Son jeu fut plein d’expression & de vérité. […] Sa manière étoit imposante, noble, pleine de chaleur, d’intelligence & de force.
Selon ce grand homme, il est prouvé « qu’une légère teinture de philosophie peut conduire à méconnaître l’essence première ; mais qu’un savoir plus plein mène l’homme à Dieu152. » Si cette idée est véritable, qu’elle est terrible ! […] « Notre connaissance, dit-il, étant resserrée dans des bornes si étroites, comme je l’ai montré, pour mieux voir l’état présent de notre esprit, il ne sera peut-être pas inutile… de prendre connaissance de notre ignorance, qui… peut servir beaucoup à terminer les disputes… si, après avoir découvert jusqu’où nous avons des idées claires… nous ne nous engageons pas dans cet abîme de ténèbres (où nos yeux nous sont entièrement inutiles, et où nos facultés ne sauraient nous faire apercevoir quoi que ce soit), entêtés de cette folle pensée que rien n’est au-dessus de notre compréhension 153. » Enfin, on sait que Newton, dégoûté de l’étude des mathématiques, fut plusieurs années sans vouloir en entendre parler ; et de nos jours même, Gibbon, qui fut si longtemps l’apôtre des idées nouvelles, a écrit : « Les sciences exactes nous ont accoutumés à dédaigner l’évidence morale, si féconde en belles sensations, et qui est faite pour déterminer les opinions et les actions de notre vie. » En effet, plusieurs personnes ont pensé que la science entre les mains de l’homme dessèche le cœur, désenchante la nature, mène les esprits faibles à l’athéisme, et de l’athéisme au crime ; que les beaux-arts, au contraire, rendent nos jours merveilleux, attendrissent nos âmes, nous font pleins de foi envers la Divinité, et conduisent par la religion à la pratique des vertus.
Ce roman épistolaire est plein d’esprit, de feu, d’éloquence, d’ame, de sentiment & de raison, si l’on ne considére que le style. […] C’est un Roman judicieux, moral, plein de sel & de ces agrémens qui égaient la vertu même.
* * * Vous avez bien souvent entendu dire — avec un étonnement plein d’amertume — par les gens qui viennent d’éprouver un cataclysme dans leurs affections : « On n’est jamais trahi que par ses amis. » L’étonnement de ces gens-là m’étonne. […] Les dernières Calinodies Calino se trouvait dernièrement dans un château — de ses amis, plein de chasseurs et de bruit.
Les facultés naïves, abondantes, plantureuses, abandonnées, confiantes, d’une grâce diffuse ou onduleuse, qui sont l’étoffe à pleine main et foisonnante du génie, firent toujours défaut à Montesquieu. […] Il y parle du xviiie siècle, et il ne salue pas jusqu’à terre ce gros ventre de Messaline, plein de l’enfant de tout le monde qui va sortir tout à l’heure, et qui sera la Révolution française !
Une science si fausse et si viciée dans son origine a beau être jugée, par les esprits pénétrants et fermes, comme déjà vieille d’une décrépitude de deux jours, elle n’en paraît pas moins jeune et pleine d’avenir aux jouvenceaux du xixe siècle, et elle exerce une influence dangereuse sur les esprits qui débutent dans la vie intellectuelle, et qui vont prendre leur premier pli dans ce premier livre dont on dépend un peu toujours ! […] Nous l’avons éprouvé, le verre à bière d’Adam Smith était plein d’autant d’illusions que la coupe irisée d’un poète… Aussi est-ce déjà beaucoup, pour un esprit moderne et un économiste, d’avoir sauvegardé la justesse de son coup d’œil en regardant son pays.
Il n’exprime qu’une classe et ne représente qu’un parti, parti brillant, à la vérité, plein d’audace et affranchi de préjugés, mais auquel le sexe, en général, ne veut pas être assimilé. […] Et ce n’est que le début, cela, de toutes les admirations étranges dont le livre est plein, de ces admirations qui, pour nous, Européens, semblent s’exclure ou se suicider.
Encore plein des épouvantements de la Méduse de Minerve, le regard tombe rassuré, mais à quel prix ? […] Littérairement, il y aurait peut-être à reprendre à ce livre trop plein, trop épais de faits, de rapprochements, manquant d’air, étouffant, entassé.
Mais, quoique ces noms soient bien retentissants et bien pleins, et même pleins de ces choses restées mystérieuses pour l’Histoire et que l’auteur de La Renaissance pénètre et dévoile, ce n’est pas seulement ces cinq personnalités, qui semblent de leur grandeur agrandir l’Italie, que le comte de Gobineau nous a fait parler, mais c’est toutes les personnalités éclatantes, à différents degrés d’éclat, ou vulgaires, qui fourmillent dans l’histoire de cette époque ressuscitée de 1492 à 1559.
… Était-ce une raison pour essayer, de cette main de vieux journaliste désarmé de son journal, l’œuvre difficile qui tenta Balzac dans le plein de sa maturité, et que Voltaire, qui l’a toujours ratée, appelait une œuvre du démon, quoiqu’il fût pourtant assez bien avec le diable pour y réussir ? […] Enfin, octroyez-lui de l’érudition, c’est-à-dire des faits ; mais encore plus dans le casier que dans la tête, car Μ. de Girardin est un preneur de notes, un compilateur à la Trublet, un paperassier, — puisqu’il faut dire le mot, — bien plus qu’un érudit substantiel, à la mémoire pleine et toujours prête.
— dans les angles lumineux d’un salon plein, et qui font dire aux invités tout bas : « Pourriez-vous me dire quel est donc ce monsieur ? […] V Le portrait gravé par Rajon à la tête du volume, et qui représente ce Roi de beauté créé Roi politique par une femme, nous le montre avec son cou nu de taureau adouci découvert jusqu’à la poitrine, et ses magnifiques épaules pleines de promesses viriles et nonobstant d’une grâce tombante d’épaules de femme.
Il paraîtrait que c’est une loi : les réalistes, comme les ours, viendraient mieux et seraient plus forts vers les pôles… Cette locution d’Âmes mortes, qu’on pense tout d’abord être une manière de dire poétique et funèbre, toute pleine d’attirants mystères, n’est qu’un terme usuel en Russie, un terme vulgaire et légal. […] Cette faculté d’imitation, si facile qu’elle en paraît instantanée comme l’éclair, les Russes ont trouvé un mot pour l’exprimer sans faire saigner cette veine si pleine, toujours gonflée sur la joue rougissante, de l’amour-propre national.
Funck Brentano, l’être plein de Parménide avait absorbé les notions de temps, d’espace et de mouvement. […] En présence de l’être plein et immuable, — qui est le matérialisme absolu, — Mélissus pose la terre comme un principe distinct, qui est l’incompréhensibilité absolue.
Du Clésieux est un poète à la voix pleine, harmonieuse, étendue, mais qui chante dans un medium dont il ne sort jamais par ces éclats si magnifiques dans Lamartine, qui, en sa qualité de génie poétique absolu, ayant tous les dons, a aussi le don de peindre avec des puissances, des délicatesses et des chastetés de pinceau véritablement raphaélesques, et quoique le musicien soit bien au-dessus du peintre dans son génie. […] Il porte, d’une main qui ne laisse rien déborder, cette coupe de larmes… Et elle est pleine jusqu’aux bords !
Elle est l’industrie et l’art en enfance, dans la pensée et sous la main de cet homme plongé encore dans la gaine du paysan, mais qui s’en détire comme le lion de Milton de son argile, et qui respire à pleines narines la civilisation qui s’en vient vers son pays et pour laquelle il est plus fait que les autres hommes qui l’entourent. […] Dans ce roman, — qu’on pourrait appeler une immense tragi-comédie à tiroirs, et à tiroirs pleins de choses, — il y a un amour jeté là, en passant, cet amour exigé dans toutes les pièces françaises par l’imagination du public, mais cet amour n’est qu’une visée secondaire dans la préoccupation de l’auteur, sous la main duquel le vaste cœur compliqué des foules palpite mieux que les cœurs grêles de moineau de ses amoureux !
Dans ces sortes de discours, il était, dit-on, plein de chaleur et de génie et semblait inspiré comme le prêtre qui rendait les oracles. […] L’autre déesse a une figure pleine de majesté et de charmes.
Ce qui caractérise l’auteur de ces éloges, c’est une philosophie pleine de fermeté, et quelquefois de hauteur ; une âme qui ne craint pas de se montrer, qui ose afficher son estime ou sa haine, qui ne blesse point les convenances, mais qui, en ôtant à la vérité ce qu’elle a de révoltant, lui laisse tout ce qu’elle a de noble ; un esprit à la fois sage et profond ; l’étendue des idées jointe à la méthode ; un style précis qui n’orne point sa pensée, qui ne l’étend pas, dont la clarté fait le développement, et dont la parure est la force ; et quelquefois l’art de saisir le ridicule et de le peindre avec toute la vigueur que donne le mépris, quand ce mépris est commandé par la raison. […] Je ne puis finir cet article sur les éloges des gens de lettres et des savants, sans parler encore d’un ouvrage de ce genre, qui porte à la fois l’empreinte d’une imagination forte et d’un cœur sensible ; ouvrage plein de chaleur et de désordre, d’enthousiasme et d’idées, qui tantôt respire une mélancolie tendre, et tantôt un sentiment énergique et profond ; ouvrage qui doit révolter certaines âmes et en passionner d’autres, et qui ne peut être médiocrement ni critiqué ni senti : c’est l’éloge de Richardson, ou plutôt, ce n’est point un éloge, c’est un hymne.
Maintenant, le poëte qui se moquait ainsi de lui-même trouvait ailleurs des accents pleins d’élévation et de force, pour encourager la constance et la lutte contre l’infortune. C’est lui qui dit dans de beaux vers ïambiques45 : « Il n’est dans les choses humaines rien d’inespérable, rien qu’on doive nier, rien qui puisse surprendre : car Jupiter, le maître des dieux, fait du plein midi sortir la nuit, quand il a voilé la lumière du soleil resplendissant ; et une froide terreur est descendue sur les hommes.
Mais Bjœrnson est hardi, abondant, plein d’allégresse. […] On admirait la pâleur quasi lunaire de son visage, ses yeux très noirs et pleins de rêve et son air, en somme, byronien. […] Il a su résoudre ce difficile problème d’une peinture pleine de pensée, et qui pourtant ne fût que de la peinture. […] Nos âmes seraient plutôt pareilles à une chambre toute pleine d’échos où chaque note est répercutée et ressassée. […] Il y a, de place en place, des châteaux illustres et tous pleins d’histoire.
On est un peu tenté de trouver le troisième acte, sinon vide, du moins un peu moins plein que les deux autres. […] Voilà pourquoi tout ce second acte, quoique tout plein de détails assez amusants, paraît si vide. […] Et puis comme elle est écrite, de quelle langue pleine, sobre, drue et à vives arêtes, et que M. […] Alors le surhomme vraiment digne de ce nom verra chaque matin se lever l’aurore et à ce spectacle sentira son cœur plein d’une joyeuse méchanceté. […] Je ne sais quoi me dit pourtant qu’il y avait à réaliser ici quelque chose de plus plein, de plus fort et de plus en relief.
Il y a dans les Violettes, une jeunesse et une fraîcheur de sentiment tout à fait charmantes… Nous sommes pleins de bienveillance pour les morts que nous avons connus et aimés.
Mais il n’empêche que de l’impression de ce livre se dégage une âme de poète singulièrement subtile et noblement vibrante, une âme d’amant et de penseur pleine d’une hautaine mélancolie.
Boschot est un poète plein d’idée et d’idées poétiques.
Théophile Gautier M. de Châtillon, bonne fortune que lui envieront tous les poètes, a composé plus d’une de ces chansons qui semblent faites par tout le monde et n’avoir jamais eu d’auteur, telles qu’en inventent les carriers en tournant leur grande roue rouge, les charretiers au tintement des grelots de leur long attelage, les compagnons en brandissant leur canne enrubannée sur le chemin du tour de France, les villageois en versant leur botte pleine de raisin dans la cuve de la vendange, la jeune fille en tirant son aiguille près de la fenêtre que l’hirondelle libre vient agacer de son aile.
Alphonse de Lamartine Désaugiers, contemporain de Béranger, délire plus sincèrement ; il est ivre lui-même de l’ivresse de verve qu’il répand à plein verre autour de lui ; le plaisir est la seule politique de cet Anacréon de Paris.
André Gide En Ghéon, aucune tristesse : c’est une âme de cristal et d’or, pleine de sonorités merveilleuses.
Néanmoins il y a, ici et là, et surtout dans la Gerbe dénouée, comme un effort de s’affranchir de cet état morose et maladif ; les Chansons moraves sont d’une inspiration toute différente et pleine de charme.
mais sa tête pâle, souffrante, ses yeux enfoncés et inquiets, sa bouche tourmentée, son grand front plein d’orages montrent clairement que. riche, heureux enfin, maître de son succès et de son art, propriétaire d’un beau château et d’un nom qui voltige sur les bouches des hommes, roi absolu du théâtre du Gymnase et du théâtre du Vaudeville, assez affermi dans sa tyrannie légitime pour pouvoir ne faire qu’une bouchée d’Edgard Poe et de Cervantès, et pour contraindre les poètes morts à lui gagner les droits d’auteur, — il ressent encore les souffrances passées du temps où les directeurs de spectacles, aujourd’hui ses esclaves !
Par-là elle se seroit épargné le juste reproche qu’on lui a fait de n’avoir pas été aussi polie que M. de la Mothe, son adversaire ; ce qui fit dire, avec raison, que celui-ci écrivoit comme une femme galante pleine d’esprit, & Madame Dacier comme un Pédant de Collége.
C’est où je serai des suivans De ce bon Monarque de France, Qui fut le Pere des Savans En un Siecle plein d’ignorance.
Le style de ses Ouvrages, qui sont en très-grand nombre, est clair, net, plein de pensées saillantes, quelquefois nerveux, plus souvent diffus & beaucoup trop chargé de citations.
Avec une imagination vive & élevée, un esprit plein de finesse & de pénétration, il avoit acquis, par l’étude des bons Modeles, les qualités nécessaires à un bon Ecrivain.
La Cyropédie de Xénophon, la République et les Lois de Platon sont à la fois de graves traités et des livres pleins de charmes.
Victor Hugo va les trouver dans ce jardin des Feuillantines, un jardin de couvent abandonné, où s’était établie la famille Hugo ; jardin plein de vieux arbres, de jeunes fleurs, auxquels le poète est resté plus tard toujours reconnaissant, et auxquels l’enfant était d’autant plus attaché qu’il craignait sans cesse qu’on vînt l’arracher à ce jardin. […] Victor Hugo écrit Les Orientales, qui sont toutes pleines du souffle de la liberté, pleines de la liberté et de son culte farouche. […] L’esprit de Victor Hugo est tout plein de belles images. […] Si cependant vous creusez un peu cette idée, vous verrez qu’elle est pleine de sens. […] Il y a deux ou trois ans, il faisait représenter un drame plein de généreux sentiments et de beaux vers, intitulé Pour la couronne.
Vraiment ces jeunes gens, si pleins de talent, sont tous fous. […] Léonce de Foncières vient de publier et qui contient de nombreux morceaux pleins de couleur et de force descriptive. […] dit Robert, la bouche pleine d’une demi-aile de cigogne aux pistaches. […] Ils étaient, vingt-cinq ans avant le Jubilé, pleins d’espoirs, pleins de force, rayonnants de jeunesse ; ils entraient dans la vie avec, l’appétit de la vie, les lourds garçons de Poméranie ou les beaux gars des Pyrénées qui se sont heurtés et entr’égorgés dans les bois de sapins et les houblonnières. […] En résumé, deux volumes pleins de faits et de curieux détails sur une belle carrière théâtrale trop tôt abandonnée, selon nous, par M.
Le Japon est amoureux du surnaturel, et ses romans sont pleins d’apparitions. […] Ce volume est tout plein de sujets de l’histoire mythologique et préhistorique. […] Ce volume est plein d’anecdotes relatives à la vie intime de Kiyomori. […] Une branche de prunier rose sur une pleine lune indiquée seulement par un gaufrage presque invisible. […] Une encre de Chine pleine de furie.
Les uns chantaient haut, comme s’ils s’étaient lamentés, Les autres d’autre façon, comme s’ils languissaient de désir ; Et quelques-uns à plein gosier, de toute leur voix. […] S’il est exalté, il est outre cela gracieux, poli, plein de mièvreries, de demi-moqueries, de fines gaietés sensuelles, et un peu bavard, tel que les Français l’ont toujours fait. […] Il n’assomme pas, il pique, en passant, non par haine ou indignation profonde, mais par agilité d’esprit et prompt sentiment des ridicules ; il les jette à pleines poignées sur les personnages. Son sergent de loi est plus affairé qu’homme au monde. — Et cependant il paraissait plus affairé qu’il n’était201. » — Ses trois bourgeois, « pour la sagesse qu’ils ont, sont bien capables d’être aldermen, car ils ont force bétail et rentes » ; et croyez que « leurs femmes y auraient bien consenti. » — Le quêteur marche portant devant lui sa valise, « elle est pleine de pardons venus de Rome tout chauds. » La moquerie ici coule de source, à la française, sans effort, ni calcul, ni violence. […] Pourtant cette poésie, toute « déguenillée, en loques, bâillonnée, sale et rongée aux vers, a de la moelle235. » Elle est pleine de colère politique, de verve sensuelle, d’instincts anglais et populaires ; elle vit.
Après Zola, Daudet fait le discours de l’ami intime, un discours, tout plein de tendresse. […] Daudet est arrivé hier d’Angleterre, tout plein de vie et d’entrain, et, par ma foi, engraissé. […] Au retour, je trouve le bateau plein, et pas un bout de banc pour m’asseoir, quand un monsieur me fait une place à côté de lui. […] Une église pleine de monde, comme pour le mariage d’un personnage officiel. […] ……………………………………………………………………………………………… « D’étroits sentiers, à la terre piétinée, talée, durcie, pleins de traces, se croisaient dans tous les sens.
» Clytemnestre a raison ; et Voltaire, trop plein de ses grands principes d’humanité, a tort de voir de l’inhumanité dans le sentiment naturel d’une mère qui défend sa fille. […] Ce premier acte, d’ailleurs, est plein d’art : tout l’intérêt de la pièce y est établi avec une adresse admirable ; et l’arrivée de Mithridate, qu’on annonce à la fin, est un coup de foudre qui laisse tous les esprits frappés de surprise et de terreur. […] Prétendrait-on que ce vieux Mithridate, plein de passions et de vices, fût un homme parfait ? […] Athalie, pleine de l’esprit, du caractère et de la religion des Juifs, n’en est que plus parfaite. […] Tous les dictionnaires de théâtre, tous les livres de littérature sont pleins des mêmes mensonges accrédités par l’autorité de Voltaire : il importe donc de les réfuter.
Taylor vous contera l’histoire des ours de Pannonie, qui, blessés, s’enferrent plus avant ; celle des pommes de Sodome qui sont belles d’apparence, mais au dedans pleines de pourriture et de vers, et bien d’autres anecdotes encore. […] « Considérez la vivacité de la jeunesse, les belles joues et les yeux pleins de l’enfance, la force et la vigoureuse flexibilité des membres de vingt-cinq ans, puis en regard le visage creux, la pâleur de mort, le dégoût et l’horreur d’une sépulture de trois jours. […] Un jour que le ministre de sa paroisse prêchait contre la danse, les jurons et les jeux, il se frappa de cette idée que le sermon était pour lui, et rentra dans sa maison plein d’angoisse. […] — Ici je l’entendis qui disait : Celui qui vient à moi, je ne le rejetterai jamais. — Et alors mon cœur fut plein de joie, mes yeux furent pleins de larmes, et toute mon âme déborda d’amour pour le nom, le peuple et les voies de Jésus-Christ. […] Nous comprenons du premier coup le mot purification du cœur ; Bunyan ne l’entend pleinement qu’après l’avoir traduit par cet apologue421. « L’interprète prit Chrétien par la main et le conduisit dans une très-grande chambre qui était pleine de poussière, parce qu’elle n’avait jamais été balayée.
Il est, de la base au faîte, creusé de niches à plein cintre d’un à deux pieds d’élévation. […] Cette idée est, au contraire, très douce en moi, pleine de poésie, d’espérance religieuse et même d’enthousiasme. […] Tout cela est dit en vers nerveux, pleins de pensées, c’est-à-dire gros de vérités. […] La plaisanterie de Mickiewicz est pleine de fiel et de verve. […] Sa griffe devenait paternelle, son œil de feu s’attendrissait, et, après avoir jeté au dehors le trop plein de son esprit, il vous laissait voir enfin un cœur tendre, sensible, plein de dévouement et de générosité.
Le poète se considère comme un Breton venu du Midi et qui y retourne… Sa poésie est toute pleine de bons sentiments qu’il propose, d’idées et de visées qui ennoblissent, d’images qui observent l’austère beauté.
Jules Lemaître L’Illusion est vraiment un fort beau livre, plein de tristesse et de sérénité.
Le beau antique corrige à propos le joli et l’empêche de tourner au coquet… Dans les Élévations, l’auteur peut laisser ouvrir à son lyrisme des ailes qui se seraient brûlées aux bougies d’un salon ; il vole à plein ciel, chassant devant lui l’essaim de strophes et ne redescend que sur les cimes.
Le grand ressort de ce talent-là, c’est l’esprit, un esprit souple, toujours dispos, plein de saillies et de couleur.
Jules Barbey d’Aurevilly Je connaissais le Monselet de tout le monde, le Monselet du journal, du théâtre, du café, du restaurant, le Monselet du boulevard et de Paris, le Monselet légendaire, celui qu’on a représenté les ailes au dos, comme Cupidon, parce qu’il a écrit Monsieur de Cupidon… Je connaissais le Monselet de la gaîté, de la bonne humeur, de la grâce nonchalante, la pierre à feu qu’on peut battre éternellement du briquet pour en tirer d’infatigables étincelles…, mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié… Un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui qui plaît davantage, le plus pénétrant et le plus pur… Certes, on savait bien, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie… Il était plus que cela, et ce dernier recueil le met à sa place, parmi les touchants.
Alphonse Daudet Amédée Pommier, un merveilleux artisan en mots et en rimes, l’ami des Dondey et des Pétrus Borel, l’auteur de l’Enfer , de Crâneries et Dette de cœur, beaux livres aux titres flamboyants, régal des lettrés, effroi des académies, et pleins de vers bruyants et colorés comme une volière d’oiseaux des tropiques… C’est en collaboration avec Amédée Pommier que Balzac, toujours tourmenté de l’idée d’écrire une grande comédie classique, avait entrepris Orgon, cinq actes en vers, faisant suite à Tartuffe.
C’est un ouvrage plein de philosophie où l’on admire en même temps l’enchaînement des crimes et la fatalité que rien n’élude… C’est par sa morale que M.
Auteur de plusieurs petites Brochures, pleines d’hérésies, en matiere de goût & de jugement.
On doit encore à ce Prélat, dont les mœurs n’ont jamais démenti les Ecrits, l’Avertissement adressé, par l’Assemblée générale du Clergé de France, tenue en 1775, aux Fideles de ce Royaume, « sur les avantages de la Religion & les effets pernicieux de l’Incrédulité » ; Ouvrage plein d’éloquence, & de cette raison qui éclaire & persuade les esprits les moins disposés à goûter la vérité.
François nous a adressé dans l’Almanach des Muses de cette année, une Epître pleine d’humeur, au sujet de ce que nous avions dit de la prématurité de ses talens.
Il écrit avec noblesse, & souvent avec élégance ; il a l’art de présenter les faits d’une maniere intéressante ; on voit qu’il est plein de sagacité dans la Critique, judicieux & quelquefois profond dans ses Réflexions, toujours vrai dans ses Récits.
On connoît encore de cet illustre Académicien, des Fables pleines de poésie, de délicatesse, & de morale, qui ne sont point imprimées, mais qui ont honoré autant qu’égayé les séances académiques, assez souvent dépourvues de ce double effet, quand les oracles de son portefeuille se taisent.
Auteur de quelques petites Comédies en Vers, si l'on peut donner ce nom à des Pieces sans intrigue & sans comique, mais pleines de traits pétillans, de détails légers, qu'on peut comparer au jeu d'un feu d'artifice qui éblouit un moment.
Tout y est écrit d’un ton qui répond à la noblesse de l’ordonnance ; le style en est grave, vigoureux, plein de chaleur, de correction & de clarté.
Chaque marge, chaque feuillet de son Virgile est plein de ses commentaires, où se révèle toute sa sensibilité d’âme et de goût ; et le poète des Pensées d’août, qui a relu un jour les notes d’un père qu’il n’avait point connu et qui s’est servi, après lui, du même exemplaire pour apprendre Virgile, a pu dire : Mon père ainsi sentait. […] Il y a une petite fossette indiquée au menton ; le visage est rond et bien plein, le front large : une perruque poudrée encadre cette physionomie dont l’expression, dans son ensemble, est douce et pleine de bienveillance. […] Mais que des journaux, qui se piquent d’accepter et de vouloir le régime nouveau, combattent ouvertement, par des raisonnements empruntés à l’ordre légal, cette expression publique de pieux souvenirs ; qu’ils viennent nous montrer dans Bories et ses compagnons des hommes pleins de courage sans doute, mais contraires aux lois ; qu’ils nous rappellent avec patelinage que ce fut un jury et non un tribunal révolutionnaire, non une cour prévôtale, qui fit tomber ces têtes ; — comme si ce jury n’avait pas été désigné par le préfet, contrôlé par le président du tribunal et présidé par un agent du pouvoir ; — que, par une induction odieuse, jésuitique et impie, ils ne voient dans Bories et ses compagnons que des ennemis de cette Restauration dont MM. de Polignac, de Peyronnet et autres étaient aussi les ennemis à leur manière, et qu’ils assimilent sans pudeur les victimes de 1822 aux traîtres de 1830, il y a là une révélation profonde sur la manière dont un certain parti juge ce qui s’est passé en juillet, et un précieux éclaircissement sut les arrière-pensées qu’il nourrit. […] généreux, dévoués, se chargeant eux-mêmes, s’accusant de tout : Bories le premier, Bories, jeune martyr au front calme, au cœur résigné, plein de vertu et de génie, confondant ses juges, consolant et relevant ses compagnons ; les soutenant sur la charrette du supplice contre l’horreur d’une mort méconnue ; les faisant monter avant lui sur l’échafaud pour les affermir jusqu’au bout de son regard et de sa voix ; Bories, figure mélancolique et sans tache, luttant contre l’oubli ; nom sublime à inscrire dans la mémoire publique à côté des Roland, des Vergniaud, des Oudet, des Hoche et des Manuel !
La Néva coule à pleins bords au sein d’une cité magnifique ; ses eaux limpides touchent le gazon des îles qu’elle embrasse, et dans toute l’étendue de la ville elle est contenue par deux quais de granit alignés à perte de vue, espèce de magnificence répétée dans les trois grands canaux qui parcourent la capitale, et dont il n’est pas possible de trouver ailleurs le modèle ni l’imitation. […] Mais l’histoire proteste ici contre le philosophe ; elle n’est pleine que des malheurs des bons et des triomphes des méchants. […] « Quinze siècles avaient passé sur la ville sainte lorsque le génie chrétien, jusqu’à la fin vainqueur du paganisme, osa porter le Panthéon dans les airs, pour n’en faire que la couronne de son temple fameux, le centre de l’unité catholique, le chef-d’œuvre de l’art humain, et la plus belle demeure terrestre de celui qui a bien voulu demeurer avec nous, plein d’amour et de vérité. » XI Voilà tout ce livre du Pape, œuvre très savante, quoique très décousue, inférieure aux Soirées de Pétersbourg, et qui cependant produisit plus de gloire à l’écrivain, parce qu’elle fut adoptée à son apparition par les Chateaubriand, les Bonald, les Lamennais, hommes éclatants de la restauration théocratique en France à cette époque. […] Ton âme est un papier blanc sur lequel nous n’avons point permis au diable de barbouiller, de façon que les anges ont pleine liberté d’y écrire tout ce qu’ils voudront, pourvu que tu les laisses faire. […] On a peine à croire à la pleine conviction d’un philosophe ou d’un publiciste qui se détourne à chaque instant de son chemin pour cueillir un bon mot, et qui s’interrompt d’un dithyrambe par un éclat de rire.
Je m’étais figuré une vieille dévote bien rechignée ; je vois un visage pétri de grâces, de beaux yeux bleus pleins de douceur, un teint éblouissant, des formes séduisantes ; rien n’échappa au rapide coup d’œil du jeune prosélyte, car je devins à l’instant le sien, sûr qu’une religion prêchée par de tels missionnaires ne saurait manquer de mener en paradis. […] Amant prétendu de la nature, il méprise la simple beauté des jeunes filles de basse condition, pleines de prévenances et d’agaceries pour lui ; il avoue ses goûts tout aristocratiques pour le rang, l’orgueil, la parure des jeunes personnes de haut rang et de haute fortune. […] Un hasard de société le lance de plein saut dans le cercle le plus aristocratique de Paris, au milieu de femmes de cour et d’hommes de lettres ; il s’y fait remarquer par sa figure, par quelques poésies récitées dans ces salons avec un succès d’étrangeté plus que de talent, et par son goût réel et inspiré pour la musique. […] Note de religion universelle, en effet, religion des sens et de l’âme qui ne froisse aucun dogme national, qui ne retranche aucune vertu humaine, mais qui embrasse et illumine tous les dogmes sincères et toutes les vertus naturelles dans une atmosphère de vie, de chaleur et de piété semblable au rejaillissement d’un même soleil sur la coupole d’Athènes, sur la cathédrale de Sainte-Sophie et sur les mosquées d’Arabie dans cet Orient plein de Dieu ! […] Ces phares vivants doivent être eux-mêmes pleins de lumières acquises par l’étude et la vertu : c’est là l’autorité de leur mission.
Voici en quels termes il y parle de ses œuvres : « J’ai écrit en totalité notre Bible et beaucoup d’autres volumes pour notre maison et pour le salaire, et par-dessus beaucoup de petits traités pour l’édification des jeunes gens. » Ce mot opuscule ne pouvait évidemment s’appliquer à une œuvre aussi immense, aussi achevée, et aussi universellement célèbre que l’Imitation de Jésus-Christ ; fleuve à pleins bords, où coule à grands flots toute la sagesse humaine et divine du christianisme. […] Voici votre serviteur, je suis prêt à tout : car je désire de vivre, non pour moi, mais pour vous ; faites que ce soit d’une manière parfaite et digne de vous. — Mon âme, dit l’homme, tu ne pourras trouver une pleine consolation ni une joie parfaite qu’en Dieu, qui est le consolateur des pauvres et le protecteur des humbles […] Il vous sera donné de temps en temps quelque consolation, mais il ne vous sera pas accordé une pleine satiété. […] Alors aussi il comprend bien qu’une sécurité parfaite, une pleine paix, ne sont point de ce monde. […] Pleins de la vérité et de la gloire céleste, ils ne sont pas avides d’une gloire vaine.
Hormis les impuissants, pédants et envieux, pour qui la suprême vertu, en autrui, est la Modestie, — personne ne reprochera, pourtant, à un homme de génie, qu’il ait eu la conscience de son génie, pleine, franche, hardie… Mais Richard Wagner ne goûtait pas les mièvreries fades, ni les bruyantes déclamations, contemporaines. — et il le dit. […] À ces incohérentes paroles, le trop sensible Industriel qui avait écouté jusque là, bouche béante, se leva, silencieusement, les yeux pleins de larmes. […] Le Rêve, où l’esprit parvient au plein éveil de cette conscience intérieure, peut donner l’idée de ce qu’est la musique. […] Au terme, seulement, de sa complète évolution, nous pouvons apercevoir en quelle manière sa nature l’a poussé à la pleine contemplation intérieure de lui-même, à cette claire voyance du Rêve Universel le plus profond. […] Les procédés artistiques sont toujours, en effet, dans un étroit rapport avec l’intuition des idées ; ainsi, les procédés de Beethoven nous eussent révélé sa conception théorique, s’il avait, avec une pleine et consciente volonté, modifié, ou détruit, les formes musicales extérieures qu’il trouvait en l’œuvre de ses devanciers ; mais d’un tel procédé nous ne voyons nulle trace chez lui.
Voici déjà, cependant, que Haydn prenait des motifs de danse populaires, vifs et pleins d’âme : souvent il les empruntait, aisément reconnaissables, aux danses des paysans hongrois, ses voisins. […] C’est que cette symphonie en Ut mineur nous retient comme l’une des rares conceptions du maître où une émotion, vive et cruelle, de souffrance, est le point de départ, et se développe, graduellement, à travers la consolation, l’élévation de l’âme, jusque le plein éclat de la joie dans la conscience du triomphe. […] Les conceptions du Maître presque entièrement pénétrées de la plus sublime sérénité, appartiennent, comme nous l’avons vu, spécialement, à cette période de son isolement bienheureux, où l’arrivée de la pleine surdité semble l’avoir entièrement dérobé au monde de la douleur. […] Il est entièrement visible que, précisément, les paroles de Schiller ont été mises sous la mélodie principale, la première fois, avec peu d’enthousiasme, et par force ; car en elle-même, et supportée par les seuls instruments, cette mélodie s’est déjà développée une première fois devant nous avec sa pleine largeur, et nous a remplis, dès lors, de l’émotion innommée, étrangement joyeuse, à la vue de ce paradis regagné. […] Enfin, la synthèse voit l’intellect et l’émotionnel se rejoindre et fusionner en une oeuvre pleine et entière.
XXIV La création de l’homme n’est pas célébrée dans un autre hymne avec moins de métaphysique et moins de poésie pleine de symbole. […] Ce monde plein de travaux a été créé pour d’autres devoirs encore que la contemplation passive de la Divinité. […] » « Apprends », répond le maître, « qu’il y a une concupiscence ou un désir mauvais, fille du principe charnel, pleine de péchés, et sans cesse agissant en nous, dont le monde est enveloppé comme la flamme est enveloppée par la fumée, le fer par la rouille ; c’est dans les sens, dans le cœur, dans l’intelligence pervertie, qu’il se plaît à travailler l’homme et à engourdir son âme. […] Ne dirait-on pas, à la lecture de ces lignes, qu’une racine pleine de la sève morale du christianisme futur végétait dans les flancs de l’Himalaya ? […] Vient un petit oiseau qui traverse la salle à tire-d’aile, entrant par une porte, sortant par l’autre : l’instant de ce trajet est plein de douceur pour lui, il ne sent plus ni pluie, ni vent, ni frimas ; mais cet instant est fugitif, l’oiseau disparaît en un clin d’œil, et de l’hiver il repasse dans l’hiver !
Nous savons tous que quand nous nous décidons à un acte eu pleine jouissance de nos facultés, nous assumons une responsabilité. […] L’intelligence humaine n’est pas un panier qui se vide quand il est trop plein et où l’on met dessus ce qui était dessous, comme on peut le dire des modes. […] À leur côté bondit une chèvre, et la panetière est par terre, avec la houlette, et les outres pleines de lait frais. […] Ses romans sont pleins de théories, de réflexions et de déclamations : vertu, sensibilité, amitié et tendresse y sont comme chez elles. […] Les romans de Zola ne sont pas nés dans la poussière des bibliothèques pleines de livres classiques.
Mais jusque-là il nous aura étonnés, harcelés, secoués pour ainsi dire, menés par sauts et par bonds dans mille pays pleins de précipices. […] Cette scolastique philosophique, il en est plein. […] La supposer inventée, c’est supposer une idée cherchant son mot qui n’existe pas, c’est-à-dire une idée n’existant pas et voulant naître, c’est-à-dire un néant plein d’énergie. […] L’homme vivant est engagé dans les fibres de la société pleine de l’esprit de Dieu ; l’homme pensant est emprisonné dans le langage, œuvre de Dieu. […] Personne ne fut plus qu’elle d’élan et de premier mouvement, de pleine sincérité, si ce n’est Delphine ; mais cela revient à peu près au même.
Il ne se réprime pas, il se laisse aller, il coule sur sa pente, sans trop choisir son lit, sans se donner de digues, bourbeux, mais à grands flots et à plein lit. […] Fielding rit à pleins poumons, comme Rabelais, et aussi comme Scarron. […] Décidément la vie est bonne, et avec Fielding nous ferons en riant le voyage, la tête cassée et le ventre plein. […] Je veux un cœur vivant, plein de chaleur et de force, non un pédant sec occupé à aligner au cordeau toutes ses actions. […] Cervantes, que vous imitez, et Shakspeare, que vous rappelez, ont eu cette finesse, et l’ont peinte ; dans cette large moisson que vous rapportez à pleins bras, vous avez oublié les fleurs.
Des manières pleines de dignité, une physionomie froide mais imposante, l’air supérieur que donne l’habitude du commandement n’ôtaient rien à la cordialité de son accueil, et semblaient même donner du prix à la manière flatteuse dont il savait encourager le mérite. […] On distingue devant soi, sur les bords de la mer, la baie du Tombeau ; un peu sur la droite, le cap Malheureux ; et au-delà, la pleine mer, où paraissent à fleur d’eau quelques îlots inhabités, entre autres le Coin-de-Mire, qui ressemble à un bastion au milieu des flots. […] Je trouvai dans madame de La Tour une personne d’une figure intéressante, pleine de noblesse et de mélancolie. […] On ne leur avait appris de la religion que ce qui la fait aimer ; et s’ils n’offraient pas à l’église de longues prières, partout où ils étaient, dans la maison, dans les champs, dans les bois, ils levaient vers le ciel des mains innocentes et un cœur plein de l’amour de leurs parents. […] Le hasard l’y avait conduit quelques jours après sa funeste lecture de Paul et Virginie: il trouva son ami dans un abattement extrême ; et le pauvre solitaire, le cœur plein de sa mésaventure, ne se fit pas prier pour la raconter.
Dans cette grande ville si souvent souhaitée, il veut puiser à pleines mains le plaisir. […] Villemain une éclatante et pleine justice. […] Delavigne. — Le public s’est montré plein de bienveillance pour l’établissement et l’inauguration de cette tragédie. […] Il y a des hors-d’œuvre, des déclamations, de l’emphase, il n’y a pas une tirade précise et pleine. […] je ne suivrai pas le conseil de Fontenelle : ma main droite est pleine de vérités, je ne la fermerai pas.
Le rôle est plein d’antithèses, de fioritures, et aussi de sentiments simulés. […] il lui prend la main… Venez, monsieur, prenez-moi la main. » Et Seringuet accourt, la bouche pleine. « Le bras, maintenant. […] C’est un jaloux plein de franchise et qui se rend justice. […] C’est un livre exquis, d’un grand charme, tout plein d’humanité, de honte, d’indulgence, — et de candeur. […] Ce sont deux philosophes positivistes pleins de santé.
C’est un livre de pleine maturité ; et le curieux, c’est que M. […] Quand je dis honnête homme, je dis un esprit dont le commerce est doux et sûr, une intelligence qui ne connaît point la peur, une âme souriante et pleine d’indulgence. […] Ils l’aiment pour sa physionomie ondoyante, ses aubes laborieuses, ses pleins ciels, ses crépuscules indécis, ses alanguissements, ses sommeils, ses éveils, ses voix, son inconnu. […] Mais il avait la tête pleine de projets. […] Dayot a publié aussi chez Magnier des Souvenirs de voyage (Italie, Espagne, Portugal) qui sont pleins de verve et d’esprit.
Il est donc la pleine contrepartie du poème de Goethe. […] Elles sont pleines d’idées, comme pleines de goût. […] Il était nombreux comme une foule, plein de luxe lui-même et d’irritations. […] Et notez, toujours, qu’il est évident que M. de Maupassant est plein de sympathie pour ce monsieur-là. […] Je m’empresse d’ajouter qu’il y en a aussi qui n’ont aucun sens moral et qui sont pleins de méchanceté.
Elle y joint un dernier avantage : elle lui assure la pleine possession de lui-même. […] Ici les situations sont changées ; c’est le vieillard plein encore d’espérance qui réconforte le jeune homme déjà désenchanté. […] Mais un ouvrage plus éclatant vient jeter une pleine lumière sur ce qu’était Mme Sand en 1833. […] Elle ne trouve pas de ce côté la pleine vie qui lui manque de l’autre. […] J’ai résolu de ne pas vivre ; je ne cède pas au désir de la vie, mais mon cœur n’en vit pas moins, éternellement jeune, puissant, plein du besoin d’aimer et de l’ardeur de la vie.
Il y a des tragédies grecques qui sont pleines d’action, comme Philoctète, et qui sont pleines d’action et d’intrigue jusqu’à en être de véritables mélodrames, comme Œdipe roi. […] Mounet « tient » son Hamlet (du moins tel qu’il l’entend, et mon avis est qu’il l’entend bien) avec une pleine et entière maîtrise. […] Elle y a échoué, mais d’un échec tout plein de beautés et de succès partiels. […] Vaillat l’a compris, et sa petite étude m’a paru toute pleine de sens. […] Le drame de Pixérécourt est plein d’incidents extraordinaires et plein de péripéties anormales ; il est terrible, et il est très précisément écrit en vue d’une grande leçon morale.
M. le Professeur Morache, par l’allure hautement et largement philosophique de ses leçons magistrales — pleines d’Idées, non de formules — reste en particulier notre initiateur immédiat.
Ils ne conçoivent pas que ces mots-là ne représentent rien de sensible, et ils manient les abstractions à pleines mains comme le maçon ses moellons.
Iwan Gilkin mérite toujours l’estime pour sa probe intransigeance et l’applaudissement quelquefois, ayant écrit, entre autres, Arbre de Jessé, Le Banquet et Roses saintes, trois morceaux de pleine et de parfaite enrythmie.
Ses pièces sont des tableaux délicats, fins, ambrés, pleins d’une lumière si pure, si lumineuse, que la Grèce tout entière nous apparaît dans sa splendeur première, telle que l’ont vue ses héros et ses poètes.
Ces trois parties essentielles du poète n’étaient pas arrivées à une pleine et entière fusion.
Jadis, à première lecture, je préférai le centre du livre, tout de précision et de vie pleine.
C’est de la versification souvent heureuse, pleine, harmonieuse, mais qui manque de relief, de vie originale.
Ses peintures sont peu gracieuses, mais elles sont hardies ; ses images sont lugubres, mais elles saisissent l’ame & la subjuguent ; ses pensées ne sont pas philosophiques, mais elles sont vives & pleines d’énergie ; sa versification est quelquefois rude, mais elle est toujours mâle & vigoureuse.
Pouvoit-il ignorer que le premier devoir d’un Historiographe est d’être en garde contre son imagination ; qu’un esprit réfléchi est plus judicieux qu’un esprit plein de chaleur ; qu’il est plus essentiel de s’occuper à chercher, à démêler, à établir, à présenter la vérité, qu’à la défigurer en la chargeant d’ornemens ; qu’une histoire doit être regardée comme irréprochable, quand la narration est claire, suivie, exacte, quand les faits n’offrent rien de falsifié ou d’exagéré ; le style, rien d’artificieux & de passionné ; la chronologie, rien d’obscur ni d’embrouillé ?
Le ton de cette Piece est du meilleur goût, le Dialogue plein d’aisance & de vivacité, le style précis, élégant & varié ; les caracteres en sont saisis, dessinés avec finesse & rendus avec vérité.
Les Discours qu’il composa pour la justification de ce Ministre, sont les chef-d’œuvres d’une Eloquence mâle, rapide, attachante, & portent l’empreinte d’une ame pleine de noblesse & de sentiment ; aussi tout ce qu’il y avoit alors de plus respectable s’empressa de lui rendre hommage.
Elle les ranime, & s’ils sont éprouvés dans cette vie par les afflictions qui l’empoisonnent, rien n’altere du moins leur espérance, qui est, selon l’expression des Livres saints, pleine d’immortalité : Spes eorum immortalitatis plena ».
Farouche, vénérant, sous leurs affronts infâmes, Tes malheurs, Je baiserai tes pieds, France, l’œil plein de flammes Et de pleurs.
J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux ; Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux : Où me cacher ?
L’artiste a placé sur une table, un vase de vieille porcelaine de la Chine, deux biscuits, un bocal rempli d’olives, une corbeille de fruits, deux verres à moitié pleins de vin, une bigarade, avec un pâté.
C’est un grand vase plein de fleurs sur son piédestal ; c’est un ramage de verdure qui rampe avec une profusion tout à fait pittoresque sur l’extérieur de ce vase et sur son piédestal ; ce sont autour de ce piédestal des fleurs, des fruits, des grenades, des raisins, des pêches, un grand bassin rempli de la même richesse.
Il l’a fait sans y viser, dans des lettres pleines de naturel, de crudité, de passion, de grossièreté quelquefois, de bon sens bien souvent, d’humeur et de sel de toute sorte. […] Gui Patin en triomphe, et avec une sorte de joie cruelle ; ses lettres de 1644 sont toutes pleines de ses bulletins de victoire : Je vous dirai, écrit-il à Spon (8 mars), qu’enfin le Gazetier, après avoir été condamné au Châtelet, l’a été aussi à la Cour, mais fort solennellement, par un arrêt d’audience publique prononcé par M. le premier président (1er mars). […] Enfin M. l’avocat général Talon donna ses conclusions par un plaidoyer de trois quarts d’heure, plein d’éloquence, de beaux passages bien triés et de bonnes raisons, et conclut que le Gazetier ni ses adhérents n’avaient nul droit de faire la médecine à Paris, de quelque université qu’ils fussent docteurs, s’ils n’étaient approuvés de notre faculté, ou des médecins du roi ou de quelque prince du sang, servant actuellement.
Léon Feugère, cet autre éditeur qui a bien mérité de La Boétie, n’est pas et ne prétend pas être un amateur aussi déclaré ni aussi opiniâtrement en quête sur tel ou tel point, un défricheur ni un investigateur bibliographique du même genre : il ne s’adresse qu’à ce qui peut intéresser plus généralement le public ; universitaire des plus instruits, littérateur estimable, plein d’acquis, de culture, et utilement laborieux, il a pris à tâche de faire connaître avec étendue et de mettre aux mains de tout le monde des auteurs jusqu’ici peu répandus, et dont la lecture courante ne peut se faire qu’à l’aide d’un introducteur aussi complaisant qu’érudit. […] C’était vraiment une âme pleine et qui montrait un beau visage à tous sens, une âme à la vieille marque, et qui eût produit de grands effets si sa fortune l’eût voulu… ». […] Mme de Lambert, qui semble nier que l’amitié entre deux femmes soit possible, admet cet autre sentiment mixte entre deux personnes du sexe et le décrit d’une manière pleine de vérité ; c’est qu’elle l’avait éprouvé pour M. de Sacy, l’auteur du Traité de l’amitié.
C’est ainsi qu’en se couvrant du nom de La Rochefoucauld, Marivaux présente sa propre défense ; il cite encore Montaigne, le grand exemple cher aux novateurs, comme un des écrivains dont les critiques de 1725 eussent chicané le style : « Car il ne parlait ni français, ni allemand, ni breton, ni suisse : il pensait, il s’exprimait au gré d’une âme singulière et fine. » Et La Bruyère, n’est-il pas tout plein de singularités ? […] Montesquieu, dans les Lettres persanes, est plein de ces expressions neuves et vives, qui parlent à l’imagination, et qui se font applaudir et accepter. […] Il y a lieu de le relire, de lui rendre justice sur plus d’un détail, de sourire à ses finesses exquises et à ses grâces pleines de concert et de mignardise, mais non point de l’aller réhabiliter.
Saint-Simon lui reproche d’y être rentré avec ses coffres pleins, et il fait en même temps un grand éloge de Marcin, « lequel fut, dit-il, parfaitement d’accord en tout avec l’électeur, et au gré des troupes et des officiers généraux, et très éloigné de brigandage. » Si Marcin eut des qualités ou même des vertus, on ne prétend pas les lui ôter ; mais de cet esprit complaisant, de ce si parfait accord avec l’électeur, ainsi que de la condescendance de M. de Tallard, il résulta en définitive le désastre du second Hochstett et la perte totale de l’armée française. […] Tout l’honneur de l’avoir conjuré revient à Villars, à sa fermeté, à son choix d’un bon poste, à sa sagesse à s’y maintenir, à l’esprit excellent dont il avait animé ses troupes, et qui fit perdre à l’adversaire l’idée qu’on les pût entamer. « Mes affaires, par le parti que vous avez obligé le duc de Marlborough de prendre, lui écrivait Louis XIV satisfait, sont au meilleur état que je les pouvais désirer ; il ne faut songer qu’à les maintenir jusqu’à la fin de la campagne ; si elle était heureuse, je pourrais disposer les choses de manière à la finir par quelque entreprise considérable. » Marlborough, en s’éloignant, crut devoir s’excuser auprès de Villars même (une bien haute marque d’estime) de n’avoir pas plus fait ; il lui fit dire, par un trompette français qui s’en revenait au camp, qu’il le priait de croire que ce n’était pas sa faute s’il ne l’avait pas attaqué ; qu’il se retirait plein de douleur de n’avoir pu se mesurer avec lui, et que c’était le prince de Bade qui lui avait manqué de parole. […] Je n’ai certes pas la prétention de le suivre dans toutes ses campagnes ; mais il importait de relever dans le cours d’une carrière si pleine les traits de caractère qui définissent cette humeur et ce génie.
De nos jours, un ecclésiastique plein de zèle pour nos antiquités littéraires qu’il n’entendait qu’imparfaitement, l’abbé Prompsault, s’était épris de Villon (singulier choix !) […] Les œuvres de Villon, pour nous, malgré tant de commentaires, de conjectures érudites et ingénieuses, sont et resteront pleines d’obscurités ; elles ne se lisent pas couramment ni agréablement ; on voit l’inspiration, le motif ; on saisit les contours, mais à tout moment le détail échappe, la ligne se brise, la liaison ne se suit pas et fuit. […] Qu’ils sont rares les auteurs comme Horace et Montaigne, qui gagnent à être sans cesse relus, compris, entourés d’une pleine et pénétrante lumière, et pour qui semble fait le mot excellent de Vauvenargues : « La netteté est le vernis des maîtres !
Ne rions pas de ces natures de modestie et d’abnégation, surtout quand elles nous apportent à pleines mains des présents de roi. […] Il était dans son heureux déclin, dans le plein et doux éclat du soleil couchant. […] La réalité donne le motif, les points principaux, en un mot l’embryon ; mais c’est l’affaire du poëte de faire sortir de là un ensemble plein de vie et de beauté.
La vérité aussi est que, si infatigable qu’il soit en voyage, il en a assez pour cette fois ; il a sa dose ; son sac est plein : « Quant à moi, je n’éprouve plus qu’un seul besoin, c’est celui de peindre. […] Toutes ces lettres sont pleines de bon sens. […] Il y aurait à tirer encore plus d’un extrait de ces lettres de Russie, pleines de particularités et d’observations de tout genre, et d’un agréable pêle-mêle.
C’est donc le cœur qu’il faut demander chez Arthur et que nous y louerons sans réserve comme plein d’aspirations adorables. […] Il y en a des plaines immenses qui sont la part des riches, et de petits coins qui sont le trésor du pauvre, et qu’il entoure et veille avec un soin plein d’affection. […] C’est comme une tendresse infinie qui m’inonde de je ne sais quels sentiments pleins d’émotion qui se forment de tout ce qu’il y a de beau, de bon, de noble dans la créature déchue, mais pardonnée ; exilée du ciel, mais remise dans la voie qui le fait retrouver.
Il fit de bonnes études, je ne sais où ni comment, mais il était plein de grec et de latin, d’Horace et de Philétas, si Philétas il y a ; au reste toute sa vie ne semble qu’une longue école buissonnière. […] j’étais jeune alors, plein de séve et d’ardeur ; J’aimais ce pays neuf, sa pompe et sa splendeur ; J’aimais le bruit des flots, le bruit de la tempête, Et les périls étaient mes plaisirs de poëte. […] Cousin prononça sur sa tombe quelques paroles pleines de douleur, bien qu’un peu dramatiques, dans lesquelles il s’écriait : Noble esprit, âme tendre, jeune sage !
Mais, pour ne pas trop prêter notre idée générale, et, comme on dit aujourd’hui, notre formule, à celui qui a été surtout plein de liberté et de vie, prenons l’homme d’un peu plus près et suivons-le dans ses caprices mêmes ; car nul ne fut moins régulier, plus hardi d’élan et plus excentrique de rayons, que cet excellent homme de goût. […] « Mais, pour plaire aux sages et pour avoir la perfection, il faut que l’unité ait pour limites celles de sa juste étendue, que ses limites viennent d’elle ; ils la veulent éminente pleine, semblable à un disque et non pas semblable à un point. » En songeant à ses erreurs, à ce qu’il croyait tel, il ne s’irritait pas ; sa bienveillance pour l’humanité n’avait pas souffert : « Philanthropie et repentir, c’est ma devise. » Trompé par une ressemblance de nom, nous avons d’abord cru et dit que, comme administrateur du département de la Seine, il contribua à la formation des Écoles centrales ; nous avions sous les yeux un discours qu’un M. […] Vous verrez que quelque beau jour j’expirerai au milieu d’une belle phrase et plein d’une belle pensée.
L’extrême vieillesse est pour lui le temps de la pleine fécondité. […] Un beau jour circulèrent des dialogues « traduits de l’anglais552 », qui démontraient que l’Esprit des Lois est un « labyrinthe sans fil, un recueil de saillies », un livre plein de fausses citations, où l’auteur prenait « presque toujours son imagination pour sa mémoire ». […] On le voit mourant, enveloppé dans sa robe de chambre, coiffé de son bonnet de nuit, l’instant d’après se démenant, criant, se disputant avec sa nièce la grosse Mme Denis, s’emportant contre Jean-Jacques ou le président de Brosses qu’un maladroit a nommés, se moquant du Père Adam, un Jésuite qu’il a recueilli, disant des douceurs aux dames, à condition qu’elles soient parées et spirituelles, toujours capricieux et inégal comme un enfant, toujours plein d’humeur et de saillies, causant avec cet esprit étincelant qui enivrait le prince de Ligne.
Le monde est plein de gens singulièrement habiles à deviner ce qui mène à la fortune ; or jamais on n’a vu personne prendre la vertu comme une carrière avantageuse, comme un moyen de réussir. […] Les actes de la Société des Sauveteurs de la Méditerranée sont pleins des traits de courage de ces deux rivaux en dévouement et en amitié. […] À son arrivée à Château-l’Évêque, ce monsieur, qui est médecin, demande immédiatement des renseignements sur cette jeune fille qui l’a frappée, et, après qu’on lui a dit ce qu’elle est, ce qu’elle fait : — Mais cette jeune fille, dit-il, mérite le prix Montyon ; je la signalerai à l’Académie. » Je ne sais si la signature de cet admirateur d’Emmeline figure parmi les innombrables attestations qui montrent l’estimé que l’on professe pour elle à Chancelade et à Château-l’Évêque ; mais ce qui est bien honorable pour cette jeune fille, c’est la notice qu’a faite sur elle M. le curé de Château-l’Évêque, notice composée avec un sentiment des plus justes, un tact parfait, et une pleine inconscience littéraire.
Athénée et Plutarque le raillent même d’avoir été trop plein de son dieu. […] — « Je vis, sur le bord et dans le fond la pierre livide, pleine de trous, tous de la même largeur, et chacun d’eux était rond. — Ils ne paraissaient pas moins amples ni plus grands que ceux qui sont dans mon beau Saint Jean, pour servir de fonts baptismaux : — L’un desquels, il n’y a pas encore beaucoup d’années, je brisai parce qu’un enfant s’y noyait ; et que cela soit occasion pour tout homme de se détromper. » L’un de gli quali, anchor non é molt’ anni Rupp’ io per un che dentro vannegava : E questo sia suggel ch’ ogni huomo sganni. […] Le vieux cirque de bois qui servait encore de scène à Athènes, s’écroula avec ses gradins pleins de peuple, pendant qu’on y jouait une de ses trilogies.
On dirait que, dans sa joie, elle casse une tirelire pleine d’épigrammes économisées et qu’elle jette d’un coup par la fenêtre ses épargnes de vingt ans de silence et de niaiserie feinte. […] A la place de cette pochade de rapin français, nous aurions mieux aimé voir quelque loyale et rêveuse figure d’étudiant allemand, dans le goût de Schiller et de Novalis, les grands yeux bleus pleins de féeries et de rêves, les longs cheveux dorés du Germain s’épanchant sous la casquette romantique, un frais sourire sous une moustache blonde, de la candeur rehaussée d’humour et de vaillance, et, par moments, des bouffées d’enthousiasme, de poésie et de lyrisme s’exhalant, comme une fumée d’encens, de la longue pipe de porcelaine qui pend à ses lèvres. […] Il en résulte bien des tiraillements, des détonations et des discordances ; mais, en somme, la pièce marche, elle arrive, elle se retrempe, après avoir langui, pendant deux actes inutiles, dans une dernière scène pleine d’émotion et de chaleur, et ce dénouement achève le succès que le premier acte avait commencé.
Il ne vota pas sans faire de grandes réserves, sans adresser au gouvernement des paroles sévères et pleines d’émotion au sujet des troubles de juin. […] Et lorsque, des hauteurs où cette pensée nous transporte, on abaisse ses regards sur l’état actuel de l’Europe, lorsque l’on songe que ce sont ces mêmes cabinets que nous avons vus pendant trente ans si complaisants envers tous les gouvernements nés de notre Révolution, qui ont successivement traité avec la Convention, recherché l’amitié du Directoire, brigué l’alliance du dévastateur du monde ; lorsque l’on songe que ce sont ces mêmes ministres que nous avons vus si empressés aux conférences d’Erfurt qui viennent maintenant, gravement, de leur souveraine science et pleine autorité, flétrir de noms injurieux la cause pour laquelle Hampden est mort au champ d’honneur et lord Russell sur l’échafaud, en vérité le sang monte au visage ; on est tenté de se demander : Qui sont-ils enfin, ceux qui prétendent détruire ainsi, d’un trait de plume, nos vieilles admirations, les enseignements donnés à notre jeunesse, et jusqu’aux notions du beau et du juste ? […] Sa conversation, qui se marque d’abord d’un léger embarras, est bientôt agréable, nourrie, pleine de choses heureusement exprimées.
Mon seul beau jour a dû finir, Finir dès son aurore ; Mais pour moi ce doux souvenir Est du bonheur encore : En fermant les yeux je revois L’enclos plein de lumière, La haie en fleur, le petit bois, La ferme et la fermière ! […] Ces trois parties essentielles du poète n’étaient pas arrivées à une pleine et entière fusion. […] Bien des jolies bouches se mirent à l’instant à répéter à pleine voix cette cantilène piquante et naïve (naïve à demi) du laboureur, et lui poète, il sentit qu’il n’avait plus qu’à continuer de chanter dans ce ton les choses de la campagne, un peu à l’usage des villes et des salons, et en se souvenant toutefois de ses origines.
À dix-neuf ans, Maury, animé d’ambition et plein de confiance en ses forces, déclara à ses parents qu’il voulait aller à Paris tenter la fortune. […] L’abbé Maury eut les inconvénients d’une organisation forte, pleine de besoins, avide de consommation et de jouissances. […] Ne lui demandez ni grande finesse, ni grande nouveauté, ni curiosité vive ; mais il est large, il est plein, il va au principal ; il s’entend à poser l’architecture et les grandes avenues du discours ; il les démontre en maître chez les maîtres.
Son vers se tient debout par la seule force du substantif et du verbe sans le secours d’une seule épithète. » C’est en se prenant à ce style « affamé de poésie », qui est riche et point délicat, plein de mâles fiertés et de rudesses bizarres, qu’il espère faire preuve de ressources et forcer la langue française à s’ingénier en tout sens. […] Rivarol lui adressa deux Lettres pleines de hardiesse et de pensée, dans lesquelles il le harcèle sur son déisme. […] Rivarol est plein de ces traits de détail et de ces exemples, de ce que les anciens appelaient les lumières du discours.
Sa conduite pleine de cœur en 1815, après la condamnation de Lavalette, mérite un souvenir. […] Ce qu’étaient Lyon et le département du Rhône en septembre 1817, au moment où le maréchal y fut envoyé avec de pleins pouvoirs comme lieutenant du roi, se pourrait difficilement comprendre aujourd’hui. […] Tel, on le voit, tel vivait le duc de Raguse pendant la seconde moitié de la Restauration, oubliant peu à peu ses disgrâces, très aimé de ses amis, absous et plus qu’absous de tous ceux qui rapprochaient, et qui lisaient à nu dans cette nature vive, mobile, sincère, intelligente, bien française, un peu glorieuse, mais pleine de générosité et même de candeur (le mot est d’un bon juge, et je le reproduis) ; piquant d’ailleurs de parole, pénétrant dans ses jugements, parlant des hommes avec moquerie ou enthousiasme, des choses avec intérêt, avec feu et imagination, parfaitement séduisant en un mot, comme quelqu’un qui n’est pas toujours froidement raisonnable.
Le Voyage de Volney s’ouvre par la description de l’Égypte et d’Alexandrie, et, dans une suite de chapitres aussi pleins que précis, il va rassembler tout ce qui tient à l’état physique, puis à l’état politique de l’Égypte : ainsi fera-t-il pour la Syrie. […] Quand il nous définit la qualité du sol de l’Égypte et en quoi ce sol se distingue du désert d’Afrique, ce « terreau noir, gras et léger », qu’entraîne et que dépose le Nil ; quand il nous retrace aussi la nature des vents chauds du désert, leur chaleur sèche, dont « l’impression peut se comparer à celle qu’on reçoit de la bouche d’un four banal, au moment qu’on en tire le pain » ; l’aspect inquiétant de l’air dès qu’ils se mettent à souffler ; cet air « qui n’est pas nébuleux, mais gris et poudreux, et réellement plein d’une poussière très déliée qui ne se dépose pas et qui pénètre partout » ; le soleil « qui n’offre plus qu’un disque violacé » ; dans toutes ces descriptions, dont il faut voir en place l’ensemble et le détail, Volney atteint à une véritable beauté (si cette expression est permise, appliquée à une telle rigueur de lignes), une beauté physique, médicale en quelque sorte, et qui rappelle la touche d’Hippocrate dans son Traité de l’air, des lieux et des eaux. […] Après bien des tourbillons affreux et des tempêtes, le ciel tout d’un coup se rassérène ; la seizième et dernière soirée que passent les voyageurs en ce haut lieu est d’une beauté ravissante : « Il semblait que toutes ces hautes sommités voulussent que nous ne les quittassions pas sans regrets. » L’horizon en tout sens se colore, les cimes supérieures se nuancent, ainsi que les neiges qui les séparent : Tout l’horizon de l’Italie paraissait bordé d’une large ceinture, et la pleine lune vint s’élever au-dessus de cette ceinture avec la majesté d’une reine, et teinte du plus beau vermillon.
Le livre des Ruines, au contraire, est plein d’un dogmatisme négatif et d’affirmations scientifiques de tout genre. […] D’après ce que vous me dites de votre vie si douce, de vos jours si pleins, si courts, même en hiver, de votre souci à l’idée du moindre voyage, prenez bien garde à ce que vous ferez. […] Volney, content de ne pas mourir et s’enfonçant dans son fauteuil, s’appliquait aussi le mot de Franklin, qui disait en les voyant, Cabanis et lui, tous deux jeunes alors et pleins d’ardeur : « À cet âge, l’âme est en dehors ; au mien elle est en dedans, elle regarde par la fenêtre le bruit des passants sans prendre part à leurs querelles. » Volney, qui n’était point orateur et qui avait l’organe assez faible, causait bien dans un salon ; il parlait comme il écrivait, avec la même netteté, et cela coulait de source ; on aimait à l’écouter. — Son honneur durable, si on le dégage de tout ce qui a mérité de périr en lui, sera d’avoir été un excellent voyageur, d’avoir bien vu tout ce qu’il a vu, de l’avoir souvent rendu avec une exactitude si parfaite que l’art d’écrire ne se distingue pas chez lui de l’art d’observer, et une fois au moins, dans son tableau de la Syrie, d’avoir le premier offert un modèle de la manière dont chaque partie de la terre devrait être étudiée et décrite.
Tout cela se mélangea de la plus singulière façon en une âme diverse elle-même, inquiète et changeante, pleine de larmes et de ciel, violente et rêveuse, abandonnée, rétive et crispée, variable surtout, charmante et traîtresse comme un ciel d’équinoxe. […] Heine analyse et énumère toutes les navrantes variétés de cette infortune, l’amour dédaigné, l’amour agréé, puis rejeté pour quelque vile passion de lucre, ces amours couronnées de cyprès que la mort a disjoints et que relient encore des rêves pleins de fantômes. […] Tel est ce poème d’amour libre et charmant, personnel, réaliste, plein de délicats détails visibles et perçus, libre de la rhétorique déclamation de Musset, de la trop pâle mélancolie de Lamartine, mais vif, tendre, amer, violent, sardonique et emporté, le plus bel effort de la lyre allemande.
Ils ont tous deux connu la nature, avec cette différence que le premier d’un style plein et uniforme, montre tout à la fois ce qu’elle a de plus beau et de plus noble, de plus naïf et de plus simple ; il en fait la peinture ou l’histoire. […] Il est étonnant que les ouvrages de Marot, si naturels et si faciles, n’aient su faire de Ronsard, d’ailleurs plein de verve et d’enthousiasme, un plus grand poète que Ronsard et que Marot ; et, au contraire, que Belleau, Jodelle, et du Bartas, aient été sitôt suivis d’un Racan et d’un Malherbe, et que notre langue, à peine corrompue, se soit vue réparée. […] Les esprits vifs, pleins de feu, et qu’une vaste imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent s’assouvir de l’hyperbole.
Mais combien d’autres pages pleines de fraîcheur et d’éclat, et quel riant coloris ! […] Cependant, dès le début, sa langue était formée, déjà ample et souple, pleine de mouvement et de feu. […] Autour de sa bouche se joue habituellement un sourire plein de bonhomie, mais qui n’est pas très attrayant ; sa lèvre inférieure, quelque peu pendante, semble révéler une certaine fatigue. […] Vous peignez, vous, l’homme ardent qui regimbe contre la souffrance et qui, au lieu de rejeter la coupe, la remplit à pleins bords et l’avale. […] Pleine de sollicitude pour le cher artiste tourmenté et malade, elle fait tous ses efforts pour lui communiquer quelque chose de sa sérénité et de sa vigueur saine d’esprit.
C’est un jeu plein de complications et de difficultés ; un jeu très élégant. […] C’est une rue mal pavée, étroite et tortueuse, mais noble et pleine de gloire. […] Il est mort plein d’années, Dieu ait son âme ! […] Elle n’eut jamais pleine conscience d’elle-même, cette divine enfant. […] On y commentait des livres tout pleins de l’histoire abominable des dieux.
Je ne connaissais personne, personne n’avait d’influence sur moi, et je tâtonnais, plein de visions diverses et voyant étinceler confusément devant moi une série de projets à remplir plusieurs vies. […] Elle était d’une abondance stylisée, d’une élégance nourrie, d’une nouveauté pleine de paillettes rares. […] Le symbolisme avait alors acquis sa pleine importance, car il n’était plus représenté seulement par ses promoteurs, il avait reçu des adhésions précieuses. […] Le monde est plein de contrées magnifiques que les existences réunies de mille hommes ne suffiraient pas à visiter. […] Un très grand poète, Rimbaud, entrevit un art libre, touffu, plein de perceptions, d’analogies lointaines.
On retrouve dans son style, plein de gravité et de douceur, tout le caractère de sa vie. […] Ce qui doit étonner, c’est de voir ces imitations pleines de mouvement et de vérité, et offrant toutefois une exacte similitude. […] Nous ne nous reposons pas avec pleine confiance dans ses discours ; il est vrai, mais il n’est pas simple. […] Ses mémoires comme ses comédies sont pleins de verve, de cynisme, de bouffonnerie, de grâce et de mauvais goût ; singulier mélange d’orgueil avec une absence complète de dignité. […] Il restait étranger à tous les mouvements d’un temps plein de variété et d’agitation.
Les événements qui survinrent au retour, le jour faux et l’obscurcissement injuste où fut rejetée cette expédition glorieuse, les préjugés, parfois calomnieux, qui la dénaturaient, engagèrent M. d’Ault à ne pas attendre ; et, tout en ajournant son premier projet plus vaste, il inséra dans l’Avenir une série d’articles remarquables, où, avec une bonne foi et une indépendance pleine de mesure, il chercha à replacer à leur vrai point de vue les faits et les hommes.
Aussi, dans un des meilleurs passages du livre, il nous montre un brave homme, un officier plein d’honneur et d’esprit, mais vieux avant l’âge, et livré par d’affaiblissants chagrins et par la fausse hygiène de l’ivrognerie aux gouailleries d’une bande d’estaminet.
On peut dire : elle est exquise, excellente, adorable ; ou bien : son mérite est surfait ; elle est pleine de défauts, mal composée, mal écrite, mal pensée, immorale, que sais-je encore ?
Tout le monde connoît ses Philippiques, Ouvrage aussi plein d’énergie que de siel & d’atrocité, dont la poésie ne fait pas pardonner les monstrueux écarts.
Malgré le goût du Siecle pour les choses frivoles, on a accueilli, avec autant d’admiration que de reconnoissance, le savant Ouvrage qu’il a publié sous le titre d’Histoire véritable des temps fabuleux, dans lequel il nous apprend que tout ce qu’Hérodote, Manéthon, Eratosthène & Diodore de Sicile racontent de l’Egypte & des Egyptiens, n’est qu’une imitation défigurée & pleine d’erreurs des endroits de l’Ecriture-Sainte, qui concernent cette nation & la contrée qu’elle habitoit.
Il seroit cependant injuste de refuser des éloges à quelques Odes de M. le Chevalier de Laurés, pleines de verve & d’enthousiasme, principalement dans celle qu’il a faite sur le Jeu.
Et quand des Journalistes, de leur propre mouvement, certaine science & pleine puissance, auront approuvé ce que le bon goût réprouve, ou condamné ce qu’il admet, leurs Décrets seront-ils sans appel comme sans infaillibilité ?
Ce qui fortifie cette opinion, est sa Traduction des Harangues choisies de quelques Auteurs Latins, où il est toujours le même, quoique ses originaux soient pleins de chaleur & de vie.
On ne peut nier qu’il ne l’ait eu plein de gaieté, de politesse, de modération, qualités qui transpirent dans ses Ecrits, & bien supérieures au mérite de faire de bons Ouvrages ; mais sont-ce-là des titres pour prétendre aux honneurs de la Philosophie ?
Ce bâtiment religieux est placé derrière les bâtiments militaires, comme l’image du repos et de l’espérance, au fond d’une vie pleine de troubles et de périls.
Le corps, la gorge et les épaules de la courtisane sont de chair et peints dans la pâte à pleines couleurs.
Jules Lemaître est un écrivain plein de rouerie, un critique fin et pénétrant, un conteur délicat, un dramaturge ingénieux. […] Nos moralistes en ont plein la bouche, quand ils en parlent. […] Je sais des œuvres plus éclatantes, plus vigoureuses, plus poignantes, plus pleines de pensée. […] Ils prononceront de beaux discours, graves, précis et pleins. […] Coppée parle tout le temps de politique pour dire qu’il n’en parlera pas ; la moitié du volume au moins en est pleine.
Le seul Horace chez les Latins nous les représente tous, imités, réduits, condensés pour ainsi dire, avec un art consommé ; mais est-ce la même chose que le fruit cueilli à même de l’arbre, à tous les rameaux du verger, — de ce verger assez semblable à celui d’Alcinoüs, dont le Poëte a dit dans une douceur et une plénitude fondante : « Là, de grands arbres s’étendent sans cesse verdoyants, poiriers et grenadiers, et pommiers brillants de leurs pommes, et figuiers savoureux et oliviers pleins de fraîcheur, desquels jamais le fruit ne périt ni ne fait défaut, hiver ni été, durant toute l’année ; mais toujours, toujours Zéphyre, de son souffle, fait pousser les uns et mûrit les autres : la poire vieillit sur la poire, la pomme sur la pomme et raisin aussi sur raisin, et figue sur figue… » Telle fut, chez les Grecs, l’abondance lyrique première. — La Couronne de Méléagre, dans son cercle un peu réduit, devait en offrir encore le plus parfait et le plus pur assemblage, si l’on en juge par l’âge du recueil, par les noms qui y figuraient et par le goût de finesse et d’élégance dont l’assembleur lui-même a fait preuve dans ses propres vers. […] Méléagre en un endroit, par une moins gracieuse image et qui se sent plutôt de la ménippée, compare son mélange à je ne sais quel plat en renom alors, à je ne sais quelle macédoine pleine de ragoût. […] O amoureuse Abeille, tu peux t’en retourner : il y a longtemps que nous savons ton message. » Héliodora meurt, elle meurt jeune, et Méléagre exhale ses regrets dans une pièce toute pleine de sanglots, qui ne se peut reproduire ici que bien faiblement. […] Tu souffres ce que tu as mérité, brûlée que tu es d’un miel cuisant. » Les Anciens faisaient grand usage de miel ; ils le combinaient avec le vin, ils le faisaient cuire au feu ; les poëtes érotiques sont pleins d’images empruntées à ces mélanges.
Chaque année, leurs bourgeons s’enflent, rougissent ; une odeur pénétrante sort de la sève qui regorge ; l’écorce suinte comme une mamelle trop pleine, et les essaims d’insectes accourent en bourdonnant autour des feuilles nouveau-nés. […] II Il l’a frayée du premier coup, toute grande, sans efforts ni recherches ; il y entrait naturellement, parce qu’il était rêveur, et il y avançait parce qu’il s’y trouvait bien. « Il était touché des fleurs, des doux sons, des beaux jours. » « Le monde entier pour lui était plein de délices. » Un ruisseau suffisait pour l’occuper et l’enchanter. « Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie ! […] Il a tout senti, même l’humble beauté d’un potager rustique et l’agrément d’un jardin propret, bien entretenu, plein de plantes utiles « avec le clos attenant », avec la haie vive et verte, avec la bordure de serpolet et les fleurs bourgeoises, qui feront un bouquet à la ménagère. […] Il s’agit du coq, que décrit le souriceau : Turbulent, et plein d’inquiétude, Il a la voix perçante et rude ; Sur la tête un morceau de chair ; Une sorte de bras dont il s’élève en l’air.
Elle, de son côté, sachant que le jeune était plein d’égards et d’obéissance pour le vieux, soit en portant le plus qu’il pouvait le poids de la chaîne commune, soit en faisant double tâche pour diminuer la fatigue du vieillard affaibli par les années, avait conçu involontairement une vive reconnaissance pour le jeune galérien ; elle le regardait, à cause des soins pour son père, plutôt comme son frère que comme un criminel réprouvé du monde. […] Mes yeux se voilaient, mes tempes battaient, des gouttes de sueur froide suintaient de mon front ; quand je fus à une enjambée ou deux de la lucarne ferrée, au fond de laquelle j’allais apercevoir celui qu’ils appelaient le meurtrier, mes jambes refusèrent tout à fait de faire un dernier pas, mes mains froides s’ouvrirent d’elles-mêmes, le trousseau de clefs d’un côté, la cruche pleine d’eau de l’autre, tombèrent à la fois sur les dalles, et je tombai moi-même contre la muraille, entre le trousseau sonore et la cruche d’eau cassée. […] CXCIII J’entrai donc de nouveau dans la cour ; j’allai remplir ma cruche neuve dans l’auge des colombes, et je revins, ma cruche pleine dans la main, sous le cloître, comme si j’allais laver les dalles du cloître devant les grilles depuis la première jusqu’à la dernière. […] CCXIII Secondement, le père Hilario remonta péniblement et tout essoufflé par le sentier de la ville au couvent, et, jetant sa double besace pleine comme une outre sur la table du logis : — Tenez, nous dit-il, voilà l’aumône de la semaine pour le corps ; le prieur m’a dit de quêter d’abord pour vous comme les plus misérables ; le couvent ne manque de rien pour le moment, grâce aux pèlerinages de la Notre-Dame de septembre, qui va remplir les greniers de farine et les celliers d’outres de vin.
Les derniers mots que l’Ombre achève Du Tasse ont calmé les regrets : Plein de courage il se relève, Et tenant sa lyre et son glaive, Du destin brave tous les traits. […] Le matin de la vie est comme le matin du jour, plein de pureté, d’images et d’harmonies. […] J’étais plein de religion, et je raisonnais en impie ; mon cœur aimait Dieu, et mon esprit le méconnaissait ; ma conduite, mes discours, mes sentiments, mes pensées n’étaient que contradiction, ténèbres, mensonges. […] Oui, il faut que tu renonces à cette vie extraordinaire qui n’est pleine que de soucis ; il n’y a de bonheur que dans les voies communes.
Ce dur logicien était un très bon homme, doux, aimable, le plus respectable et le plus tendre des pères, qui écrivait à ses enfants des lettres charmantes, pleines de fine raison et de sensibilité délicate. […] À travers une gazette de village, toute pleine de médisances sur M. le Maire et de taquineries au curé, éclate cette jolie note champêtre : « Les rossignols chantent et l’hirondelle arrive. […] Il parle et il écrit une langue lâchée, négligée, toute pleine d’à-peu-près, molle et prolixe surtout, qui délaye la pensée et ne la serre jamais. […] On aura une idée de son tour d’imagination par ce seul passage : « Les Bourbons reviennent, ils reparaissent au milieu d’un peuple nouveau, entourés des solennelles antiquailles de l’ancien régime, de prélats anti-concordataires pleins des idées serviles d’autrefois, ennemis de tout ce que n’avait pas vu leur jeunesse, Gers de n’avoir rien appris depuis quarante ans ; de vieux abbés dont l’ambition moisie dans l’exil infectait les antichambres du château ; de valets aux genoux d’autres valets : tout cela se remuait et fourmillait à la cour des fils de Louis XIV, comme des vers dans un cadavre. » (XII. 262.)
Ferme et pleine de sève se manifeste la Foi, grandie, voulante même dans la souffrance. — À la promesse renouvelée, la Foi répond, des plus douces hauteurs, — comme sur les ailes de la blanche colombe, — descendant dans l’air, — toujours plus largement et plus totalement saisissant les cœurs humains, emplissant le monde et l’entière nature, ensuite regardant de nouveau vers l’éther céleste, comme doucement apaisée. […] C’est ce qu’elle eut à expier : donc elle renaquit, fille de Tchandala, à fin de connaître les tourments de l’amour vain d’espoir, mais aussi à fin de renoncer et d’être conduite à la pleine rédemption par l’entrée en la communion du Buddha. — Prakriti répond maintenant à la dernière question du Buddha par un joyeux Oui. […] il ressent les grands jardins pleins d’odeurs fumantes et de teintures chaudes ; les mollesses des tiédeurs étaient molles, lorsque devant son corps elle surgit, la femelle bête, folle de son corps… elle avait ces rires et cette voix, oui, ce regard qui si inquiet lui caressait, ces lèvres, oui, à lui si frémissantes, ces cheveux inclinés à lui, oui, ces flattantes boucles, et autour de son cou ces bras, si tendres ces joues, si nouvelle cette bouche qui, en la communion de toutes les souffrances, lui embrassa le salut de son âme… monstrueux baiser ! […] » Il réapparaît enfin une dernière fois quand Sachs, au troisième acte, plein d’une douce mélancolie ne sait pas encore s’il doit renoncer à Eva, tout grisé par l’odeur des fleurs, l’air-si heureux d’un restant d’espoir, que David lui dit qu’il serait volontiers garçon d’honneur, plutôt que son héraut à la fête.
Les tragédies encore vivantes de la délivrance suscitèrent des drames pleins de leur flamme et de leur esprit. […] Homère est plein, dans l’Iliade, de comparaisons pastorales qui adoucissent ses carnages. […] » — « À pleine main ! à pleine main !
Le dix-septième siècle n’était pas arrivé à sa fin, que Boileau jetait à pleines mains le ridicule sur ce roman qui avait fait les délices de madame de Sévigné et de toutes les grandes dames de l’époque. […] Les partis contraires sont pleins de défiance les uns contre les autres. […] Parmi les auditeurs qui s’émouvaient à la lecture du chapitre plein d’intérêt dans lequel M. […] Cuvillier-Fleury veut dire qu’il est difficile, impossible même d’indiquer le jour où une idée commence et celui où elle finit dans cette tête pleine de rêves, il a raison. […] Il y a dix ans qu’il a fait ce tableau, et déjà la jeune littérature qui lui apparaissait comme pleine d’avenir sonne le vide et sent le vieux.
Et en chantant, ils rendaient au vers la trempe de l’acier, et à la strophe le poli, le plein et la jointure habile de l’armure. […] Voici cette jolie pièce tout entière : À la Font-Georges Ô champs pleins de silence.
Que manquait-il donc à ce brillant esprit, à cet esprit de haut vol, si plein de vues et même d’éclairs de bon sens sur toutes choses, pour être un vrai génie et pour mériter d’être salué de ce nom ? […] Elle est morte pleine de jours, avec son entière liberté d’esprit, universellement vénérée et regrettée.
Une autre fois, c’était Goethe : et si alors vous l’interrompiez brusquement dans sa lecture, il fallait entendre comme, tout plein de son auteur, il vous en parlait ; la source coulait d’elle-même ; les remarques les plus fines, les plus délicates de style se succédaient sur ses lèvres, et vous aviez une conférence improvisée. […] Quelque jeune ami, — et il en avait de cet âge, et un particulièrement bien digne de lui134, — devrait se donner pour tâche pieuse de recueillir dans ses divers écrits, et aussi dans les lettres pleines d’effusion et nourries de détails qu’il adressait à ses amis de France durant ses voyages d’Allemagne et d’Italie, des extraits, des pensées, des jugements, de quoi rappeler et fixer dans la mémoire quelques traits au moins de la physionomie de cet homme excellent dont les qualités morales et la candeur égalaient la haute intelligence.
M. de Musset a l’imagination si naturellement riche et pleine de fleurs, qu’il est plus impardonnable qu’un autre dans ces excès. […] La résistance de Mme Pierson, la tristesse résignée d’Octave, les sons de la voix aimée qui n’éveillent plus en lui ces transports de joie pareils à des sanglots pleins d’espérance, sa pâleur, qui réveille au contraire en elle cet instinct compatissant de sœur de charité ; puis, au premier baiser, l’évanouissement, suivi d’un si bel effroi, cette chère maîtresse éplorée, les mains irritées et tremblantes, les joues couvertes de rougeur et toutes brillantes de pourpre et de perles ; ce sont là des traits de naturelle peinture qui permettraient sans doute de trouver en cet épisode la matière d’une comparaison, souvent heureuse, avec Manon Lescaut ou Adolphe, si une idée simple et un goût harmonieux avaient ici ménagé l’ensemble, comme dans ces deux chefs-d’œuvre.
Quant aux personnages spirituels, aventureux, pleins de ressources et de souplesse, que ces derniers penchants tout extérieurs emportent sans contre-poids à travers la vie, rien n’est plus rare que de les voir unir la moralité et la véracité rigoureuse à une curiosité si courante et si dissipée. […] Il y raconte tout et peut-être au-delà ; il s’y montre à nu, sans façon et d’assez bonne grâce pour un vieillard ; épicurien comme Horace, qu’il aime à citer, sensualiste ouvertement, sans trop de cynisme, quelque peu chrétien par là-dessus, à ce qu’il dit, je ne me chargerai pas d’expliquer comment ; plein de regrets pour le passé, mais sans trace de repentir, il va, il déroule à plaisir, il recommence sa jeunesse.
. — En avançant vers l’est, vous rencontrez la grasse Flandre, antique nourrice de la vie corporelle, ses plaines immenses toutes regorgeantes d’une abondance grossière, ses prairies peuplées de troupeaux couchés qui ruminent, ses larges fleuves qui tournoient paisiblement à pleins bords sous les bateaux chargés, ses nuages noirâtres tachés de blancheurs éclatantes qui abattent incessamment leurs averses sur la verdure, son ciel changeant, plein de violents contrastes, et qui répand une beauté poétique sur sa lourde fécondité. — Au sortir de ce grand potager, le Rhin apparaît, et l’on remonte vers la France.
La Fortune, semblable à la servante agile Qui tire l’eau du puits pour sa cruche d’argile, Élevant le seau double au chanvre suspendu, Le laisse retomber quand il est répandu ; Ainsi, pour donner l’âme à des foules avides, Elle nous monta pleins et nous descendit vides. […] Un jardin : L’un son Tibur trempé des grottes de Neptune, L’autre son Tusculum plein d’échos de tribune.
Dans la Lettre première, au lieu de : la maison est pleine de voix qui ordonnent, il faut lire : la maison est pleine de voix qui jordonnent.
Entre M. de Bonald et M. de Chateaubriand, ces deux termes extrêmes de l’école royaliste, se placent Joseph de Maistre et M. de Montlosier, personnages aussi originaux l’un que l’autre, l’un grand écrivain et penseur supérieur, l’autre publiciste incorrect, mais éloquent et vigoureux, tous deux énergiques et fiers, pleins d’honneur et de courage, de vraie souche aristocratique, et qui en d’autres temps auraient pu sauver leur caste, si elle eût produit beaucoup d’hommes semblables à eux. […] Lui-même était plein de fierté et ne supportait pas aisément l’injustice ; et, dans son exil d’ambassadeur à Saint-Pétersbourg, il parle constamment au roi de Piémont le langage à la fois le plus fidèle et le plus hardi ; enfin, on sent vivre en lui le vieil esprit des parlements.
Quand même nous en aurions pleine connoissance, il se trouveroit que par des raisons que je vais exposer, nous n’aurions pas pour ces choses le même goût qu’avoient les romains, et l’image qui remet sous nos yeux ces mêmes choses, ne peut nous affecter comme elle affectoit les romains. […] Quel attrait peuvent avoir pour bien des personnes du nord qui ne burent jamais une goute d’eau pure, et qui ne connoissent que par imagination le plaisir décrit par le poëte, les vers de la cinquiéme églogue de Virgile, qui font une image si pleine d’attrait du plaisir que goûte un homme accablé de fatigue à dormir sur un gazon, et le voïageur brulant de soif à se désalterer avec l’eau d’une source vive.
Que je comprends bien cette parole d’un jeune écrivain plein de sève et de fougue, qui était venu passer six mois dans un département du Midi, six mois de commerce journalier avec des gens qui ne hasardent jamais une idée sans s’être assurés qu’elle a pour elle la prescription : « Si je devais rester ici trois mois de plus, je n’aurais plus la force de produire une pensée. » C’est grâce à la centralisation — maudite et honnie — que sont possibles ces hardies innovations où se retrempent les littératures fatiguées. […] Lorsqu’il écrivit ces lignes, l’auteur n’avait pas encore lu Pro aris, nouvelles poésies de M. de Laprade pleines de mouvement et de vigueur.
en parlant du démon, et un autre mot non moins superbe, cité par madame de Staël, le brillant phalène intellectuel qui allait, de plein vol, à la flamme, partout où elle était allumée, et vous n’avez plus de sainte Térèse que le portrait presque populaire de Gérard, qui n’est pas elle, mais un mensonge. […] Elle était née sans aucune mémoire, sans aucune imagination, disait-elle, et de plus parfaitement incapable de discourir avec l’entendement ; mais la Prière, la Prière plus forte que toutes les sécheresses, lui donna toutes les facultés qui lui manquaient ; car la Prière a fait Térèse, plus que sa mère elle-même : « Je suis en tout de la plus grande faiblesse, — dit-elle, — mais, appuyée à la colonne de l’Oraison, j’en partage la force. » Malade, pendant de longues années, de maladies entremêlées et terribles qui étonnent la science par la singularité des symptômes et par l’acuité suraiguë des douleurs, Térèse, le mal vivant, le tétanos qui dure, a vécu soixante-sept ans de l’existence la plus pleine, la plus active, la plus féconde, découvrant des horizons inconnus dans le ciel de la mysticité, et, sur le terrain des réalités de ce monde, fondant, visitant et dirigeant trente monastères : quatorze d’hommes et seize de filles.
… Mais l’histoire, trop mâle pour s’attendrir jamais, trop juste pour être généreuse, l’histoire, quand elle raconte les bonnes et les mauvaises actions des hommes, doit avoir un autre langage que celui d’une apologie idolâtre ou d’une défense pleine de colère. […] Après cela, que Clément XIV ait souffert ou non de cette abolition qu’il a signée ; qu’il y ait répugné longtemps ou bien qu’il y ait promptement consenti ; qu’il l’ait promise aux cabinets qui la demandaient avant ou après son élection ; qu’il ait pleuré en la signant, qu’il soit tombé par terre après l’avoir signée, ou qu’il soit resté calme et fort comme un homme qui vient de soulager sa conscience en accomplissant un devoir ; qu’il en soit mort fou ou repentant ou qu’il ait gardé la pleine possession de son intelligence et se soit éteint dans cette impénitence finale des pouvoirs qui, comme Œdipe, se sont crevé les yeux, et que d’autres Œdipes aux yeux crevés prennent, comme le P.
Je ne cite pas beaucoup d’ordinaire, mais je me fais un rude plaisir en vous citant cela : « Je voudrais — dit-il au commencement de son livre — qu’au lieu de cette scène de repos nous puissions voir ici à plein, des yeux du corps, les royaumes du monde et leurs magnificences. […] Reconnaissez-vous la barbarie toute pleine, non pas cette barbarie juvénile, brave, hardie, pittoresque, heureuse, mais une sauvagerie louche, maussade, hargneuse, laide et qui tuera tout et ne créera rien ?
Le monde ne pourra la renier ; jaillie de lui, toute pleine de son âme, comprenant le sens intime de ses manifestations, elle étendra son domaine jusqu’aux limites mêmes de ce monde. […] On sent que cette œuvre est sortie uniquement de lui, sans l’ombre d’un ressouvenir, d’un respect quelconque pour la tradition, et qu’il y a là, au sens plein et authentique du mot, une création, dont la forme et le fond prennent leurs racines dans le tempérament propre de l’artiste.
Il a donné à ce genre d’ouvrages un ton plein de dignité et de force, et qu’il n’avait point du tout avant lui. […] « Il ne tient qu’à eux, dit-il, de déraciner la haine et d’apprivoiser la fureur. » Dans un autre discours adressé au même prince, après la cinquième année de son règne, on trouve un long morceau sur les finances ; il respire cette philosophie pleine d’humanité, qui devrait être celle de tous les rois.
On croirait qu’il s’agit de l’Ionie, quand on voit les reproches amers mêlés par le poëte à son appel aux armes ; on incline pour Athènes, devant cette apothéose de la gloire que chante le poëte, et dont son cœur est plein. […] Le grand et durable renom du poëte donna tant d’éclat à cette tradition anecdotique qu’elle suggéra, dans le déclin du génie grec, la composition de sophiste la plus étrange, un recueil de lettres dans lequel l’impitoyable Phalaris, tout en étalant ses vengeances, y compris le taureau d’airain enflammé où il brûlait ses victimes, se montre plein d’admiration pour Stésichore, déclare ce poëte un objet sacré, comble d’honneurs sa vieillesse, et, à sa mort, presse les Himériens de lui élever un temple81.
J’ai la bouche pleine et Francis est soûl… » Il est impossible de citer le reste de cette histoire d’entrailles. […] Il voudrait croire que l’auteur de la cinquième Soirée de Médan n’a pas écrit ceci de sang-froid, dans la pleine possession de ses facultés. […] Marillier dans sa suggestive Introduction, la Bretagne est « pleine d’âmes errantes qui pleurent et gémissent ». […] Votre ennemi le ramasse, croyant trouver une bourse pleine. […] Ce livre, que vous aimerez dès que vous l’aurez ouvert, est plein de cette pensée : on la sent, bien que l’auteur se défende de toute prédication, on la sent qui circule sous le tissu du style coloré, alerte et pimpant.
Elles recréaient aisément une vie fantastique, pleine d’accidents surnaturels : car elles n’avaient pas encore modelé leur conception de la vie suivant les seules lois du possible. […] Il est le créateur d’une vie profonde et subtile, éclairée ensuite par une philosophie pleine de lumière et de sincérité. […] Malgré cela, un classement plutôt qu’une doctrine, laissant au plein de son mystère fatal le fond même de l’être. […] Tout cela parce que ces œuvres ne sont pas écrites pour nous, ne valent leur pleine valeur que pour l’âme princière qui les a créées. […] Et les harmonies qu’il sonne éclatent à ce point chaudes et belles, et pleines d’une expressive tendresse, que par elles nous devinons le drame qu’elles escortent.
Lerminier, qui a été un orateur brillant, un professeur éloquent, mais hasardeux, est devenu un écrivain plein de maturité ; on peut dire cela de bien peu aujourd’hui.
Quant aux personnages spirituels, aventureux, pleins de ressources et de souplesse, que ces derniers penchants tout extérieurs emportent sans contre-poids à travers la vie, rien n’est plus rare que de les voir unir la moralité et la véracité rigoureuse à une curiosité si courante et si dissipée.
Théophile Gautier C’est une note qu’on n’est plus habitué à entendre et qui nous cause une surprise pleine de charme.
Il faudra bien qu’on rende un jour à l’auteur pleine justice à ce livre excellent, qu’on le mette tout à côté de ceux de France, pour la délicatesse et la savante simplicité de la forme, et qu’on reconnaisse en Lemaître un des plus remarquables artistes en vers de ce temps.
D’un abîme sans fond & plein d’obscurité, Le Temps, pere des Dieux, tire la Vérité.
Elles sont pleines d’érudition & de raisonnemens très-solides.
L’esprit & la raison se disputent la préférence dans tout ce qui est sorti de sa plume ; par-tout on y reconnoît l’Ecrivain judicieux, plein de finesse & de pénétration.
L’Abbé de Rancé a encore ajouté à ses autres travaux une Relation de la vie & de la mort de quelques Moines de la Trappe, en 4 vol. où, d’un style simple & plein d’onction, il trace des tableaux propres à édifier & à mettre les sentimens de la Religion dans tout leur jour.