Dupanloup, homme d’éloquence et de zèle, mais d’un zèle qui n’est pas toujours sûr, il lui sembla tomber dans un monde tout nouveau : au sortir d’une nourriture chrétienne classique, sévère et sobre, il était mis à un régime bien différent ; il avait affaire pour la première fois à ce catholicisme parisien et mondain, d’une espèce assez singulière, que nous avons vu, dans ses diverses variétés, naître, croître chaque jour et embellir ; catholicisme agité et agitant, superficiel et matériel, fiévreux, ardent à profiter de tous les bruits, de toutes les vogues et de toutes les modes du siècle, de tous les trains de plaisir ou de guerre qui passent, qui vous met à tout propos le feu sous le ventre et vous allume des charbons dans la tête : il en est sorti la belle jeunesse qu’on sait et qu’on voit à l’œuvre. […] Le vieil édifice provisoire s’écroula en lui pierre par pierre ; mais, au moment où il acheva de tomber, il était déjà remplacé par un autre de substruction profonde et solide.
Tous mes amis sont morts dans ce pèlerinage, Tombés dans le cercueil, hélas ! […] qui jamais a su ta douleur tout entière, L’amertume des pleurs tombés de ta paupière, L’ampleur de la blessure en ton cœur ulcéré, Ô Job de la pensée, ô grand désespéré !
Dans un tel état de choses, comment tomber ? […] Les meilleurs citoyens reposent dans la tombe, et la multitude qui reste ne vit plus ni pour l’enthousiasme, ni pour la gloire, ni pour la morale ; elle vit pour le repos que troubleraient presque également et les fureurs du crime, et les généreux élans de la vertu.
Sa conversation est composée de parenthèses, principal objet de toutes ses phrases ; il voudrait laisser échapper ce qu’il a le plus grand besoin de dire ; il essaye de se montrer fatigué de tout ce qu’il envie ; pour se faire croire à son aise, il tombe dans les manières familières ; il s’y confirme, parce que personne ne compte assez avec lui pour les repousser, et tout ce dont il est flatté dans le monde est un composé du peu d’importance qu’on met à lui, et du soin qu’on a de ménager ses ridicules pour ne pas perdre le plaisir de s’en moquer. […] L’homme vain s’enorgueillit de tout lui-même indistinctement, c’est moi, c’est encore moi, s’écrie-t-il ; cet égoïsme d’enthousiasme fait un charme à ses yeux de chacun de ses défauts. — Cléon est encore à cet égard un bien plus brillant spectacle ; toutes les prétentions à la fois sont entrées dans son âme ; il est laid, il se croit aimé, son livre tombe, c’est par une cabale qui l’honore, on l’oublie, il pense qu’on le persécute ; il n’attend pas que vous l’ayez loué, il vous dit ce que vous devez penser ; il vous parle de lui sans que vous l’interrogiez, il ne vous écoute pas si vous lui répondez, il aime mieux s’entendre, car vous ne pouvez jamais égaler ce qu’il va dire de lui-même.
Au moment de violer un sanctuaire, il se demande s’il ne va pas tomber sur le seuil, frappé de vertige et le col tordu2. […] Là les persécuteurs, au moment de frapper, tombent sous une atteinte invisible ; les bêtes sauvages deviennent dociles ; les cerfs de la forêt viennent chaque matin s’atteler d’eux-mêmes à la charrue des saints ; la campagne fleurit pour eux comme un nouveau paradis ; ils ne meurent que quand ils veulent.
Aussi ne peut-il s’empêcher d’admirer, d’aimer ce superbe jaillissement d’énergies naturelles, d’appétits, qu’offre le neveu de Rameau : il tombe d’accord avec lui que « le point important est que vous et moi nous soyons, et que nous soyons vous et moi : que tout aille d’ailleurs comme il pourra ». […] « Le premier serment que se firent deux êtres de chair, ce fut au pied d’un rocher qui tombait en poussière ; ils attestèrent de leur constance un ciel qui n’est pas un instant le même ; tout passait en eux, autour d’eux, et ils croyaient leurs cœurs affranchis de vicissitudes.
Dénouement : la fillette tombe de l’escarpolette et se casse la tête ; le « gars » qui la regardait s’écrie : « Quel malheur ! […] si depuis ce jour où je tombai novice A l’école, en quittant le sein de ma nourrice, J’avais su déchiffrer l’hiéroglyphe saint Qui, de la corne d’or multipliant l’hélice, Fait sourdre un million sous le nombre succinct, Je n’aurais pas connu, Misère, ton supplice.
Des pharisiens ont prétendu que vos premiers romans avaient perdu beaucoup de jeunes femmes ; mais nous savons bien que ce n’est pas vrai, que celles qui ont pu tomber après avoir lu Indiana étaient mûres pour la chute et que, sans vous, elles seraient tombées plus brutalement et plus bas.
Dans le chapitre : La Mouche et l’Araignée, cherchant comment elle peut être amenée à la faute, il n’ose imaginer que deux cas : si elle tombe, — c’est qu’une perfide amie avait résolu de la faire tomber, la pauvre petite ; — ou c’est que, de très bonne foi, elle voulait, la chère enfant, servir les intérêts de son mari… Et pour elle Michelet imagine des fractions de responsabilité morale.
Mais quelques-uns, parmi lesquels Théomène et Faustus, ont pu se réfugier aux catacombes, où l’inquiète Marcia les rejoint et, tombée amoureuse de l’héroïque Théomène, est convertie par lui à la foi du Christ… Tout cela est habilement développé. […] pleurez et jetez des cris, à cause des malheurs qui vont tomber sur vous !
Lorsque celle-ci vint s’installer en France, elle apporta par conséquent à notre théâtre les exemples dont il avait le plus grand besoin ; elle enseignait l’action à notre comédie qui penchait naturellement vers la conversation et la tirade, et qui finit toujours par tomber de ce côté-là. […] La caravane comique tomba par malheur dans un parti, de huguenots.
Bernagasso demande la charité à coups de bâton ; quand on lui donne un quart d’écu, il répond qu’un quart d’écu est capable de le faire tomber dans le désordre, et qu’il n’a besoin que d’un sou. […] Arlequin tombé dans le puits, le 15 juin.
La fête des Tabernacles tombait à l’équinoxe d’automne. […] Ses belles prédications, dont l’effet était toujours calculé sur la jeunesse de l’imagination et la pureté de la conscience morale des auditeurs, tombaient ici sur la pierre.
On n’est pas au bout de cette marche toute de péril et d’aventure ; on n’a échappé à un danger que pour tomber dans un autre. […] Il tomba à côté de moi, en disant froidement à ses camarades : « Voilà un homme perdu ; prenez mon sac, vous en profiterez. » On prit son sac, et nous l’abandonnâmes en silence.
Des guenilles tordues des filles du peuple tombent des perles pour la Fontanges et la Châteauroux. […] Et il ressemble à un grand vase plein d’humanité que la main qui est dans la nuée secouerait, et d’où tomberaient sur la terre de larges gouttes, brûlure pour les oppresseurs, rosée pour les opprimés.
J’entends ceux qui ont l’instinct de Greuze ; et les autres ne tomberaient pas dans des disparates qui font pitié quand elles ne font pas rire. […] Les hommes seront descendus de cheval, et laissant paître en liberté leurs animaux, étendus sur la terre, ils continueront l’entretien, ou ils s’amuseront à lire l’inscription de la tombe.
Après trente ans d’étude, vous me demanderiez en vain pourquoi une pierre tombe, pourquoi je remue la main, pourquoi j’ai la faculté de penser et de sentir. […] J’ai donc ouvert un des deux cents journaux qu’on imprime tous les mois en Europe : ce journal faisait un grand éloge d’un livre nouveau qui ne m’était pas connu ; sur la parole du journaliste je me suis empressé de lire ce livre, qui m’est tombé des mains dès les premières pages.
L’auteur, qui n’écrit pas l’histoire d’un siècle, quoiqu’il en traverse plusieurs, mais qui, comme on dit maintenant, écrit celle d’une, idée, s’arrête à cet édit de Nantes qui forme une histoire de cette idée, en réalisant par Henri IV, que du moins il ne grandit pas, la politique de ce Michel de l’Hôpital, grandi outre mesure et qui doit éprouver de grands malaises de modestie, dans le fond de sa tombe, s’il peut s’y douter d’avoir sur terre un tel historien. […] Dargaud, et qui sentaient que leur pouvoir politique allait tomber avec le pouvoir religieux, s’ils ne défendaient pas ce pouvoir religieux comme un commandant de place, sa forteresse ; mais qu’importent au catholicisme les moyens de défense qu’on employait pour le défendre !
Nous ne demandons qu’à rester dans le rôle obscur et d’observateur malgré nous, qui nous a été fait par huit années de secrétariat, ne cherchant pas à nous exhausser sur la tombe du maître, mais ne négligeant rien non plus, cependant, quand l’occasion s’en présente, de ce qui peut servir à éclairer, par quelque point important et lumineux, la biographie de celui qui nous fit son éditeur posthume, son légataire universel, et nous mit en son lieu et place pour la correction et la publication de ses dernières œuvres.
Tel était l’ascendant de sa beauté et de ses manières, qu’elle subjugua tous ceux qui l’entourèrent et la connurent : pour ses femmes de chambre, ses fournisseurs, et les hommes de cour, il n’y a rien que de simple ; mais le charme s’étendit plus loin : l’allier Mirabeau fut peut-être autant amolli par ses douces paroles que par cet acte impur qui pèse sur sa mémoire ; quelques heures de conversation au retour de Varennes lui conquirent à jamais Barnave ; un mot de sa bouche fit tomber à ses pieds Dumouriez en pleurs ; les femmes du 20 juin elles-mêmes furent émues quand elles la virent.
Mais sa vie littéraire n’était point scellée dans la tombe des dieux disparus, et, par une métamorphose qui surprendra seulement les niais, le vicomte de Guerne s’est montré dès lors le poète le plus voisin de nous et le plus préoccupé, maintenant, du monde qui peine autour de lui vers les destins inconnus.
Emmanuel Delbousquet Il fut de ceux-là que la mort arrête en pleine conquête et qui tombent sans avoir connu leur gloire.
On trouve dans ses énormes Epîtres des morceaux pleins de force, d’élégance, de vivacité ; en sorte qu’en corrigeant ses Productions, & les réduisant à une juste étendue, il pourroit peut-être les relever du discrédit où elles sont tombées.
c’est trop sur la tombe où l’homme en paix s’endort, Cultiver de tes mains les cyprès de la mort ; C’est trop nous appeler sous ces ombres funebres, Pose la bêche, Young, & sors de ces ténebres.
Les Stances, avec grace, apprirent à tomber, Et le Vers sur le Vers n’osa plus enjamber.
A quoi sert donc d’avoir cultivé son esprit & sa raison, quand on tombe dans un pareil avilissement ?
La terreur même faisoit tomber la plume de la main de quelques-uns.
Priam, ce monarque tombé du sommet de la gloire, et dont les grands de la terre avaient recherché les faveurs, dùm fortuna fuit ; Priam, les cheveux souillés de cendres, le visage baigné de pleurs, seul au milieu de la nuit, a pénétré dans le camp des Grecs.
Je meurs ; le voile tombe, un nouveau jour m’éclaire : Je ne me suis connu qu’au bout de ma carrière.
Vers le milieu du quatrième siècle ; l’Empire romain envahi par les barbares et déchiré par l’hérésie, tomba en ruine de toutes parts.
On aura beau bâtir des temples grecs bien élégants, bien éclairés, pour rassembler le bon peuple de saint Louis, et lui faire adorer un Dieu métaphysique, il regrettera toujours ces Notre-Dame de Reims et de Paris, ces basiliques, toutes moussues, toutes remplies des générations des décédés et des âmes de ses pères ; il regrettera toujours la tombe de quelques messieurs de Montmorency, sur laquelle il souloit se mettre à genoux durant la messe, sans oublier les sacrées fontaines où il fut porté à sa naissance.
Suétone conta l’anecdote sans réflexion et sans voile ; Plutarque y joignit la moralité ; Velleius Paterculus apprit à généraliser l’histoire sans la défigurer ; Florus en fit l’abrégé philosophique ; enfin, Diodore de Sicile, Trogue-Pompée, Denys d’Halicarnasse, Cornelius-Nepos, Quinte-Curce, Aurelius-Victor, Ammien-Marcellin, Justin, Eutrope, et d’autres que nous taisons, ou qui nous échappent, conduisirent l’histoire jusqu’aux temps où elle tomba entre les mains des auteurs chrétiens : époque où tout changea dans les mœurs des hommes.
La religion chrétienne a seule fondé cette grande école de la tombe, où s’instruit l’apôtre de l’Évangile : elle ne permet plus que l’on prodigue, comme les demi-sages de la Grèce, l’immortelle pensée de l’homme à des choses d’un moment.
Et lorsque le poids du jour sera tombé, nous continuerons notre route, et dans un temps plus éloigné, nous nous rappellerons encore cet endroit enchanté, et l’heure délicieuse que nous y aurons passée.
Si vous aimez mieux des incidens plus simples, plus communs et moins grands, envoyez le bûcheron à la forêt, embusquez le chasseur, ramenez les animaux sauvages des campagnes vers leurs demeures, arrêtez-les à l’entrée de la forêt, qu’ils retournent la tête vers les champs dont l’approche du jour les chasse à regret ; conduisez à la ville le paysan avec son cheval chargé de denrées, faites tomber l’animal surchargé, occupez autour le paysan et sa femme à le relever.
. — Bon, répond-il j’ai beau avoir faim, il me reste assez de force pour lui creuser une tombe.
Les héros contractent mariage avec des étrangères ; les bâtards succèdent au trône ; observation importante qui prouverait qu’Homère a paru à l’époque où le droit héroïque tombait en désuétude dans la Grèce, pour faire place à la liberté populaire.
La Marâtre tomba sur ce théâtre où le répertoire de M. […] S’adressent-ils à une tombe ? […] On peut, dans ce simple détail, constater comment la manière primitive du poëte s’est aggravée et exagérée, comment il est tombé du côté où il penchait. […] répond l’auteur, il faut que je sois tombé bien bas dans votre estime, puisque vous me croyez capable d’une pareille saleté ! […] Peut-on s’étonner du mal qu’elle a fait, des biens qu’elle a perdus, des deux extrêmes où elle est tour à tour tombée, et qui se sont appelés et expliqués l’un par l’autre ?
Imaginez donc, en nos temps de démocratie, un jeune homme qui tombe sur le pavé de Paris sans un sou. […] Il glisse, il tombe, il se relève. […] C’est la fille tombée à quatorze ans par curiosité charnelle. […] Les coups tombent sur elle dru comme grêle ; mais, au fond, si elle rage, si elle pleure, elle aime ça ; c’est son plaisir. […] Et pas du tout, je suis enfin tombé sur un passage grave.
Dans quel discrédit et dans quelle indifférence est tombé ce noble art de la gravure, hélas ! […] La majesté fulgurante de cette musique tombait là comme le tonnerre dans un mauvais lieu. […] L’Ève éternelle tombe dans l’éternel piège. […] … Nulle part une tombe ! […] Janin tombait trop souvent dans la vérité, il la pourrait bien compromettre.
La destinée de l’homme est de tomber successivement dans des excès contraires. […] Je veux… » Puis il est tombé. […] On grava sur sa tombe cette simple épitaphe : Nicolaus de Bismarck, miles. […] Le jour tombait. […] Leur piété facile, leur riante sagesse égayent chaque année la tombe du poète.
Il est d’abord évident que la définition d’un mot doit tomber sur le sens précis de ce mot, et non sur le sens vague. […] Ce que nous venons de dire du sens précis, par rapport au sens vague, nous le dirons du sens propre par rapport au sens métaphorique ; la définition ne doit jamais tomber que sur le sens propre, et le sens métaphorique ne doit y être ajouté que comme une suite et une dépendance du premier. […] Il est même des mots, comme aveuglement, bassesse, et quelques autres, qu’on n’emploie guère qu’au sens métaphorique : mais quoique ces mots pris au sens propre ne soient plus en usage, la définition doit néanmoins toujours tomber sur le sens propre, en avertissant qu’on y a substitué le sens figuré. […] Térence, qui passe pour un auteur de la bonne latinité, ayant écrit des comédies, a dû, ou du moins, a pu souvent employer des mots qui n’étaient d’usage que dans la conversation, et qu’on ne devrait pas employer dans le discours oratoire ; c’est ce qu’un auteur de dictionnaire doit faire observer, d’autant que plusieurs de nos humanistes modernes sont quelquefois tombés en faute sur cet article. […] L’homme de génie ne doit craindre de tomber dans un style lâche, bas et rampant, que lorsqu’il n’est point soutenu par le sujet ; c’est alors qu’il doit songer à l’élocution, et s’en occuper.
Si la détente était complète, il n’y aurait plus ni mémoire ni volonté : c’est dire que nous ne tombons jamais dans cette passivité absolue, pas plus que nous ne pouvons nous rendre absolument libres. […] On verra, dans le prochain chapitre, combien il est malaisé de déterminer le contenu d’une idée négative, et à quelles illusions on s’expose, dans quelles inextricables difficultés la philosophie tombe, pour n’avoir pas entrepris ce travail. […] Notre vision du monde matériel est celle d’un poids qui tombe ; aucune image tirée de la matière proprement dite ne nous donnera une idée du poids qui s’élève. […] Elle est comme un effort pour relever le poids qui tombe. […] Mais une faible partie du jet de vapeur subsiste, non condensée, pendant quelques instants ; celle-là fait effort pour relever les gouttes qui tombent ; elle arrive, tout au plus, à en ralentir la chute.
Ophélie ne tomberait plus dans l’eau en faisant des bouquets, mais peut-être s’immolerait avec le poignard des princesses grecques. […] tu fais blanchir et tomber les cheveux, tu courbes les reins, tu uses les genoux. […] Un jour, Beppo, mis à la porte par la marquise Fideline, tombe sur son ami Troppa. […] Et Lucien ne tardera pas à retourner aux filles ; et, comme Satan est là qui rode, un beau jour Francine tombera dans ses bras. » Eh bien ! […] Gotte est tombée amoureuse de son maître pour l’avoir entendu fredonner l’air de Gounod : Dans les sentiers ombreux.
Il se figure ou qu’elle va tomber dans ses bras ou qu’elle va l’accabler de reproches. […] Je le crois d’autant moins que, malgré tout, Phèdre ne tomba point. […] Et il tombe sur le corps de Clara, en poussant un grand cri. […] Mais pourquoi cette petite fille tombe-t-elle sur le carreau ? […] Et Gaud tombe tout de son long au pied de la croix.
« Cette tombe a maintenant sa légende. […] Son premier ouvrage : la Taverne des étudiants, était tombé à plat (1854). […] Elle fait tomber au-dessous du niveau de l’honnêteté moyenne ceux qui ont espéré se maintenir à des hauteurs paradoxales. […] Il tombe à l’obscurité et au pathos. […] Un beau jour, il tombe d’un toit et se casse la jambe pour avoir voulu faire une risette à sa fille.
Et sous ce regard, qui pardonne d’avance et même vous autorise, vous tombez à genoux. « Impertinent ! […] Il ne s’agit point ici de l’Ange du mal, du Prométhée biblique foudroyé par le Jupiter des Juifs, mais gardant au front l’éclair de la foudre ; tombé, mais superbe encore ! […] Armée, en effet, mais qui ne fait plus de conquêtes, armée tombée en garde nationale. […] — Corneille fait des excuses. — L’hôtel de Rambouillet tombé en enfance. — Les fils légitimes des anciens. — Iphigénie à Aulis. — M. […] Il n’y consentira certainement pas : il préfère descendre tout de suite dans la tombe avec toutes les choses aimées qui viennent de mourir.
Ces fleuves de Babylone coulent et tombent et entraînent. Ô sainte Sion, où tout est stable et où rien ne tombe ! […] Ses paupières tombaient sur ses yeux. […] La conversation tombait sur le Vatican. […] La nuit tombe.
Etienne n’a donc pas toute l’exactitude qu’on a droit d’attendre d’un si grand homme ; c’est que les esprits les plus éclairés peuvent encore tomber dans l’erreur, mais ils ne doivent rien perdre pour cela de la considération qui est dûe aux talens. […] Cette maniere d’envisager l’hellénisme, peut faire tomber les jeunes gens dans la même erreur qui a déjà été relevée à l’occasion du mot gallicisme ; savoir que les hellénismes ne sont qu’en latin. […] La seconde espece de changement qui tombe directement sur les mots, est uniquement relative à l’ordre successif selon lequel ils sont disposés dans l’expression totale d’une pensée. […] La troisieme sorte de changement, qui doit caractériser l’hypallage, tombe moins sur les mots que sur les idées mêmes qu’ils expriment ; & il consiste à présenter sous un aspect renversé la corrélation des idées partielles qui constituent une même pensée. […] La tmèse n’est qu’une figure de diction, puisqu’elle ne tombe que sur le matériel d’un mot qui est coupé en deux ; & le nom même de tmèse ou coupure, avertissoit assez qu’il étoit question du matériel d’un seul mot, pour empêcher qu’on ne rapportât cette figure à la construction de la phrase.
Je recommande également au lecteur les pièces : Au bal, la Tombe, le Jardin, fusées fébriles de sentiment mondain ou sensations de la vie de tous les jours.
André Lemoyne Ce qui ressort surtout des poèmes d’André Theuriet, c’est l’amour de la nature forestière, l’intime souvenir de la vie campagnarde et, en même temps, une pitié profonde pour les souffrants, les déshérités de ce monde qui vont courbes sur la glèbe ou errants sur les routes, à l’heure où le soir tombe et quand s’illumine dans la nuit la fenêtre des heureux.
Il résulte de ce qui précède : i° que Saint-Simon s’est trompé sur le motif qui fit renvoyer madame de Navailles, et qu’ainsi son accusation contre madame de Montausier tombe ; 2° que la cause du renvoi de la maréchale fut une intrigue issue de main de courtisan, avec de telles circonstances, que ni le roi, ni les personnes instruites de ses motifs, ne pouvaient douter de la faute grave qui était imputée à la dame d’honneur, et qu’ainsi, madame de Montausier, en achetant sa charge, ne fit que partager le sentiment général qui la condamnait.
Le Livre de Vandale sur les Oracles fût tombé dans l’oubli, si sa plume ne lui eût prêté des agrémens, qui ont fait disparoître la sécheresse de l’Original.
Ses Poésies Chrétiennes sont plus dignes de l’oubli dans lequel elles sont tombées depuis longtemps, quoique quelques-unes aient été couronnées par l’Académie Françoise.
un Roman enfin, dont le scandale a fait le succès passager, dont il n’y a que les premiers chapitres qui soient soutenables, & dont tout le reste fait tomber le Livre des mains du Lecteur, tantôt ennuyé, tantôt révolté !
Il faut qu’il puisse saluer le drapeau tricolore sans insulter les fleur de lys ; il faut qu’il puisse dans le même livre, presque à la même page, flétrir « l’homme qui a vendu une femme » et louer un noble jeune prince pour une bonne action bien faite, glorifier la haute idée sculptée sur l’arc de l’Étoile et consoler la triste pensée enfermée dans la tombe de Charles X.
Les armes tombèrent d’elles-mêmes des mains des combattans.
Il n’y avait pas lieu de tomber dans cette erreur qui fait appeler « jeunes » des écrivains illustres et âgés de plus de cinquante ans.
Bientôt il se fait un profond silence ; les légions se prosternent, en adorant celui qui fit tomber Goliath par la main d’un jeune berger.
N’entendra-t-on jamais que des blasphèmes contre une religion qui, déifiant l’indigence, l’infortune, la simplicité et la vertu, a fait tomber à leurs pieds la richesse, le bonheur, la grandeur et le vice ?
Contraints alors de généraliser nos observations, nous tombons dans l’esprit de système.
J’en tombe d’accord.
Nous qui le signalons aujourd’hui, nous n’avons encore lu que la partie du cours qui traite de la psychologie, mais nous pouvons assurer que le regard qui tombe là sur les travaux psychologiques de ce temps a l’autorité froide d’un regard de juge qui voit de plus haut que ce qu’il voit.
Car le meurtre engendre le meurtre ; et ses frères, les meurtriers de Sigurd, attirés chez Atli, vont tomber à leur tour dans un piége pareil à celui qu’ils ont tendu. […] Mais la flamme inextinguible de la vengeance a passé de son cœur dans celui de sa sœur ; cadavre sur cadavre, on les voit tomber tour à tour l’un sur l’autre ; une sorte de fureur colossale les précipite les yeux ouverts dans la mort. […] Je pense à mourir au côté de mon seigneur, près de cet homme que j’ai tant aimé… Il tint sa parole, la parole qu’il avait donnée à son chef, au distributeur des trésors, lui promettant qu’ils reviendraient ensemble à la ville, sains et saufs dans leurs maisons, ou que tous les deux ils tomberaient dans l’armée, à l’endroit du carnage, expirant de leurs blessures. […] Un d’entre eux, dont le poëme est mutilé, a conté l’histoire de Judith ; avec quel souffle, on va le voir ; il n’y a qu’un barbare pour montrer en traits si forts l’orgie, le tumulte, le meurtre, la vengeance et le combat : « Alors and Holopherne — fut échauffé par le vin. — Dans les salles de ses convives, — il poussa des éclats de rire et des cris, — il hurla et rugit, — de sorte que les enfants des hommes — purent entendre de loin — quelle clameur, quelle tempête de cris — poussait le chef terrible, — excité et enflammé par le vin. — Les coupes profondes — furent souvent portées — derrière les bancs. — De sorte que l’homme pervers, — le farouche distributeur de richesses, — lui et ses hommes, — pendant tout le jour — s’enivrèrent de vin, — jusqu’à ce qu’ils fussent tombés, — gisants et soûlés ; — toute sa noblesse, — comme s’ils étaient morts. » La nuit venue, il commande que l’on conduise dans sa tente « la vierge illustre, la jeune fille brillante comme une fée » ; puis, étant allé la retrouver, il s’affaisse ivre au milieu de son lit. […] — une seconde fois, — le chien païen, — jusqu’à ce que sa tête — eût roulé sur le sol. — L’ignoble carcasse gisait sans vie ; — son âme alla tomber sous l’abîme, — et là fut plongée au fond, — attachée avec du soufre, — blessée éternellement par les vers. — Enchaîné dans les tourments, — durement emprisonné, il brûle dans l’enfer. — Après sa vie, — englouti dans les ténèbres, — il ne peut plus espérer — qu’il s’échappera de cette maison des vers. — Mais il restera là, — toujours et toujours, — sans fin, dorénavant — dans cette caverne — vide des joies de l’espoir. » Quelqu’un a-t-il entendu un plus âpre accent de haine satisfaite ?
Les seigneurs à table ont achevé leur dîner, les ménestrels viennent chanter, la clarté des torches tombe sur le velours et l’hermine, sur les figures fantastiques, les bigarrures, les broderies ouvragées des longues robes ; à ce moment le poëte arrive, offre son manuscrit « richement enluminé, relié en violet cramoisi, embelli de fermoirs, de bossettes d’argent, de roses d’or » ; on lui demande de quoi il traite, et il répond « d’amour. » III. […] Comment les deux jeunes chevaliers thébains Arcite et Palémon s’éprennent ensemble de la belle Émilie, et comment Arcite, vainqueur dans le tournoi, tombe et meurt de sa chute en léguant Émilie à son rival ; comment le beau chevalier troyen Troïle gagne la faveur de Cressida, et comment Cressida l’abandonne pour Diomède, voilà encore des romans en vers et des romans d’amour. […] À côté des nobles peintures chevaleresques, il met une file de magots à la flamande, charpentiers, menuisiers, moines, huissiers ; les coups de bâton trottent, les poings se promènent sur les reins charnus ; on voit s’étaler des nudités plantureuses ; ils s’escroquent leur blé, leur femme, ils se font tomber du haut d’un étage ; ils braillent et se prennent de bec. […] Il y a un dogme complet, minutieux, qui barre toutes les issues ; nul moyen d’échapper ; après cent tours et cent efforts, il faut venir tomber sous une formule. […] Ils se raillent eux-mêmes, grotesquement et lugubrement : pauvres figures plates et vulgaires, entassées dans un navire, ou qu’un squelette grimaçant fait danser au son du violon sur leur tombe.
Le grand maître le prévint et abattit la tête de cet infortuné, qui tomba aux pieds de Janikan, et d’un autre coup lui coupa le corps presque en deux. […] On voit dans l’un de ces palais un salon à trois étages, soutenu sur des colonnes de bois doré, qu’on pourrait appeler une grotte, car l’eau y est partout, coulant autour des étages dans un canal étroit qui la fait tomber en forme de nappe ou cascade, de manière qu’en quelque endroit du salon que l’on se trouve, on voit et on sent l’eau tout autour de soi. […] La cour s’y dévoile avec un magique intérêt ; lisez: Les eunuques s’étant présentés au logis des ministres, comme venant de la part de Sa Majesté, les obligèrent de sortir de l’appartement de leurs femmes, et alors ils les informèrent également tous deux de la mort d’Abas II (A’bbâs), et leur en firent un rapport assez exact, qui était que le jour précédent, vers le soir, après que ces ministres se furent retirés, ce monarque avait mangé de bon appétit des confitures que ses femmes lui avaient apprêtées ; ensuite de quoi il avait paru se porter mieux qu’à l’ordinaire, jusque sur les neuf heures du soir, qu’il était tout à coup tombé en pâmoison ; qu’eux y étaient accourus, et l’avaient mis sur son lit ; qu’il était revenu à soi sur les onze heures, mais avec quelque altération de sa raison ; que sa douleur après cela s’était augmentée, et que deux remèdes réitérés qu’il avait pris par l’ordonnance des médecins ne l’avaient point soulagé ; que, vers les deux heures après minuit, la violence de son mal sembla s’être un peu apaisée, mais qu’elle l’avait ressaisi sur les trois heures et lui avait causé une frénésie demi-heure durant ; qu’une autre demi-heure il avait joui de quelque repos ; mais que, enfin, vers les quatre heures, ses yeux, par de tristes roulements, avaient fait connaître les approches de sa mort ; qu’en même temps, il avait rendu l’esprit sans autre agitation, et l’on peut dire sans s’être senti mourir. […] Leur conclusion fut que, comme ils voyaient que le prince aîné ne pouvait pas vouloir du bien aux grands, que c’était à eux une imprudence de lui en faire, particulièrement un bien de cette nature, qui le mettait en pouvoir de leur faire tout le mal qu’il lui plairait ; et dans cette conjoncture, le parti le plus assuré était de faire tomber leur élection sur le puîné, Hamzeh-Mirza ; que ce jeune prince promettait beaucoup et donnait pour l’avenir de grandes espérances pour la grandeur de l’empire des Perses, et pour le présent il leur donnait sujet à tous de s’attendre à un doux repos, puisque, étant incapable des affaires, il leur en laisserait le maniement un fort long temps, qui ne pouvait être moindre que de douze ou quinze ans. […] C’est par là que je saurai vous ôter le moyen de ne pouvoir plus faire de mauvais choix ; vous serez bien alors contraints de porter la couronne à l’aîné, et je vous laisse à penser de quelle manière il la recevra de vous, quand il verra que vous ne vous serez rendus à votre devoir qu’après une extrémité si fâcheuse. » Il finit son discours avec cette menace, et laissa les seigneurs de l’assemblée tellement surpris, que si une montagne fût tombée à leurs pieds, comme on parle en Perse, ils n’eussent pas témoigné tant d’étonnement.
Si le positivisme contemporain est tombé dans l’excès contraire, et s’il a prétendu, lui, traiter la morale comme il faisait la physiologie, il ne s’est pas moins écarté du vrai but. […] Et c’est un second point dont nous pouvons tomber d’accord : la vertu n’est que la victoire de la volonté sur la nature. […] Lorsque l’on tombe d’accord de trois ou quatre points de cette importance, il n’y a pas même besoin de discuter les conditions, ou les termes, d’une entente ; — et elle est faite. […] » Et j’en tombe d’accord avec eux ; et je conviens qu’après les livres d’histoire naturelle générale, il n’en est pas que j’aie lus, que je lise encore plus volontiers, avec plus de fruit que les livres d’exégèse. […] Et si vous vous hâtez, après tant de vaines prophéties, de prédire la déroute de l’ennemi qui multiplie et qui monte, c’est que vous sentez que dans l’accalmie présente, le formidable assaut se prépare qui fera tomber les derniers retranchements de l’ordre d’iniquité que vous dites divin.
On peut lui reprocher aussi d’être tombé dans la puérilité du détail et d’avoir laissé échapper des points essentiels. […] En vérité, nous tombons dans la cocasserie associée à une outrecuidance exceptionnelle. […] Et c’est parce qu’il tombe d’un toit, en exerçant son métier de couvreur, qu’il devient graduellement paresseux et ivrogne ? […] Zola tombe d’inconséquence en inconséquence, faute sans doute d’être bien pénétré de sa doctrine. […] L’ivrognerie fait tomber ses adorateurs sur la voie publique.
Il tombe malade parfois de ses propres excès, mais sa fortune est d’avoir des ennemis. […] Mürger s’en alla trop tôt, et le marbre qui sourit sur sa tombe symbolise son passage parmi nous. […] Elle frappe, et le rideau tombe. […] » À cette voix, Noël chancelle et tombe. […] Dès cet instant, un poids tombe de toutes les poitrines.
Suivez cette fourmi tombée dans une rivière, et que sauve une colombe qui lui jette par charité un brin d’herbe dans l’eau : que dit le narrateur ? […] Ce sentiment lui fait préférer le sublime étincelant, mais inégal, au médiocre uniforme, qui, ne s’élevant jamais trop, ne peut ni se démentir ni tomber. […] Je passe sous silence la pratique du théâtre de l’érudit et froid d’Aubignac, dont les ouvrages tombèrent dans toutes les règles, parce qu’il ignora celle de plaire. […] L’immortelle victime est seule instruite d’un arrêt du destin qui condamne Jupiter à tomber un jour du trône qu’il usurpa sur Saturne. […] Si quelque scélérat tombe de la prospérité dans le malheur, il n’y aura là d’autre mouvement que celui de la joie de sa punition, sentiment contraire à la pitié que l’on veut produire.
On peut ouvrir le recueil au hasard : on est sûr de tomber sur une pièce qui n’est que le développement banal et froid d’un thème quelconque, en vers correctement coupés, fort brillants de forme, et semés de toutes les figures et de toutes les formules chères aux classiques. […] Victor Hugo ne pense pas aux objets qu’il décrit, ou aux choses dont il, parle : il les voit avec leurs contours et leurs couleurs, et quand il traite de pures abstractions, il faut qu’il arrive à les faire tomber sous ce sens de la vue qu’il possède à un si haut degré. […] Et le grand-père, qui assiste à l’audience, tombe comme une masse en apprenant cela. […] L’ayant lue, il la serre dans ses mains, laisse tomber ses bras en levant les yeux vers le ciel, et les deux grosses larmes, après avoir tremblé incertaines sur ses paupières, s’échappent, roulent intactes le long de ses joues et viennent tomber toutes chaudes sur ses mains. » Les conversations sont quelquefois construites d’une façon analogue, — interminables et surtout oiseuses. […] Si même il tombe de temps en temps, comme cela lui est arrivé avec ses Amis, dans de fâcheuses exagérations d’analyse, il restera pourtant, on peut l’affirmer, un écrivain aimable et agréable, qu’un public nombreux suivra toujours avec plaisir.
Elle se montre digne, en un mot, de partager la tombe d’Antoine. […] Le pain et la bière qu’on leur livra avaient été mêlés du jus d’une baie extrêmement narcotique, en sorte que, s’en étant rassasiés avec avidité, ils tombèrent dans un sommeil dont il fut impossible de les tirer. […] Il creuse sa tombe sur le rivage de l’Océan, appelle à ses funérailles toutes les grandes images du désert et fait servir les éléments à son mausolée. […] Paolo, c’est le nom du garçon, fut le partage d’un Allemand, et sa sœur jumelle, Nicuola, tomba entre les mains de deux soldats qui la traitèrent avec beaucoup de douceur, dans l’espérance qu’ils en tireraient une rançon considérable. […] Elle n’était point pâle, mais, plus blanche que la neige qui tombe à flocons, sans un souffle de vent, sur une gracieuse colline, elle semblait se reposer, comme une personne fatiguée.
Pendant ces hésitations Napoléon s’avance, avec l’unité de direction et la rapidité de marche d’un commandement absolu, à travers la Franconie et la Saxe ; les avant-gardes s’entrechoquent ; le prince Louis de Prusse, le plus chevaleresque des partisans de la guerre à la cour de son frère, tombe mort sous le sabre d’un sous-officier français ; le duc de Brunswick replie l’armée sur Naumbourg, laissant 50 000 hommes sous le prince de Hohenlohe, à Iéna ; Napoléon arrive avec ses masses en vue de la ville. […] Il prescrivit au maréchal Davout de bien garder le pont de Naumbourg, et même de le franchir, s’il était possible, pour tomber sur les derrières des Prussiens, pendant qu’on les combattrait de front. […] « Tout à coup, dit l’historien, la neige, ayant cessé de tomber, permit d’apercevoir ce douloureux spectacle. […] Arrêtons-nous ici, et voyons si l’écrivain aura la constance de conduire son héros jusqu’à Waterloo, où il tombe enfin dans le sang de ses derniers compagnons d’armes pour ne plus se relever que dans l’imagination sans mémoire des peuples. […] Nous savons, comme lui, que, quand le gouvernement est tombé dans la rue chez un peuple, le premier droit et souvent le premier devoir d’un grand citoyen est d’en relever un, fût-ce dans sa personne !
Il est tombé aux mains des justiciers. […] Elle est tombée au milieu d’un guet-apens, entourée de tous ceux qui ont un intérêt à la faire disparaître… Est-ce qu’elle meurt ? […] Mais voilà que, par contretemps, le sous-confectionneur tombe malade et meurt avant que l’ouvrage soit terminé. […] On lit beaucoup à la campagne ; malheureusement, faute de connaissances suffisantes, faute surtout de direction, on lit, on dévore tout ce qui tombe sous la main. […] Frédéric Loliée assure qu’il y a des fabricants, des exploiteurs ; cela est évidemment regrettable, si son étude ne tombe pas dans l’exagération.
Poe, qu’il n’existe pas de long poème, que ces mots “un long poème” sont tout simplement contradictoires dans les termes. » Revenant sur cette pensée, il la précise : « La dose d’émotion nécessaire à un poème pour justifier ce titre ne saurait se soutenir dans une composition de longue haleine : au bout d’une demi-heure au plus, elle baisse, tombe, une révulsion s’opère et dès lors le poème, de fait, cesse d’être un poème. » Nous pouvons nous souvenir, pour corroborer l’opinion de Poe par l’histoire, que l’Iliade et l’Odyssée datent d’une époque postérieure à celle de leur composition, quant à la forme arbitraire selon laquelle ces deux œuvres nous sont présentées : forme arbitraire, étrangère, ou peu s’en faut, à la pensée du ou des poètes primitifs. […] Puis l’envoyé céleste est rappelé, son vêtement de terre tombe, et bientôt devient pour les sens une ombre évanouie. […] Alors le dogme lui-même s’altère, tombe, en de folles débauches de sensualité où la foi s’énerve, où le devoir d’être heureux oublie son principe certain et son orientation vers l’infini. […] L’autre, au contraire, plus sensuel, risque de tomber dans l’excès d’une sorte de matérialisme mystique et répond mal au désir philosophique de l’instant moderne. […] — Le salut est dans la main du Poète, cette main qui seule compte les pulsations et charme les douleurs du cœur universel, — pourvu qu’elle tombe franchement et demeure pour toujours dans la main du Savant.
Des quatorze cents ans de notre histoire de France, les quelques années du Directoire, de ce gouvernement de corruption et de néant, sont assurément celles où la France (à part la gloire des camps) est le plus tristement tombée… S’il était permis à l’Histoire d’avoir des silences, elle pourrait se taire, de convenance ou de honte, devant tant d’ignominie et de nullité, et ce n’est pas un doigt qu’elle aurait à se mettre sur la bouche, comme le dieu Harpocrate, ce serait toute la main ! […] il a manqué, comme tous ses contemporains, d’aperçu lointain et supérieur, et il s’expose très simplement à ce reproche qu’on peut lui faire ; mais, du moins, il n’a pas manqué des vifs éclairs d’un magnifique bon sens, et au premier symptôme, au premier flair, avec ce bond de lion des esprits véritablement politiques, qui tombe juste sur les réalités et les saisit, ce qu’il n’a pas vu à l’avance, il l’a, à l’instant même, compris. […] Il avait les qualités des hommes qui gravent sur le marbre ou le bronze pour des siècles, et, avec toutes ses qualités de durée et d’immortalité, il écrivit sur ces feuilles éphémères et enflammées, qui tombent en cendres après avoir brillé et brûlé comme des torches. […] XVIII La Mort l’a fait tomber, cette plume énergique, de la main virile qui la tenait, mais ce n’est pas eux qui l’ont brisée. […] XIX Encore une fois, c’est cette beauté que je regrette, tombée qu’elle est où elle sera perdue !
Cependant le 9 thermidor vint et Robespierre tomba. […] Il était pâle, et la sueur qui tombait de son front roulait de ses vêtements jusqu’à terre, où elle imprimait de larges taches. […] Du 29 prairial au 9 thermidor an II, c’est-à-dire dans l’espace de quarante jours, quatre cent quarante-huit têtes tombèrent à Paris. […] On restait immobile jusqu’au moment où l’on entendait tomber le marteau d’une grande porte. […] Constamment il en faisait l’aveu à ses élèves, en leur recommandant de ne pas tomber dans la même faute que lui.
Les périodes sont passées de mode, depuis Voltaire, et tous les oripeaux dont vous habillez vos mannequins depuis trente ans, tombent en loques. […] D’ailleurs, il ne faut pas discuter avec les aveugles, il faut les faire tomber. […] L’un rêvant mort, viol, rapt, substitution d’enfants ; l’autre, quiproquo et couplet final, ont mérité de s’enterrer dans la même tombe. […] Dans le second cas, au contraire, c’est l’auteur qui tombe en contradiction. […] Les gens d’imagination tombent toujours dans ce défaut.
Nous n’avons pas été favorisés, nous autres Anglais ; c’est de votre côté qu’il est tombé. […] Ce pauvre diable de Limousin qui tombe en plein Paris avec son bagage d’illusions et de confiance n’a commis, en somme, aucun crime. […] Avec toutes les précautions, dont un homme peut être capable, je n’ai pas laissé de tomber dans le désordre, où tous ceux qui se marient sans réflexion, ont accoutumé de tomber. — Oh ! […] Elle avait fait transporter à l’endroit où l’on avait presque furtivement enterré son mari une large tombe de pierre, et durant un hiver fort rude, elle fit voiturer cent voies de bois dans le cimetière Saint-Joseph, afin que les pauvres gens se pussent réchauffer au feu d’un bûcher qu’on alluma sur la tombe de Molière. […] Il tombe dans la caricature.
Puis il est resté parfaitement tranquille et peu à peu s’est affaissé ; ses jambes ont d’abord cédé en même temps que la tête a fléchi ; enfin il est tombé sur le flanc complétement paralysé. […] Moins d’une demi-minute après, elle ouvrit et ferma souvent le bec ; sa queue était abaissée, et ses ailes tombaient presque à terre. À la fin de la troisième minute, elle était courbée, ne pouvant plus soutenir sa tête, qui tombait, se relevait, et chaque fois tombait plus bas, comme celle d’un voyageur fatigué qui sommeille debout ; ses yeux s’ouvraient et se fermaient. […] Beaucoup de ces animaux tombent alors dans un état de vie latente qui n’est autre chose qu’un état d’indifférence chimique du corps organisé vis-à-vis du monde extérieur. […] Alors la science ne ferait plus de progrès et s’arrêterait par indifférence intellectuelle, comme quand les corps minéraux saturés tombent en indifférence chimique et se cristallisent.
Des femmes étaient occupées à travailler aux champs qui longent le grand chemin, lorsque, Molière passant, cette valise tomba de la croupe du cheval qu’il montait. […] Béjart, dit La Grange, tomba malade, et acheva son rôle de L’Étourdi avec peine. » Il mourut le 21, et après la représentation du 20 mai, le registre ajoute : « Interruption à cause de la mort de M. […] Peu après Pâques et la réouverture du théâtre, le 12 avril, la Reine mère tomba malade d’une fièvre double-tierce qui mit sa vie en danger et Paris en prières et en processions. […] Le lendemain de la première représentation du Misanthrope, représentation qui fut assez froide, un spectateur, croyant lui plaire, accourut lui dire : « La pièce est tombée ; rien n’est si faible. […] Voltaire disait que la première lecture de cette pièce le fit rire de si bon cœur qu’il se renversa sur sa chaise, tomba en arrière et faillit se tuer.
Pourquoi donc, me direz-vous, est-il si facile d’y tomber, si malaisé d’en guérir ? Messieurs, la fréquence et la gravité du mal que je signale, sont précisément des preuves de l’état de déchéance où l’homme est tombé. […] L’exception nous fait tomber dans la contradiction. […] En quoi tombe-t-il dans l’exagération et l’erreur ? […] C’est une habile prévoyance des malheurs où nous pouvons tomber.
Hugo se plaît à changer le mètre dans l’intérieur d’un poème : il fait alterner les vastes couplets alexandrins avec les strophes agiles de petits vers ; et dans ces diverses parties, aucune égalité, aucun souci de tomber sur un nombre uniforme de vers ou de strophes744. […] Ils n’ont jamais consenti à faire tomber la sixième syllabe du vers au milieu d’un mot, ce que leurs successeurs ont pu faire sans grande difficulté, en conservant dans sa pureté la forme rythmique qu’ils en avaient reçue. […] Il chanta, avec plus de force et de fougue qu’on n’aurait cru, les grandes idées démocratiques, la fraternité des peuples, le cosmopolitisme humanitaire, et c’est ainsi qu’aux premiers jours de 1848 il fut maître de la France : il en exprimait toutes les illusions naïvement généreuses, en laissant tomber sur les foules les consolantes idées dont il avait toujours vécu. […] Et de fait, sans idées ni émotions, il a rendu les fragments du monde extérieur qui tombaient sous son expérience.
Mme Gervaisais, jeune veuve riche, intelligente et d’esprit indépendant, vient à Rome avec son petit enfant, s’éprend de la Rome païenne, puis s’en détache, subit ensuite dans son imagination et dans son cœur la Rome chrétienne, est décidément convertie par une maladie de son petit garçon et sa guérison miraculeuse, est prise d’une dévotion exigeante et insatiable, se livre à un directeur féroce, s’enfonce dans un ascétisme sombre, renonce à tout, même à l’amour maternel, s’éveille pourtant de cette folie à la voix de son frère, un soldat, qui l’éclairé brusquement sur son mal et qui veut la sauver ; mais elle tombe morte avant de quitter Rome, sous la bénédiction du pape Près d’elle, un autre malade, le petit Pierre-Charles, un bel enfant idiot, d’une sensibilité violente et qui aime furieusement sa mère. « La musique et son cœur, c’était tout cet enfant, un cœur où semblait avoir reflué, l’élargissant, ce qui lui manquait de tous les autres côtés. […] Une prodigieuse imagination du faux le sauvait de l’expérience, lui gardait l’aveuglement et l’enfance de l’espérance… et ne faisait tomber sur lui que le coup inattendu des malheurs, etc. […] 20 » Dans la forêt de Fontainebleau, ils voient les plus petites choses : «… Son regard s’arrêta sur le rocher ; il en étudia les petites mousses vert-de-grisées, le tigré noir des gouttes de pluie, les suintements luisants, les éclaboussures de blanc, les petits creux mouillés où pourrit le roux tombé des pins. » Mais à côté ils sentent profondément les grands spectacles : la vallée de Franchart les fait rêver de cataclysmes préhistoriques, de nature antédiluvienne21. […] La lune y tombait en plein.
Les philosophes, disions-nous, ont engendré le doute ; les poètes en ont senti l’amertume fermenter dans leur cœur, et ils chantent le désespoir ; ils chantent, glorieux mais tristes, entre une tombe et un berceau, entre un ordre social qui achève de s’écrouler et un nouveau monde qui va naître : et nous leur reprochions de tenir plutôt les yeux tournés vers le passé que vers l’avenir. […] Voilà donc ce poète tombé dans la contemplation de l’infini, de l’harmonie universelle, et ne comprenant pas l’anarchie de l’Humanité. […] Que si un fantôme d’elle alors leur apparaît et pose devant eux, si une image du passé, se dérobant à la tombe, semble se relever et marcher, est-il étonnant que ces âmes poétiques prennent leur rêve pour une réalité ? […] Mais quand tu laisses les superstitions du passé, quand tu ne fais plus de la poésie sur l’histoire, quand tu parles en ton nom, tu es comme tous les hommes de ton époque, tu ne sais rien dire sur le berceau ni sur la tombe.
D’un récit de chevalerie, presque banal, et que bien des poètes auraient cru devoir laisser dans les petits livres de la bibliothèque bleue, Richard Wagner a fait le drame éternel des amants séparés par le hasard jaloux, et qui tombent morts, comme Roméo et Juliette, hélas ! […] Désunis, ils tombent fatalement, celui-ci dans la routine et celui-là dans l’excentricité : réunis, ils se fécondent, l’un, apportant la verve et l’autre l’expérience. […] Dans quelle inquiétude étrange est-il tombé ? […] Le premier peut tomber dans l’excentricité, le second dans la routine.
Si la bouche est ouverte, c’est, en premier lieu, parce que le relâchement des muscles, dont a fui une partie de l’innervation nerveuse employée au cerveau, fait tomber la mâchoire par son propre poids ; en second lieu, la bouche ouverte permet une inspiration profonde, nécessaire toutes les fois que nous avons quelque effort énergique à accomplir ; enfin elle rend plus facile l’inspiration même, qu’activent les battements du cœur sous l’influence de l’étonnement comme de la crainte. […] On peut comparer notre corps à une masse d’eau où les pierres qui tombent produisent toujours des ondulations, capables de s’étendre indéfiniment ; si le choc a été trop petit, les ondes visibles du centre, en s’écartant et en s’agrandissant, finissent par devenir invisibles ; un spectateur éloigné aperçoit à peine un vague tressaillement ou croit même que rien n’a troublé l’eau tranquille. […] « Les lèvres sont relâchées, dit Charles Bell ; la mâchoire inférieure s’abaisse, la paupière supérieure tombe et recouvre à moitié la pupille de l’œil ; les sourcils s’inclinent comme le fait la bouche. » Il est vrai qu’en même temps d’autres muscles se tendent et entrent en jeu, par exemple le sourcilier, l’orbiculaire, les lèvres, surtout le canin abaisseur de l’angle de la bouche, que Bell appelait même « le muscle de la peine ». […] Quand on pousse un long cri dans l’oreille d’une poule, elle tombe comme morte, et si on place son cou sous son aile, elle demeure longtemps immobile.
Lié avec M. de Malesherbes et avec les politiques et les écrivains les plus illustres du siècle, décapités en 1793, il était tombé avec la monarchie. […] Sa main, à son réveil, en s’étendant au hasard, à droite ou à gauche, ne pouvait tomber que sur des livres. […] J’aime mieux me fier au hasard qu’au choix ; je remue cette litière de livres, j’étends la main, et, sur quelque volume que je tombe, mon esprit noue conversation avec un esprit ; quand il m’a tout dit, je passe à un autre. […] … J’ai renoncé pour toujours à tout rôle ici-bas ; je l’ai fait sans peine, car ce rôle, je vous le dis devant Dieu, ce n’était pas ma personne, c’était ma consigne ; en quittant la scène, il n’est rien tombé de moi avec l’habit.
Maintenant, les barrières sont tombées. […] Mais la création d’une sorte de conseil de surveillance, qui aurait pour mission d’empêcher le plaisir de tomber trop bas et même d’en élever peu à peu la qualité. […] Entre elle et Paris qui l’entoure, la barrière est désormais tombée ? […] Non, messieurs, vous ne serez pas injustes envers notre époque, plus tard surtout, lorsque vous l’apercevrez d’un peu loin, que les échafaudages qui la recouvrent à nos yeux seront tombés et que ses véritables proportions apparaîtront.
Il est tombé d’ailleurs dans plusieurs inexactitudes. […] L’Abbé Massieu ne s’étoit pas assez étendu ; l’Abbé Goujet est tombé dans un défaut tout contraire. […] Il tombe dans la déclamation, dans l’amplification. […] Je vois enfin que toute regle Sera proscrite désormais ; Et que tel qui prend un vol d’aigle Ira tomber dans les marais.
Quand ceux que j’ai nommés se levèrent semblables à des prêtres de régénération, les vieilles murailles du monument littéraire s’ébranlèrent à leur voix, et tombèrent comme les remparts de Jéricho au bruit des trompettes israélites. […] Il est comme un vieillard impotent qui ne peut plus marcher ; si on ne l’aide pas, il tombe. […] En acceptant tout entier l’héritage du judaïsme, en prenant pour premier point de départ les livres hébreux et toutes leurs erreurs naturelles, elle creusait sa tombe en même temps qu’elle bâtissait son berceau. […] Le jour où il est entré dans la vie littéraire, les écailles sont tombées de ses yeux, il a vu et compris qu’il fallait aussi avoir l’Idée, et que sans elle on n’était qu’un sépulcre blanchi.
Je rame, en vérité, pour amuser Mme la duchesse de Bourgogne… Comme on sent partout dans Mme de Maintenon à Saint-Cyr une âme qui en a assez du monde, qui dit aux jeunes âmes riantes : « Si vous connaissiez le monde, vous le haïriez » ; qui a connu la pauvreté et le manquement de tout, qui a été obligée de faire bonne mine et de sourire contre son cœur, d’amuser les autres, puissants et grands, et qui, sensée, délicate, raisonnable, est à bout de toute cette longue et amère comédie, — ne désirant plus, le masque tombé, que le repos, la réalité, la vérité, et une tranquilité égale et fructueuse dans l’ordre de Dieu ! […] La tombe est silencieuse ; — et tout au loin l’infini du ciel, et l’heure profonde de minuit, — tout n’est que silence et solitude.
Dans ces lettres à Saint-Vincens où il s’abandonne tout à fait au courant de la pensée et au mouvement de la plume, il divague quelquefois et tombe même dans quelque confusion. […] Je ne lis jamais de poète, ni d’ouvrage d’éloquence, qui ne laisse quelques traces dans mon cerveau ; elles se rouvrent dans les occasions, et je les couds à ma pensée sans le savoir ni le soupçonner ; mais lorsqu’elles ont passé sur le papier, que ma tête est dégagée, et que tout est sous mes yeux, je ris de l’effet singulier que fait cette bigarrure, et malheur à qui ça tombe !
Combien faut-il, en poésie, de Millevoye, de Malfilâtre, de Gilbert tombés dès l’entrée de la carrière, pour en venir à un grand talent qui réussit et qui vit ? […] Langlois, mon intime ami, blessé en tête de sa colonne, et la balle dans le corps, élevait encore son épée en avançant et en excitant le soldat, jusqu’au moment où il est tombé de faiblesse.
Le Directoire faisait l’effet d’un arbre à moitié déraciné et déchaussé de toutes parts ; il ne s’agissait plus que de savoir de quel côté il tomberait, — à droite ou à gauche ? […] Dans un conseil de guerre auquel furent appelés Moreau, Saint-Cyr, Pérignon, ainsi que Dessolles, chef d’état-major de Moreau, et Suchet, chef d’état-major de Joubert, toutes les raisons furent données, toutes les considérations furent mises sous les yeux de celui qu’il importait de convaincre : Rien ne vous oblige à livrer une bataille ; l’ennemi finit le siège de la citadelle de Tortone ; mais cette place ne peut tomber en son pouvoir par un siège : il est à désirer qu’il le continue ; il y brûlerait toutes ses munitions avant de pouvoir s’en emparer.
Dans l’histoire des guerres comme dans celle des littératures, il y a des moments et des heures plus favorisées ; le rayon de la gloire tombe où il lui plaît ; il éclaire en plein et dore de tout son éclat certains noms immortels et à jamais resplendissants : le reste rentre peu à peu dans l’ombre et se confond par degrés dans l’éloignement ; on n’aperçoit que les lumineux sommets sur la grande route parcourue, on a dès longtemps perdu de vue ce qui s’en écarte à droite et à gauche, et tous les replis intermédiaires : et ce n’est plus que l’homme de patience et de science, celui qu’anime aussi un sentiment de justice et de sympathie humaine pour des générations méritantes et non récompensées, ce n’est plus que le pèlerin de l’histoire et du passé qui vient désormais (quand par bonheur il vient) recueillir les vestiges, réveiller les mémoires ensevelies, et quelquefois ressusciter de véritables gloires. […] Ses frères d’armes portèrent son corps à Mont-Louis, où il fut enterré « dans une tombe pareille à celle du pauvre », mais au pied de l’arbre de la liberté. — Ses restes furent ensuite transférés à côté de ceux de Dugommier, dans le cimetière de Perpignan où ils reposent.
Mais fussions-nous un peu primés, ne désirons jamais qu’un homme de notre génération tombe et disparaisse, même quand ce serait un rival et quand il passerait pour un ennemi ; car si nous avons une vraie valeur, c’est encore lui qui, au besoin et à l’occasion, avertira les nouvelles générations ignorantes et les jeunes insolents, qu’ils ont affaire en nous à un vieil athlète qu’on ne saurait mépriser et qu’il ne faut point traiter à la légère son amour-propre à lui-même y est intéressé : il s’est mesuré avec nous dans le bon temps, il nous a connus dans nos meilleurs jours. […] Son Éloge reste à faire, un Éloge littéraire, éloquent, élevé, brillant comme lui-même, animé d’un rayon qui lui a manqué depuis sa tombe, mais un Éloge qui, pour être juste et solide, devra pourtant supposer en dessous ce qui est dorénavant acquis et démontré 3.
Il n’était pas de ceux dont il s’est moqué quelque part, et qui, lorsqu’un génie trébuche ou qu’un grand homme tombe, se sentent tout enchantés et allégés, « comme si leur supérieur était mort et s’ils avaient reçu de l’avancement. » Une statue, érigée à Weimar, et due au talent de Reitschel, nous le montre rayonnant et heureux, imposant et doux, décernant la couronne à Schiller qui, debout à côté de lui, la reçoit de sa main presque sans y penser, le front inspiré et rêveur. […] Lisant une des histoires quelconques de Napoléon qu’on publiait alors, il fait cette remarque, si justifiée depuis : « Le héros n’en est pas diminué ; au contraire, il grandit à mesure qu’il devient plus vrai. » Il essaye de lire Bourrienne, et le livre bientôt lui tombe des mains : « Cela », dit-il, « tiraille des brins à la frange et aux broderies du manteau impérial, déposé d’hier, et cela croit par là devenir quelque chose !
Il est, au reste, entre deux feux pour cette mission de Varsovie ; il n’échappe aux dédains de M. de Senfft que pour tomber sous les épigrammes acérées de l’abbé de Pradt qui ne les lui épargne pas. […] Il insulte indignement Napoléon tombé, qu’il avait flatté, au vu et su de tous, jusqu’au cynisme.
» — « Non, répondit Bailly ; mais je vous ai donné l’exemple de ne jamais désespérer des lois de votre pays. » Il donnait de plus le bien rare exemple, lui, victime de la Révolution, de ne pas la calomnier : « L’orage qui gronde en ce moment, disait-il, ne prouve rien sans doute, et fera tomber bien des feuilles de la forêt ; il arrachera même quelques arbres ; mais il emportera aussi de vieilles immondices, et le sol épuré peut donner des fruits inconnus jusqu’ici. » L’agonie de Bailly était comme épuisée et consacrée dans toutes ses circonstances : elle s’augmente et se couronne de deux ou trois traits sublimes, grâce à M. […] Vous n’êtes point tombé aux mains d’un Saint-Simon violent, passionné, au fer brûlant, mais aux mains d’un moqueur de votre école, qui vous convainc de fautes, non de crimes, qui vous surprend en flagrant délit de moindre habileté et d’imprévoyance habituelle.
Une manière sentencieuse, une politesse froide, un air d’examen, voilà ce qui formait une défense autour de lui dans son rôle diplomatique. » Mais dans l’intérieur et l’intimité le masque tombait ou avait l’air de tomber tout à fait : il était alors charmant, familier, d’une grâce caressante, aux petits soins pour plaire, « se faisant amusant pour être amusé. » Son goût le plus vif semblait être celui de la conversation avec des esprits faits pour l’entendre, et il aimait à la prolonger jusque bien avant dans la nuit.
J’ai vu tomber père, mère, femme et fortune. […] « Je pense que ce reproche tombera et que c’est précisément par cette sorte de tendance que peut-être mes écrits devancent les temps.
Les productions des poëtes ne tombent pas toujours sans doute dans l’une ou l’autre de ces exactes saisons ; pourtant une teinte générale domine. […] Jacques est une belle idée : un pauvre homme du peuple, un maçon qu’on a vu le matin quitter sa femme et son enfant, tombe, ou plutôt se précipite du haut d’un toit, victime d’un dévouement héroïque.
c’est bien lui ; de ses ailes de fleurs Tombent sur le gazon de joyeuses couleurs… ; après ce premier chant, que tout le monde comprend et volontiers répète, en vient un, comme pendant, sur l’Automne et sur la mélancolie. […] Mais cette tristesse de l’automne est voluptueuse encore ; tous ces fruits qui mûrissent et tombent, et cette grappe qui rit, n’ont rien de chastement mystique, ni qui appelle naturellement la séraphique extase.
Mais surtout la tradition a conservé un vif souvenir du triomphe de mademoiselle Gaussin en novembre 1752 : telle fut sa magie d’expression dans le personnage de cette reine attendrissante, que le factionnaire même, placé sur la scène, laissa, dit-on, tomber son arme et pleura30. […] Pourtant il échappe aux inconvénients de sa position par sa noblesse et sa délicatesse constante ; tout roi de Comagène qu’il est, il ne tombe jamais dans le ridicule de ce roi de Naxe, le pis-aller d’Ariane.
Quelques-uns d’entre eux craignant ce reproche, dont les Anglais se glorifient, veulent imiter en littérature le goût français ; et ils tombent alors dans des fautes d’autant plus graves, qu’étant sortis de leur caractère naturel, ils n’ont plus ces beautés énergiques et touchantes qui faisaient oublier toutes les imperfections. […] Les Allemands sont éminemment propres à la liberté, puisque déjà, dans leur révolution philosophique, ils ont su mettre à la place des barrières usées qui tombaient de vétusté, les bornes immuables de la raison naturelle.
L’empire est tombé au son de cette crécelle et, depuis, elle n’a pas cessé de grincer un seul jour. […] Dès lors tombent quelques-unes des accusations dont on pourrait le charger.
Si les reproches usuels tombent à faux, il est juste d’avouer qu’une intelligence moyenne, cultivée passablement, trouvait plus vite sa nourriture dans Bouilhet, ou dans Feydeau. […] François Coppée, lequel pourtant me faisait plaisir en imprimant si judicieusement ce matin : « J’ai lu, maigre mon incompétence, les Écoles de cavalerie de M. le baron de Vaux, m’étant donné pour discipline de lire tous les livres techniques qui me tombent sous la main.
La nuit était complètement tombée 1091 quand on sortit de la salle 1092. […] Tout leur mécontentement tombait sur ceux qui venaient leur demander des supplices pour de vaines subtilités.
Pierre Quillardbu Pour la tombe de Richard Wagner Ci gît qui pénétra le mystère des causes. […] Sont-ce les wagnériens qui, par leur conduite scandaleuse, ont fait tomber l’exquise Namouna d’Edouard Lalo, ou bien sont-ce MM.
Telle est la scène où la Faustin, surexcitée par le rôle qu’elle essaie d’incarner, à la veille de son exalté amour pour lord Annandale, tombe presque entre les bras d’un maître d’armes en sueur ; telle encore cette conversation érotique que Chérie, à la campagne, par une après-midi torride, ses sens près de s’éveiller, surprend de sa fenêtre, entre deux filles de ferme. […] Ce penchant réagit sur le choix de ses documents humains, de ses sujets, de ses personnages ; ce souci de l’exactitude le pousse à donner des visions nettes de mouvements et de jolités ; l’habitude de l’observation, son ouverture d’esprit à tous les phénomènes de la vie, le garde de tomber dans la mièvrerie ou le pessimisme : la recherche d’émotions délicates le préserve habituellement de s’appliquer à l’étude des choses basses, des personnages laids ou nuls, limite sa vision des phénomènes psychologiques, l’éloigne de concevoir des caractères uns, individuels et constants, colore et énerve sa langue, atténue ses fabulations, rend ses livres excitants et fragmentaires.
Tant de ridicules essuyés à la fois plongèrent Cotin dans une affreuse mélancolie ; de manière que plusieurs années avant sa mort, il tomba dans une espèce d’enfance. […] Néanmoins, étoit-il convenable de lui présenter, sur le bord de sa tombe, une vérité si dure ?
Ces derniers ne pouvoient dans les dialogues donner à la gesticulation qu’une partie de leur attention et de leurs forces, parce qu’alors ils parloient eux-mêmes, et qu’ils étoient obligez dans les monologues où ils ne parloient pas, à faire tomber en cadence leur jeu muet avec la récitation de celui qui prononçoit pour eux. […] Le cinique fut obligé de tomber d’accord que l’art du pantomime étoit un art réel.
Ainsi, pour le critiquer avec justice, il ne suffit pas de montrer qu’il est tombé dans quelque faute, il faut le convaincre qu’il pouvait faire mieux ou aussi bien sans y tomber.
On s’attendait à une brillante archiloquiade et on tombe dans une jocrisserie… C’est vraiment à, croire que ce titre des Derniers Marquis donné à une chose si triviale et si sotte, n’est qu’une invention d’éditeur pour faire lever de ses rayons, cette prodigieuse imbécillité. […] Tout, hommes et choses, est outrecuidamment grandi, dans ce livre sans proportion, excepté elle-même, la lauréate adorée autrefois de l’Académie ; tombée, dans sa vieillesse, jusqu’à n’être plus que la vivandière de Garibaldi, lui cuisinant sa gloire, et mettant dans ses sauces par trop de laurier !
Pour comprendre, il suffit de comparer la situation politique des deux pays ; en France : Philippe-Auguste, saint Louis et Philippe le Bel ; en Italie : la catastrophe de Frédéric II ; il semblait désigné pour faire de l’Italie une nation ; les lettres et les sciences florissaient à sa cour, et sa mémoire est encore bénie par Dante ; mais le pape l’a vaincu, Manfred tombe à Bénévent, et Conradin livre sa tête blonde au bourreau. […] Exilé de Florence, ne trouvant des deux côtés de l’Apennin que les lambeaux de la patrie rêvée, voyant Rome déchue, le pape à Avignon, Henri VII tombé devant Sienne, Anjou à Naples, la tyrannie partout, Dante réalise ses mots de naguère : « Nos autem, cui mundus est patria, velut piscibus æquor » (De vulg. eloq.
Donc si, en résumé, on veut exprimer sa nature, on devra dire : l’un, absolu, l’inconditionnel, la substance, la cause, qui de sa nature est au-dessus du temps et de l’espace, se développe nécessairement, et tombe pour se développer dans la diversité, dans la limitation, dans la pluralité. […] Or, étant une cause absolue, l’unité, la substance ne peut pas ne pas passer à l’acte, elle ne peut pas ne pas se développer… L’absolu est la cause absolue, qui absolument crée, absolument se manifeste, et qui en se développant tombe dans la condition de tout développement, entre dans la variété, dans le fini, dans l’imparfait, et produit tout ce que vous voyez autour de vous36. » 2° Préface, p. 66.
Et sa fortune dramatique ressemble à son talent : il marche de chute en succès et de succès en chute ; il tombe, se relève, retombe encore. […] Ces qualités sont négatives, je le veux bien, mais elles ont le privilège d’empêcher celui qui les possède de tomber dans la puérilité et de dépenser inutilement son indignation. […] Une pierre qui tomberait au milieu de cette bande y causerait un bel émoi, se dit-il. […] Si le gouffre a des attraits, ne pourrait-on se procurer le plaisir d’en éprouver les vertiges sans pour cela tomber au fond ? […] Elle a parlé, et tout à coup nous avons senti un froid brouillard tomber sur notre âme et notre cœur s’est refermé.
De son côté, il n’avait cessé de m’exhorter directement ou indirectement à me fixer, à croire… Mais, je le demande, que pouvais-je faire lorsque, tout d’un coup, je le vis passer du blanc au noir ou au rouge, et dans sa pétulance sauter par-dessus ma tête, m’enjamber comme au jeu du cheval fondu pour aller tomber tout d’un bond du catholicisme dans l’extrême démagogie ?
Delmida et Charles sont des êtres indécis, tombés des nues, égarés dans un vague d’opinions qui déconcerte le lecteur.
Celui-ci avait eu, il paraît, une vie fort errante et orageuse : après avoir un instant brillé à Paris dans la jeunesse dorée du temps, il s’était engagé, avait fait la guerre et couru le monde, puis s’était marié à Messine ; là, un jour, regrettant la patrie et songeant aux moyens d’y revenir, il lui tomba entre les mains un des volumes des Troubadours, dans la préface duquel M.
Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse ; Pour étouffer ses cris ardents, Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse, De fureur tu brisas ses dents. ’ Elle se releva : mais un jour de bataille, Ne pouvant plus mordre ses freins, Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille, Et du coup te cassa les reins.
Si quelque biographe imprimait aujourd’hui cette phrase dans une vie de Louis XIV : « Le 1er novembre 1661, le roi nomme pour gouvernante de M. le Dauphin, une des personnes de la société représentée par Molière, dans ses Précieuses ridicules, et bafouée par le public depuis deux ans », ne croirait-on pas que cet écrivain est tombé en imbécillité ou en démence ?
Dorat se flétrir, se dessécher, tomber en poudre, & devenir un exemple capable de corriger dans la suite les Muses dissipées, inconstantes & volontaires.
Aucune morale ne se rattache d’ailleurs à une pareille imitation : bien au contraire ; car en voyant le tableau de notre état, ou nous tombons dans le désespoir, ou nous envions un état qui n’est pas le nôtre.
Mais, dans la tente d’Achille, il y a déjà des bassins, des broches, des vases ; quelques détails de plus, et Homère tombait dans la bassesse des descriptions, ou bien il entrait dans la route du beau idéal, en commençant à cacher quelque chose.
Cette observation tombe avec la même justesse sur tous les idiomes connus.
Il l’aveugle, il la précipite, il la confond par elle-même : elle s’enveloppe, elle s’embarrasse dans ses propres subtilités, et ses précautions lui sont un piège… C’est lui (Dieu) qui prépare ces effets dans les causes les plus éloignées, et qui frappe ces grands coups dont le contrecoup porte si loin… Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse, quand il lui plaît, le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres, tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens, que de longues prospérités. » Que l’éloquence de l’antiquité est peu de chose auprès de cette éloquence chrétienne !
Comment dit-on d’une tête réelle qu’elle est bien dessinée, tandis qu’un des coins de la bouche relève tandis que l’autre tombe, qu’un des yeux est plus petit et plus bas que l’autre, et que toutes les règles conventionnelles du dessin y sont enfreintes dans la position, les longueurs, la forme et la proportion des parties ?
Comme il ne s’en est pas trouvé de tels durant les dernieres guerres civiles, il faudra tomber d’accord qu’il est des temps où des hommes de ce caractere qui rencontrent toujours assez d’occasions d’extravaguer, sont plus communs que dans d’autres.
Soit lointaine, soit voisine, Espagnole ou sarrasine, Il n’est pas une cité Qui se vante sans berlue D’tomber Molinchard l’Élue Pour le chic et la beauté, Et qui, gracieuse, amasse Plus d’enchanteresse crasse Sous un ciel plus enchanté !
Il n’avait pas fini de mâcher la dernière bouchée qu’il tomba à terre profondément endormi.
Ainsi dans les arts, quand ils tombent aussi, comme la littérature, l’archéologie vient remplacer les créations spontanées.
Ainsi, dans les arts, quand ils tombent aussi, comme la littérature, l’archéologie vient remplacer les créations spontanées.
« Le soir de Wagram, a le droit de dire un Bonaparte, j’étais si fatigué que je suis tombé de sommeil, que j’ai dormi couché tout de mon long dans un sillon : j’étais la semence d’une admirable moisson de dévouements, de belles volontés, d’un lyrisme jusqu’alors inconnu… » En vérité, la vie morale embrasse plus de choses que cet homme savant et vénérable n’en reproduisait en lui.
Drumont de voir des juifs partout et je suis tombé, pour le moins une fois, dans le même travers. […] Mais celui-ci, recevant des mains d’Elsa son épée, en frappa mortellement le comte dont les compagnons effrayés tombèrent à genoux. […] Car il savait bien, sachant toutes choses, que l’idéal tombe en poussière sous le doigt qui l’effleure. […] Charles V tomba malade au château de Beauté qui « moult est notable manoir », dit Christine de Pisan. […] La Vendômoise, à cette vue, tomba à la renverse.
Il demande sous lequel de nos sens tombe la substance10. […] J’appelle réel tout ce qui tombe sous l’observation. […] Une feuille tombe : à l’instant même je pense, je crois, je déclare qu’il doit y avoir une cause à cette chute. […] Cet objet ne tombe pas sous toutes nos prises comme le premier. […] Ôtez cette supposition, le ridicule tombe de lui-même, et la plaisanterie perd son aiguillon.
On répandait du vin sur sa tombe pourétancher sa soif ; on y plaçait des aliments pour apaiser sa faim5. […] Si ces offrandes venaient à cesser, il y avait déchéance pour le mort, qui tombait au rang de démon malheureux et malfaisant. […] Car alors sa religion disparaîtrait de la terre, son foyer serait éteint, toute la série de ses morts tomberait dans l’oubli et dans l’éternelle misère. […] Tout ce que la femmepouvait acquérir durant le mariage tombait dans les mains du mari. […] Le consul fait amener une victime et la frappe de la hache ; elle tombe : ses entrailles doivent indiquer la volonté des dieux.
dans le marasme où sont tombées les âmes, dans le besoin de distractions violentes, d’émotions fortes qui en est résulté, il n’y a toujours que cela qui nous plaise. […] Et nous n’en voulons pas d’autres témoins qu’eux-mêmes : à travers leur faux lyrisme, leurs exaltations factices et leur phraséologie prétentieuse, la vérité leur échappe ; l’aveu tombe de leurs lèvres. […] Aussi, en face de ces ténèbres qui s’étendent de l’autre côté de la tombe, voit-elle toujours se dresser ce mot formidable : Peut-être ! […] Comment sommes-nous tombés si bas que le bon goût, à défaut de la pudeur, n’ait pas protesté en nous contre de telles ignominies ? […] Le doute était partout ; les anciennes croyances étaient tombées en poussière.
Sous la tombe, du moins, l’infortune est tranquille. […] Les bombes des assiégeants tombaient souvent près du berceau, que le père dut plus d’une fois changer de place. […] Quatre cents têtes sont tombées dans l’espace d’un mois, en exécution des jugements de ces deux Commissions. […] Il s’échauffa si fort à son monologue, qu’il tomba à la fin en une espèce d’étourdissement. […] On ajoute que les passages des deux pièces, que cita avec éloge l’Académie, tombèrent juste aux vers de Fontanes.
Quand elle tombe, chaque petite dépendance, chaque mince annexe accompagne sa ruine bruyante. […] Un matelot débarqué dans l’île, Stéphano, lui donne du vin ; il lui baise les pieds et le prend pour un dieu ; il lui demande s’il n’est pas tombé du ciel et l’adore. […] Tu sais qu’Adam, dans l’état d’innocence, tomba. […] S’il est marié, ma tombe sera mon lit de noces. » C’est leur destinée qui se révèle. […] Rien ne nous fait tomber du monde idéal où Shakspeare nous emmène.
Tout le rayon du siècle est tombé juste sur chaque page du livre, et le visage de l’homme qui le tenait ouvert à la main s’est dérobé. […] Il représente les inconvénients, les passions, les ridicules, et dans sa vie il y tombe ; La Bruyère jamais. […] Ce qu’il y a de chique dans les plus belles productions du jour est effrayant, et je ne l’ose dire ici que parce que, parlant au général, l’application ne saurait tomber sur aucun illustre en particulier.
Quand on lit de suite et tout d’une haleine cette série d’épîtres plates, de rondeaux alambiqués et amphigouriques, et qu’on tombe sur quelque dizain vif et bien tourné, on est surpris, on est réjoui ; mais il arrive le plus souvent que l’éditeur est oblige de nous avertir qu’il se rencontre quelque chose de pareil dans les œuvres de Marot ou de Saint-Gelais. […] On n’est jamais sûr que la ligne de démarcation tombe exactement, et qu’il ne se soit pas introduit quelque confusion sur ces points limitrophes : Lucanus an Appulus anceps 9. […] Les beaux esprits de sa génération, les Marot, les Bonaventure des Periers, l’avaient précédé dans la tombe ; sa sœur Marguerite le suivit de près.
M. de Genoude, lui ayant parlé à Paris de mon admiration pour son talent, lui inspira le désir de me connaître ; un matin, la conversation étant tombée entre eux sur la poésie, à propos des Psaumes, Genoude se prit à lui réciter une Méditation, de moi, sur le même sujet, que je venais de lui adresser à lui-même à propos de sa traduction. […] C’était sur eux alors que tombaient ses sarcasmes. […] Ces sons de voix, ces mots, ces sourires de femme Où l’âme d’une mère est visible à l’enfant ; Quand vous voudrez rêver du ciel sur cette terre, Que de pleurs sans motif vos yeux déborderont ; Quand vous verrez des fils sur le sein de leur mère, Qu’un père entre ses mains vous cachera le front, Venez sur cette tombe, où l’herbe croît si vite, Vous asseoir à ses pieds pour prier en son nom, Appeler Léontine, et du ciel qu’elle habite Implorer son regard, dont Dieu fasse un rayon !
Mendès cherche le beau et la lumière, et tombe dans le mal et dans la nuit, non involontairement et par imprudence, mais de propos délibéré. […] Lorsque, de leur propre poids, les Mères ennemies seront tombées au fond de l’oubli, le Docteur Blanc surnagera. […] L’article fit un beau tapage, tombé dans la mare aux grenouilles de la critique contemporaine, où quatre crétins, onze ratés, deux prophètes, huit philosophes, revenus des erreurs de ce monde, et soixante-quatorze bons garçons équitablement partagés entre la crainte de peiner un ami et le désir bien légitime de ne pas compromettre leurs titres à la réception d’un lever de rideau, disputaient à notre Bon Oncle l’honneur de rectifier le tir.
Un peu de lune bleuissante par-dessus est également toujours goûté : Mon cœur est un cercueil vide dans une tombe. […] Ainsi le romantisme, après avoir sonné tous les tumultueux tocsins de la révolte, après avoir eu ses jours de gloire et de bataille, perdit de sa force et de sa grâce, abdiqua ses audaces héroïques, se fit rangé, sceptique et plein de bon sens ; dans l’honorable et mesquine tentative des Parnassiens, il espéra de fallacieux renouveaux, puis finalement, tel un monarque tombé en enfance, il se laissa déposer par le naturalisme auquel on ne peut accorder sérieusement qu’une valeur de protestation légitime, mais mal avisée, contre les fadeurs de quelques romanciers alors à la mode. […] Tomber dans l’excès des figures et de la couleur le mal n’est pas grand et ce n’est pas par là que périra notre littérature.
La ville de Bayreuth, lieu des Représentations de Fête Wagnériennes, — le premier exemplaire et le modèle de toutes Représentations de Fête, — choisie par le Maître peut être pour quelque hasard, peut être, quoique admirable, pour quelque cause particulière, Bayreuth s’impose, aujourd’hui, nécessaire : site, édifice, théâtre miraculeusement propres aux artistiques jouissances, objet très convenant à sa fin, Bayreuth a cette éternelle consécration, l’agrément originel de Wagner ; et, s’il est bon que les Wagnéristes, en des temps fixes et réguliers, se réunissent de tous les pays, et qu’ils se réunissent au Théâtre de Fête, en un lieu absolument international, et Wagnérien, il est bon, aussi, qu’ils se réunissent auprès de la tombe du Maître. […] Dans la salle vaguement aperçue, tout à coup l’obscurité tombe, et un grand silence ; alors, en la nuit des yeux et des oreilles et de l’esprit, en la nuit vibrante des quinze cents âmes stupéfiées, un son naît, une résonnance voilée, une sonorité atténuée, emmêlée, dispersée, un mystique résonnement, — inlocalisable, — une intimement chaude mélodie, qui monte, qui s’enfle, et qui dans l’air invisible flotte, portant la pré-sensation des futurs tressaillements du Drame. — Ainsi le Drame se lève : — un rideau s’entrouvre, et, dans le fond, — saillant d’un cadre lointain, noir, obscur, vague, et indistinct, — un paysage apparaît, que nous attendions, et les hommes y sont, dont la vie, en nous inconsciemment vécue déjà, se va en nous revivre évidemment ; — tandis que, parmi l’angoisse des vivantes passions, des désespoirs, des joies, et des extases qui se poussent et s’appellent, parmi l’inéluctable empoignement des très réelles émotions, peu à peu nous descend, insensiblement et nécessairement, l’Explication, l’Idée, la Loi, le prodigieux troublement de l’Unité dernière, comprise. […] Edouard Rod, partant de ce principe de Wagner que « chaque art tend à une extension indéfinie de sa puissance, que cette tendance le conduit finalement à sa limite, et que cette limite il ne saurait la franchir sans tomber dans l’incompréhensible, le bizarre et l’absurde » accuse une école poétique contemporaine d’avoir voulu confondre des arts différents : mais la question serait si les poètes de cette école ont franchi ou seulement atteint la limite de leur art, ou, pour mieux dire, quelle est, justement, cette limite de leur art.
Un soir, le jeu s’avive, et un souverain tombe de la table et roule jusqu’à lui. […] Et le soir, qui était le jour de la première de Marion Delorme, cet ami modèle, amené au théâtre, faillit faire tomber la pièce. […] * * * — Quand le xviiie siècle va mourir et que la grâce de Watteau en cet art d’esprit, n’a plus que le souffle, il tombe dans l’art français, une invasion de lourds barbares qui se gracieusent, de teutomanes qui font les gentils : les Wille, Schenau, Freudeberg, etc., — et même Lawreince.
L’usine tombe en ruine ou se transforme ; les procédés du travail industriel se renouvellent incessamment ; les professions perdent leur physionomie ; l’aspect d’une ville, après vingt ans, est à peine reconnaissable, tandis que les champs, les bois, les fleuves, le ciel, tout ce que la vie paysanne remplit et pénètre est fait d’une beauté qui demeure et qui survit à une multitude de générations. […] Je fais des péchés de sensualité à écouter la pluie tomber, un autre en buvant de l’eau fraîche, un autre à respirer les fleurs que j’aime tant ! […] L’ombre achève de tomber.
Madeleine, un jour, tombera dans tes bras en te demandant grâce ; tu auras la joie sans pareille de voir une sainte créature s’évanouir de lassitude à tes pieds ; tu l’épargneras, j’en suis sûr, et tu t’en iras, la mort dans l’âme, pleurer sa perte pendant des années. […] Et, à la fin du volume, rappelez-vous l’homme désillusionné, tombé de son rêve et à jamais meurtri. […] « Ni gesticulations, ni cris, ni horreurs, ni trop de larmes… Le Christ est une des plus élégantes figures que Rubens ait imaginées pour peindre un Dieu… Vous n’avez pas oublié l’effet de ce grand corps un peu déhanché, dont la petite tête, maigre et fine, est tombée de côté, si livide et si parfaitement limpide en sa pâleur, ni crispé, ni grimaçant, d’où toute douleur a disparu, et qui descend avec tant de béatitude, pour s’y reposer un moment, dans les étranges beautés de la mort des justes.
Auteur de plus de quatre-vingts ouvrages, imitateur ingénieux de toutes les formes de l’antiquité, érudit, mythologue, dramatiste, satirique, lyrique, il ne nous est connu que par de courts fragments et par des hymnes d’autant plus précieux, qu’à part même le talent poétique, ils offrent un intérêt historique, en donnant, par la pompe et par la froideur du langage, une idée de l’état où était tombé le culte païen. […] Panneaux des portes, tombez, et vous aussi, verrous qui les fermez ! […] La puissance des Ptolémées, leurs possessions en Asie et dans la mer Ionienne, tout cet héritage du génie grec, destiné à tomber bientôt sous la main guerrière de Rome, sont noblement décrits.
Pour peu que vous donniez quelque signe de pitié, le courage s’armera contre la fureur ; et le combat sera court : car l’antique vigueur n’est pas morte encore dans les cœurs italiens. » Je ne puis relire sans émotion cet ancien témoignage, qui rappelle des accents presque semblables échappés, de nos jours, dans une prose toute poétique, au cœur de Rossi222 et à son espérance de ranimer le cadavre de la belle Italie, au moment où lui-même allait tomber sous le poignard d’un assassin. […] Cent trente galères turques tombèrent aux mains des vainqueurs ; un grand nombre se brisèrent au rivage, ou furent incendiées. […] Il faut l’avouer cependant : la différence saisie par un tel maître échappe à des yeux plus faibles ; et, dans cette périlleuse carrière du mysticisme, la suspension de l’âme humaine pour laisser place à Dieu seul, l’amour contemplatif porté jusqu’à l’extase, sans tomber dans le quiétisme, sont pour nous une douteuse énigme.
Des dieux sujets aux infirmités et à la douleur, qui blessés quelquefois par des hommes mêmes, jettent des cris, versent des larmes, tombent dans des défaillances, et qui, pour dire encore plus, ont des medecins ? […] Car l’épithete d’héroïque ne peut tomber sensément que sur la justice et la droiture des coeurs, et non pas sur le défaut de certaines richesses et sur l’ignorance des arts. […] Achille menace ensuite de partir dès le lendemain : il tombe là, dans un détail froid et inutile. […] Si ces regles sont judicieuses, Homere est tombé dans deux grands défauts. […] Qu’est-ceci, Fabian, quel nouveau coup de foudre tombe sur mon espoir et le réduit en poudre !
Si un écrivain a jamais semblé un aérolithe singulier, tombé dans une langue et dans une littérature auxquelles sa tournure d’esprit, de parole, de syntaxe semblait, au premier abord, étrangère, c’est bien Mallarmé. […] Valéry écrit, dans l’Introduction, contre Pascal une page qui tombe un peu à faux, car Pascal, en discernant ces deux esprits, n’a jamais entendu sacrifier l’un à l’autre. […] Mais cela ne peut se dire en prose sans tomber dans le concept ; les vers seuls sont efficaces. […] Le corps d’Anne pouvait tomber dans des bras amoureux, mais voici qu’il est tombé dans le sommeil, et le poète équilibre, compare les deux possibles, en faisant pencher la balance sous la plénitude et la perfection du second. […] Viendra l’heureuse surprise, Une colombe, la brise, L’ébranlement le plus doux, Feront tomber cette pluie Où l’on se jette à genoux !
Ce ne fut qu’en 1870, quand l’Empire fut tombé, que sa chaire lui fut rendue. […] Son père étant tombé gravement malade en 1839, il fut envoyé dans un pensionnat ecclésiastique de Rethel. […] Il tomba malade dans l’automne de 1892 et mourut le 5 mars 1893. […] Le verset tout entier du psaume me revenait : “Du fond de la tombe, Seigneur, j’ai crié vers toi. […] Il va au Père-Lachaise sur la tombe de son ami « pour se rendre meilleur » ; il s’accuse de « son manque de discipline ».
Quant à la cinquième, elle plane encore au ciel, prête à tomber, et elle pourrait bien faire la révolution sociale de demain. […] C’est sur le système, et non sur les personnes qui en sont les premières victimes, que tombe sa réprobation. […] Par suite tombe la vieille et insipide querelle du matérialisme et du spiritualisme. […] Le reproche tomberait sur un autre. […] Il tombe Voltaire. » Joseph de Maistre a dû en tressaillir au fond de son tombeau.
Habitué à vivre dans le divin, il n’a pu perdre sa foi sans tomber dans une sorte de mélancolie, « faite de l’essence de trop de choses », comme disait Shakespeare. […] Aussi lui demanda t-il davantage : la foi ne lui suffit plus, il tomba dans la superstition. […] Il en souffre autant qu’on peut souffrir de ces choses-là quand on a d’autres occupations et assez de prudence pour éviter de tomber dans l’idée fixe. […] Et nous voici tombés dans la morale de l’intérêt, qui est une chose déplaisante, car il y a une évidente contradiction entre ces deux termes d’intérêt et de morale. […] pour tomber au port, car sa flamme intérieure, n’ayant d’autre aliment qu’elle-même, la consume, son héroïsme est une force perdue.
Dans la scène iii de l’acte V, « Andrés tombe des nues, dit un commentateur, et ce qu’il débite est obscur » : d’accord ; mais si vous supprimez son roman, Andrés tombera bien plus des nues pour le spectateur. […] Le dénouement. — Trop prévu ; mais l’événement qui l’amène trop imprévu, puisqu’un personnage y tombe des nues pour nous apprendre que son fils, vivant en secret avec une autre femme, ne peut épouser Célie. […] Mais un mot, un regard, lui rendent toute sa faiblesse ; plus enfant que celle qui le subjugue, il tombe à ses genoux, il veut, pour lui plaire, se souffleter et s’arracher un côté de cheveux. […] Molière pourrait-il n’avoir pas vu que cet enfin, n’étant amené par rien, tombait des nues ? […] Saint-Foix en a senti, en a su rendre tous les charmes ; mais la plupart de leurs imitateurs ne sont-ils pas tombés dans la fadeur, à force de vouloir être agréables ?
Le drame moderne, ce géant superbe et insolent, ce Goliath, est tombé net à plat sous le coup de fronde d’un enfant.
Ce dernier est tombé définitivement au xvie siècle, et il s’en est suivi une anarchie devant laquelle se sont essayées toutes les philosophies critiques et subversives.
Les plus hautes pyramides tombent, les fontaines tarissent, les villes & les empires ont un terme ; le feu même d’amour, quelque violent qu’il soit dans les autres, ne tient pas contre les années : Mais, las !
Les personnages sont aussi simples que l’intrigue : ce sont deux beaux enfants dont on aperçoit le berceau et la tombe, deux fidèles esclaves et deux pieuses maîtresses.
Elle y perdit par degrés ses manières affectées ; mais elle tomba dans un autre excès.
Je suis toujours fâché que parmi les superstitions dont on a entêté les hommes, on n’ait jamais pensé à leur persuader qu’ils entendraient sous la tombe le mal ou le bien que nous en dirions.