Et encore, aucun de ces treize n’a les qualités exigées par Boileau pour qu’un sonnet vaille un long poème… C’est que d’Aubigné est, en poésie, un tempérament bien plus qu’un accomplissement de poète. […] Comparez, par exemple, les vers ravissants de Corneille : À la marquise qui lui reprochait son âge, et l’admirable préface d’Agrippa d’Aubigné, incitable parce qu’elle est trop longue : Livre, celuy qui te donne N’est esclave de personne ; Tu seras donc libre ainsi, Et dédié de ton père À ceux à qui tu veux plaire Et qui te plairont aussi.
Cette bicoque était connue dans le pays sous le nom du Château des Saffras, et de là le titre de Marquis des Saffras que l’on donnait à Espérit. » Ces détails, nous les avons transcrits, au risque de paraître long, tels qu’on les trouve aux premières pages du livre de M. de La Madelène, parce qu’ils ne sont pas, comme on pourrait le croire, les inventions d’une fantaisie, qui ne sait où elle va, mais parce qu’ils ont une raison d’être dans l’idée première de ce roman très-combiné et très-réfléchi. […] Ils l’appellent l’esprit de la lune, l’espérit des ciales, et même l’évêque des cigales, les jours où ils l’aiment davantage, car ils l’aiment, cet homme qui en sait plus long qu’eux, par les seules forces mystérieuses de sa pensée, sans avoir comme eux rien appris !
Francis Wey34 I Le silence s’est fait, dans les hauteurs de la littérature, en matière d’œuvres fortes et de longue haleine. […] Ce n’est pas non plus, assurément, indigence de souffle et de vigueur ; mais c’est que naturellement il conçoit son sujet sous la forme où il est concentré davantage, et que l’ambition de son talent doit être la concentration : « Les longs ouvrages me font peur », disait La Fontaine, cet homme unique, qui avait en lui la divinité du détail.
Ce mort est horrible, et rien ne peut faire un contraste plus singulier avec ce cadavre, cadavérique entre tous, que les hautes, longues, maigres ou rotondes figures, grotesquement graves, de tous ces docteurs britanniques, chargées de monstrueuses perruques à rouleaux. […] Cette verve est inconcevable, et elle serait réputée impossible, si les preuves n’étaient pas là, sous forme d’une œuvre immense, collection innombrable de vignettes, longue série d’albums comiques, enfin d’une telle quantité de personnages, de situations, de physionomies, de tableaux grotesques, que la mémoire de l’observateur s’y perd ; le grotesque coule incessamment et inévitablement de la pointe de Cruikshank, comme les rimes riches de la plume des poëtes naturels.
Après l’avoir franchie, on se trouve bientôt devant un pont très long, qui semble n’avoir pas un pied de large, et sous lequel, à une très grande profondeur, un torrent fait un si grand fracas qu’il semble que tout s’écroule. […] L’entrée est tellement obstruée qu’il faudrait d’assez longs travaux pour la dégager. […] Les plus anciennes poésies où apparaisse la légende sont composées « dans le ton long de Tannhäuser », et l’introduction de ce nom dans la merveilleuse histoire n’a peut-être pas d’autre cause. […] Le voyage de Rome semble l’indiquer : des monts Sibyllins à Rome la route n’est pas longue, et on prétend même que, par un temps clair, on peut, de leurs hauteurs, apercevoir le dôme de Saint-Pierre. […] Quand l’oiseau est pris, il s’engage entre lui et l’homme un dialogue beaucoup plus long, avec des détails de cuisine fort inutiles.
Leurs silhouettes se découpaient, avec l’éclat sombre de l’airain, le long d’un étroit panneau de maçonnerie, sur un fond où s’enroulaient des spirales bizarres et où fleurissaient des palmettes. […] C’est pourquoi je me suis longtemps arrêté dans cette petite maison, où le capitaine Renan venait oublier, entre deux voyages au long cours, les brumes marines et l’âpre insomnie du banc de quart. […] La tâche sera longue et la besogne sera dure. […] Professeur suppléant à l’École de droit, long, mince, l’échine courbée, toujours saluant, présenté à tout le monde, faufilé partout, assidu partout, le parfait intrigant… » Quels tristes bonshommes ! […] L’auteur de Balthazar a plutôt appris, dans sa longue familiarité avec les elzévirs qu’il estime et les incunables qu’il révère, une sagesse philosophique et souriante, une ironie doucement inactive.
Il détestait la plume, qu’il appelait « cette triste accoucheuse de l’esprit avec son long bec effilé et criard… » — Rivarol ! […] » écrit-il sur son journal, à la date de janvier 1843, « Dargaud a fait une longue promenade avec Lamartine ; que je l’envie ! […] Ce sont là des peines de toutes les heures, auxquelles s’ajoutaient les chagrins inséparables de toute longue existence. […] C’était, dans cette boutique, plus longue que large, comme une agonie de parfums, enivrante et délicieuse. […] Taine ait consacré quelques pages au divin Shelley, qui fut un solitaire, et une longue étude à Byron, qui a si fortement traduit les cœurs de ses contemporains.
Si brièvement que je sois résolu de le faire, je crains fort d’être encore assez long, et je vous en fais mes excuses par avance. […] Pardonnez-moi de ne pas vous en remettre les preuves tout au long sous les yeux. […] La citation est un peu longue, mais elle bien instructive. […] Regretterons-nous ce long silence ? […] Mais quelque genre que ce soit, l’enfantement en est long et pénible ; la splendeur en est brève ; la décadence en est plus longue et plus pénible encore que l’enfantement même : vous le savez déjà pour notre tragédie, qui ne va pas mettre moins de cent cinquante ans à mourir.
Plus le régime de la presse est libre et ouvre un vaste champ à toutes les haines, à toutes les injures, et plus il est du devoir de tous ceux qui veulent s’en servir à bonne et longue fin, d’apporter envers les adversaires, et ne serait-ce que par égard pour soi-même, une certaine modération de ton dont rien ne saurait dispenser.
On ressent, à le feuilleter, une impression complexe, et il y a certaines de ses pièces formant si bien tableau, qu’on s’arrête pour laisser passer l’image ; il faut lire les Glaneuses, les Deux Croix et le poème du Pardon : un long défilé de costumes bretons, de mendiants bariolés, de bannières flottant comme des petites voiles sur cet horizon de mer qui sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.
Théophile Gautier M. de Châtillon, bonne fortune que lui envieront tous les poètes, a composé plus d’une de ces chansons qui semblent faites par tout le monde et n’avoir jamais eu d’auteur, telles qu’en inventent les carriers en tournant leur grande roue rouge, les charretiers au tintement des grelots de leur long attelage, les compagnons en brandissant leur canne enrubannée sur le chemin du tour de France, les villageois en versant leur botte pleine de raisin dans la cuve de la vendange, la jeune fille en tirant son aiguille près de la fenêtre que l’hirondelle libre vient agacer de son aile.
Le Dépotoir, l’un des plus beaux poèmes du livre, trop long pour être cité en entier, et trop homogène pour qu’on en détache un fragment) ; mais il note aussi, comme le doit faire tout bon poète, les apparences fugaces des objets et des hommes, et les similitudes qui ne sont pas perçues dès l’abord.
Fernand Gregh L’Aube juvénile est le titre de la dernière pièce, qui est aussi la plus longue : dialogue symbolique entre l’Enfant en robe grise, représentant la jeunesse rêveuse et triste du poète, et l’Enfant en robe de pourpre, qui incarne son invincible espoir.
Un vieux Prêtre énergumene, déclamant contre sa Religion, & renversant, par frénésie, des Autels qu’il avoit servis toute sa vie ; de longues tirades contre tous les Cultes ; de fréquentes oraisons à la Divinité ; des personnages tous Déïstes, venant, chacun à leur tour, exhaler leur dépit contre le Sacerdoce & la Religion ; des allusions prétendues ingénieuses, & qui n’ont décélé que de l’audace ou des puérilités ; toutes ces heureuses combinaisons ont été crues propres à répandre dans les esprits ce que le Monde philosophique appelle des lumieres.
D’ailleurs la perfection du discours exige de la liaison dans les idées, de la variété dans les tours, de l’harmonie dans le style ; & si on eût été convaincu de cette vérité, nous n’aurions pas tant de Penseurs, dont les plus longs Ouvrages peuvent se réduire en morceaux détachés, qu’il est facile de transposer à son gré, sans rien déranger de l’économie du discours, précisément parce qu’il n’y a aucune économie.
Pourquoi sommes-nous dans le cas de reprocher à ce joli Poëme un peu de longueur dans l’action, de trop longs discours qui le refroidissent, & de petites incorrections qui en déparent quelquefois le style, fait pour n’admettre rien de vicieux, ni même de médiocre ?
Ce n'est pas que le génie de M. de Thou ne s'abaisse quelquefois à certains objets fort accrédités de son temps, tels que les prédictions, les présages, &c. qu'il ne s'engage quelquefois dans des digressions un peu longues, & ne s'écarte de son sujet principal ; mais il fait y revenir ensuite, & se faire pardonner ses écarts.
Ce n’est que tout à l’heure, au moment où, selon l’usage des auteurs de terminer par où le lecteur commence, il allait élaborer une longue préface, qui fût comme le bouclier de son œuvre, et contînt, avec l’exposé des principes moraux et littéraires sur lesquels repose sa conception, un précis plus ou moins rapide des divers événements historiques qu’elle embrasse, et un tableau plus ou moins complet du pays qu’elle parcourt ; ce n’est que tout à l’heure, disons-nous, qu’il s’est aperçu de sa méprise, qu’il a reconnu toute l’insignifiance et toute la frivolité du genre à propos duquel il avait si gravement noirci tant de papier, et qu’il a senti combien il s’était, pour ainsi dire, mystifié lui-même, en se persuadant que ce roman pourrait bien, jusqu’à un certain point, être une production littéraire, et que ces quatre volumes formaient un livre.
À droite, le prévôt des marchands et les échevins en longues robes[,] en rabats et en perruques volumineuses, avec des mines d’une largeur et d’un ignoble qu’il faut voir.
Et puis ce monarque long, sec, maigre, élancé, vu de profil, avec une petite tête couverte d’un chapeau retapé n’a-t-il pas l’air d’un escroc qui a la vue basse.
Le lecteur cherche en vain des yeux la route intermédiaire, étourdi de ces sauts prodigieux, se demandant par quel miracle le poëte au sortir de cette idée est entré dans cette autre, entrevoyant parfois entre deux images une longue échelle de transitions que nous gravissons pied à pied avec peine, et qu’il a escaladée du premier coup. […] Au bout d’un assez long temps, on les sépare. « Je ne suis pas encore échauffé, dit Ajax, laissez-nous recommencer235. » — Cloten est moins massif que ce bœuf flegmatique ; mais il est aussi imbécile, aussi vaniteux et aussi grossier. […] — Elle courait presque, et se dandinait tout du long. — Même le jour d’avant, elle était tombée sur le front238. […] Désormais, dans les rares intervalles où la fièvre de son esprit s’abat, il est comme un homme usé par une longue maladie. […] It cannot be long that Desdemona should continue her love to the Moor, nor he his to her… These Moors are changeable in their wills.
Je veux ou plutôt je prends plaisir à reconnaître qu’on y dépense aujourd’hui les plus rares qualités d’esprit, et cette longue patience que l’on a jadis proclamée toute voisine du génie. […] Voltaire savait le monde, il connaissait la vie, il avait une expérience déjà longue des hommes, des mœurs, de la société de son temps et de son pays. […] Non qu’il ne connût pourtant de longue date et qu’il n’eût jugé son Frédéric. […] Ses mains mêmes, longues et maigres, crispées sur les bras du fauteuil, ne semblent attendre qu’un signal pour soulever et lancer tout le corps d’une seule détente. […] Voltaire le premier se montre inhabile aux œuvres de longue haleine.
Tous, ou presque tous, ils étaient de braves gens ; mais ils étaient incapables de longs espoirs et de vastes pensées. […] Vers l’Est, une longue file de peupliers minces jalonne la ligne du Rhin. […] Cette histoire est racontée, tout au long, dans la Chronique de Thann. […] d’une longue angoisse, cette « légion de gens à tout faire ». […] On ne sait comment définir ces joujoux, qu’une longue éducation initia patiemment à l’art de plaire.
De longs chapitres sont resserrés en quelques pages et des pages entières en dix lignes. […] Dans cet embarras, il se décide, après de longs combats, à écouter les conseils de l’honnête M. […] Tu as été de longues années en rapport avec lui ; tu ne dois pas être la cause du malheur de sa famille. […] Freytag, je demande la permission d’extraire encore un long passage de cette troisième partie. […] Morin prend la peine de me lire, il se repentira bien de sa phrase dont le résultat a été d’infliger une aussi longue dissertation à vos lecteurs.
Il en résulte que la mélopée lyrique en elle-même n’est plus qu’une longue lamentation musicale non rhythmée qui se noie finalement dans les larmes. […] L’auteur d’Éloa, après de longues années de silence, nous a laissé le recueil posthume des Destinées. […] L’œuvre entière offre un aspect étrange et puissant, conception neuve, une dans sa riche et sombre diversité, marquée du sceau énergique d’une longue méditation. […] Quand ces vers d’or sonnèrent pour la première fois sur la scène, quand ces explosions d’héroïsme, de tendresse, de passion, éclatèrent soudainement, enthousiasmant les uns, irritant la critique peu accoutumée à de telles audaces, et soulevant même des haines personnelles, les esprits les plus avertis parmi les contradicteurs du jeune Maître saluèrent cependant, malgré beaucoup de réserves, cet avènement indiscutable de la haute poésie lyrique dans le drame, bien que de longues années dussent s’écouler encore avant le triomphe définitif. […] Dans le cours de sa longue vie, traversée pourtant d’ardentes luttes littéraires et politiques et de grandes douleurs, et surtout dans sa vieillesse vénérable, apaisée et souriante, Victor Hugo a reçu la récompense due au plus éclatant génie lyrique qu’il ait été donné aux hommes d’applaudir.
je la trouve bien pressée de jouir du succès, bien avide d’argent, bien incapable de travailler de longs mois, dans la retraite, le silence, la maigre rétribution de son labeur : ce qu’a fait notre génération. […] Rigaud Kair, capitaine au long cours, me témoignant son regret de ne pouvoir assister à mon banquet, sous la menace de reprendre la mer, au premier jour, et m’offrant « en remerciement de sa respectueuse gratitude pour les joies intellectuelles, que mes œuvres, compagnes fidèles de tous ses voyages, lui ont procurées », m’offrant un dessin de Pouthier, l’Anatole de Manette Salomon. […] Je causais, ce soir, avec une femme qui a une véritable passion du linge, et qui me parlait en artiste de l’oreiller, et de sa garniture à longs plis en festons découpés, qu’elle trouvait l’oreiller de la malade, ayant quelque coquetterie. […] Une longue promenade dans cinq hectares de plantes, puis la visite aux poules exotiques, dans leur installation princière, avec leurs loges grillagées, au beau sable, d’où s’élèvent quelques arbustes, — et renfermant ces poules cochinchinoises, ces poules toutes noires avec leurs houppes blanches, et les petits combattants britanniques, et ces poules, dans l’embarras des plumes de leurs pattes, courant avec la gêne des gens, dont la culotte serait tombée sur les pieds. […] Un autre jour, toujours au dire de ce Russe, Tolstoï, après une longue anathémisation de l’eau-de-vie, ayant retenu à déjeuner le monsieur avec lequel il causait, il lui faisait servir de l’eau-de-vie.
Il paroît que cette anecdote n’a été imaginée que pour faire dire un bon mot, ou plutôt un mauvais rebus* au Cardinal de Richelieu : Quoi qu’il en soit, cette longue Paraphrase ne valoit pas un Evêché ; on n’y trouve par-tout que des fleurs d’or sur le Ciel étalées, des miracles roulans, de vivans écueils, & mille autres expressions semblables que le bon sens rejette, & que n’admit jamais la belle Poésie.
Les Argonautes donc, au commencement du chant iii, après une longue navigation, après toutes sortes d’aventures déjà et de périls, viennent d’entrer dans l’embouchure du Phase et d’aborder en Colchide. […] mais soudainement les épouvantes de l’horrible Pluton descendirent dans son cœur ; elle demeura un long temps privée de la parole : autour d’elle tous les aimables soins de la vie se représentaient. […] Il y aurait encore (mais il ne faut pas abuser même des grâces) à tirer du début du chant suivant l’image des terreurs soudaines de Médée, qui se croit découverte, sa fuite du palais paternel, ses adieux au lit, à la chambre virginale, dans laquelle elle laisse suspendue pour sa mère une boucle de ses plus longs cheveux : c’est à regret que je renonce à ces touchantes scènes, dignes de tout ce qui a précédé115. […] Un seul et dernier trait : c’est au moment où elle se décide à fuir au milieu de la nuit : « … Elle baisa son lit et les deux côtés de la porte, elle embrassa jusqu’aux murailles, et, ayant coupé de ses mains une longue tresse, elle la laissa dans la chambre pour sa mère comme souvenir de sa virginité, et elle s’écria d’une voix gonflée de sanglots : « Cette longue mèche de mes cheveux, je te la laisse en ma place, ô ma mère !
l’œil s’éclaire, la voix monte, le geste lui-même, à peine sorti de sa longue indolence, est éloquent. […] Après cela, malgré les grâces courantes, les longs rubans flexibles et les méandres de mots, les caractères, dans ce petit roman d’Adèle, laissent fortement à désirer. […] … le procédé final n’a pas changé ; l’adorable idylle, la pastorale enchantée, tout amoureusement tressée qu’elle semble, va se trancher net encore à la Werther ou à la Werthérie, sinon par un coup de pistolet, au moins par une petite vérole qui tue, par un anévrisme qui rompt, par une convulsion délirante ; Séraphine, Thérèse, Clémentine, Amélie, Cécile, Adèle, toutes ces amantes qu’il a touchées au front, elles en sont là ; il a comme résumé leur destin en un seul dans ces Stances mélodieuses, où du moins le rhythme et l’image ont tout revêtu et adouci : Elle était bien jolie, au matin, sans atours, De son jardin naissant visitant les merveilles, Dans leur nid d’ambroisie épiant les abeilles, Et du parterre en fleurs suivant les longs détours. […] Je donnerais un long poème Pour un cri du cœur que j’entends. […] En 1834, l’Académie française, réparant de trop longs délais, le choisit à l’unanimité en remplacement de M.
« Vivre m’est un ennui si lourd et si long que je ne cesse d’en implorer la fin par le désir infini de revoir celle après laquelle rien ne me parut digne d’être jamais vu ! […] On voit transpercer ces sentiments dans une longue lettre qu’il publia à cette époque. […] C’est là qu’il écrivit aussi quelques-unes de ses odes de longue haleine appelées Trionfi, sortes de dithyrambes philosophiques où les chants mystiques du Dante furent évidemment ses modèles. […] Le récit du long entretien de l’empereur et de Pétrarque prouve que l’empereur était aussi lettré que Pétrarque était politique. […] Il atteint de longues années, et il meurt le front et les lèvres sur son nom qu’il vient encore d’écrire avant que sa main se glace et se sèche dans le sépulcre !
« Mais je n’ai pas besoin d’une plus longue défense, ô Athéniens ! […] « — Examinons donc, reprend Socrate, si cette immortalité est vraisemblable, ou si elle ne l’est pas. » Il se livre ici à une longue argumentation, plus sophistique que réelle, pour prouver, à la façon des sophistes, que toute chose naît de son contraire : le jour de la nuit, la veille du sommeil, la vie de la mort, la mort de la vie. […] « Et tout ce long discours que je viens de faire devant vous, pour vous prouver que, dès que j’aurai avalé le poison, je ne demeurerai plus avec vous, mais que je vous quitterai pour aller jouir des félicités ineffables, il me paraît que tout cela a été dit en pure perte pour lui, comme si j’avais voulu seulement par là le consoler et me consoler moi-même. […] Quant à sa philosophie, qui n’est nulle part aussi complètement exposée que dans le dialogue de Phédon, elle se résume, à travers un trop long flux de paroles et un trop grand appareil de questions, de réponses, de dialectique, de polémique, de circonlocutions plus scolastiques que philosophiques, dans un très petit nombre de vraisemblances théologiques et de vérités morales auxquelles toutes les philosophies modernes ont peu ajouté. […] Car, s’il y a quelque chose de surhumain dans l’humanité, ce n’est pas la mort d’un Dieu, sûr de revivre parce qu’il se sent Dieu même en mourant : c’est la mort d’un homme qui ne se sent qu’homme, mais en qui la raison, exercée pendant une longue vie de lutte avec son corps, triomphe de la nature et ressuscite en esprit avant qu’il soit mort, par la sainte évidence de sa foi !
Au-dessus du cintre régnait un long bas-relief de pierre dure sculptée représentant les quatre saisons, figures déjà rongées et toutes noires. […] Ce marteau, de forme oblongue et du genre de ceux que nos ancêtres nommaient jaquemart, ressemblait à un gros point d’admiration ; en l’examinant avec attention, un antiquaire y aurait retrouvé quelques indices de la figure essentiellement bouffonne qu’il représentait jadis, et qu’un long usage avait effacée. […] Un vieux cartel de cuivre, incrusté d’arabesques en écaille, ornait le manteau de la cheminée en pierre blanche, mal sculpté, sur lequel était une glace verdâtre, dont les côtés, coupés en biseau pour en montrer l’épaisseur, reflétaient un filet de lumière le long d’un trumeau gothique en acier damasquiné. […] Ce résultat des longues et persistantes économies de la grande Nanon parut gigantesque. […] Les murs épais présentaient leur chemise verte, ondée de longues traces brunes.
L’entretien du vieux ministre et du jeune dictateur fut long et dut être intéressant : c’était la rencontre de deux hommes, dont l’un avait perdu une monarchie, dont l’autre reconstruisait tout ce que le premier avait démoli. […] L’ouvrage, enfin imprimé, devait paraître dans quelques jours et récompenser par une légitime admiration les longues veilles de l’écrivain, quand un ordre arbitraire du ministre de la police, Savary, duc de Rovigo, fit mettre en pièces les dix mille exemplaires. […] Je lui ai refusé ce plaisir vraiment raffiné ; c’est le seul mérite que j’aie eu dans la longue lutte qu’il a établie entre sa toute-puissance et ma faiblesse. […] Elle y rentra avec les Bourbons et avec la liberté constitutionnelle ; elle y rentra, de plus, comme une exilée de la gloire que l’enthousiasme de sa patrie venge d’une longue oppression. […] Indépendamment de ses opinions anglaises, qui la portaient à favoriser l’établissement d’un régime représentatif en France pour corriger une longue servitude et pour retremper les mœurs avilies par le despotisme, elle avait un grand intérêt de famille à complaire au roi.
Il avait dû passer de longs mois sans travailler. […] Une très longue nouvelle : l’Histoire sans nom. […] Sa correspondance intime, qui n’est qu’une longue analyse de ses scrupules, nous apprend sur quel point. […] Mais il l’avait, ce « grand air », avec une bonhomie, une simplicité qui révélaient de longs atavismes de vie rurale. […] Le voici enfermé dans une cave, où il passe chaque jour de longues heures à songer creux.
Ils s’y aheurtent comme à une tâche et s’irritent de trouver qu’elle leur rend la tâche si longue. […] Il faut lire ces longues conversations où nulle parole n’est lâchée sans calcul, véritables duels renouvelés tous les jours avec la mort, bien plus avec le déshonneur en face. […] Rancune, intérêt, aucune des passions à longue portée n’a de prise sur lui. […] Un jour l’oncle Toby, le pauvre capitaine invalide, attrape, après de longs essais inutiles, une grosse mouche bourdonnante qui l’a cruellement tourmenté pendant tout le dîner ; il se lève, traverse la chambre sur sa jambe souffrante, et, ouvrant la fenêtre : « Va-t’en, pauvre diablesse, va-t’en ; pourquoi est-ce que je te ferais du mal ? […] Regardez dans Terburg ou Miéris une femme qui fait son marché, un bourgmestre qui vide son long verre de bière ; les figures sont vulgaires, les naïvetés comiques, la marmite est à la place d’honneur ; pourtant ces bonnes gens sont si paisibles, si contents de leur petit bonheur régulier, qu’on leur porte envie.
Pendant de longs mois, le charmant sceptique avait gardé un silence prudent ou paresseux. […] Sa barbe fine et blonde est symétriquement divisée ; ses cheveux longs, bouclés et soyeux, lui donnent une physionomie de Christ. […] Il remplaça le génie qui lui manquait par un long manteau de bure, qui était son costume unique, l’hiver comme l’été. […] Peut-on estimer long ce qui doit prendre fin ? […] Ils ont eu le mérite ou la chance de couronner par un coup d’éclat de longues et anciennes tentatives.
n’a pas besoin de nous… J’en dirais long. […] Il a trouvé le développement trop long. […] Et je n’en cherche pas plus long et je ne me crois pas tout à fait en droit d’en chercher plus long. […] Encore trouvé-je le titre trop long. […] Croyez-vous qu’on puisse émanciper avec des cheveux longs ?
À l’appui de sa requête, il présentait dix-huit arguments, qu’il serait un peu long d’énumérer. […] Il avait trouvé un thème à longues et riches rêveries. […] « Au long… » Très long ! […] Les liniers leur réservaient les plus longues et douces tiges et les plus blondes. […] En attendant ce long temps, ce n’est rien.
Tous deux cheminèrent, chacun le long d’une des rives du fleuve. […] Le poète répondit à cet outrage par un poème qui n’est qu’une longue et admirable imprécation. […] Au point de vue des sentiments, son amour n’est qu’une longue faillite. […] Il ne craignait pas de se laisser oublier dans ses longues périodes de silence dont l’une a dépassé six ans. […] Mais que cette amitié fut longue à devenir une intimité !
La plupart des symphonies me paraissent trop longues, et d’une expression trop forcée. […] Mallarmé fut amené par une longue réflexion à d’autres façons de comprendre le style. […] Des mages aux longues robes, maîtres de l’arcane dernier. […] Son livre est un des mieux écrits que nous ayons eus dans ce genre depuis de longues années. […] Léon Daudet, les Morticoles, en vaut, à lui seul, une douzaine d’autres : car il est fort long, presque aussi long que les manuels périodiques de M.
À de longs intervalles un recueil ressuscite un instant le souvenir qu’on garde de lui. […] Il fallut un long temps pour reconnaître celui de M. de Montesquiou. […] Les recueils de jeunesse de M. de Régnier contiennent nombre de longs poèmes parfaitement ennuyeux il faut l’avouer. […] Elles connaissent les longues et fructueuses séries de représentations. […] Mais ces marionnettes italiennes avaient été modelées par une longue suite d’artistes.
La bière ne peut entrer dans le caveau… Vacquerie prononce un long discours. […] La séance a été longue. […] Un long silence. […] Alors, il eut un long regard jeté sur le camarade tué, et sa résolution fut prise. […] Maintenant, ici, la conversation se traîne, coupée par de longs silences.
D’où un long malentendu entre la poésie et le peuple. […] On pourrait croire d’abord que José-Maria de Heredia s’est moins dégagé des similitudes qu’implique une longue familiarité avec un despotique et vénérable génie. […] C’était un assez long conte d’Allemagne, une sorte de légende rhénane, qui avait pour titre, — je pense bien ne pas me tromper, — Igitur d’Elbenone. […] systématique, ne signifiaient pas leur sens propre, qu’avait abouti un si long effort continu de pensée ? […] et durant sa longue maladie, plus longue que ne pensent ses proches (car, longtemps, il la cacha), il vit, paisiblement, sans instinct de recul, sans la prier d’un signe de ne point tant se hâter, la mort venir à lui.
Il mérite une longue étude et que, certes, j’écrirai un jour. […] Ce serait long à t’expliquer. […] Vers faux. « Familiarité » est plus long que ça. […] La scène est longue. […] On lui disait : « Telle scène est trop longue. — Ah !
Un seul nom peint un caractere ; un fait en rapelle plusieurs autres ; et je me ferai mieux entendre à demi mot, en parlant d’eux, que je ne ferois par de longues expositions sur des auteurs moins connus ou déja tombez dans l’oubli. […] Peu d’écrivains, sans doute, ont éprouvé cette méthode ; l’amour de la gloire qui fait écrire est trop impatient pour se résoudre à de si longs délais : mais je doute encore que ceux qui l’auroient suivie s’en fussent bien trouvés, sur tout pour les ouvrages de génie. […] Ce dernier fait souvent dire de suite à un de ses personnages tout ce qu’il a à dire : on lui répond de même ; et une longue scene se consomme quelquefois en deux ou trois repliques. […] En prose il n’eût fallu que rayer un mot, et en substituer un autre : mais en vers la substitution de ce mot va coûter un tour heureux, un vers sublime, et peut-être, de proche en proche, une longue suite de discours. […] Il est à propos à présent que je parle un peu plus au long de l’unité d’intérêt.
Je copie, sur le catalogue même de la vente où elle a été reproduite tout au long, la note écrite et signée de la main de M.
Comment se représenter la blancheur, la longueur, la force, sans se représenter une chose blanche, longue, forte ?
Mario Varvara Dramaturge perspicace, Docquois a donné au Théâtre-Libre : Mélie, un long acte, d’après une nouvelle de M.
Bourget aurait pu ajouter que la note bretonne de Le Goffic est moins purement individuelle que la note bressane de Vicaire ; ses deuils s’agrandissent de tous les deuils de sa race, et c’est l’amour de tout un peuple qui soupire et gémit dans ses amours, un long chœur de Bretonnes et de Bretons accompagnant son sanglot des leurs, alentis à travers l’Océan immense : Les Bretonnes au cœur tendre Pleurent au bord de la mer, Les Bretons au cœur amer Sont trop loin pour les entendre.
Peut-être a-t-on eu raison de lui reprocher trop de penchant à la critique, trop d'affectation à combattre certaines traditions accréditées par la multitude & le poids des témoignages, trop de facilité à tourner les textes à l'appui de ses idées, trop de complaisance dans les tableaux qu'il trace des abus qui lui déplaisent, trop d'amertume dans les censures ; mais en convenant de quelques-uns de ces défauts, il n'en est pas moins vrai, que si une plus longue carriere lui eût permis d'exécuter l'Ouvrage en entier, il auroit eu la gloire de nous avoir laissé une Histoire aussi estimable par la recherche des faits, leur ordonnance & leur variété, que par le mérite du style, qui est simple, aisé, naturel, & piquant, sans jamais s'éloigner de l'élégance & de la pureté, qui sont le partage d'un excellent Ecrivain.
L’excuse de sa longueur, car il paraîtra long à beaucoup, c’est qu’en ces sortes de travaux il est défendu de demander à être cru sur parole ; cette nécessité justifie encore l’aridité d’une nomenclature empruntée à différentes langues étrangères.
Avec ses mains croisées sur sa poitrine ; ce visage long ; cet âge ; ces grands yeux tristement tournés vers le ciel ; cette draperie ramenée à grands plis sur la tête, c’est une mère de douleurs, mais d’un petit caractère, et un peu grimaçante.
La poussière précieuse s’en ira de dessus la toile, moitié dispersée dans les airs, moitié attachée aux longues plumes du vieux Saturne.
Il faut voir l’effet de cette large cravate autour du cou, et de ces deux longs bouts de toile plats, raides, empesés, plissés bien strictement et placés sur le milieu de la poitrine ; le contraste du volume avec cette rangée de petits boutons.
Anne de Boleyn dit sérieusement avant de livrer sa tête : « Je prie Dieu de conserver le roi, et de lui envoyer un long règne, car jamais il n’y eut prince meilleur et plus compatissant20. » La société est comme en état de siége, si tendue que chacun enferme dans l’idée de l’ordre ; l’idée de l’échafaud. […] Il ne procède point comme nous par une file de pas uniformes, mais par sauts brusques et par longs arrêts. […] O, how I long to see him shake his heels ! […] And long ere this I should have slain myself, Had not sweet pleasure conquer’d deep despair. […] There’s not a hair Sticks on my head, but, like a leaden plummet, It sinks me to the grave ; I must creep thither, This journey is not long.
Le voici, dans la petite taille qui le fait discret, derrière la fumée de tabac qui le fait lointain : de ses longues paupières, des portières vivantes, mouvantes, ainsi que sous une main, qui derrière son rêve l’isolent, glisse et luit, pour vous seul, dirait-on, ce regard long de fleur assombrie, pensive. […] L’aptitude lui manquait aux longues suites de raisonnements. […] Ils forment en effet comme de longues aiguilles — la métaphore hésite entre la glace, l’or et le diamant — et dans une cristallisation que rien d’oratoire n’anime et que nulle haleine vivante ne vient fondre, se mire l’image identique de tout ce qui refuse, comme une chute, la vie. […] Ce long détour était nécessaire pour concevoir l’attitude, en face du Parnasse, d’un poète comme Mallarmé qui, dès le début, mena sa poésie selon des modes déjà subtils d’allusion. […] Œuvres relues, longs rayons sans chaleur d’un été polaire avant l’interminable nuit !
Quand Roederer reviendra sous la Restauration à la belle littérature et à la société de Louis XIV, ce sera par un long détour et par un revers imprévu, en vertu d’une vue ingénieuse, fine, et moyennant tout un enchaînement d’idées ; il y reviendra à la manière de Fontenelle, non de Fontanes. […] La nuit dernière, je me suis levé à deux heures, je me suis mis dans ma chaise longue, devant mon feu, pour examiner les états de situation que m’avait remis, hier soir, le ministre de la Guerre. […] Ce n’est pas arbitrairement que la tragédie borne l’action à vingt-quatre heures : c’est qu’elle prend les passions à leur maximum, à leur plus haut degré d’intensité, à ce point où il ne leur est possible ni de souffrir de distraction ni de supporter une longue durée.
Il aimait les conversations longues, suivies, sérieuses, bien qu’animées de bons et gaillards propos ; il les aimait non pour briller ni pour l’effet, mais pour se communiquer les idées et être en vrai commerce d’esprit : c’est ainsi qu’on étend ses horizons, « Quiconque n’écoute pas ou écoute mal, pensait-il, s’accourcit l’esprit plus encore que celui qui ne lit pas. […] Dix-huit mois avant sa mort, d’Argenson, qui mourut à soixante-deux ans et qui était encore plein de santé et de verdeur, se promettait une longue vieillesse : il se la prédisait sous une forme indirecte dans un portrait intitulé Goûts d’un vieux philosophe, et qui est de juin ou juillet 1755 : Le vieux Damon m’a dit avoir conservé ses goûts sans passions en plus grand nombre et le plus longtemps qu’il avait pu. […] Il avait cinq à six connaissances de fermes ou de filles qui lui avaient conservé de l’amitié et lui accordaient ce qu’on appelle en galanterie la petite oie (il me faut, bon gré mal gré, abréger un peu sur ce point le détail des goûts médiocrement platoniques du vieux Damon)… Avec cela, la fréquentation des bons esprits plus que des beaux esprits, d’honnêtes gens surtout ; une imagination assez pittoresque, de la sensibilité sans aucun intérêt personnel, tout en générosité, nulle bigoterie ; il arriva à une longue et saine vieillesse.
Bazire, a jugé convenable, pour me mettre en opposition avec moi-même, de vous lire un assez long passage extrait d’un livre que j’ai publié il y a longtemps. […] Je le vois encore, sur les derniers temps de la Restauration, avec son visage fin, amaigri, de jeune vieillard, ses longs cheveux négligés et pendants, sa taille de peuplier, avec son pas traînant et son attitude délabrée, exhalant de toute sa personne je ne sais quelle senteur de musc qui rappelait l’ancien muscadin ; cherchant dans les salons du général La Fayette (moins remplis alors qu’un ou deux ans plus tard) quelqu’un avec qui causer, et ne le trouvant pas toujours, ou faisant le soir à l’Athénée une lecture déjà cent fois redite et qu’il essayait d’animer ; écrivant pour le Courrier français des séries d’articles qu’on ne lisait plus. […] Ce fameux ouvrage sur la Religion, préparé pendant vingt ans, fît long feu.
Un jour qu’elle avait écrit à Voltaire une longue lettre à l’occasion de sa tragédie d’Oreste, il paraît qu’elle avait écrit Èlectre avec deux t, et Voltaire, pour toutes raisons, lui aurait répondu : « Madame la duchesse, Èlectre ne s’écrit pas par deux t. […] M. de Lévis, à défaut d’autres, nous l’a très-bien montrée avec sa cornette et ses coiffes, tenant à la main sa longue canne, dont la pomme faisait boîte et renfermait des pièces de monnaie, qu’elle distribuait aux malheureux tout en se promenant. […] et de longs soupirs ridicules, mais celle que les délicats, les voluptueux, les prince de Ligne, les Saint-Évremont de tous les temps, ceux qui y ont vécu ou qui étaient dignes d’y vivre ont goûtée, ont décrite, ont vainement essayé de retrouver après l’avoir perdue, j’aurais voulu, moi aussi, te traverser et te connaître, mais non pas me renfermer en toi et y mourir !
M. de Serre, dès le début de son discours, attaquant de front cette singulière théorie des amendements qui allait à transformer tous les projets présentés et à transporter dans la Chambre l’initiative du pouvoir législatif souverain, força la majorité à entendre malgré elle la longue série de ses méfaits en pareil genre, et de ses continuelles tentatives d’usurpation sur la prérogative royale depuis le premier jour jusqu’au dernier. […] Sa longue et belle existence permit à toutes ses qualités, je l’ai dit, de se développer à leur avantage et à leur honneur ; il usa, à force de durer et de vivre, toutes les critiques dont il avait été l’objet, et celles qui étaient injustes, et celles qui n’étaient que transitoires. […] Ainsi, quand il a donné en conscience et très au long toutes les preuves qu’il y a eu Terreur blanche dans le Midi, il se dédit et ne veut pas qu’on dise la Terreur de 1815 ; il appelle cela de l’emphase.
En effet, le soleil parut, et au même moment un long nez au bout duquel se trouvait un visage ; ce visage était sous un parapluie jaune et noir et surmontait un grand corps pris dans une petite redingote. […] Une tradition consacrée par des chefs-d’œuvre ne se déloge pas sans un long siège et d’énormes batteries de brèche. […] Un jour, à ce qu’on appelle un thé militaire, c’est-à-dire à une réunion de tous les officiers supérieurs dans un jardin où l’impératrice leur offrait un régal, l’empereur, après avoir pris la main d’Horace et la lui avoir tenue pendant un assez long temps, en lui parlant de ce qui venait de se passer pendant les manœuvres, s’était retourné et avait dit aux officiers : « Messieurs, Vernet fait partie de mon État-major, et je mets à l’ordre qu’il sera libre de faire tout ce que bon lui semblera dans le camp. » Prestige de notre gloire militaire qui se réfléchissait jusque sur son peintre !
D’autres recueils analogues, et sur le patron du sien, s’étaient refaits depuis, d’âge en âge, durant cette longue et lente décadence de la Grèce ; chaque fois seulement, on y faisait entrer une plus grande partie de poésies légères contemporaines, et comme le panier ne s’élargissait pas à proportion, il en tombait quelques-unes des anciennes : ce qui était à regretter, car la plupart de ces poésies nouvelles n’étaient que des imitations, et l’originalité avait disparu. […] Puis, c’est une jeune femme, Atthis, qui, relevant d’une couche pénible, offre à Diane sa ceinture et sa tunique virginale pour la remercier d’avoir amené sain et sauf à la vie son enfant ; — c’est ensuite une autre accouchée qui consacre à Ilithyie, déesse des accouchements, les bandelettes de ses cheveux et son voile pour avoir mis au monde, et à terme, deux jumeaux. — Ou bien c’est un menuisier émérite qui consacre à Minerve ses outils : « Théris, l’habile ouvrier, consacre à Minerve une coudée bien droite, une longue scie courbée du côté du dos, une hache, un rabot bien coupant, une tarière avec sa courroie, outils d’une profession qu’il a cessé d’exercer. » Il y en a même un second, Léonticus, qui s’acquitte du même vœu avec plus de détail encore. […] l’eau chaude et vaseuse de ce ravin où paissent des brebis, mais va un peu au-delà du tertre où tu vois des génisses, et là, auprès d’un pin cher aux bergers, tu trouveras une eau murmurante jaillissant d’une roche et plus froide que les neiges du Nord. » Mais voici la plus belle épigramme pastorale de Léonidas, et, selon moi, son chef-d’œuvre ; c’est le testament bucolique, le souhait suprême d’un ancien berger : « Bergers qui menez paître sur la crête de cette montagne vos chèvres et vos brebis à longues laines, accordez à Clitagoras, de par la Terre, une grâce légère mais bien douce, faites-le par égard pour la souterraine Proserpine.
Viollet-Le-Duc la marche de l’architecture en ses moments principaux, nous dirons que l’art byzantin ne doit nullement être considéré comme « une suite de la décadence des arts romains » ; c’est un nouveau temps, c’est « l’art romain renouvelé par l’esprit grec, un art, non point à son déclin, mais au contraire rajeuni, pouvant fournir une longue carrière et donner jour à des principes jusqu’alors inconnus ». […] A la longue leur patience fut couronnée du succès : l’originalité un jour leur était née. […] Il a cependant très bien marqué encore en quoi notre Renaissance, — ce qu’on appelle de ce nom dans l’architecture, — est une Renaissance bien particulière, ayant son goût propre et sa saveur à elle, entée de longue main sur l’art gothique, et non pas purement transplantée et copiée de l’Italie.
« L’Empereur, parlant de Catinat, disait l’avoir trouvé fort au-dessous de sa réputation, à l’inspection des lieux où il avait opéré en Italie et à la lecture de sa Correspondance avec Louvois. » Napoléon ne le trouvait nullement comparable à Vendôme ; il eût dit de Catinat, servant sous ses ordres, ce qu’il disait de Saint-Cyr : « Saint-Cyr, général très-prudent. » Toute la manière de voir et d’agir de Catinat a été exposée au long par lui-même dans ses lettres confidentielles à son frère Croisilles ; il le fait dans une langue naïve et forte, un peu enveloppée, médiocrement polie, grosse de raisons, et qui sent son fonds d’esprit solide ; il faut en passer par là, si on veut le comprendre, et bien posséder son Catinat, nature originale et compliquée, un peu difficile à déchiffrer, et qui ne se laisse pas lire couramment : « Si je t’entretenais au coin du feu de notre campagne, disait-il à ce frère qui était un autre lui-même (31 octobre 1691), j’aurais bien du plaisir à te faire toucher au doigt et à l’œil ma conduite et les prévoyances que j’ai eues sur ce qui pouvait arriver, et comme il a fallu charrier droit pour faire aller la campagne aussi loin qu’elle a été, sans exposer tout le gros des affaires. […] Voilà bien t’entretenir. » L’apologie est un peu longue ; je n’ai pas promis qu’elle serait élégante ; il manque un coup de rabot à cette façon d’écrire de Catinat ; mais on a l’homme, on a la forme d’esprit, on a les raisons. […] Je n’ai pu éviter ce coup ; les raisons seraient longues à t’en déduire ; tu peux compter que ma conduite n’est exposée qu’aux mauvais discours des gens qui ne connaissent point la nature de cette guerre ; c’est une ample matière à en tenir.
En en lisant le narré exact, on se demande où et comment était née cette longue et assommante torture morale et physique, à quelle époque elle s’était ainsi régularisée, réglementée avec un faste pédantesque, composée qu’elle était en partie d’anciens us et coutumes féodales et, en dernier lieu, d’idolâtrie asiatique, singulier mélange de magnificence, de luxe, de grossièreté et, pour tout dire, de barbarie. […] La duchesse de Brancas nous la montre en deux mots, telle qu’elle était après les premières fatigues de ses couches fréquentes : « Son visage est long et ne contient que des yeux. » La dauphine écrivait à son frère, le prince Xavier de Saxe, neuf jours après la mort du dauphin : « Ce 29 décembre 1765. […] L’abbaye de Thélème ou le paradis d’Odin, il y avait de l’un et de l’autre à Chambord. — La Bruyère a fait une remarque où, sans avoir l’air d’y toucher, il dit leur fait aux bourgeoises de son temps : « Tout le monde connaît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se je ter dans l’eau, on les en voit sortir : c’est un amusement.
Pourquoi ne pas les imiter, ces grands modèles, rendus à notre admiration après un si long laps d’oubli ? […] pécherois-je pas (comme dit le Pindare latin) contre le bien public, si par longues paroles j’empêchois le temps que tu donnes au service de ton Prince, au profit de la Patrie et à l’accroissement de ton immortelle renommée ? […] On le sait maintenant, grâce aux travaux qui se poursuivent avec ardeur et qui ne remontent guère au-delà de ces trente dernières années : dans le haut moyen âge, époque complète, époque franche, qui, sortie d’un long état de travail et de transformation sociale, avait rempli toutes ses conditions et s’était suffi à elle-même, la langue, la littérature française qui était née dans l’intervalle, qui était sortie de l’enfance, qui était arrivée à la jeunesse (de même que l’architecture, que la théologie, que la science en général et que les arts divers), avait eu son cours de progrès et de croissance, une sorte de premier accomplissement ; elle avait eu sa floraison, son développement, sa maturité relative : poétiquement, une belle et grande végétation s’était produite sur une très-vaste étendue, à savoir l’épopée historique, héroïque.
Il passa là, avec ses sœurs, une longue et innocente enfance, libre, rustique, errant à la manière du ménestrel de Beattie, formé pourtant à l’excellence morale et à cette perfection de cœur qui le caractérise, par les soins d’une admirable mère, dont il est, assure-t-on, toute l’image. […] Lamartine avait d’abord une nacelle ; il l’abritait, il la ramenait au rivage ; il en détachait l’anneau par oubli ; il s’y balançait tout le jour, au gré de la vague amoureuse, le long d’un golfe bordé de myrtes et d’amandiers. […] Le bon Océan sommeille par intervalles ; il y a de longs jours, des calmes monotones ; on ne sait pas bien si l’on avance ; mais quelle splendeur, même alors au poli de cette surface !
Tout mouvement littéraire a son développement plus ou moins long ; après quoi il s’épuise, languit et tourne sur lui-même, jusqu’à ce qu’une autre impulsion reprenne et mène au delà. « Percez-nous-en d’un autre, » disait Mme Desloges à Voiture, à propos d’un calembour qui n’allait plus : de même en haute poésie. […] Se peut-il même jamais qu’un long ouvrage de cette sorte, conçu et réalisé loin de la France, y arrive à point, et y paraisse juste dans le rayon ? […] Il fit de bonnes études, je ne sais où ni comment, mais il était plein de grec et de latin, d’Horace et de Philétas, si Philétas il y a ; au reste toute sa vie ne semble qu’une longue école buissonnière.
Magnin, qui a dès longtemps entrepris dans ses Origines du théâtre moderne un ouvrage d’importance et de longue haleine ; mais il s’est accordé comme diversion et intermède et il nous fait le plaisir de publier un recueil d’anciens articles très-goûtés en temps et lieu lorsqu’ils parurent, et très-dignes de réclamer cette seconde lecture qui, seule, vérifie les bonnes pages. […] lecteur, j’aurais pu affiler ma bonne lame, donner de la pointe à ce Scythe, à ce barbare, et lui rendre blessure pour blessure. — Mais nous autres, Grecs d’Athènes, si nous avons du sel aux lèvres, nous n’avons pas de fiel dans le cœur, etc., etc. » J’abrége la parodie : il ne manque à ce choc, à ce cahotage de tous les styles, que d’y avoir fait entrer plus au long ma bonne lame de Tolède ; l’amalgame eût été complet. […] Magnin est désigné aujourd’hui pour cette tâche à laquelle il s’est préparé de longue main.
Sa Rome étrusque a peu réussi chez nous, et l’on raille même agréablement ses grandes épopées latines ; mais, tout à côté, on raille aussi ces vieilles fables qu’on n’adoptait pas sans doute, mais qu’on relevait peu jusque-là ; on parle très-lestement de Tite-Live ; on va même un peu loin peut-être en disant de son pleraque interiere que c’est la facile excuse d’un rhéteur ingénieux qui voulait se soustraire au long travail de l’historien. […] Il va jusqu’à lui copier au long un sénatus-consulte, faute du Moniteur du jour apparemment. […] Quand on aura parcouru la longue série qui va de Desfontaines, par Fréron à Geoffroy, on saura sur toute la littérature voltairienne et philosophique un complet revers qu’on ne devine pas, à moins d’en traverser l’étendue.
Joubert de son vivant n’a jamais écrit d’ouvrage, ou du moins rien achevé : « Pas encore, disait-il quand on le pressait de produire, pas encore, il me faut une longue paix. » La paix était venue, ce semble, et alors il disait : « Le Ciel n’avait donné de la force à mon esprit que pour un temps, et le temps est passé. » Ainsi, pour lui, pas de milieu : il n’était pas temps encore, ou il n’était déjà plus temps. […] Il n’est point du tout propre à toutes sortes d’idées ; il ne l’est point aux longs travaux. […] Il continua de lire, de rêver, de causer, de marcher, bâton en main, aimant mieux dans tous les temps faire dix lieues qu’écrire dix lignes ; de promener et d’ajourner l’œuvre, étant de ceux qui sèment, et qui ne bâtissent ni ne fondent : « Quand je luis, je me consomme. » — « J’avais besoin de l’âge pour apprendre ce que je voulais savoir, et j’aurais besoin de la jeunesse pour bien dire ce que je sais. » Au milieu de ces plaintes, sa jeunesse d’imagination rayonnait toujours sur de longues perspectives : De la paix et de l’espérance Il a toujours les yeux sereins, disait de lui Fontanes en chantant sa bienvenue à Courbevoie.
Il publiait, à longs intervalles, des brochures sociales chez Vanier, puis j’appris brusquement sa mort survenue le 24 avril 1903, à son dernier domicile, rue Poulet, à Montmartre. […] La Cigogne du doux Tou-fou, Le Fou raillant la Grue au cou Long de couleuvre. […] L’idéal dont il s’amourache Nourrit seul ses longs ramadans.
De là les religions primitives, solutions improvisées d’un problème qui exigeait de longs siècles de recherches, mais pour lequel il fallait sans délai une réponse. […] Après avoir marché de longs siècles dans la nuit de l’enfance, sans conscience d’elle-même et par la seule force de son ressort, est venu le grand moment où elle a pris, comme l’individu, possession d’elle-même, où elle s’est reconnue, où elle s’est sentie comme unité vivante ; moment à jamais mémorable, que nous ne voyons pas, parce qu’il est trop près de nous, mais qui constituera, ce me semble, aux yeux de l’avenir, une révolution comparable à celle qui a marqué une nouvelle ère dans l’histoire de tous les peuples. […] Il y avait des institutions faites tout d’une pièce, dont on ne discutait pas l’origine, des dogmes que l’on acceptait sans critique : le monde était une grande machine organisée de si longue main et avec si peu de réflexion, qu’on croyait que la machine venait d’être montée par Dieu même.
D’une fleur repliée qui s’entr’ouvre il sort des parfums et non des pétards et des fusées volantes : or, à peine réveillée de ce long sommeil du cœur et des sens où elle a dormi la grasse matinée de sa jeunesse, Philiberte se met à faire de l’esprit comme si c’était son métier, de l’esprit à pile ou face, envers et contre tous, en veux-tu, en voilà, de l’esprit rédigé, limé, aiguisé, barbelé, pointu par les deux bouts. […] A la place de cette pochade de rapin français, nous aurions mieux aimé voir quelque loyale et rêveuse figure d’étudiant allemand, dans le goût de Schiller et de Novalis, les grands yeux bleus pleins de féeries et de rêves, les longs cheveux dorés du Germain s’épanchant sous la casquette romantique, un frais sourire sous une moustache blonde, de la candeur rehaussée d’humour et de vaillance, et, par moments, des bouffées d’enthousiasme, de poésie et de lyrisme s’exhalant, comme une fumée d’encens, de la longue pipe de porcelaine qui pend à ses lèvres.
Son ami Daniel est là, avec sa fille Rébecca, prêts à partir pour un long voyage. […] L’acte précédent s’ouvrait par une cantate sur les tribus d’Israël ; celui-ci débute par un long soliloque de Claude à la nature et à Dieu. […] Le commandant va bientôt partir pour un voyage au long cours.
Huet naquit à Caen, en 1630, d’un père déjà vieillard, qui lui communiqua peut-être de ce tempérament rassis et de cette égalité d’âme qui le distingua dans toute sa longue vie ; d’une mère jeune, spirituelle, « d’une humeur charmante, d’un entretien enjoué, d’un esprit délicat et pénétrant, qui savait remarquer finement le ridicule des choses et des personnes ». […] La galanterie, le bel esprit, la philosophie, la théologie elle-même, ne sont que des manières de jeux savants et subtils que les hommes ont inventés pour remplir et pour animer ce temps si court et pourtant bien long de la vie ; mais ils ne s’aperçoivent pas assez que ce sont des jeux. […] Un autre jour, comme Perrault lisait à l’Académie française son poème du Siècle de Louis le Grand, où l’Antiquité est sacrifiée au présent, et qui commença cette longue guerre des anciens et des modernes, Boileau, outré, ne se pouvait contenir pendant la lecture, et Huet le calmait de son mieux en lui disant, non sans un grain d’ironie : « Monsieur Despréaux, il me semble que cela nous regarde encore plus que vous. » Huet, en parlant ainsi, avait raison et tort.
Mais bien des gens, ou du moins plus d’un, ont de ces saillies qui partent sur le temps, qui ne durent qu’un éclair, et qui sont suivies d’un long silence, et avec l’abbé Galiani il n’y avait pas de silence : il alimentait presque à lui seul la conversation ; il y répandait les imaginations les plus folles, les plus réjouissantes, et qui portaient souvent leur fin bon sens avec elles. […] Toute sa Correspondance n’est qu’un long regret. […] répondrai-je dans la même forme et avec le même appareil, si vous ouvrez les Mémoires de l’abbé Morellet (Paris, 1821, 2 vol. in-8º), à la page 131 et suiv. du tome I, vous lisez précisément tout au long et en très gros caractères le conte même que j’ai cité.
M. de Lamennaisi, dans l’écrit intitulé Affaires de Rome, racontant le voyage qu’il y fit en 1832, a dépeint en quelques traits satiriques, et plus fins qu’on ne l’attendrait d’une plume si énergique, le caractère du cardinal de Rohan, qui s’y trouvait alors : Extrêmement frêle de complexion et d’une délicatesse féminine, dit M. de Lamennais, jamais il n’atteignit l’âge viril : la nature l’avait destiné à vieillir dans une longue enfance ; il en avait la faiblesse, les goûts, les petites vanités, l’innocence ; aussi les Romains l’avaient-ils surnommé il Bambino. […] Ceux qui ont fait de longues traversées sur mer assurent que rien n’égale l’ennui qu’on ressent à la longue et de soi et de ses compagnons. […] Point d’ambition, point de vues : plus attentive à songer à ce qu’elle aimait qu’à lui plaire ; toute renfermée en elle-même et dans sa passion, qui a été la seule de sa vie ; préférant l’honneur à toutes choses, et s’exposant plus d’une fois à mourir, plutôt qu’à laisser soupçonner sa fragilité ; l’humeur douce, libérale, timide ; n’ayant jamais oublié qu’elle faisait mal, espérant toujours rentrer dans le bon chemin ; sentiments chrétiens qui ont attiré sur elle tous les trésors de la miséricorde, en lui faisant passer une longue vie dans une joie solide, et même sensible, d’une pénitence austère.
Du moment que Mirabeau est arrêté et enfermé dans le donjon de Vincennes, on peut le suivre jour par jour dans sa longue et rigoureuse captivité. […] Après un long et habile exposé de sa conduite et des circonstances qui peuvent atténuer ses torts : Voilà, mon père, dit-il en concluant, voilà l’ébauche de ce que je pouvais dire : ce n’est pas le langage d’un courtisan, sans doute ; mais vous n’avez point mis dans mes veines le sang d’un esclave. […] monsieur le comte, puisse-t-elle être pour tous deux longue et fortunée !
Cette vue sur Bonaparte, considéré comme le précurseur et le préparateur d’une restauration universelle en France et en Europe, est celle qui anime et soutient M. de Maistre pendant les longues années de l’exil, et qui lui fait prendre patience, même après Austerlitz, même après Iéna, même après Friedland, même après Wagram. […] Pour échapper à ces dégoûts, à cette inaction forcée et à cette attente d’un changement qui, de près et pour les contemporains, semblait si long à venir, M. de Maistre, durant son exil de Saint-Pétersbourg, se jette plus que jamais dans l’étude ; il se sent plus que jamais brûlé de la fièvre du savoir : c’est un redoublement qui ne se peut décrire. […] Après 1815, quand la maison de Savoie est rétablie dans son antique héritage, M. de Maistre, à la veille de rentrer dans sa patrie, mais lésé lui-même dans sa fortune et à peu près ruiné dans son patrimoine, ne forme plus que le vœu du patriarche ; il nous laisse voir l’unique fond de son désir au milieu de cet ébranlement de l’Europe, où le volcan ne se ferme d’un côté que pour se rouvrir d’un autre : « Ma famille, mes amis et mes livres suffisent aux jours qui me restent, et je les terminerais gaiement si cette famille ne me donnait pas d’affreux soucis pour l’avenir. » Faisant allusion à cette vivacité qu’il portait volontiers en tout, et dont il ne prétend pas s’excuser : Cependant, écrivait-il à un ami, si j’avais le plaisir de vivre quelque temps avec vous sous le même toit, vous ne seriez pas peu surpris de reconnaître en moi le roi des paresseux, ennemi de toute affaire, ami du cabinet, de la chaise longue, et doux même jusqu’à la faiblesse inclusivement !
Lui mort, elle s’occupa avec suite des intérêts de ses enfants, très compromis dans des procès longs et cruels, qu’elle eut à soutenir contre sa propre famille : « Il y a si peu de grandes fortunes innocentes, que je pardonne à vos pères, écrit-elle à son fils, de ne vous en avoir point laissé. […] Elle répondait fièrement : « Je n’ai jamais eu besoin d’en faire. » On ajoutait qu’elle avait trahi par là une âme tendre et sensible : « Je ne m’en défends pas, répondait-elle ; il n’est plus question que de savoir l’usage que j’en ai su faire. » Cet usage est assez indiqué par ces conseils mêmes, si finement démêlés et si fermement définis : elle éleva son cœur, elle prémunit sa raison, elle évita les occasions et les périls ; elle ménagea ses goûts, et prit sur sa sensibilité pour la rendre durable et aussi longue que la plus longue vie : Quand nous avons le cœur sain, pensait-elle, nous tirons parti de tout, et tout se tourne en plaisirs… On se gâte le goût par les divertissements ; on s’accoutume tellement aux plaisirs ardents qu’on ne peut se rabattre sur les simples.
De belles filles allemandes simples, rieuses, facilement aimantes, les traversent avec l’auréole pâle de leurs cheveux et la longue douceur de leur regard bleu. […] Il lit montre dans son œuvre de toutes autres dispositions menues et fugitives ; sa tristesse n’a point de pleurs sanglants, et son ironie n’a pas l’indignai ion longue. […] Dans cette longue et désastreuse lutte, dans ce perpétuel envisagement de la fin, Heine porta le même sourire acerbe, la même ironie prime-sautière et poignante que dans ses mélancolies poétiques.
Certains poètes sont sujets, dans le dramatique, à de longues suites de vers pompeux, qui semblent forts, élevés, et remplis de grands sentiments ; le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît, et à mesure qu’il y comprend moins l’admire davantage, il n’a pas le temps de respirer, il a à peine celui de se récrier et d’applaudir. […] Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l’effet que d’un long travail et d’une pénible recherche ; elles sont heureuses dans le choix des termes, qu’elles placent si juste, que tout connus qu’ils sont, ils ont le charme de la nouveauté, semblent être faits seulement pour l’usage où elles les mettent ; il n’appartient qu’à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate ; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement, et qui n’est lié que par le sens. […] L’on a cette incommodité à essuyer dans la lecture des livres faits par des gens de parti et de cabale, que l’on n’y voit pas toujours la vérité : les faits y sont déguisés, les raisons réciproques n’y sont point rapportées dans toute leur force, ni avec une entière exactitude ; et, ce qui use la plus longue patience, il faut lire un grand nombre de termes durs et injurieux que se disent des hommes graves, qui d’un point de doctrine, ou d’un fait contesté se font une querelle personnelle.
Après de longs mois de repos et de maladie en pleine Suisse austère je revenais à mon nid, friand de délires parisiens. […] Rien ne berce mon cœur oppressé ni l’abri presque inespéré de ce manoir de Brestenbergw qui vous accueille avec ses fenêtres d’idylle et ses délicatesses de boiseries anciennes, ni au bout du lac cet antique fief prodigieux qui sommeille sur les eaux comme la Silhouette intacte d’un Géant-Chevalier ni tout près de moi la présence d’une amie attentive, née au pays des tulipes et qui portant au bout d’une longue tige un peu raide le délicieux calice de son visage, semble la sœur même de ces fleurs maladroites et belles. […] Les renversements alternés à droite et à gauche indiquent nonchalance étourdie, et les longs vols planés expriment la nostalgie et la fatigue.
Et, à ce propos, comme il faut qu’il soit toujours l’homme des renseignements inattendus, Cassagnac nous déploie une longue liste de tous les révolutionnaires, depuis Barrère jusqu’à Voyer-d’Argenson, depuis Marat et Danton jusqu’à Hérault de Séchelles et Fouquier-Tinville, avec l’état des charges publiques dont ils étaient investis sous ce gouvernement qui les sustentait et les honorait, et qui, pour sa peine, devait en mourir ! […] Après de longues années de grandes phrases et de pretintailles philosophiques, un esprit perçant, avisé, calmé par la critique et la science, conclut comme eux. […] Ce furent eux qui déterminèrent la convocation des États-Généraux, dans lesquels se continua, pour se poursuivre, — on sait trop où, — cette longue bataille des réformes contre les privilèges qu’elles menaçaient et qu’elles ont enfin détruites, mais après tant d’efforts, de déchirements et de crimes, qu’il est évident que le temps des anciennes institutions n’était pas accompli, et que Dieu, qui permettait aux hommes de les abolir à leurs risques et périls, ne leur avait retiré ni la force du droit, ni la puissance de la vie.
. — Dans une forêt, des brigands et leurs femmes mangent et se reposent auprès d’un chêne, où un pendu, déjà long et maigre, prend le frais de haut et respire la rosée, le nez incliné vers la terre et les pointes des pieds correctement alignées comme celles d’un danseur. […] Le long d’une maison plus que suspecte passe une toute jeune fille, coiffée de son petit bonnet phrygien ; elle le porte avec l’innocente coquetterie d’une grisette démocrate. […] Ce n’est pas précisément de la caricature, c’est de l’histoire, de la triviale et terrible réalité. — Dans une chambre pauvre et triste, la chambre traditionnelle du prolétaire, aux meubles banals et indispensables, le corps d’un ouvrier nu, en chemise et en bonnet de coton, gît sur le dos, tout de son long, les jambes et les bras écartés.
S’il s’efforce par hasard de suivre un moment l’exemple du vulgaire, pour une action usuelle dont il reconnaît temporairement la nécessité, c’est au prix d’efforts inouïs qu’il pourra dompter son habitude de s’approcher des choses de la vie par la route la plus longue, la plus ténébreuse et la plus compliquée ; et même sil y parvient, sa jouissance sera médiocre. […] Cela doit nous prouver, sans doute, que les erreurs qui ont pris racine sont infiniment longues à périr, et qu’il faut nous attendre, pendant longtemps encore, à rencontrer dans notre chemin, les illusions et les préjugés que nous pouvions croire à jamais ensevelis. […] Je ne puis donc chercher à nier l’objection dans son ensemble, et au contraire je l’accepte comme correctif à l’endroit de ma thèse, un peu trop outrancière et trop étroite peut-être, contrairement à mon intention ; mais ce que je ne puis concéder, c’est que cette période d’abstinence puisse être étendue à toute la vie, ou même à un trop long fragment de la vie.
… O longs désirs, ô espérances vaines, Tristes soupirs ! […] Toute la rue se soulève et, sans la faveur d’un vieil homme de longue robe, qui se trouva là inopinément, on l’eût sans doute lapidé. […] À la vérité cette pièce qui est fort longue et que Gautier a su émonder avec discernement, enferme plus d’une image poétique vive et harmonieuse. […] Il ne reprit sa connaissance qu’avec une forte fièvre et des vomissements : le septième accès fut accompagné de convulsions et suivi d’un évanouissement très long. […] La liste des œuvres de Lemercier est longue, longue et bariolée : on y rencontre tous les genres et plusieurs manières.
Il eut le tort de le laisser trop voir, et le tort plus grand de rendre Mme Guyon en quelque sorte matériellement responsable de la longue résistance de Fénelon. […] Guerrier l’avait reprise, croit-il que par hasard les chapitres qu’il consacre à la Grande Controverse n’en eussent pas été plus pleins, plus substantiels, plus nouveaux, et sans en être plus longs ? […] On en a de plus anciens, contenant plus au long ce que j’appellerai la justification et la raison d’eux-mêmes. […] Elle a l’air d’être ici plus courte et plus serrée ; mais, au vrai, comme elle est plus longue et plus diffuse ! […] Entre tous les bons contes que Diderot transcrit au long pour l’usage de sa Sophie, Sainte-Beuve nous a signalé le conte du Porco sacro.
Les lettres de Leopardi, en effet, ne sont qu’une longue plainte, et décrivent tout au long les symptômes des trois ou quatre maladies qui le dévoraient : la phtisie, l’hydropisie, la névrose, sans parler de ses maux de tête habituels et de ses maux d’yeux « qui, disait sa sœur Paolina, rendent sa vie très malheureuse ». […] Robert Buchanan, publié sous le pseudonyme de Thomas Maillard dans la Contemporary Review, puis développé en pamphlet, déchaîna une longue polémique. […] Les descriptions, quelque longues qu’elles soient, ne sont presque jamais établies que par l’accumulation du même trait, répété tantôt en termes différents, tantôt en images itératives. […] Au risque de se mettre en contradiction flagrante avec l’esthétique réaliste, il se hasarde rarement à des descriptions un peu longues. […] l’abondance des choses que nous avions à nous dire étouffa la parole dans nos gorges ; après un long silence, elle me dit : “Qu’avez-vous pensé de moi ?
Ce fut lorsqu’elle tenta de s’élargir qu’elle fut renversée, après un long règne de gloire. […] Pour se dégager de cette éducation abominable, il leur faut de longs efforts. […] A la longue, ils prennent du respect pour elle. […] Cela est long, terriblement long, sans accent nouveau, d’une extravagance entêtée dans le sublime, d’une conviction qui m’a attristé, tellement elle est naïve parfois. […] quelle longue, écrasante, monotone soirée, à la Porte-Saint-Martin !
(Les personnes suggestibles songeront : Rêves, longs espoirs, vastes pensées, désenchantement précoce, du regret, de la fatigue, de l’amer.)
Il parle à la vérité fort au long de l’Art du Théatre, de l’origine du Drame, de ses especes, des trois unités, des caracteres, des mœurs, des bienséances ; mais ce n’est pas là ce dont on avoit besoin : Aristote & ses Commentateurs avoient assez détaillé ces différentes parties de la Poésie dramatique.
Il faut sans doute à leurs oreilles des phrases longues, seches, & contournées avec de pénibles efforts ; il faut à leur esprit des pensées emphigouriques, des réflexions froides, des observations équivoques, des contradictions* révoltantes, des vûes minutieuses, le tout énoncé avec le sombre appareil de la morosité ; il faut pour leur amusement, des critiques ameres, des récits scandaleux, des calomnies.
Trois corps de logis, formant avec l’église un carré long, composent l’édifice des Invalides.
Il reste encore dans les longs plis, dans ces peaux qui pendent sous le menton des vieillards une sorte de mollesse, ce n’est pas du bois, c’est encore de la chair.
dit-il notre pari ne nous interdit pas de nous raconter quelque histoire pour rendre le temps moins long, n’est-il pas vrai, frère singe ?
Pendant le temps des répétitions, on confectionne les costumes, dont les dessins exigent beaucoup de goût et demandent souvent de longues recherches. […] Or, ce goût irréprochable et cette science, qui s’appuie sur une longue expérience, sont les deux qualités maîtresses de son administrateur actuel. […] Tout d’abord, si nous remontons le cours de notre propre histoire littéraire, nous verrons comment ce modèle imaginé a été long à se former en nous. […] On conçoit que la formation d’un chœur, son instruction musicale et orchestrique exigeaient de longues études et de nombreuses répétitions. […] Les directeurs ont le défaut de faire les entr’actes trop longs.
L’unité d’organisation mise en vigueur et appliquée dans le royaume pendant le long règne de Louis XIV rendit désormais inutile la création de ces machines extraordinaires et réparatrices, qualifiées du titre effrayant de Grands Jours et destinées surtout à abattre les restes de la tyrannie seigneuriale. La déclaration du roi portant établissement des Grands Jours à Clermont, datée du 31 août 1665, fut vérifiée et enregistrée au parlement le 5 septembre, et le même jour le roi adressa aux échevins et habitants de Clermont une lettre où il était dit : Chers et bien amez, la licence qu’une longue guerre a introduite dans nos provinces, et l’oppression que les pauvres en souffrent, nous ayant fait résoudre d’établir en notre ville de Clermont en Auvergne une cour, vulgairement appelée des Grands Jours, composée des gens de haute probité et d’une expérience consommée, pour, en l’étendue du ressort que nous lui avons prescrit, connaître et juger de tous les crimes, punir ceux qui en seront coupables, et faire puissamment régner la justice ; à présent qu’ils s’en vont pour vaquer à la fonction de leurs charges, et satisfaire à nos ordres, nous voulons et vous mandons que vous ayez à leur préparer les logements qui leur seront nécessaires, etc. […] On est dans une longue allée plantée des deux côtés et arrosée d’un double ruisseau : on découvre en éloignement les montagnes de Forez d’un côté, et une grande étendue de prairies, qui sont d’un vert bien plus frais et plus vif que celui des autres pays. […] La seule réponse possible eût été trop longue à faire, et c’est celle qu’on va lire.
. — Et là-dessus on s’est mis à désirer de réentendre ces pièces immortelles, éclipsées un long moment, et dans lesquelles tant de personnes de la société recommençaient aussi à aimer les souvenirs de leur propre jeunesse. […] Les jours, les nuits à mes travaux N’étaient plus que de longues trêves ; Je ne voyais plus dans mes rêves Flotter ton aigle et tes drapeaux. […] Dans la pièce française on ne voit pas ces objets, et ils ne sont pas nommés ; la nourrice Anna redemande un peu vaguement à Paulet Ces lettres, ces écrits, ces secrets caractères, De ses longs déplaisirs tristes dépositaires. […] » Et Camoëns, dans son admirable cançao écrite en mer, durant une longue croisière pénible, en vue de l’Afrique et de l’Arabie, a dit : « Je demande de vos nouvelles, madame, aux vents amoureux qui soufflent de la contrée où vous habitez ; je demande aux oiseaux qui volent au-dessus de moi s’ils vous ont vue, ce que vous faisiez, ce que vous disiez ; où ?
» On peut supposer entre ce vers et celui qui va suivre un long repos rempli par un gémissement en refrain de sa harpe, gémissement interrompu tout à coup par ce cri de défi à ses persécuteurs et d’assurance dans son Dieu : « Mais toi, Jéhovah ! […] … suivi sans doute dans le chant d’un front abattu du poète sur sa harpe et d’un long silence de son instrument ? […] Ils boivent à longs traits les eaux d’iniquité, et ils disent : Comment Dieu le saura-t-il ? […] Le vent qui, un instant avant, soufflait des montagnes, avait tourné pendant ma longue station au tombeau du roi ; il soufflait maintenant de la mer, et il m’apportait de la ville une sorte de psalmodie plaintive semblable au gémissement d’une cité en deuil.
Les conversations y sont aussi longues et le paraissent bien plus, parce que les personnages nous parlent trop d’eux et pas assez de nous. […] On avait abusé longtemps des tirades et du monologue, la plus longue de toutes ; Voltaire raccourcit la tirade, réduisit le nombre des monologues, puis les supprima tout à fait. […] Trompé par son succès, il finit par mettre l’action et le spectacle au-dessus du reste, et il appela les tragédies de ses devanciers de longues conversations en cinq actes. […] Veut-il justifier son théâtre, ces développements, ces dialogues deviennent des « conversations trop longues », que les étrangers ont raison de reprocher au théâtre français.
Il y a quinze jours, je vous écrivis une lettre bien longue et tant soit peu gasconne. […] Je ressemble à ces marins qui, dans le milieu d’une longue navigation, relâchent dans une de ces belles îles qu’on trouve quelquefois au milieu de l’Océan. […] Il s’est embarqué volontairement, mais il ne croyait pas le voyage si long. […] Je vous prie donc, monsieur et ancien ami, de rejeter entièrement sur ma mauvaise fortune le long délai que j’ai apporté à m’acquitter envers vous ; car j’ai éprouvé une suite d’événements si fâcheux, ou par les amis où j’avais mis ma confiance, ou par mes propres parents, que je puis dire que les fondements de mon âme en ont été ébranlés 87.
Sous le chapeau deux rouges oreilles détachées de la tête, et une longue barbiche poivre et sel. […] Aujourd’hui, elle porte une robe rose, et sa longue et gracieuse personne fait un effet charmant dans la verdure foncée des chênes de la forêt en son marcher lent, en ses accroupissements légers, pour cueillir une fleur… Et la femme est, pour ainsi dire, toute vêtue de chasteté. […] Au milieu d’une pelouse, autour d’une serviette, où il y a deux assiettes et une bouteille de vin, deux femmes couchées tout de leur long, et fumant des cigarettes : l’une reposant sur la paume d’une main ; l’autre allongée sur le dos, avec les deux mains entrelacées sous la nuque, et lançant au ciel des bouffées de fumée. […] Le notaire s’est mis à lire, d’une voix bredouillante, un long acte très peu clair et soulevant un tas d’objections : « Bon, me suis-je dit, il va se présenter quelque difficulté, et le payement sera rejeté à quelque calende, qu’on ne verra jamais. » Non, tout s’est pacifié, arrangé, au moyen d’un contrat de mariage qu’on a été chercher incontinent, et à ma stupéfaction, mon notaire m’a remis entre les mains soixante-quinze vrais billets de mille francs.
Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où, Le héron au long bec emmanché d’un long cou : Il côtoyait une rivière. […] Je reconnais que la colonne contre serait un peu plus longue que la colonne pour.
On annonça ses livres comme des curiosités, des événements, des coups de tonnerre, et le long feu de Salammbô n’y fit rien. […] On comprend parfaitement tout cela, mais ce qu’on ne comprend qu’à la condition de mettre Flaubert au-dessous de lui-même, ce sont les gamineries accumulées de ce singe, qui tient la queue de la longue robe de la reine et « qui la soulève de temps en temps » (je demande pourquoi ?) […] C’est le casseur de pierres ou le scieur de long de la littérature. […] Et quand, après le long temps qu’il mettait à tout, il écrivit Salammbô, et fit de l’archaïsme carthaginois d’une science plus ou moins incertaine, personne, à l’exception d’un seul que je ne nommerai pas, ne vit, dans ce tour de force d’antiquaire et de lettré, l’épuisement d’un romancier tari au premier jaillissement de sa source… Et, depuis comme alors, quand le travailleur obstiné qui était en Flaubert, n’en voulant pas avoir le démenti, revint de Salammbô au roman pour nous donner ces compositions hybrides et sans nom de L’Éducation sentimentale et de La Tentation de saint Antoine, il y eut encore des timbrés de Madame Bovary qui soutinrent que le Flaubert de Madame Bovary vivait toujours.
L’auteur commençait alors ses travaux de colosse et ces longues luttes, si fécondes pour sa gloire et pour son génie ; et, comme tous ceux qui ont besoin de se faire un public, il ne choisissait pas beaucoup ses intermédiaires, et il mettait le plus cher trésor de sa pensée sur le premier flot venu de cette mer de la publicité quotidienne, qui, comme l’autre mer, efface si vite de son sein la trace de tous les sillages ! […] Mais si on admire un grand poète dramatique parce qu’il a la force de s’effacer et de parler à travers le personnage d’un autre, que doit-on penser de Balzac, qui, pendant trente Contes plus longs qu’aucun drame, parle à travers la passion, les manières de voir et la langue vraie du xvie siècle ? […] La courtisane Impéria dans toutes ses effigies, l’évêque de Coire, le cardinal de Raguse, le François Ier de La Mye du Roy, l’hôtelier des Trois Barbeaux, le moine Amador, le sire Julien de Boys-Bourredon, si mélancoliquement beau de regards et surtout de bouche, sont des portraits pensés et qui honorent autant l’intelligence que la main Mais dans cette longue galerie il y a aussi des figures manquées, ou répétées, ce qui est bien pis ; car la puissance trahie n’est pas de l’impuissance, tandis que la stérilité est bien plus qu’un malheur : c’est une misère. […] Les deux quartiers de cet homme, ainsi fendu par une blessure si longue et si béante, sont debout, quoique séparés, et son cœur, jaillissant de sa poitrine, saute, fusée sanglante, sur les genoux de sa maîtresse évanouie, comme s’il la connaissait encore !
Après avoir marqué le caractère singulier de la bienfaisance constamment prêchée et pratiquée par l’abbé, qui n’était point celle d’un cœur sensible et tendre, mais qui procédait avec méthode au nom d’une raison sincère et convaincue : « Il avait aimé pourtant, ajoute-t-il : c’est un tribut que l’on doit payer une fois à la folie ou à la nature ; mais quoique cette folie n’eût point porté d’atteinte à sa raison universelle, sa raison particulière en avait tellement souffert, qu’il fut obligé d’aller dans sa province réparer, durant quelques années, les brèches que ses erreurs avaient faites à sa fortune. » On n’en sait pas plus long sur les fredaines de l’abbé de Saint-Pierre, et sans Rousseau on n’en aurait rien soupçonné. […] S’il avait été père, il eût été homme à répondre comme cet utopiste moderne à un ami qui, après une longue absence, lui demandait d’abord : « Comment va ta fille ?
Elle représentait une longue série et un choix parfait de souvenirs. […] Il y aurait trop à dire sur ces dissidences poussées jusqu’à l’aversion et que ne dissimulaient qu’à peine les rapprochements de société ; je pourrai, un jour, en conter plus long à ce sujet. — Lorsque M.
Entré dans l’idée de la vie privée, non point par l’humble porte, si l’on peut dire, mais par la brèche, il y a dans sa prise de possession une chaleur de débat et un air de triomphe qui ne disparaîtront qu’avec un peu de long usage. […] Étendu tout du long, il écoutait les sons que Juliette tirait de son clavecin, et en même temps il suivait des yeux les nuages qui flottaient au gré du vent dans l’azur du ciel.
La bêche au fil tranchant que le gazon essuie, L’arrosoir au long cou qui simule la pluie, L’échelle qui se dresse aux espaliers des toits, La serpette qui tond, comme un troupeau, le bois, Le long râteau qui peigne et qui grossit en gerbes, Quand la faux a passé, les verts cheveux des herbes ; Outils selon la plante et selon la saison, N’y sont-ils pas pendus aux clous sur la cloison ?
Parée des splendeurs longues des chevelures. […] Depuis, au long des jours de désir et de haine Dont les soleils couchants meurent au fond du cœur, Celles que tu créas rêvent d’une douleur Étrangement nouvelle et fervemment humaine, Et crient au loin ton nom qui rayonne d’un feu Céleste et souterrain comme une pierre ardente, Ô poète, qui retourna l’œuvre de Dante Et mis en haut Satan et descendis vers Dieu.
Sa longue jeunesse, à laquelle on est accoutumé depuis dix-huit ans, n’est pas close encore ; né en 1810, il n’a que trente-neuf ans. […] Il a peu de gestes, mais il possède la plus essentielle des parties qui concourent à l’action ; il a la voix, une voix d’un courant pur et d’une longue haleine, d’un timbre net et clair, d’un accent distinct et vibrant, très propre à marquer les intentions généreuses ou ironiques du discours.
Ce long cercle de peines, Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux : Et cet autre vers : V. 62. […] Toute cette période, qui contient l’éloge de M. de la Rochefoucault, me paraît longue et pesante.
Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone. […] D’abord, pour peindre un règne heureux, des membres de phrases assez longs, se faisant bien équilibre les uns aux autres jusqu’à : « et depuis… ». — Ensuite, pour peindre l’anarchie, un rythme relativement brisé et heurté : Des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion retenue et à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence, | les lois abolies. » — Enfin, pour peindre la bonace revenue, la période tombant et se reposant sur un rythme très net, très précis, presque de versification (un vers de 9, un vers de 10) et majestueux : « Un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Mais ici l’harmonie expressive ne fait que se mêler un peu et de temps en temps au nombre.
Ruiné en très peu de temps par le train d’une vie que ne comporte plus en France la médiocrité des fortunes, il ne s’appliqua pas sur le front le pistolet qui fit long feu quatre fois sur le front prédestiné de Clive. […] Il l’a surtout tirée de ses papiers et de sa correspondance ; car cet homme, qui savait écrire comme il agissait, a beaucoup écrit, et nous avons dans ses diverses lettres une relation vivante et presque haletante de ses efforts, de ses intentions et de ses projets, qui nous émeut, nous, les admirateurs de tant d’âme, mais que les gouvernements aux longues pensées doivent un jour méditer.
En restant dans l’ordre purement humain de la logique, cette biographie est évidemment une promesse, et qui ne sera suivie d’aucune surprise, car, avant d’être Léon XIII, celui qui porte maintenant ce nom a, toute sa longue vie, montré l’aptitude la plus haute, la plus appliquée et la plus soutenue au gouvernement moral et politique des hommes. […] Mais leur illusion ne sera pas longue… Dans leur ardente préoccupation contre l’Église, qu’il faut, disent-ils, effacer des institutions humaines, et d’autant plus qu’elle s’est vantée d’être immortelle et qu’il est bon de lui prouver qu’elle ne l’est pas, ni les gouvernements, ni les peuples, ne voient présentement l’horrible danger qui les menace.
Elle était née sans aucune mémoire, sans aucune imagination, disait-elle, et de plus parfaitement incapable de discourir avec l’entendement ; mais la Prière, la Prière plus forte que toutes les sécheresses, lui donna toutes les facultés qui lui manquaient ; car la Prière a fait Térèse, plus que sa mère elle-même : « Je suis en tout de la plus grande faiblesse, — dit-elle, — mais, appuyée à la colonne de l’Oraison, j’en partage la force. » Malade, pendant de longues années, de maladies entremêlées et terribles qui étonnent la science par la singularité des symptômes et par l’acuité suraiguë des douleurs, Térèse, le mal vivant, le tétanos qui dure, a vécu soixante-sept ans de l’existence la plus pleine, la plus active, la plus féconde, découvrant des horizons inconnus dans le ciel de la mysticité, et, sur le terrain des réalités de ce monde, fondant, visitant et dirigeant trente monastères : quatorze d’hommes et seize de filles. […] Sa Vie, comme elle nous l’a laissée, cette longue poésie écrite tout en élans, est un des plus beaux livres assurément de la littérature espagnole, mais elle est aussi le plus beau traité de psychologie appliquée qu’il y ait dans quelque littérature que ce soit.
… Dans cette longue chronique sur Colomb, les miracles dont Dieu favorisa son navigateur sont racontés avec une sincérité impassible. […] Littérairement, artistement, on peut signaler des défauts et des inégalités dans ce long ouvrage, mais ils sont couverts par de grandes qualités, et, dans un temps donné, ces qualités les couvriront mieux encore.
Il ne la formule pas, il est vrai, avec cette étreignante rigueur ; il s’y prend, lui, de plus longue main que moi. […] Ceci remonte à César et aux Gaulois, ces premiers Barbares dans la longue chaîne de Barbares qui devait suivre ; les premiers dans le temps, mais aussi les premiers par leurs grandes qualités de peuple, par la supériorité de leur race.
Mais une tendance générale est plus dangereuse et en dit plus long qu’un fait isolé, et il faut bien la signaler quand on est chrétien : la tendance de l’enseignement par l’Académie est anti-chrétienne… Je me moque bien, pour ma part, du Spiritualisme de la philosophie moderne ! […] — enveloppée long temps et développée lentement dans ce livre de La Religion romaine, rallongée d’une autre religion romaine, sorties l’une de l’autre.
Le moindre grimaud sans mandat et sans autorité, ou la moindre grimaude, — car nous avons vu des femmes conférencer, leur éventail à la main, — se hisse sur un amphithéâtre ou sur un perchoir de quelque chaire, et la curiosité badaude, et l’oisiveté ennuyée, et la paresse, ennemie des lectures attentives et longues, viennent tendre leurs oreilles aux connaissances faciles qu’on leur égruge et qu’on leur jette. […] Il arrive à peu près à la moitié du recueil qui porte son nom et après quatre longues Conférences sur les Apôtres, — les Pères apostoliques, — et le règne de Constantin.
Certes, la longue chaîne du mysticisme a bien des anneaux ; mais depuis le Fakir de l’Inde livré aux voluptés et aux martyres de l’extase jusqu’à ces Illuminés des voies intérieures dont parle Saint-Martin, en parlant de lui-même, tous les mystiques ne sont guères, en fin de compte, que les victimes plus ou moins foudroyées du sentiment religieux, trop fort pour l’homme, quand il se confie sans réserve à sa chétive et traître personnalité. […] L’illuminisme s’étendait comme une longue nuée sur l’horizon intellectuel du temps.
Dans cette longue chaîne de souverains pontifes qui avaient porté et gardé au fond de leur cœur le sentiment de la force de l’Église romaine, il put se rencontrer un pape qui les sacrifia. Faute si grande, qu’il n’importe guères à présent de savoir au juste si le pontife agit par haine ou bien sans haine ; car une pareille faute, au bout d’un certain temps, fait toujours équation à un crime, et le temps à attendre où le crime qui ne s’était pas nettement dressé dans la conscience de Clément XIV a surgi, tout à coup, évident dans la conscience des hommes, ce temps à attendre n’a pas été long !
La première fois que celui qui écrit ces lignes le rencontra, — il y a de cela des années, — il ressemblait encore à ce portrait de son salon où, sous de longs et magnifiques cheveux noirs, éclatait, sombre, ce visage qu’on aurait dit fait de la beauté de quatre races différentes : la juive, la bohémienne, la phocéenne et la mauresque, et où le lion et l’aigle se confondaient, comme dans une chimérique tête de blason. […] Dans la plupart de ses livres, longs ou courts d’haleine, la nature humaine et les événements finissent, littéralement, par se casser, à force d’invraisemblances, de complications et d’intensité.
« Il ne tient qu’à eux, dit-il, de déraciner la haine et d’apprivoiser la fureur. » Dans un autre discours adressé au même prince, après la cinquième année de son règne, on trouve un long morceau sur les finances ; il respire cette philosophie pleine d’humanité, qui devrait être celle de tous les rois. […] À ma voix se joindront, pour te former, celle de Platon et celle du précepteur d’Alexandre ; à l’école des sages, deviens le bienfaiteur du monde. » Je finirai cet extrait, déjà peut-être trop long, en citant encore un morceau où Thémiste implore la grâce, d’un philosophe, dont le crime était d’avoir été le favori de Julien ; il ne le nomme pas, mais c’était probablement Maxime.
Cette Nymphe de la Seine, svelte, longue et souple, fait vraiment un peu penser aux nymphes de Jean Goujon. […] La conquête où l’on n’entre que par le glaive n’est pas de longue durée ; la reconnaissance des bienfaits est immortelle. […] Je ne vous en parlerai point parce que ce serait long et que ce ne serait pas très utile. […] Ainsi christianisée par une longue tradition (oh ! […] Comment s’y est-il pris pour nous rendre à la fois poignants et vrais et ce retardement et cette longue séparation ?
Aussi s’en est-il vengé dans ses comédies de la Foire, et dans son roman de Gil Blas, cette longue et admirable comédie. […] Long corps, jambes sans fin, longue figure et des bras qui n’en finissaient pas : celui-là faisait rire et pleurer à volonté. […] À la fin, et après de longues heures d’attente, cette porte s’ouvrit lentement. […] Nous en sommes encore au troisième acte ; cette comédie est si longue ! […] et des cheveux si longs !
Mais que les doigts me démangent, de penser qu’on ne peut pas en France dire au long, librement, quelque part toute sa pensée là-dessus !
Stuart Merrill Des Pæans et des Thrènes aux Chevaleries sentimentales, la route est longue et bellement bordée des plus rares fleurs de la poésie.
Il a voulu seulement sur ce fond constant, éternel, et qui pourra servir bien souvent encore, tracer quelques caractères intéressants et jeter quelques beaux discours d’une brillante facture et d’une langue riche… Je serais donc content des « beaux discours », n’était qu’il y en a de trop et qu’ils sont trop longs.
Il a fait un poème lyrique assez long, et divisé en douze paragraphes sur la mort de Napoléon ; on n’y peut guère trouver que des lieux communs sur cette grande gloire évanouie, sur cette puissance éteinte, sur cette monarchie exilée.
Je ne serais pas étonné qu’il allât très loin dans une voie qui malheureusement est trop connue et qui n’est vraiment glorieuse que pour ceux qui 1 ont ouverte ou qui l’ont retrouvée après un long oubli.
Chrysopolis, capitale de l’empire du Couchant, est, depuis de longs jours, assiégée par les Barbares ; le peuple demande qu’on se rende, et peut-être l’empereur Héklésias, affaibli par l’âge et les travaux, aurait-il cédé, si sa fille Hérakléa n’était là, sans cesse, pour le rappeler à l’effort et à la résistance.
Tous ses Ouvrages abondent en une érudition qui étonne l’esprit & suppose l’étude la plus longue, la plus immense & la plus réfléchie.
C’est un Christ si sec, si long, si ignoble, qu’on le prendrait pour M. de Vaneck travesti.
La paix était assurée pour de longues années et les Peuhl s’acquittèrent de leur dette envers les enfants du héros.
Ainsi le xiie et le xiii e siècles littéraires, dans leur chaîne principale, ont été longs à se bien détacher et à réapparaître. […] Que si, pour limiter la question au sujet qui surtout nous intéresse, on veut que les langues d’oc et d’oïl se soient fort rapprochées à l’origine et aient moins différé alors que dans la suite, ce n’a pu être qu’à la manière de deux sources qui, sortant d’un même marais (le latin corrompu), étaient naturellement plus voisines, au moment où elles en sortaient, que lorsqu’elleseurent parcouru un long chemin, chacune dans sa direction propre. […] Il y a une loi : « L’accent en latin (vous le savez) est sur la pénultième quand cette pénultième est longue et l’antépénultième quand la pénultième est brève. […] Et pour tout dire, quand même l’Empire, au lieu de succomber sous l’effort de ses ennemis et d’être en proie à une longue invasion, eût continué à exister ou se fût dissous par la seule réaction des éléments contenus en son propre sein, le latin ne s’en serait pas moins transformé en langues romanes avec tous les caractères qu’elles possèdent. […] J’ai voulu, messieurs, dans ce long exposé, vous donner une juste et pleine idée de l’importance du problème qui se présente d’abord à quiconque veut étudier la littérature française à son origine.
Je m’acheminai donc tristement par le long boulevard vers le Théâtre-Lyrique. […] Mais lorsque la virtuose coquette et adulée par les grands seigneurs vit arriver chez elle, après un an d’intervalle, un jeune homme maigre, au long nez, aux gros yeux, à la tête exiguë, revêtu d’un habit rouge à boutons noirs qu’il portait en deuil de sa mère, elle le toisa d’une manière si froide et si cruelle que Mozart ne se le fit pas dire deux fois. […] L’entrée de la statue est annoncée par une succession de longs et lourds accords en ré mineur, que nous avons déjà entendus au début de l’ouverture, et qui ébranlent le sol de leurs vibrations formidables. […] Au reste, les longues vies ne sont pas nécessaires aux grands artistes, dont le talent n’est que sensation ; elles sont nécessaires aux poètes, aux philosophes, aux historiens, aux orateurs politiques, parce que l’expérience et la pensée, ces fruits de l’âge, sont les produits de la maturité, souvent même de l’extrême vieillesse. […] Leur longue lutte avec la fortune est un exercice qui les rajeunit en les terrassant.
X La peinture moderne, née avec le christianisme oriental, suivit dans ses développements la religion nouvelle, qui se répandait dans le monde autour du bassin de la Méditerranée ; grossière, puérile, monotone, quelquefois naïve, toujours inhabile pendant ces longs siècles de l’ère chrétienne, bien en arrière de la musique, qui psalmodiait déjà le plain-chant dans ses mystères, bien en arrière de l’architecture qui construisait déjà des monastères et des cathédrales. […] On me servit du laitage, du pain bis, des œufs, du vin de Neuchâtel, et tout en déjeunant je m’informai négligemment, auprès de la jeune et belle hôtelière au costume bernois et aux longues tresses de cheveux pendantes sur ses talons, d’un étranger qui habitait depuis quelques semaines, sous un nom supposé, la Chaux-de-Fonds. […] Une galerie couverte circulait autour de la maison, avec sa balustrade de sapin sculpté ; un escalier extérieur montait du seuil à la galerie ; un bûcher de rondins et d’éclats de bûches blanches de sapin était symétriquement rangé sous l’escalier ; un pont de planches menait de la cour à la grange ; le foin et la paille débordaient comme d’un grenier trop plein par les ouvertures ; des filles et des enfants déchargeaient un chariot de fourrage embaumé, tandis que deux bœufs, dételés du timon, mais encore appareillés au joug, léchaient de leurs langues écumantes les brins des longues herbes qu’ils pouvaient saisir à travers les ridelles du char. […] L’ombre de ses longs cils sur ses joues, le soir, quand elle lut en notre présence la prière d’avant la nuit aux enfants, flotte encore dans mes regards après quarante ans, comme si la lampe qui éclairait son suave profil n’était pas éteinte encore. […] C’était en 1818 ; le pape Pie VII régnait, après avoir longtemps pleuré sa capitale dans les longs exils de Fontainebleau et de Savone.
Son visage brille au milieu des touffes épaisses de ses cheveux qui tombent en longues boucles sur ses épaules. […] La fougère flétrie gémit auprès, et ses longues feuilles ondoyantes se mêlent aux cheveux blancs d’Ossian. […] La nuit sera longue.… Retirez-vous, vents impétueux ! […] quand viendra-t-il finir le long sommeil de Morar ? […] Armar, guerrier fameux, vint à ma demeure et rechercha l’amour de Daura ; il n’essuya pas de longs refus.
On peut alors lui appliquer les vers fameux de Baudelaire sur sa négresse : Avec ses vêtements ondoyants et nacrés, Même quand elle marche, on croirait qu’elle danse, Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés Au bout de leurs bâtons agitent en cadence. Comme le sable morne et l’azur des déserts, Insensibles tous deux à l’humaine souffrance, Comme les longs réseaux de la boule des mers, Elle se développe avec indifférence. […] Dans l’art, l’ignorance des procédés ou méthodes et la maladresse de main a des inconvénients sans nombre, mais elle a du moins un avantage : c’est que l’ignorant a besoin de sentir sincèrement et d’être ému pour composer quelque chose de passable ; l’érudit, lui, n’en a pas besoin ; le procédé remplace chez lui l’inspiration ; le convenu et le conventionnel, le sentiment spontané du beau. « L’inspiration, disait Baudelaire, c’est une longue et incessante gymnastique. » Verlaine, l’ancien parnassien312 qu’on cite aujourd’hui comme un novateur, a dit aussi : A nous qui ciselons les mots comme des coupes Et qui faisons des vers émus très froidement Ce qu’il nous faut à nous, c’est, aux lueurs des lampes, La science conquise et le sommeil dompté. […] Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici, … Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s’endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l’Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche320. […] Chansons rudes et monotones dans les cabarets… » Mais « à côté des filles amoureuses, les fiancées des matelots disparus, les veuves de naufragés, sortant des chapelles des morts, avec leurs longs châles de deuil et leurs petites coiffes lisses ; les yeux à terre, silencieuses, passant au milieu de ce bruit de vie, comme un avertissement noir321 ».
La nature, le problème de cette âme se rétrécissant au point de s’exclure du domaine même, énorme et multiple, qu’elle était apte, parmi de rares, à régir ; le long enfantement de cette faculté de mécontentement, d’inquiétude, de souci, d’égarement, de passion, trouble et précipitée qui ne fit plus juger louable au comte Tolstoï que d’amender en vue de plus de bonheur bien bas, cette humanité décrite et montrée dans ses larges œuvres : cet essor et ce déclin seront considérés dans les pages qui suivent avec l’étonnement douloureux, mais aussi avec le vif désir de comprendre que mérite la transformation si complète d’un esprit si haut. […] Dans La Guerre et la Paix, le prince André Bolkonsky, ardent, aigu, tenace avec la sentimentalité secrète des penseurs amers, est mené du tumulte des champs de bataille à l’activité verbeuse des salons politiques, séquestré dans son bien, enlacé dans un délicat amour, perdu par le dédale de croyances abandonnées et reprises, mêlé à mille événements historiques et intimes, agité de pensées et d’émotions innombrables jusqu’à ce que, blessé mortellement, il paraisse, en sa longue agonie, dans le déchirement de tous les voiles, entrevoir la solution de toutes les détresses, pour s’éteindre comme distrait de cette terre par de formidables intuitions ; le prince Pierre, lourd, énorme, charnu et charnel comme un animal, mais sourdement miné des mêmes inquiétudes, épris et déçu des hommes, jeté hors de lui-même par les systèmes théosophiques et religieux qui l’attirent tour à tour, s’abandonne à ses poussées de foi et d’appétits, s’appesantit de la grosse sensualité de ses compagnons de club, jusqu’à ce que, dans le trouble de Moscou pris, s’affolant confondu dans la foule et frôlant la mort, il rencontre, parmi les prisonniers auxquels il s’appareille, un pauvre hère de doux soldat paysan qui le console et le met pour toujours en paix par quelques simples mots de bonté, crise dont il émerge presque guéri, heureusement marié, mais avec on ne sait quel désarroi brouillon encore dans un esprit mal dégrossi et aventureux aux hasards politiques. […] Sa magnifique aptitude à concentrer, sur le spectacle du monde, d’intenses dons de vision, son amour même de la vertu, de la bienfaisance humaines le gardaient de cette facile solution à longue échéance. […] Comme Lévine, il a rencontré sur sa route un pauvre d’esprit dont les paroles ont retenti dans son cœur, comme une voix intérieure, et ce Slave dont l’âme violentée et repoussée par les durs dogmes de la science occidentale, demandait au monde plus de bonté qu’il n’en contient, cet aristocrate, cet homme de fortune, ce grand écrivain s’est retiré à la campagne, écrit des contes pour les moujiks, s’adonne à des travaux manuels, fait des souliers et raccommode des poêles, donne son bien en aumône, prêche la vie populaire, le refus du serment, le pardon des injures, l’union avec une seule femme, interdit le divorce, le service militaire, la violence, la résistance aux méchants, les injures et menace de fonder une nouvelle secte de gens scrupuleux et troublés dont il sera le patriarche, devenu aujourd’hui un grand vieillard de soixante ans, les cheveux longs rejetés en arrière du front creusé de profondes rides, au-dessus des yeux plus caves, mais fermes, inébranlablement fermes, les joues creuses autour du large nez et ployant sur de massives pommettes, la bouche droite, saillante et close, au milieu d’une longue barbe blanche tombant sur de larges épaules, l’air vénérable et sûr, de la certitude de ceux qui ont cru à jamais ; l’air noble et d’une joie austère, de la joie de ceux qui sont affermis dans leur foi.
Où donc Job aurait-il pris sa science de la nature, son expérience des choses humaines, sa lassitude de la vie, son suicide du désespoir, si ce n’était dans le trésor de nos misères et de nos larmes déjà accumulé depuis de longs siècles dans l’abîme d’un temps déjà vieux ? […] Maintenant dans l’oubli je dormirais encore, Et j’achèverais mon sommeil Dans cette longue nuit qui n’aura point d’aurore, Avec ces conquérants que la terre dévore, Avec le fruit conçu qui meurt avant d’éclore, Et qui n’a pas vu le soleil. […] L’aspect de ma longue infortune Éloigne, repousse, importune Mes frères lassés de mes maux. […] Les amis de Job, provoqués par ce long sanglot du patient, lui donnent quelques-unes de ces consolations qui sont des reproches et qui humilient l’homme malheureux, au lieu de pleurer avec lui. […] Cette lecture laisse dans l’âme le long retentissement de l’airain sonore suspendu entre le ciel et la terre, sur lequel le marteau divin aurait frappé la gamme entière des grandeurs, des petitesses, des peines d’esprit, des misères de corps, des félicités, des tristesses, des espérances, des doutes, des murmures, des blasphèmes, des désespoirs, des consolations humaines, retentissement dont les vibrations, répandues dans l’air immobile longtemps après le coup, se confondent à jamais avec la respiration et avec la pensée.
L’Esprit contre la Raison associe de courts paragraphes, de longues citations et de grands morceaux de bravoure dont certains ont été testés ailleurs ; il nourrira à son tour deux conférences données à Londres, plusieurs articlesf et même des diatribes insérées dans les romans. […] Tout au long de sa moelle court le frisson des certitudes négatives et le comte Hermann Keyserlingy, aussi simplement qu’un livre d’histoire naturelle apprit à notre enfance que l’homme a deux pieds, deux mains, deux bras, deux jambes, un tronc, une tête, un cou, écrit : « Jamais durant toute ma vie je ne me suis senti identique à ma personne. […] Valéry convoque des exemples empruntés à la culture gréco-latine pour peindre la longue domination de la civilisation européenne, désormais caduque, et la prééminence de l’intelligence. […] La longue réponse de Crevel inaugure son rapprochement avec le groupe surréaliste (« Une solution ? […] La fin de ce long titre du collage de Max Ernst diffère légèrement : « Un peu plus haut que l’oiseau l’éther pousse et les murs et les toits flottent. » Crevel la cite de nouveau dans sa « Préface au catalogue d’une exposition Max Ernst à la Galerie Bernheim, le 1er décembre 1928, avec quelques commentaires tirés des lignes qui suivent.
Cette jambe d’Hersé, à l’extrémité de laquelle il y a un si beau pié, cette jambe étendue et posée sur ce si beau, si prétieux genou de Mercure, est de quatre grands doigts trop longue ; en sorte que laissant ce beau pié à sa place, et raccourcissant cette jambe de son excès, il s’en manqueroit beaucoup, mais beaucoup, qu’elle tînt au corps ; défaut qui en a entraîné un autre, c’est qu’en la suivant sous la draperie, on ne scait où la raporter. […] à quel propos cette longue et lourde traînée nébuleuse ? […] Cette Andromède nue est blanche et froide comme le marbre. à son expression et à sa longue chevelure blonde, lisse et séparée sur le milieu de son front, c’est une Magdelaine qu’il en fera quand il voudra. […] Un père qui, après avoir exposé cent fois sa vie pendant la durée d’une guerre longue et cruelle, a été poursuivi sur les mers et sur les terres, par la colère des dieux qui s’étoient plu à mettre sa constance à toutes les épreuves possible ; une mère, une épouse qui croyoit avoir perdu son fils et son époux, et qui avoit souffert, pendant leur absence, toutes les insolences d’une multitude de princes voisins. […] Cela vient apparemment de ce que mon imagination s’est assujetie de longue main aux véritables règles de l’art, à force d’en regarder les productions ; que j’ai pris l’habitude d’arranger mes figures dans ma tête comme si elles étoient sur la toile ; que peut-être je les y transporte, et que c’est sur un grand mur que je regarde, quand j’écris ; qu’il y a longtems que pour juger si une femme qui passe est bien ou mal ajustée, je l’imagine peinte, et que peu à peu j’ai vu des attitudes, des groupes, des passions, des expressions, du mouvement, de la profondeur, de la perspective, des plans dont l’art peut s’accommoder ; en un mot que la définition d’une imagination réglée devroit se tirer de la facilité dont le peintre peut faire un beau tableau de la chose que le littérateur a conçu.
On voit tout de suite l’utilité et l’intérêt de ce long, minutieux et diligent travail. […] Et songez, pour les mettre aussi en regard, à la longue lutte contre Racine, et à la guerre, encore plus longue, contre Hugo. […] L’opinion se forma instantanément, et, comme par un mouvement électrique, elle se manifesta par de longs et nombreux applaudissements. […] Pas un instant de crainte ; pas le moindre signe d’incertitude ; pas un remords ; je l’ai vue se prêter sans aucune répugnance à cette longue horreur. […] Un jour, pour s’amuser de la surprise qu’il provoquerait, il fit un assez long poème en vers grecs, qu’il lut en conférence.
Le jeune homme était en possession d’un cachet russe et d’une croix de diamants qui avaient notoirement appartenu à Démétrius ; il avait, comme lui, un bras plus long que l’autre, et d’autres traits complétaient la ressemblance. […] Eschyle, vieux, brisé par l’âge, sentant son génie près de s’éteindre comme une lampe qui tremble et meurt après une longue veillée, Eschyle n’a plus pour consolation et pour appui que sa fille Méganyre, la plus belle et la plus chaste des jeunes Athéniennes. […] Cousin nous laisse au seuil de la Fronde, en 1649 ou 50 ; dans un second volume, il nous racontera la fin de la guerre civile et la longue pénitence de sa belle héroïne. […] Tant il est vrai que tout se tient dans la longue chaine des erreurs humaines ! […] Pendant toute cette période, si longue et trop remplie, M.
De toutes les heures de la vie, chacune est chargée de nous apporter une vérité ; aucune de ces heures ne vient à nous les mains vides, et c’est peut-être la dernière heure d’une longue vie qui vous apporte la vérité la plus précieuse en récompense de votre sincérité à la rechercher et de votre patience à l’attendre. […] Subir en silence pendant de longues années ces fausses popularités et ces fausses dépopularités pour le bien de son pays, c’est un des supplices tes plus méritoires, mais les plus pénibles pour les survivants des révolutions. […] Je le connaissais de longue date, pour l’avoir rencontré dans la société politique de madame de Montcalm, sœur du duc de Richelieu. […] Et ce sacrifice du pouvoir que vous représentez sera-t-il long ? […] Ennemis entre eux, vainqueurs par une haine aveugle, ils ne peuvent le lendemain que s’entredéchirer, déclarer leur impuissance de rien reconstruire, et menacer par cette impuissance le pays d’un long interrègne ou d’une éternelle anarchie.
Chez les Pigeons culbutants, quelques variétés diffèrent des autres par leur long bec, ce qui, dans la race, est un caractère de haute importance : cependant, toutes sont reliées les unes aux autres par l’habitude commune de faire la culbute : et, quoique la race à courte face ait presque ou même complétement perdu cette habitude, néanmoins, sans raisonnement, sans réflexion à ce sujet, on continue de la placer dans le même groupe, à cause de sa consanguinité connue et de ses ressemblances à d’autres égards avec les autres races. […] D’autres classes, telles que celles des crustacés, en ont encore moins souffert ; car les formes les plus diverses et les plus éloignées en apparence y sont encore rattachées les unes aux autres par une longue chaîne d’affinités, dont quelques mailles manquent seulement d’endroit en endroit. […] Que peut-il y avoir de plus différent en apparence que la longue trompe roulée en spirale du Papillon-Sphinx, celle des Abeilles ou des Hémiptères si singulièrement reployée, et les grandes mâchoires d’un Coléoptère ? […] Il est indifférent, par exemple, à un oiseau qui, à l’âge adulte, ne peut se nourrir qu’à l’aide d’un long bec, d’avoir le bec encore plus ou moins court, tant qu’il n’a pas à pourvoir lui-même à sa subsistance. […] Quelle que soit l’influence qu’un long usage d’un côté, et le défaut d’exercice de l’autre, puissent avoir, pour modifier un organe, cette influence affectera surtout l’animal adulte, qui a acquis toute l’activité de ses facultés, et qui doit pourvoir à ses besoins.
III Avant de terminer ce long et fastidieux commentaire sur l’esthétique symboliste, je voudrais, reprenant la question à un autre point de vue, faire la preuve de ce que je viens d’alléguer et envisager les tendances de la poésie contemporaine en fonction de la notion de vie. […] La chaîne d’associations d’idées au long de laquelle court leur esprit, ils ne s’attardent pas à la dérouler à nos yeux, ils nous en montrent les deux bouts, cela leur suffit. […] — Ou bien, le poète, comprenant le danger de ces brusques poussées divinatoires, et qu’à force de concision on risque de s’évader de la sphère de beauté55, prendra par le plus long, se plaira à nous amener peu à peu au sommet de lui-même, sans fatigue, sans dissociations heurtées, évitant les raccourcis trop raides. […] Souvent durant les longues soirées d’automne, alors que le grand silence des choses exalte l’esprit et l’incite au recueillement, après de délicieuses promenades solitaires à travers les bois endeuillés, au long des ruisseaux tout pleins de murmures limpides, ou sur les coteaux encore léchés par les derniers rayons d’un soleil en allé, — sous le regard ami de la lampe et entouré de la plus grande partie des œuvres poétiques contemporaines, mes fidèles conseillères, j’ai rêvé d’une esthétique assez puissante pour endiguer tous les courants impétueux de l’art moderne, assez généreuse pour accueillir toutes les manifestations de la vie en perpétuel changement, assez vaste pour permettre à chaque œuvre de se réaliser suivant sa tendance propre, assez belle pour y faire entrer notre chère tradition nationale sans porter atteinte à aucune liberté individuelle. […] Il est besoin d’une telle délicatesse de doigté pour manier les rythmes polymorphes, que malgré de longues études musicales, je me déclare incapable de jouer sans faute la symphonie que j’ai dans l’âme : cette âme même est à ce point fluette, que j’ai pu sans difficulté la faire tenir en douze pieds.
Nous lui accordons volontiers ce qu’il dit sur la difficulté et les inconvénients qu’on éprouve en voulant écrire de longs ouvrages en bonne prose italienne sur certains sujets.
Leconte de Lisle, abondent dans ce long poème si justement estimé… Nous avons bien là, parfaitement marqués, une certaine date littéraire et un groupe important : le Parnasse avec sa couleur particulière.
Villemain puisa cette noble et saine activité, cet amour désintéressé du beau, cette libérale conception de la vie, qui le soutint dans sa longue carrière et l’empêcha de défaillir jamais.
Ses dehors ne montrent-ils pas le Prince en long & en large ?
De longues herbes tremblent aux ouvertures des dômes.
Je crois avoir traité assez au long les deux questions, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies, et si nos poëtes ne lui donnent pas une trop grande part dans l’intrigue de leurs pieces.
Il faut profondément étudier la nature, la vie au long de l’échelle organique pour s’en persuader. […] Et au long du perfectionnement des facultés, voici l’homme futur qui s’achemine et surgit des possibilités, voici son esprit qui se forme petit à petit. […] Le long essai de celle-ci a fait faillite. […] Quand même nous serions disposés à faire le sacrifice de notre tranquillité pendant un long temps et de quelques vies humaines, nous voudrions qu’il ne fût pas inutile. […] Une longue tradition justifie son nouveau devoir.
Après un long examen, on découvre que tous ces cas si différents s’accordent, autant qu’on en peut juger, en un seul point, qui est la présence d’un mouvement de va-et-vient, en d’autres termes, d’une vibration du corps sonore, comprise entre certaines limites de lenteur et de vitesse, et propagée à travers un milieu jusqu’à l’organe auditif. […] « D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsque après un long froid arrive un dégel tiède et humide. […] IV Il serait trop long et, de plus, inutile de les analyser tous. […] C’est seulement à la Renaissance, avec Stevin et Galilée, que la mécanique a commencé ; et, très probablement, la cause de ce long retard est le désaccord de l’induction ordinaire et de la raison pure. […] Si longue que soit une série d’événements réels, par exemple la suite des changements arrivés depuis la formation de notre système solaire, si vaste que soit un groupe de corps réels, par exemple l’assemblage de tous les systèmes stellaires auxquels nos télescopes peuvent atteindre, le réceptacle déborde au-delà ; nous aurions beau accroître la série ou le groupe, il déborderait toujours, et la raison en est qu’il n’a pas de bords.
Aucune pensée personnelle, à mon avis, n’a de valeur que si elle rejoint et reprend la pensée commune, la longue chaîne de pensées forgée et rivée par les maîtres depuis les origines d’une certaine tradition. […] Ce n’est pas un art fermé, ni un art à longue échéance, mais un art ouvert, immédiat. […] Privé de ses adjuvants naturels, l’acteur et le public, le théâtre fera long feu : il est rentré dans la littérature et ne l’enrichit pas beaucoup. […] Aux phrases de volume égal qui se répondent comme des vers, une longue à une longue, une brève à une brève, succéderont des espèces de stances où longue et brève alterneront : MARTINE J’ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. […] Notre temps lui a refusé les moyens d’exercer son art ; son long exil ne lui a pas permis de le pétrir dans sa matière même : une scène, un public ; il s’est trop longtemps résigné à ne parler qu’à des initiés.
Ainsi, ces conceptions primordiales ne pouvaient, évidemment, résulter que d’une philosophie dispensée, par sa nature, de toute longue préparation, et susceptible en un mot, de surgir spontanément, sous la seule impulsion d’un instinct direct, quelque chimériques que dussent être d’ailleurs des spéculations ainsi dépourvues de tout fondement réel. […] Il n’est que trop facile aujourd’hui d’observer aisément une telle manière de philosopher, qui, encore prépondérante envers les phénomènes les plus compliqués, offre journellement, même dans les théories les plus simples et les moins arriérées, tant de traces appréciables de sa longue domination1. […] Cette longue succession de préambules nécessaires conduit enfin notre intelligence, graduellement émancipée, à son état définitif de positivité rationnelle, qui doit ici être caractérisé d’une manière plus spéciale que les deux états préliminaires. […] Pendant la longue enfance de l’Humanité, les conceptions théologico-métaphysiques pouvaient seules, suivant nos explications antérieures, satisfaire provisoirement à cette double condition fondamentale, quoique d’une manière extrêmement imparfaite. […] Au temps même où le suffisant accomplissement de la décomposition préalable exigeait la désuétude des doctrines purement négatives qui l’avaient dirigée, une fatale illusion, alors inévitable, conduisit, au contraire, à accorder, spontanément à l’esprit métaphysique, seul actif pendant ce long préambule, la présidence générale du mouvement de réorganisation.
Sourires, longs voiles et couronnes, rien n’avait été négligé de ce qui pouvait, aux yeux de l’enfance, la parer d’une douceur que nos curés disaient ineffable. […] De longues reniflades essayaient de corriger ce défaut. […] Lui, bien entendu, aimait à se frotter contre ma jambe, ne demandait qu’à me prouver la virtuosité de sa longue langue rose. […] De la découverte de l’Amérique à nos jours, la politique coloniale, à travers sa longue théorie de massacres, a toujours argué de fins confessionnelles. […] Crevel a passé de longs mois en sanatorium en Suisse à partir de 1926 à cause de sa tuberculose.