Mais qu’un homme entre, un seul, et non pas même des plus distingués, cette même conversation va se relever et devenir tout d’un coup plus réglée, plus spirituelle et plus agréable. […] Cette guerre hardiment déclarée par Boileau à un genre faux qui avait fait son temps, et qui ne subsistait plus que par un reste de superstition, y porta un coup mortel, et, depuis ce jour, Mlle de Scudéry ne fut plus pour le jeune siècle qu’un auteur suranné. […] Or, il y est dit : « Quant aux romans, Cassandre fut estimé pour la délicatesse de la conversation ; Cyrus et Clélie, pour la magnificence de l’expression et la grandeur des événements. » Ce qui nous avertit qu’il ne faut pas, après deux siècles, venir tout d’un coup magnifier l’importance et célébrer la grandeur des événements, tels qu’on les trouve rapportés dans ces romans de société et de ruelle : l’Ombre de Chapelle en sourirait.
La négociation avec le prince de Schwarzenberg, qui n’avait pas été contractée ni conclue, fut censée l’avoir été, et les pièces qui la constataient, mises après coup à la date du 4 avril, furent insérées au Moniteur le 7 ; le tout pour cacher la confusion et régulariser ce qui n’avait été que l’effet de la peur et du désordre. […] Pendant qu’on discutait là-dessus, M. de Talleyrand fit si bien, qu’on apprit tout à coup que le vieux maréchal Jourdan, en sa qualité d’ancien républicain, avait pris le premier à Rouen et fait prendre à son corps d’armée la cocarde blanche, ce qui tranchait de fait la question. […] Ce serait aujourd’hui la matière d’un chapitre assez piquant par le contraste, et qu’on pourrait intituler : « Comment il faut s’y prendre quand on veut mai faire un coup d’État.
Il est un point très décisif qu’il reconnut ensuite, mais dont il laissa passer alors le moment, et qui devait trancher le caractère de l’institution de Juillet, c’était de savoir si, au lendemain des journées, et après l’acceptation du pouvoir par le duc d’Orléans, on ferait, sous le coup même de l’impression de ces journées, et avec une loi électorale plus ou moins élargie, des élections nouvelles, si on donnerait à une situation, toute nouvelle en effet, une Chambre de même origine, ou bien si l’on continuerait de gouverner avec la Chambre antérieure et déjà un peu dépassée des 221. […] Il ne s’agit point pour nous de suivre Carrel dans cette série d’articles des premiers mois de 1831, ni dans le tous-les-jours de cette marche, où il se rencontrerait plus d’un accident et d’un retour : ce qui nous importe, c’est de noter les moments où la manœuvre change, et où il donne un coup au gouvernail. […] L’expression a du vrai ; à le lire, c’est comme le Junius anglais, quelque chose d’ardent et d’adroit dans la colère, plutôt violent que vif, plus vigoureux que coloré ; le nerf domine ; le fer, une fois entré dans la plaie, s’y tourne et retourne, et ne s’en retire plus ; mais ce qui donne un intérêt tout différent et bien français au belliqueux champion, c’est que ce n’est pas, comme en Angleterre, un inconnu mystérieux qui attaque sous le masque ; ici, Ajax combat la visière levée et en face du ciel ; il se dessine et se découvre à chaque instant ; il brave les coups, et cette élégance virile que sa plume ne rencontre pas toujours, il l’a toutes les fois que sa propre personne est en scène, et elle l’est souvent.
Voici un échantillon de la scène : s’étant écarté seul un moment de sa chaise de poste, et, étant entré dans une forêt de sapins assez claire, il si trouva en face d’un homme armé d’un long coutelas, qui lui demanda, en allemand, la bourse ou la vie, Beaumarchais, au lieu de sa bourse, tire de son gousset un pistolet, et, de l’autre main, il tient sa canne pour parer les coups. […] Il y eut là pour lui cinq ou six années uniques (1771-1776) où, sous le coup de la lutte et de la nécessité, et dans le premier souffle de la faveur, il arriva à la pleine expansion de lui-même, et où il se sentit naître comme des facultés surnaturelles qu’il ne retrouvera plus jamais à ce degré. […] La pauvre femme y trouvait son compte, et Beaumarchais aussi, qui faisait du même coup une libéralité, une malice, et, de plus, une réclame ingénieuse, et d’un genre tout à fait neuf, pour Le Mariage de Figaro qui en était à sa soixante-et-onzième représentation.
Amédée Thierry a le sentiment de la grandeur humaine et jusqu’à un certain point le sentiment poétique des légendes qu’il aime à raconter, mais avec l’histoire qu’aujourd’hui il a choisie, — Attila et ses successeurs — il fallait plus que ces deux sentiments pour décrire et pour expliquer les événements étranges et sans précédents qui se produisent, comme une succession de coups de tonnerre, dans les annales de l’humanité. […] J’y vois aussi la même hauteur relative dans les jugements généraux, les mêmes tendances politiques, la même gravité, et s’il y a une différence de fond entre ces deux intelligences dont l’effigie si ressemblante qu’elle soit n’a pourtant pas été frappée d’un seul et même coup de balancier, elle serait toute à l’avantage de l’auteur des Récits de l’histoire romaine qui a le sentiment chrétien que son frère ne connaissait pas. […] Il a cette nette supériorité de la forme qui rompt, d’un coup, toutes les égalités et passe par-dessus bien des qualités très réelles, même des qualités nécessaires.
Il l’a perdue en effet, non d’un coup et à jamais, de même que cette belle et célèbre chanteuse qui, un soir, dans tout l’éclat de son talent, perdit soudainement sa voix, comme si on lui eût enlevé avec la main l’appareil par lequel on chante, et qui, depuis, ne la retrouva plus, même en la cherchant avec frénésie dans le fond de son pauvre gosier au désespoir ! […] Le vrai Joseph Delorme ne commence qu’à la quinzième pièce du volume (et il y en a cinquante-six en tout) ; il ne se révèle pour la première fois que dans celle-là que le poète a intitulée Bonheur champêtre, et dans laquelle pourtant le vieux lyrisme du moment, jeune alors, mais connu, usé, poncif à présent, et qui retentissait en métaphores sur la lyre des Hugo et des Lamartine, couvre encore la voix neuve, la note unique qui, tout à coup, çà et là, y vibre : Lorsqu’un peu de loisir me rend à la campagne Et qu’un beau soir d’automne, à travers champs, je gagne Les grands bois jaunissants, etc., etc. […] Dans le Dévouement, qui n’est plus que la générosité de ce cœur exaspéré de solitude, — dans ce beau portrait d’une touche lumineuse et cependant si mélancolique, Toujours je la connus, pensive et sérieuse, où, sous la placidité familière des images, on sent l’agitation de l’âme qui voudrait se rasséréner dans ce calme de la raison et de la vertu ; dans L’Enfant rêveur, Le Creux de la vallée, En m’en revenant un soir d’été, après neuf heures et demie, La Gronderie, la Pensée d’automne ; dans la magnifique pièce, souvenir, allumé comme un candélabre, dans l’âme de tout ce qui eut vingt-ans : Les flambeaux pâlissaient, le bal allait finir, Et les mères disaient qu’il fallait s’en venir… où le néant de la vie se met à sonner tout à coup, dans ces deux poitrines rapprochées qui étouffent de la valse et du bonheur de se toucher, ce glas funèbre : … Ah !
Ils ont éclaté tout à coup, sans concert et comme à l’aventure, et cependant ils sont venus en leur temps. […] Quand, ruiné par un coup de Bourse, il s’écrie : « Ah ! […] Ils crièrent au faussaire et à l’apocryphe, ressource extrême sous le coup de massue qui les accablait. […] C’était un coup de vanité. […] D’abord, durant son voyage en Espagne, ce ne sont que succès et coups d’adresse.
Sur ces entrefaites, un peintre de génie, Francis Airoles, tombe tout à coup on ne sait d’où, pour devenir en quelques jours l’amant de Juliette. […] C’est que, dans l’école moderne, quand on a pris une fois le parti d’admirer, l’admiration ne se divise pas, et l’on a contracté du même coup l’engagement de trouver tout admirable. […] Daudet intervient lui-même au récit par une exclamation qu’il jette en terminant, comme si tout à coup l’âme du personnage vibrait et palpitait en lui. […] Chaque coup d’œil, chaque coup de pinceau : la correspondance est entière entre l’impression du sens et la fidélité du rendu. […] N’est-ce pas, en quatre mots et comme en quatre coups de plume, le personnage qui s’est dressé tout entier devant vous.
Chaque coup de la cognée ne frappe pas plus profondément sur le cœur du chêne que sur le sien. […] C’était faire coup double, et le calcul était bon. […] Il lui manquait pour cela ce don de la verve jaillissante, qui trouve du premier coup sa forme. […] Manuel n’a pas reçu dans le cœur ces coups de foudre de la fatalité. […] Sa parole, sa présence seule agissent trop comme le coup de la grâce.
Après le grand malheur, on s’est imaginé que l’esprit national allait changer tout d’un coup et que la littérature porterait témoignage de ce changement. […] De la steppe arriva le hennissement sonore d’un poulain ; des bandes rouges illuminèrent tout à coup le ciel. […] À coups de privations, par des prodiges d’épargne, il réalise son rêve ; alors son immense bonheur est en raison de la violence de son désir. […] Il me fallait à tout prix m’éloigner de mon ennemi, afin de lui porter de loin des coups plus assurés. […] Sur un seul point il tint son serment, il porta son coup, un coup terrible, au droit de servage ; contre cet ennemi, la guerre était sainte, et tous étaient déjà de connivence.
Il est à genoux, et tout d’un coup la sainte Vierge lui apparaît.
Tout à coup l’indignation de l’auteur se projette d’une manière stentorienne par la bouche d’un des personnages, qui fait justice immédiate de ces divertissements de rapins.
Premier bienfait de la lecture lente : elle fait le départ, du premier coup, entre le livre à lire et le livre qui n’est fait que pour n’être pas lu.
Rathery a fort bien montré que, si à certaines époques de notre histoire les influences italiennes ont versé leur âme dans notre génie national, avant ces époques, assez modernes du reste, l’Italie, elle, était sous le coup de l’influence française et que la littérature des troubadours se réverbérait dans toutes ses inspirations.
Le suffrage universel était la seule base du droit politique en France ; lui résister, c’était faire un acte insurrectionnel, un coup d’État. […] À l’aurore de concorde et de liberté du printemps de 1848, succédèrent les journées de Juin, l’expédition de Rome de 1849, la réaction de 1850, le coup d’État de 1851. […] Le coup qui abattit la France le frappa lui aussi. […] Il vivait de sa vie dans le passé, et il est mort des coups qui l’ont frappée. […] Sortant d’une demi-torpeur, il dit tout à coup : « On eût dû faire manger à Henri V des cœurs de lion. — Pourquoi ?
cela ressemble au final d’un quadrille, c’est un coup de cymbales. […] Mais les grelots des chevaux, les coups de fouet, l’appel des voyageurs le ranimèrent un peu. […] Le gémissement sur le cheval reproduit quatre ou cinq fois la même image, et tant qu’il est question de parler des coups de fouet, des jurons du charretier, de la pierre énorme, le déluge des adjectifs semble lutter avec le déluge des coups et des jurons. […] Ce qui est moment s’efface tout à coup et à peine sait-on si cela a existé, quoique cela se soit proclamé vérité et éternité au moins pendant un jour. […] Il n’y a qu’un moyen de parer le coup affreux, c’est de demander un billet pour la première représentation du second Bras noir.
Le bras de Colbert se reconnaît à ce coup de vigueur frappé au début et dont le retentissement fut immense. […] Arrivant à son sujet principal qui est la chronique des Grands Jours, il nous montre le premier coup qui frappe sur une tête altière et imprudente, le vicomte de La Mothe de Canillac, « fort considéré pour sa qualité dans la province, et, au sentiment de tous, le plus innocent de tous les Canillac ». […] Le président, comme les hommes peu sûrs de leur conscience, était avide de commencer par un coup d’éclat, qui mît la sienne en honneur, et qui affichât hautement son impartialité. […] Cette première arrestation de M. de Canillac, et celle d’un autre gentilhomme, M. de Montvallat, firent une grande impression dans les campagnes : à force d’y paraître appuyer les faibles, les Grands Jours rendirent tout à coup ceux-ci insolents, et peu s’en faut oppresseurs à leur tour.
Eh bien, le capitaine Renaud nous dit, par exemple, qu’il n’a pas mangé depuis vingt-quatre heures et que cela éclaircit les idées pour un récit, ce qui est difficile à admettre ; une obscurité absolue règne, nous dit-on, dans les rues, sur les boulevards, et tout d’un coup, à un moment où, dans l’intérêt du récit, on a besoin de lire une lettre, il se trouve qu’un café est éclairé à propos et que cette lettre peut se lire : le capitaine Renaud aurait bien pu, ce me semble, prendre dans ce café quelque chose. […] Je conçois tout à coup un plan : je perfectionne longtemps le moule de la statue, je l’oublie, et, quand je me mets à l’œuvre après de longs repos, je ne laisse pas refroidir la lava un moment. […] Quand ils veulent le faire, ils la retaillent et la gâtent. » Je n’ai garde, on le conçoit, de prétendre avoir atteint du premier coup la ressemblance sur De Vigny ; c’était une nature des plus compliquées dans sa finesse et qui, par ses qualités et ses défauts, ses supériorités et ses ridicules, fait encore problème pour moi aujourd’hui ; mais, quoique le poëte en sût probablement plus long que personne sur ses secrets de composition, on va voir que, juge et partie comme il était, il n’a pas tout à fait raison contre son critique. […] J’aime la grandeur de votre tableau d’un autre Britannicus et d’une autre Athalie : cependant, c’est avoir eu du génie que les avoir faits à cette époque tels qu’ils sont : Shakspeare seul aurait pu les faire tout à coup tels que vous les esquissez, et si Athalie ne fut pas comprise alors, que fût-il arrivé à une poésie plus grande ?
Tout ce qui tend à élargir, à aiguiser du même coup et à simplifier le goût public, est favorable à cette régénération poétique dans laquelle il s’agit d’introduire, de combiner le plus de naturel et de vérité avec le plus de beauté. […] , s’est transformé et ennobli chez Sophocle, lorsque Électre, invoquant la venue d’Oreste, s’écrie dès l’aurore : « O chaste Lumière, et toi, Air divin, enveloppe égale de la terre, que de chants lugubres vous avez ouïs de moi, que de coups retentissants contre ma poitrine sanglante, sitôt que la sombre nuit s’en est allée ! […] » — Une autre fois, s’adressant suivant l’usage à la lampe, il la suppliait de s’éteindre plutôt que de favoriser de sa clarté les plaisirs d’un autre, et il souhaitait de plus que cet autre tombât tout d’un coup accablé de sommeil, comme ce beau dormeur Endymion, lequel, on le sait, ne sentait pas son bonheur. […] Le poëte se représente dans la situation d’un messager qui vient annoncer à celle-ci la mort de ses fils, croyant que c’est là tout son malheur ; mais tout d’un coup, et tandis qu’il parle, il est témoin de la mort des filles restées auprès de leur mère.
Mais toutes ces distinctions sont des formules rédigées après coup et à l’usage de ceux qui n’ont pas vu. […] A un certain moment, le jeune homme, qui lit Werther, se monte la tête ; le style de ses lettres s’échauffe ; cela va se gâter, quand tout à coup le père, au lieu d’arriver, envoie une de ses sœurs, une tante de la jeune fille, qui la vient chercher et comme enlever du soir au lendemain. […] Mme de Rémusat, un peu distraite par les grands événements qu’elle avait considérés de si près, se trouva tout d’un coup, avec son genre d’esprit méditatif, en présence de ces questions survenantes et dans la position la plus propre à en être bien informée, autant que vivement excitée. […] Cette femme tendre, calme, habituée aux devoirs aimables de la société, s’y contenant, dont l’esprit sérieux et orné n’avait jamais trop songé pourtant à franchir les limites d’un gracieux horizon, la voilà tout d’un coup qui, à l’âge du repos, à ce moment où l’esprit est le plus sujet à s’arrêter, où le cœur se plaint et gémit tout bas des choses qui s’en vont, la voilà qui se ranime au contraire, qui s’excite et sourit à des vues neuves, prend part à de jeunes projets, et, au lieu de tourner le dos à l’avenir, y marche comme au matin, accompagnant ou plutôt précédant son guide bien-aimé : à la voir de loin si active et si légère, on dirait une sœur.
À peine vainqueur, il songera à aller servir « au Temple » à Saint-Jean d’Acre ; et le médiocre continuateur du vieux poème a bien dégagé l’idée-mère du sujet, quand il montre Bernier usant sa vie sur les chemins, en pèlerinages lointains, pour expier, jusqu’au jour où le roux Ceri, oncle de Raoul, lui casse la tête d’un coup de son lourd étrier sur le lieu même où jadis il a tué son seigneur. […] De génération en génération, comme de province en province, la haine et la guerre s’étendront, faisant ruisseler le sang, jetant cadavre sur cadavre : depuis le vieil Hardré, depuis Bègue et Garin, fils de Hervis, jusqu’aux petits-enfants de Hervis et de Hardré, qu’une paix plâtrée fait naître d’un funeste mariage en mêlant le sang des deux familles, et qui périront sous les coups les uns de leur oncle maternel et les autres de leur propre père. […] Ce n’est pas un traître d’occasion, par emportement, ou orgueil blessé, comme Ganelon : la ruse est son caractère naturel ; avec lui nous atteignons le temps où le mensonge et l’intrigue, c’est-à-dire l’intelligence, entrent en lutte contre la franche brutalité et la force physique, puis vont prendre insensiblement le dessus sur elles, et du même coup sur l’honneur et sur la loyauté. […] Le couronnement de Louis le Débonnaire, et la noble tristesse de Charles devant la puérilité biche de son héritier, le début du poème d’Aliscans, et la fière obstination de Guiboure qui, refusant de connaître son mari dans un fuyard, tient la porte d’Orange fermée et laisse Guillaume au pied des murs, exposé à tous les coups des Sarrasins, d’autres morceaux encore méritent d’être loués et lus.
Il y combattait avec une âpre éloquence, à grands coups de logique et d’imagination, l’athéisme politique, celui qui fait de la religion un instrument de despotisme pour lier le peuple, le déisme, qui croit fonder une religion dite naturelle sur la seule raison, le protestantisme et toutes les doctrines latitudinaires, qui, reconnaissant une révélation, croient avoir le droit de choisir parmi les dogmes, de rejeter ceux-ci et de prendre ceux-là. […] Royer-Collard692 réservait ses coups de boutoir pour les conversations de couloir et les relations personnelles. […] Député en 1848, il soutint Louis Bonaparte jusqu’au coup d’État. […] Il la perdit au coup d’État et se retira en Suisse.
Ici Edgar Poe, ayant posé en principe que la matière n’existe qu’en fonction de répulsion et d’attraction, conçoit, par un magnifique coup de déduction, que ces deux forces satisfaites ou anéanties, cessant d’être, entraînent dans leur disparition la matière qu’elles constituent. […] Ici tout l’art déductif de Poe s’est épuisé ; il prend pour base une solide assise scientifique, pose des axiomes, entrelace des causes, fait jaillir d’une proposition antérieure des conséquences déconcertantes, imprévues et rapides comme un coup de théâtre, se pose d’ascension en ascension à un sommet mystique où reparaît subitement le poète. […] Des âmes se détraquent, difformes et faussées par de rares coups de folie ; puis c’est le spectacle même de l’effroi, la cruelle analyse des plus angoissantes peurs, qui fait pâlir et craindre, — jusqu’à ce que cette terreur ascendante, sublimée enfin et spiritualisée, enclose dans des vers cristallins, teintée d’un étrange reflet de beauté, devienne le charme tragique et céleste du Corbeau, d’Ulalume, de Lénore. […] Douant ses personnages de perspicacité, de puissance raisonnante, de rectitude déductive, retranchant de leur âme toute passion et tout désordre, il leur assigne une recherche, la fait entreprendre, poursuivre, manquer, jusqu’à ce que la solution soit dardée dans leur cerveau par quelque foudroyant coup de logique.
Si l’incendie du Sérapéum avait détruit la bibliothèque alexandrine, au quatrième siècle, Hypathie n’aurait pas pu, au cinquième siècle, donner, dans cette même bibliothèque, ces leçons de philosophie qui la firent massacrer à coups de pots cassés. […] Il montre, dans des vers terribles, « l’impuissance qui enchaîne, comme dans un rêve, les vivants aveugles. » Sa tragédie n’est autre chose que le vieux dithyrambe orphique se mettant tout à coup à crier et à pleurer sur l’homme. […] Tout à coup au milieu des chefs-d’œuvre, faces sévères, se dresse et éclate un bouffon, chef-d’œuvre aussi. […] Les indications essentielles au progrès, venues de tel philosophe ou de tel poëte, faisaient tout à coup défaut.
Digression I Au moment où nous reprenions la plume pour achever avec vous cette définition de la littérature, un grand deuil littéraire vient tout à coup attrister la France et l’Europe. […] Il n’y a pas de langue humaine à la mesure de ces sensations produites par ces jeux de la toute-puissance divine : la masse d’un fleuve à qui son lit manque tout à coup ; la profondeur incommensurable de l’abîme qui l’engloutit ; la pulvérisation en écume par la seule résistance de l’air qu’il écrase en tombant ; la nappe transformée à vue en vapeurs qui se dispersent au vent de leur propre volatilisation, et qui fuient aux quatre coins du ciel comme une volée d’oiseaux gigantesques, ou qui se cramponnent aux flancs perpendiculaires de la montagne, comme des Titans précipités cherchant à se retenir aux corniches du firmament ; les transparences vertes ou azurées des langues d’eau que la rapidité, l’impulsion et le poids du fleuve arqué en pont sur l’abîme, au moment où elles rencontrent tout à coup le vide, semblent cristalliser ; la lumière du soleil levant qui les transperce, et qui s’y fond en mille éclaboussures avec tous les éblouissements du prisme ; le choc en bas, le bruit en haut, l’orage éternel, la transe sublime qui serre le cœur, et qui ne trouve pas même un cri pour répondre à ce foudroiement de l’esprit. […] Tout à coup on apprit qu’elle se mourait.
Il n’y a pas moyen de ne point entendre cette vibration, ce coup de gorge de l’oiseau bleu, à la poitrine sanglante, qui, en passant, jette là son cri, et auquel personne parmi ceux qui ont le talent plus large que Daudet, plus étoffé, plus robuste, plus tout ce que vous voudrez, n’est capable, en l’imitant, de faire écho. […] C’est que les mœurs ne sont pas emportées, du coup, par les établissements et les institutions politiques qui croulent. […] … Chose heureuse, d’ailleurs, et d’importance, en cette époque où la littérature, vieille et décadente, a la prétention d’être moderne par rage d’être décrépite, cette question d’histoire, qui pouvait porter dans ses entrailles la fortune d’un romancier, est une question moderne, pour le coup ! […] Les rois en exil, déformés par l’exil, tombant sous le coup de l’exil qui leur coupe aussi bien la tête que la guillotine, tout en la leur laissant sur les épaules, sont un lamentable spectacle, et il nous l’a montré sans lamentation d’aucune sorte, comme Shakespeare, auquel je ne le compare point, nous a montré le roi Lear, chassé de son royaume, vieux et fou, — plus fou que son fou !
D’un autre côté, il y a des cas où nous savons que la leçon à apprendre n’aura jamais à être rappelée tout d’un coup, mais qu’elle devra au contraire être l’objet d’une reconstitution graduelle et réfléchie. […] À chaque coup de l’un de leurs adversaires, on leur indique la nouvelle position de la pièce déplacée. […] Le joueur apercevrait sans cesse, comme dans un miroir intérieur, l’image de chacun des échiquiers avec ses pièces, telle qu’elle se présente au dernier coup joué. […] Le schéma de la danse n’arrive pas du premier coup à se remplir des images appropriées.
M. de Banville a eu quelques-uns de ces coups heureux où se reconnaît un archer vainqueur. […] Ô sorbier centenaire, Dont trois coups de tonnerre N’avaient pas abattu Le front chenu !
De plus, Montesquieu écrivain a, avant tout, comme son compatriote Montaigne, de l’imagination dans le style ; il s’exprime par images ; presque à tout coup il enfonce des traits, il frappe des médailles. […] C’est là une de ces assertions d’après coup qui supposent qu’on tient dans la main tous les éléments du problème, tous les fils et les ressorts de l’histoire.
On sent, en lisant ces paroles unies et en s’approchant de près du personnage, combien il y avait peu, dans la religion toute réelle et pratique de ce temps-là, de cette poésie que nous y avons mise après coup pour accommoder l’idée à notre goût d’aujourd’hui et pour nous reprendre à la croyance par l’imagination. […] pour le coup, Rancé ne put s’empêcher de sourire, et on surprend ce mouvement de physionomie, chez lui si rare, à travers les simples lignes de sa réponse : « J’ai jeté les yeux sur votre ouvrage des Sirènes, mais je vous avoue que je n’ai osé entrer avant dans la matière.
Mais madame Casanova passant un jour à Venise, et s’y étant fait amener son fils par le docteur Gozzi, qui pour le coup n’osait regarder une si belle femme au visage, madame Casanova, donc, se plaignit de cette étrange perruque blonde, et dit au docteur qu’elle ferait à Bettine un beau présent si elle coiffait désormais son écolier en cheveux. […] Aussi le jeune abbé, sous un tel maître, fut-il promptement au fait des vertus sociales, si bien qu’un jour M. de Malipiero, en finissant sa sieste plus tôt que de coutume, le trouva trop tendrement engagé dans son salon avec la jeune Thérèse, dont lui-même était épris, et dut y mettre ordre à coups de canne.
Fortoul a dû éprouver que tout n’est pas vain dans ces efforts pittoresques qu’il a dénoncés quelquefois comme arriérés, et qu’il y a un art propre, constamment digne du plus sérieux souci, dans cette reproduction précise et splendide de la nature, dans cette transparence limpide de couleur, dans ces coups de pinceau du génie, que toutes les théories du monde ne donnent pas sans doute, mais qu’elles doivent reconnaître, saluer et cultiver. […] Charles XII peut sembler un peu arrangé après coup, sans doute, dans les projets de pacification et de liberté européenne que lui suppose l’auteur ; Steven peut sembler un peu avancé, lorsqu’il fait saluer à ses hôtes, dans la personne de ses mineurs, les premiers gentilshommes de L’Europe, et cette seule et immortelle noblesse du travail qu’il a l’honneur de commander.
Au nord, l’Océan bat les falaises blanchâtres ou noie les terres plates ; les coups de ce bélier monotone qui heurte obstinément la grève, l’entassement de ces eaux stériles qui assiègent l’embouchure des fleuves, la joie des vagues indomptées qui s’entre-choquent follement sur la plaine sans limites, font descendre au fond du coeur des émotions tragiques ; la mer est un hôte disproportionné et sauvage dont le voisinage laisse toujours dans l’homme un fond d’inquiétude et d’accablement. — En avançant vers l’est, vous rencontrez la grasse Flandre, antique nourrice de la vie corporelle, ses plaines immenses toutes regorgeantes d’une abondance grossière, ses prairies peuplées de troupeaux couchés qui ruminent, ses larges fleuves qui tournoient paisiblement à pleins bords sous les bateaux chargés, ses nuages noirâtres tachés de blancheurs éclatantes qui abattent incessamment leurs averses sur la verdure, son ciel changeant, plein de violents contrastes, et qui répand une beauté poétique sur sa lourde fécondité. — Au sortir de ce grand potager, le Rhin apparaît, et l’on remonte vers la France. […] Ils trouvent à l’instant et sans effort l’expression juste, et atteignent du premier coup l’objet en lui-même, sans s’empêtrer dans le magnifique manteau des métaphores, sans être troublés par l’afflux trop grand des émotions.
Souvent il prend une mine sérieuse, continue le discours d’un ton convaincu, semble approuver son personnage ; tout d’un coup, au dernier vers, une chute révèle l’ironie. […] Et tout d’un coup on découvre sous cette apparence innocente un satirique, un philosophe, un connaisseur de l’homme ; en sorte que de tous ses héros c’est lui qui est le plus amusant et le mieux masqué.
Dans sa pratique comme dans sa doctrine, ce poète-là prenait tout justement, comme Gorgibus, « le roman par la queue » : il appelait « un chat un chat », et du premier coup allait à la nature, au lieu de mener l’esprit à l’idée par de petits chemins tortueux et fleuris. […] Tous ceux qui aidèrent à faire connaître ou aimer les anciens, à dégager la formule où l’imitation docile et le libre examen se concilient dans le large culte de la vérité, Ronsard et Scaliger avant Malherbe et Balzac, Corneille comme Pascal, mais aussi l’Académie, mais même le monde précieux, et ses poètes si doctement guindés ou si délicatement faux : tous, avec plus ou moins de conscience, par des voies plus droites ou plus détournées, amènent insensiblement notre littérature au point où Boileau la prend pour la dresser d’un coup dans la pureté de son type.
Le coup d’État qui vint peu après, acheva de me rattacher à la Revue des Deux Mondes et au Journal des Débats, en me dégoûtant du peuple, que j’avais vu, le 2 Décembre, accueillir d’un air narquois les signes de deuil des bons citoyens. […] Par peur de n’être pas compris, j’appuyais trop fort ; pour enfoncer le clou, je me croyais obligé de frapper dessus à coups redoublés.
Ils les en rapprochent quelquefois si près qu’une pomme vernie et glauque, qu’un oiseau teint de rose, qu’une marguerite brillante épanouie et limpide, qu’une tasse, qu’un ustensile ou qu’un homme qui médite, s’embellit tout à coup dans sa lumière candide. […] Elle ne s’acquiert pas d’un coup.
Depuis qu’il eut disparu et Mlle de Mars après lui, on a pu dire que la Comédie-Française dégénérait ; et pourtant elle dure, elle s’est tout à coup rajeunie avec un jeune talent doué de grâce et de fierté1 ; elle a des retours inattendus de faveur et de vogue auprès d’un public qui y accourt au moindre signal et qui a le bon sens de lui demander beaucoup. […] On a tant dit qu’il dégénérait ; et nous l’avons vu se relever tout à coup du côté où l’on s’y attendait le moins, et la tradition s’y réconcilier avec la jeunesse.
Mais la mort du père de M. de Montalembert, survenant sur ces entrefaites, investit tout à coup le jeune homme des prérogatives de la pairie, et le procès fut évoqué devant la Haute Cour. […] La noble Chambre fut près d’oublier un moment sa gravité dans un enthousiasme jusqu’alors sans exemple ; toutes les arrière-pensées, d’ordinaire prudentes et voilées, reconnaissant tout d’un coup leur expression éclatante, se révélèrent.
. — Réunis d’un coup en volume, ces cinq drames manifestent un travail et une puissance d’invention considérables. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. » La Dame à la Faux de M. […] Laide d’abord, belle ensuite, elle est l’attirante… Et c’est ainsi que Magnus, l’homme — la Beauté, la Perfection, la Vie — tombe à ses pieds, tranché par son coup de faulx, après avoir donné tous les baisers d’amour à sa vierge aimée, à Divine, pâle fleur de lis qui meurt, elle aussi, peut-être parce qu’elle ressemblait trop à l’Aurore !
Ne serait-il pas possible, en effet, d’admettre qu’il s’est opéré chez un très grand nombre d’hommes un changement dans la production même de la pensée, que ce changement a été lent et graduel, et qu’il vient de se manifester tout à coup ? […] Les générations se succédant les unes aux autres, sans aucune interruption, ils ne voient pas d’instant où une génération puisse sortir, d’elle-même, par ses propres forces, et tout à coup, des liens dont elle est entourée, puisse adopter simultanément d’autres règles que celles qui ont régi les générations précédentes.
— ou que la Portinari ne fût pas morte à douze ans, mais qu’elle eût vécu sur le cœur du Dante, — et supposez qu’on vînt vous dire, tout à coup, ce matin, que toutes les deux ont écrit, — l’une sur Pétrarque, l’autre sur Dante, — avec quelle violence d’intérêt ne vous jetteriez-vous pas sur le livre qu’elles auraient laissé ! […] IV Et d’ailleurs, je l’ai dit déjà, dans ce volume27, de tous les grands hommes dont la grandeur embarrassa leur siècle, et put, du même coup, embarrasser leurs maîtresses, lord Byron est évidemment le plus difficile à comprendre et à pénétrer… Qui sait si pour lui, sans l’amour, ce n’a pas été comme dans la vie ?
l’était de clinquant, — et coulant, aisé et large, au lieu de se cristalliser péniblement en de petits angles pointus… Il paraît que ce livre fit coup — ainsi que disent les Italiens — dans le cercle de l’Enseignement ; mais il ne porta pas plus loin. […] C’est en raison même de cette supériorité que les Gaulois reçurent vite le coup de cette fascination romaine, qui était mieux que la fascination du glaive ; car il y avait autant d’éclairs dans le glaive de Brennus que dans le glaive de César.
… L’histoire qui a donné lieu à cette admiration nouvelle, se levant tout à coup pour allumer une lampe de plus autour du mausolée du grand homme, peut être racontée en très peu de mots. […] En vain il souffre par Charlotte, ce jeune homme de vingt-trois ans, qui ne souffrira plus demain, mais il n’oublie pas, à chacun de ces coups qui font pousser aux hommes le cri vrai, de pousser le cri de la rhétorique et d’invoquer les dieux immortels, les génies, les forces, les tourbillons, et toute cette mythologie panthéiste d’un paganisme renouvelé, qui seront un jour les causes de mort de ses écrits et les rendront insupportables.
une confusion sans justice entre la Critique inflexible, qui a une conscience et qui est une magistrature, — la magistrature de la pensée, — dont il ne parle pas, et le pamphlet, la flèche empoisonnée, le coup de couteau dans le dos, du petit journal. […] … Ce qui manque à ses Vignes du Seigneur, ce n’est ni la couleur, ni le mouvement, ni les surfaces ; mais c’est ce qui constitue toute poésie et même toute œuvre littéraire supérieure : l’accent naïf ou profond d’une personnalité à soi, d’une individualité inconnue et tout à coup révélée !
En passant des Grecs aux Romains, nous éprouvons à peu près le même sentiment qu’un voyageur, qui, après avoir parcouru les îles de l’Archipel et le climat voluptueux de l’ancienne Ionie, serait tout à coup transporté au milieu des Alpes ou des Apennins, d’où il découvrirait un horizon vaste et une nature peut-être plus majestueuse et plus grande, mais sous un ciel moins pur, et qui ne porterait point à ses sens cette impression vive et légère qu’il éprouvait sous le ciel et dans la douce température de la Grèce. […] Ainsi les ennemis de la patrie, tombés sous vos coups, expieront encore leur parricide dans les enfers : mais vous qui êtes morts en vainqueurs et en citoyens, vos âmes habitent à jamais dans le séjour de la vertu.
L’orage avait donné à la campagne comme un premier coup meurtrier et les feuilles d’or les jonchaient, ces sillons trempés de cette eau irisée. […] De nouveau, il a donné un coup de filet dans ce domaine inexploré de l’inconscient, qui dort en nous à des profondeurs infinies. […] À peine quelques coups de discipline le vendredi. […] Ils perdaient l’appétit et languissaient, se croyant perpétuellement sous le coup du mauvais sort… Il est un moyen encore plus infaillible. […] Il ne surgit plus quelque grand toqué de gloire ou de foi, qui brouille un peu la terre et tracasse son temps à coups d’imprévu.
La famille ne s’est pas dressée entre de Ryons et la société pour lui adoucir les premiers coups. […] — Ainsi construite, cette Francillon devait monter aux nues ou sombrer du coup. […] A coup sûr, la grande affaire de l’existence de Gœthe fut de concilier ces deux éléments. […] Ce fut si brusque, si décisif, que Coriolis en reçut comme le coup d’une soudaine interdiction. […] N’importe ; la couture est trop visible entre ce petit fragment d’après coup et le reste du récit.
Dors mignon chat blanc, mignon chat gris, Avec ton ruban de soie au cou ; Les souris vont venir, les jolies souris Que tu griffes à petits coups.
Tout coup vaille ; et la beauté de la forme vaut par elle-même.
Notre prudence est vaine au moindre de ses coups.
La plupart, avec un esprit peu élevé, un cœur froid & stérile, une imagination pauvre & dénuée de vigueur, ont besoin d’entasser incident sur incident, d’avoir recours aux épisodes, de prodiguer les sentences, de multiplier les coups de Théatre, pour parvenir jusqu’au dernier acte ; encore finissent-ils le plus souvent par ennuyer le Spectateur, qui ne tolere le commencement, que dans l’espérance d’une fin plus heureuse, M. de Morand avoit assez de talent pour se dispenser de ces pitoyables ressources.
Tourne les yeux : sa tombe est près de ce palais, C’est ici la montagne où, lavant nos forfaits, Il voulut expirer sous les coups de l’impie ; C’est là que de sa tombe il rappela sa vie.
Littré, qui depuis des années était en estime auprès des savants et de tous les hommes instruits, est devenu, grâce à une circonstance imprévue (son échec à l’Académie par suite de la dénonciation de l’évêque d’Orléans), des plus célèbres tout d’un coup et presque populaire. […] Dans ses articles sur les âges du monde antérieurs à l’homme, il a su rendre avec un sentiment bien présent cet accident et ce mystère de la vie qui vient, à certains jours, éclore tout à coup à la surface. […] Ces âmes intègres et entières ont des sensibilités plus entières aussi ; elles ont, à leur manière, des religions de famille, et, quand le destin les frappe, elles reçoivent le coup en plein, sans subterfuge, sans consolation. […] Il a son explication de l’histoire, sa loi trouvée ; il applique ensuite sa formule à des cas particuliers : elle est, en toute rencontre, un peu rigide, cette formule, et arrange quelque peu les choses après coup. […] Après le 9 thermidor, dans ce second moment de réaction, Johannot est incarcéré de nouveau, et peu après, sous prétexte de le transférer, on le livre en proie aux fureurs ennemies : il tombe dans la rue assassiné de dix-sept coups de poignard et de pistolet par les compagnies dites de Jésus et du Soleil.
Si notre bon Marquis l’avait entendu parler non plus de protase, d’épitase et de péripétie, mais de subjectif et d’objectif, c’est pour le coup qu’il aurait été ravi en extase, et qu’il se serait écrié en me regardant en face : « Parbleu, Chevalier ! […] Il rit, à la vérité, et bruyamment, lorsqu’Arnolphe attend à la porte de sa propre maison, s’impatiente, tempête et reçoit un coup par la maladresse d’un lourdaud, qu’il a pris à son service à cause de sa simplicité ; il rit, non parce que ce coup est comique, et qu’Arnolphe ne l’a pas volé, mais parce que c’est un coup ; du même gros rire il éclaterait, s’il voyait l’acteur chargé du rôle grave et insignifiant d’Oronte, faire un faux pas en traversant la scène. […] Pourquoi, lorsqu’elle était enfant, n’aimait-elle pas Molière ou l’aimait-elle si mal que Le Misanthrope lui paraissait moins beau que Les Fourberies de Scapin, et que, dans cette farce préférée, Géronte roué de coups à travers un sac lui semblait plus comique que Géronte maudissant le Turc et sa galère ?
Mais quand il parut de nouveau devant le public, ses livres avaient fait leur chemin tout seuls et sous terre, et du premier coup il passa pour le plus grand poëte de son pays et de son temps. […] Le sourire d’une jeune fille parée, un éclair de soleil sur une mer violente ou sur une touffe de roses jette tout d’un coup dans les âmes passionnées ces illuminations subites. […] Et vous avez bon air aussi dans vos habits de femme. » Elle est toute palpitante d’orgueil blessé ; elle balbutie, elle veut, puis elle ne veut plus ; elle tâche de se contraindre pour mieux insulter, et tout d’un coup elle éclate : « Vous qui avez osé forcer nos barrières et duper nos gardiennes, et nous froisser, et nous mentir, et nous outrager ! […] Elle garde dans la tourelle le bouclier qu’il a laissé, et tous les jours elle y monte pour le contempler, comptant les marques des coups de lance et vivant de ses rêves. […] Voilà ce que nous avons senti le jour où le plus aimé, le plus brillant d’entre nous, a tout d’un coup palpité d’une atteinte invisible, et s’est abattu avec un hoquet funèbre parmi les splendeurs et les gaietés menteuses de notre banquet.
— Vous ne vous trompez pas, mon père, lui dis-je, je suis triste, et cependant il ne m’est rien arrivé de mal ; mais je viens vous confier mes peines habituelles, vous les connaissez : mon cœur n’a jamais eu de replis pour vous ; vous savez ce que j’ai fait pour me tirer de la foule et pour acquérir un nom, mais je ne sais pourquoi, dans le moment même où je croyais m’élever peu à peu, je me sens retomber tout à coup ; la source de mon esprit est tarie ; après avoir tout appris, je vois que je ne sais rien ; abandonnerai-je l’étude des lettres, entrerai-je dans une autre carrière ? […] Vaucluse est une sorte de Tibur des Gaules ; à l’extrémité d’une vallée ombreuse et boisée, tout humide et toute retentissante du murmure des eaux courantes, un rempart de rochers amoncelés et inaccessibles ferme tout à coup l’horizon. […] « Les bergers et les laboureurs respectent ce lieu sacré : sa beauté me frappa ; je sentis tout à coup comme une inspiration des Muses, qui m’invitaient à travailler à mon Afrique. […] « Cette touchante pâleur qui recouvrit tout à coup son sourire interrompu sur ses lèvres d’une amoureuse nuée… Cette pensée compatissante que l’œil d’un autre ne put discerner, mais qui ne put à moi m’échapper, etc. » À peine parti, il se repentait déjà du départ, et il écrivait la plus langoureuse et la plus sublime de ses élégies, où son cœur se retourne sur lui-même sans pouvoir trouver le repos. […] Des captifs menés en triomphe, les mains liées derrière le dos, sont devenus tout à coup citoyens romains, et, qui pis est, vos tyrans.
Les portes, ou les barrières à claire-voie, étaient sans cesse ouvertes, et permettaient nuit et jour aux passants de monter les degrés de pierre pour venir demander le morceau de pain, le coup d’eau à puiser au seau suspendu derrière la porte, et aux paysans du hameau d’Andillac de vivre pour ainsi dire en commun avec les habitants de la maison. […] Le coup l’a étourdie, la pauvre bête est venue à nous au plus vite nous porter ses douleurs. […] Un coup de marteau se fait entendre, tout le monde accourt à la porte. […] Quand ils croiront être à bout et n’en pouvoir plus, tout d’un coup ils pousseront des ailes semblables à celles d’un aigle ; ils courront et ne se lasseront point, ils marcheront et ils seront infatigables. […] C’était comme le premier coup d’archet d’un grand concert.
Mais il se brouilla avec Hume : c’est le dernier coup, qui déchaîne toutes ses méfiances et ses soupçons. […] Et voilà le point d’attache de Lettre sur les spectacles : établir à Genève un théâtre, c’est inoculer d’un coup à une simple population toute la corruption sociale. […] La dissolution des groupes naturels ou artificiels qui, contenant l’individu et se contenant les uns les autres, sont enfin contenus dans l’État, est le triomphe de l’individualisme, et du même coup, replaçant l’individu dans la situation hypothétique d’où sort le Contrat social, ne lui laisse d’autre ressource que le despotisme de tous sur chacun, le socialisme d’État. […] Si la caractéristique du romantisme est d’être lyrique, et si l’essence du lyrisme est l’individualisme, nous voyons du même coup d’où sort le lyrisme de Rousseau, et comment le romantisme y a en quelque sorte sa source. […] En laïcisant la religion, il laïcise du même coup l’inspiration lyrique, jusque-là presque enfermée chez nous dans la méditation religieuse.
Et tous deux, donc, exprimeront le moment palpitant où la cérébralité du poète s’unit tout à coup, en commotion de certitude, à l’essence même des choses qui sont sous sa méditation… Mais encore est-il prudent de préciser ce que nous avons entendu, poétiquement, par « Intuition », et dire que, nécessaire et motrice, elle ne nous peut cependant contenter en ses aperceptions soudaines et espacées, ou qu’il est possible de l’atteindre par successives approches. […] Car, du secours d’une méditation profonde dont l’intensité vibratoire éveille d’onde en onde d’autres vibrations associées, tout à coup accrues en diverses localisations du cerveau soudain, par la seule énergie coordinatrice, les résultantes se sont précipitées, produisant comme ce coup d’éclairs dont toute notre cérébralité retentit ! […] Or, notre énergie « intuitive », de vibrations en vibrations en la texture de nos présents et des passés qui nous habitent obscurément, peut énormément rapporter de la certitude de l’Instinct — certitude devenue hautement cérébrale, d’avoir touché tout à coup à quelque point de l’être essentiel des choses… Mais, disions-nous, l’Intuition ne nous peut cependant contenter, ainsi, en ses aperceptions soudaines et espacées. […] « Son livre de début, Légende d’âmes et de sangs, qui révélait un poète ne procédant d’aucun maître, et dont la préface, où il donnait les grandes lignes de l’œuvre qu’il méditait, laissait pressentir les théories de musique verbale que le Traité du verbe devait répandre avec éclat, d’un coup attira sur lui l’attention.
Du réel (au sens vulgaire) assez pour insuffler l’humanité aux fantoches et que le sang jaillisse couleur de lèvres de nos coups d’ongle au fœtus de terre glaise pétri par le génie des paumes du dramaturge magnétiseur. […] C’est une Réforme proclamée, une affiche énigmatique ; mais c’est surtout une superbe combinaison bien dans le mouvement du jour : l’occultisme vieillissait, n’ayant plus la confiance du public ; il baissait et tendait vers un krach imminent ; ce joli coup de bourse le fait remonter au-dessus du pair. […] C’est que Bourrienne parle des choses qu’il a vues ; il a fait campagne avec Bonaparte en Egypte et en Syrie ; il a participé au coup d’Etat de Brumaire, aux transformations et à l’accaparement du Consulat ; son récit est mouvementé, curieux en détails, attachant lorsqu’il renonce à ses paperasses documentaires ; et il faut lire par exemple les chapitres consacrés à l’amiral Brugs et au désastre d’Aboukir, à la détresse de l’armée française d’Orient décimée par les maladies, les suicides, les assassinats des bédouins, abandonnée finalement par son chef dont l’ambition rêve un soir de conquérir l’Asie, et qui s’échappe pour revenir en France violenter la Fortune et se faire acclamer comme un libérateur. […] Et comme le chiffre de celle-là est au-delà de la femme qui aime sensuellement, laquelle est nommée du nombre de toutes les autres, son amour surhumain va à Dieu sous la forme d’homme, qui descendit de cœlis ; et Don Juan, qui, par les agitations de guerre de la ville, ne daigne les grands coups que sous l’étendard des courtines, elle l’a vu mettre en fuite, comme Dieu vainqueur de la mort, divers malandrins, sous les yeux et pour leur complaire, de Mille-et-trois. […] Amusons-nous, certes, mais ne perdons pas notre temps en petits coups d’épingles puérils et à côté.
du premier coup, du premier vagissement de son âme, l’homme aurait parlé à la fois comme homme et comme Dieu ! […] Ce n’est pas au moment du coup qu’on sent la douleur, c’est au contrecoup : il faut du temps à tout, même au supplice. […] Mais, tout à coup, comme pour se faire pardonner par Dieu et par ses amis ces blasphèmes, il change de note, et il exhale l’hymne le plus inspiré et le plus majestueux que la bouche de l’homme ait jamais balbutié au Tout-Puissant. […] Cette lecture laisse dans l’âme le long retentissement de l’airain sonore suspendu entre le ciel et la terre, sur lequel le marteau divin aurait frappé la gamme entière des grandeurs, des petitesses, des peines d’esprit, des misères de corps, des félicités, des tristesses, des espérances, des doutes, des murmures, des blasphèmes, des désespoirs, des consolations humaines, retentissement dont les vibrations, répandues dans l’air immobile longtemps après le coup, se confondent à jamais avec la respiration et avec la pensée. […] amis cruels », reprend-il tout à coup en se détournant de Dieu vers l’homme, « jusques à quand me persécuterez-vous comme Dieu de vos discours, et vous complairez-vous à vous repaître de ma chair et de mon sang ?
Je sentois toutes ces choses, et j’en étois transporté, lorsque m’étant un peu éloigné du tableau, je poussai un cri de douleur, comme si j’avois été blessé d’un coup violent. […] Elle s’enfoncera tout à coup à des distances immenses. Tout à coup elle reviendra sur elle-même avec la même rapidité, et pressera sur vous les objets. […] Je m’approche donc de Naigeon ; et lui frappant un petit coup sur l’épaule ; eh bien, lui dis-je, que pensez-vous de tout cela ? […] Les agresseurs et les défenseurs se sont porté des coups si égaux, qu’on ne sait de quel côté l’avantage est resté.
Comme des terrassiers qui tranchent et qui nivellent, — à coups de pic et à coups de mine, — ils auront exécuté les gros ouvrages et construit les travaux d’approche qui nous permettront peut-être d’arriver jusqu’au cœur de la réalité. […] Cette vérité-là n’est pas à la merci d’un syllogisme, elle existe et elle agit en nous, même à notre insu ; et si nous la découvrons tout à coup, ce n’est pas par l’artifice d’une logique adroite, mais parce qu’elle était mûre pour notre conscience. […] Tout à coup, un jour non prévu, mais sûrement fixé dans l’ordre des destinées, un événement en apparence insignifiant frappe son esprit. […] Peu à peu, la hauteur des terrasses s’abaisse, et tout à coup la perspective se découvre.
On a dit qu’il avait écrit cet Avertissement après coup, dans l’intention mesquine de rabaisser ses rivaux en histoire et de revendiquer pour lui seul le mérite du grand historien, l’intelligence. […] Thiers ; mais qu’elle eût besoin de se désavouer, de se mépriser, de se bafouer elle-même, en invoquant contre ses pouvoirs légaux le coup d’État d’un soldat, et de lui livrer sa révolution et ses principes de 1789 pour ne retrouver qu’une armée et une contre-révolution sous le sabre, c’est ce que nous ne reconnaîtrons jamais. […] Moreau même avait cessé, depuis le 18 brumaire, d’être irréprochable aux yeux de la vertu, de la liberté et de la République, car il avait participé activement à ce coup d’État de l’armée contre la patrie civile. […] On voit par les bulletins successifs qu’il écrivit lui-même, qu’il corrigea après coup, qu’il effaça pour les corriger encore, tous les efforts qu’il eut à faire pour dérouter la gloire des noms de Desaix et de Kellermann, afin de la revendiquer toute sur lui-même. […] Le coup qui frappe Paul Ier au moment où il se rapproche de Bonaparte coupe l’alliance qui s’ourdissait entre les deux puissances.
Après une lutte et force coups de poing, il força sa femme et ses enfants à coucher dans la première pièce, et lui s’installa dans la deuxième avec son ordure. […] Coupeau devenant tout d’un coup très sonore. […] Goujet se marie ; Mes-Bottes vient se promener en gilet blanc dans la rue, pour prendre l’air sans doute ; Virginie, en toilette fort élégante, passe au bras de Lantier ; Poisson épie son épouse infidèle et se prépare à la punir d’un coup de poignard… Une pauvre femme, en cheveux blancs, se traîne contre les murs et implore la pitié de tous nos héros qui passent l’un après l’autre. […] Et tout à coup, un audacieux en pose une nouvelle : L’ivrogne boira-t-il ou ne boira-t-il pas ? […] Vitu, qui l’a lu et qui le déteste, est d’une modération relative ; M. de Saint-Victor, qui avoue avoir à peine parcouru deux volumes, soulève une vrai tempête, et se dresse de toute sa hauteur pour asséner à l’auteur de l’Assommoir une grêle de coups de massue à pointes qui fait frémir.
Dimanche 16 avril Rodin se plaint près de moi de se trouver cette année sans entrain, de se sentir veule, d’être sous le coup d’une influenza non déclarée ; il a travaillé cependant, mais il n’a exécuté que des choses sans importance. […] Or, c’est amusant, devant le mystère de cette boutique sous une tente, où le marchand fait la bête, de voir s’arrêter des femmes cherchant à comprendre ce qu’on y vend, et tout à coup devinant le commerce de l’endroit, s’enfuyant toutes rouges, inquiètes, si un passant a surpris leur attention devant l’étalage. […] Le soir, Léon nous lit, dans La Revue nouvelle, son article sur Hugo, un article tout à fait remarquable, où foisonnent les idées, les images, les coups de lumière, dans une langue superbe. […] Dans ces gares, au passage incessant des trains, la pensée de ceux qui les habitent, ne doit avoir le temps de se poser sur rien, elle est sous le coup d’un ahurissement, produit par ce mouvement perpétuel. […] — parfaitement, lui dis-je, et le possesseur des pendules, mourrait au moment, où toutes les pendules sonnent ensemble minuit, et encore n’aurait-il pas la jouissance de les entendre jusqu’au bout, il mourrait au onzième coup. » Grand dîner chez Daudet en l’honneur des fiançailles du jeune couple Hugo et Mlle Ménard-Dorian, auquel le maître de la maison dit gracieusement, que le reste des convives n’est, ce soir, que de la figuration.
Ponsard, de la vogue de Mademoiselle Rachel, de cette vieille route longtemps abandonnée, qui semblait tout à coup se rouvrir, et dont le poteau indicateur était glorieusement relevé par un poète de talent et une actrice de génie, il m’avoua qu’il venait d’écrire, sous cette impression nouvelle, une tragédie, moins que cela, une étude empruntée à un autre temps et à un autre ordre d’idées que Lucrèce, mais également inspirée par ce retour aux sources antiques, un moment taries ou troublées sous le souffle du romantisme.
après avoir dévoré, relu ce livre par lequel il avait eu la révélation du vrai langage qu’il était destiné à parler, Glatigny fut du coup, immédiatement et tout de suite, l’admirable rimeur, l’étonnant forgeur de rythmes, l’ouvrier excellent victorieux de toutes les difficultés, l’ingénieux et subtil artiste qu’on a admiré dans les Vignes folles, dans les Flèches d’or, dans le Fer rouge, dans le Bois, dans Vers les saules, dans l’Illustre Brisacier.
Marcel Schwob De petites pages comme frottées de ciguë, entre lesquelles ont séché des brins d’ancolie, semées de mots suraigus et blêmes ; des phrases aux contours rapides, semblables à de simples coups de pinceau qui suggèrent tous les gestes de la vie par une ligne grasse ; des perversités promptes et acérées, et qui entrent en agonie dès qu’elles ont été conçues ; un monde minuscule de drames brefs, haletants, qui tournoient follement ainsi que des petites toupies dans leurs derniers circuits ; des sentiments éphémères comme les renouveaux lassés des fins de passion.
quel coup porté à l’orgueil de ces Esprits superbes, convaincus, d’après les textes les plus formels, de n’être que des usurpateurs des lumieres étrangeres, & les plus foibles échos de tant de dogmes dont ils voudroient passer pour les créateurs !
Ce n’était au dernier Salon qu’un peintre médiocre, froid dans sa composition et faible dans les autres parties ; mais sa Susanne surprise au bain par les deux vieillards le met tout à coup sur la seconde et peut-être sur la première ligne.
Ne vaudrait-il pas mieux sacrifier tout d’un coup… Mais laissons cela.
On jouissait de sa modestie autant que de son triomphe ; ses admirateurs devenaient ses amis ; son visage, penché en arrière, écartait d’une vive saccade les mèches de sa noire chevelure humides de sueur, mais sa bouche était toujours gracieuse, et, s’il n’eut pas eu le nez trop court et cassé par un coup de fer, il aurait ressemblé à un lutteur grec se reposant après le combat. […] Les comédiens de l’hôtel de Bourgogne n’en avaient manqué aucune, et ils n’étaient pas moins surpris du jeune acteur que l’était le public, surtout la Duparc, qui le prit tout d’un coup en amitié, et qui bien sérieusement avait fait de grands préparatifs pour lui donner à souper ce jour-là. […] Il fut tout étonné et fort aise de se voir tout d’un coup si bien ajusté. […] Elle passa tout d’un coup de l’emportement à la douleur ; les pistolets lui tombèrent des mains, et elle se jeta aux pieds de Molière, le conjurant, les larmes aux yeux, de lui rendre son acteur, et lui exposant la misère où elle allait être réduite, elle et toute sa famille, s’il le retenait. « Comment voulez-vous que je fasse ? […] Il reprit courage comme il faut ; Et, contre tous les maux fortifiant son âme, Pour réparer le sang qu’avait perdu madame, But, à son déjeuner, quatre grands coups de vin.
Les scènes de Lulli n’y manquent pas : Alméria, comme Armide, arrive pour tuer Cortez endormi, et tout d’un coup se prend d’amour pour lui. […] Il gronde sourdement, en le voyant abattu, tourne autour de lui et d’un coup il pleure : « Regarde, empereur, voilà une rosée qui n’est pas ordinaire. — Je n’ai pas pleuré depuis quarante ans, — mais à présent la faiblesse de ma mère me revient aux yeux. » — « Par le ciel, dit Antoine, il pleure le bon vieil homme, il pleure — et les grosses gouttes rondes courent les unes après les autres sur les sillons de ses joues732. » Et là-dessus Antoine, lui-même, pleure. […] Tout d’un coup, au milieu des bâillements qu’excitaient ces épîtres, les yeux s’arrêtent. […] Pareillement, au milieu des sécheresses de sa polémique éclatent des magnificences subites, un jet de poésie, une prière sortie du plus profond du cœur ; la source anglaise de passion concentrée s’est tout d’un coup rouverte avec une largeur et un élan qu’on ne rencontre point ailleurs : Comme les rayons empruntés de la lune et des étoiles — luisent vainement pour le voyageur seul, las et égaré, — ainsi la pâle raison luit vainement pour l’âme. […] Tout à coup les sons de la lyre s’enflent ; ils s’enflent plus haut ; ils grondent comme un tonnerre ; le roi assoupi se redresse égaré, les yeux fixes. « Vengeance !
Celui qui la porte sur lui, est parfaitement à l’abri des coups et des blessures. […] Du coup ces deux hommes si forts tombèrent ; sans la Tarnkappe, tous deux étaient morts. […] « Brunhilt la belle se releva aussitôt : « Noble guerrier Gunther, merci de ce coup ! […] La clairière retentit bruyamment de la force du coup. […] Elle sentit en ce moment le premier coup de la douleur.
Il juge des talents et applaudit aux coups bien portés. […] Tous s’élancent du premier coup aux plus hautes conclusions ; c’est un plaisir que d’avoir des vues d’ensemble ; ils en jouissent et ne songent que médiocrement à construire une bonne route solide ; leurs preuves se réduisent le plus souvent à des vraisemblances. […] Ils ont eu la charmante liberté d’esprit, la surabondance de gaieté inventive, la gracieuse ivresse d’imagination qui poussent l’enfant à fabriquer et à manier incessamment de petits poëmes, sans autre but que de donner carrière aux facultés neuves et trop vives qui tout d’un coup s’éveillent en lui. […] Ainsi préparé par les mœurs, on comprend que le citoyen soit soldat sans effort et du premier coup. — Il sera marin sans beaucoup plus d’apprentissage. […] Voilà comment l’âge qui a produit le vaste ensemble de la poésie lyrique a produit du même coup l’ensemble non moins vaste de l’orchestrique.
Tout à coup on vient apprendre à Mme de Staël et à lui que sa femme s’est empoisonnée ; Mme de Staël y court et trouve une femme sur son canapé, qui se croit empoisonnée plus qu’elle ne l’est : scène ridicule. — Les scènes que Mme de Staël n’épargnait pas vers ce temps à Benjamin Constant, la honte qu’elle lui faisait de ce mariage, l’idée qu’elle supposait à l’Europe et à l’univers lorsqu’on apprendrait cet éclatant divorce de leurs célèbres personnalités, tout cela était tel et agissait si fort sur la tête nerveuse de Benjamin Constant, qu’il y avait des moments où il s’estimait un monstre aux yeux de la terre : « Quand je rentre dans Paris, disait-il sérieusement, je lève les glaces de ma voiture, de peur d’être montré au doigt. » Mais le scepticisme reprenait vite le dessus. — Cependant Mme de Staël avait bien ses distractions aussi, son cercle d’adorateurs, M. de Schlegel, M. de Sabran, M. de Barante… ; elle aimait beaucoup ce dernier, dont elle avait mis quelques traits et quelques situations dans Oswald ; mais il dérivait un peu vers Mme Récamier… En mourant, elle ne témoigna aucun retour vif à Benjamin Constant qu’elle voyait pourtant tous les jours.
Gare au coup de sang de l’empereur Nicolas !
Tailhade se rendit tout à coup célèbre et redouté par les cruelles et excessives satires qu’il appela, souvenir et témoins d’un voyage que nous faisons tous sans fruit, Au pays du mufle.
& les coups qu'on leur porte si directs & si accablans !
Aussi tout est ténèbres dans leur origine : vous y voyez à la fois de grands vices et de grandes vertus, une grossière ignorance et des coups de lumière, des notions vagues de justice et de gouvernement, un mélange confus de mœurs et de langage : ces peuples n’ont passé ni par cet état où les bonnes mœurs font les lois, ni par cet autre où les bonnes lois font les mœurs.
Le bois manquant tout à coup pour entretenir le feu, il sortit de nouveau pour aller en ramasser.
Et, pour tout dire enfin, ajoutons à ces qualités substantielles d’un ouvrage qui n’a pas la prétention d’en dire plus long qu’il n’est gros, quoiqu’il en dise beaucoup, que l’esprit qui l’anime est ce qu’il doit être, et qu’on y sent vibrer sympathiquement une âme à tous les coups qui frappent sur le grand cœur du Sacerdoce.
Très éveillés d’ailleurs, ces petits oiseaux-là, — aiglons peut-être, du moins je le crois, moi, d’après certains bons coups d’ailes. […] Six heures : douze coups. Sept heures : un coup. Huit heures : deux coups. […] Devant le tribunal, ils furent formels et très affirmatifs sur le coup de revolver ainsi que vous le pensez bien.
Glatigny est une sorte de d’Artagnan qui ferraille à coups de ballades. […] Tout à coup, un employé de l’octroi lui demanda : « Qu’avez-vous à déclarer ? […] Tout à coup il eut une espèce de folle espérance. […] Par l’indulgence de ma famille réconciliée enfin avec les rimes, je devins tout à coup le richard que j’avais cru deviner en Francis Coppée. […] » Puis, tout à coup, la maison s’effondre.
Ce fut le dernier coup. […] bien ; quand je suis devenu riche, j’ai changé d’avis tout d’un coup. […] Quand ils ont fini, ils se sentent, tout d’un coup, fermes, résolus et prêts. […] Et c’est fini du mauvais désir… C’est, tout à coup, l’apaisement, presque la joie. […] … Trois coups de pouce… et la ressemblance y est… Il a manqué sa vocation, ce garçon-là !
Il a assommé toute une famille, piétiné les cadavres, écrasé les figures à coups de chenet ou de soulier, et n’en éprouve aucune émotion. […] » Tout à coup les nuages s’écartèrent. […] Un souffle froid passa tout à coup et fit vaciller la mer, les rayons pâles, les arbres : le souffle traître qui annonce dans ces pays la fin du soleil. […] » Tout à coup retentit un bruit net et brutal qui semblait plus qu’un bruit, et qui portait en soi comme un sens de ruine et d’effondrement. […] Il tombe d’un coup, dans cette mêlée, avec son cheval, complètement engagé sous sa monture.
Du même coup elle nous a donné Napoléon, qui naquit précisément l’année suivante. […] Larroumet, s’est contenté d’un coup de patte ». […] Frappez-le de cinq cents coups de bambou. […] Cinq cents coups sur les épaules vont te délier la langue. […] Pendant plusieurs jours, ce jeune homme fut roué de coups.
« Vois-tu sa belle tête pâle retomber sur son épaule… Le baiser de Judas fut son coup mortel. […] Il demeure sous le coup d’un reproche plus grave, vu le caractère dont il est revêtu. […] À moitié grisé, Veranet entonne une chanson érotique, quand la porte tombe sous les coups de Malandran. — Que veux-tu ? […] Encore un coup de vin, Grabielon ! […] Des coups redoublés attirèrent sur lui l’attention de la critique.
Coppée a du premier coup excellé. […] Des sensations nettes et vives se noient tout à coup dans un demi-effacement. […] Les petits yeux frottés du poing, écarquillés pour mieux voir, se rouvraient tout à coup, saisis par le bruit du repas. […] Encore un coup, est-il gai, ce sage, ou est-il triste ? […] En même temps il entend sous ses pieds des coups profonds, les coups des camarades tapant dans la mine : « Encore, encore, de plus en plus distinctement, comme s’ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient.
Humbles ou superbes, ironistes et sceptiques, tous ont leur heure d’attendrissement, leurs défaillances devant les coups de la nécessité. […] Or ces métamorphoses soudaines se font sous le coup de baguette du désir et nous voyons maintenant, dans son plein, resplendir l’axiome de Spinoza. […] Nous entendons toujours les coups irrésistibles du crucifix rustique que manœuvrait Veuillot. […] Ses coups de théâtre sont toujours moraux. […] Deux coups de crayon, toutes les dominantes.
Piron a trouvé ses principales beautés après coup. […] Voilà de tes coups ! […] Thiers, ce sont les pièces du boulevard qui raniment dans le peuple les souvenirs d’où sortira le coup d’Etat du 2 décembre. […] Tout à coup il se redressa et dit à l’oreille de Champfleury : « De mon temps, c’était plus amusant. […] Ce sont de ces coups que l’on pare en fuyant.
Je suis souvent parmi les derniers, sauf à discuter après coup avec moi-même. […] Cela me fait donc l’effet d’une grimace comique passant tout à coup sur une face sublime. […] C’est comme un Titan qui, tout à coup, se mettrait une boucle d’oreille dans le nez. […] Souvent l’autorité l’apprend après coup, mais tant pis pour ceux, qui n’étaient pas bien morts. […] Le rire prit le dessus, et il devint tout à coup très vieux.
Comment cette indignation, cette haine allumée dans l’âme des spectateurs par l’énergique tableau des proscriptions, s’éteint-elle tout à coup ? […] Que s’est-il passé qui puisse tout à coup le rendre si différent de lui-même ? […] L’approche du coup, le moment de l’exécution : la passion du conjuré s’exalte et s’échauffe lorsqu’il médite et lorsqu’il résout ; elle s’épouvante et se glace lorsqu’il est sur le point d’agir. […] Mais un poète philosophe a cru faire un coup de génie en nous offrant le comble de la rage et du désespoir, un père ruiné, levant le poignard sur ses enfants. […] Combien est plus touchant et plus digne de nos pleurs le prince qui contemple d’un œil sec les plus affreux dangers, et présente aux coups du sort un front serein, une âme inaltérable !
Il ne s’agit que de frapper juste toute pierre, si roulée et même si salie qu’elle soit dans les ornières de la vie, pour en faire jaillir le feu sacré ; seulement, pour frapper ce coup juste, il faut la suprême adresse de l’instinct qui est le génie, ou l’adresse de seconde main de l’expérience, qui est du talent plus ou moins cultivé.
Elle avait treize ans (1632) quand son oncle Montmorency fut immolé à Toulouse aux vengeances et à la politique du Cardinal ; cette jeune nièce, frappée dans sa fierté comme dans sa tendresse d’un coup si sensible, eût volontiers imité l’auguste veuve, et voué dès lors son deuil à la perpétuité monastique. […] Un jour, à Moulins, au milieu d’une lecture de piété, « il se tira (c’est elle-même qui parle) comme un rideau de devant les yeux de mon esprit : tous les charmes de la vérité rassemblés sous un seul objet se présentèrent devant moi ; la foi, qui avoit demeuré comme morte et ensevelie sous mes passions, se renouvela ; je me trouvai comme une personne qui, après un long sommeil où elle a songé qu’elle étoit grande, heureuse, honorée et estimée de tout le monde, se réveille tout d’un coup, et se trouve chargée de chaînes, percée de plaies, abattue de langueur et renfermée dans une prison obscure. » Après dix mois de séjour à Moulins, elle fut rejointe par le duc de Longueville, qui l’emmena avec toutes sortes d’égards dans son gouvernement de Normandie. […] On se rappelle cette paresse et cette langueur, qu’il nous peint interrompue tout d’un coup chez elle par des réveils de lumière. […] Le jeune M. de Longueville fut tué, on le sait, un moment après le passage du Rhin, en se jetant, par un coup de valeur imprudente, dans un gros d’ennemis qui fuyaient, et avec lui périrent une foule de gentislhommes.
Mais le 10 août renversait d’un coup l’édifice illusoire, et, même avant la Terreur, l’intendance du Jardin-des-Plantes devenait peu tenable, les savants n’ayant pas accueilli le grand écrivain comme aussi compétent qu’il aurait voulu64. […] Je n’en sais trop rien ; mais cela est ainsi. » Et il justifie ce jugement tout aussitôt, soit qu’il s’écrie dans une joie grondante : « Je ne puis vous dire combien je me trouve heureux depuis que j’ai secoué le monde ; je suis devenu avare ; mon trésor est ma solitude ; je couche dessus avec un bâton ferré dont je donnerais un grand coup à quiconque voudrait m’en arracher » ; ou soit qu’il parle tendrement de ces lectures douces auprès de son feu « et des heures paisibles qui vont à petits pas, comme son pouls et ses affections innocentes et pastorales. » Quand il écrit de son cher ami de Balk en ces termes : « Je ne sais si M. le comte de Balk sera encore longtemps en France ; nous sommes tous comme des vaisseaux qui se rencontrent, se donnent quelques secours, se séparent et disparaissent », il rentre exactement dans la manière de Bernardin. […] Le premier président de Lamoignon ne faisait sans doute que rire, quand, à force d’être pompéien, il applaudissait, dans son beau jardin de Bâville, Guy Patin s’écriant : « Si j’eusse été au sénat quand on y tua Jules César, je lui aurais donné le vingt-quatrième coup de poignard. » Mais M. de Malesherbes (ce qui était plus sérieux) disait à propos de ses anciennes liaisons rompues avec les philosophes : « Si je tenais en mon pouvoir M. de Condorcet, je ne me ferais aucun scrupule de l’assassiner. » Mauvaises manières de dire en ces nobles bouches, qui prouvent la part de l’infirmité humaine et du vieux levain toujours aisé à soulever ; pas autre chose. […] On lit dans les notes du Mémorial de Gouverneur Morris (édition française) que, sous le coup du 10 août, M.
Pense qu’un meurtre commis par ta main sur ce brave soldat, son frère, est encore là tout présent à l’esprit de la ville où son cadavre est tombé sous tes coups, et, au-dessus de la place où son sang a coulé, plane la vengeance publique qui attend son assassin ! […] Goethe, très jeune encore à l’époque où son nom avait éclaté tout à coup par Werther en Europe, avait eu la bonne fortune de rencontrer sur les bords du Rhin le jeune prince héréditaire de Weimar, le duc Charles-Auguste. […] L’irrésistible attrait qui attacha pour jamais le prince et le poète ressembla à un de ces coups foudroyants de sympathie dont Goethe fit plus tard une théorie physiologique et morale dans son roman des Affinités électives. […] Sans passer, comme tant d’autres hommes de renommée, par les transes du travail et de l’infortune, il avait conquis du premier coup la plénitude du bien-être, du loisir, des honneurs, de la liberté et de l’influence sur son siècle.
Le poète, atteint de quelques légères blessures, tira sa dague, para les coups, fondit à son tour sur ses assassins, en blessa quelques-uns et contraignit les autres à la fuite. […] Ce coup parut abattre son courage ; il s’adressa au duc de Ferrare pour prévenir ce larcin de sa gloire et de sa fortune. […] Il y a au fond du cœur des hommes nés sensibles une passion ou une maladie de plus que dans les autres hommes : c’est la passion ou la maladie des lieux qui les ont vus naître et dont le nom, le site, le ciel, les montagnes, les mers, les arbres, les images, évoqués tout à coup par un puissant souvenir, se lèvent devant leur imagination avec une telle réalité et une telle attraction du cœur, qu’il faut mourir ou les revoir. C’est une sorte de mirage moral qui suscite des horizons de verdure, de fontaines et de lacs de l’aridité du désert ; c’est le coup qui frappe au cœur le soldat du Tyrol ou de l’Helvétie, quand il entend, à mille lieues de son pays, une note du chant du pasteur des Alpes rassemblant ses troupeaux, et qui le fait languir et se consumer de désir, jusqu’à ce qu’il ait respiré de nouveau une haleine de sa première patrie ; c’est cette nostalgie, véritable démence du souvenir, surajoutée à une autre démence, qui dirigeait instinctivement et comme à son insu le Tasse vers le royaume de Naples.
L’expulsion des protestants a frappé l’industrie nationale d’un coup dont elle a peine à se relever. […] A coup sûr, nous sommes loin avec lui de la vraie vie des champs ; et pourtant certaines descriptions de la vallée du Lignon nous sortent du monde convenu où il nous promène. […] Mêlez à tout cela des satyres qui représentent la brutalité, un peu de magie, des danses champêtres, des travestissements, des vers coulants, faciles, des apostrophes aux oiseaux, aux forêts, à la nature entière, ajoutez-y comme dénouement des mariages où l’on voit des rois épouser des bergères ; vous aurez une idée de la façon dont une société mondaine transpose à son usage les mœurs villageoises, et du même coup vous aurez la preuve qu’à l’agriculture aimée et florissante correspond l’idylle dans le livre et sur le théâtre. […] Veut-on voir grandir soudainement le salaire accordé à leur travail et du même coup les égards accordés à leur personne ?
Madame de Maintenon le tira de son inaction vers 1688, en lui demandant une pièce pour Saint-Cyr : de là le réveil en sursaut de Racine, à l’âge de quarante-huit ans ; une nouvelle et immense carrière parcourue en deux pas : Esther pour son coup d’essai, Athalie pour son coup de maître. […] Avec cette facilité excessive aux émotions, et cette sensibilité plus vive, plus inquiète de jour en jour, on explique l’effet mortel que causa à Racine le mot de Louis XIV, et ce dernier coup qui le tua ; mais il était auparavant, et depuis longtemps, malade du mal de poésie : seulement, vers la fin, cette prédisposition inconnue avait dégénéré en une sorte d’hydropisie lente qui dissolvait ses humeurs et le livrait sans ressort au moindre choc.
Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé. […] C’est dans l’âge au-dessous de vingt ans que les meilleurs coups se ruent : c’est alors qu’il faut faire son emplette. » Il regrette le temps qu’il a perdu jeune à chasser les cailles et à hâter les vignerons (ce dut être pourtant un pauvre chasseur toujours et un compagnon peu rustique que Bayle, et il ne put guère jouir des champs que pendant la saison qu’il passa, affaibli de santé, aux bords de l’Ariége) ; il regrette même le temps qu’il a employé à étudier six ou sept heures par jour, parce qu’il n’observait aucun ordre, et qu’il étudiait sans cesse par anticipation. […] » Dans un autre moment de galanterie, en 1675, il écrit à mademoiselle Minutoli ; et, à cet effet, il se pavoise de bel esprit, se raille de son incapacité à déchiffrer les modes, lui cite, pour être léger, deux vers de Ronsard sur les cornes du bélier, et les applique à un mari : « Au reste, mademoiselle, dit-il à un « endroit, le coup de dent que vous baillez à celui qui vous « a louée, etc. » L’état naturel et convenable de Bayle à l’égard du sexe est un état d’indifférence et de quiétisme.
Ce grand et magnifique édifice de vérités nouvelles ressemble à une tour dont le premier étage, subitement achevé, devient tout d’un coup accessible au public. […] Cela est plus commode pour l’attention paresseuse ; il n’y a que les termes généraux de la conversation pour réveiller à l’instant les idées courantes et communes ; tout homme les entend par cela seul qu’il est du salon ; au contraire, des termes particuliers demanderaient un effort de mémoire ou d’imagination ; si, à propos des sauvages ou des anciens Francs, je dis « la hache de guerre », tous comprennent du premier coup ; si je dis « le tomahawk », ou « la francisque », plusieurs supposeront que je parle teuton ou iroquois360. […] Siéyès a le plus profond dédain pour l’histoire, et « la politique est pour lui une science qu’il croit avoir achevée381 » du premier coup, par un effort de tête, à la façon de Descartes, qui trouva ainsi la géométrie analytique.
Une femme avec deux enfants au maillot, « sans lait, sans un pouce de terre », à qui l’on a tué ainsi deux chèvres, son unique ressource, une autre à qui l’on a tué sa chèvre unique et qui est à l’aumône avec son fils, viennent pleurer à la porte du château ; l’une reçoit douze livres, l’autre est admise comme servante, et désormais « ce village donne de grands coups de chapeau, avec une physionomie bien riante » En effet, ils ne sont pas habitués aux bienfaits ; pâtir et le lot de tout ce pauvre monde. « Ils croient inévitable, comme la pluie et la grêle, la nécessité d’être opprimés par le plus fort, le plus riche, le plus accrédité, et c’est ce qui leur imprime, s’il est permis de parler ainsi, un caractère de souffre-douleur. » En Auvergne, pays féodal, tout couvert de grands domaines ecclésiastiques et seigneuriaux, la misère est égale. […] Et l’on ne sait pas ce qu’on dépouille, ce qu’on croit gouverner, ce qu’à coups d’une plume nonchalante et lâche on croira, jusqu’à la catastrophe, affamer toujours impunément ! […] Éclairé par son instinct féodal et rural, le vieux gentilhomme juge du même coup le gouvernement et les philosophes, l’Ancien Régime et la Révolution.
Du même coup, nous comprenons et nous corrigeons l’erreur dans laquelle tombe naturellement la conscience à propos de la perception extérieure. […] Si au contraire vous lui fléchissez les doigts tout en laissant pendre son bras le long de son côté, l’idée qui s’éveille en lui est celle de soulever un poids ; et, si les doigts sont fléchis, pendant que le bras est porté en avant dans la position de donner un coup, c’est l’idée de boxer qui surgit. » Et aussitôt l’hypnotisé complète l’action, je veux dire qu’il se met à boxer, à soulever péniblement son bras, à remuer ses membres pour grimper, pour se balancer ou pour tirer. […] Cela dura plusieurs semaines, et il commençait à s’inquiéter, quand, tout d’un coup, l’obsession disparut. — Il n’y a pas d’image normale, même la plus ancienne, la plus affaiblie, la plus latente, qui ne puisse végéter et s’amplifier de la sorte, de même qu’il n’y a pas de graine de pavot, la plus petite, la plus abandonnée au hasard, qui ne puisse devenir un pavot.
Il mena une vaste enquête qui aboutit à classer, à trier, parmi l’immense et confus apport de ces cent années qui avaient trouvé le nouveau monde et ressaisi l’ancien, ce qui pouvait être utile, à Montaigne sans doute d’abord, mais du même coup à ses concitoyens, et à tous les hommes qui auraient la tête faite comme lui : tout ce qu’il garda fut soigneusement expertisé, « contre-rôlé », ajusté, adapté, pour l’usage de l’intelligence. […] « En quelque manière qu’on puisse se mettre à l’abri des coups, fût-ce sous la peau d’un veau, je ne suis pas homme qui y reculât : car il me suffit de passer à mon aise ; et le meilleur jeu que je puisse me donner, je le prends, si peu glorieux au reste et exemplaire que vous voudrez239. » Montaigne est de sa nature plus sensible à la douleur physique qu’à la douleur morale : il nous le dit. […] L’humanité a reconnu en lui un exemplaire de sa commune nature ; et pour l’attester il suffira de nommer Bacon qui fait ses Essais à l’imitation de notre gentilhomme périgourdin, Shakespeare, à qui Montaigne peut-être a révélé la richesse psychologique et dramatique de Plutarque, qui à coup sur lisait, annotait, transcrivait parfois Montaigne ; le vieux Ben Johnson même l’avait entre les mains.
Coup sur coup, le voilà académicien513, historiographe du roi et gentilhomme de la chambre, poète officiel, rédacteur politique, négociateur secret : il va réaliser en France ce qui l’avait émerveillé en Angleterre. […] Ayant retourné son sac, il l’avait vidé d’un coup.
Byron perd une partie de sa force en la prodiguant au hasard ; Pouchkine sait la réserver pour des coups décisifs. […] Tout à coup le cheval de Rousslan s’arrête, hérissant sa crinière. […] Après avoir longtemps cherché dans le cœur humain tous les vices, toutes les bassesses, pour les flageller et les bafouer, il s’aperçoit tout à coup qu’à côté de ces honteuses misères, il y a des traits sublimes.
Bossuet la voit tout d’abord et du premier coup ; il ne conçoit pas de grandeur pour les nations hors des vertus qui font la grandeur individuelle de l’homme. […] Il en est une autre plus destructive encore, sur laquelle il est singulier qu’il se taise : c’est le coup porté à la constitution romaine par les Gracques. […] Sa gloire se fait sans aide, et son nom égale tout à coup les plus grands, sans que personne s’y emploie, ni que la mode s’en mêle.
Il se précipite dans la mêlée ; mais le malheur est que, chaque fois qu’il écrase un cavalier, le cheval est du même coup broyé, comme le papillon qu’un enfant saisit et serre dans sa main maladroitement meurtrière. […] Dans une partie d’échecs, ils abattent d’un coup d’échiquier leur adversaire qui est sur le point de gagner. […] Elle croyait que Zamore, son amant, son fiancé, avait péri, quand tout à coup elle se retrouve en sa présence.
Il y a un soldat de moins dans la file : on serre les rangs ; le coup qui l’a frappé n’a rien de très effrayant pour les autres. […] Les heures s’écoulent, la nuit s’avance ; la pendule seule s’en aperçoit : et quand ses coups réitérés donnent, comme avec impatience, le signal du départ, on quitte ou pour le repos ou pour le travail solitaire cette conversation, qui est elle-même le délassement le plus délicieux et le plus fécond des travaux. […] J’ouvre après coup mon Mémorial de Sainte-Hélène, et je trouve que l’Empereur voulait faire de Corneille, non pas un ministre, mais un prince ; ce qui, au point de vue du travail imposé, n’est pas du tout la même chose.
Jusque-là, elle avait été une enfant très vive et très bruyante ; mais à cette époque (avril 1819), la nature passionnée et tout extérieure de l’enfant dut se rasseoir sous le coup de cette mort d’une mère, qui la faisait mère à son tour. […] Le coup parti, la fumée évanouie, le front pâle et doux reparut, toujours le même, aux yeux de l’enfant désespéré. […] Elle quittait parfois sa terrasse et sa tourelle du Cayla, et s’enfermait une huitaine à ce Rayssac, par exemple, qu’elle nous a peint en trois coups, à la manière noire de son frère : « Rayssac, montagnes aux croupes de chameau, au front hérissé de forêts et de rochers, nature agreste et sauvage » Elle avait même ailleurs que dans son voisinage des amies épistolaires, qui devinrent plus tard des amies complètes, et c’est ici que nous touchons au grand événement et au seul bonheur, très vif, de cette existence que Dieu s’était, à ce qu’il semblait, particulièrement réservée : nous voulons dire au voyage à Paris de la bergère du Cayla et au mariage de son frère.
Refusant de parvenir, l’homme qui travaille pour le peuple d’où il est sorti par l’éducation, où il revient par le sacrifice, apprend à le préférer dans ses vertus et se promet de le guérir de ses vices… Dès lors, un élargissement se produit du métier à la classe, de la classe à la nation, de la nation aux diverses confédérations nationales et à la confédération terrestre : l’ambition individuelle et les ambitions nationales se taisant, leur conflit cessera et le travail terrestre s’accomplira pour la première fois dans la paix, Tout d’un coup, le 26 novembre, il s’élève sur son sommet et s’épanouît dans la note suivante : « Considérant la guerre, je ne veux plus être révolutionnaire pour la classe ouvrière seule, mais pour tout l’homme. […] » Voilà l’effort, le cri d’une conscience en travail, sous le coup de la guerre. […] Il va pour la première fois en permission et à son retour écrit sur son carnet : 25 septembre 1915. — … Je serais chef de quelque chose, je ramasserais tous ceux qui trouvent que c’est long, qui veulent signer la paix, et les amènerais ici à coups de trique.
Ainsi les nouveaux « citoyens romains » de toutes provenances entraient dans les cadres de la société romaine, mais sans briser du même coup tous les liens de la race et du sol : ils se groupaient encore par « peuples » pour adorer un même dieu. […] Il est remarquable que, dans les pays absolutistes, les Églises sont le plus souvent autocéphales et font un avec l’État ; les individus y perdent du même coup cette faculté de recourir contre la puissance gouvernante, et de lui dérober une part de leur personnalité, que l’indépendance de l’Église vis-à-vis de l’État a plus d’une fois garantie174. […] Au contraire, si les différents côtés de sa personne ressortissent à des sociétés différentes, il n’est plus si facile à l’esprit de le classer du premier coup et une fois pour toutes ; nous établissons plus malaisément entre sa valeur et la valeur reconnue de telle collectivité cette solidarité qui nous empêche, comme le veut l’égalitarisme, de rendre à chacun ce qui lui est personnellement dû.
Nous donne-t-il, par exemple, comme échantillon pindarique, la douzième olympique, l’ode à la Fortune, cette hymne courte et sublime, chantée à l’occasion de la victoire, qu’est venu chercher dans les fêtes des grandes cités de la Grèce un Crétois, chassé par une faction de Gnosse, sa patrie, où il avait langui longtemps dans les querelles obscures d’une petite démocratie, il se garde bien d’être simple et uni comme le poëte grec : il ne nomme pas ce coq guerroyant au logis, auquel Pindare compare son jeune héros, avant qu’il eut été délivré par l’exil et jeté par ce coup du sort en Sicile, pour y devenir citoyen paisible de la ville opulente d’Himère, et de là, vainqueur à Olympie : « Je n’ai osé, dit-il, me servir de ce mot de coq3, qui produirait un mauvais effet en français, et qui suffirait pour gâter la plus belle ode du monde. […] Bien des choses adviennent aux hommes contre leur attente et pour leur déplaisir ; et quelques-uns aussi, après s’être aheurtés à d’affreuses tempêtes, ont vu tout à coup le mal se changer pour eux en souverain bonheur. […] On dirait qu’il a devancé ce vœu, tant soit peu contradictoire, que l’impatience des folies populaires arrachait à Platon : « Un bon tyran aidé d’un bon législateur. » C’est ainsi que, dans la grande ode à Arcésilas, roi de la Cyrénaïque, au milieu des traditions de la fable sur les origines de cette colonie dorienne, il profère ces graves paroles, dont la vérité littérale appartient à tous les temps : « Ébranler une cité est chose facile, même aux plus misérables ; mais la rasseoir sur le sol est un rude labeur, à moins que tout à coup quelque dieu ne se fasse le gouverneur de ceux qui conduisent.
Ce sont deux ou trois belles élégies que celles où il essaye de décrire le calme retrouvé ; où il retrouve tout à coup à l’improviste la passion tumultueuse, et où il invoque enfin avec succès la bienheureuse Indifférence : D’un long sommeil j’ai goûté la douceur, etc. […] Un soir qu’on lisait à haute voix et qu’on essayait cette pièce devant quelques personnes, parmi lesquelles une jeune fille spirituelle et pas trop lettrée, que cette poésie mélodieuse avait d’abord ravie : « Mais, s’écria-t-elle tout à coup, savez-vous que ce monsieur est fat ?
Je me mis à intercéder pour cette pauvre bête, mais cela fit redoubler les coups. […] Quand il nous vit, il voulut nous esquiver, mais nous lui donnâmes tant de coups avec nos verges et nos orties qu’il en eut les mains, les jambes et le visage enflés pendant deux ou trois jours, de telle façon qu’il ne put pas aller le lendemain à Péterhof avec nous au jour de Cour, mais fut obligé de rester dans sa chambre.
Comme le solitaire de Bethléem, il avait assisté aux révolutions des empires ; il avait vu tomber Versailles et persécuter le Christianisme ; comme lui, victime d’une mélancolie native que les événements du monde avaient nourrie, il avait cherché dans de lointains exils le remède de ses douloureuses contemplations ; la foi lui était venue de ses larmes, et, purifiant tout à coup son génie jusque-là sans règle, elle lui avait inspiré, sur les ruines de l’Église et de la monarchie, les premières pages qui eussent consolé le sang des martyrs et les tombes de Saint-Denis. […] « Ce qui est certain, c’est que si je vous avais trouvé dans la forêt de Compiègne sur votre cheval, je vous aurais bien donné une douzaine de coups de cravache, en ma qualité de votre père et de votre ami ; ceci ne m’empêche pas de vous embrasser bien tendrement. » On n’est pas plus aimable et plus cavalier en ne voulant pas l’être.
Il a décrit en des termes d’une saisissante vérité ces commencements presque imperceptibles, cette lueur, cette étincelle, ce premier signe de vie, ce pouls qui se remet à battre, ce sang qui afflue tout d’un coup au cœur ; et aussitôt que s’entendit le murmure et que le tintement se fit,« tout le monde, s’écrie-t-il, s’éveilla : on chercha en s’éveillant comme à tâtons les lois, on ne les trouva plus, l’on s’effara, l’on cria, l’on se les demanda… » Cet admirable exorde des Mémoires politiques de Retz pourrait s’intituler : Comment les révolutions commencent : ayons le présent à la pensée pour apprendre comment elles s’évitent. — Mais ici ce n’est pas au point de vue du public, c’est au point de vue du gouvernement que je me place, et c’est le gouvernement qui a dû s’effarer tout le premier et se tâter pour savoir s’il était bien le même ; c’est lui qui a dû s’étonner de ne plus trouver un matin autour de lui ce qui y était la veille et se demander à son tour : Comment se fait-il que cette opinion qu’il y a quelques mois encore on supposait disciplinée et soumise, et quelque peu sommeillante, se soit tout d’un coup réveillée ?
Les douleurs les plus fugaces deviennent des points d’orgue, les coups de couteau, qui d’abord dépassaient à peine l’épiderme, creusent profondément la chair. […] Douleurs névralgiques « qui lui coupaient en deux la face, frappaient à coups continus les tempes, aiguillaient les paupières, provoquaient des nausées qu’il ne pouvait combattre qu’en s’étendant sur le dos, dans l’ombre ».
Je pris de la main gauche le trésorier et m’en servis comme d’un bouclier ; et, tirant Durandal du fourreau, je la dirigeai vers le roi qui s’avançait pour me frapper ; d’un coup, je fendis le pavé, j’ouvris la terre jusqu’aux abîmes où Neptune fut frappé de stupeur. […] bonne à marier, tu ne sais pas encore donner un coup de pioche ou planter un chou ?
Il y a quelque chose de vraiment comique dans cette mauvaise humeur qui s’est tout à coup révélée contre les libres penseurs, comme si, après tout, le résultat de leurs spéculations leur était imputable, comme s’ils avaient pu faire autrement, comme s’il eût dépendu d’eux de voir les choses autrement qu’elles ne sont. […] Un livre n’a de succès que quand il répond à la pensée secrète de tous ; un auteur ne détruit pas de croyances ; si elles tombent en apparence sous ses coups, c’est qu’elles étaient déjà bien ébranlées.
Pour cesser d’être juif, on ne devenait pas romain ; on restait sans défense sous le coup d’une législation théocratique de la plus atroce sévérité. […] » Jésus perça au cœur l’hypocrisie, et du même coup signa son arrêt de mort.
L’animal produit plusieurs mouvements et voit que l’un d’eux n’est pas suivi de coups ; ces deux faits, un mouvement produit et l’absence de coups, se lient dans son esprit, et le *premier pas de son éducation est fait.
A l’actif de cette pièce, si froidement positive qu’on peut lui appliquer le langage des affaires, il faut porter, avec la scène émouvante et vraie de l’abandon du prologue, les deux premiers actes fortement conduits, et où chaque situation fait coup double. […] Sa rencontre avec la drôlesse est un des piquants intermèdes de la comédie, il s’est avisé d’abord de la plaisanter, du ton dégagé de ceux qui la payent : sur quoi, la dame, ravie de pouvoir mépriser quelqu’un, lui coupe la parole d’une réplique cinglante comme un coup de cravache.
Bossuet le confirme dans ces sentimens, se précipite à ses genoux, lui demande pardon de ne l’avoir pas instruit plutôt de ce qui se passoit près de son trône, & d’avoir trop ménagé l’archevêque de Cambrai, dans le temps même qu’il lui porte le coup le plus sensible. […] Enfin le dernier coup est porté.
Sans Richelieu, — qui paraît tout à coup dans sa vie et dont la confiance donne du sérieux à ce singulier capitaine qui, devant Casal, vole la croix du légat et fait faire la paix à force de coups de chapeau et en criant : La paix !
pour s’en faire un argument, l’opinion chancelante du cardinal de Lorraine, raffermi tout à coup dans sa foi et son orthodoxie par le coup de providence de l’assassinat de son frère, le grand duc de Guise.
III L’un est l’auteur d’Une Année dans le Sahel 32, qui n’en est pas à son coup d’essai en fait de voyages, car il nous a donné déjà Un Été dans le Sahara. […] Mais ce qui ne sera pas perdu pour l’historien de la Commune, c’est, dans un récit nécessaire dont l’humanité ne pouvait se passer, d’être arrivé à temps, comme on arrive à temps dans la bataille, et du même coup dans la victoire et l’immortalité !
Et du même coup nous démêlerons certains postulats que cette théorie implique. […] Pour bien comprendre la « contraction » qui va s’ensuivre, nous n’avons qu’à examiner les figures de lumière successives, en tenant compte de ce que ce sont des figures, c’est-à-dire des tracés de lumière que l’on considère tout d’un coup, et de ce qu’il faudra cependant en traiter les lignes comme si elles étaient du temps.
Thompson, après avoir décrit toutes les découvertes de ce grand homme sur la gravitation, sur les comètes, sur la lumière, sur la chronologie, après avoir peint la douceur de ses mœurs et l’élévation tranquille et calme de son caractère, s’interrompt tout à coup : « N’entends-je pas, dit-il, une voix semblable à celle qui annonce les grandes révolutions sur la terre ? […] Arrêtez, s’écrie le poète ; que de faibles larmes ne coulent pas pour lui, c’est sur la tombe de la beauté, de la jeunesse et de l’enfance qu’il faut pleurer ; c’est là qu’il faut porter vos chants funèbres ; mais Newton veut d’autres hommages. » Puis tout à coup il s’écrie : « Honneur de la Grande-Bretagne, ô grand homme !
Sainte-Beuve, s’animant tout d’un coup, éclata : « Ah çà, dit-il, est-ce que vous voulez que je me déshonore (je garantis le mot) ?
L’éditeur y parle des tours de force plaisans ou bizarres de la littérature présente, et à voir, selon lui, le nouveau poète armé de la massue, « vous diriez un athlète sans draperies, entraîné tout à coup dans un cirque de théâtre, parmi des danseurs couverts de paillettes et étincelants d’or faux ».
Surtout il trouve, du premier coup, ingénieusement, le trait caractéristique.
Et comme il est bien fait pour la voix, cet hexamètre mâle, avec ses mots qui donnent le frisson, et ces élans cornéliens pareils à de grands coups d’ailes !
. — La Peur des coups, un acte (1895). — Le Droit aux étrennes, un acte (1896). — Un client sérieux (1897). — Hortense, couche-toi, un acte (1897). — M.
Roumanille obtint ce succès du premier coup ; et comme, en toute occasion, il continua de chanter, ici un conte joyeux, là une élégie, comme il joignait d’ailleurs à cette œuvre de rénovation poétique un apostolat social et défendait les vieilles mœurs au milieu des fièvres de 1848, il devint bientôt le chef d’un travail d’esprit qui fut un véritable événement, pour la Provence, durant plusieurs années.
La passion ne guidera point ma plume ; & en dirigeant mes coups contre une cabale audacieuse, je respecterai toujours ces vrais Philosophes, ces sages Immortels qui honorent l'humanité en l'instruisant, & pour qui le nom odieux de Secte seroit une injure ».
Enfin ce fut le tour des écrivains que nous allons étudier et aujourd’hui, l’accueil qu’ont reçu certains romans russes, a fait entreprendre d’un coup un nombre considérable de traductions, dont il faut bien que la vente paraisse assurée.
Gusman est aussi fier que le fils de Pélée : percé de coups par la main de Zamore, expirant à la fleur de l’âge, perdant à la fois une épouse adorée et le commandement d’un vaste empire, voici l’arrêt qu’il prononce sur son rival et son meurtrier ; triomphe éclatant de la religion et de l’exemple paternel sur un fils chrétien : (À Alvarez.)
Enfin, il aperçoit au loin une haute structure, dont les marches magnifiques s’élèvent jusqu’aux remparts du ciel… Perpendiculairement au pied des degrés mystiques, s’ouvre un passage vers la terre… Satan s’élance sur la dernière marche, et plongeant tout à coup ses regards dans les profondeurs au-dessous de lui, il découvre, avec un immense étonnement, tout l’univers à la fois.
De stupides et furieux hérésiarques, assez semblables aux puritains de Cromwel, hachèrent à coups de sabre les mosaïques de l’église de Notre-Dame de Constantinople et du palais des Blaquernes.
Je passe devant la maison de Michas… et tout à coup je vois quelque chose qui, partant du sol, montait si haut que mes yeux n’en pouvaient voir la fin.
Vous vous souvenez que ce fut d’abord sous un grand coup d’enthousiasme.
La plupart des situations et des coups de théâtre sont plus propres à éblouir la multitude qu’à satisfaire les connaisseurs. […] Longepierre lui a fourni le plan, la coupe des scènes, et le coup de théâtre d’Électre qui va poignarder son frère, croyant tuer son assassin. […] Dans le cours de la pièce, l’action ne fait pas même un pas, quoique les coups de théâtre soient fréquents, et qu’il règne sur la scène beaucoup de fracas et de confusion. […] C’est dans la nature même, c’est dans l’explosion et le choc des passions qu’il faut choisir les coups de théâtre, et non pas dans des tours et des prestiges de joueur de gobelets. […] que plus on est grand ; plus vos coups sont à craindre !
Il l’est, malgré son goût de « l’énergie » et des coups de couteau, essentiellement. […] Du premier coup, dès ses premiers commencements, il adore les dieux consacrés du scepticisme, Montaigne, Gabriel Naudé, Bayle par-dessus tout. […] Tout cela, c’est arrangement fait après coup et vraiment arbitraire. L’histoire « acquiert, après coup, un semblant de raison qui abuse. […] Du premier coup, Sainte-Beuve en vit le point faible.
Caro qui les fit connaître tout d’un coup. […] Tout à coup le pape arrêta l’enquête. […] Le premier coup de minuit le réveilla. […] Le poignard de Brutus dissipa d’un coup cet enchantement de la villa du Tibre. […] Le poète, à ce coup, accorde trop au scribe.
encore un coup, qui oserait parler de cette honteuse plaie de la nature, de cette concupiscence qui lie l’âme au corps par des liens si tendres et si violents, dont on a tant de peine à se déprendre, et qui cause aussi dans le genre humain de si effroyables désordres ? […] Qui de nous, jeté dans ce monde, éclairé ou corrompu peut-être par la sagesse du siècle, n’a été épouvanté en se trouvant tout à coup sans règle fixe, sans principes certains, sans boussole protectrice sur cette mer orageuse et infidèle ? […] La domesticité indienne capitula ; le porteur d’eau mit bas son outre, apprit à sécher des plantes entre deux feuilles de papier ; et quant à Jacquemont, cette grande manière d’imposer le respect a des domestiques lui concilia tout d’un coup, et au-delà de tout ce qu’on pourrait croire, la considération des Indiens. […] Est-ce un coup de tête de la Compagnie ? […] Saint-Julien s’enfuit ; mais arrêté, plongé dans un cachot, il reçut la visite du professeur Cantharide, et apprit par lui que la princesse était mariée, très satisfaite de son mari, et au demeurant la plus honnête femme de la Péninsule ; ce dont Saint-Julien ne doutait plus depuis le coup de poignard.
Tout à coup, l’Impératrice se lève en disant : « Ah ! […] Tout à coup, une détonation fit trembler les vitres de la salle. […] Le coup fut si rude, dit Agrippa d’Aubigné, qu’on entendit craquer la fracture, et que l’os perça la botte. […] Il ne s’est jamais relevé de ce coup. […] Tout à coup, il poussa un cri.
. — Montalembert et lui sont bien de la même volée ; ils représentent l’école romantique catholique, le De Maistre après coup et, s’il est possible, exagéré ; rien qui puisse vivre et, le moins du monde, convaincre ou persuader.
Casimir a été proprement le poëte de la classe moyenne, il lui allait en tout ; elle ne laissa jamais rien échapper de ses mérites, car rien chez lui ne la dépasse, tandis que Béranger, le poëte du peuple ou des malins, et Lamartine, le poëte des âmes d’élite, échappent aux classes moyennes à chaque coup d’aile.
Pour le coup, monsieur, vous vous attendez à des révélations sincères : patience, elles sont manuscrites encore ; jusqu’ici nul aveu éclatant qui motive cette boutade de repentir ; on sent que la chasteté et la dévotion de 1800 ont passé là-dessus, et que madame de Genlis a effacé ses fautes avec ses larmes.
Gustave Geffroy Le débutant qui écrit les Amoureuses, et bientôt, après, la Double Conversion, a lu en artiste les poètes du xvie siècle, a compris du premier coup le joli français résumatoire de La Fontaine, a aimé l’accent nerveux et passionné de Musset.
Dans le tableau d’un prétoire de police correctionnelle, tous les détails sont d’une réalité pittoresque et âpre : Un Christ au-dessus d’eux regardait tout cela ; En face, tout debout, l’homme se tenait là, Son mouchoir à la main pour cacher sa figure ; C’était un pauvre diable à la tâte un peu dure ; Il avait l’air stupide et sombre, il parlait bas ; Il était sous le coup de cet écrasement De démentir des gens ayant fait leurs études !
Comme on voit quelquefois dans l'Ardenne fameuse, Et dans les prés herbus où le Rhin joint la Meuse, Deux furieux taureaux par l'amour courroucés, Se heurter fiérement de leurs fronts abaissés : Le troupeau plein d'effroi regarde avec silence ; Le nombre des Pasteurs cede à leur violence : Les deux vaillans rivaux se pressant rudement Des cornes l'un sur l'autre appuyés fortement, Redoublent, sans cesser leurs cruelles atteintes ; De longs ruisseaux de sang leurs épaules sont teintes ; Ils mugissent des coups d'un cri retentissant, Et toute la forêt répond en mugissant…… Ajoutons encore ce morceau sur la briéveté de la vie, & nous ne serons point étonnés que l'Auteur du Lutrin & celui de la Henriade n'aient pas dédaigné de s'approprier plusieurs traits de ce Poëte, injustement oublié.
Le foyer, qui est notre cœur même ; le champ, où la nature nous parle ; la rue, ou tempête, à travers les coups de fouet des partis, cet embarras de charrettes qu’on appelle les événements politiques.
La comédie d’intrigue est celle où l’auteur place ses personnages dans des situations bizarres et plaisantes qui naissent les unes des autres, jusqu’à ce que D’un secret, tout à coup la vérité connue, Change tout, donne à tout une face imprévue, et amène le dénouement.
Satan, s’apprêtant à combattre Michel dans le paradis terrestre, est superbe ; le Dieu des armées, marchant dans une nuée obscure à la tête des légions fidèles, n’est pas une petite image ; le glaive exterminateur, se dévoilant tout à coup aux yeux de l’impie, frappe d’étonnement et de terreur ; les saintes milices du ciel, sapant les fondements de Jérusalem, font presque un aussi grand effet que les dieux ennemis de Troie, assiégeant le palais de Priam ; enfin il n’est rien de plus sublime dans Homère, que le combat d’Emmanuel contre les mauvais anges dans Milton, quand, les précipitant au fond de l’abîme, le Fils de l’Homme retient à moitié sa foudre, de peur de les anéantir.
Déjà l’Océan se creuse pour engloutir les matelots ; déjà les vagues, élevant leur triste voix entre les rochers, semblent commencer les chants funèbres ; tout à coup un trait de lumière perce la tempête : l’Étoile des mers, Marie, patronne des mariniers, paraît au milieu de la nue.
L’enfer est partout où je suis, moi-même je suis l’enfer… Ô Dieu, ralentis tes coups !
Il en avait les mœurs ; il en avait l’audace désespérée et la corruption, cette audace de joueur qui à tout coup joue le va-tout de sa vie, et telle avait été la sienne.
Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle La marche que nous avons tracée ne fut point suivie par Carthage, Capoue et Numance, ces trois cités qui firent craindre à Rome d’être supplantée dans l’empire du Monde.