La réimpression, chez Charpentier, est ainsi corrigée : « Le roi Ramsès Il est blâmé par les conservateurs du Louvre pour avoir usurpé, etc. » Les lectrices ont cru comprendre. […] Mais, en admettant que leur soit familier le sens politique d’une usurpation de sphinx sous la quatorzième dynastie, j’ai peine à croire qu’elles aient goûté la saveur de la phrase, qui gît dans l’opposition du roi Ramsès II, de ses ibis et de ses obélisques, avec les bénins fonctionnaires à lunettes qui surveillent notre musée. […] On feint de croire qu’il peine à raffiner pour effaroucher les gens simples. […] À vrai dire, je ne le crois guère.
Lamoureux n’aurait naturellement pas eu le temps de préparer en quatre mois, bien que l’ouvrage n’ait pas de chœurs, la représentation de la Walkure pour sa saison théâtrale de 1387 ; mais, si les directeurs de la Monnaie n’obtiennent pas l’autorisation demandée, il y a tout lieu de croire, à moins d’un premier échec, que l’éminent chef d’orchestre ne s’en tiendra pas à Lohengrin 101. […] Croyez-vous que la clarté s’en trouvera amoindrie ? […] La vaccination est, à ce qu’il nous dit, la cause de la plupart de nos maux ; les savants qui croient à la propagation des maladies infectieuses par ces bacilles sont des niais que les essais infructueux ce M. […] Ce plan, nous croyons l’avoir suivi.
Vulpian, en France, en Allemagne, avant eux, Herbart et Müller168, ramener tous nos actes psychologiques à des modes divers d’association entre nos idées, sentiments, sensations, désirs, on ne peut s’empêcher de croire que cette loi d’association est destinée à devenir prépondérante dans la psychologie expérimentale, à rester, pour quelque temps au moins, le dernier mode d’explication des phénomènes psychiques, elle jouerait ainsi, dans le monde des idées, un rôle analogue à celui de l’attraction dans le monde de la matière. […] Sentir n’est point connaître ; il est faux de croire que la connaissance ait autant d’étendue que la sensation ou la conscience. […] III En abordant maintenant l’étude des diverses formes de la loi d’association, je crois utile de les résumer dans le tableau, suivant, qui pourra servir de guide au lecteur : I. […] Bain d’être sorti de l’analyse expérimentale pour se demander comment nous percevons le monde extérieur, et pourquoi nous y croyons.
Il dresse un univers qui lui semble tout neuf, un univers qu’il croit l’œuvre de « sa propre volonté » et qu’il affirme « son propre monde ». […] Il ne faudrait pourtant pas, parce qu’il a le tort de sourire la même grimace, croire que Maurice Maeterlinck nous apporte, sous les mêmes ingéniosités superficielles, les mêmes banalités foncières qu’un Jules Lemaître ou un Anatole France. […] Elles sourient en s’apercevant qu’elles sont les vraies créatrices du bleu que les naïfs croient lointain et que les imbéciles scientifiques, parmi des ricanements, déclarent ne point voir. […] Cet amoureux des résultats se désole du néant des résultats : « La dramatique histoire des luttes philosophiques n’est pas sans laisser une impression pénible : on croirait voir des ouvriers battant à coups redoublés une muraille, dont aucune parcelle ne se détache, et qui ne rend que du bruit sous le marteau. » Les pauvres ouvriers, en effet, qui attachent à leurs membres naturellement si lourds l’écrasement du plomb baconien et qui essaient de « penser le monde » suivant des méthodes faites pour saisir de tout petits détails indifférents !
En jouant avec ces passions humaines qu’elle ne voulait que charmer et qu’elle irritait plus qu’elle ne croyait, elle ressemblait à la plus jeune des Grâces qui se serait amusée à atteler des lions et à les agacer. […] Que dans ce procédé habituel il n’y eût quelques inconvénients à la longue, mêlés à un grand charme ; que dans cet air si tiède et si calmant, en donnant aux esprits toute leur douceur et tout leur poli, elle ne les amollît un peu et ne les inclinât à la complaisance, je n’oserai le nier, d’autant plus que je crois l’avoir, peut-être, éprouvé moi-même. […] Elle ne croyait pas au mal. […] Cousin sur Madame de Sablé, 1854, fin du chapitre ier , p. 63 : « Elle avait, dit-il de Mme de Sablé, de la raison, une grande expérience, un tact exquis, une humeur agréable. — Quand je me la représente telle que je la conçois d’après ses écrits, ses lettres, sa vie, ses amitiés, à moitié dans la solitude, à moitié dans le monde, sans fortune et très en crédit, une ancienne jolie femme à demi retirée dans un couvent et devenue une puissance littéraire, je crois voir, de nos jours, Mme Récamier à l’Abbaye-aux-Bois. »
Ducloz-Dufresnoy, notaire très en crédit et financier distingué, qu’il nommait son tuteur, je crois, ou son oncle, et dont il devait plus tard épouser la nièce20. […] On croit sentir que, chez M. […] Ainsi, au tome III de ses Mémoires sur Mme de Sévigné, s’il veut nous raconter l’histoire de cette séduisante et fragile marquise de Courcelles, au lieu de lui emprunter les expressions incomparables de sa propre confession, il les traduit, il les polit, il les modernise, c’est-à-dire il les altère ; il ne paraît pas croire avec Paul-Louis Courier que la moindre femmelette de ce temps-là écrit et cause mieux qu’un académicien de nos jours. […] Mais en revenant trop rapidement sur sa note, et cherchant à mieux traduire, il a cru lire ducenta au lieu de ducentia : de là cette surcharge singulière de deux cents.
Il est très-important, je crois, de maintenir à l’histoire de la philosophie son caractère historique. Ce qui l’a rendue impopulaire en grande partie, c’est qu’on a cru qu’elle voulait se substituer à la philosophie elle-même, qu’elle était un moyen de contrarier et d’éteindre la liberté et le progrès de l’esprit humain. […] Quelque opinion qu’on professe sur la philosophie en elle-même, qu’on la croie, avec les positivistes, condamnée à périr ou à s’absorber dans les sciences exactes et positives, ou qu’avec les spéculatifs on la considère comme la première des sciences, résumant et dominant toutes les autres ; que l’on soit spiritualiste, matérialiste ou panthéiste, toujours est-il que la philosophie doit être étudiée comme un des aspects, une des formes de l’esprit humain. […] Espérons qu’elle tentera quelque penseur qui ne croira pas s’abaisser et descendre en se faisant l’historien de l’esprit humain !
Je me crois donc autorisé à conclure que la Prose est la gloire essentielle, le partage de la France. Vous dirai-je qu’en fait de poésie je crois aussi fermement à la supériorité de notre génie national ? […] Mais cette dissidence apparente ne m’empêche pas de croire avec Sainte-Beuve et surtout d’après la triple tradition de Marot, de Ronsard et de Malherbe, d’après toute la tradition française, que l’exactitude et la plénitude de la Rime sont indispensables 6 : car cette exactitude et cette plénitude communiquent au vers français le scintillement du cristal ou l’éclat de la pourpre et le rehaussent encore d’une suavité mélodieuse ou d’une sonore magie qui n’ont d’égales que dans les combinaisons harmoniques des plus grands musiciens. […] Croyez-moi, l’emblème du présent et de l’avenir aussi pour notre chère France, ce n’est pas le crépuscule, mais l’aurore émergeant des ténèbres de la nuit.
Le terme de douze années m’a toujours paru un peu long, et je crois qu’il pourrait être abrégé considérablement. […] Soit raison, soit préjugé, je croirai difficilement qu’on puisse se passer de la connaissance des Anciens. […] Au lieu de donner six mois et plus à l’étude de la logique et de la métaphysique, et au bel art de l’argumentation, je crois qu’on ferait beaucoup mieux de s’appliquer tout de suite aux mathématiques, dont c’est le propre de rendre le raisonnement plus exact et l’esprit plus juste. […] Si j’ai bien pénétré les vues de l’ointe que le Seigneur a accordée à la Russie pour leur gloire réciproque, et pour se faire pardonner par moi plusieurs fredaines graves de ma connaissance, je dois croire que Sa Majesté cherche à introduire dans les villes de son empire la magistrature municipale, et à en étendre et relever les fonctions.
Peut-être ; mais ce qu’il y a de sûr aujourd’hui, c’est que les races qui se croient les plus pures ont subi des mélanges innombrables, et que, de toutes les sociétés, celles où l’idée de l’égalité règne sont aussi celles où la « panmixie » est à son apogée. […] Un rêve de cerveaux trop courts, tel serait, à en croire l’anthropologie renouvelée41, l’esprit égalitaire. […] Quelle que soit leur nature dernière, nos idées nous paraissent être, de tous les phénomènes, les plus capables d’être modifiés, et de modifier tout le reste ; c’est sur la force et par la force des idées que nous croyons pouvoir le plus facilement agir, et cette croyance même facilite sans doute notre action. […] « Pas plus que les organismes, elles ne sauraient s’assimiler ce qui répugne à leur nature50. » Et sans doute, les sociétés sont justement plus mobiles, plus variables, plus souples que les organismes ; ce serait cependant exagérer leur plasticité et même leur refuser, à vrai dire, toute consistance propre que de croire qu’elles peuvent tourner à tous les hasards et se plier à tous les caprices.
Ajoutez le panégyrique du roi, commencé par Bussy-Rabutin, dans le temps même où il était, par ordre du roi, à la Bastille ; ouvrage où, avec toute la sincérité d’un homme disgracié qui veut plaire, Bussy parle à chaque ligne et de sa tendresse passionnée, et de sa profonde admiration pour le plus grand des princes, qui n’en voulut jamais rien croire. […] C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui. […] Il forma au-dedans le caractère de sa politique, et fit croire que la nation était lui, et que ses propres besoins étaient ceux de l’État. […] Entouré de grands hommes, il eut le mérite de les croire.
C’était, je crois, dans les vacances de Pâques de 1814, et je les passais chez un grand-oncle, grand ami de l’abbé Jouffroy, prêtre insermenté comme lui et curé d’une paroisse de la montagne à quelques lieues de Lons-le-Saulnier. […] J’aime à croire cependant que Waterloo lui aura inspiré de tout autres sentiments que la capitulation de Paris.
Ceci touche toujours à cette corde de Gand, à cette fibre médiocrement nationale qu’on croit particulière à M. […] Il peut croire avoir hérité, comme Élisée, du manteau d’Élie.
La librairie sérieuse en souffre, et les gens de province qui se cotisent pour lire trois ou quatre feuilletons se croient au fait de tout. — Le prince héréditaire de Saxe-Weimar était dernièrement à Paris ; comme il causait avec M. […] On peut croire d’ailleurs que dans les jugements qu’il exprime sur les choses et sur les hommes, M. de Barante ne fait que se régler sur les opinions qu’il a trouvées exprimées dans les papiers et les notes de M. de Saint-Priest.
Ils n’ont jamais été hommes un seul instant sans se croire Césars. […] A force de croire, ils ont pu ; ne leur demandez pas de n’être point mystiques : leur vertu politique, leur force est à jamais inséparable de leur mysticité.
— Et comment ne serait-ce pas, dit une autre qui exhalait une délicieuse odeur de vanille (la première avait, je crois, cette odeur fine qui rappelle plutôt celle de la fleur du thé), comment n’en serait-il pas ainsi ? […] Pour elles, elles ne raisonnaient pas, elles vivaient, elles ne se croyaient pas d’une autre nature que les autres herbes voisines, moins favorisées ; et ces herbes-là, quand on les pressait bien, avaient, je vous assure, leur parfum aussi, pas toujours agréable, il est vrai ; mais enfin c’était le leur.
Pour qu’en montant les Champs-Élysées nous puissions, d’un certain endroit, voir les Invalides à l’horizon… Mais on ne les verra guère, puisqu’en traversant l’avenue nouvelle on sera surtout préoccupé de ne pas se faire écraser par les voitures… Puis, c’est une bêtise de croire que deux avenues se coupant à angle droit ajoutent à la beauté l’une de l’autre. […] La foule exige de plus en plus le chatouillement direct, devient incapable de tout plaisir qui n’est pas celui-là, et celui-là tout cru… Les divertissements qui veulent un effort de réflexion sont trop relevés et trop laborieux pour elle.
Benjamin Constant Béranger fait des odes sublimes quand il ne croit faire que de simples chansons. […] C’était, dit-on, un homme sobre, d’un jugement rare, plein de bons conseils, buvant peu et beaucoup plus prévoyant qu’il ne voudrait le faire croire dans ses chansons.
Rimbaud, je crois, a disparu un jour brusquement ; peut-être, après avoir étonné les Baudelairiens eux-mêmes par la splendeur de sa corruption et la profondeur de son incompréhensibilité, vend-il quelque part, aujourd’hui, en province ou par-delà les mers, de la flanelle ou du molleton. […] Jules Lemaître Si l’on vous disait que ce misérable Arthur Rimbaud a cru, par la plus lourde des erreurs, que la voyelle U était verte, vous n’auriez peut-être pas le courage de vous indigner ; car, il paraît également possible qu’elle soit verte, bleue, blanche, violette et même couleur de hanneton, de cuisse de nymphe émue ou de fraise écrasée.
Tel cerveau, banalement réceptif croit qu’on peut accepter du dehors et distribuer au dehors vérité et bonheur. […] Je crois apercevoir — avec quelle émotion fraternelle, ai-je besoin de le dire ?
Je suis bien infaible, incrédule, Quand je regarde bien son faire, De croire qu’il n’y ait meffaire. […] Mais qui croirait qu’un jésuite espagnol du dix-septième siècle, Jean Carthagena mort à Naples en 1617, ait débité dans un livre intitulé Josephi Mysteria, que saint Joseph peut tenir rang parmi les martyrs, à cause de la jalousie qui lui déchirait le cœur, quand il s’aperçut de jour en jour de la grossesse de son épouse ?
» Sous ce nom de liberté, les Romains se figuraient, avec les Grecs, un état où personne ne fût sujet que de la loi, et où la loi fût plus puissante que personne. » À nous entendre déclamer contre la religion, on croirait qu’un prêtre est nécessairement un esclave, et que nul, avant nous, n’a su raisonner dignement sur la liberté : qu’on lise donc Bossuet à l’article des Grecs et des Romains. […] L’historien romain, après avoir raconté que Thrasylle avait prédit l’empire à Tibère, ajoute : « D’après ces faits, et quelques autres, je ne sais si les choses de la vie sont… assujetties aux lois d’une immuable nécessité, ou si elles ne dépendent que du hasard180. » Suivent les opinions des philosophes que Tacite rapporte gravement, donnant assez à entendre qu’il croit aux prédictions des astrologues.
Il étoit impossible de persuader au public qu’il ne fut pas touché aux représentations de Thesée et d’Atys, mais on lui faisoit croire que ces tragédies étoient remplies de fautes grossieres qui ne venoient pas tant de la nature vicieuse de ce poëme, que du peu de talent qu’avoit le poëte. […] En premier lieu, je ne crois pas que la cabale puisse faire tomber une bonne piece, quoiqu’elle puisse la siffler.
Alors que nous nous en croyons affranchis, il nous impose ses jugements sans que nous y prenions garde. […] On ne peut être tenté de dépasser les faits, soit pour en rendre compte soit pour en diriger le cours, que dans la mesure où on les croit irrationnels.
Sans exagérer la valeur de Mercier et refaire une réputation posthume à un homme qui de son vivant eut sa part de célébrité, cependant nous croyons que son livre, réduit à des proportions qui le rendent plus clair et plus ferme, et passé, qu’on nous permette le mot ! […] Une époque qui aurait vécu plus que ce siècle, glacial et forcené tout ensemble, qui niait tout et qui croyait que nier tout c’était vivre, aurait eu un peintre doué de ce don merveilleux de la vie.
Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même ; car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde : le parti de Dieu ou le parti de l’homme ; et il faut choisir ! […] Tel qu’il est cependant, et au point de vue où le livre de Michelet nous a placés, c’est un enseignement qui fait du bien et qui redresse… Les Femmes de l’Évangile sont plus que de l’histoire ; mais elles sont aussi de l’histoire, et, comme tout se tient dans la vérité et dans le Christianisme, elles peuvent démontrer, à ceux qui croiraient à l’héroïsme des femmes là où le met Michelet, l’erreur profonde dans laquelle il s’enfonce sur leur destinée et sur leurs vertus.
À en croire le jeune commentateur, il y aurait tout un côté caricaturesque au Roman bourgeois, et il l’explique par une étude très substantielle, où les mots tiennent moins de place que les choses, sur la société du temps où Furetière écrivait. […] Peintre de mœurs dans un cadre étroit et qu’il n’a pas dépassé, il a créé des types auprès desquels les types de la comédie en qui nous croyons le plus, les Chrysale, les Dandin, les Vadius, les Jourdain, les Chicaneau, ne sont que de véritables maigreurs dramatiques ; car le drame ne permet pas de faire le tour d’un type comme le roman, dans lequel un personnage plus grand que nature ne cesse pas pour cela d’être nature.
Je m’arrête, mon cher Bélugou, parce que j’exprime mal ce que je crois penser avec force. […] Veuillez être mon interprète auprès de nos amis de la Revue Blanche et me croire cordialement vôtre Maurice Barrès12 .
Ce n’était donc point alors une cérémonie vaine, où un orateur que personne ne croyait, venait parler de vertus qu’il ne croyait pas davantage, tâchait de se passionner un instant pour ce qui était quelquefois l’objet du mépris public et du sien, et entassant avec harmonie des mensonges mercenaires, flattait longuement les morts, pour être loué lui-même ou récompensé par les vivants.
Je croyais n’avoir plus de goût que pour les soins de l’épiscopat et pour les règles de la discipline de l’Église ; mais j’ai senti que j’aimais encore les sonnets, les stances et les idylles, et qu’au milieu des occupations les plus sérieuses j’étais encore capable d’amusement. […] L’abbé Ducreux, éditeur des Œuvres complètes de Fléchier (1682), l’a publié en entier pour la première fois : seulement il avoue qu’il a cru devoir en quelques endroits substituer quelques termes à ceux de l’original : « non qu’ils aient rien de messéant, dit-il, mais nous avons pensé que cette attention était due aux personnes d’une imagination qui se blesse aisément, et qui découvre, sous les expressions les plus innocentes, des sens détournés et peu modestes dont ne se doutaient pas ceux qui les ont employés ». […] Aussi, tiennent-ils la conquête de ses yeux sûre, et ne croient pas que les cœurs les plus sévères puissent tenir une demi-heure contre elle, lorsqu’elle a bien entrepris de les toucher. […] Ce qui n’empêchait pas qu’il n’eût bien à se reprocher quelques petits crimes ; mais allié et parent du président même des Grands Jours, de M. de Novion, et fort de son innocence relative, 86 le vicomte de Canillac devait se croire à l’abri des recherches, et il fut le premier atteint. […] Une dame de la campagne se plaignait que tous ses paysans avaient acheté des gants et croyaient qu’ils n’étaient plus obligés de travailler, et que le roi ne considérait plus qu’eux dans son royaume.
En passant le long des côtes des îles Canaries, Humboldt croyait voir des formes de montagnes depuis longtemps connues et situées sur les bords du Rhin, près de Bonn, tandis que les espèces de plantes et d’animaux changent avec le climat et varient encore d’après l’élévation ou l’abaissement des lieux. […] Il n’avait qu’un vrai mérite, il étudiait consciencieusement ce que les autres avaient découvert ; il savait, dans le sens borné du mot science, et il préparait dans l’ombre le procès-verbal à peu près complet de tout ce que le monde savait ou croyait savoir de son temps pour écrire un jour son Cosmos. […] Je l’ai vu avec la même attitude auprès de Chateaubriand qu’il caressait d’en bas, d’Arago dont l’amitié faisait sa gloire, des hommes politiques les plus dissemblables, royalistes, constitutionnels, républicains, affectant auprès de chacun d’eux une déférence suspecte, et laissant croire que chacun d’eux avait en secret sa préférence. […] Je me serais défié des serments de l’un, j’aurais cru au serrement de main de l’autre. […] Bientôt je serai près de notre mère, je jouirai de l’aspect d’un monde d’un ordre supérieur.” — “Je n’ai pas l’ombre d’espoir, je ne croyais pas que mes vieilles paupières continssent tant de larmes.
tu as été pour ton malheur plus adroit que tu ne croyais l’être. […] Tellement, mon père et ma tante, dit-elle en se tournant à demi vers eux, que vous croyez que c’est moi qui suis ici seule avec vous ; eh bien ! […] De même que ses gardiens là-bas croient qu’il est seul enchaîné sur le banc de sa galère ; eh bien ! non, j’y suis tout entière avec lui et en lui, aussi présente que vous croyez me voir ici, dans la cabane ; c’était, c’est encore et ce sera toujours ainsi. […] c’est cela qui m’a toujours fait trembler sans savoir de quoi, car l’homme, je crois, c’est plus perfide que la nuit, c’est plus terrible que la mer de Livourne sur le rocher de la Meloria ; c’est plus intimidant que les sombres murmures des pins dans les ténébreuses montagnes des Camaldules de Lucques !
Partout, dans les suites, refaçons et contrefaçons de Renart 96, dans les Fabliaux, dans tous les genres de poésie narrative, avec l’ordure croit la violence : l’âpreté des haines tient lieu de talent. […] Il distribue très libéralement son admiration à ceux-là comme à ceux-ci : et qu’0n ne croie pas qu’il ne sache pas de qui il parle : « Combien étions-nous réjouis, lui disait un vieux capitaine des Grandes Compagnies, quand nous pouvions trouver sur les champs un riche abbé, ou un riche prieur, ou un riche marchand, ou une route de mulets de Montpellier, de Narbonne ! […] Un autre écrit, sur la sphère, est un traité de cosmographie, une simple exposition scientifique, sans mélange de fables, ni de moralisations : voilà, je crois, la première fois que la science s’exprime en français, en son langage et selon son esprit. […] La grande règle de la rhétorique naturelle, c’est de plaire et de toucher : pour cela les prédicateurs ramassent de tous côtés ce qu’ils croient de nature à intéresser, même à amuser l’auditeur. […] Il ne s’enferma pas dans sa théologie et dans sa science latine : il crut de son devoir d’instruire tous les Français en français, de dire à tous la vérité et leur devoir dans la langue de tous.
Avec plus de netteté, de logique et de vigueur que Chateaubriand, il nie tout ce que le xviiie siècle avait cru, et d’où la Révolution était sortie. […] Il y combattait avec une âpre éloquence, à grands coups de logique et d’imagination, l’athéisme politique, celui qui fait de la religion un instrument de despotisme pour lier le peuple, le déisme, qui croit fonder une religion dite naturelle sur la seule raison, le protestantisme et toutes les doctrines latitudinaires, qui, reconnaissant une révélation, croient avoir le droit de choisir parmi les dogmes, de rejeter ceux-ci et de prendre ceux-là. […] Il conçut l’idée hardie et féconde d’un catholicisme démocratique681 ; il voyait dans les idées libérales et égalitaires un fruit lointain de l’Évangile, et si l’Eglise semblait actuellement tourner le dos à la société moderne, il croyait pouvoir l’en rapprocher par une originale conception de l’évolution du dogme682, toujours immuable en son essence et en ses formules, mais susceptible de divers sens et d’applications diverses, selon les époques et les esprits. […] Il est admirable et irritant dans sa politique de résistance, identifiant obstinément la bourgeoisie avec la France, les intérêts de la bourgeoisie avec la raison, et, cinquante ans après cette révolution qui avait cru faire place au mérite personnel en ruinant le privilège de la naissance, établissant durement, hautainement le privilège de l’argent : jamais il n’était plus bel orateur, jamais son raisonnement n’a été plus serré, sa parole plus animée, que lorsqu’il allait superbement contre la justice et contre la nécessité, lorsqu’il maintenait, au risque d’abîmer tout, l’iniquité d’une société chancelante. […] Discours à propos de la loi sur la presse (janvier 1820) : c’est, je crois, la plus belle composition de Royer-Collard.
Toujours, nous le croyons, le goût et l’art donneront de l’à-propos et quelque durée aux œuvres les plus courtes, et les plus individuelles, si, en exprimant une portion même restreinte de la nature et de la vie, elles sont marquées de ce sceau unique de diamant, dont l’empreinte se reconnaît tout d’abord, qui se transmet inaltérable et imperfectible à travers les siècles, et qu’on essayerait vainement d’expliquer ou de contrefaire. […] Tantôt, comme dans l’entretien avec la maréchale de Broglie, c’est un jeune Mexicain qui, las de son travail, se promène un jour au bord du grand Océan ; il voit une planche qui d’un bout trempe dans l’eau et de l’autre pose sur le rivage ; il s’y couche, et, bercé par la vague, rasant du regard l’espace infini, les contes de sa vieille grand’mère sur je ne sais quelle contrée située au-delà et peuplée d’habitants merveilleux lui repassent en idée comme de folles chimères ; il n’y peut croire, et cependant le sommeil vient avec le balancement et la rêverie, la planche se détache du rivage, le vent s’accroît, et voilà le jeune raisonneur embarqué. […] Je pensai juste. » Là, je m’arrêtai et je demandai à mon religieux s’il savait combien il y avait d’ici chez moi : « Soixante lieues, mon père ; et s’il y en avait cent, croyez-vous que j’aurais trouvé mon père moins indulgent et moins tendre ? […] Et, tout optimiste qu’elle est et un peu sujette à l’engouement, ne la croyez pas dupe toujours. […] On était dans un siècle d’analyse et de destruction, on s’inquiétait bien moins d’opposer aux idées en décadence des systèmes complets, réfléchis, désintéressés, dans lesquels les idées nouvelles de philosophie, de religion, de morale et de politique s’édifiassent selon l’ordre le plus général et le plus vrai, que de combattre et de renverser ce dont on ne voulait plus, ce à quoi on ne croyait plus, et ce qui pourtant subsistait toujours.
Toutes les fois que je puis croire que le roi des rois, Agamemnon, s’adresse à moi-même, et qu’il ne dit telle chose qu’afin de m’en informer, en me faisant tant d’honneur, il me fait moins d’illusion, et bientôt je ne verrai plus en lui qu’un acteur, s’il ne se hâte de redevenir un héros. […] C’est là, je crois, l’état de la question entre Voltaire et Schiller, s’il peut y avoir en effet une question entre ces deux hommes. […] Je crois donc que nous avons fait sagement de bâtir l’Opéra pour les génies et pour les diables ; là, qu’ils soient aussi extravagants qu’ils voudront l’être, pourvu qu’ils nous amusent par leurs roulades ou leurs pirouettes. […] Qu’Oreste baigné du sang de sa mère tremble à l’aspect des furies vengeresses dont il se croit entouré ; que Macbeth et Richard III poursuivis par leurs remords pensent l’être par leurs victimes, cet égarement de leurs esprits est la punition de leurs crimes ; et la nature même a créé de tels supplices pour les coupables échappés à la justice humaine. […] Je sais que Voltaire a daigné employer de pareils prestiges, et je serais tenté de croire qu’il eût mieux fait de n’en avoir pas besoin.
Il peut croire à la bonté de l’univers puisqu’il vit et que sa race a déjà longtemps duré. Il peut croire à son hostilité puisqu’il est sûr de souffrir et de mourir. […] Croirait-on vraiment qu’il suffit de ne plus penser à notre cruauté pour la supprimer ? […] Elle n’est point un procédé pour nous empêcher de sentir, d’aimer, de croire et d’agir, mais plutôt pour éprouver nos impressions, nos pensées et nos volontés. […] Il est des gens faits pour agir sans penser, pour croire sans douter, pour jouir naïvement, pour ne pas comprendre et pour rester sans inquiétude.
Chaque fois qu’il intervient au milieu du Chœur, on croit entendre un clairon strident coupant un concert de lyres élégiaques. […] On croit voir cette bouche béante d’une déesse de l’Inde d’où s’échappent des chars et des cavaliers. […] Étéocle n’est point un impie, mais il a la religion du soldat, brusque et courte ; il ne croit pas aux cantiques arrêtant les flèches, ni aux libations émoussant les lances. […] On se souvient des cités antiques transformées en seigneuries féodales par les grands vassaux de Philippe-Auguste, et l’on croit voir le duc Tydée et le baron Capanée, le marquis Hippomédon et le page Parthénopéos, chevaucher en habits de fer, sous leurs pennons brodés de cris d’armes, autour d’une forteresse byzantine. […] tu es mort jeune, et tu m’as laissée veuve dans mes demeures, et je ne crois pas qu’il parvienne à la puberté, ce fils que nous avons engendré tous deux, malheureux que nous sommes !
L’ami trouve de la tristesse dans la lettre, croit à un manque d’argent, ramasse la monnaie qu’il peut, et la lui apporte à Paris. […] Un jeune homme, qu’elle croit un architecte, lui fait la cour. […] 6 mai La langue javanaise, la langue argotique de toutes les impures de Paris, — le croirait-on, — a été inventée à Saint-Denis, par les pensionnaires pour se cacher des sous-maîtresses. […] Il se figure que ça va finir demain ou après-demain, et comme il se croit un des grands auteurs du 2 décembre, une tête à prix, il se figure que tout chez lui sera mis en miettes, et il a tout vendu. […] Du soleil ou de la pluie, du poisson frais ou du gibier faisandé me font croire ou douter.
Nous n’avons aucune raison de croire que toutes les combinaisons possibles ont été essayées au cours de l’expérience et, parmi celles qui n’ont jamais été réalisées mais sont concevables, il en est peut-être de beaucoup plus avantageuses que celles que nous connaissons. […] Mais nous n’avons aucune raison qui nous permette de croire à la réalité de cette régression. […] Si, d’ailleurs, cet exemple est particulièrement démonstratif — et c’est pourquoi nous avons cru devoir nous y arrêter — il en est bien d’autres qui pourraient être utilement cités. […] Nous ne croyons pas que jamais on se soit systématiquement astreint à décider du caractère normal ou anormal des faits sociaux d’après leur degré de généralité. […] Plusieurs faits que nous avons indiqués à propos du suicide (voir Le Suicide, p. 420 et suiv.) tendent, au contraire, à nous faire croire que ce développement est, en général, morbide.
Il crut un moment même à l’audace et à la fortune de Rienzi. […] On croirait entendre la surprise et les vœux des apôtres, dans cet hymne pour la fête de l’Ascension : « Délaisses-tu donc, saint Pasteur, ton troupeau dans cette vallée profonde, obscure, avec la solitude et les regrets ! […] Ne semble-t-il pas étrange que, tout près de ce grand écrivain, Ronsard ait passé pour un si grand poëte, et que Montaigne lui-même l’ait cru et nous dise « que les Français de son temps avaient monté la poésie au plus haut degré, où elle sera jamais, et que Ronsard et du Bellay ne sont guère éloignés de la perfection antique ». Cette singulière méprise ne peut, je crois, s’expliquer à la gloire de Ronsard ni se justifier par aucune théorie sur le génie poétique, la différence des temps et l’indépendance arbitraire du goût. […] Donc, si vous m’en croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur, la vieillesse Fera ternir vostre beauté.
Être un esprit littéraire, ce n’est pas, comme on peut le croire, venir jeune à Paris avec toute sorte de facilité et d’aptitude, y observer, y deviner promptement le goût du jour, la vogue dominante, juger avec une sorte d’indifférence et s’appliquer vite à ce qui promet le succès, mettre sa plume et son talent au service de quelque beau sujet propre à intéresser les contemporains et à pousser haut l’auteur. […] Qui donc plus que Nodier a prodigué en littérature, même en critique, ces créations piquantes, imprévues, non point si passagères qu’on pourrait le croire ? […] Les témoignages d’intérêt et d’affection, durant toute sa maladie, ont été unanimes, universels ; il y était sensible ; il croyait trop à l’amitié qu’il inspirait pour s’en étonner.
L’imprimerie n’a pas mis au jour, autant qu’il serait naturel de le croire, tous les écrits importants des savants du xvie siècle et du xviie . […] Quand on croira avoir découvert quelque chose d’inédit, on tâchera de vérifier si le morceau ne se trouve pas imprimé déjà dans quelqu’une de ces vastes Collections où tant de pièces diverses sont rassemblées, dans le Spicilegium de d’Acheri, dans le Thesaurus anecdotorum de Bernard Pez, dans les Collections de Durand, de Martène, et les Analecta de Mabillon… Même avant Descartes, il a pu y avoir des essais de philosophie en langue française, dans le genre des traductions et commentaires que Louis Leroy a donnés de plusieurs ouvrages de Platon et d’Aristote. […] Mais votre recherche, monsieur, n’est pas du tout limitée à cette époque du moyen âge et aux siècles antérieurs au xvie , sur lesquels j’ai cru devoir fixer d’abord votre attention.
Mais Zénobie se croit veuve : elle est donc libre de fait. […] Il croyait avoir fait merveille d’avoir porté l’action dramatique hors du monde mythologique gréco-romain, de l’avoir promenée en Asie, en Afrique, en Amérique, de l’avoir ramenée en France, en plein moyen âge féodal et chrétien. […] On y voit même des spectres, et Voltaire croit avoir fait du Shakespeare ou de l’Eschyle pour avoir imaginé ces piteuses apparitions d’Eriphyle et de Sémiramis, si acerbement et si justement critiquées par Lessing.
Et l’on aurait tort de croire que la tentative était facile à faire. […] C’est la mélancolique aventure d’un vieux garçon, qui croit son cœur usé et flétri, lorsqu’il rencontre, une fillette qui lui donne des émotions sur lesquelles il ne comptait plus guère. […] Moins politique que Béranger ; moins subtil et moins précieux, moins alambiqué que Sainte-Beuve ; plus sincère, comme connaissant mieux les choses dont il parlait, les ayant observées de plus près, plus attentivement, les goûtant, les aimant davantage, il a vraiment, en ce sens, étendu le champ de la poésie contemporaine ; il y a comme acclimaté des sujets qu’on en croyait indignes pour leur simplicité ; et il a surtout, en les traitant, presque toujours évité l’écueil du prosaïsme ou celui de l’insignifiance.
Non-seulement l’incrédule Nazareth continuait à repousser celui qui devait faire sa gloire ; non-seulement ses frères persistaient à ne pas croire en lui 910 ; les villes du lac elles-mêmes, en général bienveillantes, n’étaient pas toutes converties. […] Et toi, Capharnahum, qui crois t’élever jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’aux enfers ; car si les miracles qui ont été faits en ton sein eussent été faits à Sodome, Sodome existerait encore aujourd’hui. […] Un philosophe critique eût dit à ses disciples : respectez l’opinion des autres, et croyez que personne n’a si complètement raison que son adversaire ait complètement tort.
Elle avait un air distrait et rêveur, qui faisait croire qu’elle méprisait ceux qu’elle regardait ; mais sa civilité et sa bonté raccommodaient en un instant de conversation ce que les distractions pouvaient avoir gâté. […] Madame de Sévigné écrivait à sa fille, le 14 juillet 1680 : « Vous me demandez ce qui a fait cette solution de continuité entre La Fare et madame La Sablière : c’est la bassette ; l’eussiez-vous cru ? […] Propos, agréables commerces, Où le hasard fournit cent matières diverses ; Jusque-là qu’en votre entretien La bagatelle à part : le monde n’en croit rien.
Il s'est cru assuré de sa réputation, & n'a plus voulu suivre d'autre guide que lui-même. […] Il a cru sans doute que le sublime consistoit dans une expression pompeuse & forcée ; l'élévation des sentimens dans la recherche des grands mots ; la chaleur & l'énergie dans un amas de métaphores outrées ; la profondeur des pensées dans un jargon scientifique. […] Dans l'Eloge du Chancelier Daguesseau, après avoir dit, en parlant des Loix qui furent faites pour le Peuple, lorsque nos Rois l'eurent délivré de la tyrannie des Nobles, que cette nouvelle partie de la législation choquoit les principes ou les abus de la législation féodale, qui, à son tour, réagissoit contre elle, que les nouveaux droits des Peuples se heurtoient contre les droits usurpés par les Nobles, que les Loix n'offroient qu'un édifice informe & monstrueux que l'on prendroit pour un amas de ruines entassées au hasard ; il poursuit en ajoutant, que cet immortel Chancelier crut qu'au lieu de renverser tout à coup ce grand corps, il valoit mieux l'ébranler peu à peu ou le réparer insensiblement sur un plan uniforme & combiné dans toutes ses parties.
Qui croiroit que le plus ardent à fronder la versification, fut un versificateur ? […] Quand La Mothe crut avoir familiarisé le public avec l’idée d’avoir une tragédie sans vers, il étendit son systême à l’ode. […] Il les croit tous deux grands, ils sont tous deux petits.
Je crois cette pensée du nombre de celles qu’un peu de méditation lui auroit fait expliquer, car on sçait bien que celui des ouvrages de Monsieur Pascal que je cite, est composé d’idées qui lui étoient venuës dans l’esprit, et qu’il avoit jettées sur le papier plûtôt pour les examiner que pour les publier. […] Ils ne laisseroient pas de croire que la piece est mauvaise, bien qu’on expliquât mal par quelles raisons elle ne vaut rien. On en croit l’homme, même quand on ne comprend pas le raisonneur.
II Je crois donc le livre de M. de Barthélémy insuffisant. […] C’était une espèce de Boileau en prose, élargi et vaste, avec plus de chaleur au cœur que Boileau et plus heureux, car les dindons auxquels il eut affaire toute sa vie ne purent jamais l’émasculer… Il a même jugé Boileau, qu’il respectait, de manière à faire croire qu’il le dominait par le sens critique. […] Il croyait la source des chefs-d’œuvre inépuisable pour le génie humain, et la beauté, comme la vérité, infinie… C’est lui qui a écrit : « Le génie a cent yeux comme Argus.
Seulement, si complet qu’il continue d’être, nous ne croyons pas que la seconde partie, qui nous est inconnue, ait pour personne l’intérêt si vif et si incessamment attisé de la première, et cela en vertu d’une foule de raisons. […] Eh bien, qui le croirait, ou plutôt qui ne le croirait pas, après avoir lu le livre de Lavallée ?
C’est, en effet, une des erreurs les plus profondes du spiritualisme humain, que de croire à la puissance spirituelle réduite à sa seule force isolée ; c’est la plus vaine des abstractions que de la cantonner dans la sphère mystérieuse de la conscience sans qu’elle passe à l’instant même au dehors, dans la sphère visible et les faits apparents. […] Indépendamment du talent, et il en a un dont j’estime la mâle simplicité, son histoire du Gouvernement des Papes — dédiée au célèbre Père Theiner — a cet avantage relatif d’être écrite par un homme qui ne porte pas la robe du Père Theiner, et, pour les basses suspicions d’un temps comme le nôtre, qui soupçonne tout et qui ne croit à rien, c’est comme une garantie d’impartialité. […] Si aujourd’hui, par impossible, les atroces Tartuffes qui veulent la mort du Christianisme par l’appauvrissement de la Papauté, et les imbéciles, plus nombreux encore, qui croient que pour la gloire et le renouvellement de la Papauté, avilie, selon eux, dans le pouvoir et les richesses, il faudrait la jeter vivante à la voirie des grands chemins et qu’elle allât tendre sa tiare à l’aumône comme Bélisaire y tendait son casque, avaient une vue juste de la réalité, le sou que la Chrétienté y ferait pleuvoir de toutes parts serait l’atome constitutif d’un pouvoir temporel nouveau, qui — le monde étant différent de ce qu’il était il y a dix-huit siècles — ne se développerait pas comme la première fois, mais trouverait une autre forme de développement.
Croyez-le bien ! […] Parisot a, comme nous le croyons, les grands mérites de l’exactitude et de la fidélité, elle est la meilleure réponse aux opinions de M. […] Les détails mêmes, les arabesques si chères à la Fantaisie, à cette Belle au Bois dormant qui s’est assoupie au branle monotone de la littérature de Louis XIV et que la gloire du xixe siècle sera d’avoir réveillée, toutes ces choses qui ne sont pas la poésie elle-même, mais qui y touchent, ne paraissent point là en réalité ce qu’on les croyait à distance : « Pour faire un paradis persan, — disait Lord Byron en plaisantant, — il faut beaucoup de ruisseaux de limonade et des milliers de longs yeux noirs. » Pour faire un poème indien, la méthode ne serait peut-être pas beaucoup plus compliquée… Les fragments de Colbrooke et la Sacountala, quoique traduite avec la bégueulerie française par M. de Chézy (un homme qui aurait appris la Trénis aux Bayadères), ont suffisamment montré que la métaphore indienne était vite épuisée, comme il doit arriver toujours chez les peuples immobiles, qui n’observent pas, qui n’agissent point, et qui vivent de la vie végétale de l’humanité.
Franchement, je pense encore assez de bien de Charles de Rémusat, pour croire qu’au Moyen Âge il aurait eu plus d’importance que dans son siècle. […] Quand on croit qu’elle va poindre, elle s’efface. […] Il manque même de haine philosophique, quoique de Rémusat doive avoir, tapies quelque part, les haines de sa philosophie, et quoique le scepticisme du temps et la glace de son tempérament aient bien diminué cette rage contre l’Église qu’ont tous, au fond du cœur, les philosophes, et que Cousin, lâche, mais indiscret, révélait en la couvrant de ce mot, dit justement à propos d’Abélard : « Il avait déposé dans les esprits de son temps le doute salutaire et provisoire, qui préparait l’esprit à des solutions meilleures que celles de la foi. » Charles de Rémusat n’a jamais eu de ces imprudentes et impudentes paroles d’un homme dont l’espérance trahit l’hypocrisie, mais à quelque coin, dans cet esprit moyen, dans cette âme de sagesse bourgeoise, il y a toujours, prête à se glisser au dehors, l’hostilité contre toutes les grandes choses que nous croyons… Comme Abélard, le héros de toute sa vie, comme Bacon, qu’il a aussi commenté, de Rémusat s’est toujours plus ou moins vanté d’être un écrivain de libre examen et de libre pensée, un philosophe contre la théologie, un adversaire de l’autorité sur tous les terrains, en religion comme en politique, — et comme l’Église est l’autorité constituée de Dieu sur la terre et qu’elle a le privilège divin « que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre Elle », de Rémusat, qui est une de ces portes-là, — non pas une porte cochère, aux cuivres insolemment luisants et aux gonds tournant à grand bruit, mais une petite porte, discrète et presque cachée à l’angle et sous les lierres prudents de son mur, — de Rémusat entend bien prévaloir contre l’Église et lui prouver que son privilège divin n’est qu’une prétention !
A de certaines saveurs de son volume, on pourrait croire que l’auteur est chrétien d’éducation première et peut-être d’âme par sa mère ; mais littérairement, non ! […] Comme la plupart des écrivains de ce temps, qui parlent d’individualité d’autant qu’il n’y en a aucune, Cantel a fait du syncrétisme, qui n’est pas, croyez-le ! […] III Non pas que nous voulions prétendre que, sans ce paganisme, elle serait venue : nous ne le croyons pas.
Virgile est depuis deux mille ans sur son socle, couronné de laurier par la sculpture de tous les temps qui ont suivi le sien, et Lamartine n’est que d’hier, et moi, qui écris ce chapitre, je l’ai vu dans le prosaïsme de nos plates mœurs et de nos tristes costumes, avec le chapeau blanc de Louis-Philippe et des épiciers endimanchés sur sa noble tête… Rapprochement de plus d’influence qu’on ne croit sur l’imagination déconcertée et qui compare deux poètes immortels ! […] Victor Hugo, qui croyait être à la fois le Mirabeau et le Bonaparte de cette révolution littéraire, ne divisait pas, mais organisait pour régner et il régnait déjà. […] Il était plus un et plus indivisible que la République à laquelle il crut quelques jours.
Mais, le croira-t-on ? […] Mais le Titan poétique était si fort en lui, qu’au moment même où l’on pouvait le plus le croire écrasé, il se leva tout droit et tout grand en rejetant ces affreuses montagnes qu’il avait empilées sur sa tête, et il apparut à l’Angleterre la fleur magnifiquement épanouie du Paradis perdu à la main ! […] Celui qu’on ne croyait qu’un vieux théologien aveugle devient l’Homère de l’Angleterre, et la mémoire de ce puritain en habit gris, qui serait maintenant évaporée comme les sons de l’orgue dont il jouait, disent les Histoires, près de sa porte ouverte, aux derniers rayons du soir, se fixe en immortalité.
Dans l’autre on croit voir Socrate même, et le peintre disparaît. […] Il ne fait donc point de ces portraits brillants dont Salluste le premier donna des modèles, et que le cardinal de Retz, par ses mémoires, mit si fort à la mode parmi nous ; il fait mieux, il peint en action ; on croit voir tous ses grands hommes agir et converser ; toutes ses figures sont vraies et ont les proportions exactes de la nature ; quelques personnes prétendent que c’est dans ce genre qu’on devrait écrire tous les éloges : on éblouirait peut-être moins, disent-elles, mais on satisferait plus ; et il faut savoir quelquefois renoncer à l’admiration pour l’estime. […] si je dois vivre, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont couronné plus d’une fois, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs ; et si, dans ma vieillesse, je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères à qui j’ai payé la dot de leurs filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes ; ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir : s’ils ne peuvent rien pour moi, je choisis la mort ; cesse donc de me séduire, etc. » J’aime ensuite à voir la pitié de dédain avec laquelle il regarde le courtisan qui le croyait sans défense, parce qu’il n’avait autour de lui ni armes, ni soldats, ni remparts, comme si le courage n’était pas la défense la plus sûre pour un grand homme.
Qui le croirait ! […] Je ne crois pas que l’instant soit venu. […] Quinet croit aux jésuites. […] Il était, le croirez-vous, races futures ? […] On croyait en mademoiselle Lenormand, même un peu plus que l’on ne croyait à l’empereur.
1° Un chien de taille moyenne fut nourri pendant trois jours avec du lard non salé, cru et complétement privé de parties musculaires. […] Je me rappelle qu’un jour, un homme bien portant du reste, mais étant à jeun, avala un assez grand nombre d’œufs crus. […] On a donc pu croire souvent que des diabétiques étaient guéris par cela qu’ils contractaient une autre maladie intercurrente. […] Mais, le côté physiologique étant complètement méconnu, on n’a vu qu’une des faces du problème ; on a cru faire la découverte de faits établis déjà depuis longtemps, et l’on a pris pour général ce qui n’est qu’un cas particulier, et l’on a cru à une fixité de phénomènes qui ne se rencontrent pas. […] Mais, dès le lendemain, cette dernière sécrétion n’en offre plus de traces, et l’on pourrait croire qu’alors il n’en existe plus dans l’organisme.
Combien l’esprit didactique, si on vouloit l’en croire, ne retréciroit-il pas la carriere du génie ? […] J’aurois mieux fait, je crois, de prendre Célimene, dit l’Irrésolu. […] On a cru que le pathétique étoit dans les mots ; il est dans les tours & dans les mouvemens du style. […] Qui croiroit que c’est à ces mots qu’Achille redevient furieux ? […] La saine postérité ne croit des sicles reculés, que ce qu’il a plû aux écrivains célebres.
Il croyait au sublime de tout l’élan de sa nature et de toute l’autorité de sa logique ; et, chez lui, la raison cultivée fortifiait de ses preuves les suggestions de l’instinct primitif. […] On l’accusait d’être « âpre, colérique », et certainement il tenait à sa dignité d’homme, à son autorité d’époux, et ne se trouvait pas estimé, respecté, prévenu autant qu’il croyait mériter de l’être. […] Il y a tel passage qui, par sa familiarité amère, rappelle Swift, et le dépasse de toute la hauteur de l’imagination et du génie. « Un homme dont la foi est vraie peut être hérétique, s’il croit les choses seulement parce que son pasteur les dit. […] Ce fut là, je crois, son dernier poëme profane. […] Pour mettre en scène le surnaturel, il ne faut point rester dans son assiette ordinaire ; vous avez l’air de ne point croire, si vous y restez.
Tel se croit un Homère, parce qu’il entend Homère dans la langue originale. […] La langue française est impuissante à rendre toutes les beautés de la langue grecque. » Ils répondaient : « Peu nous importe », et ajoutaient comme l’abbé de Pons, d’un air de compliment pour Mme Dacier : « Elle a entendu Homère autant qu’on le peut entendre aujourd’hui ; elle sait beaucoup mieux encore la langue française ; elle a rendu le plus élégamment qu’elle a pu, dans notre langue, ce qu’elle a vu, pensé et senti en lisant le grec : cela me suffit, j’ai L’Iliade en substance. » L’erreur, c’était de croire qu’un poète dont l’expression est un tableau, une peinture naïve continuelle, fût fidèlement rendu par une traduction tout occupée d’être suffisamment polie et élégante ; l’erreur, c’était de s’imaginer qu’il n’y avait là qu’une question de plus ou moins d’élégance et de précision, et qu’en supposant l’original doué de ces deux qualités à un plus haut degré que la traduction, on lui rendait toute la justice qu’il pouvait réclamer, il s’agissait bien de cela ! […] Je déclare donc ici que tout homme qui voudra m’offenser n’y réussira pas en attaquant ma figure ; il y a longtemps que je l’ai abandonnée à son mauvais sort ; il y a longtemps que ses querelles ne sont plus les miennes : mais comme je ne connais point M. l’abbé Couture, que je n’ai pu par conséquent lui faire cette déclaration, il n’a pas dû croire qu’il fût de mon goût que cette liberté devînt le droit de Gacon même. […] On cite de lui ce joli mot à quelqu’un qui l’abordait en croyant le reconnaître, et qui le prenait pour un autre : « Monsieur, je ne suis pas le bossu que vous croyez. » Et toutefois, dans la querelle présente, il ne devait pas tout à fait oublier qu’il lui était échappé, à lui tout le premier, d’appeler les érudits stupides ; et il avait beau dire qu’il ne l’avait fait qu’en général et sans application à personne, le pavé était gros, le compliment peu mince. — Convenons aussi que, sans être Gacon, il fallait se tenir à quatre dans ce débat pour ne pas dire de La Motte (ce qui était vrai au pied de la lettre) qu’il jugeait d’Homère comme un aveugle des couleurs. […] Il croit par là simplifier la question ; il ne fait que mutiler l’homme.
Victor commença, à treize ans, au hasard, ses premiers vers ; il s’agissait, je crois, de Roland et de chevalerie. […] Elle parut si remarquable aux juges, qu’ils ne purent croire à ces trois lustres, à ces quinze ans de l’auteur, et, pensant qu’il avait voulu surprendre par une supercherie la religion du respectable corps, ils ne lui accordèrent qu’une mention, un encouragement avec réserve. […] Han d’Islande, qui le croirait ? […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli. […] Aussi les marques qu’il en contracta sont légères et se discernent à peine : ses premières ballades se ressentent un peu de l’atmosphère où elles naquirent ; il y a trop sacrifié au joli : il s’y est trop détourné à la périphrase : plus tard, en dépouillant brusquement cette manière, il lui est arrivé, par une contradiction bien concevable, d’attacher une vertu excessive au mot propre, et de pousser quelquefois les représailles jusqu’à prodiguer le mot cru.
Bonnet, l’honorable tuteur, se crut autorisé par le succès à laisser courir les choses et le nom. […] Chez Marivaux, à qui on l’a comparé, le mot courant est, je crois, beaucoup plus perlé et plus constamment neuf. […] Là donc où d’autres ne verraient que matière à un bon mot assez piquant, lui il placera tout le pivot d’une pièce ; il fait tout pirouetter, à force de combinaisons ingénieuses, autour d’un paradoxe extrême qu’on ne croyait pas de force à tant supporter. […] Scribe à sa seconde manière, à celle du Gymnase ; on pouvait croire, après l’échec du Mariage d’argent aux Français, qu’elle resterait chez lui définitive. […] Si c’est, comme je le crois, de ces trois scènes qu’on a entendu parler, il faut ajouter que ces endroits nattés le sont d’une bien étroite manière.
Tebaldo n’en croit rien. […] Ricciardo ne pouvait croire ce qu’il lui disait. […] Molière se serait même identifié tellement avec ses modèles, si l’on en croit Villiers, qu’il aurait commencé par jouer le rôle de Mascarille sous le masque, comme Scapin ou Trivelin. […] À en juger par cette image, le costume de Molière offrait une analogie frappante avec celui des premiers zanni : il a notamment la veste et le pantalon galonnés sur les coutures avec des lamelles d’étoffe, telles qu’on les voit sur l’habit du Scapin des Fedeli ; on croirait distinguer aussi une certaine similitude du geste, de l’attitude et du jeu comique. […] Mais de même que, dans toutes ces diverses situations, Sganarelle conserve quelque trait de son caractère et de sa physionomie, il est probable qu’il gardait toujours dans son costume quelque chose qui rappelait le type originel, tant la tradition avait de puissance dans ce domaine où l’on serait tenté de croire que la fantaisie était souveraine absolue.
. — La géométrie qualitative Tout cela est relativement facile à comprendre et je l’ai déjà si souvent répété que je crois inutile de m’étendre davantage sur ce sujet. […] Or, cela n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Tout le monde croit savoir ce que c’est qu’un point, et c’est même parce que nous le savons trop bien que nous croyons n’avoir pas besoin de le définir. […] A fortiori ce n’est que par un raisonnement indirect que nous croyons savoir (et encore cette croyance est-elle trompeuse) si la position absolue de l’objet a changé.
Au sortir du collège, sa mère n’était plus ; il pouvait se croire orphelin dans le monde et délaissé ; mais non, c’eût été une injustice, lui-même nous le dit : Car de l’école à peine eus-je franchi les grilles, Que je tombai joyeux aux bras de deux familles. […] En parlant ici d’Hégésippe Moreau, je ne viens faire, on peut le croire, le procès ni à la société ni aux poètes. […] et j’y succombe : Mon âme fatiguée est comme la colombe Sur le flot du désert égarant son essor ; Et l’olivier sauveur ne fleurit pas encor… Ces mille souvenirs couraient dans ma mémoire, Et je balbutiai : — « Seigneur, faites-moi croire ! […] Pierre Dupont, qui est un chantre à la fois populaire et de salons, socialiste pur si l’on en croit quelques-uns de ses vers, belliqueux même et violent à de certains jours, rural, agreste et pacifique, je le crois, quand il est dans sa meilleure et sa première nature.
En transformant dans ses romans les personnages de sa connaissance en héros et en princes, Mlle de Scudéry croyait ne pas sortir de sa maison. […] Dans ce portrait de Sapho, qui est en si grande partie le sien, elle insiste beaucoup sur ce que Sapho ne sait pas seulement à fond tout ce qui dépend de l’amour, mais sur ce qu’aussi elle ne connaît pas moins tout ce qui est de la générosité ; et toute cette merveille de science et de nature, selon elle, se couronne encore de modestie : En effet, sa conversation est si naturelle, si aisée et si galante, qu’on ne lui entend jamais dire en une conversation générale que des choses qu’on peut croire qu’une personne de grand esprit pourrait dire sans avoir appris tout ce qu’elle sait. […] En le faisant, elle se flattait encore de concilier la fable avec l’histoire, l’art avec la vraisemblance : « Il n’est jamais permis à un homme sage, pensait-elle, d’inventer des choses qu’on ne puisse croire. […] Vous ne sauriez croire, dit Tallemant, combien les dames sont aises d’être dans ses romans, ou, pour mieux dire, qu’on y voie leurs portraits ; car il n’y faut chercher que le caractère des personnes, leurs actions n’y sont point du tout. […] À de certains endroits, pourtant, on croit sentir un esprit ferme et presque viril, qui aborde les sujets élevés avec une subtilité raisonneuse, qui en comprend les divers aspects, et qui, en se rangeant toujours aux opinions consacrées, est surtout déterminé par des considérations de bienséance.
Nous croyons que le vert est réellement sur l’herbe, l’azur sur le firmament, les sept couleurs dans l’arc-en-ciel. […] C’est cette continuité même du vouloir qui fait croire à son absence ; le tapage des sensations concomitantes et plus ou moins discordantes étouffe le reste, et le phénomène tout entier paraît un simple déploiement de sensations passives. […] Grâce à cette volition inconsciente, aidée d’une représentation inconsciente, M. de Hartmann croit tenir la solution du problème. […] Nous croyons que c’est l’inverse de la vérité et que l’attention est simplement l’appétition dirigée vers la perception au lieu d’être dirigée vers l’action musculaire. […] Ribot : « Il n’y a aucune bonne raison de croire que faction des muscles ait quoi que ce soit à faire avec la production de ce sentiment d’effort. » Il ajoute encore avec raison que, dans le cerveau même, rien n’assure l’existence de centres spécifiquement moteurs.
Vous êtes aises comme des rats en paille ; vous avez le dos au feu et le ventre à table ; on vous prêche et vous n’écoutez pas ; je le crois bien, ventre affamé n’a point d’oreilles ; mais aussi rira bien qui rira le dernier. […] C’est sans doute que leur obscurité fait leur grâce et leur force ; ils disent ce que l’écrivain ne sait pas dire, quoi qu’il sente ; ils font croire à celui qui en est ému que celui qui les profère abrège par un signe connu la longue litanie de ses émotions, tandis que celui qui les écrit revêt placidement son impuissance d’une forme dont il connaît, pour l’avoir éprouvée, la vertu communicative et tyrannique. […] Le répertoire politique est si riche en abstractions qu’on serait tenté de croire que les intérêts dont on charge un député sont tout à fait immatériels et semblables à ceux que défendent dans leurs discours les rhétoriciens du concours général. […] Quand nous parlons, nous ne pouvons être compris que si nos paroles sont admises comme les représentantes non de ce que nous disons, mais de ce que les autres croient que nous disons ; nous n’échangeons que des reflets. […] A Lyon, m.dcc.lix. — Ce livre a été refait récemment et, le croira-t-on, pour guider dans les sentiers de la vertu littéraire les jeunes disciples de l’Apollon noir.
Les doctes signalent là une analogie ; les impuissants, qui sont aussi les ignorants, les envieux, qui sont aussi les imbéciles, ont la petite joie de croire constater un plagiat. […] Ces œuvres surhumaines de l’homme sont d’ailleurs plus nombreuses qu’on ne croit, car elles remplissent l’art tout entier. […] Il croit peu au sceptre, bafoue le trône, a pour camarade un étudiant, dialogue avec les passants, argumente avec le premier venu, comprend le peuple, méprise la foule, hait la force, soupçonne le succès, interroge l’obscurité, tutoie le mystère. […] Shakespeare est d’accord avec Walter Mapes, archidiacre d’Oxford, c’est bien quelque chose ; il admet, depuis Brutus jusqu’à Cadvalla, les quatre-vingt-dix-neuf rois celtes qui ont précédé le scandinave Hengist et le saxon Horsa ; et puisqu’il croit à Mulmutius, à Cinigisil, à Céolulfe, à Cassibelan, à Cymbeline, à Cynulphus, à Arviragus, à Guiderius, à Escuin, à Cudred, à Vortigerne, à Arthur, à Uther Pendragon, il a bien le droit de croire au roi Lear, et de créer Cordelia.
Il craint de croire et, pourtant, il parle des poètes avec passion. […] — Quant à Pierre Veber, je le crois capable de tout. […] Pour appliquer cette ironie, ils ont cru pouvoir se départir de leur respect envers la foule. […] Ne croyons pas qu’il suffise d’être un novateur pour mériter des louanges. […] Il faut toujours tendre à la perfection, et alors cette justice qui nous est refusée par nos contemporains, la postérité sait nous la rendre… » Certes, nous croyons défendre aussi la pensée classique et la tradition française, de clarté, de sobriété et de mesure, ce qui ne veut pas dire que nous louerons les pâles épigones et les imitateurs et les plagiaires27.
Si l’on croyait que ces vertus, fruits du temps et des lumières, sont de convention, l’on se tromperait ; elles tiennent à la science des mœurs comme la feuille tient à l’arbre qu’elle embellit. […] On peut l’alléger sans doute, mais en faire un amusement, je n’en crois rien. […] Le théologien aurait rapporté tout à Dieu ; le médecin, tout à la santé ; le jurisconsulte, tout à la législation ; le militaire tout à la guerre ; le géomètre, tout aux mathématiques ; le bel esprit, tout aux lettres ; et chacun eût été le pendant de Marcel11, qui croyait qu’un empire ne pouvait être que mal gouverné lorsqu’on n’y dansait pas supérieurement le menuet. […] Je ne crois pas que les universités d’Allemagne soient beaucoup mieux ordonnées que les nôtres. […] Si j’étais souverain et que je pensasse que tous les jours de fêtes et de dimanches, entre onze heures et midi, cent cinquante mille de mes sujets disent à tous les autres et leur font croire, au nom de Dieu, tout ce qui convient au démon du fanatisme et de l’orgueil qui les possède, j’en frémirais de terreur.
L’homme a besoin d’être aidé à produire ses pensées ; s’il n’a pas la confiance intime d’un appui dans l’opinion ou le sentiment de ses contemporains, il s’effraie de sa solitude ; s’il ne sent pas dans les autres l’influence qu’il se croyait appelé à exercer, le découragement vient le saisir, et il garde un silence qui le dévore : il n’est pas assez assuré dans sa propre conscience parce qu’il est éminemment un être social. […] Ceux qui se croient poètes, et qui ne le sont pas, au lieu de transmettre l’impression reçue, ont imaginé de peindre imparfaitement l’objet lui-même. […] Mais il est une observation qui a échappé à Platon et à M. de Maistre, et que je crois devoir consigner ici. […] Ainsi l’invention n’aurait été attribuée aux poètes que lorsqu’il y eut des prosateurs, parce qu’à ceux-ci on ne leur crut que la simple fonction de constater c’est du moins de cette manière que s’explique Pindare. […] Ils ont cru pouvoir commencer à écarter le merveilleux de leurs récits, et bientôt ils se sont arrogé le droit de choisir dans leurs matériaux, ou, pour parler plus exactement, de choisir dans les traditions, et même de modifier celles qu’ils consentaient à consacrer de nouveau.
Enfin, on n’a vu ni grandement, ni profondément dans cette œuvre, et l’on a cru voir ! […] Pierre Leroux et Jean Reynaud croient avoir dégoûté le monde. […] Mais si, comme je le crois, il n’y a rien de plus puissant, dans le monde, sur l’imagination étonnée, que la profondeur sous la légèreté, c’est un livre qui fera cette charmante surprise du sérieux caché sous la grâce, et la grâce dans ses plus ravissantes audaces, dans ses plus adorables folies ! […] L’inspiration est l’étoffe dont toutes les poésies sont faites, mais c’est encore plus une exécution… Il s’y est donc mis avec une patiente ardeur, et s’il ne l’a pas inventée, il l’a perfectionnée, et je crois qu’après lui, on n’aura plus à la perfectionner. […] Dans la langue, le rythme, le mètre, la rime, l’entente du vers, ses ressources, son économie, la souveraineté du poète sur le vers, je ne crois pas qu’on puisse aller plus loin, et c’est tant mieux, sans doute.
Mais croit-on que les utilitaires la nient ? […] On semble parfois croire que l’égalitarisme économique impliquerait la négation de la différence des capacités, et qu’il donnerait tout uniment à chacun la même part. […] — On peut toutefois, sans croire à l’identité des lumières, exiger l’égalité des droits politiques : cette exigence se justifie de plus d’une façon. […] Et qu’on ne croie pas que seul le « rationalisme français » était capable de remonter à ces notions universelles, M. […] Au premier, elles réservent des honneurs interdits au second, et au second des peines inapplicables au premier30. — Et enfin, là même où les lois décrètent l’égalité, croit-on que les mœurs l’acceptent facilement ?
Je n’aurais jamais cru rencontrer, je l’avoue, tant d’esprit de chicane et d’argutie chez une personne qui se pique d’ailleurs de libéralisme et d’aimer la vérité. […] René d’Argenson semble croire qu’à cette distance de plus d’un siècle il a plus de droits qu’un autre sur ceux qu’il appelle les siens, et qui par leurs actes ou leurs pensées sont dévolus à l’histoire.
On annonce un écrit de M. de Montalembert sur cette question (l’'Univers en a donné ces jours-ci, je crois, quelque chose). […] Je crois qu’il serait injuste d’imputer le scepticisme réel aux principaux éclectiques de l’école : ils ont sur deux ou trois points des convictions, des principes ; ils ont foi intellectuellement à la liberté humaine et au spiritualisme de l’âme ; mais, à part ces quelques points, le reste est court et le symbole intérieur pourrait sembler bien flottant.
Tous trois se croient aimés, et on les trompe tous trois ; car ces cœurs de châtelaines superbes et volages n’avaient d’amour que faux-semblants. […] Partout dans cet agréable, instructif et somptueux volume, respire l’enfant passionné de sa contrée, l’écrivain désintéressé et bon, qui se croira trop comblé s’il fait agréer à quelques amis compatriotes, non pas son monument, mais son offrande.
Sans doute, si le désespoir décidait toujours à se donner la mort, le cours de l’existence ainsi fixé, pourrait se combiner avec plus de hardiesse, l’homme pourrait se risquer, sans crainte, à la poursuite de ce qu’il croit le bonheur parfait ; mais qui peut braver le malheur, ne l’a jamais éprouvé ! […] Si les paroles pouvaient transmettre ces sensations tellement inhérentes à l’âme, qu’en les exprimant, on leur ôte toujours quelque chose de leur intensité ; si l’on pouvait concevoir d’avance ce que c’est que le malheur, je ne crois pas que personne pût rejeter avec dédain, le système qui a pour but seulement d’éviter de souffrir.
J’aime ainsi ces jeunes… Cette nuit encore, je leur ai parlé de Baudelaire… C’est leur prototype… Albert Giraud, entre autres, y croit comme un nègre du Sénégal à son manitou. […] Il a cru que l’art possédait une vertu intrinsèque qui consolait de tout, et il semble tout d’abord avoir fait de l’art pour oublier, mais bientôt repris par son démon, — qui était sa vie et sa flamme, — il en a poursuivi l’essence même et il a voulu tâter de ses mains et presser contre son cœur la pomme d’or dont les poètes s’étaient jusqu’à présent contentés de sentir la folle caresse des rayons.
L’évangile écœurant s’est cru la plume de fer rougi de […] Le romantisme, plus nourri qu’on ne croit de l’antiquité, l’avait abandonnée, au moins en apparence, par le choix des sujets et l’emportement du style.
A l’en croire, c’est pour complaire à M. […] Telle est la marche de la Philosophie : c’est par des récriminations qu’elle croit se sauver de l’opprobre répandu sur ses travers & ses délires.
Devenus les esclaves de la superstition scientifique, nous avons donné aux pédants tout pouvoir sur une activité intellectuelle qui est du domaine absolu de l’instinct ; nous avons cru que notre parler traditionnel devait accueillir tous les mots étrangers qu’on lui présente et nous avons pris pour un perpétuel enrichissement ce qui est le signe exact d’une indigence heureusement simulée. […] Déjà il n’est pas très rare de rencontrer une phrase qui se croit française et dont plus de la moitié des mots ne sont pas français.
Ainsi le siècle de Louis XIV n’a pas été totalement privé du véritable genre descriptif, comme on serait d’abord tenté de le croire ; il était seulement relégué dans les lettres de nos missionnaires64. Et c’est là que nous avons puisé cette espèce de style, que nous croyons si nouveau aujourd’hui.
J’ai cru que quand on avoit indiqué les monnoyes en or & en argent, il étoit inutile de détailler les espêces en cuivre & en bronze. […] J’ai cru que pour éviter la sécheresse & la monotonie, il falloit mêler les sujets qui offrent quelques détails piquans avec ceux qui ne présentent que des notices séches, & qui ne peuvent guéres présenter autre chose.
Quoique les gens du métier n’en puissent pas imposer aux autres hommes assez pour leur faire trouver mauvaises les choses excellentes, ils peuvent leur faire croire que ces choses excellentes ne sont que médiocres par rapport à d’autres. […] Mais croire l’artisan, déferer à l’avis d’un homme qui a fait une profession que nous n’avons pas exercée, c’est seulement déferer à l’art, c’est rendre hommage à l’expérience.
On feint de croire que j’enseigne l’art d’égaler les corrections des grands écrivains, et tous les arguments de mes adversaires se réduisent à me prêter cette sottise. […] Voilà toute notre théorie, A en croire M.
J’ai donc cru devoir mettre une certaine rigueur dans la doctrine, et c’est pour cela que j’ai étendu le plus que j’ai pu une liste destinée à bien faire voir en quoi consistait l’expression banale. En pratique, les opinions qu’on me reproche ne sont pas si extrêmes, et je crois, au contraire, avoir fait des concessions et montré de la mesure.
Du reste, le plus étonnant, dans les Mémoires du Diable, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, le souffle vraiment diabolique qui met en danse les faits, les personnages, les épisodes, les histoires ; mais c’est surtout l’immense psychologie qui circule à travers ces fantastiques créations. […] Si, comme nous le croyons, c’est un bon bâton de longueur pour mesurer la grandeur de l’homme que son aptitude à la métaphysique, Soulié, qui était investi de dons d’organisation formidables, aurait pu, en s’y appliquant, traiter les idées comme il traita les passions et les caractères.
Ensuite le roi des rois, se regardant comme outragé, croit rétablir son honneur en déployant une justice digne de la sagesse qu’il a montrée. […] Usage barbare dont les nations se seraient constamment abstenues si l’on en croyait les auteurs qui ont écrit sur le droit des gens, et qui pourtant était alors pratiqué par ces Grecs auxquels on attribue la gloire d’avoir répandu la civilisation dans le monde.
Ils se trompèrent lorsqu’ils crurent pouvoir établir une nette et définitive démarcation entre ces deux domaines. […] Je n’y veux rien croire. […] A mordre son propre cœur, il s’affole ; à force d’exaspérer son martyre, il le croit volontaire et il s’enivre alors d’orgueil révolté. […] Aussi s’en revient-il vers la demeure ancienne, confronter ce qu’il crut être et ce qu’il fut. […] C’est pour avoir cru deviner, derrière le doux visage ensommeillé, son âme à lui qui s’éveillait, qu’il l’aima.
— Si tu l’as cru, tu es un nigaud. […] vous croyez ? […] — Croyez-vous donc qu’il ne soit pas terrible ? […] je crois. […] Je le crois aussi, Panchine n’est pas digne d’elle.
De sorte que la vraie gauche parlementaire commence à la limite exacte où, pour que l’électeur croie qu’on en est, il devient inutile de lui conter qu’on en est. […] Plusieurs y attachaient une sorte de devoir, et bientôt les plus modérés crurent y attacher leur sûreté. […] On est socialiste comme on est félibre, parce qu’on croit à la Cause, — la Causo. […] » Tellement son tour que même un ministre socialiste se dépouillera de ce rôle plus difficilement qu’il ne le croyait. […] La Révolution croit à la justice sur la terre, et son fleuve individualiste va de ce fait se jeter dans la mer socialiste.
» Mais nous ne pouvons nous résoudre à le croire bien épris de ce rôle. […] Assurément : « nous ne croyons pas que le mensonge et la bassesse soient nécessairement attachés à la condition domestique ! […] L’éclectisme philosophique fut si vite et si bien accueilli, qu’il crut être une doctrine originale. […] Aussi ai-je fait un petit Bouddha que je crois aimable154. » M. […] Munkacsy, n’ont pas cru devoir tout dire ni tout peindre.
il ne croyait pas si bien dire. […] Je le crois bien, ce méchant duc d’Ascalio fait intercepter la correspondance des deux époux. […] « Croyez-vous que l’habit m’aille bien ? […] qui le croirait ? […] Je veux le croire pieusement ; je t’avouerai toutefois qu’il ne me plaît point.
« Si la barbe, dit Weber, est touchée légèrement en un point, par exemple sur le côté de la joue, où croyons-nous sentir cette pression exercée sur les poils de notre peau ? […] Partant, nous oublions ou nous négligeons de remarquer les intermédiaires par lesquels nous situons notre sensation ; ils sont pour nous comme s’ils n’existaient pas ; désormais nous croyons percevoir directement la couleur et l’objet coloré comme situés à telle distance. — Par suite, un contraste s’établit entre cette sensation et les autres. […] Le plus souvent, au moment où pour la première fois il voit clair, il croit « que tous les objets qu’il regarde touchent ses yeux, de même que les objets qu’il tâte touchent sa peau47 ». […] Leur signification musculaire et tactile surgit avec elles, et nous croyons percevoir ensemble une quantité de points distants et coexistants. — Le lecteur a déjà rencontré plusieurs opérations de ce genre ; c’est le cas pour tous les substituts abréviatifs. […] Lorsque je contemple les divers plans d’un grand paysage, il n’y a qu’elles dans mon esprit, comme, lorsque je lis un chapitre d’économie politique ou de morale, il n’y a que des mots dans mon esprit ; et cependant, dans le premier cas, je crois apercevoir directement des grandeurs et des distances, comme, dans le second cas, je crois apercevoir directement des qualités pures et des rapports généraux. — Pour employer les expressions de M.
Saperlote, moi qui me crois aussi intelligent que ledit journaliste, je puis affirmer, que ce que j’ai entendu dire par Michelet, Gavarni, Montalembert, Théophile Gautier, Flaubert, est supérieur à ce qu’il entend, tous les jours. […] répondait la femme du monde à la femme du peintre, vous croyez peut-être que je suis amoureuse de votre mari. […] Il avait l’habitude d’être chez lui tout nu, avec une robe de chambre à cru. […] Je crois même que c’est dans sa bouche, que j’ai entendu, pour la première fois, bien avant qu’ils ne fussent vulgarisés, les mots subjectif et objectif. […] Et vraiment je croyais, qu’il allait nous annoncer qu’elle ne jouait pas, préférant le type ingénu et pervers de Cerny, mais non, et ça m’embête qu’elle accepte le rôle, parce que je crains bien, que Koning lui ait promis d’édulcorer complètement le rôle, aux répétitions.
À mes habits, aux esclaves qui me suivaient en traversant la ville, on eût cru qu’un riche patrimoine fournissait à tant de dépenses. […] Il se crut quitte envers elle après l’avoir défendue en Macédoine et regrettée dans ses vers à Rome. […] Le temps ne change pas autant les choses sur la terre qu’on le croit ; il ne change guère que les noms ; deux mille ans, c’est un battement d’ailes dans son vol ; si Horace renaissait, il connaîtrait tout, excepté sa langue et ses dieux. […] Les buissons mêmes sont chargés de prunes et de cornouilles ; le chêne et l’yeuse prodiguent aux troupeaux leurs glands nourrissants, au maître un épais ombrage : on se croit transporté dans la verte Tarente. […] Écoutez Voltaire ; vous croiriez entendre Horace encore.
Il croyait de son devoir de les favoriser de toute sa complicité, pensant ainsi contribuer au salut d’une âme qui serait perdue, si le mariage ne la sauvait pas. […] Je crois l’avoir deviné, mais je n’oserais jamais le dire. […] On crut que j’aspirais à changer de patrie et à devenir ministre favori du grand-duc, au lieu de simple chargé d’affaires de France dans une cour d’Italie. […] Possédé alors, comme tous les jeunes gens, et sentant, comme les jeunes Italiens avec lesquels j’avais été élevé, la forte haine de la tyrannie, j’adorais ce parodiste de Sénèque le tragique, et je me croyais d’autant plus initié à la vertu civique que j’avais plus d’enthousiasme pour lui. […] Le grand peintre français Fabre, de Montpellier, ami de la comtesse d’Albany, fut son consolateur, et, l’on croit, son troisième mari.
Et si Wagner a cru, plus modeste que son maître, reprendre seulement la doctrine de Schopenhauer, qui de nous le pourra blâmer de n’avoir point compris les Parerga ? […] Plusieurs ont même cru devoir, en la circonstance, opposer le nom de M. […] Tout porte à croire que, dans ce sens, une ère nouvelle se prépare. […] « Lohengrin cherchait la femme qui crut en lui : qui ne lui demandât pas qui il était, ni d’où il venait, mais qui l’aimât comme il était, et parce qu’il était tel qu’il lui paraissait. […] Voilà pourquoi Wagner se croit en droit d’affirmer que la donnée ce Lohengrin repose sur ce qu’il y a de vraiment tragique dans la situation de l’artiste, à une époque comme celle-ci, où tout est régi par la mode et l’esprit critique.
Aujourd’hui nous croyons aux entrées ex abrupto de sensations nouvelles, parce que nous naissons avec des organes tout formés, avec un cerveau garni de cinq fenêtres sur le dehors, dont on n’a plus qu’à ouvrir les volets. […] Tout cela se fait si vite et avec une habitude si invétérée que nous croyons sentir immédiatement l’intensité de l’objet, quand en réalité nous la mesurons à une mesure intérieure, comme quand nous croyons immédiatement voir une sphère. […] Ce qui donne lieu, dans ce problème, à beaucoup de méprises, c’est l’erreur communément répandue, qui consiste à croire que toute différence est toujours un objet non de sensation ou représentation, mais de jugement. […] De ces réflexions, Wundt croit pouvoir conclure que les actes primitifs de la conscience sont des raisonnements. […] Quant au lien qui les réunit, rien ne prouve que ce soit un lien logique ; tout porte à croire, au contraire, que c’est un lien sensitif et moteur, ce que les physiologistes nomment un lien sensorimoteur.
Il avait un ami, interne comme lui, et dont cette Sœur était amoureuse — platoniquement, croit-il. […] Au premier jour, nous avons cru à une grande vente. […] Vous croyez que c’est Pélissier, n’est-ce pas ? […] Alors j’ai entendu une voix si doucement faible, que j’ai cru que c’était la voix de la malade. […] Du moins c’est à le croire par le prix auquel nous le fait payer la vie ; oui, comme si ce bonheur était l’envie de tous.
Une lettre sévère et touchante que la tante de Racine, religieuse à Port-Royal, écrivit à son neveu dans le même temps, fit croire à Racine que la réprobation générale de Nicole s’adressait surtout à lui. […] On y sent l’homme achevé du monde plus que le poète ; il voulait dégoûter son fils des vers : « Ne croyez pas que ce soient mes vers qui m’attirent toutes ces caresses. […] Enfin, je crois que, si l’on fait attention au lieu, au temps et aux circonstances, on trouvera que Racine n’a pas moins marqué d’esprit en cette occasion que dans d’autres ouvrages plus beaux en eux-mêmes. […] Le roi crut que ce divertissement serait du goût du roi d’Angleterre ; il l’y mena et la reine aussi. […] Assuérus rentre, et, voyant Aman porter ses mains sur son épouse, croit ou affecte de croire à un outrage.
Sous ce rapport comme sous tant d’autres nous sommes tout le contraire de l’Allemagne, qu’un moment nous avons cru imiter. […] C’est donc une erreur de croire que les poèmes se forment comme un rêve pendant le sommeil du poète. […] C’est une grande erreur de croire le poète asservi par les lois du rythme. […] Nous croyons que le centre de l’homme, le moi, réside dans la région affective, dans le cœur. […] nous ne le croyons pas.
Après une de ces exhortations de l’ambassadeur en faveur de la paix, Bentivoglio ajoute : « Sur le visage et dans les paroles du président Jeannin, on croyait voir respirer la majesté et la présence du roi de France lui-même. » Le président Jeannin s’attache à montrer aux États-Généraux qu’une longue trêve équivaut à la paix et vaut même mieux à certains égards, en ce qu’elle ne permet point de s’endormir ; qu’il suffit que cette trêve soit conclue envers eux à d’honorables conditions, c’est-à-dire comme avec des États libres sur lesquels le roi d’Espagne et les archiducs ne prétendent rien ; que si l’on sait bien profiter de cette trêve en restant unis, en payant ses dettes et en réformant le gouvernement, elle pourra se continuer en paix absolue. […] Davantage, je crois fermement que lesdits États feront bien pour eux et pour leur république de n’affliger et désespérer lesdits catholiques ; car nous avons éprouvé en nos jours quel pouvoir a dedans les âmes et courages des hommes la liberté de conscience et le soin de la religion : tant s’en faut que la vexation et affliction les en rende plus nonchalants et abattus, qu’elle fait des effets tout contraires. […] Il se préparait à aller jouir du repos en sa maison de Montjeu près d’Autun, et d’où l’on a une des plus belles vues sur la ville et le pays, lorsqu’il mourut à Paris, le 31 octobre 1622. disent toutes les biographies ; cependant, comme il y a des lettres de lui qu’on présente comme datées des deux premiers mois de 1623, j’incline à croire que la vraie date de sa mort est des derniers jours de février ou peut-être de mars de cette même année. […] Notre passé est riche pourtant, plus riche encore que nous ne le croyons ; il suffit d’y pénétrer par une étude un peu courageuse pour en dégager maint personnage antique et d’autant plus frappant de nouveauté.
Ne croyez pas qu’il fut divin de son temps, ni qu’il fut prophète chez lui. […] Je crois que dans le fond il pense comme vous sur le Dante. […] [NdA] Sur quelques points pourtant, je crois que Dante demanderait à son nouvel interprète plus de scrupule encore et une plus grande religion d’exactitude. […] Dans les trois Per me si va, on croit entendre le glas de l’agonie du chrétien. » — Or, M.
Le jour, je me promène sous des hêtres pareils à ceux que Saint-Amant dépeint dans sa Solitude ; et depuis six heures du soir que la nuit vient, jusqu’à minuit qui est l’heure où je me couche, je suis tout seul dans une grosse tour, à plus de deux cents pas d’aucune créature vivante : je crois que vous aurez peur des esprits en lisant seulement cette peinture de la vie que je mène. […] Si, comme on peut le croire, dans le paysage probablement décrit d’après nature par Saint-Amant, il y avait en effet un coin de ruine mal famé, où l’on montrait encore de loin avec effroi ce qu’il appelle le squelette d’un amant qui s’était pendu par désespoir, je ne vois pas pourquoi il ne l’aurait pas conservé : mais autre chose est ce trait trop important pour être omis dans un paysage de ce caractère, et qui n’en occuperait dans tous les cas qu’un côté funeste et maudit, autre chose est la limace et le crapaud qu’il s’amuse à nous montrer dans la strophe suivante sur les parois de la cave ou du souterrain effondré du château : Le plancher du lieu le plus haut Est tombé jusque dans la cave, Que la limace et le crapaud Souillent de venin et de bave… Ce qui paraît d’autant plus choquant que cette cave, ainsi présentée de si laide façon, devint chez lui tout aussitôt la grotte sacrée du Sommeilq : Là-dessous s’étend une voûte Si sombre en un certain endroit, Que, quand Phébus y descendroit, Je pense qu’il n’y verrait goutte ; Le Sommeil aux pesants sourcils, Enchanté d’un morne silence, Y dort, bien loin de tous soucis, Dans les bras de la Nonchalence, Lâchement couché sur le dos, Dessus des gerbes de pavots. […] Il a donné quelque part sa théorie pour ce genre poétique grotesque, dont les plus gaies productions contribuent, selon lui, à l’entretien de la santé et devraient être les plus recherchées et les plus chéries de tout le monde : Ce n’est pas, dit-il, que je veuille mettre en ce rang les bouffonneries plates et ridicules, qui ne sont assaisonnées d’aucune gentillesse ni d’aucune pointe d’esprit, et que je sois de l’avis de ceux qui croient, comme les Italiens ont fait autrefois à cause de leur Berni, dont ils adoraient les élégantes fadaises, que la simple naïveté soit le seul partage des pièces comiques : je veux bien qu'elle y soit, mais il faut qu’elle soit entremêlée de quelque chose de vif, de noble et de fort qui la relève : il faut savoir mettre le sel, le poivre et l’ail à propos en cette sauce ; autrement, au lieu de chatouiller le goût et de faire épanouir la rate de bonne grâce aux honnêtes gens, on ne touchera ni on ne fera rire que les crocheteurs. […] Aussi ma main les désavoue ; Leur feu trop estimé me fait rougir le front ; Leur honneur ne m’est qu’un affront, Et, fussent-ils tout d’or, je les crois tout de boue ; Enfin dans mon regret, mon cœur sincère et franc, Pour en effacer l’encre, offrirait tout mon sang.
En Bourgogne, en Franche-Comté, le patois fait aussi la préoccupation de quelques littérateurs du cru. […] Je crois que je n’oublie rien. […] Je crois que Jasmin passera et que Mireïo restera. » Évidemment, en jugeant ainsi, M. […] L’archéologie y est devenue une vérité, une actualité : si l’on n’était homme du Nord et sceptique, on se croirait tout de bon à une renaissance.
Et le président de Thou ne croyait pas faire une phrase quand il disait que la naissance de Ronsard avait réparé la perte de la France, vaincue ce même jour à Pavie. […] Il s’est trompé sur les conditions du genre : il a cru que l’épopée était une plante de tous climats et de toute saison. Il s’est trompé sur le choix d’un sujet : il a cru le prendre éloigné de la mémoire des hommes, et pourtant populaire ; ce n’était qu’une légende de clercs et de lettrés, ancienne il est vrai, et qui s’était perpétuée de Frédégaire à Jean Lemaire et Jean Bouchet. […] Disparition de Ronsard Après 1573, on pourrait dire que Ronsard fut délaissé, ou plutôt qu’il ne fut guère imité que dans ses erreurs et ses. défauts ; on continua de l’adorer : mais son école s’adorait en lui ; aussi ceux qui attaquèrent l’école purent-ils croire légitime de frapper sur lui.
Au fond, je crois sentir en lui certaines directions d’esprit très précises, certaines tendances morales très nettes : c’est un Français, et un Beauceron, de ferme sens, amoureux de clarté, de vérité, défiant de tout ce qui est trouble, lointain, hors de prise et de portée, de l’exotisme et du symbolisme, très positif, en somme, en même temps que très artiste. […] Sarcey connaît comme personne cette technique du théâtre, et je crois qu’à peu près tout ce que savent là-dessus les hommes de ma génération, ils le lui doivent. […] Ce Théâtre a été fondé pour établir l’art réaliste : grossièreté allant jusqu’à l’obscénité, puisque c’est notre erreur favorite, à nous autres Français, de croire que plus le modèle est dégoûtant, plus l’imitation est réelle, et, d’autre part, minutieuse exactitude du décor, de la mise en scène, du jeu et du débit des acteurs, voilà les deux caractères apparents que présente d’abord le Théâtre Libre. […] Certaines gaucheries d’exécution, et, je crois, pour la dernière pièce, une certaine erreur de l’auteur lui-même sur la valeur morale des actes de son personnage principal, ont fait qu’il n’a pas encore trouvé auprès du public ni auprès de la critique la justice qui lui est due.
Fils du célèbre chansonnier lillois, il lui arrivait, parfois, dans un accès de bonne humeur, d’entonner, au dessert, un couplet paternel, en savoureux patois du cru, mais, vite réintégré au bloc de sa gravité naturelle, il se rasseyait aux thèmes de savante, dialectique qu’il développait soit avec Paul Souday, en appétit de renouveler Sainte-Beuve, soit avec Maindron, l’un des gendres de Heredia, vivant répertoire des usages abolis, soit avec Moréas, alors féru d’archaïsme et de nos vieux fabliaux. […] Je connais le prix d’un beau vers, mais aussi d’une rose, d’un vin de cru, d’une cravate adaptée et d’un mets délicat. » Je résume ainsi les propos d’Oscar Wilde, mais ce que je n’en puis rendre c’est le tour et l’expression. […] Pour Francis Vielé-Griffin, il se déclara perfidement incompétent : « J’aime mieux croire qu’il m’échappe car s’il n’y a chez lui que ce que j’ai compris, il n’y a pas grand-chose24. » Cette ruse de dialectique impressionna si fort Oscar Wilde qu’il me la rappelait en sortant : « N’avez-vous pas entendu, observai-je, ce que Mendès disait lorsque nous sommés entrés ? […] * * * Le dandysme (je l’ai déjà écrit à propos de Baudelaire25) n’est point, comme on l’a cru à tort, une pratique de frivolité.
Le Bovarysme, avait-on formulé, est le pouvoir départi à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est, et sous cette définition, on avait étreint une propriété de l’esprit beaucoup plus vaste que celle que l’on croyait toucher et que suscitait alors le paysage psychologique découvert par Flaubert. […] La mieux appropriée tient dans cet impératif : « Sois en harmonie avec toi-même. » Flaubert, qui se crut peut-être attiré vers l’action et qui se confina dans l’idée, sut conclure vers sa vingtième année à ce précepte dont il livre le talisman dans une lettre à son ami Le Poittevin : « Sibi constat », tel est, dit-il, citant Horace, l’état du sage. […] On trouve au sommet de l’angle une virtualité que l’on peut croire illimitée, un germe que l’on peut croire gros de toutes les formes futures de la vie.
Ou le peintre introduit des personnages allegoriques dans une composition historique, c’est-à-dire dans la répresentation d’une action qu’on croit être arrivée réellement comme est le sacrifice d’Iphigenie, et c’est ce qu’on appelle faire une composition mixte : ou le peintre imagine ce qu’on appelle une composition purement allegorique ; c’est-à-dire qu’il invente une action qu’on sçait bien n’être jamais arrivée réellement, mais de laquelle il se sert comme d’une emblême pour exprimer un évenement veritable. […] Le sentiment des personnes habiles est, que les personnages allegoriques n’y doivent être introduits qu’avec une grande discretion, puisque ces compositions sont destinées à répresenter un évenement arrivé réellement et dépeint comme on croit qu’il est arrivé. […] Mais je crois que toute composition allegorique est défenduë aux artisans qui traitent les miracles et les dogmes de notre religion. […] Je crois voir trop d’esprit dans la répresentation d’un sujet aussi terrible.
On n’a cru jamais qu’on ne dût étudier l’homme que dans le vieillard. […] Croyez-vous aussi que l’islamisme eût fait tant et de si rapides progrès, sans la parole de vie qui fut prononcée sur Ismaël ? […] L’Angleterre avait accueilli avec respect nos nobles exilés : elle croyait, en cela, n’avoir fait qu’accomplir les saints devoirs de l’hospitalité à l’égard du malheur. […] Ainsi elle croyait n’obéir qu’à un sentiment d’humanité, et elle suivait un conseil de la Providence.
Avant de l’avoir lue, on croyait que cette phrase : sur un trône ou dans les fers, ne pouvait être employée qu’en style de tragédie ; et l’on s’aperçoit en la lisant que le mouvement des idées l’amène, que l’esprit ne se guinde pas pour y atteindre, que la noblesse du ton l’y conduit. […] Pendant qu’incertain, fatigué, il tâtonnera dans les ténèbres, nous emporterons prestement la difficulté ; à la phrase suivante, nous lui dirons : « J’ai gagné la bataille. » Comme il est bon homme, il nous croira. […] On se croit au fond d’un trou, (en effet on y est). […] J’appelle cette nécessité subjective, entendant par là qu’elle a pour cause la construction de notre esprit ; j’entends par subjectivité une nécessité de croire provenant, non de la nature des choses, mais de la nature de notre pensée ; et, selon moi, cette nécessité doit nous faire douter des axiomes. » M.
Rigault s’est donné un plus ample sujet, la querelle des anciens et des modernes, qui occupa tant les esprits dans la seconde moitié du xviie siècle et au commencement du xviiie , et qui sous des formes diverses s’est renouvelée depuis ; querelle aussi vieille que le monde, depuis que le monde n’est plus un enfant, et qui durera aussi longtemps que lui, tant qu’il ne se croira pas tout à fait un vieillard. […] Elle se croit la première, et elle l’est à son heure un moment. — Le sujet de thèse traité par M. […] Sénèque parle quelque part, dans ces mêmes lettres à Lucilius où on lit ces beaux passages, d’un jeune homme qui était si modeste et si classique en son temps, que s’il avait cru en composant écrire quelque chose qui surpassât les anciens ou les devanciers, il se serait retenu, de peur de commettre une sorte de sacrilège.
Ce vainqueur rabaisse ce qui est bas, rapetisse ce qui est petit, terrasse ce qui est déjà à terre, et croit, par cette généreuse exécution, se rehausser lui-même ainsi que tous les riches en esprit. […] Il abaisse ce qui croit être grand, et il exalte ce qui est humble ; car devant l’infini tout est égal et tout n’est rien. […] Il croit être un hippocentaure au milieu d’onscentaures, et, comme un prédicateur du matin et du soir, dans cette maison de fous du globe terrestre, il fait, avec une sorte de fureur, du haut de son cheval, son sermon de capucin contre la folie.
L’abbé lui accorda tout ce qu’il crut ne pas aller directement contre son opinion. […] Si nous en croyons certaines personnes judicieuses, il n’est point de poëte qu’on ne puisse traduire également bien en prose & en vers : tout dépend du talent du traducteur. […] Il est peu de nos beaux-esprits qui ne se crussent insultés sérieusement, si on leur proposoit de copier quelque grand maître que ce soit.
Je ne crois point même que les anglois aïent trois traductions differentes des églogues de Virgile, et cependant ils ont trois traductions differentes de la tragédie des Horaces de Corneile. […] On peut bien croire que Moliere qui composa ses femmes sçavantes vers mil six cens soixante et douze, et qui met si souvent dans la bouche de ses héroïnes les dogmes et le stile de la nouvelle physique, attaquoit dans sa comédie l’excès d’un goût regnant, et qu’il y joüoit un ridicule où plusieurs personnes tomboient tous les jours. […] Comme ils ont écrit en des langues qui sont mortes aujourd’hui, et comme bien des choses dont ils ont parlé ne sont connuës qu’imparfaitement aux plus doctes, on peut croire sans témerité que leurs censeurs ont tort fort souvent, même en plusieurs occasions où l’on ne sçauroit prouver qu’ils n’ont pas raison.
H. est ambiguë, et c’est pourquoi il se trouve ici « arrêté court » par une difficulté qu’il croit n’avoir encore été aperçue par aucun esthéticien (p. 31). […] Lui pourtant, qui accepte avec Spencer, contre Guyau, la théorie de l’art fin en soi, désintéressé, il sent bien que l’art doit avoir sa marque propre, que l’émotion esthétique se distingue en quelque chose des émotions ordinaires, et il recourt, pour se tirer d’embarras, à une hypothèse ingénieuse : « Nous croyons, écrit-il (p. 36), qu’il faudra à l’avenir distinguer dans l’émotion ordinaire (non plus esthétique) : d’une part, l’excitation, l’exaltation neutre qui la constitue, qui est son caractère propre et constant ; de l’autre, un phénomène cérébral additionnel, qui est l’éveil d’un certain nombre d’images de plaisir ou de douleur, venant s’associer au fond originel, le colorer ou le timbrer, pour ainsi dire, et produire la peine ou la joie proprement dites, quand elles comprennent le moi comme sujet souffrant et joyeux. » L’émotion esthétique aurait alors ceci de particulier, que, « tout en conservant intact l’élément excitation », elle « laisse à son minimum d’intensité l’élément éveil des images, etc. ». […] Passe donc pour renverser, en certains cas, l’ordre de l’enquête ; mais je n’en voudrais pas faire une règle absolue, et je ne croirais pas pouvoir suppléer si facilement « les notions de l’hérédité et de l’influence des milieux », quoique les lois en soient encore « incertaines et présomptives ».
L’admiration n’est pas la moindre des insolences que la médiocrité, qui se permet tout, se permette envers le génie, lorsqu’elle croit pouvoir se mesurer avec des sujets plus grands qu’elle. […] Bossuet a sur le front le signe des heureux, et, le croira-t-on ? […] Nul, dans le siècle et hors du siècle, parmi les saints et parmi les hommes, n’a eu jamais, je crois, de destinée d’une plus complète harmonie.
Ce talent naturel comme la voix, n’allez pas croire pourtant que cette rêveuse, cette abandonnée, cette troublée qui jetait ses cris éloquents autour d’elle ou laissait tomber ses soupirs, chantât comme Ophélie entre le saule et l’eau : non ! […] Comparez-les, — ce sera un rapprochement curieux, — aux Poésies publiées en 1819 et en 1820, et dites si cette Négligée qui n’était pas naïve, car elle imitait, le croira-t-on ? […] Dieu tient dans sa main les clefs qu’on croit perdues De tous les secrètes lui seul sait la valeur.
Il est devenu un érudit de volonté, mais quand il écrivait son livre intitulé : La Fontaine et ses Fables, qui fut, je crois, sa Thèse pour le Doctorat, et qu’il a reprise et parachevée (1875), il débutait dans les lettres et il avait alors la fraîcheur et la vie d’un esprit jeune qu’il a trop sacrifié depuis à toutes les disgrâces de l’érudition. […] On peut donc m’en croire, moi qui ai si peu gâté et tant discuté M. […] Je crois même que Jean-Jacques Rousseau et Lafayette l’auraient cruellement ennuyé !
Je crois bien que tous pleuraient. […] Croyez bien que j’ai l’intention de revenir. […] Quelle image, que l’on croirait pétrie par un Michel Ange !
On voit que l’opinion qui a fait de l’ignorance, en Europe, un titre de noblesse, et a défendu aux hommes qui ont ou croient avoir un nom, de l’avilir par l’art de penser et d’écrire ; opinion introduite par les sauvages du nord qui ne savaient que détruire, consacrée par des seigneurs de châtellenies barbares, qui ne savaient qu’opprimer, combattre et chasser ; opinion bien digne en effet de ces deux époques, et qui, au bout de quatorze siècles, n’est pas encore éteinte, et subsiste même aujourd’hui beaucoup plus qu’on ne croit, n’était pas encore née sur la terre. […] Je crois qu’on ne sera pas fâché de le connaître.
Longchamp pour la servir au bain, comment elle oublia l’heure du souper, une fois, avec le mathématicien Clairaut, l’autre fois avec le poète Saint-Lambert, et ce que vit ou crut voir à cette dernière occasion M. de Voltaire, etc., le reste, c’est-à-dire la grande partie du livre, n’est à beaucoup près ni de cette force ni de cet intérêt. […] La lutte qu’on croyait éteinte reprend vie, et se replie obstinément sur les brisées du dernier siècle.
Augustin-Thierry soient aussi nouveaux qu’il le croit, c’est ce que je ne puis vous garantir. […] Ce qu’il rêve, il croit l’observer.
Il craindrait d’être dupe, il croirait même commettre un péché. […] Elle est modeste ; toutefois, ne la croyez pas forcément insignifiante.
Nous croyions donc à un regain de succès très honorable. […] Feu mon père en fit, à mon avis, Qui sentaient leur Dorat ; à ce compte, tes fils En feront d’excellents, et tout cela fait croire Que notre nom doit vivre au Temple de Mémoire.
J’en demande pardon aux personnes qui ont cru apercevoir dans les idylles d’André Chénier tout le naturel et l’ingénuité de l’ancienne Grèce, mais si elles eussent trouvé dans Delille un vers du genre de celui-ci : Les sons harmonieux que ma flûte respire, elles n’eussent pas manqué de se récrier contre l’affectation d’une telle périphrase. […] Peut-être l’habitude de l’antiquité nous égare, peut-être avons-nous lu avec trop de complaisance les premiers essais d’un poète malheureux ; cependant nous osons croire et nous ne craignons pas de le dire, que, malgré tous ses défauts, André de Chénier sera regardé comme le père et le modèle de la véritable élégie… Il est hors de doute que si André de Chénier avait vécu, il se serait placé un jour au rang des premiers poètes lyriques.
Ce fut une erreur de croire, quand sonna son heure, qu’un chef d’école était venu. Mais on le crut, et comme nous sommes un pays qui aime, quoi qu’on en dise, à être mené, on applaudit à ce jeune maître qui semblait avoir caché une férule sous le manteau de Melpomène et qui débutait traîtreusement dans le drame par une imitation de
— il pourrait arriver qu’elle se fît quelquefois, non point désirer (elle n’a si coquette prétention) mais attendre. » Je crois bien qu’elle se fit attendre indéfiniment après le septième numéro (décembre 1892). […] Elle est la plus profonde perception du Mystère et, seuls, peuvent atteindre à cette perception, des esprits d’une puissante envolée, mais nous croyons que M.
Mot créé par La Fontaine, mais employé si heureusement, qu’on croirait qu’il existait avant lui. […] Il se croit déjà brave, et son amour-propre devient son consolateur.
Le dernier trait du tableau mêle la double poésie du songe et de la vision ; en emportant dans ses bras la statue de Vesta et le feu sacré, on croit voir le spectre emporter Troie de la terre. […] Énée se réjouit d’abord de voir Hector qu’il croit vivant ; ensuite il parle des malheurs de Troie, arrivés depuis la mort même du héros.
Sacy, qui nous vante Nicole (nous avons dit pourquoi), met sous la garde des éloges de Voltaire le traité des Moyens de conserver la paix avec les hommes, mais Voltaire avait bien de la grâce pour se soucier de Nicole, lui qui ne croyait ni à l’humaine ni à la divine ! […] Les crucifix n’y saignent pas aux regards comme ils saignaient à certains jours, au Moyen Age, et comme on croit les voir saigner encore dans certaines œuvres de contemplation plus ardente.
Il ne croit pas à Dieu et à une autre vie ; il joue cette affreuse carte : il tue pour être riche. — C’est le motif et l’explication de plus de la moitié des assassinats. — Comme on le voit, rien n’est plus horriblement vulgaire qu’un pareil thème. […] Si le début de Charles Barbara n’est pas, de tout point, un chef-d’œuvre, nous croyons qu’il nous en promet bientôt un.
Les idées et les faits, la vie intime et la vie extérieure, tout ce qui constitue la raison d’être, de croire, de penser, d’agir, des races anciennes appelle l’attention générale. […] Je ne crois donc pas qu’il soit absolument impossible que l’épopée renaisse un jour de la reconstitution et du choc héroïque des nationalités oppressives et opprimés. […] Je crois que les Ioniens et les Latins possédaient deux idiomes bien supérieurs aux langues modernes en richesse, en clarté et en précision. […] Or, M. de Lamartine est en pleine possession de sa raison ; s’il dédaigne, s’il nie, c’est qu’il ne voit ni ne croit. […] C’est une vérité lumineuse que nul n’a jamais niée, je présume, sauf les honorables personnes qui sont intéressées à n’en rien croire.
Le drame n’a qu’à faire un pas pour briser tous ces fils d’araignée dont les milices de Lilliput ont cru l’enchaîner dans son sommeil. […] — La nature veut qu’il parle sa langue, il ne peut parler qu’espagnol. — Nous n’y comprendrons rien ; mais soit encore. — Vous croyez que c’est tout ? […] … Chimène, qui l’eût cru ? […] Chez un peuple ami des spectacles, l’attention est plus vivace qu’on ne croit. […] Mais il a voulu laisser ce mode d’argumentation à ceux qui le croient invincible, universel et souverain.
Ghil, je crois deviner que le Meilleur Devenirest le développement du Tout à l’Ellipse. […] Je crois que tout le monde se retira indemne : ils étaient trop ! […] Je ne crois pas que quelqu’un protesta. […] Je crois à l’Ame. […] Je crois, hélas !
Nous croyons qu’en confiant sa fille à l’Europe catholique, Jacques V agissait en père et en roi prévoyant. […] Eh bien, voyez ce qu’advient souvent de monter au dernier degré, qui feroit croire que l’abîme est en haut. […] Être martyr ou faire des martyrs pour ce qu’il croyait la cause de Dieu était indifférent pour lui ; il se dévouait lui-même au supplice, comment aurait-il hésité à dévouer les autres à l’échafaud ? […] L’Écosse crut avoir deux rois, ou plutôt le roi nominal disparut pour faire place au favori. […] Je croyais que vous soupiez maintenant. » Le roi se pencha sur le dossier du fauteuil de la reine, qui se retourna vers lui ; ils s’embrassèrent, et Darnley prit part à l’entretien.
Religion, politique, philosophie, systèmes, l’homme a prononcé sur tout, il s’est trompé sur tout, il a cru tout définitif, et tout s’est modifié ; tout immortel, et tout à péri ; tout véritable, et tout a menti ! […] Tous ces hommes géométriques qui seuls avaient alors la parole et qui nous écrasaient, nous autres jeunes hommes, sous l’insolente tyrannie de leur triomphe, croyaient avoir desséché pour toujours en nous ce qu’ils étaient parvenus en effet à flétrir et à tuer en eux, toute la partie morale, divine, mélodieuse, de la pensée humaine. […] Nous ne croyons que ce qui se prouve, nous ne sentons que ce qui se touche ; la poésie est morte avec le spiritualisme dont elle était née ; et ils disaient vrai ; elle était morte dans leurs âmes, morte dans leurs intelligences, morte en eux et autour d’eux. […] Qui m’eût dit cela alors, je ne l’aurais pas cru, et cependant cela est. […] Mais borner n’est pas le mot, car ces montagnes semblaient transparentes comme le cristal et l’on voyait ou l’on croyait voir au-delà un horizon vague et indéfini s’étendre encore et nager dans les vapeurs ambiantes d’un air teint de pourpre et de céruse.
On peut croire qu’elle fut vraiment, après l’excitation de la Renaissance, une forme nécessaire de l’esprit français : car, dès que l’apaisement des troubles civils et religieux donne le loisir et la sécurité, la littérature et la société se précipitent ensemble de ce côté. […] Je crois qu’on a exagéré la valeur de ses caractères et de ses dissertations : sa conception est molle, son analyse vague, et tout ce fonds est passablement banal aujourd’hui. […] Parler, c’était la grande affaire, et les lettres du temps nous représentent à merveille cette conversation des premiers temps, encore un peu lourde, et qui croit se donner de la légèreté en se tortillant. […] Le paganisme est un amas de fictions impossibles à croire, dont les cuistres farcissent leurs cervelles : le vrai, le réel (on ne dit pas le beau), c’est le christianisme. […] Ce barbouillage n’a pas l’ampleur de bouffonnerie du Roman comique, ni même de Don Japhet d’Arménie, On a peine à croire à quel point ce genre du burlesque, aussi faux que l’héroïque, fut à la mode de 1648 à 1660.
Maurice Magre est un poète, il n’est, peut-être, que cela, mais combien parmi ceux qui croient être davantage ne sont pas même cela. […] Le mot est heureux, on a cru voir dans le manifeste de M. […] D’ailleurs, à mieux réfléchir, nous ne croyons pas que les Parnassiens aient bien compris ou voulu comprendre Leconte de Lisle. […] L’éternel bon sens de sa race l’empêche de se croire la dupe de ses songes. […] ……………………………………………………… Mon Despax, croyez-vous que ce soit le bonheur ?
Elle trempe sa plume dans l’encrier et en retire de la boue, croit s’asseoir sur une chaise solide et s’étend sur le parquet, enfin agit à contresens ou fonctionne à vide, toujours par un effet de vitesse acquise. […] Nous croyons qu’il aboutira à dégager la loi suivante : Peut devenir comique toute difformité qu’une personne bien conformée arriverait à contrefaire. […] On croira alors que cette solution de continuité fait naître le comique, tandis qu’elle se borne à nous le faire remarquer. […] Un homme qu’on croirait déguisé est comique encore. […] Je crois qu’on le retrouverait au fond de beaucoup de suggestions comiques, surtout dans le comique grossier, là où paraît s’accomplir sous nos yeux la transformation d’une personne en chose.
A mesure qu’il élève plus haut ses regards, le dynamiste croit apercevoir des faits qui se dérobent davantage à l’étreinte des lois : il érige donc le fait en réalité absolue, et la loi en expression plus ou moins symbolique de cette réalité. […] D’autre part, il ne semble pas que détermination signifie ici nécessité, puisque le sens commun croit au libre arbitre. […] Petit à petit ils formeront une croûte épaisse qui recouvrira nos sentiments personnels ; nous croirons agir librement, et c’est seulement en y réfléchissant plus tard que nous reconnaîtrons notre erreur. […] si l’un d’eux était seulement possible, pourquoi se croyait-on libre ? […] Cette dernière forme de l’argumentation déterministe diffère moins qu’on ne pourrait le croire de toutes celles qui ont été examinées précédemment.
Vinet ont été remplies de peines sensibles, et il est à croire que sa vie en a été abrégée. […] Vinet n’a pas eu le même bonheur que Topffer ; il a vu son cher pays en proie aux violents, la culture de quinze années détruite en un jour, ses meilleurs amis dispersés ; il a bu tout le calice d’amertume dont était capable sa nature tendre, et il est à croire que, tout en sentant qu’il en souffrait et qu’il en mourait, sa belle âme en tirait un nouveau sujet de rendre grâces et de bénir.
Lui aussi s’est cru obligé en conscience de dénigrer et de flétrir, dans la dernière moitié de sa vie tous ceux qu’il avait connus et cultivés dans la première ; il a méconnu son siècle et n’y a rien loué que lui. […] Quoi qu’il en soit, pendant qu’elle était en Allemagne, madame de Genlis se crut obligée de publier son Précis de conduite : c’était accepter dès lors un rôle politique, qu’il lui faudrait soutenir, et qui lui convenait moins qu’à aucune autre femme.
Qu’on ne croie cependant pas que ceux-ci aient tous été également affreux, et que dans les luttes à mort qu’eux-mêmes se livrèrent autour de l’échafaud de leurs victimes, aucuns ne méritent de la postérité moins d’exécration que les autres, ou même quelque pitié pour leurs noms. Ce rôle de justice et d’indulgence qu’ils avaient tant haï dans la Gironde, qu’ils avaient réprimé par sa ruine, et qu’ils flétrissaient encore dans sa mémoire, quelques-uns, le croirait-on ?
Nous avons aussi cru remarquer en certains endroits une teinte de mysticisme religieux, dont la cause des Grecs, tout éminemment chrétienne qu’elle est, n’a pas besoin de se couvrir. Il est beau, il est consolant sans doute de voir, dans les mouvements des peuples, les inspirations de l’esprit de Dieu, et, dans le sentiment qui les pousse au bien-être, la marque infaillible et divine qu’ils l’atteindront ; il serait doux de penser que les obstacles apparents contre l’affranchissement des Hellènes n’en sont que des moyens dans l’ordre de la providence ; qu’Ali-Pacha, par exemple, a servi la Grèce en détruisant les Armatolikes et en renversant les peuplades libres ; que surtout les puissances d’Europe la servent par leur politique indifférente ou ennemie ; que la Russie la sert, que l’Autriche la sert, que la France et Soliman-bey aident à son triomphe : tout cela, encore une fois, serait doux à croire.
Nous n’avons pas totalement oublié, durant la révolution, quoi qu’il en dise, nos études philosophiques du xviiie siècle, nous les avons même poussées plus avant et plus haut ; nous pouvons nous croire, sans vanité, capables encore de comprendre Condillac et même quelque chose au-delà. […] A peine l’histoire se lève qu’elle a déjà atteint l’éclat du midi et qu’elle s’y a couche ; les yeux vous font mal et on se meurt de chaleur. » Il marque un étonnement ingénu qui fait sourire, quand, à propos des charmantes lettres retrouvées de Diderot à mademoiselle Yoland, il s’écrie : « Croiriez-vous que moi, homme de quarante ans, qui en ai vu de toutes les couleurs, elles « m’ont fait rougir plus de vingt fois ?
Cuvier, nous croyons qu’on a abusé de la permission et outrepassé le devoir. […] Pour peindre le génie de l’éloquence improvisée, indélibérée, il l’a heureusement comparé au cavalier numide qui monte à cru son cheval fidèle.
Je crois qu’il se trompe. […] Bergerat ne saurait croire que de fois, en écoutant sa Manon Roland, je me suis pris la tête à deux mains, me demandant où il me menait et par quels chemins.
Quant à la sincérité, j’y veux croire. […] Il s’est appliqué au sport du crime et de la peur, et maintenant il se croit, de bonne foi, le dernier des scélérats.
Ne croyez pas qu’il y ait rien d’arbitraire dans le nombre de parties dont se compose ce tout, ce mystérieux microcosme que vous appelez drame ou roman. […] Croyez-moi, ne lui mettez pas de jambe de bois.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas impossible de soutenir que la mythologie si vantée, loin d’embellir la nature, en détruit les véritables charmes, et nous croyons que plusieurs littérateurs distingués sont à présent de cet avis. […] L’Olympe, auquel on ne croyait plus, se réfugia chez les poètes, qui protégèrent à leur tour les dieux qui les avaient protégés.
Dans les trois per me si va, on croit entendre le glas de l’agonie du chrétien. […] Il y rencontre la malheureuse Didon ; il l’aperçoit dans les ombres d’une forêt, comme on voit, ou comme on croit voir la lune nouvelle se lever à travers les nuages .
Mais je crois que les anciens n’ont pas connu les instrumens de musique à corde et à manche. […] En disant d’un acteur qu’il chante, on croit le blâmer.
Taine était, d’ailleurs, persuadé que l’art d’écrire s’enseigne, et il croyait très certainement à l’assimilation et à la démonstration technique du style, lorsqu’il adressait ces conseils à un ami, au sujet d’une jeune femme : « Il faut qu’elle se dise résolument et tous les matins : Je veux être écrivain. […] Je vais m’y exercer et, dans tant de mois j’en serai maître24. » Quoi qu’on puisse dire, l’homme qui a écrit ces lignes croyait à l’enseignement du style.
Les seuls poètes intéressants, les seuls vrais écrivains, — parmi tous les noms mis en avant depuis une année — les seuls Auteurs de quelque chose, les voici, et on peut m’en croire. […] Éphraïm Mikhaël dont nous avons remarqué L’Automne, et Rodolphe Darzens, je croirai avoir énuméré les principaux écrivains en vers de la nouvelle génération dont je conseille au lecteur de peser les œuvres avant de porter sur elle un jugement quelconque.
Je vise toujours, — et je crois que c’est un principe essentiel en fait de critique contemporaine, — à juger les écrivains d’après leur force initiale et en les débarrassant de ce qu’ils ont de surajouté ou d’acquis. […] Je ne crois pas rêver à cette distance, et il me semble que, sauf rectification, mes souvenirs ne me trompent pas ; la petite comédie se passa à très peu près comme je viens de la raconter, à la chinoise. […] Je suis, malgré tout, fort tenté de croire, avec M. […] Magnin se complaît et se délecte aux analyses, à celle de la farce du Cuvier et de bien d’autres ; il triomphe dans Patelin, et s’attache un peu trop, je crois, à le vieillir. […] Un jour, dix ans environ avant sa fin, lui, l’esprit de tout temps le plus net et le moins mystique, il revint de Franche-Comté, — de Besançon, je crois, — tout modifié de cœur et de pensée.