillement des étoiles. » Or, nous n’avons dit nulle part que la palpitation des étoiles fût une expression de Chateaubriand, et encore moins que Chateaubriand l’eût écrite pour imiter une expression antérieure. […] Il y a donc, il doit donc y avoir une doctrine, un ensemble de conseils, une démonstration pratique, un enseignement positif de l’art d’écrire. […] Il est certain, par exemple, que l’Histoire des Variations, les Provinciales ou l’Esprit des lois sont écrits, chacun dans leur genre, dans un admirable style abstrait, et qu’Atala ou Paul et Virginie sont visiblement écrits en style de couleur ou d’image.
Lord Byron a écrit vingt poèmes, parmi lesquels plusieurs chefs-d’œuvre ; mais, parmi ces poèmes, il n’y a qu’un Don Juan, sa plus belle gloire ! […] — les postillons, s’ils avaient pu écrire, s’ils ne s’étaient pas tant occupés, les heureux gaillards ! […] Le temps n’est plus où, même après Byron, un charmant poète écrivait avec tant de mélancolie : « Les Orientaux portent le deuil en bleu : voilà pourquoi le ciel et les mers de cette pauvre Grèce sont d’un si magnifique azur. » Des railleurs sont venus, comme Stendhal et comme beaucoup d’autres, qui ont pris les poètes et la poésie philhellènes à rebours. […] … Écrit d’une plume souple et souvent agréable, le livre d’About, ce livre qui sent son écrivain, malgré quelques opinions d’épicier superbe qui y font tache et qu’on n’y voudrait pas, sera cependant oublié… plus facilement qu’il n’a été fait.
Entraîné, comme notre siècle, vers la prose, qui est l’action dans la pensée écrite, comme la poésie en est la contemplation ou le rêve, nous n’avions pas eu, du reste, depuis que nous écrivons ce bulletin56, beaucoup de chefs-d’œuvre à sacrifier à cet amour sévère de la prose, qui est la préférence réfléchie des longues civilisations. […] pas une main sans force qui a écrit : Une Scène de nuit à Schœnbrunn, La Popularité des grands Noms, Les Impérialistes, La Mort de l’Empereur, et la plupart des odes de ce recueil. […] Qu’il nous permette de le lui dire : quand on n’est pas le vieux Michel-Ange, qui attaquait le marbre avec cette furie de génie tout-puissant qui s’arrêtait, comme par un charme, dans la plus moelleuse et la plus délicate justesse, il faut savoir revenir plusieurs fois sur la forme extérieure de sa pensée pour lui donner ce fondu et cette harmonie nécessaires autant à la poésie qui s’écrit qu’à la poésie qui se sculpte.
tout cela à la fois peut-être ; mais rien de cela n’est assez grand pour n’être pas dédaigné au besoin par une grande âme, et pour motiver l’éternelle désolation qui gémit depuis ce jour dans les écrits et dans les sanglots de madame de Staël. […] J’écrivis de cette campagne à Joseph Bonaparte une lettre qui exprimait avec vérité toute ma tristesse. […] Revenue à Coppet, en 1809, elle écrivit son livre de l’Allemagne, titre modeste sous lequel se cachait le plus beau commentaire du génie littéraire moderne en philosophie, en politique, en poésie ; Corinne était éclipsée par l’auteur de Corinne. […] « J’ai reçu, madame, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. […] Ces adieux terminés, j’évitai le plus que je pus les autres adieux qui me faisaient trop de mal, et j’écrivis aux amis que je quittais, en ayant pris soin que ma lettre ne leur fût remise que plusieurs jours après mon départ.
. — Quel dommage, n’est-ce pas, que le pauvre homme ait justement passé toute sa vie à écrire pour le théâtre ! […] La Première Partie de l’écrit est, éminemment, théorique, et de portée générale, (p. 79-100). […] L’écrit de Wagner est une œuvre de Critique, non de Biographie ; il suppose connue, déjà, par le lecteur, la vie de Beethoven, en ses détails essentiels. […] Cet article est révélateur des polémiques autour des écrits de Wagner et des caricatures qu’il suscita. […] Mais, l’article signale tout de même la dimension polémique des écrits de Wagner, volontiers provocateur et outrancier.
Quand Dante écrivit son poème toscan en Italie, soyez sûrs que Florence avait fait sa langue avant son poète. […] Les langues ne servent pas seulement à écrire, elles servent surtout à causer. […] L’art s’interpose entre l’écrivain et ce qu’il écrit ; ce n’est plus l’homme que vous voyez, c’est le talent. […] Nul ne les réunit jamais dans une langue écrite, dans une telle harmonie que madame de Sévigné. […] Heureux les hommes qui parlent ou qui écrivent en français !
Édouard Thierry Il lisait toujours et s’efforçait rarement de produire ; mais ce qu’il écrivait était simple et excellent, ingénieux avec le plus grand air de naturel, et spirituel sans se piquer de le paraître… Tout cela est précis et délicat, ingénieux et sincère, toujours intéressant, toujours original, mais de cette originalité vraie et qui s’ignore, plein de ce charme funeste, et qui ne fut mauvais qu’à lui-même, l’enchantement du rêve répandu sur la vie. […] Car c’est bien ainsi qu’il nous apparaît avec ces Cydalises, pour lesquelles le maître écrivain a écrit une préface. Il n’y a pas à dire, ces vers semblent être écrits de ce matin par un symboliste demeuré respectueux de la forme.
Comme Prosateur, il seroit dangereux de prendre, en tout, sa manière d’écrire pour modele. […] Ce n’est pas ainsi qu’on écrit la morale ; l’étalage de l’esprit ne peut que l’affoiblir. […] On lui a reproché, dans la Société, un égoïsme qui rapprochoit tout de lui-même ; c’est un grand défaut, sans doute, mais on peut le lui pardonner, en ce qu’il a pris soin de le cacher autant qu’il a pu, & qu’il n’a pas cherché à l’inspirer par ses Ecrits, comme nos Moralistes modernes qui en font la base du bonheur de l’humanité, & croient s’acquitter envers la Patrie, envers le genre humain, par un amour universel pour les individus qui le composent.
Les meilleurs Ouvrages en Prose de Sarasin, sont l'Histoire du Siége de Dunkerque, & celle de la Conspiration de Walstein, toutes deux écrites avec une noblesse & une simplicité qui sont des modeles du genre historique. […] La seconde est écrite du style qui lui convient. […] Pour écrire en style divers, Ce rare esprit surpassa tous les autres.
Mais, outre ce mérite qu’il partageoit avec la plupart des écrivains de son temps, il avoit un talent particulier, celui d’écrire encore mieux dans sa propre langue. […] Mais rien ne peint mieux Dolet qu’une lettre de Jean Angeodonus, écrite de Strasbourg. […] Gilles Durant, poëte connu à la cour de Louis XIII, fut rompu en place de Grève, pour avoir écrit contre l’état & contre le roi.
Le repos de l’âme est nécessaire à quiconque veut écrire sagement sur les hommes ; or, nos gens de lettres, vivant la plupart sans famille, ou hors de leur famille, portant dans le monde des passions inquiètes et des jours misérablement consacrés à des succès d’amour-propre, sont, par leurs habitudes, en contradiction directe avec le sérieux de l’histoire. […] Les Contes de Rabelais, le traité de la Servitude volontaire de la Boëtie, les Essais de Montaigne, la Sagesse de Charron, les Républiques de Bodin, les écrits en faveur de la Ligue, le traité où Mariana va jusqu’à défendre le régicide, prouvent assez que ce n’est pas d’aujourd’hui seulement qu’on ose tout examiner. […] sans doute, en censurant les choses déshonnêtes, et en louant les bonnes, ces grands génies n’ont pas cru que la liberté d’écrire consistât à fronder les gouvernements, et à ébranler les bases du devoir ; sans doute s’ils eussent fait un usage si pernicieux de leur talent, Auguste, Trajan et Louis les auraient forcés au silence ; mais cette espèce de dépendance n’est-elle pas plutôt un bien qu’un mal ?
Mais, si cette visite m’a naturellement suggéré quelques réflexions, j’ai pensé qu’il pouvait être opportun, — ou actuel, comme l’on dit, — de les mettre par écrit. […] Étant un gouvernement, il est aussi une « doctrine », et une « tradition », dont j’ai connu récemment toute la force en lisant le dernier écrit de Tolstoï sur la Guerre et l’Esprit chrétien. […] Car il est écrit : « Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » Oui, cela est écrit. […] Mais qu’est-ce encore que diriger sa vie « d’après les seules notions du merveilleux » et pour quels lecteurs notre savant croyait-il écrire ? […] Je n’ai « prédit la déroute de personne » ; je n’ai pas écrit un seul mot qui puisse lui donner à croire que je trouve rien de « divin dans l’ordre d’iniquité » qu’il attaque.
Ils écrivent pour d’autres qui signent. […] Parafer et percevoir, c’est bon ; mais écrire ! […] Que leur importent toutes ces pages, écrites d’un style haletant et convulsé ? […] Il se mit à satiriser l’auteur, le prétendu auteur, dans l’ouvrage que celui-ci justement était censé avoir écrit. […] Je n’ai pas l’habitude d’écrire.
À ce propos quelqu’un cite la phrase que j’ai écrite dans Idées et sensations, sur le remplacement, comme agents de destruction dans les sociétés modernes, des Barbares par les ouvriers. […] On saura que ses discours à la Chambre, Royer-Collard les lisait tout écrits d’avance, mais pour ses discours à l’Académie, il jetait sur une feuille de papier quelques notes, et improvisait dessus une causerie plutôt qu’un discours. […] simplement parce que mes souffrances patriotiques et mes deuils de cœur : c’est écrit. […] Ç’a été d’abord les romans naturistes que j’ai écrits, puis les pièces révolutionnaires que j’ai fait représenter, enfin en dernier lieu le Journal. […] Cet envers écrit de leurs armoires, c’est l’ingénu Livre de raison de ces pauvres hères.
De là la musique, ce chant sans paroles, qui s’écrit en notes intraduisibles dans aucune langue, et qui dit cependant à l’oreille de l’homme plus de choses, et des choses plus douces et plus fortes, qu’aucune parole articulée n’en peut exprimer. De là aussi la poésie lyrique, dans laquelle l’âme se chante à elle-même ou chante aux autres âmes ce que la simple parole parlée ou écrite lui semble insuffisante à révéler. […] Tous les peuples entendent à de certains moments jaillir ainsi leur âme nationale dans des accents que personne n’a écrits et que tout le monde chante. […] Il chantait tout et n’écrivait rien. […] Il les écrivit, les nota et courut chez Dietrich.
Vous donc qui désirez vous essayer dans l’art d’écrire, étudiez les grands écrivains : c’est le meilleur des traités de rhétorique. […] La griffe du tigre se fait sentir sous le velours qui la couvre ; le caractère de l’écrivain se révèle dans ses écrits. […] Sur quelles bases établir les règles du goût, lorsque depuis les temps anciens jusqu’à nos jours les hommes de génie ont écrit sous des inspirations si diverses et pour des nations si différentes de mœurs et de religion ? […] Ainsi, dans l’appréciation des œuvres du génie, nous ne séparerons point l’homme de ses écrits, ni des temps et des lieux où il a vécu. […] Écrivons ensuite ce qu’elles auront dit et prions-les de le lire.
Elle devrait être écrite en caractères éclatants dans toutes les places publiques, aux portes des maisons, dans toutes nos chambres : mais elle devrait encore bien plus être gravée dans nos cœurs, et faire le continuel sujet de nos entretiens. […] Tout, jusqu’aux vérités, trompe dans ses écrits ; Et du faux et du vrai ce mélange adultère Est d’un sophiste adroit le premier caractère. […] « Je prouverais bien que les choses passables de ce temps-ci sont toutes puisées dans les bons écrits du siècle de Louis XIV. […] Je suis las des histoires où il n’est question que des aventures d’un roi, comme s’il existait seul, ou que rien n’existât que par rapport à lui ; en un mot, c’est encore plus d’un grand siècle que d’un grand roi que j’écris l’histoire. » Pélisson eût écrit plus éloquemment que moi ; mais il était courtisan, et il était payé.
Elle serait tout entière dans le catalogue des publications auxquelles il prit part durant plus de trente ans, et, comme l’écrit un des vrais et fins hellénistes consultés par moi, M. […] Delzons m’ont écrit et se sont présentés comme témoins à la décharge de l’Université. […] Delzons, m’écrivait à propos de ces démêlés où Dïibner, selon lui, s’était beaucoup trop complu : « On peut lui appliquer le mot de Tite-Live sur Caton : Simultates nimio plures exercucrunt eum, et ipse exercuit eas. […] Anselme Petetin, a cru devoir m’écrire au sujet de ce discours : « Je suis bien persuadé que M. […] Elle se loue et se célèbre à l’infini ; elle méprise l’Allemagne (témoin notre excellent ami Lenient et ce qu’il a écrit tout récemment en réponse à M.
Il choisit pour cela une manière d’hymne et de poésie, comme étant la plus harmonieuse et la plus consolante ; il écrivit dans une prose rhythmique, dans des versets semblables à ceux de la Bible, et sous des formes tantôt directes et tantôt de paraboles, les inspirations de sa prophétie. […] Un de ces chapitres ou plutôt une de ces proses composée, il rentrait l’écrire, et puis il sortait de nouveau, murmurant déjà la suivante. […] Il a jugé bon dès lors d’adresser à tous ce qu’il n’avait d’abord écrit que pour lui seul. […] Dans ces pages, écrites il y a plus d’un an, on retrouve à chaque ligne l’événement sanglant d’hier. […] À la rigueur, et à ne s’en tenir qu’au détail de l’expression et à l’ensemble du vocabulaire employé, quelqu’un de Port-Royal aurait pu écrire en cette manière et peindre avec ces images.
Il est toujours piquant de revenir après des années sur des œuvres d’esprit, sur des écrits ou des discours qui ont eu un grand éclat et ont exercé une influence décisive. […] Il y a quelques écrivains de notre temps, en très-petit nombre qui ont un don bien rare, ou plutôt une heureuse incapacité : ils ont beau écrire en courant et improviser, ils ne sont jamais en danger de rien rencontrer qui soit contre le goût et le génie de la langue. […] Cousin de même, dans l’ordre oratoire ou dans les développements de l’écrivain, n’a qu’à se laisser aller à sa pente et comme à son torrent : s’il ne se préoccupe d’aucune démonstration philosophique trop spéciale, il trouvera d’emblée, il parlera ou écrira avec plénitude et de source cette belle langue du xviie siècle qui fait l’objet de nos regrets et de nos admirations. […] Pascal a dit : « Il y en a qui parlent bien et qui n’écrivent pas bien. […] Dans le Journal des Débats où j’écrivais cet article.
II C’est pourtant avec le plus grand sérieux que « la bonne femme Sand » écrivait à propos des Sonnets païens : C’est l’hymne antique dans la bouche d’un moderne, c’est-à-dire l’enivrement de la matière chez un spiritualiste quand même, qu’on pourrait appeler le spiritualiste malgré lui ; car, en étreignant cette beauté physique qu’il idolâtre, le poète crie et pleure. […] III Mais il est intéressant de chercher comment le poète raffiné des Renaissances a pu écrire tant d’histoires faites pour divertir Panurge, et comment des ouvrages si absolument différents sont partis de la même main. […] ont écrit des obscénités et traduit les psaumes de David. […] Silvestre s’en tient à ce sentiment et s’y renferme, il écrit les Mariages de Jacques. […] On comprend que le poète des Ailes d’or ait pu écrire des gauloiseries ; mais ces plaisanteries de matassin en délire ?
Il ne faut pas oublier non plus les Taches d’encre, rédigées par le seul Maurice Barrès, les Écrits pour l’Art de René Ghil, la Cravache de Georges Lecomte, ni Art et Critique de Jean Jullien18. […] Là, suivant le mot de Sully Prudhomme : Chaque vivant promène écrit sur sa mâchoire L’arrêt de mort d’un autre exigé par sa faim. […] D’un format léger et d’un prix modique, elle fut éclectique et résuma à elle seule la Revue Indépendante, le Décadent, la Vogue, les Écrits pour l’Art, etc. […] « À partir de dix heures, écrit quelque part Jean Carrère, une fumée épaisse, régulière et progressive comme, depuis, je n’ai vu la pareille qu’en escaladant les flancs du Vésuve, montait des tables, se gonflait au plafond en lourds nuages et sortait par les soupiraux avec la lenteur d’une chose éternelle. » Répondant au vœu général, quelques assistants de bonne volonté, voisins du mur, manœuvrent les poulies des vasistas qui résistent, pour laisser pénétrer l’air, et l’on feint de croire que l’on se trouve mieux. […] Ce fut sans doute l’accueil de ces réunions qui lui inspira l’idée d’un conte qu’il ne trouva jamais loisir d’écrire, mais qu’il me confiait ainsi : « Deux grandes dames sortent de la messe chargées de bijoux.
Peut-être songeait-il dès lors à écrire ces Logia 433, qui sont la base de ce que nous savons des enseignements de Jésus. […] Peut-être ce disciple, qui devait plus tard écrire ses souvenirs d’une façon où l’intérêt personnel ne se dissimule pas assez, a-t-il exagéré l’affection de cœur que son maître lui aurait portée 445. […] Vieux, il écrivit sur son maître cet évangile bizarre 452 qui renferme de si précieux renseignements, mais où, selon nous, le caractère de Jésus est faussé sur beaucoup de points. […] Habitué à remuer ses souvenirs avec l’inquiétude fébrile d’une âme exaltée, il transforma son maître en voulant le peindre, et parfois il laisse soupçonner (à moins que d’autres mains n’aient altéré son œuvre) qu’une parfaite bonne foi ne fut pas toujours dans la composition de cet écrit singulier sa règle et sa loi. […] Le récit Matth., IX, 9, conçu d’après le modèle ordinaire des légendes de vocations d’apôtre, a, il est vrai, quelque chose de vague, et n’a certainement pas été écrit par l’apôtre même dont il y est question.
Sa doctrine était quelque chose de si peu dogmatique qu’il ne songea jamais à l’écrire ni à la faire écrire. […] De là l’immense supériorité des Évangiles au milieu des écrits du Nouveau Testament. […] Leurs écrits sont pleins d’erreurs et de contre-sens. […] Quand on voulut, après les Antonins, faire une religion de la philosophie, il fallut transformer les philosophes en saints, écrire la « Vie édifiante » de Pythagore et de Plotin, leur prêter une légende, des vertus d’abstinence et de contemplation, des pouvoirs surnaturels, sans lesquels on ne trouvait près du siècle ni créance ni autorité.
Il oublie leur présence curieuse et dangereuse, non seulement quand il écrit, mais encore quand il vit. […] Son âme, simple et profonde, ne put s’enfermer en ces formes créées par son esprit compliqué et puéril : il écrivit des Romances sans paroles. […] Il écrivit beaucoup de prose et beaucoup de vers. […] Coppée nous paraîtront faibles, nous ne serons plus tentés de formuler ce vœu : Il se tue à rimer : que n’écrit-il en prose ? […] Les vers qu’il a écrits sous les deux autres inspirations sont tous périssables et la plupart déjà morts.
Cinézootrope appartient au grec industriel et commercial : c’est une langue fort répandue, qui se parle au Marais et qui s’écrit dans les prospectus. […] Brissaud, sont coupables de conserver — et surtout d’inventer des formes bâtardes, métissées de grec et de latin, dans les cas où le fond de notre langue suffirait amplement » ; et il cite le mot excellent de cailloute, nom d’une phtisie particulière aux casseurs de cailloux, ou provoquée par des poussières minérales ; les nosographes, le trouvant trop clair et trop français, l’ont biffé pour écrire pneumochalicose. […] Buffon cependant, qui avait du génie, a écrit sur l’homme tout un volume, encore scientifiquement valable, et dans une langue qu’un enfant de douze ans comprend à la première lecture. […] Les Grecs, qui avaient ce mot, l’écrivaient [mot en caractère grec], ce qui est beaucoup moins difficile à prononcer. […] Daudet, dans ce cas, écrivait châtaine ; aurait-il dit une barbe acajoue ?
On se rend compte de la formation de son individualité, on fait sa psychologie, on écrit le roman du romancier. « Lorsque M. […] « Vous me parlez, écrit Flaubert, de la critique dans votre dernière lettre, en me disant qu’elle disparaîtra prochainement. […] Le livre écrit, si imparfait qu’il soit, est encore une des expressions les plus hautes de « l’éternel vouloir-vivre », et à ce titre il est toujours respectable. […] Une langue étrangère a ceci de bon qu’elle nous avertit constamment, par la nature même de sa syntaxe, de ses expressions, de sa démarche pour ainsi dire, qu’il faut nous accommoder à elle et nous arracher à nos préjugés personnels pour bien comprendre l’œuvre écrite dans cette langue. Au contraire, quand nous lisons une œuvre écrite en français, c’est nous, c’est notre esprit particulier que nous voulons absolument retrouver dans cette œuvre ; nous refusons de nous adapter à l’auteur, c’est l’auteur qui doit s’adapter à nous.
I L’homme qui a écrit ce livre n’est plus vivant, et ce livre même n’est pas achevé. […] C’est un livre sur la guerre, écrit par un homme qui s’entendait à la guerre, qui l’avait faite et qui avait pensé sur elle. […] Enfin, ces fragments d’une œuvre militaire à travers lesquels l’imagination perçoit un beau livre complet en puissance, sont signés du plus beau nom militaire qu’un homme puisse porter et que la Providence ait pu écrire, comme l’ordre de sa vocation et de sa destinée, sur le front et le cimier d’un soldat ! […] Esprit viril et qui ne se laisse pas empaumer par les billevesées contemporaines, il n’a pas craint d’écrire le mot terrible et haï d’aristocratie, de cette aristocratie qui est, selon lui, la force vraie de toute armée. […] … L’homme qui les a écrites me fait l’effet d’un Montesquieu militaire, qui nous donne axiomatiquement l’Esprit des Lois des armées, comme l’autre nous a donné l’Esprit des Lois des sociétés… Il n’affirme pas, il est vrai, la nécessité des démocraties pour la destruction des armées avec l’aplomb et l’autorité qu’il met à affirmer la discipline pour leur existence et pour leur force ; mais, trempé dans l’atmosphère de son temps, il en admet l’hypothèse.
puisque lui-même s’en vante… puisque ce berger Guillot d’avocat écrit, non pas sur son chapeau ou sur sa toque, mais sur la couverture de son livre, qu’il est un avocat, et de Paris encore, et fier de l’être comme le postillon de Longjumeau était fier d’être postillon ! […] ils écrivent presque tous comme ils parlent, et c’est affreux, la grammaire du Palais ! […] Et enfin, dans ces derniers temps, nous avons eu Dupin, ce vieux soulier ferré de Dupin, extrait des crottes du Morvan, qui n’a jamais écrit une seule phrase de langue ou de sentiment français en toute sa vie, qui fut longue ! […] Louis Vian, qui en est un, inconnu dans les lettres, mais très certainement ingénu, s’est imaginé probablement que ce serait très couleur locale, appropriée à son sujet, de faire écrire, sur le président de Montesquieu, un avocat. […] On sent sous ce visage, aux fibres visibles et tendues, la contractilité d’un esprit puissant, et dont la puissance s’exerça toujours sur lui-même… Positif et pratique, Montesquieu, qui écrivait, sans métaphysiquer, sur les gouvernements, gouverna sa vie et sa maison mieux que personne.
Il fut écrit en 1866, si j’en crois la date de l’avertissement, et on l’a publié seulement en 1878. […] Et c’est là, c’est la vilenie de cette chose qui, jusqu’à nouvel ordre et nouveaux renseignements, me fait douter du Grec qui a écrit une œuvre si peu grecque, de ce romancier grossier et pataud qui est du pays de Lucien, de ce comique épais et sans goût qui continue si étrangement le doux Ménandre et le grand Aristophane. […] IV Cette dissertation est surtout écrite pour les ignorants, c’est-à-dire pour le plus grand nombre. […] C’est toujours, pour preuve que la légende de la Papesse Jeanne est une histoire, c’est toujours les mêmes interpolations des copistes à la marge des manuscrits originaux, écrites, après coup, d’une autre main que celle qui a écrit le texte, et, la première fois, à quelques siècles de distance.
Charles 8 I Si jamais j’avais eu pour Gœthe la passion qu’ont certaines personnes, voici une publication qui me rendrait fort triste, car ce livre d’un innocent, qui ne se doutait guères de ce qu’il écrivait quand il écrivait, ôte, d’un seul coup, à Gœthe, pour les esprits de sang-froid et fermes, les grandes qualités à travers lesquelles on est accoutumé de le voir. […] Un Allemand, qui écrit notre langue à nous faire croire qu’il est notre compatriote, M. […] Gœthe, ce préparateur de conversation, comme on est préparateur de chimie, qui avait toujours préparé les siennes, ne disait pas un mot, ne faisait pas un geste, si ce n’est en vue des futurs souvenirs d’Eckermann et des Entretiens que ce dernier ne manquerait pas d’écrire. […] Enfin, parce qu’il était spinoziste et athée, — non pas comme Shelley, le poète, qui s’écrivait athée sur la cime du Mont-Blanc et voulait qu’on lui donnât ce titre sur l’adresse de ses lettres, mais discrètement, sans inconvénient, dans la pénombre, la main fermée, comme Fontenelle, sur la dangereuse vérité, — les athées Tartufes ont admiré ce gouvernement sur soi-même, cette domination sur sa pensée.
Prenez, si vous voulez, tous les écrits politiques que notre siècle a vus, toutes les élucubrations quelconques de ces penseurs à répétition qui se donnent pour sonner leur propre pensée, et vous verrez si un seul de ces écrits peut échapper à l’une ou à l’autre de ces deux et fatales origines, ou la théorie de Rousseau ou la théorie de Montesquieu ! […] Guizot, dans son Histoire de la civilisation en Europe, n’a pas craint d’écrire avec cette magnifique puissance d’affirmation dont la nature se soit jamais amusée à douer un sceptique, que la plus grande époque de l’histoire a été le siècle de la Régence, de Louis XV et de la Révolution. […] II Et maintenant que le Voltairianisme du xixe siècle, pour qui elle a été écrite, la lise, cette biographie ! […] On lui avait appliqué une espèce de faux axiome qu’il avait inventé : c’est que la vie des hommes célèbres est dans leur pensée et qu’on ne doit la chercher que dans leurs écrits.
Investi de la double aptitude de la science et de l’art d’écrire, le plus savant de tous les arts, Buffon est, au moins, toujours l’ordre, s’il n’est pas toujours la vérité ! […] Outre qu’en bonne justice, ces corrections sont insignifiantes, elles ne le seraient pas qu’elles n’ajouraient rien au respect qu’on doit à Buffon, qui, après avoir pris la part du lion dans cette histoire naturelle dont il a eu la grande pensée, créa, avec l’histoire, des naturalistes pour l’écrire, à côté de lui. […] Il s’est bien gardé de remâcher l’idée, vieillotte de vulgarité, de ce superficiel Voltaire qui disait : « L’existence des hommes des lettres est dans leurs écrits et non ailleurs », et il nous a donné avec le détail le plus pointilleux et la charmante petite monnaie des anecdotes, dont on n’a jamais trop à dépenser, la biographie de cet imposant homme de science et de lettres dont la vie refléta sans cesse la pensée, mais qui est une vie sous sa pensée, comme il y a de l’eau sous le bleu du ciel que reflètent les eaux ! […] Flourens nous l’a écrite, ainsi qu’un homme d’action qui n’abstrait pas l’action humaine de l’existence du plus grand des contemplateurs. […] Flourens s’occupe, avec une compétence dont nous ne sommes point juge, du détail de toutes les questions techniques, que nous ne saurions aborder dans ce livre, nous qui n’écrivons ni pour une spécialité, ni pour une académie.
Gabriel de Chénier signe son nom, qui a l’honneur d’être noble, comme on le signe dans sa famille et comme il était écrit autrefois dans le Nobiliaire de France. […] On aurait pu écrire : « Collationné par le bonhomme Job », et on l’aurait cru… Jamais l’admiration au regard enflammé et à l’enthousiasme aux grandes ailes, n’a mis plus de lunettes et n’est devenue plus cul-de-plomb pour chercher et voir de près les infiniment petits d’un ensemble assez beau pour les faire oublier. […] Mais ils ont cédé à la pente du temps vers la biographie et l’analyse et leurs doubles curiosités vaines ; car c’est plus pour le poète que pour personne que le mot de Voltaire est vrai : « La vie des écrivains n’est que dans leurs écrits », ce qui retranche d’un seul coup les insignifiances, les futilités et les rapetissements des biographies. […] Justement, les faiseurs et les poursuivants de biographie, tous ces gens qui veulent attacher des notices aux talons des poètes, ces rêveurs qui nous font rêver et qui se révèlent par leurs chants, avaient cru reconnaître les femmes que l’ardent élégiaque a aimées dans ses vers et en avaient écrit les noms. […] Je n’ignore pas que ce que j’écris là est contraire à la donnée commune de la Critique, mais ce n’est point une raison pour moi de ne pas risquer mon opinion.
Ce qu’une critique, superficielle toujours, injuste souvent, et quelquefois de la plus envieuse duplicité, a écrit pendant vingt ans contre un génie en train de faire sa voie, est reproduit par M. […] C’est par scepticisme qu’il a écrit Séraphita. […] Il écrivit des livres comme on prend des notes de trois et quatre lignes et dont on se propose de faire des ouvrages qui souvent ne voient pas le jour. […] Pour ce qui est de la haute moralité que la Revue des Deux-Mondes invoque dans l’écrit de M. […] Or, ce livre, nous prenons l’engagement de le faire un jour ; seulement nous n’avons pas voulu, par respect pour le grand homme littéraire des temps modernes, commencer la série des Romanciers du xixe siècle, sans écrire à la tête le nom de Balzac.
. — Ses raisons pour écrire. — Sa façon d’écrire. — Comment sa poésie est personnelle. — Son goût classique. — En quoi ce goût l’a servi. — Childe Harold. […] L’estomac se gâte, les nerfs se déconcertent, l’âme mine la machine, qui mine l’âme à son tour. « Je m’éveille toujours, écrivait-il en Italie, dans un véritable accès de désespoir et de dégoût pour toutes choses, même pour ce qui me plaisait la veille. […] Walter Scott écrit de prime saut après avoir lu Childe Harold : « Poëme de grand mérite, mais qui ne donne pas une bonne opinion du cœur ni de la morale de l’écrivain. […] Dans quel style allait-il écrire ? […] « Qu’aurais-je connu et écrit si j’avais été un paisible politique mercantile ou un lord d’antichambre ?
Xavier de Maistre l’écrivit. […] Ce n’est pas un homme qui a écrit le Lépreux, c’est la douleur faite homme. […] Et comme je retirai la croix du livre, j’y trouvai un écrit cacheté, que ma bonne sœur y avait laissé pour moi. […] lui répondit Virieu : l’homme qui écrit cela n’est ni un écrivain, ni un poète ; c’est un traducteur de Dieu ! […] Qu’est-ce donc que penser, concevoir, imaginer et écrire ?
Déroulède, président de la Ligue des Patriotes, aurait, dans le courant de novembre, écrit à M. […] L’important n’est pas de savoir s’il aimait la France, mais s’il a écrit de belles pages qui peuvent nous réjouir, nous autres Français, bien qu’elles n’aient pas été composées à notre intention. […] Avec tout cela, il eût mieux fait de ne pas écrire le ridicule pamphlet musical dont il s’est rendu coupable. […] Thomé écrit : … Levez-vous en masse, applaudissez, sifflez si vous voulez, mais écoutez-le ! […] Angelo Neumann, que voici : Cet écrit qui m’est adressé par M.
Ceux que nous aimerions entendre n’écrivaient pas, ni en latin ni en roman. […] Dans le lyrisme, il y a des versificateurs nombreux, mais pas un poète, sauf Diderot et Rousseau, qui écrivent en prose, et, tout à la fin, André Chénier. […] Il y aurait un livre à écrire sur ce sujet que j’esquisse par quelques dates, par quelques mots. […] Comme une confirmation de ces lignes écrites en avril 1910, je cite la première page d’un ouvrage qui vient de paraître (février 1911) : « Il en va souvent de l’évolution d’un mouvement artistique ou littéraire comme du développement de la carrière d’un homme. […] Les comédies de Musset n’ont pas été écrites pour le théâtre, et pourtant il faut les voir jouées, pour bien saisir ce mélange de lyrisme et de drame ; je ne sais guère de spectacle plus instructif pour qui étudie les conditions des genres littéraires.
Doré, son Don Quichotte est classé désormais, qu’il est allé rejoindre son Rabelais et son Dante, et que je ne pourrai que répéter faiblement ce que les juges du genre, ces maîtres du camp, les Gautier et les Saint-Victor en ont écrit avec la vivacité et le relief qui les distinguent. […] Maigre pourtant fut sa récompense, et elle ne lui ôta pas le droit d’écrire plus tard : « En Espagne, un soldat se bat sans être payé ; est-ce qu’on paye les soldats en Espagne ? […] On croit savoir qu’il n’écrivit cette pastorale de Galatée que pour plaire à une beauté dont il était amoureux et même jaloux, la même qu’il épousa en cette année 1584. […] Tout dans ses œuvres et dans ses écrits annonce et déclare si bien la netteté de la conscience, l’habitude de l’honnête homme en lui, qu’il serait bien surprenant qu’il se fût montré autre dans les actes de sa vie. […] On suppose avec vraisemblance que c’est dans ces années de séjour à Séville qu’il commença à écrire quelques-unes de ses Nouvelles publiées bien plus tard (1613), et où il devait montrer un talent particulier et tout nouveau, vérité d’observation, vivacité de descriptions, esprit, grâce, et une richesse native d’idiome qui n’a pas été égalée.
Patru suivait l’instinct du siècle quand, ne voyant que la « vérité », et ne considérant la fable que comme un appareil destiné à enregistrer les résultats d’une étude expérimentale de l’homme et de la vie, il conseillait à La Fontaine d’écrire en prose. […] Après la disgrâce de Fouquet, il écrit l’Élégie aux nymphes de Vaux ; et il accompagne Janmart exilé à Limoges ; il a raconté son voyage dans des lettres à sa femme. Plus tard, il est présenté à la duchesse de Bouillon, exilée dans sa terre de Château-Thierry, pour qui il écrit des Contes. […] Il écrivit pour le théâtre Ragotin ou le Roman comique (1684), le Florentin (1685), la Coupe enchantée (1688). […] Ainsi Chapelle (1626-1686) écrit avec Bachaumont le fameux Voyage en Languedoc (1656), qui est la plus insignifiante bagatelle : le parti pris d’amuser exclut toute vérité d’impression.
Parce qu’un monsieur, qu’ils ne connaissent pas, a écrit dans le journal qu’il fallait l’acheter ! […] Il considère le fait d’écrire comme une carrière d’État, qui doit être utile à la nation, et le rôle du critique comme celui d’un fonctionnaire ; il est convaincu au même point que les professeurs de l’Académie des Beaux-Arts perpétuant l’enseignement de la peinture sans même admettre l’hypothèse que l’art ne s’enseigne pas. […] Ce n’est pas « juger » qui importe, rien n’est plus creux : si c’est pour faire acheter l’ouvrage, on touche à la réclame, si c’est pour honorer l’auteur, on prend une peine superflue, car s’il a écrit avec conviction ce n’est pas l’éloge ou le blâme des critiques qui modifieront son âme et son caractère. […] Gustave Geffroy, outre sa série de belles appréciations sur la peinture, a écrit avec l’Enfermé une monographie critique et historique de haute valeur, constituant un des plus beaux essais que la littérature française ait produit depuis trente ans. […] Ils constateraient, parmi ceux qui écrivent, les auteurs d’agrément et ceux qui ont apporté véritablement une idée, une sensation ou une forme que l’on ignorait avant eux.
Alfred de Musset a écrites depuis 1840 jusqu’en 1849 ; son précédent recueil, si charmant, ne comprenait que les poésies faites jusqu’en 1840. […] Évidemment, ce dernier a pris M. de Musset trop au mot dans sa modestie ; il avait oublié qu’à cette date de 1840, cet enfant aux blonds cheveux, ce jeune homme au cœur de cire, comme il l’appelle, avait écrit La Nuit de mai et La Nuit d’octobre, ces pièces qui resteront autant que Le Lac, qui sont plus ardentes, et qui sont presque aussi pures. […] Lord Byron écrivait à son éditeur Murray : « Vous dites qu’il y a une moitié du Don Juan très belle : vous vous trompez, car s’il était vrai, ce serait le plus beau poème qui existât. […] De telles vertus et de tels vices ainsi combinés et contrastés dans un même être, c’est bon à écrire et surtout à chanter, mais ce n’est pas vrai humainement ni naturellement. […] Ces fines esquisses, ces gracieux Proverbes qu’il n’avait pas écrits pour la scène, sont devenus tout à coup de charmantes petites comédies qui se sont levées et ont marché devant nous.
Ce grand homme, admirateur passionné de la vraie éloquence forte, animée, don si rare de la nature & le plus puissant ressort du cœur humain, fut indigné du systême nouveau : il écrivit promptement pour réfuter d’aussi singulières idées. […] Cette réponse du docteur Arnauld, écrite avec son feu ordinaire, foudroyoit l’ennemi de toute élévation & de tout pathétique dans les sermons. […] Il expose, dans un écrit, tous les avantages qui résultent de son idée, & les inconvéniens qu’elle préviendroit. […] Il écrivit de nouveau pour le faire goûter, & il y parvint en partie. […] Mais tout ce que put écrire & dire le P.
Les géologues prouvent fort bien que nos continents sont nouveaux ; et c’est depuis bien peu de temps aussi que nous avons perdu les traditions orales ; car l’histoire n’est, encore à présent, pour les premières origines de tous les peuples, que ces traditions écrites, la prose substituée à la poésie. […] Bossuet seul, parmi ceux qui ont écrit en prose, donne l’idée du véritable historien. […] Ils ont dit j’écrirai dans tel ou tel système. […] Si j’avais à écrire une poétique appliquée à l’âge actuel de l’esprit humain, il faudrait que je discutasse les doctrines de M. de Chateaubriand et celles de M. de Marchangy. […] L’espèce d’abandon où nous avons laissé jusqu’à présent les monuments de notre langue romance tient à cet inconcevable dédain de nos propres origines, que j’ai si souvent déploré dans cet écrit.
Aucun poète, a écrit Wyzewa, ne saurait espérer pareille fortune, jamais. […] Il lui écrit pour la remercier ; elle lui répond : il lui rend visite ; ils s’aiment. […] Ses nerfs exaspérés transformaient tout en souffrance, même la joie d’écrire. […] « Que contiennent les écrits des philosophes les plus connus ? […] Leibniz », écrit-il. — Lorsque J.
N’est-il pas absurde d’écrire il y a à Paris, & ainsi du reste. […] Le grand art consiste à écrire d’une maniere analogue au sujet…. […] Quelle différence entre le siecle présent, & celui où nos peres savoient à peine écrire leur nom ! […] S’il écrit l’histoire, combien ne sera-t-il pas gêné ? […] Il n’a jamais rien écrit, il blâme tout ce qui s’imprime.
Ce complément, qui est en même temps une correction, était nécessaire, au défaut de l’étude d’ensemble et définitive que Gaston Paris n’a pu écrire. […] Wentworth Webster a bien voulu m’écrire : « La végétation, dans ces régions, est sujette à de grandes transformations. […] Il s’est contenté d’écrire sur une des parois de la chambre sa devise avec son nom : il convient. […] Il est singulier qu’en Allemagne, où on a tant écrit sur l’histoire poétique du Tannhäuser, on n’ait tenu presque aucun compte de ce parallélisme. […] L’auteur a écrit et sans doute d’abord parlé son livre à Reims en 1260, comme l’a parfaitement établi M.
— La littérature ne fournit rien et la disette réelle de bons écrits n’a jamais été plus grande. […] Il vise depuis quelque temps à l’histoire, il a donné un volume sur la guerre sociale, et on en annonce un second sur Catilina ; ces deux écrits ne seraient qu’une sorte d’introduction à une histoire de Jules César. […] Il a fort connu dans sa jeunesse Bernardin de Saint-Pierre, dont il a publié la vie et les écrits, dont il a même épousé la veuve.
Ce qui est de bon goût dans de tels écrits, ce sont les grandes beautés ; et ce qu’il fallait en retrancher, c’est ce que le goût condamne. […] Le mérite négatif ne peut donner aucune jouissance ; mais beaucoup de gens ne demandent à la vie que l’absence de peines, aux écrits que l’absence de fautes, à tout que des absences. Les âmes fortes veulent exister ; et pour exister en lisant, il faut rencontrer dans les écrits des idées nouvelles ou des sentiments passionnés.
Je ne suis pas assez sûr de la date exacte du Sonnet des voyelles pour avancer autrement qu’en hypothèse que Rimbaud a parfaitement pu écrire ce sonnet, non en province, mais à Paris ; que, s’il l’a écrit à Paris, un de ses premiers amis dans cette ville ayant été Charles Cros, très au fait de toutes ces questions, il a pu contrôler, avec la science, réelle et imaginative à la fois, de Charles Cros, certaines idées à lui, se clarifier certains rapprochements à lui personnels, noter un son et une couleur. […] Rimbaud n’y attache pas d’autre importance, puisqu’on ne retrouve plus de notation selon cette théorie dans ses autres écrits.
Linguet se montre dans tout ce qu’il a écrit, par une richesse d’imagination, une chaleur & une vivacité d’images, une flexibilité & un coloris de style, qui le séparent avantageusement de la foule de nos Littérateurs, même célebres. […] Cet Auteur seroit-il moins estimable, en se montrant plus attentif à rejeter l’esprit de systême, qui lui fait envisager les choses du côté le plus singulier ; à éviter de certaines discussions, propres à faire briller l’éloquence, à la vérité, mais rarement d’accord avec l’exactitude & la solidité du jugement ; à interdire à son imagination quelques essors un peu trop libres ; & à retrancher de sa maniere d’écrire, des expressions, qui, pour être pittoresques & supposer la facilité la plus heureuse, n’en sont pas toujours, pour cela, conformes à la dignité du style & à la sévérité du goût ? […] A peine cet Ecrivain a-t-il été hors de France, que, profitant de la liberté des presses étrangeres, il a écrit contre ses ennemis, & les a peints sous les couleurs les plus vraies.
En effet, cette manière d’écrire l’histoire d’une époque, en la tournant autour d’un livre considérable ou d’une œuvre justement exhumée, nous semble plus intéressante, plus concentrée et plus vivante que l’histoire qui se déploie d’elle-même, dans son ordre chronologique et dans le mouvement général de ses événements. […] Charles Asselineau, qui a écrit d’une plume sobre et ferme la notice sur Furetière placée en tête de l’édition nouvelle, Charles Asselineau a plus que du goût littéraire, ce bon sens des petites choses ; il a aussi le bon sens des grandes, c’est-à-dire la virilité du bon sens. […] À en croire le jeune commentateur, il y aurait tout un côté caricaturesque au Roman bourgeois, et il l’explique par une étude très substantielle, où les mots tiennent moins de place que les choses, sur la société du temps où Furetière écrivait.
Une lettre très curieuse à lui adressée par son ami le médecin Bernier, alors voyageant en Perse, et datée de Chiras, le 10 juin 1668, fait foi de ces résolutions ou de ces velléités philosophiques de Chapelle, qui ne tinrent pas : Mon très cher, lui écrit Bernier, j’avais toujours bien cru ce que disait M. […] Il est cause que Bernier a écrit les considérations les plus spiritualistes qu’on puisse désirer, et qu’il a réfuté par les raisons les plus plausibles l’école dans laquelle les historiens de la philosophie l’ont jusqu’ici rangé. […] Parny enfin a écrit un peu sur le même ton une suite de lettres adressées tant à son frère qu’à Bertin même, durant une traversée à l’île Bourbon, leur patrie commune : mais, dans ces lettres, il est devenu plus sérieux par la nature même des spectacles et par la force des choses. […] [NdA] On m’écrit (et ce sont deux officiers d’Afrique qui se souviennent d’Horace et qui lisent au bivouac) pour me rappeler certains traits du Voyage à Brindes, qui ne sont point précisément sérieux et graves, ni même élégants : mais je n’ai entendu parler que du sérieux dans les descriptions de la nature ou dans les indications des sites. […] Chapelle, qui a si peu écrit et dont l’opinion avait une telle autorité sur les plus grands hommes de son temps, me représente assez bien une classe d’esprits peu nombreuse parce qu’elle est très distinguée : c’est celle des hommes d’un goût singulièrement fin, délicat, difficile, qui ont tout lu, qui savent toutes choses, et qui décrivent rien ou presque rien, parce que la volupté du repos est bien grande et que le sentiment très vif de la perfection décourage de produire.
Mais enfin abondance de preuves ne nuit pas, surtout quand elles sont d’un genre, nouveau, imprévu, et qu’elles se produisent en un langage que chacun comprend à l’égal au moins de celui du dessin et des images : je veux parler des preuves écrites et littéraires. […] qu’écrivez-vous ? […] » Marie écrit beaucoup ; elle aime à écrire : « c’est la seule chose d’elle qu’elle donne sans craindre trop. » Elle croit aimer : « Vous dites que vous m’aimez, Marie. […] À force de nier l’amour en autrui et de le trouver trop froid à son gré, ou trop peu sublime au prix de la flamme éthérée qu’elle rêve, elle lui a soufflé du froid en effet, elle a tué le charme : « Je commence à voir clair en nous, lui écrit Michel dans un dernier adieu : vous me disiez si fermement que j’étais froid et que j’analysais, que parfois je croyais que vous m’aimiez beaucoup et que je vous aimais peu. […] N’écrivez jamais, Marie, à l’homme qui vous aimera !
C’était le cas surtout pour les critiques d’art qui écrivaient sous la Restauration. […] Quand il fait une critique, il se représente ce qu’il dirait à l’auteur en personne, « Pourquoi, remarque-t-il, écrire le matin sur un honnête homme ce que l’on ne dirait pas, lui présent, le soir à dîner ? […] Je sais tout ce qu’on peut dire, tout ce que peut-être j’ai dit moi-même, sur cette peinture écrite. […] Quand on écrira désormais l’histoire littéraire de l’époque de Louis XIII, on ne pourra le faire sans y joindre cette œuvre posthume, ce ricochet qui fait bouquet. […] Personne n’est plus négligent que lui de ses pages, une fois écrites et envolées.
Après des œuvres d’art si distinguées, les portraits écrits vont nous paraître bien pâles et ternes. […] Elle faisait allusion à la lettre fort dure que le roi lui avait écrite le jour même de l’avènement de Fleury au ministère, et que cette Éminence en personne lui avait remise). […] C’est une page toute vive de la conversation la plus satirique du moment ; elle s’est fixée par hasard sous une plume de grande dame qui s’est mise un matin à écrire et qui bientôt ne s’est plus donné la peine de continuer : parler, entendre, être entendu à demi-mot est si amusant et si facile ; écrire est si long et si ennuyeux ! […] Un autre jour, la reine entrant chez la duchesse de Luynes la trouva occupée à écrire au président Hénault ; elle prit la plume, écrivit quelques lignes en déguisant sa main et en ajoutant : « Devinez qui ! […] Quelques lettres de la reine écrites à Mme de Luynes pendant des maladies ou des absences donnent bien le ton de cette intimité unie et sans orage.
L’Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, par M. de Montalembert, provoque bien naturellement ces considérations : c’est une légende exacte de sainteté, une pièce d’onction et d’art du moyen âge, écrite en toute science et bonne foi par un homme de nos jours. […] Il faut, dans son introduction, l’entendre raconter lui-même comment, en arrivant à Marbourg, il vit l’église gothique dédiée à sainte Élisabeth, l’admira, s’enquit de la sainte, s’éprit envers elle de tendresse pieuse, et résolut d’écrire sa vie. Ainsi Guido Gœrrès a écrit la vie de Jeanne d’Arc. […] De tels écrits, qui ne sont pas seulement des œuvres d’étude et d’érudition poétique, mais des prières et des actes de piété, portent avec eux leur récompense. […] Je retrouve dans des notes, écrites pour moi seul, le portrait suivant qui, si je ne me trompe, doit être le sien quand il avait vingt-cinq ans : « Phanor est honnête, élevé de cœur, il a du talent, mais point d’originalité vraie ; et quelle suffisance !
Cette parcimonie de la nature à créer les grands historiens s’explique d’elle-même, quand on y réfléchit, par le nombre, la diversité et la supériorité des dons naturels et des dons acquis nécessaires pour écrire une histoire digne de ce nom. […] Ajoutons que ces chefs-d’œuvre mêmes ne sont pas absolus, mais relatifs à l’état social et à l’âge plus ou moins avancé des peuples pour lesquels l’historien a écrit son histoire. […] Tacite est l’abréviateur de l’œuvre de Dieu ; il n’écrit pas, il note : mais chaque note ouvre un horizon sans borne à la pensée. Les intelligences lentes ou faibles doivent renoncer à le lire : il n’écrit que pour ses pairs. […] Quel autre homme qu’un homme rompu aux affaires publiques, un témoin des écroulements de Rome, un publiciste, un moraliste, un orateur, un vieillard, pouvait le penser et pouvait l’écrire ?
Aristote et Horace d’abord, et Quintilien et Longin, tous ceux qui, en grec ou en latin, avaient donné les règles de la poésie ou de l’art d’écrire : Boileau les avait lus, médités, s’en était nourri ; Quintilien et Longin l’avaient aidé à se former un idéal de style et d’élocution. […] D’abord, pour défendre l’antiquité, il n’était pas un érudit : à un tel point que les érudits lui déniaient même le droit de se faire l’avocat des anciens, et qu’il se trouva pris à un moment entre deux feux, et obligé d’écrire sa Dixième Réflexion contre le docte Huet. […] On ne s’étonnera donc point que les meilleures pages que Boileau ait écrites sur la Querelle des anciens et des modernes, soient celles où il entre dans les vues de son adversaire : je veux parler de la lettre qu’il écrivit à Perrault en 1700, après que le grand Arnauld, leur ami commun, les eut réconciliés. […] À Rome, Cicéron et Virgile ont marqué « le point de perfection de la langue » par leurs écrits : mais plus d’un siècle avant eux, la comédie avait trouvé assez de ressources dans cette langue encore imparfaite pour atteindre sa perfection propre, et depuis elle ne faisait que décroître, quoique l’idiome latin et la littérature générale fussent en progrès. […] Selon ses nouvelles vues, à vrai dire, toute son œuvre était à refaire : il y avait un autre Art poétique à écrire.
Je n’ai pas à insister sur l’importance de la métaphore : sans elle, il est impossible de parler ou d’écrire. […] Hugo, comparant la France à un vaisseau, n’a pas nommé le vaisseau, quoiqu’il pût le faire sans violence entrer dans son vers, et il a préféré écrire, enserrant la métaphore entre deux mots propres : Nous sommes un pays désemparé, qui flotte, Sans boussole, sans mâts, sans ancre, sans pilote, Sans guide, à la dérive, au gré du vent hautain, Dans l’ondulation obscure du destin. […] Hugo, montrant l’armée de Sennachérib miraculeusement anéantie, écrit : Mais le ciel eut pitié de vingt peuples tremblants, Dieu souffla sur cet astre aux crins étincelants, Et soudain s’éteignit l’effrayante merveille, Comme une lampe aux mains d’une veuve qui veille. […] On blâme l’incohérence des métaphores : tout le monde connaît la fameuse phrase : « Le char de l’État navigue sur un volcan. » Corneille a été censuré par l’Académie pour avoir écrit : Malgré des feux si beaux qui rompent ma colère. […] Voltaire écrit quelque part : Bellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg Par cinquante mille Alexandres Payés à quatre sous par jour.
Thierry a écrit des Récits mérovingiens : en une page, Guizot nous en donne toute la substance. […] Le fond de style est du temps de Louis-Philippe : on sent qu’il écrit entre Béranger et Thiers. […] Les inconvénients sont presque nuls, et les avantages immenses, quand Michelet écrit son moyen âge (1833-1843). […] Buchon, Coll. des Chroniques nationales écrites en langue vulgaire, du xie au xvie s., 1824-29, 47 vol. in-8. […] Voilà pourquoi il va en Italie avant d’écrire son Histoire Romaine : il veut avoir l’impression, le contact du sol, du climat, du paysage.
Il semble que la meilleure condition pour écrire des romans vrais, ce soit de vivre en pleine réalité actuelle et de laisser les sujets vous venir d’eux-mêmes : M. […] Zola, ayant conté tant de contes noirs, avait bien le droit d’écrire un conte bleu. Seulement il fallait l’écrire comme un conte bleu. […] Zola s’est appliqué à écrire chastement. […] Ce monsieur qui a écrit de si vilaines choses, ma chère fait peur aux vierges innocentes du portail de Sainte-Agnès… Qu’il laisse les vierges tranquilles !
Recueil de particularités inédites ou peu connues sur l’auteur des Essais, son livre et ses autres écrits, sur sa famille, ses amis, ses admirateurs, ses contempteurs. […] Je voudrais que tous ceux qui écrivent sur Montaigne et qui nous transmettent sur lui le détail de leurs recherches et de leurs découvertes, se représentassent en idée une seule chose, à savoir Montaigne lui-même les lisant et les jugeant. « Que penserait-il de moi et de la façon dont je vais parler de lui au public ? […] Celui-ci, dans un écrit où il faisait connaître d’intéressantes corrections ou variantes du texte même de Montaigne, parlant à son tour de M. […] Ainsi Montaigne nous donne déjà une leçon, inutile leçon, et que je déduirai pourtant, puisque, au milieu de toutes les inutilités qui s’écrivent, celle-là en vaut bien peut-être une autre. […] Si on voulait l’imiter, même en supposant qu’on le pût et qu’on y fût disposé par nature, si l’on voulait écrire avec cette rigueur, et cette exacte correspondance, et cette continuité diverse de figures et de traits, il faudrait à tout moment forcer notre langue à être plus forte et plus complète poétiquement qu’elle ne l’est d’ordinaire et dans l’usage.
Un homme honorable, illustré depuis par une heure de grand courage, Boissy d’Anglas, son ami, prit la plume pour le défendre, et il écrivit, dans le Mercure de France du 20 février 1790, une lettre dans laquelle il rétablissait à l’honneur de La Harpe les faits qu’on dénaturait et qui se rapportaient à sa première jeunesse ou à sa naissance. […] Il n’eut que le temps d’écrire une première lettre où se trahit une émotion violente ; il s’excuse, il se justifie ; il a parlé de Voltaire, dit-il, comme il eût parlé d’un classique, d’un ancien ; il a parlé de Zulime comme il eût fait de l’Othon de Corneille, sans prétendre rabaisser le génie du poète lui-même. […] Il justifiait ce joli mot de l’abbé de Boismont, son confrère à l’Académie : « Nous aimons tous infiniment M. de La Harpe notre confrère, mais on souffre en vérité de le voir arriver toujours l’oreille déchirée. » L’abbé Maury écrirait cette année même (9 décembre 1778), dans une lettre à Dureau de La Malle, la page suivante sur La Harpe ; elle en dit plus que toutes nos réflexions ; il est impossible de peindre d’une manière plus expressive le décri qui le poursuivait en ce moment, et l’injustice publique soulevée par de pures imprudences, mais dont il faillit demeurer victime : Il n’est pas vrai, écrit l’abbé Maury, qu’on ait ôté à La Harpe le Mercure ; il n’est plus chargé de la rédaction de ce journal, et on a réduit ses honoraires à mille écus, en bornant son travail à un article de littérature et à la partie des spectacles. […] C’est une sottise inexcusable, mais il ne veut consulter personne, et, s’il écrit une seule ligne contre ses ennemis, il est perdu sans ressource. […] Il continua de vivre quelques années dans cette exaltation honorable, mais un peu maladive, dont se ressentent ses derniers écrits, et il mourut le 11 février 1803, à l’âge seulement de soixante-quatre ans.
Nous avons d’ailleurs des moyens tout particuliers de l’étudier : il n’a pas eu seulement pour témoin assidu et curieux, pour révélateur impitoyable, le grand observateur Saint-Simon, le duc d’Antin a lui-même écrit des Mémoires, et a laissé comme une confession de ses faiblesses, de sa passion pour la Cour, et de tout ce qu’il a pu se dire pour ou contre dans le secret de sa conscience. […] Il en a écrit de deux sortes et sous deux formes différentes : 1º des Mémoires proprement dits sur les événements historiques auxquels il a assisté, et les affaires politiques auxquelles il a pris part ; ces Mémoires, souvent cités par Lemontey dans son Histoire de la Régence, sont restés manuscrits, et je ne les connais pas ; 2º indépendamment de cet ouvrage, qui paraît être très volumineux, puisque Lemontey en cite à un endroit le tome VIIIe, le duc d’Antin, dans une vue toute morale et de méditation intérieure, avait écrit pour lui seul une espèce de discours de sa vie et de ses pensées, à peu près comme Bussy-Rabutin, qui, en dehors de ses Mémoires, a fait un résumé de sa vie dans un discours destiné à ses enfants sous le titre de L’Usage des adversités. […] Or, ce petit écrit, qui n’a pas cent cinquante pages, où il n’est qu’un moraliste et presque un pénitent, où il évite surtout l’air d’historien, a été imprimé en 1822 dans le volume des Mélanges de la Société des bibliophiles : comme ce rare volume n’a guère été tiré qu’à une trentaine d’exemplaires, on ne peut s’étonner que ces petits Mémoires de d’Antin soient si peu connus. […] Ce qui toucha d’Antin en cette circonstance, c’était moins encore la chose que la manière ; et, repassant tous les événements si contraires qui s’étaient succédé depuis son affront en avril 1707, jusqu’à ce retour bienveillant en septembre de la même année, il écrivait naïvement dans son Journal : « Jamais le cœur humain n’a reçu tant de secousses différentes. » Ce n’est pas la vie de d’Antin que j’écris, je ne fais que profiter de l’ouverture et du jour que lui-même, par ses aveux, nous a donné sur ses pensées. […] La langue écrite de d’Antin est négligée, mais elle est pleine de ces locutions qui nous plaisent comme sentant la façon de dire de son siècle.
Il s’était attaché d’abord à étudier les écrivains français que la Réformation a produits au xvie siècle, et qui relevaient plus ou moins de Genève ; mais aujourd’hui il sort de ce point de vue qui avait son uniformité un peu triste et sa particularité trop exclusive : son coup d’œil se porte avec plus de liberté et d’étendue sur tout ce qui a parlé ou écrit en français avec quelque distinction en dehors de la France. […] Comme la plupart des ouvrages vrais et qui saisissent le plus la société à leur moment, il ne fut point écrit de propos délibéré : il sortit d’une inspiration naturelle et toute particulière. François de Sales avait une pénitente, Mme de Charmoisy, une belle âme qui avait désiré sa direction : il dressa pour elle une sorte de mémorial pendant un carême ; à travers ses autres occupations, il écrivait à la hâte quelques instructions et conseils qu’elle conservait et amassait précieusement. […] Il y a quelqu’un, cependant, qui a parlé de saint François de Sales mieux encore que Bossuet, et qui en a écrit avec des paroles plus distinctes, plus pénétrantes et plus vives : c’est Mme de Chantal, cette fille spirituelle de saint François de Sales et cette aïeule de Mme de Sévigné. […] [NdA] Ce nom est écrit de différentes manières (Fourrier, Forier, Ferrier) dans Marsollier, dans une lettre de saint François de Sales, et dans Camus (Esprit du bienheureux François de Sales, VIIe partie, p. 53) ; j’ai suivi ce dernier.
Alors Zola d’énumérer les phénomènes morbides, qui lui donnent la peur de ne pouvoir jamais finir les onze volumes, lui restant à écrire. […] Il ne dit qu’une chose juste : c’est que l’illustration n’est amusante pour un artiste, qu’avec les génies du passé, qui écrivent : « Il entra dans un bois sombre, où il arriva devant un palais, dont les murs semblaient de diamant. » * * * — Quelle diablesse de lettre peut écrire au restaurant, une femme honnête flanquée de son mari, — et une lettre de huit pages, tracée d’une main gantée, avec sa voilette sur les yeux. […] * * * — Dans Gavarni et L’Art du dix-huitième siècle, j’ai écrit l’histoire du grand art que je sentais. Dans La Maison d’un artiste au dix-neuvième siècle, j’écris l’histoire de l’art industriel de l’Occident et de l’Orient, et l’on ne se doute pas, à côté de moi, que je prends la direction d’un des grands mouvements du goût d’aujourd’hui et de demain. […] * * * — Dans cette vie de succulence, qui est, en cette maison, le dernier mot de la cuisine provinciale, et peut-être son chant du cygne, il me vient un doux hébétement, qui me rend incapable d’écrire une ligne.
… il est facile de prouver que, si Hugo n’avait point écrit Hernani, Baudelaire n’aurait pas fait des queues de six heures devant la Porte-Saint-Martin pour entendre le chef-d’œuvre ; si Baudelaire n’avait pas fait queue, il ne serait point entré ; et, s’il n’était pas entré, il n’aurait pas entendu. […] ………………………………………………………………………………… Cela dit, pour vous montrer le danger qu’il y a à publier de bonnes et belles pages, quand elles peuvent tomber aux mains d’un fanatique comme moi, qui n’ai rien de plus pressé que d’écrire sur le verso, Ô Karr, pardonnez-moi ! […] Et, de même que vous avez écrit le Voyage autour de mon jardin, j’écrirai un jour le Voyage autour de ma terrine. […] De quels sourires, de quelles ironies brûlantes il marquait à l’épaule, avant de les livrer aux flammes, ces effrontés qui étalent leur propre cœur en montre dans une ode ou dans une élégie ; ces innovateurs sacrilèges, échappés de la tradition, qui, au lieu d’écrire : « Voilà ce qu’éprouve Pierre ou Jacques » écrivent : « Voilà ce que j’éprouve moi-même ! […] Chacun se forge une définition à soi, un sens à son usage exclusif. — Je viens d’écrire : « Le style est le côté faible, etc. » Eh bien !
Le couperet tombé, il n’y eut plus à la place de l’État qu’une horrible fantasmagorie d’hommes rouges qui s’agitaient sur un fond livide et décomposé, jusqu’au moment où un homme vint apporter l’Ordre en apportant la lumière et dire à son tour, ou du moins, s’il ne le dit pas, écrire sur toutes les marges de l’Histoire que l’État, c’était lui, car il l’avait refait ! […] Peu soucieux, d’ailleurs, de se contredire et de se prendre honteusement dans sa propre inconséquence, Saint-Simon ne craignit pas d’écrire que cet esprit foncièrement médiocre était capable de « se former et de s’élever…, qu’il voulait l’ordre et la règle…, qu’il était né sage, modéré, maître de ses mouvements et de sa langue, et le croira-t-on ? ajoute-t-il (ce serait plutôt à nous d’écrire ce mot-là), qu’il était bon et juste, ayant assez reçu de Dieu pour être un bon roi, et peut-être même un assez grand Roi ! […] Ce serait un joli livre de critique à écrire pour ceux qui auraient du loisir. […] Quelle belle et dramatique scène il a oublié de nous écrire, lui qui nous en a écrit de si belles, et cela parce qu’il avait un mal caché, un mal qui l’humiliait, son infirmité secrète !
Ils ont écrit les livres de chasse de toutes les contrées, ainsi qu’en témoignent les écrits de Hawker, de Scroop, de Murray, de Herbert, de Maxwell, de Cumming et d’une infinité de voyageurs. » Cette fureur d’action, qui survit souvent à l’âge de l’action, se traduit par des luttes d’une variété de formes infinie. […] Tout compte fait, que reste-t-il de tout ce qui a été écrit sur la littérature anglaise ? […] Le voilà donc tout occupé de prendre congé de son cher public et de lui écrire ses adieux dans cette pièce de la Tempête. […] Obligé d’y séjourner plus longtemps qu’il ne pensait, il écrit à sa fille et à sa femme de venir le rejoindre. […] Faire copier à un enfant les pages du livre le plus immoral qu’on ait écrit !
Hugo peut-il écrire de pareils vers ? […] Auraient-elles dû s’écrire ? […] « Je crains fort que ces vers ne soient de vous, écrit M. […] Peut-être, si les femmes écrivaient cette histoire, y aurait-il une distribution un peu différente dans l’excuse ou dans le blâme : mais les femmes ne l’écrivent pas ; c’est M. Cousin qui l’écrit, et cela vaut mieux pour tout le monde.
D’ailleurs cette manière d’écrire offre plus d’un danger. […] écrit-il plus tard. […] Pour écrire, il passe volontiers le détroit et semble se trouver à l’étranger mieux à l’aise qu’en France. […] Ils écrivaient donc peu et achetaient par leur dépendance le privilège de muser à leur guise. […] Notice sur sa vie et ses écrits, Paris 1853.
Il écrit pour les sages, qui, en l’écoutant, finiraient toujours par devenir des saints. […] Sa nationalité n’a point empêché ses écrits de s’acclimater en France. […] Nous n’y pourrions renoncer qu’en cessant d’écrire. […] Au moment où il écrivit cet article, M. […] Bref, j’écris pour ceux qui pensent comme moi.
Le critique, un docteur Joulin, que ses amis appellent un homme d’esprit, me dénonçait pour ce discours comme faisant honte à l’Académie française, comme ne sachant pas un mot de français, sinon à la réflexion et à tête reposée, comme ne pouvant écrire couramment deux lignes sans pataquès ; et il notait dans ce seul discours jusqu’à cinquante-trois fautes de langue et de goût. […] je suis appelé à parler sur la tombe d’un ami intime, j’écris ce discours le matin même de la cérémonie funèbre ; je le prononce devant des témoins amis et émus ; le Moniteur, où j’écrivais alors, insère le lendemain les paroles qui sont l’éloge du mort ; si d’autres feuilles, des journaux de médecine et de science les reproduisent, j’y suis totalement étranger et je n’ai eu nullement à m’en mêler : ces journaux n’ont vu dans mon Éloge funèbre que la mémoire du médecin, homme de bien, que j’y célébrais. […] Il n’écrivit pas, il s’adonna tout entier à guérir.
De nos jours, trois hommes qui ont écrit dans des genres et avec des mérites divers, mais toujours avec une grande richesse d’imagination, ont dû à de tels voyages la poésie neuve et brillante dont leur prose étincelle. Qu’on lise les belles pages de Volney, de Bernardin de Saint-Pierre et de M. de Chateaubriand, et qu’on voie si elles ne portent pas le caractère des lieux où elles furent écrites, et si, pour ainsi dire, le ciel qui les inspira ne s’y réfléchit pas tout entier. […] Aucun poète plus que Camoëns ne fut inspiré par les grands spectacles des tropiques : c’est à l’Inde qu’il emprunte ses plus riches descriptions ; son imagination, frappée des trombes, des tempêtes et des divers aspects de l’Océan, les a exprimés avec une vérité et une vigueur qui répandent sur ses écrits un charme éternel. […] Qu’on ne croie pourtant pas que les beautés manquent dans ce second écrit de M.
Ces lettres, écrites il y a environ dix-huit mois et publiées seulement depuis quelques semaines, sont l’œuvre d’un jeune homme mort à vingt-trois ans. […] Aussi il a mérité que ces lettres, écrites d’abord dans un but tout à fait particulier, et sans vue de publicité extérieure, parussent aujourd’hui, lui mort, sous les auspices et pour l’édification de cette doctrine même qu’il servit si religieusement ; qu’elles fussent proposées au public comme l’expression avouée et une des premières manifestations écrites de ce dogme immense qui mûrit et se développe de jour en jour. […] Ce n’est pas sans un sentiment de surprise et d’admiration que celui qui n’est pas encore pleinement transformé à la religion de l’avenir, après avoir maintes fois entendu parler des qualités et des mérites du jeune apôtre qui écrivit ces lettres, ne trouve, en ouvrant le volume, qu’un petit nombre de détails indispensables sur sa personne et sa destinée.
Grosclaude, par exemple, écrira avec sérénité : « Deux de nos assassins les plus en évidence, MM. […] Grosclaude exécute depuis des années ce tour de force, de ne pas écrire une ligne qui ne soit un cliché ou un poncif. […] Serait-il capable, à l’heure qu’il est, d’écrire autrement qu’en clichés ? […] Un jour, Mr Grosclaude, rien qu’en écrivant le contraire de ce que nous eussions écrit, vous et moi, a fait une merveilleuse trouvaille.
Alfred de Vigny, le fond incommutable de son génie, l’âme qui a rayonné — pressentiment ou souvenir — dans tout ce qu’il a écrit et tout ce qu’il écrira jamais, s’il écrit encore ! […] Il se retira « dans sa tour d’ivoire », et là, sur le plus haut degré, l’œil baigné de ciel, il continuait son œuvre ; il écrivait les Destinées, poèmes philosophiques plus graves peut-être encore, plus sévères que les Poèmes antiques et modernes.
A comparer ensemble les écrits, d’ailleurs si dissemblables, de Rousseau, de Buffon, de Diderot, de Thomas, on s’aperçoit bien vite que tous ces écrivains, qui furent contemporains, ont la phrase ample, périodique, largement déroulée, et l’on conclut sans témérité aucune que la prose oratoire, dans la seconde moitié du xviiie siècle, a joui d’une vogue éclatante. […] Les savants du xvie siècle calquent le mot latin ; porticum devient portique ; blasphemare donne blasphémer ; ils ajoutent des lettres parasites ; ils écrivent aultre, coulteau, debvoir ; ils compliquent à plaisir l’orthographe. […] Comme le latin en ce temps-là est beaucoup plus écrit que parlé, comme ils consultent leurs yeux plutôt que leurs oreilles, la forme qui se rapproche le plus visiblement de la forme ancienne est celle qui se présente le plus aisément à leur pensée. […] Il écarte, après examen, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, dont les mœurs et les écrits sont peu connus ou peu goûtés des Français de l’époque.
Les écrits du temps n’indiquent pas les femmes qui faisaient partie de la société dans cette deuxième période, à la fin de laquelle la marquise avait atteint sa trente-cinquième année, et sa fille sa treizième. […] « Elle était, dit Mademoiselle, révérée, adorée ; c’était un modèle d’honnêteté, de savoir, de sagesse, de douceur… La dévotion que j’ai pour elle fait que je me suis un peu écartée de mon sujet ; mais je me suis assurée que je ne déplairai point à mon lecteur en parlant d’une chose si adorable. » On voit par les lettres de Voiture que la marquise de Rambouillet et Julie, sa fille, écrivaient fort simplement ; ce qui autorise à penser qu’elles parlaient de même. Dans sa trente-sixième lettre, en 1633, il dit à la mère : « Je devrais craindre, par votre exemple, d’écrire d’un style trop élevé ». Il dit à la fille, à l’occasion d’une plaisanterie un peu moqueuse : « Je pense, mademoiselle, vous l’avoir dit quelquefois, vous êtes plus propre à écrire un cartel qu’une lettre. » Mais n’anticipons pas.
Eh bien, ce sont les souvenirs de cette lointaine et première époque de sa vie que Vaultier avait écrits avec un détachement de tout, avec une absence de prétention si rare, que cela est presque de l’originalité dans ce temps où les grenouilles de l’individualisme crèvent dans tous les livres pour se donner des airs de bœuf insupportable ! […] À l’exception de Barbaroux, de Guadet, de Louvet et de Pétion, l’histoire dédaigne d’écrire cette poussinière de noms déjà repris par le juste oubli. […] Le mouvement insurrectionnel du fédéralisme se résuma donc tout entier dans la ville du Refuge pour les Girondins, dans la déclaration anonyme de l’insurrection (ce fut Vaultier qui, en raison de ses bouillants vingt-deux ans, prit sur lui le dangereux honneur de signer cette déclaration qu’il n’avait pas écrite), et, dans l’expédition panique de Brécourt, un seul coup de canon qui ne porta pas et mit en fuite deux braves corps d’armée. […] IV Voilà ce que les Souvenirs de Vaultier, très significatifs dans leur insignifiance, nous ont montré avec une clarté qui abrégera furieusement les offices de l’Histoire, si jamais on est tenté d’en écrire une sur le fédéralisme pendant la Révolution.
Le Traité du Prince et L’Esprit des Lois, dépassés, jugés, presque méprisés, dans leur fond, à cette heure, grâce à notre éducation et à notre expérience politiques, sont encore vivants par leur forme, qui, si elle n’est pas immortelle, mettra du moins plus de temps à mourir… Et s’il en est ainsi pour les œuvres de Machiavel et de Montesquieu, qui eurent leur jour de nouveauté et de profondeur dans la pensée, à plus forte raison pour un livre inférieur à ceux-là, pour un recueil, écrit au jour le jour, d’observations piquantes, — je le veux bien ! […] Ce genre de raillerie qui touche au froid par son énormité même, ces hoax à la Swift, débités avec l’impassibilité et le sérieux d’un Anglais convaincu, et qu’écrit Rochefort dans une phrase qui ressemble à un visage où pas un muscle ne bouge, donnent toute la manière habituelle au spirituel écrivain ; mais, anglaise. […] elle en a peut-être d’autant plus qu’elle tranche davantage sur notre plaisanterie française, et qu’en France on aime l’accent, le ton, l’air étranger… Acéré d’ailleurs, et acéré avant tout, aiguisé sur les quatre côtés de sa lame, dès les premiers mots qu’écrivit le talent vibrant de Rochefort, quand il débuta dans la Chronique, on reconnut le petit sifflement de l’acier ou de la cravache dans la main qui les prend et qui sait s’en servir. […] Qu’est-ce donc que j’écris là !
Car Alexandre Dumas fils n’est, en somme (j’ai presque l’air d’écrire une naïveté), que le fils de son père. […] Georges Dandin sterling qui, à force d’être dandinisé, à trois minutes d’Othello, tue sa femme, puis se constitue prisonnier, ni plus ni moins que tous les portiers et chapeliers du monde dans le même cas qui croient ainsi sauver leurs têtes, et, en attendant qu’on le juge, écrit son autobiographie pour servir de notes à son défenseur. […] Est-ce un caractère que Pierre Clémenceau, le sculpteur, le héros du livre, que j’écrirais Clément-sot pour le mieux nommer, si je ne craignais pas d’être désagréable à Dumas ? […] Où, en effet, Antony poussait un cri de révolte contre un état de l’opinion dont on ne souffrait plus grand-chose déjà de son temps, Pierre Clémenceau écrit, du nôtre, des fragments de traité contre cet état entièrement assourdi et apaisé de l’opinion dont on ne souffre plus du tout.
Huysmans — et les héros des romans que nous écrivons sont toujours un peu nous-mêmes — est un malade comme tous les héros de roman de cette époque malade. […] mais pourtant je crois qu’il s’en doute… en écrivant l’autobiographie de son héros, il ne fait pas que la confession particulière d’une personnalité dépravée et solitaire, mais, du même coup, il nous écrit la nosographie d’une société putréfiée de matérialisme, et cela uniquement donne à son livre une importance que n’ont pas les autres romans physiologiques de ce temps. […] Huysmans a écrit l’histoire) est soumis, dans toute la durée du roman, à cette fatalité terrible des nerfs, plus forts que la volonté et ses maîtres. […] Huysmans ait écrites.
De l’office au boudoir, je veux me faire lire ; J’entends que mon libraire élève mes écrits À treize éditions, dussé-je en payer dix. […] Shakespeare est dans ce genre un poëte sans prix : Quelle variété règne dans ses écrits ! […] Avec trop de raison leur histoire est écrite ; Ils suivent de trop près Tite-Live et Tacite. […] En vain de ses écrits Walter Scott nous inonde ; Nous divaguions en prose avant qu’il fût au monde.
Un jour qu’un lecteur s’étonnait, devant un célèbre auteur de romans et de drames, que ceux qui répandent des choses si touchantes dans leurs écrits parussent souvent en mettre si peu dans leur vie : « Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? […] La Terreur et le règne sanglant de Robespierre lui arrachèrent bientôt d’autres cris non moins dignes de son cœur et de sa muse : « Que me parles-tu, Vallier, écrivait-il à un ami, de m’occuper à faire des tragédies ? […] Bernardin de Saint-Pierre, qui avait été son premier confident, écrivit trois semaines après à Arnault, chef alors de l’Instruction publique, une lettre que M. […] *** J’ai reçu, il y a quelques années, par les soins d’un lecteur bienveillant, des extraits d’un Journal personnel, écrit en 1800 et 1801 par un jeune homme, alors élève de l’École polytechnique, et qui, plus tard, devint professeur et secrétaire de la Faculté des sciences de Caen, M. […] Que vous seriez aimable si vous vouliez m’envoyer votre Macbeth tel que vous l’avez fait autrefois, enfin tout ce que vous avez écrit pour cet ouvrage !
Jamais un Oriental, quel qu’il soit, n’a écrit de ce style. […] Un vrai monument, carthaginois c’est l’inscription de Marseille écrite en vrai punique. […] Ainsi j’ai dit Laivsonia au lieu de Henneh, et même j’ai eu la complaisance d’écrire Lausonia par un u, ce qui est une faute, et de ne pas ajouter inermis, qui eût été plus précis. De même pour Rokh’eul que j’écris antimoine, en vous épargnant sulfure, ingrat ! Mais je ne peux pas, par respect pour le lecteur français, écrire Hannibal et Hamilcar sans h, puisqu’il y a un esprit rude sur l’α, et m’en tenir à Rollin !
C’est la science de la parole prononcée ou écrite. […] La Grammaire considere la parole dans deux états différens, ou comme prononcée, ou comme écrite : la parole écrite est l’image de la parole prononcée, & celle-ci est l’image de la pensée. […] Les caracteres prosodiques sont ceux que l’usage a établis pour diriget la prononciation des mots écrits. […] C’est donc de l’hiatus qu’il faut entendre ce que M. du Marsais a écrit sur le bâillement. […] Ainsi les Italiens, pour prononcer jardins, jorno, écrivent giardino, giorno.
Ils ont beaucoup de mémoire, écrivent d’une manière nette et concise ; ils comprennent fort « vite. […] Mais on pourrait extraire de ses écrits un système complet. […] Et puis j’étais tourmenté d’une idée saugrenue que je n’ai pas osé vous écrire. […] L’un est une anecdote qu’un de ses amis lui a contée et qu’il à aussitôt écrite. […] « Je ne vois rien au monde, écrivait-il, qui mérite un souhait ou un regret.
Victor Hugo revient l’honneur d’avoir écrit le plus rare et le plus touchant de tous les drames de ce siècle, Marion de Lorme. […] [Écrit le 2 février 1870, à propos de Lucrèce Borgia.] […] Ainsi il a écrit cet hémistiche : Ce siècle avait deux ans… Eh bien ! il va être obligé de l’écrire une seconde fois. […] mais c’est un volume qu’il faudrait écrire !
D’ailleurs, personne ne l’ignore, les de Goncourt, qui sont presque des peintres et qui ont écrit sur la peinture, ont dû vivre beaucoup dans les ateliers. […] Et j’écris ce mot sans mépris. […] Si, nous autres écrivains, nous pouvions écrire comme ces gens-là se meuvent ! […] Ce qui est contre nous, comme symptôme de la corruption générale de nos mœurs, n’est pas contre l’individualité du roman que M. de Goncourt a essayé d’écrire. […] C’est moi — écrit-il dans la préface de son roman — qui suis l’auteur de cette expression si blaguée (sic) de document humain !
Le plaisir qu’elle prit à écrire lui fut une transposition de la sensualité impossible. […] On verra qu’elle n’écrivit que pour écarter cette crainte et réaliser ce désir. […] « Consumée par le regret, écrit M. […] Ces rimes, heurtantes ‒ écrit Laurent Evrard, au seuil de son volume, ne sont pas une innovation. […] Et voilà qu’elle esthétise la foule hurlante : elle parle du « pain » avec une émotion bien écrite.
Il y a près de trente ans que j’en ai fait l’essai et la tentative ici même, dans cette Revue 67, à l’occasion d’un écrit en prose de l’illustre poète. […] Il a mis au bas de cette pièce de la Dryade ces mots : « écrit en 1815. » Il a mis au bas de Symètha la même remarque. […] Thiers, reçut les jours suivants lettres sur lettres de tous les Chatterton en herbe, qui lui écrivaient : « Du secours, ou je me tue ! […] Quelqu’un a dit : « Il faut écrire comme on parle, et ne pas trop parler comme on écrit. » M. de Vigny ne suivait pas le précepte : il conversait comme il écrivait ; il pointillait chaque mot ; il laissait peu pénétrer d’idées étrangères dans le tissu serré et le fin réseau de sa métaphore ou de son raisonnement. […] M. de Vigny avait écrit un discours fort long, dont le sujet principal, comme on sait, était l’éloge de M.
Il s’abstint d’écrire en vers, et composa, sur le modèle des comédies bourgeoises de Molière, des pièces en prose assez gaies, écrites avec naturel, qui firent rire Louis XIV, rendu difficile par Molière. […] Si l’on ne savait que l’auteur a mis vingt ans à l’écrire, et qu’il a survécu vingt ans à son œuvre inachevée, on le devinerait : il sent la lassitude. […] Pour le Méchant, je veux bien accorder à Voltaire que Gresset, devenu dévot, s’est fort exagéré le crime de l’avoir écrit. […] Écrire en vers, qui paraît à nos deux réformateurs une convention violente, est tout simplement plus difficile qu’écrire en prose. […] Il est vrai qu’il écrit à Mme du Deffand, au sujet du même ouvrage : « Vous êtes-vous fait lire le Père de famille?
Nous écrivons pour la chaste jeunesse et pour les sages, nous n’écrivons pas pour les voluptueux. […] Ce n’est plus une débauche, c’est une ballade ; mais cette ballade est écrite en style de poète épique. […] Ce poème n’est lui-même qu’une triste fantaisie écrite avec la plume fatiguée de Byron, quand il griffonnait un chant trivial et bouffon de Don Juan. […] C’est une nuit de l’Arétin écrite malheureusement par un grand poète. […] Ce n’est que depuis sa mort prématurée, ce n’est qu’en ce moment où j’écris, que j’ai ouvert ses volumes fermés pour moi et que j’ai lu enfin ses poésies.
Comme l’écrivait avec raison Jean de Gourmont, Vielé-Griffin est un précurseur. […] Mithouard écrit d’abord une fantaisie endiablée dans le style des Odes funambulesques. […] Tandis qu’il écrivait ce fiévreux-manuel, Mithouard a trouvé son centre et l’orientation de sa vie. […] écrit Mockel. […] Au contraire les premiers écrits de M.
Les Souvenirs, quand ils sont écrits par des personnes du monde, sans prétention littéraire, ont toujours de l’agrément. […] Madame de La Fayette écrivait à madame de Sévigné : « Votre présence augmente les divertissements, et les divertissements augmentent votre beauté lorsqu’ils vous environnent : enfin, la joie est l’état véritablement de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à personne du monde. » Ninon écrivait encore à Saint-Évremond : « La joie de l’esprit en marque la force. » L’auteur de ces Souvenirs, à mesure qu’ils se déroulaient devant nous, et que nous nous plaisions à composer son image, nous paraissait ainsi une personne chez qui la joie, une joie qui n’exclut nullement la sensibilité, est compagne de la force de l’âme.
Pierre Quillard M. de Bouhélier a le droit d’écrire, sans nous suggérer d’ironie, « Dieu et le brin de paille », parce que rien ne s’offre à lui que sous les espèces du pathétique ; il sait fort bien reconnaître dans le paysan qui jette le blé au sillon une manière de héros, et telles pages, Le Départ après les moissons, indiquent simplement et sûrement la très ancienne tragédie des adieux sans retour. Il serait temps, semble-t-il, que l’homme capable d’écrire cent lignes comme celles-là voulût bien surseoir à ses méditations éthiques et esthétiques et parfaire l’œuvre qu’il nous doit. […] Mais son ivresse est d’un lettré farci de littérature — s’il était le strict « naturiste » qu’il dit, à quoi bon transposer en des livres son émotion — et il n’est pas sans charme de retrouver en lui, par les réminiscences qui s’y font jour, un culte tacite et éclectique pour les poètes et les penseurs les plus divers ; Denis Diderot, Michelet et Hugo lui enseignèrent à construire les phrases désordonnées seulement en apparence ; Emerson et Carlyle inspirèrent son louable amour pour les paysans et les héros ; il n’ignore ni le Barrès du Jardin de Bérénice, ni le Taine de la Littérature anglaise, et quand il écrit : « Des liserons sonnent et un coq luit » ou qu’il appelle les abeilles « les petites splendeurs des campagnes », je ne sais pas oublier les métaphores chères au magnifique Saint-Pol-Roux.
Vous verrez : Avec le beau temps revenu, il écrira tout à fait bien. » Mais c’est Coppée qui me dégoûte avec ses papelardises compatissantes. […] Daudet semble écrire au courant. […] Nul n’en sut rien. » Telle Sidonie Chèbe : « Mon garçon, répétait la mère Chèbe à un cousin rougeaud, cette petite on n’a jamais su ce qu’elle pensait… »« Richard aurait voulu lire la lettre qu’elle avait écrite en partant ; mais la mère la cachait, cette lettre… Un autre jour, plus tard, quand il serait guéri.
Monsieur De Piles grand amateur de la peinture, et qui lui-même manioit le pinceau, nous a laissé plusieurs écrits touchant cet art, qui meritent d’être connus de tout le monde ; mais un de ces écrits merite toutes les loüanges qui sont dûës aux livres originaux : c’est sa balance des peintres. […] Ce galand homme dont la memoire sera toujours en veneration à ceux qui l’ont connu, nonobstant tout ce qu’il peut avoir écrit sur l’antiquité, étoit aussi capable de faire une bonne comparaison de l’ouvrage de Paul Veronése et de celui de Le Brun, que M.
Les livres de parti et les poëmes écrits sur des évenemens récens n’ont qu’une vogue, laquelle s’évanoüit bien-tôt quand ils doivent tout leur succès aux conjonctures où ils sont publiez. […] Mais ceux de ces poëmes, ceux des écrits de parti, dont le public fait encore cas un an après qu’ils sont publiez, ceux qu’il estime indépendamment des circonstances, passent à la postérité. […] On fait encore aujourd’hui plus de cas de la satyre Menippée, des lettres au provincial, et de quelques autres livres de ce genre, qu’on en faisoit un an après la premiere édition de ces écrits.
On n’écrivait plus l’histoire à la manière de Bossuet. […] J’ai écrit à de Flotte. […] c’est si bien écrit ! […] La représentation écrite des événements passés. […] Jadis, il écrivait parce qu’il avait des impressions.
Il n’aime point qu’on écrive. […] Aujourd’hui qu’il y a une littérature et des mœurs littéraires, nous vivons pour écrire, quand nous n’écrivons pas pour vivre. […] Il écrit comme on se promène, par amusement. […] On a dit qu’il écrivait sur du papier à cigarettes. […] Schnoudi y apprit à parler et à écrire le copte.
L’autre manière d’écrire est plus difficile, et il est rare que nous songions à la pratiquer. […] Vitet, étaient en même temps des romans fort bien écrits et d’excellents aperçus historiques. […] Mais on ne peut le considérer comme ayant écrit sous l’influence immédiate des théâtres étrangers. […] « Il y a écrit : “Au commencement était l’Esprit.” […] Cependant, tandis que j’écris ceci, quelque chose m’avertit de ne point m’en tenir là.
Il composait, écrivait avec la même furie qu’il dépouillait et lisait. […] Où est le psychologue qui écrira le Traité d’économie ? […] En un mot, l’écrivain fait œuvre d’orateur, et écrit une suite de « Discours » sur l’économie politique. […] Nos premiers classiques écrivent sous Henri IV. […] Donné à Le Sage par Abogado Constantini, affirme Isla ; écrit par Antonio de Solis, dépose Llorente.
Seize ans ; ses plus beaux vers sont écrits. […] Quant à ses écrits, en voici l’inventaire succinct. […] — du Ronsard quelquefois qu’il écrit ? […] Eriphyle est écrite ainsi. […] Les Flambeaux noirs sont écrits en vers libres, — aussi libres, du moins ; qu’en écrira jamais Verhaeren.
Il écrivait ce mot sur d’Alembert, et il allait tout à l’heure appuyer M. de Bonald. […] A travers les mille angoisses, il travaillait à sa Grèce sauvée, et, comme il l’écrit, s’y jetait à corps perdu. […] Une fois, après avoir passé six semaines presque sans interruption à Courbevoie, il écrivit à une personne amie d’y venir, si elle avait un moment : celle-ci accourut. […] Cette Notice a été écrite en vue de l’édition des Oeuvres. […] Il est de la plus grande importance de s’assurer de l’esprit dans lequel écriront les continuateurs.
Il avoue que dans ce temps, il n’avait aucune ambition littéraire ; seulement c’était chez lui un instinct et un amusement de tout noter, d’écrire même jusqu’à ses rêves. […] Céard est venu, ce matin, me lire la petite notice, qu’il a écrite, pour l’en-tête des lettres de mon frère. […] Mais dans les actes solennels de la vie, dans le contrat de mariage de sa fille, il faisait écrire par le notaire et signait : Huot de Goncourt. […] On sent la fatigue d’une personne, qui n’est pas habituée à écrire, et qui en a assez au bout d’un certain nombre de pages. […] Le piquant aurait été d’y faire collaborer sa femme, en lui faisant écrire son rôle de femme du Nord, tandis que lui se serait disséqué dans son rôle d’homme du Midi.
La comtesse écrit une lettre de condoléances attendries au mari, et elle apprend qu’il a passé la nuit à se promener, sa lettre à la main. […] Les écrits que m’a faits la femme Tahet, fille de Théos, ma mère, sur moitié de la totalité des biens qui appartiennent à Pchelcons, fils de Pana, t’appartiennent ainsi. […] A écrit le scribe des hommes de Thèbes, prêtre d’Ammon Horpueter, fils de Smin. […] Et là-dessus il exprime le regret d’avoir écrit Le Petit Chose, quand il l’a écrit, en un temps où il ne savait pas voir. […] Il était encore maître de ses pensées, et pouvait les formuler par la parole, mais il ne pouvait plus sur le papier, leur donner la forme écrite.
Goethe a fait une magnifique analyse de ses écrits, lui a prodigué les louanges les plus vives et a proclamé hautement ses mérites. […] Dans son inconcevable poème du Jugement dernier, il a écrit l’œuvre extrême qu’il pouvait écrire. » L’entretien se tourna ensuite sur le poète italien Torquato Tasso, et sur ses différences avec Byron. […] Mais lord Byron n’est grand que lorsqu’il écrit ses vers ; dès qu’il veut raisonner, c’est un enfant. […] Pour voir comment écrit Victor Hugo, lisez seulement ce poème sur Napoléon : les Deux Îles. […] « Personnage burlesque qui revient souvent dans les vaudevilles écrits à Vienne.
un mérite qu’on n’attendait pas de celui qui, dix ans auparavant, écrivait l’Événement. […] Du reste, ainsi qu’il l’a écrit dans une des préfaces des six premiers volumes à la décharge de A. […] il le traduisit de manière à ce que son père lui-même, qui le regardait écrire par-dessus son épaule, bien souvent n’aurait pas fait mieux. […] Erreur étonnante pour un critique de la portée de Hazlitt, et qui l’a conduit à une autre : c’est que Roméo et Juliette est la seule histoire d’amour que Shakespeare ait écrite, comme si Shakespeare n’avait pas écrit Othello. […] Pour François Hugo, en effet, pour le fils d’un homme qui a écrit des drames, lesquels ont plus tapagé dans leur temps que ceux de Shakespeare, ce qui prouve, par parenthèse, en faveur de la gloire dramatique, — la plus bête des gloires !
À peine lui apprit-on à lire et à écrire, et il demeura tellement ignorant que les choses les plus connues d’histoire, d’événements, de fortune, de conduites, de naissance, de lois, il n’en sut jamais un mot. […] « Deux chefs de famille de la ville de Meaux, de condition fort médiocre, ont écrit à leur évesque depuis quelques jours qu’il leur restoit beaucoup de scrupule sur quelques points de doctrine, et principalement sur celuy du Purgatoire. […] Mettez en parallèle La Bruyère et Bossuet qui écrivirent à la même époque, et dites-moi si la lecture du second ne vous paraît pas insupportable après celle du premier. […] Ils espérèrent longtemps que justice leur serait rendue ne voulant pas croire encore que de tels crimes pussent être commis avec l’agrément du pouvoir. « Du milieu des supplices et du fond des galères, écrit Michelet, les ministres firent encore un appel à la discussion, et Bossuet répondit par un altier mépris à ces hommes livrés au bourreau. » Et lorsque rendus à l’évidence ceux qui étaient encore libres, furent résolus à s’enfuir, la nécessité seule les y força. « La fuite du protestant est chose volontaire, écrit encore Michelet. […] « La Réforme, a-t-on écrit, n’aurait amené aucun trouble dans notre pays, si la noblesse ne s’était pas jointe aux libres esprits, qui cherchaient de nouvelles voies à la raison et a la science. » (H.
Les études qu’a dû faire l’historien pour l’écrire, ou que les hommes spéciaux de la marine ont dû faire pour lui en fournir les éléments, sont immenses. […] Ce n’est pas ainsi que sentait Tacite, ce n’est pas ainsi qu’il écrivait. […] Dans cette accusation, fournie par écrit, il n’avait énoncé que des choses qu’il tenait de Georges lui-même. […] Pour qu’un tel livre fût parfait, il faudrait que le récit fût écrit par M. Thiers et que la moralité du récit fût écrite par Bossuet.
Platon fut à Socrate ce que saint Paul fut au Christ ; tous deux écrivent, commentent et développent la doctrine de son maître qui n’a rien écrit, et, ici, il serait curieux peut-être d’examiner pourquoi ni le révélateur d’une philosophie raisonnée, ni le révélateur d’une religion révélée, n’ont pas voulu, ou n’ont pas daigné écrire eux-mêmes une seule ligne, si ce n’est ce doigt sur le sable qui traça des caractères de miséricorde. […] N’était-ce pas plutôt parce que les paroles, une fois écrites, deviennent mortes et froides comme la cendre dont la flamme s’est envolée, et qu’ils aimaient mieux s’en fier à l’écho vivant des lèvres humaines qu’à la lettre morte de leurs écrits ? Quoi qu’il en soit, Socrate n’écrivit jamais rien ; il ne fit pas non plus de harangues : c’était un discoureur, et nullement un orateur. […] On le conjecturera avec plus de vraisemblance encore, quand on saura que Platon, l’éditeur plus ou moins fidèle des dogmes de Socrate, était allé, avant d’écrire, consulter les prêtres et les philosophes égyptiens. […] Ce dialogue n’a pas l’accent de la langue d’ici-bas ; la race humaine, dont une main d’homme a pu écrire ces lignes, est immortelle : Phédon le sent.
Mise debout sur l’industrie (qui oserait écrire le mot : assise, quand il s’agit de la nation américaine ?) […] Quand Edgar Poe construisait péniblement ses logogriphes, il écrivait visiblement sous le coup de fouet du besoin. […] Ce chapitre est composé de quatre parties, écrites successivement de 1853 à 1883. […] L’auteur écrivait ceci en 1853. […] Depuis que ceci est écrit (1858), on a vu s’ils l’étaient.
Je devrais dire son Histoire, car Commynes n’écrit pas pour se raconter. […] Commynes n’est pas un artiste : il écrit convenablement, rien de plus. […] Elle écrivit contre le Roman de la Rose. […] Thomassy, Essai sur les écrits politiques de Christine de Pisan, Paris, 1838, in-8. […] Ou presque rien : notez quelques beaux vers oratoires, dans le Livre des quatre dames, écrit après Azincourt (1415).
Ayant beaucoup écrit depuis plus de trente ans, c’est-à-dire m’étant beaucoup dispersé, j’ai à me recueillir avant d’aborder un enseignement proprement dit, et à poser quelques règles ou principes, qui marqueront du moins la direction générale de ma pensée ; j’en ai besoin, pour qu’il n’y ait entre nous aucun malentendu, et que ma parole puisse aller ensuite devant vous avec d’autant plus de liberté et de confiance. […] Poète admirable et le plus naturel sans doute depuis Homère (quoique si diversement), de qui l’on a pu écrire avec raison qu’il a une imagination si créatrice et qu’il peint si bien, avec une si saillante énergie, tous les caractères, héros, rois, et jusqu’aux cabaretiers et aux paysans, « que si la nature humaine venait à être détruite et qu’il n’en restât plus aucun autre monument que ses seuls ouvrages, d’autres êtres pourraient savoir par ses écrits ce qu’était l’homme ! […] Il a écrit Werther, mais c’est Werther écrit par quelqu’un qui emporte aux champs son Homère, et qui le retrouvera, même quand son héros l’aura perdu. […] Les papiers Conrart et autres papiers plus ou moins lisiblement écrits (et ces papiers Conrart sont d’une très belle écriture), sont devenus une mine de gloire. […] Thucydide, vous le savez, pour la composition de sa belle et sévère histoire, avait, pendant vingt ans, amassé des notes ; il avait dû écrire des espèces de mémoires ou de journaux détaillés sur tous les événements auxquels il assistait du sein de l’exil.