Son jugement à l’égard d’Hénault, ne doit donc être regardé que comme un de ces excès auxquels le penchant à la satire entraîne quelquefois les esprits les plus éclairés & les plus justes d’ailleurs.
Les ballets s’y trouvent ; Vasquez et Pizarre, assis dans une jolie grotte, regardent en conquérants les danses des Indiennes, qui folâtrent voluptueusement autour d’eux. […] Pareillement, dans les meurtres, faites-moi sentir la flamme des passions grondantes, l’accumulation de désespoir ou de haine qui ont lancé la volonté et roidi la main ; quand les paroles effrénées, les soubresauts du délire, les cris convulsifs du désir exaspéré, m’auront fait toucher tous les liens de la nécessité intérieure qui a ployé l’homme et conduit le crime, je ne songerai plus à regarder si le couteau saigne, parce que je sentirai en moi, toute frémissante, la passion qui l’a manié. […] Avant d’y descendre et d’y observer leur œuvre, il est à propos de regarder de plus près l’homme qui les y portait. […] regarde les Furies qui se lèvent ; regarde les serpents qu’elles brandissent, comme ils sifflent dans l’air ! […] Regarde comme ils secouent leurs torches, comme ils les lèvent, comme ils montrent les palais persans, les temples étincelants des dieux leurs ennemis796 !
Ils se regardaient avec de doux regards, le chef et la jeune fille. […] De nombreuses et belles femmes les regardaient par la fenêtre du palais. […] La bouche souriante, elle les regarda par dessus l’épaule : « Puisqu’ils se croient si braves, qu’on leur apporte leurs armures. […] Il regarda partout et ne vit personne. […] Certes, cela m’afflige au-delà de toute mesure. » Les deux guerriers braves et magnanimes se regardaient l’un l’autre.
comme je le regardai, et comme je tournai autour de lui ! […] Je ne sais si c’est son habitude, mais il était court et rouge comme un œuf de pâques ; je ne me lassais pas de le regarder. […] On m’a fait regarder M. […] Tandis que je regardais M. […] Planche connaît tout Paris littéraire, tout Paris artiste ; tout enfin ce qui dans ce grand Paris n’est pas le public qui regarde, lit ou écoute.
Le lecteur discernera, j’espère, le long de ce livre, les raisons pour lesquelles on peut se plaire à regarder vivre du dehors l’un des hommes qui se sont le plus regardé vivre du dedans. […] Répondons-leur qu’il y a deux manières de regarder notre homme, deux bouts de la lorgnette, l’un comique et l’autre tragique, le verre de Voltaire et le verre de Pascal. […] Retournez l’instrument, regardez par les verres pascaliens. […] Il faillit habituer son fils à regarder la vie comme une durée absurde et intolérable. […] Il ne regardera pas l’échancrure de Bellegarde et de Morez avec moins de méfiance que Maurras celle de Genève et de Coppet.
Dans les campagnes nues ou dans les cathédrales fleuries, qu’il regarde la mélancolie de l’Escaut jaune et gris ou la sérénité des vieux vitraux couleur de mer, qu’il aime les douces Flamandes aux bras nus ou Marie-aux-cloches, Marie-aux-îles, Marie-de-beaux-navires, Max Elskamp est le poète de la Flandre heureuse.
En se promenant, sans autre compagne même que sa rêverie ou cette vague musique que les poètes écoutent en leur cœur, dans le bruit et le silence des choses, comme il regarde, comme il devine tout, comme tout l’intéresse, l’émeut des mille détails de la vie qui passe !
Il est donc indifférent pour sa gloire qu’il ait créé des systêmes qu’on ne peut regarder que comme de beaux Romans ; qu’il se soit trompé dans son Hypothèse des Tourbillons & dans ce qu’il a écrit sur l’ame des bêtes.
Depuis la derniere édition de cet Ouvrage, il a publié une Satire au Comte de B**, que nous regardons, malgré la dureté de plusieurs vers & le peu de noblesse de quelques expressions, comme une des meilleures Epîtres de ce genre qui aient paru depuis celles de J.
On se défie, au contraire, de l’historien sophiste ; car, représentant presque toujours la société sous un jour odieux, on est incliné à le regarder lui-même comme un méchant et un trompeur.
Quant à la troisième qui se rencontrera, regarde-la bien pour te rendre compte exactement de ce que ce sera.
MÊME CHOSE : La Mort de Dolon Traduction Hachette juxtalinéaire Mais Diomède puissant, Ayant regardé certes lui en dessous Dit à lui : « ne te mets pas certes dans l’esprit la fuite du moins, Dolon, Quoique ayant annoncé De bonnes choses, Puisque tu es venu dans nos mains.
Dieu est vivant & vous regarde : marchez. […] Le genre sublime ne peut regarder que de puissans intérêts traités dans une grande assemblée. […] Les gazettes de la Chine ne regardent que cet empire ; celles de l’Europe embrassent l’univers. […] La beauté ne déplaît jamais, mais elle peut etre dépourvûe de ce charme secret qui invite à la regarder, qui attire, qui remplit l’ame d’un sentiment doux. […] Les anciennes chroniques chinoises ne regardent que cet empire séparé du reste du monde.
Le fat à la mode, le « gigolo » esthétique, regarde par-dessus l’épaule de l’hystérique auquel a été suggérée l’admiration. […] Ils regardent comme profond tout ce qui n’a aucun sens et peut, par conséquent, recevoir toutes les interprétations imaginables. […] Regarder, c’est voir nettement un objet et ne pas tenir compte des autres. Le peintre doit regarder, s’il veut nous faire comprendre distinctement quel objet l’a captivé et ce que son tableau doit nous montrer. […] (p. 99), et Il pleure dans mon cœur (p. 116), doivent être regardées, comme des perles de la poésie lyrique française.
— Et il me regarda avec un long sourire mélancolique, qui m’exprimait de sa part des choses nouvelles, indicibles. […] D’ailleurs oublier ce que l’on a une fois entrevu n’est guère possible, et poser un écran au-delà duquel on s’interdit de regarder n’est, pas meilleur. […] L’illusion individuelle est donc bienfaisante et nous avons le droit, comme des personnages de lanterne magique, de nous regarder au verre grossissant. […] Savoir, c’est refléter ; connaître, c’est prendre en soi l’image des objets ; se connaître, c’est se regarder au miroir de son intelligence. […] Il ne saurait plus acquiescer à rien puisqu’il acquiesce à tout ; il ne saurait plus avoir aucune théorie : il regarde, subit et se résigne.
Roland cherche ses compagnons morts ; « Par le camp va tout seul, — regarde aux vals, regarde aussi aux monts ; — là il trouva Ivori et Ivon, — trouva Gerin, Gerar son compagnon, — là il trouva Engeler le Gascon, — trouva aussi Bérenger et Oton ; — là il trouva Anséïs et Lamson, — trouva le vieux Gérard de Roussillon. » Mais M. […] Regardé à la loupe, le style de ce bonhomme enfantin est d’une vulgarité triste. […] Fénelon regarda le monde et fixa Dieu éperdument. […] Cependant, continuons à être de notre temps, c’est-à-dire à regarder les choses avec un sérieux démocratique. […] Je viens, dans une chronique de Willy, de lire yeuter (de yeux), pour voir, regarder.
Il la regarde, d’après son propre aveu, « plutôt en sculpteur qu’en amant ». […] Regardons-en les principaux traits saillants, les lignes les plus accentuées. […] Attaqué de son vivant, il a eu, après sa mort, cette rare fortune d’être regardé comme un dieu par des écoles rivales, qui chacune l’ont revendiqué avec une admiration exclusive, et ne se sont pas aperçues qu’il les englobait toutes. […] À ne regarder que la variété du rythme, la richesse de la rime, le choix et la disposition des épithètes, il équivaut au moins à Théophile Gautier ou à M. […] On répugne à regarder ce rêveur comme une simple victime de lésions cérébrales.
Tout au contraire, elle regarde vers le passé ; c’est un legs du romantisme. […] Chacun se regarde. […] Mais il est clair qu’au lieu de regarder autour de lui, M. […] Les petits, les déshérités, dédaignés de la littérature comme de la vie, il les a regardés d’un regard ami. […] Il regarde en haut ou en bas, trop haut ou trop bas.
Si l’on y regarde de plus près, ces similitudes ne sont qu’extérieures. […] Le jeune homme regarde autour de lui. […] » répond-elle. « Laisse-moi te regarder, Georges. […] Cette enfant regarde quelque part, songeuse, et sur un plateau elle tient la tête de saint Jean. […] Oh n’eût rien su du marquis Costa que l’on eût reconstitué sa race rien qu’à le regarder aller et venir, causer et se taire, écouter et sourire.
Je ne regarde point Goethe comme un prodige ni un prodigue de sensibilité. […] Or, regardez en France, dans la France d’il y a quelques années à peine. […] Il regardait ; et il ne savait peindre que ce qu’il voyait. […] D’autres, avec un grand souci, du reste, de regarder et de bien voir, remuent pourtant des in-octavo, « se documentent ». […] Il devrait fermer le livre et dire tout simplement : « Ça ne me regarde pas. » À quoi je n’aurais rien à dire.
Il y a des domaines où la Tradition a pu être contraire à la Science : ainsi pour ce qui regarde l’interprétation des phénomènes physiques et chimiques. […] Elle se trouve encore dans la Préface générale de 1842 : « Aussi regardé-je la famille, non l’individu, comme le véritable élément social. […] Il lui suffisait de regarder sa propre destinée pour comprendre l’inutilité de cette sanglante aventure. […] Mais ils ne le regardent que pour y épanouir leur joie ou y exaspérer leur chagrin. […] Qu’Enée reste à Carthage, qu’Hippolyte ne regarde plus Aricie, que Desdémone se justifie, et, la jalousie disparaissant, le doute disparaîtra aussi.
Elle savait écouter, regarder et lire, cette Foule ignorante, parce qu’elle était libre des préjugés du Public contemporain. […] Octave Feuillet regarde d’assez haut, non sans raison, le public de M. […] La Bruyère le regarde en homme qui l’aimerait, en penseur qui le comprendrait, en écrivain qui en a le pressentiment. […] Il regarde, s’étonne, s’enchante et l’apparence des choses lui suffit ; il ne cherchera pas sous l’apparence la réalité cachée. […] Les Romantiques ne regardaient pas dans leurs âmes.
Y regarde-t-on de plus près, il semble qu’on ne puisse les concilier seulement, bien loin qu’on puisse essayer de les fondre l’un dans l’autre. […] On serait tenté d’en dire autant de ces détails tout intimes qui ne regardent que la vie privée de Molière, Les indiscrétions posthumes sont à la mode aujourd’hui. […] Deux opinions, encore ici, se sont longtemps combattues, et peut-être, à bien y regarder, était-ce moins encore Molière que Louis XIV que l’on mettait en cause. […] Le patriarche de Ferney n’y regardait pas de si près. […] Regardez-y cependant de plus près ; ne feuilletez pas seulement, lisez leur consciencieux et spirituel historien.
Il faut y regarder de près avant d’accepter une théorie commode et vraisemblable. […] C’est l’heure où l’on compte ses fatigues, où l’on regarde avec épouvante les gerçures de sa peau. […] La faculté de se regarder lui-même avec le sens du comique et du grotesque datait de loin chez Flaubert. […] Mais tous deux avaient regardé l’histoire d’un regard qui y découvrait des types et des idées. […] Cependant, la conscience de mieux valoir que ces hommes atténuait la fatigue de les regarder ».
J'ai tout regardé descendre ; je me suis donné le plaisir de la parodie jusqu’au bout.
Viennet, debout, se retourne, regarde et de cet air militaire qu’il a toujours, et qui lui sied, il répond fièrement : “Je vis, la poésie classique n’est pas morte.”
Si on a été attentif à regarder en soi comme au dehors, si on a essayé de noter ses émotions, d’en saisir les causes, les effets, les nuances, les degrés, la communication ira se resserrant chaque jour entre la sensibilité et l’intelligence ; les émotions multiplieront les idées, l’esprit affinera le cœur, et la subtilité du jugement s’augmentera avec la délicatesse du sentiment.
Caïn voit toujours cet œil qui le regarde ; il pousse des cris de colère et ses fils étendent des toiles entre sa tête et le ciel ; puis ils bâtissent des tours dont ils épaississent les murs ; puis ils construisent un caveau d’airain.
Et Bûchette et Jeanie, qui regarde en dedans, et Ilsée, Ilsée qui est l’apparition la plus essentielle que je sache ; et Marjolaine qui, la nuit, jette des grains de sable contre les sept cruches multicolores et pleines de rêves, et Cice, la petite sœur de Cendrillon, Cice et son chat qui attendent le prince ; et Lily, puis Monelle qui revient… Je ne puis tout citer de ces pages, les plus parfaites qui soient dans nos littératures, les plus simples et les plus religieusement profondes qu’il m’ait été donné de lire, et qui, par je ne sais quel sortilège admirable, semblent flotter sans cesse entre, deux éternités indécises… Je ne puis tout citer ; mais, cependant, la Fuite de Monelle, cette Fuite de Monelle qui est un chef-d’œuvre d’une incomparable douceur, et sa patience et son royaume et sa résurrection, lorsque ce livre se renferme sur d’autres paroles de l’enfant, qui entourent d’âme toute l’œuvre, comme les vieilles villes étaient entourées d’eau… [Mercure de France (août 1894).]
Ce n’est pas en qualité de Géometre que Pascal est regardé comme un Génie dont le nom se soutient avec gloire dans la Postérité : tant d’autres, plus habiles que lui* en ce genre, n’ont pas le même avantage !
Büscing, entre autres, qui a consigné dans ses Ecrits Polémiques, publiés à Berlin, l'estime particuliere qu'il fait de son Atlas : il le regarde comme le meilleur Ouvrage de Géographie & d'Histoire Politique qui ait paru en France sur l'Allemagne.
On le regarda comme un traître.
Mais à part ce mérite, partagé par tant de savants d’alors, de déterreurs d’une société finie et de langues mortes, quoi donc pourrait recommander, à l’attention et même à la curiosité, l’existence imperceptiblement domestique ou publique d’hommes perdus dans des études effrayantes sur des vocables latins ou grecs, et dont les travaux, utiles comme le mortier et les pierres qui ont servi à bâtir un monument, ne sont pas plus regardés que ce mortier et ces pierres, quand le monument est debout ?
L’irréligion au début du xviie siècle Le xviie siècle, de loin, paraît presque tout chrétien : à le regarder de près, on y distingue un fort courant d’irréligion, théorique et pratique. […] Du Vergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, directeur de la maison à partir de 1636, y implanta la doctrine de Jansénius avec qui il était lié, et fit de ces filles les croyantes obstinées, au besoin les inflexibles martyres de ce qu’elles regardèrent comme la pure vérité de Jésus-Christ. […] Les jansénistes avaient d’ardents ennemis, surtout les jésuites, qui se voyaient disputer par eux la direction des âmes et l’éducation des enfants, et qui, défenseurs des prétentions romaines, les regardaient comme le parti avancé du gallicanisme. […] Voltaire disait encore qu’il estimerait moins les Provinciales si elles avaient été écrites après les comédies de Molière : on comprendra ce jugement paradoxal, si l’on regarde avec quelle puissance expressive, quel sens du comique, et quel sûr instinct de la vie, sont dessinées les physionomies des personnages que Pascal introduit ; deux pères jésuites surtout, subtils et naïfs, celui dont l’ample figure occupe la scène de la 5e à la 10e lettre, et celui dont la vive esquisse illumine la 4e Provinciale.
Tous les deux se prennent pour sujet de leurs méditations ; mais tandis que Descartes se cherche et s’étudie dans la partie de nous-mêmes qui dépend le moins des circonstances extérieures, et qui porte en elle-même la lumière par laquelle nous la connaissons, la raison, Montaigne se regarde dans toutes les manifestations de sa nature physique et morale, et dans sa raison ni plus ni moins curieusement que dans son humeur. […] On le croyait si en possession de la vérité sur tous les principes des choses, qu’on lui attribuait le pouvoir de prolonger sa vie, et qu’on regardait son régime particulier comme un principe éternellement vrai de longévité. […] Il regardait l’inconvénient d’être trop connu comme une distraction dangereuse au dessein qu’il avait formé, disait-il, de ne jamais sortir de lui-même que pour converser secrètement avec la nature, et de ne quitter la nature que pour rentrer en lui-même. […] Les règles données dans le corps de l’ouvrage, pour ce qui regarde la conduite de la vie, ne sont que des développements de la Méthode.
Vingt ans auparavant, Boileau n’eût pas voulu des louanges à cause des vers ; mais plus vieux et plus faible pour ses propres ouvrages, s’il n’approuva pas Lamotte, il le regarda faire. […] En accoutumant l’homme à regarder par-delà ses pensées le fonds où elles se forment, elle apprenait aux juges des choses de l’esprit à reconnaître, sous les traits changeants d’une époque, les traits inaltérables de la nature primitive, et l’homme qui demeure le même sous la mobilité des mœurs et des coutumes. […] Il ne veut pas d’une religion que la raison pourrait regarder comme son œuvre, et il en qualifie le système de roman de la nature. […] S’il est vrai que plus on voit les choses de haut, plus on les voit dans leur vérité, le dix-septième siècle étant le point le plus haut d’où l’on puisse regarder les choses de l’esprit en France, c’est de cette hauteur, où l’on respire la modération et la sérénité, qu’on jugera le plus équitablement ce que le seizième siècle a fait pour préparer la perfection des lettres françaises, et ce que le dix-huitième a fait pour n’en pas déchoir.
Ainsi regardez les débuts du règne personnel de Louis XIV, de 1661 à 1672 environ. […] Regardons la France à la fin du xive siècle et au commencement du xve . […] Mais nous n’avons regardé que d’un seul point de vue la transformation sociale opérée par l’industrie. […] Qu’on regarde un de ces moments où le goût des choses de l’esprit pour une cause ou pour une autre se répand dans la nation.
Je n’ai qu’à m’approcher du milieu de la table et à la regarder perpendiculairement, je la verrai carrée. […] Regardez la ligne qui sépare le côté bleu et le côté rouge d’un disque : vous avez une sensation complexe, dont il ne vous reste plus qu’à faire l’analyse par le mouvement d’oscillation des yeux, allant du rouge au bleu, du bleu au rouge. […] Si je regarde un carré, il y a dans les impressions mêmes qu’il produit, dans les résidus de ces impressions au sein de ma conscience, dans l’intensité de ces impressions, dans la réaction motrice qui suit ces impressions, dans l’intensité et dans la durée de cette réaction, dans les résidus qu’elle laisse elle-même, enfin dans l’intérêt que peuvent offrir ces résidus et dans l’attention qui en résulte, il y a là, dis-je, tous les éléments nécessaires pour produire un sentiment d’égalité, de répétition symétrique. […] Mais la conscience n’est pas ainsi un ensemble de perceptions séparées, dans un milieu vide et neutre ; percevoir en même temps deux cubes rapprochés sous un même regard, ce n’est nullement être affecté ni réagir de la même manière que si on regardait un cube seul, puis l’autre, en oubliant le premier devant le second.
mais dont personne ne voudrait voir la fin sans cet amusant abatis auquel on assiste : aboiements, coups de dents, massacre, hallali, et surtout curée, même pour ceux qui regardent. […] Pour bien comprendre la différence de la vigueur de ces deux hommes, partis tous les deux du principe de Descartes (l’examen individuel), qui n’était en somme que le principe protestant tombé de l’ordre religieux dans l’ordre métaphysique pour retomber dans l’ordre politique, comme toujours, il n’y a qu’à regarder leur point d’arrivée… Après Rousseau, que n’y a-t-il pas ? […] Mais, encore une fois, si elle n’augmente pas les mérites classés et reconnus de l’homme d’idée dans Proudhon, elle le montre, lui, sous un jour intime qui lui sied et dans la lumière duquel on n’était guères accoutumé à le regarder, ce grand coupable d’honnête homme ! […] La peinture du vice, si indignée qu’elle soit, c’est le vice, pour les vicieux qui la regardent.
MM. de Goncourt ont regardé à la loupe ce phénomène dans tous ses détails, et ils nous l’ont rendu avec cette saillie de style qui est une autre loupe fixée sur l’objet regardé et déjà grossi. […] la propriété des mouvements, nous serions de grands écrivains… Je suis convaincu que, pour qui a le sentiment des analogies et la puissance des mystérieuses assimilations, les regarder, c’est apprendre à écrire. […] Si le grand acteur tragique du commencement du siècle qui regardait ses pleurs couler et les étudiait derrière le cercueil de son père, pour pleurer de même dans Hamlet, nous paraît d’un génie atroce, il y a plus atroce encore : et c’est la comédienne attendrie que vous croyez compatissante, et qui étudie dans vos yeux, sans que vous puissiez vous en douter, l’expression de l’amour affligé ou jaloux que vous avez pour elle, pour vous la voler, cette détrousseuse d’émotion, et aller au théâtre la jouer le même soir !
On lit, en tête du recueil des Plus Belles Lettres françaises par Richelet, un jugement fort exact et fort net sur Gui Patin et sur sa personne ; ses lettres y sont louées pour leurs bonnes parties, pour leur liberté et leur enjouement, pour les bons contes et les faits curieux qu’elles renferment : « Ces choses, dit-on, doivent obliger à n’en point regarder de si près le langage : car il n’est pas toujours selon Vaugelas ni Patru. » Ainsi, du temps de la jeunesse de Gui Patin, il y avait une séparation bien marquée dans le genre épistolaire : d’un côté, l’art, et rien que l’art et la rhétorique, comme chez Balzac et ceux de cette école ; de l’autre côté, le naturel, et rien que le naturel, avec tous ses hasards et ses crudités comme chez Gui Patin. […] La politique de Gui Patin n’est pas plus longue que cela : c’est celle de la Fronde honnête, parlementaire, et surtout bourgeoise, qui n’a jamais regardé dans sa propre coulisse et qui a borné à sa rue son horizon. […] Notre principal entretien regarde les lettres, ce qui s’y passe de nouveau, de considérable et d’utile.
Il y en a qui sont tout l’opposé ; un vrai philosophe de nos jours, Maine de Biran, qui avait vu la Révolution et l’Empire, n’avait de plaisir que quand il se tournait en dedans et qu’il regardait en lui-même comme dans un puits. […] Et quand l’écuyer a tout dit, et la soumission inattendue des quatre rois, et leurs façons étranges, et la peine qu’il eut, lui Henri Crystède, qui savait leur langue et avait été attaché à leurs personnes, à leur enseigner les belles manières et les bienséances indispensables ; quand il les a montrés apprivoisés peu à peu et amenés à se laisser faire chevaliers de la main du roi Richard en l’église cathédrale de Dublin, puis dînant ce jour-là avec le roi ; et après qu’il a ajouté que c’était chose très intéressante et qui eût été pour Froissart tout à fait neuve à regarder : « Henri, répond Froissart, à qui l’eau est venue à la bouche d’un tel récit, je le crois bien et voudrois qu’il m’eût coûté du mien et que j’eusse été là. » C’est absolument comme quand Saint-Simon, à une certaine scène de cour (le mariage de Mlle d’Orléans avec le duc de Berry), en un moment où toutes les intrigues et les cabales étaient en jeu, nous dit : « Je n’ai point su ce qui se passa chez elle (la duchesse de Bourbon, une des ennemies) dans ces étranges moments, où j’aurais acheté cher une cache derrière la tapisserie. » Pour Froissart, qui est d’une curiosité moins compliquée et moins dévorante, ce n’est jamais derrière la tapisserie qu’il désirerait se cacher, mais bien être dans quelque coin d’où il pût voir à l’aise le devant du spectacle et de la cérémonie. […] De même, pour l’avoir trop creusé et regardé à la loupe, M.
Les courtisans n’y regardaient pas de si près : Villars, nouvellement marié et père, avait fait venir la maréchale à Strasbourg, et l’on prétendait que ce n’était que pour elle et par jalousie, pour ne la point perdre de vue, qu’il avait songé à procurer ce repos à son armée après la prise de Kehl. […] Je n’ai pas regardé ce discours comme une espérance bien prochaine, et j’eus l’honneur de vous mander que je n’en étais pas encore là ; mais enfin de tels propos réveillent l’ardeur. […] Voici ce post-scriptum, qui n’est plus d’un homme qui badine, mais d’un général : Sur ce que vous me faites l’honneur de me dire que le courtisan veut s’imaginer que j’évite la jonction, j’aurai celui de vous répondre que je la désire passionnément, mais que je regarde le commandement d’une armée séparée de nos frontières comme l’emploi le plus difficile qui ait jamais été donné à personne.
Lâche, regarde-la sans changer de visage ; Songe que si c’est un outrage, C’est le dernier à recevoir ! […] Au commencement de ce siècle on se retourna encore pour regarder un moment ces petites gloires près de disparaître : Mlle de Meulan, qui n’était pas sans quelque rapport de bel-esprit moraliste avec Mme Des Houlières, a parlé d’elle plus d’une fois et assez bien. […] Racine fût bien au-dessus de Pradon, il ne laissoit pas de le regarder comme une espèce de concurrent, surtout quand il sut que Pradon composoit en même temps que lui la tragédie de Phèdre… Pradon venoit souvent chez ma mère, pour laquelle il avoit beaucoup de considération, et au goût de qui il avoit assez de confiance pour la consulter sur les ouvrages qu’il faisoit… La Phèdre de M.
Quand plus tard il s’agira pour lui d’aller s’établir en Hollande, il laissera échapper son secret : « Le cartésianisme, dit-il, ne sera pas une affaire (un obstacle) ; je le regarde simplement comme une hypothèse ingénieuse qui peut servir à expliquer certains effets naturels… Plus j’étudie la philosophie, « plus j’y trouve d’incertitude. […] Gaillard (qui s’entremettait pour lui) que je suis un philosophe sans entêtement, et qui regarde Aristote, Épicure, Descartes, comme des inventeurs de conjectures que l’on suit ou que l’on quitte, selon que l’on veut chercher plutôt un tel qu’un tel amusement d’esprit. » C’est ainsi qu’on le voit engager ses cousins à prendre le plus qu’ils pourront de philosophie péripatéticienne, sauf à s’en défaire ensuite quand ils auront goûté la nouvelle : « Ils garderont de celle-là la méthode de pousser vivement et subtilement une objection et de répondre nettement et précisément aux difficultés. » Ce mot que Bayle a lâché, de prendre telle ou telle philosophie selon l’amusement d’esprit qu’on cherche pour le moment, est significatif et trahit une disposition chez lui instinctive, le fort, ou, si l’on veut, le faible de son génie. […] Il se met à la fenêtre et regarde passer chaque chose ; les nouvelles mêmes l’amusent.
. — Soit donnée une table : je la regarde, je la touche, je la perçois. […] Nous n’avons qu’à regarder les maladies mentales pour voir le germe se développer et prendre la croissance qui, dans l’état normal, lui est interdite. […] « Mon convalescent, dit Esquirol, s’en distrait par le plus court entretien, par la plus courte lecture ; mais alors il juge ces symptômes comme je les jugeais moi-même ; il les regarde comme un phénomène nerveux et exprime sa surprise d’en avoir été dupe si longtemps. » — « Rien de plus fréquent, ajoute M.
La Bruyère n’est pas un esprit profond ; il n’a pas un point de vue original et personnel d’où il regarde les actions humaines, En un mot, il n’a pas de système. […] L’action physique qui accompagne les paroles de Lise en fait vigoureusement ressortir le ridicule : Lise se moque ainsi « pendant qu’elle se regarde au miroir, qu’elle met du rouge sur son visage et qu’elle place des mouches ». […] Il a l’air de regarder le passé : et déjà il fait éclore l’avenir : après tout, n’est-ce pas ainsi que le monde souvent se renouvelle463 ?
Le voyageur qui ne regarde que l’horizon de la plaine risque de ne pas voir le précipice ou la fondrière qui est à ses pieds. […] Je préférerais pour ma part le siècle de Louis XIV, bien qu’il soit très antipathique à mon goût individuel et que je regarde comme assez niais l’engouement dont on s’était pris pour ce temps dans les dernières années de l’Ancien Régime ; je le préférerais, dis-je, à un état parfaitement régulier, où tous les intérêts seraient assurés, toutes les libertés respectées, où chacun vivrait à son aise, ne créant rien, ne fondant rien, ne produisant rien. […] Mais, si on y regarde de près, on voit encore que cette branche morte n’a pas été aussi inutile qu’on le pense.
On peut regretter le temps où le grand homme se formait sans y penser et sans se regarder lui-même ; mais les déportements ridicules de quelques faibles têtes ne sauraient faire condamner la volonté réfléchie et délibérée de viser à quelque chose de grand et de beau. […] Chercher, discuter, regarder, spéculer, en un mot, aura toujours été la plus douce chose, quoi qu’il en soit de la réalité 198. […] Il est indubitable au moins que la région est suffisamment désignée et que, pour savoir d’où viendra la religion de l’avenir, il faut toujours regarder du côté de Liberté, égalité, fraternité.
Je n’ai pourtant pas cessé un instant de regarder le ciel. […] Ainsi donc, mon ami, je regarde comme probable que je viserai aux lettres afin de m’agréger à la philosophie. […] L’homme ne peut jamais être assez sûr de sa pensée pour jurer fidélité à tel ou tel système qu’il regarde maintenant comme le vrai.
Regarde ce qu’on appelle la vie comme une foire étrangère, un lieu d’émigration pour les hommes : foule, marché, tumulte, jeu de hasard, hôtellerie où l’on s’arrête. […] La sœur gronde, le frère câline et rentre en grâce ; puis Marguerite et Paul se regardent, et les voilà amoureux en un clin d’œil. […] M. de Pienne sera son témoin, et Diane s’évanouit, d’angoisse et d’effroi, dans les bras de madame de Rohan, qui la regarde déjà de l’œil ardent d’une rivale.
Si on l’avait proposée, cette souhaitable abolition, non à propos de quatre ministres tombés des Tuileries à Vincennes, mais à propos du premier voleur de grands chemins venu, à propos d’un de ces misérables que vous regardez à peine quand ils passent près de vous dans la rue, auxquels vous ne parlez pas, dont vous évitez instinctivement le coudoiement poudreux ; malheureux dont l’enfance déguenillée a couru pieds nus dans la boue des carrefours, grelottant l’hiver au rebord des quais, se chauffant au soupirail des cuisines de M. […] Ce que voyant, l’homme se tranquillise, il met sa tête hors de son trou, et regarde de tous côtés ; il fait un pas, puis deux, comme je ne sais plus quelle souris de La Fontaine, puis il se hasarde à sortir tout à fait de dessous son échafaudage, puis il saute dessus, le raccommode, le restaure, le fourbit, le caresse, le fait jouer, le fait reluire, se remet à suifer la vieille mécanique rouillée que l’oisiveté détraquait ; tout à coup il se retourne, saisit au hasard par les cheveux dans la première prison venue un de ces infortunés qui comptaient sur la vie, le tire à lui, le dépouille, l’attache, le boucle, et voilà les exécutions qui recommencent. […] On regardera le crime comme une maladie, et cette maladie aura ses médecins qui remplaceront vos juges, ses hôpitaux qui remplaceront vos bagnes.
Il n’est pas, sans doute, il n’est pas encourageant ; mais il n’y a rien à dire ici à La Fontaine, il ne fait que regarder et prendre des notes, exactement comme le plus poétique, le plus éloquent et le plus charmant des reporters. […] Il s’agit d’un berger qui a pratiqué le commerce, qui a fait des négociations financières, qui a fait « des affaires », qui a tout perdu, et qui, ensuite, résigné à son sort, instruit par l’expérience, regarde les vaisseaux arriver au port avec une parfaite indifférence stoïcienne. […] Très directement encore, comme dans les Souhaits, plus directement encore dans le prologue de Philémon et Baucis, il s’exprime ainsi : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux : Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile ; ………………………………………………… L’humble toit est exempt d’un tribut si funeste ; Le sage y vit en paix et méprise le reste : Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.
Tous regardaient les chefs ? […] Ses amis se souviennent de lui, aussi loin qu’ils regardent, comme d’un homme fait. […] Je regarde se former en lui un chant qui ne jaillit pas, mais dont le murmure peut instruire et faire vivre ses frères.
Madeleine regarde ses cheveux, etc. » Il n’en demeure pas moins certain qu’il y a des fragments de chefs-d’œuvre dans cette œuvre inégale, et que ces fragments peuvent être compris de tous, et qu’ils sont d’une beauté que tout esprit humain peut apercevoir. […] Seulement la pauvre alouette ne chantait jamais. » Il montre Cosette qui travaille, et qui regarde jouer les enfants de Thénardier, Cosette qui tremble quand on lui parle, Cosette à qui la marâtre commande d’aller, la nuit, puiser de l’eau dans la forêt, et qui a peur des branches, de l’ombre, du silence, Cosette qui rencontre dans les bois Jean Valjean, un étranger cependant, et qui a tout de suite confiance, Cosette, à qui l’inconnu, entré avec elle dans l’auberge, donne une poupée, et qui n’ose pas croire d’abord à la joie, et puis s’abandonne au rêve de ses six ans, saisit la poupée, et l’endort avec des gestes et un recueillement maternels. […] Dégagés des coteries, des modes, des influences de clans, vous serez portés à regarder de plus vastes horizons ; vous sentirez renaître en vous la grande vertu de l’humanité, devenue votre inspiratrice et la marque de votre originalité. » Au commencement de novembre dernier, je me trouvais dans l’oasis de Damas, et le jour déclinait.
» Sans vouloir contredire aux idées d’un vieillard, et les regardant d’ailleurs comme un pur radotage, elle n’avait pas, dit-elle, mordu à cette amorce, par la raison « qu’elle regardait le projet comme nuisible à l’Empire, que chaque querelle entre un époux qui, ne l’aimait pas, et elle, aurait, déchiré » :— C’est qu’aussi elle ne marchandait point en fait de puissance, et qu’elle voulait être Impératrice, comme elle l’a dit, de son chef ; sinon, elle aimait mieux n’être rien : aut Cæsar, aut nihil. […] — Le style, non pas étranger, mais un peu vieux, en est encore plus gaulois que français : « Du reste, mon parti était pris, et je regardais mon renvoi ou non-renvoi d’un œil très-philosophique ; je ne me serais trouvée, dans telle situation qu’il aurait plu à la Providence de me placer, jamais sans ces ressources que l’esprit et le talent donnent à chacun selon ses facultés naturelles, et je me sentais le courage de monter ou descendre, sans que par là mon cœur et mon âme en ressentissent de l’élévation ou ostentation, ou, en sens contraire, ni rabaissement, ni humiliation.
Pareil orateur ne veut pas être regardé avec des yeux myopes. […] Gandar, qui s’est fort occupé du texte de Bossuet et qui y a regardé de très près, me fait remarquer que cet honnête homme de bénédictin a rendu maint service inappréciable, qu’il a presque toujours bien lu des brouillons que, sans lui, on serait fort empêché de déchiffrer.
Peu d’objets, vigoureusement éclairés, la lumière fût-elle un peu crue, voilà ce qu’il faut d’abord à de jeunes esprits, dont le défaut ordinaire est de regarder sans voir. […] Ce mélange continuel de vérité et d’erreur, cette délicatesse de vue brouillée à chaque instant par le parti pris, vous contraindront à une réflexion attentive : il faut prendre le morceau phrase par phrase pour démêler cet écheveau de vérités entrevues et d’erreurs systématiques ; il faut regarder de près les jointures des idées pour apercevoir par quelle fausse liaison l’injustice et l’inexactitude s’insinuent dans cet assemblage si logique et si serré.
Tout est légitime, pourvu qu’on regarde son texte de près, et qu’on s’efface devant son auteur ; pourvu qu’on cherche le vrai, la nuance du vrai par tous les moyens qui sont à notre disposition. […] Alors on a commencé à y regarder de près, à les éplucher mot par mot, syllabe par syllabe, à en discuter les défauts, à en faire valoir les beautés.
Mais, si l’on y regarde de plus près, on finit par voir que la pièce de M. […] Ils étaient comme des athlètes émérites, endurcis à tout… Le martyre apparaissait de plus en plus comme une espèce de gymnastique, ou d’école de gladiature, à laquelle il fallait une longue préparation et une sorte d’ascèse préliminaire. » Peu s’en faut que Renan ne dise : « Le martyre était un sport. » — Il est certain que, d’être regardé, c’est une grande force : cela donne le courage de souffrir beaucoup, même pour des causes chétives et frivoles.
Beaucoup regardent l’art comme un divertissement et un passe-temps et admettent que de même que chacun a le droit de prendre son plaisir où il le trouve, chaque artiste a le droit d’amuser et d’intéresser son public à sa façon. — Le blâme moral et social, le désir de réglementation, de répression et de limitation de la liberté de l’art ne s’expriment chez nous avec une certaine âpreté que chez des spécialistes ou des professionnels de la morale : sociologues, éducateurs, professeurs, pasteurs. […] Guyau peut être regardé comme le représentant le plus net de la conception sociale de l’art.
On ne pouvait regarder comme le fils de David celui dont on voyait tous les jours le frère, la sœur, le beau-frère. […] Les eaux, d’un azur céleste, profondément encaissées entre des roches brûlantes, semblent, quand on les regarde du haut des montagnes de Safed, occuper le fond d’une coupe d’or.
Quand nous regardons un objet éloigné, dit ce physicien, les deux axes visuels sont sensiblement parallèles, et les images qui se peignent dans chaque œil sont semblables ; dans ce cas, il n’y a aucune différence entre l’apparence visuelle d’un objet en relief et sa projection sur une surface plane ; c’est là-dessus qu’est fondé le diorama. […] Enfin, on peut dire qu’il y a une loi générale d’harmonie dans tout le système musculaire qui fait que quand nous regardons ou écoutons attentivement, le corps s’arrête, les traits du visage restent fixes, la bouche est ouverte, notre élocution s’accorde avec nos gestes ; une marche rapide avive la pensée, etc.
C’est un artiste dévoué à l’art, qui n’a jamais cherché le succès par de pauvres moyens, qui s’est habitué toute sa vie a regarder le public fixement et en face. […] Vraiment, le pouvoir qui s’attaque à nous n’aura pas gagné grand’chose à ce que nous, hommes d’art, nous quittions notre tâche consciencieuse, tranquille, sincère, profonde, notre tâche sainte, notre tâche du passé et de l’avenir, pour aller nous mêler, indignes, offensés et sévères, à cet auditoire irrévérent et railleur qui, depuis quinze ans, regarde passer, avec des huées et des sifflets, quelques pauvres diables de gâcheurs politiques, lesquels s’imaginent qu’ils bâtissent un édifice social parce qu’ils vont tous les jours à grand’peine, suant et soufflant, brouetter des tas de projets de loi des Tuileries au Palais-Bourbon et du Palais-Bourbon au Luxembourg !
Les gens sensés regardèrent toujours Lacombe & la Guyon, comme deux personnes de bien dont l’esprit étoit aliéné, mais dont il falloit respecter les mœurs. […] Bossuet, après s’être longtemps regardé comme le maître & l’ami du second des hommes pour l’éloquence, & du premier pour les qualités du cœur , en étoit devenu le rival.
Les attaques qu’il dirige contre ses adversaires sont, il est vrai, plus mordantes, mais aussi moins scandaleuses, et à part le seul La Fontaine, qu’il accuse de tirer profit des galanteries de sa femme, il est rare qu’il les poursuive dans le secret de la vie privée. « Je n’ai fait, dit-il, aucun reproche à mes parties qui regardât les mœurs ; je ne les accuse pas d’être faussaires, adultères, ni malhonnêtes gens…5 », quoique (ajoute-t-il) ce ne soit pas faute de matière, ni de preuves. […] Et pour ce qui regarde l’Académie, sa modération sera très estimable quand elle répondra à des injures par des prières, et qu’elle n’enviera pas à un chrétien les ressources qu’offre l’église pour apaiser la colère divine.
C’est une question d’édification et d’âme, toute de lui à Dieu, et qui ne regarde en aucune sorte messieurs les journalistes contemporains. […] regardez les acteurs de ce drame qui se joua une fois sur la terre et dont le ciel fut spectateur, et jugez si la vision de notre Mystique ne nous les a pas reproduits, dans l’esprit éternel de leur personnage, quoique éclairés par mille côtés et mille détails que, pour des raisons de providence, l’Évangéliste avait laissés dans l’ombre.
Nous avons vu de ces intellectuels fameux nous rappeler au devoir patriotique, lorsque nous paraissions pris d’une velléité de regarder par dessus les murailles nationales pour voir ce que pouvait bien faire le voisin. […] Hugo, de sa vision pénétrante, a parfaitement caractérisé dans une page de son William Shakespeare, l’importance des traductions en même temps que l’hostilité du patriotisme vulgaire envers les productions intellectuelles du dehors : « Une traduction est presque toujours regardée tout d’abord par le peuple à qui on la donne comme une violation qu’on lui fait.
Au contraire, proclamez bien haut que si l’on continue à croire vos adversaires, Dieu, la vérité, la morale publique sont en danger ; aussitôt l’auditoire dressera les oreilles ; les propriétaires s’inquiéteront pour leur bien, et les fonctionnaires pour leur place ; on regardera les philosophes dénoncés avec défiance ; par provision on ôtera leur livre des mains des enfants ; le père de famille ne laissera plus manier à son fils un poison probable. […] Laromiguière croit que l’impression ou sentiment confus et involontaire qu’on éprouve lorsqu’on voit un objet, diffère de l’idée ou sentiment distinct et volontaire qu’on produit lorsqu’on regarde cet objet1.
Ajoutez qu’on regarde généralement les Chaldéens comme les premiers sages du paganisme, en plaçant Zoroastre à leur tête. […] Des nations civilisées ou barbares, il n’en est aucune, selon l’observation de Diodore, qui ne se regarde comme la plus ancienne, et qui ne fasse remonter ses annales jusqu’à l’origine du monde.
Le second acte a des parties énergiques dans le rôle du ministre ; il en est partout de délicates et de fines dans le rôle de Cécile, surtout au moment où, forcée par la calomnie, elle ose regarder en elle-même et s’avouer son amour pour son tuteur : ce revirement de cœur est traité à merveille.
Regardons sa négresse, par exemple : Ses seins noirs et luisants dressés sur sa poitrine Ont l’air de deux moitiés d’un boulet de canon ; Aux coins de son nez plat, passé dans la narine.
Balzac disoit que ses Vers lui avoient acquis un loisir de dix mille écus de rente, ce qu’on peut regarder comme un écueil contre lequel dix mille Poëtes se sont brisés.
Ils ont été imprimés séparément, & on peut les regarder comme des chef-d’œuvres de raison, de critique, de style, par la pureté, la précision, la force & l’élégance qui y regnent.
Et véritablement, ce seroit fermer les yeux aux considerations les plus indispensables de la Politique, que de ne pas regarder la Littérature comme un des objets les plus dignes de l’attention du Ministere.
Dans l’Ode qu’il composa pour Louis XIII, lorsque ce Prince alloit réduire les Rochellois, on admire à la fois une netteté d’idées, un tour heureux d’expression, une justesse & un choix dans les comparaisons, une variété dans les figures, une adresse dans les transitions, qui la font regarder, avec raison, comme un vrai modèle de Poésie lyrique.
Dès lors il regarda le Parnasse comme un pays de conquête, où il pouvoit établir son autorité, comme il y avoit établi sa fortune.
Votre indulgence pour ma foiblesse va jusqu'à lui donner une douce épithete : je regarde cette charitable absolution comme un présage de la rémission d'en-haut ; elle m'en donne un avant-goût dont je ne puis trop vous remercier.
Horace mérite bien moins ce dernier reproche que Lucile regardé comme l’inventeur de la satyre chez les Romains, lui qui, dans les débordemens de sa bile, appelloit ceux qui l’irritoient, voleurs, adultères, assassins, & nommoit toujours les personnages.
Satan, arrêté sur le seuil de l’enfer, regarde dans le vaste gouffre, berceau et peut-être tombeau de la nature ; il pèse en lui-même les dangers du voyage.
Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes Des que l’attrait principal de la poësie et de la peinture, dès que le pouvoir qu’elles ont pour nous émouvoir et pour nous plaire vient des imitations qu’elles sçavent faire des objets capables de nous interresser : la plus grande imprudence que le peintre ou le poëte puissent faire, c’est de prendre pour l’objet principal de leur imitation des choses que nous regarderions avec indifference dans la nature : c’est d’emploïer leur art à nous répresenter des actions qui ne s’attireroient qu’une attention mediocre si nous les voïions veritablement.
Que ces vers y soient très-propres par la mécanique de la composition, ou par l’arrangement des mots regardez en tant que de simples sons, c’est de quoi il a fallu convenir dans tous les temps.
Une autre raison qui ne m’est point purement personnelle, qui vous regarde, vous aussi, peut nous donner quelque espoir. […] Ne vous semble-t-il pas que ce double sujet, qui d’abord regarde la forme, et qui ensuite pénètre au fond, a de quoi nous intéresser ? […] N’est-ce pas insensé, conclut le poète, de regarder à la date pour savoir si un poème est bon ou mauvais ? […] Prêts à verser du sang, regardez-vous des pleurs ? […] Elles te regardent en face et te bravent : leur mépris pour toi est souverain.
À peine arrivé, il revint à la charge avec insistance et avec emphase : « Ce nom sacré sera regardé par moi comme les Israélites envisageaient le nom suprême de Jéhova, dont ils n’osaient proférer les syllabes que dans le cas de suprême nécessité… » Il échoua encore. […] Il foudroie quelque part avec une sainte colère les farces de nos petits théâtres et il dit qu’en sortant de là il fait bon de regarder la Seine lente et noire couler en silence sous les vieux ponts. […] , Regarde, n’osant pas songer à l’avenir, L’un qui sera soldat, l’autre qui sera veuve. […] Aristote a dit qu’il faut regarder presque comme un dieu celui qui sait bien définir ; l’abbé Morellet pense que pour détromper les hommes de beaucoup d’erreurs, il ne s’agirait le plus souvent que de leur faire attacher aux mots des idées justes et précises, et M. […] vous marchez dessus, m’a-t-il dit ; et en effet, j’ai regardé à mes pieds, j’ai vu une très petite pierre carrée et l’inscription : Fratres ejus eclesiae , etc.
Je ne demande pas mieux que de les regarder, et même je n’ai rien à dire à ces grimpeurs s’ils ont quelque chose à me montrer… qui ne soit pas ce que les singes montrent ordinairement quand ils grimpent. […] Plus tard, on eût pu lui donner pour théâtre et pour Parnasse les petites maisons… Le Père de famille fut regardé comme son chef-d’œuvre, dans un instant où les caricatures philosophiques étaient à la mode. […] En résumé, ces piètres poésies ne valent pas la peine que la Critique, qui les timbre, en passant, du fameux mot de Rabelais, les ramasse pour les regarder. […] Diderot, en effet, n’est plus ici qu’un des tailleurs de pierre d’un monument que le xixe siècle ne regarde déjà plus. […] Et ces trois choses terribles qui s’y agitaient ont été vues aussi nettement par Villemain que j’ai essayé moi-même de les montrer, en ce travail dont voilà la vérité appuyée par un esprit qui n’a pas la même manière de regarder, et qui voit pourtant la même chose que le mien.
Elle le regarde, elle y aspire, elle y reste comme attachée… » Telles sont les pointes de Sénèque, lorsqu’il parle de Dieu, de la vertu et de l’homme vertueux. […] Je n’en regarderai pas moins son impunité comme un prodige de la générosité romaine. […] « Que l’homme connaît peu la misère de son état, s’il ne regarde pas la mort comme la plus belle invention de la nature ! […] tu regarderas sans cesse ; l’odorat du chien ? […] pourquoi regarder l’argent comme une chose nécessaire, et sa perte comme un malheur ?
Les trois jeunes filles sont assises par terre, sur la plage, et regardent le monde se baigner. […] Laissez-moi, je vous prie, écouter et regarder la pièce avec recueillement. […] Il a regardé les vieilles maisons, les souvenirs s’en sont dégagés et il a écrit. […] Et bonne promenade (Il regarde le ciel.) […] Des femmes, immobiles et droites, regardent.
Quel mouvement nous donne, quand nous l’exécutons ou quand nous le regardons, l’impression de la grâce ? […] À l’image d’un gazon bien vert est associée l’idée d’une certaine mollesse sous les pieds : le plaisir que nos membres éprouveraient à s’y étendre augmente celui que l’œil ressent à le regarder. […] Puis, au-delà du monde ainsi illuminé, que de perspectives sans fin, se perdant encore dans l’ombre ; quel besoin toujours croissant de regarder, de savoir et d’agir ! […] Il faut donc regarder comme inexactes ces rimes que V. […] En somme, et quoi qu’on en ait dit, la rime regarde l’oreille beaucoup plus que les yeux.
On trouve même dans cette comédie une quantité de tirades qui auraient pu valoir à Molière l’éloge banal de nos jours : il y a de beaux vers dans cette pièce, éloge que l’on devrait regarder comme une critique sanglante ; dit-on des bons auteurs, qu’ils ont de beaux vers dans leurs drames ? […] Le dénouement. — « Naturel plaisant, et regardé comme un des plus heureux qu’on ait vu, disent Bret, Riccoboni et Voltaire. » Nous ne sommes pas entièrement de cet avis. […] À vous, mesdames, qui regardez toutes les belles qualités des autres femmes comme rien, en comparaison d’un misérable honneur dont personne ne se soucie… ; qui vous croyez fort vertueuses pourvu que vous appeliez amis ce que les autres nomment galants. […] Dès ce moment, Molière regarda Baron comme son enfant, il l’avait sans cesse avec lui, et ne manquait pas une occasion de donner à son élève quelque leçon utile, témoin cette anecdote. […] Les divertissements qui suivent le dénouement ne nous regardent pas, et nous ne tenons pas plus à eux qu’ils ne tiennent à la pièce.
Vous qui connaissez à fond l’art et même la caricature antique, avez-vous donc jamais vu un tel groupe : un Faune rieur qui regarde par-dessus l’épaule et jusque dans le sein de Clio ?
Je ne sais quel effet la littérature de ce temps-ci fera dans l’avenir à ceux qui la regarderont à distance respectueuse ; il est à croire que, moyennant les inclinaisons de la perspective, et un peu de bonne volonté et d’illusion chez les spectateurs, tout cela prendra une tournure, une configuration générale et appréciable, une sorte de simplicité.
Dans le tableau d’un prétoire de police correctionnelle, tous les détails sont d’une réalité pittoresque et âpre : Un Christ au-dessus d’eux regardait tout cela ; En face, tout debout, l’homme se tenait là, Son mouchoir à la main pour cacher sa figure ; C’était un pauvre diable à la tâte un peu dure ; Il avait l’air stupide et sombre, il parlait bas ; Il était sous le coup de cet écrasement De démentir des gens ayant fait leurs études !
Aussi doit-on regarder l’estime & l’admiration de ses Contemporains, comme un gage des sentimens de la Postérité.
L’Oraison funebre de M. de Turenne peut être regardée comme un chef-d’œuvre, par la maniere dont les différentes qualités du Héros sont développées, & par la chaleur du style, la beauté des traits qui s’y succedent sans appareil, sans gêne, comme la vraie peinture de chaque objet.
Les Lettres du Chevalier d’Her*** sont aujourd’hui regardées, avec raison, comme l’antipode du style épistolaire.
de Pompignan, mais de se faire estimer de tous les honnêtes gens, & nauroit pas fait la Pucelle, le Cadenas, la Guerre de Geneve, & tant d’autres Pieces, qu’on peut regarder comme les Trophées de la Licence & l’avilissement de la Poésie.
Elle a l’air d’un Ouvrage de commande, dont l’objet est d’affoiblir l’estime due aux grands Littérateurs, pour ériger en Héros du Parnasse, des Ecrivains que le bon sens ne regardera jamais comme des modeles.
L’Eloge historique du Duc de Bourgogne est un morceau d’éloquence qui nous retrace la noble simplicité des Anciens ; son Discours de réception à l’Académie, malgré tout le persifflage qu’il lui attira, peut être regardé comme la production de l’honnête homme, du sage Littérateur, du vrai Philosophe ; ses autres Discours Académiques offrent par-tout l’Ecrivain élégant, & assez formé sur les bons Modeles, pour en devenir un à son tour.
Les Savans du dernier Siecle, qui valoient bien ceux du nôtre, ont regardé son Poëme des Jardins comme une Production digne du temps d’Auguste.
On regarda Dolet comme un monstre.
Telle fut la comédie dite ancienne, dont le trop fameux Aristophane, poète grec, vivant vers l’an du monde 3680, est regardé comme le fondateur, ne respectant ni les mœurs, ni les lois, ni les vertus, ni la société.
monsieur, que me répondez-vous (en suivant de son charmant visage, le mien que je tenais encore tourné ; car je ne me sentais pas la force de la regarder) ?
Autre question qui regarde entièrement les Français : pourquoi n’avons-nous que des mémoires au lieu d’histoire, et pourquoi ces mémoires sont-ils pour la plupart excellents ?
Le bon larron regarde le ciel avec une confiance fondée sur les paroles de Jesus-Christ, et qui se fait remarquer à travers les douleurs du supplice.
Toutes ces personnes, dira-t-on, sont tombées dans l’illusion que vous regardez comme impossible.
Or, ceux qui regardent le climat et les conditions physiques de la vie comme les causes dont l’action est le plus importante dans la distribution géographique des espèces, doivent s’étonner de semblables effets, puisque le climat, l’altitude des terres ou la profondeur des mers changent et croissent ou décroissent graduellement. […] Il fait des agrégations de stemmates une quatrième classe principale, qu’il regarde comme servant de transition entre les yeux composés en façon de mosaïque, dépourvus d’appareils de concentration, et les organes visuels qui en ont un. […] S’il n’existait que des Pics de couleur verte, ou si nous ignorions qu’il y en a des noirs et des bigarrés, j’ose affirmer que nous eussions regardé la couleur verte comme une admirable adaptation de la nature destinée à dérober aux regards de ses ennemis cet habitant des forêts. […] Les sutures du crâne des jeunes Mammifères ont été regardées comme une adaptation remarquable qui aide à l’acte de la parturition. […] Si, enfin, nous regardons comme admirable l’ingénieux mécanisme au moyen duquel les fleurs des Orchis et de beaucoup d’autres plantes sont fécondées par l’intermédiaire des insectes, pouvons-nous considérer comme une combinaison ingénieuse et également parfaite, que nos Sapins élaborent chaque année des nuages de pollen inutile, pour que seulement quelques-uns de leurs granules soient emportés au hasard de la brise sur les ovules qu’ils fécondent ?
On ne la regardait que de loin, avec un sentiment où se mêlaient la rancune, la méfiance et la crainte. […] À y regarder de près, peut-être la documentation l’emporte-t-elle sur l’imagination. […] Regarde-le, Marie. […] Et une fois là, il pouvait regarder. Regarder avec l’incomparable instrument qu’il s’était forgé.
Vaughan, regardaient le style du rôle de Caliban, dans la Tempête, comme tout à fait particulier à ce personnage, et comme une création de Shakespeare. […] Mais Shakespeare peut fort bien n’y avoir pas regardé de si près, et s’être peu embarrassé de se rendre à lui-même un compte exact de la figure qui convenait à son monstre. […] Ses yeux et ceux de Juliette Cappelletto se rencontrèrent bientôt, et, frappés également d’admiration, ils ne cessèrent plus de se regarder. […] Le Songe d’une nuit d’été peut être regardé comme le pendant de la Tempête. […] Arrivé enfin au point où il ne lui est plus possible d’espérer, le roi s’étonne, se regarde, se demande si c’est bien lui.
Je les regardai d’un œil courroucé lorsqu’ils entrèrent. […] Cependant je vis luire quelque chose sur mon assiette, parmi un reste de salade, et, l’ayant regardé de plus près, je crus que c’était réellement du diamant pilé. […] « — Qu’est-ce, dit-elle, que ces bêtises, Madame, en comparaison de ces chefs-d’œuvre de l’antiquité que vous ne regardez pas ? […] Les plus voisins montaient jusque sur leurs toits pour la regarder. […] La tête de Persée n’avait pas moins bien réussi, et j’en fus surpris davantage ; car la matière avait servi tout juste pour la remplir entièrement, et je regardai cela comme un coup du ciel.
Quand Hagene le regarda, le pauvre serviteur de Dieu dut se trouver mal à l’aise. […] Comme il m’était fidèle, je lui devais être attaché ; c’est pourquoi je connais tout ce qui regarde Hagene. […] L’homme-lige du roi Gunther regarda par-dessus son épaule pour chercher un compagnon de guerre, qu’il trouva aussitôt. […] La femme d’Etzel les regarda par la fenêtre. […] Dancwart, la bonne épée, regarda par-dessus son épaule et s’écria: « Malheur !
« Quoique nous regardions communément la vie mentale et la vie corporelle comme distinctes, il suffit cependant de s’élever un peu au-dessus du point de vue ordinaire, pour voir que ce ne sont là que des subdivisions de la vie en général, et que toute ligne de démarcation qu’on tire entre elles est arbitraire. […] On peut à peine les définir des êtres qui regardent le passé et l’avenir » ; ils montrent par leur totale imprévoyance et leur incapacité apparente à voir les conséquences futures, que leurs actions ne répondent qu’aux « phénomènes les plus saillants et les plus fréquents des saisons. […] A cela s’ajoute le sentiment complexe que nous nommons affection — sentiment qui, pouvant exister entre des personnes du même sexe, doit être regardé en lui-même comme un sentiment indépendant, mais qui atteint sa plus haute activité entre des amants. […] Ensuite, s’il regarde par la fenêtre, et s’il considère quelle conscience il a d’un espace situé à cent yards de lui, il verra qu’il en a une conscience encore moins précise. Et s’il regarde l’horizon lointain, il s’apercevra qu’il a à peine quelque perception de ce lointain espace, et qu’il en a plutôt, une conception indistincte qu’une perception distincte.
À la ville on s’attend au passage, dans une promenade publique, pour se regarder au visage les uns les autres ; les femmes se rassemblent pour montrer une belle étoffe et pour recueillir le prix de leur toilette. […] Ils ont dépensé leurs plus belles années, leur plus beau style et leur meilleur esprit, à soutenir, à parer, à décorer, à fortifier la chose de ce monsieur ; ils ont fécondé sa terre, ils ont taillé sa vigne, ils ont mené paître ses troupeaux, ils ont supporté, pendant que le maître dormait, ou batifolait avec ses esclaves, la chaleur de la journée et la fraîcheur du matin ; ils n’ont pas osé être malades sans la permission de ce monsieur ; ils ont regardé dans les yeux de Trajan, pour savoir si Trajan était content ; ils ont été attentifs à sa moindre parole, ils ont interrogé son sourcil de Jupiter Olympien, ils ont flatté même sa cuisinière, la complice de sa toute-puissance ; ils ont ri de son rire, et pleuré de son chagrin ; ils ont sué, ils ont halé, ils ont râlé… et les voilà à la porte de cette maison qu’ils ont bâtie, à la porte de ces jardins qu’ils ont plantés ; et du jour au lendemain, pendant que ce sol qu’ils ont fécondé de leur esprit, de leur talent, de leur labeur, rapporte au maître un intérêt qui serait un capital pour les ouvriers de la vigne, nul ne s’informe du destin de ces ouvriers habiles, actifs, intelligents, dévoués, braves jusqu’à l’audace, hardis jusqu’à l’abnégation ! […] Où remplacer la femme savante « que l’on regarde comme on fait d’une belle arme » ? […] me voilà, vous ne direz pas que je me suis trop parée, vous ne direz pas que j’ai fait trop d’efforts, et cependant regardez-moi, écoutez-moi ! […] On l’écoutait bouche béante, on la regardait, à la brûler, et tous ces regards, semblaient dire à leur tour : — C’est impossible, cette femme ne joue pas pour la dernière fois !
Lorsque le poète, après un long éblouissement, put enfin regarder autour de lui sans trembler il aperçut, à côté de la déesse, un vieillard vénérable. […] Ceux qu’elles regardent ont été, certes, hommes de mérite, et de leur temps. […] Je préfère les hommes d’une autre trempe ; je dirai cependant, qu’à bien regarder, rien de bas ne se découvre dans les actes ou dans le talent de ce poète, malgré les apparences. […] Cela regarde les moindres choses, comme les plus hautes. […] Les cheveux envolés autour de sa large face, son corps robuste couvert d’une sorte de houppelande fourrée, le bon dramaturge regarde dans l’infini.
À regarder de près, ces divisions sont cependant un peu artificielles. […] Pour nous délasser de l’émotion, regardons les crayons joyeux, les aquarelles chatoyantes ! […] Son esprit sans timidité, mais bien plutôt aventureux et assez chimérique, engloutissait, sans trop y regarder, les formules du ontrat social. […] Peut-être même, à regarder trop attentivement et à respirer de trop près ce bouquet blanc de fiancée, finirait-on par s’aviser d’y découvrir quelque nuance de fadeur. […] J’ai dû le croire comme lui, avant d’y regarder de près.
Il est décidément dangereux d’oser regarder la vérité en face et de toucher à certaines plaies et à certains masques. […] Dans Dom Juan, au contraire, les liens sont brisés ; Molière a donné comme un coup d’aile et regarde en face les grands problèmes. […] Une foule de gens en perruque le regardent et rient. […] Et cette bouche ironique et confiante à la fois, regardez-la ; regardez cette lèvre supérieure, arquée comme celle d’Alceste, cette lèvre inférieure déjà lasse et froncée comme celle d’Arnolphe. […] J’eus à peine achevé de parler du mérite de cet auteur, qu’une Personne de la Compagnie tira quelques pièces de vers qui regardaient cet illustre défunt.
De quelle manière touchante il prévint encore, au printemps de 1859, dans les journaux, le public de tous les continents de s’abstenir désormais, au moment du déclin de ses jours, de ces nombreux envois de toutes sortes, de ces invitations à critiquer, à conseiller, à recommander les choses les plus hétérogènes ; enfin de ne pas regarder sa maison comme un comptoir public d’adresses ! […] « Humboldt avait sans doute regardé les rechutes fréquentes qu’il éprouvait dans les derniers temps comme un avertissement de prendre quelques dispositions de sûreté concernant son héritage littéraire. […] Cette tradition est si répandue, qu’on l’a quelquefois regardée comme un antique souvenir des hommes. […] Il regarde la terre, aussi loin qu’elle s’étend ; le ciel, aussi loin qu’il le peut découvrir, illuminé d’étoiles, comme son intime propriété, comme un double champ ouvert à son activité physique et intellectuelle.
« Quand j’ai été rappelé à l’antiquité, j’ai cherché à en prendre l’esprit, pour ne pas regarder comme semblables des cas réellement différents, et ne pas manquer les différences de ceux qui paraissent semblables. […] On ne regarde les parties que pour juger du tout ensemble ; on examine toutes les causes pour voir les résultats. […] « Outre le droit des gens, qui regarde toutes les sociétés, il y a un droit politique pour chacune. […] Les préceptes qui regardaient ces quatre points furent ce que l’on appela les rites.
L’occasion du discours en devient la base : à la lumière de la mort Bossuet regarde les occupations de la vie, par la mort il juge et règle la vie. […] Il y a un élément personnel et lyrique encore dans ces admirables discours, envers qui l’on n’est pas juste, faute de les regarder d’assez près. […] Que l’on regarde toute l’œuvre de Bossuet, en dehors des controverses définies, on peut dire qu’elle est toute consacrée à mettre en lumière le fait, c’est-à-dire la mort, et le correctif du fait, c’est-à-dire la Providence. De la mort sort la tendresse émue, la triste sympathie qui s’étendent sur les choses éphémères ; de la Providence, la confiance robuste et joyeuse, l’optimisme définitif, dont il regarde tant de misères et de bassesses, qui sont la vie et qui sont l’homme.
Quand on regarde dans quelles impressions s’écoula l’enfance de Lamartine, on ne trouve rien autour de lui que d’aimable, de bon, de gracieux, père, mère, sœurs ; et pour cadre Milly, les coteaux du Maçonnais. […] Ce n’est pas qu’il ne sache comprendre, regarder, raconter753 ; mais je tâche de saisir ici la disposition fondamentale de son âme. […] Mais il faut bien reconnaître que cet optimisme a besoin de vague pour subsister : à trop rigoureusement analyser les idées, à regarder de trop près la nature, il faut que le désenchantement, que le pessimisme apparaissent ; et la ressource suprême de l’optimisme, c’est d’abandonner ce monde et cette vie au mal, pour s’attacher aux infinies compensations que la foi chrétienne promet. […] Il n’a guère regardé la nature : classique encore en cela que l’homme seul l’intéresse ; classique de décadence en cela qu’il n’a qu’une psychologie de surface et de convention.
« On peut, dit-il, regarder comme la forme la plus simple de l’émotion l’état qui se manifeste au dedans de nous à la perception d’une chose inattendue. » L’effet de la surprise, ajoute-t-il, est analogue à celui de l’effroi, et fait qu’on tressaille visiblement. […] Darwin, on le sait, l’explique par l’attention qu’on porte sur son visage lorsqu’on a l’idée qu’un autre vous regarde : c’est cette attention qui appellerait le sang sur le visage même. […] Le marin, le cavalier, le danseur, se laissent facilement reconnaître ; les banquiers, les notaires, les avocats ont aussi des gestes qui leur sont propres ; mais ici le diagnostic devient incertain. » On sait que Lavater, quand on lui envoya le masque de Mirabeau, devina « un homme d’une énergie terrible, indomptable dans son audace, inépuisable en ressources, résolu, hautain. » On sait encore qu’un jour un inconnu se présenta à Lavater : « Regardez-moi bien et devinez qui je suis. » Lavater devina d’abord un homme de lettres, puis un homme habitué à saisir le côté ridicule des choses, ayant de l’originalité, de l’esprit. […] Beaucoup de peuples slaves ne regardent pas volontiers en face et ont une mimique très fausse.
« Ce qui nous regarde, nous, contribuables, disait-elle, c’est de savoir si nous devons, dans un temps où l’on parle tant d’économies, continuer à sacrifier trois ou quatre cent mille francs, par an, pour le plus grand profit d’une entreprise ministérielle, qui sait si bien tirer profit même du scandale… Ce même jour, l’administrateur du Théâtre-Français, M. […] * * * J’ai avancé, dans ma préface, que je regardais le théâtre comme un genre arrivé à son déclin. […] manquer aux meilleurs de l’heure présente : des comédies enfin où une myope Thalie ne serait plus cantonnée à regarder dans un petit coin avec une loupe. […] J’ai donc lieu de me considérer comme un impartial et désintéressé spectateur qui regarde et juge de la galerie.
Maintenant, à y regarder de près, on découvre des différences autrement profondes. […] Le premier, fonctionnant sans l’aide du second, percevrait automatiquement l’objet présent, et le second s’emploierait alors tout entier à considérer l’image recueillie par le premier, au lieu de regarder l’objet lui-même. […] Déjà nous avons regardé de ce biais les phénomènes du rêve. […] À l’intérieur de chacune de ces régions notre attention individuelle se dirigera sans doute à sa fantaisie, mais elle viendra simplement alors se superposer à la première, comme le choix que l’œil individuel fait de tel ou tel objet pour le regarder se superpose à celui que l’oeil humain a fait, une fois pour toutes, d’une certaine région déterminée du spectre pour y voir de la lumière.
L’esprit de notre temps est plus enclin à regarder toutes choses du dehors que du dedans ; il a plus de goût pour la contemplation des réalités extérieures que pour l’intuition des réalités intimes. […] Je ne crois pas que le matérialisme ait le droit de dire que le groupement de ces molécules et leurs mouvements expliquent tout10. » En réservant la question métaphysique que tout positiviste regarde comme insoluble, nous croyons que la sagesse scientifique ne peut tenir un autre langage. […] Quand on regarde, ainsi que le font nos savants, l’homme moral du dehors et dans les manifestations extérieures de son activité, on s’arrête aux signes physiques et aux caractères physiologiques de ces phénomènes ; on ne pénètre pas jusqu’aux caractères intimes, aux causes véritables de ces divers états. […] Cela vient de ce qu’on ne regarde qu’au résultat de l’activité volontaire sans atteindre l’acte lui-même.
Ce n’était pas le compte de Voltaire, qui prétendait, et avec raison, peindre, animer ses tableaux, tenir le lecteur en haleine et les yeux attachés sur les principaux personnages : « Je jetterais mon ouvrage au feu, si je croyais qu’il fût regardé comme l’ouvrage d’un homme d’esprit… J’ai voulu émouvoir, même dans l’histoire. […] On est revenu depuis quelque temps de beaucoup de préjugés, mais on s’accoutume trop à regarder comme tels tout ce qui est admis.
Quelques points surtout fixaient mon attention : je croyais distinguer le troupeau et reconnaître le berger, qui peut-être regardait planer sur sa tête l’aigle que je voyais, bien au-dessous de moi, décrire de vastes cercles dans les airs. […] Depuis lors, la critique littéraire qui, aux mains des maîtres, ne s’est guère appliquée qu’à des époques plus éloignées, n’a pas daigné regarder ou du moins signaler ce qu’elle n’ignorait pas, ce que pourtant, je crois, elle ne prisait point assez et à sa valeur.
Mais il le lui conseillait en des termes d’un bien beau choix, et avec une poésie digne de son objet : Comment voulez-vous, en effet, lui disait-il, que j’aie quelque confiance en moi, si vous n’en avez pas en vous, vous que je regarde comme si éminemment douée ! […] Je regarde comme une chose bonne en soi que vous soyez aimée et appréciée lorsque vous ne serez plus.
Bontemps l’assura qu’il pouvait donner cette bonne nouvelle à celui que cela regardait ; enfin, ils s’expliquèrent plus clairement, et M. de Nangis, fort embarrassé de savoir si, sur cette conversation, il devait profiter de la permission, dit à Bontemps qu’il irait dès le lendemain, et que, si le Roi le trouvait mauvais, il le citerait. […] C’était M. de Louvois qui avait proposé au roi de donner ce carrousel ; la proposition aurait assez plu à Louis XIV sans la dépense, qu’il regardait comme considérable et qu’il n’était pas en état de faire alors.
) Je regardais comme un honneur, après avoir été bien noté du général Schérer, de me trouver encore du nombre de ceux que l’intrigue avait écartés ; j’étais fier de ma réforme, et il n’a rien moins fallu que les ordres de Kellermann pour me faire demeurer ; car, après la retraite, j’allais prendre le même chemin que toi sans plus de façon, et le diable s’en est mêlé pour me faire demeurer : enfin, on m’a envoyé une nomination, et je suis encore attaché à la chaîne. […] Je les ai reconnus qui se tenaient à vingt pas de moi, détournant la tête quand je les regardais, en s’extasiant sûrement de voir des pays si loin.
Appuyé qu’il est à ces hautes colonnes du temple, regardez-le d’un peu loin : la menace s’ennoblit, la laideur s’efface ; ses invectives les plus grosses, comme ses méchancetés les plus fines, prennent aisément un caractère de justice inexorable et de sévérité vengeresse. […] Guizot sait mieux que personne justifier ou nier à la tribune les erreurs du Cabinet ; mais il n’est pas toujours à la tribune. » — Tout ce compte rendu des Chambres est excellent, si l’on ne regarde qu’aux physionomies.
C’est très-cher ; n’importe, elle ne regarde pas au prix. […] - » — « Fine, rouge, sans une seule couture. » — Que si elle se décide à l’aller entendre, c’est qu’elle veut, dit-elle, contempler sa beauté, pour voir s’il lui plaira et s’il la regardera de quelque regard aimable : car elle est résolue à se faire aimer de tous.
Ses prunelles semblaient regarder tout au loin au-delà des espaces terrestres. […] Un jeune chef numide semble surtout la dévorer des yeux : c’est ce même Naravase (ici Narr’Havas), que le bon Rollin, qui n’y regardait pas de si près, appelle « un jeune seigneur », et que Polybe a nommé comme un des prochains auxiliaires d’Hamilcar, lequel lui promettra sa fille en mariage.
C’est comme les Troyennes de Virgile qui, au bord du rivage de Sicile, regardent fixement la mer en pleurant : Pontum adspectabant fientes. […] Pour nous tous, qui sommes déjà d’autrefois, pour ceux qui, comme nous, ont été nourris des lettres dès l’enfance et qui sont plus volontiers critiques qu’artistes, plus des hommes de livres que des curieux de marbres et de statues, ce sont nos figures préférées, nos formes à nous, toutes poétiques et littéraires, lesquelles aussi, comme les trois ou quatre beaux groupes antiques conservés, nous apparaissent toutes les fois que nous regardons en arrière et décorent nos fonds de lectures et de souvenirs.
Regardez ! […] Dans le discours que Victor Hugo me fit l’honneur de m’adresser, quand il me reçut il y a vingt ans à l’Académie dont il était alors directeur, il eut à parler de Port-Royal, des personnages célèbres qui s’y rattachaient, des solitaires, et il les montra « cherchant dans la création la glorification du Créateur, et l’œil fixé uniquement sur Dieu, méditant les livres sacrés et la nature éternelle, la Bible ouverte dans l’église et le soleil épanoui dans les cieux. » C’était magnifique, mais à côté ; la description ne se rapportait pas exactement même aux plus grands des Jansénistes, cœurs profonds, mais à l’œil étroit et qui n’osaient regarder en face, la nature ni le soleil.
Celui qui fit Werther domine sa propre émotion et semble, du haut de son génie, regarder sa sensibilité un moment brisée, comme le rocher qui surplombe regarde à ses pieds l’écume de la cascade insensée.
Ce fut nous du moins pendant des siècles ; nous avions arrangé nos affaires pour ne regarder que la terre et l’existence présente, et pour être débarrassés de tout ce qui gênerait l’action : nous avions donné procuration à l’Église de régler pour nous la question de la destinée, de la mort et de l’éternité, de façon à n’y plus penser que dans les courts moments où elle nous établit notre compte. […] Tandis que la poésie antique ne connaissait que la passion physique, et, pour rendre raison de la force de l’amour, regardait le désir allumé par Vénus dans la nature entière à la saison nouvelle, la poésie moderne, par une orientation toute contraire, assimilera l’amour humain à l’amour divin et en fondera la puissance sur l’infinie disproportion du mérite au désir Même quand le terme réel de l’amour appartiendra à l’ordre le plus matériel et terrestre, la pensée et la parole s’en détourneront, et c’est à peine si, comme indice de ses antiques et traditionnelles attaches au monde de la sensation physique, il gardera ces descriptions du printemps, saison du réveil de la vie universelle ; encore ces descriptions seront-elles de moins en moins sincères et vivantes, et ne subsisteront-elles chez la plupart des poètes que comme une forme vide de sens, un organe inutile et atrophié.
Et sur tous ces débris joignant leurs mains d’argile, Étourdis des éclairs d’un instant de plaisir, Ils croyaient échapper à cet être immobile Qui regarde mourir. […] A regarder de haut l’évolution de l’Europe occidentale et de la France en particulier, on y reconnaît une série de successions par opposition qui se sont produites entre de vastes ensembles.
En ce qui regarde le fait de la séparation, madame de Caylus se borne aux paroles suivantes : « Ces deux amants, pressés par leur conscience, se séparèrent de bonne foi, ou du moins ils le crurent. […] ) s’apercevant que le dessous des cartes (le trop d’amitié du roi pour cette glorieuse et la jalousie de madame de Montespan) se découvre, affectent fort de rire et de tourner cela en plaisanterie. » Il eut été, en effet, de fort mauvais goût que des amies de madame de Maintenon consentissent à regarder les préférences marquées par le roi à la gouvernante comme des avances sérieuses et pressantes : c’était chose fort convenable d’affecter d’en rire comme d’une plaisanterie sans conséquence.
Il avait l’honneur de l’accompagner le matin à la promenade : C’était, dit-il, à de semblables promenades à cheval, tout seul avec la reine, quoiqu’entouré de son fastueux cortège royal, qu’elle m’apprenait mille anecdotes intéressantes qui la regardaient et tous les pièges qu’on lui avait tendus pour lui donner des amants. […] Au reste, lorsqu’il s’agit de ces particularités intimes et secrètes sur lesquelles il est si aisé d’avoir maint propos et si difficile d’acquérir une certitude, je crois qu’il est bon de rappeler le mot si sensé que disait un jour Mme de Lassay (fille naturelle d’un Condé) à son mari qu’elle entendait discuter à fond et trancher sur la vertu de Mme de Maintenon : elle le regarda avec étonnement et lui dit, d’un sang-froid admirable : « Comment faites-vous, monsieur, pour être si sûr de ces choses-là ?
Ce ne fut que la troisième fois, et en vous retranchant encore à moitié derrière mon épaule, que vous osâtes regarder en face ce bon Jacques, cause involontaire de tant d’effroi ! […] Il a de ces anachronismes de ton qu’on ne sait comment s’expliquer ; lorsqu’il dira, par exemple, à propos de Mme de Maintenon entrant dans le monde à cette date brillante de sa jeunesse : « Ce qu’on appelle le monde, le beau monde, est un Diorama. » Je ne sais si Mme de Maintenon, exacte et stricte comme elle est, lui aura pardonné ces discordances ; mais je suis bien sûr que Mme de Sévigné n’y regarde pas de si près avec un tel ami, avec un d’Hacqueville si serviable et si nécessaire.
L’auteur de la Cathédrale parle quelque part d’un religieux « qui, sortant de sa cellule, au mois de mai, se couvrait la tête de son capuchon pour ne pas voir la campagne et n’être pas ainsi empêché de regarder son âme. » L’erreur de M. […] Déjà des vigies le prophétisent, qui regardent l’horizon d’observatoires bien divers. … M.
Prouvant que le soi-disant progrès de la civilisation a pour résultat l’amalgame des races, Gobineau reconnaît qu’on fait fausse route si l’on cherche dans les qualités d’une race la cause du développement de l’esprit démocratique ; mais il regarde cet esprit comme résultant de cet amalgame lui-même. […] Et il est vrai que l’on considère ordinairement, du point de vue idéologique, l’apparition de l’égalitarisme dans nos sociétés antiques et modernes comme un phénomène unique, puisqu’on le regarde comme résultant de la transmission, à travers le temps et l’espace, d’une même théorie.
Dès 1663, panégyrique sur Louis Dieu-donné : c’était le nom de ce prince, dont la naissance fut regardée comme une faveur du ciel. […] C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui.
Comme, du haut des collines, la bacchante sans sommeil regarde au loin l’Hèbre, la Thrace blanchie sous les neiges et le Rhodope foulé d’un pied barbare, ainsi, qu’il m’est doux de m’égarer admirant les rivages et le bois solitaire ! […] Drusus, celui que l’espérance trompée du peuple romain avait regardé comme un libérateur futur, venait d’écraser quelques peuplades demi-sauvages des Alpes germaniques, aux portes de l’Italie.
Ils dédaignent l’expérience de l’histoire, et regardent le bon sens comme la preuve d’un esprit vulgaire. […] Les plus grands génies modernes ont regardé les anciens comme leurs maîtres. […] Le voyageur s’assied sur le tronc d’un chêne pour attendre le jour ; il regarde tour à tour l’astre des nuits, les ténèbres, le fleuve. […] qui ne s’est plu, au bord de la mer, à regarder blanchir l’écueil éloigné ! […] Un hasard utile a formé cette colonne dont les effets ont été regardés comme le chef-d’œuvre d’un art terrible et profond.
Regardez ces formidables entassements de rochers, précipités les uns sur les autres ! […] Regardez les édifices qu’elle se construit ! […] L’âme alors se soulève un peu et regarde autour d’elle. […] Regardez, Élie, cette mer paisible ; rappelez-vous ce qu’elle était avant-hier. […] Il se détourne de la révolution française qui troublerait, s’il y regardait, ses études de naturaliste.
Faisons un pas de plus dans notre analyse et regardez comme son imagination s’amplifie. […] Il en est cependant pour qui tout se repose, qui regardent le ciel… ne l’aperçoivent pas. […] — le paon qui regarde le grand Pan ! […] Heureuse possession de soi permettant de se mettre à côté des choses pour mieux les regarder. […] Quels hommes ont autant regardé derrière eux ?
Puis, lorsqu’elle eut compris que pour motif secret Je n’avais, après tout, qu’un honnête intérêt, Elle me l’envoya seule ; et l’enfant timide Entrait, me regardait de son grand œil humide, Puis sortait emportant la pièce dans sa main.
L’exemple de François Ier, celui des quatre successeurs de ce prince, celui de Henri IV, lui avaient persuadé que la France voyait sans scandale des maîtresses attitrées à ses rois, et regardait l’usage qui les avait introduites comme un dédommagement destiné à racheter ce qui manque à la liberté de leur choix quand ils se marient ; mais il n’oubliera pas ce qu’il doit à sa couronne dans le choix des personnes qui seront chargées d’élever son héritier.
Je suis bien infaible, incrédule, Quand je regarde bien son faire, De croire qu’il n’y ait meffaire.
Par ces divers moyens, on ferait naître des harmonies entre notre nature bornée et une constitution plus sublime, entre nos fins rapides et les choses éternelles : nous serions moins portés à regarder comme une fiction un bonheur qui, semblable au nôtre, serait mêlé de changements et de larmes.
« Regardez le monde tel que vous l’avez vu dans vos premières années, et tel que vous le voyez aujourd’hui ; une nouvelle cour a succédé à celle que vos premiers ans ont vue ; de nouveaux personnages sont montés sur la scène, les grands rôles sont remplis par de nouveaux acteurs : ce sont de nouveaux événements, de nouvelles intrigues, de nouvelles passions, de nouveaux héros, dans la vertu comme dans le vice, qui sont le sujet des louanges, des dérisions, des censures publiques.
C’est une seule figure debout ; vue de faces ; un enfant qui tient un arc tendu et armé de sa flèche toujours dirigée vers celui qui le regarde ; il n’y a aucun point où il soit en sûreté.
Un soldat courbé sur le haut du mur latéral et postérieur du tombeau, regarde s’il n’y reste rien.
Tout ce que je sais, c’est qu’il y avait cette année au sallon beaucoup de portraits, peu de bons, comme cela doit être, et pas un pastel qu’on pût regarder, si vous en exceptez l’ébauche d’une tête de femme dont on pouvait dire, ex ungue leonem ; le portrait de l’oculiste Demours , figure hideuse, beau morceau de peinture ; et la figure crapuleuse et basse de ce vilain abbé De Lattaignant , c’était lui-même passant sa tête à travers un petit cadre de bois noir.
Comme on s’obstina bien longtemps dans la comparaison fatale entre la Restauration des Bourbons et la Restauration des Stuarts, et, plus tard, comme on voulut voir de mystérieuses identités entre la Révolution de 1830 et la Révolution de 1688, de même aujourd’hui la fin d’une République, l’ascendant dynastique d’un homme qui semble avoir absorbé si profondément dans sa gloire le nom de César que, quand on le prononce, c’est à Napoléon qu’on pense, aux qualités impériales retrouvées dans le neveu du César moderne de manière à rappeler involontairement le neveu du César ancien, toutes ces diverses circonstances ont introduit dans les esprits la préoccupation de la grande époque romaine et fait regarder beaucoup la nôtre à travers… Le titre du livre de l’abbé Cadoret semble tout d’abord rappeler cette préoccupation contemporaine.
Mais, on n’a pas besoin de le dire, Lerminier comme Rémusat, quelle que soit l’énergie intellectuelle qu’ils possèdent encore, appartiennent tous les deux à un mouvement d’idées qui eut son jour, à une phase littéraire et philosophique qu’on peut regarder comme fermée, et à laquelle, nous le répétons, on ne voit rien succéder.
Mais, si l’on y regarde de près, la fiction est restée maîtresse absolue et souveraine du terrain, la réalité humaine n’a pas été sérieusement abordée. […] Champfleury regarderait, j’en suis sûr, comme une injure la qualification de poète ; en tous cas, ce n’est pas moi qui la lui jetterai à la tête. […] Castille a beau regarder M. […] ne nous suffira-t-il pas d’avoir osé regarder son soleil en face, pour lui sembler digne de ses vengeances ? […] Madame mère Brindeau aura trop complaisamment regardé pendant sa grossesse le menton de.
On entend rarement parler de Locke, qui est regardé comme un assez faible idéologue. […] Prenant ce murmure pour l’avant-coureur d’un orage, je sortis de la hutte pour regarder le ciel. […] Regarde, ô mon amour ! regarde les traits de lumière qui pénètrent les nuages dans l’orient. […] J’obéis à Juliette……… Mais que regardes-tu, ma bien-aimée ?
Et ils se regardaient, sans beaucoup parler. […] Elle existe sans lui ; et il la regarde. […] Il en est sorti dans une charrette que traînait un âne ; et il regardait l’âne, il regardait aussi les gens qui, pour activer la bête, avaient aux mains des rameaux. […] De la regarder ? […] Je regardais mes doigts et je craignais d’avoir à lever les yeux.
Je regarde des Barbares tatoués comme étant moins anti-humains, moins spéciaux, moins cocasses, moins rares que des gens vivant en commun et qui s’appellent jusqu’à la mort Monsieur ! […] Il était bon que cette rénovation littéraire fut considérée non plus de chez nous et du centre, mais du dehors et d’au-delà du Rhin, et qu’elle fût regardée et jugée par quelqu’un qui nous connût bien sans être des nôtres, qui fût de langue et de culture françaises, sans être de la nation même. […] Il savait à merveille la littérature moderne la plus contemporaine ; ses impressions légères me rajeunissaient, et lorsque, ayant à peindre la marquise de Pompadour, nous allions ensemble regarder au Musée le beau pastel de Latour que je voulais décrire, il me suggérait de ces traits fins et gracieux qu’une fraîche imagination trouve d’elle-même en face de l’élégance et de la beauté.
Il se promenait, regardait mes roses, et je lui disais : « C’est incroyable ce que je perds de temps dans ce petit jardin. » — « Oh ! […] Regardez-y bien, Madame ; votre haine n’est-elle pas aussi éloignée de votre système de philosophie que l’enthousiasme de lady Holland ? […] Sismondi, tout en résistant, en vient à écrire sur le progrès des idées religieuses, et insensiblement il est entamé, il est gagné jusqu’à un certain point et selon sa mesure ; il regarde dans son cœur, et il écrit un matin dans son Journal : « 31 décembre 1835. — Je sens désormais les traces profondes de l’âge, je sais que je suis un vieillard (il avait 62 ans), je sais que je n’ai plus longtemps à vivre, et cette idée ne me trouble point.