En défendant Dorante contre sa mère, elle croit ne défendre que son droit d’avoir pour intendant qui bon lui semble, et la cause du bon sens contre le préjugé des grandes alliances. […] Mais il croit volontiers ce que Frosine lui a dit d’un certain pays où Marianne et sa mère ont du bien. […] Beaumarchais tenta l’entreprise, et retrouva le parterre fidèle ; mais il le lassa en lui présentant, dans la Mère coupable, les mêmes personnages une troisième fois. Qui donc peut supporter Almaviva en époux trompé, Rosine en mère coupable d’un bâtard en âge de se marier, Figaro en vieux serviteur vertueux et chenu ? La Mère coupable est un retour de Beaumarchais vieillissant à la comédie sérieuse de Diderot ; le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro sont de Beaumarchais quittant un moment Diderot pour Molière.
« “Nu je suis sorti du sein de ma mère la terre, dit-il, nu j’y rentrerai. […] Et je dis aux vers de la terre : Vous êtes ma mère et mes sœurs. […] « Qui a renfermé la mer en ses digues, quand elle rompait ses liens comme l’enfant qui sort du sein de sa mère, « Lorsque je l’enveloppai des nuées comme d’un vêtement, et que je l’entourai des ténèbres comme des langes de l’enfance ? […] Écoutons, soit dans la bouche du jeune Élihu, le moins âgé et par conséquent le moins endurci de ses amis, soit dans la bouche de Job lui-même, après son accès de blasphème, cette admirable philosophie antédiluvienne, devenue la philosophie du désert de Hus, philosophie que l’homme n’aurait jamais inventée si elle ne lui eût été révélée d’en haut par ses communications plus intimes et plus directes avec la sagesse divine dans cette enfance de l’humanité, non encore déchue à l’époque où Dieu lui-même, comme un père et comme une mère (selon l’expression sanscrite), faisait dans un Éden quelconque l’éducation de sa créature. […] Il n’y a pas à discuter sur cette existence, mère des existences ; il n’y a qu’à ouvrir les yeux et à étendre la main, ou à respirer : vous voyez, vous touchez, vous respirer par tous vos sens matériels ce qu’on appelle un Dieu, c’est-à-dire une cause, et votre sens intellectuel le conclut avec la même certitude que vos sens matériels le perçoivent.
Le triomphant bébé, orgueil et souci de la mère, le chasse de ses prérogatives et quelquefois de ses appartements. […] Au moment où il se maria, son mollet était juste de la grosseur de la taille de ma mère. […] Orphelin de père et de mère, il ne devait compte de ses actes qu’à sa conscience de gentilhomme et de ses pensées qu’à Dieu. […] En attendant, elle le fait inviter aux matinées dansantes de sa mère. […] J’ai cru remarquer que parfois, ici, les mères, les épouses et les filles sont, malgré les apparences, un peu délaissées.
Un jour il sort assez à contre-cœur du salon de sa mère, et le voilà qui entre au collége. […] Quelquefois c’est une épître à la Gresset qu’il adresse à sa mère du fond de sa pédantesque guérite ; il vient de lire la Chartreuse. […] Auguste de Staël cherchait, pour le remercier, l’admirateur de sa mère ; Mme de Broglie lui écrivait pour l’appeler ; M. […] Cependant, à la fin de 1821, M. de Rémusat avait perdu sa mère ; un des premiers actes du ministère Villèle fut de destituer son père : le jeune homme se trouva tout à fait libre. […] Ce poème est, en quelque sorte, dédié par l’épilogue à Mme de Rémusat la mère : Θεά γάρή μοι γ΄έλπίς ήδεϊ εΰρετο….
Vous insisterez infiniment sur le joli embarras des fiancées, sur les larmes des mères, sur les pleurs de toute l’assistance, sur les scènes réjouissantes et touchantes du dîner ; vous ferez une foule de tableaux de famille, tous attendrissants, et presque aussi agréables que des peintures de paravents. […] David est aimé par sa mère et par une brave servante, Peggotty ; il joue avec elle dans le jardin ; il la regarde coudre, il lui lit l’histoire naturelle des crocodiles ; il a peur des poules et des oies qui se promènent dans la cour d’un air formidable : il est parfaitement heureux. Sa mère se remarie, et tout change. […] Il n’ose parler ni remuer ; il a peur d’embrasser sa mère ; il sent peser sur lui, comme un manteau de plomb, le regard froid des deux nouveaux hôtes. […] Cette terreur incessante, sans espoir et sans issue, le spectacle de cette sensibilité qu’on froisse et de cette intelligence qu’on abrutit, les longues anxiétés, les veilles, la solitude du pauvre enfant emprisonné, son désir passionné d’embrasser sa mère ou de pleurer sur le cœur de sa bonne, tout cela fait mal à voir.
. — Vous avez dit de ma mère, entrevue par vous, des choses qui montrent que tout poète a l’âme d’un fils et des divinations de premier coup d’œil. — Vous avez choisi dans mes écrits avec une intelligence amie ce qui pouvait le plus faire aimer le poète. — Vous avez glissé sur les défauts et voilé avec délicatesse les parties regrettables chez celui qui s’est trop abandonné en écrivant aux sentiments éphémères et au courant des circonstances.
Cette passion, active comme sa mère, peut à son tour croître, se développer, prendre des traits, devenir un être distinct.
Soyez à jamais glorifiée, religion de Jésus-Christ, vous qui aviez représenté au Louvre le Roi des rois crucifié, le jugement dernier au plafond de la salle de nos juges, une résurrection à l’hôpital général, et la naissance du Sauveur, à la maison de ces orphelins délaissés de leurs pères et de leurs mères !
» tantôt, assis dans la grotte de Fingal, près des soupiraux de l’Océan, ils croyaient entendre cette voix qui disait à Job : « Savez-vous qui a enfermé la mer dans des digues, lorsqu’elle se débordait en sortant du sein de sa mère ; Quasi de vulva procedens 212 ?
C’est une mère qui se poignarde de douleur sur le cadavre de son enfant.
Et Sa Majesté, après avoir témoigné sa satisfaction à l’heureux maître d’hôtel, lui ordonnait de les porter au sieur Baudouin, contrôleur de la bouche, et de lui dire d’en faire un petit plat pour la Reine mère, un pour la Reine, un pour le Cardinal, et qu’on lui conservât le reste que Monsieur mangerait avec Elle. […] L’une, la mère, très exubérante, très grande parleuse, l’autre une concise, mais formulant des phrases, dans lesquelles était condensée toute l’exagération de la parole méridionale. Ainsi la mère disant de son enfant, je ne sais à propos de quel petit méfait : « Alors j’ai fait des nœuds à mon mouchoir…, et je lui en ai donné…, je lui en ai donné ! […] Pélagie me racontait, que, lors de la mort de son père, qui tenait, dans un village des Vosges, le bureau de tabac, avec la vente de la mercerie et de l’épicerie de l’endroit, sa mère avait assemblé ses enfants, et leur avait dit : « Écoutez, voici deux livres de ce qui nous est dû. […] Mme Daudet, peinte à l’huile par Tissot (1890), sur un exemplaire d’ : Enfants et mères, un portrait délicatement touché.
Il fléchit pourtant devant sa mère, car il a reconnu en elle une âme aussi hautaine et un courage aussi intraitable que le sien. […] … Je vous en prie, apaisez-vous, — ma mère ; je m’en vais à la place du marché. — Ne me grondez plus. […] Le vieux Ménénius, qui l’avait aimé comme un fils, n’arrive en sa présence que pour être chassé. « Femme, mère, enfant, je ne connais plus personne. » — C’est lui-même qu’il ne connaît pas. […] Il court, malgré sa résolution, dans les bras de sa femme ; il fléchit le genou devant sa mère. […] si tendre pour ma mère, — qu’il n’aurait pas souffert que les vents du ciel — vinssent trop rudement visiter son visage.
Le voici donc ce lien, qui rattache l’enfant à la mère. […] Emma épouse celui à qui l’unissait un si fidèle attachement : femme heureuse et mère comblée, elle voit, à l’automne de sa vie et dans une seconde jeunesse, s’épanouir à nouveau des charmes que la solitude avait flétris. […] Qu’êtes-vous devenue, antique conception de l’homme de lettres, sur laquelle précisément vivaient nos mères, et qui leur faisait si peur, synonyme de relâchement, de dissipation, de bohémianisme, pour laquelle on eût pu créer ce mot de Murgérisme ! […] Voici un jeune homme élevé par une mère ultra-janséniste, suivant les principes de la plus sévère discipline morale, celle qui voit dans l’œuvre de chair l’irréparable souillure, la cause d’éternelle damnation […] Créer, Conserver… ce sont les deux termes où vient aboutir l’effort du sexe qui nous donna nos mères, nos sœurs, nos amantes et nos épouses.
Il se contentait de jouer avec son génie et avec sa sensibilité, comme un enfant avec l’écrin de sa mère.
La Grèce créatrice, mère glorieuse de tout art et de toute beauté, a inventé le Théâtre.
« À travers la forêt, sa mère, suivant le même sentier, s’avance au-devant de lui.
Ces reliquiæ et ces fragments sont comme les hochets de l’enfant que la mère conserve avec piété et qu’elle regarde encore quelquefois, lorsque l’enfant est devenu un homme. […] Mais il savait que la mère avait d’autres vues, qu’il aurait de la peine à déranger. […] La fille de Molière, Madeleine-Esprit, qui survécut cependant à sa mère, « personne grande, bien faite et peu jolie », se laissa, dit M. […] Sa mère voulait en faire une religieuse. […] C’est elle qui répondait à quelqu’un qui lui demandait son âge : « Quinze ans et demi, mais n’en dites rien à ma mère !
La mère appartint tout entière à son enfant. […] Ma mère elle-même cédait à ce charme. […] Dans cet ordre d’idées il restera jusqu’au bout le disciple de sa mère. […] Nul fils n’aima plus respectueusement et plus profondément sa mère. […] Il voulut le transmettre à sa mère.
Les mères s’aiment dans leurs fils. Telle mère souhaite de voir son fils heureux, telle autre de le voir malheureux : il s’agit avant tout, pour elles, de montrer leur bonté de mère. […] À peine s’était-il un peu remis de l’accès de paralysie, qu’il apprit la mort de sa mère, de sa « chère, chère mère » ; il avait déjà perdu, un peu avant, sa sœur Martha. […] Peu de temps après, il perdit sa mère. […] Sa mère, sa grand’mère, son arrière-grand-mère étaient allemandes ; il y a aussi dans ses veines un peu de sang écossais.
Sa mère, douce et maladive, mourut en lui donnant la vie. […] Comme c’était un fort honnête jeune homme, il informa de ses vues et de ses sentiments la mère de la belle Sophie. […] La mère souffrait cruellement en silence. […] Elle avait souhaité ardemment d’être mère. […] Il alla chercher ses enfants et les fit entrer dans la chambre de leur mère.
Il n’est point d’horreurs dont il n’ait chargé sa mère.
Le jour que ma mère m’a donnée au massa C’est pour que je sois celle qui couche avec le roi Tais-toi petit de griote.
. — En somme, au dix-septième siècle, ce qui fournit les idées mères, c’est la foi, c’est la pratique, c’est l’établissement religieux et politique. […] De l’autre côté la science, par ses découvertes grandioses et multipliées, construit pièce à pièce le fond de confiance et de déférence universelles qui, de l’état de curiosité intéressante, l’élève au rang de pouvoir public ; ainsi, par degrés, l’autorité de la raison grandit et prend toute la place. — Il arrive un moment où, la seconde autorité ayant dépossédé la première, les idées mères que la tradition se réservait tombent sous les prises de la raison. […] Ce qu’on peut dire de mieux en faveur « d’une nation policée394 », c’est que ses lois, coutumes et pratiques se composent « pour moitié d’abus, et pour « moitié d’usages tolérables » Mais sous ces législations positives qui toutes se contredisent entre elles et dont chacune se contredit elle-même, il est une loi naturelle sous-entendue dans les codes, appliquée dans les mœurs, écrite dans les cœurs. « Montrez-moi un pays où il soit honnête de me ravir le fruit de mon travail, de violer sa promesse, de mentir pour nuire, de calomnier, d’assassiner, d’empoisonner, d’être ingrat envers son bienfaiteur, de battre son père et sa mère quand ils vous présentent à manger. » — « Ce qui est juste ou injuste paraît tel à l’univers entier », et, dans la pire société, toujours la force se met à quelques égards au service du droit, de même que, dans la pire religion, toujours le dogme extravagant proclame en quelque façon un architecte suprême Ainsi les religions et les sociétés, dissoutes par l’examen, laissent apercevoir au fond du creuset, les unes un résidu de vérité, les autres un résidu de justice, reliquat petit, mais précieux, sorte de lingot d’or que la tradition conserve, que la raison épure, et qui, peu à peu, dégagé de ses alliages, élaboré, employé à tous les usages, doit fournir seul toute la substance de la religion et tous les fils de la société. […] La pudeur, comme le vêtement, est une invention et une convention400, il n’y a de bonheur et de mœurs que dans les pays où la loi autorise l’instinct, à Otaïti par exemple, où le mariage dure un mois, souvent un jour, parfois un quart d’heure, où l’on se prend et l’on se quitte à volonté, où, par hospitalité, le soir, on offre ses filles et sa femme à son hôte, où le fils épouse la mère par politesse, où l’union des sexes est une fête religieuse que l’on célèbre en public Et le logicien poussant à bout les conséquences finit par cinq ou six pages « capables de faire dresser les cheveux401 », avouant lui-même que sa doctrine « n’est pas bonne à prêcher aux enfants ni aux grandes personnes » À tout le moins, chez Diderot, ces paradoxes ont des correctifs.
Son commerce n’en aurait pas besoin ; ses colonies pourraient s’anéantir sans ruiner la mère patrie, décoration plutôt qu’élément vital de sa puissance : mais son aptitude à la marine militaire, mais ses grandes gloires et la défense de ses côtes, ne lui permettent pas cette abdication. Entre la France et l’Angleterre, il y aura donc toujours, et organiquement, trois grandes choses : la mer d’abord, l’influence continentale ensuite, enfin la passion, troisième élément plus indomptable encore que les deux autres ; la passion de la rivalité, qu’une grande nécessité peut faire taire un moment, mais qui ne mourra jamais entre ces deux jumeaux, qui se combattent dans le sein de leur mère, l’Europe. […] Ainsi l’Amérique anglaise se soulève contre sa mère patrie : la France se compromet follement et déloyalement dans cette guerre filiale, quoique en paix officielle avec Londres. […] XXIII Ainsi encore, qu’un jeune roi de Naples, à peine échappé à la tutelle ombrageuse de son père, élevé, dans la solitude royale de Caserte, à cultiver un jardin royal pour toute instruction politique, monte, encore enfant, sur le trône et s’y tienne à tâtons pendant un orage ; qu’ensuite il jette une constitution hasardée à ses peuples pour apaiser l’insurrection de Sicile, comme on jette un à un ses vêtements royaux derrière soi pour retarder la poursuite de la révolution pendant qu’elle les ramasse ; Qu’il décompose lui-même son armée par les conseils de ministres incapables ou perfides ; Que ses oncles même abandonnent ce malheureux neveu pour aller se joindre à ses ennemis ; Qu’il sorte de sa capitale pour en écarter les bombes et les obus des Piémontais ; qu’il reprenne courage dans l’honneur et dans le désespoir ; qu’il s’abrite avec ses derniers défenseurs, avec sa mère, ses frères, ses jeunes sœurs, dans une ville de guerre pour tomber au moins avec la majesté, le courage du soldat, sur le dernier morceau de rocher de sa patrie ; et que le Piémont, étranger à cette question entre les Napolitains et leur jeune roi, avec lequel le patriotisme et la liberté les réconciliaient, entre, sans querelles, sans déclaration de guerre, avec ses armées dans le royaume, et vienne, auxiliaire de l’expulsion, écraser de ses boulets les casemates de Gaëte devenues le dernier palais d’un dernier Bourbon : quel droit peut alléguer contre son parent innocent le roi de Piémont, pour s’emparer du trône démoli par ses canons ?
Des hommes moins détachés qu’eux de tout amour-propre auraient triomphé le jour où le maître de ces brillants paradoxes, Lamennais, qui les avait presque argués d’hérésie et de froideur pour le Saint-Siège, devint lui-même hérétique et se mit à traiter l’Église de Rome de tombeau des âmes et de mère d’erreurs. […] Sa mère, à laquelle il paraît qu’il ressemblait beaucoup, vivait encore, et il l’entourait de respects touchants. […] Dès les premiers jours où l’on célébra la messe catholique, après la Révolution, sa mère l’y mena. […] reprit sa mère ; il ne faut jamais dire citoyen à un prêtre. » Il est impossible d’imaginer une plus charmante affabilité, une aménité plus exquise.
… N’est-elle pas la mère du loisir, la patronne des arts, la fée des merveilles ? […] Olympe fête l’arrivée de la mère prodigue par un petit dîner cachotier. […] Il faut l’entendre questionner sa mère sur ce trantran du vice parisien dont depuis un an, elle n’a plus de nouvelles, et la duègne lui répondre, en lui défilant tous les cancans du treizième : Clara n’a plus de coupé, Berthe est dans la débine ; quant à Céleste, « elle a trouvé un excellent général qui lui fait quinze mille de viager. […] Cette fille perdue qui médite de se perdre encore, cette mère, crapuleuse et bouffonne, qui lui sert à la fois de jouet et d’idole, pareille à ces manitous que les sauvages adorent et cassent tour à tour, cet aigrefin qui s’est fait son chevalier… d’industrie, cette conversation qui respire la gaieté malsaine des cabinets particuliers et des tables d’hôtes équivoques, tout cela est peint à cru, calqué sur le vif ; tout cela est d’un comique amer qui donne à l’âme la nausée de l’empoisonnement.
Il écrit à sa mère, à bord du navire, pendant la traversée même (avril-mai 1831) ; il décrit l’intérieur de ce petit monde, un vaisseau en mer, cette arche de Noé qui contient bien des espèces diverses de toute nature et de tout pays. […] Mais les scènes, chez lui, ont besoin d’être préparées et comme expliquées d’avance ; il est de ceux qui croient devoir disposer la pensée avant de parler aux yeux : « Vous saurez donc, dit-il en écrivant à sa mère (25 décembre 1831), que les Américains des États-Unis, gens raisonneurs et sans préjugés ; de plus, grands philanthropes ; se sont imaginé, comme les Espagnols, que Dieu leur avait donné le Nouveau Monde et ses habitants en pleine propriété. […] Ce fut l’idée mère autour de laquelle il ne cessa de graviter. »
La Petite Maison dans la Kolomna chante les tribulations d’une bonne veuve, mère d’une jolie fille, en quête d’une servante à tout faire. […] Marfa, veuve d’Ivan le Terrible et mère du vrai Démétrius, était religieuse au couvent de Troïtsa lorsque l’imposteur fut couronné à Moscou. […] Devant tout le peuple, elle se jeta dans ses bras en pleurant, et personne ne douta plus qu’elle ne fût sa mère.
Ayant perdu son père de bonne heure, il fut confié par sa mère aux Oratoriens du collège Saint-Nicolas de Soissons, chez qui il fit ses études. […] Il résolut pourtant de traverser le nord de la France avec un billet d’hôpital, sans passeport, pour revenir au moins mourir chez sa mère. […] Arrivé à Paris, déposé à la porte de sa mère, M.
Toute mère du peuple veut donner, et à force de se saigner aux quatre veines, donne à ses enfants l’éducation qu’elle n’a pas eue, l’orthographe qu’elle ne sait pas. […] Il y a aussi un garde française au pastel tout pâle, une petite fille qui a un serin jaune perché sur un bras, une vieille femme noire, austère, janséniste, la mère inconsolable du garde française tué en duel à vingt ans. […] » Un doux maniaque qu’on n’a jamais pu décider à porter un gilet, un original, à la tendre et honnête tête, annonçant l’homme qui s’est fait médecin pour soigner sa mère, attaquée d’une maladie mortelle.
Les feuilletonistes ont, presque tous, un sens exact du mouvement dramatique ; une science de l’horrible et du terrifiant ; une adresse à démêler les écheveaux ; une habileté à laisser pour morts, sur le champ de bataille de l’action, des héros qui ressuscitent pour de longues destinées ; un doigté dans l’usage du point de suspension ; une fidélité au type honorable des bonnes mères, des petites ouvrières laborieuses et des amours éternelles, qui ne sont pas des qualités si méprisables qu’on le croit. […] Un fil mystérieux relie la mère patrie avec les îles et les continents de toute la terre, comme ces lignes légères, tracées sur les cartes de géographie, et qui marquent la route normale des vaisseaux, la route aussi de la pensée humaine. […] Ayez le sentiment de ce que vous seriez vous-même, si vous apparteniez à la clientèle grise ou noire qui s’agite autour des puits de mine et des hauts-fourneaux, dans les arsenaux des ports, dans les forêts qu’on exploite, dans les ateliers des usines, dans les colonies où vont s’abîmer les aventuriers et les désespérés de la mère patrie.
Une fois mère d’un fils, d’un héritier du trône, et se sentant des droits, se voyant néanmoins toujours tenue en suspicion, en butte aux mauvais procédés et à l’espionnage des Schouvaloff, favoris de l’Impératrice, séparée de Soltikoff qu’elle aime (le premier qu’elle ait aimé), privée de voir son fils28, elle résolut de changer de méthode et de ne plus affecter tant de douceur, et de soumission : « Comme dans ma solitude (après ses couches) j’avais fait mainte et mainte réflexion, je pris la résolulion de faire sentir à ceux qui m’avaient causé tant de divers chagrins, autant qu’il dépendait de moi, qu’on ne m’offensait pas impunément, et que ce n’était pas par de mauvais procédés qu’on gagnait mon affection ou mon approbation. […] Une question des plus délicates au sujet de ce fils de Catherine, qui fut Paul Ier, semble tranchée et résolue dans les Mémoires de sa mère et d’après l’aveu même qu’elle ne craint pas de faire tout en faveur de Soltikoff.
Né le dernier de la famille, douze ans après les autres, après une sœur qui l’assista dans sa jeunesse, qui lui fut comme une seconde mère, qui ne voulut jamais le quitter, et qu’il a eu tout récemment le malheur de perdre pendant ce pèlerinage scientifique en Orient où elle l’accompagnait encore, il reçut et il a nourri en lui, sans les dissiper, les affections et les vertus domestiques. Sa digne mère, dont il est le portrait, continue de vivre pour jouir d’un tel fils, et il suffit d’avoir eu l’honneur de la voir une fois pour sentir tout ce qui a dû présider de pieux, de tendre et d’antique à cette première éducation du foyer.
Partout où l’ouvrier a la propriété de son habitation, où la mère de famille n’est pas obligée d’aller travailler chez les autres, où elle siège et trône, en quelque sorte, au foyer domestique, elle est souverainement respectée, et les vertus naissent, s’entretiennent, se graduent d’elles-mêmes autour d’elle. […] À ces paroles bienveillantes et bien sonnantes, rapportées par le truchement, la physionomie de la mère de famille s’éclaircit, la volubilité d’injures cessa, la paix rentra dans le ménage ; mais le voyageur moraliste put s’assurer que là, comme presque partout ailleurs, la femme, dès qu’elle veut en prendre la peine, est aisément maîtresse au logis.
Avant de partir, il eut la douleur de voir mourir sa mère. […] Le moment où Gertrude lui apprend la grossesse de Rosa et où son premier sentiment, au milieu du surcroît d’anxiété qui lui en revient, est d’aller à la jeune mère et de la bénir, arrache des larmes par sa sublimité simple.
Les fils même respectaient à peine leur mère. […] Télémaque, en partant pour chercher Ulysse, dit, que s’il apprend la mort de son père, son premier soin, en revenant, sera de lui élever un tombeau, et de faire prendre à sa mère un second mari .
Une femme qui se croit remarquable par la prudence et la mesure de son esprit, et qui n’ayant jamais eu deux idées dans la tête, veut passer pour avoir rejeté tout ce qu’elle n’a jamais compris, une telle femme sort un peu de sa stérilité accoutumée, pour trouver mille ridicules à celle dont l’esprit anime et varie la conversation : et les mères de famille, pensant, avec quelque raison, que les succès mêmes du véritable esprit ne sont pas conformes à la destination des femmes, voient attaquer avec plaisir celles qui en ont obtenu. […] Enfin, avant d’entrer dans cette carrière de gloire, soit que le trône des Césars, ou les couronnes du génie littéraire en soient le but, les femmes doivent penser que, pour la gloire même, il faut renoncer au bonheur, et au repos de la destinée de leur sexe ; et qu’il est dans cette carrière bien peu de sorts qui puissent valoir la plus obscure vie d’une femme aimée et d’une mère heureuse.
Je crois la voir donner la main à Mme Dacier, cette autre Clorinde de la naïve érudition d’antan Mlle de Montpensier est une héroïne de Corneille, très fière, très bizarre et très pure, sans nul sentiment du ridicule, préservée des souillures par le romanesque et par un immense orgueil de race ; qui nous raconte, tête haute, l’interminable histoire de ses mariages manqués ; touchante enfin dans son inaltérable et superbe ingénuité quand nous la voyons, à quarante-deux ans, aimer le jeune et beau Lauzun (telle Mandane aimant un officier du grand Cyrus) et lui faire la cour, et le vouloir, et le prendre, et le perdre Le sourire discret de la prudente et loyale Mme de Motteville nous accueille au passage Mais voici Mme de Sévigné, cette grosse blonde à la grande bouche et au nez tout rond, cette éternelle réjouie, d’esprit si net et si robuste, de tant de bon sens sous sa préciosité ou parmi les vigoureuses pétarades de son imagination, femme trop bien portante seulement, d’un équilibre trop imperturbable et mère un peu trop bavarde et trop extasiée devant sa désagréable fille (à moins que l’étrange emportement de cette affection n’ait été la rançon de sa belle santé morale et de son calme sur tout le reste) A côté d’elle, son amie Mme de La Fayette, moins épanouie, moins débordante, plus fine, plus réfléchie, d’esprit plus libre, d’orthodoxie déjà plus douteuse, qui, tout en se jouant, crée le roman vrai, et dont le fauteuil de malade, flanqué assidûment de La Rochefoucauld vieilli, fait déjà un peu songer au fauteuil d’aveugle de Mme du Deffand Et voyez-vous, tout près, la mine circonspecte de Mme de Maintenon, cette femme si sage, si sensée et l’on peut dire, je crois, de tant de vertu, et dont on ne saura jamais pourquoi elle est à ce point antipathique, à moins que ce ne soit simplement parce que le triomphe de la vertu adroite et ambitieuse et qui se glisse par des voies non pas injustes ni déloyales, mais cependant obliques et cachées, nous paraît une sorte d’offense à la vertu naïve et malchanceuse : type suprême, infiniment distingué et déplaisant, de la gouvernante avisée qui s’impose au veuf opulent, ou de l’institutrice bien élevée qui se fait épouser par le fils de la maison ! […] Il commet beaucoup d’autres omissions, dont nous devons le remercier pour nos filles Près de Mme d’Épinay, Mme d’Houdetot, si plaisante par son ignorance du mal, par son obéissance prolongée aux bonnes lois de nature, par son indulgence que la Révolution ne put même inquiéter, et par le divin enfantillage d’un optimisme sans limites Et, après cette colombe octogénaire, voici surgir Mme Roland, une fille de Plutarque, une enthousiaste, une envoûtée de la vertu antique, qui, lorsqu’elle écumait le pot chez sa mère, songeait à Philopœmen fendant du bois Voici trois maîtresses d’école, trois enragées de pédagogie : Mme de Genlis, le type de la directrice de pensionnat pour demoiselles, sentimentale et puérile ; Mme Necker de Saussure, esprit solide et supérieur, d’un sérieux un peu funèbre, le modèle des gouvernantes protestantes ; Mme Guizot, très bonne âme, avec quelque chose d’ineffablement gris, écrivant ce que peut écrire une demoiselle qui, à quarante ans, épouse M.
Tout homme qui eut une mère le remerciera. » Voilà qui dénote un état d’esprit bien curieux. […] Michelet décrit très bien ces souples accommodations de l’âme féminine aux diverses saisons de l’homme, et comment la femme n’est pas seulement, pour son mari, l’épouse, mais aussi, selon les temps, une fille, une sœur, une mère.
Homère, Il errait, poursuivant, fidèle à tous ses dieux, Sa beauté, — strophe ardente ou marbre radieux, — Où coulât le sang pur de la Gaule, sa mère ! […] Être accusé de manquer de cœur est le sort commun de tous les artistes non effrontés, qui ne font pas de leur cœur métier et marchandise, et qui ne l’accommodent pas en mélodie pour piano ; peut-être faut-il qu’on soit resté simple et instinctif pour deviner l’être aimant et divinement tendre, en lisant le Triomphe de Pétrarque et l’héroïque Thermodon ; mais il me semble difficile que le premier venu puisse lire sans pleurer les strophes émues et déchirantes inspirées à Théophile Gautier par la mort de sa mère.
Ma paupière ne s’abaissera pas devant ces mères orgueilleuses qui parlent bas à l’oreille de leurs filles en me voyant passer ; je marcherai près d’elles d’un pas ferme ; je sentirai la rougeur monter à mon front, mais je retiendrai mes larmes, et je les accumulerai pour les verser à flots dans le cœur de mon bien-aimé. […] Les joies paisibles de la famille, les caresses naïves des enfants, les flatteries enivrées recueillies par les jeunes filles florissantes, et rapportées fidèlement au cœur de l’orgueilleuse mère, rien de tout cela ne m’appartiendra plus : la foule ignorante comptera mes regrets par ses désirs, et je triompherai de sa méprise.
Le supplice répercute la mère. […] Toute cette ombre vivante et mourante remue, ces larves agonisent, la mère manque de lait, le père manque de travail, les cerveaux manquent de lumière ; s’il y a là dans ce dénuement un livre, il ressemble à la cruche, tant ce qu’il offre à la soif des intelligences est insipide ou corrompu.
Or, cet être inouï n’était pas une femme préservée par l’amour ardent d’un mari ou par ces tendresses des enfants qui suffisent aux mères : ce n’était ni une mère, ni même une épouse, quoiqu’elle fût mariée, mais une mariée dont les circonstances les plus exceptionnelles avaient fait une Édith mondaine, une Édith dont la sainteté n’expliquait pas, comme pour l’autre, la virginale pureté.
Ses poésies, qui sans doute auraient daté et éclairci divers incidents de sa destinée, ont péri pour nous ; et c’est récemment que quelques vers cités par un grammairien sur un papyrus d’Égypte nous ont apporté un second témoignage de son cœur de mère et de sa tendresse pour sa fille. […] Deux vers isolés cependant offrent peut-être la trace, non d’une fiction poétique, mais d’un tourment réel : « Ma douce mère, je ne puis tisser ma toile, toute vaincue que je suis par la pensée de ce jeune homme, grâce à l’entraînante Aphrodite. » D’autres fragments bien courts, et par lit d’un sens douteux, pourront faire croire que Sapho vit le mariage de sa fille chérie, et chanta pour elle : « Heureux gendre, l’union que tu souhaitais s’est accomplie, tu as la vierge que tu aimais !
« Ce fut la terre94 qui d’abord produisit l’homme, portant ainsi sa plus noble parure et voulant être la mère d’une race paisible et amie des dieux. […] La morale en est haute, il est vrai, l’accent austère et simple95 : « Plus que devant tout autre, rougis devant toi-même. — Honore ton père et ta mère, tes parents les plus proches ; et, parmi tous les autres, choisis, dans l’ordre de la vertu, le meilleur pour ton ami. » Ce sont là des maximes belles dans tous les temps ; une part d’enthousiasme s’y mêle.
Gustave Flaubert Si l’on cherche dans les poésies de Louis Bouilhet l’idée mère, l’élément général, on y trouvera une sorte de naturalisme qui fait songer à la Renaissance.
Et quand descend sur lui la grande ombre, une sorte de remords le prend pour les heures dépensées inutilement ; la foule des hommes haletait de souffrance et il s’est tu : Et des peuples, maudits par des mères en larmes, Sans nombre, résignés, marchaient dans un bruit d’armes, De clameurs, de chevaux, de foudres, de remparts S’écroulant d’un seul bloc sur les gazons épars.
Albert Arnay Il y a dans ses poèmes d’étranges sonorités et des accords d’intimité berceuse comme des voix d’amante, de sœur on de mère au crépuscule des chambres.
Il travaillait pour son père et sa mère, il travaillait aussi pour toutes les familles de la campagne, pour tous les ménages des mas.
ce n’est pas dans une appréciation comme la nôtre, écrite au pas de course, que nous pouvons creuser l’idée mère de l’ouvrage de Mancel et exposer après lui tous les développements et les applications qu’il lui donne.
Moloch n’empochait point les mères phéniciennes de nourrir leurs petits enfants. […] Un des soldats, la main étendue, jure sur le gage de son amour qu’il n’oubliera ni l’enfant ni la mère. […] — Dites-moi, ma mère, ma mie, Qu’est-ce que j’entends cogner ici ? […] — Dites-moi, ma mère, ma mie, Qu’est-c’ que j’entends sonner ici ? […] La terre n’a pas partout le sein et l’haleine d’une amante ; partout elle a pour ses fils la beauté d’une mère.
* * * — C’est un mot divin de mère, que le nom donné par Mme Marcille à sa petite chérie de Jeanne. […] La princesse est fort indignée qu’un peintre, de la valeur d’Hébert, travaille pour une pareille femme, et lui dit : — « Une drôlesse comme ça, protéger l’art… Mais vous ne pourriez pas seulement mener chez elle votre mère voir vos peintures ! […] » Et nous voici avec Got à attendre, aux Français, Thierry qui est allé lire notre pièce à Mme Plessy et essayer de la décider à jouer son premier rôle de mère. […] Ces deux femmes en noir étaient la princesse Murat et sa fille Anna, dont la mère venait annoncer le mariage avec le jeune duc de Mouchy. […] Rouher veut que la fille soit seulement blessée, et qu’il reste l’espérance d’un mariage avec l’amant de sa mère.
Souvent mon père et ma mère me prenaient, le matin, dans leur lit, et me plaçaient entre eux. […] S’il faut en croire les Mémoires, il dut à sa mère le culte passionné dont il entoura toujours l’Empereur. […] Sa mère pourtant s’était mis en tête, après la chute de l’Empire, des idées plus pacifiques. […] C’est l’évocation d’une vieille fille qui ne s’est pas mariée, pour servir de mère à un frère plus jeune et malade. […] Enfant d’un ménage pauvre, il a vu souffrir autour de lui, sa mère et ses sœurs peiner, son père mourir.
Jacques Madeleine est bien un des meilleurs fils de cette Grèce maternelle, car on a rarement dédié à notre Mère auguste un temple plus pur et plus radieux que ce Parthénon de la poésie.
Quand un peu de terre eut couvert la marquise de Rambouillet, le roi ne laissa pas à la duchesse de Montausier le temps de pleurer sa mère : il la fit passer de la place de gouvernante des enfants de France, à celle de dame d’honneur de la reine, la première dignité du palais.
Faire vaincre dans ces deux âmes choisies les ressentiments de la femme par la piété de la fille, l’amour d’un amant par l’amour d’une mère, la haine par le dévouement, la passion par le devoir.
Le Tasse eût parcouru le cercle entier des caractères de femmes, s’il eût représenté la mère.
aux tempêtes de l’Océan, un petit enfant et une tendre mère !
Une philosophie nouvelle ne saurait-elle surgir des ruines que la philosophie du xixe siècle a entassées autour d’elle comme sa mère, la philosophie du xviiie siècle ?
oui, monsieur, Dieu merci, fit la petite, il va toujours bien ; il m’a chargée de bien des compliments pour vous, et la mère aussi. […] Il se rappela madame Kobus, sa mère, une femme jeune encore, à la figure longue et pâle, jouant du clavecin ; M. […] C’est déjà beaucoup d’avoir perdu deux jours dans cette saison ; mais je ne m’en fais pas de reproche, car il est dit : « Honore ton père et ta mère ! » et de venir voir sa mère deux ou trois fois l’an, ce n’est pas trop. […] Kobus voudra, répondit la grosse mère en s’asseyant.
Après un jeune Hollandais et sa mère, tous deux juifs, tous deux comme éclairés par le reflet du soleil des juifs, la pièce d’or derrière le grillage des changeurs ; le jeune homme, un brun à barbe noire et à lunettes, promenant éternellement, dans les escaliers de l’hôtel, le cylindre d’un clysopompe ; la vieille femme, à laquelle on ne sait quel passé donner de marchande à la toilette ou de brocanteuse de chair humaine, possédant des restes de beauté diabolique, et ayant dans le cerné de son vieil œil, l’apparence d’un sourire de jouissance, mêlé à je ne sais quelle profondeur de coquinerie. […] Là-dedans, une jeune chlorotique à marier, assidue aux sources ferrugineuses de Mesdames, un bubon en deuil, dont la mère, dans sa grossesse, semble avoir eu un regard d’une caricature idiote de Grandville : Puis deux Anglais, deux Anglais du Palais-Royal : l’un, le neveu, capitaine aux Indes, à l’abominable tête d’artiste, à la barbe en queue de vache, au front de lézard, à la raie médiane d’un modèle pour Jésus-Christ, et se livrant tout le temps à des calembours internationaux. […] Nos yeux, au milieu de tout ce monde, ne se reposent et ne se consolent que sur une famille espagnole au grand complet : la grand-mère, la mère et trois petites filles. […] on se fait à tout… il n’y a qu’une chose, c’est, quand c’est une mère… voyez-vous, le mort serait-il décomposé, pourri, serait-il du papier mâché, comme il y en a… quand c’est une mère, elle se jette dessus et l’embrasse… Il n’y a qu’elles pour cela ! […] Il nous parle de son temps d’interne à Saint-Louis, en 1827, de sa chambre, rue de Lancry au dix-huitième étage, « où je vivais si seul, dit-il, que pendant sept mois, personne n’est entré que ma mère, et une seule fois »… C’est depuis ces mélancolies de l’isolement, qu’il a réagi contre, qu’il a eu toujours besoin de monde, qu’il a voulu dans sa salle à manger des femmes, des chats.
Sa mère était la fille d’un négociant hollandais nommé Coninck. […] On trouve le matriarcat, quand la totalité des enfants était attribuée à la mère ; de là aussi la couvade, l’homme étant amené à simuler l’enfantement pour avoir droit sur ses enfants, participer à l’autorité qui appartenait jadis seulement à la mère. […] Aussitôt, elle s’enfuit en courant, car elle ne voulait pas être mère. […] La rivière est la mère des hommes et des arbres, des bêtes et des herbes. […] A Paris, le chat n’a pas un maître et une maîtresse, il a un père et une mère.
J’ai connu des jeunes filles qui dessinaient parfaitement, mais dès qu’elles devenaient épouses et mères, c’était fini, elles s’occupaient de leurs enfants, et leur main ne touchait plus le crayon. — Cependant, reprit-il avec une grande vivacité, les femmes pourraient continuer autant qu’elles le veulent leurs poésies et leurs écrits, mais les hommes devraient bien ne pas écrire comme des femmes ! […] Mais les enfants de la dernière couvée partent avec leur premier plumage et ne muent que plus tard, dans les contrées méridionales ; aussi, au commencement de septembre, on peut ici prendre des moines mâles qui ont encore leur petite tête rouge comme leur mère. […] Lorsque la mère du duc régnant était encore dans toute sa jeunesse, j’allais là très souvent. […] La fauvette les soigna tous en bonne mère. […] une des fauvettes, devenue déjà grosse, se mit à donner la becquée aux oiseaux plus petits qu’elle ; cela, il est vrai, un peu par jeu et en enfant, mais cependant avec le désir et le penchant bien marqué d’imiter l’excellente mère.
Son livre est l’histoire, très nouvelle, des amours d’un précepteur avec la mère de ses élèves. […] Malgré son admiration pour la vie anglaise, elle reproche aux dames de Londres « une certaine négligence de leurs devoirs de mères » et d’exiler un peu trop les babys dans la nursery. […] Principaux animalcules en suspension : le vieillard sublime, la jeune fille chaste, la mère séduite qui expie, l’officier séduisant et instruit. […] Or le papa-cousin est docteur et, comme le brave général n’a confiance qu’en lui, malgré les répugnances de la mère, c’est lui qui soigne l’enfant. […] » Et tous les Sarcey d’applaudir, sans même se demander en quoi la mère est plus femelle que l’épouse.
« Madame ma mère, répond-il. — Après elle ? […] Parmi bien des visages aimables, c’est la Mère confidente et sa fille qui nous attirent. […] Comment, en parlant de La Mère confidente, ne pas songer à La Mère laborieuse de Chardin104 ? […] Le dévidoir est arrêté, le fil est retombé sur le tablier de la mère de famille et ses ciseaux pendent, inutiles. […] Sa mère a pris de ses mains la broderie qu’elle lui avait confiée et elle a le doigt posé sur la soutache inachevée.
Puis, en voilà assez avec la petite Deu et sa famille ; la mère a parlé au cimetière, c’est du cabotinage. […] Par exemple, jamais un public ne résistera à une scène comme celle des deux mères, dans les Abandonnés. Nanine vient réclamer Robert à Ursule, la mère adoptive se sent pleine de tendresse à côté de la véritable mère, et elle lui crie, en montrant les trois enfants qui jouent : « Votre fils est là, choisissez dans le tas ! […] Et, dès lors, Ellack, forcé de choisir entre son père et sa mère, se décide pour celle-ci. […] Ce garçon aime mieux sa mère, parce que son père se conduit mal.
En omnibus, j’ai devant moi deux femmes en grand deuil : la mère et la fille. […] Partie quelques jours avant l’insurrection pour Bellevue, elle avait emmené sa mère mourante et une bonne. […] Le sous-sol devient une ambulance, dans laquelle meurt la vieille mère. […] Je songe à ma vocation de peintre, à ma vocation d’élève de l’école des chartes, brisées plus tard par la volonté de ma mère. […] Je lui demande machinalement, où il a été blessé : « À Auteuil, dans sa maison, où sa mère l’a retenu !
Jamais une tendresse de mère pour un enfant malade et partant ne coula plus à demi-voix du cœur sur ses lèvres. […] « Tu me fuis, Chloé, pareille au jeune faon qui cherche à travers les montagnes escarpées sa mère inquiète, et que le frémissement des feuilles et l’ombre de la forêt font bondir d’effroi : soit qu’un frisson du rameau froisse les mobiles feuillages, soit que les verts lézards écartent le buisson, le cœur lui bat et ses genoux tremblent. […] Cesse enfin de suivre ainsi pas à pas ta mère, toi déjà mûre pour être aimée d’un époux. » Ailleurs c’est une larme versée dans le sein de Virgile sur le sort d’un ami commun, Quinctilius. […] « Tant que tu n’as pas brûlé pour une autre, et que Lydie ne l’a pas cédé à Chloé dans ton cœur, Lydie, renommée par ton amour pour elle, a vécu plus heureuse et plus fière qu’Ilia, la mère du fondateur de la race romaine.
Sa mère, Bartholomée Nelli, d’une illustre maison florentine aussi, lui donna le jour le 3 mai 1469. […] Souvenez-vous des Dante, des Pétrarque, des Médicis, des Capponi, des Strozzi, des Guicciardini, des Michel-Ange, des Mirabeau, des Bonaparte ; poètes, artistes, écrivains, hommes de tribune, hommes d’État, hommes de guerre et de tyrannie, la Toscane est une mère féconde ; Florence a du sang étranger dans les veines. […] Constantinople se souvient que Rome est sa mère ; mais ces expéditions lointaines avortent ; il n’y a bientôt plus rien de romain dans Rome que le pontificat, tantôt humble délégué municipal de l’empereur d’Orient, tantôt joignant une souveraineté morale à une magistrature urbaine, autour duquel se groupent les restes de nationalité romaine. […] Nation légère comme la Grèce sa mère, superstitieuse comme l’Espagne sa nourrice, héroïque par accès comme les Normands ses conquérants, intelligente et vive comme des Français de l’Italie, à la fois servile et frémissante envers les papes ses voisins, qui la revendiquaient comme un fief de Rome, cette nation, par la souplesse de son caractère et par la promptitude de son esprit, était admirablement apte à modifier ses institutions selon le caractère de ses dynasties passagères.
Des éléments rivaux les luttes intestines, Le temps qui flétrit tout, assis sur les ruines Qu’entassèrent ses mains, Attendant sur le seuil tes œuvres éphémères, Et la mort étouffant, dès le sein de leurs mères, Les germes des humains ! […] Des pièges d’un génie infernal creusés ou tendus sur la route de tous les êtres de la terre et de la mer par les brigands de la création pour y faire tomber leurs victimes, depuis les filets de l’araignée jusqu’au puits en entonnoir de la fourmi-lion, et jusqu’au miaulement du chat tigre imitant le vagissement des mères pour appeler les petits sous sa griffe ! […] … Ainsi de nos pères, de nos mères, ainsi de nos enfants, ainsi de nos amis, ainsi de nos contemporains, ces parents de temps auxquels nous nous attachons par contiguïté de berceau, par voisinage de sépulcre ; êtres aimés que nous espérions devoir nous survivre, et dont nous voyons les rangs s’éclaircir prématurément autour de nous, et nous laisser seuls de nos dates comme des traîneurs de la vie, dépaysés dans des générations inconnues ! […] Père et mère à toi seul, et seul né sans ancêtre, D’où sort sans t’épuiser la mer sans fond de l’Être, Et dans qui rentre en toi jamais moins, toujours plus, L’Être au flux éternel, à l’éternel reflux !
On reconnaît, on retrouve à coup sûr l’homme supérieur, au moins en partie, dans ses parents, dans sa mère surtout, cette parente la plus directe et la plus certaine ; dans ses sœurs aussi, dans ses frères, dans ses enfants mêmes. […] Leur mère avait tout ; on ne lui conteste pas la grâce, mais à ceux qui voudraient lui refuser le sérieux et la raison, il n’est pas mal d’avoir à montrer Mme de Grignan, c’est-à-dire la raison toute seule sur le grand pied et dans toute sa pompe.
L’épouse alors devient maussade, la mère négligente : elle ne se rend compte ni de l’objet de son trouble, ni du but de son anxiété ; mais son humeur, son langage, s’altèrent… » — « Mais le remède, le remède ! […] La Crise, qui me représente d’autres scènes pareilles, ayant même tendance, justifie ce qu’un bon juge du genre me disait en parlant de l’auteur : « Il met ses personnages dans des situations critiques d’où ils ne peuvent raisonnablement se tirer qu’avec une infraction et un faux pas : et il les en tire moyennant un petit moyen vertueux, bourgeois, un enfant qui accourt vers sa mère le jour de sa fête avec un gros bouquet à la main, ou tout autre expédient.
Né le 2 février 1754, en plein XVIIIe siècle, d’une des plus vieilles familles de la monarchie, fils aîné d’un père au service et d’une mère attachée à la cour, Charles-Maurice de Talleyrand, entièrement négligé de ses parents dès sa naissance et qui, disait-il, « n’avait jamais couché sous le même toit que ses père et mère », éprouva au berceau un accident qui le rendit boiteux.
Un jour, ma mère et moi, en faisant un petit voyage à travers ces sentiers pierreux des côtes de Bretagne qui laissent à tous ceux qui les ont foulés de si doux souvenirs, nous arrivâmes à une église de hameau, entourée, selon l’usage, du cimetière, et nous nous y reposâmes. […] Et puis ma mère était à mes côtés ; il me semblait que la plus humble vie pouvait refléter le ciel grâce au pur amour et aux affections individuelles.
Racine, à côté de ces grandes amoureuses qui s’appellent Hermione et Phèdre, a peint cette mère admirable qui s’appelle Andromaque, ce croyant fanatique qui se nomme Joad, cette ambitieuse qui est Agrippine. […] Nous voilà prévenus qu’il va rechercher des situations ultra-pathétiques, et en effet il nous montre une mère sur le point de poignarder son fils (Mérope), un fils assassinant son père (La mort de César), un frère près d’épouser sa sœur (Mahomet).
Je poserai donc la question, ou plutôt elle se pose d’elle-même malgré moi pour Mme Récamier ; et pour elle comme pour Mme de Maintenon, comme pour Mme de Sévigné (la Mme de Sévigné non encore mère), je répondrai hardiment : Non. […] tristesse que René avait apportée du ventre de sa mère, et qui s’augmentait en vieillissant !
C’est un faux rapport que celui qui a été saisi entre les deux écrevisses, et celui d’une mère vicieuse que sa fille imite. […] Au reste, toute cette pièce est très-agréable ; mais elle fait peut-être allusion à quelque petit secret de société qui la rendait plus piquante : par exemple, au peu de goût que mademoiselle de la Mésangère pouvait avoir pour le mariage, ou pour quelque prétendant appuyé par sa mère.
« Elle était la mâle postérité de rustiques soldats, accoutumée de retourner la glèbe sous les hoyaux sabins, et, au gré d’une mère sévère, d’emporter à dos un faix de bois coupé, à l’heure où le soleil allongeait l’ombre des montagnes, et ôtait le joug aux bœufs fatigués, en amenant, avec son char qui se retire, le temps du repos. […] « Que l’épouse heureuse d’un époux sans égal vienne à sa rencontre, après les sacrifices aux dieux, et avec elle la sœur de l’illustre chef, et, sous une parure de pieuses bandelettes, les mères des jeunes filles et des jeunes hommes sauvés par sa victoire !
Son ouvrage sur l’Éducation par les mères de famille, publié il y a une dizaine d’années, renferme quelques belles pages ou du moins élégantes, mais peu d’idées.
Ce sont les impressions, que l’enfant garde, d’une heure vague pendant laquelle il n’était ni endormi, ni éveillé, cette heure au bout de laquelle sa mère l’emportait pour le mettre dans son petit lit.
Nous y voyons Malherbe, honoré, fêté, chéri, y finir sa carrière ; le grand Corneille, distingué, encouragé, soutenu, y commencer la sienne ; et le sage, le vertueux, le sévère Montausier y fixer les vœux de la mère pour sa fille, et devenir maître de l’esprit et du cœur de Julie.
« Le fond d’un Romain, pour ainsi parler, était l’amour de sa liberté et de sa patrie ; une de ces choses lui faisait aimer l’autre ; car, parce qu’il aimait sa liberté, il aimait aussi sa patrie comme une mère qui le nourrissait dans des sentiments également généreux et libres.
Celui de présenter des objets d’un grand intérêt, des pères, des mères, des femmes, des enfants.
Abreuvés de christianisme dès le berceau comme du lait de nos mères, nous retrouvons en nous l’influence chrétienne, même quand nous ne la méritons plus, et cette bienfaisante influence garde les instincts de nos cœurs contre les frénésies de l’orgueil et les froides audaces de la raison.
En effet, chez toutes les nations, la piété a été généralement la mère des vertus domestiques et civiles ; la religion seule nous apprend à les observer, tandis que la philosophie nous met plutôt en état d’en discourir.
Homère déjà vieux composa l’Odyssée, lorsque les passions des Grecs commençaient à être refroidies par la réflexion, mère de la prudence.
Maldon déclarait à sa mère qu’il ne s’agenouillerait plus devant le crucifix, et son père furieux le rouait de coups et voulait le pendre. […] Alors William dit à sa mère : Pour la petite douleur que j’aurai à souffrir, et qui n’est qu’un court passage, le Christ m’a promis, ma mère, une couronne de joie. Ne devez-vous pas en être contente, ma mère ? — Là-dessus, sa mère s’agenouilla, en disant : Je prie Dieu de te fortifier, mon fils, jusqu’à la fin ; oui, et je pense ta part aussi bonne que celle d’aucun des enfants que j’ai portés… Aussitôt le feu fut fait. […] Marie a dû le soigner et veiller sur lui, l’allaiter, lui donner à manger, l’essuyer, le tenir, le porter, le coucher, etc., tout comme une mère fait pour son enfant.
Voilà sa loyauté conjugale. — Il a tué sa mère par la brutalité de son ingratitude. […] Ma mère veut, à propos de son dernier soupir, me tirer une carotte pour mon frère. […] Lorsque sa fille signe l’acte par lequel elle renonce à l’héritage de sa mère, il pâlit, sue, défaille presque, puis tout d’un coup l’embrasse à l’étouffer. […] Telle est l’idée mère de la société féodale : un camarade ne peut pas abandonner son camarade ni manquer de suivre son chef. […] Si elle demande à vivre, ce n’est pas par crainte ; une fille de France ne saurait avoir peur ; c’est par devoir envers son fiancé et sa mère.
… Sa mère était une… Oh ! […] Il tient cela de sa mère. […] Alors si je regarde le ciel avec une larme de désir, et souhaite un moment qu’elle puisse voir comme je tiens la parole d’être la mère de ses enfants, que je lui donnai à l’heure de la mort, avec quelle émotion je m’écrie : « Pardonne-nous, mère chérie, de n’être pas pour eux ce que tu fus toi-même ! […] … Dieu voit les larmes que je verse devant lui, à genoux sur ma couche, pour lui demander de me rendre semblable à ma mère. […] Christiane devint mère.
. — Au théâtre de Grenoble, Barnave enfant589 était avec sa mère dans une loge que le duc de Tonnerre, gouverneur de la province, destinait à l’un de ses complaisants. […] À quatorze ans, présentée à Mme de Boismorel, elle est blessée d’entendre appeler sa grand’maman « mademoiselle » « Un peu après, dit-elle, je ne pouvais me dissimuler que je valais mieux que Mlle d’Hannaches dont les soixante ans et la généalogie ne lui donnaient pas la faculté de faire une lettre qui eût le sens commun ou qui fût lisible. » — Vers la même époque, elle passe huit jours à Versailles chez une femme de la Dauphine, et dit à sa mère : « Encore quelques jours et je détesterai si fort ces gens-là, que je ne saurai plus que faire de ma haine Quel mal te font-ils donc Sentir l’injustice et contempler à tout moment l’absurdité. » — Au château de Fontenay, invitée à dîner, on la fait manger, elle et sa mère, à l’office, etc En 1818, dans une petite ville du nord, le comte de…, dînant chez un sous-préfet bourgeois et placé à table à côté de la maîtresse de la maison, lui dit en acceptant du potage « Merci, mon cœur ».
Les Français l’en ont accusée ; voulaient-ils donc qu’elle dansât sur les cadavres de son père et de sa mère ? […] Or cette chanson n’est qu’un des soupirs recueillis au milieu de ces coutumes qui proclamaient au loin l’antique réputation d’innocence attribuée, à toutes les époques, aux belles habitantes de l’île devenue si misérable. » Il faudrait lire encore la complainte des blanchisseuses qui lavent le châle et la veste de l’étranger, pour qu’à son retour dans sa patrie, la mère et les sœurs n’accusent pas les filles de l’île de dureté et de parcimonie envers le pauvre matelot ! […] On n’a jusqu’ici voulu voir en elle qu’une fougueuse magicienne, une épouse forcenée, une mère barbare.
Diane, Minerve ou Hercule ne descendront pas du ciel tout exprès pour dénouer la tragédie : une fille dont on égorge la mère, ne s’écriera pas : Frappez, redoublez, s’il est possible. […] Sur notre scène comique, le Barbier de Séville, le Mariage de Figaro, et la Mère coupable offrent aussi l’exemple d’une trilogie, et n’en sont pas moins trois pièces tout à fait distinctes. […] Qu’Oreste baigné du sang de sa mère tremble à l’aspect des furies vengeresses dont il se croit entouré ; que Macbeth et Richard III poursuivis par leurs remords pensent l’être par leurs victimes, cet égarement de leurs esprits est la punition de leurs crimes ; et la nature même a créé de tels supplices pour les coupables échappés à la justice humaine.
Ma tristesse était redoublée par la douleur que j’avais été obligé de causer à ma mère. […] En somme, j’ai été aimé des quatre femmes dont il m’importait le plus d’être aimé, ma mère, ma sœur, ma femme et ma fille. […] J’ai le vieux volume de ma mère ; peut-être le décrirai-je un jour.
Une ville assiégée est une veuve : Thèbes est vide de ses hommes tous en armes sur les remparts ; il ne reste dans son sein que le cœur saignant et palpitant de son peuple, des jeunes filles qui tremblent, des mères qui s’alarment. […] Puissance de l’imprécation consommée, exécration du fratricide et déploration des frères entre-tués, chute d’une maison royale abattue dans son propre sang, l’inceste qui a engendré tous ces maux, rappelé par un cri jeté vers la mère « malheureuse par-dessus toutes celles qui ont conçu sur la terre » : tel est le thème pris et repris par ces voix pleurantes. […] Les entrailles dont nous sommes nés tous deux ont une grande puissance, enfants d’une mère malheureuse, d’un père malheureux.
Abercrombie raconte qu’une dame de Londres fut conduite mourante à la campagne ; on lui amena sa petite fille, qui ne parlait pas encore et qui, après une courte entrevue avec la mère, fut reconduite à la ville. La dame mourut quelques jours après ; la fille grandit sans se rappeler sa mère jusqu’à l’âge mûr. Ce fut alors qu’elle eut l’occasion de voir la chambre où sa mère était morte.
C’est cette crainte du passé et du modèle ancien qu’Ibsen a mise en scène dans Les Revenants et qu’il exprime en cette phrase de Mme Alving : « Ce n’est pas seulement le sang de nos père et mère qui coule en nous, c’est encore une sorte d’idée détruite, de croyance morte, et tout ce qui en résulte. […] Il en était de même du fils de cette femme qui reconnaissait pour aïeul, le père ce son père, mais non pas le père de sa mère. […] Si par exemple, le défunt avait laissé un fils et une fille, la loi autorisait le mariage entre le frère et la sœur, pourvu qu’ils ne fussent pas nés de la même mère.
De tous ces portraits, un seul est intéressant au point de vue moral : c’est le portrait de la maîtresse par la mère de l’amant. […] * * * — Ces jours-ci, la mère de notre ami Pouthier, reprochant à son fils de n’avoir encore ni une situation, ni une carrière, ni un gagne-pain, terminait son sermon maternel par cette phrase admirable : « À ton âge, j’étais déjà mère !
La certitude de cet événement, lointain encore, qui s’annonçait, il y a quarante ans, par des coups obscurs, comme la vie de l’enfant s’annonce dans le sein de la mère, enivrait de joie la pensée divinement avertie du grand apologiste de la papauté. […] Sa mère était la fille aînée de Robert, comte de Harborough, et veuve du jurisconsulte Cave. […] Lui qui, nourri à la forte mamelle de Rome, avait, tout en frappant et en reniant sa mère, conservé de son éducation vigoureuse le grand principe de vérité et de gouvernement : « Hors de l’Église pas de salut », il tendait maintenant une main épouvantée à tous ses frères en révolte, jusque-là si hautainement méprisés.
Le « sabre de mon père » a tué « la croix de ma mère. » J’aimerais à voir M. […] N’importe : à peine la mère a-t-elle vu le maître d’étude de son fils qu’elle est conquise, séduite, fascinée : elle le compare avec le médiocre mari que la fortune lui a donné ; elle n’a de cesse qu’elle n’ait retiré son fils du lycée pour appeler chez elle le maître d’étude comme précepteur. […] Quel déchet ce jour-là dans la théorie des tempéraments, dans les « innéités », dans les « élections du père ou de la mère », dans les « hérédités en retour », dans les « mélanges-fusion », dans les « mélanges-équilibre », et dans les « mélanges-dissémination » sans parler de tout le reste, et que je sais de gens qui riraient de bon cœur, et d’autres qui ne riraient pas !
Remy de Gourmont De ses vers, beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais digne aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eut voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels.
Il est toujours naturel quand il écrit au marquis de Salle, depuis duc de Montausier, à mademoiselle de Rambouillet, à la marquise sa mère, au marquis de Pisani son frère : ses lettres sont l’opposé, quand elles s’adressent à des précieuses 23.
C’est une chose bien douce pour nous, leur a-t-on répondu, que de retrouver sur la toile l’image vraie de nos pères, de nos mères, de nos enfants, de ceux qui ont été les bienfaiteurs du genre humain, et que nous regrettons.
Il a beau dire : c’est l’instant où Jupiter, s’apercevant qu’on lui a servi à manger l’enfant de la maison, le ressuscite, le rend à sa mère et condamne le père aux enfers… je lui répondrai toujours : ce sont trois instans et trois sujets très-distingués.
Grâce à cette poétique conception et à un sentiment d’espérance qu’il nourrissait, la durée du siège se passa pour lui assez heureusement ; mais la terreur qui suivit n’en fut que plus accablante ; il s’enfuit à la campagne avec sa mère, et y souffrit de toutes les privations. Il tenait de son père pour la constitution physique ; mais, comme tant d’hommes célèbres, pour le dedans et la manière de sentir, il tenait étroitement de sa mère. […] Plus d’une fois il eut de ces hallucinations qui restituent un instant la forme et l’existence à des personnes dont on pleure la mort, ou qui rendent présentes celles dont on regrette l’absence…. » C’est ainsi qu’ayant perdu sa mère en 1802, M. […] Le souvenir représentatif du temps où, si soigneuse de lui, sa mère entrait toujours la première dans sa chambre, suffisait pour créer invinciblement l’illusion.
Ailleurs, il dit expressément que la nature nous a traités en marâtre plutôt qu’en mère, et que l’esprit divin qui est en nous est comme étouffé par le penchant qu’elle nous a donné pour tous les vices. […] Pour moi je pense continuellement à toi, et, pour y penser avec plus de plaisir, j’ai fabriqué dans ma tête une petite figure espiègle, qui me semble être ma Constance… » Et à son fils, qu’il se disposait à appeler en Russie pour y commencer sa fortune : « Il faut que tu me remplaces auprès de ta mère quand je n’y suis pas, et que tu sois son premier ministre de l’intérieur. […] Si tu m’aimes, si tu aimes ta mère et tes sœurs, il faut que tu aimes ta table : l’un ne peut pas aller sans l’autre. […] Prie ta mère de t’acheter une jolie quenouille et un joli fuseau. » Il s’acharne à cette pensée juste des différentes fonctions d’esprit des sexes différents, et, comme toutes les vérités, il finit par l’exagérer.
En réalité, c’était une femme intrépide, une mère accomplie, une amie constante de son ministre jusqu’à la mort, une politique aussi consommée et plus magnanime qu’Élisabeth d’Angleterre. […] Mais cette réserve même était dans son vrai rôle de femme, de reine et de mère. […] « Ayant appris que vous aviez dessein de faire ici un voyage, j’avais demandé permission à notre mère de vous voir, parce que quelques personnes nous avaient assurées que vous étiez dans la pensée de songer sérieusement à vous ; et j’aurais été bien aise de l’apprendre par vous-même, afin de vous témoigner la joie que j’aurais s’il plaisait à Dieu de vous toucher ; mais j’ai appris depuis peu de jours une nouvelle qui m’a touchée sensiblement. […] Saint-Cyr était un splendide noviciat de futures mères de familles nobles qui devaient perpétuer, par les exemples et les enseignements domestiques, le zèle envers la religion de l’État, le dévouement au roi, et la reconnaissance envers la nouvelle Esther de ce nouvel Assuérus.
Ainsi le voulait le temps qui sortait, le front couvert de cendres, des décombres d’une société ; ainsi le voulaient nos propres cœurs, que nos mères avaient allaités de tristesse ou que l’amour malheureux avait enivrés de son dernier charme, la mélancolie des regrets. […] Il y a deux éducations pour tout homme jeune qui entre bien doué des dons de Dieu dans la vie : l’éducation de sa mère et l’éducation de la première femme qu’il aime après sa mère. […] Le premier mai de cette année il s’alita comme pour une indisposition légère ; rien de funeste en apparence n’alarmait sa mère, son frère, ses amis, la gouvernante dévouée qui le servait depuis vingt ans avec une affection maternelle.
Fait par elle et créé pour elle, cet enfant ingrat et terrible manque perpétuellement à sa mère, — à cette mère dont il tient sa renommée, et dont, s’il eût voulu, il aurait pu tenir sa gloire ! […] … Or, s’il y a pis que de tuer sa mère, n’est-ce pas de la déshonorer ? […] Pouvions-nous croire que le chrétien d’instinct et de lait maternel qui, dans son histoire du Moyen Âge, avait au moins le respect de l’Église romaine, devenu sur le tard de sa vie le jouet d’une philosophie parricide, mordrait le sein de cette mère de nos âmes et que quinze ans de travaux dussent aboutir à une apologie de la Terreur, à cette chose infirme et monstrueuse qui n’est de l’histoire ni par le fond ni par la forme, mais une espèce de carmagnole historique, chantée d’un ton d’énergumène devant la lanterne (renversée, Dieu merci !)
Sa mère veuve s’opposait à son dessein ; il combattit contre sa tendresse durant deux années, et put enfin prendre l’habit religieux à Marmoutier, à l’âge de vingt et un ans ; il fit profession l’année suivante. […] Du côté de ma mère j’eus quatre sœurs, tant poules vierges que jeunes dames ; elles étaient de bien belles glaines40.
Houzel, est un arrière-neveu de l’abbé Prévost par sa mère, et M. Laisné, directeur de la comptabilité au ministère de l’Intérieur, et que je ne puis nommer sans me rappeler notre amitié d’enfance, est un arrière-neveu de l’abbé, par sa mère également.
Des membres de la Société royale, qui étaient à la fois docteurs de la Faculté, protestèrent aussitôt de l’attachement qu’ils avaient pour cette faculté, leur mère commune, et déclarèrent que si un seul de ses droits, une seule de ses prérogatives était en jeu, ils n’hésiteraient pas et renonceraient sur-le-champ à la Société. […] Bouvart en tête, envoyèrent leur démission et se rangèrent au giron de la mère offensée.
Le nom de fille de notre tante était Mauconseil ; sa mère était une belle femme de beaucoup d’esprit, qui avait épousé un vieux mari, dont j’ai ouï conter qu’il avait été page de Louis XIV ; il en gardait l’immense souvenir d’avoir un jour brûlé la perruque du grand roi avec son flambeau. […] Partout où il y aura une femme spirituelle, douée de charme ; à côté de l’aïeule souriante et qui n’invoque pas à tout propos son expérience, une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs ; un cercle de jeunes femmes amies, honnêtement enjouées, instruites, attirant autour d’elles leurs frères ; partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction et de la culture, des mœurs sans maussaderie, avec le désir de plaire ; partout où tout cela se rencontre, la bonne compagnie à l’instant recommence.
Ayant obtenu la commission de porter à l’empereur un compliment de condoléance sur la mort de l’impératrice sa mère, il se rendit à Vienne, y fut reçu agréablement, se mit au fait des intrigues de cour et de cabinet, se hâta d’en informer le roi, et travailla dès lors, par tous moyens auprès de l’électeur de Bavière à le détacher de l’empereur, dont il s’était fait le général, et à le ramener vers la France où sa sœur était dauphine. […] Il a paru résulter de cet acte assez grossièrement dressé, et où manquent les noms du père et de la mère, que l’enfant avait atteint l’âge de trois semaines lors du baptême, ce qui reporterait la naissance de Villars à la date du 3 mai environ.
Élevé par une mère indulgente et tendre, il apprenait tant bien que mal le latin au logis sous un précepteur ; il aimait surtout à lire d’anciens romans français et les autres livres qui se rencontraient alors dans une bibliothèque de campagne assez bien garnie. […] Après la mort de Henri IV, le jeune Marolles va avec sa mère à Tours, dont il fait une description agréable, qui doit être chère encore aujourd’hui aux Tourangeaux.
Il résolut pourtant de traverser le nord de la France avec un billet d’hôpital, sans passe-port, pour revenir au moins mourir chez sa mère. […] Arrivé à Paris, déposé à la porte de sa mère, M.
La jeune princesse Aloïsia de Stolberg, née à Mons en Hainaut (1752), était fille d’un lieutenant général autrichien, mort à la bataille de Leuthen : on aurait dû naturellement demander l’agrément de l’impératrice Marie-Thérèse ; on ne le fit pas, et l’impératrice en témoigna son mécontentement à la mère de la jeune princesse. […] Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps… On y sait vivre plus que dans aucun couvent de Rome.
Mais il se trouvait, par bonne fortune, que le père de ce duc de La Trémoille avait épousé la petite-fille de Mme de La Fayette, l’auteur de la Princesse de Clèves, et le nouvel académicien, arrière-petit-fils de Mme de La Fayette par sa mère, se pouvait dire de la sorte petit-neveu (à la mode académique) de la Princesse de Clèves et de Zaïde. […] Le lendemain de l’exécution, sa mère, sa famille et lui, fils unique, étaient mis hors de l’hôtel Molé, et dépouillés de tout, à la lettre, par confiscation nationale.
Un travail sans relâche, une prière continuelle, point d’ambition que pour les emplois les plus vils et les plus humiliants, aucune impatience dans les sœurs, nulle bizarrerie dans les mères, l’obéissance toujours prompte et le commandement toujours raisonnable. » Et vers le même temps il écrivait à son fils : « M. de Rost m’a appris que la Champmeslé étoit à l’extrémité, de quoi il me paroît très-affligé ; mais ce qui est le plus affligeant, c’est de quoi il ne se soucie guère apparemment, je veux dire l’obstination avec laquelle cette pauvre malheureuse refuse de renoncer à la comédie, ayant déclaré, à ce qu’on m’a dit, qu’elle trouvoit très-glorieux pour elle de mourir comédienne. […] Desdemona, émue du vague pressentiment de sa fin, revient toujours, sans savoir pourquoi, à une chanson de Saule que lui chantait dans son enfance une vieille esclave qu’avait sa mère.
Pétrarque perdit sa mère lorsqu’elle n’avait encore que trente-huit ans ; il fit un sonnet sur sa mort, composé de trente-huit vers, pour rappeler, par l’exactitude de ce nombre, d’une manière assurément bien touchante et bien naturelle, le regret qu’il avait d’avoir perdu sa mère à cet âge.
On peut dire qu’elle est la mère, ou du moins la marraine, du libéralisme parlementaire et doctrinaire. […] Germaine Necker, née en 1766, figure dès l’âge de onze ans aux réceptions de sa mère.
Elle se flattait de la gouverner toujours par sa mère, qui en était régente. […] Le crime eut de l’écho par-delà les mers : L’Hôpital, ce représentant de la conscience humaine en un siècle affreux, apprit, dans la retraite de sa maison des champs, l’égarement de celle dont il avait célébré le premier mariage et la grâce première ; il consacra son indignation par une nouvelle pièce de vers latins, dans laquelle il raconte les horreurs de cette nuit funèbre, et ne craint pas de désigner l’épouse et la jeune mère, meurtrière, hélas !
Par le bas du visage il tenait plutôt de sa mère et de sa famille allemande. […] Le jeune prince comprit à l’instant les grandeurs et les faiblesses de cette dernière campagne de 1814, et par où elle avait manqué ; il dit à ce sujet ce mot remarquable, et qui a déjà été cité : « Mon père et ma mère n’auraient dû jamais s’éloigner de Paris, l’un pour la guerre, l’autre pour la paix. » La curiosité une fois apaisée sur ces parties à la fois les plus classiques et les plus vives, Marmont reprit chronologiquement la suite des campagnes, l’expédition d’Égypte, la campagne de Marengo, celles d’Austerlitz, d’Iéna, de Wagram, de Russie : il recommanda vivement au jeune prince, pour cette dernière, l’Histoire de M. de Ségur, non pas comme l’ouvrage le plus didactique ni peut-être le plus complet militairement, mais comme celui où l’on trouve le plus la vérité de l’impression.
À voir l’ardeur que mit Franklin à cette question qu’il considérait comme nationale, on comprend que quinze ans plus tard, lorsque la rupture éclata entre les colonies et la mère patrie, il ait eu un moment de vive douleur, et que, sans en être ébranlé dans sa détermination, il ait du moins versé quelques larmes ; car il avait, en son âge le plus viril, contribué lui-même à consolider cette grandeur ; et il put dire dans une dernière lettre à lord Howe (juillet 1776) : Longtemps je me suis efforcé, avec un zèle sincère et infatigable, de préserver de tout accident d’éclat ce beau et noble vase de porcelaine, l’empire britannique ; car je savais qu’une fois brisé, les morceaux n’en pourraient garder même la part de force et la valeur qu’ils avaient quand ils ne formaient qu’un seul tout, et qu’une réunion parfaite en serait à peine à espérer désormais. […] Mais, en 1759, Franklin n’était qu’un Anglais de l’autre côté de l’Atlantique, à qui la mère patrie faisait honneur par un accueil distingué.
Il aima et soigna tendrement sa mère et deux sœurs de sa mère, et passa près de trente années dans une chambre des bâtiments de l’université de Cambridge, d’abord à Peter-House, puis dans un autre collège de la même corporation.
Mère du dieu qui faict aimer, Déesse qu’en Cypre on adore, Et royne du tiers de nos cieux. […] qui ne me fus guère Ny mère nourrice, ny mère, Me traînant ailleurs le destin… Belleau suivit René de Lorraine, duc d’Elbeuf, dans son expédition de Naples, et il le suivit non seulement comme savant, mais aussi comme guerrier. […] La mère et la fille, tendrement unies, recevaient chez elles les hommes les plus considérables du temps. […] Enfin Dircé s’en va trouver la reine sa mère, et Œdipe arrive accompagné de Cléante, son confident. […] Et cela jusqu’au jour où André Chénier put s’écrier sans mentir : Salut Thrace ma mère et la mère d’Orphée !
Surpris de ce costume si différent de celui de sa mère et de ses tantes, il ne se laissait pas tenir sans résistance. — Eh bien ! […] Sa mère l’avait nourri dans le voisinage des sépulcres où n’arrivaient pas les flèches orgueilleuses du Dieu de la lumière. […] On voulait voir les fronts sublimes. « C’est Coquelin, c’est Delaunay, voilà Samary, Cadet va sortir, ô ma mère, restons encore ! […] La vie et la mort d’un clown, les Mères ennemies, le Roi vierge, sont de véritables chefs-d’œuvre d’imitation. […] On donnait des yeux trop grands à la Mère de douleur regardant mourir son fils et cela faisait sangloter les multitudes.
Télémaque accuse sa mère de froideur ; Ulysse sourit, et excuse Pénélope.
Enfin, cette ombre d’une mère qui se baisse vers le lit de sa fille, comme pour s’y cacher, et qui se transforme tout à coup en os et en chairs meurtris, est une de ces beautés vagues, de ces circonstances effrayantes de la vraie nature du fantôme.
Malgré la joie qu’elle ressentait d’être mère, la yébem n’avait pas le cœur satisfait.
Il s’y joint la douce voix d’une mère et notre main dans sa main.
Le serpent qui dans l’Iliade dévore les huit petits oiseaux avec leur mère est interprété par Calchas comme signifiant la terre troyenne.
Les amis se réjouissent, les indifférents sont touchés, les parents envient le bonheur des deux mères. […] ce n’est plus un pays, c’est une personne ; je le vois, je l’aime comme j’ai aimé ma mère. […] Il n’y a qu’une mère sans entrailles pour pousser ainsi son enfant au danger. […] (Le jeune soldat embrasse sa mère et part.) […] Pour l’âme d’une Française et d’une mère, votre ciel n’a pas de félicités comparables à celle-là !
Dans un homme de génie, c’est une inquiétude d’esprit de mauvais exemple, et une sorte d’impiété envers la langue de sa mère et de son pays. […] Écrit pour une mère de famille, il n’y manque rien de ce qu’une mère de famille éclairée et forte doit savoir sur un si cher sujet170. […] Quel dessein plus élevé, plus religieux, que de montrer dans l’élève de Mentor, quoique si bien doué par les dieux, fils d’une telle mère et d’un tel père, si accoutumé aux grands exemples, combien le secours des dieux lui est nécessaire pour ne point manquer à sa naissance ni à ses devoirs, et quel peu de mérite nous avons dans les actions qui nous honorent le plus aux yeux des hommes ? […] Quelques pièces d’André Chénier, douces et savoureuses comme le miel de l’Hymette, et qui reflètent le beau ciel sous lequel était née sa mère, ont rendu son nom immortel.
Il faut dire qu’il y fut incité par sa mère, qui avait désapprouvé ce mariage. […] Un jour, sa mère lui faisait honte devant des étrangers de son ignorance, et Nicole protestait. […] Sa mère lui apprenait l’arithmétique, et on en était aux exercices sur la soustraction : — Si tu as huit pommes et que tu m’en donnes trois, combien en reste-t-il ? […] Je vous ai beaucoup aimé, mon cher Bob, et cela depuis le premier jour où votre charmante mère eut l’idée de noter pour nous vos instructives conversations. […] (Et il y a une lettre écrite par Balzac à l’âge de dix ans, où il assure à sa mère « qu’il se frotte les dents avec son mouchoir comme elle le lui a recommandé ».
Une fois que le livre est publié, une fois que le sexe de l’œuvre, virile ou non, a été reconnu et proclamé, une fois que l’enfant a poussé son premier cri, il est né, le voilà, il est ainsi fait, père ni mère n’y peuvent plus rien, il appartient à l’air et au soleil, laissez-le vivre ou mourir comme il est.
Une mère plus voisine de la scène que les autres garantit son enfant avec inquiétude.
D’une seule branche de ce tronc sortirent, en se séparant, la logique, la morale, l’économie et la politique poétiques ; d’une autre branche sortit avec le même caractère poétique la physique, mère de la cosmographie, et par suite de l’astronomie, à laquelle la chronologie et la géographie, ses deux filles, doivent leur certitude.
Dès l’abord, dans la dispute qui s’engage entre Amour et Folie au seuil de l’Olympe, chacun voulant arriver avant l’autre au festin des Dieux, Folie, insultée par Amour qu’elle a coudoyé, et après lui avoir arraché les yeux de colère, s’écrie éloquemment : « Tu as offensé la Royne des hommes, celle qui leur gouverne le cerveau, cœur et esprit ; à l’ombre de laquelle tous se retirent une fois en leur vie, et y demeurent les uns plus, les autres moins, selon leur mérite. » Les plaintes d’Amour et son recours à sa mère après le fatal accident, surtout le petit dialogue familier entre Cupidon et Jupiter, dans lequel l’enfant aveugle fait la leçon au roi des Dieux, sont semés de traits justes et délicats, d’observations senties, qui décèlent un maître dans la science du cœur. […] Clotilde bien souvent n’est qu’une Louise aussi vive amante, mais de plus épouse légitime et mère. […] Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton !
Le monde est un monstre sans père ni mère, un effet sans cause ! […] Les indigènes l’appellent, en style oriental, maï das saübas, mère des fourmis. […] Ce sont les racines aériennes des épiphytes (aroïdées), qui vivent sur les cimes, en plein air, qui se passent fort bien d’emprunter leur nourriture à la terre et sont comme une seconde forêt par-dessus la première, qui s’attachent à demeure aux plus fortes et aux plus hautes mères branches, et retombent droit comme un fil à sonde, tantôt isolément, tantôt en paquets, s’arrêtant ici à moitié chemin du sol, finissant ailleurs par y toucher et par y enfoncer leurs radicules. » XXII « Le taillis de la forêt vierge change d’un endroit à l’autre.
Maitreya se souvient d’une jeune fille, Narada pleure sa mère morte, Angira cherche et doute. […] Il nous montre, en deux drames dont la forme imite d’assez près les tragédies d’Eschyle, l’aventure fatale d’Hélène amante de Pâris, et d’Oreste vengeur de son père et meurtrier de sa mère. […] On me dit une mère et je suis une tombe.
On se persuade généralement que l’homme parle comme il marche, et qu’il lui suffit, pour parler comme pour marcher, des leçons qu’il reçoit dans son enfance de sa mère ou de sa nourrice. […] Notre but étant d’offrir aux gens du monde, aux femmes surtout, un moyen d’étendre et de perfectionner des connaissances déjà acquises, nous espérons que les mères de famille comprendront l’utilité de nos Matinées littéraires. […] Un père ou une mère ont druit d’accompagner leurs fils ou leurs filles sans augmentation du prix d’abonnement.
La question de l’hérédité se complique encore quand on recherche s’il est vrai, comme l’ont avancé certains auteurs, que le père donne les organes de la vie animale, et la mère les organes de la vie végétative. […] Mais si les aptitudes des parents sont différentes, si le père a du talent pour la musique, et que la mère n’en ait pas, et si deux enfants naissent de ce mariage, il se peut que l’un soit musicien comme son père, l’autre insensible comme sa mère, ou que tous deux soient musiciens, ou qu’aucun ne le soit.
À l’un, elle a ajouté l’autre jour des ailes à la gouache… il a semblé voir à la mère son enfant dans le paradis, elle a payé généreusement… et depuis, mon ancienne maîtresse leur met à tous des ailes à la gouache. […] Et savez-vous le rouge qu’on nous mettait, du rouge à 96 francs le pot, conservé par Mme Péan de Saint-Gilles et qui venait de Mme Martin, la femme du vernisseur du xviiie siècle et la mère du chanteur, et l’on nous recommandait de l’économiser, s’il vous plaît. […] Plus rien des galeries, des loges, des banquettes, que les six poteaux qu’on entourait de verdure, les jours de la grande représentation, et en place de ce qui a été brûlé, un établi où l’on menuise, et des plantes grasses sur des planches… Et Berthe est morte, et les autres petites demoiselles sont devenues des femmes, des épouses, des mères, et Léonce est garde des forêts, et Bazin est professeur de géographie et décoré de l’ordre du Pape, et Antonin est en train de se faire tuer à Sébastopol, et le père Pourrat a toujours sa tragédie des Celtes en portefeuille, et le bonhomme Ginette est établi teinturier, rue Sainte-Anne, et Louis est docteur en droit, et moi rien du tout.
Becq de Fouquières, dit avec un sentiment fort juste : « André Chénier a, dans l’âme de sa mère, respiré la Grèce tout entière. […] La religion catholique se fit gloire d’être la mère de la peinture moderne. […] Au surplus, la mère n’aime-t-elle pas son enfant du même amour, qu’il soit homme ou dieu ? […] L’artiste trouve donc sa madone dans chaque mère, et il voit la maternité cent fois plus belle, que vous qui prétendez la diviniser ! […] Où l’art pourrait-il trouver une image plus émouvante que cette mère tenant son enfant mort sur ses genoux ?
Est-ce à la surveillance secrète de sa mère, à la protection de quelque tuteur, ami de son père, qu’il dut cette direction heureuse ? […] Le malheur de cette enfance sans mère, cette éducation orpheline et à la charge d’autrui, cette pauvreté du jeune homme, n’ont pas altéré un trait de son amabilité gracieuse. […] Il alla passer l’été de 89 en Auvergne, près de sa mère qui vivait, et dans toutes sortes de triomphes. […] Il renferme plus d’une particularité naïve et piquante qui s’en pourrait extraire, notamment d’abondants détails sur l’enfance de Delille, sur sa mère qui se nommait madame Marie-Hiéronyme Bérard de Chazelle.
— Voilà ce seuil que Chateaubriand, vieilli et infirme de corps, mais valide d’esprit et devenu tendre de cœur, foula deux fois par jour pendant trente années de sa vie ; ce seuil qu’abordèrent tour à tour Victor Hugo, d’autant plus respectueux pour les gloires éteintes qu’il se sentait plus confiant dans sa renommée future ; Béranger, qui souriait trop malignement des aristocraties sociales, mais qui s’inclinait plus bas qu’aucun autre devant les aristocraties de Dieu, la vertu, les talents, la beauté ; Mathieu de Montmorency, le prince de Léon, le duc de Doudeauville, Sosthène de La Rochefoucauld, son fils ; Camille Jordan, leur ami ; M. de Genoude, une de leurs plumes apportant dans ces salons les piétés actives de leur foi ; Lamennais, dévoré de la fièvre intermittente des idées contradictoires, mais sincères, dans lesquelles il vécut et il mourut, du oui et du non, sans cesse en lutte sur ses lèvres ; M. de Frayssinous, prêtre politique, ennemi de tous les excès et prêchant la modération dans ses vérités, pour que sa foi ne scandalisât jamais la raison ; madame Switchine, maîtresse d’un salon religieux tout voisin de ce salon profane, amie de madame Récamier, élève du comte de Maistre, femme virile, mais douce, dont la bonté tempérait l’orthodoxie, dont l’agrément attique amollissait les controverses, et qui pardonnait de croire autrement qu’elle, pourvu qu’on fût par l’amour au diapason de ses vertus ; l’empereur Alexandre de Russie, vainqueur demandant pardon de son triomphe à Paris, comme le premier Alexandre demandait pardon à Athènes ou à Thèbes ; la reine Hortense, jouet de fortunes contraires, favorite d’un premier Bonaparte, mère alors bien imprévue d’un second ; la reine détrônée de Naples, Caroline Murat, descendue d’un trône, luttant de grâce avec madame Récamier dans son salon ; la marquise de Lagrange, amie de cette reine, quoique ornement d’une autre cour, écrivant dans l’intimité, comme la duchesse de Duras, des Nouvelles, ces poèmes féminins qui ne cherchent leur publicité que dans le cœur ; madame Desbordes-Valmore, femme saphique et pindarique, trempant sa plume dans ses larmes et célébrée par Béranger, le poète du rire amer ; madame Tastu, aux beaux yeux maintenant aveugles, auxquels il ne reste que la voix de mère qui fut son inspiration ; madame Delphine de Girardin, ne disputant d’esprit qu’avec sa mère et de poésie avec tout le siècle, hélas ! […] Je ne l’ai connue que par ses amis et je ne l’ai admirée que par sa fille, madame la duchesse de Rauzan, très jeune femme alors, en qui sa mère semblait, dit-on, revivre.
Elle appartenait par son père à l’une des plus nobles familles de la Thuringe, et se rattachait par sa mère, fille du prince de Hornes, à l’antique lignée de Robert Bruce, qui donna des rois à l’Écosse du moyen âge. […] La mère de la princesse ne demanda pas l’autorisation de l’impératrice Marie-Thérèse, craignant que la politique autrichienne ne s’opposât à un mariage qui devait nécessairement irriter l’Angleterre ; elle se rendit à Paris avec sa fille, et c’est là que le mariage fut contracté par procuration le 28 mars 1772. […] La jeune femme, accompagnée de sa mère, se rendit ensuite à Venise et s’y embarqua pour Ancône. […] Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps ; le roi mon père en avait une prédilection toute particulière.
Un moment l’on parle de l’embarras pudique de la jeune fille jetée dans le lit du mari, et là-dessus, une des dîneuses dit avoir entre les mains un curieux autographe : les instructions, par la poste, d’une mère absente, à sa fille… Au fumoir, Théophile Gautier m’entretient de sa fille Judith, de son roman chinois paraissant dans la Liberté, qu’il trouve « du Salammbô sans lourdeur ». […] Il s’agit de la vente de nos fermes des Gouttes, de ce morceau d’orgueil de notre famille, de cette grande propriété terrienne du grand-père, de cette chose vénérable, respectée, sacrée, qu’en dépit de leur petite aisance, notre père et notre mère se sont entêtés à garder contre les tentations d’offres magnifiques, pour conserver à leurs enfants, ce titre et cette influence de propriétaire, et ce pain solide, que seule la terre représentait, sous Louis-Philippe, pour l’ancienne famille. […] Au milieu du fatras d’une publication de spéculation, il y a d’admirables tableaux, des renseignements sans prix sur la formation d’une imagination d’écrivain, des portraits de caractères saisissants, des scènes merveilleusement dites, comme la mort xviiie siècle de sa grand-mère et son héroïsme douillet, comme la mort si parisienne de sa mère : des scènes, qui arrachent l’admiration et quelquefois les larmes. […] Il nous parle de la difficulté de sa vie, du désir et du besoin qu’il aurait d’un éditeur l’achetant, pour six ans, 30 000 francs, et qui lui assurerait ainsi, chaque année, 6 000 francs : le pain pour lui et sa mère, — et par là lui donnerait la faculté de faire « l’Histoire d’une famille », un roman en huit volumes.
Que l’on énumère les grands écrivains, dramaturges et romanciers qui, épris de vérité, ont senti obscurément que l’homme, la société et la nature représentés et recréés tels qu’ils sont, forment les livres les plus mûrement et les plus sérieusement admirés ; que l’on rappelle Shakespeare, Balzac, le morne Flaubert, Zola, l’on pourra assimiler à ses tragédies, aux tableaux plus populeux de leurs romans, cet immense déroulement d’êtres, d’aspects, d’actes, d’événements, de houles humaines, de méditations solitaires, de batailles humides de sang, de souples et tendres caresses de jeunes filles à d’indulgentes vieilles mères, d’amours, de morts, de carrières, cet abrégé de toutes les existences que présente La Guerre et la Paix et Anna Karénine ; l’esprit le plus négateur du progrès artistique et le plus respectueux des modèles, sera frappé de l’élargissement que ces romans massifs, déduits au-delà des dimensions habituelles, donnent à la description coordonnée de l’ensemble des phénomènes sociaux intimes et publics. […] Jamais le charme mutin, léger et doux de la petite fille et de la jeune fille n’a été plus délicatement figuré qu’en ces séduisantes créatures, la Natasha et la Sonia de La Guerre et la Paix La première surtout est admirable avec ses joueries, ses petites passions, sa grâce de danseuse minuscule et son gosier d’oiseau chanteur, son premier bal, sa pleine et saine et tendre participation à l’existence de famille, ses câlineries, ses étourdissantes conversations avec sa mère, son premier amour pour le prince André, la saute subite d’ennui, de malaise, de perverse et d’égarée passion qui la détourna de son fiancé, puis sa tristesse de plante froissée, sa reprise à la vie et ce sublime revoir de son aimé agonisant et muet dans l’ombre de la mort, aux pieds de qui elle se blottit et s’apaise ; et certes Anna Karénine ne lui est pas inférieure, l’honnête femme, belle, mûre pour de hautes amours, les yeux un peu fous, rencontrant Wronski dans un bal, se donnant, se reprenant, se compromettant, fuyant enfin avec son amant et prise dès lors de l’irrémissible malaise de la créature incertaine sur son seul bien, traînant avec cet homme pourtant délicat l’existence affreuse de la femme adultère et qui se perdant par son incertitude même, battant des bras autour d’elle dans le vide, succombe enfin dans un suicide fébrile. […] Que ce soit la princesse Kitty Cherbatzky dans le dernier de ces livres, simple jeune fille aimante et gaie, puis déçue, malade, affectée d’une crise de religiosité morbide, puis reprise par un autre amour, devenant une femme naturelle et affectueuse, puis une mère, et se cloîtrant peu à peu dans une étroite sphère de joies et soucis domestiques, — ou les périodes diverses par où marche la passion d’Anna Karénine à mesure que décline sa radieuse beauté ; — que l’on prenne Wronsky, Lévine, tous les personnages de ce populeux roman vivent au sens le plus exact et le plus redoutable de ce mot, passent, montent et déclinent, emportés en un cours lent de variations qui revêt le fond permanent de leur être d’aspects étrangement changeants. […] C’est au début la scène légère des agitations, des amourettes et des jeux de la nursery, puis cet incident étourdissant, le soir où Natacha hésitant entre ses prétendants, court se blottir dans le lit de sa mère au coucher et lui raconte joyeusement ses peines ; où encore la vie de mascarades, de veillées, de folles courses en traîneau, de chasses et d’innocentes intrigues tout l’hiver à Otradnoé ; la sympathie, le plaisant et réconfortant intérêt pour la joie de ces bonnes gens, seront profonds et bienfaisants.
Les Mères Sociales sont une attaque contre la morale de la famille. […] Le soleil rosnyen luit pour tout le monde, et bien avant les Mères Sociales, plus d’un écrivain altruiste y a réchauffé sa vacillante inspiration37. » Malgré M. […] D’une simple fantaisie comme le Visage Émerveillé, les plus beaux de ses vers s’éclipsent. » La Mère et l’Enfant, La Bonne Madeleine et la Pauvre Marie de Charles-Louis Philippe, d’un lyrisme intime si touchant, si grave, si douloureux ; Chair de M. […] Camille Mauclair a écrit les Mères Sociales qui est un excellent livre — et que l’Académie Goncourt n’a pas couronné. — L’intelligence de M.
Louis XIV, lorsqu’il entendit pour la première fois Bossuet, le goûta beaucoup et eut envers lui un procédé charmant, bien digne d’un jeune roi qui a encore sa mère : il fit écrire au père de Bossuet, à Metz, pour le féliciter d’avoir un tel fils. […] Il est l’Apôtre sans art d’une sagesse cachée, d’une sagesse incompréhensible, qui choque et qui scandalise, et il n’y mettra ni fard ni artifice : Il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs ; et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine.
Né le 8 février 1551, en Saintonge, d’une mère qui mourut en le mettant au monde, et d’un père énergique qui l’éleva sans mollesse et sans ménagement, il fut appliqué de bonne heure aux lettres et langues anciennes, et en même temps on l’initia à l’idée qu’il avait à venger les chefs et martyrs de sa cause, injustement immolés. […] Il est même touchant, au simple point de vue de l’histoire, de contempler chez lui la Réforme triste et blessée, et qui s’en va peu à peu mourir d’avoir produit et enfanté comme une mère ce roi glorieux, ce cher ingrat, qui se détache d’elle et dont elle reste fière cependant63.
L’enfant aussitôt né, il songe à la nourrice : « Selon la raison, dit-il, et tous les sages, ce doit être la mère » ; et il cite à ce sujet ce que dit le philosophe Favorinus chez Aulu-Gelle et ce que répétera Rousseau43. […] [NdA] Dans un lieu où les développements seraient permis, il y aurait à citer au long et à mettre en regard les passages de ces divers auteurs ; c’est ce qu’il me fut permis de faire un jour dans une de mes leçons à l’École normale et à propos de ces idées de Charron sur la convenance qu’il y a pour les mères d’allaiter elles-mêmes leurs enfants ; ayant produit le plaidoyer de Favorin, je disais à mes jeunes et studieux auditeurs : « Je cherche à établir dans vos esprits une filiation naturelle.
Cela, avec la mort de sa mère (Catherine de Médicis), me ferait bien chanter le Cantique de Siméon. » On voit que Henri ne dissimule point ses premiers mouvements, et qu’il écrit quelquefois ce que le bon goût du moins commanderait de retenir. […] Il lui parle du jeune Grammont, qui est près de lui à ce siège, avec intérêt et désir de flatter le cœur d’une mère : « Je mène tous les jours votre fils aux coups et le fais tenir fort sujet auprès de moi ; je crois que j’y aurai de l’honneur. » Les expressions de tendresse, mon cœur, mon âme, s’emploient toujours sous sa plume par habitude, mais on sent que la passion dès longtemps est morte ; et enfin le moment arrive où, après quelques vives distractions qui n’avaient été que passagères, Henri n’a plus le moyen ni même l’envie de dissimuler : l’astre de Gabrielle a lui, et son règne commence (1591).
Il est fort heureux qu’il ait lu Plutarque dans son enfance et par les soins de sa mère, car il ne l’aurait sans doute pas lu plus tard ; il n’en aurait eu ni le temps ni la patience, et nous n’aurions pas cette charmante lettre, la plus jolie de celles qu’il adresse à Marie de Médicis, et qui est des premiers temps de son mariage (3 septembre 1601) : M’amie, j’attendais d’heure à heure votre lettre ; je l’ai baisée en la lisant. […] Ma bonne mère, à qui je dois tout, et qui avait une affection si grande de veiller à mes bons déportements, et ne vouloir pas, ce disait-elle, voir en son fils un illustre ignorant, me mit ce livre entre les mains, encore que je ne fusse à peine plus un enfant de mamelle.
Le déjeuner, jusque-là, avait été sérieux ; Mlle Necker, qui avait essayé quelque espièglerie avec son père, et qui avait dû se borner à des clins d’œil, était visiblement contenue par la présence de sa mère qui lui imposait et qui même la grondait : elle craignait sa mère autant qu’elle adorait son père.
L’aïeul du plus illustre des d’Ormesson, et qui avait comme lui prénom Olivier, était fils d’un commis au greffe du Parlement de Paris, et ne s’appelait d’abord que Lejèvre ; sa mère, Madeleine Gaudard, était fille d’un procureur en la Chambre des comptes de Paris. […] Dans le récit domestique où il raconte, sans prétendre la surfaire, cette vie si honorable d’un homme de médiocre condition, son fils André avait bien raison de dire au début : Ceux qui liront ce discours souhaiteront peut-être sa bonne fortune et tâcheront d’imiter ses vertus et perfections ; car étant aîné d’une famille médiocre en extraction et en biens, ayant perdu son père à cinq ans, sa mère s’étant remariée deux ans après, avoir par tous moyens amassé des biens suffisamment et être parvenu à des charges très honorables, n’est-ce pas un bonheur très grand et très rare ?
J’ai aimé Mme de Staël et je l’aime toujours ; elle a été un des cultes de ma jeunesse, et ce culte, je ne l’ai pas abjuré. « Pourquoi voulez-vous vous occuper de ma mère ? […] Dans une lettre à sa mère, du 16 janvier 1812, il disait avec une naïveté parfaite et en livrant le fond de son cœur : « Genève est devenue chaque année plus triste et plus déserte pour Mme de Staël ; elle en a de l’humeur ; elle juge avec une extrême sévérité, et elle ne met presque rien de son cru pour réparer tout cela : il m’arrive très souvent de m’ennuyer chez elle, et cela arrivait aussi l’année passée, et cependant elle parle de l’ennui des autres d’une manière qui me met souvent en hostilité avec elle.
L’abbé de La Roque dédie son livre, qu’il appelle un « monument de famille », à sa mère, la baronne de La Roque, encore existante et qui est assez âgée elle-même pour avoir connu dans son enfance et sa première jeunesse la veuve de Louis Racine, sa bisaïeule. […] Par exemple, en terminant une Histoire de Port-Royal où le grand Racine aurait rempli toute la place qu’il doit tenir, et où l’on aurait montré l’esprit religieux de cette sainte maison s’exprimant par sa bouche avec un caractère unique de tendresse, de mélodie et de grandeur, dans l’œuvre d’Athalie et surtout dans celle d’Esther on ajouterait quelque chose comme ceci : « Il est un autre Racine que l’on aurait aimé à y joindre, ce Racine fils qui n’a pas été tout à fait sans doute le poète tendre, plaintif, l’élégiaque chrétien, le Cowper janséniste qu’on aurait souhaité à Port-Royal expiré, mais qui en a eu quelques accents ; ce Racine fils qui offre le modèle de la manière la plus honorable de porter un nom illustre quand on est engagé dans la même carrière ; car si le crime d’une mère est un pesant fardeau, la gloire d’un père n’en est pas un moins grand, et Racine fils n’a cessé de le sentir en même temps qu’il a suffi dignement encore à ce rôle difficile.
Sa mère, cousine de son père, est une personne d’une grande bonté, et elle est tout l’amour de son fils ; il a deux sœurs mariées. […] Venu à Paris vers 1842 avec sa mère, il fit ses études depuis la troisième au collège Bourbon, c’est-à-dire en externe.
Alfred de Vigny voit en elle une étrangère inquiétante : On me croit une mère et je suis une tombe, dit-elle par la bouche du poète, qui a peur de son impassible beauté. « La nature pour moi est ennemie, s’écrie Edmond de Goncourt54. […] A Sully Prudhomme55, elle apparaît, dévoilée et comme déflorée par la science, sous des traits durs et rigides : La nature n’est plus la nourrice au grand cœur ; Elle n’est plus la mère auguste et bénévole, Aimant à propager la grâce et la vigueur, Celle qui lui semblait compatir à la peine, Fêter la joie, en qui l’homme avait cru sentir Une âme l’écouter, divinement humaine, Et des voix lui parler, trop simples pour mentir.