/ 2957
1046. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Dans ses tout derniers livres, Bourget semble pourtant s’efforcer d’arracher la grise livrée stendhalienne. […] Ou bien faut-il déclarer, en soulignant sévèrement les derniers mots : « Aimer d’un même amour la mère et la fille, c’est un crime, et qui a un nom : c’est un inceste. » En une dispute alternée que les Muses n’aimeront point, Malclerc et d’Audiguier, personnages sans vie, mais avocats tenaces et savants de toutes les subtilités connues, soutiennent les deux opinions. […] Je ne méprise pas moins que lui les derniers livres de Zola.

1047. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Le 12 novembre dernier, nous avons assisté aux touchantes funérailles d’un homme universellement estimé, qui personnifiait en lui toute l’idée qu’on peut se faire de l’homme de bien et aussi de l’homme de lettres d’autrefois. […] De la grande ère de 89 il garda toujours, en l’épurant de plus en plus à la flamme du sanctuaire intérieur, la passion active du bien, la soif du bonheur des hommes, de l’émancipation et de l’amélioration de ses semblables : il était et il resta en ce sens-là l’un des enfants de cette grande génération, et ce souffle qui, en se répandant alors sur les âmes, y rencontra tant de mélange et y enfanta les tempêtes, ne cessa de l’animer doucement, également, avec élévation et persévérance, jusqu’à ce que, dans les dernières années, il ne fût plus distinct en lui du zèle tout chrétien. […] Ses dernières années furent consacrées aux plus hautes comme aux plus humbles méditations que puisse se proposer le sage.

1048. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne y fut nommé de préférence à Alexandre Duval, et il prit séance, le 7 novembre 1811, par un discours de réception qui fut très remarqué, et où il soutenait cette thèse piquante que, quand tout serait détruit des deux derniers siècles, il suffirait que les comédies seules survécussent, pour qu’on pût deviner par elles « toutes les révolutions politiques et morales » de ces deux siècles. […] Quand il s’agissait de faire une notice sur le Tartuffe, c’était à lui le premier qu’on s’adressait ; quand il s’agissait d’élever une statue en l’honneur de Molière, c’était lui que la Chambre des pairs (dont il faisait partie dans les dernières années) chargeait du rapport ; c’était lui encore que l’Académie française, dont Molière n’était pas, chargeait du discours de réparation et d’hommage pour la cérémonie d’inauguration. Les paroles qu’il prononça à cette occasion le 15 janvier 1844 devant le public, par une journée glaciale et en pleine rue Richelieu, furent son dernier succès.

1049. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Pourtant il supprima bientôt le bonnet, et il demeura sous sa forme dernière, nu-tête, avec les cheveux rares au sommet, mais descendant des deux côtés de la tête et du cou jusque près des épaules ; en un mot, tel que son portrait s’est fixé définitivement dans le souvenir, et à la Franklin. […] Quand il quittera la France, en juillet 1785, Franklin sera tout à fait devenu nôtre ; il paiera l’hospitalité qu’il aura reçue, et la popularité dont il aura été environné depuis le premier jusqu’au dernier jour, par les sentiments d’une affection et d’une estime réciproque. […] Ici seulement on a droit de remarquer que les commissaires américains, au nombre de quatre ou cinq, parmi lesquels était Franklin, brusquèrent leur traité dans les dernières conférences et n’en communiquèrent au ministre français, M. de Vergennes, les articles préliminaires que déjà arrêtés, bien que non ratifiés encore.

1050. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Pour ne pas confondre ses conjectures avec l’histoire, il a mis dans la Revue des deux mondes (du 15 décembre dernier), sous forme de scènes historiques, tout ce qui se rapporte à la première jeunesse et à l’éducation de ce brillant aventurier tel qu’il le conçoit ; il a expliqué comment l’idée, la tentation put venir peu à peu à un jeune Cosaque de l’Ukraine ressusciter en lui Démétrius, en même temps que la crédulité naissait aux autres en le regardant. […] Chez les modernes, lorsque le vaillant roi de Portugal don Sébastien eut péri en Afrique à la bataille d’Alcazar-Kebir, il y eut aussi des faux Sébastien en quantité, et qui furent accueillis avec faveur : la nationalité portugaise ne pouvait se faire à l’idée d’avoir perdu sans retour son dernier représentant et son défenseur. […] Arrivé aujourd’hui à la pleine maturité de la vie, maître en bien des points, sachant à fond et de près les langues, les monuments, l’esprit des races, la société à tous ses degrés et l’homme, il n’a plus, ce me semble, qu’un progrès à faire pour être tout entier lui-même et pour faire jouir le public des derniers fruits consommés de son talent.

1051. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Dimanche 20 février Un jour de la fin du mois de décembre dernier, Villedeuil rentrait du ministère en disant avec une voix de cinquième acte : — Le journal est poursuivi. […] Le substitut prit la parole, ne trouva pas grand-chose à dire sur les vers de Tahureau, ni sur une femme qui, dans notre article, rentrait de dîner, son corset dans un journal (le second passage souligné au crayon rouge), passa à un article de notre cousin de Villedeuil, qui mettait en doute la vertu des femmes, s’étendit longuement sur ce doute malhonnête, puis revint à nous ; et, pris d’une espèce de furie d’éloquence, nous représenta comme des gens sans foi ni loi, comme des sacripants sans famille, sans mère, sans sœur, sans respect de la femme, et, pour péroraison dernière de son réquisitoire — comme des apôtres de l’amour physique. […] J’ai donné l’article en son entier dans Pages retrouvées, volume publié, l’année dernière, chez Charpentier.

1052. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

V Grandeur et servitude militaires est, dans l’ordre du temps, la grande œuvre dernière de Vigny. […] Deux autres de ces drames : Othello et Shylock, sont des traductions de Shakespeare qui sont à peu près ce que serait le Jugement dernier de Michel-Ange copié par Raphaël, mais n’expriment du génie qui les traduit que la grande souplesse dans la grande pureté. […] Mais l’insouciance de l’idéal, la grossièreté du procédé et l’abaissement de l’observation, ces trois caractères de la littérature contemporaine, ont fait monter de dégoût la muse de Vigny dans cette rêverie où elle ne plane plus qu’à l’œil seul du poète… Ce cygne de la famille de celui de Mantoue qui nous est venu par l’Ile des Cygnes de Shakespeare, et qui s’y est attardé, ne nous a pas dit son dernier chant, heureusement !

1053. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Tout à coup il a une pensée : pourquoi ne tenterait-il pas un dernier effort, en se montrant aux hommes qui ne veulent plus l’entendre, et en leur empruntant quelques-uns des mots nouveaux qu’il entend parfois sans les comprendre ? […] Il semble apparaître enfin au jour, mais c’est pour tenter de reconquérir la vie qui lui échappe, qu’il sent s’éloigner de lui, et pour la possession de laquelle il luttera, plein d’une rage sourde, jusqu’à ses derniers instants. […] Dans l’esprit des fondateurs de l’œuvre, le vœu au Sacré-Cœur est avant tout un témoignage d’expiation des révoltes de la nation contre le joug catholique, et des crimes de libre pensée dont la France s’était rendue coupable ; c’est l’amende honorable du peuple qui s’était ouvertement éloigné de Dieu depuis la fin du siècle dernier, et qui implorait le pardon de ses offenses.

1054. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lavergne, Antonin (1863-1941) »

Ce sont là un peu de vers comme on les faisait avant l’anarchie (j’appelle ainsi ces dix dernières années) et avant le Parnasse.

1055. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 326

Si tous les Mémoires des derniers volumes du Recueil de la même Académie étoient travaillés avec autant de soin, on ne seroit pas dans le cas de se plaindre que l’érudition a dégénéré parmi nous.

1056. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « [Errata] — FAUTES A CORRIGER dans le premier Volume. »

descendu, dernier v.

1057. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Mignot » p. 253

Mignot Il n’y a rien cette année de Mignot, cet artiste qui exposa au dernier Salon une Bacchante endormie que nos statuaires placèrent d’une voix unanime au rang des antiques.

1058. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Nous voici aux dernières convulsions de l’agonie. […] L’affiche toute nouvelle, l’affiche du dernier quart d’heure, est l’affiche sur les cours martiales. […] Tout le long de la rue de Rivoli, c’est le défilé des malles des derniers bourgeois, gagnant le chemin de fer de Lyon. […] Enfin, deux ou trois derniers crépitements, et presque aussitôt nous voyons fuir la dernière bande des défenseurs de la barricade, quatre ou cinq garçonnets d’une quinzaine d’années, dont j’entends l’un dire : « Je rentrerai un des derniers !  […] Dans mes rêves, il est toujours malade de sa dernière maladie : c’est ainsi seulement qu’il m’est donné de le revoir.

1059. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Bourget a mis du temps à s’en apercevoir ; mais telle est bien sa conclusion dernière. […] Du premier au dernier de ses recueils, l’inspiration, dans ce qu’elle a d’essentiel, restera la même. […] J’essaierai de l’exposer en me servant surtout des dernières études de M.  […] A ce point de vue, les auditeurs de dimanche dernier ont été déçus. […] Je me proposais dimanche dernier d’entendre le R.

1060. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Telle est l’humeur des gens de ce pays : ils portent les passions au dernier excès. […] Il affirme que Dieu lui-même lui a dicté les derniers chants de son poème épique de Clovis. […] Abel Lefranc en a fait, l’an dernier, une histoire très exacte). […] Gazier a démontré l’an dernier que cela n’était plus très sûr. […] Mais à présent, il ne craint plus Corneille qui est en train d’écrire sa dernière tragédie (Suréna.

1061. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Le voilà devant la porte du palais de Jupiter : les dieux en sont partis ; ils ont grimpé au dernier sommet de l’Olympe, lassés des vaines prières des Grecs, et afin de ne plus entendre le bruit perpétuel de leurs dissensions. […] Un dernier coup va piler Athènes écrasée… Ah, doucement ! […] Avait-il lui-même si complètement peint les ridicules, en finissant sa dernière comédie, qu’il n’en eût pu saisir aucun autre s’il eût vécu vingt années de plus ? […] Nous avons dit que le genre comique se divise en six espèces, dont les cinq dernières nous restent à décomposer. […] C’est ainsi qu’il raisonne ; mais le bon sens n’a pas le dessus, et, pour dernier trait de vérité, la passion l’emporte.

1062. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Sainte-Beuve lui a constitué une place — également officielle — de dernier des classiques. […] Les derniers discours de Saint-Simon sur son lit de mort, transmis par ses disciples y ajoutent une page sublime. […] Mais à partir de 1840, la-trouée au centre apparaît dans la poésie, à son tour, aux yeux de tous, comme dix ans avant dans la critique aux yeux de Sainte-Beuve : Lamartine a publié son dernier livre de vers, Hugo aussi, son dernier avant l’exil. […] Une dernière réaction sera-telle la vraie ? […] Sa dernière fille, qui lui survécut, Adèle, était folle depuis l’exil, enfermée, comme son oncle Eugène.

1063. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Dans ses dernières années, M. de Marcellus, persévérant dans son exhumation des trésors de la Grèce moyenne, traduisait encore le poème de décadence de Nonnos, poète égyptien du ive  siècle, qui fit une dernière épopée en grec, débauche d’érudition dont M. de Marcellus s’excuse avec raison, et dont rien ne peut l’excuser que son loisir. […] Mes questions relatives à Ali-Bey, que j’ai connu, viennent d’un homme qui s’intéressait vivement au succès de sa dernière expédition. […] Jusqu’ici, je n’ai osé les confier à personne ; promettez-moi que vous les lui remettrez vous-même, quelle que soit l’époque de votre retour à Paris, et les dernières volontés du pauvre voyageur seront ainsi accomplies.” […] « “L’expédition des Anglais au pôle nord, disait ce savant dans une de ses dernières lettres que j’ai lue, et mon voyage au centre de l’Afrique, doivent résoudre les deux plus grands problèmes géographiques qui nous restent sur le globe, avec la différence que, si je réussis, ma mission produira infiniment plus de résultats utiles à l’humanité que le voyage au pôle.”

1064. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Le sujet et jusqu’au titre de son dernier recueil sont un indice de son talent. […] À l’heure qu’il est, Les Contemplations sont dans toutes les mains ; on dirait que le lecteur, dégoûté des rapsodies qui ont vu végéter ces dernières années si stériles, ait voulu se retremper dans ce grand fleuve qui prend sa source aux derniers jours de la Restauration et qui n’a cessé de rouler, à travers tous les événements heureux ou malheureux, glorieux ou funestes, ses flots de belles pensées et de beaux vers. […] André Fontainas Analyser ce tome dernier de Toute la lyre, qui en oserait tenter l’aventure ? […] [Derniers poèmes (1895).]

1065. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

De l’école de ces grands maîtres de la vie spirituelle sort ce clergé d’une physionomie si particulière, le plus discipliné, le plus régulier, le plus national, même le plus instruit des clergés, qui remplit la seconde moitié du xviie  siècle, tout le xviiie et dont les derniers représentants ont disparu il y a une quarantaine d’années. […] J’allais enfin étudier à fond analyser dans ses derniers détails cette foi chrétienne qui, plus que jamais, me paraissait le centre de toute vérité. II Ainsi que je l’ai déjà dit, les deux années de philosophie qui servent d’introduction à la théologie ne se font pas à Paris : elles se font à la maison de campagne d’Issy, située dans le village de ce nom, un peu au-delà des dernières maisons de Vaugirard. […] Olier sanctifia la maison, que rien jusque-là n’avait préparée à une destination pieuse, en l’habitant dans les dernières années de sa vie. […]  » Comme il arrive souvent, ce qu’il y a de meilleur en ce livre, ce sont les notes, c’est-à-dire une foule d’extraits et de morceaux choisis, tirés des écrivains célèbres des deux derniers siècles, surtout de Rousseau.

1066. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Dans l’imagination et le souvenir de tout le monde, Proudhon, l’auteur de : La Justice dans la Révolution et dans l’Église, continue d’être le terrible incendiaire qui a bouté le feu — et qui s’en est vanté — « à toutes les broussailles de la Révolution, pour en faire lever les derniers marcassins qui s’y cachent ». […] Il enfonce, ce misérable métaphysicien, l’universel dans le nominal, le supranaturel dans les derniers et dans les plus secs rudiments de la nature, soutenant que la théologie n’est qu’une esquisse de tout cela et un symbolisme, et en déduisant le progrès avec cette comique appellation, arbitraire et alternée : « Justice, c’est Révolution, et Révolution, c’est Justice !  […] La personnalité, c’est-à-dire le fond de l’homme, — mieux que les dernières gouttes de son cœur et de sa cervelle : son âme ! […] Tous deux novateurs et sortis du peuple, tous deux pauvres et travaillant de leurs mains pour vivre, tous deux opprimés, — croyaient-ils, — parce qu’ils étaient nés au dernier rang d’une société que, pour cette raison, les malheureux voulurent détruire. […] Il écrit à des amis de jeunesse qu’il a gardés jusqu’à sa dernière heure, mais il ne leur écrit jamais en dehors des préoccupations de son cerveau.

1067. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Renouvier, n’a été qu’une conjuration contre la liberté et contre l’existence même. » Montrer d’abord, par une esquisse sommaire des principales conceptions métaphysiques, qu’entre toute spéculation de ce genre et les enseignements de la psychologie, il y a contradiction ; puis essayer d’établir que cette contradiction ne saurait, si l’on ne peut la résoudre, infirmer le témoignage de la conscience ; faire voir enfin le parti que toute spéculation philosophique peut tirer des lumières de cette conscience pour l’ordre de problèmes qu’elle poursuit : tel est le triple objet de notre recherche dans cette troisième et dernière étude. […] On sait comment Maine de Biran est parti de la philosophie de la sensation pour arriver au spiritualisme le plus décidé, et pour aboutir enfin à un mysticisme qui ne nous a été révélé que par les dernières publications. […] Il résulte de là que le dernier degré d’abaissement comme le plus haut point d’élévation peuvent également se lier à deux états de l’âme où elle perd également sa personnalité ; mais dans l’un c’est pour se perdre en Dieu ; dans l’autre, c’est pour s’anéantir dans la créature40. » Cette troisième vie, dernier effort de l’âme humaine, le philosophe l’appelle la « vie de l’esprit ». Voilà où en vient à ses derniers jours, sous l’inspiration évidente de la théologie chrétienne, un esprit qui a consumé sa vie à retrouver et à dégager la personnalité et la liberté humaines. […] Elles n’auraient plus qu’à se traîner misérablement à la suite de ces dernières, qui leur resteront toujours fort supérieures en rigueur et en précision.

1068. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement »

Bon nombre enfin de ces articles, qui étaient contemporains du modèle au moment où je les écrivais, sont devenus posthumes à l’heure où je les réimprime et où il m’est donné, une dernière fois, de les relire.

1069. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Belloy, Auguste de (1815-1871) »

Charles Asselineau À de certains scintillements qui brillantent çà et là la poésie de M. le marquis de Belloy, on songerait plutôt à la baie de Naples et à ses heureux rivages, où l’ombre et la molle brise de Sicile lui ont sans doute conseillé ses deux dernières comédies : Le Tasse à Sorrente et la Mal’aria.

1070. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Corbeiller, Jean-Maurice (1859-1936) »

Jules Lemaître La Comédie-Française a célébré, pour la première fois, dimanche dernier, l’anniversaire d’Alfred de Musset.

1071. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 118

Le grand nombre d’Ouvrages qu’il a déterrés & mis en lumiere, dans le Recueil intitulé Spicilege *, lui ont mérité une place parmi les Savans du siecle dernier ; les excellentes Préfaces qu’il a mises à la tête de chaque édition, prouvent qu’il auroit pu ne pas se borner à la simple qualité d’Editeur.

1072. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 371

Les premiers ne sont pas aussi intéressans que les derniers : ceux-ci sont écrits avec autant d’élégance que de bon sens.

1073. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 502

A peine son nom est-il aujourd’hui connu du commun des Littérateurs ; on a oublié du moins qu’il a été un des beaux esprits du siecle dernier ; cependant ses Ouvrages offrent plus de talent, une Littérature plus étendue que les Productions d’un grand nombre d’Ecrivains qui brillent dans celui-ci & sont destinés au même sort.

1074. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rambert, Eugène (1830-1886) »

. — Dernières poésies (1877).

1075. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 513

Jacob ont tous pour objet l’Histoire Littéraire ; & quoiqu’ils offrent des inexactitudes & soient écrits en Latin barbare, ils lui ont mérité un rang distingué parmi les Erudits du Siecle dernier.

1076. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 160

On voit, au contraire, qu’elle s’est appliquée à se former sur les Anciens, & sur les bons modeles du Siecle dernier.

1077. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Ajoutez-y, chez quelques-uns, le plaisir de faire une dernière espièglerie d’écolier aux maîtres de leur jeunesse. […] Mes premières et mes dernières impressions ont été, tout au rebours de cette opinion, que M.  […] Pour moi, mes derniers souvenirs ne m’attiraient guère vers l’École normale24. […] Le règlement vous le défend, et il a bien raison ; il ne veut pas vous ôter votre liberté, mais vous la garder jusqu’au dernier moment. […] C’est un compte qui s’est réglé entre nous depuis longtemps, par une affection qui n’a pas souffert de la différence dernière de nos fortunes.

1078. (1881) Le naturalisme au théatre

Les écrivains de talent pataugent dans ce poncif comme les derniers des feuilletonistes. […] J’ai lu avec attention les derniers articles de M.  […] Le succès a été grand, surtout pour les deux derniers actes. […] Puis, j’aurais peur d’enlever leur dernière planche de salut aux théâtres menacés de faillite. […] Il comptait sûrement sur beaucoup d’appuis, qui lui ont fait défaut au dernier moment.

1079. (1903) Propos de théâtre. Première série

Gide, très différents dans leurs conceptions, se rejoignent, en dernière analyse, dans leurs conclusions. […] Et, s’il a l’esprit généralisateur, que conclura-t-il encore, et en dernière analyse ? […] Les derniers mots du roi étaient à double sens. […] Ils la jouèrent dans les derniers mois de l’année 1668. […] Il garde le silence pendant les dernières scènes, un peu gêné peut-être.

1080. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dubus, Édouard (1864-1895) »

Edmond Barthélemy Édouard Dubus nous apparaît surtout comme un poète du sentiment, un des derniers poètes du sentiment, tout à fait près de Verlaine, avec, pourtant, des garanties de développements, de certains développements qui donneront autre chose… Un poète du sentiment, mais point sentimental ; de là, sans doute, le sourire mi-navré, mi-ironique de cette poésie où toutes sortes de tendresses s’évaporent dans le doute, se meurent d’incertitude, encens à qui l’espace fait défaut.

1081. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 156

Gillet, Génovéfain, dernier Traducteur de cet Historien.

1082. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 216-217

Ce sont différentes Pieces de Poésie, où l'on trouve cette noble simplicité, ce naturel précieux qui caractérise les Poëtes du Siecle dernier.

1083. (1932) Le clavecin de Diderot

Chacun fera son humeur juge en dernière instance. […] Pratiquement, ils exigent de toute vie qu’elle se laisse étioler là, en un point fixe du temps, de ce temps que les dernières royautés parlementaires et républiques conservatrices rêvent d’arrêter, à leur profit, comme un soleil de la bible. […] Aux psychanalystes professionnels, j’offre ce lapsus, qui, l’automne dernier, plusieurs fois, me valut d’écrire, de dire Oreste au lieu d’Œdipe. […] Sans doute, pourrait-on objecter que l’un aussi bien que l’autre crime, en dernière analyse, peuvent être dits passionnels, avec objet unique de passion : la mère, qui dans le premier cas est victime, dans le second, bénéficiaire du meurtre. […] Selon le psychiatre je haïssais ces dernières.

1084. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Parmi les lettres adressées à Bosc et publiées dans la dernière édition des Mémoires, il n’y en a que très-peu qui se rapportent à cette époque, c’est-à-dire à l’intervalle de 80 à 92, aux derniers temps de son séjour à Lyon, aux premiers mois de son arrivée à Paris. […] Exaspérée par les événements du Champ-de-Mars, elle en vient, dit-elle, à applaudir aux derniers excès de l’Assemblée et à en désirer de plus grands comme le seul moyen d’éveiller l’opinion publique. […] Les derniers événements l’ont alimenté ; les lumières de la raison se sont unies à l’instinct du sentiment pour l’entretenir et l’augmenter… Je finirai de mourir quand il plaira à la nature, mon dernier souffle sera encore le souffle de la joie et de l’espérance pour les générations qui vont nous succéder. » Les jugements de Mme Roland sur La Fayette en particulier ont lieu de nous frapper par le contraste qu’ils offrent avec l’unanime respect dont nous avons entouré cette patriotique vieillesse.

1085. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Les derniers vers de la pièce ont été cités une fois par M.  […] Dans les dernières années de François Ier, l’influence de Marguerite, celle même de la duchesse d’Étampes, favorisaient à la cour une sorte de poésie semi-calviniste ; les courtisans chantaient les psaumes de Marot ; Diane de Poitiers, en arrivant à la pleine puissance, désira d’autres chansons, et le cardinal de Lorraine, bon catholique, fut de son avis. […] Cigongne contient aux dernières pages une pièce qui rappelle un peu, pour le motif, la chanson de l’Arioste, mais qui va fort au-delà ; elle trouverait sa vraie place dans un Parnasse satyrique. […] Parmi les publications de date postérieure concernant Marguerite, je veux au moins indiquer celle du comte H. de La Ferrière-Percy, qui nous a donné le Livre de dépenses de la digne reine, — dépenses des plus honorables, des plus généreuses, — et une étude sur ses dernières années (Paris, Aubry, 1862).

1086. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Puis il fit quelques visites à Charles X dans son exil, visites qu’il ébruita, au retour, par des sarcasmes ; la pudeur de ses amis les lui fit retrancher de l’impression ; mais je les ai moi-même entendus chez madame Récamier, sa dernière amie, et j’en ai gémi pour l’honneur du cœur humain ; il y flattait les ennemis de tous les trônes par des moqueries domestiques. […] m’écriai-je, dites de beaux souvenirs qui embellissent nos derniers jours. […] « Aux rayons de la lune, qui répand une si douce lueur dans ces régions asiatiques, aux derniers bruits que la mer apaisée jette sur la plage, les filles de Scio venaient, sur le banc de pierre dressé à la porte de leur maison, écouter les plaintes et les déclarations d’amour des jeunes hommes, quelquefois mêler leurs voix aux chants passionnés, au son du téorbe ou de la mandoline. […] Nous voulons parler de son dernier ouvrage, à peine publié, non encore connu, saisi par la mort sur le seuil de sa publicité : les Grecs anciens et les Grecs modernes ; ouvrage très neuf, très original et très philosophique en même temps que très poétique ; trésor véritable découvert par lui dans les littératures presque fabuleuses de l’arrière-Grèce.

1087. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« Vers le milieu du siècle dernier, un président à mortier au parlement de Paris, ayant une maîtresse et s’en cachant, car à cette époque les grands seigneurs montraient leurs maîtresses et les bourgeois les cachaient, fit construire “une petite maison” faubourg Saint-Germain, dans la rue déserte de Blomet, qu’on nomme aujourd’hui rue Plumet, non loin de l’endroit qu’on appelait alors le Combat des Animaux. […] Il est probable que les fauvettes et les mésanges du siècle dernier avaient fort jasé sur le compte de M. le président. […] Le soir une vapeur de rêverie se dégageait du jardin et l’enveloppait ; un linceul de brume, une tristesse céleste et calme, le couvraient ; l’odeur si enivrante des chèvrefeuilles et des liserons en sortait de toute part comme un poison exquis et subtil ; on entendait les derniers appels des grimpereaux et des bergeronnettes s’assoupissant sous les branchages ; on y sentait cette intimité sacrée de l’oiseau et de l’arbre. […] On arrête dans son repaire la femme qui a acheté les deux derniers petits enfants de la Thénardier.

1088. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Ce furent là les derniers chantres de poëmes épiques que le monde moderne pût lire, car leurs lecteurs ou leurs auditeurs y croyaient sincèrement avec eux ; mais l’âge épique passait avec eux. […] Ni Démosthène, ni Cicéron, ni Machiavel, ni Bossuet, ni Fénelon, ni Mirabeau, ni les premiers des écrivains ou des orateurs dans toutes les langues antiques ou modernes, qui ont essayé d’atteindre à cette perfection du langage humain, n’ont jamais pu y parvenir ; ils n’ont laissé après eux dans leurs œuvres que des débris de leurs tentatives, témoignage aussi de leur impuissance ; cela est plus remarquable encore dans les orateurs qui semblent se rapprocher davantage encore des poëtes par la force et par la soudaineté de la sensation ; aucun d’eux n’a pu dérober une strophe à Pindare ou dix vers à Homère, à Virgile, à Pétrarque, à Racine, à Hugo ; il semble qu’ils vont y atteindre ; mais, au dernier effort, la force leur manque, ils échouent, ils restent en arrière, ils ne peuvent pas, le pied leur glisse, ils se rejettent dans la prose, ils se sentent vaincus. […] Ce jeune homme, cependant, ne faisait que de naître, personne ne lui avait rien appris, il n’était d’aucune école ; à peine, avant de quitter Paris, avait-il causé avec quelques hommes médiocres du dernier siècle pour lesquels il affectait un culte : Ginguené, Esménard, Chênedollé, un peu Fontanes, Parny et à peine Chénier. […] C’est la Bible des derniers temps ; il n’y a plus qu’une voix dans la nature, un homme grand nous a parlé.

1089. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Le but dernier de la connaissance est l’adaptation, et nous appelons vérité l’adaptation précise. […] La conscience ne pouvant sortir de sa propre sphère, c’est à elle qu’il faut avoir recours en dernier appel : en ce sens on peut dire que tout critérium est subjectif ; nous ne pouvons jamais connaître que des états de conscience et nullement les objets en soi. […] De sorte qu’en dernière analyse, notre seule raison pour inférer l’existence de la matière, c’est la nécessité d’une synthèse d’attributs. […] Les derniers mots, entre guillemets, sont en français dans le texte.

1090. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

… Tel M. de Latouche était dans son bon temps, en sa verte jeunesse et avant l’âcreté soi-disant patriotique et tout à fait incurable des dernières années. […] Bert) ; les Dernières lettres de deux amants de Barcelone (1821), supposées écrites pendant la peste de cette ville. […] Je laisse de côté l’intention politique, je passe par-dessus le hiatus du dernier vers ; mais opérer une sortie, est-ce possible en poésie, et dans un autre style que celui du bulletin ? […] Je recommande la pièce intitulée Rupture et qui commence ainsi : « Brisons des nœuds dont l’étreinte vous blesse… » ; mais j’aime mieux citer la pièce qu’il a appelée Dernière élégie.

1091. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Je ne sais si Descartes a réellement fondé une philosophie, et, quoique quelques-uns de ses soi-disant disciples me l’assurent, j’en doute ; mais je sais bien qu’il a fait main basse sur les derniers empêchements que la scolastique mettait à l’esprit humain, et c’est là sa gloire. […] Les premières séances consultatives qui suivirent le 18 Brumaire firent évanouir cette illusion dernière de l’artiste plus encore que du philosophe. […] Des personnes qui l’ont approché dans ses dernières années (et le nombre en est petit) me le peignent immobile, renfermé, pratiquant plus que jamais cette opiniâtre passion de se taire : « Je ne vois plus, disait-il, je n’entends plus, je ne me souviens plus, je ne parle plus ; je suis devenu entièrement négatif. » Il s’arrêtait quelquefois au milieu d’une phrase commencée, et disait : « Je ne trouve plus le mot, il se cache dans quelque coin obscur. » Il revenait pourtant encore avec quelque plaisir sur ses anciens jours, et y rectifiait quelques points de récit qui appartiennent à l’histoire. […] Robespierre était son cauchemar et son délire dans ses dernières années, et on l’a entendu répéter : « Éloignez de moi cet infâme ! 

1092. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

De même que dans un des derniers tableaux de Gérôme au Salon, en voici un tas, comme à la porte d’une mosquée. […] Madame Sand, cette forte jupe philosophique, comme on sait, avait fait à ce livre sa dernière révérence avant de s’en aller dans l’autre monde. […] IV Marc-Aurèle est un des derniers volumes des Origines du Christianisme, commencées, il y a plus de vingt ans, par la négation de la Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, avec un éclat si prodigieusement scandaleux… Après le bruit qu’il fît alors, M.  […] Par intérêt pour son avenir et par reconnaissance pour son passé, il sauvera de la vermine de ses doutes — la maladie pédiculaire de sa pensée — cette première et dernière idée, qui ne lui appartient pas mais qu’il a ramassée au courant du siècle et des fleuves de l’érudition allemande, et qui l’a fait ce qu’il est encore, c’est-à-dire, pour les niais de l’incrédulité, un penseur, et pour les médiocres en littérature, un délicieux écrivain.

1093. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Quiconque, des Pyrénées aux dernières bornes de l’horizon, estime le vrai courage, va laisser déserts l’Aragon et l’Espagne. […] Ce fut même ce prince, sujet de la Porte, qui vint rassurer, ou épouvanter Constantinople, et montrer à Sélim, comme un dernier secours, les seuls vaisseaux ottomans échappés à la ruine commune. […] Rendu enfin à la lumière du jour et à sa chaire, devant un immense auditoire, il reprit ainsi son enseignement : « Je vous disais, à notre dernière séance… » Puis il rappela simplement quelque précepte littéraire, quelque vérité déjà connue, comme si tout autre souvenir de sa longue séquestration eût disparu de sa mémoire. […] Un sceptique du siècle dernier, Diderot, trouvait dans les Torrents de madame Guyon une éloquence incomparable.

1094. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 449-450

Son dernier Ouvrage sur les Preuves de l’Histoire, doit être regardé comme le Code de tous les Historiens.

1095. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 510

On connoît sa réponse à la question qu’on lui fit, relativement à ce dernier Ouvrage, pourquoi il y avoit tant de sorciers dans le Nord : C’est , répondit-il, que les biens de ces Magiciens sont confisqués, en partie, au profit de leurs Juges, lorsqu’on les condamne au dernier supplice.

1096. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 399

Les Notes placées par l'Auteur à la fin du dernier volume, sont autant de Dissertations courtes & lumineuses, propres à rendre un grand jour sur plusieurs parties de l'Histoire de France.

1097. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Les divers cours de cet Athénée sont eux-mêmes des garants irrécusables du progrès des sciences dans le siècle dernier, et du zèle que manifeste le notre à reculer les bornes de l’esprit humain. […] Je descends jusqu’à ce dernier genre pour suivre l’exemple d’Aristote, dont la poétique en son entier comprenait, dit-on, non seulement la haute tragédie, mais les règles des derniers mimes et des satires basses et populaires. […] Elles lui ménageaient un dernier triomphe : l’amertume de ses peines s’écoula peut-être en ces vers littéralement traduits. […] N’étant inférieur à rien d’élevé, son esprit saisit le dessus des choses, et son regard plongea d’en haut jusqu’aux derniers degrés où s’abaissent les vices qu’il voulut offrir au mépris de la multitude. […] De même, la mort de Polyxène précède, dans la tragédie d’Hécube, la vengeance de cette mère sur le perfide Polymnestor, meurtrier de son dernier fils Polydore, que lui avait confié sa tendresse.

1098. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Les vagues émotions religieuses et les rêveries de cœur qu’ils savaient communiquer aux âmes, et qui étaient comme une maladie sociale de ces dernières années, leur conciliaient bien des suffrages de jeunes gens et de femmes que la couleur féodale ou monarchique, isolée du reste, n’aurait pu séduire. […] Mais ce qu’il serait injuste de contester, c’est le développement mémorable de l’art durant ces dernières années, son affranchissement de tout servage, sa royauté intérieure bien établie et reconnue, ses conquêtes heureuses sur plusieurs points non jusque-là touchés de la réalité et de la vie, son interprétation intime de la nature, et son vol d’aigle au-dessus des plus hautes sommités de l’histoire.

1099. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Les Anciens, & les bons Ecrivains du Siecle dernier, avoient une toute autre méthode : comme les métaphores & les comparaisons ne sont destinées qu'à éclaircir une pensée, qu'à la rendre saisissante & palpable, ils ne présentoient que des images connues & frappantes. […] Puisqu'il paroît si disposé à profiter des leçons qu'on lui donne, nous l'inviterons à porter les derniers coups au vice radical, qui sera toujours l'ennemi de ses talens, c'est-à-dire, à se défaire de cette morgue philosophique dont il ne paroît pas encore sentir assez les travers ; à se persuader qu'il ne saura jamais bien écrire, que quand sa diction sera pleinement modeste & naturelle ; que ce n'est pas être lumineux, que de s'attacher à des pensées plus compliquées que nettes & animées ; que ce n'est pas être élégant, que d'employer des tours pénibles & des expressions étrangeres aux idées ; que c'est être bien loin de l'éloquence, que de n'avoir que cette espece de sentiment qui naît de l'imagination, & non celui dont la source est dans le cœur.

1100. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Mais si la Princesse Oghérof et Dosia sont les derniers qui aient été écrits, Mme Henry Gréville est en progrès et on peut espérer d’elle qu’elle montera encore. Que si, au contraire, À travers champs et Autour d’un phare (que, par parenthèse, l’éditeur Plon vient de publier, après tous les autres) sont les derniers sortis de sa plume, Mme Henry Gréville est évidemment en baisse de talent, et la neige de l’indifférence retombera bientôt sur la perce-neige, qui ne la percera plus !

1101. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine — est un des derniers représentants, et M.  […] Taine électrisé, a été bombardé, en définitive, dans les dernières lignes de sa Notice.

1102. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Résumé d’une puissante plénitude, ce n’est là, après tout, qu’un morceau d’histoire… L’auteur a coupé dans l’histoire universelle de l’Église l’histoire de son gouvernement temporel, et il nous l’a montré depuis son origine et ses premières luttes jusqu’aux dernières, — depuis Constantin, et même avant, jusqu’à Napoléon, et même après, — et il a éclairé ce fort résumé d’une si pénétrante et pourtant si sobre lumière, qu’aucun éblouissement n’est possible et qu’il reste évident, pour qui lit attentivement cette histoire, que le gouvernement temporel de la Papauté, de tous les gouvernements déchirés par les hommes certainement le plus déchiré, est aussi essentiel au Christianisme, aussi constitutif de sa nature que son gouvernement spirituel, et qu’il y a entre eux une nécessité d’existence, une consubstantialité qui fait leur identité même, et contre laquelle rien ne pourrait prévaloir d’une manière absolue sans entraîner la mort de tous les deux ! […] il a fallu l’accident d’un des derniers poèmes de Hugo, pour que j’allasse chercher dans son désert cet érudit musclé, qui est venu lui montrer, à lui, le grand verbeux, comment on brasse l’Histoire quand on se soucie peu de faire mousser la Renommée, cette vile écume !

1103. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

L’esprit révolutionnaire d’avant la Révolution, a commencé par être royalement révolutionnaire, d’avant et de pendant des règnes qui n’étaient pas ces deux misérables derniers racontés par M.  […] Il n’a vu et n’a ramassé que les dernières gouttes de la coupe débordée, sans dire quelles mains imprudentes ou coupables l’avaient remplie.

1104. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Ils ne l’ont pas dégradée de son esprit, ils l’ont proclamée spirituelle jusqu’à sa dernière heure, — et sa dernière heure l’avait abêtie.

1105. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Qu’importe que ces chastes lettres, dans lesquelles expirent les premiers et les derniers soupirs d’une âme céleste, ne puissent plus être comprises d’une société figée et conglutinée dans le matérialisme le plus épais ! […] II Quand Ballanche les publia, ces lettres, pour la première fois, non seulement il donnait à ce qui restait de cœurs purs en France, après les impuretés du xviiie  siècle, une sensation divine bien au-dessus de toutes les sensations que le Génie lui-même peut donner, mais en plus il préservait Mademoiselle de Condé des derniers outrages de ce xviiie  siècle expirant… L’amour de Mademoiselle Louise de Condé pour La Gervaisais, d’une princesse du sang de France pour un petit officier des carabiniers de Monsieur, cet admirable et chaste amour, discret, englouti dans deux âmes d’élite qui eurent également leur renoncement dans l’amour, cette chose rare qui achève l’amour dans ce qu’il a de plus sublime, avait transpiré comme un parfum qu’on percevrait mieux dans une atmosphère empestée, et cette transpiration d’un sentiment ineffablement pur au milieu d’une société corrompue, cette société avait dû en faire ce qu’elle faisait de tout.

1106. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Or, s’il y a une première parmi les nations, il y a forcément une dernière. […] Aujourd’hui, avec leur Soulouque qui les égorge comme ils ont toujours été égorgés, ils ne sont ni plus opprimés ni plus libres qu’ils n’étaient sous ce collier de tyrans, Boyer, Christophe, Dessaline ; mais la domination du dernier venu n’aura pas plus de durée que la domination des autres… Gustave d’Alaux a-t-il tu sciemment ou n’a-t-il pas seulement entrevu ces idées ?

1107. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

Et si cela était, son livre ne serait plus qu’une manière de pressentir et de préparer l’opinion, et de repassionner cette gloire froidie dans laquelle il a donné le coup de fourgon qui tire du brasier encore un dernier flamboiement. […] Celui qu’on ne croyait qu’un vieux théologien aveugle devient l’Homère de l’Angleterre, et la mémoire de ce puritain en habit gris, qui serait maintenant évaporée comme les sons de l’orgue dont il jouait, disent les Histoires, près de sa porte ouverte, aux derniers rayons du soir, se fixe en immortalité.

1108. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Quand il publia ses dernières poésies, — Émaux et Camées, — je consacrai, dans ce livre des Hommes et des Œuvres 31, une longue étude à ce talent savant et laborieux. […] Heureusement qu’ils ont des provisions, ces comédiens, car ils ne souperaient pas chez le baron de Sigognac, qui vient de finir son dernier morceau de pain quand ils arrivent ; seulement, après avoir soupe de leurs propres victuailles, ils couchent sous ce toit presque croulé qu’ils préfèrent encore, contre les rigueurs du temps, à leur carriole ouverte aux vents et à la pluie.

1109. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Tous deux essuyèrent des disgrâces, et tous deux vécurent exilés et tranquilles, cultivant jusqu’au dernier moment les trois choses les plus douces de la vie, la vertu, l’amitié et les lettres. […] Les derniers discours de Démosthène à l’officier qui voulait lui persuader de venir à la cour de son maître, sont de ce genre d’éloquence qui naît bien plus du caractère que de l’esprit.

1110. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Enfin, de douze mille francs qu’il avait par mois, il en employait onze à secourir des malheureux ; et, dans sa dernière maladie, peu de temps avant d’expirer, voulant honorer encore une fois l’infortune qu’il laissait sur la terre, il ordonna qu’on vendît ses pierreries pour la soulager. […] Votre réputation n’est plus à vous ; c’est la seule et dernière vie qui vous reste encore parmi nous ; elle appartient à la renommée ; c’est à elle d’exercer son empire sur votre nom, pour le conserver aux siècles à venir avec encore plus d’autorité que la mort n’en prendra sur vos cendres pour les détruire.

1111. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Voici un souvenir des Natchez ou du Dernier des Mohicans, le « sentier de la guerre ». […] Œuvre, en leur forme dernière, d’une caste de prêtres qui étaient aussi des grammairiens, les Védas sont une expression toute symboliste de la poésie. […] Derniers mots Ce n’est qu’au chapitre final que M.  […] Les poètes des trois derniers siècles qui firent rimer ce mot avec amer et mer furent absurdes. […] Ses derniers vers représentent bien plus que les premiers tout ce que sa fécondité verbale avait de magnifique et d’exceptionnel.

1112. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 292

Après avoir donné une élégante Traduction en Vers d'Anacréon & de quelques autres Poëtes Grecs ; après avoir débuté sur la Scene par deux Tragédies, Ajax & Briseïs, qui n'ont pas eu, à la vérité, beaucoup de succès, mais qui en eussent obtenu davantage, si une Poésie pure, facile, & harmonieuse, pouvoit remplacer le défaut d'intérêt dans l'une, & faire pardonner la trop grande complication d'incidens dans l'autre ; il a renoncé à la carriere du Théatre, & semble avoir fait ses derniers adieux à Melpomene, dans son Appel au petit Nombre, où il prouve à la Multitude qu'elle a tort, avec autant de chaleur & d'énergie, que de littérature & d'érudition.

1113. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

André Chénier a remarqué la beauté du tableau, et ce mouvement du dernier vers qui rappelle et rend à merveille l’assurgere des Latins : Utque viro Phœbi chorus assurexerit omnis. […] Je voudrais apporter pour dernier éclaircissement à ma pensée un exemple bien sensible et bien frappant, très inégal d’ailleurs, et qui ne revient au sujet en question que par un point. […] Je suis vaincu du temps, je cède à ses outrages ; Mon esprit seulement, exempt de sa rigueur, A de quoi témoigner en ses derniers ouvrages     Sa première vigueur. […] L’espace d’entre le Rhin et les Pyrénées ne lui semble pas un champ assez grand pour les fleurs de lys ; il veut qu’elles occupent les deux bords de la mer Méditerranée, et que de là elles portent leur odeur aux dernières contrées de l’Orient. […] Il y aurait un dernier chapitre à écrire sur lui, et je l’ai esquissé ailleurs ; c’est celui où l’on montrerait son influence directe et la continuation de sa veine, à la fois noble et épurée, chez ses meilleurs disciples, Racan et Maynard.

1114. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Et il faut, si l’on écrit de la guerre, ou l’avoir faite soi-même, ou l’avoir étudiée jusque dans ses dernières minuties avec les hommes du métier, pour décerner avec justice le blâme ou la gloire dans la défaite ou dans la victoire. […] Nous nous croyons donc dans d’excellentes conditions d’impartialité pour étudier avec vous ce livre ; et si le plaisir est déjà un jugement anticipé, nous pouvons laisser préjuger d’avance le nôtre, car nous avons lu cinq fois cette histoire depuis la première page jusqu’au dernier mot, et n’avons jamais fermé le volume qu’avec ce regret et avec ce déboire qu’on éprouve en quittant trop tôt le commerce d’un grand esprit. […] Les derniers murmures de la liberté de tribune expirante l’inquiètent dans le tribunat. […] Une maladie héréditaire, que le travail, les fatigues et ses derniers chagrins avaient rendue mortelle, venait de causer sa fin prématurée, le 23 janvier 1806. […] Pitt, si heureux pendant dix-huit ans, fut malheureux dans les derniers jours de sa vie.

1115. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Mais quel moyen avons-nous de connaître la valeur historique des comédies du dernier mois, et de savoir quelle place elles occuperont dans l’histoire littéraire, ou même si elles y occuperont une place ? […] Il reste que je « juge », si j’ose encore m’exprimer ainsi, les cinq dernières productions de notre art dramatique d’une manière toute subjective et sur le plaisir qu’elles m’ont fait. […] Mais au dernier moment, effrayée, elle se dérobe : tout est perdu ! […] Les conspirateurs sont occupés, dans le souterrain, à donner les derniers coups de pioche… Ils savent qu’il y a parmi eux un traître, mais ignorent qui c’est. […] Lia reste seule, dans le foyer attristé et rétréci, avec sa dernière sœur, Dorothée.

1116. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — I » pp. 12-13

Je n’ai pas vu les Burgraves, donnés mardi dernier.

1117. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bois, Jules (1868-1943) »

Dans son dernier recueil (Prières), je ne trouve pas assez d’habileté d’art pour séduire mes mauvais instincts de rhéteur, ni les sensations d’humanité et de vie que réclame ma sensibilité naturelle.

1118. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guttinguer, Ulric (1787-1866) »

. — Dernier amour (1852).

1119. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mithouard, Adrien (1864-1929) »

Son dernier volume, Le Pauvre Pêcheur, est en tous points digne de son talent brodé d’humilité pieuse et de sincérité admirable.

1120. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montégut, Maurice (1855-1911) »

. — Dernier cri (1895). — Les Contes de la chandelle (1896). — Le Geste (1896). — Les Détraqués (1897). — La Fraude (1900).

1121. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Veyrat, Jean-Pierre (1810-1844) »

À peine rentré dans son pays et rapatrié, il s’occupa à recueillir et à publier les pièces de vers des dernières saisons, sous ce titre : La Coupe de l’Exil (1844).

1122. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 305

Ces Auteurs auroient-ils donc voulu qu’en faveur de la Philosophie, M. l’Abbé de la Bleterie eût érigé en héros accompli, un Prince qui poussa la pédanterie philosophique au dernier degré du ridicule ?

1123. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 350

la Borde, Prêtre de l’Oratoire, qui rendit un compte édifiant de ses derniers sentimens.

1124. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 258-259

Un des bons Littérateurs du Siecle dernier, digne d’être placé, non dans le premier ordre, mais dans celui d’une utilité qui exige de la reconnoissance.

1125. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 498-499

Ces deux derniers Ouvrages sont d’un homme qui, au mérite des connoissances, joint celui de les présenter avec réserve & modestie.

1126. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Rationnel, scientifique et, en dernière analyse, pratique, tel doit être l’esprit nouveau. […] Et, de plus, les travaux sans but immédiat se trouvent toujours les plus utiles en dernière analyse et au dernier terme. […] Ce tempérament, Sarcey l’a gardé jusqu’au dernier jour et je ne sais s’il ne fut pas plus fort et plus sûr et plus ferme au dernier jour qu’au premier. […] Il eut une dernière bonne fortune qu’il avait souhaitée de toutes ses forces. […] Le 7 mai, le lendemain, paraissait son dernier feuilleton.

1127. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Le jour de la première, on écoute nonchalamment toute la pièce ; et puis l’effet du dernier acte est si foudroyant que c’est un succès de tous les diables. […] L’à-propos du 6 juin dernier (avez-vous remarqué, ô arithmologues ! […] Lanson sur la Comédie larmoyante est la publication relative au théâtre la plus importante qui ait paru en ces dernières années. […] Tantôt sublime, tantôt au-dessous des dernières de ses camarades. […] Mais il ne sait donc point Qu’il est infortuné, qu’il l’est au dernier point ?

1128. (1925) Dissociations

À quarante-cinq ans, il entre dans l’adolescence, passe ses derniers examens et se prépare à la vie sérieuse. […] Dernier scandale : quand il est tombé, écrasé et le crâne ouvert, les autres prisonniers ont applaudi et poussé des cris d’admiration. […] Je n’en connais pas les dernières nouvelles, mais je ne crois pas que le négociant en question ait choisi le moyen le plus sûr. […] Il n’en était pas de même dans le milieu du siècle dernier. […] Et les traités d’histoire vous diront que le christianisme a aboli l’esclavage et que, dernier progrès, la Révolution a aboli le servage !

1129. (1896) Le livre des masques

Nous eûmes, en ces dernières années, un essai très sérieux de littérature basée sur le mépris de l’idée et le dédain du symbole. […] En d’autres temps le sens de la vie fut connu ; alors les hommes n’ignoraient rien d’essentiel, puisqu’ils savaient le but de leur voyage et en quelle dernière auberge se trouvait le lit du repos. […] Mysticisme, ce mot a pris en ces dernières années tant de sens les plus divers et même divergents qu’il faudrait le définir à nouveau et expressément chaque fois qu’on va l’écrire. […] Dans le recueil de ses dernières œuvres on compterait sans doute plus de cinquante vers ainsi finis : oiseaux d’or, cygnes d’or, vasques d’or, fleur d’or, et lac mort, jour mort, rêve mort, automne mort. […] Ses derniers livres la Forêt bruissante et Similitudes affirment cette tendance.

1130. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Luce de Lancival et Baour-Lormian sont moins fanés, moins « perruques », moins « pompiers » que les derniers apôtres de « l’art pour l’art ». […] Dans ses dernières années, il le lisait, le relisait, le faisait lire et admirer à ses amis. […] Sous les nuages bas de ciel mouillé, les prés ont revêtu le deuil violet des colchiques, floraison dernière de l’été mourant. […] L’année dernière, on montra du doigt à M.  […] Il lui dit adieu comme au dernier souvenir de sa jeunesse orientale.

1131. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 403

La pente qui conduit à l’erreur, est rapide ; on ne s’arrête guere qu’après s’être porté aux derniers excès.

1132. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 64

COULANGES, [Philippe-Emmanuel de] Maître des Requêtes, né à Paris en 1631, mort dans la même ville en 1716 ; l’Anacréon du siecle dernier, & l’agrément des Sociétés de son temps, par la vivacité de son esprit & la gaieté de son caractere.

1133. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 11

Celui-ci est Compositeur d’un Dictionnaire du vieux langage François, qui peut être utile à ceux qui aiment la lecture de nos anciens Auteurs, aux Généalogistes, aux Chartriers, aux Notaires, sur-tout aux derniers, lorsqu’ils sont embarrassés pour l’intelligence de quelques expressions hors d’usage.

1134. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 281

Elle cultiva les Muses Latines & Françoises avec assez de succès, pour mériter d'être citée parmi la foule des Esprits qui ont honoré le Siecle dernier par leurs talens.

1135. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Mais ces deux derniers me paraissent d’une solidité et d’une vérité remarquables. […] Et les dernières phrases, alors, du matin grec et du matin d’Afrique se lèvent symétriques. […] Un dernier mot cependant. […] Bellessort, qui ont paru l’an dernier, aient quitté le champ d’une actualité relative. […] Peut-être eût-il été plus convenable qu’il reparût l’hiver dernier, celui de la poésie pure.

1136. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Nommé, après juillet 1830, consul à Trieste d’abord, puis, sur le refus de l’exequatur par l’Autriche, consul à Civitavecchia, il était devenu dans les dernières années un habitant de Rome. […] Beyle, au fond, est un esprit aristocratique : un jour, à la vue des élections, il s’était demandé si cette habitude électorale n’allait pas nous obliger à faire la cour aux dernières classes comme en Amérique : « En ce cas, s’écrie-t-il, je deviens bien vite aristocrate. […] Il devint lourd et apoplectique dans ses dernières années, mais il était fort soigneux de dissimuler, même à ses amis, les indices de décadence.

1137. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

J’ai appris dès l’Indoustan, par les dernières lettres de mes amis, que c’est à présent tout de bon, et qu’on vous va voir prendre l’essor avec Démocrite et Épicure, bien loin au-delà de leurs flamboyantes murailles du monde, dans leurs espaces infinis, pour voir et nous rapporter, victorieux, ce qui se peut et ne se peut pas :                                                  Et extra Processit longe flammantia moenia mundi. Les sujets auxquels Chapelle méditait de s’appliquer n’étaient rien moins que la nature même des choses au physique et au moral, la structure du monde et la composition de l’homme, le libre arbitre, la fortune, le destin, la Providence, la nature de l’âme ; il voulait, d’après Épicure, Lucrèce et Gassendi, reprendre et couler à fond toutes ces matières : il n’avait peut-être pas tout à fait cuvé son dernier vin de la veille le jour où il avait conçu ce grand projet, dont la nouvelle était allée à Bernier jusqu’aux contins de l’Indoustan. […] Chapelle disparaît et semble s’éteindre dans les dernières années de sa vie.

1138. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Mme de Choiseul a été saisie et crayonnée par Horace Walpole en quelques traits qui sont bien d’un peintre compatriote de Spencer et de Shakespeare : Ma dernière nouvelle passion, et aussi, je pense, la plus forte, écrivait-il pendant un séjour à Paris (janvier 1766), est la duchesse de Choiseul. […] Fiez-vous à lui, mes très chers frères ; il vous guidera mieux, quand il s’agira de sentiment, que les grands raisonnements des philosophes, que la trompeuse expérience du monde, et que les sophismes dangereux de votre raison. » Ce bon frère continua, et je m’en allai parce qu’il commençait à m’ennuyer, et que mon instinct ne peut supporter l’ennui ; cependant j’ai entrevu dans son discours quelques vérités applicables à la petite fille… Ainsi traitait-on cette vieille enfant malade et qui avait tant abusé et mésusé dans sa jeunesse de la faculté d’aimer, qu’elle n’en avait plus la force ni la foi dans ses derniers jours : c’était du moins quelque chose, et mieux que rien, d’en avoir gardé, à ce point, l’inquiétude et le tourment. […] Dans les dernières années de sa vie, elle logeait rue Saint-Dominique, dans un appartement de l’hôtel habité depuis par le maréchal Soult.

1139. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide ! […] Villemain, et de rechercher ce qu’il y a de Shakespeare ou plutôt ce qu’il n’y en a pas dans les pièces de Ducis ; il n’a guère emprunté de son original que les titres et une certaine excitation chaleureuse pour se monter l’imagination sur les mêmes sujets ; et il n’a guère fait, à son tour, que fournir des motifs de beaux rôles et de masques tragiques à de grands comédiens comme Brizard, La Rive, Monvel, et en dernier lieu Talma. […] J’ai sous les yeux trois lettres de lui à Garrick, le grand tragédien, celui qui, vers le milieu du dernier siècle, ressuscita Shakespeare tout entier aux yeux des Anglais étonnés et le remit en plein honneur.

1140. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Rêvez, rêvez alors… » Mais voici un dernier passage qui sort du ton sentimental et tendre, et qui, ce me semble, est éloquent, élevé, poétique à la fois et philosophique, tout un jet brillant de hardiesse et de libre fantaisie. […] Car un des secrets de l’amour, il le lui dira au dernier moment, « c’est qu’il faut toujours qu’un homme domine une femme, — par la force, par l’intelligence, par l’orgueil, par la fierté, par tout ce qui est mâle en lui ; — et c’est pour cela, ajoute-t-il, qu’on n’aime jamais bien une femme qu’on ne comprend pas, qu’on craint de blesser en frappant autour d’elle des choses qu’on ne saisit pas bien… Que voulez-vous qu’un homme fasse de l’orgueil d’une femme ?  […] À force de nier l’amour en autrui et de le trouver trop froid à son gré, ou trop peu sublime au prix de la flamme éthérée qu’elle rêve, elle lui a soufflé du froid en effet, elle a tué le charme : « Je commence à voir clair en nous, lui écrit Michel dans un dernier adieu : vous me disiez si fermement que j’étais froid et que j’analysais, que parfois je croyais que vous m’aimiez beaucoup et que je vous aimais peu.

1141. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Roland, de plus, avait vieilli, et de son côté Mme Roland était arrivée à cet âge de trente-cinq ans environ où la pudeur diminue, même aux plus honnêtes, et où la plus sage a fort à se défier des désirs qui, dans leur dernier réveil, et avec tout un arriéré formidable, sentent qu’ils n’ont plus qu’un jour, une heure, une suprême saison. […] Dans les pages d’adieux intitulées Mes dernières Pensées, et qu’elle écrivit à un moment où elle avait pris le parti de ne point attendre l’échafaud et de se donner la mort, après une apostrophe à son mari, à sa fille, elle continuait ainsi, à l’adresse de Buzot fugitif et persécuté : « Et toi que je n’ose nommer ! […] Mais si l’infortune opiniâtre attache à tes pas quelque ennemi, ne souffre point qu’une main mercenaire se lève sur toi ; meurs libre comme tu sus vivre, et que ce généreux courage qui fait ma justification l’achève par ton dernier acte. » Mme Roland dans sa prison lisait beaucoup Tacite et cherchait à se pénétrer de sa forme : on s’en aperçoit à la condensation et à l’obscurité de la dernière phrase. — Cette apostrophe à la Caton, cette tirade à la Sénèque ou à la Lucain, très raturée dans le manuscrit, a été reconquise par le présent éditeur.

1142. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Deux confréries représentent cette double influence : l’une, celle des Senoûsi, ainsi appelée du nom de leur fondateur Es-Senoûsi (mort en 1859), est notre ennemie mortelle ; elle est fondée sur une pensée de protestation religieuse contre toutes les concessions faites à la civilisation de l’Occident, contre toutes les innovations introduites dans divers États de l’Orient par les derniers souverains, et contré tout essai nouveau d’agrandissement ou d’action de la part des infidèles. […] Pendant que d’autres fanatiques préparaient en Asie les massacres de Djedda et de Damas, lui, il dressait le plan de la conquête du Sahara africain par une propagande active ; il y fondait des Zaouiya, des couvents musulmans, échelonnés de manière que le dernier, le plus isolé, le plus éloigné, pût encore servir de refuge in extremis aux derniers éléments d’une foi déjà atteinte par l’indifférence. » Pour fonder un de ces centres, un de ces couvents armés contre nous, que fait-on ? […] Jeune encore, à l’époque des grandes guerres du premier Empire français, il était à Ghadamès au milieu d’une réunion d’hommes graves, lorsqu’on apporta la nouvelle d’une reprise d’hostilités entre les chrétiens. « Tant mieux 1 dit un vieux marchand, puissent-ils s’entre-tuer jusqu’au dernier ! 

1143. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Sur la montagne, la verdoyante ramée des hêtres triomphait si bien du feuillage noir des sapins, elle s’étendait si lustrée, si criante, elle montait si vaillamment jusqu’à la région des pâturages, et ceux-ci commençaient à verdoyer si ferme, qu’à part la coupole de neige qui couvrait le fin sommet, on ne voyait que ce vert terrible qui semblait refouler la pensée en soi-même. » En allant chez la vieille, il y a un endroit plus élevé, un col à passer, et, si l’on s’y arrête pour jouir du spectacle, on voit en bas cette vallée se déroulant au plus loin dans sa moire verte et « d’un vert criard », mais de l’autre côté, du côté du village, au-dessus et par-delà, on voit la montagne et ses dernières pentes, mouchetées de sapins, semées de hêtres et offrant aussi des places plus riantes, car la saison y est retardée, et quand le vallon est en mai, on n’est là-haut qu’en avril : « Les vergers croissaient parmi, et comme j’avais monté pour arriver au col, je retrouvais fleuris les arbres qui, dans le vallon, avaient passé fleur. » Voilà des expressions charmantes et neuves, nées de l’observation même. […] En tout, il y a dans cette suite de petits volumes de Mmc de Gasparin, particulièrement dans les deux derniers, Prouesses et Voyages, de l’éclat, du mouvement et mémo un peu trop, du bruit ; il y a du saccadé, du rocailleux, du naturel et de l’imité, du Tôpffer, du George Sand, du Michelet, que sais-je ? […] Elle aussi, elle a visité les montagnes : dans les dernières années de sa vie, malade, on l’envoya prendre les eaux à Cauterets ; elle dut quitter sa chambre du Cayla, cette chambrette bien aimée devenue caveau par tout ce qu’elle contenait de chères reliques, un vrai « cloître de souvenirs. » Elle ne se plut que médiocrement dans les Pyrénées, « la plus magnifique Bastille où l’on puisse être renfermé », disait-elle, et, sa saison faite, elle fut heureuse d’en sortir.

1144. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote envisage sous cet aspect les poëmes homériques, l’Iliade et l’Odyssée, et il arrive à des conclusions qui, par leur modération et leur plausibilité, m’ont beaucoup plu et m’ont paru apporter une certaine paix, une médiation conciliante, dans l’espèce de trouble et de partage où ont dû nous laisser en France les dernières guerres homériques engagées depuis plus de cinquante ans entre les savants d’outre-Rhin. […] Ce savant Villoison, qui avait publié le manuscrit de Venise, croyait n’avoir fait qu’apporter un dernier trésor, et le plus riche de tous, dans le temple consacré au vieil Homère ; en réalité il avait apporté un arsenal, un brûlot, une machine de guerre : de cette édition comme du cheval de bois sortit toute une année d’assaillants. […] L’Achille des derniers chants ne semble pas avoir présentes à l’esprit ces offres de réparation qui lui ont été faites, et il a l’air de les attendre encore11.

1145. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

En lui refusant un de ces grands succès, tel que l’eût été par exemple Dettingen, s’il y eût été vainqueur, une de ces actions d’éclat qui couvrent bien des fautes ou des insuffisances et qui font passer un homme de l’état contesté a l’état consacré, il semble que la Fortune, si prodigue d’ailleurs envers lui, n’ait été que juste et qu’elle ait résisté, au dernier moment, à couronner une gloire trop superficielle. […] Le duc de Noailles, très obligé à Saint-Simon, essaya de se lier encore plus avec lui pour la prochaine campagne politique qu’ils allaient faire ensemble ; dans les derniers jours du règne il le tâta ; il jetait en causant ses vues, ses idées, et il en avait de toutes sortes, de spirituelles, d’avancées, de risquées, d’impraticables, d’incompatibles ; il était homme à projets : sur bien des points, ils ne s’entendirent pas. […] C’est ainsi qu’il nous le montre dans les dernières années au Conseil, sourd, avec son menton d’argent (à cause d’un mal qui lui rongeait le bas du visage), parlant haut, criant sans en être mieux écouté, opinant pour qu’on reçoive les remontrances du Parlement et jouant le citoyen, hoc solo imitatus civem : « Le maréchal de Noailles opina bravement pour qu’on reçut les Remontrances, disant que le roi doit toujours écouter ses sujets, sur quelque plainte que ce soit qu’ils aient à lui porter, sauf à punir ceux qui les portent avec injustice et irrévérence.

1146. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

MM. de Goncourt sont deux auteurs qui n’en font qu’un et dont le nom a acquis toute sa signification depuis leurs deux ou trois derniers romans très-remarquables, mais surtout par ce drame d’Henriette Maréchal qui a fait éclat et qui les a bombardés tout d’un coup à la célébrité. […] Toute la question, la question principale du moins, que soulèvent plusieurs des dernières productions de MM. de Goncourt, pourrait se résumer en ce point délicat ; leur théorie elle-même est en cause. […] La Vierge à la chaise sera toujours l’académie de la divinité de la femme. » Je me sens peu juge en matière d’art, n’ayant pas eu dans ma vie assez d’occasions de regarder et de comparer ; mais, à première vue, je n’aurais pas cru que Raphaël fût si gros ni si opposé au Vinci, dont je l’aurais plutôt considéré comme la fleur dernière et l’épanouissement.

1147. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

MADAME DE SOUZA Un ami qui, après avoir beaucoup connu le monde, s’en est presque entièrement retiré et qui juge de loin, et comme au rivage, ce rapide tourbillon où l’on s’agite ici, m’écrivait récemment à propos de quelques aperçus sur le caractère des œuvres contemporaines : « Tout ce que vous me dites de nos sublimes m’intéresse au dernier point. […] Ce qui manque, c’est du calme et de la fraîcheur, c’est quelque belle eau pure qui guérisse nos palais échauffés. » Cette qualité de fraîcheur et de délicatesse, cette limpidité dans l’émotion, cette sobriété dans la parole, ces nuances adoucies et reposées, en disparaissant presque partout de la vie actuelle et des œuvres d’imagination qui s’y produisent, deviennent d’autant plus précieuses là où on les rencontre en arrière, et dans les ouvrages aimables qui en sont les derniers reflets. […] Mme de Souza est morte à Paris le 16 avril 1836, conservant jusqu’à son dernier moment toute la bienséance de son esprit et l’indulgence de son sourire. — On trouvera dans un volume publié depuis peu (1863), par M.

1148. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Il y avait deux mois environ que la mère et la fille remplissaient l’office qui devenait leur unique ressource dans le présent, et même leur dernière perspective d’avenir (on disait déjà que M. […] Parmi ces dernières, il lui arriva d’en remarquer jusqu’à trois à la même adresse, à celle du comte Hervé de T…, et toutes les trois de la même main, d’une main qui semblait élégante, et de femme, et comme mystérieuse. […] Mais à d’autres fois aussi, et quand tu te sers, ô Clémente, de tes plus douces flèches, tu ne fais qu’affaiblir, diminuer insensiblement le souffle, en conseil vaut aux traits leur harmonie et au front son pur contour ; et quand tu y imprimes ton baiser glacé, il semble que ce soit une dernière couronne. — O Mort, que tu as de formes diverses !

1149. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Fior d’Aliza (suite) Chapitre IX (suite) CCLI J’entrai dans le préau et je courus dans la loge d’Hyeronimo ; le père Hilario y était déjà, il était venu lui annoncer que tout espoir de grâce était perdu par l’absence du prince qui voulait chasser le faisan en Bohême, et que le jour de la mort était fixé à trois jours de là pour le condamné ; il recevait sa dernière confession et la promesse de lui apporter le sacrement du mariage et le sacrement de l’eucharistie avec celui de l’extrême-onction, la veille de sa mort. […] Que Dieu le leur rende à leur dernier jour, ils ont bien prié, et pour moi sans le savoir ! […] CCLXXIV Je remontai seul encore au grand châtaignier ; les dernières feuilles tombaient humides sous le beau vent d’équinoxe qui résonnait par bouffées dans la montagne, comme l’orgue de la Toussaint dans la cathédrale des couvents lointains.

1150. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Et la même remarque s’impose quand on compare les deux derniers livres des Contemplations à la première Légende des siècles. […] La poésie réaliste, si elle est possible, n’a pas rencontré d’homme : il faut en chercher les esquisses éparses un peu partout dans les vers de ces vingt dernières années, surtout dans quelques pièces de Maupassant893 ou de Verlaine894 : disons aussi, pour être juste, çà et là, par hasard, dans la Chanson des Gueux 895. […] Poèmes antiques (1853) ; Poèmes barbares (1859) ; Poèmes tragiques (1884) ; Derniers poèmes (1895). — Édition : Lemerre, in-8, et pet.

1151. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Voyez comment, dans son dernier roman, un drame tout moral et tout intime se tourne peu à peu en un poème symbolique, grandiose et tout matériel. […] Les dernières pages sont lugubres : l’enterrement de Claude, un jour de pluie, dans le misérable cimetière neuf, pelé, lépreux, avec des terrains vagues et, au-dessus, la ligne du chemin de fer. […] Ses figures font penser à la fresque du Jugement dernier.

1152. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Enfin, pour dernière raison, qui pourrait au besoin servir à justifier l’éditeur du recueil que nous annonçons3, si on venait à lui reprocher qu’il a tiré à peine quelques paillettes d’or d’une mine si riche, nous rappellerons le jugement de madame de Staël dans son livre de l’Allemagne : « La poésie du style de Jean Paul ressemble aux sons de l’harmonica, qui ravissent d’abord, et nous font mal au bout de quelques instants. » À tout prendre, ce petit livre est donc un présent dont nous devons remercier l’éditeur. […] Qu’il se soit fait un prodigieux changement dans le style depuis la fin du dernier siècle, et que le mouvement qui nous entraîne, loin de s’arrêter ou de se ralentir, augmente tous les jours, personne assurément n’en doute. […] Le sujet et jusqu’au titre de son dernier recueil sont un indice de son talent.

1153. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il a été du dernier mieux, comme ou disait de son temps, avec la première femme du bourgeois ; il est le parrain de sa fille ; or, un parrain est un second père, et quelquefois le premier. […] il vient de rendre sa dernière injure. […] » s’écrie le vieillard transporté, et il ajoute en lui-même une dernière syllabe à ce nom trompeur.

1154. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

M. de Chateaubriand, à ce beau moment de sa vie (ce beau moment, pour moi, est le moment littéraire, et s’étend depuis Atala, par René, par Les Martyrs, jusqu’au Dernier des Abencérages), M. de Chateaubriand eut alors, comme poète, un bonheur que bien peu obtiennent : il rencontra deux amis, deux critiques à part, Fontanes et Joubert, faits tout exprès pour lui, pour l’avertir ou pour le guider. […] Il y avait les cercles philosophiques et littéraires de Mme Suard, de Mme d’Houdetot, celui de l’abbé Morellet (que tenait sa nièce, Mme Chéron) ; là dominaient, à proprement parler, les gens de lettres et les philosophes, continuateurs directs du dernier siècle. […] La semaine dernière a été toute consacrée à M. de Chateaubriand, et il y a eu grande fête d’éloquence à son sujet10.

1155. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Guizot a pris deux fois la parole, comme écrivain, depuis février 1848 : la première fois, en janvier 1849, par sa brochure, De la démocratie en France ; la seconde fois, ces jours derniers, par le Discours dont il s’agit, et qui est à double fin. […] Il existait, dans les dernières années du précédent régime, deux atmosphères très distinctes, celle de l’intérieur de la Chambre et celle du dehors. […] Tous les trois ont réussi, les deux derniers plus complètement, Cromwell moins : il n’a réussi qu’à se maintenir et n’a rien fondé.

1156. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

La nature voulut le montrer à son siècle comme un dernier exemplaire de l’âge précédent ; puis elle le retira avec une pudeur jalouse. […] J’en ai parlé au long dans trois articles du Moniteur des 24 et 31 août et 7 septembre 1857, articles qui se retrouveront dans les derniers volumes de ces Causeries. Quoi qu’il en soit, ce premier article que j’ai donné avant les découvertes dernières, n’est pas encore trop faux, et les aperçus qu’on vient de lire sur le caractère et la vocation du personnage ont été plutôt confirmés que contrariés.

1157. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Aujourd’hui, quand on relit chez son dernier biographe les morceaux qui sont donnés pour les plus éloquents, quand on relit dans les Œuvres mêmes de l’auteur ces Mercuriales tant vantées, on ne peut y rien voir que l’exercice d’un talent distingué sachant se servir habilement d’une rhétorique heureuse. […] Saint-Simon cite les exemples les plus curieux de cette indécision d’un si vaste esprit, laquelle se prolongeait jusqu’au dernier moment. […] Et ce même chancelier pourtant, séduit par le plan que lui déroula Diderot, et par le pur amour des sciences, accorda en dernier lieu le privilège de l’Encyclopédie, dont les premiers volumes ne parurent, il est vrai, qu’après sa mort.

1158. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins, toujours en train et en goût de représentation actuelle et de puissance, rêvera, pour sa retraite dernière, une position de souveraine dans un petit État indépendant où elle puisse, à ses heures de loisir, gouverner une bonne fois en son propre nom et se déployer en plein soleil : car ce fut là son pot-au-lait final et son vrai château en Espagne. […] Les grandes guerres et les événements inouïs qui ont rempli la fin du dernier siècle et les quinze premières années du nôtre, nous ont trop fait oublier ce qu’avaient de terrible et d’inouï aussi à leur moment les douze premières années du xviiie  siècle. […] D’autres racontent (et ces divers récits se complètent sans se contredire) que Mme des Ursins ayant protesté de son dévouement à la nouvelle reine, et assuré Sa Majesté « qu’Elle pouvait compter de la trouver toujours entre le roi et Elle, pour maintenir les choses dans l’état où elles devaient être à son égard, et lui procurer tous les agréments dont Elle avait lieu de se flatter, la reine, qui avait écouté assez tranquillement jusque-là, prit feu à ces dernières paroles, et répondit qu’elle n’avait besoin de personne auprès du roi ; qu’il était impertinent de lui faire de pareilles offres, et que c’en était trop que d’oser lui parler de la sorte ».

1159. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Enfin comme troisième période, après une interruption de plusieurs années, sous prétexte de sa place d’historiographe et pour cause de maladie, d’extinction de voix physique et poétique, Boileau fait en poésie une rentrée modérément heureuse, mais non pas si déplorable qu’on l’a bien voulu dire, par les deux derniers chants du Lutrin, par ses dernières Épîtres, par ses dernières Satires, l’Amour de Dieu et la triste Équivoque comme terme.

1160. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Le rêve fini, l’insomnie m’a pris, et ma pensée incapable de se rendormir, poussée violemment au dernier roman que nous devions faire : La Fille Élisa, a travaillé, le reste de la nuit, dans l’horrible. […] Mme Sand est momifiée de plus en plus, mais toute pleine de bonne enfance, et de la gaieté d’une vieille femme du siècle dernier. […] Ainsi, faites absolument comme vous l’entendrez, vous êtes, n’est-ce pas, bien plus intéressé que moi au succès de la pièce. » Puis, au bout de tous ces apparents abandonnements, apparaissait sournoisement le nom de Meurice, de l’excellent Meurice, à qui La Rochelle devait référer, en dernier ressort, pour tout.

1161. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Quel était l’idéal du vers romantique, celui qui dominait nos dernières et plus agréables lectures de vers ? […] En ce temps de centralisation, quand les derniers rameaux de pouvoir féodal qui gênaient les belles allées du pouvoir royal furent ébranchés, en ce temps de Le Nôtre, il fallut, pour toutes choses, un jardinier aux plans rectilignes ; on ne s’occupa nullement, pour donner l’apparat et la noblesse au vers français (cette noblesse, chape de plomb, manteau lourd et sans forme aux épaules de la Muse) que la règle fût juste ; on la rechercha suffisante mais surtout uniforme et majestueuse ; il y eut une flexion sur un jarret pendant un pas majestueux : l’hémistiche ; et cette règle de Boileau est antipoétique, parce qu’elle ne naît pas des besoins du poème, qu’elle découle, fausse, d’une visée sociale. […] Le vers obtient ainsi une valeur résumante, analogue à celle du dernier vers de la terza rima, mais plus réel, plus obtenu au moyen du vers même, sans ressource empruntée à la typographie, ou au point d’orgue de la terminaison de poème.

1162. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue ; et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, misérable et superbe, comédien à l’aise dans le masque réussi de ces traits grimés ; mais il arrive que tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah ! […] C’est l’enfer moderne de la sensation surexcitée et épuisée, du nerf tari dans sa dernière goutte de fluide. […] Il pétilla d’esprit — ou du moins de l’esprit qu’il avait — jusqu’à sa dernière heure.

1163. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

C’est fini, nos petits-enfants collectionneront comme des reliques de musée les dernières coiffes de lin. […] Ajoutez l’extrême diffusion des journaux de modes, qui renseignent leurs abonnées et leur fournissent des patrons de papier pelure, les quatre pèlerinages annuels de toutes les modistes et couturières de province, qui vont à Paris s’informer de ce qu’on appelle la « dernière création », bien que la réalité ne corresponde pas toujours à la splendeur du mot, et vous conviendrez que, s’il y a ici un reproche à faire à cette bonne province, ce n’est pas d’ignorer Paris, c’est de le suivre de trop près et de s’habiller précisément comme lui. […] Dans l’autre, qui comprend le Midi, la presse locale a une tout autre diffusion, et surtout une importance incomparablement plus grande, l’esprit est plus régionaliste, les conversations n’obéissent plus servilement à la direction parisienne, et, par exemple, s’il nous était donné d’entendre les propos échangés entre les convives d’un grand propriétaire de Montpellier ou de Béziers, nous constaterions qu’il n’est pas pour eux de question politique, littéraire ou mondaine qui puisse retenir longuement les esprits, tandis qu’on discutera à perte de vue celle des vendanges dernières, du plâtrage, du sucrage et des cours du vin rouge.

1164. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Telle est sa dernière force ; comptons-les toutes : le style simple et lucide qui met la science à la portée des ignorants ; la précision du langage qui imprime des convictions nettes ; la vigueur du raisonnement qui asseoit des convictions fortes ; les métaphores grandioses qui éclairent et dominent l’imagination ; la volonté impérieuse qui asservit les esprits indécis ; la verve féconde qui séduit les esprits grondeurs. […] Gardez plutôt la théorie qui déclare les vivants tout formés dans l’ovaire ; dites que l’animal ne se crée pas, qu’il s’accroît ; que, fabriqué tout entier d’avance, il est aussi compliqué au premier qu’au dernier jour, que sa grosseur change, non sa structure ; qu’Ève contenait incluses les unes dans les autres, achevées et complètes, les cent quatre-vingts générations qui d’elle ont transmis la vie jusqu’à nous. […] Je prononce de plus qu’il est étendu et solide ; ces deux dernières idées entrent en moi pour la première fois.

1165. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Du fagot que la vieille a récolté pour faire bouillir sa dernière soupe, il lui rompt les reins avec sérénité. […] Pratiquons-le encore, mais en secret ; en des catacombes, comme les premiers chrétiens, comme les derniers païens. […] La jeune fille est une création du siècle dernier. […] Or, au siècle dernier, des penseurs hardis imaginèrent de transporter ce paradis à l’autre bout, à la fin. […] Ruminants : (dernier venu : Renne.)

1166. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

» De quel accent il dénonce « les hommes ignorants et bornés qui prirent en main les destinées de la France au dernier siècle » ! […] D’ailleurs, les saisissons-nous jamais, les génies étrangers, dans leur dernière signification ? […] Le travail accompli sur elle par les doctrines de ses grands philosophes, au siècle dernier, l’a laissée moins capable de résister au vertige. […] Rien n’est à soi et à part. » Cette grande loi vitale d’interdépendance, le prolétariat français l’a d’instinct sentie lors des derniers événements. […] Nous en avons eu ces dernières années, et nous en aurons peut-être demain un exemple bien typique outre-Manche.

1167. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Krysinska, Marie (1857-1908) »

Je ne vois nul inconvénient à ce qu’une femme pousse la versification jusqu’à sa dernière licence !

1168. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 466-467

Il faut néanmoins convenir que ces deux derniers Ouvrages, accompagnés de notes historiques & critiques, annoncent un Littérateur érudit, qui, malgré la froideur de son style, écrit beaucoup mieux que la plupart de ses confreres de l’une & l’autre Académie.

1169. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 517-518

PIN, [Louis Ellies du] Docteur de Sorbonne, & Professeur de Philosophie au Collége Royal, né à Paris en 1657, mort dans la même ville en 1719, a été un des Auteurs les plus féconds du Siecle dernier.

1170. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il est donc permis de dire que Giusti, par le silence de ses dernières années, s’est condamné à une mort anticipée. […] Quant aux deux derniers griefs articulés par M.  […] Aussi ne faut-il pas s’étonner que les derniers moments de Charles Ier, tels que nous les trouvons dans le récit de M.  […] Voilà le fruit de l’impartialité poussée aux dernières limites. […] Clinias, en les écoutant, conçoit la pensée d’égayer sa dernière heure ; son intendant doit lui amener aujourd’hui même une jeune esclave.

1171. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Enfin, Messieurs, je dois vous signaler une dernière conséquence de la suppression de la salive parotidienne. […] Enfin une dernière expérience a été faite en réinjectant du vinaigre dans la gueule de l’animal. […] Ce n’est qu’après avoir tenu compte de toutes ces conditions et de ces dernières en particulier, que l’on peut espérer avoir des résultats comparables. […] C’est ainsi que les sels sont généralement plus abondants dans les dernières portions du suc pancréatique recueilli que dans les premières. […] On a alors obtenu ainsi un dernier résidu déliquescent d’un goût légèrement sucré, puis salin, d’ailleurs extrêmement faible.

1172. (1886) Le naturalisme

Durant les dernières années de sa vie il voulut retirer le livre de la circulation, en n’en autorisant pas de nouveaux tirages, et, s’il n’en fut pas ainsi, ce fut parce qu’il avait besoin d’argent. […] Charles Dickens ne craignit pas, chez ce peuple d’aristocrates, de s’abaisser à l’étude des dernières couches sociales, voleurs, assassins et mendiants. […] Un dernier mot que la malice m’inspire sans doute : si le roman anglais a chez nous aujourd’hui tant d’admirateurs officiels, a-t-il autant de lecteurs ? […] Ce qui est certain, c’est qu’il est dans la plénitude de ses facultés, et que jamais son imagination ne parut aussi fraîche que durant ces dernières années. […] Néanmoins, ses inclinations esthétiques étaient idéalistes, et ce n’est que dans ses dernières œuvres qu’il a adopté la méthode du roman moderne et creusé davantage dans le cœur humain.

1173. (1929) La société des grands esprits

Il laisse de côté la grâce et ce qui s’ensuit, pour n’y revenir que dans la dix-septième et la dix-huitième qui sont les deux dernières. […] Quant à une dernière partie de sa lettre, où M.  […] Nous le renvoyons une fois de plus à la lumineuse et décisive brochure de Gazier sur les Derniers jours de Pascal. […] Mais il pratique cet art à merveille, et son dernier questionnaire était trouvé. […] C’est dans sa dernière période qu’il mena une lutte ouverte et méthodique contre le christianisme.

1174. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Francisque Sarcey nous a prodigieusement amusés, dimanche dernier, à l’Odéon. […] C’était, au siècle dernier, un berger ou une bergère, ou bien un Inca et une jeune Indienne. […] Sa dernière Elvire, fleur pâlotte et douce, nimbée, à travers les losanges d’une maigre tonnelle, par les derniers rayons du soleil couchant sur la Marne, n’a point paru sans poésie. […] Donc, Pelléas va partir, et il donne à Mélisande un dernier rendez-vous à la fontaine. […] Avait pourtant été insupportable l’année dernière dans l’intimé.

1175. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Très probablement parce que ces dernières sont simples et que les autres sont composées. […] La bonne mère le donna à sa bru à sa dernière heure. […] Utile à savoir pour comprendre certains passages très remarquables de ses dernières pièces. […] Donc il prend part aux dernières guerres de l’Europe contre l’empire français. […] Ne les avez-vous pas violé tous, depuis le premier jusqu’au dernier ?

1176. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Par ces six écrivains l’esprit des derniers siècles de l’ère ancienne a revécu à nouveau. […] Ce ne serait pas l’histoire de Montaigne, de Sainte-Beuve ou de Renan ; ni l’un ni l’autre n’ont été jusqu’au dernier chapitre. […] » Et il clignote. » — « Nous avons découvert le bonheur », disent les derniers hommes, « et ils clignotent. […] Nous renvoyons encore à La Rochefoucauld, et pour faire court, nous prenons un dernier exemple qui est, sans doute, celui qu’on allait triomphalement nous opposer. […] Contrition, déshonneur, humiliation, voilà les premières et les dernières conditions à quoi est attachée sa grâce.

1177. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Ces trois derniers historiens ont écrit en grec, & aucun d’eux ne peut être comparé à l’histoire romaine de Tite-Live écrite en latin. […] Les deux derniers regnes fournissent plus de matiere que les deux premieres races.” […] Celle du dernier en trois vol. […] Venons à présent aux Mémoires publiés sur l’histoire du dernier regne. […] Nous avons sur les derniers tems de ce vaste empire l’histoire du Czar Pierre I. par M. de V.

1178. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVII » pp. 264-265

G. de Molènes continue dans les Débats (8 octobre) ses feuilletons sur ou contre Mérimée, dont le Semeur, dans les derniers temps, a si judicieusement parlé, et que M.

1179. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Doucet, Camille (1812-1895) »

. — Le Baron de Lafleur ou les Derniers Valets, trois actes en vers (1842). — Velasquez, cantate (1846). — La Chasse aux fripons, comédie en trois actes et en vers (1846). — Le Dernier Banquet de 1847, comédie-revue en trois tableaux et en vers (1847). — Les Ennemis de la maison, comédie en trois actes et en vers (1850)

1180. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumur, Louis (1860-1933) »

Des déclamations redondantes ou plates, exprimant la médiocre philosophie d’un mauvais élève des derniers romantiques ; des phrases d’un français déplorable, construites sans art, avec la plus absolue méconnaissance du sens des mots ; des tropes ridicules ; des comparaisons d’une désespérante banalité.

1181. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gineste, Raoul (1849-1914) »

Maurice Bouchor Les deux dernières séries de poèmes, Au coin du feu et Dans la rue, sont peut-être les plus originales.

1182. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebey, André (1877-1938) »

Ces colonnes, de styles variés, soutiennent les différentes parties de l’édifice ; elles s’ornent d’images, de souvenirs, d’ex-voto, qui racontent l’histoire d’une âme et son voyage du Rêve à la Vie ; car les premiers vers du recueil sont destinés au Piédestal d’une statue du Rêve, les derniers au Piédestal d’une statue de la Vie, et les vers intermédiaires iront décorer les autres colonnes du sanctuaire.

1183. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot » p. 104

La Nymphe ne me paraît pas inférieure à la Dormeuse qui rassemblait tout le monde autour d’elle, au dernier Salon.

1184. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

On ira de l’un à l’autre dans chaque série, et ainsi les séries se développeront en se réunissant et en se divisant sans cesse, jusqu’à ce qu’elles aboutissent enfin au dernier point et convergent à la fin de l’ouvrage. […] Ce qui fait le plus d’effet, c’est ce qu’on lit ou ce qu’on entend en dernier lieu : l’impression en est plus forte sur l’esprit, et la fortune du raisonnement en dépend.

1185. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Un dernier caractère de la langue des précieux est à remarquer : ils parlent comme les livres, en belles phrases littéraires. […] Cela tend à séparer les classes, il faut bien le dire, et à couper les derniers liens qui pouvaient rattacher la littérature au peuple.

1186. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Sans doute il est déjà flatteur d’être imprimé, mais qui est imprimé n’est pas nécessairement lu, et l’esthète qui écrit de littérature au Courrier du Soir, par exemple, ou à La Presse, se peut froisser à la longue de constater qu’on n’achète sa feuille que pour y lire les résultats du sport et les derniers cours de la Petite Bourse, et peut éprouver l’incompressible besoin de confier à une centaine de personnes, dûment enfermées et obligées d’écouter la conception personnelle et distinguée qu’il s’est faite du théâtre de Victor Hugo ou de la musique de Verdi. […] Laurent Tailhade, l’une des dernières fois qu’il batailla contre le Muffle, je suis sûr que le conférencier ne parle pas pour instruire mais pour plaire.

1187. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

En général les dernières paroles prêtées à Jésus, surtout telles que Luc les rapporte, prêtent au doute. […] Les dernières paroles des condamnés célèbres sont toujours recueillies de deux ou trois façons complètement différentes par les témoins les plus rapprochés.

1188. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Quand on est capable d’avancer1 que Boileau ne doit être regardé que comme un simple Versificateur ; que tous les Littérateurs du siecle dernier, à l’exception de Perrault, de Boindin, de Terrasson & de la Mothe, n’étoient pas en état de fournir à l’Encyclopédie une seule page qu’on daignât lire2 aujourd’hui ; que Racine n’a jamais su peindre que des Juifs3 ; que Corneille n’a fait que des Scenes, & pas une bonne Piece4 ; que la Fontaine n’a fait tout au plus que trente bonnes Fables1 ; que J. […] Lambert 4 : on ne peut aller que d’absurdité en absurdité, & qu’y mettre le comble par les derniers excès de l’injustice & de l’extravagance.

1189. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Le lecteur ne nous pardonnerait pas de rouvrir ce débat, Je crois avoir suffisamment réfuté ces objections dans mon dernier volume le Travail du style, et j’avoue qu’il y a peu de choses qui m’aient donné autant de plaisir à écrire. […] Au siècle dernier, d’Arlincourt eut une telle réputation, que la mode féminine lui empruntait le titre de ses œuvres, et, de nos jours, la vogue de M. 

1190. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Nous allons voir sur quels raisonnements elle se fonde, et de quelle théorie à demi formulée, en dernière analyse, elle se réclame : le lecteur n’est pas sans la deviner peut-être. […] Il rejette au dernier plan, nous l’avons dit, l’enquête biographique.

1191. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Et même en supposant que ces choses hétérodoxes vinssent de l’ignorance de la dame, il resterait toujours à lui dire, à cette aimable dame qui veut ramener le Christ sur la terre, c’est-à-dire convertir le monde, ce qu’un des derniers curés de Sainte-Clotilde disait un jour en chaire, avec une onction si plaisamment spirituelle, à des ouailles trop échauffées aussi du zèle des conversions : « Mesdames, je vous en supplie, laissez-nous notre besogne. […] En religion, le bas-bleu, qui est en général libre penseur, ne donne pas beaucoup ; mais à la fin du roman, les Lélias se convertissent, même celle de Mme Sand, dans les dernières éditions, et la femme du Retour du Christ, de ce livre au titre insolemment exagéré, car le Christ n’est pas absent de ce monde ; il y est insulté et flagellé, mais il y reste — heureusement pour le monde — comme il restait au poteau, insulté et flagellé par les Juifs et par les Romains !

1192. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

… Ou il doit recommencer sérieusement, ce qui ne manquerait pas de hardiesse, la comédie de Molière, cette comédie des Précieuses, qui n’a point passé comme le temps qu’elle a peint, et dans laquelle tout est resté aussi vrai et aussi réel que cet éternel bonhomme que Molière met partout, ce Gorgibus qui est Chrysale ailleurs, et Orgon, et même Sganarelle ; car Sganarelle, c’est Gorgibus avec quelques années de moins et une… circonstance de plus ; ou bien — ce qui serait beaucoup plus crâne encore — il doit être, ce livre, la défense enfin arborée des Madelon et des Cathos contre les moqueries de Molière, la négation des ridicules mortels qu’il leur a prêtés, et la cause épousée par un spiritualiste du xixe  siècle de ces idéales méconnues qui tendaient à s’élever au dernier bien des choses, et voulaient des sentiments, des mœurs et une langue où tout fût azur, où tout fût éther ! […] Enfin, dernière raison, et la plus puissante, quand on a mis son pied dans ce qu’on appelle présentement le réalisme, il n’est pas étonnant que d’horreur on s’en aille l’essuyer jusqu’au balai du petit laquais Almanzor !

1193. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Prenez, par exemple, la lettre d’Henri IV à Crillon, la lettre qui dit : « Pends-toi, brave Crillon, nous avons combattu à Arques, etc. » ; et lisez « Pendez-vous, brave Crillon, de n’avoir pas été ici près de moi, lundi dernier, à la plus belle occasion qui se soit jamais vue, etc. » ; puis un délayage de six lignes qui ne change rien au fond des choses, mais qui emporte cette adorable forme du laconisme et du tutoiement ! […] … De même, laissez-moi vous faire encore cette citation dernière.

1194. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Les quinze années qu’il a choisies pour en raconter et en pénétrer les événements sont les dernières années du règne de Louis XIV. […] Cela serait-il l’explication qu’il faudrait donner au choix fait par Moret des quinze dernières années du siècle de Louis XIV ?

1195. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Ni Augustin Thierry ni Guizot eux-mêmes, les œdipes officiels de ce temps qu’ils n’ont pas deviné toujours et qu’ils ont calomnié quelquefois ; ni Augustin Thierry ni Guizot n’ont été assez forts pour se soustraire à ces préjugés du siècle dernier qui offusquent tout, quand il s’agit du Moyen Âge, Il est vrai que, pour Guizot, le moment n’est peut-être pas fort éloigné où l’Histoire de la Civilisation rencontrera quelque contradicteur terrible ; quant à Augustin Thierry et à ses travaux, il s’est lui-même, avant de mourir, passé par les armes. […] Il avait organisé des duels splendides au premier et au dernier sang, élargissant devant la mort la personnalité humaine, et entraînant des tourbillons d’amis dans un cercle chevaleresque de dévouements et de dangers.

1196. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Lorsque même cette Correspondance fut publiée, ne sont-ils pas revenus à la charge, comme mouches qu’on chasse, et n’ont-ils pas essayé de prendre une dernière sucée dans la célébrité de l’illustre romancier, — qui va leur échapper ? […] Nous avions déjà, dans la littérature, des lettres d’amour célèbres et d’un intérêt irrésistible, de cela seul qu’elles sont des lettres d’amour ; mais, j’ose le dire, pas un seul de ces recueils de lettres n’a la valeur de celui-ci… Au siècle dernier, on eut les lettres de Rousseau, de Mirabeau, de Mademoiselle de l’Espinasse, mais Rousseau et Mirabeau tachent d’une sensualité, quelquefois grossière, l’amour qu’ils expriment ; Mirabeau surtout, ce porc à longue crinière qu’on prit trop facilement pour un lion, et qui avait roulé son âme dans la fange de toutes les impuretés de son siècle !

1197. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Ce sont quatre-vingts lettres à peu près d’une grande dame du siècle dernier, — de cette fameuse marquise de Créqui dont le nom historique est devenu littérairement si célèbre, grâce à des Mémoires qui furent toujours contestés et que Sainte-Beuve traita hardiment d’apocryphes. […] Quant à ses jugements sur les choses et les hommes, « le plus souvent justes en dernier résultat, — dit Sainte-Beuve, — mais si secs, ce sont moins des jugements que des exécutions », comme si tout jugement n’était pas (et cela toujours) une exécution nécessaire !

1198. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Fontenelle, lui, quand, de ses deux doigts que j’adore, il a fini d’écrire son Éloge d’Académie ou son Histoire de l’Académie, qui était aussi un éloge, bien digne d’un ancien madrigaliste comme il l’avait été en l’honneur des dames (car les académies sont des dames aussi, quoique composées de plusieurs messieurs), oui, quand Fontenelle a achevé de tourner ce madrigal suprême, et il le tourne bien, ayant eu jusqu’au dernier moment la grâce et la clarté, cette grâce de la lumière ! […] Il est épuisé, il a rendu son dernier souffle, l’aimable bonhomme.

1199. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

et d’un Spiritualisme assez vigoureux pour monter jusqu’au Christianisme, qui est la conséquence dernière de tout Spiritualisme puissant. […] Pour lui, assez fier ou assez sage pour dédaigner probablement cette écuelle de la Gloire que les Vanités qui viennent y laper ont salie, mais qui aurait aimé peut-être à voir boire aux contemporains de son heure dernière le verre de vérité qu’il leur verse, et qu’ils ne boiront pas !

1200. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Le livre de Laurent Pichat est une preuve de plus de cette vérité, qu’il faut être infatigable à mettre en lumière : que rien, dans les dernières erreurs qui se sont abattues et se sont accroupies sur le monde, n’est assez puissant pour venir à bout de la faculté poétique, — la seule peut-être de nos facultés qui soit immortelle, car elle fleurit encore, comme ici, revanche superbe de l’imagination des hommes ! […] Dans ce livre-là, car ses autres livres me sont inconnus, il est bien, nonobstant, de la race des derniers venus de ce temps ; il doit être compté parmi ceux-là qui ont succédé à ce religieux et incomparable Lamartine, que, dans leur impiété, ils n’ont jamais égalé en génie.

1201. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Il vanta jusqu’à sa dernière heure ceux-là même qui ne le vantaient pas. […] Ce fut alors que le poète de tant de poésies vigoureuses se mit à écrire ces Quelques vers pour Elle, qui ont été ses derniers vers.

1202. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Jeune, — et parmi les derniers venus dans cette littérature expirante qui, comme le dauphin mourant, jette ses dernières couleurs, — M. 

1203. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Il en montre trop… du moins… Quand ce qu’il sait par les livres pèsera un peu moins sur sa pensée, peut-être deviendra-t-il un observateur et un inventeur comme il faut l’être, quand on aborde le roman, notre dernière ressource de rajeunissement dans la décrépitude, où nous voilà, de toutes les formes dramatiques et littéraires ! […] Tenté par toute voie d’invention nouvelle, Balzac, l’innovateur, a, dans un de ses derniers romans27, un roman de sa maturité, fait un emploi tout moderne du somnambulisme, et malgré sa puissance d’illusion, malgré le don qui était en lui de vivifier des chimères, il a troublé l’harmonie d’une de ses plus délicieuses créations.

1204. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Cette revue, conduite si près de nous, s’arrête à un dernier problème posé quelquefois. […] Faudrait-il conjecturer enfin pour unique avenir, pour dernier progrès du monde civilisé, le triomphe de ce que l’on a nommé la science sociale, de cette égalité utilitaire, que les uns, rêveurs sans imagination, fanatiques sans culte, prétendraient réaliser par un niveau démocratique asservi à des règlements de vie commune et de salaire, et que d’autres seraient prêts à représenter plus commodément et plus vite par la simple action du despotisme militaire et civil ?

1205. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

On dirait que le poète essaye de consoler, d’embellir ses derniers moments par la mélodie de ses plaintes ; il retrouve pour ce chant funèbre une grâce athénienne. […] Il espère que les paroles du prêtre effaceront de sa mémoire jusqu’aux dernières traces du passé. […] Chacune de ces deux intentions, prise dans un sens absolu, réalisée jusqu’en ses dernières conséquences, eût été absurde. […] Les Voix intérieures, publiées l’année dernière, ressemblent à un arrêt prononcé par M.  […] Il y aurait de l’injustice à dire que le récit du Dernier Jour d’un condamné a été pour M. 

1206. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Je l’arrêterais vers l’an 100, au moment où les derniers amis de Jésus sont morts, et où tous les livres du Nouveau Testament sont à peu près fixés dans la forme où nous les lisons. […] C’est alors que les idées religieuses des races groupées autour de la Méditerranée se modifient profondément ; que les cultes orientaux prennent partout le dessus ; que le christianisme, devenu une église très nombreuse, oublie totalement ses rêves millénaires, brise ses dernières attaches avec le judaïsme et passe tout entier dans le monde grec et latin. […] Je raconterais encore plus sommairement les persécutions du commencement du IVe siècle, dernier effort de l’empire pour revenir à ses vieux principes, lesquels déniaient à l’association religieuse toute place dans l’État. […] Les derniers mois de la vie de Jésus en particulier ne s’expliquent que par Jean ; une foule de traits de la Passion, inintelligibles dans les synoptiques 52, reprennent dans le récit du quatrième évangile la vraisemblance et la possibilité. […] Enfin, il a dans le récit des derniers temps de Jésus quelques circonstances pleines d’un sentiment tendre et certains mots de Jésus d’une délicieuse beauté 77, qui ne se trouvent pas dans les récits plus authentiques, et où l’on sent le travail de la légende.

1207. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Dernières remarques. […] J’ai montré aussi que les variétés intermédiaires, qui probablement ont existé les premières dans les zones moyennes, ont dû se voir supplantées par les formes alliées d’un et d’autre côté ; et ces dernières, par ce fait qu’elles existaient en grand nombre, se sont généralement modifiées et perfectionnées plus rapidement que les variétés intermédiaires moins nombreuses ; si bien que celles-ci dans le cours du temps ont été exterminées. […] Les formes récentes sont généralement regardées comme étant, en somme, plus élevées dans la série organique que les formes anciennes et éteintes, et elles sont en effet plus parfaites, à ce point de vue du moins, qu’étant les dernières nées elles ont dû vaincre et supplanter dans la concurrence vitale les formes plus anciennes et moins parfaites ; et elles ont aussi, en général, leurs organes plus spécialisés pour différentes fonctions. […] Dernières remarques. […] On dirait qu’une fois le corps parvenu à ses derniers perfectionnements, c’est-à-dire à la spécialisation la plus complète possible des organes purement vitaux, un seul organe, le cerveau, garde encore la faculté de se perfectionner en spécialisant de plus en plus.

1208. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

L’inutile exagération des derniers jours de la période romaine a envahi les esprits les meilleurs. […] Quoi, nous sommes ce peuple qui, à la fin du dernier siècle, — hier, au moment où nos pères venaient de naître, — illumine le monde entier par les éclats merveilleux de la plus sublime révolution qui se soit jamais accomplie ; nous sommes ce peuple qui, traversant l’Europe au bruit du canon, va porter à toutes les nations les germes d’une liberté encore endormie peut-être, mais que j’entends sourdre sous la terre ; nous sommes ce peuple qui se débat glorieusement à travers les neiges meurtrières et qui force, par sa défaite même, toutes les races à venir s’asseoir chez lui au grand banquet de la civilisation ; nous sommes ce peuple qui souffre d’une gestation d’avenir ; nous sommes ce peuple qui a eu tant de gloires magnifiques, tant de poignantes humiliations, et il faut donner des récompenses nationales à ceux qui chantent en français de cuisine les Grecs et les Romains ! […] Alors la forme est devenue tout pour elle, son premier et son dernier mot, son alpha et son oméga. […] le plus humble d’entre vous et un des derniers venus, je le sais ; mais aussi un fervent qui saura pousser sa foi jusqu’au martyre. […] Un dernier mot : les poëtes antiques, tourmentés déjà par les regrets du passé ont placé l’âge d’or derrière nous aux premiers temps de la terre.

/ 2957