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1212. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Le dimanche seulement, pour aller à l’église, on lui retirait les ailes. […] Je n’ai le droit d’exprimer aucun jugement personnel sur un prince que la versatilité française est en train d’exalter et d’amplifier pour le moment, après l’avoir précipité ; seulement je sais qu’un jour, pendant cinq courtes minutes, trois académiciens étaient admis en sa présence, et qu’il trouva moyen de leur dire la date de la fondation de l’Académie de la Crusca, ce qu’aucun des trois ne savait ; et il n’était pas fâché de le dire. […] Il est dommage seulement que, femme d’esprit comme elle était, et femme à principes comme elle voulait être, elle n’ait pas su concilier cette vocation déclarée avec le tact des convenances, le sentiment du ridicule, et de plus avec la droiture et la simplicité des pensées.

1213. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Je sais que M. de Lamartine a bien des cordes à sa lyre, qu’il n’a pas seulement la corde voluptueuse et amollie. […] Seulement là où celui-ci dira simplement, à propos d’un noble discours de M.  […] Je remarquerai seulement qu’il faut, en effet, que la blessure de M. de Lamartine soit bien vive pour le faire recourir à de telles armes si peu dignes de lui.

1214. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Le fait est, et c’est là seulement ce qui vous intéressera, que je ne m’en trouve pas mal. […] J’ai risqué de compromettre une propriété assez considérable et qui n’était pas seulement mienne. […] Carrel, en effet, n’avait pas seulement à combattre le gouvernement qui était en face de lui, il avait à côté et en arrière à tenir tête aux ardents et aux brouillons dont il disait : « Leurs qualités ne servent que dans les cas tout à fait extraordinaires ; … leurs inconvénients sont de tous les jours. » Complètement étranger (est-il besoin de le dire ?)

1215. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Je ne voudrais pas le voir seulement comparé et balancé avec Bossuet ; je voudrais qu’on me le mît à part comme un homme de premier rang, qui est avant tout lui-même ; je voudrais que l’on me dît que, dans cette science noble et excellente qu’on appelle la politique, Montesquieu n’est pas seulement le premier dans son siècle, mais l’un des premiers dans tous les siècles, et qu’Aristote excepté, il n’a ni supérieur ni égal. […] Seulement, comme il avait plus de profondeur qu’aucun de ses contemporains on le critiquait et on le trouvait trop modéré, parce qu’on ne le comprenait pas.

1216. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Seulement la dame dont je parle, très en dehors, très étourdie, n’était pas capable de se discerner elle-même et ne pouvait démêler la Madame Bovary qui était en elle, comme, du reste, dans toutes les autres femmes. […] Le lecteur des poètes n’est pas seulement un romanesque ; c’est un artiste ou un homme qui a des prétentions à être artiste. […] Je songe au lecteur d’Homère ou d’Horace qui les lit par goût, par élection, par vocation, et qui se plaît à eux, seulement parce que ce sont eux et que c’est lui.

1217. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Seulement, tout ce petit détail de curiosité épuisé, tout cet inventaire d’après décès terminé, Philarète Chasles est entré tranquillement et sans effraction dans l’histoire littéraire du xixe  siècle, de tous les cimetières le plus silencieux et le plus abandonné ! […] Je le dis simplement pour caractériser Chasles, et sa manière et sa critique, à lui, qui s’était plongé à plein corps dans la littérature anglaise et qui s’en est retiré ruisselant d’elle, qui était ressorti Anglais de cette littérature, comme Achille était ressorti invulnérable du Styx, Seulement, pour Chasles, anglais ne veut pas dire invulnérable. […] VIII J’ai dit que deux chapitres (deux seulement) se détachaient en œuvre volontairement critique sur ce fond de livre trop énamouré d’Angleterre, et ce sont les chapitres sur Bacon et sur Macaulay.

1218. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Et, dans ce cas-là, il y aurait encore la question de la ressemblance et de la vérité à débattre… Mais si cette Rolande, qui est la reine de ce roman et qui doit emporter avec elle l’intérêt humain du livre, au lieu d’être un monstre social n’est plus qu’une exception, un fait particulier de tératologie, enfin un monstre individuel, le chêne n’est pas responsable des champignons vénéneux qui croissent sur ses racines et je n’ai plus rien à dire à des romanciers qui ont — selon ma poétique, à moi — le droit de tout peindre, s’ils sont vraiment des peintres puissants… Seulement, il reste ceci entre nous : ont-ils peint leur monstre individuel avec le sentiment qu’ils auraient dû mettre dans leur peinture pour qu’une telle horreur fût sauvée par la beauté de la peinture et par l’impression, tragiquement morale, qu’elle devrait laisser dans les cœurs ? […] Seulement, les historiettes de Fervaques ont un accent que n’ont pas les autres. […] Il n’est pas seulement le Dangeau de la société parisienne.

1219. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

La société, en effet, commence par chanter ce qu’elle rêve, puis raconte ce qu’elle fait, et enfin se met à peindre ce qu’elle pense… Une observation importante : nous n’avons aucunement prétendu assigner aux trois époques de la poésie un domaine exclusif, mais seulement fixer leur caractère dominant. […] Il y a tout dans tout ; seulement il existe dans chaque chose un élément générateur auquel se subordonnent tous les autres, et qui impose à l’ensemble son caractère propre. — Le drame est la poésie complète. […] En tout cas il y a entre elles des transitions innombrables, et, pour reprendre les mots de Victor Hugo, « il y a tout dans tout ; seulement il existe dans chaque chose un élément générateur auquel se subordonnent tous les autres, et qui impose à l’ensemble son caractère propre ».

1220. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Malouet, Mounier et Necker, qu’on devrait, pour être exact, se représenter Mme de Staël, que dans celui des royalistes constitutionnels de 91, avec lesquels seulement elle s’arrêta. […] Une note de cet Essai mentionne avec éloge l’Esprit des Religions, ouvrage commencé dès lors par Benjamin Constant, et publié seulement trente ans plus tard. […] Bien différente des génies altiers d’homme ou de femme, des Lara, des Lélia (je parle de Lélia seulement, et non pas de vous, ô Geneviève ! […] De Corinne, elle n’a pas eu seulement le Capitole et le triomphe ; elle en aura aussi la mort par la souffrance. […] Il fallait que la religion pénétrât désormais, non plus dans les discours seulement, mais dans la pratique suivie.

1221. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Si, physiologiquement, l’homme est immuable, et seulement capable des mêmes sensations, il a besoin, pour maintenir en lui le même degré d’émotion, que ses impressions soient renouvelées. […] La sensibilité n’évolue pas, mais seulement les formes qu’elle suscite. […] Chez eux, c’est l’imagination qui commande le désir, et non pas seulement la nécessité physique de se répandre. […] C’est seulement, chez eux, prédominance d’une faculté physique et mentale. […] S’il avait seulement feuilleté les Pages choisies, il aurait vu que l’immoralisme était quelque chose de plus complexe que l’immoralité.

1222. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 367

Il n’est pas l’Auteur du Testament politique du Cardinal de Richelieu, quoi qu’en dise l’Historien du Siecle de Louis XIV : il a fait seulement quelques bons Ouvrages de controverse, qui n’étoient pas des titres pour être reçus de l’Académie.

1223. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 377

On désireroit seulement que, dans le Faux Généreux, il eût un peu moins sacrifié au goût du siecle pour le sérieux & le pathétique : un Auteur qui a tant de ressources par lui-même, n’a pas besoin de se prêter aux travers du moment pour se procurer des applaudissemens.

1224. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 301

Soubeyran, à vouloir prouver que la Prose est préférable à la Poésie, dans le genre dramatique : on dira seulement, que son amour pour la Prose le porta à augmenter les fonds du Prix d'Eloquence de l'Académie de Toulouse.

1225. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Le Bas et Cochin »

Ce n’est pas seulement à Vernet, c’est à eux-mêmes que ces artistes sont inférieurs ; l’un a fait les figures par-dessous jambe, et Le Bas, les ciels.

1226. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Après vingt ans et trente ans d’études acharnées, un imbécile reste un imbécile : seulement, sa bêtise est armée. […] Une hiérarchie s’établit, qui n’est plus seulement basée sur la force. […] Le pressentiment n’est pas seulement normal, il est inévitable. […] Le vrai guide des Alpes ne connaît pas seulement sa montagne ; il connaît la montagne. […] L’eau est également partout, et non pas seulement dans les liquides.

1227. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

L’auteur n’est pas seulement, en théorie, un psychologue de la volonté. […] Dans cette mesure seulement nous pouvons l’aider à fonctionner. […] Il en est de très supérieurs qui savent seulement lire, écrire, compter. […] ne jure pas, et embrasse-moi seulement. […] si seulement elle avait un cœur, quel beau sonnet je ferais sur son cœur !

1228. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il méconnaît ainsi la nature humaine : l’homme n’est pas fait pour comparer seulement ; il éprouve le besoin de conclure, de donner du repos à son esprit et à son âme. […] En quoy elle paye justement son maistre ; car l’ambition est juste seulement en cela, qu’elle suffit à sa propre peine, et se met elle mesme au tourment. […] Alléguez-vous seulement des faits épuisés, il vaut autant vous taire. […] Cela peut se soutenir jusqu’à un certain point, mais seulement jusqu’à un certain point. […] Je ne crois donc point à un système du duc de La Rochefoucauld, mais seulement à une tendance.

1229. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Trois seulement appellent notre attention : Arnolphe, Agnès et Horace. […] Je regrette seulement que M.  […] Trois acteurs seulement, qui remplissent la scène : Richelieu, Louis XIII et M.  […] Trois personnages seulement : un poète, une jeune femme et un sage. […] L’épreuve, et l’épreuve seulement, décidera pour ou contre mes prophéties.

1230. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 154

Il auroit dû seulement être plus circonspect dans le jugement qu’il porte sur les caracteres de la Bruyere.

1231. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Louis Michel Vanloo  » p. 114

Seulement ce volume d’hermine qui bouffe tout autour du haut de la figure, la rend un peu courte, et cette espèce de vêtement lui donne moins la majesté d’un roi que la dignité d’un président au Parlement.

1232. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Bernardin, qui ne cherchait pas seulement des lieux rêvés d’avance et embellis, mais qui voulait des hommes heureux et sages, alla donc de mécomptes en mécomptes. […] Bernardin, cet écrivain si aimant, ce bienfaisant initiateur de toutes les jeunes âmes à l’intelligence de la nature, ce père de Virginie et de Paul, si béni dans ses enfants, était-il donc un homme dur, tracassier, comme l’ont dit, non pas seulement des libellistes, mais des témoins honnêtes et graves ; comme le disait Andrieux, par exemple, en forçant sa faible voix : « C’était un homme dur, méchant ?  […] Il nous a confessé ce misérable état dans le préambule de l’Arcadie  ; c’est la crise de quarante ans, que bien des organisations sensibles subissent : « … Je fus frappé d’un mal étrange ; des feux semblables à ceux des éclairs sillonnaient ma vue ; tous les objets se présentaient à moi doubles et mouvants : comme Oedipe, je voyais deux soleils… Dans le plus beau jour d’été, je ne pouvais traverser la Seine en bateau sans éprouver des anxiétés intolérables… Si je passais seulement dans un jardin public, près d’un bassin plein d’eau, j’éprouvais des mouvements de spasme et d’horreur… Je ne pouvais traverser une allée de jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées. […] Jean-Jacques, le maître de Bernardin, et supérieur à son disciple par tant de qualités fécondes et fortes, n’a jamais eu cette rencontre d’une œuvre si d’accord avec le talent de l’auteur que la volonté de celui-ci y disparaît, et que le génie facile et partout présent s’y fait seulement sentir, comme Dieu dans la nature, par de continuelles et attachantes images. […] On y remarque quelques rapports lointains avec des personnages qu’il avait rencontrés durant sa vie antérieure, mais c’est seulement dans les noms que la réminiscence, et pour ainsi dire l’écho, se fait sentir.

1233. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

J’ai ouï dire seulement à plus d’un esprit convaincu et ferme, que penser de la sorte et à mesure qu’on s’élevait plus haut dans le monde de la raison, ce n’était pas se sentir inquiet et souffrir, c’était plutôt jouir du calme et de la tranquillité. […] Essayez seulement. […] Depuis Hippocrate et Galien jusqu’à Broussais, la médecine, quand elle a été sous l’empire d’une idée philosophique, s’est constamment trompée… C’est seulement quand ils se sont livrés à l’observation pure et simple, ou à l’expérimentation, que ces grands hommes du passé ont produit leurs impérissables travaux. […] La sincérité n’appartient pas seulement aux libres penseurs. […] Ce n’est pas seulement l’hygiène physique de l’humanité qui y gagnera, c’est son hygiène morale.

1234. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Mais ce cœur n’était pas seulement celui d’une reine, il était celui d’une femme accoutumée, à la cour de France, à l’idolâtrie professée par tout un royaume pour sa beauté. […] Ainsi vostre beauté, seulement apparüe Quinze ans en nostre France est soudain disparüe, Comme on voit d’un esclair s’évanouir le trait, Et d’elle n’a laissé sinon que le regret, Sinon le desplaisir qui me remet sans cesse Au cœur le souvenir d’une telle princesse. […] Cette beauté seulement, qui n’était pas encore accomplie par l’âge, manquait de cette virilité que donnent les années. […] Tandis que les conjurés la menaçaient, si elle appelait, de la tuer et de la jeter par-dessus les murs, d’autres conjurés disaient aux bourgeois que tout allait bien, que seulement on avait dagué le favori piémontais, qui s’entendait avec le pape et le roi d’Espagne pour détruire la religion du saint Évangile. […] on l’ignore ; ce qu’on sait seulement, c’est qu’une explosion terrible, entendue avant le crépuscule du matin à Holyrood et à Édimbourg, avait fait sauter la maison dont les débris devaient recouvrir la victime ; mais que, par un étrange oubli des assassins, les deux cadavres de Darnley et du page, au lieu de se retrouver sous les décombres, se retrouvèrent le lendemain dans un verger attenant au jardin, portant sur leurs corps non les marques de la poudre, mais les marques de la lutte et de la strangulation.

1235. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Les accents sont prophétiques, seulement c’est le prophète des ambitieux au lieu du prophète des vrais croyants. […] Il ne s’occupait que de ce qu’il appelait les honnêtes gens, l’élite pensant de la société ; sa philosophie, qu’il ne croyait jamais destinée à devenir populaire, était une sorte de maçonnerie du sens commun propre à relier seulement les hautes classes de la société. […] Il eut seulement la faiblesse de poursuivre trop tard les vains succès de la scène, et de s’acharner après les applaudissements de Paris qu’il n’entendait plus de si loin. […] Le jour où cette indépendance, qui ne peut pas être éloignée et que les hommes de philosophie libre désirent ardemment, sera venue, ce jour-là seulement l’influence définitive de Voltaire sera fixée, et il ne restera de son nom et de son œuvre que ce qui doit en rester pour l’immortalité, c’est-à-dire : Un poëte lyrique sans flammes, sans ailes, sans enthousiasme ; Un poëte dramatique doué d’une certaine illusion théâtrale, mais d’un style au-dessous de Corneille, de Racine, style de parterre, qu’on peut entendre avec plaisir, mais qu’on ne peut relire avec admiration ; Un poëte badin au-dessous d’Arioste ; Un poëte familier égal à Horace ; Un historien inférieur à Thucydide, à Tacite, à Gibbon, à Montesquieu, sans profondeur dans les jugements, sans pathétique dans les sentiments, sans couleur et sans chaleur dans le récit, mais clair, rapide, sensé, judicieux, élégant, sincère, instruisant beaucoup, amusant toujours, ne trompant jamais son lecteur ; Un écrivain de lettres familières, tel qu’il n’en parut jamais dans l’antiquité ou dans les temps modernes, supérieur à Cicéron en facilité de style, égal en charme, en souplesse, en naturel à madame de Sévigné elle-même, féminin par la grâce, viril par le grand sens de ses lettres ; c’est là qu’il faut le chercher tout entier, ses imperfections sont dans ses œuvres, son génie est dans sa correspondance ; homme à la toise de beaucoup d’autres hommes si on le mesure quand il est vêtu, homme incommensurable en déshabillé ; Un polémiste dont on ne peut comparer l’éloquence aux éloquences de Cicéron, de J. […] Cet aveu n’est pas une médiocre louange, car l’universalité, ce n’est pas seulement l’étendue des facultés, c’est leur justesse ; l’universalité, c’est l’équilibre ; l’équilibre, c’est le bon sens ; le bon sens par excellence, c’est plus que le sens du génie, c’est le sens de la vérité.

1236. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Ces libertins du monde n’avaient pas de doctrine arrêtée : ils se moquaient des mystères et des dévots, affichaient la tolérance, prétendaient suivre seulement la raison et la nature, et vivaient en gens pour qui c’est raison de satisfaire à leur nature. […] Leur principe, excellent et fécond, était que toutes les connaissances où consiste la matière de l’instruction ne sont pas à elles-mêmes leur but, mais sont seulement des moyens d’élever, de fortifier l’intelligence. […] Je n’ai pas besoin de dire que Pascal riait seulement des jésuites, et qu’il respectait la religion autant qu’aucun de ses adversaires, en la comprenant mieux. […] Dans la première partie, Pascal établit seulement l’impuissance transcendantale et métaphysique de la raison, qui ne donne qu’une certitude imparfaite dans un domaine restreint ; dans la seconde partie, Pascal parle des causes multiples qui, dans son domaine même, font errer souvent la raison ; mais il sait le remède, et les règles par lesquelles on est assuré de faire un bon usage de sa raison. […] D’autres théories de Pascal sont celles du temps : sa doctrine politique, au fond, se réduit à des opinions assez répandues parmi le tiers état intelligent depuis la fin du xvie  siècle, et elle se retrouvera, l’accent seulement étant changé, dans la Politique de Bossuet.

1237. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Boileau, sur le point de mourir, entend lire une tragédie de Crébillon père et il s’écrie épouvanté : « Les Pradon étaient des soleils auprès de ces gens-là. » Voltaire écrira plus tard, frappé de cette stérilité soudaine : « La nature fatiguée après avoir produit tant de beaux génies sembla vouloir se reposer. » Et ce ne sont pas seulement les œuvres qui sont moins nombreuses, les grands hommes qui sont plus petits ; il y a aussi un changement profond dans l’esprit qui anime les auteurs. […] Mais les financiers n’ont pas été seulement les patrons des écrivains : souvent aussi, ils leur ont servi de plastrons ; ils ont été pour eux des modèles qu’ils ont transportés tout vivants sur la scène ou dans le roman. […] Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton. […] Victor Hugo, exilé, isolé, armé seulement de sa plume, a pu, du haut de son rocher de Guernesey, engager et soutenir contre un empereur, ayant pour lui le nom de Napoléon, l’armée, la police et la complicité de la France, une sorte de duel héroïque d’où l’empereur ne sortit pas vainqueur. […] Il est rare aujourd’hui qu’un journal soit seulement l’organe d’une opinion, le moyen d’expression d’un groupe politique.

1238. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Corbeiller, Jean-Maurice (1859-1936) »

Je suis seulement étonné qu’on ne l’ait pas eue plus tôt.

1239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Poussin, Alfred »

Alfred Vallette Chez Poussin, le rêveur absorbe l’homme, ceci tue cela : c’est un rêveur incurable et seulement un rêveur.

1240. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Jeaurat » p. 198

Je vous demande seulement un peu d’indulgence pour ses cheveux gris et sa main tremblante….

1241. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il ne sut pas se dire que ce peu de débit était inévitable, que l’œuvre ne pouvait prendre sur le public et commander l’attention que quand elle serait à son milieu, en pleine période française, et qu’alors, seulement alors, mais certainement aussi, elle se classerait en entier d’un même cran et d’un même niveau. […] Mais pour l’Égypte ce fut autre chose : il ne l’aborda pas seulement en amateur et en touriste, il y mit une ardeur, une application spéciale de savant. […] Je suis enfin parti, il y a dix jours, non pas appelé par l’inquiétude, mais seulement par l’impatience de le voir, (par) la pensée de remplacer Beaumont que je savais auprès de lui depuis quelque temps et de passer avec mon ami convalescent un mois agréable comme un mois de Tocqueville. […] Nous serons à Paris, je crois, seulement vendredi. […] Il n’aurait plus été aux ordres de l’une ou de l’autre de ses nombreuses et brillantes facultés à toute heure : il n’en aurait pas eu seulement la dépense et le plaisir, il en aurait eu l’économie.

1242. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Je n’ai cherché avant tout qu’à établir une échelle des valeurs, en portant sur les œuvres un jugement de raison, mais seulement après avoir essayé de les recréer et de les revivre en moi par la sympathie. […] Mais ce n’est pas seulement par prudence que certains faux sages parlent ainsi à l’écrivain, c’est qu’ils ne comprennent pas le rôle profond que joue en général la correspondance. […] Il est peut-être vrai, comme nous le verrons plus loin  mais seulement lorsque l’écrivain est mort  que la publication de ses lettres ne pourra en rien diminuer l’image que le public ou sa famille se sont faite de lui. […] Maintenant  mais maintenant seulement — il est juste de dire que rien de ce qu’a écrit un grand penseur, un grand artiste ne peut être indigne de lui. […] Je voudrais seulement rester libre.

1243. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béjot, Alfred »

Rien de plus poétique, rien de plus dramatique, quand on songe que les Rimes maladives d’Alfred Béjot ne sont pas la forme fantaisiste d’une fiction cérébrale, un symbole d’une âme seulement douloureuse, mais qu’elles constituent le testament authentique d’un jeune écrivain mort plein d’avenir, à trente ans.

1244. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Durocher, Léon (1862-1918) »

C’est un barde d’Armor, un trouvère de notre chère Bretagne, un nostalgique des landes… Ses poèmes, qu’il éparpilla, au hasard des revues, un joli trésor… Durocher est poète ; non pas seulement ciseleur de rimes, sertisseur de verbes, gonfleur de bulles irisées, mais très subtil orfèvre, sachant tailler de superbes châsses qu’il orne ensuite des plus précieuses pierreries, pour coucher, dans ces reliquaires, les reines pâles, les jolies reines de pensée et de poésie, vivantes toujours et palpitantes, figées pour ainsi dire dans l’immortalité des vers impérissables.

1245. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 229

On y désireroit seulement un peu plus de nerf dans l’expression ; par-là, elle seroit plus digne de l’Original, dont le caractere dominant est l’énergie & la causticité.

1246. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 160

Il seroit seulement à désirer qu’elle fût plus pittoresque & plus vigoureuse.

1247. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Préface »

Eh bien, dans ce dernier volume, je vais tâcher, autant qu’il m’est possible, de servir seulement aux gens, saisis par mes instantanés, la vérité agréable, l’autre vérité qui fera la vérité absolue, viendra vingt ans après ma mort.

1248. (1761) Salon de 1761 « Sculpture —  Challe  » pp. 161-162

Seulement il est mal que l’enfant soit aussi long que le canon.

1249. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Seulement, il commençait à ne plus l’entendre. […] Seulement, il n’a pas, comme Véronèse, voulu donner de portrait fidèle, pas même le sien. […] Seulement, il y a moi, et moi, je m’accable, je me désole à ne plus vivre une minute, heureux. […] Seulement je vais jouer piano pour que la générale n’entende pas. […] Car c’est du passé seulement qu’il s’agit dans ce recueil de pièces, dont quelques-unes sont de premier ordre.

1250. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Les montagnes de Corinthe, de l’Attique, de la Béotie, du Péloponèse, ont trois ou quatre mille pieds de haut ; quelques-unes seulement vont jusqu’à six mille ; il faut aller à l’extrémité de la Grèce, tout au nord, pour trouver un sommet semblable à ceux des Pyrénées et des Alpes ; c’est l’Olympe, et ils en avaient fait le séjour des dieux. […] Pourtant on peut se faire une idée de ce qu’il était, en suivant les côtes encore intactes de la Méditerranée, de Toulon à Hyères, de NapIes à Sorrente et à Amalfi ; seulement, il faut se représenter un ciel plus bleu, un air plus transparent, des formes de montagnes plus nettes et plus harmonieuses. […] Ajoutez à cet air de force l’air d’aisance et d’élégance ; l’édifice grec ne songe pas seulement à durer comme l’édifice égyptien. […] C’est seulement dans la période suivante, en même temps que l’orchestrique et la poésie lyrique, qu’on les voit se développer, se fixer, prendre la forme et l’importance finale que nous leur connaissons. […] Les hercules que j’ai cités ne servent pas seulement à la parade.

1251. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Bien lui a pris cette fois de ne pas lutter de sublime avec Ronsard et de ne le vouloir suivre que quand celui-ci se lasse et se rabaisse : en se contentant « d’écrire simplement ce que la passion seulement lui fait dire », il a trouvé le secret de nous intéresser. […] Et je craindrais plutôt de n’en pas dire assez, car Du Bellay devance aussi le d’Aubigné des Tragiques par la sanglante énergie de quelques sonnets qui n’avaient point été imprimés de son vivant, et qui, retrouvés seulement de nos jours, ont été publiés en 1849 par M.  […] On conçoit que le poète ait reculé au moment de l’impression ; et, en effet, dans ces sept ou huit terribles sonnets posthumes, ce n’est pas seulement l’ambition et la cupidité qu’il dénonce sous la pourpre chez ces soudains et insolents mignons de la fortune, ce sont les vices païens, les scandales de l’antique Olympe. Et il ne s’attaque pas seulement à la personne des cardinaux neveux ou favoris, il va jusqu’à prendre à partie ces pontifes qu’il a vus de ses yeux, Jules III, Paul IV : ce dernier se faisant tout d’un coup guerrier in extremis, et qu’il oppose à Charles-Quint, à ce César dégoûté, subitement ambitieux du cloître : l’un et l’autre, dans ce revirement tardif, transposant les rôles et les parodiant pour ainsi dire, faisant comme échange entre eux d’humeur et d’inconstance : Je ne sais qui des deux est le moins abusé, Mais je pense, Morel, qu’il est fort malaise Que l’un soit bon guerrier, ni l’autre bon ermite.

1252. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

De simples bourgeois, seulement à cause qu’ils étaient riches, ont eu l’audace d’avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles. […] » Loué, attaqué, recherché, il se trouva seulement peut-être un peu moins heureux après qu’avant son succès, et regretta sans doute à certains jours d’avoir livré au public une si grande part de son secret. […] La Bruyère s’étonne, comme d’une chose toujours nouvelle, de ce que madame de Sévigné trouvait tout simple, ou seulement un peu drôle : lexviiie  siècle, qui s’étonnera de tant de choses, s’avance. […] On se demande seulement si les effets de la tabatière avalée au souper de la veille ont bien pu retarder jusqu’au lendemain onze heures du matin ; c’est un cas de médecine légale que je laisse aux experts.

1253. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

On ne savait pas encore alors que le chef-d’œuvre était un livre original, prose ou vers : pour être original, il faut être vrai, non pas vrai seulement selon les autres, mais vrai selon soi. […] Je remarquerai seulement qu’ici René obtient un peu ce qu’il désire : il voulait un beau malheur, en voilà un. […] L’honneur, pour la monarchie consanguine, n’est pas seulement une décoration, c’est un devoir. […] Aussi, voyez comme ce nom remplace tous les autres, même celui de Voltaire, le dictateur de l’intelligence universelle ; à peine s’en souvient-on encore, et il vient seulement de mourir au seuil des temps qu’il a créés.

1254. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Mais franchement, nous dirions plutôt : comparez Hanna à Œnone, et jugez de la distance entre Jodelle et Racine ; seulement ici c’est Jodelle qui vient cent ans après que Racine a paru. […] Chez eux, un principal personnage ne se fera pas attendre, comme dans Eschyle ou dans Sophocle, jusqu’à la dernière scène du drame et n’apparaîtra pas seulement, pour tuer ou être tué. […] Je demanderai seulement si, en passant de l’un de ces genres à l’autre, on ne transporte pas dans le plus hardi quelques-unes des beautés du plus sage, et si ce n’est pas toujours à quelque empreinte classique, qu’une tragédie semi-romantique doit ses hasardeux succès. […] Chimène intéresse par l’inutilité de ses efforts sublimes pour haïr l’assassin de son père ; mais Ophélie, livrée tout entière à sa passion par sa démence ; Ophélie, qui adore de toute son âme Hamlet teint du sang de Claudius, ne nous ravit pas seulement, elle nous plonge dans ses propres douleurs et dans son délire même.

1255. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

La réforme de l’orthographe a été une question politique… Seulement ce sont nos gouvernants — et non pas nous — qui mettent partout la politique, et la plus basse. […] Je souhaiterais seulement pour les collégiens d’aujourd’hui que le latin — si on en fait refleurir l’enseignement — soit enseigné d’une autre façon. […] Le mal est là — là seulement. […] Frédéric Mistral Je ne suis pas en situation de faire une réponse établie sur des faits, seulement je suis convaincu d’instinct que l’esprit français et la langue de France, fils et fille du latin, du latin littéraire autant que populaire, ne peuvent que s’anémier en se privant de boire, comme c’est leur tradition, à leur source naturelle.

1256. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Seulement, lorsque M.  […] Cette idée, voici comment, pour être clair, je la formulerais sous la forme d’un axiome : « La Justice absolue est, par sa nature même, essentiellement idéale et divine ; la Justice humaine ne peut et ne doit agir que d’une manière relative, et sans tenir compte de ce qui jetterait le trouble dans ses indispensables règles, car la société doit songer avant tout à sa conservation… » Telle est à peu près la situation de Valentin ; il a de toute façon et sous toutes les formes offensé les hommes et le devoir humain ; c’est Dieu seul qu’il a quelquefois essayé de satisfaire ; aussi est-ce seulement à Dieu qu’il peut demander la pitié, qui, dans l’ordre divin est la même chose que la justice. […] Ils ne l’anéantissent pas seulement. […] Il ne faut pas seulement reconnaître que Fiammette est le meilleur conte qu’un artiste ait porté à la scène, il faut dire que c’est le seul qu’on écoute avec un plaisir vrai et sans une minute d’effort.

1257. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Répudions seulement l’Inintelligible, ce charlatan, et souscrivons une pension de retraite au Dilettantisme, ce doux maniaque. […] « Victor Hugo pouvait, lui, de sa puissante main, briser tous les liens dans lesquels le vers est enfermé et nous le rendre absolument libre, mâchant seulement dans sa bouche écumante le frein d’or de la rime ! […] C’est sûrement une décadence, mais seulement celle d’une école qui se meurt. […] J’en donnerai seulement l’idée.

1258. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

On regrette seulement que l’historien y ait figuré comme acteur. […] Deux situations seulement pour les personnes publiques : la faveur du prince ou sa disgrâce ; dès lors une seule émulation, la flatterie. […] C’est encore dans Tacite seulement qu’on trouve les premiers modèles des portraits de Saint-Simon, la partie la plus excellente de ses Mémoires. […] Mais ce n’est pas seulement par cet esprit d’opposition au gouvernement de Louis XIV qu’ils appartiennent au dix-huitième siècle ; ils en sont les précurseurs par tout ce qu’ils ont pensé et exprimé de durable sur les devoirs des gouvernements envers les peuples, et par des maximes d’humanité, de justice, de patriotisme, dont la propagation a été la gloire du dix-huitième siècle et dont l’application est la tâche du nôtre.

1259. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

C’est que M. de Latouche n’était pas seulement mystérieux par nature et par caractère, il était clandestin. […] Puis il écrivait, et quelques jolis traits seulement surnageaient dans une phraséologie négligée, incorrecte, obscure. […] Pour ne rien paraître lui ôter, je dirai seulement que ce fut lui qui mit en circulation alors le mot de principicule. […] Il est fâcheux pour Béranger qu’il ait persisté publiquement dans une opinion aussi contraire, je ne dis pas seulement aux faits, mais au goût et à la saine critique, que de croire Latouche coauteur des Poésies d’André Chénier et de l’en déclarer capable.

1260. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Nous savons de lui que sa mère était aussi vive, aussi impatiente à quatre-vingt-cinq ans qu’il le pouvait être lui-même ; il la perdit seulement dans l’été de 1784. […] C’est beaucoup dire et prêter après coup un grand sens aux épigrammes assez gaies de cette petite pièce, dans laquelle le marchand d’esclaves se plaint d’avoir acheté certain baron allemand dont il n’a jamais pu se défaire : « Et à la dernière foire de Tunis, n’ai-je pas eu la bêtise d’acheter un procureur et trois abbés, que je n’ai pas seulement daigné exposer sur la place, et qui sont encore chez moi avec le baron allemand ?  […] C’est par rapport au très grand monde seulement que Chamfort a pu dire : « Il paraît impossible que, dans l’état actuel de la société, il y ait un seul homme qui puisse montrer le fond de son âme et les détails de son caractère, et surtout de ses faiblesses, à son meilleur ami. » C’est ce grand monde uniquement qu’il avait en vue quand il disait : « La meilleure philosophie relativement au monde est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l’indulgence du mépris. » C’est pour avoir trop vécu sur ce théâtre de lutte inégale, de ruse et de vanité, qu’il a pu dire son mot fameux : « J’ai été amené là par degrés : en vivant et en voyant les hommes, il faut que le cœur se brise ou se bronze. » J’ajouterai, pour infirmer l’autorité de certaines maximes de Chamfort et pour en dénoncer le côté faux, qu’elles viennent évidemment d’un homme qui n’a jamais eu de famille, qui n’a pas été attendri par elle ni en remontant ni en descendant, qui n’a pas eu de père et qui, à son tour, n’a pas voulu l’être. […] « Oui, dans la crainte d’avoir un fils qui, étant pauvre comme moi, ne sache ni mentir, ni flatter, ni ramper, et ait à subir les mêmes épreuves que moi. » Ce que j’en conclus seulement, c’est que sa morale est celle d’un célibataire usé et aigri, d’un homme qui a érigé son propre malheur en ironie et en système.

1261. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Quelle figure incomplète nous donnerions à ces étrangers ; comme ils resteraient imaginaires ; comme il nous serait impossible d’être vrais ou seulement équitables ! […] Les ducs de Hautlieu, les comtes de Castelblanc s’appellent aujourd’hui : Morin, Benoît, Thomasset et Berger ; ils sont ingénieurs, avocats, explorateurs en congé, attachés d’ambassade, industriels, savants déjà connus, pas encore célèbres et qui ont pris seulement le voile de la science, mais nous ne les voyons guère dans leur profession. […] J’ajouterai seulement quelques observations sur le prêtre et sur la religieuse dans la littérature. […] L’intrigue elle-même, si elle est bien conduite, supprime une foule d’actions communes et sans intérêt ; elle simplifie le personnage, et c’est un effet de l’art ; elle l’engage en des situations où il reste fidèle au caractère d’élection, mais qu’il n’a pas traversées, et dont on peut dire seulement qu’il les eût traversées de cette manière.

1262. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Callimaque fut le Pindare de cette reprise d’enthousiasme, ne célébrant plus des jeux guerriers que les Grecs n’avaient pas portés dans leurs conquêtes d’Orient, ne vantant plus ces lois équitables et cette liberté tempérée qui convenaient seulement à la royauté des races doriques, mais chantant avec une docile adoration la puissance des princes dominateurs de l’Égypte, et lui cherchant un modèle dans le pouvoir et la prudence du plus grand des dieux. […] Seulement, à sa suite marchent la grâce et la haine, la guerre et la fait mine, et les douleurs abondantes en larmes. […] Le second n’est pas seulement une surcharge lyrique du premier : on y sent aussi ce travail anonyme de la pensée morale dans un peuple. […] Seulement, à l’aspect du monde physique et moral, le pieux contemplateur est bien obligé de reconnaître qu’à la suite de Dieu marchent la guerre et la famine, tous ces maux si communs dans l’univers, et qui, selon l’expression du livre des Machabées, après la mort d’Alexandre se multipliaient sur la terre.

1263. (1897) Aspects pp. -215

Seulement elle le met au pilon, en interdit la réimpression et incarcère Grave. […] L’inégalité apparaît seulement des qu’il y a contrainte. […] Nous contesterons seulement la valeur que M. de Goncourt découvre aux assidus de son grenier. […] Je lui dirai seulement mon impression. […] Seulement vous ne la prononcez pas assez souvent.

1264. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Seulement ce n’est ni à la taille de l’ouvrier, ni aux dimensions de l’œuvre que se mesurent les écrivains. […] Le moment est venu, non plus seulement pour l’essayiste à la manière de Taine ou de M.  […] Seulement il a le secret de dire avec une apparence de clarté et de précision des choses obscures. […] Cette conception n’est pas seulement incomplète, elle est fausse. […] La préface n’est pas seulement d’un absolutiste en matière religieuse : elle est d’un tortionnaire.

1265. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coran, Charles (1814-1901) »

André Theuriet Son livre (Dernières élégances) vous fait l’impression du château de la Belle au bois dormant ; seulement, ce château est une petite maison de la fin du xviiie  siècle, et la princesse, endormie pendant une lecture des Contes moraux, s’est réveillée en l’an 1869, vêtue à la mode ancienne, avec un œil de poudre et un soupçon de rouge.

1266. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » p. 568

Nous ajouterons seulement qu’il a composé plusieurs articles de l’Encyclopédie, qui font désirer qu’on se fût toujours adressé à des Coopérateurs d’un mérite égal au sien.

1267. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Seulement bien des questions se présentent : l’art aura-t-il gagné à ce changement de toutes choses, ne court-il pas risque de se diviser, de s’amaigrir en une multitude de courants et de canaux, dès qu’il se mêlera davantage à cette société tout industrielle et démocratique ? […] Seulement ils voulaient l’harmonie, et comme la société d’alors n’était rien moins qu’harmonique, ils s’en prirent longtemps à l’esprit de révolution qui venait la troubler.

1268. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

La délicatesse du point d’honneur pouvait inspirer aux hommes quelque répugnance à se soumettre eux-mêmes à tous les genres de critique que la publicité doit attirer : à plus forte raison pouvait-il leur déplaire de voir les êtres qu’ils étaient chargés de protéger, leurs femmes, leurs sœurs ou leurs filles, courir les hasards des jugements du public, ou lui donner seulement le droit de parler d’elles habituellement. […] En bornant l’étendue des idées, on n’a pu ramener la simplicité des premiers âges ; il en est seulement résulté que moins d’esprit a conduit à moins de délicatesse, à moins de respect pour l’estime publique, à moins de moyens de supporter la solitude.

1269. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Regardons seulement quelques-unes de ces œuvres fameuses, où l’on a cru qu’elle manquait : nous l’y trouverons, et là précisément où il fallait qu’elle fût. […] Quand cet auvent de fer fut soulevé, il entra de la lumière seulement, de l’éblouissante lumière rouge.

1270. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Bayle La science n’assiégea pas seulement la religion par le dehors, elle y pénétra pour la mieux ruiner. […] Ceux-ci ne touchaient plus seulement, comme les Bénédictins, aux ornements de la religion, mais à ses fondements, qu’ils ébranlaient par le seul emploi d’une méthode qui écartait la tradition de l’Église comme une idée préconçue.

1271. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

Le psychologue ou l’esprit critique constate alors seulement l’existence de ces réalités, maintenant inventées, les nomme et les classe. […] Autour de lui, hommes et femmes écoutaient, « devenaient clers et sçavants en peu d’heures, et parloyenl de prou de choses prodigieuses, élégantement et par bonne mémoire : pour la centième partie desquelles sçavoir ne suffirait la vie de l’homme : des Pyramides, du Nil, de Babylone, des Troglodytes, des Himantopodes, des Blemmyes, des Pygmées, des Caníbales, des mons Hyperborées, des Egipanes, de tous les diables, et tout par ouydire. » Or la satire ne vise pas ici seulement le savoir populaire, car autour d’Ouydire et prenant attentivement des notes, Rabelais n’a pas manqué de faire figurer Hérodote et Pline, Marco-Paulo, Strabon, Albert le Grand, tout un lot d’auteurs dont les livres en vogue dispensaient aux écoliers de son temps les notions enregistrées jusque-là par la science humaine.

1272. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Remarquons seulement ce vers : on tient toujours du lieu dont on vient… Si La Fontaine a voulu dire : on se ressent toujours de ses premières habitudes, c’est-à-dire, de son éducation ; cette maxime peut se soutenir et n’a rien de blâmable ; mais s’il a voulu dire : on se ressent toujours de son origine, il a débité une maxime fausse en elle-même et dangereuse ; il est en contradiction avec lui-même, et il faut le renvoyer à sa fable de César et de Laridon. […] Je voudrais seulement que les deux pélerins fussent à jeun comme ceux de Boileau.

1273. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Seulement, remarquez comme avec ce to i ! […] Seulement, si elle l’avait écrite, il y aurait une différence, la différence de l’amour !

1274. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Seulement le Pape, par égard pour ses vertus et ses bonnes œuvres, lui avait conféré le privilège d’avoir le Saint Sacrement chez elle, et cette distinction fait bien symbole à tout ce qu’elle fut… En littérature, elle ne voulut jamais être une femme qui aurait pris rang, de par son esprit, parmi les esprits littéraires. […] Seulement, vieille même, et avec les acquisitions et les grâces tardives de ce nouvel état, elle ne fut pas uniquement, de par la vieillesse, cette personne et ce charme si à part que l’on appelait madame Swetchine !

1275. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Seulement, arrivé à la fin de la description qu’il en fait, l’auteur de Royalistes et Républicains, qui ne sait rien de plus que ce qu’il voit, recommence, avec moins d’expression et d’énergie, le cri de Mallet-Dupan, et c’est tout ! […] Seulement, de cette hauteur, ce livre, si petit par lui-même, devient imperceptible.

1276. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Seulement, j’ose affirmer que de telles rubriques, employées bien plus pour accrocher le public qui passe que pour satisfaire le public qui s’assied, un véritable historien, si jamais on les suggérait à sa pensée, les rejetterait avec le mépris qui convient. […] , fut tout à la fois homme et femme, non pas seulement dans ses jeux, mais dans ses goûts et ses facultés.

1277. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Seulement, si complet qu’il continue d’être, nous ne croyons pas que la seconde partie, qui nous est inconnue, ait pour personne l’intérêt si vif et si incessamment attisé de la première, et cela en vertu d’une foule de raisons. […] Seulement, quelle favorite ou quelle maîtresse eut jamais, comme madame de Maintenon, ce règne de trente-deux ans que la mort seule de l’homme qu’elle dominait put interrompre ?

1278. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Seulement, qu’elle en meure ou non, je vais m’occuper de la flèche ; et, comme nous allons le voir, elle est aiguë, elle est d’acier fin, elle est joliment et joyeusement empennée, — et elle s’est gaillardement plantée où celui qui l’a lancée avait visé. […] Il est vrai que depuis le prince de Ligne, et même depuis de Champagny, nous· avons vécu, ce qui a permis à l’auteur d’À travers l’Antiquité d’employer une langue plus verte et plus crue… Seulement, langue à part, ce que ne pouvaient avoir ni Renan, le Brid’oison du doute, ni de Champagny, du faubourg Saint-Germain, où l’on n’est guères Gaulois, si on y est Français, c’est la plaisanterie !

1279. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Seulement, on a mis dans le titre, comme un éclatant pavillon propre à couvrir la marchandise, ce fragment déjà ancien de Madame Guizot sur Abailard et sur Héloïse, et que Guizot, par piété conjugale, a terminé. […] Plus tard seulement cette passion rêvée, entrevue, supposée, là où le désordre et l’horreur furent si grands, nous en avons cherché la preuve et les traces, et le croira-t-on ?

1280. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

I Ce n’est point une édition complète de la Correspondance de Madame Du Deffand que ces deux beaux volumes : c’est seulement un fragment de cette Correspondance, qu’on voudrait intégrale, et un fragment d’autant plus précieux qu’il était inconnu. […] Seulement, cette brise de l’esprit finit par ne plus rafraîchir son âme, quoiqu’elle y fit toujours ces plis charmants qui sont des rires ou des sourires. « On la croit sèche, — dit Sainte-Beuve, cité par M. de Saint-Aulaire, — et elle ne l’est point.

1281. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Collé, qui n’est pas seulement un moraliste de chanson épicurienne, parle de la flatterie en homme qui sait quel levier c’est, même dans des mains maladroites et imbéciles. […] Seulement, il abat les angles de son mépris et il a l’art d’en faire une rondeur.

1282. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Seulement, s’il y avait quelque chose de plus hyperbolique que l’Inde elle-même, avouons-le maintenant ! […] » Cependant, tel que le voilà traduit, ce livre bizarre, c’est un événement, et non pas seulement pour l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; car il atteste, ce que l’on commençait bien d’entrevoir, il est vrai, et ce qu’il faudra bien finir par proclamer tout haut, que les païens de toute espèce, battus par les doctrines chrétiennes, qui voulaient faire sortir de l’Inde une poésie et une philosophie pour les opposer à tout ce que le Christianisme a créé dans l’ordre du beau et du vrai parmi nous, n’ont trouvé, en somme, ni l’une ni l’autre.

1283. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Seulement on a mis dans le titre, comme un éclatant pavillon propre à couvrir la marchandise, ce fragment déjà ancien de Mme Guizot sur Abailard et sur Héloïse, et que M.  […] Plus tard seulement, cette passion rêvée, entrevue, supposée, là où le désordre et l’horreur furent si grands, nous en avons cherché la preuve et les traces, et le croira-t-on ?

1284. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Charles de Rémusat, le philosophe, — qui n’était pas seulement qu’un philosophe, mais un homme politique et un vaudevilliste, ce que j’estime infiniment plus (on a publié dernièrement quelques-unes de ses chansons), — Charles de Rémusat a voulu, par égard pour lui-même sans doute, que le mot de « philosophique » se retrouvât dans le titre d’un drame qu’il avait composé moins pour le théâtre et le grand public que pour se faire plaisir à lui-même, à sa famille et à ses amis. […] C’était plus commode, en effet… Seulement, dans le Cromwell et dans l’Ahasvérus, tout informes ou difformes qu’ils soient, le spectacle est quelquefois passionné et poétique.

1285. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Et de fait, les annales de la décadence (non pas seulement celles de Tacite) ont les proportions d’une fable énorme, arrangée par l’imagination antique pour terrifier, en l’instruisant, l’univers. […] Aujourd’hui, avec leur Soulouque qui les égorge comme ils ont toujours été égorgés, ils ne sont ni plus opprimés ni plus libres qu’ils n’étaient sous ce collier de tyrans, Boyer, Christophe, Dessaline ; mais la domination du dernier venu n’aura pas plus de durée que la domination des autres… Gustave d’Alaux a-t-il tu sciemment ou n’a-t-il pas seulement entrevu ces idées ?

1286. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Seulement, comme le genre de talent d’un homme et son tempérament se retrouvent toujours, Rémusat ne trempe pas ses flèches dans les noirs poisons d’un Styx quelconque, mais il les imbibe de mélancolie et il en cache au préalable la pointe imprudente sous les transparences voilées de l’allusion. […] Seulement, la raison du jugement surprenant que Rémusat a osé porter de cet homme, ce n’est pas autre chose que sa haine pour la Révolution française.

1287. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Ce que nous tenons seulement à constater, c’est que contrairement au plus grand nombre des lyriques actuels, si préoccupés de leur égoïsme et de leurs pauvres petites impressions, la poésie de M.  […] Seulement, par une inconséquence qui nous touche et dont nous connaissons la cause, il se mêle à ces poésies, imparfaites par là au point de vue absolu de leur auteur, des cris d’âme chrétienne, malade d’infini, qui rompent l’unité de l’œuvre terrible, et que Caligula et Héliogabale n’auraient pas poussés.

1288. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

Et il y répondra, ce livre solide, très intéressant et qui n’est que vrai, non pas seulement par la simplicité de sa conception et ses développements naturels, mais par le fond même du sujet qu’il traite : car s’il fut jamais un homme d’une originalité assez profonde pour résister à toutes les influences extérieures que le Matérialisme, la Bête de ce temps, voudrait faire tout à l’heure si puissantes, ce fut Milton. […] Lui, l’ancien chantre du Comus et du Penseroso, il ne courbait pas seulement son génie poétique, dont il devait être sûr, devant un génie théologique qu’il n’avait pas, mais il alla jusqu’à vouloir écraser l’un par l’autre.

1289. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Seulement, il faut bien en convenir, quoique aux fanatiques cela puisse sembler impossible, ici, l’imitateur, venu plus de quarante ans après l’imité, lui est, d’exécution, très supérieur. […] Ce sont des monstres aussi, je ne dis pas seulement que Han d’Islande et Bug-Jargal ; mais Claude Frollo, Quasimodo, la Sachette, Triboulet, s’ils ne sont pas des monstres absolus, sont du moins bien près de la monstruosité.

1290. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Le dandy ne se démasquait pas seulement, il se débraillait ! […] Au bout seulement de quelques années, les livres mal écrits ne se lisent plus et sont oubliés.

1291. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Seulement, par quelle aberration d’optique intellectuelle ce qui est si plat a-t-il pu faire à Mgr. […] Une remarque à faire en passant, c’est que tous ces drôles qui sont, comme le Julio, issus du Vicaire Savoyard, ont le goût pour la botanique de Rousseau, leur père ; seulement, Julio y joint le goût de la géologie, et, comme madame Sand, qui fait présentement des voyages dans le cristal, il fait des voyages dans la pierre et passe sa vie, au lieu de dire son bréviaire comme tout curé y est tenu, à casser de petits cailloux pour leur regarder dans le ventre.

1292. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Sapho n’était pas violente en amour seulement. […] Je note seulement ce désaccord entre nos deux amoureux poétiques, et je laisse au lecteur, instruit maintenant de leurs aventures, le soin de ratiociner. […] Si le ciel m’avait favorisée davantage, au lieu de conseiller seulement, j’eusse pu servir d’exemple. […] Et ce n’est pas seulement à la flamme de l’amour, ô Louise, que tu te brûlais, mais à toutes les flammes et flammettes de la vie mortelle. […] L’opale et l’agate sont d’un suc mêlé ; et les autres pierres qui ne sont point transparentes, mais seulement luisantes sur la surface, participent d’un suc obscur, terreux et épais.

1293. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 20-21

Nous ne citerons point ce morceau d’Eloquence, que tout le monde connoît ou doit connoître ; nous ajouterons seulement que M. de la Condamine ne s’est pas moins fait estimer par ses qualités sociales, que par ses lumieres & ses travaux.

1294. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Monnet » p. 281

On ne sait ce que c’est que cela, c’est une image de papier blanc, une découpure de Huber, mais mauvaise sans la précision des contours, seulement aussi mince, aussi plate et très-insipide, quoique nue.

1295. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Seulement, mes deux gendres se sont mal conduits envers moi. […] Seulement j’aime mieux mes filles que Dieu n’aime le monde, parce que le monde n’est pas si beau que Dieu, et que mes filles sont plus belles que moi. […] Seulement, sache-le bien, Nathalie : en t’obéissant, j’ai dû fouler aux pieds des répugnances inviolées. […] Au bas du coteau seulement, je lui avais appris ma course de Tours à Frapesle, et craignant pour ma santé déjà si faible, il s’était avisé d’entrer à Clochegourde en pensant qu’elle me permettrait de m’y reposer. […] Je pensai seulement alors qu’une femme devait appartenir à son mari.

1296. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Oui, je suis persuadé que ce serait le salut… Seulement nous y tournons le dos. […] Veuillot procède des versificateurs du XVIIe et du XVIIIe siècle, avec, seulement, une rime plus nourrie, un vocabulaire plus riche, un peu plus d’images et, comme il était naturel, l’accent d’aujourd’hui. […] Seulement, le public ne le croit pas ; beaucoup de chrétiens même s’en défient par avance. […] Considérez aussi qu’un dixième ou un vingtième seulement des habitants de notre petit astre sont guidés (et, parmi eux, combien y réfléchissent ?) […] Seulement, nous profiterons de vos indications : nous serons moins dupes de la « Déclaration des droits de l’homme » ; nous concevrons mieux que c’est sur les cœurs qu’il faut agir et que l’apparente justice géométrique des lois n’est rien si le désir de la justice et si la charité ne sont point en nous.

1297. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Que dire de cette chimère de cinq sortes d’amour, dont les quatre premières sont mêlées, dans des proportions décroissantes, d’intérêt personnel, et dont la dernière seulement est pure de tout motif humain ? […] Parmi tous ces mémoires, il faut s’attacher à ceux-là seulement qui ont exercé la séduction propre à Fénelon. […] Seulement de bonnes places fortes n’y gâtent rien ; et c’est un secours indispensable contre les voisins qui pourraient pratiquer d’autres maximes. […] Le charme de la poésie n’est pas seulement dans la difficulté vaincue ; il naît surtout de cette beauté singulière qui résulte de la propriété des termes jointe à l’exactitude de la rime. […] A la vérité Fénelon ne demande pas qu’on substitue tout à coup l’inversion à l’ordre direct ; il veut seulement un mélange insensible des deux procédés.

1298. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Il aurait annoncé que le roman qu’il fait, une fois terminé, il n’en ferait plus, et que seulement, de temps en temps, il donnerait une nouvelle, écrirait un salon, et ce serait tout. […] Ce visage était la ruine de la plus jolie, de la plus aimable, de la plus douce figure, avec seulement sur la chair pâlie, de la meurtrissure dans l’orbite de ses beaux yeux, et comme une dépression de fatigue dans les lignes de sa bouche. […] Je n’ai guère rencontré de bien, dans les deux volumes, que cette phrase : « l’arrêté, le tendu de la peau, qu’a seulement une vierge ». […] Elle m’apparaît seulement grande, comme une grosse émeraude d’un bijoutier, de la rue de la Paix. […] Il veut faire une édition de grand luxe de La Fille Élisa, tirée à trois cents exemplaires seulement.

1299. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Note relative à l’article Villehardouin. » p. 527

En admettant même que cette perfection fût chose très fugitive et seulement approximative, que ce ne fût en quelque sorte qu’une velléité de perfection, il suffit qu’elle se rencontre ou se conçoive en cette période de Philippe Auguste à saint Louis pour que l’expression de jargonner ne soit plus à sa place et qu’il la faille retirer comme une injustice et une impertinence des époques modernes postérieures.

1300. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Veyrat, Jean-Pierre (1810-1844) »

Sa personnalité politique s’y dessine mieux que dans les termes généraux de la satire… La meilleure pièce des Italiennes est celle que l’auteur adresse à Chateaubriand… Veyrat n’est pas seulement une des figures poétiques, c’est une des âmes, un des témoins de ce temps-ci : un Donoso Cortès de la Savoie… Sa lyre et son âme, sa vie et son œuvre sont une même chose.

1301. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 145-146

On désirreoit seulement que l’Auteur eût mis plus de rapidité dans son style quelquefois traînant, & qu’il n’eût pas dénaturé certains faits, n’en eût pas hasardé quelques autres, & eût eu l’attention de présenter les circonstances telles qu’elles étoient ; ce qu’il eût fait vraisemblablement, s’il eût été moins attaché à ce qui tendoit à favoriser ses opinions particulieres.

1302. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 239-240

Nous ne parlons pas des Eloges Historiques qu’il a faits de plusieurs Membres de l’Académie des Inscriptions ; nous dirons seulement que, sans avoir le mérite de ceux de M. de Fontenelle, ils sont dans le genre qui leur convient, & présentent très-sagement le caractere des Académiciens qui en font le sujet.

1303. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 389

On désireroit seulement que ces Ouvrages fussent écrits d’un style moins lâche, moins rampant ; que les événemens fussent plus vraisemblables ; que l’Auteur ne les eût pas amenés avec une contrainte qui les fait grimacer.

1304. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 435

Nous dirons seulement qu’un Petit-Maître incrédule lui proposa un jour de disputer avec lui, & qu’il s’en défendit, en disant qu’il avoit toujours évité les disputes sur les points essentiels de la Foi.

1305. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 498-499

Pesselier sont des Lettres sur l’éducation, semées, par intervalles, de réflexions sensées, de vûes utiles, de morale solide & bien discutée : on désireroit seulement qu’il y eût moins sacrifié la justesse des pensées à la finesse de l’expression & du sentiment : une Idée générale des Finances, & des Doutes proposés à l’Auteur de la Théorie de l’Impôt.

1306. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 81-82

Il seroit seulement à désirer que le style fût moins chargé d'épithetes, d'exclamations & de réticences.

1307. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il ne croit pas, avec Michelet, que la femme, seulement, soit un être malade. […] Et quand un sourire de toi entre en moi. ce n’est pas le dessin seulement de la couleur de tes lèvres qui se peint sur l’eau fragile de mon âme. […] Mais les suaves chants d’amour n’embellissent pas seulement les hommes qui les entendent, ils embellissent aussi le poète qui les chante. […] Et je ne parle pas seulement de notre génération : sur nos aînés son influence était devenue quasi nulle, et ses premiers adeptes, peu à peu, faisaient tous défection, sans cesser toutefois de lui témoigner leur affectueuse amitié. […] Et nous n’appuierons pas seulement sur la Gloire et sur les Héros.

1308. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Allez, j’ai pas peur de vous, avec vos moustaches ; vous n’avez pas seulement la croix. […] Le sol piétiné tout autour, des maçons occupés à laver le sol maculé de plâtre rappelaient seulement l’inhumation récente. […] La citoyenne Grivault mettait ses touffes comme on met ses décorations : dans les grandes circonstances seulement. […] Seulement, comme je n’ai pas trouvé d’autre état que celui-là pour ne pas mourir de faim, je fais celui-là. […] Seulement son cœur, dans cette circonstance, n’avait pas eu assez d’esprit.

1309. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Elle avait l’air seulement de courber les reins davantage et de se renverser en arrière avec souplesse. […] Et tous les deux seulement laissaient couler sur leurs visages leurs larmes ; douces larmes, sans amertume, sans rancune contre la vie. […] Seulement, pour battre la charge de l’héroïsme, il leur faut l’occasion. […] Alors le prince, au galop (geschwind), se lave le visage et les mains, en se servant du savon pour les mains seulement. […] Ce n’est pas seulement les erreurs françaises sur les habitudes et le tempérament du peuple anglais, que M. 

1310. (1886) Le roman russe pp. -351

Seulement, il en faut distinguer deux variétés. […] Les fils de Tarass sont revenus au logis, pour une nuit seulement. […] Essayez seulement de bien dîner. […] Dans le roman, et là seulement, il trouvera l’histoire de Russie depuis un demi-siècle. […] — Vivez seulement, et vous le saurez.

1311. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Abadie, Michel (1866-1922) »

Mais enthousiasme ne signifie pas seulement violence et passion, n’oublions pas que ce mot représente encore, et mieux, l’émotion naturelle du cœur.

1312. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 64

L’Auteur ne parut pas satisfait de cette édition ; son dessein n’ayant pas été qu’on imprimât des Vers qu’il avoit faits seulement pour s’amuser & les personnes avec lesquelles il étoit en société. » Les Chansons de M. de Coulanges ont un mérite particulier ; elles contiennent des anecdotes curieuses sur les événemens de son temps : c’est par-là que ce genre frivole peut encore être utile.

1313. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 435-436

On est seulement fâché que l’infidélité de Zilia, contre l’attente du Lecteur, vienne amortir la sensibilité qu’elle inspire.

1314. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « F. Grille »

Seulement, ce qui plaît dans Tallemant ne se trouve pas dans Grille.

1315. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il était suivi du valet de chambre monté sur une haquenée anglaise, lequel portait sur lui la casaque de son maître, casaque de velours orangé à clinquant d’argent, et, en la main droite, des tronçons d’épées, de pistolets et armes diverses, et des lambeaux de panaches, de son maître également, le tout lié en faisceau et formant trophée : Après cela, disent les secrétaires s’adressant à Rosny, vous veniez dans votre brancard (brancard fait à la hâte de branches d’arbres, surmonté de cercles de tonneaux), couvert d’un linceul seulement ; mais par-dessus, pour parade des plus magnifiques, vos gens avaient fait étendre les quatre casaques de vos prisonniers, qui étaient de velours ras noir, toutes parsemées de croix de Lorraine sans nombre en broderie d’argent ; sur le haut d’icelles les quatre casques de vos prisonniers avec leurs grands panaches blancs et noirs, tout brisés et dépenaillés de coups ; et contre les côtés des cercles étaient pendus leurs épées et pistolets, aucuns brisés et fracassés ; après lequel brancard marchaient vos trois prisonniers, montés sur des bidets, dont l’un, à savoir le sieur d’Aufreville, était fort blessé, lesquels discouraient entre eux de leurs fortunes… Après les prisonniers venaient le surplus des domestiques, puis la compagnie des gens d’armes et les deux compagnies d’arquebusiers, ou du moins ce qui en restait, non sans plus d’un brancard encore pour les blessés, et sans bien des têtes bandées ou des bras en écharpe : toute une ambulance victorieuse. […] » À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve.

1316. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Ainsi considéré, Virgile, dans ses Géorgiques, n’est plus seulement un poète, il s’élève à la fonction d’un civilisateur et remonte au rôle primitif d’un Orphée, adoucissant de féroces courages. — Touchant, en passant, les travaux de Pouilly et de Beaufort qui, bien * avant Niebuhr, avaient mis en question les premiers siècles de Rome, Gibbon s’applique à trouver une réponse, une explication plausible qui lève les objections et maintienne la vérité traditionnelle : « J’ai défendu avec plaisir, dit-il, une histoire utile et intéressante. » Celui qui exposera le déclin et la chute de l’Empire romain se retrouve ici, comme par instinct, défendant et maintenant les origines et les débuts de la fondation romaine. — En ce qui est de l’usage que les poètes ont droit de faire des grands personnages historiques (car Gibbon, dans cet Essai, touche à tout), il sait très bien poser les limites du respect dû à la vérité et des libertés permises au génie : selon lui, « les caractères des grands hommes doivent être sacrés ; mais les poètes peuvent écrire leur histoire moins comme elle a été que comme elle eût dû être ». […] Dans tout ce que j’ai dit, je n’ai fait qu’extraire et resserrer ses Mémoires : j’ai seulement tâché d’en présenter une épreuve un peu plus fraîche et plus marquée, à l’usage du moment. […] [NdA] Gibbon se dégagea envers Mlle Curchod bien plus tard qu’on ne pourrait le supposer, et cinq ans seulement après avoir quitté la Suisse.

1317. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Né à Dinan en Bretagne, le 12 février 1704, d’une honnête famille de commerçants, le dernier venu des enfants, il fut l’objet des soins de sa mère veuve, personne de mérite, de raison, qui ne mourut qu’à plus de cent ans, et quelques années seulement avant son fils. […] Venons à son mérite et à ses ouvrages, et remarquons d’abord que Duclos, grâce à ses relations du grand monde, fut reçu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1739, avant d’avoir rien produit de sérieux et seulement sur ses promesses. […] Que Duclos ait profité des mœurs qu’il observait de près, des histoires qui se racontaient autour de lui, qu’il ait été en ce sens le secrétaire du monde et du cercle particulier où il vivait, cela est possible et même certain ; mais on n’en peut rien conclure contre sa paternité réelle : il eût été à souhaiter seulement que, secrétaire aussi léger et aussi délicat que l’avait été Hamilton en son temps, il eût rencontré comme lui, pour lui fournir matière, des chevaliers de Grammont.

1318. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Ces qualités et ces agréments, nous en entrevoyons quelque chose, bien moins encore par les vers qu’a laissé échapper La Fare et qui sont faibles, privés aujourd’hui des circonstances de société qui les ont fait naître74, que par ses mémoires fins, sérieux, piquants et qu’on regrette seulement de trouver trop courts et inachevés. […] Mais comme on ne va point d’une extrémité à l’autre sans passer par un milieu, il commença seulement par ne leur donner plus de part au gouvernement ni à sa confiance, et choisit des gens qu’il crut fidèles et de peu d’élévation. […] En politique, il le voit toujours gouverné en craignant de l’être, seulement l’étant par plusieurs au lieu de l’être par un seul ; s’entêtant ou se désabusant de certains hommes sans beaucoup de sujet ; et il lui conteste cette haute appréciation, cette justesse et ce coup d’œil de roi qu’on accorde assez généralement aujourd’hui au noble monarque.

1319. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

L’abbé de Caumartin, alors âgé seulement de vingt-six ans, était de la fleur du monde poli, du monde choisi, railleur et finement éclairé. […] L’orateur ne montrait pas seulement la maison d’Autriche abaissée et réduite aux abois, mais encore les éléments soumis et assujettis par ce génie supérieur des quatre éléments, toutefois, un seul était pris au propre, l’eau de la mer retenue par la digue de La Rochelle ; les autres éléments ne figuraient qu’à l’état métaphorique : c’était le feu de la rébellion éteint avec celui de l’hérésie ; c’était l’air devenu plus serein, et la terre étonnée de tant de prodiges. […] Après l’éloquent panégyrique que vous venez de faire de ce grand prince, je n’obscurcirai point par de faibles traits les idées grandes et lumineuses que vous en avez tracées : je dirai seulement que pendant qu’il soutient seul le droit des rois et la cause de la religion, il veut bien encore être attentif à la perte que nous avons faite, et la réparer dignement en nous donnant un sujet auquel, sans lui, nous n’aurions jamais osé penser.

1320. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Taine excelle à situer les auteurs qu’il étudie, dans leur époque et dans leur moment social, à les y encadrer, à les y enfermer, à les en déduire : ce n’est pas seulement chez lui une inclination et une pente, c’est un résultat de méthode et une conséquence qui a force de loi. […] Les tons menaçants dont il s’habille conviennent au ciel libre, au paysage nu, à la chaleur puissante qui l’environne ; il est vivant comme une plante ; seulement il est d’un autre âge plus sévère et plus fort que celui où nous végétons. Il ne réussit pas seulement à ces âpres lambeaux de paysage, il a toutes les fraîcheurs et les légèretés pour décrire la vapeur matinale qui revêt les montagnes, « cet air bleuâtre enfermé dans les gorges et qui redevient visible le soir » (pages 39 et 127).

1321. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

La littérature classique bien conçue n’a pas seulement à s’occuper des chefs-d’œuvre de la langue, tragédies, épopées, odes, harangues et discours, elle ne néglige pas les victoires : je veux dire les victoires illustres, celles qui font époque dans la vie des nations. […] Aussi l’historien des Mémoires militaires, rédigés sous Louis XVI et publiés seulement de nos jours, n’hésite-t-il pas à conclure son récit de la campagne de 1710 en ces termes, si avantageux à Villars : « Ce général sauva, pour la deuxième fois, la France ; peut-être aurait-il conservé quelque place de plus si, d’un côté, un reste d’espérance de paix, et, de l’autre, le danger de mettre le royaume au hasard d’un événement douteux, n’eût dicté les ordres du roi à son général, et si le général lui-même n’eût été retenu et par la crainte des risques auxquels un combat pouvait l’exposer, et par le mauvais état dans lequel étaient les troupes. […] Le prince Eugène cependant, averti vers quatre heures du matin, accourut au galop de Landrecies à Denain avec quatre ou cinq officiers seulement, et, les premières dispositions prises pour la défense, il retourna pour ramener à temps, s’il se pouvait, son armée.

1322. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il est difficile aux auteurs de ne pas se peindre, surtout dans un premier ouvrage : Émile, qui ne fait autre chose que se raconter à Mathilde, essaye à un endroit de se peindre aussi, ou du moins de tracer l’idéal relatif qu’il a parfois devant les yeux et qu’il est tenté de réaliser : « Il y aurait, dit-il, un caractère intéressant à développer dans un roman ; ce serait celui d’un jeune homme né comme moi sans famille, sans fortune, suffisant à tout ce qui lui manquerait par sa seule énergie, et dont les forces croîtraient avec les obstacles ; un jeune homme qui se placerait au-dessus d’une telle position par un tel caractère ; qui, loin de se laisser abattre par les difficultés, ne penserait qu’à les vaincre, et, esclave seulement de ses devoirs et de sa délicatesse, aurait su parvenir, en conservant son indépendance, à un poste assez élevé pour attirer sur lui les regards de la foule et se venger ainsi de l’abandon. […] Ayant vu, quelques années après, tomber également dans un duel mortel son collaborateur de La Presse, Dujarier, il prononça sur sa tombe, le 14 mars 1845, des paroles qui méritent d’être rappelées et qui témoignent d’un sentiment profond : « Si j’élève ici la voix, disait-il, ce n’est pas seulement pour exprimer de vains regrets et rendre un pieux hommage aux rares qualités que m’avaient fait reconnaître et honorer en lui des relations dont chacune était une épreuve journalière et décisive… Mais, placé entre la tombe qui est sous mes yeux et celle qui demeure ouverte et cachée dans mon cœur, je sens que j’ai un devoir impérieux à remplir, devoir trop douloureux pour n’être pas solennel ! […] L’issue du duel de Saint-Mandé ne fut donc pas seulement un accident fatal, ce fut un signe.

1323. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

En ce qui est de cette veine de sentiments secrets éprouvés par Mme Roland et seulement soupçonnés jusqu’ici, on avait passé par des suppositions successives et des tâtonnements qu’il n’est pas inutile de rappeler. […] En sortant de mon lit, je m’occupe de mon enfant et de mon mari ; je fais lire l’un, je donne à déjeuner à tous deux, puis je les laisse ensemble au Cabinet, ou seulement la petite avec la bonne quand le papa est absent, et je vais examiner les affaires de ménage, de la cave au grenier ; les fruits, le vin, le linge et autres détails fournissent chaque jour à quelque sollicitude ; s’il me reste du temps avant le dîner (et notez qu’on dîne à midi, et qu’il faut être alors un peu débarbouillée, parce qu’on est exposé à avoir du monde que la maman aime à inviter), je le passe au cabinet, aux travaux que j’ai toujours partagés avec mon bon ami. […] C’était seulement la question.

1324. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Dans tous les autres cas, s’il ne peut obtenir l’amitié des sauvages par les bons traitements, il cherchera à les contenir par la crainte et les menaces, mais il ne recourra aux armes qu’à la dernière extrémité, seulement pour sa défense et dans les occasions où tout ménagement compromettrait décidément la sûreté des bâtiments et la vie des Français dont la conservation lui est confiée. […] Et ces sauvages-là se retrouvent partout : ils n’étaient pas alors dans la Polynésie seulement ; Louis XVI les eut plus d’une fois autour de son palais. […] Ce serait seulement un homme qui s’est trompé !

1325. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Seulement il veut choisir l’emplacement le plus beau ; il veut tout voir auparavant, afin, plus tard, de tout surpasser. […] Quelques-uns, par derrière, atteignant à ses plis, Et sentis seulement, sont déjà recueillis. […] De tels écrits, qui ne sont pas seulement des œuvres d’étude et d’érudition poétique, mais des prières et des actes de piété, portent avec eux leur récompense.

1326. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

. — Les sciences physiques et physiologiques ne peuvent démêler ces éléments, mais seulement les conditions des sensations totales. — Les sensations semblent irréductibles à d’autres données plus simples. — La psychologie semble, par rapport à elles, comme la chimie est par rapport aux corps simples. […] Mais tous ces adjectifs ne le définissent pas ; ils indiquent seulement quelque analogie lointaine entre notre impression totale et des impressions d’une autre nature ; ils sont de simples étiquettes littéraires comme les noms que nous employons à l’endroit des odeurs, lorsque nous disons que l’odeur de l’héliotrope est fine, celle du lis pleine et riche, celle du musc pénétrante, etc. […] En sorte que ces différences de la sensation, jusqu’ici irréductibles et notées par des métaphores lâches, se réduisent à l’intervention de petites sensations subsidiaires et complémentaires de la même espèce, qui, se collant sur la sensation principale, lui donnent un caractère propre et un aspect unique, sans que la conscience, qui voit le total et seulement le total, puisse démêler ces faibles auxiliaires, ni partant reconnaître que, inférieurs en force à la sensation principale, ils sont les mêmes en nature, et que, tous semblables entre eux, ils ne diffèrent, de timbre à timbre, que par le nombre et l’acuité.

1327. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Dans ce genre d’histoire parfait, l’historien n’est plus seulement un annaliste : il est citoyen, il est moraliste, il est politique, il est poète, il est peintre, il est législateur, il est apologiste, il est satiriste, il est homme d’État, il est juge, il est instituteur des nations, il est Tacite. […] Il n’était possible ni aux tribuns ni aux centurions d’en approcher ; le simple soldat recommandait à ses camarades de se défier de ses officiers ; tout retentissait de clameurs, de tumulte, de vociférations échangées entre les groupes, non pas seulement, comme dans une multitude, de vociférations inactives, mais, à chaque nouveau groupe de soldats qui se présentaient, on leur prenait les mains, on les enlaçait d’un cercle d’épées nues, on les poussait vers Othon, on les provoquait à lui prêter le serment, on les préconisait l’un à l’autre, tantôt l’empereur aux soldats, tantôt les soldats à l’empereur. […] « Croyez-vous donc que cette ville si majestueuse existe seulement dans ces maisons, ces toits, ces monceaux de pierres ?

1328. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

C’est d’abord qu’il y a tant de romans aimés des simples (et je ne parle pas seulement des romans-feuilletons), où « le monde » nous est décrit avec des élégances qui rappellent celles des gravures de tailleurs ou de l’homme des « 100, 000 chemises » ! […] Seulement ils prennent le plus long. […] Cette idée que des hommes peuvent juger des hommes, non pas seulement au point de vue utilitaire, mais au nom de la vérité, de la conscience universelle, de l’absolu, me paraît de plus en plus baroque et monstrueuse.

1329. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Seulement, ce goût ne saurait être qu’un goût moyen, entendez un goût médiocre. […] elle te trompe, car sa fonction affirme une compétence qu’elle ne peut avoir… (Je songe seulement que la compétence du gouvernement est encore plus contestable sur la même matière… et, comme on m’affirme que M.  […] Je vous engage seulement à relire le diner chez la duchesse Padovani, l’enterrement de Loisillon, le duel de Paul Astier, etc… Il y a là-dedans, avec un peu d’outrance tartarinesque, une concision puissante, une ironie à la fois très violente et très fine ; et surtout, jamais on n’a mieux su nous enfoncer les choses dans les yeux, rien qu’avec des mots.

1330. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Seulement, par instants, la petite fille tremble un peu : si les poupées étaient vraiment vivantes ; si elles allaient se révolter… Et elle leur recommande, d’une voix mal assurée, de rester bien sages. […] Quand l’épithète serait absolument indispensable à un artiste, alors, mais alors seulement, Henry Bordeaux n’en a pas besoin. […] Aucun d’eux n’est assez simple pour vous voir ; ils peuvent seulement « voir votre aspect ».

1331. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Je me suis écrié, et j’ai compris alors seulement cette phrase d’une lettre qu’elle écrivait l’an dernier, du fond de son Berry, à une personne de ses amies qui la poussait sur la politique : « Vous pensiez donc que je buvais du sang dans des crânes d’aristocrates ; eh ! […] C’est à La Mare au diable seulement que commencent nos vraies géorgiques ; elles se continuent dans François le Champi, dans La Petite Fadette. […] Depuis seulement que j’existe, il s’est fait plus de mouvement dans les idées et les coutumes de mon village, qu’il ne s’en était vu durant des siècles avant la Révolution… » Ô poète, je vous arrête ici et je vous prends sur le fait.

1332. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

L’année dernière, pendant un séjour que j’ai fait hors de France dans un pays hospitalier, je me suis posé à loisir cette question par rapport non pas seulement aux Mémoires, mais à M. de Chateaubriand lui-même. […] Et ce ne sont pas seulement les jugements et les sentiments qu’il modifie. […] M. de Chateaubriand est seulement le premier écrivain d’imagination qui ouvre le xixe  siècle ; à ce titre, il reste jusqu’ici le plus original de tous ceux qui ont suivi, et, je le crois, le plus grand.

1333. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Seulement, en homme respectueux et sage, il évitait de porter la controverse sur ce terrain, où ses amis, n’ayant pu l’attirer lui-même, essayèrent depuis d’entraîner sa mémoire. […] Il ne pouvait certes, légitimement, être invoqué à l’appui des opinions de la propagande philosophique, celui qui a dit : « Le plus sage et le plus courageux de tous les hommes, M. de Turenne, a respecté la religion ; et une infinité d’hommes obscurs se placent au rang des génies et des âmes fortes, seulement à cause qu’ils la méprisent !  […] Si Vauvenargues avait seulement vécu quelques années de plus, il allait se trouver dans une portion délicate et singulière.

1334. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

N’en médisons pas trop cependant ; ces pastorales de Florian ne sont pas seulement un livre, c’est un âge de notre vie : Vous souvient-il d’Estelle ? […] Mais c’est à ses Fables seulement que je veux m’attacher, car c’est par là uniquement, et par son Théâtre, que son nom mérite aujourd’hui de vivre. […] Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !

1335. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Nous avons d’ailleurs des moyens tout particuliers de l’étudier : il n’a pas eu seulement pour témoin assidu et curieux, pour révélateur impitoyable, le grand observateur Saint-Simon, le duc d’Antin a lui-même écrit des Mémoires, et a laissé comme une confession de ses faiblesses, de sa passion pour la Cour, et de tout ce qu’il a pu se dire pour ou contre dans le secret de sa conscience. […] En la voyant la veille ou l’avant-veille chez Mme de Thianges, d’Antin avait reçu d’elle cent pistoles seulement pour faire sa campagne. […] C’est ainsi que les disgraciés et ceux que frappait le malheur raisonnaient et réfléchissaient au xviie  siècle : tantôt, comme M. de Bellefonds, comme M. de Tréville, ils entraient dans la retraite et la pénitence pour n’en plus sortir73 ; tantôt, comme d’Antin, ils en essayaient seulement en secret pour retomber bientôt au courant de leurs goûts mondains et de leurs faiblesses : mais c’était déjà quelque chose que d’essayer.

1336. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Quelqu’un ajoute, que les officiers de marine sont unanimes à reconnaître que dans tout l’Orient, c’est seulement au Japon qu’on trouve chez la femme, la gaieté, l’entrain, un amour du plaisir, presque occidental. […] Aujourd’hui, j’ai reçu un diplôme de Bethléem, qui me nomme membre de la Société, je sais par le timbre qui porte New-York, que c’est en Amérique, et voilà tout… N’y a-t-il pas des Sociétés en Australie, ayant déjà publié sur l’histoire naturelle, des travaux de la plus grande importance… Un jour il sera impossible de connaître seulement les localités scientifiques… Et la mémoire pourra-t-elle suffire… Pensez-vous qu’à l’heure présente, pour ma partie, il y a, par an, huit cents mémoires dans les trois langues, anglaise, allemande, française !  […] Quand j’entends ces blagueurs, ces enflés de la parole, parler de leurs travaux sur l’antiquité, je pense à notre travail sur la révolution, à cette lecture de livres et de brochures, qui feraient une lieue de pays, à ce plongement dans cet immense papier du journalisme, où nul n’avait mis le nez, à ces journées, à ces nuits de chasse dans l’inconnu sans limites, je nous revois pendant deux ans, retirés du monde, de notre famille, ayant donné nos habits noirs, pour ne pouvoir aller nulle part, nous payant seulement, après notre dîner, la distraction d’une promenade d’une heure, dans le noir des boulevards extérieurs… et en mon dédain silencieux, je les laisse blaguer.

1337. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

De ces deux règles absolues la seconde seulement a été niée (à peine) par les romantiques, puis par Verlaine, parnassien de transition. […] Quelques autres exceptions sont admissibles, par exemple pour les monosyllabes, de, ne, je, etc., — mais seulement s’ils précèdent ou suivent une voyelle atone ; si deux de ces monosyllabes se suivent l’une des muettes disparaît : je le veux. […] J’ai seulement voulu montrer qu’à huit siècles de distance on retrouve, en des circonstances peu analogues, la présence d’un vers qui souffre mal l’analyse prosodique, et qui est essentiellement différent de toutes les formes du vers, latines ou françaises.

1338. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Poirier, de Paul Forestier, des Lionnes pauvres, des Fourchambault, semblait devoir retenir seulement les suffrages des délicats et des lettrés. […] Quelques-uns seulement ont été reçus par M.  […] C’étaient, au fond, deux hommes d’un suprême bon sens : seulement Gautier, méprisant les foules, gardait son bon sens pour lui, ou ne le divulguait qu’enveloppé de malicieuses réticences ; tandis qu’Angier allait droit à ces foules : il se révoltait au spectacle des bassesses humaines et des décadences, et les cinglait alors avec des œuvres maîtresses, comme le Mariage d’Olympe, les Effrontés, la Contagion.

1339. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Seulement, disons-le d’abord, pour éviter tout embarras, le livre d’Aubryet brille de tant de talent et de tant de conscience que, pour nous, la vérité n’est pas plus difficile à dire que la reconnaissance n’est difficile à porter. […] Rossini, par exemple, n’y est pas seulement Rossini ; il s’y appelle : « le paganisme de la musique ». […] Seulement, c’est ici que la critique va commencer, si les femmes des nouvelles de Xavier Aubryet sont délicieuses, le cadre dans lequel elles se meuvent est moins irréprochable qu’elles.

1340. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

loin de sa province, à l’autre extrémité de la France, loin de ces landes que, dans son meilleur temps, il avait chantées ; et grâce à la libéralité du gouvernement de l’Empereur, il a pu être rapporté dans le pays qui l’a vu naître, et qui n’a pas seulement été sa patrie, mais qui a été son talent. […] Seulement, comme ceux-là qui regrettent le mal accompli, lorsqu’il est irréparable, Brizeux, à qui l’Italie ne donna pas de facultés nouvelles, voulut revenir une dernière fois aux inspirations premières de sa jeunesse, et le poème de Primel et Nola marqua cette volonté du retour. […] C’est toujours le même biniou qui joue juste et quelquefois mélodieux, pour peu qu’il ne joue pas longtemps, car Brizeux a l’haleine courte, comme Virgile : seulement, Virgile l’avait aussi longue que pure dans ses vers.

1341. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Elle exprime seulement que l’esprit s’étant porté vers la pêche revient avec elle vers lui-même. […] C’est un homme qui, mourant de soif, s’abstient d’avaler une carafe d’eau glacée et y trempe seulement ses lèvres ; qui, publiquement insulté, reste calme en calculant la plus utile vengeance ; qui, dans une bataille, les nerfs exaltés par une charge, conçoit une manœuvre compliquée, la sonde, l’écrit au crayon sous les balles et l’envoie à ses colonels. […] Seulement, nous ne les mettons pas au même endroit que vous.

1342. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Je lisais peu de journaux — ceux seulement que le hasard déposait sur ces côtes sauvages — mais le peu que j’en lisais m’affligeait profondément. […] Il faut seulement que quelques années aient passé. […] si Brasseur voulait venir chez nous, si seulement nous pouvions posséder Lassouche ou Grassot… — Grassot ? […] Elle choisit seulement les hommes qui sont faits à son image. […] Paul Margueritte, qui n’est pas seulement un romancier de grand et délicat talent, mais une âme généreuse vibrant à toutes les causes nobles, et M. 

1343. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Viollis, Jean (1877-1932) »

Georges Rency « Il faut y voir seulement l’expression sincère d’émotions différentes selon la grâce et la variété des jours. » — « Ils sont la guirlande, un peu frivole, d’une adolescence studieuse et contemplative. » Et, il est vrai, ces vers ne sont que cela, mais c’est assez pour qu’ils soient délicieux.

1344. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 320-321

On ne lit plus ses Tragédies, ni ses Comédies, ni ses Tragi-Comédies, ni ses Romans : on se souvient seulement que l’agrément de son esprit l’introduisit fort avant dans la familiarité du Cardinal de Richelieu.

1345. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 497

Ce n’est pas à nous qu’il appartient d’en juger le fond : nous dirons seulement que la forme en est méthodique, & la diction pure, élégante, toujours proportionnée au sujet ; qualité précieuse, & qui n’est le partage que des bons Ecrivains.

1346. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Balzac et George Sand se sont-ils manifestés en 1820 ou en 1830 seulement ? […] » Avouez qu’un grand auteur n’eût pas mieux dit ; seulement, c’était commencer de bien bonne heure. […] sait-on seulement, dans ces riches hôtels des deux faubourgs, ce que c’est que le froid, ce que c’est que la faim ? […] Seulement, ils oublièrent de demander où était le futur gendre, — l’aîné. […] Car voyez ce qui arrive seulement depuis que le journal a complété, en trois jours d’émeute, cette révolution à laquelle il travaillait depuis quinze années, sans trop savoir ce qu’il faisait.

1347. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ils ne se déploient pas simplement au hasard et tout droit à la merci de la circonstance, parce qu’ils ne sont pas seulement féconds et faciles comme ces génies secondaires, les Ovide, les Dryden, les abbé Prévost. […] S’il avait vécu assez pour arriver vers 1685, au règne déclaré de madame de Maintenon, ou même s’il avait seulement vécu de 1673 à 1685, durant cette période glorieuse où domine l’ascendant de Bossuet, il eût été sans doute moins efficacement protégé ; il eût été persécuté à la fin. […] Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne sauroit dire, m’ôtent l’usage de la réflexion : je n’ai plus d’yeux pour ses défauts, il m’en reste seulement pour tout ce qu’elle a d’aimable11. […] Dix ou quinze ans plus tard seulement, au temps où paraissaient les Caractères, cela lui eût été moins facile. […] Villemain, dans son morceau sur Pascal, avait déjà rapproché celui-ci de Molière, mais seulement comme auteur des Provinciales, et pour le talent de la raillerie

1348. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Mais ce n’est pas seulement dans les composés arithmétiques et géométriques qu’on trouve des intermédiaires semblables. […] Et ce tour de clef, en ouvrant une serrure, nous en a par contrecoup ouvert une seconde ; en effet, cette diagonale si bien choisie n’a pas seulement donné les deux couples d’angles alternes internes ; elle a encore donné les deux triangles égaux. […] Est-ce le groupe total ou seulement un de ses fragments ? […] Nous n’y entrons pas ; nous n’avions à étudier que la connaissance ; nous avons voulu seulement indiquer du doigt, là-haut, bien au-dessus de nos têtes et au-delà de nos prises actuelles, le point probable où se trouve la clef de voûte de l’édifice. […] Αἰτία ne signifie pas seulement la cause, mais le parce que demandé.

1349. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Je le revoyais encore… non, j’ai beau chercher, je ne revois plus sa tête, en ce jour… je me souviens seulement sur un drap, d’une main encore vivante, à la maigreur indicible, qu’on m’a fait baiser. […] Ce jour-là, seulement, un peu de la gaîté de ce carnaval enfantin, l’entourant de sa ronde, montait à son visage, et y mettait un charmant rayonnement. […] Alors une figue tombe sur la joue de l’enfant, qui ne consent à faire aucun mouvement des bras pour la prendre, mais cherche à l’attirer seulement avec sa langue : ce qui ne réussissant pas, décide le garçonnet à dire au professeur, de la mettre dans sa bouche. […] Koning, je le trouve étonné, presque stupéfait de cet insuccès, et l’attribuant seulement à la mauvaise presse. […] Eh, Monsieur Sarcey, ce que vous appelez prétention, c’est seulement de l’application, c’est l’effort de bien faire.

1350. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Il cherche seulement à les sauver tous ensemble par l’amour et les émotions les plus tendres. […] Cette fois, il n’y a plus à en douter : Max Jacob n’est pas, ne peut être, seulement, un romancier ; il a beaucoup trop d’impatience et de primesaut dans la tête pour s’en tenir là. […] Seulement, tandis que la profusion shakespearienne s’exerce sur une trame dramatique, ici c’est une succession de bulles, de flocons, c’est un pollen aérien, perpétuellement en mouvement, perpétuellement renouvelé et qui conserve toujours la fraîcheur de la surprise. […] Nous assistons, au contraire, à une manifestation particulièrement complexe de « l’esprit », au sens où ce mot ne représente pas seulement la spiritualité pure ni seulement l’intelligence comique des choses, mais une étrange inspiration énigmatique et ardente dans laquelle les deux se confondent, provoquant parfois des accès de mysticisme en un langage dépouillé, et parfois un bombardement de notes, notules, pointes, points de vue, mis en valeur et aiguisés au moyen des parures, torsions, danses et inventions de mots, les plus adroites et les plus artificieuses. […] Le texte est daté de 1907, mais l’édition originale, parue en 1918, ne porte ni date, ni nom d’éditeur, seulement un nom d’imprimeur : Levé (Paris, rue de Rennes).

1351. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Le Barillier, Berthe-Corinne (1868-1927) »

Et pour donner à ces souvenirs une forme attrayante et qui ne fût pas seulement le récit d’une aventure archéologique, il en a fait des romans, comme le Mime Bathylle et comme la Danseuse de Pompéi, deux livres d’imagination et d’érudition légère, et d’une tenue littéraire exempte de tout reproche.

1352. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lafargue, Marc (1876-1927) »

Je déplore seulement que ce poète ait rompu avec la majuscule initiale du vers.

1353. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Remarquez que Lamartine ne connaissait qu’à peine et de loin seulement Mme Valmore ; mais la divination du génie est comme une seconde vue, et du premier coup d’œil il avait tout compris de cette existence, il avait tout exprimé en images vivantes et dans un tableau immortel : Ils n’ont, disais-je, dans la vie Que cette tente et ces trésors ; Ces trois planches sont leur patrie. […] Voyez-y, je vous prie, seulement, madame, un témoignage de profonde sympathie, d’admiration et de respect.

1354. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Certes il lui convenait mieux qu’à personne, à lui qui avait si bien prouvé les immenses services de la Montagne, de saluer d’un regret et d’une larme les hommes de ce parti, qui, à la fleur de l’âge et du talent, étrangers aux crimes et aux faveurs de la dictature, et coupables seulement d’exaltation républicaine, étaient proscrits au nom de la modération comme des brigands, et mouraient comme des martyrs en désespérant de la liberté. […] Il était prouvé seulement que, l’insurrection accomplie, ils avaient voulu faire légaliser quelques-uns des vœux du peuple.

1355. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Ce n’est plus un art seulement, c’est un moyen ; elle devient une arme pour l’esprit humain, qu’elle s’était contentée jusqu’alors d’instruire et d’amuser. […] Il trouvera des idées, des expressions que l’ambition du bien peut seule faire découvrir ; il sentira son génie battre dans son sein, il pourra s’écrier un jour avec transport, en relisant ce qu’il aura écrit, ce qu’il aura dit dans un tel moment, comme Voltaire en entendant déclamer ses vers : « Non, ce n’est pas moi qui ai fait cela. » Ce n’est pas, en effet, l’homme isolé, l’homme armé seulement de ses facultés individuelles, qui atteint de son propre essor à ces pensées d’éloquence dont l’irrésistible autorité dispose de tout notre être moral : c’est l’homme alors qu’il peut sauver l’innocence, c’est l’homme alors qu’il peut renverser le despotisme, c’est l’homme enfin lorsqu’il se consacre au bonheur de l’humanité : il se croit, il éprouve une inspiration surnaturelle.

1356. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Sur quatre-vingt-dix millions780 de solde que chaque année elle coûte au Trésor, il y a 46 millions pour les officiers, 44 seulement pour les soldats, et l’on sait qu’une ordonnance nouvelle réserve tous les grades aux nobles vérifiés. […] Maréchal de Rochambeau, Mémoires, I, 427. — Marquis d’Argenson, 24 décembre 1752. « On compte plus de 30 000 hommes suppliciés pour désertion depuis la paix de 1748 ; l’on attribue cette grande désertion au nouvel exercice, qui fatigue et désespère les soldats, surtout les vieux soldats. » — Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Supplices . « Je fus effrayé un jour en voyant la liste des déserteurs depuis huit années seulement : on en comptait 60 000. » 786.

1357. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Jean Richepin n’est pas seulement chimérique, ce n’est pas du théâtre du tout. […] Seulement, c’est une bonne rhétorique, et j’aime mieux une bonne déclamation de rhétorique qu’une œuvre de génie manquée.

1358. (1890) L’avenir de la science « VI »

Et à l’adventure encore sçay-je la prétention des sciences en général, au service de nostre vie : mais d’y enfoncer plus avant, de m’estre rongé les ongles à l’estude d’Aristote, monarque de la doctrine moderne, ou opiniastré après quelque science, je ne l’ay jamais faict : ny n’est art de quoy je puisse peindre seulement les premiers linéaments. Et n’est enfant des classes moyennes qui ne se puisse dire plus savant que moy, qui n’ay seulement pas de quoy l’examiner sur sa première leçon.

1359. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

On commençait par la dresser 1169 ; puis on y attachait le patient, en lui enfonçant des clous dans les mains ; les pieds étaient souvent cloués, quelquefois seulement liés avec des cordes 1170. […] Les prêtres firent observer à Pilate qu’il eût fallu adopter une rédaction qui impliquât seulement que Jésus s’était dit roi des Juifs.

1360. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Il n’est pas seulement un vaincu sournois et rancunier qui se venge après dix ans. […] Et, sous les attitudes triomphales, nous distinguons la lâcheté blêmissante de la plupart des gradés, je ne dis point seulement toutes les fois qu’il s’agit de se tenir debout devant un chef, mais souvent aussi quand il faut ne point reculer devant un simple danger matériel.

1361. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Rousseau n’eût jamais été condamné, s’il se fût restraint à se défendre seulement d’avoir fait les Couplets. […] Guillaume Arnould ne subit d’autre punition que celle d’être également banni, mais seulement pour neuf ans.

1362. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Hildebrand ne lui a pas seulement paru un grand homme, qui a plus ou moins raison et qui s’est plus ou moins trompé dans ses desseins, selon la triste condition des grands hommes. […] Mais, pour nous, c’est un saint, et nous pouvons expliquer surnaturellement, non pas seulement son infaillibilité en matière de dogme, dont il n’est pas question ici, mais cette infaillibilité de vue, de dessein et didée politique qui en fait réellement un grand homme, à part parmi les plus grands !

1363. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

En effet, si la Réforme est une destruction, et une destruction abominablement criminelle, surtout au point de vue des idées et de la conscience modernes, puisque cette destruction n’était pas seulement celle d’une certaine organisation, mais de l’organisation de la majorité d’un peuple, brisée par la minorité, Henri IV, qui fut le plus près d’un tel événement et qui pouvait le mieux élever une digue contre le fleuve, Henri IV a, dans cette destruction, la main qu’il n’y a pas mise pour l’empêcher, en supposant (supposition pure !) […] Seulement, je l’ai dit, c’est un éclair sur Henri IV, ce n’est pas une réhabilitation.

1364. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Mais Les Femmes de la Révolution n’ont pas été destinées seulement à ces Nina humanitaires qui disent chaque jour : « Ce sera pour demain. » C’est un livre arrangé, combiné et écrit pour tout le monde. […] Seulement, n’est-il pas singulier que des écrivains qui ne croient pas au Dieu personnel du Christianisme viennent, dans leur indigence de métaphores, prostituer cette pure et spirituelle notion d’anges aux actrices, plus ou moins jeunes-premières, de leurs révolutions ?

1365. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Seulement, au milieu des platitudes, scrupuleusement épinglées de ses Mémoires, il y a la grande figure de Louis XIV, soleil couchant qu’on aperçoit à travers les atomes de toute cette vile poussière qu’il dore ! […] Seulement, et quoi qu’il en puisse être, en présence de faits pareils, ramassés avec une telle loyauté, on se demande le compte des pensées qui passèrent, durant toute sa vie, par l’esprit de l’homme qui ramassait ces faits et tellement s’en préoccupait ?

1366. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Ce n’est pas seulement un littérateur, c’est un savant ; mais c’est un savant dont l’esprit agile ne s’est point exclusivement cantonné dans les questions de critique ou d’histoire littéraire. […] Seulement, elle ne l’a pas tuée à elle seule.

1367. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Seulement, profonde dans son intensité, cette haine a manqué de profondeur dans ses attaques. […]Seulement, ce n’est pas avec un journaliste, chez qui tout prend, sous sa plume, tournure de polémique, qu’on peut évoquer cette question morte de l’inquisition dans l’histoire, qui y a été résolue sans avoir été discutée… III Et, en effet, qu’importe à Pelletan la laborieuse et sévère recherche de l’histoire !

1368. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Seulement, cet agrément qui vient des circonstances du voyage, celui qui les raconte ne le gâte point par sa manière de les raconter. […] Voilà pour la forme, c’est-à-dire pour ce qui fait la vie des livres et leur durée, quand les idées sur lesquelles ils reposent sont décrépites ou mortes ; mais pour le fond, c’est aussi les idées de tout le monde qui lui créent son originalité, à ce penseur, comme c’est la courte vue de tout ce monde qui se chausse de lunettes d’écaille qu’il promène sur les événements contemporains et la politique, qui devait les dominer… Seulement, penser et parler comme tout le monde pense et parle à une certaine hauteur de société, explique peut-être suffisamment aux esprits profonds que tout ce monde, qui se reconnaît en de Tocqueville, lui ait fait un honneur si exceptionnel !

1369. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Seulement, quand nous avons dit cela, nous avons épuisé l’éloge. […] Seulement, pour introduire hardiment et heureusement le surnaturel dans une littérature, il faut des hommes sains, des intelligences bien portantes, des poitrines accoutumées à respirer l’éther, et Hoffmann n’était pas dans ces conditions d’organisation supérieure.

1370. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Seulement, disons-le en passant, cette théorie incroyable de l’idée, qui dépasse par sa finesse de fils d’araignée les subtilités les plus tenues de la Scholastique, cette théorie qui, selon les hégéliens, est la seule doctrine qui ait le droit de s’appeler « l’Idéalisme », n’a qu’un malheur, c’est d’arriver promptement aux mêmes conséquences par en haut que le matérialisme par en bas. […] Seulement, il y a deux manières d’aimer la philosophie : — comme sa maîtresse, on lui passe tout ; comme sa fille, on devient exigeant pour elle.

1371. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

De cette glaise seulement, le sculpteur a moulé, d’un pouce plus modeste que hardi, une foule de petites statuettes à la file les unes des autres, bonnes tout au plus pour la planchette d’un oratoire. […] Seulement, on n’improvise pas avec cela du soir pour le matin un talent réel de littérature ou d’histoire ?

1372. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Seulement, je crois bien que M.  […] Seulement, nous ne sommes plus au temps Où le bonus, bona, bonum, des Sganarelle, dit aux Géronte, qui ne savaient pas le latin, suffisait.

1373. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Il y a des différences dans la gloire de Bossuet, comme il y a des places plus rayonnantes, plus condensées, plus blanches dans la lumière, mais de l’absence de lumière, mais de l’ombre positive à un seul endroit de cette vie étonnante, on la cherche en vain… Seulement, cette lumière qui partout l’inonde, et dont l’écrivain qui la retrace finirait par être ébloui, passant à travers les mœurs simples et fortes de cet homme trop grand pour n’être pas un bon homme, donne à cette vie, aveuglante d’éclat, des tons doux, charmants, attendris, qui nous reposent et qui nous touchent, et qui ont influé, sans qu’on s’en soit rendu bien compte jusqu’ici, sur ce qu’il y avait de plus beau et de plus profond dans sa pensée. […] Seulement il l’est à sa manière, avec une abondance de notions, une appropriation de connaissances qui prouve à quel point l’enthousiasme touche à la patience et que rien n’est impossible à l’amour !

1374. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Seulement, ne vous y trompez pas ! […] le temps a fait de Guizot, jadis historien, un copiste ; seulement on reconnaît toujours le protestant au choix de la copie, et malgré le faste de protestantisme qui s’étale dans son livre, on y reconnaît le philosophe, l’éclectique, le rationaliste, plus que le protestant encore.

1375. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Seulement, cette inégalité, qui est le pied d’argile de la tête d’or, et qui existe entre ces Contes, différents de sujet, n’existe plus dans ceux-là qui l’emportent nettement sur les autres… Ici, le talent de l’auteur ne défaille pas une seule fois, et il y plane au niveau de lui-même, toujours ! […] C’est alors seulement qu’on se replie sur soi-même et qu’on admire… IV Ce chef-d’œuvre de Ludovic couvrirait de sa beauté de chef-d’œuvre, comme d’un manteau de roi tombé sur des haillons, les autres contes du recueil quand ils seraient les plus misérables pauvretés intellectuelles, ce que, d’ailleurs, ils ne sont pas… Mais il en est deux autres encore, qui nous montrent que l’inspiration d’un conteur de cette énergique invention ne s’est pas épuisée en une fois.

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