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39. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

La pauvre Mlle de Lespinasse s’intéresse à ces personnes, à l’une surtout, et elle essaie de se glisser entre les deux. […] J’essaierai de noter la marche de cette passion, autant qu’on peut noter ce qui est l’irrégularité et la contradiction même. […] Elle essaie de Tancrède qui la touche et qu’elle trouve beau, mais rien n’est au ton de son âme. Elle essaie de la musique d’Orphée qui réussit mieux, et qui lui procure de douloureuses délices. […] Le pauvre d’Alembert, qui demeure sous le même toit, essaie vainement de la consoler, de l’entretenir ; il ne peut comprendre qu’elle le repousse par moments avec une sorte d’horreur.

40. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Essayons de nous rendre compte des choses par nous-mêmes. […] Et puis qu’elle essaie de le reproduire de souvenir. […] Essayons cependant. […] Essayons cependant. […] N’essayons pas de les comprendre.

41. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Entré au Directoire où il avait tout d’abord assisté à l’expulsion des collègues qui le gênaient, il était devenu maître du terrain et comme l’arbitre des combinaisons qui s’essayaient journellement. […] Joubert s’était flatté en croyant que l’ennemi ne la voulait pas ; il essayait tout bas de s’en flatter encore. […] Si l’on essaye pourtant (car la pensée va d’elle-même) de se figurer ce qu’eût été Joubert devenu maréchal d’Empire, il me semble que l’illustre maréchal Suchet nous en donne assez bien l’idée : un militaire brave, instruit, progressif, un parfait lieutenant, capable de conduire à lui seul des opérations circonscrites, administrateur habile et intègre, combinant des qualités militaires et civiles, se faisant aimer même dans les pays conquis. […] Il en est de l’histoire comme de la nature : elle essaye avant de réussir, elle ébauche avant de créer.

42. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

De trois manières, ou par trois moyens, qu’il nous faut essayer maintenant de préciser. […] Messieurs, tel que je viens d’essayer de vous le peindre, pouvait-il un instant hésiter ? […] J’essayerai, Messieurs, de vous dire comment ils s’y sont pris l’un et l’autre. […] c’était là depuis dix ans ce qu’il essayait de faire applaudir ! […] — Comment la comédie essaie de se défendre. — Dufresny, Destouches, Marivaux.

43. (1890) Nouvelles questions de critique

Nous le croyons, pour notre part et nous venons d’essayer de le montrer. […] Le Petit les discutât de lui-même à nouveau, qu’il ne se contentât point d’affirmer, qu’il eût essayé de prouver, et enfin, pour le seul cas où il l’ait essayé, qu’il se fût montré plus difficile en fait de preuves. […] et, si nous essayons de lire dans l’avenir, que de temps où nous ne serons plus ! […] Même, j’ai plusieurs fois essaye de montrer que ni l’un ni l’autre art n’avait rien à gagner dans ce commerce de moyens. […] Renan, si l’on essayait de la caractériser en deux mots, ne serait-ce pas en effet l’expression de la sérénité dans le scepticisme ?

44. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Voilà ce que j’essaierai de vous montrer aujourd’hui. […] Vous vous dites peut-être : « Mais on pourrait commencer par la fin et remonter jusqu’au commencement ; on pourrait les lire à l’envers. » Je n’essaierai pas : j’ai essayé à part moi, ça n’a pas plus de sens. […] Essayez un peu de dire, en jouant sur le piano : « Le temps est douteux, il faut prendre un parapluie. » Ce n’est pas possible. […] J’ai essayé d’indiquer ce que m’a semblé le plus caractéristique, de définir chaque auteur, dans ce qu’il y a chez lui d’essentiel. […] J’ai essayé de vous faire ressortir les qualités littéraires.

45. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Quand le diable y serait et l’Empire aussi, je défie bien de tailler là-dedans un pamphlétaire, et c’est pourtant là ce que Rémusat a essayé ! […] Comment Rémusat a-t-il jugé les hommes qu’il a essayé vainement de peindre ? […] Ainsi, vous le voyez, même dans la partie de l’histoire qui résiste aux petits attentats qu’on essaie de commettre sur elle, l’auteur de l’Angleterre au xviiie  siècle est demeuré, par le fait de ses facultés, au-dessous de son intention, — ou plutôt de ses intentions, car il en avait deux : la seconde était bien d’écrire une histoire, mais la première, de faire un pamphlet !

46. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Preyer a essayé d’expliquer ce jeu de physionomie par une influence héréditaire. « Tous les animaux, dit-il, dirigent d’abord leur attention vers la recherche de la nourriture. […] Essayait-on par des punitions de faire agir un singe inattentif, l’animal devenait rétif. […] Il me semble que Fechner est le premier (1860) qui ait essayé une localisation précise des diverses formes de l’attention, en les rapportant à des parties déterminées de l’organisme. […] Sans prétendre à rien qui ressemble à une classification systématique, nous essayerons de les grouper suivant un ordre rationnel. […] Nous avons essayé de donner les raisons psychologiques de cette différence.

47. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Renan, et dont nous allons parler, a essayé également de démontrer scientifiquement et la nécessité d’un idéal pour l’esprit, et sa non-existence dans l’ordre de la réalité. […] Il faut qu’il essaie de suivre les savants sur leur propre terrain, qu’il fasse l’épreuve de ses doctrines en les confrontant avec les faits physiques et physiologiques. […] Que l’école positive ait essayé de prendre cette place, c’était son droit, et c’est encore aujourd’hui sa principale force. […] Or voici ce qui arrive souvent chez les esprits ambitieux qui essaient cette union si désirable de la philosophie et des sciences. […] C’est ce que nous essayerons d’expliquer.

48. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Tant que les hommes de talent vivent, on est singulièrement injuste envers eux, ou plutôt on est ce qu’on doit être ; chacun en parle à sa guise : on les agite, on les exalte, on les déprécie ; on les retourne en cent façons ; on leur signifie et on leur assigne des vocations restreintes ; on les diminue s’ils s’y enferment, on les rabat et on les rabroue dès qu’ils essayent de s’étendre et d’en sortir. […] Il se devait à lui-même de l’essayer, et il l’essaya ; ce n’est pas a nous qu’il appartient de dire quels mérités encore de vérité et de ressemblance conservent et continuent d’offrir ces tableaux composés en Italie, même quand il n’y aurait pas atteint tout le caractère qu’on y cherche. […] Il faut voir comme il jette Milton, Klopstock, Raphaël, Michel-Ange, tous ces grands noms, à la tête d’Horace Vernet, si celui-ci a essayé son Léon XII ou une Judith ; comme il le renvoie à son Pont d’Arcole et à son Cheval du Trompette ! […] Cependant j’accepte tout pour être à même de m’arrêter comme bon me semblera sur la route, et même de m’en écarter pour visiter certaines localités intéressantes… » Horace Vernet participait au prestige et aux honneurs qui s’attachent volontiers en France à tout ce qui est militaire : on essaya de le lui faire payer comme artiste.

49. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Quand on a devant soi un bon nombre de ces chapelets, on peut essayer de déterminer la formule générale de l’époque qu’on étudie. […] Essayons donc de trouver la formule de l’époque qui va de 1661 à 1685 environ, c’est-à-dire de relever dans les œuvres du temps les caractères qui s’y retrouvent soit toujours, soit le plus souvent, et de marquer, chemin faisant, lesquels sont en voie de se renforcer, lesquels sont en train de s’affaiblir. […] A peine si Boileau accorde à Villon et à Marot quelques maigres éloges qui encore portent à faux ; il traite Ronsard et son école avec une insultante pitié ; et l’historien qu’il essaie d’être pousse un soupir de soulagement, comme un homme perdu dans la nuit qui voit poindre l’aurore, quand, dans sa course rapide à travers le passé littéraire de la France, il arrive à Malherbe, son précurseur. […] Les hommes de ce temps-là essaient de donner aux formes du moment une éternelle fixité. […] Ou bien de vastes généralisations comme celle qu’a essayée Bossuet, une vue à vol d’oiseau, à vol d’aigle, si l’on veut, des grandes révolutions qui se sont succédé dans le monde, rapide coup.

50. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Les Révolutions de France et de Brabant (1789-1791) ne sont qu’une longue et continuelle insulte à tous les pouvoirs publics qu’essaya d’instituer, ou de conserver en les régénérant, la première Constitution ; ce n’est qu’une diffamation le plus souvent calomnieuse de tous les hommes qui furent alors en vue, et que Camille Desmoulins ne louait et n’exaltait un moment que pour les ravaler ensuite et les avilir. […] Essayez de tracer une ligne de conduite entre ces deux mots-là. […] André Chénier avait publié, en août 1790, un Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, dans lequel il essayait, avec la modération et la fermeté qui distinguent sa noble plume, de tracer la ligne de séparation entre le vrai patriotisme et la fausse exaltation qui poussait aux abîmes. […] Je suis certain, au contraire, que la liberté serait consolidée, et l’Europe vaincue, si vous aviez un Comité de clémence. » Le mot est lâché ; il essaiera ensuite de l’expliquer, de l’affaiblir, de le diminuer : mais le cri des cœurs y a répondu, et la colère des tyrans n’y répondra pas moins. […] Quand il aurait conscience de ces qualités-là, il serait obligé d’imiter d’autant plus en paroles le dévergondage d’alentour, qu’il essaie pour la première fois de s’y soustraire en action.

51. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

Il est bon d’avoir conçu le plan idéal qui convient au sujet, et d’essayer de le remplir : si l’on n’y peut parvenir, on s’efforcera d’en rapprocher le plus qu’on pourra le plan qu’on arrêtera conformément à ses forces et aux nécessités accidentelles. […] Et ces lois sont les mêmes pour l’œuvre de haute littérature et pour la modeste composition de collège : l’écrivain rompu à tous les secrets de l’art doit s’y asservir, et elles soutiennent l’enfant qui s’essaye à écrire.

52. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Essayez et, l’épreuve faite, si votre deuxième ou troisième rédaction est supérieure à la première, vous aurez fait, toutes proportions gardées, ce qu’ont fait Hugo et Chateaubriand. […] Quand on voit ces maîtres du style raturer, essayer leurs épithètes, poursuivre l’image forte ou l’expression pittoresque, on est bien forcé de conclure que le don d’écrire se développe et que l’on devient original par le travail.‌

53. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Addison essaya de l’en détourner, et Pope déclara dans la suite que ce conseil insidieux lui avait fait deviner pour la première fois la déloyauté de celui qui l’avait donné. […] Southey a complétement abandonné la narration, et essayé de traiter des questions morales et politiques, sa chute a été complète et ignominieuse. […] Mais malheur à ceux qui, saisis de dégoût, essayeront de l’écraser ! […] Essayons de décrire cette histoire, de la rattacher à cette méthode, et cette méthode à ce genre d’esprit. […] D’autres, comme Hume, ont essayé ou essayent de le faire.

54. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

tout ce que vous pouvez pour l’homme infortuné, c’est d’essayer de le convaincre qu’il respirerait un air plus doux dans l’asile où vous l’invitez ; mais si ses pieds sont attachés à la terre de feu qu’il habite, vous paraitra-t-il moins digne d’être plaint ? […] Une distraction absolue étant impossible, j’ai essayé si la méditation même des objets qui nous occupent, ne conduisait pas au même résultat, et si, en approchant du fantôme, il ne s’évanouissait pas plutôt qu’en s’en éloignant. J’ai essayé si ce qu’il y a de poignant dans la douleur personnelle, ne s’émoussait pas un peu, quand nous nous placions nous-mêmes comme une part du vaste tableau des destinées, où chaque homme est perdu dans son siècle, le siècle dans le temps, et le temps dans l’incompréhensible. Je l’ai essayé, et je ne suis pas sûre d’avoir réussi dans la première épreuve de ma doctrine sur moi-même ; serait-ce donc à moi qu’il conviendrait d’affirmer son absolu pouvoir ?

55. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Je perdis une demi-heure à essayer de me frayer un chemin. […] J’étais près de l’église Saint-Gervais, je prenais une ruelle, à moi bien connue, qui longe la nef et le chevet ; deux hommes étaient devant moi : l’un d’eux se retourne, c’était Lamartine, lequel, sorti de l’Hôtel de Ville par une porte de derrière, essayait de rentrer à son hôtel des Affaires étrangères en se dérobant à son triomphe. […] je ne le souhaite pas, mais si jamais il y avait deux hommes à choisir dans la rue par acclamation pour faire un président de la République, vous courriez risque d’être un de ces deux hommes. » — « Oui, peut-être bien, me répondit-il, si l’on avait à en prendre dix. » — « Non, si c’était seulement deux, » lui dis-je. — Je lui rappelai ce mot-là, afin de donner plus de poids à ce que j’essayai de lui dire sur les circonstances présentes, et je crois pouvoir assez fidèlement résumer cette conversation brusque et rapide depuis le premier mot en ces termes : — « (Lamartine.)

56. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Montesquieu essaya ce genre de raillerie dans ses Lettres persanes ; mais il n’avait point la gaieté naturelle de Voltaire ; et c’est à force d’esprit qu’il y suppléa. […] L’harmonie du style en prose a fait de grands progrès ; mais cette harmonie ne doit point imiter l’effet musical des beaux vers : si l’on vouloir l’essayer, on rendrait la prose monotone, on cesserait d’être libre dans le choix de ses expressions, sans être dédommagé par la consonance de la poésie versifiée. […] S’il plaide pour la victime devant l’assassin, pour la liberté devant les oppresseurs ; si les infortunés qu’il défend écoutent en tremblant le son de sa voix, pâlissent lorsqu’il hésite, perdent tout espoir si l’expression triomphante échappe à son esprit convaincu ; si les destinées de la patrie elle-même lui sont confiées, il doit essayer d’arracher les caractères égoïstes à leurs intérêts, à leurs terreurs, de faire naître dans ses auditeurs ce mouvement du sang, cette ivresse de la vertu qu’une certaine hauteur d’éloquence peut inspirer momentanément, même à des criminels.

57. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Au hasard, sans essayer d’établir une juste hiérarchie ou une classification naturelle, je parquerai dans telle ou telle partie du troupeau mes porcs, mes truies et mes ânes. […] Donc Paris bloqué essaie en vain de trouer les lignes allemandes et la Province tente en vain de secourir Paris. […] La philosophie des frères Margueritte, guère moins hésitante que les caractères qu’ils essaient de créer, reste aussi banalement moyenne que leur écriture.

58. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Lemercier avait mis chevaux au lieu de coursiers, essaye de déterminer les conditions selon lesquelles on peut introduire en vers les expressions communes. […] Notre jeune écrivain essaya de faire de la sorte et y réussit ; son imagination l’aida dans cette combinaison assez naturelle et surtout attendrissante. […] Mlle de Meulan avait eu fréquemment l’occasion d’écrire quelques pages sur l’éducation et d’essayer ses idées à ce sujet. […] Qu’il nous suffise de savoir qu’elle avait épousé tous ses intérêts, ses labeurs studieux comme ses convictions, et n’essayons pas de discerner ce qu’elle a aimé à confondre. […] Mme Guizot aimait à raconter que quand, jeune fille, elle essaya ce premier roman, elle s’étudia, pour qu’il réussît, à imiter certains traits de l’esprit du temps, quelques-uns même dont son innocence parfaite soupçonnait au plus la valeur.

59. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Quand j’en serais capable, je n’essaierais pas de les résumer. […] Il en a prévu les conséquences prochaines, et il a essayé d’y parer. […] Et Bossuet l’a bien senti, puisqu’il a essayé d’en trouver ou de nous en donner. […] Elle flottait dans l’air sans que personne eût essayé de se l’approprier. […] Essayons d’en montrer le rapport avec l’idée de progrès.

60. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

« La Métaphysique positiviste » I Métaphysique et Positivisme, ou Positivisme et Métaphysique, il semble en vérité que, de quelque manière que l’on essaie d’associer ces deux mots, ce ne puisse toujours être qu’un jeu d’esprit. […] La vérité scientifique en soi n’est donc pas d’un autre ordre que les vérités qu’on l’a vue quelquefois essayer, non seulement de se subordonner, mais d’« intérioriser. » La connaissance que nous avons des lois de la nature n’a rien de plus « objectif », ou de plus « absolu », que celle que nous pouvons acquérir des lois de l’esprit ou de celles de l’histoire. […] Et si L’Avenir de la science est une œuvre de sa jeunesse, qui ne sait que son âge mûr ne s’est on quelque manière employé qu’à essayer de réparer au moyen de la science les brèches que son exégèse croyait avoir faites dans l’édifice dix-huit fois séculaire de la morale et de la religion ? […] Il n’a pas formulé la doctrine de l’Inconnaissable, mais il a essayé d’en organiser le culte. […] Seulement, et au lieu de voir la contradiction où on la voit d’ordinaire, je veux dire entre les affirmations premières du positivisme, et l’affirmation finale de l’Inconnaissable, je la vois en ceci qu’il a essayé de réaliser ou de concréter l’Inconnaissable sous la forme de l’Humanité.

61. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Les chefs principaux disparaissent et meurent, quelques rares disciples survivent et essayent de réchauffer le culte en le resserrant ; la lettre grossit pour eux en même temps que l’esprit se retire ; ils reviennent soir et matin sur leurs traces, ils répètent à satiété les mêmes noms, ils ont des gloires domestiques, des grands hommes et des saints à leur usage ; ils sont de vrais dévots, ai-je dit. […] Auger et de Feletz, aient essayé, à certain jour, d’effleurer de leur plume un écrivain qui ne leur paraissait ni aussi neuf ni aussi pur qu’à d’autres ; le biographe en prend occasion de s’exprimer sur le compte de ces deux critiques, l’un strictement judicieux et l’autre agréable, d’une façon qui ne se ressent en rien assurément du goût ni de l’aménité littéraire. […] Cette théorie de l’invasion, qui impute à un fait national aussi douloureux et aussi désastreux que la catastrophe de 1814 et 1815 tout le libre mouvement de renaissance philosophique, historique et littéraire dont nous provenons, et qui essaye par là de le flétrir, n’est point d’ailleurs particulière à l’éditeur, et M.

62. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Les lumières gagnent évidemment en étendue, quand même on essaierait de leur disputer encore qu’elles croissent en élévation et en profondeur. […] Enfin, dans une note de la seconde partie de mon ouvrage, j’essaie d’indiquer quelles sont les règles sévères que l’on doit suivre, relativement à l’adoption des mots nouveaux dans une langue. […] Je crois avoir essayé la première d’appliquer ce système à la littérature ; mais j’attache un grand prix à montrer combien de philosophes respectables ont, avant moi, soutenu victorieusement cette opinion, considérée d’une manière générale ; et je ne pense pas, comme un littérateur de nos jours, que ce soit la charmante pièce de vers de Voltaire, intitulée Le Mondain, qui ait donné l’idée de la perfectibilité de l’espèce humaine, et qui contienne l’extrait de tout ce qu’il y a de meilleur dans les longues théories sur cette perfectibilité.

63. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

On peut donc essayer de représenter aujourd’hui dans son ensemble l’effort d’un siècle qui n’a point été indigne de ses aînés. […] J’ai essayé de faire cette modeste bibliographie aussi utile et pratique que possible. […] Au reste, j’ai essayé de simplifier l’exposition des progrès de la Littérature Française.

64. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Un jour quelques jeunes gens, émus des souffrances hypocritement imposées à Oscar Wilde, essayèrent de ployer telles marionnettes puissantes à l’attitude qui pardonne et qui demande grâce. […] Essayons de lire en nous préoccupant du sens. […] Seuls, ils s’affranchirent de la technique étroite : l’un pour dire en une musique plus libre, chanteuse, séduisante et navrante comme Ophélie, son âme musicale et folle ; l’autre pour essayer d’enfermer son noble et rigoureux esprit en je ne sais quelle forme informe, détruite par un trop grand effort d’absolu.

65. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Mais une machine dont on altère ou brise un rouage essaie-t-elle de poursuivre quand même le résultat utile pour lequel elle a été faite ? Enlevez une roue à une locomotive, la locomotive n’essaiera pas de se tenir en équilibre et de marcher avec l’autre roue. Au contraire, irritez avec un acide le genou droit d’une grenouille décapitée, elle essaiera de l’essuyer comme d’ordinaire avec le pied droit. — Résultat tout mécanique, disent les partisans de Maudsley : quoiqu’il n’y ait plus aucune sensation, la machine fonctionne quand même, comme s’il y avait encore utilité, but poursuivi. — Fort bien ; mais alors, si vous coupez le pied droit et irritez le genou droit avec de l’acide, la machine devra être réduite à l’impuissance ; tout au plus le moignon droit pourra-t-il s’agiter.

66. (1887) George Sand

Pierre Leroux ; courez après mon émotion, essayez de la ressaisir, elle est bien loin. […] Nous avons essayé de faire l’histoire des œuvres de Mme Sand. […] Qu’on essaye donc de la concevoir, cette loi, dans la contradiction de ses termes ! […] Il essayait de tout ; il cherchait et tâtonnait pour son propre compte. […] Quelques-unes méritent que l’on essaye, même avec peu d’espoir de réussir.

67. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Ceux qui n’étaient ni aussi à portée des choses ni aussi mûrs, qui n’avaient pas épuisé leurs vingt-cinq ans ni leur chimère, ne s’abattirent pas et essayèrent de continuer. […] Cet accord s’essaye et subsiste plus ou moins déjà ; c’est la pensée et le vœu de cette Revue même, et c’est parce que la chose est en train de se faire qu’elle devient possible, et qu’il y a lieu d’insister, d’achever et de s’exhorter. — Un coup d’œil sur l’ensemble de la littérature et sur les phases de ses principaux personnages depuis dix ans éclairera encore mieux notre idée et la modération de notre désir. […] Mais avant de compter avec eux, avant d’essayer de leur persuader ce que nous concevrions de leur concours, il est bon de voir ce qui ne saurait s’en séparer, ce qui s’est produit de tout à fait nouveau en littérature depuis Juillet 1830, et de postérieur aux talents éclos déjà sous la Restauration. […] Mais, ainsi que je l’ai posé en commençant, depuis trois ou quatre années, les choses politiques s’étant graduellement apaisées ou affaissées en ce qu’elles avaient d’habituellement imminent et absorbant, on a le loisir, on se regarde ; rien ne s’est recomposé littérairement et avec le feu des premières œuvres ; du moins les individus se retrouvent, s’essayent ; il y a une sorte de retour des uns à leurs anciens travaux, il y a persistance et perfectionnement chez d’autres, un peu de désabusement chez tous, mais en somme une disposition assez favorable et qui s’intéresse avec assez de sincérité.

68. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Il n’est pas défendu au poëte et au philosophe d’essayer sur les faits sociaux ce que le naturaliste essaye sur les faits zoologiques : la reconstruction du monstre d’après l’empreinte de l’ongle ou l’alvéole de la dent.

69. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

De même Henri de Régnier sait l’abîme qui sépare les sexes et qu’il est fou d’essayer de le combler. […] Écoutez le poète hindou, Rabindranath Tagore : « J’essaie d’étreindre la beauté. […] Lui aussi dénonce « l’énervante et charnelle Aphrodite », « ses nuits de honte », et, se met, touché par la Grâce, à rouvrir des chemins vers la cité de Dieu, préludant ainsi aux conversions multiples qui vont suivre (Adolphe Retté, Francis Jammes, Charles Morice…) * *   * Donc tous, athées et croyants, s’essayent à la chasteté, mais l’escalade est dure et parfois le pied leur glisse. […] En vain les brutalistes s’essayent à donner le change et parlent de franches lippées et de corps-à-corps éperdus. En vain s’essayent-ils à nous convaincre de leurs reins solides et de leurs joies satisfaites à barboter dans le bourbier des paillardises.

70. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Mais l’Eunuque est évidemment un exercice littéraire, ce n’est pas autre chose ; c’est le poète qui s’essaie, qui fait des gammes avant de se mettre décidément au travail. […] En s’exerçant avec Clymène, La Fontaine n’a pas fait autre chose qu’expérimenter son talent et s’essayer dans l’ordre d’art qu’il devait plus tard adopter et ne jamais quitter. […] Dans cette agréable pensée, il prie ses divines sœurs, les Muses, de se mettre au travail, d’inventer quelque chose, d’essayer quelque chose qui ne soit ni du Marot, quoiqu’il soit bien agréable, ni du Voiture, quoiqu’il soit bien spirituel, ni du Malherbe, quoiqu’il soit bien brillant. Les Muses, en effet, s’essayent, et alors elles font des poèmes, des fantaisies mythologiques, qui, tout naturellement, se tournent moitié en satire, moitié en petits poèmes critiques, d’une originalité composite tout à fait piquante qui répond précisément à la question et au désir du dieu : il nous faut du nouveau. […] Je n’oserais, si ce n’était pour vous ; Car c’est beaucoup que d’essayer ce style Tant oublié, qui fut jadis si doux Et qu’aujourd’hui l’on croit facile.

71. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Une foule d’écrivains s’y essayent ; plusieurs y gagnent une fortune, une réputation, on pourrait dire une gloire d’une espèce particulière ; ils voient leur nom et leurs œuvres pénétrer dans des milieux où n’ont jamais pénétré ceux des maîtres de la littérature française ; ils intéressent, ils font pleurer, ils égayent, ils ennuient un peuple entier ; ils sont les vrais créateurs et les vrais soutiens d’une certaine presse, investis d’une puissance plus immédiate sur ses destinées que tous les écrivains politiques, les économistes, les critiques, les reporters et les correspondants de la rédaction, et je me rappelle que l’administrateur général d’un des plus importants petits journaux de Paris me disait que, dans la première semaine après le commencement d’un feuilleton, le tirage du journal montait ou s’abaissait de cinquante mille, de quatre-vingt mille exemplaires par jour, selon que le feuilleton plaisait ou ne plaisait pas. […] Un homme de génie a essayé chez nous quelque chose de semblable. […] Nous ressemblons à ces gens naïfs qui essayent de toucher un arrérage de rente sans présenter un certificat de vie. […] L’auteur demandait qu’on essayât, peu à peu, de substituer aux fantaisies puériles et dénuées d’art des feuilletonistes quelques œuvres recommandables par le mérite du fond et de la forme. […] Je leur dirais : « Essayez d’écrire, dans des revues ou dans des journaux populaires, une œuvre de haute et saine émotion.

72. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Nous essayerons enfin d’en esquisser les divisions. […] Si nous essayons maintenant, d’après ces indications, de tracer les divisions d’une psychologie vraiment scientifique, voici ce qu’elle semble devoir contenir. […] Elle se compléterait, d’abord par une psychologie comparée dont nous avons essayé plus haut d’indiquer l’objet et de montrer l’importance ; ensuite par une étude des anomalies ou monstruosités, qu’on pourrait appeler Psychologie morbide. […] L’Ethologie ne se proposerait point d’ailleurs une étude simplement statique des caractères, elle essayerait de déterminer les phases qu’ils parcourent et de les suivre dans leur évolution. […] Nous n’essayerons de faire connaître que la seconde.

73. (1914) Boulevard et coulisses

Nous allons essayer de le faire par un certain côté, sur la surface des boulevards, dans les coulisses des théâtres, des journaux et de la finance. […] Je venais d’apprendre par un journal du soir la mort de Darwin, et à tout hasard j’essayai d’écrire un article sur le grand Anglais. […] Mais ce n’est pas celui-là que j’essaye de vous raconter. […] Il fixait leur attitude d’un trait sûr et brillant, et il fut aussi un des inventeurs de ce journalisme littéraire qui essaye de se reconstituer aujourd’hui. […] Ils essayent de jeter le ridicule sur le nom même du progrès.

74. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

On l’a vu par les corrections que nous avons publiées, il superposait ses verbes, il écrivait trois mots pour un, il essayait les épithètes, il modifiait à chaque instant ses idées et ses expressions. […] Adjectifs, verbes, épithètes, il essayait tous les mots.

75. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il essaya vainement les eaux de Bath, et enfin les médecins lui conseillèrent de chercher un climat plus doux. […] Rien ne s’oppose à ce qu’une voix grave et franche essaie de se faire entendre parmi les chuchotements et les causeries. […] Quand la mémoire essaie de rassembler ce que l’œil a vu, elle est forcée d’avouer son impuissance. […] Quel acteur assez hardi voudra le prendre ou l’essayer seulement ? […] Aussi quand ils ont essayé l’amour, ils l’avaient deviné, et sans peine ils ont triomphé de leurs sens avilis.

76. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

C’est alors aussi que la littérature commence à les visiter et qu’ils s’essayent, à leur tour, à charmer le monde, après l’avoir menacé. […] Son ami n’essaya point de l’en arracher. […] Quelques instants après, Étienne parvint pourtant à se relever et essaya de marcher dans sa chambre. […] Je n’essayerai pas de me justifier, et j’avoue même que je me sens rougir en songeant à tes reproches. […] Étienne suivit la chienne, et de nouveau essaya de la prendre, et de nouveau elle lui glissa des doigts.

77. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Disons ce qu’était l’un : nous essayerons ensuite de faire comprendre ce qu’est l’autre. […] L’œuvre qu’il poursuivait n’était point une spéculation qu’il essayait d’accomplir, c’était une gloire qu’il convoitait : chez lui, il n’y avait ni préférence pour une école, ni inimitié contre l’autre. […] Buloz brisera, ou, du moins, essaiera de briser M. de Balzac. […] Buloz va essayer d’user de son influence sur Mme Mélingue pour qu’elle nie, ou la menacer de sa vengeance, si elle ne nie pas ; mais que M.  […] Scribe a assez de talent cependant pour réclamer sa part des injures qui essayent de monter jusqu’à Hugo, jusqu’à Sand, jusqu’à Eugène Sue, jusqu’à Soulié et jusqu’à moi.

78. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Pour nous, qui l’admirons sous ces deux formes et qui espérons que l’une n’a pas irrévocablement remplacé l’autre, nous essayerons de le suivre dans sa belle vie de poëte recouverte et compliquée, de le conduire du point de départ jusqu’à son œuvre nouvelle d’aujourd’hui. […] M. de Vigny, alors officier dans la garde, tantôt à Courbevoie, tantôt à Vincennes, mais toujours à portée de Paris et le plus souvent à la ville, essayait et caressait dans ce cercle ami ses prédilections poétiques. […] que de tissus essayés ! […] Des liaisons philosophiques très-empressées, qui essayèrent de se nouer autour de M. de Vigny vers 1829, et qui se rattachaient au remarquable mouvement d’idées représenté par M. […] « 14 juillet 1829. » La lettre suivante a plus d’importance, puisqu’elle roule tout entière sur cette méthode même de critique que j’essayais alors pour la première fois avec quelque étendue dans mes articles de la Revue de Paris : De Vigny qui en parlait de la sorte au début, et avec une complaisance infiniment trop marquée pour être mise sur le compte de la simple politesse, était certes bien loin d’estimer cette façon d’analyse fausse et mauvaise en soi, et, peu s’en faut, impie dans son application aux poëtes : il a attendu pour cela qu’elle le prît lui-même au vif pour sujet et qu’elle n’entrât pas absolument dans le joint de son amour-propre : « 29 décembre 1829.

79. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

J’ai entendu regretter que lorsque cette poésie française rajeunissante essaya, vers les années 1820-1830, de remonter par-delà Malherbe, de regarder à son passé, de se rattacher aux ancêtres et de ressaisir un souffle de la Renaissance ou du moyen âge, nos poètes modernes aient négligé ces vieux monuments, et ne s’y soient pas directement inspirés et ralliés, au lieu de se borner à des poètes du xvie  siècle, à Ronsard et à ses contemporains de la Pléiade, et de s’arrêter ainsi à mi-chemin, — au quart du chemin. […] Eustache Morel, dit Deschamps, mort après 1403, à plus de 90 ans, et qui fleurissait dans la seconde moitié du xive  siècle, poète moral, didactique, gnomique, patriotique, est un de ceux qu’on a essayé de faire valoir dans ces derniers temps. […] L’abbé Sallier, au xviiie  siècle, en découvrant Charles d’Orléans, en remettant en lumière les poésies de ce prince poète, essaya de le substituer à Villon et de le porter au trône de la poésie du xve  siècle. […] Les savants critiques qui ont essayé de frayer un sentier et de tracer une voie dans la presse des détestables rimeurs et rhétoriqueurs qui encombrent la fin du XVe siècle ont bien du mérite, et il ne faut pas moins que leur autorité pour que je me sente la force de les y suivre. […] Chez Mellin de Saint-Gelais, c’est à la fois délayé et rude ; il n’y a guère qu’un ou deux bons vers ; le traducteur ne lutte pas d’expression, il n’essaye pas ; sa langue n’est pas faite, son instrument n’est pas sûr ; l’art est absent ; il ne fait, en quelque sorte, que dégrossir son Ancien.

80. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Il n’en souffrit pas moins cruellement de l’affront qui lui était fait ; et alors, non pas, comme on l’a cru, par hypocrisie et pour complaire au roi, mais par un réveil naturel des sentiments religieux de sa première éducation, il songea à Dieu dans sa disgrâce, et il essaya s’il ne pourrait pas guérir son cœur en le tournant vers ce qui ne change point. […] C’est ainsi que les disgraciés et ceux que frappait le malheur raisonnaient et réfléchissaient au xviie  siècle : tantôt, comme M. de Bellefonds, comme M. de Tréville, ils entraient dans la retraite et la pénitence pour n’en plus sortir73 ; tantôt, comme d’Antin, ils en essayaient seulement en secret pour retomber bientôt au courant de leurs goûts mondains et de leurs faiblesses : mais c’était déjà quelque chose que d’essayer. […] Après avoir essayé de tous les raisonnements à la Sénèque, après s’être proposé des perspectives de loisir riant comme Atticus, d’Antin pose la plume pour cette fois, et il ne la reprend que quinze mois plus tard en revenant aux mêmes lieux, à ce château de Bellegarde ; mais quel changement dans l’intervalle !

81. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Une solennité où l’Académie française a l’honneur de présider l’Institut royal de France, a paru l’occasion la plus favorable pour déclarer les principes dont elle est unanimement pénétrée, pour essayer, en son nom, de lever les doutes, de fixer les incertitudes, de dissiper les craintes, et, s’il se peut, de prévenir les dissensions dont la littérature est menacée. […] Des partisans du romantisme ont essayé de le définir, et l’on a paru douter qu’ils se comprissent eux-mêmes : des adversaires du romantisme ont entrepris la même tâche, et ils n’ont satisfait personne, à commencer par eux. […] Qu’ils y arrivent, et il sera temps alors pour nous de les combattre, de leur démontrer que ces règles contre lesquelles on se mutine, sont pourtant les seules bases sur lesquelles puisse être assis le système dramatique d’un peuple éclairé, et qu’elles sont elles-mêmes fondées sur les résultats de l’expérience, lentement convertis en axiomes ; qu’elles ne sont pas, comme on a l’air de le croire, des lois imposées à l’imagination par le caprice d’un vieux philosophe grec du temps d’Alexandre, et que l’auteur de la Poétique n’a pas plus inventé les unités, que l’auteur de la Logique n’a créé les syllogismes ; que ces lois, établies pour les intérêts de tous, font seules du théâtre un art, et de cet art une source d’illusions ravissantes pour le spectateur et de succès glorieux pour le poète ; qu’elles ont le double avantage d’élever un obstacle contre lequel le génie lutte avec effort pour en triompher avec honneur, et une barrière qui arrête l’invasion toujours menaçante de la médiocrité aventureuse ; qu’on peut quelquefois essayer de reculer les limites de l’art, et quelquefois même, comme a dit Boileau, tenter de les franchir, mais qu’il ne faut jamais les renverser ; et qu’enfin, il en peut être de la littérature comme de la politique, où quelques concessions habilement faites à la nécessité des temps, préservent l’édifice de sa ruine, et le rajeunissent, tandis qu’une révolution complète, renversant tout ce qu’elle rencontre, bouleversant tout ce qu’elle ne détruit pas, plaçant le crime au-dessus de la vertu, et la sottise au-dessus du génie, engloutit dans un même gouffre la gloire du passé, le bonheur, du présent, et les espérances de l’avenir. […] C’est un fantôme qui s’évanouit du moment qu’on en approche et qu’on essaie de le toucher.

82. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

On avait essayé dans le temps de recueillir toutes les lettres de la mère Agnès comme on avait fait pour celles de sa sœur publiées en 1742-1744 ; mais l’entreprise était restée en chemin, soit qu’on n’eût pas réussi à réunir tout ce qu’on espérait, soit que le public qui s’intéressait à ce genre d’ouvrages eût fort diminué à mesure qu’on avançait dans le xviiie  siècle. « Il y a lieu surtout d’être étonné, remarquait dom Clémencet au sujet de ces mêmes lettres, que nous en ayons si peu de celles qu’elle a écrites à la reine de Pologne, avec laquelle les mémoires de Port-Royal nous apprennent que la mère Agnès continua la relation qu’avait eue la mère Angélique durant les sept années que cette reine survécut. » C’est qu’on avait eu, dès le principe, moins de précautions dans un cas que dans l’autre pour s’assurer de ne rien perdre. […] Le Maître lui avait écrit en termes exaltés des mérites et des beautés de sa fiancée future, elle essayera de l’entendre, — de supposer qu’il l’entend de l’épouse du Cantique des cantiques, de la seule épouse spirituelle digne de ce nom, de l’Église : Mais en écrivant, ceci, je relis votre lettre, et, comme me réveillant d’un profond sommeil, j’entrevois je ne sais quelle lumière au milieu de ces ténèbres, et quelque chose de caché et de mystérieux dans des paroles qui paraissent si claires et si communes. […] La mère Agnès la rassurait ou du moins essayait de la consoler en lui citant son propre exemple ; car privée de l’odorat, disait-elle, dès l’âge de dix-huit ans, elle avait fort bien vécu depuis sans s’apercevoir de la privation.

83. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Flottant de Béranger à Quinet, il essayait de les comprendre l’un et l’autre dans une même formule. […] Laissons dire le romancier dans une page heureuse : « Après dîner, Simiane essaya de faire causer son ami, et il lui adressa quelques questions littéraires. […] Lui aussi, il veut dire à la société ce qu’il pense d’elle ; il veut essayer si son esprit ne serait point par hasard le pivot sur lequel ce siècle doit tourner. » Simiane se déclare alors, et, pour le guérir du fatal projet, après avoir consulté Juliette du regard, il raconte sa propre histoire.

84. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Le plus modeste universitaire s’y essayait à l’art de Paradol ou à celui de Taine. […] Nous étions sortis de l’École Normale, mes camarades et moi, très admirateurs des grandes constructions d’art littéraire que Taine avait édifiées, mais au fond très décidés à ne point nous mettre au service d’un système, tout préparés par nos maîtres, Fustel de Coulanges, Tournier, Boissier, Lavisse, qui nous avaient donné l’idée des méthodes exactes, à essayer d’adapter à l’histoire littéraire de la France les procédés de la critique ancienne et de l’histoire. […] Elle n’agit plus, dès qu’il a un texte sûr : il n’essaie pas d’atténuer l’impression qu’on peut recevoir de la société de Racine avec la Champmeslé et tous ceux, mari et amants, avec lesquels il la partagea paisiblement.

85. (1890) L’avenir de la science « Préface »

La nuance fugitive, que le vieux français regardait comme une quantité négligeable, j’essayais de la fixer, au risque de tomber dans l’insaisissable. […] J’essayai d’abord de retrancher ces doubles emplois ; mais il fut bientôt évident pour moi que j’allais rendre ainsi le livre tout à fait boiteux. […] Quand j’essaye de faire le bilan de ce qui, dans ces rêves d’il y a un demi-siècle, est resté chimère et de ce qui s’est réalisé, j’éprouve, je l’avoue, un sentiment de joie morale assez sensible.

86. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

« … Parallèlement à ces réalisations, un grand nombre d’études, les unes théoriques, les autres critiques, ont été publiées ; des conférences ont été faites : ainsi s’est peu à peu étendue et essayée la Volonté novatrice qui, bientôt, régnera. […] Pottecher, devant des auditeurs sincères et vraiment populaires, a essayé à Bussang le pouvoir de la comédie sociale. […] Roger Le Brun, dans Le Bonheur des Hommes essayait le drame moderne le plus simple et le plus émouvant, parce qu’éternel, la révolte du sang et l’orgueil du sacrifice.

87. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Si j’essaye de violer les règles du droit, elles réagissent contre moi de manière à empêcher mon acte s’il en est temps, ou à l’annuler et à le rétablir sous sa forme normale s’il est accompli et réparable, ou à me le faire expier s’il ne peut être réparé autrement. […] Si j’essayais d’échapper à cette nécessité, ma tentative échouerait misérablement. […] Mais elle s’accuse dès que j’essaie de lutter contre eux.

88. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Cette tendance s’est de plus en plus accentuée depuis Kant : tandis que le philosophe allemand séparait nettement le temps de l’espace, l’extensif de l’intensif, et, comme nous dirions aujourd’hui, la conscience de la perception extérieure, l’école empiristique, poussant l’analyse plus loin, essaie de reconstituer l’extensif avec l’intensif, l’espace avec la durée, et l’extériorité avec des états internes. — La physique vient d’ailleurs compléter l’œuvre de la psychologie sur ce point : elle montre que si l’on veut prévoir les phénomènes, on doit faire table rase de l’impression qu’ils produisent sur la conscience et traiter les sensations comme des signes de la réalité non comme la réalité même. […] Mais on peut aller plus loin, et affirmer que des formes applicables aux choses ne sauraient être tout à fait notre œuvre ; qu’elles doivent résulter d’un compromis entre la matière et l’esprit ; que si nous donnons à cette matière beaucoup, nous en recevons sans doute quelque chose ; et qu’ainsi, lorsque nous essayons de nous ressaisir nous-mêmes après une excursion dans le monde extérieur, nous n’avons plus les mains libres. […] Or nous avons essayé de prouver que la durée en tant que durée, le mouvement en tant que mouvement, échappent à la connaissance mathématique, laquelle ne retient du temps que la simultanéité, et du mouvement lui-même que l’immobilité.

89. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Un matelot qui sait les parages s’offre pour essayer d’entrer le Vétéran dans le petit port de Concarneau. […] Et ici, franchissant les années pénibles, on n’a qu’à noter le bon sens avec lequel le roi Jérôme apprécia la situation que lui faisaient les événements de 1813 : « Roi par les victoires des Français, disait-il, je ne saurais l’être encore après leurs désastres. » Mais ce serait faire injure à sa mémoire que de louer la fidélité avec laquelle il s’exécuta, sans prêter un seul instant l’oreille aux fallacieuses promesses par lesquelles on essayait de le détacher.

90. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

L’un de ses principaux mérites, à nos yeux, c’est d’avoir essayé de montrer que certains termes abstraits ne paraissent inexplicables que parce qu’ils sont trop éloignés des concrets d’où ils sont tirés. […] Comme il est presque impossible, en restant exact, d’analyser une analyse, nous n’essayerons pas de suivre l’auteur dans son examen des idées de ressemblance et différence, antécédent et conséquent, position dans l’espace, ordre dans le temps, quantité, qualité, etc.

91. (1883) Le roman naturaliste

C’est alors qu’il essaya du théâtre ; — et ce fut sa dernière erreur. […] Si l’on essayait en effet de caractériser d’un mot la manière et le talent de M.  […] Essayons de l’éclaircir et de la préciser. […] Essayez, en effet, de la changer de son milieu. […] C’est un peu ce que M. de Goncourt a essayé, mais, à ce que j’ose croire, sans beaucoup de succès.

92. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

C’est ce que j’ai essayé de déterminer en esquissant ces portraits. […] Félicitez-le de sa sincérité et n’essayez pas de discuter avec lui. […] Essayez de le traduire en prose : vous mettez ses héros en pantoufles. […] Il ne l’a pas même essayé. […] Il l’obtint, l’essaya, n’en tira que des effets médiocres et s’en plaignit.

93. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Corneille essaie de s’affranchir du joug des conventions et même des convenances. […] Ils essaient donc de modeler la réalité sur leur idéal ; leurs écrits sont des actes qui poussent dans le sens de leurs désirs et de leurs opinions. […] Plus tard, la Convention décrète et essaie d’organiser la république démocratique, mais sacrifie en partie la liberté à l’égalité. […] Elle devient elle-même militante, agissante ; elle travaille à la refonte des codes et à la destruction des abus ; elle essaie d’apporter sa part à l’élaboration de l’avenir. […] Quoi qu’il en soit, on peut essayer de marquer quelques-unes des modifications déjà opérées.

94. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Nous en étions, et, après d’autres sur qui nous n’aurons que cet avantage, nous essayerons d’en dire quelque mot. […] que les admirables confidences étaient les bienvenues dans ce cadre orné et simple où elles s’essayaient ! […] Le deuxième volume renferme un chapitre aux Infortunés, dans lequel, à travers les conseils et les règles de conduite que l’auteur essaye de déduire, on lit toute l’histoire de sa vie d’émigration et de sa noble pauvreté : « Je m’imagine, s’écrie-t-il, que les malheureux qui lisent ce chapitre le parcourent avec cette avidité inquiète que j’ai souvent portée moi-même dans la lecture des moralistes, à l’article des misères humaines, croyant y trouver quelque soulagement. […] Essayerai-je de montrer le parti qu’on peut tirer de la condition la plus misérable ? […] Triste, dégoûté de tout, voyant sa sœur peu heureuse, sa mère peu consolante, craignant son père au point que, si au retour de ses courses sauvages il l’apercevait assis sur le perron, il se fût laissé tuer plutôt que de rentrer au château, le chevalier essaya en effet de mourir ; il s’enfonça dans un bois avec son fusil chargé de trois balles : l’apparition d’un garde l’interrompit.

95. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Chaque trait s’ajoute à son tour, et prend place de lui-même dans cette physionomie qu’on essaye de reproduire ; c’est comme chaque étoile qui apparaît successivement sous le regard et vient luire à son point dans la trame d’une belle nuit. […] Toujours, nous le croyons, le goût et l’art donneront de l’à-propos et quelque durée aux œuvres les plus courtes, et les plus individuelles, si, en exprimant une portion même restreinte de la nature et de la vie, elles sont marquées de ce sceau unique de diamant, dont l’empreinte se reconnaît tout d’abord, qui se transmet inaltérable et imperfectible à travers les siècles, et qu’on essayerait vainement d’expliquer ou de contrefaire. […] Les jésuites cherchèrent à s’attacher Diderot ; il eut une veine d’ardente dévotion ; on le tonsura vers douze ans, et on essaya même un jour de l’enlever de Langres pour disposer de lui plus à l’aise. […] Il essaya de se faire le précepteur particulier des fils d’un riche financier, mais cette vie d’assujettissement lui devint insupportable au bout de trois mois. […] Omettant les choses plus connues, je recommande à ceux qui ne l’ont pas lue encore la Correspondance de Diderot avec mademoiselle Jodin, jeune actrice dont il connaissait la famille, et dont il essaya de diriger la conduite et le talent par des conseils aussi attentifs que désintéressés.

96. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

………………………………………………………………………………………………… Tandis que le Naturalisme essaye vainement de casser les ailes à la fantaisie et de mettre l’imagination sous clef, la fantaisie s’enfonce dans le pays des rêves d’un vol fou et l’imagination vagabonde dans les plus étranges sentiers. […] Enragés de délices inconnues, ils essaient d’exprimer ce qui a semblé inexprimable jusqu’à présent. […] On peut penser tout ce qu’on voudra de cette violence, en rire ou s’en alarmer, mais il nous semble qu’il ne s’en est point vu d’aussi curieuse depuis que Ronsard essaya de parler grec et latin en français, et qu’elle vaut la peine qu’on s’y arrête une fois. […] Mais enfin, le passé de l’esprit humain lui échappe en partie et, quand il a essayé d’établir les prolégomènes du naturalisme dans le roman et au théâtre, il a montré beaucoup d’incertitude. […] Après cela, vous permettrez que j’essaye de me justifier sur certains points de votre critique : Vous voulez que j’écrive Comynes et non Commines.

97. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Essayons donc de voir quel est le système de l’école naturaliste et de quelle interprétation de la réalité, volontaire ou inconsciente, elle procède. […] Ils se disent adieu dans une dernière poignée de mains, tandis que la sœur aînée, après avoir un moment essayé de forcer sa nature en cherchant auprès d’un homme du monde et d’un artiste les bénéfices et les élégances du vice entretenu, se lasse des contraintes qu’il lui faut s’imposer dans une vie sociale plus relevée, revient aux amans de sa classe et retourne avec joie au ruisseau qui, bien décidément, est sa vraie patrie. […] Il n’est point exact, ainsi qu’il le prétend, qu’il ait le premier essayé de se mettre en face de l’humanité réelle et vivante ; mais ce qui est exact, et il convient de lui accorder cette originalité, c’est qu’il a sa psychologie et son observation particulières, qu’il voit la vie contemporaine et s’efforce de la représenter à sa manière, avec un parti pris, brutal si l’on veut, mais décidé. […] Si les romans naturalistes étaient l’exacte peinture de la société française, en vérité il serait bien inutile d’essayer de sauver cette société ; on n’y trouverait pas les cinq justes qui eussent suffi au salut de Sodome. […] nous avons été si souvent payés de mots que nous nous défions aujourd’hui de cette monnaie ; avant de l’accepter pour bon argent, nous demandons à l’essayer d’abord.

98. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Quelques hommes qui avaient assez de sagesse et de fermeté de raison pour l’entendre et en devancer de loin les solutions, parlaient à des sourds, et quand ils essayaient, comme L’Hôpital, d’introduire publiquement la modération par des édits, ils ne faisaient que prêter des armes immédiates aux passions. […] Elle s’y adonna avec un dévouement à la cause commune qui ne saurait se contester : ni le maréchal de Bouillon qui finissait et qui dès longtemps n’était plus qu’un politique consultant, ni le vieux Lesdiguières qui pensait à se convertir et à se retourner contre ses anciens frères, ni les La Trémouille, ni les La Force, ni les Châtillon, dont les résolutions n’étaient pas de longue haleine, aucun n’essaya, dans ces nouvelles levées de boucliers, de le disputer aux Rohan. […] Ce n’est pas à moi d’essayer de faire l’histoire de ces mémorables exploits en ces passes si disputées, et de cette prise de La Rochelle, après plus d’un an de blocus et trois expéditions navales des Anglais impuissantes à la secourir. […]  » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.

99. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Il avait déjà écrit quelques contes ou nouvelles (Contes d’un Planteur de choux) ; il s’était essayé dans la presse de province, et il aspirait à faire des articles critiques plus en vue. […] Essayez donc vous-mêmes d’appliquer ce principe à l’étude des deux poètes les plus grands qu’ait produits la nature humaine, Homère et Shakspeare ! […] Dans les derniers temps, ses amis, en étant assez de l’avis que j’exprime, ont essayé de lui accorder davantage ; on a dit qu’il avait fait des progrès en sérieux, en solide, en fermeté. […] Les amis de M. de Pontmartin (et il en a de bien maladroits) ont essayé de s’égayer de ce passage, comme si je lui avais fait un reproche de pédant.

100. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Abandonné alors à une accablante apathie, totalement dépourvu d’idées, de sentiments et de ressorts, tout me devint à charge, la prière, l’oraison, tous les exercices de piété, et la lecture, et l’étude, et la retraite, et la société ; je ne tenais plus à la vie que par le désir de la quitter, et mon cœur éteint ne trouvait une sorte de repos léthargique que dans la pensée du tombeau. » Je sais tout ce qu’il faut rabattre de ces descriptions désolées où se complaît involontairement la plume qui s’y exerce, et qui s’essaye déjà à l’éloquence ou à la déclamation publique sans s’en douter ; mais elles sont trop habituelles et trop opiniâtres chez La Mennais pour n’être pas significatives. […] La Mennais a mis à peine le pied sur la grande scène, qu’il conçoit l’idée d’un rôle bien différent, d’une action publique à exercer sur l’opinion, et il essaye d’y associer son aîné. […] J’ai fait œuvre de charité, moi philosophe, d’essayer de lui indiquer son chemin ; mais je crains bien qu’il ne m’en sache pas très bon gré. […] Quant aux passions naturelles à la jeunesse, il se les interdit de bonne heure et les supprima ; si l’on essaie de regarder de ce côté, on entrevoit qu’il en a senti seulement la violence et l’âpreté, non la tendresse.

101. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Réaction, après tout, superficielle et à grand fond, secousse et agitation légère d’esprits blasés, ennuyés, qui se retournent par dégoût, et qui essayent aujourd’hui de ce qu’ils ont rebuté hier, pour ressentir quelque chose !  […] Prenez des noms, je ne m’en charge pas, mais essayez. […] Napoléon était de ceux qui sentent tout ce qu’une grande époque littéraire ajoute à la gloire d’un règne ; il essaya de classer, d’échelonner sur les degrés du trône les gens de lettres de son temps, de dire à l’un : Tu es ceci ; et à l’autre : Tu feras cela. […] (On a essayé dans cette réimpression, moyennant les notes et post-scriptum ajoutés en plus d’un cas au premier portrait, de donner un aperçu de ce que deviendrait le second.)

102. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Dans son discours de réception à l’Académie française (24 novembre 1807), on le voit essayer sa théorie. […] Dans les années qui suivirent, Raynouard essaya de pousser sa veine tragique en s’attachant à des sujets historiques nationaux : il donna Les États de Blois (1810)4, qu’il publia ensuite avec toute sorte d’accompagnements et de pièces justificatives ; mais il ne retrouva plus la même chance. […] Qu’on essaye de se représenter par la pensée l’état de l’ancienne France, de la Gaule, au moment où la domination romaine qui y régnait s’y brisa de toutes parts, et où les barbares, les Wisigoths, les Burgondes, les Francs, y firent invasion. […] [NdA] On a essayé depuis de faire honneur à Raynouard d’un trait de son discours académique : parlant d’un Émilius Scaurus qui, dans une tragédie d’Atrée, avait imité quelques vers d’Euripide où les délateurs aperçurent et dénoncèrent quelque allusion politique, le récipiendaire disait : « Scaurus reçut l’ordre de mourir, et s’y soumit avec courage : Tibère régnait. » M. de Féletz, dans le compte rendu de la séance, se plaisait à remarquer que ce mot prononcé par Raynouard d’une voix forte avait été couvert d’applaudissements : « Le trait était hardi en 1807 », ajoute-t-il en note.

103. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Elle établit une tradition en philosophie : à travers tant de systèmes changeants, elle retrouve et essaye de dégager ce que Leibniz appelait la philosophie perpétuelle, perennis philosophia. […] C’est là le fait le plus général et le plus éclatant qui résulte de l’histoire de la philosophie, et plusieurs fois on a essayé de classer, de caractériser ces types primitifs et élémentaires auxquels se ramènent toutes les formes systématiques de la pensée humaine. […] On essaye de remplir l’abîme par la création continuée, les causes occasionnelles, la promotion physique ; on invente les émanations alexandrines, le process hégélien, etc. […] On essaye maintenant de le réconcilier avec l’empirisme ; or cela même, c’est le détruire.

104. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Le poëte tragique, en particulier, était à l’aise et suffisamment inspiré, dans cette vaste enceinte et cette infinie variété de la représentation tragique, telle que l’esprit la concevait alors, pouvant essayer tous les spectacles, depuis les splendeurs des rois jusqu’à la mendicité des bannis, depuis la terreur la plus éloquente jusqu’à la bouffonnerie, depuis la majesté d’Agamemnon et le délire religieux de Cassandre jusqu’à la fureur d’Oreste et au sommeil des Euménides trompées par Apollon, depuis les Choéphores jusqu’au Cyclope, Le poëte tragique, avec cette fécondité d’un art nouveau, multipliait ses œuvres pour les grandes fêtes de chaque année ; mais il ne s’exerçait pas ailleurs et pour une moindre occasion que les Panathénées et que la Grèce accourue dans Athènes. […] Les frères d’Eschyle, les deux guerriers dignes de son nom par leur courage, comme son courage à lui-même était digne de son génie, le pressaient un jour d’écrire un hymne à l’honneur d’Apollon ; il leur répondit « que la chose était faite dès longtemps, et pour le mieux, par le poëte Tynnichos ; que si à l’œuvre de celui-ci il opposait maintenant une œuvre nouvelle et sienne, elle aurait même fortune que les statues récentes des dieux, en présence de leurs statues antiques : c’est-à-dire que celles-là, rudes et simples, sont réputées divines, et que les autres, plus jeunes et travaillées avec plus d’art, sont admirées, mais qu’elles ont moins du dieu en elles. » Devant Eschyle, son ancien de si peu d’années, Pindare dut raisonner de même ; et, content de sa gloire lyrique renouvelée sous tant de formes, liée à tant de faits royaux et domestiques, il n’avait pas à essayer cette autre gloire du théâtre élevée si haut dans Athènes. […] Mais, sans anticiper ici sur l’histoire de cette décadence que nous rencontrerons plus tard, essayons de marquer par quelques autres détails ce qui dut inspirer et retenir dans le cercle lyrique la vocation du poëte thébain. […] Mais nous sommes ici bien loin de ces injustes dédains d’un siècle trop raffiné ; nous essayons de comprendre, à la lumière du passé, Pindare comme Eschyle, et de les expliquer l’un par l’autre : car ils se touchent et se ressemblent.

105. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Ce dernier et vieux bras du grand fleuve de la légitimité, qui semblait peu guéable et qu’on essayait depuis longtemps de tourner ou de saigner de mille manières, parce qu’il gênait à chaque pas le développement social, avait été brusquement franchi par un accident sublime, par un miracle de l’audace populaire. […] Le but est marqué ; l’égalité, loi de la société future, est acquise ; on s’essaie encore, et l’on hésite autour du problème de l’association.

106. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

On essaie de réagir. […] Nous avons essayé d’être aussi concis et aussi complets que possible.

107. (1896) Écrivains étrangers. Première série

J’essaie mon costume, il me va, je suis ravi. […] Enfin, dans l’automne de 1848, à Bâle, il essaie de se tuer. […] Pater, qui tous deux ont essayé de faire renaître en Angleterre le roman historique. […] Couperus, j’essaie au moins d’en indiquer rapidement le sujet. […] Huret, avait naguère essayé de s’informer de l’état et des tendances de la littérature française.

108. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Rousseau Le volume d’œuvres inédites de Jean-Jacques Rousseau, que j’examinais dernièrement, contient quelques pensées et notes sur l’abbé de Saint-Pierre, dont Rousseau avait eu en effet les manuscrits sous les yeux et avait essayé de raviver les écrits morts en naissant. […] Je disais tout à l’heure que la nature semblait s’essayer, dans cette dernière moitié du règne de Louis XIV, à façonner des cerveaux un peu différents de ce qu’ils avaient été dans la première : il faut ajouter qu’elle y était fort aidée par ce grand auxiliaire et coopérateur nommé Descartes, qui était venu changer ou tout au tout la méthode de raisonner. […] Que d’idées devaient en effet s’essayer, s’agiter dans ce jeune monde, et de celles qu’on n’est pas accoutumé à attribuer au xviie  siècle !

109. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Il n’essaya jamais la chimère des vers métriques : une seule fois, il tenta de faire des vers sans rime. […] Car la langue littéraire de Rome est une création artificielle, et peut-être aurait-il été mieux ici d’essayer de ne point répéter les procédés un peu factices des écrivains latins. […] Le tort qu’il a eu, c’est d’essayer cela deux siècles et demi trop tôt : nos romantiques ont légué à nos naturalistes le goût des substantifs abstraits mis à la place des adjectifs classiques.

110. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Je veux dire qu’il faut essayer de mettre en lumière l’intérêt ou psychologique, ou philosophique, ou historique (principalement pour l’histoire des idées, du goût, de la civilisation) du texte choisi, et d’en faire sentir la valeur esthétique, la beauté. […] Nous sommes un public pour ces écrivains immortels au même titre que les gens de 1580 ou de 1670 ; et nous avons le même droit d’essayer sur nos consciences, nos sensibilités et nos intelligences, la vertu de leurs œuvres, de les obliger à révéler par les réactions de nos esprits des propriétés nouvelles, que les générations des siècles disparus n’ont pas ou n’ont qu’à peine soupçonnées4. […] Dans une étude récente sur la Vie morale selon les Essais de Montaigne (Revue des Deux Mondes, 1er-15 février 1924), j’ai essayé de distinguer nettement la pensée de Montaigne, telle qu’elle peut apparaître quand on l’étudie historiquement selon les règles d’une exacte critique, et l’interprétation qu’une conscience d’aujourd’hui, se plaçant dans une attitude analogue à celle de Montaigne, mais développant sans embarras ou dépassant selon les besoins et selon les lumières du temps présent les indications des Essais, pourrait en tirer pour l’usage présent de la vie.

111. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il y a bien plus : on s’intéresse à Roland, et personne ne s’intéresse à Don Quichotte, qui n’est représenté dans Cervantès que comme un insensé à qui on fait continuellement de mauvais tours....… Il y a dans le Roland furieux un mérite inconnu à toute l’antiquité, ce sont les exordes de ses chants ; chaque chant est comme un palais enchanté dont le vestibule est toujours dans un goût différent : tantôt majestueux, tantôt simple, même grotesque ; c’est de la morale, de la gaieté, de la galanterie et toujours du naturel et de la vérité. » (Ici Voltaire traduit en vers, mais traduit faiblement, quelques-uns des délicieux exordes que j’essayerai, à mon tour, de vous traduire en prose.) […] Moi-même j’ai essayé vingt fois dans ma vie, à tête reposée, de décrire sur une page en vers ou en prose cette indescriptible figure avec tous les détails des traits, des yeux, de la bouche, des cheveux, de l’attitude, sans avoir jamais pu y réussir. […] On ne décrit pas l’ivresse, on ne peint pas la verve ; la beauté est la verve de la nature ; la sienne semblait enivrer l’air qui l’enveloppait et qui devenait lumineux et tiède en la touchant ; elle marchait, comme les héroïnes surnaturelles de l’Arioste, dans un limbe d’attraits et de fascination auquel on n’essayait même pas d’échapper. […] « Ô généreux descendant d’Hercule, ornement et splendeur de notre siècle, Hippolyte (d’Este), puissiez-vous accueillir le peu que votre humble serviteur veut ainsi vous offrir ; ce que je vous dois, je peux essayer de le payer en paroles et en ouvrage d’encre, et, si je vous donne si peu, ne me l’imputez pas à ingratitude, puisque tout ce que je peux donner, je le donne à vous !  […] Voltaire l’a essayé en vers et n’a pas réussi ; il y faudrait la touche d’un Claude Lorrain.

112. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Lorsqu’on essaie de définir Rousseau par opposition aux philosophes de son temps, un homme nous gêne : c’est Diderot, cet adorateur de la nature, cette machine à sensations, cette source d’enthousiasme. […] Annecy et Mme de Warens attirent Rousseau, et il lâche son compagnon : il est reçu cordialement, et l’on essaie de lui ouvrir une carrière. […] Essayons maintenant de juger sommairement cette doctrine. […] C’était une pensée originale et haute d’essayer de fonder les relations de deux êtres unis par la société sur la franchise absolue de tous les deux, à l’égard de l’autre, et à l’égard de soi-même. […] Il a très bien senti qu’il était prématuré d’essayer de fonder une morale indépendante de l’idée de Dieu ; et il a repris son point d’appui sur la religion.

113. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Il essaie une autre fois de lutter de richesse avec une symphonie en la décrivant. […] Evolution semblable à celle de la littérature actuelle, qui, dégagée peu à peu des formes et des traditions du passé, essaie en tâtonnant de créer des moules nouveaux pour la pensée. […] Lorsque André Chénier essaie de reproduire la simplicité des idylles anciennes, David et son école se vantent de faire « de l’antique tout cru ». […] Un sonnet fameux ― peut-être ironique — essaya de préciser celle des voyelles. […] Des hommes accoutrés à la scandinave essayaient de mettre le feu à un sapin et chantaient d’un air inspiré en s’accompagnant d’une guitare.

114. (1903) La renaissance classique pp. -

Il a essayé de développer, de compléter, de préciser cette formule. […] Que serait-ce si l’on essayait, avec cette langue et ce style, d’exprimer des idées abstraites ? […] Nous essaierons de chanter, de raconter la vie. […] Nous n’essayerons point de nous guider si haut, et nous renoncerons pour toujours l’impersonnalité olympienne, parce qu’elle est « anti-humaine » au premier chef. […] Bientôt nous rapprendrons le charme et la vertu de l’ordre : nous essayerons de composer.

115. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Dès lors son attitude publique, fort peu d’accord avec ses mœurs privées et avec ses anciens sentiments secrets, essaye de se conformer à ce rôle. […] Après avoir préludé, comme Shakespeare, par quelques poésies de jeunesse et d’amour, Corneille essaya plusieurs chemins dramatiques. […] Cependant le père de Rodrigue essaye de calmer le comte de Gormas en lui reparlant de cette espérance. […] Ce serait là, en effet, le procédé tout à fait réaliste ; c’est celui qu’on a essayé parfois dans nos grandes pièces militaires. […] Aussi avait-on essayé, au Théâtre-Français, il y a quelques années, de réduire la pièce en trois actes : entreprise un peu audacieuse, dont j’ignore le succès.

116. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

J’essayerai de concilier ces deux termes opposés de traditionaliste et de révolutionnaire. J’essayerai d’être, en même temps, esthéticien et moraliste. […] Elle souffre en silence, essaye de se résigner. […] Ils s’insurgèrent et s’essayèrent à tourner M.  […] On essaya de discréditer sa personne, en même temps qu’on combattait son esthétique.

117. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Le vieux général Dagobert y commande et essaye, à force d’activité, de suppléer à l’inexpérience des nouvelles recrues. […] C’était le temps du blocus établi dans toute sa rigueur, et les négociants dont ces mesures prohibitives ruinaient le commerce essayaient de les éluder par tous les moyens : Depuis longtemps, raconte Pelleport, l’une des plus riches maisons de commerce du pays, — je tairai le nom —, avait eu recours à toutes sortes d’expédients pour faire entrer des marchandises anglaises en Hollande ; elle avait échoué. […] C’est ce que je vais essayer, à mon tour, de retracer religieusement et sans phrases. […] Les choses étaient dans cet état, lorsque deux colonnes ennemies marchèrent sur Belleville, et déjà elles atteignaient la grande rue, lorsque le duc de Raguse nous fit dire, à Meynadier et à moi, de rassembler ce qui nous restait de combattants pour essayer de repousser l’ennemi.

118. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

J’essayerais vainement d’en donner l’analyse, car c’est une analyse déjà, mais dont chaque trait est groupé, rapporté à son lieu et serré dans une trame. […] Nous allons essayer, après tant d’autres, de repasser, nous aussi, sur les traits de ce caractère et de cette figure digne de mémoire et qui mérite la gravure. […] Il ne faudrait pas essayer de faire l’histoire de Mme de Boufflers, dans sa jeunesse ; ses mœurs furent celles du grand monde de son temps, c’est-à-dire plus que légères. […] et de longs soupirs ridicules, mais celle que les délicats, les voluptueux, les prince de Ligne, les Saint-Évremont de tous les temps, ceux qui y ont vécu ou qui étaient dignes d’y vivre ont goûtée, ont décrite, ont vainement essayé de retrouver après l’avoir perdue, j’aurais voulu, moi aussi, te traverser et te connaître, mais non pas me renfermer en toi et y mourir !

119. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Essayerai-je de montrer le parti qu’on peut tirer de la condition la plus misérable ? […] Il revint à Dieu, et, malgré un scepticisme quelquefois renaissant, il essaya de persévérer. […] Son père a succombé dans le combat, et lui, resté sans protecteur à la ville de Saint-Augustin, il courait risque d’être enlevé pour les mines de Mexico, lorsqu’un vieil Espagnol, Lopez, s’intéresse à lui, l’adopte et essaye de l’apprivoiser à la vie civilisée. […] Il se trouve toujours sur son chemin, à son entrée, quelques hommes de bon esprit d’ailleurs et de sens, mais d’un esprit difficile, négatif, qui le prennent par ses défauts, qui essayent de se mesurer avec lui avec toutes sortes de raisons dont quelques unes peuvent être fort bonnes et même solides.

120. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Duclos a terminé son Histoire de Louis XI en disant : « Tout mis en balance, c’était un roi. » Gaillard, en rappelant ce mot, essaye de l’appliquer à La Harpe, et il dit « qu’à tout prendre, c’était un homme ». […] J’ai sous les yeux une lettre écrite par lui à Mme Récamier, qui, avec sa bonne grâce de tous les temps, avait essayé de se porter médiatrice : Vous savez mieux que personne, lui écrivait La Harpe, combien, dans cette malheureuse affaire, mes intentions étaient pures, quoique ma conduite n’ait pas été prudente. […] Mais celle-ci essaya en vain de balbutier quelques mots de son rôle, M. de La Harpe y coupa court, lui représentant que ce n’était ni l’heure ni le lieu de l’entendre, et il la remit au lendemain en la reconduisant poliment. […] Cela passe le jeu ; toute plaisanterie a cessé : « Vous verrez (essaye encore de dire avec ironie la duchesse de Grammont) qu’il lie me laissera seulement pas un confesseur ? 

121. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Lorsqu’il revint en 1822, le monde littéraire avait changé de face ; en philosophie, en critique, en poésie, tout s’essayait au renouvellement. […] Il essaya, dans les années suivantes, diverses fondations, celle d’un recueil périodique, la Semaine, qui n’eut pas de durée, et finalement la Tribune, qui vécut, mais lui échappa.

122. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Pourtant elle se montre aussi par de bons côtés, et nous essayerons dans un second article de rendre fidèlement l’impression qu’elle fait ici. […] Tous les tons de la prière sont essayés auprès d’elle, depuis la bouderie jusqu’à l’enjouement, témoin ce début de lettre, d’une insinuation charmante : « Il ne tient qu’à vous, madame, de m’apaiser et de m’empêcher de gronder ; que le roi ait la bonté de laisser en Espagne les vingt bataillons que sa majesté espagnole lui demande, nous serons contents.

123. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Mais au-dessous et dans les limites de la doctrine universelle, la liberté humaine, l’esprit de curiosité et d’intelligence, le génie enfin se sont exercés ; il y eut des théologiens, des philosophes, des poètes qui essayèrent de prêter des formes particulières, tantôt ingénieuses et subtiles, tantôt magnifiques et brillantes, à ce qu’ils croyaient la vérité. […] Dans Milly, dans la Vie cachée, le poète s’est essayé à des peintures qui, pour avoir plus de calme et de familiarité, n’en ont pas moins leur grandeur.

124. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Il fallait qu’ils conservassent, dans leurs rapports avec leur maître, une sorte d’esprit de chevalerie, qu’ils écrivissent sur leur bouclier pour ma dame et pour mon roi, afin de se donner l’air de choisir le joug qu’ils portaient ; et mêlant ainsi l’honneur avec la servitude, ils essayaient de se courber sans s’avilir. […] Quelques-uns de ses droits devaient être exercés sans être reconnus, d’autres reconnus sans être exercés ; et les considérations morales étaient saisies par l’opinion avec une telle finesse, qu’une faute de tact était généralement sentie, et pouvait perdre un ministre, quelque appui que le gouvernement essayât de lui prêter.

125. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Les premiers humanistes qui essayèrent, dans des traductions ou autrement, d’appliquer la langue vulgaire à de hautes pensées, se sentirent fort embarrassés. […] Grammairiens et écrivains s’imaginent rapprocher le français du latin et en panser la corruption, quand ils hérissent pédantesquement leur écriture de lettres parasites qu’ils croient étymologiques, et quand ils essaient de ramener violemment au genre masculin les mots en eur et en our dérivés du latin en or, que la spontanéité de la formation populaire avait faits féminins depuis des siècles.

126. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

On essaie d’abord de comprendre, ce qui, pour nous autres, Français de France, est toujours la première démarche de notre esprit, jusqu’à ce qu’on ait compris qu’il n’y a rien à comprendre et qu’il faut plutôt se laisser bercer par une mélodie qui n’est pas sans charme. […] Vielé-Griffin ne les considère pas du tout ; il se tourne simplement vers les paysages ; il en admire l’ensemble et il essaye de s’harmoniser le plus possible avec le décor qu’il y découvre.

127. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Vernier nomme plusieurs, essaya de lui composer une petite gloire posthume ; mais cet élégiaque artificiel, au désespoir mollasse et terne, répugnait à ce peuple italien, amoureux de concetti et de mots sonores. Cette gloire essayée se perdit bientôt dans des phrases absurdes : « Leopardi chanta l’enfer avec les mélodies du paradis », ce qui devait, par parenthèse, donner de l’enfer une fameuse idée !

128. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Je vais essayer cependant d’en finir avec cette conscience elle-même. […] Essayons, avec lui, de suivre la réalité dans ses détours, et voyons ce qui va se passer. […] Elle sera antérieure au savoir humain, qui ne fait que l’épeler lettre par lettre, antérieure aussi aux choses, qui s’essaient maladroitement à l’imiter. […] Nous avons déjà essayé d’établir ce point dans un précédent travail. […] Nous avons essayé de démêler ce qu’il y a de vrai et ce qu’il y a de faux dans cette idée, en ce qui concerne la spatialité (voir notre chapitre III).

129. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Nous essayerons de cette méthode à l’égard de notre ancien et fidèle collaborateur M.  […] Il s’essaya d’abord, non sans succès, dans les concours académiques : il eut un accessit à l’Académie française en 1815 pour une pièce de vers sur les Derniers Moments de Bayard, une mention en 1820 pour un Entretien sur l’Éloquence. […] Voyons un peu : Le goût et la connaissance du Théâtre-Français d’abord ; — il l’aimait, le suivait, il était même sur le point de s’essayer à l’Odéon par une bluette dans le genre d’Andrieux, une petite comédie anecdotique (Racine ou la troisième représentation des Plaideurs, 1826) ; La connaissance exacte et précise de la littérature classique moderne qu’il allait combattre dans ses derniers sectateurs, et dont il eût pu continuer presque indifféremment d’accepter les traditions, sauf de légères variantes, sous un régime plus régulier et mieux établi ; Un tour d’esprit et de style judicieux et ferme, une disposition à s’assimiler toutes les idées nouvelles en matière littéraire, et une habileté à les rendre avec autant de vivacité que si de tout temps elles avaient été siennes. […] Eh bien, il n’y a guère moins de trente-cinq ans, en décembre 1827, à propos du Mariage d’argent, la première grande comédie que Scribe essayait au Théâtre-Français et qui n’y réussit pas, M.  […] Je l’essayerai pourtant en ce qui est de M. 

130. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

La Volupté essaie de le retenir : ses conseils et ses promesses sont écartés dédaigneusement comme les promesses et les conseils de la Nuit. […] Chaque fois qu’un juste vient, comme Jésus de Nazareth, essayer de faire du bien, la foule le met en croix. […] La simplicité est exigeante ; elle demande qu’on s’absorbe « aux profondeurs de la pensée et du sentiment pour essayer d’en dégager le signe essentiel ». […] Parfois même, la vision s’entend et le cri devient visible : Et sur les horizons blanchis d’aube lustrale Monte, profil d’un cri, qui de bourg en cité, Tout en roc et granit se fût répercuté, L’hymne piaculaire et fier des cathédrales… Si j’essayais, pour définir Lacuzon, l’œuvre vaine des rapprochements, il me ferait penser uniquement à des puissances nobles, à des sommets abrupts que les foules ne graviront point : à Vigny dont la pensée s’exprime plus claire, moins précieuse, mais non plus grave ou plus hautaine ; à Leconte de Lisle dont le vers n’est pas plus solide, ni les évocations plus précises. […] Dès les premiers pas, comme une rose épineuse et hautaine j’ai aimé ce mot de satirique méprisant adressé aux inintellectuels : « Un certain bétail à pain » — Voici, bientôt après, une liane jolie, souple et solide et qui devrait lier mes fleurs, si j’essayais un bouquet « Ce livre est un document humain transporté dans le Rêve. » — Et nous sourient, en effet, de rêveuses corolles : « Les voix blanches qui parlent une langue invertébrée, dont aucun vocable ne s’efforce vers la réalité dure. » — « Quand tu parles, c’est tout bas, afin que le silence assourdissant se taise et ne décoordonne pas la moire des souhaits naissants. » — « J’ai permis que mes sentiments luttassent d’analogie avec les nuages dont me plaisent les bornes imprécises et l’indécision des formes. » Voulez-vous des beautés de précision ?

131. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Un autre jour, on voulut m’essayer une robe ; mais je ne voulais pas de la robe, et j’étais bien décidée à ne rien essayer. […] Il m’avait pris la main et essayait de me tirer en arrière. […] Ma tante s’y plaça avec moi, en riant de la manœuvre, pour essayer de me faire rire aussi. […] Ce n’était pas le moment d’essayer de se sauver. […] Son nez, spirituellement relevé, amusait beaucoup mon père, qui essaya plusieurs fois de le croquer.

132. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Essayez d’en troubler l’ordre, essayez de déplacer les couplets, et vous verrez quelle profonde réflexion, quelle prévoyance vigilante a présidé à leur enchaînement. […] Essaiera-t-il de conquérir par l’étude ce don nouveau que les abeilles n’ont pas déposé sur ses lèvres ? […] Toussaint essaie en vain de mourir les armes à la main, il est forcé de se rendre. […] Hugo ; essayer de démontrer cette vérité serait perdre son temps et faire injure au bon sens du lecteur. […] Il n’est donc pas étonnant qu’il bégaie lorsqu’il essaie de parler la langue de Virgile.

133. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Certes, et nous ne voulons pas le dissimuler, le physiologiste observateur eût vu là une misère irrémédiable ; il eût plaint peut-être ce malade du fait de la loi, mais il n’eût pas même essayé de traitement ; il eût détourné le regard des cavernes qu’il aurait entrevues dans cette âme ; et, comme Dante de la porte de l’enfer, il eût effacé de cette existence le mot que le doigt de Dieu a pourtant écrit sur le front de tout homme : Espérance ! « Cet état de son âme que nous avons tenté d’analyser était-il aussi parfaitement clair pour Jean Valjean que nous avons essayé de le rendre pour ceux qui nous lisent ? […] Dans cette pénombre obscure et blafarde où il rampait, chaque fois qu’il tournait le cou et qu’il essayait d’élever son regard, il voyait avec une terreur mêlée de rage s’échafauder, s’étager et monter à perte de vue au-dessus de lui, avec ses escarpements horribles, une sorte d’entassement effrayant de choses, de lois, de préjugés, d’hommes et de faits, dont les contours lui échappaient, dont la masse l’épouvantait, et qui n’était autre chose que cette prodigieuse pyramide que nous appelons la civilisation. […] « Il essaye de se défendre, il essaye de se soutenir, il fait effort, il nage. […] Écoutez, messieurs les juges, un homme aussi abaissé que moi n’a pas de remontrance à faire à la Providence ni de conseils à donner à la société ; mais, voyez-vous, l’infamie d’où j’avais essayé de sortir est une chose nuisible.

134. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Nous essayions de faire valoir auprès de lui la nouveauté au théâtre de l’acte de l’Opéra ; il nous répondait que cela avait été fait par tout le monde. […] puisque, dans ce moment du siècle, c’est une suspicion et une raison d’ostracisme que l’apparence de la fortune et du bonheur, il nous faut essayer de désarmer l’envie, en la consolant un peu. […] Tous ceux qui y ont assisté, peuvent dire le succès de la pièce dans cette soirée, la salle tout entière applaudissant, écrasant de ses bravos les quelques sifflets arriérés qui s’essayaient. […] Voici seulement ce que j’ai voulu faire entendre, c’est que mon frère et moi, débutant au théâtre, et désireux d’être joués, nous avions essayé de faire une pièce jouable, une pièce cherchée parmi les combinaisons théâtrales ordinaires, trouvant déjà assez brave d’avoir risqué l’acte du bal masqué, un acte qui avait le mérite de la nouveauté, et d’un esprit original, avant que cet esprit fût devenu l’esprit de tout le monde, avant qu’il eût servi, tout un hiver, aux engueulements des bals de l’Opéra de la rue Le Peletier. […] Et cette révolution, nous l’avons essayée, essayée seulement.

135. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Taine essaye de faire dépendre les arts ou les littératures, des sociétés dans lesquelles ils ont pris naissance : le principe des sélections et des éliminations qu’opèrent dans l’ensemble des artistes d’une époque ou d’un lieu, les circonstances, la condition sociale de cette époque et de ce lieu. […] Cet homme essayera de ne pas nuire, de ne pas accomplir des actes qui lui répugnent. […] Taine a tenté d’établir entre l’artiste et l’habitatdp soit de sa jeunesse et de sa famille, soit de sa race, à l’exemple de Sainte-Beuve qui avait déjà essayé d’expliquer par cette cause le talent de certains écrivains. […] Qu’il suffise de rappeler qu’un lecteur animé de dispositions bienveillantes et humanitaires ne goûtera pas pleinement des livres exprimant une misanthropie méprisante, comme l’Éducation sentimentale ; de même, un homme à l’esprit prosaïque et précis sera difficilement saisi d’admiration à la lecture de poésies qui font appel au sens du mystère, ou essayent de susciter une mélancolie sans cause. […] Aucun motif tiré soit de l’hérédité, soit de l’ascendant du milieu, ne peut faire que dans une nation restée politiquement et socialement intacte, un artiste ou plusieurs en viennent à essayer d’imiter les productions d’artistes étrangers.

136. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Vivant à Lyon, où il habite encore, il débuta vers 1841 par le poème de Psyché, dans lequel il essayait de rajeunir l’anciennefable, l’ancien mythe, et de l’approprier aux destinéesnouvelles de l’humanité : il n’a peut-être jamais rienfait de mieux pour la pureté du souffle et de l’accent. […] Cette poésie, qui essayait de spiritualiser la nature, avait son excès tout comme celle qui s’acharnait à la copier crûment et à la décalquer à l’emporte-pièce. […] Il y est même fait des allusions contre l’École normale et ce qui en sort, mais assez gauches et assez obscures ; il est juste que M. de Laprade, quand il essaye de manier l’ironie, n’y réussisse pas.

137. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Jusqu’au dernier moment du fatal procès, l’Espagne essaya d’intervenir et d’arrêter la sentence de mort : Danton, pour toute réponse, demanda que « sur-le-champ, pour punir l’Espagne de son insolence, on lui déclarât la guerre, et qu’on enveloppât le tyran de Castille dans l’extermination de tous les rois du continent. […] Le général de Flers, nommé ensuite général en chef, était un homme de trente-six ans, de naissance noble, qui avait servi sous Dumouriez, et que recommandait l’honorable capitulation de Bréda ; ami de la Révolution, mais froid, renfermé en lui-même, et déjà débordé, il n’eut que le temps de rendre à l’armée qui s’essayait un éminent service ; puis, destitué, dénoncé comme traître, il alla périr à Paris sur l’échafaud. […] J’essayerai de le découper dans son livre et de le montrer ici.

138. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Biot en était encore à se hâter sur leurs traces, à tâtonner ou à essayer de contredire. […] Il était fier, et avec raison, de cette découverte : « Auparavant, disait-il, les chimistes ressemblaient à des architectes qui, pour connaître un édifice, auraient commencé par le démolir et auraient prétendu ensuite juger de sa structure intérieure d’après la nature, le nombre et le poids des matériaux bruts, au lieu que maintenant, dans bien des cas, on peut saisir la constitution intime des corps sans les endommager, et distinguer les propriétés essentielles des particules mêmes en situation. » — Se plaignant que les chimistes tardassent trop à user de ce nouveau moyen d’investigation délicate : « Les chimistes ne sont que des cuisiniers, disait-il encore ; ils ne savent pas tirer parti de l’admirable instrument que je leur ai mis entre les mains. » Mais, enfin, il y eut de jeunes et habiles chimistes qui en essayèrent et qui donnèrent à M.  […] Biot était et demeura jusqu’à la fin un liseur infatigable ; on ne se fait pas idée de la quantité de livres de toutes sortes qu’il essayait et que quelquefois il dévorait d’un bout à l’autre.

139. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

On commence à déclarer ennuyeuse l’exposition de pensées et d’actions nobles ; on s’essaye à traiter toutes les folies. […] Lisant une des histoires quelconques de Napoléon qu’on publiait alors, il fait cette remarque, si justifiée depuis : « Le héros n’en est pas diminué ; au contraire, il grandit à mesure qu’il devient plus vrai. » Il essaye de lire Bourrienne, et le livre bientôt lui tombe des mains : « Cela », dit-il, « tiraille des brins à la frange et aux broderies du manteau impérial, déposé d’hier, et cela croit par là devenir quelque chose !  […] Le bon Eckermann, qui avait peur que la conversation ne changeât de cours, essaya de la ramener en disant : « Je crois cependant que c’est surtout quand Napoléon était jeune, et tant que sa force grandissait, qu’il a joui de cette perpétuelle illumination intérieure : alors une protection divine semblait veiller sur lui ; à son coté restait fidèlement la fortune ; mais plus tard… —  Que voulez-vous ?

140. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Non son mai per aver in sin ch’io spiro Che la sol fa la-mor, io mi-ro miro. » Nous n’essayons pas de traduire ces bizarres couplets. […] Nous nous bornerons à citer ce que ce dernier, homme d’esprit en même temps qu’artiste, dit à la scène septième de l’acte II de Colombine avocat pour et contre, où il essaye de donner une idée des talents mimiques de Scaramouche : « Après avoir raccommodé (mis en ordre) tout ce qu’il y a dans la chambre, Scaramouche prend une guitare, s’assied sur un fauteuil, et joue en attendant que son maître arrive. […] Il l’essaya plus d’une fois.

141. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

On a beau vouloir s’endormir sur l’oreiller d’une molle tranquillité, le doute revient plus angoissant que jamais, et quiconque a essayé de se réfugier dans l’indifférence, s’il mérite le nom d’homme, se surprend à murmurer avec Musset : « Je ne puis…, malgré moi l’infini me tourmente. » * *   * C’est pour retrouver la sécurité et l’équilibre perdu que tes esprits s’agitent. […] « Tout ce qu’on dit de cette passion, disait-elle, tout ce qu’on raconte n’est rien auprès de ce qu’a vu mon âme. » C’est là encore qu’Ernest Hello s’essaye à mettre de l’ordre dans les divagations apocalyptiques de Jeanne Chézard de Matel. […] Pourquoi, si quelque vrai talent essaie de ranimer en elle l’inspiration qui jadis y attirait les artistes comme dans leur cité naturelle et natale, toute la catholicité officielle le repousse-t-elle, bruyamment si c’est M. 

142. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

La sensibilité humaine a été s’augmentant et s’affinant de siècle en siècle ; et, les Goncourt l’ont quelque part remarqué, elle réserve encore bien des filons inexplorés à ceux qui essaient d’en rendre la complexité croissante. […] Je veux dire que tel écrivain aimera à considérer le détail, à étudier les infiniment petits, à décrire avec un soin minutieux un coin de nature ou une particularité de caractère, à débattre une question microscopique, à couper, suivant l’expression consacrée, un cheveu en quatre ; que tel autre, au contraire, se plaira aux grandes généralisations hâtives, aux considérations philosophiques hasardeuses, aux vastes systèmes embrassant l’univers ; qu’un troisième, réunissant les qualités de l’un et de l’autre, essaiera de concilier l’exactitude et la précision dans les moindres choses avec les vues d’ensemble suggérées par l’étude des faits particuliers. […] L’autre est la faculté modératrice, celle qui refrène les élans et les écarts de la première, qui essaie de lui imposer des règles et des limites : on la nomme la raison.

143. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Je me garderai bien d’essayer ici de donner d’elle une biographie ; les femmes ne devraient jamais avoir de biographie, vilain mot à l’usage des hommes, et qui sent son étude et sa recherche. […] Pourtant, comme on ne peut bien comprendre le caractère et le doux génie de Mme Récamier, cette ambition de cœur qui, en elle, a montré tant de force et de persistance sous la délicatesse ; comme on ne peut bien saisir, disons-nous, son esprit et toute sa personne sans avoir une opinion très nette sur ce qui l’inspirait en ce temps-là, et qui ne différait pas tellement de ce qui l’inspira jusqu’à la fin, j’essaierai de toucher en courant quelques traits réels à travers la légende, qui pour elle, comme pour tous les êtres doués de féerie, recouvre déjà la vérité. […] M. de Narbonne, présent, essayait d’engager la conversation, et, malgré son esprit, il n’avait pu y réussir.

144. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Essayons donc de pénétrer, plus avant que ne l’a fait Spencer, dans la nature de l’activité qui accompagne toute appétition et qui, dans le désir, se manifeste clairement à la conscience comme tendance ou tension interne. […] De même, nous sommes certains de vivre, mais essayez de vous représenter ce qu’est vivre. Nous sommes certains d’avoir conscience, mais essayez de vous représenter ce qu’est avoir conscience.

145. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il ne se prononçait ni pour l’autorité ni pour la liberté ; il n’essayait pas de les concilier : il attendait. […] Guizot n’a pas essayé. […] Malheureusement il s’est contenté de répéter ce qu’il avait lu, sans essayer de donnera ses souvenirs un caractère personnel. […] Guizot s’est essayé dans le champ de la philosophie. […] Si j’essaie aujourd’hui d’estimer la valeur littéraire de M. 

146. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Comprenant les besoins du monde, ils ont essayé de les satisfaire. […] Il a essayé de donner aux peuples les paroles de foi qu’ils demandent, qu’ils attendent, qu’ils espèrent, qu’ils sollicitent sans cesse.

147. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Des gens qui exploitent toutes les idées ont essayé pourtant. Ils ont essayé d’enfler cette baudruche, d’animer ce fantôme, de donner un peu d’épaisseur à ce rien… Ç’a été peine perdue, recherche inutile.

148. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Avant cela, il avait essayé, je crois, du Charivari et du théâtre. […] Il avait essayé du rire, du rire à large fente, et il s’en est fait un comme à la scène on se fait une tête ; car naturellement, si j’en crois le livre que j’ai sous les yeux, il n’est pas un esprit gai ; il n’a pas la promptitude, et la sveltesse, et le pétillement et la couleur rose qui font ce qu’on appelle la gaîté, du moins comme on l’entend en France, le seul pays où on la comprenne.

149. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Il soulève des questions que j’essaierai de traiter dans une autre étude. […] Quant au héros, sans doute anonyme dans les récits italiens, il reçut le nom de Tannhäuser, pour les raisons que j’ai essayé d’indiquer plus haut. […] L’explication mythologique n’est pas la seule qu’on ait essayé de donner de la légende du Juif Errant. […] Tous les poètes et romanciers, en France, en Allemagne, en Angleterre, qui ont essayé de la développer, ont échoué et devaient échouer. […] Helbig, a écrit une étude spéciale sur tous les poètes de son pays qui se sont essayés à mettre en scène le Juif éternel (Berlin, 1874) : ce n’est qu’un magasin de curiosités.

150. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Elles le furent par les écrivains qui nous occupent dans ce volume ; elles le sont par ceux qui essayent de marcher sur leurs traces. […] Ce qu’il est permis d’essayer, c’est le résumé, l’analyse raisonnée et philosophique des notes diffuses que l’on doit à la patience des érudits ; ce que nous essayerons, c’est, d’une part, l’examen de la sensibilité et du caractère de l’homme ; d’autre part, l’exposé de sa pensée et de sa doctrine ; c’est la peinture de son âme et de son cerveau. […] Edmond de Goncourt répond implicitement à la thèse soutenue par Théophile Gautier, et qu’il essaye d’établir entre les évolutions de son âme et de l’âme de son frère un parallélisme tellement absolu qu’elles arrivent à se confondre en une sorte d’unité. […] La simple vérité, c’est qu’elle a déconcerté les lecteurs en franchissant les limites habituelles qu’on lui assigne, et que non contente de s’attacher à l’homme seulement, elle a essayé d’embrasser l’univers. […] Déjà vers cette époque, il commençait à se mêler d’écrire, ce qui signifie, quand on songe à sa jeunesse, qu’il s’essayait à pasticher les modèles de son choix.

151. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Mais on aura vu, je l’espère, par la nature même de la discussion, qu’en la posant il avait essayé de la résoudre, — et c’est bien mieux encore. […] N’essayons donc point, avec M.  […] Essayons d’en montrer l’importance. […] Quelques voix plus équitables essayèrent en vain d’en appeler. […] Leur passion les plonge dans « une mer d’infortunes », d’où ils essayent vainement de se sauver.

152. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Je vais essayer de le dire. […] Depuis vingt ans, le roman a essayé de tout, et s’est lassé de tout. […] Qu’il essaie d’enclaver les paysans dans ses nouveaux domaines, tant mieux. […] — Voyons, essayons de nous comprendre. […] Cela étant, essayez donc de traiter une œuvre d’abord d’après ce système abominable, seulement pour rire.

153. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Pendant six mois, il essaya de se préparer ; mais il lisait sans comprendre ; une fièvre nerveuse le minait. […] Il essayait de s’occuper mécaniquement, par exemple en fabriquant des cages à lapins, en jardinant, en apprivoisant des lièvres. […] À la place de l’ancien moule, ils essayaient la stance, le sonnet, la ballade, le vers blanc, avec les rudesses et les cassures des poëtes primitifs. […] Ses premiers souvenirs s’étaient imprimés en lui à l’âge de trois ans, dans une ferme où on l’avait porté pour essayer l’effet du grand air sur sa petite jambe paralysée. […] En attendant, le réseau de fils imperceptibles par lesquels Wordsworth essaye de relier tous les sentiments et d’embrasser toute la nature casse sous mes doigts : il est trop frêle ; c’est une toile d’araignée tissée, étirée par une imagination métaphysique, et qui se déchiré sitôt qu’une main solide essaye de la palper.

154. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Le livre du Sentiment atteste à chaque page cette indécision d’un talent qui s’essaye, ce naïf empressement de l’âme vers tout rayon qui la colore. […] » Le Journal des Débats montra moins d’indulgence3 ; ce journal, dans son premier brillant, avec son état-major critique au complet, était alors en tête de la réaction classique, et contribuait à réduire à l’ordre le mouvement d’insurrection littéraire qui s’essayait à la suite des révolutions politiques. […] Ballanche, telle que nous avons essayé de la tracer, que ce n’est point par voie d’analyse ou de logique qu’il a composé l’ensemble de son système. […] Ce mal est si beau dans de tendres jeunesses, il tient de si près au dévouement et à l’amour des hommes, il est, pour ainsi dire, si sacré, qu’on est tenté de l’envier pour soi, bien loin d’essayer chez d’autres de le guérir. […] Buloz l’avait vu et avait essayé de le faire parler), ses refus calculés de prononcer une seule parole qui donnât tort aux violents, m’apprirent qu’il n’avait lui-même qu’à un assez faible degré, nonobstant son renom de générosité, le sens spontané de la justice17.

155. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

On y croirait d’abord apercevoir des différences, mais pour peu qu’on essaie de les préciser, elles s’évanouissent, et tout se confond. […] Encore n’est-ce pas assez dire, et, sachant par ailleurs que tel Conte ou tel Mystère a vu le jour pour la première fois en France, ou en Italie, c’est en vain que nous nous efforçons de reconnaître en lui des traces de son origine, une empreinte locale, quelqu’un enfin de ces traits de cc race », à la détermination psychologique ou esthétique desquels on a trop souvent, en notre temps, essayé de réduire toute l’histoire de la littérature. […] Mais ces cantilènes n’ont absolument rien de lyrique et, pour peu qu’on essaie d’en imaginer la nature, elles ne sont à proprement parler que de l’épopée, diffuse, de l’épopée qui n’est pas encore, qui devient, mais déjà de l’épopée. […] Dans les formes conventionnelles qu’ils empruntent à ces premiers maîtres, et dont ils subissent docilement les exigences, quand encore ils ne les modifient pas pour en rendre la contrainte plus étroite et plus monotone, nos trouvères, — un Quesne de Béthune, le sire de Couci, Thibaut de Champagne, Huon d’Oisi, Charles d’Anjou, — tous de race noble, essaient de faire entrer l’expression de leurs sentiments personnels. […] C’est ce que ne sauront pas ceux qu’on verra plus tard s’en moquer, ni peut-être ceux qui, de nos jours, essaieront d’en faire sortir les commencements du théâtre moderne.

156. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Vers le troisième mois, elle commence à tâter avec ses mains, à avancer ses bras ; mais elle ne sait pas encore diriger sa main, elle palpe et remue vaguement ; elle essaye les mouvements des membres antérieurs et les sensations tactiles et musculaires qui en sont l’effet ; rien de plus. À mon avis, c’est de cette multitude énorme de mouvements perpétuellement essayés que se dégageront par sélection graduelle les mouvements intentionnels ayant un but et atteignant ce but. — Depuis quinze jours (deux mois et demi), j’en constate un qui est visiblement acquis : entendant la voix de sa grand’mère, elle tourne la tête du côté d’où vient la voix. […] Pendant plusieurs mois, elle a essayé spontanément tous les mouvements des bras, la flexion de la main sur le poignet, le rapprochement des mains, etc., puis, après enseignement et tâtonnements, elle est parvenue à frapper les mains l’une contre l’autre, comme on le lui a montré en disant bravo, à tourner régulièrement les mains ouvertes comme on le lui a montré en chantant au bois, Joliette, etc. […] Quand on l’écoute avec attention et quand on essaye de le reproduire soi-même, on s’aperçoit que c’est le geste vocal naturel de quelqu’un qui happe quelque chose ; il commence par une aspirée gutturale voisine d’un aboiement et finit par l’occlusion des lèvres exécutée comme si l’aliment était saisi et englouti ; un homme ne ferait pas autrement si parmi des sauvages, les mains liées, et n’ayant pour s’exprimer que ses organes vocaux, il voulait dire qu’il a envie de manger […] À présent (sixième et septième mois), il se plaît à essayer beaucoup de contacts, notamment celui d’un journal étendu qu’il foule et ploie. 5º Atteindre les objets qu’il aperçoit.

157. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

On l’a essayé et on a réussi. […] J’ai essayé plusieurs fois d’indiquer cette évolution ; à mon avis, il y a là une voie nouvelle ouverte à l’histoire, et je vais tâcher de la décrire plus en détail. […] Il y eut une de ces contrariétés, lorsqu’au dix-septième siècle, le rude et solitaire génie anglais essaya maladroitement de s’approprier l’urbanité nouvelle, lorsqu’au seizième siècle le lucide et prosaïque esprit français essaya inutilement d’enfanter une poésie vivante. […] J’ai essayé plusieurs fois d’exprimer cette loi, notamment dans la préface des Essais de critique et d’histoire.

158. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Nous essayerons, après quelques critiques français bien informés et compétents60, d’indiquer ici ce qui ressort nettement de ces publications décisives. […] Ennuyé toutefois de l’exil, il essaya de se remettre dans les bonnes grâces d’Alphonse, mais sans y réussir. […] Sa veuve Chimène essaya de se maintenir dans Valence et y réussit pendant deux années encore : après quoi, désespérant de s’y défendre, et au bout d’un siège soutenu durant sept mois, les chrétiens quittèrent la belle cité en la brûlant (mai 1102). […] Pour s’en assurer, il les fait appeler et les essaye l’un après l’autre ; il les tâte, au pied de la lettre, en serrant de sa rude poigne (tout cassé qu’il est) leurs faibles et tendres mains, jusqu’à les faire crier ; « Assez, seigneur, s’écrient les patients, assez !

159. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

C’était en effet avec quelques anneaux ainsi choisis à distance, et en omettant bien des intermédiaires, que l’on pouvait parvenir, moyennant un peu de bonne volonté, à établir une espèce de chaîne continue dans la doctrine déjà si disparate et à travers la carrière déjà si accidentée de M. de La Mennais ; mais depuis lors la chaîne s’est rompue à trop d’endroits pour qu’on essaye, par aucun artifice, d’en ressouder les fragments et d’en rejoindre les bouts. […] Tout est surnaturel dans ce que nous voyons, et les maux comme les remèdes dérivent immédiatement d’un ordre supérieur de causes, aussi élevé qu’impénétrable à la vue de l’homme, dont la sagesse ne fut jamais mieux convaincue de folie. » N’allez pas, à un homme qui prophétise de la sorte, venir parler avec quelque estime de la politique pratique qu’essayèrent en ces années, — qu’essayeront bientôt des ministres patriotiques et sages, les Richelieu, les De Serre, les Decazes, les Gouvion Saint-Cyr, les Dessolle ; allons donc ! […] J’ai trente-quatre ans écoulés ; j’ai vu la vie sous tous ses aspects, et ne saurais dorénavant être la dupe des illusions dont on essayerait de me bercer encore.

160. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Mais nous laisserons pour aujourd’hui la tour de Montlhéry et l’œuvre de Shakspeare, et nous essaierons de monter, après tant d’autres adorateurs, quelques-uns des degrés, glissants désormais à force d’être usés, qui mènent au temple en marbre de Racine. […] C’était donc moins que jamais pour Racine le moment de quitter la scène où retentissait son nom ; il y avait lieu pour lui à l’enivrement, bien plus qu’au désappointement littéraire : aussi sa résolution fut-elle tout-à-fait pure de ces bouderies mesquines auxquelles on a essayé de la rapporter. […] Pour Néron, tout pur de sang qu’il est encore, son naturel féroce gronde depuis longtemps en son âme et n’épie que l’occasion de se déchaîner ; il a déjà essayé d’un poison lent contre Britannicus. […] Corneille aussi essaya pendant quelques années de renoncer au théâtre ; mais, quoique déjà sur le déclin, il n’y put tenir, et rentra bientôt dans l’arène.

161. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

C’est donc en écartant cette époque monstrueuse, c’est à l’aide des autres événements principaux de la révolution de France et de l’histoire de tous les peuples, que j’essayerai de réunir des observations impartiales sur les gouvernements, et si ces réflexions me conduisent à l’admission des premiers principes sur lesquels se fondent la constitution républicaine de France, je demande que, même au milieu des fureurs de l’esprit de parti qui déchirent la France, et par elle le reste du monde, il soit possible de concevoir que l’enthousiasme de quelques idées n’exclut pas le mépris profond pour certains hommes1, et que l’espoir de l’avenir se concilie avec l’exécration du passé. […] n’êtes-vous pas heureux qu’une nation tout entière se soit placée à l’avant-garde de l’espèce humaine pour affronter tous les préjugés, pour essayer tous les principes ? […] Mais à vingt-cinq ans, à cette époque précise, où la vie cesse de croître, il se fait un cruel changement dans votre existence ; on commence à juger votre situation ; tout n’est plus avenir dans votre destinée ; à beaucoup d’égards votre sort est fixé, et les hommes réfléchissent alors s’il leur convient d’y lier le leur ; s’ils y voient moins d’avantages qu’ils n’avaient cru, si de quelque manière leur attente est trompée ; au moment où ils sont résolus à s’éloigner de vous, ils veulent se motiver à eux-mêmes leur tort envers vous ; ils vous cherchent mille défauts pour s’absoudre du plus grand de tous ; les amis qui se rendent coupables d’ingratitude, vous accablent pour se justifier, ils nient le dévouement, ils supposent l’exigence, ils essayent enfin de moyens séparés, de moyens contradictoires pour envelopper votre conduite et la leur d’une sorte d’incertitude que chacun explique à son gré. […] ce n’est pas assez d’avoir juré, que dans les limites de son existence, de quelque injustice, de quelque tort qu’on fut l’objet, on ne causerait jamais volontairement une peine, on ne renoncerait jamais volontairement à la possibilité d’en soulager une ; il faut essayer encore si quelque ombre de talent, si quelque faculté de méditation ne pourrait pas faire trouver la langue, dont la mélancolie ébranle doucement le cœur, ne pourrait pas aider à découvrir, à quelle hauteur philosophique les armes qui blessent n’atteindraient plus.

162. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il a chez lui un théâtre où il essaie ses pièces : c’est là qu’il découvre Lekain, le grand tragédien du temps. […] N’ayant pas réussi, il renouvela ses avances, jusqu’au jour où Voltaire, sentant qu’il ne pouvait plus vivre à Paris, se décida à essayer de l’hospitalité du roi de Prusse. […] Dans ces vingt ans, Voltaire a prodigieusement acquis, il a essayé bien des directions. […] Il essaie réellement de faire l’histoire générale de l’esprit humain.

163. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

admettre l’avènement miraculeux de l’homme, le produire sans enfance, avec tous les dons de l’âge viril en naissant, pour n’essayer sur lui qu’une leçon de physiologie, développer sa vie matérielle, sans ouvrir son âme et l’inonder de lumière et de joie, sans un rayon du ciel ni un retour vers Dieu ? […] Essayons de loin d’en recueillir l’accent : « Alors chanta Moïse, et avec lui les fils d’Israël, ce cantique à Dieu ; et ils disaient : « Je chanterai pour le Seigneur, car il a fait éclater sa gloire. […] « Souvenons-nous qu’il ne nous en est parvenu que des débris dépouillés de toute leur pompe et de leur vivant éclat, hormis ces lumières de la pensée et de l’expression, sur lesquelles encore le temps a jeté bien des obscurités a et des nuages. » En résumant ainsi pour nous l’ode hébraïque, le docteur Lowth n’essayait pas de recherches sur la musique sacrée des Hébreux, sur le rhythme et ses rapports avec le chant, sur toute cette représentation enthousiaste et populaire qui devait porter si haut la puissance des cantiques sacrés. […] Essayons de surprendre d’abord à leur source, dans les livres saints, ces courants divers de l’antique poésie, comme l’historien sacré nous montre jaillissant de l’Éden ces grands fleuves qui traversent l’Orient et l’embellissent de leurs eaux.

164. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Cette lecture de Dante, comme l’objet même de son poème, est un labyrinthe : il y faut un guide ; on en trouve plus d’un au seuil, on en essaye, on s’en dégage bientôt ; on aspire à en devenir un à son tour : Toute version, dit M.  […] La moderne école poétique française, qui s’était plus d’une fois essayée sur Shakespeare, ne pouvait entièrement négliger Dante. […] Antoni Deschamps en 1829 avait cueilli, pour les répandre, un choix de fleurs sévères. — En ce même temps, un autre poète du groupe31 essayait de rendre en vers quelques-uns des accents et un mémorable passage de cette Vita nuova de Dante, dont M. 

165. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Lorsqu’ils l’essayèrent quelques années après, il était trop tard, et le système contraire était fondé. […] Thiers essaye là, à l’égard de l’Espagne, ce qu’il essayera quatre ans plus tard et aussi vainement pour la question d’Orient, d’intervenir, de donner à la politique extérieure de la France un peu plus d’action, d’influence déclarée par les armes, de lui valoir un peu de gloire : un baptême de gloire, ç’a toujours été une petite formalité assez essentielle pour sacrer une monarchie.

166. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

On essayerait vainement de détacher quelques passages, et c’est peut-être un éloge. […] Il commence par y définir ingénieusement « ce genre d’écrire, où l’espace, dit-il, est si court, où la moindre négligence est un crime, où rien d’essentiel ne doit échapper, où ce qui n’est pas nécessaire est un vice, et où il faut encore essayer de plaire au milieu de la sévérité du laconisme et des entraves de la précision. » Il veut que l’abréviateur ne soit pas dispensé de recourir aux originaux, aux titres, aux chartes, pas plus que l’historien ; qu’il soit un garant sérieux. […] Je conçois au Moyen-Age de grandes intelligences, de celles qui sont surtout de grands talents, je les conçois comme n’ayant jamais dépassé ni essayé de franchir le cercle rigoureux que la foi traçait autour d’elles : mais je ne comprends plus pareille chose au XVIIe siècle.

167. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

On dirait véritablement que l’histoire littéraire, comme la nature, à la veille d’une grande création, au moment où elle va enfanter et produire un grand individu nouveau, s’essaye et prélude par des ébauches moindres, par des moules préparatoires un peu indécis, mais approchants, qui donnent déjà quelque idée du prochain génie, mais qui, à son apparition, se brisent comme inutiles avant de s’achever et de s’accomplir. […] Quand leur raison essaye de la franchir, leur imagination et leur cœur les y ramènent ; leur sensibilité les y attache ; ils sont religieux par leur instinct le plus sincère : toute poésie croit en Dieu. » — Il y a bien du vrai dans cette remarque, et l’étape des poètes est bien trouvée. […] N’essayez plus d’être léger ; Même quand l’oison vole, on sent qu’il a des pattes, Voilà le vrai texte.

168. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Nous nous arrêtons devant cette difficulté, et nous n’essayons même pas de la surmonter ; résignons-nous à l’ignorance. » — Pour nous, si, dans cette obscurité, nous essayons de faire un pas, c’est qu’il nous semble que déjà nous en ayons fait plusieurs. […] Pareillement, les yeux fermés et sans être prévenu, vous voyez un flamboiement, en même temps vous entendez un son, et enfin vous avez dans le bras la sensation d’un coup de bâton ; essayez l’expérience sur un ignorant ou sur un enfant ; il croira qu’on l’a frappé, que quelqu’un a sifflé, qu’une vive lumière est entrée dans la chambre ; et cependant les trois faits différents n’en sont qu’un seul, le passage d’un courant électrique. — Il a fallu faire l’acoustique pour montrer que l’événement qui éveille en nous, par nos nerfs tactiles, les sensations de vibration et de chatouillement, est le même qui, par nos nerfs acoustiques, éveille en nous les sensations de son.

169. (1887) La banqueroute du naturalisme

Ayant essayé plusieurs fois de montrer, non-seulement à M.  […] Mais, en attendant, les jeunes gens l’imitaient, ils essayaient surtout d’imiter son succès, et tous ensembles ils achevaient de tuer sous eux le naturalisme. […] — d’avoir essayé d’y salir jusqu’à la maternité ; mais dans Pot-Bouille, il y a déjà des années, M. 

170. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Le premier sait ranimer les morts ; les sentiments éteints reparaissent dans son âme ; il ne déduit pas logiquement une idée d’une autre ; il ne construit pas noblement de larges périodes ; il n’essaye pas de conduire régulièrement un auditoire d’esprits pesants vers une vérité lointaine : il n’est pas maître de lui-même : il y a quelque chose de fiévreux dans son inspiration. […] Si vous n’avez pas ces visions, si vous n’êtes pas obsédé par les tout-puissants fantômes des morts que vous voulez rendre à la lumière, si les personnages ressuscites n’habitent pas votre esprit, avides d’en sortir et de rentrer dans la vie, n’essayez pas d’être peintre. […] Nous préferons mille foisl’opprobre dont elles essayent en vain de se couvrir, à la vaine considération qui a entouré dans une cour dégénérée Mme Scarron, devenue en secret la femme de Louis XIV.

171. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

S’il est en retard, il dit : « Il n’y a pas cinq minutes. » Il essaye d’échapper, par le fait particulier, à la thèse générale : « Tout retard est punissable. » Cinq minutes ne font pas un retard, comme blâmer le bras du portrait de Medina-Cœli n’est pas diffamer Madrazo. […] Quand Achille essaye de sauver Iphigénie, Agamemnon lui oppose son propre désir, l’empressement qu’il témoignait pour s’embarquer et pour faire le siège de Troie : c’est lui qui exige, avec tout le monde, la mort d’Iphigénie : AGAMEMNON Plaignez-vous donc aux dieux qui me l’ont demandée : Accusez et Calchas et le camp tout entier, Ulysse et Ménélas, et vous tout le premier.

172. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

C’est que les astres ne nous envoient pas seulement cette lumière visible et grossière qui frappe nos yeux de chair, c’est d’eux aussi que nous vient une lumière bien autrement subtile, qui éclaire nos esprits et dont je vais essayer de vous montrer les effets. […] Essayons de revenir en arrière et de nous figurer ce qu’aurait pensé un Grec à qui l’on serait venu dire que la lumière rouge vibre quatre cent millions de millions de fois par seconde.

173. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Charrière n’a point fait, en définitive, ce qu’il a voulu faire ; car le livre proteste par sa teneur tout entière contre le sens et la portée qu’il a essayé de lui donner. […] La seule ressource qui reste alors à la Critique, c’est de renvoyer le lecteur au livre dont il est question, après avoir caractérisé vivement, comme nous avons essayé de le faire, la manière et les procédés de l’auteur.

174. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Ce christianisme sans gêne est fort au-dessous d’un protestantisme quelconque, car le Protestantisme a des liens qui l’embrassent et qui le retiennent en des Communions déterminées, et comme le Catholicisme, mais avec moins de bonheur et de facilité que le Catholicisme, il a toujours essayé de défendre son unité, sans cesse menacée et faussée d’ailleurs par son principe même. […] Hors ces idées générales, dont nous avons essayé de donner l’idée, il y a dans le livré de M. 

175. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

J’essaierai de marquer ces deux points l’un après l’autre. […] Cette doctrine d’art est justement celle que je viens d’essayer de dégager à propos de M.  […] Je transcris ici un morceau, choisi au hasard entre cinq cents, où ils ont essayé de montrer un paysage. […] Il essaya pareillement de transposer en littérature les beautés propres aux arts plastiques, comme il essaya de transposer en ces derniers les beautés propres à la littérature. […] Tous deux ont essayé de peindre les femmes qu’ils mettaient en scène, avec exactitude et sans lyrisme.

176. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il ne manie que des armes essayées plusieurs fois, il ne craint pas que l’acier rubané éclate dans ses mains. […] Si l’on veut essayer de décalquer sévèrement les lignes de la fable inventée par M.  […] Une fille qu’un roi essaie de violer ne me semble pas prêter à la comédie. […] Pourtant, malgré la difficulté de la tâche, nous essaierons de retracer ce que M.  […] Elle essaie, mais en vain, de lui arracher son secret.

177. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIV » p. 175

— Janin a essayé de répondre ce matin à propos de Bérénice ; mais il est bien tard pour faire l’homme de goût.

178. (1894) Critique de combat

Faut-il, au contraire, la laisser aller à l’aventure sans essayer de la diriger ? […] Et cela, ni vous ni vos disciples n’osez guère l’essayer. […] Mabilleau essayât de départager les voix. […] Il a raillé, combattu, essayé de décourager les partisans de la réforme. […] On peut du moins l’essayer.

179. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudry, P. »

Baudry) fit, sur la demande de quelques chansonniers, la musique de leurs chansons, puis, trouvant que ses collaborateurs ne lui donnaient pas assez d’ouvrage, il se mit à manier la rime, s’essaya dans la chanson satirique, politique et mondaine, et remporta un très bon succès.

180. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Le baron Delmare s’impatiente, tisonne, essaye d’être jaloux, chasse du salon la pauvre Ophélia pour avoir bâillé. […] Ce n’est pas une analyse que j’essaye ; mais j’avais besoin de préciser les situations pour juger les caractères.

181. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

La Revue des Deux Mondes, venue à un moment où cette faculté de jeune et active union était déjà perdue, a essayé du moins d’en ressaisir et d’en sauver les débris. […] Mais, au moment même où l’on adoucit la critique et où l’on essaye quelque éloge mitigé, ce mendiant si humble se relève et veut la gloire, — oui, la gloire, et la première, la suprême, pas la seconde, car il se croit in petto le génie de son siècle.

182. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Dès qu’un pitre s’installe sur la place publique et y débite des facéties de son cru, dès que l’esprit d’imitation suscite des grimaciers ou des mimes, elle existe, comme la statuaire existe dès qu’on essaye de pétrir l’argile ou de tailler la pierre, comme la musique existe dès qu’on essaye de moduler les sons de la voix.

183. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Si tu ne veux essayer des cachots de la Vicaria, et si tu n’as point d’argent, choisis de deux choses l’une : ou recevoir sur la paume des mains dix coups de cette férule, ou bien, les braies basses, recevoir cinquante coups d’étrivières ; car de toute façon tu ne sortiras pas de nos mains sans faire pénitence de tes fautes. […] Molière fit, avec cette étrange scène, un intermède du Malade imaginaire, mais il en atténua beaucoup les détails et substitua au pédant le vieil usurier Polichinelle, qui, après avoir essayé des croquignoles et des coups de bâton, finit par payer aux archers les six pistoles.

184. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Or, c’est là ce qu’a essayé Francis Wey. […] Lui, Français et même un peu Gaulois, il a essayé de s’établir dans le fond d’une nature anglaise pour, de là, jeter son regard d’observateur sur la France, nous juger, et même nous raconter à nous-mêmes, d’une façon un peu plus nouvelle que s’il partait uniquement de ses impressions, que nous partageons, de Français.

185. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Il a essayé de cacher le secret de son âme, le rayonnement de son opinion intime, sous une forme impartiale et dégagée, et à l’instant même le livre qu’il a écrit a perdu tout caractère, et l’ancien talent de Ranke, on se demande… où il a passé ? […] Or, comme Ranke l’historien n’a pas plus d’idées à lui qu’un historiographe, et comme il n’a établi nulle part, ni par un raisonnement, ni par une théorie, que cette idée de l’État comme on essayait de la réaliser à Berlin est le dernier progrès de la philosophie et de la politique, il résulte qu’il n’y a pas plus de vue supérieure que de faits nouveaux à chercher dans son Histoire de France, laquelle n’ajoutera pas plus à sa renommée qu’elle n’ajoutera à notre instruction.

186. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Le monde du Croissant avait, tant de fois, essayé de faire tant de mal au monde de la Croix, qu’il eût été tout simple que les |philosophes du xviiie  siècle eussent gardé pour cela à Mahomet un peu de reconnaissance. […] Dans son admiration, que je comprends très bien, pour Mahomet et pour son œuvre, Barthélemy Saint-Hilaire finit vraiment par faire de Mahomet un trop grand homme, quand il affirme et prétend, à l’encontre de Muir, que le fondateur de l’Islam pouvait seul convertir les Arabes monstrueux du viie  siècle et les arracher à leur idolâtrie barbare, par la raison que le Christianisme, avant Mahomet, avait essayé de convertir l’Arabie, et qu’il avait tristement échoué.

187. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

 » L’estime de Carrel fut très haute dès qu’il se mit à l’apprécier ; il essaya même de faire de lui un rédacteur politique et de premiers-Paris. […] si je me laissais aller à parler comme je sentais à l’âge où j’essayai pour la première fois de t’aborder, que ne dirais-je pas de toi ! […] Des amis essayèrent de le tirer de cet état sombre. […] On avait à peine essayé ce déchiffrement avant lui62. […] Gustave Fallot, enlevé trop tôt, plus tard M. de Chevallet, enlevé de même, essayaient d’apporter quelque ordre dans l’idée qu’on devait se faire des origines et de la formation de notre langue et des langues modernes.

188. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Les peines de cœur venant à s’y joindre, j’essayai vainement de reprendre mes occupations littéraires. […] « Pendant que j’essayais de poursuivre ce quatrième chant, je ne cessais de recevoir et d’écrire de longues lettres ; ces lettres peu à peu me remplirent d’espérance, et m’enflammèrent de plus en plus du désir de revoir bientôt mon amie. […] Souvent mon cœur tournait à la joie, et alors j’essayais aussi de la poésie badine. […] Déjà, neuf ans auparavant, j’avais à Florence tenté ce nouveau genre, j’en avais distribué les sujets, et j’avais même alors essayé d’en exécuter quelque chose. […] Au mois de juin on essaya de détruire entièrement le nom de roi ; c’était tout ce qui restait de la royauté.

189. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Les anarchistes faisaient exception et pour se distinguer une fois de plus des socialistes révolutionnaires, ils essayèrent de mêler leur drapeau noir aux drapeaux multicolores du cortège ; Élisée Reclus, leur homme remarquable, pria son ami Nadar d’inscrire son nom sur le registre mortuaire. […] Je vais essayer de réparer cet oubli. […] Il faut arriver à 1827, pour le voir dans son Ode à la Colonne, essayer de glorifier indirectement l’Empire en glorifiant ses maréchaux ; mais pour se départir de la conduite qu’il s’était imposée et qu’il avait suivie avec tant de fermeté, Hugo avait une excuse. […] On les fuit, on les renie, tandis qu’il n’y a pas de légitimistes ou d’orléanistes, si décriés, dont on n’épaule l’ignorance et qu’on n’essaie de réhabiliter à tout prix ». […] La simple humanité lui commandait de protester contre ces idiotes calomnies et d’essayer d’apaiser ces bourgeois apeurés, réclamant une impitoyable répression.

190. (1926) L’esprit contre la raison

Au reste, ceux qui, pour se juger favorablement, essaient de travestir sous des termes pompeux leurs plaidoyers pro domo n’en aboutissent pas moins au plus éperdu des galimatias. […] Une pensée qu’on a essayé depuis des siècles de traduire grossièrement par de nouveaux avantages immédiats a racorni, stupéfié l’individu. […] Barrès, Aigues-Mortes ont essayé de se faire une coquille. […] Ils essaient de se rattraper aux branches secondaires, de dessiner des arabesques, d’oublier le fond pour la forme, de ne plus penser au pourquoi, mais au plus simple, au plus facile comment. […] Le livre de ses songes, il le lit comme ces leçons de choses où son enfance essaya d’apprendre à connaître l’économie du monde, la marche du temps, les caprices des éléments et les mystères des trois règnes.

191. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Quand on lui demandait plus tard où il avait pris cette connaissance approfondie du monde et des diverses passions, il avait le droit de répondre : « Dans mon propre cœur. » Pendant qu’il professait la théologie à Vienne, il fut ordonné prêtre en 1692 ; il s’y essayait dans la chaire ; il y prononça l’Oraison funèbre de Henri de Villars, archevêque du diocèse ; il alla prononcer à Lyon celle de l’archevêque M. de Villeroi, mort en 1693. […] Je me trompe : on avait essayé d’en donner de son vivant une ébauche d’édition faite sur des notes et par des copistes (la sténographie n’existait pas alors) ; c’était sur cette édition incomplète, non authentique, que les critiques étaient réduits à le juger. […] Il a des contradictions où sa sincérité et son commencement de philosophie, aux prises avec l’obligation de la louange, ne savent trop comment se démêler ; ainsi, lorsqu’il loue pleinement Louis XIV de sa révocation de l’édit de Nantes, et qu’il veut à la fois flétrir la Saint-Barthélemy et maintenir jusqu’à un certain point l’idée de tolérance : en cet endroit, Massillon essaye de concilier deux idées impossibles, et il y échoue ; il ne produit qu’un effet combattu et incertain.

192. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Tentons, essayons, voyons. […] On a essayé plus d’une fois de refuser et de ravir à Louis XIV son genre d’influence utile et d’ascendant propice sur ce qu’on a appelé son siècle : depuis quelque temps, on semblait cependant revenu de cette contestation injuste et exclusive, lorsqu’un grand écrivain de nos jours, M.  […] … Éternelle poétique, principe, entretien et règle supérieure des vrais talents, vous voilà établie en passant dans un sermon de Bossuet, au moment même où Despréaux essayait de vous retrouver de son côté dans ses Satires.

193. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Après la médaille ou le camée, c’est donc une de ces analyses que j’essaie, à l’aide, il est vrai, des meilleurs secours ; car non seulement l’intéressant ouvrage de M.  […] Après avoir essayé d’entrer dans le commerce, Léopold Robert revint dans sa famille et s’y fit remarquer par un goût instinctif pour la gravure, genre dans lequel s’est illustré plus d’un de ses compatriotes de La Chaux-de-Fonds. […] Il avait commencé par s’essayer à peindre des intérieurs d’église et de cloître.

194. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

» Le roi était plus qu’à demi gagné ; M. de Saint-Pol, lisant cela dans ses yeux, essaya de le retenir : « Sire, voudriez-vous bien changer d’opinion pour le dire de ce fou qui ne se soucie que de combattre, et n’a nulle considération du malheur que ce vous serait si perdions la bataille ? […] Tandis que la droite, commandée par M. de Chais, et le centre, là où était Montluc, enfonçaient l’armée ennemie et que le marquis du Guast voyait la partie désespérée, M. d’Enghien, de son côté, voyait sa gauche complètement en déroute par la lâcheté des Gruyens (gens de la vallée de Gruyère), et essayait en vain par deux charges de cavalerie d’arrêter le bataillon des victorieux. […] On essaya dans le conseil à Paris de bien des noms : le connétable de Montmorency en proposait un, le duc de Guise un autre, le maréchal de Saint-André avait aussi son protégé. « Vous ne m’avez point nommé Montluc », dit le roi

195. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Pendant les années de Santeul il y eut à Saint-Victor un pieux confrère, le père Simon Gourdan, qui essaya de revenir à la régularité primitive, et ce fut lui qui fit presque scandale et schisme dans la maison. […] La duchesse du Maine, qui, dans les premières années de son mariage, s’essayait dès Chantilly à ce long enfantillage de Sceaux, et qui avait pris pour nom de guerre un nom de nymphe de son invention, Salpetria, lutinait tout le jour. […] Il y avait des moments où il essayait d’emporter le tout d’un air dégagé : « Voilà bien du bruit, disait-il, pour six méchants vers que j’ai faits en badinant sur le bord d’un étang. » Mais ce ton-là ne réussissait pas.

196. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Depuis vingt-sept ans déjà que j’ai publié un choix des poésies de Ronsard (1828) joint à un Tableau historique de son école, dans lequel j’essayais de remettre en lumière et en honneur un côté du moins de son entreprise, je me suis en général abstenu d’en parler. […] Mais le style de la poésie lyrique était fort déchu ; il était entravé et gêné de toutes parts, jeté à froid dans des moules usés ; les heureuses tentatives de quelques jeunes poètes tendaient à le restaurer, à l’étendre, et à ceux qui s’en étonnaient et s’en irritaient comme d’une innovation inouïe, je rappelais qu’on l’avait déjà essayé et sans tant de maladresse et de malheur qu’on l’avait bien voulu dire. […] Or, au moment où s’essaya Ronsard, la tradition du Moyen Âge chez nous était toute dispersée et rompue, sans qu’il eût à s’en mêler ; ces grands poèmes et chansons de geste, qui reparaissent aujourd’hui un à un dans leur vrai texte grâce à un labeur méritoire, étaient tous en manuscrit, enfouis dans les bibliothèques et complètement oubliés ; on n’aurait trouvé personne pour les déchiffrer et les lire.

197. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Il n’essaya pas de lutter contre les abus du goût ; il n’avait rien en lui du réformateur ni du critique : ce n’était qu’un courtisan enjoué et sans fadeur. […] Essayons un peu de quelques-uns de ces divers noms comme de pierres de touche pour éprouver ses qualités et pour achever de nous le définir. […] Aujourd’hui qu’on veut savoir de chaque époque toute chose mieux que les contemporains, on essaie de contredire la tradition sur ce point ; on objecte que Voiture a lui-même parlé de son père dans une lettre, et n’a pas craint de comparer sa naissance, pour la roture, à celle d’Horace ; qu’il a logé chez son père dans un passage de la cour à Amiens… Je répondrai que la lettre dans laquelle Voiture parle de son père est un billet à Costar, et que tout ce qui est censé adressé par Voiture à celui-ci est suspect d’arrangement.

198. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Pendant deux ans et demi, soit dans son séjour en Suisse, soit à Venise où il retourna un moment, Rohan se trouva exposé à des ordres et à des contre-ordres continuels ; il y eut jusqu’à six revirements dans la conduite principale qu’on essayait de lui tracer. […] Sur ces entrefaites, Serbelloni, se souvenant que le duc de Rohan avait été un rebelle à son roi, essaya de le tenter : il lui envoya un gentilhomme appelé Du Clausel, ancien agent du duc auprès de la Cour d’Espagne dans les guerres civiles ; le nom de la reine Marie de Médicis était fort mêlé à cette intrigue. […] D’un autre côté, un des meilleurs lieutenants de ce dernier, M. de Lèques, était d’un avis contraire, et eût voulu qu’on essayât de la force, ne faisant aucun doute qu’elle ne réussit.

199. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

On comprend très-bien que ce n’est plus ici le drame en langue vulgaire qui essaye d’entrer timidement dans l’église et de s’y faire tolérer en se faufilant tant bien que mal à travers le latin, c’est la liturgie cette fois qui sort du sanctuaire : pour, aller au-devant du drame, pour lui donner comme une première consécration, et bénédiction sur la place publique. […] — Ève : Non par moi. » En diable qui sait son métier, il commence par lui dire un peu de mal de son mari ; car il a déjà essayé de le tenter, lui, mais inutilement : « J’ai vu Adam, il est trop fol (trop bête). — Ève : Il est un peu dur. — Satan : Il s’amollira ; il est plus dur que n’est enfer […] Après les excuses qu’ils essayent de balbutier, Dieu fulmine les malédictions contre le serpent et lance contre eux les terribles menaces, les prédictions de malheur, en se réservant toutefois la pitié et la miséricorde : « En enfer irez, sans répit ; ici les corps, auront exil, les âmes en enfer péril.

200. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Micion, ainsi réfuté dans son système et piqué dans l’objet de son amour, essaye, ni plus ni moins, d’excuser le coupable : « Vous prenez mal les choses Déméa : ce n’est pas un si grand crime, croyez-moi, à un jeune homme d’aimer, de boire… Si nous n’avons pas fait pareille chose, vous et moi, c’est que nous n’avions pas moyen alors ; vous vous faites maintenant un mérite de ce qui n’était qu’une nécessité. […] N’essayons pas de porter la raison dans l’amour, pas plus que d’être sage dans la folie. » Que la scène entre son jeune homme Phédria et la courtisane Thaïs (dans l’Eunuque) vient bien à l’appui de cette doctrine ! […] J’ai essayé de donner un aperçu de ce talent aimable et vif, de ce comique sincère et touchant que chacun aime à se représenter sous le nom de Térence ; j’achèverai de le définir en quelques traits assemblés sans beaucoup d’ordre, mais qui se rejoindront d’eux-mêmes.

201. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

On avait essayé de diverses plumes : Gautier eut son tour avec Gérard ; ils faisaient les feuilletons du théâtre à deux et signaient G. […] De même, la première leçon qu’un père prévoyant devrait donner à son fils, si ce fils se destinait à devenir un critique journaliste, ce serait, selon moi : « Mon fils, n’ayez pas le goût trop dégoûté ; apprenez à manger de tout. » Or, imaginez un poète, c’est-à-dire un être accoutumé à cultiver et à chérir un idéal, à le caresser dès l’enfance sur l’aile de la fantaisie, imaginez ce poète subitement mis à pied par la fortune et obligé par métier d’essayer de toutes les combinaisons, de déguster tous les breuvages et toutes les boissons à leur entrée, ou, si vous aimez mieux, de tremper le doigt dans toutes les sauces. […] Essayez de faire la description d’une montagne de manière à la faire reconnaître : quand vous aurez parlé de la base, des flancs et du sommet, vous aurez tout dit.

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