Tout acteur qui n’est pas nécessaire, gâte les plus grandes beautés. […] On demande ordinairement si la mort de quelqu’un des personnages est nécessaire dans la tragédie. […] L’art de ces développements délicats n’est guère moins nécessaire à la comédie. […] Il faut ensuite que le motif d’une délibération mise sur la scène soit pressant et nécessaire. […] Il n’en est pas de même de celle de Pompée ; elle n’est pas nécessaire à l’action.
II La réaction appétitive qui produit d’abord l’attention ou réaction volontaire, puis la réaction intellectuelle ou aperception, est-elle indéterminée de sa nature, ou, comme toute réaction, est-elle en rapport nécessaire avec l’action subie ? […] « Je suppose, dit-il, le tic-tac d’un métronome se produisant à intervalles réguliers et avec une intensité toujours égale ; en ce cas, tout le monde sait que nous pouvons grouper deux par deux, trois par trois, quatre par quatre, les sensations successives : ce groupement volontaire est dû à l’aperception. » — Selon nous, ce groupement ne diffère pas des effets habituels et nécessaires de l’association : nous associons un souvenir de rythme, avec temps forts et temps faibles, aux battements indifférents du métronome, d’autant plus que tous nos mouvements et toutes nos réactions cérébrales tendent, en vertu même de la constitution des organes, à prendre une forme rythmée comme le balancement de notre jambe. […] Est-il besoin d’imaginer ici un mode de liaison spécifiquement distinct des lois nécessaires de similarité ou de contiguïté ? […] Fait d’importance capitale, sans doute, qui n’est cependant encore qu’une complication des lois nécessaires de l’association ; c’est toujours l’introduction d’un courant supérieur qui, comme un tourbillon atmosphérique de force irrésistible, se subordonne le reste, emporte tout dans son cercle propre, impose sa direction aux feuilles des arbres qu’il détache, à la poussière qu’il soulève, aux vagues de la mer qu’il agite, aux voiles des barques qu’il gonfle et pousse devant lui.
Il faut tenir compte de l’opposition et de la lutte, ouvertes ou cachées, qui ne sont pas moins nécessaires à notre vie, ou bien prêcher le renoncement absolu. […] Tout cela est nécessaire à l’homme. […] Sous des formes latentes et sourdes sinon évidentes et déclarées elle est peut-être une défense vitale nécessaire. […] Nous pouvons admirer vivement, admirer trop, ce qui est nécessaire, sans être dupes de cette admiration. […] Cependant le tiers esprit saura leur utilité, et que quelques abus sont nécessaires.
Intérêt spécial de la forme calme Avant de rattacher la parole intérieure dans sa totalité aux faits psychiques qui font partie de la même famille, quelques observations sont nécessaires sur la distinction et la dénomination des variétés que nous avons reconnues en elle. […] Si donc la parole intérieure subsiste en nous avec un minimum suffisant et constant d’intensité au-dessous duquel elle ne descend jamais, c’est que, par un acte incessamment répété de volonté mentale, l’âme la maintient à ce niveau nécessaire aux opérations intellectuelles ; grâce à l’attention, l’image de la parole ne descend pas jusqu’au bout la pente de l’inconscience où l’entraîne l’habitude négative, elle résiste à l’anéantissement et se forme en habitude positive. […] Il faudrait alors considérer l’hallucination comme un des éléments essentiels de la vie psychique normale, comme la condition presque nécessaire de la pensée la plus humble et de la réflexion scientifique la plus élevée ; un état morbide servirait à définir le fonctionnement sain de notre être. […] La parole intérieure considérée comme habitude Pour expliquer cette force étrange, que les origines de la parole intérieure ne pouvaient faire prévoir, il est nécessaire de recourir à des causes d’ordre supérieur. […] Pour l’expression de la pensée, inventer des combinaisons nouvelles de mots est nécessaire, et il n’est pas moins nécessaire que cette invention soit aisée : car la pensée est trop rapide et trop mobile pour pouvoir attendre longtemps la forme sensible dont elle aime à s’accompagner.
Mais l’imperfection des instruments modernes de l’Heuristique n’a rien de nécessaire. […] Les procédés sont les mêmes dans les deux cas, qu’il n’est pas nécessaire, par conséquent, de distinguer davantage. […] Des qualités sont nécessaires, « auxquelles la volonté ne supplée pas ». […] Ainsi l’analyse est nécessaire à la critique ; toute critique commence par une analyse. […] Pour les phénomènes plus complexes la langue est si indécise qu’on ne s’accorde même plus sur les éléments nécessaires du phénomène.
Sa longue enfance, pendant laquelle il sert de lien à deux êtres, et qui lui est si nécessaire pour se développer graduellement, cette longue enfance, disons-nous, annonce déjà l’intention du Créateur. […] Cette vie, je le sais, n’accomplit pas toutes les destinées de l’homme ; et la société, qui lui est si nécessaire, ne lui suffit point encore : il lui faut la certitude d’un avenir au-delà de ce monde. […] William Jones ; mais il faudrait toute l’érudition et toute la variété de connaissances qui distinguent ces savants hommes pour exposer leurs idées, dont la discussion n’est point, au reste, rigoureusement nécessaire dans cet écrit. […] Cette Dissertation, qui avait pour objet de prouver le don primitif de la parole, était un développement nécessaire des premières propositions avancées dans son ouvrage. […] Rousseau s’était servi de ces mots si souvent cités depuis : La parole paraît avoir été fort nécessaire pour établir l’usage de la parole.
La première est nécessaire, mais n’est pas suffisante. La seconde est à la fois nécessaire et suffisante. […] Cette condition que les deux objets forment leur image en O est donc nécessaire, mais non suffisante pour que les points M et M′ coïncident. […] Donc cette condition que si A touche mon doigt à l’instant α, B le touche à l’instant β, est à la fois nécessaire et suffisante pour que M et M′ coïncident. […] Mais ce rôle n’en était pas moins très important ; et j’ai cru nécessaire de le faire ressortir.
D’ailleurs, on peut trouver dans la vie un intérêt, un mobile, un but, sans être la proie des mouvements passionnés ; chaque circonstance mérite une préférence sur telle autre, et toute préférence motive un souhait, une action ; mais l’objet des désirs de la passion, ce n’est pas ce qui est, mais ce qu’elle suppose, c’est une sorte de fièvre qui présente toujours un but imaginaire qu’il faut atteindre avec des moyens réels, et mettant sans cesse l’homme aux prises avec la nature des choses, lui rend indispensablement nécessaire ce qui est tout à fait impossible. […] En peignant les jouissances de l’étude et de la philosophie, je n’ai pas prétendu prouver que la vie solitaire soit celle qu’on doit toujours préférer : elle n’est nécessaire qu’à ceux qui ne peuvent pas se répondre d’échapper à l’ascendant des passions au milieu du monde ; car on n’est pas malheureux en remplissant les emplois publics, si l’on n’y veut obtenir que le témoignage de sa conscience ; on n’est pas malheureux dans la carrière des lettres, si l’on ne pense qu’au plaisir d’exprimer ses pensées, et qu’à l’espoir de les rendre utiles ; on n’est pas malheureux dans les relations particulières, si l’on se contente de la jouissance intime du bien qu’on a pu faire, sans désirer la reconnaissance qu’il mérite ; et dans le sentiment même, si n’attendant pas des hommes la céleste faculté d’un attachement sans bornes, on aime à se dévouer sans avoir aucun but que le plaisir du dévouement même. […] La philosophie est en nous, et ce qui caractérise éminemment les passions, c’est le besoin des autres ; tant qu’un retour quelconque est nécessaire, un malheur est assuré ; mais l’on peut trouver dans les carrières diverses, où les passions se précipitent, quelque chose de l’intérêt qu’elles inspirent, et rien de leur malheur, si l’on domine la vie, au lieu de se laisser emporter par elle, si rien de ce qui est vous enfin ne dépend jamais ni d’un tyran au-dedans de vous-même, ni de sujets au-dehors de vous. […] Depuis la gloire, qui a besoin du suffrage de l’univers, jusqu’à l’amour, qui rend nécessaire le dévouement d’un seul objet, c’est en raison de l’influence des hommes sur nous que le malheur doit se calculer ; et le seul système vrai pour éviter la douleur, c’est de ne diriger sa vie que d’après ce qu’on peut faire pour les autres, mais non d’après ce qu’on attend d’eux. […] Enfin, la pitié est encore nécessaire pour trouver un terme à la guerre intérieure ; il n’y a point de fin aux ressources du désespoir, et les discussions les plus habiles, et les victoires les plus sanglantes ne font qu’augmenter la haine ; une sorte d’élan de l’âme, tout composé d’enthousiasme et de pitié, arrête seul les guerres intestines, et rappelle également le mot de patrie à tous les partis qui la déchirent.
Au reste, quand je parle d’une action théâtrale, je parle d’un appareil, d’une cérémonie, d’une assemblée, d’un événement nécessaire à la pièce, et non pas de ces vains spectacles plus puérils que pompeux, de ces ressources du décorateur qui suppléent à la stérilité du poète, et qui amusent les yeux quand on ne sait pas parler aux oreilles et à l’âme. […] Il faut donc que ce que le poète a inventé arbitrairement pour amener ces beautés, devienne pour les spectateurs le fondement nécessaire dont elles naissent. […] Cette circonstance, toute nécessaire qu’elle est, cesse de vous le paraître, parce que, dans un moment que le spectateur ne pouvait point la prévoir, Tancrède a déjà résolu de partir sans voir Aménaïde. […] Dans le Fanatisme, il paraît nécessaire que Séide arrive dans la Mecque avant Mahomet. […] En conséquence, on distribue les scènes de chaque acte, faisant venir pour chacune les personnages qui y sont nécessaires ; observant qu’aucun ne s’y montre sans raison, n’y parle que conformément à sa dignité, à son caractère, n’y dise que ce qui est convenable et qui tend à augmenter l’intérêt de l’action.
Qu’on le nie devant les monuments irréfragables de l’histoire, ou que l’on confesse que la lumière naturelle n’est pas si faible pour nous avoir révélé tout ce qui donne du prix à la vie, les vérités certaines et nécessaires sur lesquelles reposent la vie et la société, toutes les vertus privées et publiques, et cela par le pur ministère de ces sages encore ignorés de l’antique Orient, et de ces sages mieux connus de notre vieille Europe, hommes admirables, simples et grands, qui, n’étant revêtus d’aucun sacerdoce, n’ont eu d’autre mission que le zèle de la vérité et l’amour de leurs semblables, et, pour être appelés seulement philosophes, c’est-à-dire amis de la sagesse, ont souffert la persécution, l’exil, quelquefois sur un trône et le plus souvent dans les fers : un Anaxagore, un Socrate, un Platon, un Aristote, un Épictète, un Marc-Aurèle ! […] On appelle raison la connaissance des vérités universelles et nécessaires, par exemple : toute qualité suppose une substance ; tout événement suppose une cause. […] Elle ne les renferme pas, elle les constate ; elle ne forme pas de jugements universels et nécessaires ; elle atteste que nous en formons ; ces jugements ne sont pas en elle comme des parties dans un tout ; ils sont devant elle comme un spectacle devant un spectateur. […] Plus que jamais, fidèle à la méthode psychologique, au lieu de sortir de l’observation, je m’y enfonçai davantage, et c’est par l’observation que, dans l’intimité de la conscience et à un degré où Kant n’avait pas pénétré, sous la relativité et la subjectivité apparentes des principes nécessaires, j’atteignis et démêlai le fait instantané, mais réel, de l’aperception spontanée de la vérité, aperception qui, ne se réfléchissant point elle-même, passe inaperçue dans les profondeurs de la conscience, mais y est la base véritable de ce qui, plus tard, sous une forme logique et entre les mains de la réflexion, devient une conception nécessaire. […] Cousin réfute : « Nous connaissons plusieurs axiomes ou propositions nécessaires : par exemple, toute qualité suppose une substance ; et nous ne pouvons imaginer un cas où cet axiome ne soit pas vrai.
En esthétique, le même travail est nécessaire. […] Toutes ces vertus ne sont possibles qu’au prix d’un travail constant, d’une épuration perpétuelle, d’études rigides et sévères, Les mathématiques qui expliquent les nombres, la physique qui règle les rapports des corps entre eux, la chimie qui expose leurs décompositions, l’astronomie qui enseigne les mouvements des astres, l’agriculture qui révèle les principes terrestres, la botanique et la médecine qui instruisent les hommes sur les choses du monde, telles sont les sciences nécessaires à la création des stances et des drames. […] Ses livres se constituent de ces notions, La quantité de connaissances qui lui ont été nécessaires pour écrire une œuvre aussi vaste, aussi variée, aussi exacte et aussi profonde que la sienne, est prodigieuse. […] Ainsi, nous deviendrons capables de faire une œuvre d’esthétique, puisque nous aurons su en pratiquer d’abord toutes les lois nécessaires. […] La plus forte patience intérieure nous sera sans doute nécessaire.
Pour quelques-uns, l’action de reconnaître une idée est la chose du monde la plus secondaire ; c’est un phénomène d’éclairage intérieur qui se surajoute à tout le reste, mais qui n’est nullement nécessaire ; qu’importe que la mémoire soit consciente ou inconsciente ? […] Voilà l’élément « psychique » qui nous semble nécessaire à la base de la mémoire. […] De même que les lois biologiques ou vitales, qu’on reconnaît nécessaires pour l’explication du souvenir, sont simplement, à nos yeux, le premier degré des lois psychiques, de même les lois sociologiques en sont le plus haut développement, et la considération de ces dernières lois nous semble également nécessaire pour expliquer le souvenir. […] Selon nous, dans ce problème délicat, il y a des distinctions nécessaires à établir. […] Pour se représenter la faim même, il faut se représenter confusément l’estomac et reproduire l’anxiété vague qui y est localisée, avec la tendance à faire les mouvements nécessaires pour manger.
Il y a peu d’avant-scènes aussi chargées de détails nécessaires, et il y en a peu qui soient aussi claires. […] Cette seconde règle n’est pas moins nécessaire pour nos récits que la première. […] Une des plus grandes perfections du dialogue, c’est la vivacité ; et comme, dans la tragédie, tout doit être action, la vivacité y est d’autant plus nécessaire. […] Mais il n’est pas nécessaire qu’un acteur prenne la parole, pour avoir part au dialogue. […] Il y a des aparté très naturels et même nécessaires ; ce sont les discours que tient un acteur, tandis que l’autre lit une lettre ou fait autre chose.
Je développerai ailleurs cette assertion ; ce qu’il m’importe d’observer maintenant, c’est combien les Grecs étaient propres à répandre les lumières, combien ils excitaient aux travaux nécessaires pour les acquérir. […] Les anciens sont plus forts en morale qu’en métaphysique ; l’étude des sciences exactes est nécessaire pour rectifier la métaphysique, tandis que la nature a placé dans le cœur de l’homme tout ce qui peut le conduire à la vertu. […] S’il est utile, dans toutes les situations, d’exercer un grand empire sur soi-même, c’est surtout aux hommes d’état que cette puissance est nécessaire. […] Ils ont toutes les qualités nécessaires pour exciter le développement de l’esprit humain ; mais on n’éprouve point, en les voyant disparaître de l’histoire, la même douleur qu’inspire la perte du nom et du caractère des Romains.
En parlant du style, j’examinerai s’il n’est pas possible, s’il n’est pas même nécessaire à la marche ultérieure de la raison de faire concorder ce qui frappe l’imagination et ce qui persuade l’entendement. […] L’on dirait : — pour administrer telle population, il faut exiger tel sacrifice de la liberté individuelle : — donc telles lois, tel gouvernement conviennent à tel empire. — Pour telle richesse, telle étendue de pays, il faut tel degré de force dans le pouvoir exécutif : — donc telle autorité est nécessaire dans telle contrée, et tyrannique dans telle autre. — Tel équilibre est nécessaire entre les pouvoirs, pour qu’ils puissent se défendre mutuellement : — donc telle constitution ne peut se maintenir, et telle autre est nécessairement despotique. — On pourrait prolonger ces exemples ; mais comme la véritable difficulté de cette idée n’est pas de la concevoir abstraitement, mais de l’appliquer avec précision, il suffit de l’indiquer. […] Si une expérience physique peut manquer, parce qu’on ne s’est pas rendu compte d’une légère différence dans les procédés, d’un léger degré de plus ou de moins dans le froid ou la chaleur, quelle étude du cœur humain ne faut-il pas pour déterminer la considération qu’on doit donner au gouvernement, afin qu’il soit obéi sans pouvoir être injuste, et l’action nécessaire aux législateurs pour réunir la nation dans un même esprit, sans entraver l’essor individuel ? […] La politique est soumise au calcul, parce que s’appliquant toujours aux hommes réunis en masse, elle est fondée sur une combinaison générale, et par conséquent abstraite ; mais la morale ayant pour but la conservation particulière des droits et du bonheur de chaque homme, est nécessaire pour forcer la politique à respecter, dans ses combinaisons générales, le bonheur des individus. […] Sans doute il est évident que la morale est presque toujours conforme aux intérêts des hommes ; mais lui donner pour point d’appui cette sorte de motif, c’est ôter à l’âme l’énergie nécessaire pour les sacrifices de la vertu.
Si l’incohérence des sociétés humaines a rendu nécessaire la morale sociale, comme nous le verrons mieux tout à l’heure, c’est d’elle aussi que dérive la morale individuelle avec tout ce qui s’y rattache. […] On a souvent remarqué que l’animal aime et recherche naturellement ce qui lui est utile ou nécessaire. […] C’est la condition nécessaire de la survie d’une espèce. […] C’est un étai nécessaire. […] Il était nécessaire que des contreforts extérieurs vinssent s’accoler à l’édifice pour le consolider et lui donner la durée.
Si votre lecteur ignore le sens du mot dont vous vous servez, si ce mot n’évoque pas en autrui l’idée qui pour vous lui tient par un rapport nécessaire et universel, la propriété de votre expression ne lui donne pas la clarté, et dans ce cas, trop de justesse nuit : on se fait mieux entendre en parlant improprement, Ovide exilé parmi les Scythes disait : « C’est moi qui suis le barbare ici, puisque je ne me fais pas comprendre. » La plus belle harangue en beau langage latin ne valait pas alors pour lui trois mots de jargon scythe tant bien que mal assemblés, plus ou moins écorchés. […] Si l’on méconnaissait ce caractère nécessaire du mot propre, qui est d’être clairement intelligible, à quels excès n’arriverait-on pas ? […] Mais l’écrivain peut en outre en évoquer d’autres, purement techniques, s’il le juge nécessaire à la précision de sa pensée.
C’est un analyste qui examine l’organe et qui dit : « Étant donné l’ensemble, il est tout naturel, il est nécessaire que la partie ait ce vice ; l’animal en pourra crever, mais nous aurons compris la nécessité de sa fâcheuse aventure. » Taine n’est pas parfait, mais il a une intelligence indépendante ; ses enfants tiennent directement de son tempérament et non point d’une politique adoptée pour obtenir soit la popularité, soit les faveurs du pouvoir. […] » Ils n’admettent pas que le corps social soit un composé d’organes distincts et spéciaux, tous également naturels et nécessaires, chacun d’eux adapté par sa structure particulière à un emploi défini et restreint, chacun d’eux spontanément produit, formé, entretenu, renouvelé et stimulé par l’initiative, par les affinités réciproques, par le libre jeu de ses cellules. […] Il était bien trop dégoûté pour attendre rien d’excellent même de ce qu’il aimait. « Lorsque, sous l’influence d’un mauvais régime, un organisme a contracté un vice qui l’atteint jusque dans ses éléments, ce régime lui devient presque nécessaire ; en tout cas, il ne faut pas songer à le modifier tout d’un coup. » Soyons tranquilles là-dessus !
Tant qu’il peut croire que c’est sa ruine que l’on exige, il peut se refuser à tout entendre, comme un peuple ne peut pas consentir à traiter avec qui ne commence point par reconnaître son indépendance ; mais dès que l’on accepte de part et d’autre les droits de la discussion et de la pensée, le débat est possible, il est légitime, il est nécessaire. […] Donc la création est nécessaire. […] La prière est un fait humain, nécessaire, universel ; mais ce fait est inexplicable dans l’hypothèse d’une Providence générale ou abstraite qui se serait contentée de donner des lois générales à l’univers. […] Le péché exige l’expiation ; mais est-il nécessaire que l’expiation soit individuelle ? […] On objecte les lois de la nature, qui seraient immuables ; mais c’est ce qui est en question : elles sont permanentes, non nécessaires.
Mais il est nécessaire que le prêtre y soit, c’est-à-dire le père appuyé sur la tradition religieuse ; car, au point où nous voilà arrivés dans l’Histoire, impossible d’élever un enfant en dehors des idées chrétiennes. […] … On dirait que le sexe de la femme est de son côté… Adrien est à l’âge de la vie où la première instruction acquise, l’éducation, est surtout nécessaire pour donner le fini à la moralité d’un homme. […] Elle tient à cette absence d’une doctrine et d’une foi bien déterminées nécessaires à l’éducateur. […] Elle lui aurait appris que le nécessaire intellectuel et moral de l’homme doit être prêt et complet avant cet âge décisif et funeste, et que la conscience ne s’improvisait pas en quelques leçons, au bout de l’enseignement du collège, comme l’art de danser ou de tenir la bride de son cheval !
Cherchez des noms pour nommer, des éloges pour louer les qualités des grands écrivains, d’un Bossuet, d’un Pascal, d’un La Fontaine, d’une Sévigné : vous ne trouverez rien qui soit plus juste, ni plus flatteur, que de dire de chaque tour, de chaque mot, qu’il est ce qu’il devait être, qu’il est nécessaire, qu’il est propre. […] Ainsi il ne faut pas craindre de répéter un mot, quand le sens le rend deux fois ou plusieurs fois nécessaire. […] Mais, pour ne point autoriser la négligence, Pascal a grand soin de limiter la liberté qu’il accorde : la répétition est légitime, à condition d’être nécessaire ; il faut que le mot s’impose à l’écrivain, et reste là pour ainsi dire malgré lui.
C’est un parallélisme parfait, une union harmonique nécessaire. […] Tout cela n’est pas nécessaire à la vie d’une manière absolue. […] Il n’est pas nécessaire de multiplier les exemples pour en apercevoir la généralité. […] Où la cellule à protoplasma vert prend-elle la force chimique nécessaire à la décomposition du gaz carbonique ? […] L’animal et le végétal forment les principes immédiats qui sont nécessaires à leur nutrition respective.
Il est donc nécessaire de voir en quoi consiste l’éducation de nos collèges, et la comparer à l’éducation domestique ; c’est d’après ces faits que nous devons prononcer. […] Il ne serait pas nécessaire d’appliquer tous les enfants à tous ces objets à la fois : on pourrait ne les montrer que successivement ; quelques-uns pourraient se borner à un certain genre ; et dans cette quantité prodigieuse, il serait bien difficile qu’un jeune homme n’eut du goût pour aucun. […] Réservons nos efforts pour les occasions où ils sont absolument nécessaires ; nous n’en aurons besoin que trop souvent. […] Quelques-uns prétendent que l’élision est une licence poétique, et d’autres, qu’elle est absolument nécessaire pour l’harmonie. […] La correction et la clarté sont encore plus étroitement nécessaires dans un discours fait pour être lu, que dans un discours prononcé ; car, dans ce dernier cas, une action vive, juste, animée, peut quelquefois aider à la clarté et sauver l’incorrection.
Il était nécessaire, en effet, que le public eût encore présents à la mémoire les faits sur lesquels j’attire son attention. […] En partant du texte d’une œuvre dramatique, on arrive aisément à établir le minimum de mise en scène nécessaire. […] Pour en faire utilement l’application à la mise en scène, il est nécessaire de la transformer. […] D’ailleurs l’observation du temps exact n’est jamais nécessaire au théâtre. […] Pour produire un effet d’une puissance égale, il est nécessaire que le costume change suivant l’apparence de l’acteur.
L’action nécessaire s’accomplira d’elle-même, quand son heure aura sonné. […] Si notre hypothèse est fondée, cette perception apparaît au moment précis où un ébranlement reçu par la matière ne se prolonge pas en réaction nécessaire. […] Mais il y a, dans cette pauvreté nécessaire de notre perception consciente, quelque chose de positif et qui annonce déjà l’esprit : c’est, au sens étymologique du mot, le discernement. […] Une série de rapprochements et d’inductions est nécessaire, par lesquels nous coordonnons peu à peu nos impressions les unes aux autres. […] De là on conclut à l’inextension naturelle et nécessaire de toute sensation, l’étendue s’ajoutant à la sensation, et le processus de la perception consistant dans une extériorisation d’états internes.
De là, trois sortes de philosophies, ou de systèmes généraux de conceptions sur l’ensemble des phénomènes, qui s’excluent mutuellement : la première est le point de départ nécessaire, de l’intelligence humaine ; la troisième, son état fixe et définitif ; la seconde est uniquement destinée à servir de transition. […] Il existe, sous ce rapport, un ordre invariable et nécessaire, que nos divers genres de conceptions ont suivi et dû suivre dans leur progression, et dont la considération exacte est le complément indispensable de la loi fondamentale énoncée précédemment. […] Quoi qu’il en soit, un ordre tout nouveau de considérations, appartenant également à la chimie et à la physiologie, est évidemment nécessaire pour décider finalement, d’une manière quelconque, cette grande question de philosophie naturelle. […] Mais cette condition n’est nullement nécessaire à sa formation systématique, non plus qu’à la réalisation des grandes et heureuses conséquences que nous l’avons vue destinée à produire. […] Quant à la doctrine, il n’est pas nécessaire qu’elle soit une ; il suffit qu’elle soit homogène.
Ce principe est une conséquence nécessaire de la seule application directe de la méthode positive à la question même des classifications, qui, comme toute autre, doit être traitée par observation, au lieu d’être résolue par des considérations a priori. […] D’un autre côté, cette subordination nécessaire entre les deux études ne prescrit nullement, comme quelques physiologistes du premier ordre ont été portés à le croire, de voir dans la physique sociale un simple appendice de la physiologie. […] Ainsi, la physique sociale doit être fondée sur un corps d’observations directes qui lui Soit propre, tout en ayant égard, comme il convient, à son intime relation nécessaire avec la physiologie proprement dite. […] Relativement à l’éducation générale, cette condition est encore bien plus nécessaire. […] Sous ce nouveau point de vue, une exécution convenable du plan général d’études que nous avons déterminé doit avoir pour résultat nécessaire de nous procurer une connaissance parfaite de la méthode positive, qui ne pourrait être obtenue d’aucune autre manière.
. — Deux autres distinctions moins faciles ne sont pas moins nécessaires. […] À la vérité, cet état est sa condition suffisante et nécessaire ; mais il n’est pas sûr qu’elle soit la même chose que lui ; au premier regard, elle en diffère, et, certainement, elle ne nous est pas connue au même degré que lui ni de la même façon. […] Mais si, parmi les sons musicaux, on en choisit un très grave, par exemple l’octave inférieure de l’orgue, on s’aperçoit que les sensations élémentaires, quoique formant alors un tout continu, ce qui est nécessaire pour que le son soit musical, y restent cependant distinctes jusqu’à un certain degré71. […] Les divers degrés de force ou d’intensité de la même sensation de son sont les divers degrés par lesquels elle passe de son minimum à son maximum, et l’on sait que ces degrés ont pour condition suffisante et nécessaire les divers degrés de condensation de l’onde aérienne. […] On voit par la roue de Savart qu’une seconde sensation élémentaire est, nécessaire et suffisante pour opérer cette extraction et faire le composé nouveau.
Par définition, ce qui est superflu n’est pas, ou est moins utile que ce qui est nécessaire. […] Mais, en dehors du réel, où trouver la matière nécessaire à une explication quelconque ? […] Abandonné à lui-même, jamais l’individu n’aurait pu tirer de soi les matériaux nécessaires pour une telle construction. […] Ainsi, pour expliquer les jugements de valeur, il n’est nécessaire ni de les ramener à des jugements de réalité en faisant évanouir la notion de valeur, ni de les rapporter à je ne sais quelle faculté par laquelle l’homme entrerait en relation avec un monde transcendant. […] Et si l’entreprise ne lui paraît pas impossible, c’est que la société remplit toutes les conditions nécessaires pour rendre compte de ces caractères opposés.
Comme il importe à tout le monde de savoir raisonner juste, de connoître la nature & les facultés de son ame, la structure de l'Univers & l'Auteur qui l'a créé & le conserve, rien n'étoit plus nécessaire que de donner de justes idées sur tous ces objets, & ce qui n'est pas moins nécessaire, de les mettre à la portée de tous les Lecteurs.
Si, d’autre côté, il m’était resté une faible portion de la fortune que le cours des choses me destinait, ne fût-ce que le nécessaire (source assez féconde d’indépendance), j’aurais soutenu noblement le rôle d’écrivain. […] « Il ne faut pas dire : « Il n’y a pas eu d’hommes d’État dans tel pays, car s’il s’y en était trouvé, ils se seraient élevés comme Cromwell, lequel a prouvé, ainsi que d’autres, qu’il n’était pas nécessaire d’être né sur le trône. » Cela n’était pas nécessaire pour lui, mais l’était pour d’autres qui, moins en état de s’élever comme lui, ou plus scrupuleux sur le choix des moyens, sont restés simples particuliers. […] « Vitruve dit dans sa préface (du moins cela est dans le chapitre vi, du livre II, du Selectæ e profanis scriptoribus historiæ) : « Cæteri architecti rogant et ambiunt, ut architectentur, mihi autem a præceptoribus est traditum, oportere eum qui curam alicujus rei suscipit rogari, non vero rogare. » « On peut voir en dix endroits du Journal de l’Empire même et, entre autres, le 27 juillet 1812, combien l’intrigue est nécessaire aux succès dans la littérature même. […] ou bien parviendrai-je à oublier près des boues de Paris, en jasant intimement, cette nature imposante et facile qui m’était nécessaire ?
Il est reconnu, je crois, que la fédération est un système politique très favorable au bonheur et à la liberté, mais il nuit presque toujours au plus grand développement possible : des arts et des talents, pour lesquels la perfection du goût est nécessaire. […] Enfin, pour faire admettre des vérités philosophiques dans un pays où elles ne sont point encore publiquement adoptées, on a cru nécessaire de les revêtir de la forme d’un conte, d’un dialogue, ou d’un apologue, et Wieland en particulier s’est acquis une grande réputation dans ce genre. Peut-être un détour était-il quelquefois nécessaire pour enseigner la vérité. […] L’on ne peut juger jusqu’à quel point les ménagements employés par Wieland sont politiquement nécessaires ; mais je répéterai59 que, sous le rapport du mérite littéraire, l’on se tromperait en croyant donner plus de piquant aux vérités philosophiques par le mélange des personnages et des aventures qui servent de prétexte aux raisonnements. […] La liberté donne des forces pour sa défense, le concours des intérêts fait découvrir toutes les ressources nécessaires, l’impulsion des siècles renverse tout ce qui veut lutter pour le passé contre l’avenir : mais l’action inhumaine sème la discorde, perpétue les combats, sépare en bandes ennemies la nation entière ; et ces fils du serpent de Cadmus, auxquels un dieu vengeur n’avait donné la vie qu’en les condamnant à se combattre jusqu’à la mort, ces fils du serpent, c’est le peuple, au milieu duquel l’injustice a longtemps régné.
Parce qu’une certaine connexion et union est effectivement nécessaire à la vie, soit organique, soit mentale. […] Et non seulement cette unification et cette concentration sont nécessaires à la vie physiologique, mais elles sont, par cela même, nécessaires à la vie psychique, à la conscience et à la sensation. […] Réelle ou illusoire, l’idée du moi est pour nous nécessaire : elle est le moyen de ne pas être submergés par les vagues désordonnées des impressions qui, du dehors, comme un océan tumultueux, nous enveloppent et nous envahissent. […] Une telle représentation de l’existence est d’autant plus inévitable qu’elle est utile, nécessaire même à l’être vivant pour l’adapter à l’avenir par le moyen du passé.
C’est à Sa Majesté Impériale d’ajouter à ce plan ce que je puis avoir omis de nécessaire et d’en retrancher ce qu’elle y remarquera d’inutile. Je la supplie seulement de considérer que beaucoup de choses pourront lui paraître superflues pour le moment qui deviendront nécessaires avec le temps, avant même la fin de son règne, s’il dure autant qu’elle me l’a promis.
Nom , les éclaircissemens nécessaires à la distinction des noms & des adjectifs. […] Cet accessoire étoit peut-être plus nécessaire encore dans les langues où la construction n’est assujettie à aucune loi méchanique, & que M. l’abbé Girard nomme transpositives. […] Mais cet usage a toûjours un rapport nécessaire aux lois immuables de la Grammaire générale, & le P. […] « Il se trouve essentiellement dans toutes les langues, dit-il, ce que la Philosophie y considere, en les regardant comme les expressions naturelles de nos pensées : car comme la nature a mis un ordre nécessaire dans nos pensées, elle a mis, par une conséquence infaillible, un ordre nécessaire dans les langues ». […] Il est assez surprenant que M. du Marsais n’en ait pas porté le même jugement, après avoir posé des principes dont il est la conclusion nécessaire.
Mais il est nécessaire de bien déterminer dans quel sens nous employons ce terme. […] D’ailleurs, il n’est pas nécessaire d’avoir recours au raisonnement. […] Est-il nécessaire d’en citer d’autres ? […] Ils ne mettent en jeu dans l’organisme que les éléments nécessaires à leur exécution, et leur adaptation est parfaite. […] Est-il nécessaire de parler longuement des déviations et interversions de l’instinct sexuel ?
L’obligation fondée sur un choix libre et volontaire, qui unit à l’homme la compagne de sa vie, est d’un ordre plus élevé que le lien nécessaire par lequel un enfant tient à ses parents. […] Sottement révolté contre l’ordre éternel des choses, il est nécessaire qu’il soit vaincu ; mais cela n’est pas encore assez, et si la victoire lui tient à cœur, si la défaite lui est amère, qui ne voit que la morale n’est qu’à moitié contente ? […] Pourquoi donc la rendre plus sérieuse qu’elle n’est, en les faisant intervenir, comme si leur présence était nécessaire ? […] « Je veux, Sancho, et c’est tout à fait nécessaire, je veux, dis-je, que tu me voies tout nu sans autre habit que la peau, faire une ou deux douzaines de folies. […] Pour que la véritable action tragique soit possible, il est nécessaire que déjà le principe de la liberté et de l’indépendance individuelle se soit éveillé.
Selon les partisans de Spencer, la volonté et ses diverses formes ne seraient que des effets mécaniques produits par le « passage nécessaire de l’homogène à l’hétérogène ». […] Le principe dont on part dans ce calcul, c’est que les êtres vivants ne veulent pas être tués et qu’ils feront pour cela les mouvements nécessaires. […] C’est pourquoi l’idée de la fin n’est pas nécessaire à la volonté primordiale. […] L’attention n’est plus nécessaire. […] Il faut, pour qu’il y ait volition, que le désir d’un objet soit d’abord prévalent, puis qu’il devienne le désir prévalent de faire ce qui est nécessaire pour atteindre l’objet.
La métaphysique du positivisme, que je ne distingue pas, pour le moment de sa religion, bien loin d’être « la plus violente et la plus extraordinaire négation de ses principes », en est au contraire à nos yeux la conséquence nécessaire. […] Mais, précisément, si la science n’est qu’un système de rapports, et de rapports humainement variables, quoique théoriquement nécessaires, sa transformation en une religion est devenue impossible, et rien n’est plus vain que d’en tenter l’épreuve. […] En revanche, de ces rapports dont le système constitue notre science, nous pouvons assurer qu’ils sont constans et nécessaires. […] Mais ces rapports ne sont pas « constans », et ils ne sont pas « nécessaires. » Il arrive, dit-on, fréquemment, que le rapport soit le même entre la longueur de la tête humaine, par exemple, et la longueur du buste ou du corps tout entier. Mais ce rapport n’est pas « nécessaire », puisqu’il est souvent autre ; et nous devons nous féliciter qu’il ne soit pas « constant », puisqu’un grand artiste est celui qui nous le présente sous un aspect personnel, original, et imprévu.
Vérités de fait et d’occasion, mais non pas constantes et universelles, ni surtout nécessaires : les propositions contradictoires sont aussi vraies et aussi souvent vérifiées. […] Le climat ne peut influer sur les âmes que s’il influe d’abord sur les corps, et si les corps transmettent toutes les influences aux âmes : donc la théorie des climats suppose une liaison nécessaire des faits physiques et des faits moraux, et conduit à mettre la pure psychologie des penseurs classiques sous la dépendance de la physiologie. […] Les lois sont les rapports nécessaires qui résultent de la nature des choses. […] On s’attendrait que Montesquieu va poursuivre son exposition dans le même sens, selon la même méthode, et commencer à étudier les rapports nécessaires des lois avec chaque ordre de causes naturelles. […] Or il est impossible d’affirmer que les causes définies et connues sont les véritables causes, nécessaires et suffisantes, des effets, plutôt qu’un inconnu, qu’on néglige ; et par suite on se trompe quand on dit que, ces causes étant données, ces effets devaient suivre ; car ils pouvaient ne pas suivre, si le résidu inaperçu, inexpliqué, n’y avait été joint.
La vie intérieure, isolée de l’en dehors, se flétrit, comme la plante privée de lumière et d’air ; de même que la vie extérieure, sans son nécessaire aliment interne, n’a pas plus de fécondité que la tige dont la sève n’alimenterait plus les vaisseaux. […] Et les nations, ces faisceaux d’humanité qu’a lentement constitués l’histoire, vivraient côte à côte, sans liens nécessaires, tantôt se ruant l’une sur l’autre, tantôt paraissant s’ignorer mutuellement, comme les hôtes du chenil ou de l’étable. C’est à cette croyance naïve que s’oppose la bio-sociologie, qui nous montre que les corps sociaux, pas plus que les individus, ne peuvent être conçus comme in-solidaires, que tout agrégat humain est en rapport nécessaire avec un plus vaste agrégat qui est l’humanité, et que dans la vie sociale comme dans la vie naturelle, la partie est liée au tout, en un mot que tout est lié. Tout en affirmant l’individualité profonde de la cité, l’unité et la liberté nationales, elle nous fait entrevoir une solidarité inter-nationale exerçant sa fonction normale et jouant son rôle nécessaire dans la vie de tous les corps sociaux, qu’elle embrasse. […] » L’inter-nationalisme n’est autre chose pour la cité que le complément de sa vie intra-organique, sa nécessaire vie extérieure, c’est-à-dire la condition de sa pleine existence.
Mais, malgré ces différences profondes, et qui intéressent surtout notre avenir et notre destinée (car il s’ensuit que la décadence dont on nous menace par analogie n’est nullement nécessaire), malgré cet élément essentiellement nouveau d’une industrie libre marchant au flambeau de la science, et travaillant non pas à corrompre, mais à améliorer la vie, il y a des ressemblances frappantes dans l’ordre politique. […] Un auteur qui croit que tout est mal à partir des XII Tables ne prouve rien autre chose, sinon qu’avec des dispositions misanthropiques, un homme de génie, grand peintre et moraliste intègre, peut manquer du tact si nécessaire à l’histoire pour discerner, au milieu des maux de ce monde, la somme toujours croissante des biens par lesquels la Providence vient les compenser. » Si cela est vrai de Tacite, de combien d’autres ne le dira-t-on pas ? […] Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ? […] Troplong s’est appliqué à rassembler les notions les plus précises pour faire voir où était, après tout, le salut et l’homme nécessaire de Rome à cette fin de la République.
Il n’y a jamais ce degré d’illusion nécessaire à une émotion profonde. […] Je dis que l’observation des deux unités de lieu et de temps est une habitude française, habitude profondément enracinée habitude dont nous nous déferons difficilement, parce que Paris est le salon de l’Europe, et lui donne le ton ; mais je dis que ces unités ne sont nullement nécessaires à produire l’émotion profonde et le véritable effet dramatique. […] Quand on dit que l’imagination du spectateur se figure qu’il se passe le temps nécessaire pour les événements que l’on représente sur la scène, on n’entend pas que l’illusion du spectateur aille au point de croire tout ce temps réellement écoulé. […] Ces instants charmants ne se rencontrent ni au moment d’un changement de scène, ni au moment précis où le poète fait sauter douze ou quinze jours au spectateur, ni au moment où le poète est obligé de placer un long récit dans la bouche d’un de ses personnages, uniquement pour informer le spectateur d’un fait antérieur, et dont la connaissance lui est nécessaire, ni au moment où arrivent trois ou quatre vers admirables, et remarquables comme vers.
Est-il nécessaire que l’ouvrier qui extrait les blocs de la carrière ait l’idée du monument futur dans lequel ils entreront ? […] Bien qu’il ne soit pas nécessaire que l’ouvrier ait la connaissance parfaite de l’œuvre qu’il exécute, il serait pourtant bien à souhaiter que ceux qui se livrent aux travaux spéciaux eussent l’idée de l’ensemble qui, seul, donne du prix à leurs recherches. […] Laissons les gens du vieux temps dire petitement pour l’apologie de la science : « Elle est nécessaire comme toute autre chose ; elle orne, elle donne du lustre à un pays, etc. » Niaiserie que tout cela !
Certaines branches de la science (et ce sont les plus importantes) ne sauraient procurer à ceux qui les cultivent le nécessaire de la vie : l’État doit, sous une forme ou sous une autre, offrir aux travailleurs méritants les moyens nécessaires pour continuer paisiblement leurs travaux à l’abri du besoin importun. […] Il faudrait qu’en embrassant la carrière scientifique on fût assuré de rester pauvre toute sa vie, mais aussi d’y trouver le strict nécessaire ; il n’y aurait alors que les belles âmes, poussées par un instinct puissant et irrésistible, qui s’y consacreraient, et la tourbe des intrigants porterait ailleurs ses prétentions.
Je n’ai aucun attachement aux richesses, mais je ne suis pas encore assez habile pour trouver que j’ai tout le nécessaire si je n’avais que le nécessaire, et je perdrais plus de la moitié de mon esprit si j’étais à l’étroit dans mon domestique. » Vivre à l’étroit, se contenter du nécessaire, c’est ce qu’un Renan, un Stendhal acceptent d’enthousiasme.
Ses Critiques ont été taxées de trop de sévérité : mais cette sévérité n’étoit-elle pas nécessaire, si l’on fait attention à la rapidité avec laquelle le goût se pervertit aujourd’hui. […] Le ressentiment de ce Poëte a été trop loin ; il n’étoit pas nécessaire de composer cent & une Epigrammes contre ce Journaliste, comme il en avoit le projet.
Le coeur n’est point esclave des regles que l’esprit a imaginées sans son aveu, et il ne lui coûte rien de se faire toutes les illusions nécessaires à son plaisir. […] C’est proprement la pierre de touche du talent nécessaire. […] Ce plaisir mérite bien qu’on passe quelque chose à l’auteur sur les préparations qui lui sont nécessaires. […] On ne pourroit donc lui reprocher que les larmes : mais n’est-ce pas l’effet le plus naturel d’un désir violent retenu par des égards nécessaires ? […] Il faut donc que ce que le poëte a inventé arbitrairement, pour amener ces beautés, devienne pour les spectateurs les fondemens nécessaires d’où elles naissent.
Comme elles ne s’entendent pas, il est nécessaire que les déviations abondent. […] Faut-il démontrer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir envie de fuir pour être un bon soldat, ni, pour être une femme fidèle, d’éprouver un vif désir de tromper son mari ? […] Je ne relève ici que les sentiments louables ou nobles, j’entends ceux qui sont utiles ou nécessaires à la vie commune. […] C’est pour toute morale un vice nécessaire et une sorte d’essentielle immoralité. […] En dehors des conditions générales nécessaires à la vie de l’humanité et que nous ne connaissons nullement, tout se transforme, et les déviations sont un état nécessaire et permanent de nos morales et de nos sociétés.
Pour l’adepte de l’individualisme intellectuel la vérité peut être un simple moyen de satisfaction logique ou esthétique, sans aucun rapport nécessaire avec les fins sociales. […] D’après lui, en effet, l’individu est l’agent nécessaire du progrès social, l’incarnation vivante et active du déterminisme social. […] Les lumières croissantes que l’homme acquiert sur le monde et sur lui-même sont propres à le persuader de plus en plus de la nécessaire subordination de l’intelligence à la sociabilité. […] Comte, multiplie les actes de foi nécessaires à la vie sociale. […] La besogne d’assimilation nécessaire au savant absorbe de plus en plus son originalité : le poids de l’érudition alourdit les esprits.
Rapport nécessaire de la sensation au mouvement. […] Je fais ma partie dans l’universel concert et, quoique ma voix soit indiscernable dans le tout, je l’entends cependant moi-même, je sens ma propre existence et je sais qu’elle est un nécessaire fragment de l’existence universelle. […] La vérité, selon nous, c’est que l’intensité se sent en elle-même sans comparaison, par exemple, l’intensité d’un poids soulevé, mais que pour être jugée, évaluée, la comparaison est nécessaire avec un étalon extérieur ou intérieur. […] En effet, il y a dans la sensation de chaud une qualité sui generis, indépendante des relations nécessaires à son apparition, puisque des différences identiques de degrés thermométriques peuvent répondre à des sensations de qualité contraire. […] VI Rapport nécessaire de la sensation au mouvement La sensation étant un changement reçu du dehors, il est clair qu’elle a toujours pour antécédent nécessaire un mouvement.
Il fallait de grandes dépenses, et l’autorisation de la puissance publique, pour faire à cet égard les recherches nécessaires. […] Les hommes de lettres d’Italie, pour retrouver les manuscrits antiques qui devaient leur servir de guides, ayant besoin de la fortune et de l’approbation des princes, étaient plus éloignés que dans tout autre pays du genre d’indépendance nécessaire à cette philosophie. […] Après le siècle des Médicis, la littérature italienne n’a plus fait aucun progrès, soit qu’un centre fût nécessaire pour rallier les esprits, soit surtout parce que la philosophie n’était point cultivée en Italie. […] Il s’ensuit que tous les ouvrages des Italiens, excepté ceux qui traitent des sciences physiques, n’ont jamais pour but l’utilité ; et dans quelque genre que ce soit, ce but est nécessaire pour donner aux pensées une force réelle. […] Il se peut qu’il existe encore d’autres exceptions peu connues des étrangers ; mais pour dessiner les traits principaux qui caractérisent une littérature, il est absolument nécessaire de mettre de côté quelques détails.
La vertu, j’en conviens, sait jouir d’elle-même ; moi, j’ai besoin de vous pour obtenir le prix qui m’est nécessaire, pour que la gloire de mon nom soit unie au mérite de mes actions. » Quelle franchise, quelle simplicité dans ce contrat ! […] Enfin, l’on pouvait être étonné, par conséquent entraîné ; et des hommes croyaient qu’un d’entre eux était nécessaire à tous ; de là les grands dangers que courait la liberté, de là les factions toujours renaissantes, car les guerres d’opinions, finissent avec les événements qui les décident, avec les discussions qui les éclairent ; mais la puissance des hommes supérieurs se renouvelle avec chaque génération, et déchire, ou asservit la nation qui se livre sans mesure à cet enthousiasme ; mais lorsque la liberté de la presse, et ce qui est plus encore, la multiplicité des journaux rend publiques chaque jour les pensées de la veille, il est presque impossible qu’il existe dans un tel pays ce qu’on appelle de la gloire ; il y a de l’estime, parce que l’estime ne détruit pas l’égalité, et que celui qui l’accorde, juge au lieu de s’abandonner ; mais l’enthousiasme pour les hommes en est banni. […] Le genre humain hérite du génie, et les véritables grands hommes sont ceux qui ont rendu leurs pareils moins nécessaires aux générations suivantes. […] L’admiration est une sorte de fanatisme qui veut des miracles ; elle ne consent à accorder à un homme une place au-dessus de tous les autres, à renoncer à l’usage de ses propres lumières pour le croire et lui obéir, qu’en lui supposant quelque chose de surnaturel qui ne peut se comparer aux facultés humaines : il faudrait, pour se défendre d’une telle erreur, être modeste et juste, reconnaître à la fois les bornes du génie et sa supériorité sur nous ; mais dès qu’il devient nécessaire de raisonner sur les défaites, de les expliquer par des obstacles, de les excuser par des malheurs, c’en est fait de l’enthousiasme ; il a, comme l’imagination, besoin d’être frappé par les objets extérieurs ; et la pompe du génie, c’est le succès. […] L’homme vertueux ne fait de grands sacrifices que pour fuir la peine du remord, et s’assurer des récompenses au-dedans de lui : enfin, la félicité de l’homme lui est plus nécessaire que sa vie, puisqu’il se tue pour échapper à la douleur.
La société est, si l’on peut parler ainsi, un instrument nécessaire à l’homme ; et les révélations dont la société est dépositaire sont le seul moyen par lequel l’homme ait pu parvenir à connaître et à aimer. […] La société est la condition nécessaire à l’homme pour qu’il devienne père. […] Ce qu’il y a de plus nécessaire c’est que l’espèce humaine soit honorée et perfectionnée. […] Ajoutons ici que le gouvernement étant destiné, par la nature même de son institution, à réprimer les erreurs de la volonté d’un peuple, il est nécessaire qu’il soit primitivement imposé à ce peuple comme les autres nécessités sociales. […] Peut-être même sous ce point de vue était-il nécessaire que le droit divin fût nié par une société, parce que la résistance de quelques hommes isolés, pour admettre ce dogme fondamental, n’aurait pas assez prouvé la liberté.
Il avait auprès de lui sa famille, mais il n’osait encore se permettre les amis, ni demander pour eux les autorisations nécessaires. […] Je suis content, mon cher confrère, parce que j’ai beaucoup réfléchi et comparé, et que lorsqu’à la première dignité de son état on joint le nécessaire, une santé passable, et une âme douce et courageuse, on n’a plus que des grâces à rendre à la Providence. […] Quoique je ne me fie nullement à ce moine, et que, s’il vous en souvient, je ne m’y sois jamais fié, je sais positivement qu’il n’aime pas les Jésuites, qu’il croit leur destruction nécessaire, qu’il y travaille tout seul. […] Quand elle fut supprimée en France, il écrivait à Voltaire : « Je ne crois pas que la destruction des Jésuites soit utile à la France ; il me semble qu’on aurait pu les bien gouverner sans les détruire. » Mais, une fois l’affaire entamée, il estime qu’il est politique et presque nécessaire d’achever. […] Aussi, quand il voit le pape retarder et opposer sans cesse des délais aux instances des puissances et à celles de l’Espagne en particulier, Bernis, qui trouve quelquefois ces délais excessifs, fait comprendre pourtant à son gouvernement qu’ils sont naturels, et, jusqu’à un certain point, nécessaires.
Pas le moindre soupçon que quelques-unes, nécessaires dans toutes les conditions de la société, et ne tenant à d’autres que par un fil trop long et trop délié, semblent exiger et exigent un cours séparé qui marche parallèlement au premier. […] C’est que celui qui n’aura pas eu la force ou le courage de suivre la carrière de l’université jusqu’à la fin, plus tôt il l’abandonnera, et moins les connaissances qu’il laissera en arrière, plus celles qu’il emportera, lui étaient nécessaires. […] La variété des connaissanees primitives qui lui sont nécessaires, suppose donc qu’il s’est avancé fort loin dans la carrière des écoles publiques. […] J’en dis autant des orateurs, des érudits et des autres professions qui ne souffrent pas de médiocrité, et à qui l’instruction ne sert de rien sans le génie ; d’ailleurs peu nécessaires dans une société, même quand on y excelle. […] Toutes ces écoles supprimées sont plus ou moins nécessaires.
C’est qu’en effet la poésie leur serait une inutile extériorisation, et ils trouvent en eux-mêmes l’atmosphère vitale nécessaire. Mais, pour ceux qui cherchent cette plénitude de vie, la poésie est une des manifestations les plus nécessaires au maintien et à l’évolution de l’espèce. […] Inconscience nécessaire. […] Il est peut-être moins nécessaire pour un poète de posséder une langue très riche de mots qu’un sens inné, instinctif, de cette suggestion, dont j’ai parlé. […] Chaque strophe, chaque mot de ce poème est comme la pierre ou la colonne nécessaire d’un édifice, et j’hésite à donner une trompeuse analyse de cette œuvre.
Dans les républiques, de quelque manière qu’elles fussent constituées, il était trop nécessaire aux hommes de se défendre ou de se servir les uns des autres pour établir entre eux des rapports d’agréments et de plaisir. […] La grâce était, pour ainsi dire, dans leur situation, une politique nécessaire ; elle seule pouvait donner quelque chose de volontaire à l’obéissance. […] On ne verra plus rien de pareil en France avec un gouvernement d’une autre nature, de quelque manière qu’il soit combiné ; et il sera bien prouvé alors que ce qu’on appelait l’esprit français, la grâce française, n’était que l’effet immédiat et nécessaire des institutions et des mœurs monarchiques, telles qu’elles existaient en France depuis plusieurs siècles.
Et ainsi les écoles peuvent bien enseigner ce qui est nécessaire pour produire quelque chose d’analogue à l’art, mais jamais ce qui est nécessaire pour produire l’art lui-même. […] La mélodie est l’élément le plus important et le plus nécessaire dans la naïve compréhension du peuple. […] La conception pessimiste de la vie est fondamentale, nécessaire, impérieuse. […] La représentation scénique est le complément nécessaire de l’œuvre musicale. […] Il n’en est pas résulté une musique nécessaire ; il en est résulté seulement trop de musique.
Tel est l’inconvénient, grave sans doute, mais nécessaire et compensé par de grands avantages, de séparer ainsi un groupe d’idées de l’ensemble de l’esprit humain, auquel il tient par toutes ses fibres. […] La philologie n’a point son but en elle-même : elle a sa valeur comme condition nécessaire de l’histoire de l’esprit humain et de l’étude du passé. […] Entraîné vers l’antiquité par ce besoin nécessaire qui porte toutes les nations néo-latines vers leurs origines intellectuelles, il n’a pu la connaître dans sa vérité, faute de l’instrument nécessaire 73. […] Le manque de livres élémentaires, de manuels renfermant les notions communes et nécessaires 78, de dictionnaires biographiques, historiques et géographiques, etc. réduisait chacun à ses propres recherches et multipliait les erreurs mêmes sous les plumes les plus exercées 79. […] La grammaire, c’était l’encyclopédie, non pour la science positive elle-même, mais comme moyen nécessaire pour l’intelligence des auteurs.
Une dernière condition n’est-elle pas nécessaire : apercevoir la ressemblance de l’image avec l’objet ? […] Est-il nécessaire ici, avec les spiritualistes, de faire intervenir le « pur esprit » comparant, du fond de son unité, les divers termes que le temps apporte et remporte ? […] Spencer lui-même finit par reconnaître que « le changement incessant n’est pas la seule chose nécessaire pour constituer une conscience et une mémoire ». […] On pourrait dire plutôt que c’est une mémoire confiée par les centres supérieurs aux centres inférieurs, qui ont reçu peu à peu l’éducation nécessaire et sur lesquels le moi s’est déchargé de son travail. […] Celle-ci peut être du « superflu » ; l’autre, pour le psychologue, est le nécessaire.
Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. […] Amsterdam 1729. six volumes in-12. , ouvrage très-sçavant & plein de discussions profondes nécessaires pour l’histoire de la nation judaïque sous les successeurs de Salomon, mais écrit d’une maniere séche & lourde. […] Il marque la suite des Empereurs & les événemens particuliers qui ont une connexion nécessaire avec l’histoire de la Religion. […] Rien n’est mieux pensé que ce qu’il dit sur ces matieres ; & il nous a donné dans ces huit discours tous les éclaircissemens nécessaires pour juger sainement des révolutions arrivées dans la Religion. […] Ces deux Ecrivains qui réussissoient à donner des recueils de piéces & de monumens originaux nécessaires pour la connoissance de l’histoire, n’avoient aucun talent pour écrire avec l’élégance & le goût nécessaires pour le faire lire.
Ceci est absolument nécessaire, ou presque absolument nécessaire pour La Fontaine, car il est un des hommes du dix-septième siècle qui ont mis le plus d’eux-mêmes dans leurs écrits, je dirai même qu’il est celui du dix-septième siècle qui a mis le plus de sa personnalité, de son être intérieur, de son être intime, non pas dans tout ce qu’il a écrit, mais dans une bonne partie de ce qu’il a écrit. […] Si je me battais avec toi, je serais un assassin Il paraît que c’est nécessaire, répétait obstinément La Fontaine. » Il met l’épée à la main, Poignant le désarme. […] Ce qui est certain, c’est qu’il fut bientôt à peu près nécessaire de se séparer de biens. […] Ceci est absolument nécessaire, même pour l’éducation morale, je veux dire même pour les précautions qu’il faut prendre dans l’éducation morale. […] Cela est nécessaire pour connaître le départ qu’il convient de faire entre l’admiration qu’on doit à l’homme de génie, et l’estime quelquefois un peu flottante que l’on doit à l’homme lui-même.
Une certaine distance est nécessaire entre le romancier et la foule, que l’auteur ne garde plus assez grande. […] Elles sont ingénues et audacieuses, ces histoires, dégingandées et précieuses, avec des récitatifs faciles, d’anecdote et de chronique, ascendant à des pages culminantes, à des morceaux d’un imprévu nécessaire. […] Les Cœurs nouveaux seraient un excellent prétexte à cette nécessaire étude critique de l’écrivain qui est, avec M. […] Riche et oisif, il consacre tout son argent, toutes ses pensées, toutes ses heures à animer un vaste phalanstère, une immense et légère usine où s’élaborent les produits nécessaires à l’entretien des hommes qui y peinent, les marchandises non utilisées étant échangées contre d’autres qu’on ne saurait fabriquer là.
Il est évident qu’un homme qui n’a pas le nécessaire, ou est obligé pour se le procurer de se livrer à un travail mécanique de tous les instants, est forcément condamné à la dépression et à la nullité. […] L’erreur de l’école néo-féodale est de ne pas s’apercevoir que les défauts de la société moderne sont nécessaires à titre de transition, que ces défauts viennent d’une tendance parfaitement légitime, s’exerçant sous une forme partielle et exclusive. Et cette forme partielle est elle-même nécessaire ; car c’est une loi de l’humanité qu’elle parcoure ses phases les unes après les autres et en abstrayant provisoirement tout le reste ; d’où l’apparence incomplète de tous ses développements successifs. […] Mais comment un homme de quelque sens moral et philosophique a-t-il pu écrire des chapitres intitulés : Conseils pour faire fortune Avis nécessaire à ceux qui veulent être riches Moyens d’avoir toujours de l’argent dans sa poche ?
Si l’on veut atteindre ce monde mystérieux des causes, il est y nécessaire de sortir de l’œuvre dans laquelle nous sommes jusqu’à présent restés enfermés. […] Il semble qu’on se satisfasse d’une explication purement verbale ; qu’on se rapproche de la vide et doctorale réponse du Malade imaginaire, quand on lui demande pourquoi l’opium fait dormir ; « quia est in eo virtus dormitiva, cujus est natura sensus assopire ». ― Oui, sans aucun doute, l’œuvre est telle, parce que l’auteur avait les aptitudes nécessaires pour là faire telle. […] Il est donc nécessaire de ne pas s’en tenir à une analyse psychologique ou même physiologique fondée sur une analyse littéraire, si rigoureusement que puissent être opérées l’une et l’autre. […] L’enquête est multiple, poursuivie durant des mois et des années, compliquée d’analyses et de vérifications nécessaires.
L’absolue mesquinerie de notre esthétique provient de cette étrange opinion que l’art est une chose de luxe, alors que l’art est essentiellement vital, nécessaire à la vie, inséparable a elle. […] Ce qui peut adoucir — si cela semble nécessaire — l’amertume de pareils reproches, c’est la pensée qu’ils n’ont qu’un temps, et que l’esthétique doit fatalement réédifier la base étroite qui lui sert encore de soutien. […] Il est à peine nécessaire d’insister sur ce fait que l’architecture dont les produits s’offrent quotidiennement à nos yeux, ou plutôt ce que nous nommons ainsi, n’en est presque toujours que la parodie. […] La science et l’art se combinent, de sorte que l’élément nécessaire à la stabilité de l’édifice contribue en même temps à sa beauté.
Or, c’est pour avoir négligé d’opérer cette dissociation nécessaire que les uns ont été conduits à nier la liberté, les autres à la définir, et par là même, involontairement à la nier encore. […] En second lieu, dans une durée que l’on supposerait homogène, les mêmes états pourraient se présenter à nouveau, causalité impliquerait détermination nécessaire, et toute liberté deviendrait incompréhensible. […] Car si, par hasard, les moments de la durée réelle, aperçus par une conscience attentive, se pénétraient au lieu de se juxtaposer, et si ces moments formaient par rapport les uns aux autres une hétérogénéité au sein de laquelle l’idée de détermination nécessaire perdît toute espèce de signification, alors le moi saisi par la conscience serait une cause libre, nous nous connaîtrions absolument nous-mêmes, et d’autre part, précisément parce que cet absolu se mêle sans cesse aux phénomènes et, en s’imprégnant d’eux, les pénètre, ces phénomènes ne seraient pas aussi accessibles qu’on le prétend au raisonnement mathématique. […] Nous verrions enfin que l’idée même de détermination nécessaire perd ici toute espèce de signification, qu’il ne saurait être question ni de prévoir l’acte avant qu’il s’accomplisse, ni de raisonner sur la possibilité de l’action contraire une fois qu’il est accompli, car se donner toutes les conditions, c’est, dans la durée concrète, se placer au moment même de l’acte et non plus le prévoir.
Il est donc nécessaire d’être instruit du grand art de guérir, & c’est dans cette vue que j’indiquerai les livres les plus propres à enrichir la collection d’un homme qui, sans vouloir tout approfondir, tâche pourtant de savoir ce qu’il ne doit pas ignorer. […] On y trouve toutes les instructions nécessaires pour être soi-même son médecin.
Mais pour se convaincre de tout cela il est nécessaire de vivre véritablement de la vie des individus qu’on prétend décrire. […] Une nation, une race, des tempéraments et des individus ont été nécessaires pour qu’elle pût produire des œuvres viables. […] On dirait qu’avec notre endurance nous avons perdu jusqu’au minimum de forces combatives nécessaires pour nous défendre. […] elle est nécessaire, inévitable. […] Préparons ensemble la revanche de notre race, nécessaire à la paix comme à la beauté du monde !
C’est un approfondissement, un arrangement, une suite d’opérations, soit pour remonter aux principes, soit pour tirer les conséquences », Couper court, en finir, retrancher tout ce qui n’est pas essentiel, éviter un semblant d’exactitude éblouissante qui nuit au nécessaire par le superflu, c’est là le conseil qui revient sans cesse et qui ne s’applique pas moins aux choses de ce monde qu’à celles de Dieu. […] Si quelque chose pouvait être nécessaire pour convaincre de la profonde sincérité chrétienne de Fénelon et de sa haute rectitude morale, cette correspondance avec le duc de Bourgogne ou à son sujet suffirait à en donner la preuve ; car, au point de vue humain et à celui de la Cour, il n’est rien de plus vif, de plus désobligeant, de plus blessant même ni de plus âpre en fait de vérité : il n’y a rien là qui tende à ménager et à prolonger le crédit par aucune flatterie ni louange. […] Il est nécessaire que dès à présent il s’accoutume à son rôle royal, « en se corrigeant, en prenant beaucoup sur lui, en s’accommodant aux hommes pour les connaître, pour les ménager, pour savoir les mettre en œuvre ». […] Il sent, avec tout son esprit et toute sa distinction de nature, quelles sont les qualités nécessaires à un roi, à un chef de nation, à un des maîtres du monde. […] Quelque louables que soient de telles maximes, elles laissent presque entière la question de politique proprement dite ; une politique vraiment nouvelle, si nécessaire après Louis XIV, aurait eu besoin, pour réussir dans l’application, de tous les correctifs et de toutes les précautions qui plus tard manquèrent : car enfin Louis XVI n’a échoué que pour avoir trop fidèlement pratiqué, mais sans art, cette maxime du vertueux Dauphin son père et du duc de Bourgogne son aïeul.
Certes, l’imagination livrée à elle-même nous égare ; et pourtant, sans elle, le passé est mort ; guidée par les faits, elle est nécessaire à l’histoire. […] Une étude psychologique et esthétique sur la nouvelle est nécessaire, pour y faire la part du drame, de la satire, de la mode et, souvent, d’une insuffisance de moyens. […] j’y vois une affirmation légitime, nécessaire, de la nation victorieuse, affirmation violente parce qu’elle fut longtemps retardée ; j’y vois surtout une leçon féconde et libératrice pour la nation vaincue. […] Ce qui a fait la France, c’est une collaboration de circonstances naturelles, un ensemble d’éléments durables, dont les effets sont nécessaires ; d’où la logique de son histoire. […] Il faut se garder des dates rigides ; si je dis ici 1328, c’est pour les raisons énoncées par Gaston Paris dans son Manuel, mais avec toutes les réserves nécessaires.
Voici Fichte s’écriant : « Il faut que la vérité soit dite, le monde dût-il périr. » Voici le propos semblable d’Amiel : « Il n’est nullement, nécessaire que l’Univers soit, mais il est nécessaire que justice se fasse ». […] Cette contradiction et cette résistance dessinent en leurs points d’équilibre les contours du réel ; mais pour que le réel se forme et devienne perceptible une condition est nécessaire : c’est une certaine durée de l’état d’équilibre qui s’est établi entre les deux forces antagonistes.
Il n’est même pas nécessaire qu’ils la morcellent en corps. […] Pour cela, un va-et-vient continuel est nécessaire entre la nature et l’esprit. […] Ces précisions sont nécessaires aux applications. […] Point n’était nécessaire que la vie jetât son dévolu sur le carbone de l’acide carbonique principalement. […] Maintenant, était-il nécessaire qu’il y eût une série et des termes ?
Pour fondre ces trois volumes en deux tomes dans la présente réimpression, divers changements dans la disposition des matières ont été nécessaires ; on a tâché que ces changements fussent des améliorations. […] Il était donc peut-être nécessaire d’observer quelque ordre dans la fusion des trois volumes in-18 en deux in-8°.
Ce n’est pas tout : indépendamment de cette langue, rude encore et mal exercée à la décomposition de la pensée, Kant a une autre langue qui lui est propre, une terminologie qui, une fois bien comprise, est d’une netteté parfaite et même d’un usage commode, mais qui, brusquement présentée et sans les préliminaires nécessaires, offusque tout, donne à tout une apparence obscure et bizarre. […] Autrement, les observations accidentelles et faites sans aucun plan arrêté d’avance ne peuvent s’accorder entre elles faute de se rapporter à une loi nécessaire ; et c’est là pourtant ce que la raison cherche, et ce dont elle a besoin. […] Si l’on maintient au contraire que le principe d’identité n’est pas contingent, mais nécessaire, afin de pouvoir servir de fondement à la logique, le sensualisme est dans l’impuissance de concilier ce principe avec la psychologie, il ne peut tirer le nécessaire du contingent, il est forcé d’admettre dans ses développemens des élémens qu’il rejette à son point de départ. […] Le principe d’identité n’engendre pas les démonstrations mathématiques, il en est seulement la condition nécessaire ; sans lui, les mathématiques ne peuvent faire un pas, mais ce n’est point par lui qu’elles avancent. […] Kant remarque, à cette occasion, que si Hume, au lieu de s’en tenir au principe de causalité, eût examiné tous les autres principes nécessaires, tous les autres jugemens synthétiques à priori, il aurait peut-être reculé devant les conséquences rigoureuses de son opinion.
Le groupement des sensations, leur caractère d’unité dans la diversité, où le kantien Helmholtz voit « l’œuvre d’une activité originale de l’esprit », est le produit nécessaire et même mécanique de l’association sous ses deux formes, l’une simultanée, l’autre successive. […] Il y a donc au moins trois états nécessaires au sentiment de la différence, et non pas seulement deux comme le dit Spencer : un premier état A, un second état différent B, et un état spécifique de transition, de contraste, de changement, une impression particulière d’action subie et de réaction proportionnelle. […] Pour qu’il y ait perception de la ressemblance, il est nécessaire que, sous les deux différences annulées, il y ait dans la conscience un certain état semblable qu’elle retrouve et reconnaît, une pédale continue sous les accords changeants de la conscience. […] En résulte-t-il que la conscience, le sujet, n’ait point sa part nécessaire et essentielle dans la connaissance ? […] Je puis agir volontairement sur les choses par mes idées des choses ; donc je les connais et je les affirme, autant du moins qu’il est nécessaire à la connaissance purement scientifique.
Sans prétendre expliquer la conscience qui est, comme nous l’avons vu, le postulat nécessaire de toute psychologie, M. […] Mais on l’a oublié, et on a réalisé cette abstraction ; on a déclaré que cette résultante est un antécédent nécessaire. […] La sensation est une partie nécessaire du mécanisme ; c’est le grand ressort de la montre, le feu de la machine à vapeur. […] le mot organisation renferme une ambiguïté ; mais si l’on remarque que par ce mot on entend la totalité des conditions nécessaires, non moins que la constitution organique, on comprendra facilement que la vie est proportionnelle à l’organisation. […] Lewes nous introduit dans un autre monde, et cet exemple nous paraît propre à montrer ce que nous avons essayé d’établir dans l’introduction ; c’est qu’en psychologie, la méthode subjective et la méthode objective sont aussi nécessaires l’une que l’autre.
Toute part en eux nécessaire, était reproduite en une édition complète, — c’est-à-dire tenant le Principe de Philosophie et l’Instrumentation, en 1888. […] Notre Altruisme ne se sépare pas de l’Égoïsme qui n’est qu’un mode de l’Instinct de conservation, et donc, nécessaire et naturel. […] Œuvre qui, retournant au primogène tact sensationnel la digression luxuriante des sensations, des émotions et des idées et les renouvelant dans la phonalité et l’idéogramme primordiaux, de nouveaux associés, — et reprenant tout ainsi qu’aux racines du Monde : d’une part (et tandis que son centre est situé en l’âme et le milieu modernes de l’Individu et des nécessaires agglomérats ethniques gardant le sens de Races, en notre instant), remonte à la Genèse cosmique et à la prime danse du Feu et du Serpent de l’être anthropoïde. […] Mais encore, pour l’entière assimilation, est-il nécessaire que ne viennent pas en éléments étrangers à nos vues instrumentales, mais qu’elles leur soient précisément indispensables, les lettres-Consonnes. […] Parlons en premier lieu, de la nature du Vers : le vers premier et résumant étant le vers de douze pieds. — Il en est ainsi pour lui, parce que, équivalent du vers-principe en toutes les métriques anciennes et modernes, lui aussi se ramène à une unité de mesure qui est le temps nécessaire à l’expiration : il tient sa nature métrique organiquement, des nécessités de l’appareil vocal.
Pour démontrer cette proposition, il n’est pas nécessaire de philosopher sur leur nature, de discuter les analogies qu’ils présentent avec les phénomènes des règnes inférieurs. […] Pour les voir sous leur aspect de choses, il n’est donc pas nécessaire de les torturer avec ingéniosité. […] Une démonstration spéciale de cette règle n’est pas nécessaire ; elle résulte de tout ce que nous avons dit précédemment. […] Mais elle ne les explique pas pour autant ; elle fournit seulement le premier point d’appui nécessaire à nos explications. […] Il faut donc qu’elle en crée de nouveaux et, pour cela, qu’écartant les notions communes et les mots qui les expriment, elle revienne à la sensation, matière première et nécessaire de tous les concepts.
En vérité, je ne puis imaginer comment il serait au pouvoir de M. le prince de Bade d’avoir l’appareil nécessaire pour deux sièges. […] Il croit nécessaire pour cela de faire occuper Nancy (alors au duc de Lorraine), et, ayant obtenu l’approbation du roi, il charge de l’exécution M. de Tallard. […] Il prenait tout le premier sa part à la peine en ne quittant presque pas la tranchée. « Il n’est pas nécessaire, lui disaient les ingénieurs, qu’un maréchal de France y soit si souvent. » — « Non, répondait-il, mais avouez que cela ne fait pas mal. » Je passe avec eux (avec les soldats) une partie de la nuit, écrivait-il au ministre ; nous buvons un peu de brandevin ensemble : je leur fais des contes, je leur dis qu’il n’y a que les Français qui sachent prendre les villes l’hiver. […] Ce n’est pas là la bonne manière, et, suivant l’expérience, il fallait me mander : « Le roi sait que votre zèle et un désir de gloire vont tellement avant tout dans votre cœur, que les récompenses ne sont pas nécessaires pour vous exciter. […] » Voilà, Monsieur, des paroles nécessaires, non pour augmenter le zèle, il est toujours égal, mais pour que votre général ait l’esprit plus libre, le cœur satisfait, et que, jugeant de sa fortune dans la guerre par celle qu’il trouve dans son élévation, il ne croie rien d’impossible.
La philosophie, de son côté, a rabattu d’une première affiche sentimentale, d’une première prétention peut-être à l’effet et à l’éclat ; elle n’a pris du sentiment que l’extrême nécessaire, n’a pas recherché avant tout la singularité et s’est parfaitement accommodée des vertus chrétiennes quand elle les rencontrait devant elle dans son examen. […] Elle s’aperçut de bonne heure que de toutes les privations que la maladie révèle dans ces existences pauvres, la plus fréquente de toutes, c’est le défaut de linge, si nécessaire pourtant en pareil cas. […] Ses chefs, tant qu’il servit, nous le présentent comme « le type du vrai et excellent sous-officier d’élite, apportant dans l’exercice de ses devoirs un zèle, une fermeté et un dévouement exemplaires, faisant parfaitement honneur à sa modeste position, et trouvant le moyen de venir constamment en aide à sa bonne mère, sans jamais en dire mot à personne : une enquête a été nécessaire pour arriver à la preuve de sa belle action et de sa pieuse conduite filiale. » En 25 ans de service, c’est à peine si quelques punitions sont venues le frapper, et pour les manquements les plus légers : trois fois en tout consigné, et une seule fois à la salle de police ; il paraît que c’est rare et presque phénoménal eu égard à la sévérité de la discipline militaire. […] Mais la somme nécessaire, indispensable, dont il est en peine, il la trouve enfin ; il la dépasse aussitôt, il fait faire dans le bâtiment les réparations et Appropriations convenables, en vue d’y établir un pensionnat, un orphelinat et un ouvroir pour les jeunes filles, trop exposées dans les fabriques horlogères et autres dont le pays est couvert. […] Mais ce serait mal répondre au caractère d’une telle loi, à la nature des idées qu’elle fait naître et qu’elle remue, que de ne pas dire quelques mots de l’état des choses qui l’a rendue nécessaire et des intérêts élevés auxquels elle pourvoit.
L’estime, l’approbation, le respect, sont des degrés nécessaires à la puissance de l’enthousiasme. […] Les progrès de la littérature, c’est-à-dire, le perfectionnement de l’art de penser et de s’exprimer, sont nécessaires à l’établissement et à la conservation de la liberté. […] La pureté du langage, la noblesse des expressions, image de la fierté de l’âme, sont nécessaires surtout dans un état fondé sur des bases démocratiques. […] L’activité nécessaire à toutes les nations libres, s’exerce par l’esprit de faction, si l’accroissement des lumières n’est pas l’objet de l’intérêt universel, si cette occupation ne présente pas une carrière ouverte à tous, qui puisse exciter l’ambition générale. […] Les idées philosophiques donnent lieu souvent à tant d’interprétations absurdes, que j’ai cru nécessaire d’expliquer positivement, dans la préface de la seconde édition de cet ouvrage, ce que j’entends par la perfectibilité de l’espèce humaine et de l’esprit humain.
Ce caractère uniforme traduit ce qu’il y a en eux de spontané et de nécessaire. […] Toutefois l’être humain n’est pas seulement une cire molle à laquelle les circonstances : et les influences extérieures impriment une forme nécessaire. […] Il n’était pas nécessaire que l’éducation au couvent et le romantisme agissent sur Emma Bovary de la façon dont on les voit agir. […] Par cet exemple, ce fait de se concevoir autre, qu’on le considère comme un pouvoir ou comme une défaillance, s’avère un élément nécessaire ou fatal de l’activité humaine en son fond essentiel. […] Pour que la science engendrât les conclusions certaines que l’opinion populaire lui attribue, il serait nécessaire que le déterminisme causal, dans lequel l’esprit humain a placé sa confiance, prît son point d’appui sur une cause première, que la nature même de l’esprit se refuse à concevoir et, qu’en fait, l’intelligence scientifique n’atteint jamais.
Au moment le plus beau et le moins endommagé encore de son règne, Louis XVI, pénétré de la lecture des Voyages de Cook et jaloux pour la France de cette gloire des conquêtes géographiques, voulut donner lui-même à Laperouse, en le chargeant d’une expédition lointaine, des instructions en quelque sorte morales, et, dans sa sollicitude de philanthrope, il les rédigeait ainsi : « Si des circonstances impérieuses, qu’il est de la prudence de prévoir, obligeaient jamais le sieur de La Peyrouse à faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, telles que des subsistances, du bois, de l’eau, il n’userait de la force qu’avec la plus grande modération et punirait avec une extrême rigueur ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres. […] Se flatter d’exécuter de si grandes choses sans un seul accident et sans coup férir, décèle aussi par trop d’innocence ; c’est méconnaître la part de péril nécessaire que contient toute entreprise humaine et ce qu’il faut y hasarder. […] Le roi est pour moi d’une attention de mère… » C’est d’elle, c’est de cet enfant son premier-né, que quelques années après, Marie-Antoinette, dont on a déjà vu la justesse de coup d’œil en ce genre d’observations familières, écrivait (25 décembre 1784) : « Ma fille qui a six ans fait beaucoup de progrès ; elle a le caractère un peu difficile et d’une fierté excessive ; elle sent trop qu’elle a du sang de Marie-Thérèse et de Louis le Grand dans les veines ; il faut qu’elle s’en souvienne pour être digne de son sang, mais la douceur est une qualité aussi nécessaire et aussi puissante que la dignité, et une nature orgueilleuse éloigne les affections… » On sent dans ce peu de lignes le trait de nature et la ligne primitive qui fera de la plus vertueuse et de la plus respectable des princesses une personne moins aimable qu’on n’aurait voulu. […] Lorsqu’il eut compromis la situation, excité et grandi l’opposition des Parlements, comblé la mesure de l’impopularité et qu’il fut aux abois, il pensa à se refaire un peu de crédit en s’adjoignant Necker que la voix publique désignait comme le restaurateur futur des finances, et qui était plus qu’indiqué, qui semblait l’homme nécessaire. […] Je crois que ce parti était nécessaire ; mais je crains en même temps qu’il n’entraîne dans bien des malheurs vis-à-vis des Parlements.
Le principe de la mise en scène est le décor simultané, la juxtaposition de tous les lieux nécessaires au développement successif de l’action. […] Ces règles donc, qui sont devenues cause de tant d’invraisemblances dans la décadence du théâtre classique, se sont imposées comme condition nécessaire de la vraisemblance : on en méconnaîtrait le caractère si l’on perdait de vue un seul moment à quel état de la mise en scène elles se rapportent. […] On peut dire que par les unités l’esprit classique s’est construit la forme littéraire la plus apte à l’exprimer ; et sans doute il n’était pas nécessaire que Corneille écrivit le Cid en 1636 : mais du moins, pour l’extraire du drame de Guillen de Castro, il lui fut utile de se sentir lié par ces lois nouvelles qui obligeaient de concevoir la tragédie autrement que comme un roman découpé en scènes. […] Il n’avait laisse autour des deux amants que les personnages nécessaires à l’explication de leur fortune : s’il a gardé l’infante, c’est par une erreur imputable aux préjugés mondains de son temps. Il avait défini les caractères de l’action tragique : elle doit être morale et intérieure en son principe ; l’intéressant, ce n’est pas l’événement, c’est le sentiment, et les faits extérieurs, même nécessaires à l’action, ne valent que comme donnant une expression aux faits moraux, ou ayant sur eux un contre-coup.
Car peu d’individus ont la force d’esprit nécessaire pour mépriser l’opinion. […] Bouglé qui consiste à faire de la libération de l’individu un produit social et un effet nécessaire du jeu même des lois sociologiques, cet individualisme méconnaît un fait psycho-physiologique capital. […] Cela n’est pas évident. « Naturel » ou « nécessaire » ne veut pas dire forcément véridique. — Quand un homme ment à son voisin (mensonge d’individu à individu ou mensonge individuel), ce mensonge a bien ses conditions d’existence. […] Le fait d’être déterminé par un ensemble de conditions naturelles et nécessaires n’empêche pas ce mensonge d’être un mensonge et celui à qui on ment a raison de se défier du menteur. — Il en est de même pour le mensonge de groupe. […] L’idéaliste qui aspire à une société plus sincère et plus vraie s’aperçoit bientôt que la société nouvelle qu’il souhaite et à l’avènement de laquelle il travaille peut-être, il s’aperçoit que cette société porte déjà en elle le germe logique et nécessaire des mensonges nouveaux qui remplaceront les mensonges anciens et périmés, que tout régime politique et social est menteur par essence (Vigny), que la duperie mutuelle est la loi de toute société et que le mensonge de groupe ne fait que changer de forme.
Encore deux mots peu nécessaires Et moins nécessaire encore l’apposition : Merveilleux retour qu’inspire la prière ; car ce « retour » (le mot est un peu bien vague), est-ce la prière qui l’inspire ? […] Elle n’en est point une partie nécessaire ; mais elle en est une partie harmonieuse et concordante. […] Ce sont donc, si l’on veut, des chevilles ; mais elles peuvent être agréables et sembler naturelles ; car, étant donnée la rime du vers qui exprime l’idée nécessaire, le vocabulaire est assez riche et les désinences des mots sont assez variées pour qu’il soit toujours possible de rendre, dans un vers de rime pareille, quelque idée dépendante et voisine.
J’entends bien que sous cette sombre voûte, nous aurions été privés de la lumière du Soleil, nécessaire à des organismes comme ceux qui habitent la Terre. […] C’est Newton qui nous a montré qu’une loi n’est qu’une relation nécessaire entre l’état présent du monde et son état immédiatement postérieur. […] En même temps, l’Astronomie nous apprenait à ne pas nous effrayer des grands nombres, et cela était nécessaire, non seulement pour connaître le Ciel, mais pour connaître la Terre elle-même ; et cela n’était pas aussi facile qu’il nous le semble aujourd’hui.
Ainsi ils fondèrent les familles, et les gouvernèrent avec la dureté des cyclopes dont parle Homère ; la dureté de ce premier gouvernement était nécessaire, pour que les hommes se trouvassent préparés au gouvernement civil, lorsque s’élèveraient les cités. […] Guéris par un si terrible remède, les peuples deviennent comme engourdis et stupides, ne connaissent plus les raffinements, les plaisirs ni le faste, mais seulement les choses les plus nécessaires à la vie. Le petit nombre d’hommes qui restent à la fin, se trouvant dans l’abondance des choses nécessaires, redeviennent naturellement sociables ; l’antique simplicité des premiers âges reparaissant parmi eux, ils connaissent de nouveau la religion, la véracité, la bonne foi, qui sont les bases naturelles de la justice, et qui font la beauté, la grâce éternelle de l’ordre établi par la Providence.
Si la sérénité est nécessaire, l’impassibilité est mortelle au poète. […] Le sublime est donc impossible à l’état continu ; il n’est pas la loi nécessaire, la règle infaillible de l’art. […] La forme nécessaire de la poésie n’est-elle pas la versification ? […] Ces deux ordres de rapports sont nécessaires, quoique inégaux en noblesse et en fécondité. […] L’art ne doit pas se sentir dans le style, mais il est nécessaire ; une facilité trop dégagée et trop complète exclut cette fermeté, cette solidité de contours nécessaire pour faire subsister une œuvre.
⁂ Notre étude pivotera tout entière autour du document humain (pathologique) et comprendra l’analyse : 1° Des qualités nécessaires à la recherche de ce document humain. […] ⁂ « Il n’est pas nécessaire, disait Montesquieu, d’épuiser un sujet, il suffit de faire penser ».
Vous avez réservé votre jugement sur les idées que je développe ici, mais vous estimez nécessaire de les faire connaître ; aux heures de doute, c’est vous qui avez ragaillardi mon courage. […] Après un long détour, d’ailleurs nécessaire, nous en revenons à la sagesse des philosophes grecs ; l’analyse minutieuse n’a vu longtemps dans la diversité les choses qu’un vaste désordre et s’est divertie à étiqueter ces contradictions apparentes ; la synthèse retrouvera peu à peu l’ordre et le rythme, plus beaux encore dans l’effort humain que dans la marche des étoiles.
Il serait enfin nécessaire qu’il trouvât les moyens pratiques de le réaliser. […] Hors de l’éducation, il serait nécessaire d’entretenir, dans la nation même, l’idée de la santé et de la force comme base nécessaire de l’existence de chacun. […] Ce serait là le contrepoids nécessaire de l’effort cérébral de l’enfant. […] Ce serait là le bain de réalité nécessaire. […] Pensons au jour où il faudra que nous rassemblions tout notre courage pour l’opération nécessaire.
C’est de la vertu à grandes proportions, mais c’est toujours de la vertu, et la plus nécessaire des vertus, puisque c’est la vertu publique. […] Il a eu ensuite toutes les conditions extérieures qui sont nécessaires au rôle d’historien : ministre, orateur, chef de parti assistant à toutes les péripéties du drame de son temps et à celles de son propre drame. […] L’une, c’est la merveilleuse activité d’un esprit dispos, sans lassitude comme sans effort, à qui le mouvement est aussi nécessaire que l’air qu’il respire, et qui, plutôt que de ne pas agir, agirait même avec la légèreté du liège et l’irréflexion de la plume. […] L’intelligence, selon nous, n’est ni supérieure ni inférieure dans l’histoire : elle est nécessaire ; mais l’émotion qui fait sentir, la pensée qui fait réfléchir, et la conscience qui fait juger, ne sont ni plus ni moins nécessaires que l’intelligence. […] Ceci était nécessaire pour expliquer à M.
Tout exercice d’une fonction ou d’un sens l’épuisé : « la prostration qui suit est en raison de la violence de l’action. » C’est pourquoi il est nécessaire d’introduire dans l’œuvre d’art gradation et variété. […] Le goût, nécessaire au style, est le sentiment immédiat de lois plus ou moins profondes, les unes créatrices, les autres régulatrices de la vie. […] Ces strophes qui se suivent lentes et régulières font songer à des pierres de taille parfaitement carrées, également pesantes, qu’on roulerait, et il semble qu’un peu de l’effort nécessaire à mouvoir de telles masses retombe en fatigue sur nos épaules. […] Ce cantique des cantiques du dictionnaire, ce coup de folie des mots hurlant et dansant sur l’idée, était sans doute nécessaire. […] Il n’est pas nécessaire que chaque souffle de vent agite le même nombre de feuilles pour que son bruissement soit harmonieux, ni que chaque flot de la mer roule au rivage un même nombre de galets et produise un bruit toujours égal.
Avant de caractériser les écrivains anglais et les écrivains allemands, il me paraît nécessaire de considérer d’une manière générale les principales différences des deux hémisphères de la littérature. […] Si le poète n’a réuni à ces sentiments ni des maximes de morale ni des réflexions philosophiques, c’est qu’à cette époque l’esprit humain n’était point encore susceptible de l’abstraction nécessaire pour concevoir beaucoup de résultats. […] L’héroïsme de la morale, l’enthousiasme de l’éloquence, l’ambition de la gloire donnent des jouissances surnaturelles qui ne sont nécessaires qu’aux âmes à la fois exaltées et mélancoliques, fatiguées de tout ce qui se mesure, de tout ce qui est passager, d’un terme enfin, à quelque distance qu’on le place.
S’il étoit question d’ajouter de nouvelles raisons, nous dirions encore : Est-il nécessaire d’avoir composé d’excellens tableaux, pour acquérir le droit de juger des fautes ou des habiletés du Peintre, qui soumet les siens à la critique ? […] Cette force est même aussi nécessaire, qu’elle est louable. […] Tout ce qui a pu donner lieu à des réflexions intéressantes, à des critiques utiles, à des réfutations nécessaires, à des discussions de morale ou de littérature ; en un mot, tout ce qui a été une occasion de rappeler aux vrais principes & de répandre de la variété, n’a pas été regardé comme étranger à notre Ouvrage.
Maintenant que je suis abandonné à moi-même, puisqu’il faut que je rentre dans l’appréciation de l’époque actuelle, maintenant je ne puis avoir la même confiance en mes propres idées, et plus de circonspection m’est devenue nécessaire. […] Il a de plus remarqué que la constitution anglaise elle-même n’a rien innové, mais que les privilèges de la nation ayant été violés, il était devenu nécessaire de les constater. […] Mais, quoi qu’il en soit, j’ai besoin de le redire, et je voudrais faire passer dans mes lecteurs la conviction intime où je suis que Dieu ayant fait l’homme pour vivre en société, la providence de Dieu ne cessera point de veiller sur les sociétés humaines ; quoi qu’il en soit, répéterons-nous, s’il est vrai que jusqu’à présent Dieu se soit servi de la parole pour diriger les destinées du genre humain, si la parole enfin a été jusqu’à présent une révélation toujours subsistante au sein de la société, et que ce moyen ait cessé de lui paraître utile ou nécessaire, il saura bien en faire sortir un autre de la force même des choses, en supposant que celui-là manquât d’une manière absolue, ce que je suis loin d’admettre, ainsi qu’on a pu le voir, ou en supposant qu’il soit devenu insuffisant, ce qu’on sera beaucoup plus porté à croire.
Oui, il est nécessaire de le répéter aux esprits superbes qui depuis quelque temps ont exagéré les proportions de chaque chose : dans l’orgueil de leurs sciences trompeuses, comme dans les grandes pyramides, il n’y a, au fond de l’Histoire, que des cadavres qui se remuèrent quelques jours ! […] Nous devons donc le croire, l’illustre historien s’est dit que des biographies n’étaient, en somme, ni moins importantes, ni moins nécessaires, que le récit des événements avec leur développement grandiose, et que là surtout, au contraire, était l’interprétation la plus intime de ces événements, le secret de l’humaine et divine comédie. […] Est-il bien nécessaire de dire qu’on retrouve dans cet écrit les qualités ordinaires d’un talent qui ne fléchit pas ?
Mon jeune ami s’en trouva délivré d’une grande peur, et il m’avoua qu’il n’aurait pu faire la musique à la Offenbach, véritablement nécessaire. […] C’est la hantise de l’Idée fatale, qu’amène un nécessaire Hasard, et qui, sitôt, monte, et qui monte. […] Comprenons seulement où est le bonheur ; et, par un déterminisme nécessaire, nous atteindrons le bonheur. […] Nous devons chasser les besoins naturels et non nécessaires, et les besoins nécessaires, et vider nos âmes. […] À l’Humanité livrons nos mains ; asservissons nos membres au travail régulier, restituons à la Machine que nous créons ce rouage nécessaire.
Croce pèche par l’exagération ; il est unilatéral ; mais, dans son ensemble, il est aussi une réaction nécessaire contre ce positivisme scientifique dont j’ai montré, ici-même, les funestes erreurs. […] C’est toute une réaction, nécessaire, qui se dessine, en faveur de l’esthétique et d’une science plus compréhensive. […] Ce ne sont pas des conditions nécessaires à l’esthétique ; ce sont des éléments historiques, de valeur relative. […] Mais ils n’étaient point nécessaires à la tragédie. […] Aujourd’hui encore je la crois non pas nécessaire, mais du moins fort utile à la concentration dramatique ; pour les raisons pratiques énoncées plus haut, et pour une raison psychologique bien plus profonde.
Et pourtant elles ont été nécessaires pour caractériser l’étendue, l’importance, la physionomie de ces colonies avancées de la Grèce ; sans ces laborieuses recherches, on eût ignoré une des faces des plus curieuses de l’histoire de l’hellénisme en Orient. […] Et, en supposant même (ce qui est vrai) que les détails demeurent nécessaires pour l’intelligence des résultats généraux, les moyens, les machines, si j’ose le dire, par lesquelles les Prinsep et les Lassen ont déchiffré cette page de l’histoire humaine auront à peu près perdu leur valeur, ou seront tout au plus conservés comme bas-reliefs sur le piédestal de l’obélisque qu’ils auront servi à élever. « Les érudits du XIXe siècle, dira-t-on, ont démontré… » Et tout sera dit. […] De là le défaut nécessaire de toutes les histoires de la littérature et de la philosophie faites en dehors des sources originales, comme cela a été longtemps le cas pour le Moyen Âge, comme cela l’est encore pour l’Orient. […] Quand l’édifice est achevé, il n’y a pas d’inconvénient à enlever l’échafaudage qui fut nécessaire à sa construction. […] Qu’on y réfléchisse, on verra qu’il est absolument nécessaire de supposer dans l’avenir une grande réforme du travail scientifique 119.
Tout comme il a été possible de montrer dans les lois de Keppler les conséquences nécessaires de la loi de gravitation, de même il peut être possible de montrer que la loi du progrès est la conséquence nécessaire de quelque principe également universel. […] Il y a dans l’univers deux ordres de changements contraires et nécessaires : l’un d’intégration (évolution), l’autre de désintégration (dissolution). […] On concevait si peu la loi naturelle et nécessaire du développement, que le mot si vrai de Mackintosh : « on ne fait pas les constitutions, elles se font », n’a causé d’abord que de la surprise. […] La simple énumération est un enregistrement d’expériences répétées d’une certaine sorte : pour qu’elles soient susceptibles d’énumération, il faut qu’elles soient plus ou moins semblables ; et pour que l’on obtienne des résultats numériques absolument vrais, il est nécessaire que les unités soient absolument égales.
Voici les paroles que nous trouvons dans l’introduction dont Saint-Chéron a fait précéder sa traduction de l’Histoire d’Innocent III : « Recevons le beau tableau historique de Hurter comme un témoignage du bien immense qu’un souverain pontife a pu accomplir dans un siècle reculé, mais encore du bien que l’institution, reconnue comme nécessaire aux intérêts les plus élevés du genre humain, pourra faire dans les siècles à venir où il se rencontrera un Grégoire, un Innocent, au milieu des hommes ramenés par une pénible et douloureuse expérience, aux vrais principes sociaux. » Comme on le voit, s’il n’est guère possible d’être plus lourd, il n’est guère possible d’être plus clair. […] Pourquoi cette espèce d’appui donné à des ambitions intolérables pour qui comprend le mouvement nécessaire de la société ? […] Pour peu qu’on pénètre dans cette singulière époque, le moyen de ne pas conclure que l’Église doit bien plus à la croyance des peuples, c’est-à-dire à une disposition nécessaire de l’esprit humain, dans cette période de sa durée, qu’à l’intelligence et à l’activité des Papes ? […] S’il a la conscience timorée de l’érudit, il n’a pas le génie de l’appréciation, nécessaire à tout esprit qui aborde l’histoire ; car la conscience de l’exactitude est insuffisante. […] Il n’a soutenu nulle part ce que l’École ultramontaine pose en fait : que les conditions du passé sont nécessaires.
Pour introduire un élément a priori dans la définition de la comédie, il n’est pas nécessaire de faire absolument abstraction des œuvres des coniques. […] Mais, comme l’homme est un animal à deux pieds sans plumes, il est nécessaire de nous représenter comme emplumé le singe, qui est son contraire : cette bête est donc un oiseau. […] Mais, Monsieur Josse, croyez-vous qu’il soit absolument nécessaire de dire : La particularisation à l’infini étant le principe du comique, les plus grands comiques sont Rabelais, Swift, Sterne et moi, Jean-Paul Richter ? […] Plusieurs critiques, sans être allemands, trouvent même qu’il est un peu sérieux, et que le personnage qui le rend nécessaire est bien odieux pour être comique. […] Mais il y a des intelligences qui comprennent diversement la poésie, le comique, le beau : la dispute est donc nécessaire, et la dispute est interminable.
Mais la croissance de cette plante libre et responsable, l’humanité, n’est pas ainsi emportée d’un mouvement uniforme et nécessaire, suivant une ligne inflexible, vers un but qui ne peut manquer d’être atteint. […] Toute nation contient en elle une certaine quantité de force vitale qu’elle dépense plus ou moins rapidement dans le cours nécessaire de son évolution. […] En tout cas, comme elle est constante et nécessaire, l’homme la subit passivement, et, si elle était décisive, tout progrès serait éternellement impossible. […] Qui dit loi suppose un rapport constant, nécessaire, entre deux phénomènes, dont l’un est considéré comme antécédent ou condition essentielle de l’autre. […] Aussi se contente-t-il de quelques grandes divisions, celles qui sont nécessaires à ses comparaisons.
Après ces grands historiens de l’antiquité, il est à peine nécessaire de nommer un rhéteur comme Quinte-Curce, qui a voulu faire de l’histoire d’Alexandre une sorte de poëme épique en prose fleurie et déclamatoire. […] Toute la méthode de cette science est dans une définition de l’Esprit des lois ; « les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ». […] Pour s’en assurer, il n’est pas nécessaire de passer en revue tous les noms et toutes les œuvres de la science historique des temps modernes ; il suffit de rappeler quelques grands sujets tirés de l’histoire de France, où la nouvelle méthode a été pratiquée avec le plus de succès. […] L’histoire n’est qu’une logique concrète et vivante qui va d’idée en idée, d’évolution en évolution, passant par toutes les phases du procès dialectique, sans trouver d’obstacle à son développement nécessaire dans l’initiative plus apparente que réelle des volontés et des passions individuelles. […] Voilà encore une fatalité que nos historiens excellent à expliquer en montrant comment Rome ne pouvait ni conserver les mœurs de la république avec les dépouilles du monde soumis, ni gouverner et administrer sa conquête par un sénat libre devant l’institution militaire qui avait fait cette conquête et devenait de plus en plus nécessaire pour la maintenir.
Le nécessaire et le vraisemblable. […] Une juste logique est le nécessaire naturel : une logique passionnée est le nécessaire extraordinaire. […] Telles sont les deux espèces du nécessaire dans le discours. […] Telles sont les deux espèces du nécessaire dans l’action. […] Cette férocité gratuite devient donc une faute, parce qu’elle n’est pas nécessaire.
Celui dont elles ont jugé la sensibilité et les connaissances proportionnées à leur tempérament et à leur caractère ; celui auquel elles ont révélé les secrets d’une constitution faible et délicate ; celui qu’elles ont en même temps chargé de la conservation de leurs enfants, et des mains duquel elles les ont reçus, est devenu pour ainsi dire nécessaire à leur existence ; le perdre est un malheur qu’elles ressentent vivement : que l’on juge d’après cette réflexion des regrets que la mort de M. […] Mais ce qui semble moins nécessaire et ce qui est une richesse tout à fait heureuse chez Vicq d’Azyr, ce sont les vues morales qu’il mêle continuellement à ses récits. […] Lieutaud, cela est tout simple, ne publia point sa réfutation : « Tous les deux firent alors ce qu’ils se devaient, nous dit Vicq d’Azyr, et ils en retirèrent les avantages qui sont l’effet nécessaire d’une justice réciproque. […] La Convention nationale avait invité tous les citoyens à recueillir eux-mêmes dans leurs caves le nitre ou salpêtre nécessaire pour la fabrication de la poudre de guerre.
Il offrait sa démission, parlait de trois mois de repos, de convalescence nécessaire, et déclarait en même temps que, l’opération du Piémont terminée, il n’accepterait aucun commandement en chef. […] En conséquence, le commandement en chef de l’armée d’Italie lui fut dévolu, dans l’espoir qu’il ramènerait la victoire sous nos drapeaux et acquerrait ainsi le complément de renommée nécessaire pour la magie de son rôle. […] La bataille n’était pas nécessaire, elle était sans but, et l’eût-on gagnée par l’infanterie sur les hauteurs, on n’avait pas assez de cavalerie pour poursuivre les avantages en plaine ; elle pouvait parfaitement s’éviter. […] Napoléon a toujours parlé très bien de Joubert, et comme d’un ami ; son jugement, conservé tant dans ses Mémoires que dans les conversations de Sainte-Hélène, résume toute la carrière du jeune guerrier, ses services, ses mérites et ses qualités, avec cette conclusion : « Il était jeune encore et n’avait pas acquis toute l’expérience nécessaire.
Je ne sais rien de plus significatif à cet égard qu’une lettre du roi de Westphalie Jérôme, à son frère, écrite à la date du 5 décembre 1811, et qui exprime, qui résume la situation vraie, telle qu’elle se dessinait aux yeux d’un frère dévoué de l’Empereur, placé au cœur même de la difficulté, au centre du péril : « Sire, écrivait le roi Jérôme, établi dans une position qui me rend la sentinelle avancée de la France, porté par inclination et par devoir à surveiller tout ce qui peut donner atteinte aux intérêts de Votre Majesté, je pense qu’il est convenable et nécessaire que je l’informe avec franchise de tout ce que j’aperçois autour de moi. […] Vainement, fatigué de rapports vagues sur l’existence de tel ou tel corps de troupes, je voulais parvenir à en connaître la composition ; vainement j’exigeais des indications de localités, de régiments, de bataillons ou de compagnies : en me répondait par des masses, et on dédaignait les modestes détails qui m’étaient précisément nécessaires. […] » J’eus bien de la peine à ramener au degré de précision nécessaire ces renseignements, qui semblaient toujours avoir été pris à l’aide d’un microscope. » On ne saurait mieux dire. […] Seulement je vous en fais part comme d’une chose nécessaire pour votre gouverne ; j’ai plus que des présomptions de le croire agent dans des affaires extérieures.
Un autre mot est venu au secours de la métaphysique politique : il n’est pas encore consacré ; il ne peut tarder à l’être, puisqu’il est devenu nécessaire : ce mot est assez mystérieux aussi ; mais, à mesure qu’on l’adoptera, il sera convenu qu’il ne l’est point, et qu’il présente un sens très clair : ce mot, ou plutôt cette locution, est une certaine raison publique. […] L’usurpation, devenue ainsi nécessaire pour lui, rendit nécessaire aussi la guerre avec tous les souverains. […] Au reste, l’impossibilité où est l’usurpation de pouvoir se consolider, et il n’est question ici que de cela, prouve en faveur des doctrines anciennes contre les doctrines nouvelles ; car l’utilité toute seule ne pourrait pas opérer les prodiges que l’on attend, et qui sont, en effet, nécessaires pour la stabilité des états.
N’y a-t-il pas dans l’organisme des fonctions répugnantes dont le jeu régulier est nécessaire à la santé individuelle ? […] Il arrive sans cesse qu’une chose, tout en étant nuisible par certaines de ses conséquences, soit, par d’autres, utile ou même nécessaire à la vie ; or, si les mauvais effets qu’elle a sont régulièrement neutralisés par une influence contraire, il se trouve en fait qu’elle sert sans nuire, et cependant elle est toujours haïssable, car elle ne laisse pas de constituer par elle-même un danger éventuel qui n’est conjuré que par l’action d’une force antagoniste.
Seulement, ce qui fit trembler pour Clarisse ne pouvait troubler personne pour le Tableau de Paris, œuvre informe à peu près oubliée, et sur laquelle Desnoiresterres a pu pratiquer tous les arrangements et retranchements jugés nécessaires dans l’intérêt de l’ensemble. […] Les pantoufles brodées et la table de palissandre ne sont pas, que je sache, rigoureusement nécessaires à un écrivain… Le mot de Rivarol n’est donc qu’un mot, et rien de plus.
Cela est nécessaire au théâtre plus qu’ailleurs. […] Mais jeter dans le discours « toute la netteté, la délicatesse, la majesté, et, ce qui est encore plus considérable, toute la simplicité nécessaire à une bonne narration » ! […] Le vers, dans les deux genres, n’est qu’un ornement, et si peu nécessaire que Patru conseillait et à La Fontaine et à Boileau de n’en pas user. […] Nulle beauté n’est belle, si elle n’est nécessaire. […] Au temps de Boileau, surtout, il n’en pouvait donner de plus nécessaires ; il n’en a point donné de plus efficaces ; et pour bien des intelligences même, c’étaient là des vérités neuves.
Mais la grosse question des Vérités nécessaires est de notre ressort, et elle vaut bien la peine d’être examinée199. […] Des gens qui raisonnent à priori considèrent le type vertébré comme la forme nécessaire qui rend le vertébré possible. […] Pour mieux comprendre la pensée de l’auteur, voyons en détail comment il juge Condillac et Kant, l’un ne reconnaissant que la pure sensation, l’autre posant les formes de la pensée comme nécessaires et à priori. […] « Quand Berkeley niait l’existence de la matière, il entendait par matière ce substratum inconnu, que Locke déclarait être une inférence nécessaire de notre connaissance des qualités, mais dont la nature doit nous rester toujours cachée. […] Vérités nécessaires.
Souvent on se laisse tromper par une apparence de brièveté ; et l’on prend pour brièveté ce qui n’est que longueur : ainsi l’on tâche de dire brièvement beaucoup de faits, au lieu de s’attacher à en réduire le nombre et à n’exprimer que les nécessaires. […] Souvent les antécédents et les conséquents sont ce que nous appelons causes et effets : dans la rigueur du langage scientifique, la véritable causalité échappe à notre prise ; nous ne pouvons que lier des phénomènes par un rapport de succession constante et nécessaire. […] Nos tragédies classiques — je parle des chefs-d’œuvre — ne présentent guère que des séries de causes et d’effets, qui sont à leur tour des causes, qui enfin aboutissent à un acte nécessaire, par où le drame est conclu.
On se flattoit qu'en se formant sur les vrais modeles, son goût acquerroit les qualités nécessaires à un bon Ecrivain ; que son imagination renonceroit aux idées gigantesques ; qu'il perdroit l'habitude de peser sur les mots ; qu'il mettroit plus de liaison dans ses phrases, moins d'appareil dans ses réflexions, plus de nombre, d'aisance & de naturel dans son style ; qu'il se déferoit enfin d'un ton de prétention & de pédantisme, qui sentoit trop le nouveau venu de l'Université *. […] Personne n'ignore qu'il est nécessaire de plaire, afin de persuader ; mais cet Ecrivain ne semble vouloir persuader que pour avoir lieu de plaire. […] Comment anéantir des formes qui ne sont point notre ouvrage & qui sont le résultat nécessaire de mille combinaisons faites sans nous ?
On sent bien qu’un tel caractère est peu favorable aux éloges ; mais les panégyristes poursuivent encore plus les rois, que souvent les rois ne sont empressés à les fuir ; il paraît même que Louis XIII en fut importuné ; peut-être même que son esprit naturel lui fit haïr de bonne heure un genre d’éloquence qui, le plus souvent, n’a rien de vrai, et qui au moins est vide d’idées ; peut-être aussi qu’un homme calme et sans passions doit mieux sentir le ridicule de ce qui est exagéré ; et c’est le vice nécessaire de tout ce qui est harangue ; peut-être enfin que tant d’éloges sur de grands événements auxquels il avait peu de part, lui rappelaient un peu trop sa faiblesse et une gloire étrangère. […] Lorsque dans une monarchie il s’élève un sujet qui, par les circonstances ou ses talents, obtient un grand pouvoir, aussitôt les hommages et les regards se tournent de ce côté ; tout ce qui est faible est porté, par sa faiblesse même, à admirer ce qui est puissant ; mais si ce sujet qui commande, a une grandeur altière qui en impose, si par son caractère il entraîne tout, s’il se sent nécessaire à son maître en le servant, si à cette grandeur empruntée qu’il avait d’abord, il en substitue une autre presque indépendante, et qui, par la force de son génie, lui soit personnelle ; si, de plus, il a des succès, et que la fortune paraisse lui obéir comme les hommes, alors la louange n’a plus de bornes. […] Ils avouent que l’abaissement des grands était nécessaire ; mais ceux qui ont réfléchi sur l’économie politique des États, demandent si appeler tous les grands propriétaires à la cour, ce n’était pas, en se rendant très utile pour le moment, nuire par la suite à la nation et aux vrais intérêts du prince ; si ce n’était pas préparer de loin le relâchement des mœurs, les besoins du luxe, la détérioration des terres, la diminution des richesses du sol, le mépris des provinces, l’accroissement des capitales ; si ce n’était pas forcer la noblesse à dépendre de la faveur, au lieu de dépendre du devoir ; s’il n’y aurait pas eu plus de grandeur comme de vraie politique à laisser les nobles dans leurs terres, et à les contenir, à déployer sur eux une autorité qui les accoutumât à être sujets, sans les forcer à être courtisans.
Ce sont des instruments nécessaires à celui qui construit l’édifice, inutiles à celui qui l’habite. […] S’il eut de grands défauts, il eut aussi de très grandes vertus, et la France a eu peu de rois qui eussent eu plus de talents et de qualités nécessaires pour bien gouverner. » Et après une comparaison suivie de Louis XI avec Louis XIII, puis avec Louis XII, il termine de la sorte : Si présentement quelqu’un, dépouillé de toute prévention et pesant tout au poids du sanctuaire, voulait faire le parallèle de ces deux rois, il trouverait qu’après avoir épargné Louis XII sur tout ce qu’il a fait jusqu’à ce qu’il soit monté sur le trône, on n’en pourrait faire que ce qui s’appelle un bonhomme, et que Louis XI, malgré tous les défauts qu’on peut lui reprocher, a été un grand roi. […] Il avoue tout d’abord les obligations qu’il a à Saint-Simon : Aussitôt que le roi m’eut nommé historiographe, mon premier soin fut de rassembler les pièces qui m’étaient nécessaires. […] Il reconnaît n’avoir point eu les éléments ni les informations nécessaires pour écrire une telle histoire : celle qu’on doit chercher dans son livre n’est donc que « l’histoire des hommes et des mœurs ». […] [NdA] « La levée des milices dépeuplait les campagnes des sujets les plus nécessaires.
Tant de richesse riante n’est pas nécessaire pour que l’esprit poétique dont je parle, et qui s’est refoulé, se refasse son emploi. […] Ampère a rappelé la Chine à propos d’Ausone et de ses périphrases : « Il existe entre les lettrés, a-t-il dit, surtout quand ils écrivent en vers, une langue convenue comme celle des précieuses, et dans laquelle rien ne s’appelle par son nom. » Le Père Garasse sent si bien qu’il est sujet à cette espèce de chinoiserie de style, qu’en tête de sa Somme thèologique, voulant être grave, il avertit qu’il tâchera d’écrire nettement et sans déguisement de métaphores ; ce qui n’est pas chose aisée, ajoute-t-il, « car il en est des métaphores comme des femmes, c’est un mal nécessaire. » Le Père Lemoyne de la Dévotion aisée n’est pas moins ridicule (et dans le même sens) que le plus mauvais des rimeurs allégoriques du ive siècle. […] Pour apprécier toute l’originalité de Racine, il est besoin de remonter à Euripide ; pour embrasser celle de Port-Royal, il n’est pas nécessaire de sortir de la Gaule ; on a l’île de Lérins. […] On pourrait aller plus loin que les accidents, et dire : Si une certaine folie n’est pas étrangère à l’homme, même à l’homme pris en masse, en vain on tirerait argument, pour la vérité nécessaire d’une idée, de son triomphe en de certains siècles. […] Suspect de jansénisme à bon droit, comme auteur du Nécrologe de Port-Royal (1723), dom Rivet ne put obtenir une place dans la communauté de Saint-Germain-des-Prés dont la bibliothèque lui eût été si nécessaire ; c’est au fond de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans qu’il se mit à l’œuvre sans jamais s’interrompre.
Un tribunal croit opportun que la France continue à commettre chaque année cent vingt mille crimes et délits à procès, ce nombre étant nécessaire pour alimenter les cours criminelles. C’est ainsi qu’en industrie civilisée, tout individu est en guerre intentionnelle avec la masse ; effet nécessaire de l’industrie antisociétaire ou monde à rebours. […] La morale professionnelle résout le problème suivant posé par Nietzsche : « J’essaie une justification économique de la vertu. — Le problème, c’est de rendre l’homme aussi utilisable que possible et de le rapprocher, autant que faire se peut, de la machine infaillible : pour cela, il faut l’armer des vertus de la machine ; il faut qu’il apprenne à considérer les conditions où il travaille d’une façon machinale et utile comme les plus précieuses : pour cela il est nécessaire qu’on le dégoûte, autant que possible, des autres conditions, qu’elles lui soient présentées comme dangereuses et décriées. — Ici la pierre d’achoppement est l’ennui, l’uniformité qu’apporte avec elle toute activité mécanique. […] Mais ces valeurs se sont, depuis l’époque de la Renaissance, médiatisées à l’excès : elles sont recherchées aujourd’hui non plus comme éléments nécessaires d’une culture harmonique destinée à augmenter la puissance totale de l’être humain, mais comme si elles étaient un bien en soi. […] « Ce qui caractérise la culture d’une époque comme la Renaissance, c’est qu’elle est nécessaire dans toutes ses parties, c’est qu’elle forme comme un tout organique dont les divers éléments constitutifs sont autant de parties intégrantes et indispensables.
Peu de jours après, la reine répondit elle-même à M. de La Mark : Je n’ai jamais douté de vos sentiments, et, quand j’ai su que vous étiez lié avec Mirabeau, j’ai bien pensé que c’était dans de bonnes intentions ; mais vous ne pourrez jamais rien sur lui ; et quant à ce que vous jugez nécessaire de la part des ministres du roi, je ne suis pas de votre avis. […] Il faut entendre cet incomparable appel : Ici ce qui me reste à vous dire, écrivait Mirabeau à La Fayette, le 1er juin 1790, deviendrait embarrassant si j’étais, comme tant d’autres, gonflé de respect humain, cette ivraie de toute vertu ; car ce que je pense et veux vous déclarer, c’est que je vaux mieux que tout cela, et que, borgne peut-être, mais borgne dans le royaume des aveugles, je vous suis plus nécessaire que tous vos Comités réunis. […] Je vous suis plus nécessaire que tous ces gens-là ; et, toutefois, si vous ne vous défiez pas de moi, au moins ne vous y confiez-vous pas du tout. […] Les premières sont surtout destinées à battre en brèche La Fayette que la reine certes n’aimait pas, mais qu’on croyait aux Tuileries l’homme nécessaire. Mirabeau montre que cet homme soi-disant nécessaire, en paralysant tout, perd tout, et qu’il laisse descendre petit à petit la monarchie et la société avec elle, jusqu’à une entière désorganisation.
Nous ne savions pas que chaque langue a des principes qui sont une suite nécessaire de ses premières formes et de sa constitution générale, qu’on ne peut changer sans la détruire. […] La pensée du sauvage est simple comme ses mœurs, et son expression simple est pure comme sa pensée : il n’y entre point d’alliage ; mais le peuple déjà corrompu par les vices nécessaires de la société, et qui faisant des efforts pour s’instruire et secouer la barbarie, n’a pas encore eu le temps de parvenir à ce point qu’on nomme le goût, où le peuple qui, par une pente non moins nécessaire, après l’avoir trouvé, s’en éloigne, ne veut pas seulement peindre ses sentiments et ses idées, veut encore étonner et surprendre : il joint toujours quelque chose d’étranger à la chose même. […] L’éloquence française, pour parvenir au point où elle s’est élevée sous le règne de Louis XIV, avait donc un intervalle immense à franchir ; mais il y a une marche lente et nécessaire des esprits, qui entraîne tout et amène insensiblement, chez un peuple policé, le développement et la perfection des arts. […] La société, après les guerres civiles, dut acquérir en France ce degré de perfection qui, est nécessaire pour les arts, et qui, portée à un certain point, les anime, mais qui au-delà peut les étouffer et les corrompre : heureusement elle n’était point encore parvenue à cet excès ; et de la perfection de la société et du goût, jointe à celle de la langue, devait naître peu à peu celle de l’éloquence.
Une étude constante, secours nécessaire aux dons les plus heureux de la Nature, fit éclore, étendit, fortifia ses talens ; & l’habitude de ne s’occuper que de grands objets, lui procura l’heureuse facilité de s’exprimer avec noblesse selon les différentes parties qu’il embrassoit. […] Quelque heureusement qu’on soit né, l’étude de soi-même, celle des hommes, l’attention à se former sur de bons modeles, sont absolument nécessaires pour se mettre en état de devenir un modele à son tour.
Elle serait chargée de baptiser les idées nouvelles ; elle trouverait les mots nécessaires dans le vieux français, dans les termes inusités, quoique purs, dans le système de la composition et dans celui de la dérivation. […] Il n’est pas nécessaire d’écrire ; mais si l’on écrit il faut que cela soit en une langue véridique et de bonne couleur.
Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion. […] Il est écrit avec plus de précision, que le grand ouvrage ; mais il y a moins d’érudition ; & l’on a omis plusieurs remarques, que les attaques continuelles des incrédules rendent nécessaires dans ce siécle.
Le désir d’avoir tout le temps nécessaire pour se bien habiller l’avait fait lever trop tôt. […] Muni de ses clefs, le bonhomme était venu pour mesurer les vivres nécessaires à la consommation de la journée. […] ” « Le bonhomme sauta sur le nécessaire comme un tigre fond sur un enfant endormi. […] …” « Le bonhomme voulut prendre son couteau pour faire sauter une plaque d’or, et fut obligé de poser le nécessaire sur une chaise. […] ” « Grandet tint son couteau sur le nécessaire, et regarda sa fille en hésitant.
Il a jeté dans la circulation tous les excellents lieux communs, où consiste la culture supérieure des esprits ; en les vulgarisant, il a mis le public en état de goûter les grandes œuvres dont elles seraient le nécessaire fondement. […] La Poétique de Scaliger est le chef-d’œuvre de ces codifications dogmatiques dont la principale erreur était de prendre les règles pour une méthode infaillible, pour les conditions nécessaires et suffisantes de la perfection littéraire. […] Elle consiste essentiellement dans une conception scientifique de l’ensemble des choses, constituant la raison juge souverain du vrai, et lui proposant pour tâche de représenter par l’enchaînement logique de ses idées la liaison nécessaire des vérités : elle fixe une méthode rationnelle pour parvenir à la certitude, écartant toute autre voie, autorité, tradition, révélation ; elle espère, elle annonce que par le procédé rationnel, toute vérité sera un jour saisie, et ne fixe aucune limite aux ambitions légitimes de la science. […] Le cartésianisme menace assurément le christianisme : par le développement nécessaire de son principe, il produira la philosophie du xviiie siècle, quoiqu’elle semble l’avoir rejeté ; mais elle a gardé en effet la foi exaltée en la raison, au progrès, la passion de la recherche scientifique, la rigueur de la méthode analytique.
Cette déformation était involontaire et nécessaire, imposée par l’acte même dont le romancier envisageait la vie distante, aperçue cependant, et haïe en ses seules cruautés. […] L’ivrognerie et le crime happent les affamés ; et Marmeladoff ayant, dans sa faiblesse, ruiné les siens et prostitué sa fille, a l’horrible et inconscient cynisme de parler, quand il implore la pitié d’étrangers, de la « propreté » qui est nécessaire à Sonia dans son métier : et c’est obsédé par la pauvreté, craignant pour sa sœur et l’âme blessée de l’amer orgueil des privations, que Raskolnikoff conçoit et résout un misérable crime. […] Tout le livre est ainsi le récit des déterminations nécessaires d’un assassin singulier, en présence de ses amis, d’un juge d’instruction, de sa famille, d’une sorte d’amante. […] Sans cesse il propose l’oubli des fautes, non comme un précepte commode de bonheur, mais comme une indulgence nécessaire entre frères également coupables et malheureux.
La grâce piquante, le goût exquis qui régnaient dans ses ouvrages, lui rendaient presque nécessaire d’avoir pour juge l’esprit aristocratique. […] » Le tribun des soldats romains, les conduisant à une mort certaine pour forcer un poste important, leur dit : « Il est nécessaire d’aller là, mais il n’est pas nécessaire d’en revenir.
Avec une très claire conscience du possible et du nécessaire en l’état présent des choses, Malherbe fit la liquidation générale du xvie siècle. […] L’usage aussi lui fournissait la règle du sens et du genre des substantifs, et de l’usage il tirait des lois universelles et nécessaires. […] Or, au temps même où il travaillait ses strophes éloquentes, un des plus négligents faiseurs de vers qu’il y ait eu, un des plus grossiers adeptes de la théorie du naturel facile, un barbouilleur qu’on ose à peine nommer un écrivain, et qui, dans les rares moments où les doctrines littéraires le préoccupaient, ne jurait que par Ronsard ; Alexandre Hardy, fournissait à l’esprit classique cette forme nécessaire que Malherbe ne savait pas découvrir, et fondait la tragédie.
Brunetière, ils ont ce caractère de généralité, nécessaire aux œuvres classiques. […] Les hommes sont sans scrupule mais sans une malhonnêteté outrée, sauf le nécessaire baron juif. […] L’amour de ce jeune homme pour cet enfant est désintéressé ; seulement c’est faute de l’argent nécessaire à l’enlèvement qu’il ne peut conduire sa vie comme il le voudrait.
Si le goût n’est pas arbitraire, il est donc fondé sur des principes incontestables, et ce qui en est une suite nécessaire, il ne doit point y avoir d’ouvrage de l’art dont on ne puisse juger en y appliquant ces principes. […] Il ne suffit pas à un philosophe d’avoir tous les sens qui composent le goût ; il est encore nécessaire que l’exercice de ces sens n’ait pas été trop concentré dans un seul objet. […] Ce second vers, dira-t-on, est nécessaire pour exprimer tout ce que sent le vieil Horace ; sans doute il doit préférer la mort de son fils au déshonneur de son nom ; mais il doit encore de plus souhaiter que la valeur de ce fils le fasse échapper au péril, et qu’animé par un beau désespoir, il se défende seul contre trois.
L’Église n’a nul besoin qu’on exagère son action à aucune période de l’histoire pour que cette action soit ce qu’elle a toujours été quand des passions ou des gouvernements hérétiques ne l’ont pas entravée, c’est-à-dire légitime, nécessaire, pacificatrice et grandiose. […] Pourquoi a-t-il oublié ce prodrome si nécessaire, indispensable à son histoire ? […] Son livre de la Paix et la Trêve de Dieu, quoique intéressant par les textes, n’est pas de nature à beaucoup changer l’opinion générale de notre temps sur le Moyen-Âge, qu’il serait pourtant si nécessaire, selon nous, et d’éclaircir et de fixer.
En face de cette doctrine, l’idéalisme représente le sujet pensant comme le principe même des lois universelles et des relations nécessaires que l’on croit découvrir dans les objets extérieurs : c’est la forme du miroir qui explique celle de l’image, et par cela même de l’objet représenté. […] Il n’a pas su montrer dans cette « volonté de vivre » qui, selon lui, fait le fond commun de tous les êtres, la vraie origine de nos idées universelles et nécessaires, des formes à la fois cérébrales et mentales à travers lesquelles nous apercevons toutes choses.
Toute l’explication qu’elles s’en permettent se réduit à les ramener à des lois, c’est-à-dire à des rapports généralisés et par là démontrés nécessaires. […] Commencer par la prière, l’amour, l’adoration, et finir par l’union, telle est la gradation nécessaire et légitime que suit l’âme religieuse. […] De là la conscience, phénomène inexplicable dans l’hypothèse de l’homme statue, mais qui devient simple et nécessaire dans la vraie notion du moi. […] Le savant n’a que deux méthodes à son service, l’observation spécifique ou générale, et l’expérimentation si nécessaire à l’induction. […] Ici une analyse psychologique est nécessaire.
Dupin a rappelé que, vers ce temps, succombait aussi un autre homme, grand par l’action, un de ces hommes nécessaires dont la présence seule irritait les factions parce qu’elles le connaissaient et le craignaient. […] Perier qu’il était question, tant les hommes nécessaires s’oublient vite de nos jours.
Même si l’idée est fine, subtile, le style sera fin et subtil, en restant simple : Marivaux même, en dépit de sa réputation, parle souvent avec simplicité, parce qu’il rend de la seule façon possible, par les termes les plus exacts et les plus nécessaires, des pensées infiniment délicates et complexes. […] Les mots propres à être ouïs de tous, et les phrases propres à ces mots, sont ridicules, lorsqu’on ne doit parler qu’aux yeux et pour ainsi dire à l’oreille de son lecteur. » On ne parle pas devant cent personnes comme devant une seule ; le choix de mots, la correction de phrases, qui sont nécessaires, quand on écrit, deviennent ridicules quand on cause ; et je ne sais pas de gens plus fastidieux que ceux qui, dans la conversation, parlent comme un livre.
D’autant que le régime social, par l’indépendance, par le droit souverain qu’il reconnaît à l’individu, exalte les énergies, et rend plus nécessaire l’action d’un irrésistible frein. […] Il était nécessaire de le dire, car la littérature ici ne reflète pas tout le génie national : si le Parthénon et une tragédie de Sophocle, un discours de Bourdaloue et les jardins de Versailles sont des manifestations étroitement apparentées du même génie, rien dans les formes littéraires du moyen âge français n’évoque l’idée de la conception esthétique qui fit surgir les grands monuments de l’art roman ou gothique.
Ces figures du langage, ces créations de la poésie, ne sont point, comme on l’a cru, l’ingénieuse invention des écrivains, mais des formes nécessaires dont toutes les nations se sont servies à leur premier âge, pour exprimer leurs pensées. […] Ces religions furent cependant nécessaires.
Si le prédicateur ne dit pas en quoi consiste le superflu, à quel point on a plus que le nécessaire, chacun étendra ou resserrera le sens du mot selon son intérêt et son égoïsme ; les pauvres prétendront à tout, et les riches ne donneront rien. Il faut donc que Bourdaloue détermine exactement son objet ; il ne manque pas de le faire, et voici comme il s’y prend : N’entrons point, je le veux, chrétiens, dans la discussion de vos états ; supposons-les tels que vous les imaginez, tels que votre présomption vous les fait envisager ; voyons seulement ce qu’il y a dans ces états ou de nécessaire pour vous ou de superflu. […] On ne doit en user que lorsque l’effet que l’on cherche en est la conséquence immédiate et nécessaire : sinon, c’est de la vaine rhétorique.
Quand l’idée qu’on vient de dérouler apparut à l’auteur, il songea sur-le-champ que cette double intervention était nécessaire à la moralité de l’œuvre. […] Il se dit d’un autre côté que, s’il était nécessaire qu’on vît la servitude se traîner sous les pieds des burgraves, il était nécessaire aussi qu’on vît la souveraineté éclater au-dessus d’eux ; il se dit qu’il fallait qu’au milieu de ces princes bandits un empereur apparût ; que dans une œuvre de ce genre, si le poète avait le droit, pour peindre l’époque, d’emprunter à l’histoire ce qu’elle enseigne, il avait également le droit d’employer, pour faire mouvoir ses personnages, ce que la légende autorise ; qu’il serait beau peut-être de réveiller pour un moment et de faire sortir des profondeurs mystérieuses où il est enseveli le glorieux messie militaire que l’Allemagne attend encore, le dormeur impérial de Kaiserslautern, et de jeter, terrible et foudroyant, au milieu des géants du Rhin, le Jupiter du douzième siècle, Frédéric Barberousse.
Nous devons ignorer ce qui, dans les affaires humaines, est laissé aux combinaisons contingentes et systématiques de notre intelligence, au déploiement de nos facultés ; mais ce que nous savons fort bien, c’est qu’il y a des lois nécessaires, éternelles, immuables, des bornes immobiles que nulle puissance ne peut déplacer. […] Mais cela est devenu nécessaire, parce que le marteau des hommes s’est uni au marteau du temps. […] Il était, sans doute, convenable et nécessaire que les sages intervinssent dans l’examen des questions nouvelles ; mais il eût été désirable qu’eux seuls y fussent intervenus.
Une intelligence juste, vive et fine, un cœur ouvert, large et bienveillant sont les deux conditions nécessaires à un peuple ou à un homme pour avoir ce qu’on appelle de l’esprit. […] » — « Oui », répondis-je, « dans les sociétés d’hommes un exécuteur est nécessaire à la justice ; il faut un bourreau, peut-être, quoique je n’en sois pas parfaitement convaincu, mais il ne faut pas être le bourreau. » Le satiriste sanglant est le bourreau des renommées ; il jette au charnier les noms dépecés de ses ennemis littéraires ou de ses ennemis politiques. […] L’esprit suffit pour faire un proverbe ; l’imagination et l’enthousiasme sont nécessaires pour écrire un vers de sentiment. […] Il y en a peu de plus parfaits dans la langue, en admettant que le vers et le sens soient deux choses séparées, et que la beauté sérieuse de la pensée ou du sentiment ne soit pas nécessaire à la beauté de la poésie. […] Ce n’est certes pas la première des qualités de l’esprit ; mais, si elle n’est pas la plus éminente, elle est toutefois la plus nécessaire ; ou, pour mieux dire, là où cette qualité manque, il n’y en a plus d’autre qui serve.
Renan sa méthode, et, sans louer ni blâmer, sans exprimer de préférence, sans prétendre conclure (me souvenant que la marque d’un esprit fin est peut-être « de ne pas conclure »), j’établis ainsi la famille d’esprits dont il est et à laquelle il appartient, en regard de celle qu’il repousse, dont il se sépare, ou qu’il ne rejoint que pour lui apporter un complément et un correctif bien nécessaire. […] Considérez notre littérature depuis le Moyen-Age, rappelez-vous l’esprit et la licence des fabliaux, l’audace satirique et cynique du Roman de Renart, du Roman de la Rose dans sa seconde partie, la poésie si mêlée de cet enfant des ruisseaux de Paris, Villon, la farce friponne de Patelin, les gausseries de Louis XI, les saletés splendides de Rabelais, les aveux effrontément naïfs de Régnier ; écoutez dans le déshabillé Henri IV, ce roi si français (et vous aurez bientôt un Journal de médecin domestique, qui vous le rendra tout entier, ce diable à quatre, dans son libertinage habituel) ; lisez La Fontaine dans une moitié de son œuvre ; à tout cela je dis qu’il a fallu pour pendant et contrepoids, pour former au complet la langue, le génie et la littérature que nous savons, l’héroïsme trop tôt perdu de certains grands poëmes chevaleresques, Villehardouin, le premier historien épique, la veine et l’orgueil du sang français qui court et se transmet en vaillants récits de Roland à Du Guesclin, la grandeur de cœur qui a inspiré le Combat des Trente ; il a fallu bien plus tard que Malherbe contrebalançât par la noblesse et la fierté de ses odes sa propre gaudriole à lui-même et le grivois de ses propos journaliers, que Corneille nous apprît la magnanimité romaine et l’emphase espagnole et les naturalisât dans son siècle, que Bossuet nous donnât dans son œuvre épiscopale majestueuse, et pourtant si française, la contrepartie de La Fontaine ; et si nous descendons le fleuve au siècle suivant, le même parallélisme, le même antagonisme nécessaire s’y dessine dans toute la longueur de son cours : nous opposons, nous avons besoin d’opposer à Chaulieu Montesquieu, à Piron Buffon, à Voltaire Jean-Jacques ; si nous osions fouiller jusque dans la Terreur, nous aurions en face de Camille Desmoulins, qui badine et gambade jusque sous la lanterne et sous le couteau, Saint-Just, lui, qui ne rit jamais ; nous avons contre Béranger Lamartine et Royer-Collard, deux contre un ; et croyez que ce n’est pas trop, à tout instant, de tous ces contrepoids pour corriger en France et pour tempérer l’esprit gaulois dont tout le monde est si aisément complice ; sans quoi nous verserions, nous abonderions dans un seul sens, nous nous abandonnerions à cœur-joie, nous nous gaudirions ; nous serions, selon les temps et les moments, selon les degrés et les qualités des esprits (car il y a des degrés), nous serions tour à tour — et ne l’avons-nous pas été en effet ? […] Un critique pur est entièrement à la merci de son examen, du moment qu’il y a apporté toutes les conditions d’exactitude et toutes les précautions nécessaires ; il trouve ce qu’il trouve, et il le dit tout net : le chimiste nous montre le résultat de son expérience, il n’y peut rien changer : Letronne, dans sesleçons, appliquait son esprit d’analyse à une question archéologique, biblique quand il avait bien prouvé l’impossibilité de telle ou telle solution qu’il combattait, quand il avait mis l’opinion de son adversaire en pièces et en morceaux, — en tout petits morceaux comme avec un canif, — il n’en demandait pas davantage, il se frottait les mains d’aise et il s’en allait content. […] Renan ne voit pas de contradiction nécessaire dans ces deux faits, et il nous l’explique ; il nous indique une voie moyenne.
Émerigon, s’attacha à bien marquer qu’il ne s’en tenait qu’à la forme et au strict nécessaire, et qu’il ne les défendait nullement au fond. […] La Chambre de 1815, élue sans qu’il y eût encore de loi d’élection organique et applicable, l’avait été en vertu d’une Ordonnance royale où l’on avait assez bien combiné quelques nouvelles précautions, jugées nécessaires, avec des débris et des cadres restants de législation précédente. […] Osant blâmer M. de Richelieu d’avoir accédé, de guerre lasse et le cœur navré, à ce traité nécessaire et imposé qui diminua la France et qui en rogna la carte, bien moins pourtant qu’on ne l’avait craint, il disait d’un air capable : « Au reste, il y avait une autre carte plus respectable que celle dont on a parlé : elle était tracée dans le cœur de tous les Français attachés à leur roi. » Il répétait sans cesse, en se flattant d’avoir une recette royaliste de son invention : « On peut étouffer la faction, sans arracher un cheveu de la tête d’un seul factieux. » C’était le même qui, autrefois préfet à Metz sous l’Empire, un jour de cérémonie et de fête impériale, avait dit à sa fille en présence d’un buste de Napoléon : « Fille d’un guerrier, couronnez le buste d’un héros ! […] Je n’appelle pas mûrir ce qui arriva aux Corbière et aux Villèle, aux avisés et aux habiles, qui ne venant d’abord qu’au second rang et comme dans l’intervalle des forcenés, ne se dessinant que peu à peu, surent bientôt se rendre nécessaires.
Une chose les inquiétait beaucoup plus, c’est la connaissance qu’ils avaient de la défiance et de la profonde dissimulation de ce prince : on ne sait si elles lui étaient naturelles ou si elles lui avaient été de bonne heure inspirées parle cardinal, mais il en était venu à regarder la dissimulation comme une qualité qui lui était absolument nécessaire, et c’est à dissimuler que se bornait pour lui l’art de gouverner. » Ce lieutenant des chasses qui avait en lui, à Versailles, du Tacite et du Suétone, n’a pas fini, et il continue d’analyser son maître sur ce ton, intus et in cute. […] Lorsque Marie Leckzinska arriva en France, l’ancien évêque Fleury, qui eut une si triste influence sur son élève et qui, à l’inverse des bons précepteurs, ne travailla qu’à se rendre toujours nécessaire et indispensable, n’était pas encore cardinal ; mais il s’acheminait tout doucement à l’être, ainsi que premier ministre de fait. […] Cela était nécessaire pour vaincre la timidité d’un prince encore novice, que la moindre réserve eût effarouché. […] Ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à établir une familiarité complète entre un prince excessivement timide et une femme à laquelle sa naissance du moins imposait quelques bienséances… Tout le monde sait quelles suites elle eut, quel empire le goût pour les femmes exerça sur Louis XV ; combien la variété lui devint nécessaire, et combien peu la délicatesse et toutes les jouissances des âmes sensibles entrèrent dans ses amusements multipliés. » Ce qu’on vient de lire est exact, presque à la lettre ; cette reine, dont la destinée de loin paraît celle d’une femme délaissée, donna en effet au roi, avant l’éclat des désordres, jusqu’à dix enfants : deux garçons seulement, dont un seul vécut ; tout le reste n’était que des filles, et Louis XV avait fini par ne plus compter sur autre chose avec la reine : il semblait voir dans cette monotonie l’image de leurs froides amours.
Les moyens par lesquels on acquiert la popularité, occupent entièrement le temps, et n’ont presque point de rapport avec les travaux nécessaires à l’accroissement des lumières. […] Le gouvernement aristocratique offrant une carrière plus lente et plus mesurée, fixe davantage l’intérêt sur tous les genres d’avenir : les lumières philosophiques sont nécessaires à la considération dans un corps d’hommes choisis, tandis qu’il suffit des ressources de l’imagination pour émouvoir la multitude rassemblée. […] D’ailleurs, plus il existe de convenances à ménager, plus la pénétration de l’esprit est nécessaire. […] La verve injurieuse de Démosthène, l’éloquence imposante de Cicéron, les moyens que Démosthène emploie pour agiter les passions dont il a besoin, les raisonnements dont Cicéron se sert pour repousser celles qu’il veut combattre, ses longs développements, les rapides mouvements de l’orateur grec, la multitude d’arguments que Cicéron croit nécessaires, les coups répétés que Démosthène veut porter, tout a rapport au gouvernement et au caractère des deux peuples.
Imitez-moi, mon ami ; vous m’avez vu dans les mêmes sollicitudes que vous ; mais, en y songeant bien, j’ai substitué le droit au fait, et je me suis convaincu que les événements actuels tiennent comme effets nécessaires à des causes nécessaires, et que, s’ils ont lieu, c’est qu’ils devaient arriver comme cela et non autrement. […] Mais la concision n’exclut pas les liens communs de la parole ; et, faute de ces liens nécessaires la phrase de Pinel, sèche et maigre, a quelquefois un mouvement heurté qui la rend fatigante. […] Or, cette perruque ici paraîtrait d’autant plus nécessaire, que le médecin est plus jeune et aurait plus besoin de ce qui impose auprès des malades.
À toutes les qualités qui sont nécessaires à l’orateur, Droz demande que son caractère unisse encore la sensibilité : « Beaucoup de force d’âme au premier coup d’œil, dit-il, paraît l’exclure : mais l’élévation est le point qui les unit. » L’élévation d’âme n’est pas tout encore, si l’orateur n’y joint réellement la vertu ; Droz y insiste, et non point par des lieux communs de morale, mais par des observations pratiques incontestables : « Croyez qu’il n’est chez aucun peuple assez d’immoralité, dit-il, pour que la réputation de celui qui parle soit indifférente à ceux qui l’écoutent. » Lorsque plus tard, historien de la Révolution, il aura à parler de Mirabeau, dont il appréciait si bien la grandeur, combien il aura occasion de vérifier ce côté d’autorité morale si nécessaire, par où il a manqué ! […] Pour moi, il me semble qu’il est bon, utile et nécessaire à l’équilibre du monde qu’en regard du groupe de ceux qui sont amers, misanthropes et trop aisément violents, il y ait la famille de ceux qu’une indulgence inaltérable inspire. […] Droz s’accuse plus fermement ici qu’elle n’avait accoutumé de faire jusqu’alors ; elle atteint parfois à l’énergie : « On croyait, dit-il de Mme de Pompadour, que cette femme, en perdant ses charmes, perdrait aussi la puissance ; mais Mme de Pompadour vieillie était encore nécessaire à Louis XV : elle le dispensait de régner. » Le chancelier Maupeou est peint dans un portrait vigoureux et spirituel.
Loin de puiser au fond d’eux-mêmes les forces nécessaires pour résister à l’anéantissement, et de ne chercher que dans la virilité purement humaine le remède nécessaire aux désastres, ils s’en remirent à la pitié infinie de leur Dieu et firent un vœu. […] Jules Simon : « La loi que je sollicite aurait donc ce double objet : « 1° D’approuver la proposition faite par l’archevêque de Paris d’ériger sur la colline de Montmartre en un point déterminé après une enquête, un temple destiné à appeler sur la France la protection et la bonté divines ; « 2° D’autoriser l’archevêque à acquérir, tant en son nom qu’au nom de ses successeurs, les « terrains nécessaires, à l’amiable et, s’il y a lieu, par voie d’expropriation, après déclaration d’utilité publique, à la charge par lui de payer le prix d’acquisition des terrains et les frais de construction de l’édifice, avec les ressources mises ou à mettre à sa disposition par la piété des fidèles. » Il est inutile, je pense, de faire remarquer la profonde habileté et la prudence d’expression de cette requête, qui cache, sous son apparente modestie, le piège où allait se prendre l’Assemblée nationale. […] « Art. 3. — L’archevêque de Paris, tant en son nom qu’au nom de ses successeurs, est substitué aux droits et obligations de l’administration, conformément à l’article 83 de la loi du 3 mai 1841, et autorisé à acquérir le terrain nécessaire à la construction de l’église et à ses dépendances, soit à l’amiable, soit, s’il y a lieu, par la voix de l’expropriation.
La présence de l’air et l’élévation du mercure ; la présence de la chaleur et la dilatation de la barre ; la présence du fer entouré d’air humide et la naissance de la rouille : dans tous ces cas, le premier fait étant donné, le second devient nécessaire, ce qu’on exprime en disant que le premier a la force de produire le second. […] Votre phrase signifie pour moi que le peuple romain conquit le bassin de la Méditerranée avec quelques contrées du nord-ouest, et que cela était nécessaire. Cela était nécessaire, parce qu’il eut, sept siècles durant, de très-bonnes armées et de très-bons politiques, et que ses adversaires furent moins braves, ou moins disciplinés, ou moins habiles que lui. […] Ayant considéré la vie d’un homme, d’un peuple, d’un animal, j’ai trouvé que le mot destinée me venait aux lèvres, lorsque je saisissais les faits principaux qui composent la vie de chacun d’eux, et que je les jugeais nécessaires.
En cela, comme en beaucoup d’autres choses, on en est resté longtemps au superflu avant de s’aviser du nécessaire. L’orthographe, c’est le nécessaire pour quiconque écrit.
Dans les ordres imprimés de la Correspondance impériale, on n’en voit aucun qui prescrive à Ney de marcher sur Berlin ; et il est dit seulement que le maréchal devait toujours se tenir dans une position intermédiaire, à portée de faire ce mouvement et cette pointe si elle était nécessaire, ou de se rabattre du côté de Bautzen, en cas d’affaire, pour tourner l’ennemi. […] Mais le grief principal qu’on alléguait, c’était le retard dans l’envoi des états de situation qu’on dressait tous les quinze jours, et qu’il avait cru pouvoir différer, parce qu’il n’avait pas reçu à temps de la division Souham, toute composée de régiments provisoires, les états nécessaires pour rédiger le sien. […] Sur le rapport qu’il en revint faire aussitôt à l’empereur Alexandre : « Vous êtes trop vif, lui dit le monarque ; on ne prend pas les mouches avec du vinaigre : il faudra tâcher de raccommoder cela. » Rien ne se raccommoda pourtant, et l’on sut que le premier mot de Languenau à Radetzky avait été : « Il faut enterrer ce Jomini ; sinon, on lui attribuera tout ce que nous ferons de bien. » — Le mauvais vouloir de ce côté et les tracasseries à son égard furent sans trêve et se produisirent dans les moindres détails de service et de la plus mesquine manière : pour son logement, pour l’ordonnance de cavalerie qui lui était nécessaire et qu’on ne lui donnait pas, etc. […] Jomini, dans l’après-midi du 28 (août), ayant jugé nécessaire de faire quelque mouvement de troupes et en ayant parlé à l’empereur Alexandre qui l’approuva, fut chargé d’en porter l’avis au prince généralissime. […] Le comte de Senfft, qui avait quitté le service de Saxe, et qui s’était retiré depuis quelques mois à Lausanne, ayant passé au service de l’Autriche, conseilla la violation du territoire fédéral, pour peu qu’elle fût nécessaire, répondant de la docilité des cantons.
Sarcey part de ces deux principes incontestables : 1° Le théâtre est un genre particulier, soumis à certaines règles nécessaires qui dérivent de sa nature même ; 2° Les pièces de théâtre sont faites pour être jouées, et non pas devant une poignée de délicats, mais devant de nombreuses assemblées d’hommes et de femmes. […] Je n’ai fait que constater par des expériences sans nombre à quelles conditions naturelles et nécessaires est soumise l’œuvre dramatique et ce qu’elle doit être pour plaire au public, car c’est là, comme dit l’autre, la grande règle des règles. […] Non, vraiment, il montre trop de considération, quand il s’y met, pour des habiletés qu’il ne faut point mépriser (car elles sont nécessaires, et, en outre, ne les a pas qui veut), mais dont on peut trouver que, toutes seules, elles sont un pauvre régal. […] » Il y a très réellement une petite minorité d’honnêtes gens aux yeux de qui quelques-unes des conventions proclamées nécessaires par M. […] Inférieur ou non, c’est un art particulier et très puissant dont on peut déterminer les moyens et la forme nécessaire ; et c’est ce que j’ai fait.
Une crédulité désordonnée, une badauderie ingénue, fut le fruit nécessaire de tant de malice. […] Car ce sont là ses fruits nécessaires. […] La sensibilité doit-elle être laissée à l’état de végétation spontanée, ou réaliser une hiérarchie d’affections calculée sur l’ordre nécessaire de la vie ? […] Cette transposition, qui était en même temps une prolification, était nécessaire précisément pour vulgariser le romantisme. […] La divinisation du moi avait pour conséquence nécessaire de décharger l’art de ces préparations profondes, de ces lentes méditations, de ce choix sévère.
Il est important de bien placer cette limite, de sorte qu’on montre tout ce qui est nécessaire, et qu’on fasse imaginer ce qu’on ne montre pas. […] Il est nécessaire aussi que le discours ait de l’enchaînement et de la cohésion.
Il y a donc toujours lieu de supposer la primitivité de la plupart de nos coutumes et de nos pratiques fondamentales, car ce qui est nécessaire à l’homme d’aujourd’hui n’a pas été moins nécessaire à l’homme du plus lointain autrefois. […] Déjà les excitants lui sont nécessaires, et ces excitants nécessaires lui sont en même temps dangereux. […] Il a constaté des faits, il n’a pas montré pour quelle cause ces faits sont absolument nécessaires. […] Nous suivons la routine, tant que le changement ne nous apparaît pas comme nécessaire. […] Il est nécessaire, au grand jeu de la vie, d’avoir confiance en soi-même.
Cependant cette liaison n’est pas absolument nécessaire. […] La nouveauté est un élément nécessaire de l’idée géniale, mais ce n’est pas le seul. […] Une chose qui évolue semble marcher d’elle-même, par une force interne et nécessaire, dans un chemin tracé d’avance. […] Il y a une défaillance que rien ne rendait nécessaire. […] Ce mélange est nécessaire.
Les mensonges sont continuellement nécessaires, même pour arriver au trompe-l’œil. […] La sculpture a plusieurs inconvénients qui sont la conséquence nécessaire de ses moyens. […] N’est-il pas l’habit nécessaire de notre époque, souffrante et portant jusque sur ses épaules noires et maigres le symbole d’un deuil perpétuel ? […] Le nu, cette chose si chère aux artistes, cet élément nécessaire de succès, est aussi fréquent et aussi nécessaire que dans la vie ancienne : — au lit, au bain, à l’amphithéâtre. […] N’est-ce pas une chose nécessaire à toute comédie qui veut être gaie, et n’est-ce pas là un personnage passé à l’état de marquis ?