I Ce n’est pas ici le Guizot l’historien, l’auteur de l’Histoire de la civilisation, qui trouvera prochainement sa place ailleurs, c’est le Guizot critique et biographe de Shakespeare. […] Or, une Vie de Shakespeare est autrement difficile à faire qu’une Vie de Washington, qui eut, lui, la vie publique de la place publique, du champ de bataille, de la tente, des congrès, de la correspondance, et qui éclate partout comme le soleil du nouveau monde, et plus beau, car ce n’est qu’un astre !
… Et c’est ainsi à beaucoup de places ! […] L’analyse des œuvres y trouve sa place après le récit coloré des faits.
Il l’a été à deux places sur lesquelles nous nous arrêterons, s’il vous plaît… Oui ! […] III Nous voilà enfin arrivés à l’une des deux places de son volume où l’auteur de ces délicieuses bribes d’histoire, enlevées comme des bulles de savon et aussi colorées, se métamorphose et se permet la fantaisie d’être profond… C’est justement quand, dans l’ordre de ses Notices, il arrive à madame de Maintenon, et que lui, l’amoureux de madame de Sévigné, il passe à l’ennemi, si on peut dire l’ennemi d’une femme qui, pour avoir la raison la plus haute qu’une tête féminine ait jamais possédée, avait autant d’agrément à sa manière que la vive et brillante Sévigné.
L’auteur a des parentés dans la place. […] Il nous donne les femmes et la société du temps d’Auguste, et pour commencer ses impertinences de dandy, que je ne hais pas, il place Cléopâtre sous Auguste, quoiqu’elle fût à côté, et quoique, des femmes sous Auguste, il n’y en ait dans son livre que deux : Livie et Julie, — plus Horace, qui, selon moi, n’était d’aucun sexe, lui, mais un impuissant de tête et de cœur, habile seulement dans l’art physique de faire des vers.
« Villemain — dit-il ailleurs — occupe dans la littérature française une place très élevée », et il s’imagine, et Eckermann aussi, et M. […] On conçoit qu’étant un artiste réfléchi, savant, archaïque, qui s’assimilait bien plus les manières qu’il n’en créait, il eût moins de valeur sur place que dans ses livres.
Si, en attendant le gouvernement de tous par tous, dans sa beauté complète, — ou mieux encore, la suppression de tout gouvernement, l’idéal enseigné par Proudhon, l’iconoclaste des Républiques, — nous permettons à la Royauté, ce polype coupé un jour sur la place de la Révolution, mais qui a repoussé, de rester encore quelque temps sans être arraché du sein des peuples, c’est seulement à la condition d’être entourée, cette Royauté, comme disait Lafayette, d’Institutions Républicaines, et de lui mettre la camisole de force d’une Constitution. […] Wallon a voulu ajouter un Saint Louis de sa façon à tous les autres Saint Louis qui encombrent la place ; car Saint Louis, ce fascinateur historique, a eu des masses d’historiens de toute époque, de toute opinion, de tout renseignement.
Il croyait qu’un livre trouve toujours sa place, dans un temps donné, sans qu’on prenne tant de peine pour la lui faire, et que — sans être un Moïse et la Critique une fille de Pharaon pour le ramasser — le livre, exposé sur le fleuve de la publicité, aborde toujours là où il devait aborder. […] C’est l’histoire faite par des historiens comme Shakespeare, dans ses Chroniques d’Angleterre mises au théâtre (mais la place n’y fait rien), et Montesquieu, par exemple dans son Dialogue d’Eucrate et de Sylla.
Quand son infernale sœur eut pris sa place dans ce lit de roi qui allait devenir une place publique, madame de Mailly mourut, ce cilice ensanglanté de la pénitente pour toute peau de tigre, embaumant et purifiant sa mémoire souillée dans le mot sublime d’humilité qu’elle dit, un jour, sous l’atroce injure qui la nommait : « Si vous la connaissez, priez Dieu pour elle !
Malheureusement, à plus d’une place encore, le Michelet qui a gâté l’autre Michelet, le Michelet primitif, s’y montre, et on y retrouve l’homme de parti, le philosophe, l’utopiste démocratique, le déchristianisé enfin. […] « J’étais enfant, en 1810, — dit-il, — lorsqu’au jour de la fête de l’Empereur, on laissa tomber les toiles qui cachaient le monument de la place Vendôme, et la colonne apparut !
D’injustice véritable, nous venons de montrer qu’il n’y en avait point ; et, d’ailleurs, tout s’arrange avec le temps, — le temps, ce grand Juste, qui finit toujours par mettre chacun à sa place. […] Ce fut un sceptique et même un sceptique contradictoire, ce qui, par parenthèse, au lieu d’une faiblesse, en fait deux ; car dans son Kosmos il doute, à une certaine place, « qu’on puisse jamais, à l’aide des opérations de la pensée, réduire tout ce que nous voyons à l’unité d’un principe rationnel », et ailleurs il assure qu’il croit au mot de Socrate : « qu’an jour l’univers sera interprété à l’aide de la seule raison », vacillement d’un esprit qui ploie également sous l’affirmation et sous le doute !
Je ne parle pas de Clarisse, qui est un roman de l’esprit humain, à sa meilleure place, en Angleterre. […] C’était une grande place pour le sourire, qui semble s’y étendre, même quand elle ne sourit pas.
C’est un large cours de pensées que ses pensées, enchaînées les unes aux autres comme les flots aux flots, mais auxquelles il faut de la place. […] Dans cette réplique d’un siècle à un autre par ses plus grands hommes, le comte de Maistre, avec son esprit merveilleux, si aristocratique, si français, et ce don de plaisanterie charmante, qui était comme la fleur de son profond génie, le comte de Maistre tient naturellement la place de Voltaire, et c’est bien le Voltaire du catholicisme, en effet !
D’injustice véritable, nous venons de montrer qu’il n’y en avait point ; et d’ailleurs, tout s’arrange avec le temps, le temps, ce grand Juste, qui finit toujours par mettre chacun à sa place. […] Ce fut un sceptique et même un sceptique contradictoire, ce qui, par parenthèse, au lieu d’une faiblesse, en fait deux, car dans son Kosmos il doute, à une certaine place, « qu’on puisse jamais, à l’aide des opérations de la pensée, réduire tout ce que nous voyons à l’unité d’un principe rationnel », et ailleurs il assure qu’il croit au mot de Socrate, « qu’un jour l’univers sera interprété à l’aide de la seule raison », vacillement d’un esprit qui ploie également sous l’affirmation et sous le doute !
Si dans un temps de scepticisme ou d’éclectisme comme le nôtre, on n’ose pas dire qu’il y ait autre chose dans les têtes affaiblies que des tendances à la place d’opinions, on sait bien au moins à quelles tendances a toujours appartenu la pensée de M. […] Il a aimé mieux prendre l’homme tout entier, dans le multiple ensemble de sa vie et à sa place dans tous les événements de son temps, et il a écrit un ouvrage qui n’a pas pour titre unique le nom d’Anselme et qui est aussi le tableau de la vie monastique et politique, au onzième siècle.
Au lieu de travailler dans le recueillement à des œuvres de longue haleine, Brucker inventait sur place, dans des merveilles d’improvisation, et profondes comme des improvisations ne le sont jamais ! […] Sous ce pêle-mêle d’idées et d’images, de sentiments et d’abstractions, il y a une unité qui tient au fond du livre et de l’âme de l’auteur, et qui nous venge bien du manque d’unité de cette forme que j’ai signalée ; et cette unité du sujet, retrouvée, à toute place, dans cette dispersion de qualités qui rayonnent de toutes parts, en ce livre formidable, comme les balles écartées d’une espingole, c’est justement ce qui est en cause dans cette misérable heure : c’est la grandeur et le droit de la paternité !
Les incrédules et les hostiles au catholicisme l’ignorent, mais ils n’en reconnaissent pas moins la place immense que tient l’Église dans l’univers et dans son histoire. Nul d’entre eux ne s’avise de nier la majesté de ce sujet grandiose, qui renferme plus qu’aucun autre, à quelque place qu’on la choisisse, tout ce qui constitue le jeu des forces vives de l’humanité.
Elle place la question là où elle doit être, et elle la résout en l’élevant. […] Son volume n’est que le premier d’un ouvrage qui en aura deux et qui a l’ambition d’être l’Idée de Dieu conçue et exprimée par l’auteur à son tour, quand il aura achevé le balaiement des sottises et des absurdités de haute venue qui, de présent, encombrent la place.
L’hermine, qu’une seule tache fait mourir, a gardé une place blanche, qui témoigne de sa pureté première. […] Roger de Beauvoir, ce qui nous a toujours empêché de le confondre, malgré ses erreurs d’homme et de poète, avec les Gentils de notre temps, avec les Idolâtres de la Forme qui n’ont d’autre dieu que le fétiche qu’ils ont eux-mêmes sculpté, c’est le parfum des croyances premières et flétries, mais qu’on retrouve toujours à certaines places de ses écrits ; c’est ce christianisme ressouvenu qu’il tient peut-être de sa mère et qui revient de temps en temps et comme malgré lui, dans sa voix : D’où vient, qu’après avoir dormi sous les platanes, Après avoir sur l’herbe épanché les flacons, Puis être revenus, Ô brunes courtisanes, En rapportant chez nous les fleurs de vos balcons, La tristesse nous prend comme fait la duègne Qui de la jeune Inès s’en vient prendre la main, Et que nous n’arrivons jamais au lendemain Sans qu’aux pensers d’hier tout notre cœur ne saigne ?
La première place sera toujours pour les œuvres étendues et fortement combinées, pour ces romans où l’esprit bourgeois voit des longueurs, comme il en voit dans Clarisse et dans les deux premiers volumes de tout roman de Walter Scott, mais où le connaisseur sait voir, lui, des secrets d’effet merveilleux. […] C’est un Turenne du peuple, sans génie, sans bâton de maréchal resté dans la giberne pour donner raison à Louis XVIII, et aussi sans la piété du grand Turenne, qui lui aurait ôté, s’il l’avait eue, cet air triste qui ne lui va pas, pour mettre à la place l’air serein, le véritable air d’une figure, d’une vie, d’une conscience comme la sienne ; car le scepticisme qui nous déborde, et qui n’a pas fait de foi aux plus grandes âmes, a versé son ombre et sa misère sur les fronts les mieux nés pour être sereins.
Les esprits, bas et dépravés, qui y chercheront la Messaline de Juvénal, rajeunie au xixe siècle, seront bien attrapés par ce qu’ils trouveront à la place. […] Il reste dans les nuances de cette civilisation de notre temps, où l’âme, grâce au Christianisme, tient tant de place encore.
Seulement, Joubert ne l’aurait pas prévu, cet heureux joueur de dominos s’est établi dans la renommée mieux qu’on ne s’établit au café, où l’on s’attable, mais où l’on ne reste pas, et il est resté à la même place dans une renommée tout de suite faite, et conservée par les générations qui ont suivi et qui se transmettent héréditairement les admirations enseignées et les réputations apprises… Et tout le monde est, plus ou moins, victime de cela ! […] En ce temps-là, les réputations les plus majestueuses ont été remises brutalement au crible, mais on ne secoua même pas celle de Le Sage… On ne fit pas contre lui ce qu’on osa faire contre Racine, — et il demeura incontesté et tranquille à sa place dans la littérature française, comme sur son socle dans la galerie du Théâtre-Français.
C’est à ces misères (il faut bien enfin, quoi qu’il en coûte, appeler les choses par leur nom), c’est à ces misères que la Revue des Deux-Mondes, dans ses feuilles, a réservé la place d’honneur. […] Telle est la raison qui nous a fait mettre ici un examen qui aurait mieux sa place dans le volume des Critiques (les Juges jugés).
Quoique la description et le sentiment y tiennent leur place, ils n’y débordent pas, comme dans la plupart des romans actuels, et l’auteur, qui a vécu, car il faut avoir vécu pour faire des romans, a mis tout au fond une pensée. […] Mal élevé comme la plupart des hommes de cette époque infortunée, tiré à deux éducations contraires qui ne valent pas mieux l’une que l’autre, et qui, le rompant dans le centre même de son être à la place où les convictions doivent se bâtir leur forteresse, le hachent en deux tronçons plus ou moins saignants qui s’agiteront, sans se rejoindre dans un impuissant scepticisme, Christian, le héros du livre, est, une fois de plus, l’éternel malade dont nous avons tant étudié la maladie sur cette race de lépreux sublimes, Werther, René, Obermann, et tant d’autres animæ viles dans lesquelles le génie s’est expérimenté lui-même.
Gaston Paris, passant outre à toutes ces considérations, se place, pour caractériser notre littérature française du moyen âge, au point de vue, comme il dit, de la science pure. […] Le Petit de faire un jour une petite place à notre client dans sa Bibliographie. […] C’est Molière, comme dans tous les catalogues de ce genre, qui tient la plus large place dans le volume de M. […] Le Petit, c’est à voir la description des éditions originales de Marivaux y tenir plus de place que la description des éditions de Montesquieu, presque autant de place que celle des éditions de Voltaire. […] C’est à ce point de vue que Buffon se place, et ce n’est pas le moindre effet de sa singulière ampleur d’imagination.
Salvator Rosa place des canons à la porte de la tente d’Holopherne. […] Il y avait une grande place à passer, et, dans les commencements de notre connaissance, il prenait son chemin par les côtés de cette place. […] … Et d’une bonne pension, et d’une place d’historiographe, et d’une place d’Académicien… Allons ! […] … De retour en Allemagne, il erre plusieurs années, sans qu’on veuille lui accorder une place de maître de chapelle. […] Les anciens, peu vêtus, vivaient au grand air, sur les places publiques, dans les gymnases, dans les palestres.
Sa véritable place, dans les Premiers Lundis, aurait été à la suite de celui que nous avons déjà inséré dans le tome II sur la comédie de M.
On y trouve les qualités de précision et de style qui lui ont fait une place à part dans le monde artistique.
Bougeant se fût borné à ce seul Ouvrage, il mériteroit tout au plus une place parmi les Littérateurs frivoles.
Son fils, qui succéda à ses Places & à ses connoissances, nous a donné son Eloge historique, très-bien écrit.
N'eût-il que la gloire d'avoir fondé des Colléges, favorisé le progrès des Lettres, donné l'existence & de sages loix à l'Académie Françoise, il mériteroit une place dans cet Ouvrage : il y a encore des droits en qualité de Littérateur.
III Sous ce nouveau jour et dans ces conditions nouvelles, le pouvoir départi à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est va reconquérir sans conteste la place que lui assigne son caractère d’universalité.
Ces pèlerins, allant par troupes et s’arrêtant dans les places publiques, où ils chantaient, le bourdon à la main, le chapeau et le mantelet chargés de coquilles et d’images peintes de différentes couleurs, faisaient une espèce de spectacle qui plut, et qui excita quelques bourgeois de Paris à former des fonds pour élever un théâtre où l’on représenterait ces moralités les jours de fêtes, autant pour l’instruction du peuple que pour son divertissement.
Spencer, le problème méthodologique n’occupe aucune place ; car l’Introduction à la science sociale, dont le titre pourrait faire illusion, est consacrée à démontrer les difficultés et la possibilité de la sociologie, non à exposer les procédés dont elle doit se servir.
Elle n’avait pas de place pour les passions et les folies. […] De frais adhérents prirent leur place : Jean Moréas, Laurent Tailhade, Charles Morice, etc. […] A la table de la science il y a place pour tous, et chacun de ceux qui s’associent aux observations communes est le bienvenu. […] On veut tenir une place, être notoire, ou notable. […] Mais injurier n’est pas expliquer, et si l’on est en droit de mettre à leur place le plus énergiquement possible des charlatans conscients qui, à la façon des arracheurs de dents, jouent sur les foires l’homme sauvage pour soutirer de l’argent aux badauds, la colère et la raillerie, vis-à-vis des imbéciles sincères, ne sont pas à leur place.
On ne se rend pas compte de la place vraiment extraordinaire qu’il occupe dans les annales non seulement de notre littérature, mais de la littérature universelle. […] Il a su remettre tout en place. […] Celui-ci tenait une place énorme parmi les paysages. Émile Zola a donné aux arbres, à la lumière, aux vents et aux parfums une place véritable dans l’action de ses livres. […] Entre la tour d’ivoire de ces admirables maîtres que furent Vigny et Villiers de l’Isle-Adam, entre le mépris de Flaubert et le bannissement de Paul Verlaine, il y a place pour des hommes qui attendront que la foule se hausse à eux.
Et enfin, l’assassin politique, n’est-ce pas un monsieur qui se met à la place du bon Dieu, volant pour signer l’histoire d’un temps, la griffe de la Providence ? […] faut encore tes six sous… Crois-tu que je vais, comme hier, te payer tous les jours l’omnibus pour la place Maub. […] Je lui dis qu’il faut absolument sortir de là, que je vais tâcher de lui obtenir une place dans un chemin de fer. […] ” Car il savait que toutes les places étaient vendues. […] La maison du garde, une masure, une bâtisse de plâtre, rapiécée par place, et où apparaissent, comme des esquilles, les lattes sortant du mur.
Et quand ces immondes pieds sont lavés et essuyés, les confrères, les approchant de leur bouche, les baisent à deux places. […] On vit avec trois, et on en place cinq cents à la caisse d’épargne. » La basse prostitution présente pourrait prendre comme enseigne : « Au Gagne-Petit. » * * * — J’ai vu à l’Exposition une horrible chose : des couronnes d’immortelles en porcelaine. […] Ainsi, il y a des gens pour adorer la place de ses hémorroïdes. […] De temps en temps, un campo qui conseille le suicide, une petite place aux petits pavés pointus, entre lesquels pousse l’herbe d’une cour de séminaire, et où les chiens bâillent en passant. […] Les membres luisants des lutteurs s’élançant dans la pleine lumière. — Les défis des yeux. — Les claquements de mains sur la peau dans l’empoignade. — Une sueur qui sent la bête fauve. — Des pâleurs se mêlant à la blondeur des moustaches. — Des chairs qui se rosent aux places talées. — Des dos suintant comme des pierres d’étuves. — Des marches se traînant à genoux. — Des virevoltes sur la tête, etc., etc.
M. le baron Taylor aimait l’art pour l’art ; la place qu’il occupait n’était point pour lui un métier banal, mais une mission sainte. […] Ce qui ne trouvera point place dans cette seconde lettre trouvera place dans la troisième. […] On vendit sur place, et le bureau de la Revue se changea en boutique. […] « Je me suis présenté à six heures du matin chez vous pour vous empêcher de vous battre à ma place ; je n’en pourrais pas faire autant aujourd’hui, et depuis cette époque j’ai manifesté ouvertement ma profonde reconnaissance pour votre impétueux dévouement. […] Disons, à cette heure, ce qu’un autre eût pu faire à sa place, maître comme l’est M. le commissaire du roi de donner une direction au premier théâtre du monde.
Byron fut moins révolté qu’un désespéré sublime, et les poètes nouveaux doivent chercher ce qu’il faut mettre à la place du désespoir. […] Nous venons occuper dans le journalisme littéraire militant une place depuis longtemps vacante, ou plutôt nous y prenons une place toute neuve ; nous venons exprimer notre pensée libre et franche sur les écrivains et les œuvres de ce temps-ci : c’est assez dire que nous ne sommes attaché à aucune secte, dévoué à aucun parti, enrôlé sous aucun drapeau. […] Tous les mois, à cette place, nous passerons en revue les publications récentes, ou nous étudierons quelque figure importante des lettres modernes. […] — Jugez de ma surprise quand je le vis s’avancer vers moi, m’ôter poliment la brochure des mains, et la remettre en place avec toutes sortes de précautions. […] Dans celles-ci, l’élément descriptif tient presque toute la place le paysage y supprime l’homme.
Jules Barbey d’Aurevilly Je connaissais le Monselet de tout le monde, le Monselet du journal, du théâtre, du café, du restaurant, le Monselet du boulevard et de Paris, le Monselet légendaire, celui qu’on a représenté les ailes au dos, comme Cupidon, parce qu’il a écrit Monsieur de Cupidon… Je connaissais le Monselet de la gaîté, de la bonne humeur, de la grâce nonchalante, la pierre à feu qu’on peut battre éternellement du briquet pour en tirer d’infatigables étincelles…, mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié… Un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui qui plaît davantage, le plus pénétrant et le plus pur… Certes, on savait bien, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie… Il était plus que cela, et ce dernier recueil le met à sa place, parmi les touchants.
Laurent Pichat vient, parmi eux, de gagner sa place, — mais, il faut en convenir, Baudelaire, la mâle Ackermann, et, plus près de nous, Jean Richepin, l’auteur de la Chanson des gueux , Richepin qui rirait bien de Pichat avec sa religion du progrès, qui n’est que du christianisme déplacé, sont des blasphémateurs d’un autre poing montré au ciel et d’un autre calibre de passion impie que Pichat, l’égorgeur de songes, comme il s’appelle et le pleureur sur les légendes religieuses auxquelles il a cru, et que, du fond de sa stérile et vide raison, il a l’air de regretter encore… Quoique l’auteur des Réveils n’en ait, que je sache, jamais recommencé d’aussi beaux, il y en a pourtant d’autres qu’on lit après ceux-là et qui dénotent une puissance de variété singulière dans l’inspiration et dans l’originalité… C’est dans de tels vers et par de tels vers que Laurent Pichat, l’athée et le démocrate, reconquiert son blason de poète.
Je ne nomme point les phénomènes littéraires, en vue desquels nous devons étudier tous les autres ; cependant il y aura lieu de réserver une place à certaines institutions ou à certains groupements ayant un caractère spécialement littéraire.
Nous jetterons d’abord un coup d’œil sur les poèmes où la religion chrétienne tient la place de la mythologie, parce que l’épopée est la première des compositions poétiques.
Je ne doute pas davantage qu’entre les gouverneurs il n’y en ait qui se plaignent alors de la polissonnerie des élèves et du défaut de la subordination ; mais je suis bien sûr que le chef se moque d’eux parce qu’à cet égard son institution est excellente, et je suis tout aussi sûr que je m’en moquerais à sa place.
Un peintre, et encore plus un poëte, qui tient toujours une grande place dans son imagination, et qui lui-même est encore souvent un homme de ce caractere d’esprit violent, pour lequel il n’est point de personnes indifferentes, se figure qu’une grande ville, qu’un roïaume entier n’est peuplé que d’envieux ou d’adorateurs de son mérite.
Le jour n’est pas loin sans doute où, le nom de Vico ayant pris enfin la place qui lui est due, un intérêt historique s’étendra sur tout ce qu’il a écrit, et où ses erreurs ne pourront faire tort à sa gloire ; mais ce temps n’est pas encore venu.
— Il y a des jours aussi où Mme de La Fayette va encore faire une petite visite à la cour, et le roi la place dans sa calèche avec les dames et lui montre les beautés de Versailles comme ferait un simple particulier ; et un tel voyage, un tel succès, si sage qu’on soit, fournit matière, au retour, à des conversations fort longues, et même à des lettres moins courtes qu’à l’ordinaire de la part de Mme de La Fayette qui aime peu à écrire ; et Mme de Grignan de loin est un peu jalouse ; elle l’est encore à propos de quelque écritoire de bois de Sainte-Lucie dont Mme de Montespan fait présent à Mme de La Fayette108 ; mais Mme de Sévigné raccommode tout cela par les compliments et les douceurs qu’elle arrange et quelle échange sans cesse entre sa fille et sa meilleure amie. Même quand Mme de La Fayette n’alla plus à Versailles et n’embrassa plus en pleurant de reconnaissance les genoux du roi, même quand M. de La Rochefoucauld fut mort, elle garda son crédit, sa considération : « Jamais femme sans sortir de sa place, nous dit Mme de Sévigné, n’a fait de si bonnes affaires. » Louis XIV aima toujours en elle la favorite de Madame, un témoin de cette mort touchante et de ces belles années avec lesquelles elle restait liée dans son souvenir, n’ayant plus guère reparu à la cour depuis. […] Dans la nuit du 16 au 17 mars 1680, deux ans jour pour jour après la publication de la Princesse de Clèves, M. de La Rochefoucauld mourut : « J’ai la tête si pleine de ce malheur et de l’extrême affliction de notre pauvre amie, écrit Mme de Sévigné, qu’il faut que je vous en parle… M. de Marsillac est dans une affliction qui ne peut se représenter ; cependant, ma fille, il retrouvera le roi et la cour ; toute sa famille se retrouvera à sa place ; mais où Mme de La Fayette retrouvera-t-elle un tel ami, une telle société, une pareille douceur, un agrément, une confiance, une considération pour elle et pour son fils ? […] Mme de Coulanges a très-bien fait aussi, et nous continuerons quelque temps encore… » Et dans chacune des lettres suivantes : « La pauvre Mme de La Fayette ne sait plus que faire d’elle-même… Tout se consolera, hormis elle. » C’est ce que Mme de Sévigné répète en cent façons plus expressives les unes que les autres : « Cette pauvre femme ne peut serrer la file d’une manière à remplir cette place. » Mme de La Fayette ne chercha pas à la remplir ; elle savait que rien ne répare de telles ruines. […] Il est temps de laisser chaque chose à sa place, et de vous mettre à la vôtre.
Ses plus grandes joies, c’est de s’asseoir près de Julie sous prétexte d’une partie de domino ou de solitaire, c’est de manger une cerise qu’elle a laissée tomber, de baiser une rose qu’elle a touchée, de lui donner la main à la promenade pour franchir un hausse-pied, de la voir au jardin composer un bouquet de jasmin, de troëne, d’aurone et de campanule double dont elle lui accorde une fleur qu’il place dans un petit tableau : ce que plus tard, pendant les ennuis de l’absence, il appellera le talisman. […] Ensuite je cédai ma place à François, qui nous baissa des branches où nous cueillions nous-mêmes, ce qui amusa beaucoup Julie. […] De grand matin, de quatre à six heures, même avant les mois d’été, il se réunissait en conférence avec quelques amis, à un cinquième étage, place des Cordeliers, chez son ami Lenoir. […] Rien n’est plus propre d’ailleurs à faire juger de ce que je puis faire en ce genre… Et encore : J’ai fait hier une importante découverte sur la théorie du jeu en parvenant à résoudre un nouveau problème plus difficile encore que le précédent, et que je travaille à insérer dans le même ouvrage, ce qui ne le grossira pas beaucoup, parce que j’ai fait un nouveau commencement plus court que l’ancien… Je suis sûr qu’il me vaudra, pourvu qu’il soit imprimé à temps, une place de lycée ; car, dans l’état où il est à présent, il n’y a guère de mathématiciens en France capables d’en faire un pareil : je te dis cela comme je le pense, pour que tu ne le dises à personne. […] Maine de Biran lui-même, le métaphysicien profond près de qui il se place, n’a laissé qu’un témoignage imparfait de sa pensée dans son ancien traité de l’Habitude et dans le récent volume publié par M.
« Maintenant, chante-t-il, que je suis devenu un animal qui ne hante que les forêts, maintenant que d’un pas indécis, solitaire et lassé, je promène un cœur lourd et des regards humides, inclinés vers le sol, dans un monde devenu pour moi aussi vide qu’une cime dépouillée des Alpes, etc. » « Je vais explorant chaque contrée, chaque place où je la vis autrefois, et toi seule, ô passion qui me tortures ! […] Bien aveugle est celui qui place en toi son espérance ! […] Si cela est arrivé d’Homère et de Virgile, jugés par des hommes lettrés et supérieurs, comment cela n’arriverait-il pas à votre poète florentin dans les tavernes et dans les places publiques ? […] Cet engouement et ce dédain dureront ce que durent les caprices de la postérité (car elle en a) ; puis viendra une troisième et dernière postérité qui remettra chacun à sa place, Dante au sommet des génies sublimes, mais disproportionnés, Pétrarque au sommet des génies parfaits de sensibilité, de style, d’harmonie et d’équilibre, caractère de la souveraine beauté de l’esprit. […] Si vous acceptez ce parti, nous chercherons où elle est, cette source du Timave, si célèbre parmi les poètes et si ignorée de la plupart des docteurs, et non pas dans le Padouan où on la place communément.
Ne serait-ce pas que l’esprit des Romains, exclusivement absorbé jusque-là par le rude exercice de la liberté, qui est un travail, par le jeu des factions populaires, par les guerres civiles, n’avait ni le loisir ni le goût des choses d’esprit, mais qu’au moment où des hommes comme César et Auguste font taire le sénat, les tribuns, la place publique, sous leur éclatante servitude, les esprits se détendent des affaires politiques et se précipitent avec une énergie impatiente de repos dans l’occupation et dans la gloire des lettres ? […] Malgré la sévérité de ce jugement, vous allez voir que je rends une grande justice à Horace et à votre La Fontaine, bien que je place votre La Fontaine à une immense distance d’Horace : l’un est un homme, l’autre n’est qu’un enfant ; l’un est poète comme Pindare, Alcée et Anacréon ; l’autre ne l’est qu’un peu plus qu’Ésope. […] La grâce et la mollesse, caractère des écrits d’Horace, ne pouvaient avoir leur place dans un sujet didactique ; les préceptes dénués de descriptions et d’épisodes n’appartiennent pas à la poésie, mais à la pédagogie. […] C’est ce caractère d’homme aimable, de charmant convive et d’hôte de bonne compagnie qui lui conserve une place de choix dans nos bibliothèques. […] Seulement le vieillard de Ferney n’avait pas le droit d’accuser trop Virgile et Horace de leurs complaisances envers Auguste, lui qui avait été le complaisant de Frédéric, le plus spirituel, mais le plus pervers des rois ; lui qui excusait dans Catherine de Russie jusqu’au meurtre prémédité d’un époux pour affranchir ses mœurs dépravées et pour régner à la place d’un fils au nom des prétoriens de la Russie et au mépris des lois de l’empire.
La femme se retourne : il court reprendre sa place sur l’escabeau, examine son tomahawk3, aiguise sur une pierre son couteau de chasse, en examine la pointe, puis se met à fumer tranquillement, toujours me jetant à la dérobée ses œillades singulières dont l’éclat eût fait baisser le regard le plus hardi. […] L’Indien, appuyé sur son tomahawk, n’avait pas quitté sa place. […] Chacun jette sa ligne là où il croit qu’il fait le meilleur, ayant eu soin, avant tout, de sonder avec sa baguette la profondeur de l’eau pour s’assurer que la petite bouée pourra se maintenir en place. […] Au contraire, quand l’eau se trouve basse, il n’est pas de trou écarté, pas de remous à l’abri de quelque pierre, pas de place recouverte de bois flotté, où l’on ne puisse se promettre ample capture. […] En quelques jours, un petit rebord s’élève à l’entour, et, la place ainsi préparée et rendue bien propre, elle y dépose ses œufs.
Particulièrement attaché au roi Louis XVIII et tenant de lui sa place beaucoup plus que du ministère, il dépendait moins de M. […] Il s’était voué de bonne heure à ce rôle de l’espérance et de l’activité dans les causes en apparence perdues ; il avait conspiré avec les flatteurs de la haute émigration en Suisse, en Russie, en Angleterre ; il s’était lié avec M. de Blacas, homme plus sérieux, mais moins aimable que lui ; Louis XVIII l’aimait pour sa légèreté, il tenait tête à ce monarque en matière classique et épigrammatique ; il avait écrit en 1814 des brochures royalistes qui lui avaient fait un nom d’homme d’État de demi-jour, à l’époque où une brochure paraissait un événement ; il n’était point ennemi des transactions avec la révolution pacifiée ; il savait se proportionner aux choses et aux hommes ; il n’avait aucun préjugé, grande avance pour faire sa place et sa fortune ; mais il la mangeait à mesure qu’il la faisait. […] Il s’imagina, dans sa douleur, et inspiré d’étranges imaginations, de se rapprocher au moins par le regard de la place où elle s’était évanouie de la terre. Il bâtit cette tour assise par assise, et l’éleva jusqu’à une telle hauteur, qu’elle dominait tous les palais et tous les clochers de la ville qui pouvaient s’interposer à la vue entre le cimetière juif et la villa Torregiani ; en sorte qu’en montant au sommet de sa tour, il pût, à chaque retour du jour, contempler la place de ce campo santo juif, où son idole avait dépouillé sa forme terrestre pour habiter l’éternelle et pure demeure dans son souvenir et dans le ciel ! […] À la place du fer, ce sceptre des Romains, La lyre et le pinceau chargent tes faibles mains ; Tu sais assaisonner des voluptés perfides, Donner des chants plus doux aux voix de tes Armides, Animer les couleurs sous un pinceau vivant, Ou, sous l’adroit burin de ton ciseau vivant, Prêter avec mollesse au marbre de Blanduse Les traits de ces héros dont l’image t’accuse.
Dans l’Université de Paris, qui servait de modèle aux autres, la théologie avait la première place : c’était un arbre touffu et immense qui couvrait tout de son ombre. […] Et c’est pourquoi, pendant de longs siècles, les esprits, tout en se remuant beaucoup, n’avançaient guère ; ils tournaient en cercle ou piétinaient sur place. […] Le trait saillant en était la place d’honneur accordée aux classiques latins et grecs ; la Renaissance pénétrait triomphalement dans les collèges. […] Il est permis de dire que c’est un symptôme inquiétant pour une école littéraire, quand ses représentants les plus saillants ont enfin leur fauteuil sous la coupole : l’hommage qui lui est rendu est presque funéraire ; elle est bien près d’être morte, dès qu’elle a sa place en ce musée des antiques. […] Tant il est vrai que les partisans de chaque formule nouvelle se font leur place enrayant d’un trait de plume les fidèles attardés de la formule qui n’est plus à la mode.
De plus, pour les ranger dans l’espace selon tel ordre et non selon tel autre, il faut qu’il y ait en elles une marque locale déterminée ou déterminable ; il faut qu’elles tendent d’elles-mêmes à prendre telle place et à se ranger dans tel ordre ; il faut, en un mot, qu’il y ait dans le mécanisme physiologique et dans le dynamisme psychique l’explication du caractère extensif. […] Il faudra toujours en venir à reconnaître que, outre la sensation de couleur bleue, il y a encore un complexus de sensations particulier et distinctif qui varie selon la place des points bleus et qui nous force à mettre les uns à droite, les autres à gauche. […] La place d’un point ne peut pas être déterminée sans un rapport à d’autres points ; établissons donc en principe que toute localisation suppose un certain nombre de sensations simultanées. […] La grande objection des rationalistes, c’est que la position ne peut jamais être une sensation, parce qu’elle n’a rien d’intrinsèque ; elle ne peut exister qu’entre un point, une ligne, etc., et des coordonnées extérieures. — Sans doute, comme nous l’avons remarqué plus haut, une seule sensation ne peut donner aucune idée de place ; mais nous avons vu aussi qu’un ensemble de sensations, rétiniennes ou cutanées, enveloppe des relations d’abord confuses de places, dont on peut abstraire par l’attention des positions déterminées.
On voit que ces beautés sont diverses, mais non inférieures les unes aux autres ; on voit que le Créateur, qui n’a rien fait que de beau, quand on considère ses ouvrages de ce point de vue supérieur et général où la raison se place pour tout adorer et tout comprendre, a distribué par doses au moins égales leur beauté propre à toutes les années de l’existence humaine. […] Bien des places étaient prises en poésie à cette époque ; l’instinct de son génie naissant, comme aussi l’instinct de son doux caractère, lui dirent qu’il ne fallait déplacer personne, mais qu’il fallait se faire à lui-même, à côté et au niveau de tout le monde, une place neuve qui n’eût pas encore été occupée, et qui, par cela même, n’excitât ni colère ni envie parmi ses rivaux. […] Si on met les noms propres, tous éclatants au moins de jeunesse, sur chacune de ces innombrables catégories d’esprits alors en sève ou en fleur, si on y ajoute, dans l’ordre des sciences exactes (où le génie consiste à se passer d’imagination,) La Place, qui sondait le firmament avec le calcul ; Cuvier, qui sondait le noyau de la terre et qui lui demandait son âge par ses ossements ; Arago, qui rédigeait en langue vulgaire les annales occultes de la science ; Humboldt, qui décrivait déjà l’architecture cosmogonique de l’univers, et tant d’autres leurs rivaux, leurs égaux peut-être, qui négligèrent d’inscrire leurs noms sur leurs découvertes ; si on rend à tout cela le souffle, la vie, le mouvement, le tourbillonnement de la grande mêlée religieuse, politique, philosophique, littéraire, classique, romantique de la restauration, on aura une faible idée de cette renaissance, de cet accès de seconde jeunesse, de cette énergie de sève et de fécondité de l’esprit français à cette date. […] Si tu laisses diminuer dans ton enseignement la part immense et principale qui doit appartenir à la pensée dans l’homme, c’est ton âme elle-même que tu diminues pour toi et pour les générations qui naîtront de toi ; et quand on aura diminué ainsi l’âme de cette grande nation intellectuelle, c’est sa place dans le monde et dans les siècles que vous aurez faite plus petite avec votre propre compas !
Sans doute, pour rendre probables et acceptables les explications qu’il nous donne, l’auteur du Scarabée d’or montre un talent très particulier ; il déploie une force d’intelligence qui briserait tous les casse-têtes chinois, et on perd l’haleine à le suivre dans ses inductions audacieuses ; mais le fantastique a disparu, et on ne voit plus à la place du rêveur qu’une nature robuste, ingénieuse, acharnée, qui lutte contre la difficulté et qui veut la vaincre. […] Baudelaire en convient implicitement lui-même par cette appréciation juste et profonde du talent de son auteur : « Aucun homme n’a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature ; — les ardeurs de curiosité de la convalescence ; — les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, les temps chauds, humides et brumeux, où le vent du sud amollit et détend les nerfs comme les cordes d’un instrument, où les yeux se remplissent de larmes qui ne viennent pas du cœur ; — l’hallucination… l’absurde s’installant dans l’intelligence et la gouvernant avec une épouvantable logique ; — l’hystérie usurpant la place de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l’esprit, et l’homme désaccordé au point d’exprimer la douleur par le rire. » Si on fait le compte de ces puissances, on se demande où, dans tout cela, se trouve la place de l’âme humaine. […] Mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au Génie pour qu’il soit vraiment le Génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et, d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poète et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment — n’est-il pas vrai ? […] IX Et, en effet, l’originalité vraie d’Edgar Poe, ce qui lui gardera une place visible dans l’Histoire littéraire du xixe siècle, c’est le procédé qu’on retrouve partout dans ses œuvres, aussi bien dans son roman d’Arthur Gordon Pym que dans ses Histoires extraordinaires, et qui fait du poète et du conteur américain ce qu’il est, c’est-à-dire le plus énergique des artistes volontaires, la volonté la plus étonnamment acharnée, froidissant l’inspiration pour y ajouter.
Mais c’est en vain qu’il abandonna la première place : le premier nom de l’Amérique était toujours celui de Washington. […] Mais la place de chaque sexe n’était point alors confondue ; tous deux connaissaient leurs devoirs et s’y conformaient. […] C’est, sans doute, pour voir de plus haut et de plus loin que madame de Staël a pris une place si élevée. […] Il place le berceau de l’amour dans les champs, au milieu des troupeaux et des cavales indomptées. […] En un instant elle est répandue dans les maisons, dans les places publiques ; il est mort ; à ce mot, qui de nous n’a été attendri ?
Le rythme du vers est indépendant de la phrase grammaticale ; il place ses temps forts sur des sons et non sur des sens. Le rythme de la prose est dépendant de la phrase grammaticale ; il place ses temps forts sur des sens et non sur des sons. […] Avec un instinct sûr d’homme de l’Isle-de-France, il les a remises à leur vraie place, leur imposant quand il le faut le silence qui convient à leur nom. […] Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; il tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers. […] Tout ce qui ne put logiquement trouver place dans les romans devint la matière du Journal ― ce carnet colossal d’un romancier réaliste.
Une fois directeur et poète, le comédien n’eut plus que la seconde place, le comédien s’effaça devant le flagellateur de son temps. […] Place au seigneur Mascarille ! […] Autrefois, l’avocat tenait sa place dans la comédie à côté du notaire, du médecin ou de l’apothicaire ; il va dominer la comédie révolutionnaire. En effet, toutes les puissances ont changé de place. […] Le génie à sa place est une grande chose ; en revanche, l’esprit à sa place est une chose utile et de bon aloi.
On démêle presque toujours, au fond des théories du beau, du bien, de l’idéal, l’aspiration à une place, à une chaire, à un bon logement, — pour le théoricien. […] Venez voir le désordre de la cuisine. » Et elle le mène dans une vaste cuisine, où au milieu se trouvait une table très propre : « Eh bien, vous ne voyez pas… Cette table est ronde… Cela fait que, tantôt le cocher se met à côté de moi, tantôt le groom, tandis que si la table était carrée, le valet de chambre serait toujours à sa place, à côté de moi. » Ce qu’il y a de beau, ajoute Herzen, c’est que lui aussi, le groom, avait donné son compte, dans la prévision que, dans quelques dizaines d’années, quand il serait devenu valet de chambre, un autre groom pourrait usurper la place qu’il usurpait dans le moment. […] » Au milieu de cette lecture qui fait respirer l’Orient, on tire, au milieu de la pièce, un tabouret à mosaïque de nacre, sur lequel on place, dans leurs coquetiers en filigrane d’argent, les petites tasses bleues que l’on remplit d’un café fait à la turque, dans des cafetières de Constantinople. […] Ce Carpeaux : une nature de nervosité, d’emportement, d’exaltation, ce Carpeaux : une figure fruste, toujours en mouvement, avec des muscles changeant continuellement de place, et avec des yeux d’ouvrier en colère : — la fièvre du génie dans une enveloppe de marbrier. […] Un monsieur, qui est là, entend dire qu’il n’y a plus de places pour notre première.
L’initiative individuelle usurpe alors, dans le mouvement général des intelligences, une plus large place. […] Comme Sganarelle, il a changé les choses de place, il a mis à droite ce qui était à gauche, voilà tout. […] Fastueuse et mensongère vertu, qui met une grande abstraction à la place des instincts de la nature ! […] Écrase ces êtres parasites qui mangent ton pain et te volent jusqu’à ta place au soleil ! […] L’idéal ou le cœur ont-ils là quelque place ?
Il avait besoin d’être remis à sa place. […] Lionel des Rieux, qui écrit des épigrammes et demande qu’on brûle en place publique tous les poètes contemporains, sauf ses amis. […] Les ciboires et les calices trouveront place dans les batteries de cuisine. […] Tant qu’il fit jour, je demeurai à la même place, m’emplissant les yeux et l’âme de ce spectacle sublime. […] Aussi, qu’on place la question sur son véritable terrain, qu’on donne, sans déguisement, la formule où se résume le régime actuel : « Mange-moi ou je te mange !
Bernheim traite amplement de problèmes métaphysiques que nous croyons dépourvus d’intérêt ; en revanche, il ne se place jamais à des points de vue, critiques ou pratiques, que nous tenons pour très intéressants. […] Il faut donc toujours se défier d’une affirmation qui attribue à l’auteur ou à son groupe une place considérable dans le monde152. […] La critique interne n’a pas de place ici ; le fait se tire directement du document. […] Ainsi dans le cadre de l’histoire on doit faire une place aux personnages et aux événements. […] Quelle place doit-on faire aux noms propres et aux dates ?
Toutefois elle lui a fait une place que, si petite qu’elle soit, il faut considérer. […] Son illustre compatriote, Silvio Pellico, bien qu’il présente avec lui quelques rapports, n’a rien donné qui soit de nature à être noté à cette place. […] Au milieu de tous ces dons inattendus peut-il rester place à la tristesse ? […] Par une sorte de pressentiment de l’accident qui devait l’enlever dans la force de l’âge (1824), l’image de la mort tenait une grande place dans ses pensées. […] Dimanche, j’ai été voir coucher le soleil sur la place de l’esplanade : il était menaçant comme les feux de l’enfer.
Était-ce enfin désespoir d’arriver à l’empire, en voyant les deux fils d’Agrippa qu’Auguste avait adoptés, grandir et occuper la seconde place ? […] Mais en même temps il récompensa les accusateurs par des places et des honneurs. […] Il laissa pendant plusieurs années des places vacantes, des provinces sans gouverneur. […] Chaque fête, en rappelant les aventures des dieux, occupait les âmes curieuses par des récits qui ne laissaient point de place à d’autres étonnements. […] Les caractères monstrueux qu’il invente n’ont plus de place pour se mouvoir.
Je retrouve, dans la Graine humaine, la verve robuste, l’art léger et sain, et l’imagination souriante qui constituent la physionomie littéraire de Goudeau et lui assignent une des places en vue parmi les écrivains de tradition française.
Ce n’est point pour lui une fonction, une de ces places de jurés-experts comme l’entendent messieurs les critiques ; il ne sent là qu’une occasion de dire, au hasard de l’actualité, ce qu’il voit « dans les faits journaliers de la vie des lettres de Paris ».
De même que « Richard Wagner n’est pas entré dans la légende en savant ou en curieux, mais en créateur », de même que Richard Wagner, « rejetant les aventures sans fin et tous les accessoires du roman, se place du premier bond au centre même du mythe et de ce point générateur recrée de fond en comble les caractères et l’organisme de son drame », de même enfin « qu’en restituant au mythe sa grandeur primitive, son coloris original, il sait y approprier les passions et les sentiments qui sont les nôtres, parce qu’ils sont éternels, et subordonner le tout à une idée philosophique », — de même Édouard Schuré dégage d’une époque historique ses éléments essentiels, lui recrée une émouvante jeunesse, et la fixe en cet état dans l’imagination humaine.
Aussi n’est-il point classé dans l’Anthologie des poètes du xixe siècle (Alphonse Lemerre, éditeur), ayant cela de commun avec Catulle Mendès, Louis Ménard, Raoul Ponchon et plusieurs autres… Dans son si remarquable volume : Nos poètes, le regretté Jules Tellier, récemment, rendait un enthousiaste hommage au maître écrivain de la Nuit, lui assignait une place au premier rang parmi ceux qui auront eu la gloire de jeter un suprême et éblouissant éclat sur la fin de ce siècle grandiose.
PASCAL, [Blaise] né à Clermont en Auvergne, en 1623, mort à Paris en 1662, Génie qui a su allier l’énergie des pensées avec l’élégance & la pureté du langage, ce qui le place, sans contredit, parmi les meilleurs Ecrivains du Siecle de Louis XIV.
Il s’étoit attendu à des critiques du moins spécieuses, & on n’a publié contre lui que des Libelles, où l’invective, le sarcasme, l’injure, & les traits de mauvaise foi, tiennent la place des raisons.
Ils déciderent d’une voix unanime, que la premiere place vacante lui seroit réservée.
De là, dans ce livre, ces cris d’espoir mêlés d’hésitation, ces chants d’amour coupés de plaintes, cette sérénité pénétrée de tristesse, ces abattements qui se réjouissent tout à coup, ces défaillances relevées soudain, cette tranquillité qui souffre, ces troubles intérieurs qui remuent à peine la surface du vers au dehors, ces tumultes politiques contemplés avec calme, ces retours religieux de la place publique à la famille, cette crainte que tout n’aille s’obscurcissant, et par moments cette foi joyeuse et bruyante à l’épanouissement possible de l’humanité.
……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… Et maintenant je viens, convive sans couronne, Redemander ma place à la table de deuil ; Il est nuit, et j’entends sous les souffles d’automne Le stupide Océan hurler contre un écueil !
Virgile ne place pas Phèdre aux Enfers, mais seulement dans ces bocages de myrtes, dans ces champs des pleurs, lugentes campi , où vont errant ces amantes, qui, même dans la mort, n’ont pas perdu leurs soucis .
Il place dans un de ces livres une dissertation faite à l’occasion des présages du soleil, et il traite avec toute l’invention dont la poësie est capable, le meurtre de Jules Cesar et les commencemens du regne d’Auguste.
Celle-ci est la première à laquelle il ait pensé ; il lui donne sur le vitrail la plus belle place, heureux d’écrire une fois de plus ce mot dont il subit le charme. […] « Je sais aussi rester en place. […] Eekhoud est donc un écrivain représentatif d’une race, ou d’un moment de cette race : cela est important pour assurer à une œuvre la durée et une place dans les histoires littéraires. […] L’immoralité, si l’on se place à un point de vue particulier et spécialement religieux, ne serait-ce pas au contraire d’insister sur les exquisités de l’amour charnel et de vanter les délices de la copulation légitime ? […] Il est peut-être temps d’adopter une autre méthode et de donner, parmi les gens célèbres, une place à ceux qui auraient pu l’être — si la neige n’était tombée le jour qu’ils publièrent la gloire du printemps nouveau.
C’est là que parurent successivement sa Dissertation sur les langues en général, et sur la langue française en particulier, en tête du numéro de mars 1717 ; ses Réflexions sur l’éloquence, en tête du numéro de mai 1718 ; son Nouveau Système d’éducation, en tête du numéro de juillet, même année : notre auteur, toutes les fois qu’il y écrit, a de droit la place d’honneur dans le Mercure. […] Mais les langues, toujours par l’effet d’un système, n’y tiennent pas assez de place. […] Rigault lorsque son livre, qui comble une lacune dans l’histoire de notre littérature et qui a sa place assurée à côté des meilleurs, aura atteint une seconde édition.
C’est une pitié de voir comme ils ont défiguré et brouillé mes notes au Neveu de Rameau : rien absolument n’est resté à sa place. » Les présents éditeurs des Entretiens ont dû procéder de même pour se conformer, disent-ils, « à l’usage de notre pays. » Ils ont fait exactement comme ces mamans prudentes et attentives qui, voyant le morceau, trop gros dans l’assiette de l’enfant, le coupent et le réduisent en minces bouchées pour que le cher petit puisse le manger plus aisément et sans risque d’indigestion. […] Si l’on s’est trompé dans le dessein de l’ensemble, te travail entier est perdu ; si dans un vaste sujet on ne se trouve pas toujours pleinement maître des idées que l’on vient à traiter, alors de place en place se voit une tache, et l’on reçoit des blâmes.
Gaza en a fait de même ; car, soit pour éviter de renouveler de fâcheux souvenirs, soit tout autre motif, les maisons même ne sont pas fermées, et, par mesure de sûreté, nous avons cru devoir planter nos tentes dans le milieu de la grande place, malgré de gros nuages suspendus sur notre tête. […] On s’est accoutumé depuis trois siècles à voir les Hébreux représentés à la romaine ; Raphaël, Poussin et les autres grands peintres ont peuplé les imaginations et meublé la mémoire de tous avec ces Hébreux classiques : la place est prise ; les hauteurs sont occupées. […] Ses relations anciennes avec la famille d’Orléans, ses obligations particulières et connues envers le prince auquel le tzar se montrait personnellement si contraire, ne rendaient pas son rôle plus aisé ; de plus diplomates que lui se seraient trouvés embarrassés en sa place : il s’en tira à merveille, avec droiture, loyauté et bon sens.
Il commença par se rendre maître de ce qu’on appelait la Flandre hollandaise, c’est-à-dire de toutes les places en deçà d’Anvers. Sept ou huit places ou forts tombèrent successivement en peu de mois : ce fut la première partie de la campagne ; et, pour la seconde, on s’attendait de nouveau à une affaire générale, mais elle dépendait des mouvements du duc de Cumberland. […] Après cet avantage célébré comme une brillante victoire, on se demanda ce qu’on ferait : le siège de Maëstricht, qui était le but indiqué, n’était pas encore devenu possible, les alliés couvrant la place.
Voici toujours les lieux, les places trop connues, Et l’ombre comme hier flottant dans ce chemin. […] … » Et je suis tenté de tomber à genoux à toutes les places ; et mon cœur n’est qu’une prière continuelle. […] Dis ; songeant au réveil que dans ta chère allée, Sous l’arbre confident de ta plainte exhalée, Demain je dois venir, As-tu ce matin même, as-tu revu les places, As-tu peigné le sable où se verront tes traces Et les miennes aussi ; As-tu bien dit à l’arbre, aux oiseaux, à l’abeille, Au vent, — de murmurer longtemps à mon oreille : « C’est ici, c’est ici !
La littérature industrielle est arrivée à supprimer la critique et à occuper la place à peu près sans contradiction et comme si elle existait seule. […] Au théâtre, les mêmes plaies se retrouveraient ; les mœurs ouvertement industrielles y tiennent une place plus évidente encore. […] On correspond d’une place à l’autre par le bas, par le rez-de-chaussée, par les caves.
André Chénier, à son tour, se rencontre et tient l’une des places les plus belles. […] Voici l’inscription qu’il place au fronton du temple : Dormez sous ce paisible ombrage, O vous pour qui le jour finit dès le matin, Mes hôtes, mes héros, mes semblables par l’âge, Par les penchants, peut-être aussi par le destin ! […] En même temps que Loyson regrettait que l’éditeur d’André Chénier eût trop grossi le volume, Étienne Becquet, le même que nous avons vu mourir voisin des Ménades, mais qui, je le crains, n’aura point sa place au bosquet, exprimait dans les Débats, et bien plus vivement, les mêmes reproches.
Magnin y allait moins doucement : il savait le fort et le faible de la place, il ne frappait pas à côté. […] Cette première recherche a déjà de quoi apaiser et amortir la curiosité, de quoi remettre à sa place le présent. […] Et puis la place faite, le passage ouvert, les critiques mis en avant ont été laissés là.
Mais le pont de bateaux ne se fait pas toujours ; les matériaux manquent ou se perdent ; il ne se trouve plus que des jalons, et de place en place, après l’orage, des massifs de pièces interrompues et pendantes. […] Que de noms en appel contre le hasard y trouveraient place !
Il y avait là-dedans, selon nous, plus de présage de grandeur sublime que dans Mélite, Clitandre, la Veuve, la Galerie du Palais, la Suivante, la Place Royale, l’Illusion, et pour le moins autant que dans Médée. […] Si Corneille était venu plus tôt, avant l’Académie et Richelieu, à la place d’Alexandre Hardy par exemple, sans doute il n’eût été exempt ni de chutes, ni d’écarts, ni de méprises ; peut-être même trouverait-on chez lui bien d’autres énormités que celles dont notre goût se révolte en quelques-uns de ses plus mauvais passages ; mais du moins ses chutes alors eussent été uniquement selon la nature et la pente de son génie ; et quand il se serait relevé, quand il aurait entrevu le beau, le grand, le sublime, et s’y serait précipité comme en sa région propre, il n’y eût pas traîné après lui le bagage des règles, mille scrupules lourds et puérils, mille petits empêchements à un plus large et vaste essor. […] Mais il n’avait pas le génie assez artiste pour étendre au drame entier cette configuration concentrique qu’il a réalisée par places ; et, d’autre part, sa fantaisie n’était pas assez libre et alerte pour se créer une forme mouvante, diffuse, ondoyante et multiple, mais non moins réelle, non moins belle que l’autre, et comme nous l’admirons dans quelques pièces de Shakspeare, comme les Schlegel l’admirent dans Calderon.
Rousseau remplit l’intervalle qui se trouve entre La Motte et le vrai poëte. » Quelle place immense, et d’autant plus petite ! […] Voici qui nous touche de plus près : « Avant d’employer un beau mot, faites-lui une place. » Avec la quantité de beaux mots qu’on empile, sait-on encore le prix de ces places-là ?
Les Mémoires d’un Homme d’État sont venus depuis éclairer d’un jour nouveau et par le côté étranger toute cette portion longtemps voilée de la politique européenne ; les mille causes qui déjouèrent la diplomatie de M. de Ségur, et qui auraient fait échouer tout autre en sa place, y sont parfaitement définies175. […] Un Gouvernement glorieux s’inaugurait, avide de tous les services brillants et des beaux noms : la place de M. de Ségur y était à l’avance marquée. […] M. de Ségur prend là sa place au rang de nos moralistes les plus fins et les plus aimables ; on a comme la monnaie, la petite monnaie blanche de Montaigne, du Saint-Évremond sans afféterie, du Nivernais excellent.
Il n’y avait plus place pour le cardinal de Retz ni pour le président Molé. […] Le public, si digne alors des auteurs, et qui pouvait aider les plus illustres à se connaître, sentit que ces trop rares portraits donneraient seuls à La Bruyère une place à côté de La Rochefoucauld et de Pascal, et il lui en commanda de nouveaux. […] « Il s’est dispensé, disait-il, du plus difficile dans l’art d’écrire, à savoir, les transitions112. » Il ne s’agit pas de tours d’adresse et comme de plans inclinés pour faire glisser commodément l’esprit d’une idée à l’autre, mais d’idées considérables et nécessaires, qui ont leur place marquée dans le discours et qui en forment la chaîne.
Peu soucieux des préjugés, ils les heurtent de front, au risque de les démolir, mais sans crainte de s’y briser. » Et encore : « La critique tiendra la première place dans le Décadent. […] Place aux artistes ! […] Il déclarait voulues les défaillances de son impression et l’insuffisance de son papier, sous prétexte d’archaïsme, et comme il y avait presque autant de coquilles que de mots et que les errata eussent tenu trop de place, il proclamait non sans fierté : « Le Décadent ne fait jamais d’erratum pour une coquille, même quand le sens d’une phrase en serait dénaturé.
Bourget, l’on y sera quand même contraint, en constatant qu’il a très peu évolué depuis ses premières œuvres, lesquelles auraient tout l’air d’être des produits de sa maturité, n’était l’hésitation de facture que l’on y observe tout juste, qui les place à leur ordre. […] France de s’être révélé maître dans l’art de réserver sa place idéale à l’objet, partout où il pouvait se faire que celui-ci méritât de participer à une projection représentative, — n’en dût-il le plus souvent revenir à l’effet d’ensemble qu’un bénéfice de superfluité concomitant. […] France use avec le geste du milliardaire que sa richesse apparente au plus suggestif des contrastes, celui du faste simplifié, du grand accompli sans fatigue, — de tout ce prestige, en un mot, et de toute cette séduction qui place l’auteur de Thaïs au plus haut rang, dans la pléiade des stylistes de notre époque.
En soi, c’est une tendance qui a sa place dans une littérature bien ordonnée. […] Si les Poètes de l’École Décadente en étaient restés à ces premières excentricités du début, ils ne tiendraient guère en littérature qu’une place de curiosité. […] La place obligatoire des césures fut modifiée.
Même transformation dans l’emplacement de la scène : le théâtre est d’abord l’intérieur de l’église, puis le porche, puis une place publique. […] Elles ont de superbes élans en avant, suivis non seulement de piétinements sur place, mais de longs retours en arrière. […] Il faut relever le caractère spécial qu’a revêtu alors le catholicisme ; quelle secte, quel ordre y dominait ; quel saint, quel grand homme du passé y était pris pour modèle ; quelle face du dogme y était exposée en plein jour et quelle laissée dans l’ombre ; si la première place y était donnée à l’Ancien ou au Nouveau Testament ; s’il s’adressait de préférence au peuple ou bien à telle ou telle classe privilégiée ; s’il voulait parler à la raison, au cœur, à l’imagination, aux sens ; quels étaient les ; sujets de controverse où il se complaisait, etc.
Ce système, apparent déjà dans ses Idées de madame Aubray, contenu dans sa Princesse Georges, affirmé par ses brochures et par ses préfaces, poussé à l’excès dans la Femme de Claude, consiste à faire d’une pièce une prédication d’idées vraies ou fausses, usurpant la place de l’action, et dressant une chaire par-dessus la scène. […] C’est ici que se place une scène d’une invention pathétique, d’une originalité saisissante, et conduite avec un art merveilleux. […] La voilà bien étonnée quand elle apprend que la place est prise, et que M. de Montaiglin est cet ami dont Octave d’abord lui avait parlé.
Un grand sage, Confucius, disait, et je suis tout à fait de son avis quand je lis nos écrivains à belles phrases quand j’entends nos orateurs à beaux discours, ou quand je lis nos poètes à beaux vers : « Je déteste, disait-il, ce qui n’a que l’apparence sans la réalité ; je déteste l’ivraie, de peur qu’elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes habiles, de peur qu’ils ne confondent l’équité ; je déteste une bouche diserte, de peur qu’elle ne confonde la vérité… » Et j’ajoute, en continuant sa pensée : Je déteste la soi-disant belle poésie qui n’a que forme et son, de peur qu’on ne la prenne pour la vraie et qu’elle n’en usurpe la place, de peur qu’elle ne simule et ne ruine dans les esprits cette réalité divine, quelquefois éclatante, d’autres fois modeste et humble, toujours élevée, toujours profonde, et qui ne se révèle qu’à ses heures. […] Un mol et court gazon est tout ce qui marque désormais la place où les héros ont versé leur sang. […] Ne place plus tes trésors ici-bas !
Le 3 août 1683, il tomba malade à la place Royale, où il demeurait alors. […] Il courut chez M. de Seignelay, ministre de la marine, pour solliciter l’ambassade apostolique ; la place était déjà donnée à un officier de marine, homme de religion et de vertu, le chevalier de Chaumont ; Choisy ne put obtenir que la coadjutorerie de l’ambassade, terme bizarre et qui semblait fait pour lui. […] J’ai une place d’écoutant dans toutes leurs assemblées, et je me sers souvent de votre méthode : une grande modestie, point de démangeaison de parler.
À ce titre, elle nous revient de droit, et il est juste de lui assigner la place et la date qu’elle doit occuper dans la série des modes et des variétés littéraires. […] Je ne me sentis point gênée en cette place… Tout le monde ne manqua pas de me dire que je n’avais jamais paru moins contrainte que sur ce trône, et que, comme j’étais de race à l’occuper, lorsque je serais en possession d’un où j’aurais à demeurer plus longtemps qu’au bal, j’y serais encore avec plus de liberté qu’en celui-là. […] Impatiente des pourparlers qui se prolongeaient, Mademoiselle se promenait devant les remparts, excitant les gens du dedans par ses gestes et ses paroles ; puis, voyant qu’il fallait plus compter sur le menu peuple que sur les gros bourgeois, elle se jeta dans une barque que des bateliers lui offraient, fit rompre une porte mal gardée qui donnait sur le quai, et par laquelle on ne l’attendait pas : quand il y eut deux planches rompues, on la passa par le trou, et la voilà introduite, de loin suivie par ses dames qui prirent le même chemin, portée en triomphe par le peuple, et en un clin d’œil maîtresse de la place : Car, lorsque des personnes de ma qualité sont dans un lieu, dit-elle au gouverneur et à l’échevinage un peu étonnés, elles y sont les maîtresses, et avec assez de justice : je la dois être en celui-ci, puisqu’il est à Monsieur. — Ils me firent leurs compliments, assez effrayés… Arrivée à mon logis, je reçus les harangues de tous les corps et les honneurs qui m’étaient dus, comme en un autre temps.
Rien ne m’est pénible comme de voir le dédain avec lequel on traite souvent des écrivains recommandables et distingués du second ordre, comme s’il n’y avait place que pour ceux du premier. […] Et ne se sentant pour la poésie, ajoute-t-il, qu’un « talent médiocre », il s’adresse à Mme de Pompadour, sa protectrice, pour obtenir quelque place qui le mette à même de ne pas dépendre du travail de sa plume ; il avait présent à la pensée un conseil que lui avait donné Mme de Tencin : « Malheur, me disait-elle, à qui attend tout de sa plume ! […] Il le fut lorsqu’en 1758 il obtint le privilège du Mercure de France et qu’il quitta Versailles et la place de secrétaire des Bâtiments pour rentrer à Paris.
Le fond du Barbier est bien simple et pouvait sembler presque usé : une pupille ingénue et fine, un vieux tuteur amoureux et jaloux, un bel et noble amoureux au-dehors, un valet rusé, rompu aux stratagèmes, et qui introduit son maître dans la place, quoi de plus ordinaire au théâtre ? […] Trois cents personnes, dit La Harpe, ont dîné à la Comédie dans les loges des acteurs pour être plus sûres d’avoir des places, et, à l’ouverture des bureaux, la presse a été si grande, que trois personnes ont été étouffées. […] Trois cents personnes, dit La Harpe, ont dîné à la Comédie dans les loges des acteurs pour être plus sûres d’avoir des places, et, à l’ouverture des bureaux, la presse a été si grande, que trois personnes ont été étouffées.
Un jour que Voltaire, causant avec le président, se plaignait de manquer de bois de chauffage, le président lui indiqua Charlot comme pouvant lui en procurer sur place, et il se chargea lui-même d’en parler à l’homme : de là livraison à Voltaire par ledit Charlot de quatorze moules de bois, mesure du pays. […] Voltaire écrit lettre sur lettre au maréchal de Richelieu, qui le favorise également : « Vous ne le connaissez point du tout, et moi je le connais pour m’avoir trompé, pour m’avoir ennuyé, et pour m’avoir voulu dénoncer. » Trouvant de la résistance à son vœu d’exclusion, Voltaire autorise enfin d’Alembert à dire de sa part tout ce qu’il voudra ; il lui donne carte blanche et procuration pour fulminer au besoin, en son nom, tous les anathèmes : « Je passe le Rubicon pour chasser le nasillonneur délateur et persécuteur ; et je déclare que je serai obligé de renoncer à ma place, si on lui en donne une . […] L’excommunication eut son plein effet ; on nomma aux quatre places vacantes M. de Roquelaure, évêque de Senlis, l’historien Gaillard, le prince de Beauvau et l’abbé Arnaud.
Quand il nous définit la qualité du sol de l’Égypte et en quoi ce sol se distingue du désert d’Afrique, ce « terreau noir, gras et léger », qu’entraîne et que dépose le Nil ; quand il nous retrace aussi la nature des vents chauds du désert, leur chaleur sèche, dont « l’impression peut se comparer à celle qu’on reçoit de la bouche d’un four banal, au moment qu’on en tire le pain » ; l’aspect inquiétant de l’air dès qu’ils se mettent à souffler ; cet air « qui n’est pas nébuleux, mais gris et poudreux, et réellement plein d’une poussière très déliée qui ne se dépose pas et qui pénètre partout » ; le soleil « qui n’offre plus qu’un disque violacé » ; dans toutes ces descriptions, dont il faut voir en place l’ensemble et le détail, Volney atteint à une véritable beauté (si cette expression est permise, appliquée à une telle rigueur de lignes), une beauté physique, médicale en quelque sorte, et qui rappelle la touche d’Hippocrate dans son Traité de l’air, des lieux et des eaux. […] Trois députés, dont était Volney, furent signalés à la tribune pour avoir obtenu des places à la nomination du roi : les deux autres s’exécutèrent de bonne grâce, et donnèrent une prompte démission qui fut accueillie par l’Assemblée avec des applaudissements (séance du 27 janvier). […] La place, à laquelle il renonçait visiblement à contrecœur, était la direction générale de l’Agriculture et du Commerce en Corse.
* * * — Quelqu’un qui avait été ces jours-ci, aux Folies-Bergère, s’étonnait de la beauté des dents de toutes les putes qui étaient là, et attribuait, avec raison, cette beauté générale de la dentition féminine de maintenant, à la grande place prise par les dentistes américains dans le Paris contemporain. […] » * * * — X… le vieux beau orléaniste n’a plus aujourd’hui pour figure, qu’une bouillie de papier mâché, tenue en place par le triangle de fer de son faux-col. […] Vendredi 28 octobre Aujourd’hui, en montant la rue Saint-Georges, mes yeux rencontrent dans le ciel, au fond de la place, un immense placard où se lit en lettres colossales : La Faustin : un placard regardant la maison, où mon frère et moi avons passé tant d’années, sans publicité, sans bruit, sans renommée.
L’étude, le goût acquis, la réflexion saisiront fort bien la place d’un vers spondaïque, l’habitude dictera le choix d’une expression, elle séchera des pleurs, elle laissera couler les larmes ; mais frapper mes yeux et mon oreille, porter à mon imagination, par le seul prestige des sons, le fracas d’un torrent qui se précipite, ses eaux gonflées, la plaine submergée, son mouvement majestueux et sa chûte dans un gouffre profond, cela ne se peut. […] Au bout de cinq à six mois de son installation dans la place de fermier général, lorsqu’il vit l’énorme masse d’argent qui lui revenait, il témoigna le peu de rapport qu’il y avait entre son mince travail et une aussi prodigieuse récompense ; il regarda cette richesse si subitement acquise comme un vol, et s’en expliqua sur ce ton à ses confrères, qui en haussèrent les épaules, ce qui ne l’empêcha pas de renoncer à sa place.
Il me remerciait au sujet d’une Anthologie des Poètes nouveauxu où naturellement je lui réservais sa place. […] Monsieur, j’ai eu une maîtresse juive qui s’appelait Morpurgo et qui est la propre nièce de Madame Bourget ; aussi, voyez-vous, nous sommes un peu parents. » (p. 67) Bourget se saisit alors des seins de métal et assomme Apollinaire, qui crie à l’aide : ses amis qui encerclaient le Lapin agile entrent, étendent Bourget à terre et, à l’invitation insistante d’Apollinaire, Cocteau place son pied sur la tête de Bourget. […] Son activité de traducteur lui réserve une place importante dans la réception francophone de l’expressionnisme allemand.
Dans ses écrits les plus littéraires, ce n’est pas la grammaire, ce n’est pas même les formes de la composition qui tiennent le plus de place, c’est le cœur, le vieux cœur humain inépuisable ! […] Est-ce nous qui l’aurons remis droit à sa place ? Nous n’aurons pas cette influence, mais, du moins, nous aurons dit que cette place doit être une des plus honorables dans la littérature du temps.
Tout à coup il se trouve transporté au milieu du bassin de la place des Consuls ; une rampe de feu court le long des chaînes qui relient les grosses bornes placées autour du bassin. […] Mais il s’en faut que les sons tiennent autant de place que les formes et les couleurs dans la plupart des songes. […] Je rêve de la Terreur ; j’assiste à des scènes de massacre, je comparais devant le tribunal révolutionnaire, je vois Robespierre, Marat, Fouquier-Tinville… ; je discute avec eux ; je suis jugé, condamné à mort, conduit en charrette sur la place de la Révolution ; je monte sur l’échafaud l’exécuteur me lie sur la planche fatale, il la fait basculer, le couperet tombe je sens ma tête se séparer de mon tronc, je m’éveille en proie à la plus vive angoisse, et je me sens sur le cou la flèche de mon lit qui s’était subitement détachée, et était tombée sur mes vertèbres cervicales, à la façon du couteau d’une guillotine.
De même, lorsqu’on décrète que tous les citoyens seront « également admissibles à toutes dignités places et emplois publics », on efface, — pour reprendre la formule de la Déclaration des Droits, — toute distinction autre que « celle de leurs vertus et de leurs talents » ; mais c’est précisément à seule fin de mettre cette distinction en relief qu’on veut effacer toutes les autres. […] Les groupements primitifs sont des touts aussi compacts que fermés, où il ne semble y avoir place ni pour l’humanité, ni pour l’individualité. […] Ni l’une ni l’autre n’avaient trouvé place dans les fondements de la cité antique : elles nous apparaîtront au moins un instant, debout sur ses ruines.
Les constructions de cette place, commencées sous Henri IV, venaient d’être achevées sous Louis XIII. […] A Madrid, elle présente, selon les besoins de l’action, six tableaux divers ; à Paris elle est, au premier acte, dans le jardin des Tuileries ; aux actes suivants, à la Place Royale, d’abord dans la maison de Clarice, puis dans la Place elle-même. Vous n’avez pas oublié que la Place Royale, récemment bâtie, était alors le quartier à la mode ; nous l’avons dit et expliqué à propos de la comédie de Corneille portant précisément ce titre : la Place Royale. […] Carlos J’ai vu la place vide, et cru la bien remplir. Don Manrique Un soldat bien remplir une place de comte ?
Ces tentatives n’eurent qu’un moment de faveur ; la poésie lyrique les fit oublier et prit toute la place au soleil. […] Après bien des démarches, il obtint une modeste place d’expéditionnaire au ministère des apanages. […] Parmi ces compositions inégales, le Manteau mérite une place à part. […] Quelle place faut-il assigner à Gogol dans le Panthéon littéraire ? […] « Occidental », cela signifie, suivant le camp où l’on se place, un fils de lumière ou un traître maudit.
Je reproduis ici ces anciens extraits qui avaient trouvé place dans édition de mes Critiques et Portraits, en 5 vol. in-8°, ainsi que l’avertissement qui les accompagnait à la fin du tome V.
La seconde place vacante à l’Académie par la mort de M. l’archevêque de Paris a suscité jusqu’ici peu de compétiteurs : il semble qu’on ait senti qu’une haute décence venait ici se mêler à la littérature et la dominer en quelque sorte, pour restreindre les choix.
Elles se prêtent à deux nécessités également impérieuses pour l’historien : elles lui permettent de construire l’histoire en constituant des groupes naturels parmi le monceau des faits ; elles lui permettent aussi de faire une place au mystère, à l’inexpliqué, de laisser dans sa construction des lacunes que pourra combler l’avenir, sans qu’il ait à détruire des explications problématiques ou erronées.
Il s’est attaché à un genre qui exige plus de talens, & plus propre à lui donner une place distinguée parmi les Ecrivains utiles.
C’est une belle chose d’avoir, par l’attrait de l’amour, forcé le cœur de l’homme à la vertu, et de penser que le même denier qui donne le pain du moment au misérable, donne peut-être à une âme délivrée une place éternelle à la table du Seigneur.
— (Il se grattait le flanc droit comme pour désigner la place où le coup avait porté) là !
Au milieu même de nos vicissitudes politiques, nous l’avons vue se transformer et s’assouplir de façon à garder toujours sa place et son rôle, soit pour répondre à nos anxiétés, soit pour nous en distraire. […] À présent que nous avons place ces jalons sur notre route, parcourons rapidement la vie littéraire et les œuvres de M. de Balzac. […] Il s’en faut de bien peu qu’il ne prenne parti pour lui contre les lois et la justice, ou du moins qu’il ne rejette la responsabilité de ses vices et de ses crimes sur cette société qui n’a pas su faire une place à son génie. […] toujours là qu’il faut revenir) assez malavisé pour se plaindre qu’on lui offre de la belle prose ou de beaux vers (M. de Lamartine nous en promet), à la place d’une leçon ou d’une étude sur tel ou tel auteur, vingt fois analysé ? […] Tandis que, dans les pays d’États, elle était sans cesse en contact et en communauté d’intérêts et d’affaires avec la classe supérieure et la classe populaire, elle ne possédait plus ailleurs d’autre usage de ses lumières, d’autre avantage de sa position ou d’autre satisfaction de vanité, que la faculté d’obtenir des places : ces places, qui se multipliaient à l’infini et qu’elle demandait à l’administration centrale, faisaient d’elle un nouveau rouage de cette machine, et achevaient de la séparer de son centre véritable d’action et d’influence.
Cet état de matérialité donne à la pensée une place secondaire. […] Il est vaste, si c’est le colisée, mais le nombre des places est limité. […] Pascal et Nietzsche veulent dire : Les termes du raisonnement ne sont pas à leur place. […] Il se met à sa place, avec bonhomie : « A la place de Pascal, il me semble que j’eusse… (p. 136). » Et tout le temps, M. […] Mais ce point de vue n’a droit à aucune place dans une esquisse d’ensemble.
Convenez qu’à ma place vous sentiriez comme moi. […] Luneau l’aurait fait, sans doute, à ma place. […] Si nous avions été dix ou douze ans à leur place, nous nous méfierions comme eux. […] Je vais faire ce que vous feriez à ma place. […] Borel de Soubeyran, trop tard pour figurer à sa place chronologique.
Il serait donc désirable qu’on la changeât de place, et qu’on la mît, par exemple, au premier plan, à droite. […] Cette place à gauche est celle qui lui conviendra au cinquième acte, lorsqu’elle sort mourante de ses appartements. […] Qu’importe qu’ils se rencontrent ici ou là, dans un décor représentant un appartement ou une place publique ! […] Qui songe à reprocher à ces personnages de s’asseoir et de discourir au beau milieu d’une place publique ? […] Après avoir bataillé sur les ouvrages avancés, il lui faut donner l’assaut au corps de place.
Il s’agit d’une place vacante de professeur dans une école publique. […] Mais des amis s’entremirent et lui procurèrent une place équivalente dans une autre administration. […] Walter Pater a maintenant sa place à côté de Thomas de Quincey et de M. […] Les poètes contemporains tiennent autant de place dans ses lettres que Marie Stuart et Disraeli. […] Histoire, comme l’on voit, romanesque et banale, et qui serait mieux à sa place dans un roman-feuilleton.
Mme Valmore s’est fait une place à part entre tous nos poëtes lyriques, et sans y songer. […] C’est par son crédit que tu as obtenu ton humble place, après l’avoir demandée pour toi aux Invalides. […] Tu vois, mon ami, que l’attente d’une place à présent est comme une maladie étouffante. […] Mais je suis trop écrasée d’admiration et de larmes pour te rien décrire. — Ce peuple adorable m’aurait tuée en se trompant que je lui aurais dit : « Je vous bénis. » Ne confie cela qu’à la Vierge, car c’est vrai comme mon amour pour elle, — et mon affection pour toi… « … Mon cher mari n’a point de place.
VI Au sommet de la rampe, une petite place pavée s’ouvrait à droite comme une cour extérieure et banale du petit édifice ; quelques bancs de pierre polie, adossés aux murs du couvent, semblaient posés là par l’architecte pour laisser respirer les pieux solitaires sur le seuil, avant de sonner à la porte, ou pour laisser contempler à loisir aux visiteurs le magnifique horizon du cours du Tibre, du tombeau colossal d’Adrien, du Colisée, des aqueducs et des pins noirâtres du monte Pincio, qui se disputaient de là le regard. Cette petite place ou plutôt cette cour était enceinte d’un côté par le portail modeste, mais cependant architectural, de la chapelle des moines ; de l’autre, par la porte basse et sans décoration du couvent ; à côté de cette porte pendait une chaînette de fer pour sonner le portier ; en face de la rampe et entre les deux portes de l’église et du monastère, un petit portique ouvert, élevé d’une ou deux marches, et dont les arceaux étaient divisés par des colonnettes de pierre noire, offrait son ombre aux pèlerins ; quelques médaillons de marbre incrustés dans le mur et quelques fresques délavées par les pluies d’hiver étaient le seul ornement de ce portique ; un vieil oranger au tronc noir, ridé, tortu comme celui des chênes verts qui croissent aux rafales d’un cap penché sur la mer, élançait son lourd feuillage au-dessus du mur du parapet et semblait regarder éternellement les côtes de la mer de Naples, sa patrie. […] Multæ sunt mansiones in domo patris mei , il y a plusieurs places dans la maison de mon père ; vous occupez une de ces places.
Les résumés, les manuels, les encyclopédies avaient pris la place des textes ; et les sept arts vaincus avaient cédé la place à la théologie. […] Du haut de leurs chaires, sur les places, par les champs, les prédicateurs étaient les directeurs publics de la conscience des individus et des foules : tout et tous passaient sons leur âpre censure, et définis les coiffures effrontées des femmes, nulle partie secrète ou visible de la corruption du siècle ne déconcertait l’audace de leur pensée ou de leur langue. […] Biographie : Eustache, dit Des Champs, d’un bien qu’il possédait, et Morel, pour son teint noir, né entre 1338 et 1349, mort avant le 1er sept. 1415 : étudiant en droit à Orléans (depuis 1360), messager de Charles V (1367-1373) , huissier d’armes (1372), bailli de Valois, maître des eaux et forêts de Villers-Cotterets, marié vers 1373, châtelain de Fismes sous Charles VI, bailli de Senlis (1389) ; il perd sa place d’huissier d’armes en 1395, et est remplacé dans son baillage en 1404.
On place devant nous des assiettes, au fond desquelles, imprimés en triste bistre, figurent les grands écrivains de Louis XIV, ayant au dos la date de leur mort. […] Il est arrivé quelques personnes de tous les mondes, qui, le dîner fini, ont pris place autour de la table. […] * * * — Aujourd’hui, au dîner Brébant, devenu une espèce d’antichambre de ministère, c’est autour de moi un susurrement à voix basse de gens qui se demandent et se promettent des places pour les amis. […] L’un d’eux dessine trois corbeaux, et c’est vraiment merveilleux de savoir, dans un dessin qui n’a jamais d’enveloppe ni de contour général, réserver les lumières, et d’être fixé d’avance si sûrement sur les places et les valeurs de sa composition.
Quant à l’Épopée, la Henriade de Voltaire est venue faire prendre à la France sa place épique bien loin derrière toutes les autres nations : car ce sont précisément la conception et le ton épiques qui manquent à cette épopée, même dans les passages les plus justement cités par les rhétoriques de collège. […] Comment donc obtenir une place à côté d’eux ? […] C’est donc leur faute et la faute des acteurs, mais non celle du public, si le faux et le conventionnel tiennent encore trop de place sur notre théâtre. […] Cet abbé, avec tout son esprit et tout son talent, a singulièrement appauvri la langue poétique, en croyant l’enrichir, parce qu’il nous donne toujours la périphrase à la place du mot propre.
Cette mémoire visuelle s’était développée à tel point qu’après quelques instants passés devant une bibliothèque l’enfant retenait un assez grand nombre de titres, avec la place exacte des volumes correspondants. […] En variant la place des mots, en pratiquant des échanges de mots entre les phrases, on fait que le sens se dégage de lui-même pour l’oreille, en quelque sorte, sans que l’intelligence s’en mêle. […] Sans doute l’idée de la signification y tient une large place ; mais, outre qu’il est difficile de dire ce que devient cette idée de la signification des images quand on la détache complètement des images elles-mêmes, il est clair que la même signification logique peut appartenir à des séries d’images toutes différentes et qu’elle ne suffirait pas, par conséquent, à nous faire retenir et reconstituer telle série d’images déterminée à l’exclusion des autres. […] Beaucoup d’entre eux expriment des relations, et ne les expriment que par leur place dans l’ensemble et par leur lien avec les autres mots de la phrase.
La poésie eut de bonne heure sa place dans ce concours universel : elle sut se rajeunir et par le sentiment et par la forme. […] Il n’est pas jusqu’à ces moindres genres dont on se croyait obligé de sourire autrefois, qui ne méritassent désormais une place dans une exposition universelle des produits de la poésie ; car ils ont eu de nos jours leur renaissance, et retrouvé leurs adorateurs.
Nous nous mîmes en bataille sous les murs de la ville, et nous envoyâmes un officier prévenir M. le commandant (de la place) que nous allions lui présenter nos devoirs. […] Toutes les fenêtres étaient garnies de têtes, toutes les rues remplies de curieux ; la place d’armes fut pleine en un instant, et nous fûmes obligés de traverser une foule innombrable qui venait voir ses vainqueurs.
Son infatigable activité d’esprit ne se confinait pas à une sphère ; il entrait dans toutes : histoire, critique, érudition, politique, et la philosophie enfin, qui fut longtemps sa place forte et son quartier général avec drapeau. […] Vous savez bien, Madame, la place que je vous dois à tous ces égards.
Il refusa sous le Consulat une place de sénateur, et sous l’empire la Lésion d’honneur, « Je suis catholique, poète, républicain et solitaire, disait-il : voilà les éléments qui me composent et qui ne peuvent s’arranger avec les hommes en société et avec les places. » — OEuvres, Paris, 1827, 6 vol. in-18.
On n’essayait pas de voir, par l’histoire, la vie de ces grands peuples ; on oubliait totalement quelle place l’art avait tenue dans leur civilisation. […] Il était important de signaler le courant qui porte les esprits de nouveau vers l’art gréco-romain : nous découvrons ainsi les origines, la place d’un génie original que, sans cette étude préalable, on ne sait où loger dans l’histoire de notre littérature.
Après le désastre, il lui suffit de s’attacher à sa place, pour réduire à l’impuissance les minorités monarchiques ; il lui suffit de rester le président de la République, pour fonder la république : quand il se retira (le 24 mai 1873), il était trop tard, l’heure d’une restauration avait passé. […] Au reste, l’éloquence du barreau échappe de plus en plus à la littérature : elle se place ou bien hors de l’art, par la controverse juridique, ou au-dessous de l’art, par les gros effets.
Théodore de Banville L’auteur des Fleurs du mal est non pas un poète de talent, mais un poète de génie, et de jour en jour on verra quelle grande place tient, dans notre époque tourmentée et souffrante, son œuvre essentiellement française, essentiellement originale, essentiellement nouvelle. […] ou attend-il à intervenir que l’on ait proposé de dresser sur la place publique, dans une attitude analogue à leurs œuvres, la statue de Restif de la Bretonne, ou celle de Casanova ?
La scène est divisée en trois arcades, et sous chaque arcade on voit posée, sur un terrain en pente, une rue véritable, bordée de maisons de bois, qui vient du fond du théâtre aboutir sur l’avant-scène, censée une place publique. […] On voit que sur le théâtre des Gelosi et dans les comédies même, l’élément comique ne prévalait pas exclusivement ; le sentiment, la passion et le drame y tenaient une bonne place ; la bouffonnerie n’y était souvent qu’accessoire et épisodique, et ainsi mesurée elle n’en produisait sans doute qu’un plus grand effet.
Le Dr Toulouse a proposé une théorie du « frein volontaire » dont il a tiré des conclusions contraires à l’individualisme qui place son idéal dans l’épanouissement du moi égoïste32. […] C’est la physiologie qui prédestine les uns au commandement, les autres à l’obéissance ; qui place dans certains hommes un sentiment de domination et dans certains autres un sentiment de dépendance.
Car l’humanité sera toujours sérieuse, croyante, religieuse ; jamais la légèreté qui ne croit à rien ne tiendra la première place dans les affaires humaines. […] Mais ceux-là meurent tout entiers ; ils n’ont pas leur place dans cette grande tapisserie historique que l’humanité tisse et laisse se défiler derrière elle : ce sont les flots bruyants qui murmurent sous les roues du pyroscaphe dans sa course, mais se taisent derrière lui.
On est arrivé ainsi à reléguer au rang des fables quantité de légendes qui ne peuvent plus trouver place dans le tissu serré des événements reconnus pour vrais ; puis, d’antiques mensonges une fois écartés, l’on s’est trouvé en présence d’un bon nombre de notions importantes. […] La conjecture, pourvu qu’elle soit donnée comme telle, y a sa place marquée ; elle y joue un grand rôle sous le nom plus savant d’hypothèse.
La place publique parodiait au sérieux la scène ; les coulisses des boulevards s’étaient retournées, et l’on avait le paradis en plein vent. […] Ce qu’il faut de plus en plus à la France, appelée indistinctement à la vie de tribune et jetée tout entière sur la place publique, c’est une école de bonne langue, de belle et haute littérature, un organe permanent et pur de tradition.
Que l’on se place au point de vue de l’intellectualisme tenant la vie pour un moyen dont la connaissance est le but, ou que l’on se place au point de vue de l’illusion vitale tenant la connaissance pour un moyen, dont la vie heureuse est le but, ce que l’on se proposait de mettre ici en évidence, c’est, d’une part, que selon la rigueur du principe bovaryque, chacune de ces conceptions, qui tend à envahir tout le champ du réel, ne reçoit elle-même sa réalité que des limites que lui inflige la conception contraire ; c’est, d’autre part, que dans l’une et l’autre hypothèse, toute l’activité dépensée dans le monde a pour principe unique l’utilité humaine sous l’un ou l’autre de ses deux aspects, qu’il lui faut en sorte toujours supposer pour but de satisfaire une utilité de connaissanceou de satisfaire une utilité vitale.
Entre ces deux opinions exclusives et diamétralement contraires, il nous a semblé qu’il y avait place pour une opinion conciliatrice. […] Il a donc laissé ces deux lignes à leur place, de même qu’il s’était déjà déterminé à laisser dans le recueil intitulé les Feuilles d’automne les vers intitulés Rêverie d’un passant à propos d’un roi, petit poëme écrit en juin 1830 qui annonce la révolution de juillet.
Mais en même temps, il est passionné pour les institutions anglaises, défenseur énergique du Parlement contre la prérogative royale, partisan de la liberté de la presse, de la responsabilité des ministres ; il conseille enfin à l’aristocratie de son pays de se servir des institutions nouvelles, de s’y faire sa place et son rang, au lieu de s’armer contre elles et de chercher à ressaisir ses privilèges à l’ombre du despotisme restauré. […] C’est par là, c’est par le journal l’Avenir que Lamennais a droit à une place importante dans l’histoire des idées politiques au xixe siècle.
Ses racines se multiplient dans un tas de pierres, et s’y affermissent ; si on l’arrache de sa place, le lieu même où il était le renoncera, et lui dira : “Je ne t’ai point connu112.” » Combien cette comparaison, ou plutôt cette figure prolongée est admirable ! […] Quand Démodocus recommençait ses chants, et que les anciens l’excitaient à continuer (car ils étaient charmés de ses paroles), Ulysse s’enveloppait la tête de nouveau, et recommençait à pleurer. » Ce sont des beautés de cette nature qui, de siècle en siècle, ont assuré à Homère la première place entre les plus grands génies.
Il s’y mêle les pleurnichements de ces natures molles qui n’ont pas eu l’énergie de se jeter à travers la foule Pour s’y tailler leur place à coups de volonté. […] Il n’y a rien d’opiniâtre et d’infatigable comme un manuscrit — sans place.
Beaumont-Vassy est un de ces esprits qui peuvent toucher impunément à beaucoup de sujets et les laisser exactement à la place où ils les ont pris. […] Tout ce qu’on y rencontre jonche la place depuis longtemps.
Ainsi, tout d’abord et sans conteste, telle est la grande place que prend et gardera le livre de l’Empire Chinois dans la littérature historique de l’Europe. Ajoutons que cette place éminente, l’abbé Huc ne la devra pas uniquement aux circonstances de sa vie et à l’acquis de son voyage, mais à des qualités personnelles que la Critique ne peut oublier.
Le comte d’Espagne était lui-même un petit homme trapu, crépu, râblé, taillé en garçon boucher, très actif, très cruel, très courtois, qui saluait d’un geste fanfaron chaque éclair des canons de la place, qu’on rencontrait partout tranchant du matamore et du capitan, toujours discourant, pérorant et secouant vivement son petit panache. » Et n’allez pas croire que l’historien qui écrit ainsi n’ait que ces deux manières de peindre ! […] Comme le principe de la vitalité est dans les nerfs, Chopin est mort jeune. » Dans l’impossibilité de citer tout ce qui peut donner l’idée de ce talent inconnu qui a bien le droit d’une place au soleil, nous avons choisi ces lignes pénétrantes sur Chopin ; mais ceux qui liront, après nos citations, le capitaine d’Arpentigny, auront seuls la mesure de ce talent, qui peint Chopin avec cette profondeur nuancée et qui, du même pinceau, nous peint si différemment des natures différentes, — par exemple le général Rapp et le prince Jules de Polignac.
Tout y était encore à sa place naturelle. […] On y parlait, au début, de Platon et des siens, et le pauvre rédacteur, épris d’antiquité, disait élégamment : « Lorsque les brises de la mer Égée parfumaient l’atmosphère de l’Attique, quelques hommes, préoccupés de l’éternel mystère, venaient, dans les jardins d’Acadème, se suspendre aux lèvres de Platon, etc. » Buloz prit peur de cette phrase comme de la plus audacieuse hardiesse, et de sa patte dictatoriale et effarée il supprima le tout et mit à sa place ; « Il y eut aussi dans la Grèce des sociétés savantes. » Une autre fois, dans une étude sur la mystique chrétienne, on disait : « L’amour de la vérité cherche celle-ci dans les solitudes intérieures de l’âme » ; mais Buloz, qui ne connaît pas les solitudes intérieures de l’âme, traduisit d’autorité : « Les esprits curieux fuient les embarras des villes », qu’il connaît !
Mais il vient d’être réédité en 1878, à peu près au moment où le sculpteur Falguière finissait sa statue, et l’éditeur, qui fait son métier, envoie le livre à la Critique, pour qu’elle le mette en lumière au moment même où cette statue se dresse sur la place publique de Mâcon, et attire les regards de tous ceux qui lisent les journaux et ne voient, de près ou de loin, que par cette lorgnette. […] Henri de Lacretelle, où, en parlant de lui, il tient plus de place que lui.
… Y a-t-il des places réservées pour la vérité dans l’histoire ? […] Roselly de Lorgues, dans une prochaine édition, se débarrassera, nous n’en doutons pas, de cette mer d’herbes qu’on rencontre à certaines places dans son style.
Et c’est pour cela qu’importuné et dégoûté d’une critique d’histoire n’entendant rien à la pure et surnaturelle grandeur d’une fille de Louis XV, qui faisait, au temps de Voltaire, identiquement ce que faisaient les filles de Clovis au temps de saint Rémi, nous sommes remonté, pour nous purifier dans la vérité et l’intelligence, jusqu’à ce livre, méprisé des faiseurs et lumineusement compétent sur le sujet qu’il traite, et que nous l’avons respectueusement descendu à cette place, comme un reliquaire pris sur un autel ! […] Elle trouvait que le baiser mis là par son père avait quelque chose de trop humain encore, et elle ne voulut pas, en expirant à la même place, adoucir l’horreur de sa fin !
La personnalité peut y tenir sa place, car on ne sait pas assez combien la personnalité d’un homme est près de lui quand on la croit le plus loin ; mais M. […] Ce jeune homme, que l’auteur ramènera plus tard et qui sera le second amant de madame Bovary, cède la place au roué, grossier, expert et hardi, frotté d’une élégance équivoque, qui devait triompher naturellement d’une femme comme elle, car dans l’éloignement de la société que son souvenir hante, c’est l’homme qui lui rappelle le plus, par les surfaces, les beaux du château de la Vaubyessard.
Solon, comme s’il eût prévu de quel appui et de quelle gloire Salamine serait un jour pour Athènes, vient, non pas comme un poëte, mais comme un malade dont l’esprit est troublé, sur la place publique ; et, bravant une loi tyrannique, il commence par ces paroles célèbres : Je viens, messager de l’aimable Salamine, avec le chant pour parure à mes paroles, en guise de harangue. » Et, sans être interrompu, il récite en cent vers un appel aux Athéniens, qui se terminait par ce cri de guerre75 : « Allons à Salamine combattre pour la possession de cette île aimable, ayant, chassé loin de nous le poids insupportable de la honte. » Jamais poésie n’eut tant d’empire : la loi est abrogée, la guerre décrétée et le poëte élu général. […] Dans les assemblées, tous ensemble, les jeunes et ceux qui sont du même temps, lui cèdent la place, et ceux qui sont plus anciens aussi.
Le voyageur avait repris sa place et ordonné de marcher. […] Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! […] La peur le cloue en place. […] Gustave Flaubert offrait-il quelques tableaux d’un réalisme audacieux, dont le sacrifice lui eût sans doute assuré une place parmi les classiques du roman ? […] L’auteur leur a fait dans son récit une large et juste place.
Au plus bas échelon il place les peuples qui no sont des peuples, ou plutôt des agglomérations, que par la crainte. […] Au sommet il place ceux où tout le peuple est forcé d’avoir le patriotisme à l’état pur, sans quoi tout est perdu. […] A la bataille de Rosbach, un officier français, blessé et couché sur la place, demandait à cor et cri un lavement. […] » Il réserve aux catholiques l’accès aux places et aux honneurs : « Je ne dis pas que tous ceux qui ne sont point de la religion du prince doivent partager les places et les honneurs de ceux qui sont de la religion dominante. […] Ils ne sont pas « liés à la place » ; ils sont liés à l’origine.
Haraucourt, lui valut une place de choix parmi les nouveaux poètes.
Son Traité de l’Origine des Romans offre tant de recherches curieuses, de remarques instructives, de décisions judicieuses en matiere de goût, qu’il lui donneroit une place distinguée parmi les Littérateurs, quand il n’auroit pas d’autres titres.
Sans cela, M. l’Abbé Iraïl auroit-il dit, en parlant de Racine, qu’il place au dessus du sublime Corneille : Heureux s’il eût été aussi grand Philosophe qu’il étoit grand Poëte !
On demandera à jamais qui est-ce qui disposait des marbres du souverain. à la place du Marigny, j’entendrais sans cesse cette question et je rougirais.
Je n’ai plus les sensations qu’il me donnait ; mais je crois que, si je me place de nouveau dans les circonstances où je les ai eues, c’est-à-dire si je rentre dans la chambre, je les aurai encore, et, de plus, qu’il n’y a eu aucun moment intermédiaire dans lequel je n’eusse pu les avoir. » — Ceci est un spécimen de nos opérations ordinaires, et il est clair que, pour toute autre perception de la vue ou d’un autre sens, l’analyse serait la même. — Or, d’après cette analyse, on voit « que ma conception du monde à un instant donné ne contient qu’une petite proportion de sensations présentes. […] Je crois que Calcutta existe, quoique je ne perçoive pas cette ville, et je crois qu’elle existerait encore si tout habitant capable de perception quittait tout d’un coup la place ou tombait mort. […] Au contraire, quand nous changeons de place, nous n’emportons pas avec nous les possibilités permanentes de sensation ; elles restent jusqu’à ce que nous revenions, ou bien elles naissent et cessent à des conditions sur lesquelles notre présence n’a en général aucune influence. […] Transportée par notre main, elle change de place à nos yeux, comme notre main elle-même. […] Poussée par un autre corps, elle change de place, comme fait notre main en pareille circonstance.
II N’importe, j’entrai ; et, grâce aux bontés du directeur inconnu, je trouvai place à l’avant-scène dans une loge réservée, en face de la scène et derrière une colonne qui jetait son ombre entre la foule et moi. […] Suivi de sa femme, il descendit d’abord à l’hôtel des Trois-Lions, sur la place au Charbon. […] Que penseriez-vous de la sculpture qui emprunterait les couleurs de la peinture pour rendre les divines formes de Phidias plus semblables aux figures de cire coloriées devant lesquelles s’extasie l’ignorante multitude de nos places publiques ? […] Est-ce que cette langue des sons, par son vague même et par l’illimitation de ses accents, n’est pas plus illimitée dans ses expressions que les langues où le sens est borné par la valeur positive du mot et par la syntaxe, cette place obligée du mot dans la phrase ! […] Le prix de la place est d’un écu et de huit gros ; nous le mettrons sur le compte.
On fut obligé de laisser en blanc la place de sa signature ; mais, une fois le contrat signé, il reparut, sortant d’un massif de charmille où il s’était dérobé pendant la cérémonie. […] Demain j’irai signer seul et à la place qui convient à ma dignité. » Et il alla, en effet, le lendemain signer le registre. […] Quant à moi, j’admirai cette force du naturel qui place l’étiquette plus haut que le cœur. […] Allez ensuite en France ; demandez à un habitant de Dunkerque ou de Bayonne par qui il est gouverné ; il vous répondra : Par le roi de France (j’aime à supposer qu’il est toujours à sa place) ; jamais il ne lui viendra en tête de vous dire qu’il est gouverné par les habitants de l’Île-de-France, que tous les emplois sont pour ces messieurs, qu’ils viennent faire les maîtres chez les autres, qu’ils veulent tout mener à leur manière, et autres chansons des nations sujettes. […] Alors vous aurez délivré la première race d’hommes de la terre pour attester à l’avenir la reconnaissance du monde envers l’Italie, alma parens , et votre œuvre subsistera, parce que l’Italie entière aura sa place dans cette nouvelle ligue des Achéens.
Elle imita Rome dans ses premières lois : elle eut son peuple, son aristocratie, ses deux consuls, ses censeurs ; ses comices, composés de tout le peuple convoqué, se tenant sur la place publique. […] Leurs galères, empruntées par les différentes croisades pour les expéditions en Orient, y conquirent pour Gênes elle-même les places fortes de la côte de Syrie, telles que Laodicée et Césarée ; un de leurs consuls monta le premier à l’assaut de cette place réputée inexpugnable ; après la prise de Constantinople par les Latins, les Génois disputèrent aux Vénitiens les dépouilles de l’empire ; ils colonisèrent militairement les côtes du Péloponnèse, Coron et Modon. […] Il ne leur manquait qu’une place aussi haute que leur renommée dans la constitution de la république, pour être aussi utiles à leur patrie au dedans qu’illustres au dehors. […] Le peuple, excité par l’insolence des nobles, se soulève : un Doria est tué sur la place du Marché ; il saccage et brûle les palais des nobles ; il nomme un doge, un ouvrier en soie, Paul de Novi, homme supérieur, par son esprit cultivé, à sa condition, et opposé aux Français.