» Le Brun, dans ces divers petits écrits, en revenait toujours à justifier et à venger son ode des critiques injustes ; mais il y marquait un ressentiment outré, et il s’attira de Voltaire lui-même, si bon juge dès qu’il s’agissait d’un autre, cette leçon de tactique et de goût : Il y a des choses bien bonnes et bien vraies dans les trois brochures que j’ai reçues. […] Revenu à lui-même, il affectait toute la vivacité du repentir le plus sincère. […] On se serait cru revenu aux beaux jours de la petite guerre d’épigrammes entre Scarron et Gilles Boileau, et c’était le temps d’Austerlitz !
Et il revient plusieurs fois sur cette idée, que Louis XIV n’avait qu’un esprit au-dessous du médiocre, mais qu’il était très capable d’acquérir et de se former, de s’approprier ce qu’il voyait faire aux autres. […] Ce discours nous livre à nu Louis XIV jeune, dans son premier appareil d’ambition : « Il me semble, dit-il, qu’on m’ôte de ma gloire quand on en peut avoir sans moi. » Ce mot de gloire revient à chaque instant dans sa bouche, et il finit lui-même par s’en apercevoir : « Mais il me siérait mal de parler plus longtemps de ma gloire devant ceux qui en sont témoins. » Dans cette exaltation et ce commencement d’apothéose où on le surprend, on le trouve pourtant meilleur et valant mieux que plus tard : il a quelques mots de sympathie pour les amis, pour les serviteurs qui s’exposent et se dévouent sous ses yeux : « Il n’y a point de roi, dit-il, pour peu qu’il ait le cœur bien fait, qui voie tant de braves gens faire litière de leur vie pour son service, et qui puisse demeurer les bras croisés. » C’est pourquoi il s’est décidé à sortir de la tranchée et à rester exposé au feu à découvert : dans une occasion surtout, dit-il, « où toutes les apparences sont que l’on verra quelque belle action, et où ma présence fait tout, j’ai cru que je devais faire voir en plein jour quelque chose de plus qu’une vaillance enterrée ». […] [NdA] En réimprimant cette étude, le mot de La Bruyère m’est souvent revenu à la mémoire : « Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain. » l.
À peine marié et tout étonné de s’être lié, il part seul un matin, s’en va en Normandie, voit dans je ne sais quel port un vaisseau qui fait voile pour le Portugal, est tenté de s’y embarquer, et s’en revient après cette première infidélité. […] Il ne paraît point d’abord sous le charme ni des lieux, ni des gens ; les souvenirs d’enfance lui reviennent et lui font plaisir, mais le rêve passe vite et le positif l’occupe. […] Courier, en vieillissant, et par disette de sujets, serait sans doute revenu à de pures applications d’art ; il nourrissait un grand projet sur Hérodote, et il en a donné un essai de traduction très remarqué.
La philosophie de Grimm est triste, elle est aride : il est sceptique, et, les jours où il l’est pour son propre compte, il l’est sans sourire : nous y reviendrons. […] Necker avait apportées dans la Ferme générale avaient réduit considérablement son revenu. […] Ces tristes idées qu’il avait de tout temps nourries, et où il faisait bon marché de la majorité de l’espèce, durent lui revenir plus habituelles et plus présentes dans les années de sa chagrine vieillesse, après qu’il eut perdu tous ses amis, et quand le monde, bouleversé en apparence, se renouvelait autour de lui d’une façon si étrange.
Tourguénef est revenu trois fois sur ce point morbide de notre organisation morale. […] Dans cette invasion d’idées adventices, il a perdu la condition première de toute vie sociale, l’aptitude à se tenir dans les rangs de ses compatriotes, l’instinct par lequel chaque individu se concerte avec d’autres pour un avantage dont une part lui reviendra. […] Il revient de cette tentative, l’âme meurtrie, et raffermi dans ses doutes de soi.
L’auteur de l’Allemagne reviendra-t-il à la vérité de sa nature naïve et profonde, à cette inspiration primitive et pure qu’il a travestie avec puissance, mais enfin qu’il a travestie ? […] ce fut dans un temps de démence générale que je revins à la raison. […] Nous voulons croire que comme cet autre glorieux grabataire, ce Milton de l’Histoire, qui a dit : « Dieu doit me regarder avec plus de tendresse et de pitié, parce que je ne puis voir que lui », Heine, le grand et charmant poète, reviendra à la source de cette lumière qui passe si bien, pour inonder une âme, à travers de pauvres yeux fermés.
A plusieurs reprises, mon nom blâmé, loué, revient sous sa plume, et j’écoute nos accords et nos désaccords avec la plus grande attention, car la guerre ne laisse rien en nous que nous refusions de reviser. […] A voir les avions se chercher, foncer l’un sur l’autre, se mitrailler, reprendre le large, revenir à la charge jusqu’à ce que l’un des deux s’enfuie ou tombe, je retrouve tout pur le plaisir passionnant des courses de taureaux : émotion pareille, l’arène est en haut. » Tout cela se résume dans cette profession de foi : Au risque de vous paraître fou, je déclare en mon âme et conscience que j’aime être ici ; j’aime la tranchée de première ligne, comme un « pensoir » incomparable ; on y est ramassé sur soi-même, toutes ses forces rassemblées ; on y jouit d’une entière plénitude de vie. […] Nous sommes aujourd’hui revenus en arrière pour longtemps de la ligne de feu où nous sommes depuis le 26 août, surtout depuis le 2 septembre.
Faut-il répondre par une démonstration en règle à une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurés de sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées de l’Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ? […] Cette singulière maxime me revient sans cesse à l’esprit depuis que j’ai conçu le projet de cet article, et j’ai voulu m’en débarrasser tout d’abord. […] Et pour en revenir à mes primitives définitions et m’exprimer plus clairement, je dis que quand Hoffmann engendre le comique absolu, il est bien vrai qu’il le sait ; mais il sait aussi que l’essence de ce comique est de paraître s’ignorer lui-même et de développer chez le spectateur, ou plutôt chez le lecteur, la joie de sa propre supériorité et la joie de la supériorité de l’homme sur la nature.
Après quelque temps de ce séjour à Stuttgartr, elle revint à Florence. […] La princesse, mariée en Italie en 1840 avec la qualité de Française et les droits qui lui avaient été, comme telle, reconnus et pleinement rendus par le gouvernement français d’alors (disons-le à son éloge), put revenir en France dans le courant de l’année 1844.
Au bal, dans les réunions et les fêtes riantes, quand il rencontrait le plaisir, il ne s’y tenait pas, il cherchait par la réflexion à en tirer tristesse, amertume ; il se disait, tout en s’y livrant avec une apparence de fougue et d’abandon, et pour en rehausser même la saveur, que ce n’était qu’un instant fugitif, aussitôt irréparable, et qui ne reviendrait plus jamais sous ce même rayon ; et en tout il appelait une sensation plus forte, plus aiguë, d’accord avec le ton auquel il avait monté son âme. […] La conscience qu’a Lorenzo d’avoir trop vu et trop pratiqué la vie, d’être allé trop au fond pour en jamais revenir, d’avoir introduit en lui l’hôte implacable qui sous forme d’ennui le ressaisira toujours et lui fera faire éternellement par habitude, par nécessité et sans plaisir, ce qu’il a fait d’abord par affectation et par feinte, cette affreuse situation morale est exprimée en paroles saignantes : « Pauvre enfant, tu me navres le cœur », lui dit Philippe ; et il ne sait que répéter, à toutes les explications et révélations profondes et contradictoires du jeune homme : « Tout cela m’étonne, et il y a dans tout ce que tu m’as dit des choses qui me font peine, et d’autres qui me font plaisir. » Je ne fais qu’effleurer le sujet.
Il n’y a pas de danger qu’on se méprenne sur ce mot Éloge : il ne saurait s’appliquer qu’au grand écrivain toujours debout et subsistant ; l’homme et le caractère sont dorénavant trop connus, trop percés et mis à jour pour que l’éloge puisse y prendre pied décidément, et quoique les appréciations de ce genre soient sujettes à de perpétuelles vicissitudes, quoiqu’il semble qu’en littérature et en morale les choses ne se passent point comme dans la science proprement dite et que ce soit toujours à recommencer, je pense toutefois qu’il y a, dans cet ordre d’observations aussi, de certaines conclusions acquises et démontrées sur lesquelles il n’y a pas lieu pour les bons esprits à revenir. […] Je reviendrai tout à l’heure, avec plus de détail, sur l’ensemble des conditions qui me semblent à réunir pour aborder avec avantage de tels problèmes biographiques ; mais, en ce qui est de Chateaubriand, l’auteur d’abord s’est peint lui-même, s’est analysé en tous sens dans des portraits de jeunesse ; il s’est réfléchi et projeté à tout moment dans ceux mêmes de ses écrits subséquents qui, par le sujet, auraient dû être le moins personnels ; il s’est, dans sa vieillesse, raconté de nouveau et avec toutes sortes de variations dans des Mémoires dits d’Outre-Tombe.
Un ordre expédié à Grouchy l’informa de la bataille qui allait se livrer : tenir les Prussiens séparés des Anglais, et rester lui-même en communication avec l’armée française, dont il formait avec ses 36,000 hommes l’extrême-aile droite, voilà le rôle, la part d’action qui lui revenait ; c’était clair. […] Thiers, supérieur encore par l’intérêt à tous les autres, nous appelle, et nous y reviendrons.
Il avait gardé des études de sa jeunesse l’expression lucrétienne : elle lui revenait quelquefois ; la vue des astres froids (gelidis a stellis axis) l’impressionnait toujours. […] Puis il revint, frappa deux coups, trois coups, de plus en plus fort, mais poliment et sans esclandre.
pour revenir m’apparaître si belles, Quand vous ne pouvez plus me prendre sur vos ailes, Que vous ai-je donc fait ? […] mais cela est triste ; cela fait que votre esprit s’en revient, comme vous l’avez dit, . . . . . . avec un cri terrible, Ébloui, haletant, stupide, épouvanté !
Il est toujours piquant de revenir après des années sur des œuvres d’esprit, sur des écrits ou des discours qui ont eu un grand éclat et ont exercé une influence décisive. […] Cousin qui revient également sur ses premières traces, pour les fixer et pour se perfectionner, selon le cachet des talents véritablement littéraires.
Nous ne reviendrons pas ici sur les circonstances suffisamment connues du duel de MM. […] Nous nous garderions de revenir sur ce point, si des journalistes peu pénétrants ne s’étaient assez lourdement interposés dans une querelle où ils ont voulu jouer le rôle de juste-milieu.
Mais revenons. […] Les jeunes gens peuvent revenir encore de cette erreur d’amour-propre.
Ils furent pris par tous les sens et par tout l’esprit : une conception nouvelle de la vie s’éveilla en eux, et ils commencèrent à transporter chez eux tout ce qui les avait ravis la-bas : ils voulurent avoir des palais, des jardins, des tableaux, des statues, des habits, des bijoux, des parfums, des livres, des poètes, des savants, des animaux rares, de la science, de l’esprit, comme en avaient les Médicis, les ducs d’Urbin ou de Ferrare ; quand ils revinrent en France, toute la Renaissance y entra avec eux, un peu pêle-mêle, dans leurs cervelles comme dans leurs fourgons. […] Ce goût mièvre et mondain est comme une banqueroute de notre poésie, qui semble revenir à Charles d’Orléans, à Marot, si l’on veut, avec le naturel en moins.
Après Gil Blas, en somme, l’Espagne se retire de chez nous pour ne revenir qu’avec le romantisme. […] Ceux qui ne pouvaient venir ou revenir vers le commun centre de tous les esprits, la France allait les trouver.
Elle permet de présenter une idée sous toutes ses faces, de la dépasser et de revenir en deçà, de la corriger à mesure qu’on la développe. […] Revenons au Prêtre de Némi.
Ensorcelé par cette comédienne diabolique, il amis la pauvre Silvia en oubli, mais il revient à elle et consent à l’épouser. […] Moi, je le laisserai ou je mourrai. » De même, lorsque le capitaine revient à Silvia, ils n’ont d’autres paroles à échanger entre eux que celles que prêtent à leurs personnages les auteurs des Ingannati : Regardez, messer Spavente, reconnaissez votre page, celui qui s’est fait votre serviteur si fidèle, si dévoué ; celle qui vous a aimé d’un amour si brave et si constant.
Arlequin y va, riant de la folie de son ambassade, et revient saisi d’effroi ; la statue a baissé la tête : elle accepte l’invitation. […] « On frappe à la porte ; un valet y court, revient saisi d’épouvante et culbute Arlequin.
Quelques-uns hésitaient, le selâm étant alors comme aujourd’hui, en Orient, un signe de communion religieuse, qu’on ne hasarde pas avec les personnes d’une foi douteuse. « Ne craignez rien, disait Jésus ; si personne dans la maison n’est digne de votre selâm, il reviendra à vous 831. » Quelquefois, en effet, les apôtres du royaume de Dieu étaient mal reçus, et venaient se plaindre à Jésus, qui cherchait d’ordinaire à les calmer. […] Jésus, pour désigner cet Esprit, se servait du mot Peraklit, que le syro-chaldaïque avait emprunté au grec [Greek : parachlêtos], et qui paraît avoir eu dans son esprit la nuance d’« avocat 851, conseiller 852 », et parfois celle d’« interprète des vérités célestes », de « docteur chargé de révéler aux hommes les mystères encore cachés 853. » Lui-même s’envisage pour ses disciples comme un peraklit 854, et l’Esprit qui reviendra après sa mort ne fera que le remplacer.
Enfin, en une raide course ébrieuse, elle revient à son mari. Pauvre être incertain, toute en demi-élans, elle lui revient d’abord à moitié, ne renoue avec lui qu’une apparence de vie commune.
Engourdie plutôt que tout à fait morte, elle se réveillait de temps à autre en sursaut, et revenait rôder affamée autour de l’autel. […] Tous ses lugubres personnages reviennent dans la Trilogie d’Eschyle, à l’état de Mânes ; son atmosphère est saturée de leurs souffles, Cassandre et le Chœur ne cessent de les évoquer ; leurs haines posthumes attisent les haines vivantes de leurs descendants.
Lorsque, la première fois, le brillant écrivain abordait ces portions d’étude si compliquées et parfois si sombres, il n’avait connu que les grâces de la vie, et il n’en avait recueilli que les applaudissements faciles : « Lecteur profane, disait-il, je cherchais dans ces bibliothèques théologiques les mœurs et le génie des peuples… » Pour bien apprécier le génie des Ambroise et des Augustin durant ces âges extrêmes de la calamité et de l’agonie humaine, il fallait avoir fait un pas de plus, et y revenir avec la conscience qu’on n’a été soi-même étranger à rien de l’homme. […] Il y revient à quatre ou cinq reprises, au lieu de trancher net et dans le vif une bonne fois, comme son propre raisonnement l’y autorisait.
Vous reviendrez bientôt…. […] quel en est le revenu ?
Je n’en excepte ni son Saint Benoît du Salon passé, ni son Saint Victor, ni son autre martyr dont le nom ne me revient pas, quoiqu’il y eût et de la force et du génie. […] Mais il est temps de revenir à Deshays.
Pour ne pas être tenté de revenir à la vie, quand on est mort, il suffirait de regarder à ses descendants. […] c’est cette Mme de Staël, restituée à la vérité de sa nature par un éditeur qui serait capable de la comprendre et de l’expliquer, que je voudrais voir revenir en pleine lumière, dans quelque splendide édition, où nous trouverions de ces lettres qui, comme plusieurs de celles de Weymar et Coppet, mais en trop petit nombre, éclairent le génie par la vie — comme les neiges tombées éclairent le ciel par en dessous !
La traduction qu’elle accompagne, cette traduction même retouchée, nous la laissons de côté, quitte plus tard, s’il le fallait, à y revenir. […] Quoique Guizot y ait montré un sens critique sur lequel nous reviendrons plus tard, quand nous ferons la revue de tous les critiques de Shakespeare, cependant le critique n’a pas plus triomphé que l’historien de la difficulté de ce sujet, que l’esprit humain n’a pas rejeté et ne veut pas rejeter comme impossible.
Il revint anglais dans son pays. […] Quand Montesquieu revint en France, il était Anglais, et il ne se déteignit plus.
l’Érudition et l’Opinion, ces deux vieilles valseuses, pourront bien, en tournant, revenir, les anciennes histoires avaient été un jour déshonorées avec trop d’éclat par le terrible jeune critique qui fut depuis M. […] Et vraiment peut-on dire à tort, quand on a lu cette histoire de France et ces claires paroles dans l’avertissement de l’édition de 1854 : « la philosophie de l’histoire est en mesure aujourd’hui de restituer au druidisme la part très considérable qui lui revient dans le développement de l’humanité, et au génie celtique une part plus grande dans le développement moral du moyen âge et de l’âge moderne » ?
… On a parlé de la douleur d’avoir perdu l’Impératrice, de cette affection blessée par la mort et qui saigna toujours dans l’âme de ce fils de Jeanne-la-Folle, en qui l’amour conjugal semblait une passion héréditaire, mais la Douleur a son idée fixe et ne revient pas toucher, de ses mains préoccupées, les amusettes de l’Ambition. […] Dans la chronique de Yuste, il revient sans cesse sur le vaste appétit de Charles-Quint, sur sa gourmandise, sur son amour de la bière, etc., etc.
Il a tourbillonné, il est vrai, de Diderot à Lessing et de Lessing à Hegel pour nous revenir par MM. […] Car, si Voltaire revenait au monde, il ne serait pas probablement, en raison de sa supériorité même, de l’avis de M.
À cela près de quelques chapitres consacrés à la zoocratie la plus profonde et à la biographie la plus tendre, sur lesquels nous allons revenir, son livre appartient tout entier à la critique dramatique. […] « J’ai une bibliothèque unique, — dit-il, quand il revient au ton sous lequel on le connaît davantage, — j’ai les manuscrits de Victor Hugo.
Ce grand de Maistre, qui passa sa vie dans la société des empereurs et des rois sans y rabaisser son génie ; qui commença en la société intellectuelle par les Considérations sur la France, et ne trouva pas, après trente ans de services de génie, un prêtre ou un évêque pour rendre compte du livre du Pape, ce chef-d’œuvre consacré à Rome, et qui mourut, frappé au cœur, de l’ingratitude du sacerdoce, aussi grande alors que celle des gouvernements ; ce grand de Maistre a été vengé de tout cela par sa gloire… Crétineau, moins grand et moins infortuné, eut tout de suite ce qui lui revenait. […] Revenu en France après Juillet, il y respira le journalisme, comme, quand on est fait pour la guerre, on respire la poudre, et il se trouva tout à coup ce qu’il était, sans le savoir, dans le fin fond de sa soutane et de sa nature : c’est-à-dire un chouan, qui toute sa vie chouannerait !
Alors, de Tertullien il passa au Dante… et même, ceux qui lui trouvaient dans ses écrits l’invective amère et la profondeur enflammée du grand citoyen de Florence, lui trouvaient aussi jusque dans sa physionomie physique le galbe sinistre de celui qui était revenu de l’Enfer. […] Il n’eut longtemps d’autre bonheur, ce lutteur qui paraissait infatigable, qu’à revenir à son coin de Bretagne, partageant son temps entre l’étude, la prière, la rêverie ; car ce terrible Lamennais, c’était un rêveur !
Nous nous soucions fort peu, pour notre compte, que la science, dont la preuve définitive n’est jamais faite, revienne maintenant, comme on le dit, aux Époques de la nature, après les avoir insultées. Quand elle y sera revenue, peut-être s’en retournera-t-elle encore, après y avoir laissé son respect et y avoir repris son mépris.
Eh bien, le libraire qui, comme l’écrivain, se fait la courtisane des fantaisies de son époque et n’ose prendre aucune initiative en dehors de ce que ces fantaisies lui imposent, encourt un peu de ce mépris qui revient aux hommes littéraires, profanateurs de leur génie, qui ont mis en petits morceaux, dans des compositions proportionnées à la taille de leur époque, cet arbre merveilleux que Dieu leur avait planté dans la tête et qui devait s’épanouir et fleurir dans quelque beau livre, orgueil de la patrie et de la postérité ! […] Quoiqu’il n’ait pas eu à se plaindre de la destinée autant que bien d’autres, plus grands que leur vie, qui passent lentement, qui passent longtemps, qui vieillissent, leur chef-d’œuvre à la main, sans que les hommes, ces atroces distraits, ces Ménalques de l’égoïsme et de la sottise, daignent leur aumôner un regard ; quoique son sort, matériellement heureux, n’ait ressemblé en rien à celui, par exemple, du plus pur artiste qu’on ait vu depuis André Chénier, de cet Hégésippe Moreau qui a tendu à toute son époque cette divine corbeille de myosotis entrelacés par ses mains athéniennes, comme une sébile de fleurs mouillées de larmes, sans qu’il y soit jamais rien tombé que les siennes et les gouttes du sang de son cœur, Beyle, de son vivant, n’eut pas non plus la part qui revenait aux mérites de sa pensée.
Ce qui est acquis demeure acquis, en France surtout, en ce pays frivole et routinier, — et routinier justement parce qu’il est frivole, parce que revenir sur un jugement, c’est réfléchir, et qu’on ne revient pas quand on a si lestement et si étourdiment passé.
Il ne doit pas manquer de revenir sur le luxe descriptif de Balzac, l’horreur des pauvres et des superficiels, et il y revient !
Seulement, parce qu’il était moraliste, comme doit l’être tout romancier, et qu’il ne s’agissait pas uniquement pour lui de peindre avec grandeur des mœurs poétiques et simples auxquelles une intelligence, que nous n’avons pas craint d’appeler épique, a donné la plus héroïque des tournures, l’auteur du Marquis des Saffras ne s’est pas concentré dans la sphère où l’auteur de Miréio est resté, et ses paysans primitifs n’ont plus été ces vanniers, ces pâtres, ces matelots revenus des guerres, ces conducteurs de cavales, ces toucheurs de bœufs, campés sur des reins d’Hercule, comme les héros d’Homère, dans un ciel d’un bleu olympien. […] Car c’est là qu’il est important de revenir.
Mais pour la majorité des esprits qui pensent, avant tout, à être littéraires quand ils écrivent, on peut dire qu’on est revenu de toute part maintenant au roman de moyenne proportion, qui n’a pas la prétention napoléonienne de brasser tout un monde de caractères et de passion comme Napoléon brassait les masses dans ses carrés de bataille ; à ce genre de roman, enfin, qui n’est que l’étude de l’individualité humaine et qui, sans avoir pour cela besoin d’être modeste, se contente d’une passion (tout un infini) à creuser, d’une situation à frapper de lumière et d’un caractère à faire vivre. […] En vain l’a-t-il fait aussi, comme Christian, victime de l’absence d’éducation morale, cette plaie du siècle, et le ramène-t-il à l’ordre et à la vraie destinée par le sentiment paternel, comme il y a ramené Christian par l’amour ; en vain la scène du verre de champagne accepté, qui l’introduit dans le roman, est-elle charmante et attendrie, ce personnage de Chambornay nuit plus qu’il ne sert au développement du livre, et, avec le talent mâle, sobre et qui se ménage si peu de l’auteur, avec ce talent qui sait revenir si courageusement sur lui-même pour s’opérer de ses propres mains, on est étonné qu’il n’ait pas sacrifié et remplacé cette figure selon nous malvenue à travers toutes les autres qui le sontsi bien.
Henry Houssaye en m’offrant un siège… Je reviens justement de voyage, ce matin. — Vous revenez de Waterloo, sans doute ? — Nécessairement… D’où voulez-vous que je revienne ?… Il y a des gens qui reviennent de Pontoise… Moi, je suis celui qui, plus heureux que Napoléon, revient toujours de Waterloo… C’est mon genre… — Tous les genres sont bons… Est-ce que vous n’irez pas aussi à Sainte-Hélène ? […] Ces souvenirs me revenaient en lisant l’article dont j’ai parlé.
Tout revient à dire, en somme, que M. […] Cela n’ira pas tout seul, car il faudra qu’il revienne de loin. […] On se croit revenu aux jours d’Indiana et de Valentine. […] Au dernier acte, Henri revient de chez Mme Gerboy, et Louise revient de la garçonnière de Larcena. […] On en doute, à voir sa figure quand elle en revient.
Pour cesser « d’élargir la question », revenons au duc. […] Il y reviendra souvent. […] Tant il y a qu’il l’épuisait bien, à ne pas avoir à y revenir, et qu’en effet il n’y revenait jamais. […] Et puis on l’a abandonnée, à peu près ; et puis voici qu’on y revient. […] = Un juge en robe rouge. » — « Infini = Rien. » Ce Rien revient souvent, et nous-mêmes, nous y reviendrons.
Il revient à elle ; pourquoi ? […] pourquoi y revenir ? […] » Et ils revinrent, du même pas, à leur maison. […] Il offre à Dieu son martyre, pour que reviennent à Dieu les égarés : « Pour que tu reviennes.. » dit-il à son père ; et « Pour qu’elle revienne… » dit-il en regardant Thérèse ; et « Pour que vous reveniez… » dit-il à son maître. […] Pars… Puisses-tu ne pas revenir !
Revenons au livre posthume de Paul Chalon.
Fuster, je dirai qu’elle se passe pendant la dernière guerre ; que deux fiancés, Louise et Pierre, recueille et, soignent un blessé, lequel se prend d’amour pour la jeune fille ; mais le malade, rendu à la santé, retourne parmi les siens ; Louise revient peu à peu à celui qui n’a cessé de l’aimer et oublie ce mirage d’un instant qui avait trompé son cœur.
Engagé dans les voies de la science, j’ai quitté la poésie pour n’i jamais revenir, et si, contre mon atente, la critique jète les ieus sur ce livre, èle peut le considérer comme une œuvre posthume.” » [Poèmes et rêveries d’un païen mystique, p. 8 (1895).]
À part un passage d’un attrait trop extérieur, dans le prologue, — et sur lequel je reviendrai, — tout le livre est baigné des ondes d’une pureté presque hautaine, si elle n’était un peu naïve.
Pierre de Bouchaud Somme toute, c’est l’artiste qui a dominé chez lui et lui a dicté ses moindres pensées, en poésie, où les mots : gloire, patrie, amour, bonheur, souffrance (toute la vie), reviennent sans cesse sous sa plume, sauvés de la vulgarité par le charme d’une langue nerveuse, colorée, et par de beaux élans d’enthousiasme, transformés par la magie d’un talent sensitif, fécond, impressionnable, précisément parce qu’il provient d’une nature artiste, revêtus enfin du majestueux vêtement d’un style imagé, toujours respectueux de la forme.
Dans l’Ouvrage estimable qu’il a composé à ce sujet, il en revient continuellement à cette idée primitive, & en tire non-seulement les regles de la Poésie & de l’Eloquence, mais encore celles des autres genres d’imitation.
Ce n'est pas que le génie de M. de Thou ne s'abaisse quelquefois à certains objets fort accrédités de son temps, tels que les prédictions, les présages, &c. qu'il ne s'engage quelquefois dans des digressions un peu longues, & ne s'écarte de son sujet principal ; mais il fait y revenir ensuite, & se faire pardonner ses écarts.
Ceux qui revenaient de la Terre Sainte, de Sainte-Reine, du Mont-Saint-Michel, de Notre-Dame-du-Puy, et d’autres lieux semblables, composaient des cantiques sur leurs voyages, auxquels ils mêlaient le récit de la vie et de la mort de Jésus-Christ, d’une manière véritablement très grossière, mais que la simplicité de ces temps-là semblait rendre pathétique.
On y revient.
Une fois, dit-on, ayant été vaincu à Bidford dans un de ces combats d’ale, il revint trébuchant, ou plutôt ne put revenir, et passa la nuit avec ses camarades sous un pommier au bord de la route. […] » — Elle veut oublier ce qu’elle sait de ces dangers, elle n’ose y penser ; quand on lui demande si Coriolan n’a point coutume de revenir blessé : « Oh ! […] Quand il revient, elle ne sait que rougir et pleurer. — C’est à l’amour que cette sensibilité exaltée doit aboutir. […] Je vais faire l’arlequin, — les cajoler, escroquer leur faveur, et revenir le bien-aimé — de tous les métiers de Rome. […] Il a fait l’action, et revient chancelant, hagard, comme un homme ivre.
Faut-il maintenant revenir à Fléchier ? […] Revenons à M. […] La question revient donc toujours. […] Depuis, Fréron est souvent revenu à la charge, et moi aux ratures. […] Vaniteux quand il partit de Naples, il y revint suffisant.
À cause de cela son âme qui voltigeait déjà en l’air Revint dans son triste sein. […] Elle promit de servir la Feuille et s’en revint. […] Elle revient incessamment sur les mêmes idées, elle répète ses raisons, elle les amasse et les entassé, comme une mule entêtée qui court en secouant et en sonnant ses sonnettes, si bien que les auditeurs étourdis restent la bouche ouverte, admirant qu’une seule langue puisse fournir à tant de mots. […] Écoutez le cri douloureux, l’indignation vraie du moine mendiant qui se voit menacé par la concurrence d’un confrère, dans son client, dans son revenu, dans sa chose, dans son pot-au-feu208 : « Ô Thomas, fais-tu bien ainsi ? […] Lève ta queue, Satan, dit l’ange, afin que le moine voie où est le nid des moines. — Et sur une largeur de plus d’un arpent on vit sortir, comme des abeilles de leur ruche, plus de vingt mille moines ; ils s’éparpillèrent à travers l’enfer et revinrent aussi vite qu’ils purent se glisser jusqu’au dernier dans l’endroit d’où ils étaient sortis.
Âmes des chevaliers, revenez-vous encor ? […] Alors il revient au centre et rentre dans sa première mais plus sombre immobilité. […] « Jean La Fontaine a gravé pour vous d’avance sur sa pierre avec son insouciance désespérée : Jean s’en alla comme il était venu, Mangeant son fonds avec son revenu. […] John Bell revient encore irrité et s’essuyant le visage. […] Cela me fait de bonnes relations que j’utilise plus tard. — Tobie était un ouvrier habile, mais sans prévoyance. — Un calculateur véritable ne laisse rien subsister d’inutile autour de lui. — Tout doit rapporter, les choses animées et inanimées. — La terre est féconde, l’argent est aussi fertile, et le temps rapporte l’argent. — Or les femmes ont des années comme nous, donc c’est perdre un bon revenu que de laisser passer ce temps sans emploi. — Tobie a laissé sa femme et ses filles dans la paresse ; c’est un malheur très grand pour lui, mais je n’en suis pas responsable.
Après la lettre sincèrement louangeuse, écrite ce matin à Daudet sur La Petite Paroisse, je ne puis me retenir, ce soir, de lui dire que j’aurais voulu, que son livre finît après la nuit de réconciliation, où revient entre l’époux et l’épouse le souvenir inchassable de l’adultère, empêchant le rapprochement des chairs. […] Je dîne ce soir avec Léon et Lucien, revenus en soixante-douze heures de Stockholm, pour le banquet : tous deux émerveillés de ces paysages hyperboréens, et Léon tout à fait mordu par la folie des neiges, et un moment, ayant eu la tentation de pousser jusqu’au cap Nord. […] Je suis revenu, un superbe panier de fleurs à la main, un panier mis devant moi, pendant le repas, et que, dans mon émotion, je n’avais pas regardé attentivement, ayant pris seulement connaissance du billet de Mme Mirbeau, qui me l’avait envoyé. […] Et alors cet homme, qui parle très mal le français, en sorte qu’il parle anglais, quand il s’anime, avait été de la plus grande éloquence, disant que cette prière lui revenait aux lèvres, toutes les fois qu’il avait vu un danger sur la mer, sur la terre, dans le ciel. […] Wendel, qui en a eu connaissance, assure qu’il n’y avait pas un mot, dont la réalisation ne soit arrivée, eh bien, ce rapport avait été refusé, peut-être un peu, parce que l’auteur était catholique et surtout parce qu’il était revenu de là-bas, avec la réputation de se piquer le nez.
La vie universelle n’est qu’un effort éternel du monde pour revenir à son principe. […] Revenir sur ce que l’inspiration a laissé faible, pour le fortifier par l’habileté, lui est insupportable. […] Elles reviennent. […] Il est trop revenu sur ces sujets, a trop étalé son foyer, comme lui-même. […] » — « Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.
C’est comme une symphonie du voyage où revient, ainsi qu’un motif principal”, l’évocation de la compagne, de la Muse du foyer.
Il revint s’asseoir dans la chambre où, en dépit de la saison, odorait un doux feu de bois.
Je reviens à l’histoire galante de la cour.
Pour ne les voir, les yeux tient toujours bas, Et si leur dit, laissez-moi, je vous prie ; Puis aussi-tôt revient à son, hélas !
Et pour cela, il faut en revenir à la nature du cœur humain : la gaieté le captive, la malignité a toujours su lui plaire, & la licence n’est pas toujours propre à le révolter, parce qu’elle flatte en quelque maniere un fond de corruption qui en est inséparable.
Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre.
À chaque instant de notre vie nous y revenons ; il faut une contemplation bien intense, presque une extase, pour nous en arracher tout à fait et nous le faire oublier pendant quelques minutes ; alors même, par une sorte de choc en retour, nous rentrons avec plus d’énergie en nous-mêmes ; nous revoyons en esprit toute la scène précédente, et, mentalement, vingt fois en une minute, nous disons : « Tout à l’heure j’étais là, j’ai regardé de ce côté, puis de cet autre, j’ai eu telle émotion, j’ai fait tel geste, et maintenant je suis ici. » — En outre, l’idée de nous-mêmes est comprise dans tous nos souvenirs, dans presque toutes nos prévisions, dans toutes nos conceptions ou imaginations pures. — De plus, toutes nos sensations un peu étranges ou vives, notamment celles de plaisir ou de douleur, l’évoquent, et souvent nous oublions presque complètement et pendant un temps assez long le monde extérieur, pour nous rappeler un morceau agréable ou intéressant de notre vie, pour imaginer et espérer quelque grand bonheur, pour observer à distance, dans le passé ou dans l’avenir, une série de nos émotions. — Mais ce nous-mêmes, auquel, par un retour perpétuel, nous rattachons chacun de nos événements incessants, est beaucoup plus étendu que chacun d’eux. […] Cette transformation qu’elle subit oppose l’un à l’autre les deux moments qui la constituent ; nous exprimons ce passage en disant que nous rentrons en nous-mêmes et que, de l’objet, nous revenons au sujet ; c’est donc le même événement ou groupe d’événements qui, selon ses états successifs, constitue d’abord l’objet apparent et ensuite le sujet actuel. — Ainsi l’opération rectificatrice, par laquelle une idée apparaît comme idée, est en même temps la réflexion par laquelle cette idée apparaît comme chose interne, et la contradiction qui la nie comme fragment du dehors la pose du même coup comme fragment du dedans. […] Ce dedans stable est ce que chacun de nous appelle je ou moi 67. — Comparé à ses événements qui passent tandis qu’il persiste, il est une substance ; il est désigné par un substantif ou un pronom, et il revient sans cesse au premier plan dans le discours oral ou mental. — Dès lors, quand nous réfléchissons sur lui, nous nous laissons duper par le langage ; nous oublions que sa permanence est apparente ; que, s’il semble fixe, c’est qu’il est incessamment répété ; qu’en soi il n’est qu’un extrait des événements internes ; qu’il tire d’eux tout son être ; que cet être emprunté, détaché par fiction, isolé par l’oubli de ses attaches, n’est rien en soi et à part. […] J’ai déjà raconté le cas de Théophile Gautier et comment, un jour qu’il passait devant le Vaudeville, une phrase imprimée sur l’affiche se cloua dans son souvenir ; comment, malgré lui, il se la répétait incessamment ; comment, au bout de quelque temps, elle cessa d’être simplement mentale et sembla proférée par un gosier corporel, avec un timbre et un accent très nets ; elle revenait ainsi par intervalles, à l’improviste ; cela dura plusieurs semaines. […] Tantôt l’énergie des associations normales est moindre, comme dans le sommeil et l’hypnotisme ; l’attache qui joint mon nom au mot je est affaiblie ; partant, une suggestion insistante peut substituer à mon nom celui d’un autre ; désormais celui-ci, avec toute la série des événements dont il est l’équivalent, est évoqué en moi sitôt que le mot je revient mentalement, et désormais, à mes yeux, je suis cette autre personne, Richard Cobden ou le prince Albert. — Tantôt l’énergie des associations normales est vaincue par une force plus grande.
Quand elle revint quelques jours après, il lui demanda comment elle était avec ceux de l’endroit. […] On va et revient de l’un à l’autre. […] rien ne remplit Les vastes appétits d’un faiseur de conquêtes ; et cette nouvelle entreprise du chasseur qui comble son imprudence, et cause sa mort : Dans le temps que le porc revient à soi, l’archer Voit le long d’un sillon une perdrix marcher, Surcroît chétif aux autres têtes. […] Je nourris celui-ci depuis longues années ; Il n’a sans mes bienfaits passé nulles journées, Tout n’est pas pour lui seul : mon lait et mes enfants Le font à la maison revenir les mains pleines ; Même j’ai rétabli sa santé, que les ans Avaient altérée, et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin. […] S’il vient ici quelque pauvre homme vous demander justice, mais si pauvre qu’il n’ait ni argent à donner, ni vin fin à présenter, ni huile à promettre, ni pourpre à offrir, en un mot, qui n’ait ni support, ni faveur, ni revenu (compendieusement, comme dit l’Intimé), après qu’il a rendu sa plainte dans le sénat, d’abord on le contente de paroles », etc.
« Revenons à moi, Mécène ! […] De plus il était pauvre, il avait le goût du luxe et du plaisir ; il lui fallait grossir (il l’avoue lui-même) son modique revenu par le prix de ses vers ; le public de Rome, comme celui de Paris, achetait avec plus de faveur les livres d’opposition que les livres dictés par les triumvirs ; l’ami de Mécène et d’Auguste commença donc par être le poète badin de l’opposition républicaine. […] Fuyez Rome, allez où vous porteront vos pas ou le souffle des vents, mais jurons de ne jamais revenir sur nos pas… Oui, partons, Romains, ou du moins ce qui reste d’hommes vertueux parmi nous ! […] Le revenu du domaine d’Ustica ne pouvait pas être considérable : on sait ce que rend de nos jours une métairie exploitée par huit paysans ; mais il y vivait, sans avoir besoin d’argent, des produits en nature du domaine : les troupeaux, les fruits, les légumes, le vin et l’huile de la métairie. […] Il revient avec délices dans plusieurs de ses compositions sur ces flots de Tarente et sur cette fontaine de Blandusie qui avaient pour lui la saveur des premiers souvenirs.
Causerie sur de Sade auquel revient toujours, comme fasciné, l’esprit de Flaubert : « C’est le dernier mot du catholicisme, dit-il. […] Depuis, il revint plusieurs fois à Marseille, s’informa et ne put jamais savoir ce qu’étaient devenues ces trois femmes. […] Philosophant avec ce grand et charmant esprit, en cette petite allée toute droite de son jardin, dans laquelle nous allons jusqu’au bout, puis nous revenons, nous causons de la mort de la province, depuis la Révolution qui a commencé à appeler toutes les capacités dans la capitale. […] Parmi ces amantes, revient dans ses souvenirs une femme prise d’un vrai sentiment pour lui, et qu’il a toujours respectée à cause de relations avec sa famille. […] 29 novembre À propos d’un croquis de Mme Hercule, le modèle de femme, célèbre par ses histoires extravagantes, Gavarni revient sur sa jeunesse, sur cette vie de noctambule qu’il affectionnait, sur ces nuits où il se trouvait avec Mlle Aimée et toute une bande de jeunes et honnêtes femmes au bois de Boulogne, dans le faubourg du Roule, à la campagne, sur ces parties qui n’avaient que le plaisir apporté par le rire fou de Mlle Aimée et les cocasseries de Chandellier.
La terre à la fin se fit plus étroite qu’une sandale et après avoir jeté vers le soleil des gouttes de l’océan, nous tournâmes à droite pour revenir. » Et ailleurs : « Il y avait des jets d’eau dans les salles, des mosaïques dans les cours, des cloisons festonnées, mille délicatesses d’architecture et partout un tel silence que l’on entendait le frôlement d’une écharpe ou l’écho d’un soupir. » Par un contraste que l’on perçoit déjà dans ce passage, Flaubert, précis et magnifique sait user parfois d’une langue vague et chantante qui enveloppe de voiles un paysage lunaire, les inconsciences profondes d’une âme, le sens caché d’un rite, tout mystère entrevu et échappant : Certaines des scènes d’amour où figure Mme Arnoux, l’énumération des fabuleuses peuplades accourues à la prise de Carthage, le symbole des Abaddirs et les mythes de Tanit, les louches apparitions qui, au début de la nuit magique, susurrent à saint Antoine des phrases incitantes, la chasse brumeuse où des bêtes invulnérables poursuivent Julien de leurs mufles froids, tout cet au-delà est décrit en termes grandioses et lointains, en indéfinis pluriels abstraits et approchés qui unissent à l’insidieux des choses, la trouble incertitude de la vision. […] Usant d’une série de moyens qui reviennent à indiquer un état d’âme momentané de la façon la plus sobre et en des mots dont le lecteur doit compléter le sens profond, il dit tantôt un acte significatif sans l’accompagner de l’énoncé de la délibération antécédente, tantôt la manière particulière dont une sensation est perçue en une disposition ; enfin il transpose la description des sentiments durables soit en métaphores matérielles, soit dans les images qui peuvent passer dans une situation donnée par l’esprit de ses personnages. […] La tendresse des anciens jours leur revenait au cœur, abondante et silencieuse, comme la rivière qui coulait, avec autant de noblesse qu’en apportait le parfum des syringas, et projetait dans leurs souvenirs des ombres plus démesurées et plus mélancoliques que celles des saules immobiles qui s’allongeaient sur l’herbe. […] Quand l’œil de Flaubert était braqué sur la réalité, les détails importants des choses et des hommes fidèlement enregistrés trouvaient dans le vocabulaire de l’écrivain une série de mots exactement adaptés, qui les rendaient d’une façon précise et du premier coup, en phrases telles que chacune enveloppant l’idée à exprimer, entière, il ne fût nul besoin d’y revenir. […] Mes accès antérieurs ont eu lieu par violations exercées sur ma personne ; mais le bras de Dieu s’est appesanti d’une manière effrayante sur ceux qui ne sont pas revenus à lui… etc. » Que l’on fasse abstraction de l’absurdité des idées et que l’on considère seulement la brièveté et la rondeur des phrases, leur suite incohérente ou faiblement liée, toute l’allure mesurée et cadensée de ce petit morceau ; il semblera incontestable aux personnes qui ne répugnent pas par préjugé à l’assimilation d’un fou et d’un homme de génie, que certains passages de Flaubert sont l’analogue lointain et cependant exact de cette littérature d’asile.
Après quelques pas, sa raison revient avec sa tendresse ; il se rapproche. […] » Il s’éloigne cependant de nouveau, revient sept fois, rappelé par sa tendresse ; sept fois le génie ennemi l’entraîne loin de Damayanti ; l’amour et la pitié le ramènent. […] Comme le balancier qui va et revient, Nala part et revient sans cesse ; enfin il a fui. […] « Ô femme, aux cheveux noirs comme la nuit », dit-il en s’adressant par une apostrophe involontaire à Damayanti, « ne t’indigne pas contre l’homme infortuné, privé de sa raison, qui cherchait en vain la nourriture de sa femme et la sienne, et à qui des oiseaux néfastes venaient d’enlever jusqu’à son manteau ; si tu vois jamais revenir ton époux, dépouillé de l’empire, indigent, dévoré de remords, ah !
Mais les maladies ou infirmités héréditaires et quelques autres faits me font penser que la règle a une plus large extension ; et que, même lorsqu’il n’y a aucune raison apparente pour qu’une modification particulière survienne à un certain âge, cependant elle tend à revenir chez le descendant à la même époque où elle était apparue chez l’ancêtre. […] Néanmoins, comme nos variétés reviennent certainement en quelques occasions aux caractères de leurs ancêtres, il ne me semble pas improbable que, si nous pouvions réussir à naturaliser ou même à cultiver, pendant de longues générations, les différentes races du Chou, par exemple, en un sol très pauvre, elles ne revinssent, jusqu’à certain point ou même complétement, au type sauvage originel ; mais, en pareil cas, il faudrait encore attribuer quelque effet à l’action directe de la pauvreté du sol. […] Si l’on nie l’origine unique de toutes nos races de Pigeons, il faut alors faire une des deux suppositions suivantes, l’une. et l’autre fort improbables : ou bien tous les divers types originaux étaient colorés et marqués comme le Biset, bien que nulle autre espèce existante ne présente les mêmes caractères, de manière qu’en chaque race il y ait une tendance à revenir à cette couleur et à ces marques ; ou bien il faut que chaque race, même la plus pure, ait, dans l’intervalle d’une douzaine ou tout au moins d’une vingtaine de générations, été croisée avec le Biset ; et je dis douze ou vingt générations, parce qu’on ne connaît pas d’exemples qu’un descendant ait jamais manifesté quelque tendance de réversion vers un ancêtre accidentel plus éloigné. Dans une race croisée une seule fois avec une race distincte, la tendance de réversion aux caractères dérivés de ce croisement devient de moins en moins forte, en raison de ce qu’à chaque génération successive il y a une quantité toujours moindre de sang étranger ; mais, au contraire, lorsqu’il n’y a eu aucun croisement avec une race distincte, et qu’il se manifeste cependant chez l’un et l’autre parents une tendance à revenir à un caractère perdu pendant un certain nombre de générations, cette tendance, d’après tout ce que l’on a pu voir, peut se transmettre sans affaiblissement pendant un nombre indéfini de générations.
Mais après avoir, chemin faisant, saisi l’occasion de venger Posidonius à Rhodes, et Sénèque en Corse, revenons à notre sujet. […] … » — J’y reviendrai quand je pourrai ; partout où je me trouve bien, j’y reste, et ce que je dirais ne vaudra pas ce que Montaigne va dire. […] — Pour le casque, non ; pour l’homme, je le crois : mais à quoi cela revient-il ? […] Sénèque s’était illustré au barreau : il avait obtenu la questure, et il l’avait quittée pour revenir à l’étude de la sagesse ; il avait une grande réputation à ménager. […] Surtout ne revenez plus sur Jean-Jacques : laissez-lui la honte bien pure de sa méchanceté et de son ingratitude ; si c’est un hypocrite à démasquer, que d’autres le fassent.
André Gide reviendra de son antiintellectualisme juvénile, comme aussi de son dédain (théorique) pour la syntaxe. […] Sa mère Isabelle vit on ne sait où ; de loin en loin, elle revient au château, mais de nuit, en grand mystère. […] Il reviendra dans le bon chemin, mais sans que la raison y contribue davantage. […] Pas d’absurdité plus inique que l’impôt sur le revenu, appliqué à des gains si aléatoires ! […] Il reviendra là-dessus dans le Journal des Faux monnayeurs, et s’y déclarera pour le théâtre pur, le roman pur, et la pureté en tout.
Et comment l’honneur de l’invention lui revint-il ? […] Xantippe, revenue de son évanouissement, a entendu ce dernier mot. […] Il revient de batailler contre les Maures. […] Mais voici Golaud qui revient de la chasse. […] Je sais d’honnêtes gens qui reviennent de l’étranger exprès pour voir ça.
Vous êtes éternellement belles, éternellement pures, clémentes à qui vous revient, fidèles à qui vous aime. […] En effet, il revient de loin. Il revient d’un pays enchanté. […] Dans la matinée du 12 mars 1889, le duc d’Aumale, revenu de son second exil, se présentait à l’Élysée. […] Elles reviennent à nous par un long détour.
Ce malheureux se tua ; nous y reviendrons tout à l’heure. […] Partie à l’automne de 1803 pour Rome, elle n’en devait pas revenir ; elle mourut le 4 novembre. […] Elle y revint cependant quand le torrent eut passé ; elle revint aussi en France, et ce fut à Paris qu’elle publia, au mois de décembre 1803, avec un brillant succès, le roman de Valérie. […] Mais elle aussi trouve sa régénération dans l’amour et revient à la foi par la passion. […] Mais revenons au poète d’avant 1830.
Le délicat psychologue des Aveux ne revenait pas d’étonnement ni d’émotion.
Aussi est-il de ceux dont le nom se ravive et la fête revient au temps où fleurit l’aubépine.
On ferme les yeux, on se sauve, et lorsque cette vilaine, hideuse chose revient à l’imagination, on est persécuté, poursuivi par une image importune.
Précurseurs du Parnasse et Parnassiens proprement dits, le Parnasse revint à certains principes de l’art classique. […] a logique étrangère une lettre de change qui lui revient généralement protestée. […] Le Parnasse n’en revint point d’ailleurs à Boileau et à Malherbe. […] Admirez le berger, dont la voix, heurtée à des rochers malins jamais ne lui revient selon le trouble d’un ricanement. […] Ce retrait, pour revenir conscient par le contraste, implique des « sorties ».
On aura pu remarquer d’ailleurs, en lisant cette pièce, à quel point La Boétie, quand il l’écrivait, devait être revenu de ses idées de La Servitude volontaire. […] En lisant cet admirable chapitre de Montaigne sur l’amitié, je le trouve incomplet sur un point : il semble exclure les femmes de ce sentiment excellent ; il ne les estime point d’assez forte complexion d’esprit pour suffire à cette communication et consultation perpétuelle sur tout sujet : « Ni leur âme, dit-il, ne semble assez ferme pour soutenir l’étreinte d’un nœud si pressé et si durable. » Et il revient au commun consentement des anciennes écoles par lequelf, en fait d’amitié parfaite, ce sexe était rejeté. […] Et il en revient au commun consentement des anciennes écoles par lequel
Ceux-ci, en effet, gens économes par nature, sont payés pour croire qu’on court après l’esprit quand on en a plus qu’eux : « Messieurs, lisez-moi, semblent-ils dire ; vous verrez un homme qui pense simplement, raisonnablement, qui va son grand chemin, qui ne pétille point : et voilà le bon esprit. » Selon Marivaux plaidant dans sa propre cause, « il y a un certain degré d’esprit et de lumières au-delà duquel vous n’êtes plus senti ; c’est même un désavantage qu’une si grande finesse de vue, car ce que vous en avez de plus que les autres se répand toujours sur tout ce que vous faites, embarrasse leur intelligence » ; on vous accuse d’être obscur par trop de subtilité ; et il conclut avec découragement, et en ayant l’air de consentir, par égard pour les lecteurs vulgaires, à ne plus être sagace qu’à demi : « Peignez la nature à un certain point, mais abstenez-vous de la saisir dans ce qu’elle a de trop caché ; sinon vous paraîtrez aller plus loin qu’elle, ou la manquer. » Tels étaient les ingénieux sophismes que le désir de se justifier suggérait à Marivaux, et sur lesquels il revient en vingt endroits. […] Il est vrai que dans le monde on m’a trouvé de l’esprit ; mais, ma chère, je crois que cet esprit-là n’est bon qu’à être dit, et qu’il ne vaudra rien à être lu. » Une partie de l’art de l’auteur dans ce roman consiste à imiter le style parlé, à en reproduire les négligences, les petits mots qui reviennent souvent, et, pour ainsi dire, les gestes. Le mot cela revient sans cesse, ainsi que ces façons de dire : cet homme-là, ces petits égards-là, cette nonchalance-là, ces traits de bonté-là.
» Quand j’ai aimé plus que Dieu quelque chose qui n’était pas Dieu, je suis devenu souffrant et malheureux : quand je suis revenu à aimer Dieu plus que toute autre chose, je me suis senti renaître, et le bonheur n’a pas tardé à revenir en moi. […] Au moment de sa mort (12 juin 1847), j’écrivis pour moi seul alors ce qui me revient en ce moment : Ballanche vient de mourir ; il a eu en partage une douce gloire, et il en a joui.
Saint-Martin paraît avoir eu une veine, une nuance de gaieté en causant ; il y revient sans cesse pour l’expliquer ; mais, plume en main, cette gaieté disparaît et fait place à une plaisanterie lourde le plus souvent et du plus mauvais goût. […] Nous y reviendrons tout à l’heure. […] Tous nos profits, tous nos revenus, devraient être le fruit de notre travail et de nos talents ; et ce renversement des fortunes opéré par notre Révolution nous rapproche de cet état naturel et vrai, en forçant tant de monde à mettre en activité leur savoir-faire et leur industrie.
Causant vers ce temps-là (novembre 1736) avec le maréchal de Noailles qui revenait de l’armée d’Italie, et entendant ce maréchal se plaindre de n’avoir pas été aidé du côté de Versailles, à ce terrible mot M. d’Argenson s’empressait de tourner court et de parler d’autre chose, par exemple, de matières de droit public et des biens allodiaux de la Toscane ; « car les bruits sont grands aujourd’hui, disait-il, de brigues contre le premier ministre » ; et la seule idée d’en être informé l’effrayait : À propos de cet article, dit-il, je donnerai avis à mes enfants de ne se jamais fourrer dans toutes ces intrigues de cour. […] Son premier étonnement passé, il redevint aisément, le lendemain de sa sortie du ministère, ce qu’il était la veille, un homme studieux, un grand lecteur, l’étant avec délices, faisant de son cabinet son royaume et son monde, et plein de pensées et d’observations sur les livres et sur les choses· En lisant ce qu’il a ainsi écrit pour lui seul et dont on a le recueil depuis 1742 jusqu’en 1756, au milieu des mille variétés de chaque jour, je suis frappé d’une remarque fréquente et suivie, d’une plainte qui revient sans cesse sous sa plume jusqu’en 1750 : elle tient de près à ce que nous l’avons déjà vu dire à propos de son frère sur le genre frivole et léger, sur l’esprit de moquerie et de malice qui détruit tout, et sur l’absence de cœur et d’amour du bien. […] Il le dit et le redit, comme un bon citoyen qui s’en alarme, comme un homme qui en souffre, d’une manière pénétrée et touchante : il discerne un principe de mort, à travers cet esprit qui scintille, sous cette politesse méchante et glacée : J’en reviens au progrès des mœurs.
Revenons à Plombières ; les arbres ont part, comme les oiseaux, à l’affection et à la sympathie de la jeune voyageuse : Nous avons été dans un bois par le chemin d’Épinal, et là nous avons vu des arbres extrêmement curieux. […] Quant à moi, lors même que j’en aurais le pouvoir, j’aimerais mieux continuer de marcher vers la fin que de revenir en arrière. […] Mais tous ces conseils naturels, et qui reviennent à dire qu’il faut avoir l’esprit de son âge, ne sont rien encore et ne servent tout au plus qu’à adoucir les regrets, si une pensée plus haute n’intervient et n’y préside, si la religion n’élève l’homme et ne lui enseigne l’art véritable d’espérer.
— Lorsque, dix-huit ans après, Napoléon, à son retour de l’île d’Elbe, fit appeler Benjamin Constant aux Tuileries (14 avril 1815) et le désigna pour dresser et rédiger l’Acte additionnel, il semble vraiment n’avoir fait que renouer cette relation ancienne, en être tout d’un coup revenu en idée à ce Benjamin Constant antérieur, et avoir mis à néant et en complet oubli quatorze années d’hostilité déclarée et de guerre. […] … » La popularité, c’était là son rêve, sa passion dirigeante ; et, selon la belle remarque de Pope, notre passion maîtresse (the ruling passion) persévère, se grave et s’enfonce au cœur en vieillissant ; elle est la dernière à mourir en nous, et revient encore voltiger sur nos lèvres dans le dernier soupir. […] Ce calcul journalier, qui fait d’une feuille un revenu, qui suppute les souscriptions, qui établit une rétribution pécuniaire, si positive et si détaillée, entre le lecteur dont on flatte l’opinion, et l’écrivain qui la flatte, ne laisse ni le temps ni l’indépendance que demande la composition d’ouvrages utiles.
La confiance de M. de Choiseul est revenue ; ils ont parlé de leur ancien temps, ils ont ri ; et vous savez qu’ils sont tous deux de nature à aimer les choses et les gens qui les font rire : ainsi ils ont été parfaitement bien ensemble. […] Enfin, Mme du Deffand elle-même, celle qui doute le plus de ses amis et de l’amitié, est réduite à revenir sur ses préventions, et un jour que la maréchale est malade, elle écrit à l’abbé Barthélémy : « La maréchale est mieux, mais pas assez bien pour s’établir à Auteuil… Savez-vous, l’abbé, que s’il arrivait malheur à cette maréchale, c’en serait un très-grand pour moi, et qu’elle est peut être de mes connaissances celle qui m’aime le mieux. […] » Et un autre jour, écrivant à Walpole, à qui elle en disait autrefois pis que pendre, 15 juin 1777 : « Mme de Luxembourg, qui est encore à Chanteloup, m’écrit aujourd’hui qu’elle sera à Paris mercredi de très-bonne heure et qu’elle soupera chez moi : c’est d’elle que je reçois le plus de marques d’amitié. » Le mot est prononcé et revient sous sa plume ; Mme du Deffand est forcée de se rendre et d’y croire.
Une petite brise nous conduit droit dans notre route, et l’espoir nous revient. […] « Pour en revenir au but de mon voyage, disait Horace Vernet en terminant sa lettre, j’ai dessiné d’une part et recueilli de l’autre tout ce dont j’aurai besoin pour mon grand tableau. […] Il revint donc à moi, me fit passer dans une pièce voisine, et me demanda si j’avais du temps à perdre. « J’ai là, ajouta-t-il, une toile toute tendue et toute prête à servir ; j’y veux peindre votre portrait que vous conserverez en souvenir de cette journée.
Avant d’en parler et de revenir sur la question soulevée, je dirai cependant quelques mots de M. […] » — « Non, Monsieur, répondit en souriant le professeur imberbe, c’est un de mes élèves qui l’a remporté, et moi je dois avoir l’honneur de parler demain après vous à la distribution des prix du collège Charlemagne. » (Avant de revenir à Louis-le-Grand, il avait passé en effet une année à faire la rhétorique à Charlemagne.) — Comme maître de conférences à l’École normale, M. […] Il renferme des obscurités, des énigmes pour moi dans plusieurs de ses parties, et ce n’est qu’à celles où le cœur suffit pour tout entendre que je m’adresse et que je reviens sans cesse.
il avait secoué poudre et perruque ; il parut à la Cour dans cet état naturel ; ce que le duc de Luynes a eu soin de noter dans son journal : « Jeudi dernier (21 décembre) M. le maréchal de Saxe arriva ici (à Versailles) ; il porte présentement ses cheveux qui lui donnent l’air plus jeune. » Revenu à Chambord à la paix et y passant le plus de temps qu’il pouvait pendant les deux dernières années, y menant un train de prince, il se livrait à la chasse, aux plaisirs, à tous les exercices violents. […] Ce qui semble d’ailleurs au-dessous de l’histoire revient comme de droit à l’étude morale de l’homme. […] Il semblait être revenu par goût à l’existence du Nord, aux mœurs copieuses, aux habitudes et aux orgies paternelles.
Les efforts n’étaient pas en proportion avec les résultats, et l’honneur qui en revenait ne répondait pas aux difficultés de la tâche Franceschi écrivait de Valladolid, le 28 novembre 1808, au général Mathieu Dumas : « Mon cher père, me voici avec le maréchal duc de Dantzick ; vous remarquerez qu’en quatre mois j’ai commandé les avant-gardes des maréchaux Ney, Victor, Soult, Bessières et Lefebvre. […] Elle revint le lendemain à la même heure. […] Revenus à Carthagène, le gouverneur se décida enfin à les y recevoir prisonniers.
Ampère nous est revenu un historien littéraire de plus en plus consommé et enrichi ; dans ce genre élevé et combiné tel qu’il l’embrasse, il nous a rendu et nous rend incessamment ce que lui seul pouvait faire. […] Ampère ne l’a pas toute détachée et mise à part dans son Hilda ; cette fleur respire avec discrétion et sentiment en d’aimables passages, comme, par exemple, en ces endroits si bien touchés des chastes mariages chrétiens, où les époux convertis n’étaient plus que frère et sœur. où l’épouse rougissante revenait à la virginité169. […] Nous comptons bien pourtant que, ces verves une fois épuisées et satisfaites, il reviendra à son beau livre commencé ; il nous doit surtout le moyen age et la Renaissance, deux parties si neuves encore).
» Et Racine, à qui tout son courage est revenu et qui va lire demain à la Comédie Britannicus, salue, en finissant, la Champmêlé du nom de Junie. […] Esprit consciencieux, attentif jusqu’au scrupule, des plus constants et des mieux en règle avec lui-même, s’il semble un peu plus lent à partir, il ne recule jamais et ne revient guère sur ses pas. […] Ceci revient à dire que M.
Il ne lui avait adressé que des plaintes, aucune de ces injures sur lesquelles l’orgueil ne revient pas. […] Ce cœur, vers la fin, revenait au bien par la sensibilité, par la pitié et par l’amour. […] Et maintenant n’en parlons plus, et revenons à la pure et innocente littérature.
Il exerça une efficace action occulte, et c’est à lui que revient d’avoir posé plusieurs des principes sur qui repose toute la poésie d’aujourd’hui. […] La découverte en revient aux poètes d’aujourd’hui et je ne suis pas sûr que ce ne soit pas la particularité qui leur vaudra le mieux la mémoire de l’avenir. […] Mais, ce serait en revenir à prendre un rôle pour lequel je ne suis pas fait et dont je me défendais au début même de cette conférence.
Cette spirituelle abbesse revient assez souvent sur ce qui manque à ce beau jeune homme en bonne grâce et en air ; on dirait qu’en tout bien tout honneur elle le voudrait former12. […] Huet, en goûtant la poésie, avait fait de bonne heure une réflexion sur ce que bien peu de gens sont nés, en effet, pour la sentir : « Il y a encore plus de poètes que de vrais juges des poètes et de la poésie. » Il revient souvent sur cette idée, qu’on retrouverait, je crois, également chez Montaigne. […] Mais c’est à sa solitude d’Aunay que Huet aimait surtout à revenir et à se retrouver ; c’est là qu’il jouit véritablement de la vie, telle qu’il l’entend et qu’il la rêve, une vie partagée entre son cabinet, la culture de son jardin et la promenade.
Aussi, quand cette folâtre est absente, quand elle court les bords du Rhin, comme cela lui arrive souvent, et qu’elle va faire l’école buissonnière à chaque vieille tour et à chaque rocher, elle manque bien à sa chère Mme la conseillère : Dépêche-toi de revenir à la maison, lui écrit celle-ci. […] Bettina revient donc près de la mère de celui qu’elle vénère et qu’elle adore ; et ce sont des conversations sans fin sur cette enfance de Goethe, sur ce qu’il annonçait de bonne heure, sur les circonstances de sa naissance, sur le poirier que planta son grand-père pour marquer ce beau jour, et qui prospéra si bien, sur la chaise verte où s’asseyait sa mère quand elle lui contait les histoires sans fin qui l’émerveillaient, sur les présages et les premiers indices de son génie en éveil. […] C’était à la fin d’avril 1807 ; elle accompagnait sa sœur et son beau-frère qui avaient à aller à Berlin, et qui lui avaient promis de revenir par Weimar.
Il est par lui-même honnête, je l’ai dit, préférant en général le bien au mal, mais se laissant aisément aller quand l’occasion, la vanité ou l’intérêt le tentent, et n’en rougissant pas trop, alors même qu’il est revenu. […] Il s’en revient, un peu honteux de sa faiblesse, et signifie doucement à Gil Blas qu’il le renvoie, tout en le remerciant encore à demi. […] Arlequin, marionnettes, acteurs pour acteurs, il était d’avis que tout cela revient au même, et que ce sont toujours les mêmes ficelles.
Ce n’est pas une réhabilitation que je viens tenter, mais il est bon de mettre des idées exactes sous de certains noms qui reviennent souvent. […] Dans la plupart de ses dialogues, faisant converser ses personnages, elle trouve moyen, à chaque jolie chose qu’elle leur prête, de faire dire à celui qui réplique : « Tout ce que vous dites est bien dit… Tout cela est merveilleusement trouvé. » Ou, selon un mot qu’elle affectionne : « Cela est fort bien démêlé. » Ce compliment indirect qu’elle s’adresse revient sans cesse, et elle est inépuisable en formules pour s’approuver. […] J’ai beau leur parler de la beauté de la saison, des nouvelles qui courent et de toutes les choses qui font la conversation ordinaire, ils en reviennent toujours à leur point : et ils sont si persuadés que je me contrains pour leur parler ainsi, qu’ils se contraignent pour me parler d’autres choses qui m’accablent tellement que je voudrais n’être plus Sapho quand cette aventure m’arrive.
Il ne la connut en effet qu’en 1814, et cette idée de séparation et de privation paternelle revient souvent sous sa plume, paroles et expressions les plus vives et qui vont au cœur : « L’idée de partir de ce monde sans te connaître, lui écrit-il, est une des plus épouvantables qui puissent se présenter à mon imagination. » Il avait une autre fille aînée qui était également loin de lui, et qui était alors à marier, avec toutes sortes de qualités, mais sans fortune ; c’est en pensant à elle qu’il s’écriait d’une manière charmante : « Ah ! […] » et faisant allusion au mot des mères de Sparte qui montraient à leurs fils le bouclier, en leur disant de revenir avec ou dessus : Cependant, mon cher ami, ou avec cela, ou sur cela. […] Allez donc, mon cher ami, et revenez ou emmenez-moi avec vous.
Parmi les mots et les idées qui reviennent le plus souvent sous sa plume quand elle se mit à écrire, je distingue surtout les mots mœurs, innocence et gloire. […] Le mot d’humanité revient souvent sous sa plume : « L’humanité, dit-elle à son fils, souffre de l’extrême différence que la fortune a mise d’un homme à un autre. […] Elle est aussi l’un des premiers moralistes qui, au sortir du xviie siècle, soient revenus à l’idée très peu janséniste que le cœur humain est assez naturellement droit, et que la conscience, si on sait la consulter, est le meilleur témoin et le meilleur juge : « Par le mot conscience, j’entends, dit-elle à son fils, ce sentiment intérieur d’un honneur délicat, qui vous assure que vous n’avez rien à vous reprocher. » Elle donne, à sa manière, le signal que Vauvenargues, à son tour, reprendra, et qui, aux mains de Jean-Jacques, deviendra un instrument de révolution universelle.
Au lieu de revenir en France, après ses exploits de Hongrie, Bonneval continua de séjourner à Vienne, où il occupait un haut rang, mais où le ton et l’étiquette régnante devaient, tôt ou tard, amener des désaccords avec sa manière d’être et de vivre. […] Ce même point d’honneur, qui l’avait déjà poussé si loin, l’empêcha de revenir à résipiscence et de se prêter à une réparation, à un raccommodement avec le prince Eugène. […] Il y resta six mois seulement, après lesquels il put revenir à Constantinople.
Il a fallu revenir à pied du Point-du-Jour. […] Du reste, il est revenu d’Angleterre peu plaisant, et avec le ton rogue du populaire de là-bas. […] On revient dîner et la conversation va au livre du Bachelier, de Vallès, sur lequel Zola vient de faire un article dans Le Figaro.
Trop de temps s’était écoulé depuis le Pœan de Salamine, le sang de sa race était trop pénétré d’une religion de douleur, pour que Heine pût librement revenir aux Anthestéries et aux Penathénées. […] Il revint, sans rien dire de ses fièvres morales, aux dogmes positifs qu’il avait dédaignés, étant sain et prospère. […] » « Oui, je suis revenu à Dieu. » et ailleurs, dans cette préface du Romancero qui est sa confession finale, comme l’enfant prodigue, après avoir gardé les pourceaux chez les Hegeltiens : « Le mal de la patrie céleste m’a saisi et m’a entraîné par monts et par vaux, à travers les sentiers les plus ardus de la dialectique.
Après de longs mois de repos et de maladie en pleine Suisse austère je revenais à mon nid, friand de délires parisiens. L’Atlante m’en voulut inonder, m’amenant d’un coup Careo et Apollinaire, Pour une modeste agape qui a laissé, je le crains, d’insuffisants souvenirs à notre parfait Tyrtéej de Montmartre, j’avais adjoint à tant d’inconnu, doux tempéraments, un poète suissek et un jeune peintre français qui revenait avec élégance du front où il avait reçu une blessure et trouvé envers les Hommes de la bonté fraternelle. […] À la fin de 1918, De Chirico arrive à Rome et y fréquente assidûment les musées : il revient alors à la peinture traditionnelle, retour consacré par un article paru dans le numéro de novembre-décembre 1919 de Valori Plastici : « Le retour au métier », où il déclare « Pictor classicus sum ».
C’est de la Critique dans un sens, puisqu’il s’agit d’appréciations et de choses de littérature, mais c’est bien plus étonnant qu’une Critique complète qui aurait dit le mot suprême, qui aurait brusquement tranché, pour n’y plus revenir, dans le vif des choses et de l’amour-propre. […] Le Christianisme, qui fait des âmes tendres aux Barbares, n’a pas eu grand’peine à verser sa tendresse dans une âme qui n’eut jamais rien de bien fauve, qui d’instinct avait la droiture et la délicatesse, et qui, à toute page de ses livres, se préoccupe surtout de ce que le Christianisme a ajouté de bonté à la bonté humaine : car c’est là une des idées qui revient le plus sous la plume de M. […] Dieu l’humiliait, mais il lui revenait par la tendresse, et voilà le secret de son scepticisme, à cet orgueilleux qui avait l’âme tendre !
Le pouvoir qu’il attaquait était odieux et suranné ; les étrangers qu’il avait à combattre, les cinq armées germaniques vaincues l’une après l’autre sur tous les points de l’Italie, semblaient un dernier reste de ces anciennes irruptions du Nord, que rejetait au-delà des monts quelque général romain revenu à la hâte de la Gaule Narbonnaise ou de la Grèce, un Marius, un Bélisaire. […] Il revint toutefois sur cette brûlante arène, car la patrie lui manquait encore plus que la liberté. […] Il revint à Mexico, fut d’abord avocat, puis élevé aux honneurs de la magistrature.
N’allez pas en conclure, je vous prie, qu’il aimerait à en voir revenir un. […] Il n’est rien de tout cela ou, ce qui revient au même, il est tout cela tour à tour. […] On dirait qu’il revient d’Allemagne. […] Son passé lui revient en comparaisons pieuses, en phrases de missel. […] Ces mots révélateurs reviennent à chaque page sous la plume de M.
Il le quitte à nouveau en Octobre 84, et revient en Mars 85). […] René Ghil a par devers lui une source de revenus intarissable. […] ».Nous étions à l’heure où Moréas, revenu de Hugo et de Baudelaire, disait : Pindare et Moi ! […] Diplomatie de courte-échelle », le nom ne me revient pas : « Ce qui nous sépare ? […] La Danseuse était de première importance dans la pensée du Maître Symboliste : il revient souvent à elle.
J’abrège ; trompé par sa maîtresse, le fugitif revient et retrouve le pardon dans les larmes de celle qu’il a si cruellement trahie. […] Elle revint à elle, et par un geste impérieux, m’enjoignit de me réfugier dans la pièce voisine, où je courus cacher ma honte. […] Revenons à ce livre rempli de renseignements, dans lequel M. […] Tous ceux qui partent ne reviennent pas ! […] Tu nous reviendras !
Il a prétendu revenir au christianisme primitif. […] Saint-Simon commence même à revenir à sa conception de 1803 et à replacer les savants au premier rang. […] Revenons au jansénisme. […] C’est là le fort même de Fourier, l’argumentation centrale où il revient toujours. […] Voilà la distance parcourue dans le flux et le reflux des idées, et voilà qui prouve qu’on revient de loin.
Je reviens. — Le fait est qu’il n’y a pas de doctrine absolue pour les États et que tout est relatif, subordonné à l’utilité publique. — Ainsi quelle que soit la rigueur du raisonnement, il serait fatal qu’en France on laissât le clergé se fortifier et s’organiser davantage en parti.
C’est un rapprochement sur lequel nous ne pouvons nous empêcher de revenir à l’honneur du sérieux de notre temps, que celui de deux jeunes hommes, tels que MM. d’Ault et Barchou, sachant faire, tout au sortir des états-majors, un emploi aussi élevé de leurs loisirs.
Cela revient à dire qu’en présence d’une œuvre littéraire se posent toujours deux questions : une question de fait, sur laquelle l’accord peut s’opérer ; une question de goût, sujet d’interminables discussions.
Ces lauriers littéraires ont été si souvent prodigués au hasard ou à la faveur, que la gloire qui peut en revenir, commence à être généralement décriée.
Quitter les campagnes des mânes heureux pour revenir dans ce monde, c’était passer d’un état parfait à un état qui l’était moins ; c’était rentrer dans le cercle, renaître pour mourir, voir ce qu’on avait vu.
Cet homme lorsqu’il était nouvellement revenu d’Italie, faisait de très belles choses.
Verlaine, repris par la vie qui le tenaille et le pousse aux excès, tente de revenir aux jours de Sagesse. […] Puis, il revient en Suisse et tente, sans succès, de reconstituer l’Internationale dans le sens anarchiste. […] En voici une qui revient sans cesse et qui, pour ma part, m’agace singulièrement : « Ah ! […] Il revient ; on veut le marier ; il refuse et s’en va de nouveau. […] Je n’y reviendrai pas.
Mais ses revenus sont juste suffisants pour le faire vivre à la campagne. […] Mais voudrait-il ravir Sabine à Fink, revenu sans doute d’Amérique pour elle seule ? […] Personne ne parlait ; Ehrenthal ne revenait point. […] Lorsque le père revint près du lit, la main de son fils s’éleva vers lui menaçante ; puis elle retomba morte. […] Pour revenir à mon vrai sujet, vous me permettrez de vous rappeler une dernière circonstance.
L’expression de mitis y revient souvent et nous donne la note de cet esprit doux par excellence, et qui sut l’être sans fadeur. […] Fléchier, en écrivant son récit, ne songeait qu’à faire sourire son beau monde aux dépens des fausses précieuses : aujourd’hui, quand nous le lisons, une partie de notre sourire lui revient à lui-même, à l’abbé spirituel et fin, si bien tourné, si pénétré de son bon goût, mais un peu précieux. […] À quoi, monsieur, ne servirait pas peu encore quelque autre ouvrage latin ou français sur la nouvelle largesse du roi dans la liberté qu’il a procurée par la terreur de ses armes et par l’effusion de ses trésors aux chrétiens captifs en Barbarie, qu’on n’attend que l’heure de voir revenir délivrés… L’estimable Chapelain suggérait là à son jeune ami un nouveau sujet de poème officiel et ennuyeux, pour trouver occasion de le faire valoir en Cour et auprès de Colbert. […] Il revint à Paris en L’année 1690, pour prononcer l’oraison funèbre de la dauphine, et celle de son grand ami, le duc de Montausier.
Pour avoir affaire à ce qui vit, il faut en revenir à Villon. — Villon était-il un novateur ? […] Il a trouvé pour quelques-uns de ces regrets naturels qui reviennent sans cesse, sur la beauté évanouie, sur la fuite des ans, l’expressionla meilleure et définitive, une expression vraie, charmante, légère, et qui chante à jamais au cœur et à l’oreille de celui qui l'a une fois entendue. […] Il est à déplorer que ces qualités acquises et conquises par tant d’efforts n’aient pu se transmettre insensiblement par voie de tradition et d’hérédité, qu’il y ait eu bientôt après perte, interruption, ruine, et qu’il ait fallu bien plus tard, de nos jours, un autre effort et une exhumation tout artificielle pour les retrouver et y revenir en étendant la main par-dessus deux siècles. » Cependant l’école de Ronsard avait fait son temps, avait suivi et accompli son cours ; elle avait eu très-vite ses trois saisons, et après Des Portes, avec Bertautet Du Perron, elle finissait par s’alanguir. […] Que si, après cela, on passe à Boufflers, à cet abbé-chevalier, qui était en son temps un auteur de vers à la mode, comme Mellin de Saint-Gelais l’était dans le sien, on croit revenir en arrière, ou plutôt on se sent déjà en décadence.
La séparation même ne dura pas jusqu’à la mort ; le baron de Staël revint, après la révolution française, mourir entre les soins de sa femme et les respects de ses enfants. […] Sa fille, protégée par son titre d’ambassadrice, ne tarda pas à revenir à Paris où la rappelaient ses opinions, ses attachements et son ardeur politique. […] « Je reviens à vous, femmes immolées toutes dans une mère si tendre, immolées toutes par l’attentat qui serait commis sur la faiblesse par l’anéantissement de la pitié ; c’en est fait de votre empire si la férocité règne, c’en est fait de votre destinée si vos pleurs coulent en vain ! […] Elle revint à Paris occuper, dans le parti des républicains d’ordre, la place que madame Rolland égorgée par Robespierre avait occupée dans le parti des Girondins.
L’homme vient une fois, la femme lui agrée ; il revient et mendie l’entretien solitaire. On le lui accorde et, si de ce jour, il ne tire rien de précis, il part et ne reviendra plus. […] Peut-être même vaut-il mieux souhaiter cette victoire très prochaine ; les écrivains pourront alors revenir à l’étude sérieuse des caractères. […] Au théâtre, il n’y a qu’à voir et entendre ; on n’a pas une page à tourner, même pas cela ; et si l’on a mal compris, on n’est pas tenté de revenir en arrière.
Je revenais, par un ciel de printemps, de Rome à Florence ; j’avais passé la nuit dans la ville pastorale de Terni, ville répandue au milieu des eaux et des arbres dans la vallée sonore, assourdie des cascades et rafraîchie de l’écume du Vellino. […] XVI La restauration des Bourbons s’était accomplie : la poésie, cette élasticité comprimée des âmes, était revenue avec la liberté. […] XXII Je revins, peu de temps après cette conjuration de cour, à Paris. […] Il reviendra par mer.
Quand il l’a montré mort, quand il l’a enterré, il y revient encore longuement, comme à regret de s’en séparer et un peu dégoûté à l’avance de ce qui va suivre. […] Il y revient sans cesse. […] Il revint à Genève en 1541, et n’en sortit plus. […] Il faut, ici encore, marcher droit à Dieu, revenir purement et simplement à l’Évangile, « Christum ex fontibus prædicare. […] Après un court voyage à Turin avec Guillaume de Langey du Bellay, Ronsard revint à Paris en 1542.
Dans ces parties accessoires de son ouvrage, et où il se permet toutes sortes de fleurs de rhétorique et de licences oratoires, il laisse bien voir aussi le sentiment d’élévation et d’enthousiasme qu’il y porte ; et pour revenir à un rapprochement que bien des endroits justifieraient, il y a en lui, chroniqueur et historien, quelque chose d’un Froissart passionné. […] Quand on voit ces belles et sérieuses parties dans l’historien, on se demande pourquoi il n’a pas mieux réussi dans sa carrière totale et politique, pourquoi il n’a pas servi avec plus de suite ; et c’est ici qu’il faut en revenir au caractère et à l’humeur de l’homme.
Un jour donc, un matin que l’odorat lui était subitement revenu, Mme de Sablé crut sentir, et elle ne se trompait pas, une odeur de cire ; elle s’en effraya aussitôt, craignant par-dessus tout le mauvais air et ses suites. […] Il fallut toute la grâce et les gentillesses de la mère Agnès pour l’apaiser, pour la faire revenir de sa bouderie ; il fallut surtout ce post-scriptum rassurant, — car Mme de Sablé, en enfant gâté, ne se contentait pas de la promesse qu’on ne ferait plus de bougie, elle disait : Vous en ferez, vous en avez besoin, je veux que vous en fassiez, je ne veux pas vous gêner, mais je m’en irai ; il fallait donc lui prouver qu’on en pouvait faire sans que l’odeur lui en arrivât : « Depuis ma lettre écrite, lui disait la mère Agnès dans les dernières lignes, nos sœurs ont été faire la ronde pour chercher un lieu, s’il en faut un absolument pour vous satisfaire ; elles en ont trouvé un dans les derniers jardins, tout à l’autre bout, proche l’apothicairerie. » — Le choix de ce lieu-là hors de toute portée tranquillisa peut-être Mme de Sablé jusqu’à nouvel ordre et nouveau caprice, jusqu’à nouvelle lune.
Il était encore à Hartwell quand M. de Talleyrand lui envoyait un personnage de l’ancienne Cour, celui-là même qui avait répondu à Louis XVI le jour de la prise de la Bastille : « Ce n’est pas une révolte, sire, c’est une révolution. » Ce personnage (M. de La Rochefoucauld-Liancourt) envoyé à Louis XVIII pour s’entretenir avec lui de la situation et l’éclairer de vive voix sur les difficultés, ne parvient pas à être reçu par le roi qui avait contre lui un ancien grief personnel ; il n’est reçu que par le favori (M. de Blacas) et revient sans avoir pu être admis. […] La raison en est simple : un hasard, une surprise, une catastrophe imprévue suffit pour reporter sur le trône des princes dont le nom parle encore à bien des imaginations qui se tournent naturellement vers eux dans un jour de crise ; mais, pour s’y maintenir, pour faire une juste part entre les intérêts et les principes dont ils sont les représentants et ceux qui se sont créés sans eux ou contre eux, pour se concilier, pour rassurer la masse de la population qui, s’étant momentanément attachée à un autre drapeau, ne peut les voir revenir qu’avec crainte et défiance, il faut un mélange d’intelligence, de sagacité, de fermeté et d’adresse que bien peu d’hommes ont possédé, comme Henri IV, au degré suffisant69.
Cette Amérique, qui revient chaque fois comme unique exemple allégué, est d’une grande monotonie à la longue. […] Le mot de visée revient volontiers sous la plume de l’auteur ; il se crée des nœuds au dedans : « Il y a, dit-il, deux tendances en apparence inconciliables qui se trouvent unies dans ma nature ; mais comment s’est fait ce nœud ?
Félix Gaudin, auteur de Poésies chrétiennes 35, âme honnête, éprouvée, reconnaissante, que l’injustice a atteinte, que la foi a relevée et consolée, humble acolyte en poésie, et qui, dans le pieux cortège, me fait l’effet de psalmodier ses rimes à mi-voix, en tenant à la main le livre de l’Imitation d’où la joie et la paix lui sont revenues. […] Il est difficile de distinguer dans ces premiers jets de la saison ce qui est en propre au talent et ce qui revient et appartient à l’atmosphère générale où il a été nourri.
Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) C’est toujours un bonheur quand les hommes qui ont le don de la Muse reviennent à la poésie pure, aux vers. […] Hugo, loin d’avoir en rien l’organisation grecque, est plutôt comme un Franc énergique et subtil, devenu vite habile et passé maître aux richesses latines de la décadence, un Goth revenu d’Espagne, qui s’est fait Romain, très-raffiné même en grammaire, savant au style du Bas-Empire et à toute l’ornementation byzantine .
Ayant fait à Padoue de suffisantes études, il revint à Venise, où il reçut du patriarche les quatre ordres mineurs. […] Nous reviendrons une autre fois sur Casanova, et nous le suivrons à Paris où il se perfectionne dans le français sous le vieux Crébillon le tragique, singulier maître de langue, de qui il apprit, j’imagine, bien moins qu’il ne prétend.
Puis, après une légère atteinte portée à l’abbé de Pure dans la Satire VI, voici que reviennent dans la VIIe , et Colletet et Chapelain, flanqués de Sauval, Perrin, Pelletier, Bardin, Mauroy, Boursault, Titreville, Montreuil. […] Il se dit revenu des Espagnols dès 1625, et les ampoulés disciples de l’Espagne le trouvent toujours prêt à se récrier sur leurs extravagances.
L’architecture avec Soufflot revient aussi aux formes antiques. […] Il s’y ennuya cruellement, et revint en France en juin 1791.
On ne le laissa pas gouverner ; et quand il fut mort, on revint peu à peu aux idées pour lesquelles on avait renversé son ministère. […] J’ai parlé précédemment, pour n’y pas revenir, de l’éloquence religieuse : l’orientation nouvelle de l’Église, dans notre société, n’a pas encore eu le temps de donner des résultats littéraires, que peut-être elle donnera bientôt.
Le moyen de ne pas revenir souvent à la charge, quand on rencontre par-tout l’ennemi ! […] Elle en reviendra enfin à se persuader, comme toutes les Nations sages, que son bonheur & sa gloire ne consistent pas à renfermer dans son sein des Raisonneurs chimériques, des Littérateurs présomptueux, des Impies extravagans ; mais à respecter la Religion, à cultiver utilement les Lettres, à réprimer les abus du caprice & de la folle raison.
Ecrire sur un livre revenait donc à dire : ce livre plaît ou déplaît à son juge, comme il plaît ou déplaît à beaucoup de gens qui partagent habituellement son avis, comme il aurait plu ou déplu à certains auteurs respectables, en vertu d’une hypothèse confirmée par tel ou tel passage de leurs écrits. […] Ici Sainte-Beuve revient à son ambiguïté du début, et dit tout d’une haleine : « Chaque ouvrage d’un auteur, vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre, et entouré de toutes les circonstances qui font vu naître, acquiert tout son sens, son sens historique, son sens littéraire… Être en histoire littéraire et en critique, un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Sainte-Beuve développe plus loin l’idée exprimée dans ce second membre de phrase, et conseille, pour apprécier un auteur, de le comparer à ses antagonistes et à ses disciples, de distinguer les diverses manières de son talent, de déterminer ses opinions sur certains sujets d’ordre général, enfin de résumer sa nature morale dans une formule exacte et concise.
Maintenant revenons, — car toutes les questions qui se rattachent au mystère sont le cercle et l’on n’en peut sortir, — revenons à notre point de départ et à notre interrogation première : Qu’est-ce qu’un génie ?
C’est pourquoi il faut traduire, commenter, publier, imprimer, réimprimer, clicher, stéréotyper, distribuer, crier, expliquer, réciter, répandre, donner à tous, donner à bon marché, donner au prix de revient, donner pour rien, tous les poètes, tous les philosophes, tous les penseurs, tous les producteurs de grandeur d’âme. […] Être poëte, cela revenait un peu à être mandarin.
Il est revenu aux procédés classiques. […] François de Curel, c’est que sa réputation est trop justement établie pour qu’il soit nécessaire d’y revenir.
Il y reviendra pourtant. […] Nous voilà revenus à ne pas nous entendre.
Et après s’être lavé le visage, il revint, et, se faisant violence, dit à ses serviteurs : Servez à manger116. » Voilà les larmes de Joseph en opposition à celles d’Ulysse ; voilà des beautés semblables, et cependant quelle différence de pathétique ! […] Il dit, et il embrasse son fils, et les larmes qui coulent le long de ses joues viennent mouiller la terre ; jusqu’alors il avait eu la force de les retenir. » Nous reviendrons sur cette reconnaissance ; il faut voir auparavant celle de Joseph et de ses frères.
Je ne doute point qu’il n’y ait encore quelque part d’autres misérables Descamp qui vous reviendront. […] état actuel de l’école française. voyons maintenant quel est l’état actuel de notre école, et revenons un peu sur les peintres qui composent notre académie.
. — Ensuite, pour peindre l’anarchie, un rythme relativement brisé et heurté : Des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion retenue et à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence, | les lois abolies. » — Enfin, pour peindre la bonace revenue, la période tombant et se reposant sur un rythme très net, très précis, presque de versification (un vers de 9, un vers de 10) et majestueux : « Un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Mais ici l’harmonie expressive ne fait que se mêler un peu et de temps en temps au nombre. […] Et si vous me dites qu’à faire ainsi, l’on finit par dénaturer le poète, l’on finit par ne plus chercher en lui que le musicien et par ne plus le trouver poète quand il ne fait plus de la musique ; je vous répondrai que, quand on commence à sentir cela, on doit faire taire l’orchestre comme on éteint une lampe ; qu’on doit cesser de lire tout haut et recommencer à lire tout bas et que, de même que pour saisir l’idée et s’en pénétrer on doit d’abord lire tout bas, de même, après avoir assez longtemps lu tout haut, on doit revenir à la lecture intime pour retrouver devant soi l’homme qui pense.
Les historiens de la Russie, les vrais, les seuls, ne sont point ceux qui ont la prétention ou la volonté d’écrire, en quatre points, une histoire de l’empire russe, mais ce sont les observateurs sans missions officielles, les artistes intuitifs, les voyageurs surtout, qui, un beau matin, s’en vont regarder l’énorme sphinx au visage et reviennent nous dire ce qu’ils en ont vu. […] Il ne revint pas de Saint-Pétersbourg ivre-mort de ce philtre où Diderot avait bu.
Manon Lescaut, ce roman bon pour des portières, disait l’empereur Napoléon à Sainte-Hélène, a produit les Dame aux Camélias, les Bovary, les Fanny, et toutes ces sincères qui suivent tranquillement leur instinct, comme un âne qui trotte suit le sien, et vont naturellement, sans grande fougue, sans combat, sans hésitation, sans scrupule, de l’amant qui leur plaît à l’amant qui les paie, quitte à revenir à l’amant qui leur plaît quand l’autre a payé ! […] Le récit de Manon Lescaut n’a pas l’air de se comprendre… Il va toujours son amble tranquille, chargé de choses dégoûtantes, comme le mulet chargé de reliques, et ce malheureux récit, qui ne se doute de rien, s’en revient toujours de Pontoise… Est-ce cela que Dumas appelle de la candeur ?
Fielding fut obligé de quitter Leyde et de revenir à Londres, à peine âgé de vingt ans. […] Fielding leur fit dire qu’il était à souper, et qu’il fallait revenir le lendemain matin. […] Je reviens à Mackenzie. […] Revenons aux paysages. […] La vie entière est changée, et ne peut revenir à ses premières émotions sans d’horribles tortures.
C’est à Gustave Flaubert que revient l’honneur de ce mouvement de réaction sympathique. […] Lui, il y est toujours revenu. […] Jean Aicard revient sans cesse. […] Lorsque son frère revenait après une absence, elle l’embrassait avec des ravissements éperdus. […] Ne quitte-t-on jamais le mal pour revenir au bien, comme on quitte le bien pour aller au mal ?
Les vieux peuples, comme les vieilles gens, sont tentés de revenir à leurs patenôtres et de n’en plus sortir.
En fait de publications, cela est sensible : Masgana, le Barbin des galeries de l’Odéon, se plaint de n’avoir rien de nouveau à offrir à la jeunesse des écoles qui revient la bourse bien garnie, mais qui ne l’aura pas longtemps.
Nous y reviendrons peut-être, mais nous l’indiquons du moins comme dernière pièce du procès.
Houssaye revint l’un des premiers aux bois et aux sources du Parnasse, au naturalisme des Grecs, immense et pur comme le lever d’une aurore.
Il est bien probable que si Corneille revenait au monde, il aurait le même génie, et que, tout de même, il ferait ses drames autrement.
L’Abbé Desfontaines fut un des premiers à en faire connoître les défauts, & sa critique se trouva bientôt d’accord avec le jugement du Public, qui revint, à cette occasion, de ses premiers applaudissemens.
Il s’avança sur les bords du Théatre, & parla ainsi au Parterre : « Messieurs, il me revient de tous côtés qu’on trouve que le principal caractere de la Piece, que vous venez de voir, n’est point dans la vraisemblance qu’exige le Théatre ; tout ce que je puis avoir l’honneur de vous assurer, c’est qu’il m’a fallu diminuer beaucoup de la vérité, pour le rendre tel que je l’ai représenté ».
. — Schiller I Revenons à l’Allemagne. […] — « Me voilà revenu, écrit Schiller, mais mon esprit est toujours avec vous à Weimar. » Goethe lui envoie à Iéna les premiers volumes de son roman philosophique, William Meister, œuvre énigmatique que les initiés seuls peuvent bien comprendre, et que nous-même nous avouons ne pas comprendre suffisamment pour en parler. […] » XVII Bettina revient ici à la pensée de son amie Günderode. « Lorsque je revins visiter sa tombe, j’y trouvai de pauvres gens qui cherchaient leurs vaches ; je les suivis ; ils devinèrent que je venais du tombeau de la dame ; ils me dirent que Günderode leur avait souvent parlé et fait l’aumône, et que chaque fois qu’ils passaient près de l’endroit fatal ils récitaient un Pater. […] Plus nous nous éloignons des Grecs et des Latins, plus nous nous rapprochons de l’Allemagne, fille de l’Inde ; on dirait que le génie littéraire veut aussi faire le tour du monde comme le fil électrique, et revenir à cet Orient d’où tout est parti.