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890. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Enilde, à ses pieds, Blanche étoile au coeur d’or s’ouvre une marguerite. Elaine, Pâle et froide à ses pieds fleurit une anémone. […] En cela un peu féminin, il se donne sincèrement à des passions successives dont le sourire lui dérobe le reste du monde et il se couche aux pieds de l’idole qu’il renversera demain. […] Je la prendrai par les épaules et toi par les pieds. […] Les fleurs qu’il désire et les fruits qu’il attend diffèrent selon la nature de son âme, mais il croit aux fleurs et aux fruits, et qu’il mangera les fruits, et qu’il s’endormira rassasié au pied de l’arbre de sa prédilection.

891. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Peu s’en faut que Renaud le tue ; par un extrême effort, il va se jeter aux pieds de Charlemagne pour demander satisfaction. […] Il vient se jeter à ses pieds et les embrasse. […] Il tomba de vingt pieds, en s’écriant : criant : « Ô Seigneur ! […] Le colonel Williams ordonna alors à quatre hommes de faire feu sur lui à huit pieds de distance. […] Le froid devint glacial ; il y avait partout trois pieds de neige.

892. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Dans un coin reculé de l’empire, en Judée, un doux et puissant prédicateur évangélisa : Marie-Madeleine tomba à ses pieds et les arrosa de parfums, ou tout au moins elle lui voua son cœur. […] Ils feront sortir des épines de dessous vos pieds. […] » Il y a femme et femme, et il ne faut pas prendre d’ailleurs au pied de la lettre tout ce qu’on écrit sous le coup de l’abattement. […] Il est vrai que je n’y ai pas remis les pieds et que donc depuis je n’ai entendu parler d’elle.

893. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Lorsqu’un métaphysicien a défini avec intrépidité ce que nul ne connaît, il devient beaucoup plus prudent en prenant pied sur le sol de la réalité, ou, s’il continue à tracer dans les nuages ses lignes idéales, l’architecte jette à la dérobée maint coup d’œil sur la terre, et veille à ce que le plan qu’il lève là-haut ne soit pas trop fantastique. […] Lysidas, comme Minerve armée de pied en cap s’élança de la tête de Jupiter ? […] Mais, comme l’homme est un animal à deux pieds sans plumes, il est nécessaire de nous représenter comme emplumé le singe, qui est son contraire : cette bête est donc un oiseau. […] Mais notez bien que William Schlegel n’a pas dit : les personnages de la tragédie marchent sur leurs deux pieds : donc les personnages de la comédie doivent marcher à quatre pattes.

894. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Chacun a sa maison, ou tout au moins son appartement, ses gens, son équipage, ses réceptions, sa société distincte, et, comme la représentation entraîne la cérémonie, ils sont entre eux, par respect pour leur rang, sur le pied d’étrangers polis. […] Une fillette de six ans est serrée dans un corps de baleine ; son vaste panier soutient une robe couverte de guirlandes ; elle porte sur la tête un savant échafaudage de faux cheveux, de coussins et de nœuds, rattaché par des épingles, couronné par des plumes, et tellement haut que souvent « le menton est à mi-chemin des pieds » ; parfois on lui met du rouge. […] Le temps nous emporte si vite, que je crois toujours être arrivé depuis hier au soir. » Parfois on arrange une petite chasse et les dames veulent bien y assister ; « car elles sont toutes fort lestes et en état de faire tous les jours à pied cinq ou six fois le tour du salon ». […] Mme de Genlis, Souvenirs de Félicie, 160. — Il faut noter pourtant, sous Louis XV et même sous Louis XVI, le maintien de l’ancienne attitude royale. « Quoique je fusse prévenu, dit Alfieri, que le roi ne parlait pas aux étrangers ordinaires, je ne pus digérer le regard de Jupiter Olympien avec lequel Louis XV toisait de la tête aux pieds l’homme présenté, d’un air impassible, tandis que si l’on présentait une fourmi à un géant, le géant, l’ayant regardée, sourirait ou dirait peut-être : Oh, quel petit animalcule !

895. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il n’était pas grand, bien que le rayonnement de son visage et la mobilité de sa stature empêchaient de s’apercevoir de sa taille ; mais cette taille ondoyait comme sa pensée ; entre le sol et lui il semblait y avoir de la marge ; tantôt il se baissait jusqu’à terre comme pour ramasser une gerbe d’idées, tantôt il se redressait sur la pointe des pieds pour suivre le vol de sa pensée jusqu’à l’infini. […] Si on le rencontrait le matin, fatigué par douze heures de travail, courant aux imprimeries, un vieux chapeau rabattu sur les yeux, ses admirables mains cachées sous des gants grossiers, les pieds chaussés de souliers à hauts quartiers passés sur un large pantalon à plis et à pieds, il pouvait être confondu dans la foule ; mais s’il découvrait son front, vous regardait ou vous parlait, l’homme le plus vulgaire se souvenait de lui. […] et je suis, chère historienne, de vos quatre pieds huit pouces, le très humble serviteur.”

896. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il remonte alors toute l’Italie à pied, et arrive à Venise. […] Puis bientôt revenant à ce dégoût de son métier, dégoût que j’ai rencontré, dans les derniers temps, chez Gavarni, il s’écrie : « Ah si j’avais une petite rente, là toute petite, mais immuable, comme je m’en irais d’ici, tout de suite… comme j’irais vers un bout de pays, aux rivières, où il y de la poussière dedans et qu’on balaye… Ce sont les rivières que j’aime… Pas d’humidité… dans le dos par exemple, un bois de palmiers, comme à Bordiguères… et une Méditerranée bleue à l’horizon. » Il s’arrête quelque temps dans la contemplation de son paysage, et reprend : « Par un coup de soleil, nous esthétiserions, au bord de la mer, les pieds dans la vague, comme Socrate ou Platon. » Pendant qu’il parle, tour à tour, l’une de ses sœurs, de ces vieilles à tignasse grise, au torse maigre flottant dans la flanelle d’une vareuse, entre, sans qu’on l’entende, s’assied une seconde, donne une caresse au petit chien blanc ou à la noire Cléopâtre, et ressort, en enveloppant son frère d’un regard de tendresse. […] L’élégante retraite en arrière de ce torse verdâtre, — et comme enduit de décomposition, — en la naissance presque visible, dans son immobilité, du mouvement qui va sonner l’heure ; la tension rigide de cette jambe droite précédant de son pied aux petits osselets décharnés, la marche trop lente du coursier ; l’inclinaison de la tête, semblant un salut ironique de cette tête de mort ; le naturel, la science de cette équitation macabre ; enfin le précieux, le fini, le réalisme même de ce cavalier-cadavre, contrastant avec la grossièreté barbare, l’érupement naïf, le fantastique de ce lion, sculpté d’après un bouquin héraldique, offrent un des échantillons les plus frappants, les plus caractéristiques, les plus réussis de cet art amoureux du néant, de cet art galantin de la mort, qui fut l’art du moyen âge. […] On suit à pied le corbillard jusqu’au cimetière Montmartre.

897. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Prendre au pied de la lettre le démon que Socrate se suppose, et le buisson de Moïse, et la nymphe de Numa, et le dive de Plotin, et la colombe de Mahomet, c’est être dupe d’une métaphore. […] Il ne rencontrait pas un enfant pauvre sans lui jeter la petite monnaie kesitha ; il était « le pied du boiteux et l’œil de l’aveugle. » C’est de cela qu’il a été précipité. […] Il lui reste un voyage à faire, il est curieux de la contrée sombre, il prend passage sur le cercueil, et, défaisant lui-même l’amarre, il pousse du pied vers l’ombre cette barque obscure que balance le flot inconnu. […] Une fois remis sur pied, le voici en marche, il ne s’arrête plus.

898. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Quand la majorité des esprits qui coudoyaient le sien ne voyait dans le romantisme que le soubassement protestant et le triomphe de l’individualité littéraire, le futur historien catholique y discernait le grand côté profond et vrai, la revanche tardive du sentiment historique et de la conscience d’une société, foulée aux pieds pendant trois siècles. […] Il l’a montré passé la ceinture, — de la tête aux pieds, de cette tête orgueilleuse de génie jusqu’à ces pieds de bête impure qui relevaient cyniquement sa robe de docteur ! […] Il l’a forcée à mettre ses deux pieds sur la terre, — plus bas que sur la terre, aux endroits où la main de l’homme a ramolli le sol et creusé quelque trou honteux.

899. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Ainsi, dès cette entrée de Henri IV, aux premiers jours de sa capitale reconquise, Gabrielle était presque sur le pied de reine et en affectait déjà, ou du moins s’en laissait donner l’attitude. […] Je vous écris, mes chères amours, des pieds de votre peinture (de votre portrait), que j’adore seulement pour ce qu’elle est faite pour vous, non qu’elle vous ressemble.

900. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

« Quoiqu’il eût, dit d’Olivet, une grâce infinie à prononcer, cependant sa timidité naturelle et l’horreur qu’il avait pour la chicane le dégoûtèrent bientôt de son métier. » Il quitta Paris d’assez bonne heure pour aller à Reims et y être attaché à M. de Joyeuse, lieutenant du roi au gouvernement de Champagne, en qualité de secrétaire ou d’homme d’affaires, on ne dit pas bien sous quel titre, mais certainement sur un pied d’agréable domesticité. […] Il est amoureux, il est fidèle, dit-il, mais ce n’est point en vertu d’un téméraire espoir : Que la terre à mes pieds s’ouvre pour m’abîmer, Si je cherche en l’aimant que le bien de l’aimer !

901. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Le mardi 20 mars, à Versailles, ou lit dans le même journal : « Mme la Dauphine fit dire dans son cabinet à Racine la harangue qu’il fit à la réception de Corneille et de Bergeret. » Ce moment est celui de Racine et de Despréaux tout à fait établis en Cour et sur le pied d’historiographes : Le 31 décembre, veille du jour de l’an 1685, Mme de Montespan fit présent au roi, le soir après souper, d’un livre relié d’or et plein de tableaux de miniature, qui sont toutes les villes de Hollande que le roi prit en 1672. […] Longtemps encore après l’installation intime et sous le règne réel de Mme de Maintenon, Mme de Montespan avait le même pied et quelque chose de la même attitude en cour.

902. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Cependant il se formait à cette époque, et surtout chez les jésuites, toute une génération polie, assez mondaine, qui avait un pied dans la littérature du temps et un autre dans la littérature scolaire, et qui sut faire de la poésie latine une branche de côté, une plate-bande étroite, mais encore admise dans le riche parterre du grand règne. […] Santeul était plus enflé, du Périer plus modeste ; il se voyait en celui-ci une certaine couleur d’antiquité, laquelle, à y bien regarder, se découvrait avec bien plus d’éclat dans les poèmes de Petit ; et ce dernier était de plus un esprit orné et imbu de toutes sortes de lettres… Quant à Santeul et à du Périer, si le hasard me les amenait parfois (et il ne me les amenait que trop souvent), tout à l’instant chez moi retentissait du bruit de leurs vers ; et comme le premier surtout, se tenant, comme on dit, sur un pied, faisait mille vers à l’heure et coulait plein de limon, vous l’auriez exactement comparé à ce Camille Querno dont s’amusait le grand pape Léon X ; qui obtint de lui le titre et les insignes d’archipoète, et qu’on saluait comme décoré d’une couronne de choux, de pampre et de laurier.

903. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Mlle de Rambouillet avait-elle témoigné son admiration pour le roi de Suède Gustave-Adolphe, on se mettait à lui faire la guerre de ce qu’elle était éprise de lui, et Voiture, saisissant ce beau prétexte du roi de Suède, faisait travestir cinq ou six hommes en Suédois, lesquels arrivaient un jour en carrosse à la porte de l’hôtel de Rambouillet et présentaient à Mlle de Rambouillet, comme de la part du conquérant, son portrait avec une lettre : « Mademoiselle, voici le lion du Nord et ce conquérant dont le nom a fait tant de bruit dans le monde qui vient mettre à vos pieds les trophées de l’Allemagne, et qui, après avoir défait Tilly, etc., etc. » Une autre fois Voiture, alors en voyage, écrivait de Nancy à Mme de Rambouillet, sous le nom de Callot, en lui envoyant un recueil de ce graveur. […] Pourtant on ne peut s’empêcher de remarquer que si Boileau avait ajouté à ses talents de poète et à sa finesse de critique les grâces et le monde de Voiture, son art de vivre sur un pied de familiarité avec les plus grands et de jouer sans cesse avec eux sans s’oublier, il eût mieux ressemblé à Horace.

904. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Le troisième d’Ormesson, le plus célèbre, et dont le Journal fournit sur ce sujet tant de lumières, était maître des requêtes, et ne fut que cela : car c’est à ce titre qu’il alla quelques années comme intendant en Picardie et dans le Soissonnais. « Les maîtres des requêtes étaient rapporteurs au Conseil d’État, juges souverains des officiers de la Maison du roi ou, comme on disait alors, des requêtes de l’hôtel ; ils siégeaient au Parlement immédiatement après les présidents, et étaient envoyés dans les provinces comme intendants de justice, police et finances. » C’étaient des magistrats dans la main du roi, et tout prêts à être des administrateurs, qui avaient un pied dans le Parlement, une robe de palais quand il le fallait, et qui touchaient au besoin à l’épée ; très essentiels et des plus utiles dans cette œuvre de la centralisation si avancée par Richelieu et consommée par Louis XIV. […] Ce que vous m’écrivez même de la sédition qui a failli plusieurs fois s’exciter à Angers est une preuve du bien que causait le seul nom et la seule autorité de cet incomparable ministre… Dix-huit mois environ après que cette lettre était écrite, le cardinal Mazarin, que d’Ormesson nous montre, la première fois qu’il le voit au conseil, « grand, de bonne mine, bel homme, le poil châtain, un œil vif et d’esprit, avec un grande douceur dans le visage », avait si bien fait son chemin et assuré son crédit auprès de la reine, qu’il avait la Cour à ses pieds. « Les pièces de médisance commençaient à courir (décembre 1644), et l’on se plaignait du gouvernement : on regrettait celui du cardinal de Richelieu.

905. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

la misère pourtant que d’être ainsi exposé des pieds jusqu’à la tête à la postérité ! […] Que Louis XIV, d’un tempérament lymphatique comme il était, eût besoin pour se substanter, d’un fort régime, il n’y a nul doute ; mais l’excès était nuisible, surtout chez un vieillard affecté de gravelle, qui avait la goutte aux pieds et des vapeurs au cerveau.

906. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

C’est un point sur lequel on ne peut lâcher pied sans que l’économie même de notre histoire moderne française soit bouleversée, et la vraie notion du progrès confondue. […] La Rochefoucauld a consigné l’élixir amer de cette expérience dans des Réflexions et des Maximes immortelles qui vivront autant que la nature humaine, et contre lesquelles elle aura jusqu’à la fin à se débattre, Pascal a, certes, grandement profité de cette vue de la Fronde, et il conclurait en politique aussi vertement et aussi crûment qu’un Machiavel, s’il n’était avant tout un pénitent qui n’a de hâte que pour s’agenouiller et pour aller tout mettre au pied de la croix.

907. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

C’est le point de vue le plus opposé, sans doute, à l’esprit de la Renaissance des xve et xvie  siècles, à cet esprit à demi païen, à demi moderne, qui renouvelait l’alliance avec l’antiquité, pour partir de là d’un pied ferme et reconquérir le monde. […] Moland, c’est cette même arrière-pensée de miséricorde, terminant la sentence divine qui-a-inspiré plus tard à Milton de faire descendre, pour juger l’homme déchu, non le Père, mais le Fils, le futur Rédempteur en personne, le « doux juge et intercesseur à la fois », venant porter la sentence avec une colère tranquille « plus fraîche que la brise du soir » ; et même temps qu’il condamnait les coupables en vertu de la loi de justice, les revêtant incontinent, corps et âme, dans leur nudité, les aidant en ami, et faisant auprès d’eux, par avance, l’office du bon serviteur, de celui qui lavera un jour les pieds de ses disciples : admirable et bien aimable anticipation du rachat évangélique et des promesses du salut !

908. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Lorsque j’habitais ce beau lieu, au temps de l’Empire, il y avait, au pied de la tour de l’Aigle, un petit port souvent rempli de barques et de navires qui y faisaient relâche en remontant du Havre à Rouen. […] Un toit, la santé, la famille ; Quelques amis, l’hiver, autour d’un feu qui brille ; Un esprit sain, un cœur de bienveillant conseil, Et quelque livré, aux champs, qu’on lit loin du grand nombre Assis, la tête à l’ombre, Et les pieds au soleil.

909. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

On se moqua de l’Espagnol dont la bonne foi recevait un pied de nez, et Coulanges en faisait une chanson : L’Espagnol est tout étonne    Quand on parle de guerre ; Louis est un enfant gaté,    On lui laisse tout faire. […] L’Allemagne n’avait plus un pied chez nous.

910. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Si l’on connaissait bien les Anciens, on accordait trop aussi à certains auteurs modernes, à ceux dont on s’exagérait de loin le prestige à travers les grilles ; on prenait trop au sérieux et au pied de la lettre des ouvrages qui mêlaient à l’esprit et au talent bien des prétentions et de petits charlatanismes ; on leur prêtait de sa bonne foi, de son sérieux, de sa profondeur ; il en reste encore quelque chose aujourd’hui après des années, même dans les jugements plus mûrs. […] De cent lieues en cent lieues le terrain change : ici, des montagnes brisées et toute la poésie de la nature sauvage ; plus loin, de longues colonnades d’arbres puissants qui enfoncent leur pied dans l’eau violente ; là-bas, de grandes plaines régulières et de nobles horizons disposés comme pour le plaisir des yeux ; ici la fourmilière bruyante des villes pressées, avec la beauté du travail fructueux et des arts utiles.

911. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Il est donc à la Cour sur le pied de poète bel esprit et voudrait bien y être sur un autre pied encore ; il se plaint par lettres à la présidente de Bernières, mais on voit bien qu’il s’amuse plus qu’il ne le dit, et que l’espérance le mène : « Cependant, dit-il après quelque plaisanterie (7 septembre), on fait tout ce qu’on peut ici pour réjouir la reine ; le roi s’y prend très bien pour cela.

912. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

La ruine était aux pieds, le labarum au ciel brillait toujours. […] Au reste, ces pages de M. de La Mennais sont merveilleuses de jeunesse d’imagination, de transparence de couleur et, par moments, de philosophique tristesse : « D’Antibes à Gênes, la route côtoie presque toujours la mer, au sein de laquelle ses bords charmants découpent leurs formes sinueuses et variées, comme nos vies d’un instant dessinent leurs fragiles contours dans la durée immense, éternelle. » Et plus loin, en Toscane, il nous montre çà et là, « à demi caché sous des ronces et des herbes sèches, le squelette de quelque village, semblable à un mort que ses compagnons, dans leur fuite, n’auraient pu achever d’ensevelir. » Mais à peine avons-nous le pied dans les États romains, quelques prisonniers conduits par les sbires du pape, comme il dit, font contraste avec cette simplicité naïve de foi que l’auteur s’attribue encore par oubli, ou qui du moins ne devait pas tarder à s’évanouir.

913. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

On sent qu’à moins de quelque intervention qui rompe le charme, le voilà enlacé, tôt ou tard perdu ; il a le pied dans le cercle de l’enchanteur. […] Et cet autre refrain, qu’à l’oreille d’Orso tous les échos murmurent, ne le cède à rien en opiniâtre et fixe clameur : « A mon fils, mon fils en lointain pays, — gardez ma croix et ma chemise sanglante… — Il me faut la main qui a tiré, — l’œil qui a visé, — le cœur qui a pensé… » La scène avec les Barricini autour de la bière du pauvre Pietri ne ferait pas un indigne pendant, pour le tragique, à ce qui se passe là-bas au pied du tombeau d’Agamemnon.

914. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Une légende antique rapporte que Laïs fut tuée, à coups d’aiguilles, aux pieds de la statue de Minerve, par les honnêtes femmes de la ville d’Athènes. […] pas une lueur de repentir, pas un mouvement de bonté, pas un mot d’affection ou de compassion pour l’admirable femme qui se traîne et s’humilie à ses pieds !

915. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

« Au saillir de l’enfance, dit Commynes (nous dirions aujourd’hui moins gaiement : au sortir de l’enfance), et en l’âge de pouvoir monter à cheval, je fus amené à Lille devers le duc Charles de Bourgogne. » Voilà Commynes, âgé d’environ dix-sept ans, qui met le pied à l’étrier et qui entre d’emblée à l’école du monde. […] Les gens du roi étaient retranchés au pied du château derrière une haie et un fossé ; il s’agissait de les débusquer avec des archers.

916. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Brienne, en sortant du château de Vincennes, rencontra Fouquet qui venait à pied par les jardins et à qui il apprit cette mort, ajoutant que le roi voulait lui parler ; et Fouquet, se voyant en retard, s’écria : « Ah ! […] En ce même jour, je signai, il y a un an, la paix générale et le mariage du roi, qui ont rendu le repos à l’Europe ; allons en renouveler la mémoire au pied des autels.

917. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

À sa campagne de Sorcy près de Void, aux environs de Commercy, on l’a vu quelquefois le matin, en robe de chambre dans son verger au pied d’un arbre, et le soir il y était encore. […] Cet abîme que Pascal voyait sans cesse à ses pieds, M. 

918. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Dans son salon, il avait une jardinière dont le pied était fait par un serpent en bois verni qui montait en s’enroulant vers un nid d’oiseau. […] D…, descendant de l’avocat général de Bordeaux, et qui, lui, n’eut pas l’air de nous trouver extraordinairement criminels, et après D…, le juge L…, une sorte d’ahuri qui ressemblait à Leménil prenant un bain de pieds dans Le Chapeau de paille d’Italie, fourré dans l’affaire comme un comique en un imbroglio, et qui avait de lui, dans la pièce où il nous reçut, un portrait en costume de chasse, un des plus extravagants portraits que j’aie vus de ma vie.

919. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Sans doute il nous dira que Byron était pied bot, Pope contrefait, Gibbon bossu, etc. […] Washington avait six pieds deux pouces, et un grand menton42.

920. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Il s’agit cette fois de savoir définitivement si la France de 1898 se considère, toujours comme la fille aînée de l’Église, ou au contraire si elle se suffit à elle-même pour se créer sa foi et son idéal ; il s’agit de savoir si le vote qui prosterne aux pieds du Saint-Père la France repentante et gémissante de ses péchés, doit faire plus longtemps obstacle à l’effort spontané des meilleurs vers l’indépendance et la conscience. […] Ici nous n’apercevons plus le pied de la montagne ; la vie particulière a disparu de nos regards ; nous ne voyons plus que l’ensemble de Paris, sa personne collective, pareille à un Océan de lumière.

921. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Involontairement il faisait comme Descartes : il s’attachait aux pieds, comme des entraves, la méthode et les règles philosophiques ; mais il tenait ses yeux fixés sur un but unique, et n’allait que là. […] Regardez de près : ces dominateurs du sol sont tous blessés à la base ; le mal a rongé leurs pieds ; l’eau s’infiltre à travers leur écorce.

922. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Pendant trente ans, tout jeune homme fut un Hamlet au petit pied, six mois durant, parfois davantage, dégoûté de tout, ne sachant que désirer, croire ou faire, découragé, douteur, amer, ayant besoin de bonheur, regardant au bout de ses bottes pour voir si, par hasard, il n’y trouverait pas le système du monde, entre-choquant les mots Dieu, nature, humanité, idéal, synthèse, et finissant par se laisser choir dans quelque métier ou dans quelque plaisir machinal, dans les coulisses de la Bourse ou de l’Opéra. […] L’un d’eux, du pied, en sortant, dérangea par hasard un morceau de roche ; ils poussèrent un cri : les cinq autres pans de la pierre étaient labourés de signes plus pressés, entre-croisés, enroulés, en sorte que la surface disparaissait sous leur réseau.

923. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Cette noblesse d’âme va jusqu’à la naïveté ; il traite les autres sur le même pied que lui-même, et leur conseille ce qu’il pratique : suivre sa vocation, chercher dans le grand champ du travail l’endroit où l’on peut être le plus utile, creuser son sillon ou sa fosse, voilà, selon lui, la grande affaire ; le reste est indifférent. […] Faites varier un organe ; si le pied est enveloppé de corne, propre à soutenir, impropre à saisir, l’animal a le goût de l’herbe, des dents molaires à couronne plate, un canal alimentaire très-long, un estomac ample ou multiple.

924. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Ces deux vers de la Réponse à Némésis :     J’ai gardé ses beaux pieds des atteintes trop rudes Dont la terre eût blessé leur tendre nudité, amènent, au bas de la page, ce vers des Bucoliques : Ah ! […] Ses pieds rampants gardaient l’odeur des herbes hautes ; Son premier ciel brillait jusqu’au fond de ses fautes… Vers splendides, qui me sont un acheminement à vous parler du « pittoresque » de Lamartine. […] Cette colline est une vraie colline, d’où le poète revoit à ses pieds le théâtre de sa jeunesse ; mais c’est en même temps le sommet de l’âge mûr, l’arête qui sépare les deux versants de la vie, et cela, sans que ces correspondances soient formellement énoncées […] Je ne me doutais pas qu’un des soldats du temple, Du lévite autrefois la lumière et l’exemple, Au grand combat de Dieu refusant son secours, Amollissait son âme à de folles amours ; Au pied de l’échafaud où périssaient ses frères Sacrifiait au dieu des femmes étrangères, Pensant sous quel débris des temples du Seigneur Il cacherait sa couche avec son déshonneur ! […] Et enfin :     J’irai, j’attacherai mon âme aux solitudes, J’écorcherai mes pieds dans des sentiers plus rudes.

925. (1929) Amiel ou la part du rêve

Ne reste pas planté, surtout avec tes pieds sensibles, sur le chemin des boules d’autrui. […] À Genève, il combine sa vie de manière à garder toujours un pied dans une famille, ou plutôt ses deux pieds dans deux familles. […] Un employé de cirque, ayant rempli dix ans un pied de derrière de l’éléphant factice, demanda de l’avancement à la direction. Jugeant la réclamation fondée, elle décida : « Vous ferez un pied de devant ! » Du pied de la rue au 13 la distance n’est pas beaucoup plus considérable.

926. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Nous savons même de quelle façon, avec quelle eau parfumée la triste Pénélope lava les pieds d’Ulysse repenti. […] Quand il fut sur pied, le gouverneur ordonna qu’on lui remît cinquante francs, et, comme il n’avait plus de masure où se loger, qu’il s’en allât à la grâce de Dieu. […] Parfois ce n’est qu’un trait, un contour, ou bien un enveloppement de la ligne, ou bien un jet de lumière vive sur une plaque d’ombre, et voilà un homme déshabillé des pieds à la tête. […] Gaiement éparpillés sur une même ligne, des villages longent le pied des coteaux, et leurs toits rouges et leurs façades blanches éclatent parmi les verdures estompées. […] Et toute cette belle ardeur, tout ce bruyant tapage se réduisent à ceci : appeler « pied plat » M. 

927. (1888) Portraits de maîtres

Allons chercher ce secret dans ses œuvres impérissables, et, s’il le faut, au pied de cette tombe que le vieillard épique s’est si bien choisie, tombe solennelle et mystérieuse qui a la mer pour compagne de solitude, pour sentinelle d’éternité. […] Sur les pas de la nuit l’aube pose son pied ; L’ombre des monts lointains se déroule et recule. […] L’Œdipe roi n’exclut pas les Odes anacréontiques, les élégies de Tibulle vivent à côté du poème de Virgile et la poésie charmante croît à l’ombre de l’épopée comme les fleurettes au pied du chêne. […] » Pas de boucles, oui vraiment, et voilà pourquoi la muse de Joseph Delorme court d’un pied agile, non pas aux cimes du Parnasse, mais par les allées, sur les quais, dans les vieux faubourgs, pour la première fois visités par l’Idéal. […] Leurs pieds laissaient à peine une empreinte sur le sable argenté ; et, pendant qu’ils conversaient, le flot curieux, parti de la haute mer, se brisait à leurs pieds en les couvrant de coquillages et semblait dire : “Prenez-moi pour témoin.”

928. (1925) Comment on devient écrivain

Avec une simple femme, directement prise sur la vie, un certain Pecméja a écrit un livre admirable : l’aventure d’une pauvre fille du peuple qui va rejoindre à pied son amant journaliste à Paris. […] La cour de Blois avait-elle deux cent cinquante-six ou deux cent cinquante et un pieds de large ? […] … » et ensuite il s’écrie : « Telles sont les paroles, chrétiens, mes frères, que Marie entendit aujourd’hui dans le ciel, lorsqu’elle y parut, habillée depuis la tête jusqu’aux pieds de toutes les vertus et de toutes les grâces dont la puissance divine peut enrichir une âme d’un ordre tout singulier : Ah ! […] Il tomba à la renverse et la coupe s’échappa de sa main inerte, et un jet de sang sortit de sa narine et il repoussa des pieds la table, et les mets roulèrent épars sur la terre, et le pain et la chair rôtie furent souillés. […] Et l’épée tomba de sa main contre terre et il tournoya près d’une table, dispersant les mets et les coupes pleines ; et lui-même se renversa en se tordant et en gémissant, et il frappa du front la terre, repoussant un thrône de ses deux pieds et l’obscurité se répandit sur ses yeux.

929. (1923) Nouvelles études et autres figures

S’il puise l’eau dans une marmite à pied pour la cuisine ou pour le bain, sans avoir accompli les rites, il peut être sûr qu’il lui en cuira. […] Les Arabes supposaient que la montagne dont il couronnait la cime était le pic de Ceylan, où Adam a laissé sur le roc la trace de son pied. […] Tout homme aboutissait aux pieds du divin fils. […] Le pavé se mouille et le pied glisse un peu dans ces demi-ténèbres, car cette partie de la ville est mal éclairée. ! […] Son article surtout nous agenouille en suppliant aux pieds du vainqueur.

930. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

En un seul jour, il eût pu, sans forcer son naturel, se jeter au château aux pieds de Marie-Antoinette, s’asseoir en patriote sincère à la table frugale de son collègue Roland, et, sortant le soir avec Danton par le bras, se prendre aux familières confidences du sans-culotte sans façon.

931. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Mais, en ce cas, il est méconnu ; il s’épuise en efforts stériles ; s’il vit en un temps où les passions sont exaltées, il est écrasé, broyé, foulé aux pieds ; s’il a la chance de vivre en des jours plus calmes, il est raillé, dédaigné, condamné à l’obscurité, et il va grossir la longue liste des génies incompris.

932. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IV »

Les marins en sont restés à la lieue, à la brasse, au mille, au nœud, et plusieurs corps de métier, notamment les imprimeurs, pratiquent uniquement le système duodécimal, soit sous les noms de point, ligne, pouce et pied, soit au moyen d’un vocabulaire spécial.

933. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

C’était lui prouver que l’art et la liberté peuvent repousser en une nuit sous le pied maladroit qui les écrase.

934. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Ils n’ont raison qu’en un sens très limité, comme nous le verrons bientôt, mais c’est aller trop loin que d’attribuer à des circonstances purement extérieures la structure du Pic, par exemple, avec ses pieds, sa queue, son bec et sa langue si admirablement conformés pour attraper des insectes sous l’écorce des arbres.

935. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

On lui envoya un beau portrait de son père, en pied, avec une belle perruque, un bel habit, de beaux bas, une belle tabatière à la main.

936. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

On tourne autour de ces deux figures ; elles sont debout, d’aplomb et non raides. à droite, c’est une colonade ; à gauche, un grand arbre ; au pied de cet arbre, deux amours tapis sous un bouclier d’or.

937. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

Le coeur contracte un calus de la même maniere que les pieds et les mains en contractent.

938. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

C’est ce que signifie au pied de la lettre l’épigramme de Martial, où cet auteur a parlé poëtiquement, et que les poëtes qui ne réussissent pas citent si volontiers.

939. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Il aurait continué à prouver que « le vice interne dont souffre notre société française, c’est l’émiettement des individus, isolés, diminués aux pieds de l’État trop puissant, rendus incapables par de lointaines causes historiques et plus encore par la législation moderne, de s’associer spontanément autour d’un intérêt commun ».‌

940. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il faut écouter le profond soupir de joie haineuse avec lequel il contemple ses ennemis sous ses pieds. « Tous les whigs étaient ravis de me voir ; ils se noient et voudraient s’accrocher à moi comme à une branche ; leurs grands me faisaient tous gauchement des apologies. […] Il les écrasa tous, mit le pied sur leur parti, s’abreuva du poignant plaisir de la victoire. […] Leur corps était singulier et difforme, leurs têtes et leurs poitrines étaient couvertes d’un poil épais, quelquefois frisé, d’autres fois plat ; ils avaient des barbes comme les chèvres et une longue bande de poil tout le long de leurs dos et sur le devant de leurs pieds et de leurs jambes ; mais le reste du corps était nu1014, … de sorte que je pus voir leur peau, qui était d’un brun tanné ; ils grimpaient au haut des arbres aussi agilement que des écureuils, car ils avaient aux pieds de devant et de derrière de fortes griffes étendues, terminées en pointes aiguës et crochues. […] Leurs mamelles pendaient entre leurs pieds de devant, et souvent, lorsqu’elles marchaient, touchaient presque à terre. […] Ils ont un chef par troupeau, le plus méchant et le plus difforme de tous, servi par un favori « dont l’emploi est de lécher ses pieds et son derrière, ou de mener les yahous femelles à son chenil, ayant de temps en temps pour récompense un morceau de chair d’âne, à la fin chassé quand le maître trouve une brute pire, si exécré qu’à ce moment son successeur et toute la bande viennent en corps décharger sur lui leurs excréments de la tête aux pieds1016 » ; voilà l’abrégé de notre gouvernement.

941. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

La plénitude du principe monarchique, entendue selon la libre et nationale interprétation, elle est là où il y a passé glorieux et gloire nouvelle, là où apparaissent deux restaurateurs de la société à cinquante ans de distance, deux conducteurs de peuple remettant la France sur un grand pied et, sans trop se ressembler, la couronnant également d’honneur.

942. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Andrieux se montre comme aux pieds du grand Corneille et lui demandant la permission d’ôter, en soufflant, quelques grains de poussière à son beau cothurne.

943. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Il a été constaté que pas une seule fois, depuis sa nomination par ordonnance, M. de Montesquiou n’avait mis les pieds dans la salle, des séances de l’illustre compagnie.

944. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Sully Prudhomme Au pied du vert laurier, la Muse, un jour, pleurait.

945. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.

946. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Nous ne dirons point non plus comment, dans les calamités publiques, les grands et les petits s’en allaient pieds nus d’église en église, pour tâcher de désarmer la colère de Dieu.

947. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Il avait semblé aux jeunes que le Maître, après avoir donné le branle, lâchait pied, à l’exemple de ces généraux de révolution dont le ventre a des exigences que le cerveau encourage.

948. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

Évidemment aussi cependant, il n’y a rien d’impossible à réaliser dans cette majestueuse et si simple utopie de l’histoire, et l’État moderne qui l’essayerait, même en laissant le flot méprisé de la libre histoire battre le pied de son monument, aurait du moins mis sous la garde d’une fonction, dont on descendrait en déméritant, le trésor de renseignements et de faits qu’il faut toujours remettre pur aux générations qui nous suivent, et arracherait la Nationalité, cette chose sacrée, aux mains humanitaires et cosmopolites des historiens de la Libre Pensée, qui si on les laisse faire, en auront fini avec cette chose sacrée, demain !

949. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Lapommeraye, qui a pris la peine de le suivre pied à pied et d’opposer à chacune de ses affirmations une réponse péremptoire et nette. […] La salle était suspendue à ses lèvres, avec cette sorte d’admiration et de battement de cœur qu’on ressent à voir un danseur de corde faire ses tours à trente pieds de hauteur. […] Que diriez-vous, si, au cinquième acte, au moment où il va triompher d’une famille en larmes, une trappe s’ouvrait sous ses pieds et l’enveloppait de feux de Bengale ? […] C’est ainsi que Tartuffe était la seule qui pût être jouée au pied levé par la troupe courante. […] Molière a deux cents ans ; mais vous n’en avez que vingt ; vous êtes jeunes, ardents, gais, amoureux, pourquoi diable avez-vous donc la goutte au pied et à la langue ?

950. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Le voyageur arrive au pied des Montagnes Rocheuses, et s’engage dans leurs détours. […] Quand nous les joignîmes, la plus âgée des femmes, qui probablement était la mère de l’homme, s’occupait à arracher les mauvaises herbes dans un espace circulaire, d’environ cinq pieds de diamètre, et notre présence n’interrompit point ce travail prescrit par le respect dû aux morts. […] C’est là que les époux s’unissent, c’est là que les chrétiens se prosternent au pied des autels : le faible pour prier le Dieu de force, le coupable pour implorer le Dieu de miséricorde, l’innocent pour chanter le Dieu de bonté. […] N’est-ce pas ainsi que le souffle des passions agite les rois de la terre sur leurs trônes, tandis que les bergers vivent heureux à leurs pieds ?  […] C’était ce même Matthieu, plus brave que Gustave et M. le Prince 55, qui répondait, lorsqu’on voulait l’empêcher de s’exposer à la rage du peuple : Six pieds de terre feront toujours raison au plus grand homme du monde.

951. (1895) Hommes et livres

Il s’en allait avec un compagnon, dom Germain ou dom Ruinart, chacun avec son paquet à la main, à pied le plus souvent, parfois à cheval. […] Puis il fit le reste du chemin à pied, malgré son grand âge et ses infirmités, toujours priant, récitant et chantant. […] Et Corneille, ce chicaneur de génie, dispute le terrain pied à pied, à qui ? […] Il avait le pied dans l’étrier : en route pour la fortune. […] Mais il avait pris pied en Espagne, il s’était « introduit » en beaucoup de bons lieux, on crut qu’il pouvait rendre service.

952. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Ils arrêtaient les gens, et les faisaient danser en leur piquant les jambes à coups d’épée ; parfois ils mettaient une femme dans un tonneau et la faisaient rouler ainsi du haut d’une pente ; d’autres la posaient sur la tête les pieds en l’air ; quelques-uns aplatissaient le nez du malheureux qu’ils avaient saisi, et avec les doigts lui faisaient sortir les yeux de l’orbite. […] … Polissez-vous, ne curez point vos ongles en société, ne mettez pas vos doigts dans votre nez, posez bien vos pieds… Votre maître de danse est à présent le plus important de tous… Surtout laissez de côté la rouille de Cambridge… On m’assure que Mme de… est jolie comme un cœur, et que, nonobstant cela, elle s’en est tenue scrupuleusement à son mari, quoiqu’il y ait déjà plus d’un an qu’elle est mariée. […] Avec quelle grâce et quelle dextérité ils savent persuader, intéresser, amuser, caresser la vanité malade, retenir l’attention distraite, insinuer la vérité dangereuse, et voler toujours à cent pieds au-dessus de l’ennui où leurs rivaux barbotent de tout leur poids natif ! […] Si j’étais Américain comme je suis Anglais, tant qu’un bataillon étranger aurait le pied sur mon pays, je ne poserais pas mes armes ! […] Je me réjouis que l’Amérique ait résisté ; trois millions d’hommes assez morts à tous les sentiments de liberté pour souffrir volontairement qu’on les fasse esclaves auraient été des instruments convenables pour rendre le reste esclave aussi… L’esprit qui maintenant résiste à vos taxes en Amérique est le même qui autrefois s’est opposé en Angleterre aux dons gratuits, à la taxe des vaisseaux ; c’est le même esprit qui a dressé l’Angleterre sur ses pieds, et par le bill des droits a revendiqué la constitution anglaise ; c’est le même esprit qui a établi ce grand, ce fondamental et essentiel principe de vos libertés, que nul sujet de l’Angleterre ne peut être taxé que de son propre consentement.

953. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

…………… …………… Je ne m’éloigne pas ; je me tiens à distance, Épiant, ô ma sœur, tes pieds blancs et mortels : Quand tu m’appelleras de ta plus vive instance, Je t’aiderai, Marie, au retour des autels !  […] En mettant le pied sur ce rivage de son espérance, elle trouva la colonie en révolte, le cousin massacré, sa veuve en fuite dans les hautes terres, et l’incendie partout dans les plantations. […] La religion et ses ministres divins se penchent sur les blessés pour les bénir, — sur les morts pour envier leur martyre… « Ote ton chapeau à mon intention en passant devant l’église Notre-Dame, et mets sur ses pieds les premières fleurs de carême que tu trouveras. » Sur cette religion de Mme Valmore qui revient à chaque instant dans sa vie, et qui a conservé les plus naïves superstitions de la première enfance, il est à dire, cependant, que c’était une religion tout à fait à elle, une religion toute de cœur, sans assujettissement à aucun prêtre, ne se puisant et ne se renouvelant qu’à sa source directe et en Dieu même.

954. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

» — « C’est moi, monsieur, répliqua-t-elle en se retournant brusquement dans le couloir, son petit cabas à la main, c’est moi-même ; mais donnez-moi donc deux sous pour m’acheter de la galette, s’il vous plaît. » Et voilà pourquoi, entre autres motifs à l’appui, elle eut toute raison, l’autre soir, de reparaître dans le personnage de l’illustre infortunée à qui elle avait dû une joie d’enfance ; voilà pourquoi elle eut raison de vouloir dire, aux applaudissements de tous, ce mot de fierté qu’elle relève si bien : Si le Ciel était juste, indigne souveraine, Vous seriez à mes pieds, et je suis votre reine. […] Mais laissons parler là-dessus un témoin bien grave et hautement autorisé en toute matière, M. le duc de Broglie, qui, dans la Revue française de janvier 1830, venant constater, à propos de l’Othello de M. de Vigny, la révolution sensible qui s’opérait dans le goût du public, écrivait : « Chacun peut se rappeler les murmures qui interrompirent, lors de la première représentation du Cid d’Andalousie, cette scène charmante94 où le héros de la pièce, tranquillement assis aux pieds de sa bien-aimée, sans desseins, sans inquiétude, uniquement possédé de l’idée de son prochain bonheur, dans un profond oubli et du monde, et des hommes, et de toutes choses, l’entretenait doucement des progrès de leur amour mutuel, et lui rappelait, en vers pleins de délicatesse et de grâce, les premiers traits furtifs de leur muette intelligence. […] C’est le cas de rappeler les belles stances de Byron à l’Éridan, quand il charge les flots, qu’en naviguant il contemple, d’aller vers Ravenne couler aux pieds de la dame de son amour : « Le flot qui emporte mes larmes ne reviendra plus ; reviendra-t-elle celle que ce flot va rejoindre ? 

955. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Toute cette histoire suprême de Bégon, partant de son château, sur la marche de Gascogne, où lui, homme du Nord, il s’ennuie, et s’arrachant de sa belle et riante famille pour s’en aller mourir dans une forêt, près de Valenciennes, au pied d’un tremble, de la main d’un misérable archer, est d’une haute fierté et d’un effet des plus dramatiques. On a là un fort bel et fort distinct épisode de la vie féodale dans les premiers siècles : une scène de famille d’abord, dans le grand salon du château ; un départ pour un lointain voyage, d’après un vague désir, sur une idée brute et simple de chasseur en quête d’un merveilleux exploit, d’un monstrueux sanglier ; — une chasse en pleine forêt ; une grande et noble figure de gentilhomme, de franc homme, séparé de sa suite, debout sous un arbre, le pied sur sa bête tuée, son cheval à ses côtés, ses chiens couchés devant lui, son cor d’ivoire au col, et là se défendant contre une bande de gens de rien enhardis par l’espoir du butin et d’une riche proie. […] Pour mesurer toute l’étendue de la chute depuis le haut moyen âge jusqu’au dernier tiers du xve  siècle, on n’a qu’à se rappeler le point de départ, cette noble figure du Lohérain Bégon le balafré, debout, adossé à son arbre et le pied sur son sanglier tué, entouré de ses chiens, défendant sa vie contre de misérables forestiers ; et, comme pendant, cet autre Lorrain manqué, le bon René, se promenant à Aix dans sa cheminée pour se réchauffer au soleil, — dans sa cheminée, c’est-à-dire sur un étroit parapet exposé au midi et abrité de tous les autres côtés (aprici senes). — Voilà le contraste, et il ne saurait être plus frappant, entre la force adulte et virile de ce puissant régime féodal et son extrême caducité et sénilité.

956. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

De la notion ainsi renouvelée et rectifiée, on fait sortir la vérité la plus prochaine, puis, de celle-ci, une seconde vérité contiguë à la première, et ainsi de suite jusqu’au bout, sans autre obligation que le soin d’avancer pied à pied et de n’omettre aucun intermédiaire  Avec cette méthode, on peut tout expliquer, tout faire comprendre, même à des femmes, même à des femmes du monde. […] Un soir, au moment de partir pour le bal de l’Opéra, elle trouve sur la toilette la Nouvelle Héloïse 486, je ne m’étonne point si elle fait attendre d’heure en heure ses chevaux et ses gens, si, à quatre heures du matin, elle ordonne de dételer, si elle passe le reste de la nuit à lire, si elle est étouffée par ses larmes ; pour la première fois, elle vient de voir un homme qui aime  Pareillement, si vous voulez comprendre le succès de l’Émile, rappelez-vous les enfants que nous avons décrits, de petits Messieurs brodés, dorés, pomponnés, poudrés à blanc, garnis d’une épée à nœud, le chapeau sous le bras, faisant la révérence, offrant la main, étudiant devant la glace les attitudes charmantes, répétant des compliments appris, jolis mannequins en qui tout est l’œuvre du tailleur, du coiffeur, du précepteur et du maître à danser ; à côté d’eux, de petites Madames de six ans, encore plus factices, serrées dans un corps de baleine, enharnachées d’un lourd panier rempli de crin et cerclé de fer, affublées d’une coiffure haute de deux pieds, véritables poupées auxquelles on met du rouge et dont chaque matin la mère s’amuse un quart d’heure pour les laisser toute la journée aux femmes de chambre487.

957. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

CCII Au second battement de marteau de l’horloge qui nous avertissait, je m’en allai à contrecœur en reculant, en revenant, en reculant encore, comme si nous ne nous étions pas tout dit ; mais le danger pressait : je refermai la grille sur lui, je ramassai ma zampogne et je revins m’asseoir sur les marches du cloître et de la cour, vis-à-vis du puits des colombes, et, pour que personne ne se doutât de rien parmi les prisonniers et les prisonnières, j’eus l’air de m’être endormie pour la sieste, au pied d’un pilier, et je me mis à jouer des airs de zampogne comme pour passer le temps. […] monsieur, le sommeil n’était pas venu une heure de suite sur nos yeux depuis le jour du malheur ; nous n’avions la nuit d’autre bruit dans la cabane que le bruit confus de nos sanglots, mal étouffés sur nos bouches, et de temps en temps les cris de douleur involontaires du petit chien, couché sur le pied de mon lit, quand sa jambe coupée, qui n’était pas encore guérie, lui faisait trop mal, et qu’il implorait ma main pour le retourner sur sa paille. […] — Aucune, répondit le vieux frère ; c’est en vain que j’ai demandé discrètement aux portes de tous les couvents où l’on distribue gratis de la nourriture aux nécessiteux, vagabonds, mendiants ou autres, si l’on avait vu tendre son écuelle à un jeune et beau pifferaro des montagnes ; c’est en vain que j’ai demandé aux marchands sur leurs portes, aux vendeuses de légumes sur leur marché, si elles avaient entendu de jour ou de nuit la zampogne d’un musicien ambulant jouant des airs, au pied des Madones, dans leurs niches ou devant le portail des chapelles.

958. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

La ligne droite, base fondamentale de ses statues, depuis l’orteil jusqu’au sommet de la tête, est plus longue et plus élancée que la ligne grecque ; les inflexions, plus hardies et plus étranges de cette ligne donnent aux traits, aux formes et aux mouvements de ses statues des nervures, des attitudes, des torsions, des majestés, des hardiesses qui dressent l’homme plus haut sur ses pieds et qui semblent faire escalader l’art jusqu’au ciel. […] Les écrivains florentins décrivent ce carton de Michel-Ange comme un poëme national, prélude du poëme universel de son Jugement dernier, et nullement inférieur à ce prodige du crayon et du pinceau : « Pendant que les soldats sortaient en hâte des ondes ruisselantes sur leurs membres, on voyait parmi eux, dit Vasari, par la main divine de Michel-Ange, la figure d’un vétéran qui, pour s’ombrager du soleil pendant le bain, s’était coiffé la tête d’une guirlande de lierre, lequel s’étant accroupi sur le sable pour remettre sa chaussure que l’humidité de ses jambes empêchait de glisser sur sa peau, et entendant en même temps les cris de ses compagnons et le roulement du tambour appelant aux armes, se hâtait pour faire entrer de force son pied dans sa chaussure mouillée ; en outre, ajoute Vasari, que tous les muscles et tous les nerfs du vétéran se dessinaient en saillie dans l’effort, toute sa physionomie exprimait son angoisse, depuis la bouche jusqu’à l’extrémité de ses pieds.

959. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Les discours sont courts, durs, d’un relief parfois bien vigoureux dans leur sécheresse enflammée ou brutale : comme cette réplique fameuse de ce Fauconnet qu’on somme de rendre son château de Naisil : Si je tenais un pied en paradis Et l’autre avais au château de Naisil, Je retrairais celui de paradis, Et le mettrais arrière dans Naisil26. […] Le couronnement de Louis le Débonnaire, et la noble tristesse de Charles devant la puérilité biche de son héritier, le début du poème d’Aliscans, et la fière obstination de Guiboure qui, refusant de connaître son mari dans un fuyard, tient la porte d’Orange fermée et laisse Guillaume au pied des murs, exposé à tous les coups des Sarrasins, d’autres morceaux encore méritent d’être loués et lus. […] Berte aux grands pieds.

960. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

On lit avec plaisir ces éloquentes déclamations ; on les accepte comme des thèmes donnés, mais, quoi qu’en dise Voltaire, il ne prend envie à personne en lisant Rousseau de marcher à quatre pieds. […] Qui ne s’est arrêté, en parcourant nos anciennes villes devenues modernes, au pied de ces gigantesques monuments de la foi des vieux âges ? […] Un jour, au pied de l’autel, et sous la main de l’évêque, j’ai dit au Dieu des Chrétiens : « Dominus pars haereditatis meae et calicis mei ; tu es qui restitues haereditatem meam mihi.

961. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […] Le chevet du lit s’appuyait au mur du fond, le pied venait en avant, et l’on avait accès de trois côtés. […] Pied, pié.

962. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Deux problèmes, en effet, sont en présence : en pleine lumière, le problème bruyant, tumultueux, orageux, tapageur, le vaste carrefour vital, toutes les directions offertes aux mille pieds de l’homme, les bouches contestant, les querelles, les passions avec leurs pourquoi ? […] L’herbe pousse sur les six marches de la tribune où a parlé Démosthène, le Céramique est un ravin à demi comblé d’une poussière de marbre qui a été le palais de Cécrops, l’Odéon d’Hérode Atticus n’est plus, au pied de l’Acropole, qu’une masure sur laquelle tombe, à de certaines heures, l’ombre incomplète du Parthénon ; le temple de Thésée appartient aux hirondelles, les chèvres broutent sur le Pnyx ; mais l’idée grecque est vivante, mais la Grèce est reine, mais la Grèce est déesse. […] Dans l’île de Sardaigne, que les grecs nommaient Ichnusa à cause de sa ressemblance avec la plante du pied, Calaris, qui est Cagliari, était en quelque sorte sous la griffe punique ; Cibalis, en Mysie, avait à craindre les triballes ; Aspalathon, les illyriens ; Tomis, futur tombeau d’Ovide, les scordisques ; Milet, en Anatolie, les massagètes ; Dénia, en Espagne, les cantabres ; Salmydessus, les molosses ; Carsine, les tauro-scythes ; Gélonus, les sarmates arymphées, qui vivaient de glands ; Apollonia, les hamaxobiens rôdants sur leurs chariots ; Abdère, patrie de Démocrite, les thraces, hommes tatoués.

963. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Car l’enfant de ta sœur dormait dans son berceau, Et ton pied suspendu le berçait en silence             Sous son mobile arceau. […] Ce torrent qu’à ses pieds l’Apennin voit descendre, Et que Rome adora dans ses temps fabuleux,        Semble, dans son cours orgueilleux, Des empires détruits rouler toujours la cendre. […] Les salons mornes, où tout le siècle avait passé sous le charme de son entretien et surtout de sa bonté, les cours, le jardin, l’avenue même des Champs-Élysées, n’étaient pas assez vastes pour contenir l’immense concours d’hommes de cœur et d’hommes de nom qui se rencontraient, sans s’être concertés, au pied de ce cercueil.

964. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le sujet de son roman, il l’a pris à ses pieds, à son coude, sous sa main, partout, puisque, de partout, nous sommes entourés et pressés de cette vie affreuse de bohèmes, d’impuissants, de déclassés, de filles entretenues, qu’il nous a décrite jusqu’au mal de cœur. […] Avant qu’il ne fût publié, ce livre de Jack (même par un k) avait exhalé une odeur d’ouvrier inquiétante pour ceux qui veulent que le talent ne déroge pas… Daudet ne semblait pas littérairement conformé pour mettre son pied, qui est fin et cambré, dans les vieilles savates d’Eugène Sue. […] C’est la royauté qui n’a plus besoin, pour réchauffer ses pieds nus, des fagots que Louis XIV envoyait à Henriette d’Angleterre, réfugiée et mourant de froid à Saint-Germain.

965. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Quand les Mémoires paraîtront un jour au complet, tout sera dit, ou plutôt tout recommencera ; car on aura alors le portrait en pied et dans toute sa fraîcheur. […] Il prend la campagne au retour des camps, dans l’intervalle de deux campagnes, comme il dirait lui-même en plaisantant : « Vous que la Cour et l’armée dispensent pour quelque temps de vos soins, amusez-vous dans vos jardins ; puis élevez vos âmes dans vos forêts. » Il est resté tellement sociable, même dans ses heures de solitude et de retraite, qu’il ne serait pas fâché que de son habitation champêtre on découvrît une grande capitale : « Voilà, dirais-je assis au pied d’un vieux chêne, le rassemblement des ridicules et des vices… » Et il entre dans l’énumération, il pousse jusqu’au bout le développement de ce joli motif qui parodie le sage de Lucrèce jouissant en paix du spectacle de l’orage.

966. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Ce personnage original qu’on aimait assez, sauf à en rire, et qui s’était fait une place à part dans les assemblées du Clergé et à la Cour, s’était mis comme tout son siècle sur le pied d’admirer Louis XIV, de l’adorer passionnément, et de le lui dire. […] Au milieu des plus heureux traits, il ne se donne pas le temps de mettre sur pied ses phrases.

967. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Je ne crois pas devoir demander grâce pour avoir osé conserver le grand chien de l’audience, qu’on a eu soin par décorum d’effacer dans l’imprimé, comme s’il n’y en avait pas un souvent aux pieds du maître dans les antiques portraits de famille. […] J’y ai eu regret par la considération que je fis l’autre jour à quel point ce garçon était véritablement laquais, et au point qu’on ne pourrait en prendre un modèle plus complet si l’on voulait dépeindre un laquais : Il était ragot, — insolent, — le visage carré, — gros nez, — brunet, — malpropre, — de grands cheveux bouclés, — usant beaucoup ses habits, — malpropre en linge, les pieds tournés si en dehors qu’il tortillait du cul en marchant ; — toujours au cabaret ou au b… ; — ivre de rien.

968. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Il a eu l’art de rejoindre solidement tous ces morceaux de textes originaux, sans lesquels il ne met pas un pied en avant. […] Cicéron disait d’Athènes qu’on n’y pouvait faire un pas sans mettre le pied sur une histoire.

969. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Lucius est donc malade de la maladie de son temps : à peine a-t-il mis le pied en Thessalie qu’il ne rêve qu’enchantements et que métamorphoses ; les discours qu’il entend de ses compagnons de route, et qu’il se fait répéter le long du chemin, exaltent sa curiosité et lui donnent encore plus de désir que de crainte. […] Venez, pleines de zèle et d’empressement, secourir une jeune beauté, épouse de l’Amour. » À l’instant, comme des vagues, s’agitent en se précipitant les unes à la suite des autres ces peuplades à six pieds.

970. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Après donc avoir donné ses soins à réparer ses affaires, à les régler une dernière fois et à les remettre sur un pied suffisant, il se retirait en prudent et en sage sur un dernier bon semblant de fortune, sur un succès modeste, sans pousser plus avant les chances, sans trop demander au sort, et, sans se soucier d’ailleurs des discours et propos, mêlés de sourire, qu’en tiendraient immanquablement entre eux les ennemis et les jaloux. […] Il est chrétien et catholique jusqu’au monastère inclusivement, il a un pied dans le cloître, et cependant il n’a aucun scrupule de voir son fils guerroyer contre un pontife belliqueux (Paul IV), et si la guerre finit trop tôt, il s’en fâche, C’était la liberté de penser à l’usage des meilleurs catholiques de ce temps-là.

971. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Un chien et un chat occupent les deux coins opposés sur le devant : le chat près de la chaise de la grand’mère, le chien aux pieds de la jeune mère. […] Au centre, au milieu, devant la cheminée, une petite fille d’environ dix ans, très-fine, très-grave, se chauffe, tournant le dos à la chaise de sa mère, et s’appuyant sur un grand chenet à boule ; elle a les pieds nus, et est un peu déguenillée à la manche.

972. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

 » Dans le milieu d’un autre panneau est le meuble fait comme un grand coffre, que nous appelons encore bahut et dont les ferrures étaient presque toujours curieusement historiées ; ce bahut, posé sur un pied de bois de noyer « marqueté et marbré », est couvert de « tapisserie à l’aiguille, à fleurs, rehaussée de soie. […] Il y avait alors plus de contrastes d’une ville à la ville prochaine, qu’il n’y en a maintenant d’une ville de la frontière belge à une ville sise au pied des Alpes ou des Pyrénées.

973. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Il y a tant d’autres manières d’employer son temps, quand on est jeune, beau, riche, noble, un pied, je le crois, dans les fonctions publiques, que j’ai peine à m’expliquer, chez quelqu’un qui n’y est pas condamné par le sort, cette précipitation à écrire, à compiler, à copier, à éditer sans prendre même la peine de se relire. […] Croyez que je ne m’exagère pas le mérite d’une phrase bien faite ou qui, tant bien que mal, tombe d’aplomb sur ses pieds ; un galant homme peut fort bien soléciser ; mais qui diantre l’oblige à imprimer ses solécismes ?

974. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

au milieu d’un paysage d’automne, agreste, hérissé et dépouillé par les premiers froids, un misérable, quelque mendiant irlandais, vêtu en lambeaux, pieds nus, qui considère de derrière une haie, dans quelque verger, un mannequin oublié, un bâton surmonté d’un chapeau et de vieux habits, planté là pour effrayer les oiseaux. […] Le reste est horrible ; les jambes sont d’un squelette, les pieds de je ne sais quel animal fourchu.

975. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

. — Plus d’une fois elle a passé devant les yeux de notre âme, cette barque qui porte un négrillon à la poupe et de beaux jeunes gens vêtus des sveltes costumes dont Yittore Carpaccio habille ses Magnifiques ; plus d’une fois aussi nous avons vu en songe se pencher du haut des terrasses blanches ces belles filles aux tresses d’or crespelées, aux robes de brocart d’argent, aux colliers et aux bracelets de perles, qui jettent un baiser avec une fleur au galant haussé sur la pointe du pied !    […] Il n’est pas de ceux (comme il y en a) qui vous marchent sur le pied sans s’en apercevoir ou en disant : Tant pis !

976. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

L’un, fier et chevaleresque, jetait le gant aux Gouvernements existants et se tenait debout, presque seul à la fin, dans une position étroite, difficile, contentieuse, se couvrant des habiletés et de la vigueur de sa plume, disputant le terrain pied à pied, sans rompre d’une semelle, comme on dit.

977. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine : il les remet sur pied et comme vivants, en pleine action. […] Ne faut-il voir d’abord dans Pope « qu’un nabot, haut de quatre pieds, tortu, bossu, maigre, valétudinaire, et qui, arrivé à l’âge mûr, ne semble plus capable de vivre ? 

978. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

un homme qui a pu avoir l’audace de se prêter à cette sotte et infâme scène du bosquet, qui a supposé qu’il avait eu un rendez-vous de la reine de France, de la femme de son roi, que la reine avait reçu de lui une rose63 et avait souffert qu’il se jetât à ses pieds, ne serait pas, quand il y a un trône, un criminel de lèse-majesté ? […] Dix autres, que leur naissance, leurs anciens engagements, leurs charges, devraient mettre aux pieds du roi, sont aussi dans l’opposition.

979. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

À peine si le long des haies quelques violettes en mars, quelques fumeterres qui sentent le baume ; à peine si, près des ruisseaux, au pied des chênes quelques anémones d’un blanc rosé essayent de s’épanouir par touffes. […] L’herbe que mes pieds foulaient avait cet éclat hardi.

980. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Ici nous entrons dans un ordre un peu différent de celui de la science pure : nous avons un pied dans l’hypothèse. […] Je crois en effet que Fontenelle aurait pu tenir un peu plus à ses pensées ; mais ne le prenons pas trop au pied de la lettre, le sage et prudent philosophe.

981. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Il s’agissait de montrer à l’Europe, dans la guerre inégale où l’on s’était engagé sur le pied d’auxiliaires et sans volonté ni plan arrêté au début, que la France avait décidément un roi, et de porter Louis XV à faire comme ses glorieux et redoutés prédécesseurs, à paraître à la tête de ses armées. […] Les princes et les officiers s’étaient fort vaillamment conduits, mais le régiment des Gardes avait lâché pied tout d’abord, et, aux premières décharges de l’ennemi, s’était jeté dans le Mein sans que rien pût l’arrêter.

982. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Rentré chez moi, je décidai que le seul moyen de prendre pied dans cette affaire était d’y faire entrer un personnage politique important ; après avoir bien cherché : « Ma foi ! […] On lui faisait son lit avec un creux profond au milieu, se relevant ensuite aux pieds et à la tête, et sa façon d’être couché était presque encore de se tenir sur son séant.

983. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

A travers toute la bagarre de fabrique littéraire qui, par moments, rompt la vue ; au milieu de toute cette boue fréquente, hideuse, qui nous éclabousse les pieds, et que l’avenir, j’espère, ne verra pas, voilà des signes originaux qui distingueront peut-être assez noblement ce siècle, si préoccupé entre tous de son ambitieuse destinée. […] Catholique de pied en cap, pourquoi ne trouve-t-il pas dans son cœur une seule petite fibre chrétienne un peu adoucie ?

984. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Si, dans cette seconde phase de son talent, il lui fallut défendre pied à pied sa position acquise, transiger même par instants, on doit convenir qu’il le fit avec bien de l’habileté et de l’à-propos.

985. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Jeune encore et belle sans prétentions, elle s’était mise dans le monde sur le pied d’aimer sa fille, et ne voulait d’autre bonheur que celui de la produire et de la voir briller5. […] Elle idolâtrait sa fille et s’était de bonne heure établie dans le monde sur ce pied-là.

986. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Il faut qu’il soit moraliste, sinon de cœur, au moins d’esprit : car, s’il caresse les perversités dont l’histoire est pleine, s’il donne toujours raison à la fortune, s’il exalte le vainqueur coupable et qu’il écrase le vaincu innocent, s’il foule aux pieds les victimes, s’il ajoute la sanction de sa propre immoralité et l’autorité de son amnistie à tous les scandales d’iniquité qui attristent les annales des peuples, l’historien n’est plus un juge ; c’est un complice abject ou intéressé de la fortune, qui montre sans cesse le droit violé par la force, et la vertu déjouée par le succès. […] J’en extrais ici quelques fragments et j’en ai refait un tout, en jalonnant ma route de ses plus beaux tronçons de style, comme on reconstruit une ville détruite dans le désert, en marchant d’un débris à un débris et d’un monument à l’autre, à travers la poussière des grandes choses qu’on foule aux pieds.

987. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Il n’est pas tendre : quand il parle d’amour pour son compte personnel, il mêle un peu de sensualité très matérielle à la galanterie mièvre, à la rhétorique éclatante : il ne s’aliène pas assez pour connaître les grandes passions ; de sa hauteur de poète pensif, il se plaît trop à regarder l’amour de la femme « comme un chien à ses pieds 870 ». […] Et cela ne vaut-il pas mieux, après tout, que d’avoir dit éternellement Sarah la baigneuse ou le pied nu de Rose ?

988. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Mais ce n’est pas assez pour lui : « Les dalles que vous foulez aux pieds, ne les arracheriez-vous pas pour me les jeter à la tête et m’étouffer dessous ?  […] La seconde raison qu’on allègue pour ne pas se confesser, c’est que l’homme s’avilit en s’agenouillant aux pieds d’un autre homme.

989. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Une série de procurateurs romains, subordonnés pour les grandes questions au légat impérial de Syrie, Coponius, Marcus Ambivius, Annius Rufus, Valérius Gratus, et enfin (l’an 26 de notre ère), Pontius Pilatus, s’y succèdent 173, sans cesse occupés à éteindre le volcan qui faisait éruption sous leurs pieds. […] Des tourterelles sveltes et vives, des merles bleus si légers qu’ils posent sur une herbe sans la faire plier, des alouettes huppées, qui viennent presque se mettre sous les pieds du voyageur, de petites tortues de ruisseaux, dont l’œil est vif et doux, des cigognes à l’air pudique et grave, dépouillant toute timidité, se laissent approcher de très près par l’homme et semblent l’appeler.

990. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Mais c’est pour quelque raison tout extérieure que Tailhade les abhorre : pour leur inélégance, pour leur « odeur d’humanité peu lavée » ou pour leur « pieds hydrophobes ». […] Car ce sont les « charmes » physiques de Barrès qu’il vitupère à plusieurs reprises : « son dos circonflexe, sa voix dure et sèche d’eunuque, sa jaunisse d’envieux… ses dents à pivot, son air emprunté de cuistre qui met pour la première fois les pieds dans un salon ».

991. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Pourtant, à partir d’un certain moment, on la trouve établie sur un pied assez honorable de liaison régulière avec le président Hénault, homme d’esprit, mais incomparablement inférieur à elle. […] Il y a deux ou trois maisons où je suis entièrement sur ce pied-là… Je ne paie point tribut à leurs grands auteurs du jour.

992. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

En ces années de jeunesse, le trait principal de son caractère et de sa position dans le monde me paraît avoir été celui-ci : elle était de ces femmes qui, dès qu’elles ont un pied quelque part, ont à l’instant l’art et le génie de se faire bien venir, de se rendre utiles, essentielles, indispensables en même temps qu’agréables en toutes choses. […] Mme de Maintenon, une fois qu’elle a un pied à la Cour, fait semblant de n’être pas faite pour y vivre et de n’y rester qu’à son corps défendant.

993. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

On entendait sonner ses pieds secs sur les dalles ; Puis, soudain, attiré par les forêts natales, Il partait, défiant tous les chiens du manoir, Et se faisant par eux chasser jusques au soir ; Alors, les flancs battants, et l’écume à la bouche, Il rentrait en vainqueur, caressant et farouche. […] Quand le plomb l’atteignit tout sautillant et vif, De son gosier saignant un petit cri plaintif Sortit ; quelque duvet vola de sa poitrine ; Puis fermant ses yeux clairs, quittant la branche fine, Dans les touffes de buis de son meurtre souillés, Lui, si content de vivre, il mourut à mes pieds.

994. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Un vers est nombreux comme une foule ; ses pieds marchent du pas cadencé d’une légion. […] On n’a pas son pareil sous les pieds.

995. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

C’est sur un parquet bien ciré que son pied se sentait à l’aise pour frapper du talon. […] S’il n’a point l’œil assez vaste, le regard assez puissant, pour voir, d’ensemble, la société qui s’agite à ses pieds, il s’attachera à en étudier la fraction qui, par son importance sociale, son intelligence, son éducation, le rôle qu’elle a joué a le plus d’affinités avec lui-même.

996. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

On parle des pieds petits de S. […] Ils se moquent de nos pieds rétrécis déformés par les chaussures ; les yeux bleus leur plaisent davantage 119.

997. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Et même elle se croit mieux qu’Hercule, qui fila un jour aux pieds d’Omphale. […] … Mme Stern, avant la Commune, ne se doutait pas que la question religieuse bouillonne toujours sous nos pieds, à travers la poussière des faits politiques.

998. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Cela n’est pas sa faute, à cet historien qui n’oublie rien et qui pénètre tout, si l’histoire lui manque sous les pieds, si son cabestan n’enlève que des pailles au lieu d’arracher des montagnes, et si toute cette histoire de la comédie, dont l’origine est religieuse, peut s’écrire partout avec deux mots : des prêtres sur lesquels se sont entés des baladins ! […] On peut lui appliquer, mais en bonne part, ce qu’il dit en mauvaise du peuple d’Athènes après la mort de Socrate : — Il cherchait ses opinions dans le bleu du ciel au lieu de les chercher à ses pieds.

999. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Certes, monsieur Tartuffe, N’est pas un homme, non, qui se mouche du pied ! […] Luther, lui, l’avait bien vue et ajustée, ce Luther dont Renan est sorti, mais, comme les parias de l’Inde sortent de Brahma, — par les pieds !

1000. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Tous, ils ont un pied dans le malheur et l’autre dans le crime, et ils boitent de l’un et de l’autre côté, comme dit l’Écriture. […] VII Du reste, rien de plus facile que de ramasser cette pierre à ses pieds et de la jeter à la tête de quelqu’un : « Je ne vous crois pas.

1001. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

C’est l’hôte passager d’une terre vingt fois fracassée, le jouet fragile des forces souterraines qui font bouillonner des tempêtes de lave sous ses pieds. […] Vous voilà au coin du feu, les rideaux tirés, les pieds au feu, auprès d’une lampe, rêvant un peu, et vous figurant une forêt.

1002. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

« Quand la France en colère leva ses bras gigantesques, et que, jurant ce serment dont la fureur ébranle l’air, la terre et les mers, elle frappa de son pied vigoureux et dit qu’elle voulait être libre, rendez-moi témoignage combien j’eus d’espoir et d’inquiétude, et avec quel transport je chantai sans crainte mes fières actions de grâces au milieu d’une foule servite ! […] C’est à cette école qu’il avait nourri d’abord un plus paisible enthousiasme, rêvant au pied du mont Chamouni, comme plus tard il habita les bords agrestes des lacs d’Écosse.

1003. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

La partie de l’ouvrage dans laquelle M. de Latena se montre le plus lui-même, et avec ses avantages, est celle où il a pied en terre et où il parle de ce monde où il a vécu, de ces sentiments moraux qu’il a éprouvés ou observés avec justesse et délicatesse.

1004. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Chaque plainte qui lui venait, chaque sourire passager, chaque tendresse de mère, chaque essai de mélodie heureuse et bientôt interrompue, chaque amer regard vers un passé que les flammes mal éteintes éclairent encore, tout cela jeté successivement, à la hâte, dans un pêle-mêle troublé, tout cela cueilli, amassé, noué à peine, compose ce qu’elle nomme Pauvres Fleurs : c’est là la corbeille de glaneuse, bien riche, bien froissée, bien remuée, plus que pleine de couleurs et de parfums, que l’humble poëte, comme par lassitude, vient encore moins d’offrir que de laisser tomber à nos pieds.

1005. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

Laurent une tête forte et logique, un coup d’œil pénétrant et sûr : il est homme à marcher d’un pied ferme sur cette crête sanglante de la Montagne, qui donnerait des vertiges à tant d’autres.

1006. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

I Ils sont les successeurs et les exécuteurs de l’ancien régime, et, quand on regarde la façon dont celui-ci les a engendrés, couvés, nourris, intronisés, provoqués, on ne peut s’empêcher de considérer son histoire comme un long suicide : de même un homme qui, monté au sommet d’une immense échelle, couperait sous ses pieds l’échelle qui le soutient  En pareil cas, les bonnes intentions ne suffisent pas ; il ne sert à rien d’être libéral et même généreux, d’ébaucher des demi-réformes.

1007. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

Pourvu qu’il n’aille pas maintenant, pris de repentir, faire ciseler dans le pied d’un ostensoir un ange foulant sous son talon les Nouvelles Pensées et leur préface, comme fit Fénelon pour ses Maximes des Saints !

1008. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

Les sociétés savantes des départements lui ont fourni, plusieurs fois, des motifs de poésie : souvent une planche d’archéologie entrevue dans une bibliothèque, un pan de mur, une statue cassée qui git dans l’herbe, un fragment de stèle, une guirlande de palmettes qui court sur une frise, se fixent dans son esprit, l’accompagnent partout, à pied et à cheval, en voiture et en omnibus, au théâtre et dans le monde.

1009. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Des pieds à la tête, son ode frémit comme un peuplier.

1010. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

L’auteur expose le plus gravement du monde, dans la dédicace, l’analogie qu’il aperçoit, d’abord entre la partie supérieure et noble de ses personnages et la dédicace qu’il présente à Sa Majesté, puis entre la partie basse et monstrueuse de ses héros et l’œuvre qu’il dépose aux pieds de la reine. » Après avoir passé en Italie l’été de 1623, les Comici Fedeli revinrent en France et y représentèrent pendant l’année 1624 et le commencement de l’année 1625.

1011. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Le sol tremble quelquefois ; mais les tremblements de terre n’empêchent pas le pied du Vésuve d’être un lieu fort agréable.

1012. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Elle avait du plomb à ses sandales, si Phédippide avait des ailes à ses pieds.

1013. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

Qu’il croie en Dieu ou aux dieux, à Pluton ou à Satan, à Canidie ou à Morgane, ou à rien, qu’il acquitte le péage du Styx, qu’il soit du sabbat ; qu’il écrive en prose ou en vers, qu’il sculpte en marbre ou coule en bronze ; qu’il prenne pied dans tel siècle ou dans tel climat ; qu’il soit du midi, du nord, de l’occident, de l’orient ; qu’il soit antique ou moderne ; que sa muse soit une muse ou une fée, qu’elle se drape de la colocasia ou s’ajuste la cotte hardie.

1014. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Il me plus de la tête jusqu’aux pieds….

1015. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Le vers qu’il fait dire à Mithridate je vous rends dans trois mois aux pieds du Capitole.

1016. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Alexandre, pour mieux marquer son emportement, y pouvoit frapper du pied, démonstration que nous ne permettons pas aux écoliers qui joüent la tragedie dans nos colleges.

1017. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Penser qu’on fait des vers de dix-sept pieds, dans le sépulcre !

1018. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Heureux, trois fois heureux ceux qu’on a frappés aux pieds de leur déesse ! […] Un homme se faisait voir à la foire : il écrivait, il brodait, il dessinait avec les pieds, le tout assez mal ; mais on s’émerveillait, parce que cela se faisait avec les pieds. […] Saint Thomas d’Aquin allait à pied, Bossuet prenait le coche, de Maistre la malle-poste, M.  […] Veuillot, je vous le demande, de voyager à pied et d’écrire des chefs-d’œuvre ? […] guides du marin, — du marin qui a un navire sous les pieds, des voiles, un gouvernail !

1019. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Retour à pied à Auteuil à travers la foule. […] Un dîner un peu rêveur… puis l’impression toute particulière de la descente à pied, et qui a quelque chose d’une tête qu’on piquerait dans l’infini, l’impression de la descente sur ces échelons à jour dans la nuit, avec des semblants de plongeons, çà et là, dans l’espace illimité, et où il vous semble qu’on est une fourmi, descendant le long des cordages d’un vaisseau de ligne, dont les cordages seraient de fer. […] Il y a parmi eux un gros banquier juif, qui ressemble étonnamment à Daikoku, au dieu japonais de la richesse, et dont le ventre semble le sac de riz sur lequel on l’assied — et qui pue des pieds. […] Jeudi 17 octobre Aujourd’hui un homme du peuple, au pied de la tour Eiffel, lisait tout haut les noms de Lavoisier, Lalande, Cuvier, Laplace. […] Alors l’idée un peu méphistophélique de jeter de l’imprévu, dans les combinaisons arrêtées d’avance du corps savant, nous prend d’improviser cette candidature, qui va produire le même effet qu’un pied posé dans une fourmilière, et cela est aussi mêlé de la pensée ironique du désarroi, que ça va mettre dans la hiérarchie maritime, cette anomalie d’un lieutenant de vaisseau, académicien.

1020. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

« Mais elle arriva, sans dire un mot ni relever ses mains unies, jusqu’au pied de l’estrade ; et là, immobile, elle continuait à le regarder. […] « Orthegaray, le pied foulé, se traînait cependant vers Deberle : « — Capitaine ! […] Nous mîmes pied à terre un moment pour aller les saluer, et là encore il y eut une scène émouvante. […] Il n’y a eu ni baisement de pieds, ni baisement d’anneau. […] Récamier, les voyant monter sur ses fauteuils pour mieux voir, glisse des serviettes sous leurs pieds, ne pensant qu’à sauvegarder son mobilier.

1021. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Je me sens grandi de trois pieds depuis ces trois soirées. […] Leurs pieds sont chaussés de bas à jours et de souliers où flamboient des boucles de strass. […] Quand il erre, la nuit, dans les rues, son pied, raidi par d’antiques rhumatismes, sonne sur le pavé comme un pied de bronze. […] Anacréon de Téos voulait être sandale pour être foulé aux pieds par sa bien-aimée. […] En poussant les portes des gynécées, on heurtait les pieds encore frémissants d’un corps blanc, suspendu aux poutres.

1022. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

comme elle joue des pieds et des poings ! […] Comme elles demeuraient fort près de mon couvent, je m’en retournais ordinairement à pied, et il ne manquait pas de me donner la main pour me conduire jusque chez moi. […] Schiller, avant de composer, se mettait, dit-on, les pieds dans de la glace. […] Ils ont, en outre, le cou long et épais, la tête dégagée, les pieds et les mains relativement petits, mais ils sont plutôt laids que beaux. […] Notez que ces figures de vingt et trente pieds n’étaient qu’un détail, perdu dans l’ensemble des monuments asiatiques.

1023. (1886) Le naturalisme

Le paladin armé de pied en cap, prend congé de la dame dont une large jupe cache les pieds et dont la main délicate tient une fleur. […] Un homme entre dans une église, s’agenouille aux pieds d’un confesseur et lui raconte sa vie sans omettre une circonstance, sans voiler ses bassesses ni ses fautes, sans cacher ses sentiments ni atténuer ses mauvaises actions. […] Balzac peignit en pied l’Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet ; il copia d’après nature, avec une incroyable fidélité, les physionomies de la noblesse légitimiste. […] Quoique l’auteur de Salammbô nous conduise à Carthage et dans les chaînes de la Libye, au temple de Tanit et aux pieds de la monstrueuse statue de Moloch, Salammbô est dans son genre une étude aussi réaliste que Madame Bovary. […] S’il inventa, comme le disent ses adversaires, la rhétorique de l’égout, il mit aussi le pied bien des fois, comme il le déclare lui-même, dans des prés couverts d’herbe et de fleurs.

1024. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Mais le seul Pascal pouvait exécuter le plan qu’il avait conçu, et la mort l’a frappé malheureusement au pied de l’édifice qu’il commençait avec tant de grandeur. […] Il voyait la femme et les enfants pleurer d’une joie inconnue ; bientôt, subjugué par un attrait irrésistible, il tombait au pied de la croix, et mêlait des torrents de larmes aux eaux régénératrices qui coulaient sur sa tête. […] On lave les pieds du voyageur ; il s’assied à terre, et prend en silence le repas de l’hospitalité. […] Mais, quand, à la séance publique, on entendit ce passage de son exorde : C’est aux pieds de la statue de Newton qu’il faudrait prononcer l’éloge de Descartes , la salle retentit d’acclamations, et le public cassa le jugement de d’Olivet et de Le Batteux. […] « Peut-être de ce jour la pompe solennelle « L’attire au pied du trône où son devoir l’appelle.

1025. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Quelle folie aux hommes de se réunir ainsi dans un espace trop vaste pour ceux qui ont à le parcourir, trop étroit pour ceux qui doivent l’habiter ; où ils fondent les uns sur les autres, s’étouffent, s’écrasent, avec la boue sous les pieds et l’eau sur la tète ! […] A peine arrivé au sommet, je fus ravi de me trouver au pied d’une gothique chapelle, et ses ogives, ses arcs si divisés, ses fenêtres en forme de rosaces, ses vitraux de couleur à moitié brisés, me charmèrent. […] Le brouillard, que j’avais un instant auparavant sur la tète, était alors au-dessous de mes pieds ; il s’étendait comme une mer immense et allait flotter contre les montagnes et jusque dans leurs moindres sinuosités. […] il avait déjà le pied sur le vaisseau quand un ordre de la cour y mit obstacle.

1026. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Au lieu d’être simplement l’organe fidèle de l’idée qu’il a conçue, l’humoriste, dans l’ivresse du pouvoir arbitraire et des droits superbes de l’esprit, s’érige en dominateur de l’idéal, change à son gré l’ordre normal des choses, foule aux pieds la nature, la règle et la coutume, efface, éclipse, annule sa propre conception par l’éblouissant éclat de ses caprices, et n’est satisfait que lorsque son tableau, vide d’intérêt, vide de substance, sans vérité comme sans unité, présente à nos regards fatigués et distraits le spectacle à la fois changeant et monotone d’un chaos fantastique, où tout se mêle, s’entrechoque et se détruit. […] Cependant, il conserve jusqu’à la fin la foi la plus naïve et la plus sérieuse en sa mission239, et lorsqu’un ecclésiastique ose en sa présence douter et médire des chevaliers errants, le visage enflammé de colère et tremblant des pieds à la tête, don Quichotte lui répond ainsi : « Est-ce, par hasard, une vaine occupation, est-ce un temps mal employé que celui que l’on consacre à courir le monde, non point pour en chercher les douceurs, mais bien les épines ? […]   …… Jusqu’ici, assis aux pieds du divin Hegel, mon maître, j’ai écouté docilement ses leçons, reproduisant sa pensée avec fidélité, sans me permettre d’intervenir moi-même dans cette modeste exposition, autrement que par la plus timide paraphrase. […] Aussitôt, tirant ses chausses en toute hâte, il resta nu en pan de chemise ; puis, sans autre façon, il se donna du talon dans le derrière, fit deux cabrioles en l’air et deux culbutes, la tête en bas et les pieds en haut, découvrant de telles choses que, pour ne les pas voir davantage, Sancho tourna bride, et se tint pour satisfait de pouvoir jurer que son maître demeurait fou243. » 174.

1027. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il reconnut le Tasse, qu’il avait vu et cultivé à Ferrare, dans l’étranger agenouillé au pied d’une colonne. […] Les jeunes gens et les femmes, ces deux charités visibles des malheureux, sont partout la Providence des persécutés : on trouve toujours un disciple ou une femme au pied de l’instrument du supplice, au seuil du cachot ou sur la pierre des sépulcres. […] « J’irai en pèlerin, en marchant, à cheval, à pied, par mer ou par terre, mais j’irai, écrit-il à Alario ; je suis si malade que je passe pour fou aux yeux des autres et à mes propres yeux. » Son voyage néanmoins fut un triomphe, partout où il se fit reconnaître à ses amis et à ses admirateurs. […] « Elle fuit toute la nuit ; tout le jour elle erre sans conseil et sans guide : elle ne voit que ses larmes, elle n’entend que ses cris : enfin, au moment où le soleil détèle ses coursiers et se plonge dans l’Océan, elle arrive sur les bords du Jourdain, met pied à terre et se couche sur le sable.

1028. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Nous nous étions construit au pied d’un rocher de petites huttes, couvertes de branches de sapin, pour y passer la nuit sur un sol sec. […] Seckendorf (c’est l’élancé aux longs membres effilés) s’était commodément étendu au pied d’un arbre et fredonnait des chansonnettes. […] Et cependant, quand on pense qu’une fin pareille a frappé un homme qui avait foulé aux pieds la vie et le bonheur de millions d’hommes, la destinée, en se redressant contre lui, paraît encore avoir été très indulgente ; c’est une Némésis qui, en considérant la grandeur du héros, n’a pas pu s’empêcher d’user encore d’un peu de galanterie. […] Sa poitrine était extrêmement développée, large et arrondie ; les muscles des bras et des cuisses étaient pleins et doux ; les pieds magnifiques et de la forme la plus pure ; il n’y avait nulle part sur le corps trace d’embonpoint, de maigreur ou de détérioration.

1029. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Une cravate blanche entre deux âges, faisant bassement sa cour à Vitu, lui dit, pendant qu’on sort pour l’entr’acte, parlant de la pièce : « C’est un monsieur qui marche contre un mur, et qui met le pied dans tout ce qu’il trouve !  […] Jeudi 24 juillet Après une longue conversation, la tête penchée sur ses pieds dans leurs bottines de feutre, Daudet laisse échapper : « Dire que toutes les nuits, je rêve que je marche… que je marche sur des plages, où les gens me disent : « Comme vous marchez bien sur les cailloux… » Et le réveil… Ah ! […] On s’était grisé, on avait lutté, et dans la lutte, il s’était foulé un pied, mais il se faisait porter en bateau par deux marins, et quittait tout heureux, un soir de mardi-gras, la plage pleine de lumière et de cris de carnaval, pour aller à une mauvaise mer, au danger, à l’inconnu. […] * * * Eh bien, non, ça s’est passé mieux que je ne croyais, et ma voix s’est fait entendre jusqu’au bout, dans une bourrasque impétueuse qui me collait au corps ma fourrure, et me cassait sous le nez les pages de mon discours, — car l’orateur ici est un harangueur de plein air ; — mais mon émotion, au lieu de se faire aujourd’hui dans la gorge, m’était descendue dans les jambes, et j’ai éprouvé un trémolo qui m’a fait craindre de tomber, et m’a forcé à tout moment de changer de pied, comme appui.

1030. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Il se peut que le progéniteur du genre Autruche ait eu des habitudes analogues à celle de l’Outarde, et que, la sélection naturelle ayant accru pendant une longue suite de générations la taille et le poids de son corps, il ait fait un plus fréquent usage de ses pieds et moins d’usage de ses ailes, jusqu’à ce qu’elles devinssent ainsi incapables de vol. Kirby a remarqué, et j’ai observé moi-même, que le tarse ou pied antérieur de beaucoup de Bousiers, est souvent enlevé. […] Quoi de plus singulier que la relation qui existe chez les Chats blancs entre la couleur bleue des yeux et la surdité ; entre la couleur de l’écaillé des Tortues femelles et leur sexe ; entre les pieds emplumés des Pigeons et la membrane qui, en ce cas seulement, relie leurs doigts externes ; entre la quantité plus ou moins grande du duvet des Pigeonneaux nouvellement éclos et la couleur future de leur plumage ; et, encore, entre les poils et les dents du Chien glabre de Turquie, bien qu’ici probablement la loi d’homologie joue son rôle ? […] Ainsi, les races de Pigeons les plus distinctes, et dans les contrées les plus distantes, sont toutes susceptibles de produire des sous-variétés portant une houppe de plumes redressées sur la tête, ou des plumes aux pieds.

1031. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Il dit quelques mots sur l’utilité des relations entre les gens du monde et les gens de lettres, sur les avantages qu’en avait recueillis la langue dès le temps des La Rochefoucauld, des Saint-Évremond, des Bussy ; lui, c’était bien sur le pied de leur successeur, d’homme de qualité aimant et cultivant les lettres, qu’il entrait dans la compagnie. […] Ce sera là sa plainte continuelle pendant sa faveur, et son excuse après la chute ; car, même quand il fut entré au ministère, il se trouva constamment contrarié par ceux ou, pour mieux dire, par celle qui ne voulait de lui que comme instrument : « On m’a fait danser sur un grand théâtre avec des fers aux pieds et aux mains.

1032. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Je n’ai point à entrer dans ce procès ; mais c’est ainsi qu’à l’âge de vingt et un ans le jeune élève commissaire des guerres était de force à tenir tête aux champions de la critique universitaire d’alors, et avait un pied solide dans la littérature classique. […] Nous le laisserons marcher d’un pied sûr dans cette haute carrière administrative, pour le considérer dans ses dernières productions littéraires avant l’Empire et sous le Consulat.

1033. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Il tient la jeune intelligence constamment en éveil et en haleine, et mêle aux leçons de la gaieté et de l’intérêt ; il pratique le conseil de Charron et de Montaigne : « Je ne veux pas que le précepteur invente et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. » Il fait commencer le grec dans le même temps et sur le même pied que le latin. […] Quant aux autres érudits qui travaillaient aux éditions à l’usage du Dauphin, plusieurs n’arrivèrent avec leur contingent que depuis le mariage de Monseigneur : « Et l’on voit bien, dit Bayle, qui ne perd aucune occasion de s’égayer, que la plupart de ces commentaires seront moins pour le père que pour les enfants. » Un travail plus marquant que se donna à elle-même Mlle Le Fèvre fut une édition grecque et latine des Hymnes, épigrammes et fragments de Callimaque (1675), qu’elle mit sur pied en moins de trois mois.

1034. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Ce n’est plus en compagnie de son amie, c’est seul, à une saison moins belle et quand un pied de femme ne se tirerait pas aisément des mauvais pas, qu’il fait ses excursions et qu’il va à la découverte du pays. […] Mais les arbres et les ruisseaux dont le cours rapide défie la rigueur de l’hiver, les retraites des daims, les parcages des brebis tout peuplés d’agneaux bêlants, et les sentiers où la primevère, avant son heure, perce à travers la mousse qui revêt le pied de l’aubépine, ne trompent aucun de ceux qui les étudient.

1035. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Elle n’avait rien négligé pour le bien élever et le mettre dans le monde sur un pied digne de son nom. […] Quant à lui, on ne s’accorde pas sur le métier qu’il fit dans son enfance ; ce qui est plus certain, c’est qu’ensuite il entra sur le pied de domesticité dans plusieurs grandes maisons : de là aventures à la Gil Blas, je ne veux pas dire à la Faublas.

1036. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Ce fut un combat de lions, et où, après une lutte acharnée de plus de six heures au débouché ou à l’intérieur des bois et dans des trouées retranchées, après avoir épuisé de part et d’autre toutes sortes de chances diverses et d’opiniâtres alternatives, le vaincu ne cédant que pied à pied, l’ennemi ne conquit que le champ de bataille et le droit de coucher au milieu des morts.

1037. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Si on le prenait au mot et si l’on s’emparait de ses aveux au pied de la lettre, il serait l’homme le plus impropre aux affaires qui y ait jamais été mêlé ; mais, capable ou non dans tel ou tel emploi particulier, il est certes le moins homme d’État de tous les hommes. […] Cousin : « Voilà l’homme que vous avez proclamé le premier métaphysicien de notre temps, et cet homme, il avoue que le point d’appui indépendant qu’il avait cherché à sa fondation philosophique n’existe pas, et, par son dernier mot qui se révélé aujourd’hui, il vient à nous, il est avec nous, au pied de la croix. » — D’un autre côté, les philosophes de l’école positive et physiologique que Maine de Biran a abandonnée pourraient dire : « Toutes ces variations et ces voyages de l’auteur autour de sa chambre s’expliquent : il est faible, il est malade et inquiet, il cherche la vérité, mais sous forme de remède ; et le remède moral que désire si vivement un malade, il finit toujours, s’il cherche longtemps, par le trouver ou par croire qu’il l’a trouvé. » — La vérité est qu’un homme de plus est connu, mais la question n’a pas avancé d’un pas.

1038. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Quand Chapelain eut été à son tour enterré par Boileau, on voit d’ici ce qu’il advint de celui que Chapelain avait sous ses pieds : il se trouva tombé plus bas d’un degré encore, descendu au fond d’un second puits. […] Il se décide à monter et trouve Marolles sur pied, tiré à quatre épingles, avec un grand volume d’estampes ouvert devant lui. — « Eh quoi !

1039. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Horace Walpole, dans la description des fêtes qu’il donna à sa résidence de Strawberry-Hill en l’honneur de Mme de Boufflers, nous la montre fort agréable, mais arrivant fatiguée, excédée de tout ce qu’elle avait eu à voir et à faire la veille : « Elle est arrivée ici aujourd’hui (17 mai 1763) à un grand déjeuner que j’offrais pour elle, avec les yeux enfoncés d’un pied dans la tête, les bras ballants, et ayant à peine la force de porter son sac à ouvrage. » En fait de Français, Duclos était de la fête, lui « plus brusque que vif, plus impétueux qu’agréable », et M. et Mme d’Usson, cette dernière solidement bâtie à la hollandaise et ayant les muscles plus à l’épreuve des plaisirs que Mme de Boufflers, mais ne sachant pas un mot d’anglais. […] Elle était avec sa belle-fille à Spa, vers le temps de la prise de la Bastille ; là se trouvaient aussi les Laval, les Luxembourg, les Montmorency, la fleur de la noblesse, « dansant de tout leur cœur pendant que l’on pillait et bridait leurs châteaux en France. » Ces dames de Boufflers, au lieu de rentrer à Paris, passèrent en Angleterre, et y vivant sur le pied d’émigrées, elles y demeurèrent jusque bien après le mois de juin 1791, après l’arrestation de Louis XVI à Varennes : elles ne revinrent probablement que sous la menace pressante des confiscations.

1040. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Je n’ai pas mis le pied sur le Perron (la chaussée de l’étang à la Chesnaie) : c’est qu’il va bien loin aussi ! […] La Mennais a mis à peine le pied sur la grande scène, qu’il conçoit l’idée d’un rôle bien différent, d’une action publique à exercer sur l’opinion, et il essaye d’y associer son aîné.

1041. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Imaginez deux oiseaux du ciel qui vivent de quelques graines et miettes de pain, et qui voient arriver, sur le pied d’ami, un bon grand vautour affamé de chair, qui se dispose à faire honneur à leur repas. […] Ce sont des Sévigné au petit pied qui jasent de tout, à tue-tête, et qui s’amusent.

1042. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Jomini, selon sa mission, expose à l’Empereur comment le maréchal avait dû croire à l’utilité de se rapprocher du roi Joseph pour lui venir en aide contre Wellesley (Wellington), au cas où ce général, qui avait pris pied en Portugal, se porterait de la vallée du Tage sur Madrid. […] Je supplie Votre Altesse de la mettre aux pieds de Sa Majesté l’Empereur et Roi.

1043. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Cela coupa court à la Correspondance, au moins sur le même pied que devant. […] Je barbouille du papier à force, quand la tête me fait mal ; j’écris tout ce qui me vient en idée : cela me purge le cerveau… Adieu, j’attends une cousine qui doit nous emmener à la promenade ; mon imagination galope, ma plume trotte, mes sens sont agités, les pieds me brûlent. — Mon cœur est tout à toi. » Si calme, si saine qu’on soit au fond par nature, il semble difficile qu’en ce jeune train d’émotions et de pensées, on reste longtemps à l’entière froideur, avec tant de sollicitations d’être touchée.

1044. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Et moi, barbe blanche, Un pied sur la planche   Du vieux pont, J’écoute, et personne A mon cor qui sonne   Ne répond. […] Le maçon Abraham Knupfer chante, la truelle à la main, dans les airs échafaudé, si haut que, lisant les vers gothiques du bourdon, il nivelle de ses pieds et l’église aux trente arcs-boutants et la ville aux trente églises.

1045. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Peut-être parce que l’alouette présente le contraste d’un peu de joie au milieu de cette monotonie de tristesse et d’un peu d’amour maternel au-dessus de son nid, cette délicieuse réminiscence de nos mères ; peut-être parce que le grillon nous rappelle le désert aride de Syrie où le cri du même insecte anime seul au loin la route silencieuse du chameau sur les sables brûlés de la terre ; peut-être parce que ce bruissement et cet ondoiement d’épis mûrs sous la brise folle nous transporte par l’analogie de son sur les vagues ridées de l’océan au pied du mât où frissonne ainsi la toile. […] Quand plus tard mon fiancé venait de me quitter, Après des soirs d’amour au pied du sycomore, Quand son dernier baiser retentissait encore Au cœur qui sous la main venait de palpiter, La même voix tintait longtemps dans mes oreilles, Et sortant de mon cœur m’entretenait tout bas.

1046. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Zadig, dans le conte de Voltaire, devine, sans l’avoir vu, que le cheval échappé du roi de Babylone a cinq pieds de haut, le sabot fort petit, qu’il porte une queue de trois pieds et demi de long, que les bossettes de son mors sont d’or à vingt-trois carats, et que ses fers sont d’argent à onze deniers. […] Les révoltes individuelles, les protestations isolées, retomberont toujours, impuissantes, au pied de ces barrières inflexibles qui ont leurs racines dans le fond des mœurs et dans l’instinct de conservation de la société.

1047. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

C’est à l’autre extrémité du continent, c’est en Espagne que se fit sentir le premier craquement et qu’on s’aperçut tout à coup que la statue colossale avait un pied d’argile. […] Ce n’était encore qu’un premier essai, une première atteinte, et elles auront à revenir à la charge avant de prendre pied dans la Péninsule pour n’en plus sortir que par la frontière de France.

1048. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

C’est alors que, voulant montrer tout le danger qu’il y avait pour la liberté même à rendre la personne du monarque responsable à ce degré soit en mal, soit en bien, il s’écria : « À ceux qui s’exhalent avec une telle fureur contre l’individu qui a péché, je dirai : Vous seriez donc à ses pieds si vous étiez contents de lui ! […] On demeure pourtant dans un réel embarras lorsqu’on entend Barnave, dans la défense qu’il prononça devant le Tribunal révolutionnaire, s’exprimer en ces termes : « J’atteste, sur ma tête, que jamais, absolument jamais, je n’ai eu avec le Château la plus légère correspondance ; que jamais, absolument jamais, je n’ai mis les pieds au Château. » Voilà qui est formel.

1049. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

« Continuez vos ouvrages, lui écrivait l’abbé Galiani ; c’est une preuve d’attachement à la vie que de composer des livres. » Avec un corps détruit et une santé en ruine, elle eut l’art de vivre ainsi jusqu’à la fin, de disputer pied à pied les restes de sa pénible existence, et d’en tirer parti pour ce qui l’entourait, avec affection et avec grâce.

1050. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Les princes y venaient en simples particuliers ; les ambassadeurs n’en bougeaient dès qu’ils y avaient pied. […] Mme de Tencin appelait les gens d’esprit de son monde ses bêtes ; Mme Geoffrin continuait un peu de les traiter sur le même pied et à la baguette.

1051. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

La tête de Psyché devrait être penchée vers l’Amour, le reste de son corps porté en arrière, comme il est lorsqu’on s’avance vers un lieu où l’on craint d’entrer, et dont on est prêt à s’enfuir ; un pied posé, et l’autre effleurant la terre. […] Aussi par moments, quand vous lui voyez au front un reflet du rayon de Platon, ne vous y fiez pas, regardez bien, il y a toujours un pied du satyre.

1052. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Elle revint à son quartier du Marais, et là, entourée d’amis, vivant à sa guise, mais avertie par l’air du dehors et par l’influence régnante de Louis XIV, elle rangea sa vie, elle la réduisit petit à petit sur le pied véritablement honorable où on la vit finir, et qui a pu faire dire au sévère Saint-Simon : Ninon eut des amis illustres de toutes les sortes, et eut tant d’esprit qu’elle se les conserva tous, et qu’elle les tint unis entre eux, ou pour le moins sans le moindre bruit. […] Et Mme de Maintenon, très liée dans sa jeunesse avec Ninon, mais déjà en pied à la Cour et dans la plus haute faveur, lui écrivait, en lui recommandant son frère (Versailles, novembre 1679) : « Continuez, mademoiselle, à donner de bons conseils à M. d’Aubigné ; il a bien besoin des levons de Leontium 18.

1053. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Ce gros amoureux, appelé sir Marmaduke, avait formé un projet des plus galants : « C’est dans quinze jours les courses d’Ipswich, écrivait miss Marianne à Lauzun ; il a fait faire une coupe d’or plus lourde que moi, qui sera gagnée par un cheval qui lui a coûté deux mille louis. » Il ne demandait que la faveur de mettre la coupe d’or aux pieds de sa belle. […] On lui donna la coupe ; il la porta à miss Marianne en y mettant un petit billet tout préparé à l’avance, qui disait : « Sir Marmaduke étant arrivé un instant trop tard, permettez-moi de suivre ses intentions et de mettre la coupe à vos pieds. » Miss Marianne reconnaissait l’écriture de Lauzun et disait : « Il est charmant ! 

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