Mot mal choisi, que leur prétention a imposé même à ceux qui n’admettent pas leur prétention. […] Je serais bien capable de porter à l’auteur d’À Rebours le même défi : « Après les Fleurs du mal, dis-je à Baudelaire, — il ne vous reste plus, logiquement, que la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix. » Baudelaire choisit les pieds de la croix. Mais l’auteur d’À Rebours les choisira-t-il ?
L’esprit pur implique un refus de choisir, l’acte créateur implique une obligation de choisir. […] En tant que poète, il choisit de ne pas être un esprit, et d’être un homme. Il choisit d’être celui qui choisit et non celui qui refuse de choisir. […] Ainsi le sacrifice des signes qui ne seront pas choisis est un sacrifice fécond, comme celui d’Iphigénie, et donne la victoire au signe choisi. […] Dans le Poème l’âme immatérielle n’est pas mariée à une âme matérielle qu’elle aurait reçue sans la choisir, sans la vouloir ; une âme se choisit, se fait, se veut librement une matière.
Il avait donc d’excellentes raisons pour se tourner d’un autre côté : il a choisi la chanson. […] Une image bien choisie frappe vivement son imagination et se grave sans peine dans sa mémoire. […] Une reine amoureuse d’un laquais, tel est le sujet choisi et traité par M. […] Hugo sur parole, l’auteur pousse la condescendance jusqu’à choisir une preuve entre mille. […] que choisir parmi toutes les merveilles qu’il met à leur disposition ?
Heureusement ce petit journal, qui s’intitulait Éphèmèrides comme celui de Casaubon, a été presque tout entier brûlé, et par lui-même ; il n’en est resté qu’un cahier, choisi comme à plaisir12. […] Si j’ai choisi un si petit champ à défricher, c’est que mes ressources ne sont pas grandes ; ingeniolum tenue. […] Lorsque l’esprit est entièrement libre et qu’on le laisse se diriger la bride sur le cou du côté qu’il veut, il choisit naturellement ce qu’il aime. […] Le belliqueux choisit l’Iliade pour lecture ; le voyageur, l’Odyssée ; le voluptueux se détourne vers Tibulle ou Ovide : ainsi fait le commentateur. […] Un jour, l’idée lui prit de traduire quelque chose du portugais (car il le savait aussi) : qu’alla-t-il choisir dans cette littérature si peu connue ?
Mais alors, s’il prévoit un tel résultat, pourquoi choisir ce thème ? […] Mais quel sujet contemporain choisir ? […] J’ai depuis longtemps la pensée, que je t’ai exprimée, je crois, de choisir dans cette grande étendue de temps qui va de 1789 jusqu’à nos jours, et que je continue à appeler la Révolution française, les dix ans de l’Empire, la naissance, le développement, la décadence et la chute de cette prodigieuse entreprise. Plus j’y réfléchis, et plus je crois que l’époque à peindre serait bien choisie : en elle-même, elle est non-seulement grande, mais singulière, unique même. ; et cependant, jusqu’à présent, du moins à mon avis, elle a été reproduite avec de fausses ou de vulgaires couleurs. […] S’occupant d’une époque très-vaste et très-éloignée, il pouvait ne choisir que de loin en loin les plus grands faits et ne dire, à propos de ces faits, que des choses très-générales : s’il avait dû se renfermer dans un espace de dix ans, et chercher son chemin à travers une multitude de faits détaillés et précis, la difficulté de l’œuvre eût été beaucoup plus grande assurément.
Le trait final est aussi le plus perfide et le plus humiliant ; on l’y montre comme s’attachant à tout prix à la célébrité de M. de Voltaire : « C’est lui qui la rend l’objet de l’attention du public et le sujet des conversations particulières ; c’est à lui qu’elle devra de vivre dans les siècles à venir, et, en attendant, elle lui doit ce qui fait vivre dans le siècle présent. » Pour compléter la satire, il faut joindre à ce portrait de Mme du Châtelet, par Mme Du Deffand, les lettres de Mme de Staal (de Launay) à la même Mme Du Deffand, où nous est représentée si au naturel, mais si en laid, l’arrivée de Mme du Châtelet et de Voltaire, un soir chez la duchesse du Maine, au château d’Anet : « Ils apparaissent sur le minuit comme deux spectres, avec une odeur de corps embaumés. » Ils défraient la société par leurs airs et leurs ridicules, ils l’irritent par leurs singularités ; travaillant tout le jour, lui à l’histoire, elle à Newton, ils ne veulent ni jouer, ni se promener : « Ce sont bien des non-valeurs dans une société où leurs doctes écrits ne sont d’aucun rapport. » Mme du Châtelet surtout ne peut trouver un lieu assez recueilli, une chambre assez silencieuse pour ses méditations : Mme du Châtelet est d’hier à son troisième logement, écrit Mme de Staal ; elle ne pouvait plus supporter celui qu’elle avait choisi ; il y avait du bruit, de la fumée sans feu, il me semble que c’est son emblème. […] Si vous êtes femme, si vous êtes sage, et si votre cœur, tout en prenant feu, se donne encore le temps de choisir, écoutez un conseil : n’aimez ni Voltaire, ni Jean-Jacques, ni Goethe, ni Chateaubriand, si par hasard il vous arrive de rencontrer de tels grands hommes sur votre chemin. […] un bonheur obscur vaudrait bien mieux. » S’il avait choisi et embrassé cette obscurité qu’elle lui désire, elle ne l’aurait peut-être pas choisi lui-même, et sans doute elle l’en aimerait moins. […] Mme du Châtelet ne pouvait réussir à lui rendre le calme et à lui persuader que le bonheur de deux êtres choisis, qui cultivent ensemble la philosophie et les lettres, ne saurait dépendre de misérables insultes parties de si bas.
. — Œuvres choisies, 1849.) […] Didot une édition portative des Œuvres choisies de Pasquier, et il a fait passer dans deux élégants in-18 un excellent extrait des deux in-folio de son auteur. […] Pasquier lui répond que si l’on pouvait librement choisir, et que si l’on était à commencer sa carrière, il faudrait appliquer ici le précepte des médecins sur la peste : Partir tôt, aller loin, et revenir tard : « Mais puisque chacun de nous a passé plus de la moitié de son âge, même que vous, depuis dix-sept ou dix-huit ans en çà, avez été appelé aux plus belles charges de notre robe, il me semble qu’il nous faut résoudre de vivre et mourir comme bons citoyens avec notre État. » Le conseil qu’il donnait là à Pibrac, il le pratiqua aussi pour lui-même : on le vit dans la seconde moitié de sa carrière, lorsqu’il eut passé du barreau dans les rangs de la haute magistrature et qu’il fut devenu avocat général en la Cour des comptes (1585), en remplir tous les devoirs, y compris l’exil, et s’attacher invariablement à toutes les fortunes qui ballottèrent, durant la Ligue, les débris du Parlement et des cours souveraines de la France. […] Mais voilà que, le roi étant au Louvre, tout le Parlement s’achemine en robes rouges par devers lui, lequel, infiniment ébahi de ce nouveau spectacle en temps et lieux indus, s’informe d’eux de ce qu’ils lui vouloient demander. — La mort, sire (répondit le seigneur de La Vacquerie, premier président, portant la parole pour toute la compagnie) ; la mort qu’il vous a plu nous ordonner, comme celle que nous sommes résolus de choisir plutôt que de passer votre édit contre nos consciences. […] Je n’ai pu que choisir, en courant, quelques points dans la carrière de Pasquier, dans cette existence si remplie et qui prêterait pour l’étude à tant d’aspects différents.
. — Choix et succession des idées Ces premiers points étant acquis, le travail qui reste à faire consiste principalement à régler le nombre, la subordination et les proportions réciproques des parties que l’œuvre doit comprendre, à choisir parmi toutes les idées que la réflexion a suggérées celles qui doivent y être reçues, à déterminer enfin l’ordre dans lequel elles seront employées. […] Selon l’étendue que vous pourrez donner à l’œuvre, chaque section aura plus ou moins de développement : mais, quelles que soient les dimensions qui vous seront imposées ou que vous choisirez, les proportions ne varieront pas. […] Vous ne sauriez trop vous astreindre à choisir sans indulgence : ce n’est pas assez qu’une chose puisse se dire, il faut qu’elle doive se dire. […] Et il faut choisir entre toutes ces possibilités : il faut couper la communication entre une idée et toutes les autres sauf deux, dont l’une la précédera et l’autre la suivra ; il faut lui fermer toutes les places qu’elle peut occuper, sauf une seule.
L’intelligence exacte du vocabulaire et de la syntaxe de l’auteur, dans la page qu’on a choisie, n’est pas nécessaire seulement pour fixer le sens littéral, mais elle prépare la connaissance fine des nuances de l’idée ou de la forme. […] Je veux dire qu’il faut essayer de mettre en lumière l’intérêt ou psychologique, ou philosophique, ou historique (principalement pour l’histoire des idées, du goût, de la civilisation) du texte choisi, et d’en faire sentir la valeur esthétique, la beauté. […] On ne peut tout étaler ; il est légitime de choisir, entre les intérêts divers, celui qui nous paraît essentiel ou supérieur. […] Un esprit gagné à la fine psychologie de Marcel Proust, et à la métaphysique qui s’y implique, soutiendrait sans doute que le moi et le non-moi sont inséparablement mêlés dans nos perceptions et notre connaissance, que s’il y a une réalité extérieure, elle ne se révèle à nous que par des réactions qui ne sont jamais les mêmes au même instant chez deux hommes, ni chez le même homme à deux moments différents, que nous sommes dans l’impossibilité de choisir entre les vingt images d’une personne que la vie a mises en nous, qu’il n’y en a pas une qui soit la seule vraie ni la plus vraie, ou que toutes sont vraies également, sans que nous puissions y distinguer ce qui est de l’objet perçu et ce qui est du sujet sentant.
Il ne choisissait pas les sujets de ses poèmes ; il était inapte à disposer froidement les parties d’une œuvre en vue d’un idéal préconçu ; l’objectif l’émouvait peu. […] S’il faut que notre admiration et notre sympathie choisissent parmi les poètes un nom comme un symbole, c’est de celui de M. […] Je crois qu’il faut connaître tout Verlaine pour pouvoir l’aimer autant qu’il mérite d’être aimé, et je ne choisis pas. […] D’abord il semble ne confesser, n’extérioriser, n’exalter que lui-même, mais il se trouve que cet être choisi est tellement d’accord avec les idées de son siècle, avec l’incessante évolution de l’humanité, qu’il s’affirme : la conscience de tous.
Choisissez. — Je vous remercie, mais je ne choisis pas. […] Lorsque le cours de la logique portait le professeur d’analyse vers des endroits plus riants et plus agréables, il ne s’en détournait pas ; il consentait parfois à ramasser sous ses pas quelques fleurs littéraires ; il choisissait volontiers celles qui, simples et populaires, pouvaient se montrer sans disparate au milieu des raisonnements psychologiques, comme un bluet dans une gerbe d’épis mûrs. Il raillait les métaphysiciens amateurs de métaphores, pour qui « l’entendement est le miroir qui réfléchit les idées », et qui définissent la volonté « une force aveugle guidée par l’entendement, éclairée par l’intelligence. » Mais au même instant il joignait l’exemple au précepte, et disait dans ce style choisi dont ses maîtres lui avaient donné le modèle : L’homme est porté à tout animer, à tout personnifier, à mettre quelque chose d’humain jusque dans les objets qui ont le moins de rapport à sa nature.
Mais le jeune Bonaparte, choisi par Barras pour veiller à la défense de l’Assemblée, ne se laissa pas prendre au dépourvu ; il manœuvra autour des Tuileries avec autant de résolution qu’au milieu d’un champ de bataille, et, selon l’expression de M. […] Soit effroi réel, soit calcul d’ambition, l’ancien parti thermidorien, avec Tallien son chef, revint presque à la Montagne, proposa de suspendre la Constitution, et d’exclure le tiers, librement choisi, qui l’avait été dans le sens des réactionnaires. […] Seulement, pour donner plus de garanties à la Révolution, il fut décidé de ne choisir les prochains directeurs que parmi les Conventionnels régicides.
D’autre part, quand on s’occupe de disposer les matériaux qu’on a amassés, et qu’on s’ingénie à trouver le meilleur ordre qui éclaire et mette en valeur les idées qu’on a choisies, l’activité inventive de l’esprit ne se repose pas pour cela. […] Si l’on n’avait d’abord, par une aventureuse et libre recherche, récolté de tous côtés les matériaux qu’on emploiera, si l’on n’avait poussé son exploration en tous sens, un peu au hasard, prenant sans compter, fourrant pêle-mêle dans son sac tout ce qui pourra servir, sans trop s’embarrasser de savoir comment et quand il servira, si l’on n’avait battu tous les buissons, à gauche, à droite, devant, derrière, fait mille tours, s’arrêtant, allant, revenant, s’écartant, comme le chasseur qui sait qu’il y a du gibier dans une région, sans savoir où il est, il serait prématuré de choisir l’ordre selon lequel on traitera son sujet.
Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes Des que l’attrait principal de la poësie et de la peinture, dès que le pouvoir qu’elles ont pour nous émouvoir et pour nous plaire vient des imitations qu’elles sçavent faire des objets capables de nous interresser : la plus grande imprudence que le peintre ou le poëte puissent faire, c’est de prendre pour l’objet principal de leur imitation des choses que nous regarderions avec indifference dans la nature : c’est d’emploïer leur art à nous répresenter des actions qui ne s’attireroient qu’une attention mediocre si nous les voïions veritablement. […] Nous loüons l’art du peintre à bien imiter, mais nous le blâmons d’avoir choisi pour l’objet de son travail des sujets qui nous interessent si peu.
Je voudrais bien que Mr le professeur [me dît] quel est le moment qu’il a choisi. […] Halle a choisi l’instant défavorable dans sa prédication de St Vincent de Paule ; mais sa composition n’est pas sublime.
Les nerfs afférents apportent au cerveau une excitation qui, après avoir choisi intelligemment sa voie, se transmet à des mécanismes moteurs créés par la répétition. […] Car si l’ensemble de nos images passées nous demeure présent, encore faut-il que la représentation analogue à la perception actuelle soit choisie parmi toutes les représentations possibles. […] Dans l’effort d’attention, l’esprit se donne toujours tout entier, mais se simplifie ou se complique selon le niveau qu’il choisit pour accomplir ses évolutions. […] Toutes ces images s’entasseront-elles dans le cerveau, ou, si le cerveau choisit, quelle est celle qu’il préférera ? Admettons pourtant qu’il ait ses raisons pour en choisir une : comment ce même mot, prononcé par une nouvelle personne, ira-t-il rejoindre un souvenir dont il diffère ?
Or, de telles opinions étant données, n’est-il pas étonnant que, voulant traiter un sujet d’histoire, Prescott ait, précisément, choisi celui-là ? […] Mais que Prescott s’en soit allé choisir le règne de Philippe II entre tous, ce règne aussi éloigné de la préoccupation américaine que le règne de Rhamsès II l’Égyptien, et que, l’ayant choisi (ce qui est plus fort !)
Ces œuvres choisies de Camille Desmoulins (pourquoi choisies ? […] Il y a là une fièvre de sang dont on s’étonne, jusqu’à l’horreur, de voir frissonner cette nature sensible, comme disent les badauds ou les Tartuffes de sentiment (qu’ils choisissent !)
Le mot est mal choisi ; et, en général, dès que M. de Pontmartin veut élever son style, il lui arrive de manquer de propriété dans les termes. […] Enfin, après une vague et partiale peinture de l’état des Lettres sous les divers régimes qui se sont succédé depuis cinquante ans, et encore sous le coup de la Révolution de Février, qui le préoccupe extraordinairement, et qui n’a été, après tout, qu’une révolution plus ou moins comme une autre, il en vient à établir son principe et à proclamer son spécifique littéraire, — le mot peut paraître assez naïvement choisi : « Il fallait, s’écrie-t-il, il fallait (au lendemain de cette Révolution) proclamer le spiritualisme chrétien dans l’art, comme le seul spécifique assez puissant pour le guérir (pour guérir l’art, entendons-nous bien), comme la seule piscine assez profonde pour le laver de ses souillures. » Remarquez-vous comme ces esprits chastes, sitôt qu’ils se mêlent de critique, sont continuellement préoccupés et remplis d’immondices et de souillures ? […] La pauvre enfant qui ne sait rien, qui ne voit que rarement cette mère capricieuse et inégale, pour laquelle, du plus loin qu’elle s’en souvienne, elle s’est pourtant autrefois prononcée dans le cabinet du magistrat, lorsqu’il lui fut demandé de choisir entre elle et son père, la pauvre Aurélie arrive à l’âge de dix-sept ans, sans s’être rendu compte des difficultés de sa destinée. […] Avant de permettre à Jules de choisir pour compagne de sa vie Aurélie, que doit faire un homme sage, prudent, éclairé, comme on nous peint M. […] Et ce père, de la part de qui le magistrat lui remet une lettre cachetée et de très ancienne date, qui était en dépôt chez lui, une lettre à grandes phrases et passablement déclamatoire, est-il naturel qu’il en ait voulu pendant dix ans à sa fille (car il a beau dire, il lui en veut), pour un mouvement d’enfant qui, entre les deux, lui a fait choisir sa mère ; que, pendant dix ans, il ne lui donne aucun signe d’affection et qu’il la mette, quand elle reviendra à lui, dans cette alternative cruelle de tout ou rien ?
Le sujet choisi par M. […] Delavigne a-t-il choisi ? […] Il n’y a, dans une œuvre ainsi conçue, rien de littéraire, rien qui mérite l’attention des esprits choisis. […] Était-ce bien là le sanctuaire qu’il fallait choisir pour cette pure et ineffable affection ? […] Vous apprendrez que les bibliothèques de France ne possèdent, sur l’époque choisie par M.
Ils étaient persuadés que les mots justement choisis avaient moins de pouvoir que ces barbarismes hideux. […] Hermant semble avoir choisi ces deux termes pour se définir lui-même. […] Puisse-t-il bien choisir. […] Quoique les données que choisit volontiers M. […] La façon dont il les met en œuvre ne varie pas moins que le soin qui les lui fait choisir.
Quant à moi, n’est-ce rien que d’avoir été sauvé des dernières extrémités et d’être parvenu jusqu’à ce jour sans flatteries, sans bassesses, sans dépendance, même en général, et sans dettes, ayant reçu des services, mais en ayant rendu, ayant des amis (et choisis) et n’ayant eu ni chefs ni maîtres ; n’ayant pu, il est vrai, remplir ma destination, mais enfin n’ayant rien fait qui en soit précisément indigne ; connu d’un très-petit nombre (ce qui est fort selon mes goûts), mais un peu aimé ou estimé, un peu triste sur la terre et humilié de mes faiblesses, mais sans remords et sans déshonneur, très-mécontent de moi et déplorant le cours rapide d’une vie si mal employée, mais n’ayant point à la maudire ? […] Il doit même se féliciter de ne l’être pas davantage chez des peuples qui se courbent devant l’or et qui choisissent pour leurs ébats la lueur des lampions. […] L’ordre le plus parfait a régné de bonne heure chez lui. — Il s’est sagement confiné dans une retraite bien choisie, pour y travailler plus à loisir. […] « Le lieu de la retraite paraîtrait fort difficile à choisir ; n’ayant pu vivre avec un ami, j’ai des amis, ils sont épars : près de qui se fixer ?
On le remarquera aussi plus tard, leur technique apporte comme le reflet de la forme et de la philosophie qu’ils ont choisies, et tous les caractères de leurs œuvres sont l’expression naturelle de leur personnalité. […] La première représente l’objet par la plénitude de ses couleurs et de ses lignes dans la lumière ; la seconde affaiblit les reliefs de la couleur comme pour un lointain au profit d’amples lignes expressives et choisies, — savamment ordonnées. […] Gustave Kahn, — et je choisis ces noms entre les meilleurs14. […] Optimiste et viril, il a choisi les aspects d’une terre toute chaude de clarté, et l’a peuplée de silhouettes mobiles qui s’activent à quelque travail.
Moïens de les reconnoître Non seulement le sujet de l’imitation doit être interessant par lui-même, mais il faut encore le choisir convenable à la peinture, si l’on veut en faire un tableau, et convenable à la poësie quand on veut le traiter en vers. […] sumite materiam vestris, qui scribitis, aequam viribus. soit que vous vouliez peindre, soit que vous vouliez composer des vers, aïez autant d’attention à choisir un sujet qui convienne au pinceau, si vous voulez faire un tableau, et qui convienne, pour ainsi dire, à la plume si vous êtes poëte, qu’à le choisir convenable aux forces de votre genie particulier et proportionné avec vos talens personnels. […] Vous ferez encore mieux de choisir le sujet de votre piece parmi les évenemens de la guerre de Troye si souvent mis au théatre, que d’imaginer à plaisir l’action de votre tragedie, ou de tirer de la poussiere de quelque livre ignoré des heros dont le monde n’entendit jamais parler, et d’en faire vos personnages.
J’aurais choisi, comme vous voyez le moment qui eût précédé la blessure de Venus ; Mr Doyen au contraire a préféré le moment qui suit. […] C’est que dans l’instant choisi par Doyen, il a fallu donner l’air de la douleur à la déesse du plaisir ; c’est que les chevaux d’Enée d’origine céleste étaient une proie importante, et qu’il ne fallait pas oublier que Diomede avait recommandé à son écuyer de s’en emparer, s’il sortait victorieux du combat ; c’est qu’après la blessure de Venus, Diomede est tranquille ; c’est que Venus est hors de la scène. etc… Avec tout cela ; excepté Deshays, je ne crois pas qu’il y ait un peintre à l’Académie en état de faire ce tableau.
… Où qu’on prît ces héroïnes, qui ne forment pas un bataillon, mais toute une armée dans l’histoire ; qu’on les prît sur notre terre de France, que ce fût sainte Radegonde, sainte Geneviève, sainte Clotilde, et tous ces cœurs vaillants de la vaillance de Dieu jusqu’à Jeanne d’Arc et depuis elle, n’importe où l’historien allât les choisir, elles étaient dignes de s’aligner en face des plus grandes (s’il y en avait) de la Révolution française, et de faire baisser les yeux à leurs portraits, plier le genou à leurs cadavres. […] Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même ; car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde : le parti de Dieu ou le parti de l’homme ; et il faut choisir !
Les pensées en sont choisies, la plupart très-élevées, et l’expression en est abondante et ferme. […] Il fallait, non plus triompher des extravagances de Ronsard, c’était devenu trop facile ; mais découvrir dans l’ordre, dans la mesure, dans le langage plus choisi de ses deux disciples, les vices secrets que protégeait la timidité même de ce commencement de réforme. […] De même, dans la langue, cette école avait choisi, parmi les tours et les combinaisons de mots, propres aux langues anciennes, ce qui s’en peut le moins imiter, et qui diffère le plus complétement du génie de la nôtre. Ronsard ayant à choisir entre le grec et le latin pour en tirer ses doctes obscurités, avait préféré au mot âme le mot entéléchie comme plus savant, et parce qu’aucune analogie ni ressemblance quelconque avec notre langue ne l’exposait à être compris de la foule. […] Les fictions ne sont pas l’idéal ; ce n’est, le plus souvent qu’un artifice pour orner et rendre extraordinaire une réalité trop commune l’idéal, c’est la réalité choisie.
Alors il crut que l’Histoire, aux âpres enseignements, lui donnerait, de vigueur et de mordant, ce qu’il n’avait pas, et tonifierait du même coup et sa pensée et son langage ; et il choisit, de toutes les histoires, l’histoire d’Angleterre, ce carquois où des mains ennemies viennent prendre les traits qu’elles décochent au gouvernement de la patrie. […] il les a choisis ; la Critique n’a plus qu’à demander si ces biographies sont bien faites, si l’auteur y peint les hommes dont il s’occupe en portraitiste éclatant ou profond, et si, après les avoir peints, il les juge… Eh bien, pour mon compte, je ne le crois pas ! […] Trop fin toujours, et ne pouvant être que cela quand il a du talent, il a choisi — mais pour cette fois-là sans finesse — des portraits historiques à faire pour lesquels il fallait impérieusement toutes les qualités qu’il n’a pas : la force, l’éclat, la profondeur, toutes les vaillances !
C’est ainsi également que, hors d’état de choisir, mais forcé de choisir, on jette en l’air une pièce de monnaie pour tirer à pile ou face. […] L’atome choisi comme exemple de fait ! […] Qui choisira les faits qui, répondant à ces conditions, méritent le droit de cité dans la science ? […] Je rappelle en outre que notre espace euclidien qui est l’objet propre de la géométrie a été choisi, pour des raisons de commodité, parmi un certain nombre de types qui préexistent dans notre esprit et qu’on appelle groupes.
Les deux artistes comparés sont également vrais ; mais Le Lorrain a choisi des moments plus rares et des phénomènes plus extraordinaires. […] c’est qu’il ne faut rien commander à un artiste, et quand on veut avoir un beau tableau de sa façon, il faut lui dire, Faites-moi un tableau, et choisissez le sujet qui vous conviendra ; encore serait-il plus sûr et plus court d’en prendre un tout fait.
Entre l’ancien et le nouveau ballet, nous étions libres de choisir. […] L’art choisit, sacrifie, respecte. […] M. d’Annunzio n’a pas choisi. […] Vous avez mal choisi votre « sujet ». […] Et les plus novateurs, à certains moments de leur œuvre, n’ont pas toujours assez choisi.
Jugé digne de succéder à Buffon pour son fauteuil à l’Académie française, choisi pour son médecin par la reine Marie-Antoinette, Vicq d’Azyr embrasse dans sa courte et brillante carrière tout l’espace qui fut accordé à ce règne de Louis XVI depuis Turgot jusqu’au 21 janvier : après en avoir partagé et secondé dans sa mesure toutes les réformes et les espérances, il survit peu à cette ruine, à celle des académies dont il était membre, et de la société savante dont il était l’âme ; il périt comme une victime morale, sous une impression visible de deuil et de terreur. Cuvier, Cabanis, Lalande, Lémontey, Moreau (de la Sarthe) et d’autres encore ont parlé de Vicq d’Azyr avec détail ; je n’ai qu’à choisir dans les traits qu’ils me présentent, et à m’attacher plus particulièrement en lui à l’écrivain et au littérateur. […] Adam ne sait pas combien nous nous sommes donné de peine, M. de Laplace et moi, pour oublier ce qu’il nous a appris. » Après une certaine hésitation entre la carrière ecclésiastique et celle de la médecine, Vicq d’Azyr choisit cette dernière, et vint dès 1765 à Paris s’y dévouer avec ardeur. […] Antoine Petit, pour le dédommager, le choisit pour son suppléant dans la chaire d’anatomie du Jardin des plantes, et Vicq d’Azyr y retrouvait le même public, la même affluence ; mais cette fois ce fut Buffon, intendant du Jardin des plantes, qui, destinant cette chaire à Portal plus ancien et plus connu, ne permit pas à Vicq d’Azyr de continuer.
Mais le sujet est-il bien choisi ? […] Delavigne, en prenant son sujet plus au sérieux, a réussi également, à sa manière, dans la voie de comédie moyenne qu’il s’est choisie. […] Il a donné pour nœud à sa pièce le moment décisif où un jeune orateur politique, idolâtre de l’opinion, et arrivé au comble de la faveur populaire, se trouve tout d’un coup en demeure de choisir entre cette orageuse faveur et son devoir. […] Par la Popularité, il est rentré dans sa manière plutôt que dans ses sujets : il pourra mieux choisir.
. — Entre vingt exemples qui se pressent, je choisis le moindre, puisqu’il s’agit d’un simple geste : de là on peut conclure aux autres choses. […] On choisit pour coiffure « des poufs au sentiment », dans lesquels on place le portrait de sa fille, de sa mère, de son serin, de son chien, tout cela garni des cheveux de son père ou d’un ami de cœur ». […] On interprète « les harmonies de la Nature » comme des attentions délicates de la Providence ; en instituant l’amour filial, le Créateur a « daigné nous choisir pour première vertu notre plus doux plaisir314 » À l’idylle qu’on imagine au ciel, correspond l’idylle qu’on pratique sur la terre. […] C’est elle encore qui, au jeu du bateau, obligée de choisir entre cette belle-mère bien-aimée et sa mère qu’elle connaissait à peine, répondit : « Je sauverais ma mère et je me noierais avec ma belle-mère316 ».
Il en avait cinquante et un quand ses compatriotes de Philadelphie le choisirent pour être leur agent en Angleterre, en 1757. […] Il visita l’Écosse dans l’été même de cette année 1759, et il s’y lia avec les hommes de premier mérite dont cette contrée était alors si pourvue, et qui y formaient un groupe intellectuel ayant un caractère particulier, l’historien Robertson, David Hume, Ferguson et plusieurs autres : En somme, je dois dire, écrivait-il en revenant sur ce voyage d’Édimbourg, que ces six semaines que j’y ai passées sont, je le crois, celles du bonheur le mieux rempli et le plus dense que j’aie jamais eu dans aucun temps de ma vie ; et l’agréable et instructive société que j’y ai trouvée en telle abondance a laissé une si douce impression dans ma mémoire, que, si de forts liens ne me tiraient ailleurs, je crois que l’Écosse serait le pays que je choisirais pour y passer le reste de mes jours. […] En cette circonstance, Franklin fut de nouveau choisi par ses compatriotes pour être leur agent et leur organe auprès de la cour de Londres et du ministère. […] Après plus d’une année passée dans les travaux les plus actifs et les missions les plus fatigantes, après avoir été envoyé, au sortir à peine de l’hiver, pour tenter d’insurger le Canada, il est choisi pour aller traiter auprès de la cour de France et pour s’efforcer de la rallier à la cause américaine.
Pour sa thèse latine il avait choisi Lucien, qu’il a considéré à un point de vue assez particulierg, non plus comme moraliste ou satirique, mais comme critique littéraire. […] Rigault, même en le renfermant dans les termes de la seule littérature, est un des plus heureux et des plus féconds que l’on pût choisir, et son travail est devenu un livre qui offre le tableau complet d’un des épisodes les plus curieux de l’histoire de l’esprit. […] Pour la thèse latine il avait choisi Lucien, qu’il a considéré à un point de vue assez particulier h.
En commençant par les derniers, nous choisirons le songe d’Énée dans la nuit fatale de Troie ; le héros le raconte lui-même à Didon : Tempus erat, etc. […] Ce fantôme qui regarde Énée en silence, ces larges pleurs, ces pieds enflés, sont les petites circonstances que choisit toujours le grand peintre, pour mettre l’objet sous les yeux.
Et puis je ne sais pas choisir : et pourquoi ? […] Mallarmé a, d’abord, choisi son rang. […] Taine, ce n’est pas de choisir son sujet, mais d’appliquer à un sujet quelconque, une fois choisi, l’appareil complet de la méthode que l’on sait. […] Le sujet choisi par M. […] Choisissons-la avec mille précautions, et, quand nous l’aurons choisie, essayons de l’imiter.
Mon corps est donc, dans l’ensemble du monde matériel, une image qui agit comme les autres images, recevant et rendant du mouvement, avec cette seule différence, peut-être, que mon corps paraît choisir, dans une certaine mesure, la manière de rendre ce qu’il reçoit. […] Comme elle n’aura pas à choisir, elle n’a pas non plus besoin d’explorer la région d’alentour, ni de s’essayer par avance à plusieurs actions simplement possibles. […] Mais de quelque manière qu’on s’y prenne, on ne peut s’empêcher de la poser d’abord : l’unique question est donc de savoir pourquoi et comment cette image est choisie pour faire partie de ma perception, alors qu’une infinité d’autres images en demeurent exclues. […] Percevoir consciemment signifie choisir, et la conscience consiste avant tout dans ce discernement pratique. […] Nous allons revenir, pour simplifier l’exposition, au sens de la vue que nous avions choisi comme exemple.
Il m’est malaisé de choisir entre Lamartine et Leconte de Lisle. […] Selon les heures, les paysages, les sursauts de passion, nous choisissons tour à tour divers poètes dont le chant exalte notre joie ou se mêle instinctivement à notre douleur. […] — Notre jugement peut bien aller jusqu’à élire avec quelque équité le bouquet Lamartine, Hugo, Musset, Vigny, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé… parmi quoi c’est la nuance de notre teint qui choisit. […] Quant à en choisir un, non, non, je les garde tous les six, un pour chaque jour de la semaine ; d’abord le lunaire Vigny, puis le martial Hugo, l’hermétique Baudelaire, le diurne Lamartine, l’amoureux Musset et le saturnien Verlaine. […] Plusieurs poètes se sont refusés à choisir, plusieurs ont distingué entre l’admiration et la sympathie ; beaucoup justifiant l’intéressante remarque de M.
Il est facile de vérifier cette remarque par des exemples choisis dans notre littérature. […] Comme une partie de l’énergie des mots s’écoule et s’évapore par l’indécision de la phrase, lâche, coupée de mots inutiles, il faut forcer les termes, en choisir qui aillent au-delà du sentiment, afin qu’ils ne tombent pas en deçà.
Mais le mérite fut de si bien choisir, et le secret du mélange, le brevet de la combinaison appartient à Goncourt. […] Ses écrits historiques ne sont pas impérissables : les arrière-neveux ne se soucieront pas de son goût de Watteau, ou de Hok’saï ; même ses prétentions à écrire les chapitres d’une clinique sociale laisseront profondément indifférent, Mais il demeurera bien un ou deux de ses romans, choisis au petit bonheur de la postérité.
On comprend après cela les dérisions des sceptiques qui ne veulent y voir qu’un jeu de patience, une construction de fantaisie, une simple amusette à savants, « une fable convenue », disait Fontenelle ; « l’art de choisir entre plusieurs mensonges », disait Jean-Jacques. […] Il faut bon gré mal gré qu’il se prononce, qu’il prenne parti, qu’il choisisse entre les diverses façons de concevoir l’art et la vie, sous peine de se décerner à lui-même un brevet de parfaite insignifiance.
Ils n’eurent chacun qu’à choisir, qu’à diriger leur vol, qu’à marcher à la faveur d’une lumière éclatante & sûre. […] Après avoir traité différens sujets, ils choisirent les mêmes, & combattirent comme en champ-clos.
Il s’attache ordinairement à quelque auteur qu’il choisit pour son modele. […] Comme les personnes dont je parle, destinées pour être la pepiniere des artisans médiocres, n’ont pas les yeux ouverts par le génie, notre imitateur ne sçauroit appercevoir dans la nature même ce qu’il y faut choisir pour l’imiter.
Ces lois d’harmonie sont les sauvegardes qui lui permettent — écrivain, musicien ou peintre — de choisir le thème qui lui servira de prétexte à s’exprimer lui-même dans sa réalité intime, dans sa sorte particulière de comprendre la notion divine et de choisir aussi librement ses moyens d’expression. […] Et pour nous diriger dans l’intelligence de l’unité de son œuvre, le peintre a choisi un point central, la tonique d’où tout rayonne, où tout se concentre. […] Les chanteurs populaires que la foule choisit pour ses interprètes et qu’elle affuble d’un nom, de quelque sobriquet (sa signature à elle, qui est l’inspiratrice), ces chanteurs se sont tus. […] Il y a un instant (dans ce vaste poème auquel la forme dramatique a permis de tels développements) où le Faust rajeuni adore la Beauté et la choisit pour guide vers la vérité. […] Si nous étions obligés de choisir entre Tite-Live et Tacite, par exemple, il se pourrait que nous fussions plusieurs à préférer l’historien de la décadence latine à l’historien de la bonne époque.
Toute la difficulté consiste à choisir les traits caractéristiques de l’idée qu’on veut exprimer. […] Le vers qu’il a choisi est de tous les vers anglais le plus sérieux et le plus difficile. […] Bulwer a enrichi ou appauvri la donnée qu’il avait choisie. […] L’auteur n’a choisi Athènes que pour donner à sa fantaisie un plus libre cours. […] La thèse choisie par M.
. — Ce livre des Confidences, dont il s’agit, est un des livres de poésie les plus substantiels que je connaisse ; l’auteur, malgré la science qu’il déploie, habite véritablement dans sa passion ; il y est, pour ainsi dire, en plein milieu ; mais il y est tantôt dans un brouillard épais, tantôt dans un marais sans rivage, quelquefois comme enchaîné dans un bloc immense ; ce qui lui manque essentiellement, c’est le style, selon l’acception la plus large du mot, le style qui choisit, qui détermine, qui compose, qui figure et qui éclaire. […] La seule excuse que je puisse alléguer, c’est que le soin de les choisir est le seul plaisir qui m’ait dédommagé de l’ennui de les imprimer. […] Il aura beau dire que les épigraphes ne sont choisies qu’après sa pièce composée, et comme un simple enjolivement du titre, je reconnais souvent, dans le cours même du poëme, la traduction des vers et des pensées que m’avait offerts la petite préface anthologique.
Si l’on me donne à choisir un tableau au Salon, voilà le mien ; cherchez le vôtre. […] Je défie le plus hardi d’entre eux de suspendre le soleil ou la lune au milieu de sa composition, sans offusquer ces deux astres ou de vapeurs ou de nuages ; je le défie de choisir son ciel, tel qu’il est en nature, parsemé d’étoiles brillantes comme dans la nuit la plus sereine. […] Si une femme allait chez un marchand de soie, et qu’il lui offrît une aune ou deux de firmament, je veux dire, d’une étoffe du plus beau bleu et parsemée de points brillants, je doute fort qu’elle la choisît pour s’en vêtir.
Aujourd’hui la science est si vaste et les moyens de connaissance si aisés, que chacun peut se choisir son école. […] L’inconvénient est qu’elle s’use vite ; au bout d’un demi-siècle ou d’un siècle la postérité en choisit une autre. […] Toujours, dans une démocratie, le suffrage à deux degrés choisit mieux que le suffrage direct. […] C’est qu’ils sont bâtis en pierres choisies, non en stuc et autres matériaux de mode. […] C’est le moment critique : on est tenu de choisir une voie et pour toute la vie ; mais comment choisir entre tant de voies, quand on n’en a essayé aucune ?
Nous choisissons en réalité sans cesse, et sans cesse aussi nous abandonnons beaucoup de choses. […] Au début, l’explosion se fait au hasard, sans pouvoir choisir sa direction : c’est ainsi que l’Amibe lance dans tous les sens à la fois ses prolongements pseudopodiques. […] Il faut qu’elle choisisse. […] Quant à la matière, on choisit celle qui convient le mieux ; mais, pour la choisir, c’est-à-dire pour aller la chercher parmi beaucoup d’autres, il faut s’être essayé, au moins en imagination, à doter toute espèce de matière de la forme de l’objet conçu. […] Comment choisir entre les deux hypothèses ?
C’est ce dernier parti que je devais choisir et que je choisis : — Mourir à la peine ! […] Heureuse la postérité quand elle choisit bien, et quand elle immortalise, au lieu du succès de la violence et de la conquête, le vrai génie du bien, la vérité, la sagesse et la vertu ! […] « Un autre malheur non moins ordinaire que le premier, et qui dérive, comme lui, de la nomination solennelle d’un successeur au trône, est le changement de bien en mal de celui qui a été choisi. […] Comme lui je me choisis secrètement un successeur. […] Je choisis, à part moi, le plus âgé de mes autres fils : il mourut encore ; et, après lui, le cinquième me paraissant posséder toutes les qualités qu’on peut désirer dans un bon empereur, je lui destinai l’empire.
Il est résulté de cette association une biographie complète du poète et même, comme on le dit aujourd’hui, une monographie de sa famille, et une édition qui se compose en partie d’une réimpression d’Œuvres choisies et en partie d’une impression toute nouvelle d’Œuvres posthumes. […] Or Sénecé en a fait beaucoup de faibles, de médiocres et d’inutiles, c’est le cas de tous les auteurs d’épigrammes ; mais il en a fait aussi de bonnes, et en voici une qui me paraît excellente ; elle est imitée ou plutôt inspirée de Martial et de ses vœux de bonheur, mais avec un rajeunissement original et piquant ; elle est adressée à Bellocq, valet de chambre de Louis XIV, ancien camarade et ami intime de Sénecé : Pour être heureux, je, voudrais peu de chose Esprit bien sain, tempérament de fer, D’argent comptant bonne et loyale dose, Glace en été, bon feu pendant l’hiver ; Amis choisis, et livres tout de même ; Un peu de jeu, sans pourtant m’y piquer ; Point de procès, dispense de carême. […] Je ne profite pourtant pas souvent de cette commodité, et je suis souvent des huit jours entiers sans sortir de chez moi que pour aller à l’église, dont j’ai à choisir de trois ou quatre, m’occupant fort agréablement et sans ennui de mes jardins et de mes livres, sans oublier les muses, avec lesquelles j’ai toujours quelque petit entretien ; car quand une fois on est frappé de cette agréable folie, on peut s’assurer d’en tenir pour le reste de ses jours, et de mourir, pour ainsi dire, en rimant. […] [NdA] Œuvres choisies et Œuvres posthumes, publiées par MM.
Celui-ci fut proposé et choisi : par son zèle, par sa bonne comptabilité, il se fit bien venir du trésorier, et aussi du dauphin à qui il avait souvent affaire, et qui l’emmenait avec lui dans ses voyages pour payer sa dépense. […] M. d’Ormesson ne jugea pas à propos de quitter Paris ; il fut même choisi par le duc de Mayenne pour être du fameux conseil, de si mauvais renom, les Seize ; mais il en fut comme M. de Villeroy, comme le président Jeannin, pour modérer, s’il était possible ; il était de plus capitaine de son quartier. […] Il dut, pour se disculper d’un reproche qu’il méritait si bien, contribuer de mille écus pour la rançon du prévôt des marchands, Marteau, arrêté à Blois, et s’engager encore pour d’autres sommes plus considérables, au risque de voir sa maison, si nette auparavant, s’embrouiller pour une si mauvaise cause ; mais « de deux maux, nous dit son fils, il choisit le moindre ; autrement on l’eût chassé de Paris, pillé ses meubles et confisqué ses biens ». […] Il a même le dessein de faire casser le mariage de son fils, le Grand Condé, avec la nièce du cardinal, de le faire déclarer nul ; et quand il naît un fils de ce mariage (26 juillet 1643), il ne peut contenir sa honteuse douleur : Mme la comtesse de Morel, qui était présente au travail de la duchesse d’Enghien, a raconté que lorsqu’on annonça que c’était un garçon, l’on vit M. le prince et Mme la princesse changer de visage comme ayant reçu un coup de massue, et qu’ils en témoignèrent très grande douleur ; que Mme la princesse à qui l’on présentait plusieurs nourrices avait dit qu’il ne fallait point choisir, que la première était bonne pour ce que c’était.
Là, il n’y a pas de propriété qui tienne : comme il faut être compris avant tout, l’expression ne peut être choisie que parmi les mots connus et compris du public auquel on s’adresse. […] La précision vient ici non pas de ce que l’auteur emploie, mais de ce qu’il connaît les termes techniques, et, les ayant dans la pensée, leur choisit des équivalents intelligibles à tous, qui ne laissent rien perdre de leur sens.
La vénerie et le blason possèdent des langues entièrement pures et d’une beauté parfaite ; mais il m’a semblé plus curieux de choisir comme type de vocabulaire entièrement français celui d’une science plus humble, mais plus connue, celui de l’ensemble des corps de métier nécessaires à la construction d’une maison. […] Elle est faite d’images, de mots détournés d’un sens primitif et choisis pour un motif qu’il est souvent difficile d’expliquer.
Des dictionnaires Historiques Pour juger sainement des Dictionnaires historiques, dit l’Abbé Desfontaines, il faut examiner si leurs auteurs ont choisi ce qui étoit intéressant, indiqué les véritables sources & marqué des dattes sures. […] Cet ouvrage, dans lequel on a recueilli les morceaux les plus agréables & les plus utiles de ces deux auteurs, ne renferme qu’un certain nombre d’articles choisis, traités avec plus ou moins d’étendue, suivant ce que l’auteur a trouvé à en dire de nouveau.
Choisissons maintenant sur le continu C un certain nombre d’éléments d’une manière tout à fait arbitraire. […] (Il faut bien entendu pour cela que S ait été convenablement choisie.) […] Ainsi si S est convenablement choisie. […] Au début mon doigt D′ est au point M, au contact de l’objet a qui lui fait éprouver l’impression A′ ; je fais les mouvements correspondants à la série S ; j’ai dit que cette série devait être convenablement choisie, je dois faire ce choix de telle façon que ces mouvements amènent le le doigt D au point primitivement occupé par le doigt D′, c’est-à-dire au point M ; ce doigt D sera ainsi au contact de l’objet a, qui lui fera éprouver l’impression A. […] Mais il n’y a pas un modèle unique qui s’impose à lui ; il a du choix ; il peut choisir, par exemple, entre l’espace à quatre et l’espace à trois dimensions.
Après l’avoir nommé évêque de Condom (sept. 1669), le roi le choisit en septembre 1670 pour être précepteur du Dauphin, dont M. de Montausier étaitgouverneur. […] Comme l’« utilité des enfants de Dieu » était sa grande règle, il choisissait les sujets de sermons et les applications du dogme, qui pouvaient avoir le plus d’utilité pour ses auditeurs. […] Il développait de belles périodes, avec une exubérance cicéronienne : le malheur était qu’une fois entré dans un tour, il n’en sortait plus, il le représentait avec insistance, jetant toutes ses phrases dans le moule qu’il avait d’abord choisi. […] Recueil choisi des harangues, remonstrances, panégyriques, plaidoyers, et autres actions publiques les plus curieuses de ce temps, Paris, G. de Luynes, in-4, 1651. […] Patru, nouvelle édition augmentée, etc., Paris, 1681, in-8 ; Recueil choisi, etc.
M. le comte Molé est de ces hommes dont l’éloge n’embarrasse personne, et l’on n’a qu’à choisir dans une vie si utilement et si noblement remplie. […] Brifaut (qui, à cause de la faiblesse de sa voix, avait choisi M.
Les gouttes d’eau suivent leur pente et font des fleuves, qui feront des mers ; les semences choisissent leur terrain et produisent une forêt. […] Choisissez donc du chef-d’œuvre du jardinage ou de l’œuvre de la nature, de ce qui est beau de convention ou de ce qui est beau sans les règles, d’une littérature artificielle ou d’une poésie originale !
On conçoit comment il put louer Stilicon, qui n’était pas à la vérité un citoyen, mais qui était à la fois et un ministre et un général ; mais Honorius, qui toute sa vie fut, comme son frère, un enfant sur le trône ; qui, mené par les événements, n’en dirigea jamais aucun ; qui ne sut ni ordonner, ni prévoir, ni exécuter, ni comprendre ; empereur qui n’avait pas même assez d’esprit pour être un bon esclave ; qui, ayant le besoin d’obéir, n’eut pas même le mérite de choisir ses maîtres ; à qui on donnait un favori, à qui on l’ôtait, à qui on le rendait ; incapable d’avoir une fois du courage, même par orgueil ; qui, dans la guerre et au milieu des périls, ne savait que s’agiter, prêter l’oreille, fuir, revenir pour fuir encore, négocier de loin sa honte avec ses ennemis, et leur donner de l’argent ou des dignités au lieu de combattre ; Honorius, qui, vingt-huit ans sur le trône, fut pendant vingt-huit ans près d’en tomber ; qui eut de son vivant six successeurs, et ne fut jamais sauvé que par le hasard, ou la pitié, ou le mépris ; il est assez difficile de concevoir comment un homme qui a du génie, peut se donner la peine de faire deux mille vers en l’honneur d’un pareil prince. […] Il était historien, poète, orateur, et sa réputation le fit choisir pour prononcer l’éloge du conquérant et du pacificateur de l’Italie.
Elle finit par l’épouser sans qu’Alfred en souffre trop ; et la morale du roman, cette fois excellente, c’est que, « de tous les moyens d’arriver au bonheur, le plus sûr (pour une jeune fille qui sort du couvent) est celui que choisit la prévoyante tendresse d’un père ». Dans ce roman gracieux, où il n’entre rien que de choisi et où elle a semé de fines observations de société et de cœur, Mme Gay s’est montrée une digne émule des Riccoboni et des Souza10. […] Je voudrais, dans les éloges qu’on peut lui accorder, en choisir quelques-uns qui parussent incontestables. […] Ce qu’il faut ajouter pour corriger ce que l’expression paraîtrait avoir de trop énergique, c’est que quelqu’un qui voudrait faire un livre intitulé : L’Esprit de Mme Sophie Gay, n’aurait qu’à bien choisir pour le composer d’une suite de bonnes remarques sur le monde et sur les sentiments, d’observations à la fois fines, délicates, naturelles et bien dites.
Ici la volonté peut beaucoup, et l’on serait coupable de choisir, pour se décourager et se ralentir, le moment où l’activité de tous, au signal et à l’appel d’un seul, reprend l’essor et se déploie. […] Je choisirai d’habitude et de préférence quelques sujets dans la littérature française des deux derniers siècles (sans toutefois m’y enfermer, et sans exclure absolument les contemporains), et je parlerai aujourd’hui de l’auteur du Voyage d’Anacharsis, de l’abbé Barthélemy. […] Il fit ses études au collège des Oratoriens à Marseille ; et, s’il fallait choisir un élève qui exprimât dans son beau cette forme d’éducation qu’on recevait à l’Oratoire, libre, fleurie, variée, assez philosophique et moralement décente, on ne pourrait citer un meilleur exemple que celui de Barthélemy. […] Cependant il revient peu à peu de ce coup d’électricité ; il s’oriente, il choisit et discerne entre les objets de sa recherche : « Dans les commencements je ne voyais Rome qu’à travers un brouillard pétrifié ; aujourd’hui c’est un nuage qui laisse échapper quelques traits de lumière. » C’est en se dirigeant particulièrement vers son objet principal, les médailles, qu’il réussit à augmenter peu à peu son trésor.
Par quel hasard les novateurs choisirent-ils pour maîtres d’honnêtes bourgeois d’Édimbourg, sensés, peu connus, médiocres ? […] Le bon général est celui qui les laisse aller d’eux-mêmes, sans contrainte, vers le terme où leur nature les pousse, qui constate ce terme et ne le choisit pas, qui les regarde marcher, qui ne leur prescrit pas leur marche, et qui, au moment d’entrer dans l’examen de la perception extérieure, se parle ainsi : Je fais deux parts de moi-même : l’homme ordinaire, qui boit, qui mange, qui fait ses affaires, qui évite d’être nuisible, et qui tâche d’être utile. […] Je choisis les croyances d’après leur utilité ; je suis homme de gouvernement ; je forme des théories pour les mœurs. […] Cessez de décourager le travail et l’espérance, et choisissez une hypothèse consolante pour le genre humain. » Nous courons rue Saint-Jacques ; nous grimpons les escaliers du Collège de France.
Mais au milieu de ces oublis trop naturels à la jeunesse de tous les temps, ils avaient une pensée, un culte, l’amour de l’art, la curiosité passionnée d’une expression vive, d’un tour neuf, d’une image choisie, d’une rime brillante ; ils voulaient à chacun de leurs cadres un clou d’or : enfants si vous le voulez, mais enfants des muses, et qui ne sacrifièrent jamais à la grâce vulgaire. […] Viennent les crises, viennent les occasions, un conflit, l’apparition imprévue de quelque œuvre qui vous mette en demeure de choisir, de dire oui ou non sans hésiter (et il s’en est produit une en ces derniers temps)13, une œuvre qui fasse office de pierre de touche, et vous verrez, chez ceux même qui s’étaient fait des concessions et qui avaient presque l’air d’être tombés d’accord dans les intervalles, le vieil homme aussitôt se ranimer. […] J’ai parlé d’art grec : est-il rien qui le rappelle et le représente plus heureusement que ce conseil donné à un sculpteur de se choisir des sujets calmes et gracieusement sévères, comme des hors-d’œuvre à son ciseau, dans les intervalles de la verve et de l’ivresse : Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l’extase, Un marbre sans défaut pour en faire un beau vase : Cherche longtemps sa forme, et n’y retrace pas D’amours mystérieux ni de divins combats.
Des traducteurs excellens ont choisi même quelquefois d’emploïer dans la phrase françoise le mot latin imperator. […] Ainsi le plus grand mérite d’un poëme nous échappe quand nous n’entendons pas les mots choisis par le poëte même, et quand nous ne les voïons point dans l’ordre où il les avoit arrangez pour plaire à l’oreille, et pour former des images capables de remuer le coeur. […] Dès qu’on ne retrouve plus dans une traduction les mots choisis par l’auteur, ni l’arrangement où il les avoit placez pour plaire à l’oreille et pour émouvoir le coeur, on peut dire que juger d’un poëme en general sur sa version, c’est vouloir juger du tableau d’un grand maître, vanté principalement pour son coloris, sur une estampe où le trait de son dessein seroit encore corrompu.
Mais ce qu’il n’a pas voulu écrire, nous savons, nous, qu’il le raconte quelquefois, et ces faits, pour lesquels il choisit avec prudence son auditoire, démontrent un tel ramollissement de la fibre humaine chez les Chinois que le premier boulet venu — qu’il soit lancé par un peuple étranger ou par une révolution ! […] Malheureusement, nous sommes obligés de choisir là où Huc ne choisit pas : « Si le cœur — disent les Chinois — n’est pas de moitié avec l’esprit, les pensées les plus solides ne donnent que de la lumière : voilà pourquoi la science est si peu persuasive et la probité si éloquente.
Je choisirai, dans tous, les idées éparses sur les philosophes et sur les princes ; car ce sont les deux objets dont il s’occupe sans cesse. […] Ils s’occupaient de leur parure, et ils négligeaient l’univers ; peut-être même avaient-ils grand soin de choisir leurs chevaux, mais point du tout les hommes qu’ils destinaient aux places ; et tandis qu’aux jeux, du cirque ils n’auraient pu souffrir de voir des cochers conduire un char, ils abandonnaient à des hommes sans choix les rênes de l’empire et la conduite des nations. […] quand la liberté est la moins dangereuse, irais-je choisir ce temps-là pour me déshonorer par des mensonges ?
Nous avons vu jusqu’à présent, que dès qu’un homme en place, roi ou prince, cardinal ou évêque, général d’armée ou ministre, enfin quiconque, ou avait fait ou avait dû faire de grandes choses, était mort, tout aussitôt un orateur sacré, nommé par la famille, s’emparait de ce grand homme, et après avoir choisi un texte, fait un exorde ou trivial ou touchant, sur la vanité des grandeurs de ce monde, divisé le mérite du mort en deux ou trois points, et chacun des trois points en quatre ; après avoir parlé longuement de la généalogie, en disant qu’il n’en parlerait pas, faisait ensuite le détail des grandes qualités que le mort avait eues ou qu’il devait avoir, mêlait à ces qualités des réflexions ou fines ou profondes, ou élevées ou communes, sur les vertus, sur les vices, sur la cour, sur la guerre, et finissait enfin par assurer que celui qu’on louait, avait été un très grand homme dans ce monde, et serait probablement un très grand saint dans l’autre. […] C’est sans doute une partie de ces raisons qui a engagé l’auteur des hommes illustres du dix-septième siècle à choisir dans ses éloges une route tout à fait différente, et à s’oublier lui-même pour ne se souvenir que des personnes qu’il voulait louer.
Et je n’ai pas choisi les phrases les plus difficiles ni les plus obscures. […] Puis, ce « sobriquet », il ne l’a pas choisi lui-même : ce sont les convives de Francaleu qui le lui ont donné. […] … Entre un monde et ma mère, il faut que je choisisse ! […] Il lui signifie enfin qu’elle ait à choisir entre l’abdication et la prison. […] Dehelly de son précoce talent, mais aussi de l’intelligence avec laquelle il a choisi son morceau de concours.
Il ne songe ni à obtenir l’exactitude, ni à choisir la beauté. […] Son imagination est si vive, qu’elle entraîne tout avec elle dans la voie qu’elle se choisit. […] Les imaginations diffèrent, non-seulement par leur nature, mais encore par leur objet ; après avoir mesuré leur énergie, il faut circonscrire leur domaine ; dans le large monde, l’artiste se fait un monde ; involontairement il choisit une classe d’objets qu’il préfère ; les autres le laissent froid, et il ne les aperçoit pas. […] Rien de plus accablant que ces longs chapitres d’ironie soutenue où le sarcasme s’enfonce à chaque ligne plus sanglant et plus perçant dans l’adversaire qu’il s’est choisi. […] Dans ce pays, où il y a tant de sectes et où tout le monde choisit la sienne, chacun croit à la religion qu’il s’est faite, et ce sentiment si noble élève encore le trône où la droiture de leur volonté et la délicatesse de leur cœur les ont portés.
Mais je ferai partir une troupe choisie de chasseurs, avec tout ce qui leur sera nécessaire, et je leur prescrirai de se réunir à vous pour délivrer votre pays du sanglier qui le dévaste. » « Telle fut la réponse de Crésus. […] Les enfants du village, du nombre desquels est celui-ci, m’ont, dans leurs jeux, choisi pour roi : probablement, ils m’ont jugé le plus digne de l’être. […] Les Égyptiens adorent le bœuf, choisi par leurs prêtres : c’est un instrument actif de labourage et un symbole de la fécondité du travail. […] « Mégabaze, après cette expédition, envoya en Macédoine une députation composée de sept Perses, et choisie parmi ce qu’il y avait de plus distingué dans l’armée. […] À sa mort, les Lacédémoniens voulurent, comme la loi le prescrivait, prendre pour roi l’aîné de ces enfants ; mais, ne pouvant les distinguer et n’ayant conséquemment aucune raison pour choisir l’un de préférence à l’autre, ils résolurent de consulter celle qui les avait mis au jour.
Aussi a-t-on eu tort, pour prouver que l’homme est capable de choisir sans motif, d’aller chercher des exemples dans les circonstances ordinaires et même indifférentes de la vie. […] C’est dans les circonstances solennelles, lorsqu’il s’agit de l’opinion que nous donnerons de nous aux autres et surtout à nous-mêmes, que nous choisissons en dépit de ce qu’on est convenu d’appeler un motif ; et cette absence de toute raison tangible est d’autant plus frappante que nous sommes plus profondément libres. […] « Avoir conscience du libre arbitre, dit Stuart Mill, signifie avoir conscience, avant d’avoir choisi, d’avoir pu choisir autrement 38. » C’est bien ainsi, en effet, que les défenseurs de la liberté l’entendent : et ils affirment que lorsque nous accomplissons une action librement, quelque autre action eût été également possible. […] C’est sur cette question de l’égale possibilité, de deux actions ou de deux volitions contraires que nous nous arrêterons d’abord : peut-être recueillerons-nous ainsi quelque indication sur la nature de l’opération par laquelle la volonté choisit. […] Aussi se heurte-t-on, dès les premiers pas, à d’inextricables difficultés : si les deux parties étaient également possibles, comment a-t-on choisi ?
Sortons de cette région vague, indéterminée, où ils flottent ; choisissons entre toutes les actions celle qui peut les rendre visibles. […] Il faut choisir dans cette multitude accumulée. Mais comment choisir ? […] S’il avait la verve facile d’un poëte, il avait le travail assidu d’un écrivain ; il corrigeait, épurait, ajoutait, choisissait, et ses compositions, sous une apparente négligence, étaient aussi bien liées que celles des plus fameux raisonneurs. […] Les juges sont choisis par l’homme, le serpent n’en récuse aucun.
Procédés de démonstration : descriptions, analyse : De même que l’écriture de Flaubert se décompose finalement en une succession de phrases indépendantes douées de caractère identiques, ainsi ses descriptions, ses portraits, ses analyses d’âmes, ses scènes d’ensemble se réduisent à une énumération de faits qui ont de particulier d’être peu nombreux, significativement choisis, et placés bout à bout sans résumé qui les condense en un aspect total. […] L’art de ne révéler d’un paysage, d’une physionomie et d’une âme qu’un petit nombre d’aspects saillants, cette concision choisie et savante, ressortent encore des tableaux d’ensemble où se mêlent les péripéties et les descriptions. […] Du haut en bas de son œuvre, Flaubert est celui qui choisit avec rigueur et assemble avec effort des matériaux triés. […] Comme M. de Maupassant le dit dans sa préface aux lettres de Flaubert à George Sand, même les romans, Madame Bovary, l’Éducation, bien que réalistes, pleins d’actes et de lieux précis, ont pour personnages principaux des êtres-si parfaitement choisis entre une foule de similaires, qu’ils représentent une classe, ou une espèce plutôt qu’un individu. […] Dans Salammbô, dans la Tentation, dans deux des Trois contes c’est le verbe, le nombre de la période, l’éclat et le mystère des images, qui sont primitifs, et non les incidents ou les scènes évidemment choisis de façon à donner lieu à d’admirables phrases.
Les jeunes filles, pour s’exercer à la course, imaginent de choisir chacune un de ces cygnes, et de le poursuivre à travers les prés, rivalisant à qui atteindrait la première l’oiseau rapide qu’elle désigne d’avance à ses compagnes. […] Les filles des rois guerriers ont le droit de choisir leurs époux parmi les prétendants des familles royales, convoqués pour cette cérémonie à la cour du père. […] L’admiration inspirée par l’innocence de la vierge timide, qui va se dépouiller un moment de la réserve d’une jeune fille pour choisir librement son époux, cause le frémissement involontaire qui agite le sénat divin. […] Elle feint de vouloir choisir un nouvel époux, et fait proclamer dans tous les États voisins que les prétendants à sa main peuvent se présenter à la cour du roi son père. […] Nala reproche à son épouse d’avoir songé à se choisir un autre époux.
Même variété parmi les femmes, ou plus grande encore : Bérénice, tendre, élégiaque, mélancolique, avec des réveils d’énergie pour ressaisir l’arme féminine de la coquetterie ; Phèdre, malade d’amour à mourir, et voulant mourir sans parler, parlant quand, trompée par son malheur, elle se croit libre, consentante alors à sa passion débordée, atterrée par le retour de Thésée, et laissant par honte, pour cacher la faute déjà faite, se consommer un plus grand crime, ramenée par le remords pour démentir la calomnie, replongée plus profondément dans le mal par une crise effroyable de jalousie, et, aussitôt que l’irréparable est consommé, repentante, enfin se rachetant par la confession publique et la mort volontaire ; Roxane, plus simple, sensuelle, et féroce, qui sans cesse donne à choisir à son amant entre elle et la mort, sans esprit, sans âme, animal superbe et impudique. […] Voici Andromaque, veuve et mère, obligée de choisir entre la fidélité qu’elle doit à son mari, et la protection qu’elle doit à son fils, honnête femme qui se défend avec ses grâces de femme, ménageant l’amour de Pyrrhus pour lui résister sans le décourager. […] Et dans ces trois sujets, que de formes d’âmes nouvelles et variées : Ulysse, le politique froid, qui ne recule jamais devant les moyens, quand il a choisi le but, point insensible pourtant, mais rassuré par la conscience qu’il a de ne voir que le bien public ; Agamemnon, père tendre, faible ambitieux, qui voudrait les fruits du crime sans le crime, et qui ne peut se résoudre à sacrifier sa fille à son égoïsme, ni son égoïsme à sa fille, plus sympathique que le Félix de Corneille, parce qu’il est plus déchiré ; Clytemnestre, la « mère », qui ne connaît plus ni patrie, ni dignité, ni mari, dès que sa fille est en péril, en qui, mieux qu’en aucune amplification romantique, apparaît le sentiment primitif, animal, de la maternité ; c’est la bête défendant son petit. […] Racine, au contraire (mettons à part Suétone qui lui fournit Bérénice : le sujet n’a pas été choisi par lui), Racine prend Britannicus à Tacite, le plus grand peintre de l’antiquité ; Mithridate, à Plutarque, le biographe dramatique, où Shakespeare allait aussi chercher la poésie des passions. […] Reste donc Bajazet, le seul sujet qui ait été choisi par Racine pour sa pure valeur dramatique et réaliste.
— Wagner visite et choisit Bayreuth ;émission de la souscription du Patronat ; commencement des travaux. […] Avant d’examiner ce système de transposition qu’a choisi M. […] Il apprit qu’entre elles il devait choisir l’immuable fiancée de sa virilité prochaine. […] Puis je ne sais pas choisir : et pourquoi ? […] Ils choisirent à dessein, dans le besoin obstiné de traiter des sujets rationnels, les sujets les plus vagues et les plus indifférents.
Mme de Boufflers s’était liée avec Jean-Jacques dès le commencement de son séjour à Montmorency (1759) et en même temps que la maréchale de Luxembourg : il devint aussitôt l’objet de tous leurs égards et de tous leurs soins ; le prince de Conti, à la suggestion de ces dames, alla même faire deux fois visite à Rousseau, et il choisit un moment où M. et Mme de Luxembourg n’étaient pas à Montmorency, afin de bien marquer que ce n’était pas une visite de ricochet et qu’elle était toute à l’intention de l’illustre solitaire. […] Vous voulez devoir votre subsistance à votre travail ; mais, dans le lieu que vous avez choisi, dans l’état où vous êtes, quelles occupations peuvent vous convenir ? […] Il est donc parti, incertain quel asile il choisirait. […] Je m’acquitte de ma promesse, et je ne puis pas, à mon avis, lui choisir dans toute l’Europe un protecteur plus respectable par ses liaisons, et plus recommandable par son humanité.
L’instant était mal choisi ; les convictions du philosophe de dix-neuf ans se révoltèrent. […] Plein d’aversion pour une société factice où tout, suivant lui, s’est exagéré et corrompu ; en perpétuelle défiance contre cette force active qui projette l’homme inconsidérément dans les sciences, l’industrie et les arts ; ne croyant plus, d’autre part, à la libre et hautaine suprématie de la volonté, il tend à faire rétrograder le sage vers la simple sensation de l’être, vers l’instinct végétatif, au gré des climats, au couchant des saisons ; pour une plus égale oscillation de l’âme, les données qu’il exige sont un climat fixe, des saisons régulières ; il choisit de la sorte, il compose un milieu automnal, éthéré, élyséen, selon la molle convenance d’un cœur désabusé, ou selon la mâle âpreté d’une âme plus fière, l’île fortunée de Jean-Jacques ou une haute vallée des Alpes ; il y pose le sage, il l’y assimile aux lieux, il lui dit d’aller, de cheminer à pas lents, prenant garde aux agitations trop confuses, et se maintenant par effort de philosophie à la sensation aveugle et toujours semblable. « Je ne m’assoirai point auprès du fracas des cataractes ou sur un tertre qui domine une plaine illimitée ; mais je choisirai, dans un site bien circonscrit, la pierre mouillée par une onde qui roule seule dans le silence du vallon, ou bien un tronc vieilli, couché dans la profondeur des forêts, sous le frémissement du feuillage et le murmure des hêtres que le vent fatigue pour les briser un jour comme lui. […] Celui qui est homme sait choisir ou attendre avec prudence, aimer avec continuité, se donner sans faiblesse comme sans réserve.
Quand il lui faut décrire un objet ou un ensemble, noter un dialogue, exprimer une idée, il ne tente pas de choisir, entre les termes exacts possibles, ceux doués de qualités communes indépendantes de leur sens, la sonorité et la splendeur comme chez Flaubert, le mouvement et la grâce comme chez les de Goncourt, la rudesse cladélienne ou la noblesse et le mystère de M. […] Zola, s’ils comptent un nombre considérable d’êtres bas, infimes, incomplets, malades ou rudimentaires, ne comprennent aucune des âmes supérieures et choisies, complexes, délicates et rares, que montrent les hauts romanciers. […] La facilité choisie de cette tâche permet qu’on l’accuse de manquer de psychologie, défaut dont la présence est confirmée par la fixité de ses caractères. […] Tout artiste choisit entre les diverses sensations d’un ensemble celles que ses nerfs lui permettent de sentir le plus vivement.
. — Œuvres choisies de Rivarol par M. de Lescure. […] Mais la publication qu’a faite dernièrement M. de Lescure des œuvres choisies de Rivarol, a modifié beaucoup, j’en conviens, mon opinion sur l’autre gloire qui doit revenir à Rivarol, — à cet homme qui ne fut pas seulement, après tout, qu’un improvisateur sublime, le Génie spontané et prodigieux de la causerie, et chez qui la conversation, si feu du ciel et foudre qu’elle ait été, n’a pas cependant tout dévoré de ses autres supériorités. Seulement, M. de Lescure publia les Œuvres choisies de Rivarol. Or, pourquoi choisies ?
En vue de simplifier l’exposition, nous admettrons que la direction SA du rayon lumineux a été choisie de manière à être celle même du mouvement de la Terre à travers l’éther. […] Or, il n’y a pas de communication instantanée ; et, du moment que toute transmission prend du temps, on a dû choisir celle qui s’effectue dans des conditions invariables. […] D’autre part, les axes OX, OY, OZ qu’on choisira de préférence à tous les autres, les seuls axes réellement et non pas conventionnellement immobiles, sont ceux qu’on se donnera dans ton système fixe. […] Étant donné deux dispositifs quelconques, naturels ou artificiels, servant à la mesure du temps, étant donné par conséquent deux mouvements, on pourra appeler zéro n’importe quel point, arbitrairement choisi comme origine, de la trajectoire du premier mobile.
Séailles en Sorbonne est surpopulaire, surhumaine, qu’il s’y passe des événements extraordinaires, et que, au fond, l’orateur y prononce des paroles surnaturelles ; quelle résonance n’aurions-nous pas obtenue si nous avions choisi un exemple maximum, et même des exemples communs ; les manifestations laïques ne sont-elles pas devenues des cérémonies toutes religieuses, des répliques, des imitations, des calques, des contrefaçons des cérémonies religieuses ; et pour la commémoration de Zola, pour l’anniversaire de sa mort, ne nous a-t-on pas fait une semaine sainte, une neuvaine ; sentiment religieux et naissance de la démagogie. […] Sans doute un philosophe comme Hobbes ou Descartes, un érudit comme Henri Etienne, un savant comme Cuvier ou Newton résument à leur façon le large domaine qu’ils se sont choisi ; mais ils n’ont que des facultés restreintes ; d’ailleurs ils sont spéciaux, et ce champ où ils se retirent ne touche que par un coin la promenade publique où circulent tous les esprits. […] Les vieux eux-mêmes, Taine, Renan, les autres, quand ils travaillaient, oubliaient, étaient contraints d’oublier leurs propres enseignements ; leurs propres ambitions : toutes les fois qu’un volume de Taine paraissait, c’était que Taine avait, pour la pratique de son travail, pour la réalisation du résultat, oublié de poursuivre l’indéfinité du détail ; toutes les fois qu’il paraissait un livre de Renan, c’était que Renan avait, pour cette fois, renoncé à la totalisation du savoir ; ils avaient choisi ; comme tout le monde, comme les anciens, comme Hérodote, comme Plutarque, et comme Platon, ils avaient choisi. Choisi, le grand mot est là ; choisir est un moyen d’art ; comment choisir, si l’on ne veut absolument pas employer les moyens d’art ; choisir, c’est faire un raccourci ; et le raccourci est un des moyens d’art les plus difficiles ; comment choisir, donc, si l’on refuse absolument d’employer les moyens d’art ; comment choisir, enfin, dans l’indéfinité, dans l’infinité du détail, dans l’immensité du réel, sans quelque intuition, sans quelque aperception directe, sans quelque saisie intérieure ; aussi longtemps qu’un moderne, un historien poursuit toutes les indéfinités, toutes les infinités du détail, et la totalisation du savoir, il est fidèle à lui-même, il travaille servilement, il ne produit pas ; aussitôt qu’il produit, fût-ce un article de revue, un filet de journal, une note au bas d’une page, une table des matières, c’est qu’il est infidèle aux pures méthodes modernes, c’est qu’il choisit, c’est qu’il élimine, qu’il arrête la poursuite indéfinie du détail, qu’il fait œuvre d’artiste, et par les moyens de l’art.
Préface En 1849, ayant vingt et un ans, j’étais électeur et fort embarrassé ; car j’avais à nommer quinze ou vingt députés, et de plus, selon l’usage français, je devais non seulement choisir des hommes, mais opter entre des théories. […] À cet égard, nos préférences seraient vaines ; d’avance la nature et l’histoire ont choisi pour nous ; c’est à nous de nous accommoder à elles, car il est sûr qu’elles ne s’accommoderont pas à nous.
Reconnoît-on la sublime substance Qui se souvient, compare, aime, choisit ? […] Lorsqu’on essaiera de se former l’idée la plus complette de ce qu’on nomme l’Esprit, cette idée rassemblera nécessairement la lumiere qui éclaire, la justesse qui dirige, & la raison qui compare, juge & choisit… « Je ne peux ni ne dois vous cacher, que les mœurs de nos jours ont assez dégénéré de l’ancienne candeur de cette Chevalerie, pour que la fausseté, la perfidie même, déguisées sous le nom de finesse, ne soient presque plus régardées que comme l’art de se conduire.
Ils sont adressés à un de ses amis, qui réussissoit aussi bien que lui dans la poësie Latine, & qu’il presse de lancer à son cour des traits contre Montmaur* : Tu chantas les héros ; aujourd’hui l’on t’invite A choisir pour sujet un odieux Thersite, D’un esprit aussi bas que son extérieur, Organe des forfaits, fléau de la pudeur, Que ta muse s’apprête A punir cette malebête. […] Il avoit dit d’un ton de maître, au milieu d’une compagnie nombreuse & choisie, qu’on trouveroit telle chose dans tels & tels auteurs.
L’assemblée, devant laquelle il parla, étoit nombreuse & choisie ; mais il n’entraîna pas tout le monde dans son sentiment. […] Qu’on choisisse seulement un homme de génie, & l’on verra de quoi notre langue est capable.
L’auteur des Prédicateurs avant Bossuet, le savant et fin commentateur des Oraisons funèbres et du Discours sur l’histoire universelle, vient de publier, avec introduction, notices et notes, un recueil de textes choisis, de 660 pages, et ces textes ne sont pas de Bossuet ! […] Entrons donc, sans plus de façons, dans le gynécée littéraire choisi et composé par l’ami de Bossuet. […] Les Femmes de France poètes et prosateurs, morceaux choisis avec introduction, des notices biographiques et littéraires et des notes philologiques, littéraires, historiques, par P.
La bonne servante lyonnaise avait entendu dire que les jugements de Dieu sont le renversement des apparences humaines, que Dieu se plaît souvent à choisir ce qu’il y a de plus humble, de plus laid et de plus méprisé pour confondre ce qui paraît beau et fort. […] Voici la première phrase du chef des cuisines : « Jamais festin plus somptueux n’aura été servi dans le triclinium du préfet de Rome, Pedanius Secundus » ; et l’intendant Priscus, à peine entré, interpelle les esclaves en ces termes choisis : « Approchez, Égyptiens, et vous, Éthiopiens, plus noirs que Pluton, dieu des enfers… À mesure que les convives apparaîtront dans l’atrium, précipitez-vous à leurs pieds ; que rien ne manque à leurs ablutions. […] Où est-il, celui que Dieu a choisi pour renverser cet empire sanglant ?
Qui nous dira lequel il faut choisir ? […] Elle est nécessaire à l’explorateur pour choisir sa route, elle ne l’est pas moins à celui qui marche sur ses traces et qui veut savoir pourquoi il l’a choisie.
Toute la différence, c’est qu’en faisant tout d’une venue les bras et les jambes de leurs figures, ce n’étaient pas eux qui fuyaient les détails, mais les détails qui les fuyaient ; car pour choisir il faut posséder. […] C’est peine et plaisir à la fois que de contempler les efforts qu’il fait pour choisir et accoupler ses tons. […] Cependant elle n’est pas trop mal choisie, car il a quelques-uns des travers et des ridicules de MM. les ingristes, c’est-à-dire le fanatisme du petit et du joli, et l’enthousiasme du beau papier et des toiles fines. […] Quel breuvage MM. les peintres ont-ils versé cette année dans son vin, ou quelle lorgnette a-t-il choisie pour aller à sa tâche ? […] Or, pour choisir un exemple éclatant de la sottise de M.
. — « Et toi, Vénus, dit Jupiter, lequel des dieux choisiras-tu ? tu es trop mère pour parler convenablement dans ta propre cause. » — Vénus choisit Apollon, « encore que l’on ait semé par le monde, dit-elle, que la maison d’Apollon et la mienne ne s’accordaient guère bien. » Diane, en effet, et les Muses sont les vierges par excellence. […] Le cadre qu’elle a choisi prête à l’effet ; nous l’eussions aimé peut-être moins emprunté et plus naturel. […] Œuvres choisies d’Alexandre Sylvain de Flandre, poète à la Cour de Charles IX et de Henri III, précédées d’une Etude sur l’auteur et ses oeuvres, par M.
L’abbé Combalot, à un moment, était son guide (entre nous, elle en eût pu choisir un meilleur et de meilleur sens). […] » De son côté, Riouffe, qui était présent également, a dit en quelques traits rapides, mais heureusement touchés : « Le jour où elle fut condamnée, elle s’était habillée en blanc et avec soin : ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu’à sa ceinture… Elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme. […] Je sais qu’il y a des personnes qui trouvent cela théâtral ; mais, en vérité, il me semble que l’échafaud est bien réellement un théâtre aussi ; elle ne l’avait pas choisi, il lui échut par le sort ; elle y parut comme il sied, et y joua son personnage d’une manière à la fois aisée, courageuse et supérieure, décente et digne. […] On peut recommander en ce sens le petit volume des Lettres choisies de Mme Roland, annotées par M.
Il dut y songer à deux fois et se recueillir pour accommoder et accorder ses propres pensées avec ce mode d’expression fin, éclatant et poli, dont l’idée si longtemps éclipsée était enfin retrouvée pour ne plus se perdre, et qui rayonnait avec diversité en vingt types immortels ; il fit, en présence des Grecs et des Latins, ce que les Latins avaient déjà fait en présence des Grecs : il choisit, il s’ingénia, il combina. […] Il traduit et répète les préceptes de l’Épître aux Pisons, en nous les appropriant ; il conseille l’étude avant tout, le travail, de tenter le difficile ; se choisir de bons modèles ou ne pas s’en mêler ; qu’on ne lui allègue point le Nascuntur poetæ, mais parlez-moi de la méditation, des veilles, de l’abstinence et du jeûne : Qui studet optatam cursu contingere metam Multa tulit fecitque puer, sudavit et alsit, Abstinuit venere et vino105……………… Il faut laisser aux poètes courtisans la paresse et la facilité épicurienne, qui ne mena jamais à la gloire. […] Du Bellay nous offre là en quelque sorte l’idée d’un Racine anticipé, l’idée véritablement d’un Virgile français né et nourri exprès pour rivaliser de son mieux avec cet admirable prince des poètes ; et il arrive au juste conseil, au conseil fécond et opportun, s’il avait pu se suivre et s’appliquer avec feu, avec tact et maturité : « Choisis-moi (dans notre histoire) quelqu’un de ces beaux vieux romans françois comme un Lancelot, un Tristan ou autres, et fais-en renaître au monde une admirable Iliade ou une laborieuse Énéide. » On voit (et je reviens ici au reproche de M. […] À défaut du Roland devenu impossible, il y aurait eu moyen, j’imagine, d’aller choisir quelque grand fait, quelque épisode de nos chroniques nationales, de nos dernières guerres séculaires, comme les récits chevaleresques de Froissart en sont pleins ; quelque combat des Trente ; et, sans tant chercher, que n’est-on allé donner la main à la dernière chanson de geste de la seconde moitié du xive siècle, à la chronique de Du Guesclin !
Quand le duc du Maine l’épousa, et qu’il eut à choisir entre les filles non encore mariées de M. le Prince, il se décida pour celle-ci, sur ce qu’elle avait peut-être quelques lignes de plus que son aînée. […] L’abbé Genest y avait choisi son ermitage, d’où il venait faire ses dévotions à la Dame de Sceaux. […] Le vrai goût discerne, examine ; il a ses temps de repos, et il choisit. Ici l’esprit naturel faisait tout, mais on ne discernait pas, on ne choisissait pas : la duchesse jouait indifféremment Athalie, Iphigénie en Tauride (traduite fidèlement d’Euripide), ou Azaneth, femme de Joseph, dans la tragédie de Joseph faite par l’abbé Genest.
Une idée sublime, appartenant à d’anciennes traditions répandues dans le monde, quoiqu’elles n’y fussent pas universellement connues, avait choisi pour asile, parmi les doctrines païennes, le platonisme. […] Elle choisit son temps pour paraître, et, si cela lui convient, pour se réfugier ensuite dans l’ombre comme une courtisane. […] Ils ont cru pouvoir commencer à écarter le merveilleux de leurs récits, et bientôt ils se sont arrogé le droit de choisir dans leurs matériaux, ou, pour parler plus exactement, de choisir dans les traditions, et même de modifier celles qu’ils consentaient à consacrer de nouveau.
Qui choisira ? […] Ta vie, à l’état de veille, est donc une vie de travail, même quand tu crois ne rien faire, car à tout moment tu dois choisir, et à tout moment exclure. Tu choisis parmi tes sensations, puisque tu rejettes de ta conscience mille sensations « subjectives » qui reparaissent aussitôt que tu t’endors. Tu choisis, avec une précision et une délicatesse extrêmes, parmi tes souvenirs, puisque tu écartes tout souvenir qui ne se moule pas sur ton état présent.
La popularité de son Plutarque ne prouve pas seulement son talent, mais révèle aussi qu’il avait choisi un des auteurs les mieux adaptés au besoin de ses lecteurs. […] Croyons-en la gratitude de Montaigne : « Surtout je lui sais bon gré, dit-il d’Amyot, d’avoir su trier et choisir un livre si digne et si à propos, pour en faire présent à son pays.
Les sociétés actuelles ne peuvent plus compter uniquement, comme celles d’autrefois, sur les qualités héréditaires de quelques familles choisies, sur des institutions tutélaires, sur des organismes politiques où la valeur du cadre était souvent fort supérieure à celle des individus. […] n’eut-on pas ridée, en 1883, de désigner pour présider à notre distribution des prix, au lycée Louis-le-Grand, un homme, inoffensif assurément, mais le dernier qu’il aurait fallu choisir à un moment où il s’agissait avant tout de relever l’autorité, de se montrer ferme et de faire chaleureusement le convicium seculi ?
Et que l’on ne se presse pas de choisir : car enfin Saint Pierre de Rome, grâce à ses proportions si vantées, ou n’obtient jamais ou n’acquiert qu’à la longue ce qu’on lui aurait accordé constamment et subitement, dans un autre système. […] Dans les ordres inférieurs il faut choisir l’individu le plus rare, ou celui qui représente le mieux son état, et se soumettre ensuite à toutes les altérations qui le caractérisent.
A l’École Normale, où je m’occupais de choisir les principes qui ont déterminé ma vie, une phrase de Stendhal m’a frappé : « Tant qu’on n’a pas six mille francs de rentes, ne penser qu’à cela ; quand on les a, n’y plus penser. » Il faudrait ajouter : « Se choisir un milieu social, un ordre où passer sa vie avec régularité, et, cette élection faite, n’y plus penser. » Un ordre dans lequel on puisse d’ailleurs travailler en toute indépendance.
Tu choisiras ; tu as choisi. […] Et il laissait à chacun de choisir. […] Il les choisissait avec précaution. […] Il faut choisir ; inventer, c’est choisir. Comment choisir ?
Il a pour principe que tous les hommes tendent au bonheur ; et la peinture de la vie, c’est pour lui la peinture des moyens qu’ils choisissent pour s’y diriger. […] La même coquetterie se fait paraître par d’autres procédés ; ainsi quand dans la Chronique de Charles IX il laisse au lecteur le soin de choisir le dénouement qui lui plaira : grossier défaut, mais défaut voulu. […] Les caractères se dessinent par une action significative, que le romancier a su choisir en faisant abstraction du reste. […] Car Mérimée est « cruel » : il conte avec sérénité toutes sortes de crimes, de lâchetés et de vices, les histoires les plus répugnantes ou les plus sanglantes ; ne croyant ni à l’homme ni à la vie, il choisit les sujets où son froid mépris trouve le mieux à se satisfaire. […] Quelque sujet qu’il ait choisi, Mérimée le traite avec une puissance singulière d’expression.
Il faut donc que je choisisse ; et, par le fait, j’ai choisi, puisque j’ai dit que c’était Paul qui était lancé à travers l’espace et que, par là même, j’ai immobilisé le système de Pierre en système de référence 56. […] Sur la ligne d’Univers de M₁, choisissons deux événements déterminés A et B… Entre ces événements nous pouvons imaginer dans l’Espace-Temps une infinité de lignes d’Univers réelles… Prenons l’une quelconque de ces lignes d’Univers ; il suffit pour cela de considérer un second mobile M₂, parti de l’événement A, qui, après avoir parcouru, avec une vitesse plus ou moins grande, un trajet spatial plus ou moins long, trajet que nous allons repérer dans un système en translation uniforme lié à M₁ rejoint ce mobile M₁, à l’événement B. […] Prenons un cas simple, choisi par Einstein lui-même 67, celui d’un champ de gravitation produit par la rotation d’un disque. […] Mais le physicien ne peut pas les adopter, tous ensemble, pour système de référence : il choisit nécessairement l’un d’eux, les prenant tour à tour.
C’est l’œuvre d’un homme qui choisit, élague, combine. […] Il faut choisir. […] Cette commission choisirait le cadavre, s’assurerait que la mort est bien réelle, désignerait la salle où devrait se faire l’expérience, réglerait tout le système de précautions nécessaire pour ne laisser prise à aucun doute. […] Mais qui ne voit que jamais miracle ne s’est passé dans ces conditions-là ; que toujours jusqu’ici le thaumaturge a choisi le sujet de l’expérience, choisi le milieu, choisi le public ; que d’ailleurs le plus souvent c’est le peuple lui-même qui, par suite de l’invincible besoin qu’il a de voir dans les grands événements et les grands hommes quelque chose de divin, crée après coup les légendes merveilleuses ?
Son style est enflé, son expression dure & gothique, ses descriptions sont basses, ses comparaisons mal choisies à quelques-unes près. […] Le meilleur & le plus court est intitulé : Anthologie Françoise, ou Chansons choisies publiées par M. […] Son style est fleuri, abondant ; ses tableaux sont rians, ses comparaisons heureuses, ses expressions bien choisies. […] M. de Voltaire a choisi dans ses Epîtres des sujets très-intéressans, & il les manie avec cet art & cette adresse qui l’a mis au rang de nos plus beaux esprits. […] Dorat, & plein de cette effervescence enfantine, qu’il nomme imagination, choisit un sujet quelconque.
A-t-il à parler (13 août 1779) d’un médecin et chirurgien irlandais, David Macbride, il insistera particulièrement sur les qualités que doit réunir un médecin des femmes et particulièrement un accoucheur : Nées, dit-il, pour la peine autant que pour le plaisir, dévouées en quelque sorte à l’éducation et au bonheur des hommes, destinées à leur fournir le premier aliment et à leur prodiguer les premiers soins, exposées à un grand nombre d’infirmités et de maladies dont cette noble fonction est la source, les femmes ont toujours eu l’intérêt le plus vif à s’occuper de leur santé et à choisir un médecin habile. […] On dit volontiers du mal de la rhétorique, et à moi-même cela a pu m’arriver quelquefois : pourtant dans ces genres officiels et où la cérémonie entre pour quelque chose, dans ces sujets que l’on ne choisit pas et que l’on ne va point chercher par goût, mais qui sont échus par le sort et imposés avec les devoirs d’une charge, il y a un art, une méthode et des procédés de composition qui soutiennent et qui ne sont nullement à dédaigner ; si on peut les dénoncer et les blâmer par instants en les voyant trop paraître, on souffre encore plus lorsqu’ils sont absents et qu’au lieu d’un orateur on n’a plus devant soi qu’un narrateur inégal, à la merci de son sujet, avec tous les hasards de la superfluité ou de la sécheresse. […] La reine elle-même venait, à la mort de Lassone, de choisir Vicq d’Azyr pour son médecin ; tout le favorisait, et, à peine arrivé à l’âge de quarante ans, il se voyait, dans toutes les directions, au sommet de la plus belle et de la plus enviable carrière.
Depuis que Madame Bovary avait paru, la question du réalisme revenait perpétuellement sur le tapis ; on se demandait entre critiques si la vérité était tout, s’il ne fallait pas choisir, et puisqu’on ne pouvait tout montrer indistinctement, où donc il convenait de s’arrêter. […] Que d’autres aillent s’amuser et s’éterniser dans ces vieilles contrées usées de Rome, de la Grèce ou de Byzance, lui il était allé choisir exprès un pays de monstres et de ruines, l’Afrique, — non pas l’Égypte trop décrite déjà, trop civilisée, trop connue, mais une cité dont l’emplacement même a longtemps fait doute parmi les savants, une nation éteinte dont le langage lui-même est aboli, et dans les fastes de cette nation un événement qui ne réveille aucun souvenir illustre, et qui fait partie de la plus ingrate histoire. […] Flaubert a choisie pour fond et pour sujet de son récit, et qu’il a voulu peindre dans tout le détail de ses atrocités, l’offrant comme une espèce de type de la guerre chez les Anciens ou du moins chez les peuples d’Afrique.
Il faut choisir, et dans Raphaël l’écrivain ne choisit plus : il prétend confondre et identifier l’une et l’autre ; c’est là son rêve. Il fut un temps où il choisissait.
L’étudiant qui arrive choisit d’abord une des trois premières facultés suivant l’état auquel il se destine, mais ses premières études regardent pourtant principalement la philosophie. […] Dans les universités, chaque étudiant choisit l’objet et le nombre des cours qu’il veut suivre, et que les professeurs ont soin d’annoncer publiquement avec l’heure et le lieu. […] Il est choisi parmi les professeurs par voie de scrutin, et dans les unes il exerce cette charge un an, dans d’autres six mois.
Quand l’original sera bien choisi, les occasions de le corriger ou de l’embellir seront rares ; si elles sont fréquentes, il ne vaut pas la peine qu’on le traduise. […] Ne serait-il pas infiniment plus avantageux de choisir dans les différents ouvrages de chaque auteur ce qu’ils contiennent de plus excellent, et de ne présenter aux enfants, dans la lecture des anciens, que ce qui mérite davantage d’être retenu ? […] En général, lorsque le sens m’a paru disputé ou douteux, j’ai choisi le plus beau, parce qu’il y a toujours lieu de croire que c’est celui de Tacite.
À la bien choisir, ils appliquent tout leur soin et tout leur art. […] Il convient ici de citer des exemples sans commentaires : en voici quelques-uns choisis parmi les plus bizarres. […] Le très fécond Balzac, dont nous venons de citer cette magnifique appellation d’avare, choisissait les noms de ses personnages avec la plus scrupuleuse étude, surtout quand il voulait appliquer ces noms au roman lui-même ; et à part deux ou trois cas malheureux, on peut dire qu’il y a toujours magnifiquement réussi : que ce soit Z.
Il l’eut scandaleuse et flatteuse, et du coup elle le fit quitter ses deux paroisses et s’en venir à Londres, où il alla partout sur le poing de Garrick, le comédien (cornac bien choisi pour un prêtre !) […] Or, s’il est un nom significatif et qui précise dans l’esprit l’image d’une civilisation tout entière, n’est-ce pas ce nom si singulièrement choisi de Koran, que Mahomet — l’un des quatre hommes de l’Histoire qui ont le plus laissé leur empreinte dans les choses humaines — a consacré en l’écrivant, avec la pointe d’un cimeterre, sur le frontispice de sa Loi ? […] Telle est, pourtant, la surprise et la déception que nous cause ce titre d’un livre, choisi en haine des titres significatifs.
Ils restreignent à on ne sait quel cercle noble étrangement choisi la suite des noms qui leur paraissent compter. […] Delacroix a choisi pour exposer la « théorie » de Stendhal une méthode analytique qui fausserait son sujet s’il s’agissait par exemple de Rousseau, mais qui ici, ayant pour effet de ramener l’exposé de Stendhal à celui de ses maîtres ou demi-maîtres, les idéologues, s’accepte parfaitement. […] L’ignorance de la cristallisation amoureuse amènerait pareillement un homme grossier à trouver ridicule qu’un amoureux se donne tant de peine pour obtenir d’une certaine femme un plaisir que cent femmes entre lesquelles il peut choisir lui procureraient à l’instant.
Dans le fagot épineux de l’éducation scolaire, il choisit la seule fleur, bien fanée sans doute, la versification latine, mais qui, comparée à l’érudition, à la théologie, à la logique du temps, est encore une fleur. […] Il apprenait l’art d’égayer, de toucher, de parler d’amour ; il sortait ainsi des études arides ou spéciales ; il savait choisir parmi les événements et les sentiments ceux qui peuvent intéresser ou plaire ; il était capable de tenir sa place dans la bonne compagnie, d’y être quelquefois agréable, de n’y être jamais choquant. […] Il faut voir avec quelle complaisance il peint dans sir Roger et dans le Freeholder les sérieux contentements du citoyen et du propriétaire : « J’ai choisi ce titre de franc-tenancier, dit-il, parce qu’il est celui dont je me glorifie le plus, et qui rappelle le plus efficacement en mon esprit le bonheur du gouvernement sous lequel je vis. […] Combien grande doit être la majesté d’un lieu où tout l’art de la création a été employé et que Dieu a choisi pour se manifester de la façon la plus magnifique ! […] Car le monde choisi raffine le langage.
Le motif choisi est l’inceste41. […] Il n’avait pas su choisir entre la joie sentimentale d’agir et l’austère bonheur de vivre en soi : du moins, à défaut de la choisir, a-t-il eu la force d’indiquer la meilleure part. […] Les sujets que choisit Sainte-Beuve, intérêts aux petites choses, atonies et douceurs, comportaient cette forme. […] Les étiquettes-mêmes qu’elle a choisies n’ont pas fait fortune : qui se souvient des « Vivants » et des « Brutalistes » ? […] Quoique le dilettante semble goûter de tous les plaisirs également, il souffre plus qu’un autre, ne pouvant choisir.
Dans la société de l’hôtel de Rambouillet, au contraire, l’homme de lettres était dégagé de ses liens personnels ; il n’était plus l’homme ou l’esprit d’un autre homme ; il était devenu maître à son tour de choisir, de placer, de graduer ses préférences entre les grands, comme précédemment les grands l’avaient été de choisir entre les gens de lettres.
Dès 1645 donc, le temps était venu où cette femme respectable devait voir sa maison se fermer à la jouissance d’une société choisie, mais nombreuse ; jouissance toute noble, toute glorieuse, mais par cela même d’un éclat incommode pour son âge. […] « Souvenez-vous, dit-il, de ces cabinets qu’on regarde encore avec tant de vénération, où la vertu était révérée sous le nom de l’incomparable Arthénice, où se rendaient tant de personnes de qualité et de mérite, qui composaient une cour choisie, nombreuse, sans confusion, modeste sans contrainte, savante sans orgueil, polie sans affectation. » La causticité du duc de Saint-Simon ne l’a pas empêché de rendre justice à la maison de Rambouillet.
Nous répondrons qu’il faut toujours choisir, pour émouvoir le cœur, ce qui peut l’élever, l’agrandir ; non ce qui l’abaisse & l’énerve. […] D’un autre côté son attention à ne choisir pour modeles que nos meilleurs Ecrivains, forma dans lui cette diction pure, élégante, correcte, harmonieuse, qui le rend le plus exact & le plus agréable de tous ceux qui ont écrit dans notre Langue.
Nous prenons sur nous de le dire, de talent, dans ces Lettres portugaises que réimpriment les bibliothèques dites choisies, il n’y en a pas. […] Bibliothèque choisie, 27, rue des Bons-Enfants.
Le panégyriste de Tibère devait l’être de Séjan ; aussi, dans le même ouvrage, Séjan est-il peint comme un grand homme ; on nous apprend qu’il fut choisi pour seconder Tibère, parce que c’est la règle que les hommes supérieurs emploient des hommes de génie21 ; enfin, dans les dernières lignes, la servitude à genoux implore hautement tous les dieux de Rome, pour demander, au nom de l’univers, la conservation de qui ? […] Ce Polybe avait été esclave et était tout-puissant, suivant la coutume de Rome, où les empereurs, soit par paresse de faire un choix, soit par l’habitude d’être gouvernés, soit par la confiance qu’inspire une bassesse de tous les jours, soit pour ne pas confier leur pouvoir à des hommes qu’ils pouvaient craindre, soit par ce secret orgueil que sent un despote à faire adorer ses esclaves, choisissaient presque toujours leurs ministres parmi leurs affranchis.
Dira-t-on alors qu’en envisageant tous les côtés du présent pour le prolonger dans toutes les directions, on obtiendrait, dès maintenant, tous les possibles entre lesquels l’avenir, à supposer qu’il choisisse, choisira ? […] Mais nous nous attachions à celle-là, parce que nous avions choisi d’abord, pour éprouver notre méthode, le problème de la liberté. […] On peut se demander, il est vrai, pourquoi elle choisissait ce point de départ. […] Nous ne l’avons pas choisi, nous l’avons rencontré. […] Permettez-moi de choisir un exemple.
Barbier a choisis indiquent assez qu’il a voulu personnifier dans ces sonnets les différentes faces, les différentes époques de l’art italien. […] Barbier se soit arrêté à la surface du sujet qu’il avait choisi. […] Pourquoi donc l’Académie française a-t-elle choisi M. […] Mais ayant à choisir entre la passion et le ridicule, elle choisit le ridicule ; ce dernier côté de l’âme, moins grand en apparence que le premier, n’est cependant ni moins varié, ni moins animé, ni moins profond. […] C’est pourquoi il persévère dans le chemin qu’il a choisi.
À cette époque il a choisi décidément, pour en faire sa carrière, le métier de peintre. […] D’ailleurs la choisit-on ? Ne la vit-on pas précisément, comme c’est le cas d’Amiel, parce qu’on ne veut pas, ou ne peut pas, ou ne sait pas choisir ? […] Il pourrait faire ce qu’il voudrait, mais il ne peut vouloir ce qu’il aurait à faire, parce qu’il ne peut choisir. Il repère l’ennemi qui l’empêchera d’être en l’empêchant de choisir, qui l’empêchera de choisir en lui montrant de la montagne tous les royaumes étendus sous son regard.
Il y combattait avec une âpre éloquence, à grands coups de logique et d’imagination, l’athéisme politique, celui qui fait de la religion un instrument de despotisme pour lier le peuple, le déisme, qui croit fonder une religion dite naturelle sur la seule raison, le protestantisme et toutes les doctrines latitudinaires, qui, reconnaissant une révélation, croient avoir le droit de choisir parmi les dogmes, de rejeter ceux-ci et de prendre ceux-là. […] Il avait renouvelé l’étude de la littérature selon l’esprit, de Mme de Staël ; il développait le principe, que la littérature est l’expression de la société, et il avait choisi les deux cas les plus favorables peut-être qu’il y ait à la démonstration de ce principe : il faisait l’histoire de la littérature du xviiie siècle, et l’histoire de la littérature du moyen âge. […] Œuvres choisies, 4 vol., 1861 ; Nouvelles Œuvres choisies, 7 vol., 1873-5 ; Lettres choisies, 1888. — Le P.
Au milieu de cette vaste trame un peu confuse, l’Angleterre et la France tiennent le premier plan ; et c’est dans les tableaux qu’il en retrace qu’on pourrait le mieux choisir pour donner idée de sa manière. […] Le roi décide, sur le conseil des plus experts chevaliers, que trois cents hommes d’élite à cheval commandés par les deux maréchaux messire Jean de Clermont et messire Arnoul d’Audrehem, et choisis parmi les plus durs, les plus roides et les plus hardis, iront pour rompre et forcer l’entrée. […] J’ai voulu insister un peu sur ce grand tableau de la bataille de Poitiers, et je l’ai choisi comme l’exemple le plus frappant et le plus en vue de la manière de l’historien. […] Le cas de ce savant homme est piquant et nous offre un singulier phénomène : c’est que plus il a étudié et approfondi son auteur, plus il en a collationné de manuscrits, et plus aussi la tâche de choisir et de fixer un texte lui est devenue impossible.
Toutes les nations qui se sont détachées successivement du point central, du cœur de l’Asie, sont reconnues aujourd’hui pour des frères et sœurs de la même famille, et d’une famille empreinte au front d’un air de noblesse ; mais, dans cette famille nombreuse, il y a eu un front choisi entre tous, une vierge de prédilection sur laquelle la grâce incomparable a été versée, qui avait reçu, dès le berceau, le don du chant, de l’harmonie, de la mesure, de la perfection (Nausicaa, Hélène, Antigone, Électre, Iphigénie, toutes les nobles Vénus) ; et cette charmante enfant de génie, cette muse de la noble maison, si on la suppose retranchée et immolée avant l’âge, n’est-il pas vrai ? […] On ne naît pas quand on veut, on ne choisit pas son moment pour éclore ; on n’évite pas, surtout dans l’enfance, les courants généraux qui passent dans l’air, et qui soufflent le sec ou l’humide, la fièvre ou la santé ; et il est de tels courants pour les âmes. […] Je ne crains pas de varier les exemples, les rapprochements, et de choisir ceux qui vous associeront le mieux à ma pensée. […] [NdA] Je choisis, entre mes leçons à l’École normale où j’ai eu l’honneur d’être maître de conférences pendant quatre années (1857-1861), celle dont le sujet est le plus général, et qui est la plus propre, en effet, à montrer comment j’entendais mon devoir de professeur, très distinct du rôle de critique ; le critique s’inquiétant avant tout, comme je l’ai dit, de chercher le nouveau et de découvrir le talent, le professeur de maintenir la tradition et de conserver le goût.
Chaque fois qu’appelé à choisir entre différentes expressions, l’écrivain ou l’orateur se détermine pour celle qui rappelle l’idée la plus délicate, son esprit choisit entre ces expressions, comme son âme devrait se décider dans les actions de la vie ; et cette première habitude peut conduire à l’autre. […] Le peuple s’accoutumerait à choisir des magistrats ignorants et grossiers ; ces magistrats, étoufferaient les lumières ; et, par un cercle inévitable, la perte des lumières ramènerait l’asservissement du peuple. […] Un caractère élevé redevient content de lui-même, s’il se trouve d’accord avec ces nobles sentiments, avec les vertus que l’imagination même a choisies, lorsqu’elle a voulu tracer un modèle à tous les siècles.
Sa sobriété, son tact à choisir les grands traits de tous les sujets qu’il traite, à sacrifier les détails inutiles, serait un mérite considérable en tout pays, et ce mérite est surtout à louer chez un Russe. […] C’est dans les récits de cette nature que j’admire surtout sa sobriété et l’art qu’il met à choisir les traits les plus frappants en négligeant maint détail qui nuirait à l’illusion. […] Les descriptions de lieux, les aspects de la nature sont plus exactement peints, car l’auteur sait voir et choisir dans le spectacle qu’il a sous les yeux. […] S’il fallait résumer en quelques mots le caractère des poèmes de Pouchkine, il faudrait noter la simplicité de la composition, la sobriété des détails, et surtout le tact exquis qui les fait choisir.
Avec son vocabulaire opulent et varié d’où surgissent à chaque phrase les mots strictement choisis, avec sa claire vision de paysages fondus, ses images dorées, ses plastiques ondulantes ou sévères, M. de Régnier a le goût qui distingue, élit, compare et dispose ; il a l’instinct souverain de l’ordonnance qui assigne à ses poèmes la solidité du verbe immobilisé comme un marbre. […] * * * Les longues pages précédentes ont fait pressentir déjà quelle est la personnalité des deux poètes dont j’ai choisi les œuvres. […] On aime à se représenter ce poète en seigneur de jadis, et pourquoi pas choisir, à cause de son nom, ce Thibaut de Champagne qui parcourut la terre d’Ardenne et connut les rives de la Meuse ? […] Le titre d’un fragment exquis de ses « poèmes anciens » paraît avoir été choisi par un devin subtil pour signifier à jamais les paroles qu’il devait dire ensuite : motifs de légende et de mélancolie… et voilà l’œuvre entière du poète appelée par ces mots.
Sans vouloir dérouler la longue histoire des façons, diverses dont l’amour a été compris par les différentes époques, il est permis de choisir quelques exemples pour montrer les phases extrêmes par où ont passé ce sentiment et son expression. […] Comparez aux peintures du poète ce qui se passe dans certaines familles, surtout dans les familles jansénistes du temps, et vous verrez qu’il n’a eu qu’à idéaliser certains traits choisis dans la réalité. […] « Car, écrit-elle, ce qui a donné la supériorité aux hommes a été le mariage, et ce qui nous a fait nommer le sexe fragile a été cette dépendance où le sexe masculin nous a assujetties. » La pucelle d’Orléans dont le pauvre Chapelain a, si malheureusement pour elle et pour lui, fait la victime de son poème épique, était habilement choisie pour plaire à ces vierges sages si jalouses de leur liberté. […] On peut choisir comme exemple le second tiers du xviiie siècle alors que des seigneurs de la cour, souvent capitaines ou colonels, la figure rasée, la tête poudrée, portaient des dentelles et des manchons, se piquaient d’exceller dans le parfilage ou la broderie, se présentaient dans les salons avec des ciseaux et des aiguilles d’or.
« De ces deux explications, le lecteur choisira celle qu’il voudra. » Comme on le voit, à l’époque où ce livre fut publié, l’auteur ne jugea pas à propos de dire dès lors toute sa pensée. […] Ce qu’il a eu dessein de faire, ce qu’il voudrait que la postérité vît dans son œuvre, si jamais elle s’occupe de si peu, ce n’est pas la défense spéciale, et toujours facile, et toujours transitoire, de tel ou tel criminel choisi, de tel ou tel accusé d’élection ; c’est la plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés présents et à venir ; c’est le grand point de droit de l’humanité allégué et plaidé à toute voix devant la société, qui est la grande cour de cassation ; c’est cette suprême fin de non-recevoir, abhorrescere a sanguine , construite à tout jamais en avant de tous les procès criminels ; c’est la sombre et fatale question qui palpite obscurément au fond de toutes les causes capitales sous les triples épaisseurs de pathos dont l’enveloppe la rhétorique sanglante des gens du roi ; c’est la question de vie et de mort, dis-je, déshabillée, dénudée, dépouillée des entortillages sonores du parquet, brutalement mise au jour, et posée où il faut qu’on la voie, où il faut qu’elle soit, où elle est réellement, dans son vrai milieu, dans son milieu horrible, non au tribunal, mais à l’échafaud, non chez le juge, mais chez le bourreau. […] Seulement, nous eussions mieux aimé que la Chambre choisît une autre occasion pour proposer l’abolition de la peine de mort. […] Ham fut choisi comme juste milieu entre la mort et la liberté.
Tandis que la moelle transforme les ébranlements reçus en mouvement plus ou moins nécessairement exécuté, le cerveau les met en rapport avec des mécanismes moteurs plus ou moins librement choisis ; mais ce qui s’explique par le cerveau dans nos perceptions, ce sont nos actions commencées, ou préparées, ou suggérées, ce ne sont pas nos perceptions mêmes. — S’agit-il du souvenir ? […] Alors nous comprenons pourquoi les lois de l’association sont la ressemblance et la contiguïté plutôt que d’autres lois, et pourquoi la mémoire choisit, parmi les souvenirs semblables ou contigus, certaines images plutôt que d’autres images, et enfin comment se forment, par le travail combiné du corps et de l’esprit, les premières notions générales. […] Ce qui est donné, ce ne sont pas des sensations inextensives : comment iraient-elles rejoindre l’espace, y choisir un lieu, s’y coordonner enfin pour construire une expérience universelle ? […] Les premières lueurs qu’y vient jeter une conscience individuelle ne l’éclairent donc pas d’une lumière inattendue : cette conscience n’a fait qu’écarter un obstacle, extraire du tout réel une partie virtuelle, choisir et dégager enfin ce qui l’intéressait ; et si, par cette sélection intelligente, elle témoigne bien qu’elle tient de l’esprit sa forme, c’est de la nature qu’elle tire sa matière.
Si Boileau avait voulu faire une épigramme, il n’aurait pas choisi autrement son texte ; mais, quand Boileau écrivit cette satire ou ce lieu commun sur la noblesse, il était jeune, il avait besoin d’appui et de protection en Cour : Dangeau s’offrait, brillant, fastueux, obligeant, bon prince, aimant les lettres, faisant de mauvais vers et goûtant les bons ; Boileau le prit sur l’étiquette et le caressa même par son faible ; il le traita tout net de grand seigneur et d’homme issu d’un sang fécond en demi-dieux : « Les plus satiriques et les plus misanthropes, a remarqué à ce propos Fontenelle, sont assez maîtres de leur bile pour se ménager adroitement des protecteurs. » Vingt ans plus tard, La Bruyère, qui n’avait pas, il est vrai, besoin de Dangeau, et qui avait pour lui la maison de Condé, n’était pas si facile ni si complaisant ; le portrait de Pamphile, de l’homme de cour qui se pique avant tout de l’être et qui se guinde, s’étale et se rengorge avec complaisance, est en grande partie celui de Dangeaua. […] Il y établit un principal instituteur qui choisissait les autres, ce qui n’empêchait pas le marquis et l’abbé de Dangeau, son frère, de venir de temps en temps inspecter la manutention et l’ordre de la maison. […] Et d’ailleurs, dans ce genre de statistique et de chronique, si l’auteur se permet de choisir et d’élaguer une fois à son gré, il n’y a plus de garantie.
Ministre de l’intérieur dès les premiers jours d’août 1830, il avait eu à choisir entre les deux politiques rivales, et il avait pris parti aussitôt : « Par instinct comme par réflexion, dit-il, le désordre m’est antipathique ; la lutte m’attire plus qu’elle ne m’inquiète, et mon esprit ne se résigne pas à l’inconséquence. » Il avait donc planté intrépidement son drapeau sur la brèche qu’on réparait ; il avait professé rigoureusement sa doctrine, plus rigoureusement même qu’il n’était besoin en saine politique ; car, après tout, il s’agissait du salut social dans le sens de la bourgeoisie, et l’essentiel était d’y atteindre, encore plus que de le proclamer. […] Or, cependant entre les idées et les intérêts de la société, s’il fallait absolument choisir pour la conduite politique, on courrait risque encore de se moins tromper en sachant et en consultant préférablement les intérêts. […] Il a le goût des cités politiques choisies, des sociétés fermées et retranchées ; il n’aime pas à faire entrer dans le cercle, une fois défini, des citoyens, les gens du dehors, fussent-ils des natifs.
Ce volume compacte, avec ses curieux appendices si bien choisis et disposés, est un magasin de notions, de textes et de réflexions historiques, un arsenal pour le polémiste futur. […] Prevost-Paradol fit ses débuts ; il choisit pour premier sujet l’étude des écrivains moralistes : on y pouvait voir une sorte d’à-propos et de convenance heureuse par rapport à la cité qui a produit Vauvenargues. […] Alors ce n’était pas comme aujourd’hui ; il fallait être avec quelqu’un, il fallait choisir ; on ne pouvait être également l’ami de tous.
Ne cherchez point de chaussée historique, bien cimentée, solide et continue : le parti pris des points de vue absolus domine ; on court avec lui sur des cimes, sur des pics, sur des aiguilles de granit, qu’il se choisit comme à plaisir pour en faire ses belvédères. […] Jamais éducation de prince (et en parlait ainsi, je me souviens de celle du Dauphin son père, élevé par Montausier et Bossuet) ne convoqua et ne réunit un groupe d’hommes plus distingués, plus appropriés à l’œuvre à laquelle ils se vouaient : M. de Beauvilliers, gouverneur ; — Fénelon, précepteur ; — l’abbé Fleury, sous-précepteur, conjointement avec l’abbé de Beaumont, neveu de Fénelon ; — l’abbé de Langeron, lecteur ; et le reste choisi à l’avenant. […] Un grand prince, de nos jours, est allé choisir par goût et a traduit l’Idéal de Schiller, le poète magnanime.
L’auditoire avait été choisi à souhait : outre les habitués, M. de Chateaubriand en tête, c’était M. le duc de Noailles, plus la vicomtesse de ce nom et sa fille la duchesse de Mouchy, c’est-à-dire la fille et la petite-fille de Mme de Noailles elle-même. […] La description que l’auteur faisait du Louvre et de la saleté de ses abords, et de l’horreur des constructions privées au-dedans, et des éviers même et des latrines (car le mot y est), parut singulière dans son détail et dans sa longueur à ce petit public choisi. […] Il ne choisit pas quand il copie et qu’il décrit.
En tout il savait choisir ses points. […] Des deux moitiés de l’île on choisit, pour l’y loger, celle dont l’inclinaison était la moins riante et la moins salubre. […] Thiers me fit l’honneur de m’écrire pour me remercier de l’avoir défendu contre les écrivains à effet ; mais il trouva, sans peine à ajouter à ce que j’avais dit, et il le fit si bien, d’une telle abondance de cœur et d’une telle verve, qu’il me semble que je ne saurais choisir aujourd’hui d’autre avocat pour lui que lui-même : « Il y a entre ces messieurs et moi, disait-il, un malentendu irréparable.
Aujourd’hui je comprends bien ce que vous voulez appeler la responsabilité délicate qui vous est échue : il s’agit de choisir, d’élaguer, de remplir le vœu dernier d’un poëte, en n’admettant rien qui soit de nature à nuire à sa mémoire ou à affaiblir l’idée qu’on veut donner de son talent. […] Entre toutes les fleurs il va choisir l’amarante, la qui, dit-on, se flétrit le moins vite, une sorte d’immortelle ; il fait fi de la rose trop passagère ; il lui retire son hommage pour le transporter sur une fleur plus digne ; il dit tout cela en vers bien tournés et bien frappés plutôt que fortement pensés. […] De ta fleur, acceptant l’hommage, Ils choisissent pour leur image Ton inaltérable beauté.
Œuvres choisies de Charles Loyson publiées par M. […] Aujourd’hui vingt-huit autres années se sont écoulées, et tout à coup il arrive que dans la génération nouvelle on se ressouvient de Charles Loyson, on revient à lui jusqu’au point de croire qu’une édition choisie de ses Poésies et de sa prose n’est pas un contre-temps ni un hors-d’œuvre à l’heure présente. […] Je suis fâché que l’éditeur des Œuvres choisies n’ait pas connu notamment un article que Loyson écrivit au sujet du tome Ier de l’Essai sur l’Indifférence, à l’occasion de la deuxième édition.
Il y a, dans cette portion populaire et légendaire de la gloire de Napoléon, de quoi défrayer au plus quelques chansons merveilleuses, comme l’a fait Béranger dans ses Souvenirs du Peuple, comme il se dispose, dit-on, à le tenter encore dans un cadre habilement choisi. […] Il faut que tu choisisses. […] Aujourd’hui nous ne voulons que citer, extraire, pour donner une idée du livre, et certes les pages à choisir ne nous manqueront pas… » (Suivaient les citations.
Mais Montaigne, tout le monde voudrait aller à lui, — tout le monde, excepté un groupe assez nombreux et déterminé, qui, même en regrettant, entre les deux, d’être obligé de choisir, s’en irait faire ses dévotions à Rabelais. […] et, même quand on ne parle que devant des hommes et qu’on est de sang-froid, il faut choisir. Je choisirai.
Voilà nos classiques ; l’imagination de chacun peut achever le dessin et même choisir son groupe préféré. Car il faut choisir, et la première condition du goût, après avoir tout compris, est de ne pas voyager sans cesse, mais de s’asseoir une fois et de se fixer. […] Ma conclusion pourtant, quand je parle de se fixer et de choisir, ce n’est pas d’imiter ceux même qui nous agréent le plus entre nos maîtres dans le passé.
Notre courte vue ne doit point nous empêcher d’apercevoir un soin paternel de la Providence à choisir certains peuples pour diriger et mûrir les idées des autres. […] Qui put déterminer les premiers habitants de l’Égypte à choisir pour leur séjour cette immense et limoneuse vallée du Nil ? […] Dans ce soin de la Providence à choisir des peuples-types, on trouverait encore une des solutions du grand problème de l’accord de la liberté de l’homme avec le gouvernement de Dieu, car toutes les vérités sont sur la même route.
Je vais y concourir pêle-mêle, qu’on me passe cette expression, la société dite des précieuses, et séparément la société choisie. […] Je passe au second travail dont j’ai parlé : celui de la société choisie, c’est-à-dire de bonnes mœurs, de bon ton, de bon goût.
Berruer ou Dieu le père l’a choisi cette fois maigre, sec, élancé et d’un caractère de tête ordinaire. […] L’artiste aura choisi le jour où Ganimède fut admis au rang des dieux.
Le Romain, fier et courageux, voyant approcher les tyrans, choisit la mort pour barrière ; alors il crut avoir trouvé une ressource contre le malheur : et par un sentiment bizarre, mais vrai, le pouvoir de se donner la mort fit braver la mort même. […] Dans la suite, tous ceux qui formèrent de grands projets, et qui échouèrent, tous ceux qui aspirèrent au trône et qui furent vaincus, choisirent le même asile.
J’ai choisi mes piéces pour l’occasion de mes pensées. […] Dans une république bien reglée on ne choisit des censeurs que de ce caractere. […] Elle regarde la conduite de tout l’ouvrage, et le meilleur arrangement de la matiere qu’on s’est choisie. […] J’ai choisi, pour elle, un excès d’amour qui lui fait oublier les avis des dieux, foiblesse qui n’exclud pas de grandes vertus, et avec laquelle une femme peut s’attirer d’ailleurs le respect et l’admiration. […] Il est encore évident qu’avec la liberté de choisir et d’arranger les paroles, on en auroit plus de facilité à perfectionner les choses.
Une vingtaine d’Ouvrages traduits de l’Anglois n’ont pas été capables de lui faire une réputation : peut-être a-t-il mal choisi ses Originaux ?
De par Apollon dieu de la peinture, nous condamnons le Sr Parrocel auteur de cette maussade composition, à lécher sa toile, jusqu’à ce qu’il n’y reste rien, et lui défendons de choisir à l’avenir des sujets qui demandent du génie.
Eugène Manuel Vous avez choisi, de préférence, les frais paysages, les légendes, les confidences de l’amitié, les rêveries émues de votre âge.
Le lieu de l’assemblée est très-bien choisi, & conforme au mérite de cette production.
L’auteur y procède par tableaux grandement espacés au point de vue chronologique, mais ces tableaux sont si bien choisis, que leur enchaînement s’éclaire de lui-même à travers les siècles… Le vers, bien construit, aux rythmes variés, juste de ton, accommodé aux effets voulus, se soutient sans défaillance pendant tout le cours de l’œuvre.
Lerambert, homme distingué, des plus instruits, formé dès l’enfance aux meilleures études, initié à la littérature anglaise, a exprimé, dans un volume de Poésies, des sentiments personnels vrais et délicats, entremêlés d’imitations bien choisies de poètes étrangers.
Mais pourquoi aller précisément choisir ce moment pour l’exposition de pareils tableaux ? […] Lui, noble cœur, imagination fougueuse, esprit fumeux, de qui Fauriel disait : « Il est naturellement éloquent et ignorant » ; lui qui a précisément choisi Napoléon en 1836 pour le sujet d’une légende épique des plus extraordinaires sans doute, mais qui ne valait pas assurément les quelques chansons de Béranger, c’est lui aujourd’hui qui vient nous rapprendre l’histoire exacte et en remontrer à M.
Je ne blâme point, croyez-le bien, ceux qui, ouvriers consciencieux et journaliers de la presse, ont pris le parti plus simple de mettre en volumes le plus tôt possible ce qu’ils distribuent de jugements et d’analyses sur tout sujet, de ramasser et de lier après chaque moisson leurs gerbes : on laisse ensuite au lecteur le soin de choisir entre ces improvisations d’un mérite ou d’un agrément nécessairement inégal, et d’en prendre ou d’en laisser. […] Il veut qu’on choisisse, qu’on achève, qu’on distingue et qu’on sépare en élevant.
Si j’avais à choisir dans le volume de M. […] Grâce à ce rôle nouveau qu’une semblable interprétation créait à Virgile, et que la vague tradition favorisa, on comprend mieux comment le divin et pieux poëte (le poëte pourtant de Corydon et de Didon) a pu être pris sous le patronage de deux religions si différentes et si contraires, comment le Christianisme du moyen-âge s’est accoutumé peu à peu à l’accepter pour magicien et pour devin, et comment Dante, le poëte théologien, n’hésitera point à se le choisir pour guide dans les sphères de la foi chrétienne.
On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poëte préféré : on lui adresse son admiration, on lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?
Parmi les complices, il choisit ; il décide que celui-ci mérite d’être poursuivi et que cet autre ne doit pas être puni : et cela sans débats, sans avoir à donner les raisons de son choix : sic volo, sic jubeo. — Il est facile de voir les conséquences d’une telle théorie. […] Il pourra donc choisir parmi les complices ceux qui seront poursuivis.
A Babylone, une femme que le dieu Bélus avoit choisie passoit toutes les nuits dans le huitième & dernier étage de la tour du temple. […] Le jésuite se flatta d’avoir abbaissé l’audace des auteurs de La Bibliothèque choisie & de la République des lettres ; mais les plus grands ennemis du P.