. — Impressions d’une femme, pensées, sentiments et portraits (1867). — Tablettes d’une femme pendant la Commune (1872). — Les Militantes, poésies (1876). — Le Long de la vie, nouvelles impressions (1876).
C’est que le choix du moment est vicieux ; il fallait prendre celui où cette femme altière déterminée à tromper l’orgueil romain qui la destinait à orner un triomphe, se découvre la gorge, sourit au serpent, mais de ce souris dédaigneux qui retombe sur le vainqueur auquel elle va échapper et se fait mordre le sein. […] Le choix du moment où elle expire ne donne point une Cleopatre, il ne donne qu’une femme expirante de la morsure d’un serpent.
Henriette d’Angleterre Madame de La Fayette, Histoire de Madame Henriette d’Angleterre, première femme de Philippe de France, duc d’Orléans, publiée par feu A. […] C’est une Histoire de Madame Henriette d’Angleterre, première femme de Philippe de France, duc d’Orléans 4, par madame de La Fayette.
Une femme avait trompé vingt fois son amant. […] Voilà une position difficile à enlever, une vraie femme à triple enceinte, une femme devant laquelle on peut rester dix ans, comme devant Troie ! […] Époux fidèle, il serait amant monstrueux ; amant persistant, il tuera sa femme. […] Il veut revenir à sa femme qu’il n’a cessé d’aimer, il ne reverra plus la Malagaise. […] Le Hardouey vient de se venger : il croit que sa femme a été la maîtresse du prêtre.
» La femme, avec son sourire et son indulgence, revenait donc à temps pour adoucir ce que la noble vierge féodale paraît avoir de trop rigoureuse austérité. […] Nevers m’ennuyait avec son petit monde, ses petites femmes, ses grands dîners, toilettes, visites et autres ennuis sans compensation. […] Dieu soit béni d’aujourd’hui de ce que j’apprends de ton sommeil, de ton appétit, de cette promenade aux Champs-Élysées avec Caro (sa femme Caroline), ton ange conducteur ! […] Ta berceuse est venue, la pauvre femme, toute larmes, et portant gâteaux et figues que tu aurais mangés. […] Cette femme, cette berceuse qui t’a veillé et tenu un an malade sur ses genoux, m’a porté plus de douleur que n’eût fait un drap mortuaire.
Mais pour ce qui est des collaborateurs littéraires, Buffon s’en était pourvu, et il eut auprès de lui son école descriptive dans les Gueneau de Montbéliard, mari et femme, et dans l’abbé Bexon. […] Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ? […] Puis, quand ce fils est marié à une jeune femme, qui paraît d’abord douée de simplicité et de candeur, mais qui bientôt s’émancipe et devient la maîtresse avouée d’un prince du sang, colonel du régiment dans lequel le jeune mari était alors capitaine, quelle noble lettre du père à son fils, au premier éclat qui lui en arrive, quelle suite rigide de prescriptions sans réplique ! […] Vous savez qu’il doit remettre quinze cents francs dans ce même temps à feu votre femme. […] Les mœurs privées, sur l’article des femmes, ne paraissent pas avoir été le beau côté de Buffon.
M. de Muralt disait encore, à propos des séances solennelles de l’Académie française et des discours de réception qui étaient dans leur première vogue en ce temps-là ; — mais, pour mieux faire apprécier le piquant de ce passage, il faut voir comme il l’amène et l’introduit : En France, les femmes surtout sont à plaindre, du moins les femmes raisonnables. La plupart des hommes croiraient ne savoir pas vivre s’ils les entretenaient naturellement et d’autre chose que d’elles-mêmes ; il leur paraît que de ne pas dire à une femme, du moins de temps en temps, qu’elle est belle et qu’elle a de l’esprit, ce serait lui faire entendre que la beauté et l’esprit lui manquent. Mais les femmes ont de quoi se consoler, en ce que les hommes font la même chose entre eux et se traitent en femmes les uns les autres : ils font entrer des louanges ou, pour me servir de leur terme, des choses obligeantes dans tout ce qu’ils se disent.
Ils sont esclaves des femmes, et néanmoins étrangers aux sentiments profonds et durables du cœur. […] Les Maures établis en Espagne empruntaient de la chevalerie, dans leurs romans, son culte pour les femmes ; ce culte n’était point dans les mœurs nationales de l’Orient. […] C’est le même caractère d’invention et de merveilleux ; l’esprit de chevalerie et la liberté accordée aux femmes dans le Nord font la seule différence du Boyard et des Mille et une Nuits. […] Si quelques passions profondes ne s’étaient pas conservées dans le Nord, sous cette atmosphère nébuleuse où la force de l’âme entretient seule la vie, les femmes n’auraient apporté dans l’existence des hommes qu’une galanterie flatteuse et recherchée qui aurait fini par étouffer pour toujours la simplicité des sentiments naturels. […] La belle femme expire, et l’on dirait qu’elle dort.
La France répresentée sous une figure de femme, le Tibre répresenté sous une figure d’homme couché, et la calomnie sous une figure de satire, sont des personnages allegoriques. […] La France répresentée par une femme la couronne fermée en tête, le sceptre à la main et couverte d’un manteau bleu semé de fleurs de lys d’or : le Tibre répresenté par une figure d’homme couché, aïant à ses pieds une louve qui allaite deux enfans, sont des personnages allegoriques inventez depuis long-tems et que tout le monde reconnoît pour ce qu’ils sont. […] On reconnoît les seigneurs et les femmes de condition qui l’accompagnerent ou qui la reçurent. […] Je suis encore persuadé que le magnifique tableau qui répresente l’accouchement de Marie De Medicis plairoit davantage, si Rubens au lieu du genie et des autres figures allegoriques, qui entrent dans l’action du tableau, y avoit fait paroître celles des femmes de ce tems-là qui pouvoient assister aux couches de la reine. […] Une femme qui répresente l’Espagne et qui s’annonce suffisamment par son lyon et par ses autres attributs, veut arrêter le char du roi en saisissant les guides.
Ils ne s’embarrassent pas de savoir si le roman doit être lu par des hommes ou des femmes mariés, des grand-mères, des célibataires déjà très mûrs, et si de tels lecteurs s’intéresseront à des lectures édifiantes sans doute, mais puériles ; ils exigent que le roman soit invariablement écrit pour Marguerite qui a quinze ans, ou pour Madeleine qui en a dix-sept. […] Il a écrit pour des hommes et des femmes qui peuvent pénétrer et compléter son idée, deviner les sous-entendus, peser les mots, et faire à côté de l’œuvre du maître ce qu’on pourrait nommer l’œuvre du lecteur. […] Ils pressentent, ils voient d’avance qu’à un tout petit passage qu’ils écrivent avec plus d’émotion, où ils mettent un peu plus de leur âme, le livre se fermera entre les mains pieuses d’un homme ou d’une femme, et qu’il y aura de longs rêves autour d’une seule ligne, comme on voit d’une seule graine s’élever et s’épanouir tout un buisson en fleur. […] La parcelle d’univers où nous vivons et que nous n’avons pas faite influe sur nous, et aussi l’entourage immédiat que nous nous sommes donné : notre maison, les objets dont elle est ornée, les ombres habituelles de ses murailles et les clartés de ses fenêtres, le bruit encore avec lequel la vie nous berce, bruit de la rue et de la place, murmure des eaux, murmure du vent, voix d’enfants, voix de femmes, voix chères dont les mots ne parviennent pas toujours à l’oreille, dont l’accent va toujours au cœur, bourdonnement du travail dans l’atelier voisin, silence même de la nuit, où passe l’accord de mille bruits apaisés et confus. […] Mais une femme ou un homme instruit, habitué à raisonner, ne s’en tiendra pas là.
Emprisonnées dans ces phrases à queue, les idées semblent roides ; on croit voir des femmes serrées dans des corsages carrés, bardées de collerettes immenses, appesanties par la multitude des plis de leurs robes massives, et faisant la révérence avec la majesté mathématique d’un poteau. […] Établissons, s’est-il dit, par une argumentation irréfragable, que Mme de Longueville fut la plus belle des femmes. […] Après les hommes, « consultons les femmes. » D’abord, Mme de Motteville, puis la Grande Mademoiselle, puis Mlle de Vandy. […] Nous préferons mille foisl’opprobre dont elles essayent en vain de se couvrir, à la vaine considération qui a entouré dans une cour dégénérée Mme Scarron, devenue en secret la femme de Louis XIV. […] Le prêtre, la femme et la famille, par J.
L’éloge de ces nobles femmes n’est plus à faire. […] il peint toujours la même femme ? […] Au fond, depuis l’École des femmes jusqu’aux Femmes savantes, la philosophie de Molière n’a pas varié sur ce point. […] Mais Rabelais n’écrivait pas pour les femmes, et surtout il n’écrivait pas aux femmes. […] En effet, le crime de la femme adultère, c’est la violation de la foi conjugale, mais la foi conjugale ne s’échange entre l’homme et la femme que pour assurer la perpétuité de la famille.
C’était Alexandre, le fils de Mme C., femme du peintre de batailles. […] Sur le devant d’une des charrettes était une jeune et belle femme. […] Le Romulus, l’un des écuyers et quelques femmes de ce tableau étaient peints, mais l’Hersilie restait encore inachevée. […] Le sujet était Cimon l’Athénien faisant embarquer les femmes et les enfants pour les soustraire aux horreurs d’un siège. […] Le major, la femme de Basseville, et Moutte le banquier, se sauvent par miracle.
Barrès, on voit une jeune femme autour d’un jeune homme. […] Pigeon n’a rien publié depuis Femme jalouse. […] Léon Tyssandier (La Première Passion, La Femme du préfet). […] Contes pour les femmes, La Couronne de bleuets, Les Grandes Dames, Les Comédiens sans le savoir, etc. […] Ainsi Mademoiselle Giraud, ma femme.
L’équivalent de cette expression n’est point connu en Asie, où les femmes sont moins reines. […] Cet ajustement, cet ouvrage, cette femme, a de la grace. […] Cette femme a des graces dans son maintien, dans ce qu’elle dit, dans ce qu’elle fait. […] Les hommes pardonnent quelquefois aux femmes d’être hautaines, parce qu’ils leur passent tout ; mais les autres femmes ne leur pardonnent pas. […] C’est un Candaule qui montre sa femme toute nue à son ami Gigès ; c’est cette femme, qui par modestie, ne laisse à Gigès que le choix de tuer son mari, d’épouser la veuve, ou de périr.
Il avoit deux passions qui dévoroient tout, l’amour de la table & celui des femmes. […] tu n’as qu’à me les donner à moi, je t’épouse, & nous voilà quitte à quitte ; & la Blanchisseuse est devenue sa femme ».
Les poètes, les écrivains, les amis particuliers de madame Victor Hugo, ont eu l’idée de faire magnifiquement relier, pour elle, le volume de poésies de son mari, d’insérer dans ce volume quelques pages blanches, de couvrir ces pages blanches de leurs noms, et de quelques lignes de prose ou de vers attestant leur souvenir et leur affection pour cette illustre et vertueuse femme. […] — Que vas-tu nous servir, ô femme de douleurs ?
C’est qu’elle était profondément à plaindre, comme toutes les femmes de ce siècle turbulent. […] Amour, instincts, tout ce qu’il y avait de tendre et de passionné dans la femme s’était concentré dans le sentiment maternel. […] Julienne, la jeune fille qui devait venger la femme russe, assez maltraitée jusque-là, traverse la scène comme une ombre ; à peine née, elle échappe aux mains de Gogol ; il n’a jamais su créer une figure de femme attrayante, c’est la grande lacune de son œuvre. […] Cela explique peut-être pourquoi les biographes n’ont trouvé dans sa vie aucune trace du passage d’une femme ; et l’on comprend ensuite l’absence de la femme dans son œuvre. […] Passons aux femmes de la même classe.
Je rentrai chez moi, maudissant les salons, les femmes, les journalistes, et tout ce qui ne voulait pas la République à la vie et à la mort. […] Mais ce qui me frappe chez lui, à le bien voir et à le regarder sous le masque, ce qui est caractéristique et à noter, c’est l’influence qu’eurent les femmes sur sa conduite politique. […] Mais si une de ces passions, telle que la faiblesse pour les femmes, agit essentiellement sur sa conduite publique, il ressemble à un général qui modifierait son plan de campagne par égard pour sa belle ; il aime quelque chose de plus que son métier ; il n’est pas respectable, il n’est pas grand. […] Sa grande faute en 1815, cet article exalté du 19 mars, ce fut une femme, Mme Récamier, qui le lui fit faire ; et quand plus tard il dut s’excuser devant les royalistes accusateurs de s’être rallié à Napoléon, il eut à donner de bien bonnes raisons sans doute, les principes supérieurs aux hommes, la nation avant tout, la France à la veille d’une invasion, la nécessité alors pour tous les patriotes de se rallier à un grand général en présence de l’étranger ; mais par malheur, une autre femme (Mme de Staël), à la suite de laquelle il avait fui la France quelques années auparavant, était cause qu’il avait écrit cette autre phrase également exaltée et si antifrançaise, datée en effet de Hanovre ou du quartier général de Bernadotte, le 31 décembre 1813 : « Les flammes de Moscou ont été l’aurore de la liberté du monde. […] Tous deux laissent prendre dans leur vie publique une trop grande part, et trop visible, à l’influence des femmes ; mais Chateaubriand, tout en y cédant, les dévore, et Benjamin Constant, des deux, est le plus entraîné et le plus mené.
La jeune femme du général avait résolu d’y suivre son mari et de partager toutes ses fortunes. […] Une immense population couvrait l’Alhambra et la vaste promenade de l’Alameda, qui la sépare de Grenade ; hommes, femmes, enfants nous demandaient avec acharnement. […] Il se plut particulièrement à figurer une jeune femme se balançant sur un fauteuil et élevant dans ses bras son jeune nourrisson qui se penchai vers elle. […] Il aimait sa jeune femme, qui devait elle-même mourir de sa mort. « Je ne souffre que pour elle » : c’étaient par moments les seuls mots qu’il pût prononcer. […] Cette généreuse femme rendait ainsi le bien pour le mal, et peut-être aussi entendait-elle remercier par là ce chef d’avoir empêché, au moment de la capture, le massacre de son mari.
La décadence, c’est Sardanapale allumant le brasier au milieu de ses femmes, c’est Sénèque s’ouvrant les veines en déclamant des vers, c’est Pétrone masquant de fleurs son agonie. […] Imaginez la stupeur de Joseph Prudhomme lisant des aphorismes de cette envergure : — « Le plus sûr moyen de se faire mépriser d’une femme, c’est de lui donner de l’argent. […] Mais non, mon cher Parisis, c’est au contraire honteux ; vous prouvez par là que les journalistes sont des êtres inférieurs qui ne savent pas manier les femmes. […] Le travail n’a pas de sexe, et plus les femmes en font, moins il en reste pour les hommes. […] Car de glaces, ô Femme impure !
Alors toutes les femmes étaient belles, charmantes, désirables : la France entière avait les yeux et le tempérament de Chérubin : elle adorait Rosine, elle aurait aimé Marceline. « Pourquoi non ? — s’écrie le page ; — elle est femme, elle est fille ; une femme ! […] Croyant faire peur à l’amour, Tu n’étais qu’une enfant, ma soeur, jusqu’à ce jour, Tu viens, en un instant, de faire un pas immense, Car c’est à la pudeur que la femme commence, Et la pudeur, au fond, n’est que le sentiment Qu’un homme peut nous voir avec des yeux d’amant. […] Le vers se ressent de cette indécision générale : il flâne d’A quoi rêvent les jeunes filles, aux Femmes savantes picorant ici et là une rime, un tour, une vieillerie de langage, une coquetterie de mots, une perle ou un grain de mil. […] Et il dit vrai : l’amour et l’amitié se rencontrant aux pieds d’une femme, c’est le lion et l’agneau qui viennent boire à l’onde de la même source : l’un mangera l’autre ; et l’histoire naturelle est là pour vous dire que le mangeur ne sera ni l’amitié ni l’agneau.
Cette fée, si longtemps lutine, se trouve être, assure-t-on, l’un des plus dévoués des cœurs de femme. […] Ce livre, traduit en français par une femme de mérite qui s’est dérobée sous le pseudonyme de Sébastien Albin, est un des plus curieux et des plus propres à nous faire pénétrer dans les différences qui séparent le génie allemand du nôtre. […] Ne croirait-on pas vraiment entendre, non la femme d’un bourgeois de Francfort, mais l’épouse d’un sénateur romain, une impératrice romaine ou Cornélie ? […] Le soir de ce jour-là ou le lendemain, Bettina revit Goethe chez Wieland, et, comme elle faisait la jalouse d’un bouquet de violettes qu’il tenait à la main et qu’elle supposait qu’une femme lui avait donné, il le lui jeta en disant : « Ne peux-tu te contenter que je te les donne ? […] Goethe, un jour qu’il s’était longtemps promené avec Bettina dans le parc de Weimar, la comparait à la femme grecque de Mantinée, qui donnait des leçons d’amour à Socrate, et il ajoutait : « Tu ne prononces pas une seule parole sensée, mais ta folie instruit plus que la sagesse de la Grecque. » Que pourrions-nous ajouter à un tel jugement ?
Je ne sais pas de plus joli tableau d’intérieur que celui qu’il trace de cette famille patriarcale et de ses joies du coin du feu : Ajoutez au ménage trois sœurs de mon aïeule, et la sœur de ma mère, cette tante qui m’est restée ; c’était au milieu de ces femmes et d’un essaim d’enfants, que mon père se trouvait seul : avec très peu de bien tout cela subsistait. […] Le troupeau de la bergerie de Saint-Thomas habillait de sa laine tantôt les femmes et tantôt les enfants ; mes tantes la filaient ; elles filaient aussi le chanvre du champ qui nous donnait du linge ; et les soirées où, à la lueur d’une lampe qu’alimentait l’huile de nos noyers, la jeunesse du voisinage venait teiller avec nous ce beau chanvre, formaient un tableau ravissant. […] La plus sobre des femmes nous rendait tous gourmands. […] Il fut du premier jour à la mode : les financiers fastueux qui se piquaient de goût, tels que M. de La Popelinière, ne voulurent plus qu’il quittât leur salon, et les femmes qui se piquaient d’aimer la gloire, telle que Mlle Navarre, le voulurent à l’instant dans leur alcôve. […] Il épousa une jeune et jolie nièce de l’abbé Morellet : il avait cinquante-quatre ans, ce qui ne l’effraya point ; il était très amoureux de sa femme, et il se livra avec délices à cette vie de famille pour laquelle il était fait72.
Plus tard, il envia à Ali pacha un lion magnifique, qu’il dit dans ses Mémoires avoir été, avec un ou deux paysages et autant de femmes, une des cinq à six choses absolument belles qu’il eût jamais vues. […] Cet infidèle, qui posa plus en libertin qu’il ne le fut, n’aima pourtant jamais, jamais, qu’une seule femme, et ce fut la sienne, et par l’unique raison que celle-là était plus orgueilleuse que lui ! […] Child-Harold lui-même, qui a soupiré pour beaucoup de femmes, n’en a aimé qu’une. […] Très différent de son prototype, il n’aime qu’une femme à la fois, et s’il la quitte, c’est par nécessité, non par caprice. » Dans la vie, M. […] Seulement les femmes qu’il a aimées ne nous le diront pas !
Et avec cela, comme au siècle précédent, la conversation, où toute matière était touchée, où, devant les femmes et par elles, jamais avec pesanteur, parfois avec profondeur, étaient agitées les plus sérieuses questions de morale et de religion, de politique et d’économie. […] Aussi voyait-on autrefois que des femmes à qui l’on n’avait appris que le catéchisme et des révérences, des gentilshommes qui ne savaient que danser et se battre, mettaient fort mal l’orthographe, mais avaient plus d’idées et un meilleur style que bien des académiciens de notre temps. […] Aussi, hors de l’école, hommes ou femmes, on ne lit guère en France.
» L’influence de Schopenhauer se marque dans certaines boutades sur les femmes et dans certains aphorismes sur la vie, dénués d’optimisme. On reprend le mot sceptique de Voltaire : « Quand on est aimé d’une jolie femme, on se tire toujours d’affaire », mais on épingle à côté cette pensée de Joubert qui va devenir l’évangile symboliste : « Les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des sons ou des parfums. » La querelle des idéalistes et des réalistes s’y poursuit. […] Nous aurons le cabotinage de lettres, le Chat Noir, les cabarets artistiques de Montmartre, la poésie d’estrade contre laquelle s’élèvera Jules Laforgue : J’ai vu des poètes infâmes Dire des vers sur des tréteaux Dans un bouge aux noirs escabeaux Parmi la puanteur des femmes.
Cette femme, de beaucoup d’esprit & de mérite, se prit, dit-on, de passion pour l’homme qui avoit le plus de génie. […] Bayle vouloit se fixer en France ; mais l’amour d’une femme l’emporta sur celui de la patrie. […] Cet homme s’élève, avec chaleur, contre l’histoire imaginaire des amours d’une femme très-aimable avec celui qu’il appelle un sçavant, dans toute l’étendue du mot, un sçavant triste, pesant, sans graces & sans usage du monde.
Aussi Tertullien dit-il, que ce geste étoit aussi séduisant que le discours du serpent qui tenta la premiere femme. […] Qu’on se figure le vieillard, l’enfant, la femme, et le jeune homme des choeurs témoignans, ou leur joïe ou leur affliction ou leurs autres passions, par des démonstrations propres et particulieres à leur âge comme à leur sexe. […] Aussi voïons nous qu’un des choeurs d’Eschile fit accoucher plusieurs femmes grosses dans le théatre d’Athénes.
Les femmes qui étaient là, imbéciles de tout excepté de beauté physique, ces femmes qui n’avaient guères plus d’esprit que des pêches et plus de cœur que des ananas, sentaient leurs pulpes traversées. […] Plus heureuse que celle de Cléopâtre, car c’était pour elle le danger, nulle femme ne l’a avalée.
Est-ce que cette femme était à toi seul ? […] Et sa main pressa passionnément la main de la jeune femme. […] Une femme étire ses membres maigres, frotte son échine où saillent les vertèbres. […] Est-ce une femme qui se coiffe ? […] De femmes, dites-vous ; et c’est contre quoi l’on proteste.
Julie était de ces femmes-là. Le jeune homme enthousiaste et la jeune femme se sentirent attirés l’un vers l’autre. […] Notre bourgeois a un attachement solide pour sa femme. […] n’insultez jamais une femme qui tombe . […] Et voilà comment se conduit une honnête femme.
Et pourtant ces souvenirs des commencements doivent être pleins de pureté et de charme, lorsque le prisonnier de Joux, jouissant d’une demi-liberté, venait à Pontarlier chez le vieux marquis de Mounier dont la maison lui était ouverte, lorsqu’il racontait devant lui et sa jeune femme les malheurs et les fautes qui l’avaient conduit là, et qu’elle, comme Desdemona aux récits d’Othello, comme Didon aux récits d’Énée, comme toutes les femmes qui écoutent longuement des exploits ou des malheurs, pleurait et l’aimait pour ce qu’il avait fait et subi, pour ce qu’il avait souffert. […] Je sais que je suis, à les en croire, le Néron du siècle ; que les femmes veulent me traiter comme Orphée, et les avocats comme Romulus ; mais que m’importe ? […] Volney n’a que de la mauvaise emphase littéraire, lui qui avait fait déjà l’excellent Voyage en Syrie ; Roland est un zéro dont sa femme est le chiffre, chiffre qui, selon moi, eût couru risque de valoir dix fois moins sans l’honnête zéro. […] ici, chair palpitante et solide, musculeuse et colorée sans excès ; là, tout nerf, là, toute flamme ; parfois semblable à une eau vive et limpide qui court, parfois à une robe de femme qui se déploie ; tour à tour rayon de lune ou ambroisie ! […] Lerminier a dit en parlant de Mme Roland : « Cette femme de génie “assujettie à un homme médiocre.”
Une femme belle et célèbre du temps m’a raconté bien souvent toutes les démarches de ces amis de l’écrivain pour faire pardonner, cet acte d’opposition, et pour obtenir de Bonaparte un poste supérieur à l’ambassade de Sion. […] Il en fut de même à l’époque de sa réception à l’Académie française ; j’ai lu ce discours dans lequel il loue en termes magnifiques, en commençant, le nouveau César et la nouvelle impératrice, femme, fille des Césars ; il se refusa seulement à louer le régicide ou à l’amnistier dans la personne de Chénier qu’il avait à remplacer, et à raturer quelques phrases à double sens sur Tacite. […] Sa vieillesse avait été morose, désenchantée de poésie, hors l’amitié pieuse d’une femme dévouée à sa gloire quand même, et au culte de quelques rares amis, parmi lesquels quelques spirituels observateurs qui affectaient la tendresse et qui prenaient mesure de ses faiblesses. […] La faute première en est à Euripide, grand ennemi des femmes : pour moi, je m’attache à sa jeunesse, à son unique amour, à sa primitive innocence ; sa passion m’attendrit beaucoup plus que celle de Phèdre, car elle est bien moins coupable. […] Cette Médée, redoutable patronne de notre village, fait encore trembler nos femmes du peuple sous la terreur de ses noirs enchantements ; voyons comment va s’y prendre notre maître pour nous inspirer envers elle des sentiments plus doux.
Politien, son ami, le décrit comme un homme d’une beauté accomplie : taille élevée, constitution solide et souple, force à la lutte, habileté à manier les coursiers, bravoure modèle, goût de tous les arts, passion pour la poésie, grâce pour les femmes, discrétion dans ses amours, tel fut son éloge ratifié par son temps. […] Son maître et son ami, Laurent de Médicis, le voyant en disgrâce auprès de sa femme Clarisse, l’envoya résider à Pistoja, auprès de ses enfants ; puis à Caffagiolo, maison des champs de Côme, son père. […] Il adorait les femmes, mais il respectait son épouse ; trois fils et quatre filles composaient cette famille. […] XV La femme de Laurent, Clarisse Orsini, mère vertueuse de ses fils, charme de sa vie, mourut alors, en 1488. […] s’écrie cette femme énergique en montrant son sein à la multitude ; il me reste des sens capables d’en avoir d’autres. » On vint à son secours, et sa générosité courageuse sauva sa patrie et ses jeunes fils.
Un ami s’étant épanché un jour auprès de moi, je résumai ses confidences, en le reconduisant, de la façon suivante : « Vous vous aimez, votre femme et vous, dans les enfants que vous auriez voulu avoir. » Il me dit : « C’est cela même. » Cet homme-là n’avait pas seulement l’amour conjugal, il avait l’amour domestique. […] C’est très curieux à voir dans les choses charmantes qu’il dit aux femmes. […] Je vais vous donner de petits exemples de cette manière charmante dont La Fontaine parle aux femmes et qui est révélatrice d’une absence complète de sentiments profonds. Voici, par exemple, ce qu’il dit à Mme de La Sablière, qui, je vous en avertis, est certainement la femme qu’il a aimée le plus. […] C’était une toute jeune femme à cette époque, à l’époque du poème d’Adonis.
Cependant le mari averti congédie le précepteur et emmène sa femme à la campagne. Mais le précepteur l’y rejoint, ou plutôt la femme trouve moyen de l’y ressaisir. […] Il graisse les gonds de la porte de la vieille tour et, quand la femme y pénètre, la porte se referme sur elle. […] Depuis sa femme est morte, et il s’est retiré, riche de 300,000 francs, aux environs de Paris. […] Le romantisme avait peut-être peint les hommes et les femmes plus beaux qu’ils ne le sont.
J’aime ce satyre à moitié ivre, qui semble avec ses lèvres humer et savourer encore le vin ; j’aime ses tréteaux rustiques ; ses enfants ; sa femme qui sourit et se plaît à l’achever. […] Est-ce que l’idée de ce tonneau percé par l’autre satyre ; ces jets de vin qui tombent dans la bouche de ses petits enfants étendus à terre sur la paille ; ces enfants gras et potelés ; cette femme qui se tient les côtés de rire de la manière dont son mari allaite ses enfants pendant son absence, ne vous plaît pas [?]
Hommes et femmes marchent avec un empressement frénétique. […] Le droit du mari à vendre sa femme s’est perpétué jusqu’à nos jours. […] Il faillit être assassiné pour une femme dont il était vivement aimé et dont il soutint jusqu’au bout la réputation et l’honneur. […] Roger Sterne se trouvait donc, pour prix de ses fatigues, jeté sur le pavé avec une femme et deux enfants ! […] Obligé d’y séjourner plus longtemps qu’il ne pensait, il écrit à sa fille et à sa femme de venir le rejoindre.
Les Femmes du Caire et les Nuits du Rhamadan marquent cette nouvelle période. […] — Quand l’âge est venu, un grand poète l’a dit, il ne faut revoir ni les opinions ni les femmes qu’on aimait à vingt ans. […] Les jeunes femmes adoraient Antony ; les jeunes gens se seraient brûlé la cervelle pour Adèle d’Hervey. […] Véron, mademoiselle Rachel, pensait à mettre l’art charmant de la bijouterie à la portée de toutes les femmes. […] Quoique dès lors elle eût passé l’âge qu’on appelle jeunesse pour les autres femmes, elle était de la plus étonnante beauté.
Dès lors la haine d’Atrée n’est plus une haine de frère, mais la vengeance d’un mari à qui on a enlevé sa femme. […] Il existe, pour ceux qui prisent les violentes secousses au théâtre, un genre de pièces où il n’est pas toujours prudent de conduire une femme grosse : c’est le mélodrame. […] La religion de Nérestan et de Lusignan interdit-elle à Zaïre d’être la femme d’un vainqueur généreux qui n’a voulu l’obtenir que d’elle-même ? […] Cideville, d’Argental et sa femme, Formont, d’Argens, madame du Châtelet, y ont contribué, ceux-ci par des additions, ceux-là par des retranchements. […] Toutes les qualités prenaient cette forme à ses yeux, même la douceur dans un caractère de femme.
Quand les furies d’Eschyle font leur entrée, les femmes avortent. […] La multitude est là en effet ; toute la multitude, y compris les femmes, les enfants et les esclaves, et Platon qui fronce le sourcil. […] Il est vrai qu’un des généraux était Cimon : circonstance atténuante aux yeux des uns, car Cimon a battu les Phéniciens, aggravante aux yeux des autres, car c’est ce Cimon qui, afin de sortir de la prison pour dettes, a vendu sa sœur Elphinie et, par-dessus le marché, sa femme, à Callias. […] Une femme qu’il avait aimée, Planesia, sœur de Chrysilla, maîtresse de Périclès, s’est déshonorée devant l’avenir par les outrages qu’elle adressa à Eschyle publiquement. […] Pour lui une reine, femme fidèle, est « la bonne chienne de la maison ».
Il n’est qu’une femme poëte pour assembler, concilier et faire accepter de tous un instant ces unions miraculeuses, pour associer les contrastes en nuances comme dans un rapide arc-en-ciel. […] Drouet a le feu sacré, le prosélytisme moral ; elle voudrait ramener les sceptiques, humaniser les croyants, réconcilier les ennemis ; elle est femme à faire embrasser le déiste et le clérical, l’homme du Coran et celui de l’Évangile, — que dis-je ? […] Et hier encore, une femme qui s’est révélée à elle-même et aux autres en ces tout derniers temps, Mme Ackermann, la docte solitaire de Nice, me donnait une fête de l’esprit en me récitant sa poésie philosophique, le Nuage, admirable d’expression et de couleur comme de vérité. […] A sa forme, on sentait la femme gracieuse ; On la saluait reine à son air froid et doux ; Et quand elle marchait, ombre silencieuse, Devinant la déesse, on tombait à genoux.
Lorsque les sorcières annoncent à Macbeth qu’il sera roi, lorsqu’elles reviennent lui répéter cette prédiction au moment où il hésite à suivre les sanglants conseils de sa femme, qui ne voit que c’est la lutte intérieure de l’ambition et de la vertu, que l’auteur a voulu représenter sous ces formes effrayantes ? […] Lorsque Othello proteste devant le sénat de Venise, que le seul art qu’il ait employé pour séduire Desdemona, c’est le récit des périls auxquels il avait été exposé46, comme ce qu’il dit est trouvé vrai par toutes les femmes ! […] Les mœurs d’Angleterre, par rapport à l’existence des femmes, n’étaient point encore formées du temps de Shakespeare ; les troubles politiques avaient empêché toutes les habitudes sociales. Le rang des femmes, dans les tragédies, était donc absolument livré à la volonté de l’auteur : aussi Shakespeare, en parlant d’elles, se sert, tantôt de la plus noble langue que puisse inspirer l’amour, tantôt du mauvais goût le plus populaire.
C’étoient des femmes, c’étoient des gens du monde moins lettrez, peut-être que ceux qui bâtissent à leur mode l’histoire de la réputation des grands poëtes, au lieu de la chercher dans les écrits qui en parlent. […] Les femmes comme les hommes, les ignorans comme les sçavans la lurent, et ils en jugerent par l’impression qu’elle faisoit sur eux. […] Ainsi ce fut l’impression que l’éneïde faisoit sur tout le monde, ce furent les larmes que les femmes verserent à sa lecture qui la firent approuver comme un poëme excellent. […] Les anciens ne doivent pas être plus responsables des puérilitez de ces commentateurs, qu’une belle femme doit être responsable des extravagances que la passion feroit faire à des adorateurs qu’elle ne connoîtroit pas.
Même son amour des femmes, qu’il a transmis, comme sa politique, à sa descendance si riche en bâtardises, son amour des femmes, cette gracieuse faiblesse que les femmes, qui travaillent à la gloire en France, ont la bonté de pardonner, a quelque chose d’égoïste, de superficiel et de grossier, qui devrait choquer davantage leurs instincts délicats et fiers ; mais on passe tout à ce gendarme ! À la mort de la duchesse de Beaufort, qu’il allait épouser quand elle mourut, le duc de Retz lui dit en riant qu’il était bien heureux, et que Dieu lui avait fait une fière grâce par cette mort, en lui épargnant une grande sottise, il en convint et se consola si bien qu’en trois semaines Mlle d’Entragues, une gaîté de femme !
Les femmes elles-mêmes trouveraient du plaisir dans cette érudition élégante et fringante, qui, pour les hommes, n’en est pas moins substantielle, — et qui est laite de tant de choses, comme un parfum est fait de mille fleurs. […] Les femmes, qui expriment mieux que les hommes l’imagination religieuse d’une race, les femmes, « très pieuses à leurs dieux » dans cette époque de dévotion universelle, allaient à Isis et à Cybèle sans cesser d’aller à Junon et à Diane, comme, plus tard, elles devaient aller à Jésus… Seulement, il ne faut pas oublier de marquer ce que l’auteur de La Religion romaine oublie : c’est qu’une fois à Jésus, elles ne revenaient pas à Junon et à Diane, et que Junon et Diane ne leur avaient jamais fait faire ce que le Christianisme, qu’on veut diminuer en l’expliquant, leur fit faire, en raison de deux choses que ne connaissaient pas ces misérables religions anciennes : l’absolu de son dogme et le péremptoire de sa loi. […] Ainsi que les femmes, les esclaves, qui étaient de l’Orient en grand nombre, aimaient les religions orientales, qui leur rappelaient la patrie.
Il a cela qu’il est passionné, qu’il est éloquent, qu’il connaît la vie, qu’il l’a pénétrée et qu’il sait la faire jouer dans la moindre des facettes de ses œuvres les plus courtes ; de ces œuvres qui ressemblent souvent à des bagues et à des bijoux de femme, pour le travail dans l’exiguïté. […] car par la torsion, l’entortillement, les souplesses changeantes et infinies, Gozlan est femme et il est couleuvre. […] Mais, disons-le, tout cela, si étonnant que ce puisse être, si produisant sur nous l’effet que les bijoux dont elles raffolent produisent sur les femmes, ne serait, après tout, rien de plus que le flamboyant écrin d’un Juif d’Orient venu à la foire de Beaucaire, si derrière toutes les ciselures et les pierreries de cette forme travaillée, exaspérée, diabolisée, qui est celle de Gozlan, il n’y avait pas la réalité toute-puissante, qui n’est plus de l’Orient, mais de l’Occident, et surtout de l’Occident-France, — et qui s’appelle dans ce pays-là simplement « l’esprit » ! […] Ni l’histoire de ces Cent trente femmes, inouïe, magnifique d’expression et de terreur ici et là, mais coupée à chaque instant par les platitudes d’un récit officiel de journal anglais, qui devrait être écarté s’il est vrai et qui n’aurait pas dû être inventé s’il est faux.
Dès le début, Saint-Simon fils d’un père antique, et, sous sa jeune mine, un peu antique lui-même, n’a pas de goût vif pour les femmes, pour le jeu, le vin et les autres plaisirs : mais il est glorieux ; il tient au vieux culte ; il se fait un idéal de vertu patriotique qu’il combine avec son orgueil personnel et ses préjugés de rang. […] Et quand il aura à peindre des femmes, il a de ces grâces légères, de ces images et de ces suavités primitives, presque homériques (voir le portrait de la duchesse de Bourgogne), que les peintres de femmes proprement dits, les malicieux et coquets Hamilton n’égalent pas. […] Saint-Simon a parlé en bien des endroits de sa femme, et toujours avec un sentiment touchant de respect et d’affection, l’opposant à tant d’autres femmes ou inutiles ou ambitieuses quand elles sont capables, et la louant en termes charmants de « la perfection d’un sens exquis et juste en tout, mais doux et tranquille, et qui, loin de faire apercevoir ce qu’il vaut, semble toujours l’ignorer soi-même, avec une uniformité de toute la vie de modestie, d’agrément et de vertu ». On a de Saint-Simon et de sa femme vers cette époque de leur mariage, deux beaux portraits par Rigaud, que possède M. le duc actuel de Saint-Simon. […] Sa liaison particulière avec les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, avec celui-ci surtout, « sans qui il ne faisait rien, ne le confinait pas de ce côté, et il l’a dit très joliment en faisant le portrait de l’abbé de Polignac, l’aimable et brillant séducteur dont ils furent les dupes : « Malheureusement pour moi, la charité ne me tenoit pas renfermé dans une bouteille comme les deux ducs. » Il rayonnait dans tous les sens, avait des ouvertures sur les cabales les plus opposées, et par amis, femmes jeunes ou vieilles, ou même valets, était tenu au courant, jour par jour, de tout ce qui se passait en plus d’une sphère.
L’Allemand théologien et féodal se cantonne docilement, fidèlement sous ses petits princes, par patience naturelle et par loyauté héréditaire, occupé de sa femme et de son ménage, content d’avoir conquis la liberté religieuse, attardé par la lourdeur de son tempérament dans la grosse vie corporelle, et dans le respect inerte de l’ordre établi. […] Dans les moyennes, l’homme s’excède de travail pour donner à sa femme des robes trop voyantes et pour mettre dans sa maison les cent mille brimborions du demi-luxe. […] Il y en a dans le mariage, où l’homme règne incontesté, suivi par sa femme jusqu’au bout du monde, fidèlement attendu le soir, libre dans ses affaires qu’il ne communique pas. […] Vous verrez des paysages passés au sang de bœuf, des arbres qui crèvent la toile, des gazons qui semblent un pot de vert-perroquet répandu à terre, des Christs qui ont l’air d’être cuits et conservés dans l’huile, des cerfs expressifs, des chiens sentimentaux, des femmes nues auxquelles on souhaite aussitôt d’offrir une robe. […] D’ailleurs toutes les personnes convenables sont aux offices ; les bancs regorgent ; et ce ne sont pas les servantes, comme chez nous, les vieilles femmes, quelques rentiers assoupis, une volée de dames élégantes qui sont là ; ce sont des gens bien vêtus, ou du moins proprement habillés, et autant de gentlemen que de femmes.
Il osa s’attaquer à la femme du lieutenant du roi. […] Entre-temps, sa femme l’avait quitté. […] Sa femme l’avait dégoûté des précieuses. […] ce n’est pas une femme d’intérieur. […] Molière le permettait même aux femmes.
Malheureux est celui qui se fie à sa femme. […] La femme répond que les morts riaient. […] Femme, viens achever ce que j’ai commencé. […] Louis XIV y mena Jacques II, roi d’Angleterre, et sa femme. […] On était déjà loin du temps où les rôles de femmes avaient des hommes masqués pour interprètes.
Un beau rôle est celui de Tullie, femme de Brutus, qu’elle a quitté pour Tarquin Sextus, femme adultère et galante, insultée par son amant, son don Juan, son Ramon de Ramière, et morigénée alors en termes touchants et sévères par son mari. — Ce rôle a été senti, applaudi, avec une intelligence morale que l’auditoire semblait retrouver après tant d’excès et de fatuités dramatiques dont on l’a rassasié jusqu’au dégoût.
C’est l’homme, ici, qui a chanté comme aurait pu chanter la femme, et la femme, comme l’homme n’a pas chanté.
Hugues, Clovis (1851-1907) [Bibliographie] La Femme dans son état le plus intéressant (Marseille, 1870) […] En dehors des actualités sociales, les sujets qu’il préfère par contraste sont les plus doux : l’amour de la femme, la tendresse pour les enfants, et aussi la passion de la nature méridionale ensoleillée sous l’azur.
Segrais, qui, de l’aveu de tout le monde, & de Madame de la Fayette elle-même, avoit travaillé à la Princesse de Cléves, sans songer à s’en faire honneur, n’étoit pas capable d’adopter un Ouvrage, au préjudice d’une femme dont il se plaisoit à seconder les talens. […] Comment imaginer, après cela, qu’il ait eu la malhonnêteté de se donner pour l’Auteur d’un Ouvrage qu’il n’avoit pas fait, & sur-tout d’un Ouvrage composé par une femme dont le nom avoit paru à la tête d’autres Productions moins estimées & moins estimables, telles que la Princesse de Montpensier, les Mémoires de la Cour de France, & Henriette d’Angleterre ?
D’une autre part, ils n’étaient pas enclins aux exagérations, aux espérances, aux craintes sans objets, à la mobilité des idées et des sentiments, à la perpétuelle inconstance, qui n’est qu’un dégoût constant ; dispositions que nous acquérons dans la société des femmes. Les femmes, indépendamment de la passion directe qu’elles font naître chez les peuples modernes, influent encore sur les autres sentiments.
Belle, belle, sublime figure, ils disent même la plus belle, la plus parfaite figure de femme que les modernes aient faite. […] On a dit qu’une femme avait la gorge ferme comme le marbre ; celle-ci a la gorge élastique comme la chair.
Jeunes gourmantié de Bogandi (Cercle de Fada) : Fe YELBI Fe OURDlO Fe NASSA Fe KAMISSA SOUKO — Malinké, — femme d’Amadou Ly, interprète à Fada. Fe FATIMATA OAZI — Dyerma, — (ayant vécu longtemps chez les Haoussa) femme de l’interprète Samako Niembelé.
Les femmes, auxquelles on s’efforçait de plaire, n’entendaient pas le langage savant. […] Ce culte poétique pour la beauté ne souillait pas plus la femme vertueuse qui en était l’objet, qu’un chevalier ne souillait sa dame en en portant les couleurs et en lui consacrant ses exploits. […] Je ne m’en glorifie pas, car il n’y a point de gloire dans le hasard ; mais je m’en suis toujours félicité, car la poésie et la beauté ont été toujours à mes yeux les vraies noblesses des femmes. […] Le pape Mathéi était secrètement marié, quoique moine ; sa femme, qui lui avait permis de la quitter pour se faire cordelier, le réclama pour son époux dès qu’elle le vit sur le trône pontifical. […] Où trouvera-t-on une femme aussi accomplie ; des propos si sages, si mesurés, un maintien et des manières si honnêtes, une voix si charmante ?
Voilà donc ce féroce ennemi des rois, vivant de leurs débris et de leurs secours : un roi de France lui donne la vie, un roi d’Angleterre lui laisse ravir sa femme ; quelle logique ! […] Je consens pleinement à une séparation totale avec ma femme, et qu’elle ne porte plus mon nom. […] La comtesse, femme d’une vertu rigide et d’une piété mystique, représentait dans cette société le respect pour cette légitimité des reines qu’elle ne permettait pas même au soupçon d’effleurer. […] On venait les prendre de nuit, dans leur lit, à côté de leurs femmes, puis on les expédiait pour Livourne, où on les embarquait brutalement pour les îles Sainte-Marguerite. […] Charles-Édouard signait comte d’Albanie, et sa femme comtesse d’Albany.
Alors il allait par les rues de Florence, jetant des pierres aux femmes et aux enfants qui calomniaient son parti politique. […] Au seuil de la carrière, le cœur un moment lui manqua ; mais trois femmes bénies veillaient sur lui dans la cour du ciel. […] Je sais que j’ai une femme jeune et bien aimée, une charmante enfant, d’excellents frères, une seconde mère, beaucoup d’amis, une carrière honorable, des travaux conduits précisément au point où ils pouvaient servir de fondement à un ouvrage longtemps rêvé. […] Si je vendais mes livres pour en donner le prix aux pauvres ; si je consacrais le reste de ma vie à visiter les indigents ; seriez-vous satisfait, Seigneur, et me laisseriez-vous la douceur de vieillir auprès de ma femme et d’élever mon enfant ? […] Sa femme, son enfant, ses frères étaient là.
C’est la seule fois où on le surprend à dire un mot léger sur l’impératrice Catherine et sur l’inconvénient des femmes sur le trône : On leur prodigue des hommages, elles n’en font pas la distinction et les acceptent comme souveraines. — Ainsi la galanterie de Ségur, la piquante indifférence de Fitzherbert (l’ambassadeur d’Angleterre), qui n’en rendait sa petite louange que bien plus fine, ayant l’air de ne la laisser échapper qu’à regret ; la flatterie des uns, la courtisanerie des autres enivraient cette princesse. […] Tout en s’ennuyant de ne rien faire, le prince de Ligne a son quartier à Iassy ; il y voit les boyards et les femmes des boyards, les belles Moldaves, les indolentes Phanariotes, les Grecques à demi asiatiques qu’il décrit avec leur grâce, leur nonchaloir et leurs danses : « On se fait des mines, on se sépare presque, on se retient, on s’approche, je ne sais comment ; on se regarde, on s’entend, on se devine, on a l’air de s’aimer… Cette danse-là me paraît fort raisonnable. » On y voit les jolies femmes de Iassy recevant le ton de Constantinople et préoccupées de l’idéal de beauté turque, qui consiste à être grasse et à avoir du ventre. […] Je sais bien que la distance des temps peut l’avoir corrompue ; mais j’ai montré des traductions à des Grecs du faubourg de Péra, de l’Archipel, et à des femmes jolies et instruites des boyards à Iassy, sachant bien le français, parlant le grec vulgaire en conversation, mais entendant le littéraire de père en fils : ils m’ont tous assuré que c’était tout autre chose, et qu’il était plaisant de voir en France des querelles sur les anciens, qui, surtout en poésie, n’y sont pas entendus. […] Les femmes, la Cour, la ville, les gens d’affaires ne m’avaient pas trompé.
Je dois dire cependant que je crois que sa femme, qui est Française et dame très distinguée, fut pour beaucoup dans la détermination qu’il prit. […] On amena à Rome plus de deux cents habitants, hommes, femmes, enfants, tous plus ou moins brigands et complices. […] Installés au milieu de cette population, qui n’était pas tout entière enfermée au château Saint-Ange, ils y virent avant tout d’admirables modèles qui leur offraient la nature un peu sauvage, avec un caractère unique de grandiose et de dignité, surtout dans les femmes. […] Ayant visité à Venise le quartier des Juifs, il était frappé de leur caractère de tête et de leur expression : J’ai admiré, écrivait-il à un ami, des têtes superbes qui pourraient servir avec beaucoup de succès pour faire des physionomies d’un grand cachet ; je voyais des grands sacrificateurs, des prophètes, des Joseph, et, parmi les femmes, des Judith, des Rébecca, et même des Vierges. […] Les femmes manquent toujours leur vocation quand elles veulent sortir des soins du ménage, de l’aiguille et du fuseau. » Dans ces dispositions si naturelles et si sincères, on conçoit l’embarras de Léopold Robert pour mettre un éclair au front de sa Corinne idéale ; de guerre lasse, il s’en était tenu à copier, en l’arrangeant pour ce rôle, une des belles brigandes de Sonnino, lorsqu’il se décida enfin, pour plus de sécurité, à effacer de sa toile la fausse muse, et il y substitua selon son cœur un Improvisateur populaire, qu’il avait vu et bien vu de ses yeux (1822).
Il voyageait avec sa femme, ses officiers, ses affranchis, ses esclaves, en un mot ce que l’on appelait sa cohorte. […] La femme du consul veut se baigner. Le bain des femmes est mal orné, il ne lui convient pas. — « Je veux le bain des hommes, » dit-elle. […] Mais il leur faut du temps pour se rhabiller, et la femme du consul attend un instant à la porte des thermes. […] Au moment où cette belle jeune femme au regard sombre emmène avec elle son frère à cheval, fusil sur l’épaule, et sourit d’une joie maligne, on est comme miss Nevil, et un frisson vous prend : il semble qu’Orso soit ressaisi par la voix fanatique du sang, et qu’il entré sous l’influence barbare.
Abandonné à des écrivains amateurs, à des femmes, il se trouvait, au début du xviiie siècle, libre et souple, sans règles, à traditions multiples et flottantes, prêt à recevoir toutes les formes, à contenir toutes les pensées. […] Marianne est une petite personne, honnête d’instinct, fine d’esprit, sensible, vaniteuse, coquette : un type féminin, mais une femme. […] Elle nous explique par le menu, délicieusement, ce qu’il y a de rouerie native dans l’innocence d’une ingénue, et ce qui, dans une bonne nature, peut s’épanouir de férocité coquette : lisez la scène de la première messe où Marianne, en toilette, fixe l’admiration des hommes et la jalousie des femmes. […] C’est pis encore pour Jacob : les femmes font la fortune de ce laquais. […] Tout le roman est dans les révoltes de l’honneur chez l’homme, dans l’effort de la femme pour accorder l’amour et la coquetterie.
L’éloquence judiciaire est bien médiocre encore, bien verbeuse, bien prétentieuse, reflet tantôt pâle et tantôt criard des styles et des idées dont la littérature enivrait le public : et plutôt que de feuilleter les mémoires d’Élie de Beaumont, de Linguet, de Loyseau de Mauléon, des avocats de métier, on fera mieux de relire ce que Voltaire écrivit pour les Galas et ses autres protégés, ou les Mémoires de Beaumarchais, et les mémoires ou plaidoyers de Mirabeau dans le procès en séparation qu’il soutint contre sa femme : les écrits de ces avocats d’occasion sont les vrais chefs-d’œuvre de l’éloquence judiciaire. […] Et dans les lettres qui furent écrites depuis 1700 il serait facile de noter toute sorte de commencements, comme des poussées et des jets d’éloquence politique, même chez des femmes. […] Et après le père, ce fut la femme : Mirabeau plaida lui-même contre sa femme devant le Parlement d’Aix (1782) ; il ne put empêcher la séparation d’être prononcée ; et il ne resta de ce procès tapageur que les imputations également diffamatoires des deux parties. […] Dans un de ses plaidoyers contre sa femme, il introduisait de belles phrases émues, qui étaient d’un sermon de Bossuet.
Il y en a de toutes sortes, de toute origine et de toute qualité : hommes et femmes, civils et militaires, soldats et généraux, c’est à qui nous rendra, plus ou moins complète ou frappante, l’image de l’Empereur et de son immense aventure. Trois de ces Mémoires me paraissent se distinguer dans la foule : ceux de Mme de Rémusat943, qui a pour ainsi dire donné le branle, une femme intelligente, curieuse, un peu commère ; ceux de Marbot944, un soldat, très brave et pas du tout paladin, qui nous donne la note très juste et très réelle de l’héroïsme militaire du temps, mélange curieux de naturelle énergie, d’amour-propre excité et d’ambition d’avancer ; ceux enfin de Pasquier945, un honnête homme sans raideur, excellent serviteur de tous les régimes pour des motifs légitimes, fidèle à ses maîtres sans servilité, à sa fortune sans cynisme, et très clairvoyant spectateur de toute l’intrigue politique ou policière qui se machinait derrière le majestueux tapage des batailles946. […] Pseudonyme de Mme Vincens : Essais et fantaisies (1888) ; Portraits de femmes (1888). ; Princesses et grandes dames (1890) ; Bourgeois et gens de peu (1894). […] L’Education des femmes par les femmes (1886).
Il aime des femmes de tous les types et de tous les genres de beauté dans tous les pays du monde : Aziyadé, Rarahu, Pasquala, Fatougaye : et chaque fois il connaît l’orgueil et le délice d’être aimé absolument, jusqu’à la mort. […] Mais ce qui lui est particulier, c’est que sensations et sentiments se résolvent d’ordinaire en je ne sais quelle langueur de volupté et de désir, comme si le trouble qu’éveille en lui la figure de la Terre était un peu semblable à un autre trouble, à celui qui nous vient de la femme, et y disposait l’âme et le corps… Tout cela est bien difficile à dire clairement. […] Les sujets ne pouvaient guère être que des histoires d’amour avec les femmes des différents pays que traverse le poète : amour sensuel et rêveur, amour absolu chez la femme ; amour curieux, orgueilleux, parfois cruel chez l’homme. […] Pêcheur d’Islande, c’est encore, comme Loti, comme le Spahi, comme Aziyadé, l’histoire d’un amour et d’une séparation : l’histoire du pêcheur Yann et de la bonne et sérieuse Gaud, qui s’aiment et qui se marient, de Yann qui s’en va et ne revient plus, et d’une vieille femme dont le petit-fils s’en va mourir là-bas, « de l’autre côté de la terre ».
Il narrait avec une grâce infinie ; toutes ces femmes sortaient charmées ; et l’auditoire grossit enfin à un tel point que, n’y ayant plus de quoi recevoir tout ce qui se présentait, les assemblées furent rompues. […] Les historiettes de Tallemant, intitulées Madame Lévesque et La Cambrai, eussent bien fourni matière à des contes de La Fontaine, La Cambrai est une belle marchande, femme d’un orfèvre qui logeait vers le Châtelet, au bout du Pont-au-Change, « une femme aussi bien faite qu’il y en eût dans toute la bourgeoisie ». […] Il savait pourtant résister dans l’occasion, car il était amoureux ailleurs ; il l’était fort en ce temps-là d’une Mme Lévesque, femme d’un avocat de ses confrères. […] Cet ensemble d’anecdotes sur la jeunesse de Patru nous le montre bien, dans la vérité primitive de son caractère, aimable, je le répète, liant et séduisant, un garçon d’esprit et de plaisir, honnête homme au milieu de ses distractions gauloises, désintéressé, déjà mal à l’aise et se méfiant de la fortune, ne se sentant pas assez de force pour la maîtriser et pour épouser courageusement la femme qu’il aime, du moment qu’elle devient veuve et qu’elle est libre.
La Jeune Femme colère (1804), assez généralement louée, me plaît peu : la leçon morale qui consiste, de la part du jeune mari, à vouloir corriger le défaut de sa femme en l’imitant lui-même et en le lui présentant comme dans un miroir grossissant, me paraît brusque, outrée et peu vraisemblable. […] La pièce de Conaxa, prise d’un sujet venu du xvie siècle, et même plus ancien peut-être59, est dans la forme une pièce de collège : il n’y a point de rôle de femme, et la gaieté des valets qui y surabonde, les plaisanteries sur le bâton qui y reviennent sans cesse, étaient bien de nature en effet à réjouir des écoliers. […] Ces caractères, qui étaient bien dans la coupe du jour et qui sont soutenus jusqu’au bout ; le ressort de la crainte de l’opinion opposé à celui de l’avarice pure ; d’heureuses descriptions, jetées en passant, des dîners du grand ton : Ceux qui dînent chez moi ne sont pas mes amis ; une peinture légère des faillites à la mode, qui ne ruinent que les créanciers, et après lesquelles le banquier, s’élançant dans un brillant équipage, dit nonchalamment : Je vais m’ensevelir au château de ma femme ; l’intervention bien ménagée de deux femmes, l’une, fille du vieillard, et l’autre, sa petite-fille ; l’habile arrangement et le balancement des scènes ; d’excellents vers comiques, semés sur un fond de dialogue clair, facile et toujours coulant, voilà des mérites qui justifient pleinement le succès et qui mettent hors de doute le talent propre de l’auteur.
Dans le premier voyage qu’il avait fait à Paris et dont il a rendu compte dans une lettre enjouée, adressée à sa jeune amie miss Mary Stevenson, il ne remarque que les dehors, les routes, la politesse des gens, les coiffures, le rouge des femmes, le mélange de somptuosité et de misère dans les bâtiments. […] Il aimait, en général, plus à écouter qu’à parler, et on pourrait citer telle femme du monde, qui, venue le soir par curiosité dans le même salon que lui, s’est plainte de son silence. […] Mais considérez combien nombreuse est la portion de l’humanité qui se compose d’hommes et de femmes faibles et ignorants, et d’une jeunesse inexpérimentée et inconsidérée des deux sexes, ayant besoin des motifs de religion pour les détourner du vice, les encourager à la vertu, et les y retenir dans la pratique, jusqu’à ce qu’elle leur devienne habituelle, ce qui est le grand point pour la garantir. […] J’espère qu’un jour, disait celui-ci, au sortir de l’Assemblée nationale, présidée par un juif, j’assisterai au mariage d’un catholique séparé par divorce de sa première femme luthérienne, et épousant une jeune anabaptiste ; qu’ensuite nous irons dîner chez le curé qui nous présentera sa femme, jeune personne de la religion anglicane, qu’il aura lui-même épousée en secondes noces, étant fille d’un calviniste.
J’ai entendu une femme de trente ans dire : « Je n’ai jamais pu comprendre ce qu’on trouve d’intéressant dans Madame Bovary. » J’ai pensé à lui répondre : « Ce qu’on trouve d’intéressant dans Madame Bovary, c’est vous », car il n’y a pas de femme de trente ans, je ne dis point qui ne soit Madame Bovary, mais qui ne contienne en elle une Madame Bovary avec toutes ses aspirations et tous ses rêves et toute sa conception de la vie ; une Madame Bovary latente, qui n’éclora point, comprimée et déroutée par toutes sortes d’autres éléments psychiques, mais qui existe. Seulement la dame dont je parle, très en dehors, très étourdie, n’était pas capable de se discerner elle-même et ne pouvait démêler la Madame Bovary qui était en elle, comme, du reste, dans toutes les autres femmes. […] Le lecteur de livres idéalistes où les personnages ont des vertus extraordinaires et des délicatesses de sentiments inattendues est généralement une lectrice : « J’ai pour moi les jeunes gens et les femmes », disait Lamartine, et George Sand aurait pu le dire aussi sans se tromper aucunement. […] Et enfin on s’aperçoit assez souvent, surtout chez les femmes, qu’un très grand goût de lectures romanesques n’est qu’une surface et qu’en leur fond on les trouvera très réalistes et très pratiques ; je dis assez souvent.
Ajoutez que l’amour ne tient pas plus ici de place qu’il n’en occupe effectivement dans la vie, — je ne dis pas la femme, je dis l’amour, — et en revanche la haine, la vanité, l’ambition, l’avarice, toutes les passions humaines y jouent leur personnage. […] À la « femme incomprise », des romans de George Sand, ou de ses imitateurs, et tandis qu’elle-même fait succéder les héroïnes paysannes de La Mare au diable et de La Petite Fadette, l’école « du bon sens » oppose les comédies bourgeoises de Camille Doucet et d’Augier. […] Mais, dans ces derniers volumes eux-mêmes, et surtout dans son Insecte, son Oiseau, dans La Femme, dans L’Amour, il a fait au « naturalisme » cette concession de tout réduire à ce que l’on pourrait appeler le mysticisme physiologique. […] Pailhès, Mme de Chateaubriand, Bordeaux, 1887 ; et Chateaubriand, sa femme et ses amis, Paris, 1896. […] Étude de femme ; La Femme de trente ans ; Autre étude de femme ; L’Usurier Gobseck] ; — dans lesquelles à peine s’est-il soucié de faire « de la littérature ou de l’art » ; — mais de montrer « l’animal » tel qu’il l’avait observé. — Personne autant que lui n’a donné d’attention à la reconstitution des milieux [Cf.
Une nuit, chez lord Oxford, pendant le terrible hiver de 1740, de peur de perdre une idée, il fit lever quatre fois la femme qui le servait. […] Est-ce qu’il n’y a pas des grâces charmantes dans le babil et la frivolité d’une jolie femme ? […] Leurs fadeurs cachent une restriction mentale ; en observant bien, vous verriez qu’ils regardent une jolie femme parée et coquette comme une poupée rose, bonne pour amuser les gens une demi-heure par son clinquant. […] Si vous lisez dans Swift la copie littérale d’une conversation à la mode, vous verrez qu’une femme à la mode dans ce temps-là pouvait souffrir beaucoup de choses sans se fâcher. […] Voyez son épître sur le caractère des femmes, si dure.
Ses plus anciennes fables leur associent déjà l’idée de la femme. […] Aussi conçoit-on moins ces nymphes secourables sous la figure de femmes incarnées que sous celle des formes flottantes qui se modèlent vaguement sous les eaux. […] » Elles sont femmes, pourtant, par la faiblesse comme par la pitié ; molles comme l’onde, habituées comme elle, à plier sons le moindre poids. […] Zeus, dans sa gloire, apparaîtra à Io redevenue femme, et il apaisera son esprit. […] Les Océanides, restées fidèles à son agonie, lui apparaissaient comme les figures lointaines des Saintes Femmes, pleurant au pied de la Croix.
Il n’en réussit pas moins de sa personne par cette verve d’autant plus originale et qui n’était qu’à lui ; les femmes l’appelaient le grand nigaud, le grand dadais, le petit binbin. […] Piron eut pour maîtresse la femme de chambre, — d’autres disent la dame de compagnie de Mme la marquise : il en fit plus tard sa femme. […] « Elle avait une érudition singulière pour une femme ; elle possédait le gaulois. […] Il lui reproche, sur l’article des mœurs et des principes, d’avoir, « d’un trait de plume, dépouillé Mlle de Bar de la plus sainte auréole dont une femme puisse s’entourer. » Elle est jolie, l’auréole ! […] » — Il avait fait venir du pays, après la mort de sa femme, et il avait près de lui, pour le soigner, une personne qui passait pour sa nièce et qui n’était qu’une petite cousine.
Ses journaux sont tout moraux, conseils aux familles, réprimandes aux femmes légères, portrait de l’honnête homme, remèdes contre les passions, réflexions sur Dieu, la religion, la vie future. […] Il se moque des femmes qui reçoivent les visiteurs à leur toilette et parlent haut au théâtre […] Il console une femme qui a perdu son fiancé en lui représentant les infortunes de tant d’autres personnes qui souffrent en ce moment de plus grands maux. […] Souvenez-vous que là-bas les femmes vont par plaisir aux meetings et se divertissent à écouter pendant une demi-journée des discours sur l’ivrognerie ou sur l’échelle mobile ; ces patientes personnes n’exigent point que la conversation soit toujours alerte et piquante. […] « Aridæus, beau jeune homme d’Épire, amoureux de Praxinoé, femme de Thespis, fut retiré sain et sauf, hormis deux dents cassées et le nez qui fut un peu aplati. — Hipparchus, passionnément épris de sa femme qui aimait Bathylle, sauta et mourut de sa chute ; sur quoi la femme épousa son amant939. » Vous voyez cette étrange façon de peindre les sottises humaines : on l’appelle humour.
On y ferait à chaque pas, en se baissant, son butin de moraliste : « Chaque femme se croit volée de tout l’amour qu’on a pour une autre. » — « Madame Lauter, encore sur ce point, était comme toutes les femmes, — excepté vous, madame ; — elle ne plaçait l’infidélité que dans la dernière faveur. » — « On ne se dit : Je vous aime, en propres termes, que quand on a épuisé toutes les autres manières de le dire ; et il y en a tant que l’on n’arrive quelquefois à dire le mot que lorsqu’on ne sent plus la chose et que le mot est devenu un mensonge. » — « La justice du monde, comme la justice des lois, ne découvre presque jamais les crimes que lorsqu’ils n’existent pas encore, ou lorsqu’ils n’existent plus. » — Mais je m’arrête, de peur du sourire de l’auteur, pendant que je me baisse à ramasser ainsi les aphorismes qu’il sème en s’en moquant tout le premier : il me ferait niche par derrière.
. — Un cœur de femme (1890). — La Terre promise (1892). — Cruelle énigme (1893). — Un scrupule (1893). — Cosmopolis (1894). — Un saint (1894) […] — Complications sentimentales (1898). — La Duchesse bleue (1898). — Trois petites filles (1898). — Œuvres complètes : Relique (1899) ; Un cœur de femme (1899).
. — Le Songe d’une femme (1899). — Oraisons mauvaises (1900). […] Louis Payen De même que dans la vie ordinaire nous nous plaisons à agrémenter d’un peu de beauté nos actes et nos pensées pour plaire à notre correspondant lointain, ainsi, dans Le Songe d’une femme, les personnages prennent des attitudes et cherchent à embellir mutuellement leur vie.
La femme qui se tue, est blafarde. […] C’est une grande nudité de femme ivre, âgée, chairs molles, gorge flétrie, ventre affaissé, cuisses plates, hanches élevées ; fade de couleur, mal dessinée, surtout par les jambes ; moulue, dont les membres vont se détacher incessamment, usée par la débauche des hommes et du vin.
Les personnages de la comédie de l’Arétin sont : Liseo, vieillard, chef de famille ; sa femme Maia, ses cinq filles, ses gendres et les amoureux de ses filles, un frère jumeau Brizio, et des valets. […] Et quand il est sorti, Zephiro fait à part lui cette réflexion : « Avec quelle adresse les gens comme Ipocrito savent s’insinuer dans les secrets des femmes ! […] Il aspire à épouser la fille de la maison, il chasse le fils, il cherche à séduire la femme ; il dépouillerait son protecteur lui-même, si un deus ex machina ne déjouait ses noirs desseins.
Il gagna les femmes dévotes. […] Salomon dit : Il n’y a point de malice au-dessus de celle d’une femme ; Erasme mit à côté du passage : Vous observerez qu’il n’y avoit pas encore de moines. […] Il étoit fils de Nicolas Goulu, professeur royal en langue Grecque, le même qui, selon Théodore Agrippa d’Aubigné, ne vouloit point que sa femme prît en pension ceux qui étudioient aux loix, mais bien les petits grimaux .
Joli comme une femme, lorgnant, souriant, mignard, faisant le petit bec, la bouche en cœur. […] Ce que je scais, ce que je vois, c’est qu’il n’y a guères de physionomies plus déplaisantes, plus hydeuses que celle de l’oculiste Demours, et que La Tour n’a pas fait un plus beau portrait ; c’est à faire détourner la tête à une femme grosse, et à faire dire à une élégante, ah l’horreur. […] Convenons toutesfois qu’il ne scait pas rendre la finesse de la peau des femmes ; que pour toute cette variété de teintes que nous y voyons, il n’y a que du blanc, du rouge et du gris.
Le poète en parle à son foyer comme d’un ennemi personnel ; la femme du poète en parle à ses enfants comme du loup ou du revenant. […] Il y a des contes d’hommes et des contes de femmes. […] Les contes de femmes sont de pâles imitations des contes d’hommes. Chaque femme prend le genre d’un homme, copie ses tournures, répète ses phrases. […] Qui est-ce qui n’a pas des nausées de ces contes de femmes ?
Dans tous les cas, cette visite de la reine d’Angleterre, qui n’est qu’un caprice de jeune femme, devient et sera un grand événement politique. […] Il en aura, disait une femme d’esprit, une attaque de knout.
Un sentiment profond de dignité de femme une fois abusée respire dans Thérèse. […] Familière dès longtemps avec ces types qu’elle perfectionne en secret et qu’elle aime, la femme distinguée qui a écrit ce livre n’a pas songé qu’il y avait lieu à une composition, et, dans un grand nombre de cas, elle a raconté ce qui les touche de plus important et de plus intime, en peu de mots, avec une sorte de brève négligence, comme on fait à la fin d’une lettre, lorsque le jour baisse ou que le papier manque.
. — La Femme et le Pantin (1898). — Les Aventures du roi Pausole (1900). […] Pierre Louÿs, la Femme et le Pantin, et des Chansons de Bilitis, où s’amusa si parfaitement son érudition.
C’est lui que les femmes chérissent. […] La femme ne connaît pas cette maladie. […] La femme écrase l’androgyne. […] Vraie comme femme. […] deux graves et douloureuses figures, la femme dans la société, la femme hors de la société, c’est-à-dire en deux types vivants toutes les femmes, toute la femme.
Vous pourriez peut-être citer les vers que Hugo avait faits pour cette pauvre jeune femme au moment de son mariage et de sa sortie de la maison paternelle : Aime celui qui t’aime et sois heureuse en lui ; Adieu ! […] Cette jeune femme était en effet charmante, sensée, fine, discrète et au-dessus de son âge.
… La petite écolière des Crabes, qui vit déjà sournoisement comme elle vivra toujours ; la petite femme de Barbe-Bleue, qui méchamment griffe les pavots verts et qui attend le glaive dans le pressentiment adorable et complet de toutes les voluptés. […] Elle semble sortir des sources mêmes de la femme, toute mouillée encore de la rosée originelle de la sainte hystérie si perversement bonne… Puis Bargette, qui descend les fleuves à la recherche d’un paradis et qui résume toutes les déceptions de ses sœurs, dans son cri d’oiseau qui s’envole.
Rien que par ses bois et par son canal, le duc d’Orléans, avant d’épouser sa femme aussi riche que lui, se fait près d’un million de rente. […] Le contraste est grand sur les autres chemins. « Sortis de Paris par la route d’Orléans, dit Arthur Young, pendant dix milles nous n’avons pas rencontré une diligence, rien que des messageries et des chaises de poste en petit nombre, pas la dixième partie de ce que nous aurions trouvé près de Londres en une heure. » Sur la grande route, près de Narbonne, « pendant trente-six milles, dit-il, je n’ai croisé qu’un cabriolet, une demi-douzaine de charrettes et quelques bonnes femmes menant leur âne ». […] On avait une seule gazette, appelée Gazette de France, qui paraissait deux fois par semaine, voilà pour le mouvement des esprits. » Des magistrats de Paris, exilés à Bourges en 1753 et 1754, en font le tableau suivant : « Une ville où l’on ne trouve personne à qui parler à son aise de quoi que ce soit de sensé et de raisonnable ; des nobles qui meurent les trois quarts de faim, entichés de leur origine, tenant à l’écart la robe et la finance, et trouvant singulier que la fille d’un receveur des tailles, devenue la femme d’un conseiller au Parlement de Paris, se permette d’avoir de l’esprit et du monde ; des bourgeois de l’ignorance la plus crasse, seul appui de l’espèce de léthargie où sont plongés les esprits de la plupart des habitants ; des femmes bigotes et prétentieuses, fort adonnées au jeu et à la galanterie80 » ; dans ce monde étriqué et engourdi, parmi ces MM. […] Bien mieux, on lui défend de faucher son pré ou sa luzerne avant la Saint-Jean, d’entrer dans son propre champ du 1er mai au 24 juin, d’aller dans les îles de la Seine, d’y couper de l’herbe ou de l’osier, même si l’herbe et l’osier sont à lui ; c’est qu’à ce moment les perdrix couvent, et que le législateur les protège ; il aurait moins d’égards pour une femme en couches ; les vieux chroniqueurs diraient de lui comme de Guillaume Rufus que ses entrailles sont paternelles seulement pour les bêtes. […] Quantité de cahiers de la noblesse demandent pour les nobles, hommes et femmes, une marque distinctive honorifique, par exemple une croix ou un cordon qui les fasse reconnaître.
entre le poète qu’il aimait par-dessus tous les hommes et le nom de la femme qu’il aimait par-dessus tous les esprits célestes et qu’il allait retrouver dans la maison éternelle de son Dieu ! […] Les femmes, plus faibles que nous dans ces occasions, ont besoin de notre secours. […] Jamais nom de femme n’eut pour monument un tel cœur, un tel génie et de tels vers ! […] Il lève les yeux dans un moment de distraction ; son regard tombe, par hasard ou par prédestination, sur une jeune femme en robe de velours vert brodée d’or. […] Il rentre chez lui ; il cherche à effacer de ses yeux cette image ; il n’y peut parvenir : c’est le sortilège de la beauté ; il n’y a pas d’exorcisme qui puisse le vaincre : c’est la vision du ciel sur un visage de femme : c’est le charbon qui ne s’éteindra plus.
Xanthippe, l’épouse de Socrate, un de ses enfants dans les bras, est auprès de lui et se lamente à la manière des femmes ; on la reconduit dans sa maison pour laisser la liberté d’esprit au philosophe. […] « Pour moi, la destinée m’appelle aujourd’hui, comme dirait un poète tragique, et il il est temps que j’aille au bain, car il me semble qu’il est mieux de ne boire le poison qu’après m’être baigné et d’épargner aux femmes la peine de laver un cadavre. » Puis, souriant : « Je ne saurais pourtant persuader à Criton que je suis bien le Socrate qui s’entretient ainsi avec vous, et qui ordonne avec sang-froid toutes les parties de son discours ; il s’imagine toujours que je suis déjà celui qu’il va voir mort tout à l’heure, et il me demande comment il doit m’ensevelir. […] « Ensuite il fit retirer les femmes et les enfants, et revint nous trouver. […] N’était-ce pas pour éviter ces faiblesses que j’avais écarté les femmes ? […] Rousseau meurt ou se tue dans une retraite où il a fui les hommes qu’il accuse et qu’il redoute, livré aux reproches mérités d’une femme qu’il a flétrie en lui dérobant ses fruits à sa mamelle pour aller les jeter à la voirie humaine des enfants perdus !
À peine en eut-il joui, qu’un désir s’éveilla en lui, indiciblement pressant : « celui d’échapper à l’éclat éblouissant de la pureté absolue » et de descendre là où habitent les hommes pour chercher « l’ombre intime d’une étreinte amoureuse. » Son œil anxieux, dit-il, avait encore découvert la femme : « la femme à laquelle du gouffre de sa mer de souffrance aspirait le Hollandais32 » ; la femme, étoile du ciel, dont le rayonnement, parvenant jusque dans la grotte du Venusberg, avait enseigné à Tannhaeuser le chemin des sphères éthérées, et qui, maintenant, des hauteurs radieuses, attirait Lohengrin sur le sein chaud de la terre. […] Il cherchait la femme, près de laquelle il n’eût pas besoin de s’expliquer, ni de se justifier, mais qui l’aimat sans condition. […] Ainsi, il désirait la femme. Quand au-dessous de lui, au milieu de l’humanité il entend le cri de détresse de cette femme, il descend donc de sa solitude délicieuse, mais déserte. […] À partir de ce moment il en est séparé par une nécessité inéluctable : celle qui rend impossible l’union d’un être divin avec une simple femme, dès que celle-ci cesse d’obéir à l’impulsion de son cœur, qui seule peut l’élever jusqu’à lui.
Il y a deux éducations pour tout homme jeune qui entre bien doué des dons de Dieu dans la vie : l’éducation de sa mère et l’éducation de la première femme qu’il aime après sa mère. […] La Destinée est femme. […] Cette femme aurait suffi pour les transfigurer tous les trois. C’était la musique, ou plutôt c’était la poésie sous figure de femme. […] Lui cependant avait les vagues pressentiments d’un adieu prochain, il s’entretenait souvent avec une tendre sollicitude de la douleur des siens, du sort de la pauvre femme qui le veillait, providence domestique de son foyer.
Depuis l’enlèvement d’Hélène ou celui des Sabines, il ne s’est jamais vu tant et de si beaux enlèvements de femmes qu’aujourd’hui ; il est vrai que ce sont des enlèvements tout littéraires. […] j’avouerai mon faible : j’ai sans doute courtisé plus d’une de ces femmes illustres ; je m’en suis souvent approché, et de quelques-unes de celles-là mêmes que j’ai nommées et de beaucoup d’autres ; mais je ne leur ai fait en quelque sorte qu’un doigt de cour, je ne me suis point attaché à une seule, et me voilà puni de mon inconstance : j’ai été traité en passe-volant ; pas une ne m’est restée. […] Qu’on se mette à la place d’une femme auteur, à qui on refuse une place à pareil jour ! […] Il était assez piquant, au xviiie siècle, d’être l’amant de sa femme ; Nivernais le fut, du moins en vers, et quelque temps ; car, peu d’années après, on le trouve dans la société sur le pied bien établi d’ami de Mme de Rochefort, qu’il épousa même plus tard, après la mort de sa Délie. […] Il commence par parler de la comtesse de Rochefort, qu’il distingue des autres femmes, et particulièrement d’avec la comtesse de Boufflers : « Son intelligence est juste et délicate, avec une finesse d’esprit qui est le résultat de la réflexion.
Et voici bien comment il faut entendre l’Asie : dans un temps où la représentation de la vie réelle, en sa simple et sérieuse apparence, n’est guère reçue dans l’art, où la nouvelle est condamnée au ton satirique ou comique, la vie pastorale est une transcription littéraire de la vie mondaine ; bergers et nymphes sont des hommes et des femmes qui n’ont rien à faire, et dont l’unique et capitale affaire résultera par conséquent des rapports sociaux : ces hommes et ces femmes se désirent, se poursuivent, s’évitent, exercent enfin la profession de l’amour. […] Mais ce public définit la clarté par ce que son esprit entendait : et ces femmes, ces gentilshommes ne voulaient pas ou ne pouvaient pas entendre bien des choses, qui eussent bien mérité qu’on les leur fit entendre. […] Ce petit homme, frileux et gourmand, bretteur et joueur, vaniteux, passionnément galant, mais plus épris des douceurs qu’il disait que des femmes à qui il les disait, au reste brave, fier, sincère, reconnaissant, cet homme aurait pu faire plus qu’il n’a fait : il avait l’esprit sérieux et capable de grandes pensées ; il a su juger Richelieu comme on le juge à deux cents ans de distance. […] Mais surtout les héros causent ; en paix, en guerre, en prison, ils causent, galamment, spirituellement, de la mort, de l’éducation, des femmes, de la politesse, des lettres, de tout enfin. […] Si les femmes font un peu les renchéries, les hommes, après avoir poussé les beaux sentiments et cherché le fin du fin, ne haïssent pas de rire gros, comme des ruelles ils vont aux cabarets.
Dans ce monde enchanté, les hommes abordent les femmes en leur disant : Mon soleil ! […] Et les femmes répondent aux hommes en les appelant : Mon mieux ! […] Les dames de la cour, les femmes les plus illustres du temps s’habillent en nymphes ou en bergères, et c’est sous ce travestissement qu’elles ont légué leur portrait à la postérité. […] Zola a puissamment décrit la vie intense d’un de ces grands magasins où l’art de tenter la femme a été poussé près de la perfection (Au bonheur des dames). […] Son poème s’intitule Lazare ; c’est le poème des misérables ; c’est la plainte des enfants, esclaves de la machine, privés d’air pur, de jeux, de sommeil ; c’est l’appel de détresse des femmes réduites à envier le sort de la vache, qui reste du moins à l’étable, oisive et paisible, lorsqu’elle a mis au monde un petit.
Ils avaient pour nièce Marie Stuart, cette Circé adorée des hommes qui ne pouvait jamais être tuée que par une femme, et ils avaient tous plus ou moins en eux de la séduction de Marie Stuart. […] Or, malgré leurs entraînantes gloires militaires, cette femme paraît plus homme que ces hommes, parce qu’elle a l’unité de son ambition et qu’eux sont entre leur ambition et leur foi. […] Ce ministre de Philippe II, qui exagérait Philippe II, et dont le front, étroit comme une lame d’épée, avait moins valu pour la besogne qu’on lui avait imposée que la cornette et la quenouille d’une femme, de cette Marguerite de Parme, bâtarde aussi de Charles-Quint, et qui a mérité de garder dans l’Histoire son nom officiel de grande Gouvernante des Pays-Bas. Le duc d’Albe défit brutalement ce qu’elle avait fait ; car cette femme, à barbe au menton comme un homme, avait gouverné comme un homme. […] Il aima ardemment les femmes, cet homme de rosaire, de communion et de cilice ; il les aima, quoiqu’il dût les épouvanter rien qu’en les serrant dans ses bras ; il fut libertin, fornicateur et adultère.
Quand la nature veut nous intéresser à un événement où figure un homme ou une femme quelconque, que fait-elle ? […] « Cette jeune reine semblait avoir été créée par la nature pour attirer à jamais l’intérêt et la pitié des siècles sur un de ces drames d’État qui ne sont pas complets quand les infortunes d’une femme ne les achèvent pas. […] On sentait la femme sous la reine, la tendresse du cœur sous la majesté du port. […] Voilà Marie-Antoinette comme femme. […] Le cœur d’une femme, fût-elle reine, a droit à l’inviolabilité ; ses sentiments ne deviennent de l’histoire que quand ils éclatent en publicité. » Voilà ce qui fit éclater contre moi un cri de profanation de l’image de la reine qui retentit encore.
Écoutez : « En allant à Cahuzac, j’ai voulu voir une pauvre femme malade qui demeure au-delà de la Vère. C’est la femme de la complainte du Rosier que je t’ai contée, je crois. […] Une femme, qui nous suivait, l’a délogée du fumier, une autre a apporté des fagots ; nous avons fait du feu, nous l’avons assise sur un sélou, et, comme j’étais fatiguée, je me suis mise auprès d’elle sur le fagot qui restait. […] moi, que deviendrais-je sans la prière, sans la foi, la pensée du ciel, sans cette pitié de la femme qui se tourne en amour, en amour divin ? […] Me voilà sur l’éléphant, me voilà dans la pirogue, faisant le tour des mers du Nord et de l’île des Cygnes, voyant ces lieux du temps de ces choses : la Laponie chaude, verdoyante et peuplée, non de nains, mais d’hommes beaux et grands, de femmes s’en allant en promenade sur un éléphant, dans ces forêts, sous ces monts pétrifiés aujourd’hui ; et l’île des Cygnes, blanche de fleurs, et de leur duvet, oh !
Ces sentiments de piété envers le Siège de Pierre, que ma femme et moi sommes si heureux d’inculquer à notre jeune famille, sont invariables dans mon cœur. […] Ma femme et ma sœur se joignent à moi pour vous offrir leurs plus affectueux respects. […] Le futur cardinal et l’immortel compositeur ne firent plus qu’un cœur ; il s’attacha à la femme et à la fille de Cimarosa, il s’incorpora à ce génie, et ne cessa, pendant toute sa vie, de prodiguer aux divers artistes les occasions et les faveurs que son rang dans l’Église lui permettait de prodiguer à son ami. […] Elle menait à Londres, à Paris, et surtout dans son palais de Rome et à Naples, la vie somptueuse d’une femme célèbre par sa beauté, par son esprit et par ses richesses ; elle s’était faite cosmopolite, mais surtout Italienne par passion pour le soleil et pour les arts. […] Le cardinal, tel que nous venons de le dépeindre, quoiqu’il eût à cette époque soixante ans, avait mieux que la beauté : il avait tout le charme que la renommée, le génie, l’attrait physique et moral pouvaient inspirer à une femme lasse d’amour, mais non d’empire.
tout charcutier qu’il soit de préférence (dans son Ventre de Paris la seule femme un peu intéressante qu’il y ait est une charcutière), il ne peint cependant pas que de la charcuterie. […] Les unes aiment l’Inspecteur, les autres le détestent, toutes commèrent… mais de ces femmes de la Halle, prises uniquement par le côté physique, comme M. […] Ces femmes méchantes, vindicatives, acharnées, rappellent, il est vrai, les sorcières de Macbeth autour de leur baquet, et ces autres trois vieilles de La Fiancée de Lammermoor, dans le cimetière, au mariage de la pâle Lucie ; mais elles sont tombées dans cette atmosphère de fromages, et, comme ces fromages, leur sublime tragique a coulé… Je crois bien que le talent de M. […] Zola lui fasse une gloire de son repentir, de sa pénitence, de sa résistance obstinée à la femme qui le fit tomber et à la tentation des souvenirs ? […] Cette fille, qui s’appelle Désirée, est née fille de basse-cour… Type de femme qui ne manque pas de vérité, mais de vérité inférieure et de cette chaleur animale, la préoccupation éternelle de M.
On ne sait rien de la personne à laquelle il s’adressait alors, sinon qu’elle était bien plus jeune que lui ; il l’appelle une enfant : La vivacité de vos sentiments, des manières simples et naturelles, et un air de vérité, m’avaient fait croire que vous ne ressembliez point aux autres femmes, et je me flattais de retrouver en vous cette personne que j’ai tant aimée, et qui, toute morte qu’elle est depuis longtemps, n’a rien à me reprocher que la passion que j’ai eue pour vous ; je vois que je me suis trompé. […] Comme les hommes qui ont beaucoup vécu dans la société intime des femmes, Lassay se laissait aller volontiers à dire tout le bien qu’il pensait de lui. […] On a de lui une prière touchante dans laquelle il se remet entre les mains de Dieu, et où il réunit dans une intercession commune les trois femmes qu’il a le plus aimées, en y comprenant même celle dont il eut tant à se plaindre : Ma chère Marianne, ma chère Julie, ma chère Bouzols, priez mon Dieu pour moi ! Être des Êtres, ayez pitié de ces chères femmes, écoutez leurs prières, et faites-moi la grâce de les revoir quand j’aurai accompli les jours que vous voulez que je passe sur la terre ; mais, mon Dieu, donnez-moi, non pas ce que je souhaite, mais ce que vous savez qui m’est nécessaire, et que vos ordres éternels s’accomplissent ! […] Lassay put connaître La Bruyère à l’hôtel de Condé ; il est un de ses disciples pour l’observation vraie ; il en a le fond, sinon le relief : Mon étoile bien plutôt que mon goût, dit-il dans une lettre à une femme, m’a conduit à vivre avec des princes, connaissant qu’ils sont encore plus imparfaits que les autres hommes ; car, n’étant pas nécessités à se contraindre, ils se laissent aller à toutes leurs mauvaises inclinations.
Il fallait une historienne pour bien dire tous les détails de la vie d’une Régente, et il n’y a qu’une femme qui puisse bien savoir certains secrets des femmes. […] Il ne suffit pas de dire : « Cette femme est une peste », pour avoir le droit de la chasser. […] On sait l’affreuse histoire de Mme de Tencin, cette femme d’esprit et d’intrigue, qui a fait des romans de pur sentiment : un jour, le soir du 6 avril 1726, un de ses anciens amants, un M. de La Fresnaye, à qui elle avait voulu (il paraît bien) extorquer ou soustraire des sommes considérables, va chez elle furieux, hors de lui, se met sur un canapé et se loge quatre balles dans le cœur, dont il meurt sur le coup ; « Le canapé en frémit ; la dame en gémit : on avertit le premier président et le procureur général du Grand-Conseil, qui le font enterrer, la nuit, en secret, et le lendemain chacun conte l’histoire à sa manière, et il y en a cent. […] Un autre vieux classique de ce temps-là, M. de La Rivière, le gendre de Bussy-Rabutin, a jugé non moins sévèrement que Marais le salon de Mme de Lambert et son monde, quoiqu’il fût l’ami particulier de cette femme distinguée, sur laquelle nous nous permettons de différer d’opinion avec lui ; mais tous ces jugements et contre-jugements sont curieux, en ce qu’ils nous aident à comprendre le mouvement et les divisions de la société d’alors. […] Elle a vécu jusqu’à soixante ans dans une noble simplicité que je regardais comme la fleur de ses mérites et le plus beau fleuron de leur couronne ; tout d’un coup il lui prit une tranchée de bel esprit : elle ne voulut plus voir que des personnes d’érudition ; elle les brigua, elle les mendia, elle en forma chez elle un bureau, se contentant de la science d’autrui et ne cherchant que la réputation d’une femme d’un mérite à part, et distinguée des personnes de son sexe.
Il n’aurait pas dit qu’il voudrait bien aller de temps en temps à Paris se ravictuailler en esprit et en connoissances ; il n’aurait pas parlé de madame de La Sablière comme d’une femme de grand esprit qui a toujours à ses trousses La Fontaine, Racine (ce qui est inexact pour ce dernier), et les philosophes du plus grand nom ; il aurait redoublé de scrupules pour éviter dans son style les équivoques, les vers, et l’emploi dans la même période d’un on pour il, etc., toutes choses auxquelles, dans la préface de son Dictionnaire critique, il assure bien gratuitement qu’il fait beaucoup d’attention ; en un mot, il n’aurait plus tant osé écrire à toute bride (madame de Sévigné disait à bride abattue) ce qui lui venait dans l’esprit. […] L’excellent Bayle n’a, je crois, jamais fait un vers français en sa jeunesse, de même qu’il n’a jamais rêvé aux champs, ce qui n’était guère de son temps encore, ou qu’il n’a jamais été amoureux, passionnément amoureux d’une femme, ce qui est davantage de tous les temps. […] Il n’aime guère la femme ; il ne songe pas à se marier : « Je ne sais si un certain fonds de paresse et un trop grand amour du repos et d’une vie exempte de soins, un goût excessif pour l’étude et une humeur un peu portée au chagrin, ne me feront toujours préférer l’état de garçon à celui d’homme marié. » Il n’éprouve pas même au sujet de la femme et contre elle cette espèce d’émotion d’un savant une fois trompé, de l’antiquaire dans Scott, contre le genre-femme. […] Pour nous qui en introduisant l’art, comme on dit, dans la critique, en avons retranché tant d’autres qualités, non moins essentielles, qu’on n’a plus, nous ne pouvons nous empêcher de sourire des mélanges et associations bizarres que fait Bayle, bizarres pour nous à cause de la perspective, mais prompts et naïfs reflets de son impression contemporaine : le ballet de Psyché au niveau des Femmes savantes ; l’Hippolyte de M. […] En supposant (ce qui me paraît fort possible) que l’abbé d’Olivet ait été bien informé, et que son récit, consigné dans les Mémoires de D’Artigny, mérite quelque attention, il en résulterait que Bayle, âgé de vingt-huit ans alors, dérogea un moment, auprès de la femme avenante du ministre, aux habitudes de son humeur et au régime de toute sa vie.
Un autre refrain, c’est que la nuit représente les puissances malfaisantes, l’ignorance, le mal, le passé, mais que l’aurore figure la délivrance des esprits, l’avenir, le progrès… La troisième partie se pourrait résumer ainsi : — L’enfant est un mystère rassurant La femme est une énigme inquiétante Soyons bons Evitons même les petites fautes. […] De courtes scènes dialoguées dont le fond se réduit à ceci : que la femme est fragile, qu’elle est contredisante, qu’elle est capricieuse, qu’elle aime les soldats, qu’elle aime les mauvais sujets. […] Ô la femme ! […] Telle est la femme. […] Ce qui plaît à la bouche De la blonde aux doux yeux, c’est le baiser farouche ; La femme se fait faire avec joie un enfant Par l’homme qui tua, sinistre et triomphant, Et c’est la volupté de toutes ces colombes D’ouvrir leurs lits à ceux qui font ouvrir les tombes.
Il faut donner mal aux nerfs aux femmes des procureurs du roi. Une femme, c’est quelquefois une conscience. […] À Dijon, il y a trois mois, on a mené au supplice une femme. (Une femme !) […] N’est-il pas, à un titre bien autrement sacré que l’esclave vis-à-vis du maître, la propriété de son père, le bien de sa femme, la chose de ses enfants ?
» — « Parce que, firent-ils, ce n’est pas jeu égal : car or ni argent ne peut équivaloir à votre personne, à celle de votre femme et de vos enfants qui sont à bord. » Alors le roi se tournant vers les principaux passagers, dit : Seigneurs, j’ai ouï votre avis et celui de mes gens. […] C’est pourquoi j’aime mieux mettre ma personne et ma femme et mes enfants en la main de Dieu, que de faire tel dommage à tant de monde qu’il y a céans. […] L’évêque résistait ; la reine, mère du roi, et la reine sa femme, se joignirent à lui pour conjurer à genoux le malade de n’en rien faire ; mais saint Louis tint bon dans son désir et dans son vœu. […] La veille de leur arrivée, il lui était né un fils de sa première femme. […] Mais tout aussitôt, dans la personne de son page et de son serviteur, il a su ramener, par contraste avec son insensibilité, les sentiments naturels et nous faire voir qu’il n’est pourtant pas tout à fait étranger aux larmes ; il nous montre l’enfant et l’homme pleurant comme de simples mortels, l’un son père et sa mère, l’autre sa femme et ses enfants.
Elle en vint par la suite à admirer, mais elle ne put jamais prendre sur elle d’aimer et de goûter ces autres génies incontestables, mais dont les écrits ont des laideurs qui choquent l’œil d’une femme . « Je déteste de rencontrer, disait-elle, ce que je ne veux pas voir. » Bientôt elle fit des vers elle-même ; elle avait reçu de la nature le rythme intérieur et la mélodie. […] Elle semble heureusement née pour habiter la campagne, tant son être« s’harmonise avec les fleurs, les oiseaux, les bois, l’air, le ciel, tout ce qui vit dehors, grandes ou gracieuses œuvres de Dieu. » Elle aussi, comme Bernardin de Saint-Pierre, elle a le sens des symboles naturels ; la vie sous toutes ses formes lui parle ; elle est femme à voir des mondes dans un fraisier : « Mon ami, je suis ce fraisier en rapport avec la terre, avec l’air, avec le ciel, avec les oiseaux, avec tant de choses visibles et invisibles que je n’aurais jamais fini si je me mettais à me décrire, sans compter ce qui vit aux replis du cœur, comme ces insectes qui logent dans l’épaisseur d’une feuille. » Toutes les saisons de l’année, toutes les heures de la journée ont pour elle leur charme particulier et leur langage. […] Elle a non seulement ses croyances fermes où elle se fonde, mais aussi ses superstitions flottantes qu’elle admet un peu à volonté : « Ils ne savent pas être heureux, dit-elle, ceux qui veulent tout comprendre. » N’allez pas vous figurer, en pensant à elle, ni une femme poëte, sentimentale et toujours dans l’attitude de la rêverie, ni une catholique raisonneuse et théologienne, ni une demoiselle châtelaine un peu haute ; si elle lit Platon, c’est bien souvent au coin du feu de la cuisine, et les jours de carnaval elle n’est pas chiche de retrousser ses manches pour faire des croustades. […] Et je prends ma quenouille, ou un livre, ou une casserole, ou je caresse Wolf ou Trilby. » Voilà le vrai ; elle est ménagère, elle sait être pratique, et elle nous dira son vœu le plus humble, son rêve d’Horace, de Jean-Jacques ou de La Fontaine : « Mon ami (c’est toujours à son frère qu’elle parle), quand je ne pense pas le faire plaisir ou t’être utile, je ne dis rien ; je prends ma quenouille, et au lieu de la femme du xviie siècle, je suis la simple fille des champs, et cela me fait plaisir, me distrait, me détend l’âme. […] et moi là, avec je ne sais qui, car je ne voudrais pas un paysan tel que les nôtres, qui sont rustres et battent leurs femmes… » Elle n’achève pas, mais la nature a parlé, et il se retrouve là encore, au fond de ce jeu et de ce rêve d’idylle, un mari… pas trop brutal… et des enfants.
On pense à sa pensée, on rêve au rêve ; on se moque de tout, de la vie, de l’art, de l’amour, des femmes qui sont là et qui se moquent bien de la moquerie ! […] J’oubliais Henry Monnier, l’aîné de Gavarni de quelques années et son franc camarade, dont j’ai sous les yeux lettres sur lettres réclamant des costumes pour les rôles de sa femme, et parfois dans un latin macaronique transparent (Indigo vestis mihiuxoris ad proximam operam dramaticam, etc.). […] Quant aux femmes du peuple, il en trouva qui, la pipe à la bouche, renchérissaient par le grossier sur nos chiffonnières et nos androgynes ; mais en même temps combien de filles du peuple, encore distinguées, encore élégantes sous la guenille, et auxquelles il ne manque que d’être mieux nourries pour faire des demoiselles ! […] Et comme beauté de dessin dans un autre genre, et comme charme, on me fait remarquer dans le quatrième Dizain ce n° 40, cette femme debout, cette débardeuse montée sur une banquette et adossée à une loge dans un bal masqué, plongeant de l’œil dans la salle et regardant amoureusement la danse sans y prendre part cette fois ; avec ces mots : « Il lui sera beaucoup pardonne, parce qu’elle a beaucoup dansé ! […] Parmi les sujets que vient de reproduire excellemment la photographie, je ne puis m’empêcher de signaler encore, pour le dessin comme pour le sentiment, cette scène de l’homme du peuple, de l’ouvrier faisant choix d’une épouse, lui posant la main sur l’épaule, et dans un langage grossier, que la légende a rendu au naturel, lui déclarant une affection grave pourtant et des plus sérieuses : l’attitude et le visage de cette femme debout, les yeux baissés, acceptant avec simplicité une vie commune qui lui sera rude, ont un véritable caractère de chasteté.
Pour la rassurer, il lui faut toujours une de ses femmes à sa portée pendant la nuit, et il faut que cette femme lui fasse des contes pour l’endormir. […] Il fallait encore à cette politique de Cour une femme sans attraits et sans coquetterie, qui ne retînt son mari que par le devoir et le besoin de donner des héritiers à la couronne. […] Vous qui voulez prendre idée de ce malin esprit de Cour et d’ancien régime tel qu’on l’attribue sans cesse aux Richelieu, aux d’Ayen, aux Stainville, aux Maurepas, et aux femmes qui les égalaient au moins à ce jeu d’épigrammes, si elles ne les surpassaient point, lisez et relisez la page suivante qui en est le chef-d’œuvre. […] À deux mois de là Mme de Châteauroux était rappelée triomphalement ; elle mourut presque aussitôt, emportée d’une mort subite ; et comme cette bonne reine qui avait peur des revenants prit effroi dans la nuit qui suivit cette mort, et appela une de ses femmes en s’écriant : « Mon Dieu !
De même que du sein des rangs royalistes une voix éloquente s’élevait par accès, qui conviait à une chevaleresque alliance la légitimité et la liberté, et qui, dans l’ordre politique, invoquait un idéal de monarchie selon la Charte, de même, tout à côté, et avec plus de réussite, dans la haute compagnie, il se trouvait une femme rare, qui opérait naturellement autour d’elle un compromis merveilleux entre le goût, le ton d’autrefois et les puissances nouvelles. […] Pour ceux qui n’ont vu que les portraits, il est impossible de ne pas trouver entre ces deux femmes, dont les œuvres sont si différentes de caractère, une grande ressemblance de physionomie, ne serait-ce que dans le noir des yeux et dans la coiffure. […] Il est né naturel et achevé ; simple, rapide, réservé pourtant, un style à la façon de Voltaire, mais chez une femme ; pas de manière, surtout dans Edouard ; un tact perpétuel, jamais de couleur équivoque et toutefois de la couleur déjà, au moins dans le choix des fonds et dans les accompagnements ; enfin des contours très-purs. […] Ceci, joint à l’habitude de se réprimer en dehors et à l’aisance de la femme du grand monde qui reprenait vite le dessus, la ramenait tout à fait au type adouci de la Restauration. […] Ainsi se couronne une des vies les plus brillantes, les plus complètes, les plus décemment mélangées qu’on puisse imaginer, où concourent la Révolution et l’ancien régime, où la naissance, et l’esprit, et la générosité, forment un charme ; une vie de simplicité, de grand ton, de monde et d’ardeur sincère ; une vie passionnée et pure, avec une fin admirablement chrétienne, comme on en lit dans les histoires de femmes illustres au dix-septième siècle ; un harmonieux reflet des talents délicats, naturels, et des morts édifiantes de ce temps-là, mais avec un caractère nouveau qui tient aux orages de nos jours, et qui donne un prix singulier à tout l’ensemble.
Kornman, homme de finances, mari d’une jeune et jolie femme, née à Bâle, qu’il maltraitait, dont il avait autorisé d’abord les relations irrégulières, et qu’il finit par faire enfermer à Paris, dans une maison de force, rue de Bellefonds, au moment où elle était enceinte et près d’accoucher. […] Toute cette société se mit donc en mouvement pour la pauvre femme, et Beaumarchais en tête, un peu Don Quichotte de philanthropie, on le voit : J’offris la main, ajoute-l-il, à Mme la princesse de Nassau pour aller chez M. […] Encore chaud de ma lecture, je fis chez le magistrat un plaidoyer brûlant qui bientôt l’échauffa lui-même : il donna les plus grands éloges à la malheureuse détenue, à sa douceur, à sa douleur, au ton pénétrant de ses plaintes… Tout cela se passait en 1781 et se termina alors par la sortie de la pauvre femme à qui Beaumarchais, qui avait couru à Versailles chez tous les ministres, était venu annoncer lui-même la délivrance. […] Beaumarchais, si attaqué, si calomnié, n’eut jamais de haine ; si l’on excepte Bergasse, qu’il a personnifié dans Bégearss avec plus de mauvais goût encore que de rancune, il avait raison de dire et de répéter : J’ai reçu de la nature un esprit gai qui m’a souvent consolé de l’injustice des hommes… Je me délasse des affaires avec les belles-lettres, la belle musique et quelquefois les belles femmes… Je n’ai jamais couru la carrière de personne : nul homme ne m’a jamais trouvé barrant ses vues ; tous les goûts agréables se sont trop multipliés chez moi pour que j’aie eu jamais le temps ni le dessein de faire une méchanceté. […] C’est bien là l’homme qui fut aimé de tous ceux qui l’approchèrent, qui mêlait un fonds de bienveillance à la joie, un fonds de simplicité à la malice, qui avait écrit sur le collier de sa chienne : « Beaumarchais m’appartient ; je m’appelle Florette ; nous demeurons Vieille-Rue-du-Temple » ; et de qui son biographe et son fidèle Achate, Gudin, a écrit naïvement : « il fut aimé avec passion de ses maîtresses et de ses trois femmes. » Et ce n’est pas seulement Gudin qui parle ainsi, c’est La Harpe, peu suspect de trop d’indulgence, et qui dit, en nous montrant le Beaumarchais de la fin et au repos, tel qu’il était assis dans le cercle domestique et dans l’intimité : « Je n’ai vu personne alors qui parût être mieux avec les autres et avec lui-même. » C’est Arnault encore, qui, dans ses Souvenirs, lui a consacré des pages pleines d’intérêt et de reconnaissance ; c’est Fontanes enfin, qui, trouvant qu’Esménard l’avait traité bien sévèrement dans le Mercure, écrivait une lettre où on lit (septembre 1800) : Quant au caractère de Beaumarchais, je vous citerai encore sur lui un mot de Voltaire : « Je ne crois pas qu’un homme si gai soit si méchant » ; et ceux qui l’ont vu de près disent que Voltaire l’avait bien jugé.
Dans un des exercices publics qui avaient lieu dans la grande salle du collège, voyant entrer M. de La Visclède, secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille, et bien que l’auditoire fût en partie composé des plus jolies femmes de la ville : « Je ne voyais, dit-il, que M. de La Visclède, et mon cœur palpitait en le voyant. » Tel était Barthélemy à quinze ans : âme modérée, affectueuse et fine, esprit vif, curieux, délié, avide de savoir, ne mettant rien au-dessus des belles et nobles études qui se cultivent paisiblement à l’ombre des académies et des musées, on aurait dit que quelque chose de la pénétration et de la douceur des anciens Grecs, de ces premiers colons et civilisateurs de la contrée phocéenne, avait passé jusqu’à lui, et qu’il avait assez goûté de leur miel pour ne plus vouloir s’en sevrer jamais. […] Au retour d’Italie, M. de Choiseul l’avait chargé d’accompagner sa jeune femme et de la ramener à Paris. Cette jeune femme, sur laquelle tous les portraits s’accordent, était, dès l’âge le plus tendre, une perfection mignonne de bon sens, de prudence, de grâce et de gentillesse : Mme de Stainville, à peine âgée de dix-huit ans, nous dit l’abbé Barthélemy, jouissait de cette profonde vénération qu’on n’accorde communément qu’à un long exercice de vertus : tout en elle inspirait de l’intérêt, son âge, sa figure, la délicatesse de sa santé, la vivacité qui animait ses paroles et ses actions, le désir de plaire qu’il lui était facile de satisfaire, et dont elle rapportait le succès à un époux digne objet de sa tendresse et de son culte, cette extrême sensibilité qui la rendait heureuse ou malheureuse du bonheur ou du malheur des autres, enfin cette pureté d’âme qui ne lui permettait pas de soupçonner le mal. […] On vit avec un plaisir mêlé de surprise combien notre abbé le rendait intéressant aux femmes et aux gens du monde qui l’écoutaient, par les grâces de son style, par la finesse de sa critique, et par ses principes justes et lumineux. — Les femmes mêmes, lit-on dans les Mémoires de Bachaumont, ont été enchantées de cette lecture.
Mme Sand est momifiée de plus en plus, mais toute pleine de bonne enfance, et de la gaieté d’une vieille femme du siècle dernier. […] Ce bureau de La Vie parisienne a le clair-obscur de l’appartement d’une vieille femme galante retirée du commerce des tableaux, un appartement où rutilent les chaleurs de faux chefs-d’œuvre. […] » Ces orientaux donnaient, dans cette phrase, l’idéal de ce qu’ils cherchent chez la femme : un joli petit animal, qu’on enveloppe avec la caresse tombante d’une main. […] Quelqu’un ajoute, que les officiers de marine sont unanimes à reconnaître que dans tout l’Orient, c’est seulement au Japon qu’on trouve chez la femme, la gaieté, l’entrain, un amour du plaisir, presque occidental. […] Et la jeune femme a pour repoussoir à son éblouissante jeunesse, d’un côté le chinois Tsing à la face plate, au nez retroussé, de l’autre sa mère, la vieille Grisi, dans son ratatinement souffreteux.
Elle croira que les bourgeois de la seconde moitié du siècle étaient des vases de pureté, comme nous croyons que Pyrrhus y regardait à deux fois avant de faire subir à ses captives, fût-ce à Andromaque, le sort réservé autrefois aux belles femmes des héros morts. […] C’est entouré de sa femme, de ses deux sœurs et de ses neveux, MM. […] Son esprit, éminemment français, qui n’empruntait rien ni à Lope de Vega, ni à Goethe, ni à Shakespeare, qui prenait sa langue dans Rabelais, dans Montaigne, dans Beaumarchais, et peignait ses contemporains sur le vif, tels qu’il les voyait, bourgeois, financiers, aventuriers et aventurières, honnêtes gens, femmes vertueuses et coquines, de son temps, s’était obstinément refusé à s’enrôler sous la bannière du grand maître. […] Toujours calme, toujours discret ; ne parlant jamais aux femmes que le chapeau à la main. […] Augier et sa future femme recoururent à son ministère avec beaucoup de simplicité et de piété et, le jeudi saint, le prélat leur donna la bénédiction nuptiale dans l’église Sainte-Marie-du-Peuple, où Luther a dit sa dernière messe.
Son procès avec sa femme que le prince de Conti lui avait séduite36, la banqueroute du prince de Guémené, puis la Révolution, tout s’opposa à ce qu’il consolidât jamais son existence. […] Sans aucune sensibilité, sans aucune disposition rêveuse et tendre, il aimait ardemment les femmes, probablement à la manière de Buffon, quoiqu’en seigneur moins suzerain et avec plus de galanterie. […] Les amours de Le Brun avec la femme qu’il a célébrée sous le nom d’Adélaïde se rapportent précisément au temps dont nous parlons. […] On alla jusqu’à dire qu’il l’avait vendue au prince, et, chose fâcheuse pour le caractère de Le Brun, plusieurs ont pu le croire. — Voir son élégie infamante à Némésis, où il trouve moyen de flétrir d’un seul coup sa mère, sa sœur et sa femme !
Les femmes n’ont été pour lui que des miroirs où il s’est regardé ; il s’y est même trouvé très beau. […] Doucement élevé, en pleine campagne, par des femmes et par un prêtre romanesque, n’ayant pour livres que la Bible, Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand, il s’en va rêver en Italie et se met à chanter. […] Il est remarquable que les seules poésies de quelque durée où l’on puisse reconnaître son influence soient des poésies écrites par des femmes. Les femmes aiment la spiritualité, la douceur ; elles n’ont pas besoin de revêtir leurs émotions d’un caractère exceptionnel, leur cœur étant très accessible à la poésie des sentiments communs ; par là et par d’autres traits, il semble que l’âme du grand poète, qui avait exprimé ces choses avec tant de puissance, appartienne elle-même au type féminin, si l’on ajoute à ce type la force qui s’y joint pour former la figure de l’ange.
Les acteurs français ne pouvaient lutter avec ces étrangers : « La comédie telle que ceux-ci la jouaient, dit Brantôme, était chose que l’on n’avait encore vue et rare en France, car, par avant, on ne parlait que des farceurs, des conards de Rouen, des joueurs de la Bazoche et autres sortes de badins. » Ce qui devait offrir surtout un vif attrait, c’était la présence d’actrices élégantes jouant les rôles féminins, tandis que les rôles de femmes étaient tenus chez nous par des hommes. […] Le capitaine Bellorofonte Scarabombardon se voit supplanté auprès de celle qu’il devait épouser, sur quoi on lui dit : Galant seigneur capitaine, à votre courtoisie on doit en retour une autre femme plus vaillante et plus guerrière qu’Erminia, dont l’humeur pacifique ne pouvait convenir à votre humeur. […] Une femme ? […] L’ornement et la gloire de cette troupe, la perle des Gelosi, c’était la femme de cet acteur, Isabella Andreini.
Généreux comme un prince, courtois comme un gentilhomme de l’ancien régime, il a vécu et il mourra dans l’impénitence finale de l’amour des femmes. […] André trouve mauvais les présents dont son père accable sa femme ; il lui déplaît qu’en son absence il la promène orgueilleusement à son bras. […] Un mari dont André, avant son mariage, a séduit la femme, vient lui demander raison de l’offense. […] Elle professe sa perversité, elle la rédige et elle la démontre ; elle pratique, sur elle-même, l’autopsie de la femme sans cœur.
… Il a l’attrait du mystère et du mensonge, l’attrait d’un grand esprit masqué, ce qui est bien plus qu’une belle femme masquée ! […] C’est toujours (non plus ici dans le roman mais bien dans la réalité) ce Julien Sorel (du Rouge et Noir) « au front bas et méchant », que les femmes, qui se connaissent en ressemblance, disaient être un portrait fait devant une glace, quoiqu’il leur parût un peu sombrement idéalisé. […] pas de naturel véritable dans les lettres de cet homme dont l’esprit n’ondoie point, ne se contredit point, et qui aimait tant le naturel, — nous a-t-il dit et répété dans ses livres et sur tous les tons, mais qui l’aimait probablement comme les roués aiment les femmes candides ! […] Il a la force dans l’invention (voyez les héros de ses romans et même ses héroïnes, qui sont toutes des femmes à caractère !)
… Il a l’attrait du mystère et du mensonge, l’attrait d’un grand esprit masqué, ce qui est bien plus qu’une belle femme masquée ! […] C’est toujours (non plus ici dans le roman, mais bien dans la réalité) ce Julien Sorel (du Rouge et Noir) « au front bas et méchant » que les femmes, qui se connaissent en ressemblance, disaient être un portrait fait devant une glace, quoiqu’il leur parût un peu sombrement idéalisé ! […] pas de naturel véritable dans les lettres de cet homme, dont l’esprit n’ondoie point, ne se contredit point, et qui aimait tant le naturel, — nous a-t-il dit et répété dans tous ses livres et sur tous les tons, — mais qui l’aimait probablement comme les roués aiment les femmes candides ! […] Il a la force dans l’invention (voyez les héros de ses romans, et même ses héroïnes, qui sont toutes des femmes à caractère !)
Peintre de talent sur la toile, que nous n’avons pas ici à apprécier, Eugène Fromentin est allé demander deux fois à l’Afrique ce que les peintres vraiment inventeurs trouvent par l’intuition seule de leur génie, fussent-ils culs-de-jatte, et voilà qu’une fois parti il n’a pu résister à la facilité de ce livre de tout le monde que chacun peut faire, et même les enfants et les femmes, car les femmes et les enfants aiment très fort à parler de leurs impressions personnelles. […] Elle n’a rien de la femme brûlante et commune de l’Orient. C’est la froideur blême, nerveuse, maigre, d’un vaporeux étrange en ces climats d’énergie ; mais c’est le sorbet des ardents, car un mari tua sa première femme pour la suivre, et, quitté par elle, il s’en venge, avec l’adresse féroce d’un centaure, en lui fendant le front, au milieu d’une fête, avec les deux pieds de son cheval !
La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué. […] mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas. […] Voilà, mon ami, ce qu’on appelle une idylle que je vous fais, tandis que le satyre, l’oreille dressée, se réjouit à dire des contes aux femmes, etc.
Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde. […] Vous faites comme notre amoureux de tout à l’heure, qui, s’il adore une femme aux yeux d’un bleu tendre et aux cheveux d’un blond cendré, s’écrie avec l’accent de l’enthousiasme et de la foi : « Voilà le fond d’une vraie beauté !
C’est l’histoire d’une femme et d’une jeune fille qui souffrent et d’un homme qui les fait souffrir ; et elles sont bonnes, et il n’est pas méchant, et tous sont irresponsables, et tout cela est bien triste. […] Déjà, dans Bel-Ami, M. de Maupassant nous avait dit le supplice de la femme qui n’est plus jeune et qui perd son dernier amant. […] Comment Olivier se met à aimer la jeune fille sans le savoir, et comment la comtesse s’en aperçoit et prend le parti désespéré d’en avertir son ami ; comment Bertin souffre d’aimer cette enfant — lui, un vieil homme — et comment la comtesse souffre de n’être plus aimée de ce vieil homme parce qu’elle n’est plus une jeune femme ; la lutte d’Olivier contre cette passion insensée et de la comtesse contre les premières flétrissures de l’âge ; et comment la jeune fille traverse tout ce drame (qu’elle a déchaîné) sans en soupçonner le premier mot ; et comment enfin les deux vieux amants assistent, impuissants, au supplice l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’Olivier se réfugie dans une mort à demi volontaire : voilà tout le roman.
Naguère, en un livre sur les femmes qui écrivent, il me parut juste d’étudier Catulle Mendès, mais certains sexes hésitants troublent le naturaliste ; on reste toujours inquiet, quelque état civil qu’on ait attribué à celui-là : si cette femme n’était qu’un homme qui nous tourne le dos… Donc, quoique j’aie donné sur elle un jugement d’ensemble auquel je n’ai rien à changer, voici que je reviens vers lui. […] Voici Le Bon Plaisir, mesdames : Louis XIV traversant une ville au milieu de son escorte aperçoit à une fenêtre une jeune femme qui lui plaît.
Ensuite David est porté sur son char par des femmes dont une prosternée embrasse ses jambes, d’autres l’élèvent, une troisième sur le fond le couronne. […] Plus loin à gauche, ce sont des femmes qui dansent, qui chantent, qui accordent leurs instrumens. […] Sur le fond, des hommes, des femmes, la bouche ouverte, les bras levés et en acclamations.
Femmes, enfants, serviteurs, tout ce qu’on a trouvé ! […] Et ma femme aussi ? […] — Femmes, enfants. — Et ma femme aussi ? […] Il avait avec lui deux femmes et deux enfants. […] Il s’y était logé avec sa femme et ses deux enfants.
. — Les Femmes d’amis (1888). — Le train de 8 h. 47 (1888). — Madelon, Margot et Cie (1890). — Potiron (1890). — Lidoire (1891). — Boubouroche, deux actes, en prose (1893). — Les Facéties de Jean de la Butte (1893). — Messieurs les ronds-de-cuir (1893). — Ah ! […] Les Femmes d’amis (1888) n’eurent pas un moindre succès.
Or voici une affiche de Lautrec, sa dernière : une femme insignifiante de visage, élancée, bien faite et fort élégante parmi ses plumes et ses fourrures, semble, de son manchon tendu, indiquer un chemin à un imaginaire questionneur. […] Mais ils se trompent grossièrement en imaginant qu’une lithographie représentant une petite femme de Montmartre spirituellement campée peut, au choix, servir de fond suggestif à l’annonce d’un bazar, d’une librairie ou d’un papier à cigarettes.
Semblable à ces femmes qui faisoient profession de pleurer aux funérailles des Anciens, & qui regrettoient avec de grands cris ceux même qu'elles n'avoient jamais vus, l'Eloquence gémit indistinctement sur toute sorte de tombeaux, &, confondant le Génie dans la médiocrité, veut quelquefois consacrer à celle-ci des monumens dont on a privé jusqu'à ce jour la cendre des Corneille & des Racine, &c. » * Au reste, l'Histoire de Pologne passe pour le meilleur Ouvrage de M. de Solignac, & seroit une excellente Histoire aux yeux de tout le monde, si le naturel, la simplicité & la correction étoient les seules qualités qu'on dût exiger d'un Historien ; mais ces qualités, pour être précieuses, ne sont pas les seules nécessaires, & malheureusement M. […] Outre l'Eloge de M. le Chevalier de Solignac, M. l'Abbé Ferlet a publié d'autres Discours, qui lui donnent le droit de figurer parmi les Littérateurs de nos jours qui ont cultivé l'Eloquence avec une sorte de distinction : tel est celui où il examine le bien & le mal que le commerce des femmes a faits à la Littérature, & qui a mérité le prix de l'Académie de Nancy ; tel est encore son Discours sur l'abus de la Philosophie par rapport à la Littérature, Ouvrage dont l'élocution se ressent un peu de la jeunesse de l'Auteur, mais dont les vûes & les principes annoncent un esprit vraiment éclairé & capable d'éclairer les autres.
Pour la vérité, m’affirment le Job de Bonnat, le Saint Sébastien de Ribot et la vieille femme de Rodin. […] D’où vient à cette femme une telle désespérance ? […] Cet homme, cette femme, c’est le couple humain, suprême production de la nature. […] Non, répondrai-je, car ce n’est pas cette femme que l’artiste a voulu représenter. […] La beauté de la femme n’est pas celle de l’homme ; la beauté d’une blonde n’est pas celle d’une brune.
Ces jeunes femmes émues et souriantes. […] Sa femme est malade. […] Les poètes mentent toujours un peu, quand ils s’adressent à des femmes. […] … Le vieux roi s’éprend, à soixante-quatre ans, d’une femme qui en a quarante-cinq. […] Le roi et sa femme sont au lit.
Si la littérature est difficilement une carrière pour un homme, c’est encore pire pour une femme. Les femmes s’imaginent avoir la vocation parce qu’elles écrivent plus naturellement que les hommes, quand elles écrivent pour elles. […] Les femmes et les jeunes filles, quand elles se mêlent d’écrire, tombent dans le même travers. […] Weiss : « Y a-t-il en province des femmes qui rêvent la passion ? […] X…, livre original, touffu, ouvertement écrit en faveur des femmes.
L’Ange, sans plus hésiter, alla quérir le Diable pour qu’il emportât tout ce monde-là, la femme avec ! […] — Je dis que je suis une femme, ricana la pierreuse. […] Là, nous trouvâmes sa femme tout en pleurs, penchée sur un berceau dans lequel se trouvait une fillette quasi agonisante. […] Racine modelait la femme, Shakespeare la rêvait. […] Il ne tarda pas à épouser une jeune femme charmante qui lui donna un fils.
Elevé par des femmes et par un prêtre tendre et rêveur, le lycée discipliné et militaire de 1804 lui parut horrible. […] Désireux depuis longtemps de visiter l’Orient, il fréta un vaisseau, et s’embarqua (1832) avec sa femme et sa fille. […] j’ai pour moi les jeunes gens et les femmes, cela me suffit. » Il a toujours eu pour lui les jeunes gens et les femmes, parce qu’il a été très jeune toute sa vie. […] On disait couramment de son temps : « Les femmes n’aiment pas Victor Hugo. » C’est qu’il n’est pas du tout le poète des femmes. […] Une « femme qui tombe » passe devant lui : « Ne l’insultez pas ; elle peut se relever », pense-t-il.
Il n’y a là que des gredins, des chevaliers d’industrie et des femmes adultères. […] Tout cela ne compte pas, ce sont des femmes qui causent toilettes. […] Une femme voilée passe ; le cœur bat, on la suit ; mon Dieu ! […] Je sais que les femmes et les livres apportent bien des désillusions ; la femme est un laideron, le livre vous endort. […] Plus tard, quand sa femme se livre à l’abbé de la Mole, M.
Enfants et femmes à genoux y buvaient jusqu’à mourir. […] George Ier tient sa femme en prison pendant trente-deux ans, et s’enivre le soir chez deux laiderons, ses maîtresses. George II, qui aime sa femme, prend des maîtresses pour avoir l’air galant, se réjouit de la mort de son fils, escroque le testament de son père. […] Elle n’y pense pas ; il faut décrotter cette femme-là. […] « Ayez des amants, mademoiselle ; une femme doit savoir être mercenaire, quand même elle ne serait jamais allée à la cour ni dans une assemblée… Comment !
Célimène lui répond : Mais si c’est une femme à qui va ce billet ? […] Ce qui met le comble à sa douleur, c’est qu’il faut qu’il dispose lui-même, et sa fille, et sa femme, et Achille amant d’Iphigénie, à consentir au sacrifice qu’il redoute encore plus qu’eux tous. […] C’est ainsi que les Précieuses ridicules et les Femmes savantes ont survécu aux ridicules qu’elles représentaient. […] C’est ainsi que, dans l’École des Femmes, l’imbécillité d’Alain et de Georgette, nuancée avec l’ingénuité d’Agnès, concourt à faire réussir les entreprises de l’amant, et échouer les précautions du jaloux. […] La femme ménagère figure à côté de la savante, l’homme poli et humain à côté du misanthrope, et un jeune homme prodigue à côté d’un père avare.
Les décorations enrichies et devenues mobiles, les rôles de femmes joués non plus par de jeunes garçons, mais par des femmes, l’éclairage splendide et nouveau des bougies, les machines, la popularité récente des acteurs qui devenaient les héros de la mode, l’importance scandaleuse des actrices, qui devenaient les maîtresses des grands seigneurs et du roi, l’exemple de la cour et l’imitation de la France attiraient les spectateurs en foule. […] Touché de ces procédés, il veut l’épouser légitimement, et pour cela répudie sa femme. […] La pesante logique s’étale carrément dans les discours des princesses : « Deux si, dit Lyndaxara, font à peine une possibilité723. » Dryden met son bonnet de gradué sur la tête de ces pauvres femmes. […] Comme Shakspeare, ce qu’il étale sur la scène ce sont les entraînements et les fureurs humaines, un frère qui viole la femme de son frère, un mari qui se parjure pour sa femme, Polydore, Chamont, Jaffier, des âmes violentes et faibles que l’occasion transporte, que la tentation renverse, chez qui le transport ou le crime, comme un venin versé dans une veine, monte par degrés, empoisonne tout l’homme, gagne par contagion ceux qu’il touche, et les tord et les abat ensemble dans le délire des convulsions. […] Burns disait que dans son village il était arrivé, au moyen du raisonnement et des livres, à se figurer à peu près exactement tout ce qu’il avait vu plus tard dans les salons, tout, sauf une femme du grand monde.
Il est pénible de venir tout d’abord récuser le témoignage de Mme Récamier ; son raisonnement, qui est bien celui d’une femme, revient à dire : « Benjamin Constant m’a aimée, donc il était sensible. » Mais, en vérité, de ce qu’un homme a été amoureux d’une femme et l’a désirée ardemment, de ce qu’il lui a écrit mille choses vives, spirituelles et en apparence passionnées, pour tâcher de l’attendrir et de la posséder, qu’est-ce qu’on en peut raisonnablement conclure pour la sensibilité véritable de cet homme ?
. — La Femme de Putiphar (1884). — Iseult (1885). — Poèmes de la libellule (1885). — Iskender (1886). — La Marchande de sourires (1888). — La Conquête du Paradis (1890). — Fleurs d’Orient (1893). — Mémoires d’un éléphant blanc (1893). — Le Vieux de la Montagne (1893) […] Judith Walter a écrit, et cette strophe délicieuse et savante évoque son image, bien mieux que je n’ai su le faire : Derrière les treillages de sa fenêtre, une jeune femme qui brode des fleurs brillantes sur une étoffe de soie, écoute les oiseaux s’appeler joyeusement dans les arbres.
Comment Phèdre, dans Euripide, peut-elle avouer à une troupe de femmes un amour incestueux qu’elle doit craindre de s’avouer à elle-même ? […] Le nombre des personnages monta jusqu’à cinquante personnes ; mais Eschyle ayant fait paraître, dans un de ces chœurs, une troupe de furies qui parcouraient la scène avec des flambeaux allumés, ce spectacle fit tant d’impression que des enfants en moururent de frayeur, et que des femmes grosses accouchèrent avant terme.
Quant aux femmes, la coquetterie est peinte dans Armide, la sensibilité dans Herminie, l’indifférence dans Clorinde. Le Tasse eût parcouru le cercle entier des caractères de femmes, s’il eût représenté la mère.
Avec quelle bénignité Jésus-Christ lui-même ne parle-t-il pas aux femmes dans l’Évangile ! […] Si Énée veut échapper à la séduction d’une femme, il tient les yeux baissés : Immota tenebat lumina ; il cache son trouble ; il répond des choses vagues : « Reine, je ne nie point tes bontés, je me souviendrai d’Élise », Meminisse Elisæ.
Il n’oublie pas de donner à sa femme le titre d’usage ; il est furieux en termes officiels et choisis ; il ne se commettra jamais avec un insolent. […] Le parvenu se croit expert et vainqueur en toutes choses, en matière de femmes comme en fait de politique ; il est jusqu’au ventre en la litière ; mais il a beau faire, on devine son père l’âne. […] Les femmes leur rendent « fève pour pois et pain blanc pour fouace. » Les gestes crus ne leur coûtent guère ; pensez à celui qui effraya le diable de Papefiguières. […] La femme du lion mourut. […] Voyez l’Oraison funèbre de Marie-Thérèse, femme de Louis XIV, et ensuite dans les Mémoires son caractère vrai.
Deux circonstances contribuèrent surtout à faire naître l’esprit de société : ce fut le mélange des classes et le commerce des femmes. […] Le commerce des femmes y mit le charme qui lui est propre. […] La place de plus en plus grande que prirent les femmes dans la société, les bons effets qui en résultèrent, sont l’ouvrage personnel de Louis XIV. […] Le duc de la Feuillade avait cru se reconnaître dans la Critique de l’École des femmes ; il s’en était vengé en déchirant avec les boutons de son habit le noble visage de Molière, qui se baissait pour le saluer. […] Il restait à créer des rôles de femmes pour personnifier tous ces aspects et toutes ces nuances de l’amour.
Le lendemain matin, à mon réveil, on m’apporta une lettre du prince de Talleyrand à une femme de ses amies, qui lui avait prêté le livre la veille. […] Mais un vaurien dit : « Rousse ou blonde, « Moi, pour femme, je te choisis. […] C’était un pauvre ouvrier qui venait de perdre sa femme dans la nuit et qui n’avait pas de quoi lui acheter un linceul ou une bière ! […] Cette femme était si belle, si gracieuse, si intelligente à demi-mot, d’une sagesse si souriante et cependant si sérieuse sous son poids d’années, que je ne trouvais jamais l’heure longue dans son entretien. […] Le mari et la femme l’étendaient avec des soins de mère et de père sur son canapé ; ses pieds sans force touchaient encore à terre ; son visage était pâle, mais serein.
Le hasard produit une rencontre entre tel homme et telle femme ; ce n’est pas la rencontre en elle-même qui est intéressante : ce sont les conséquences de cette rencontre, conséquences déterminées par les caractères des héros. […] Etant donnée (par abstraction) une courtisane qui n’a rien de la femme, elle sera telle et telle, elle sera Nana. […] Il n’y a plus qu’à trouver des courtisanes qui n’aient rien de la femme ; et encore, si on en trouve, ce seront de pures exceptions qui ne prouveront rien de général. […] George Elliot nous dit se contenter de regarder la vieille femme songeuse, penchée sur un pot de fleurs et mangeant son dîner solitaire ; — eh ! toute la poésie de la vieillesse, du passé se souvenant, est là : la fleur et la solitude, mais c’est presque de la mise en scène pour cette figure de vieille femme.
L’auteur de Faust l’appelle mon frère, l’auteur d’Hamlet l’appelle mon fils, et toutes les femmes de France, méritant vraiment le nom de femmes, ont un volume de lui sous les coussins où elles rêvent. […] L’invention chez lui n’était pas des plus fortes ; vous retrouvez dans toutes ses œuvres les traces de bien des auteurs, Shakespeare, Byron, Calderon, Schiller, puis Boccace, La Fontaine, Régnier, Ronsard, Marivaux, Béranger et tous nos vieux conteurs ; ce qui faisait dire à une femme d’esprit : Quand je lis M. de Musset , je crois toujours avoir lu cela quelque part.
Enfin, c’étoit l’auteur à la mode, également au gré des hommes & des femmes. […] L’article des femmes y est sur-tout exagéré. […] L’auteur de la vie d’Abailard plaisante beaucoup sur ce reproche, que lui faisoit saint Bernard, d’aimer les femmes.
Ces nouveaux Acteurs ne déplurent point, et on fut surtout fort satisfait de l’agrément et du jeu des Femmes. […] En 1661 il donna la Comédie de L’École des Maris et celle des Fâcheux ; en 1662 celle de L’École des Femmes et la Critique, et ensuite plusieurs pièces de Théâtre qui lui acquirent une si grande réputation, que Sa Majesté ayant établi en 1663 des gratifications pour un certain nombre de Gens de Lettres, Elle voulut qu’il y fût compris sur le pied de mille francs. […] Toutes ses Pièces n’ont pas d’égales beautés, mais on peut dire que dans ses moindres il y a des traits qui n’ont pu partir que de la main d’un grand maître, et que celles qu’on estime les meilleures, comme Le Misanthrope, Le Tartuffe, Les Femmes savantes, etc. sont des chef-d’œuvres qu’on ne saurait assez admirer.
Ma bouche a bu le vin de toutes les ivresses, Les femmes ont pour moi déserté leur enfant ! […] Mais tout cela, mon père, a fatigué mon âme Sans l’user, — tout cela, amour, jeunesse et femme, La gloire du Sénat, celle des bataillons, Et le peuple en drap d’or, et le peuple en haillons, Tout cela m’a bientôt paru fortune aride ; En le voyant de près, j’en ai trouvé le vide, Et, déchirant ma robe au fer de mes talons, J’ai porté mes regards vers de plus hauts jalons ! […] Cela n’est pas facile à rencontrer, cet assemblage, surtout dans un homme qui dit ses vers le soir, entre deux tasses de thé, aux plus jolies femmes de Paris.
Ils les mariaient pour leur propre avantage, c’est-à-dire, pour faire entrer dans leurs maisons les femmes qu’ils en jugeaient dignes. […] Jugeant de l’antiquité par leur temps (axiome 2), les jurisconsultes romains du dernier âge ont cru que la loi des douze tables avait appelé les filles à hériter du père mort intestat, et les avait comprises sous le mot sui, en vertu de la règle d’après laquelle le genre masculin désigne aussi les femmes. […] De là tant de faveurs accordées aux femmes par les lois impériales pour compenser les dangers et les douleurs de l’enfantement.
Puisque vous vantez mes petits talents, croyez-vous qu’ils ne suffisent pas à l’entretien de ma femme ? […] Il me mit aussitôt de l’or et de l’argent entre les mains, et, quand la journée fut finie, il me conduisit à sa maison, où il vivait honnêtement avec une femme fort belle et ses enfants. […] « Je le fis appeler et consentir à prendre des habits de femme, que j’avais fait préparer tout exprès, et qui lui allèrent à merveille. […] Après la musique, un certain Aurelio d’Ascoli, grand improvisateur, fit un magnifique éloge des femmes. […] Il se désolait de voir, du haut des fortifications, sa pauvre maison saccagée, et sa femme et ses enfants au pouvoir des ennemis : de sorte qu’il n’osait faire son devoir, de peur de tirer sur eux.
J’ai trouvé de sottes femmes, et j’ai été obligé de supporter de la part de plusieurs d’entre elles une espèce d’examen à mots couverts sur ce point. […] S’occuper des idées sur l’immortalité, cela convient aux classes élégantes et surtout aux femmes qui n’ont rien à faire. […] Il estimait peu le talent des femmes poètes. […] Comme d’habitude, il s’informa avec intérêt de ce que j’avais vu de neuf ces jours-ci, et je lui racontai que j’avais fait connaissance avec une femme poète. […] Je n’avais pas fait cent pas dans cette direction que j’aperçois une forme de femme tout à fait ressemblante à celle que j’appelais.
C’est une des femmes les meilleures et les plus remarquables de notre temps, et elle le serait même sans être princesse. […] Dans Victor Hugo, Alfred de Vigny, Émile Deschamps, nous vîmes des physionomies nettes, aisées, sereines. — Mademoiselle Gay, madame Tastu et d’autres jeunes femmes auteurs nous firent également grand plaisir. […] Même quand arrivent chez nous ces peuples tout entiers, nous ne ressentons aucune crainte, et on a vu de belles femmes embrasser les hommes et les chevaux. […] Le portrait de la comtesse de Vaudreuil, femme de l’ambassadeur français, arriva ce jour-là d’Eisenach. […] Le duc de Weimar meurt après cinquante ans d’amitié, mais sa femme et son fils survivent, et la faveur du grand homme revit tout entière en eux jusqu’à son dernier jour.
Quand elle meurt au seuil de la chambre papale, cette femme infortunée, Rome meurt en elle à nouveau. […] Grâce à ces deux femmes, André prend une conscience plus nette de lui-même. […] Ces femmes qui passent n’ont presque point de formes corporelles. […] Le colonel attendait, droit sur son cheval, que ces mille femmes fussent rasées. […] Sa femme n’est pas aveugle.
Le Traité du Sublime attribué à Longin nous conserva heureusement la célèbre plainte amoureuse de cette femme au cœur violent. […] Telle était cette femme, ou du moins, telle nous la voyons dans les poésies de son adorateur. […] Vous savez qu’une femme qui a été aimée d’un grand homme excite facilement une curiosité vaine. […] Mais la grâce et le charme captivant abondent dans l’œuvre de la jeune femme. […] Il eut à se plaindre et de ses deux femmes légitimes, et de presque toutes ses maîtresses.
Si Damiette avait tenu bon, on se demande ce que serait devenue tout d’abord cette multitude d’assaillants, guerriers ou pèlerins, débarqués avec femmes et enfants, et campant sur le rivage. […] C’était grand pitié d’ouïr crier dans l’armée les gens à qui l’on coupait ces chairs ; car ils criaient tout ainsi que femmes qui sont en travail d’enfant. Cette armée de rudes croisés, qui ressemblent en leurs douleurs à une troupe de femmes en travail qui crient, c’est un trait énergique à joindre au tableau des pestes et épidémies célèbres6. […] [NdA] Ceci encore rappelle une des belles comparaisons d’Homère lorsqu’au chant XIme de l’Iliade, pour exprimer les douleurs d’Agamemnon blessé à la main ou à l’avant-bras et voulant continuer de combattre, il assimile les élancements qui le prennent tout d’un coup et ne lui laissent pas de répit à ceux d’une femme en couche. Et Isaïe emploie aussi cette expression : « Je crierai comme une femme en travail. » Ce sont de ces images primitives et que donne la pure nature.